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Conseil 1077 009 Antennes Relais2

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ÉTUDE

LES ANTENNES-RELAIS
DEUXIÈME PARTIE : RÉGLEMENTATION ET JURISPRUDENCE

De nombreux textes ont été adoptés pour réglementer les ondes électromagnétiques. Malheureusement, en dépit de leur existen-
ce, les contentieux se sont multipliés ces dernières années. La protection sanitaire se concilie difficilement avec les enjeux
économiques et les progrès techniques. Cette opposition se retrouve au sein des juridictions judiciaires et administratives. Il
serait sans doute opportun de modifier les textes afin de les adapter au mieux à la réalité actuelle de cette matière.
Accompagnée d’un lexique et d’une présentation des acteurs institutionnels, la première partie de cette étude traite de l’historique,
des enjeux et de l’actualité des antennes-relais. Elle est téléchargeable sur <www.conso.net> en rubrique «Vos droits».

LA RÉGLEMENTATION
Deux textes encadrent l’implantation des antennes-relais : À noter également : sur renvoi de la Cour de cassation, la cour
– la loi no 96-659 du 26 juillet 1996 qui définit les procédures d’appel de Nîmes a considéré, dans un arrêt en date du 15 jan-
administratives réglementaires à respecter en vue de l’installa- vier 2008 2, que les dispositions protectrices des articles L. 121-21
tion d’une station de base de téléphonie mobile, et suivants du code de la consommation relatifs au démarchage
sont applicables au contrat d’installation de matériel de télé-
– le décret no 2002-775 du 3 mai 2002 qui transcrit en droit fran-
communications sur une propriété privée.
çais la recommandation européenne 1999/519/CE du 12 juillet
1999 réglementant l’exposition du public aux champs électro-
magnétiques. Le texte français définit des valeurs maximales
2. Une déclaration préalable auprès de l’Arcep
d’exposition du public. Une déclaration doit être déposée auprès de l’Autorité de régu-
lation des communications électroniques et des postes (Arcep),
conformément à l’article L. 33-1 du code des postes et des com-
A. L’installation des antennes-relais munications électroniques.
Aujourd’hui, 40 % des antennes-relais se situent sur des bâti-
ments, 40 % sur des pylônes, 15 % sur des châteaux d’eau et 5 % 3. Une autorisation de l’ANFR
sur diverses infrastructures (silos, phares…). Si l’émetteur installé dépasse 5 watts, conformément à l’arti-
L’installation d’antennes-relais est en principe soumise à : cle L. 43 du code des postes et des communications électro-
niques, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) doit délivrer
1. L’autorisation du propriétaire du terrain d’assiette une autorisation. Si la puissance est comprise entre 1 et 5 watts,
du projet une simple information de l’Agence est suffisante 3.
Il peut s’agir, par exemple, d’un bail de droit commun pour les
propriétés privées, d’une convention d’occupation ou d’une per- 4. Le respect de l’environnement
mission de voirie pour le domaine public. Selon l’article L. 45-1 du code des postes et des communica-
La cour administrative d’appel de Paris a en outre précisé, dans tions électroniques, «l’installation des infrastructures et des équi-
un arrêt en date du 7 avril 2005 1, que l’installation d’une antenne- pements doit être réalisée dans le respect de l’environnement et
relais sur le toit d’un immeuble en copropriété est soumise à de la qualité esthétique des lieux, et dans les conditions les moins
un vote à l’unanimité de l’assemblée générale. dommageables pour les propriétés privées et le domaine public».

—————
Les notes sont regroupées en dernière page du présent document.

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En outre, la charte nationale de recommandations environne- sagère la plus adaptée à la qualité architecturale. Des mesures
mentales en date du 12 juillet 1999, signée par le ministre de sont également préconisées : utilisation en priorité des supports
l’aménagement du territoire et de l’environnement, le ministre existants pour les nouvelles antennes-relais (colocalisation sur
de la culture et de la communication et les directeurs généraux un support n’appartenant à aucun opérateur, mutualisation d’une
des trois opérateurs, engage ces derniers « à orienter les choix structure propriété de l’un d’entre eux, absence d’exclusivité
d’implantation et de conception de leurs équipements dans le sur les lieux loués), recours à des antennes multibandes et dé-
respect des contraintes environnementales liées à la qualité et montage des antennes qui n’ont plus lieu d’être.
à la fragilité des milieux naturels», et les services de l’État «à four-
nir tous les éléments susceptibles de les aider à respecter cet en- 5. La réglementation de l’urbanisme
gagement ». Les opérateurs se sont également engagés, au sein Les opérateurs doivent déposer une demande en mairie en vue
du guide des relations entre opérateurs et communes (voir en- de l’implantation de l’antenne. Le projet doit respecter les do-
cadré ci-dessous), à harmoniser leurs pratiques pour intégrer cuments d’urbanisme (plan d’occupation des sols, plan local
au mieux les antennes au sein du paysage. Une concertation d’urbanisme…) qui peuvent, par exemple, prescrire une hau-
doit avoir lieu afin de privilégier la solution d’intégration pay- teur limite des constructions et donc des pylônes porteurs d’an-
tennes-relais. Les juges administratifs ont considéré, le 18 no-
vembre 2008, qu’un plan local d’urbanisme peut interdire, au
sein de certaines zones définies, la construction d’antennes de
radiotéléphonie, à condition que le rapport de présentation jus-
Politique commune aux trois opérateurs pour tifie cette interdiction 4.
l’intégration paysagère des antennes-relais Aux termes des articles L. 421-1, R. 421-1 et R. 422-2 du code
de téléphonie mobile de l’urbanisme, l’installation des équipements de téléphonie
mobile peut nécessiter l’obtention d’une déclaration de travaux
issue du guide des relations entre opérateurs et communes ou d’un permis de construire.
Principe no 1 – Universalité Ne sont soumis ni à permis de construire, ni à déclaration
Les opérateurs appliquent partout en France les mêmes prin- de travaux :
cipes et les mêmes règles d’intégration paysagère. – les poteaux et pylônes d’une hauteur inférieure ou égale à 12
Principe no 2 – Regard mètres au-dessus du sol,
Les opérateurs regardent chaque emplacement potentiel – les antennes dont aucune dimension n’excède 4 mètres,
avec les yeux du piéton, du riverain et du bailleur. – dans le cas où l’antenne comporte un réflecteur, lorsque au-
Principe no 3 – Sur mesure cune dimension de ce dernier n’excède un mètre.
Les opérateurs conçoivent une solution d’intégration pay-
sagère pour chaque nouvelle antenne-relais. Sont soumis à déclaration de travaux, mais pas à permis
de construire :
Principe no 4 – Respect
– les ouvrages techniques dont la surface hors œuvre brute ne
Les nouvelles antennes-relais respectent l’intégrité visuelle
dépasse pas 100 m2,
des bâtiments, des infrastructures et des paysages.
– les poteaux et pylônes de plus de 12 mètres,
Principe no 5 – Simplicité
– les antennes dont la dimension excède 4 mètres.
Les opérateurs allègent la perception visuelle des nouvelles
antennes-relais. À noter : ces travaux demeurent soumis au permis de construire
Principe no 6 – Continuité dès lors qu’ils sont envisagés sur un immeuble inscrit à l’inven-
taire supplémentaire des Monuments historiques. Les moda-
Les nouvelles antennes donnent visuellement l’impression lités de publicité de cette déclaration sont les mêmes pour la
de faire partie des toits et terrasses qui les portent. déclaration de travaux que pour le permis de construire, de sorte
Principe no 7 relatif aux façades que les tiers intéressés peuvent, le cas échéant, faire valoir leurs
Les nouvelles antennes se fondent visuellement dans les droits.
façades sur lesquelles elles sont installées. Par un raisonnement a contrario, les ouvrages techniques dont
Principe no 8 – Dernier recours la surface hors œuvre brute dépasse 100 m2 sont soumis à per-
Les opérateurs ne construisent un nouveau pylône qu’en mis de construire.
dernier recours.
Sont soumis à permis de construire l’installation de pylônes ser-
Principe no 9 – Localisation vant de support pour les relais de téléphonie mobile. Elle doit
Les opérateurs tiennent compte de l’intégration paysagère faire l’objet d’un permis de construire lorsque les pylônes sont
dans le choix de l’emplacement des nouveaux pylônes. accompagnés de l’implantation de bâtiments créant une sur-
Principe no 10 relatif aux pieds de pylônes face de plancher nouvelle sur un terrain ne supportant pas de
Les pieds et abords des nouveaux pylônes sont aménagés bâtiment ou créant une surface hors œuvre brute supérieure
dans l’objectif de réduire leur perception visuelle. à 20 m2 sur un terrain supportant déjà un bâtiment.
Principe no 11 relatif aux châteaux d’eau La décision est délivrée par le maire au nom de la commune
dans les communes où un PLU a été approuvé, ou par le maire
Les opérateurs installent leurs nouvelles antennes sur les au nom de l’État dans les autres communes.
châteaux d’eau soit en applique sur la paroi, soit sur un py-
lône central. Dans une interview accordée au journal Aujourd’hui en France
le 4 novembre 2009, Alain Gest, auteur d’un rapport parlemen-
Principe no 12 – « Dernier arrivé »
taire sur la téléphonie mobile paru le même jour, «préconise que
Les opérateurs tiennent compte des antennes déjà posées les opérateurs déposent obligatoirement un permis de construire
sur les châteaux d’eau pour l’intégration paysagère des nou- avant d’installer une antenne-relais ».
velles antennes.
Olivier Borraz, directeur de recherche au Centre de sociologie
des organisations du CNRS, relève, dans Le Figaro du 5 novem-
bre 2009, que restent à définir « les bases légales sur lesquelles

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les maires pourront refuser l’implantation d’une antenne dès lors d’information relative à leurs antennes-relais, à leurs projets
que le dossier est conforme à la réglementation ». d’implantation et plus généralement aux sujets de santé et d’en-
Certaines questions peuvent permettre d’affiner l’appréciation vironnement.
du projet.
6. Les autres contrôles du maire
– La nouvelle antenne-relais peut-elle être installée sur un sup-
port existant appartenant à un opérateur ou à un tiers ? Le maire dispose enfin d’un pouvoir de police générale en ma-
tière de sécurité et de salubrité publique, sur le fondement de
– La nouvelle antenne-relais sera-t-elle installée sur un pylône l’article L. 2212-2 du code général des collectivités territoriales.
à proximité d’une zone d’habitation ?
En outre, il contrôle également l’installation des antennes-re-
– La nouvelle antenne-relais se trouvera-t-elle à moins de cent lais :
mètres d’une crèche, d’un établissement scolaire ou d’un éta-
– au titre de la protection des monuments historiques (loi du
blissement de soins ?
31 décembre 1913),
– Dans la zone géographique de la nouvelle antenne-relais, y – au titre des sites classés ou inscrits (articles L. 341-1 et sui-
a-t-il déjà eu des réactions à la construction ou à la modifica- vants du code de l’environnement),
tion de précédentes installations ?
– au titre des réserves naturelles (articles L. 332-1 et suivants
– La nouvelle antenne-relais fera-t-elle l’objet de mesures d’in- du code de l’environnement),
tégration paysagère ?
– et de la protection de la navigation aérienne (article R. 244-1
– La nouvelle antenne-relais sera-t-elle visible des communes du code de l’aviation civile).
riveraines ?
Ces contrôles sont réalisés dans le cadre de la procédure de dé-
L’information de la population livrance d’une autorisation d’urbanisme.
Ces autorisations doivent être affichées en mairie et sur le ter-
rain. Les populations peuvent également être informées par le B. Les normes réglementaires
biais de réunions publiques organisées à l’initiative du maire
ou à celle des opérateurs selon une forme définie localement.
1. Les valeurs limites d’exposition de champ
Chacun peut également consulter <www.cartoradio.fr> afin de électromagnétique à ne pas dépasser dans
connaître la localisation des antennes-relais. Enfin, le guide des les lieux où séjourne le public
relations entre opérateurs et communes prévoit que des dos- Le 12 juillet 1999, la recommandation européenne 1999/519/CE
siers d’information peuvent être consultés en mairie. Les opé- a limité l’exposition du public aux champs électromagnétiques.
rateurs doivent répondre par courrier à toute demande écrite Ces normes limites d’exposition, reprenant les préconisations

Les maires et les antennes-relais de téléphonie mobile


Sondage du 24 mai 2005 pour l’Association française des opérateurs mobiles et l’Association des maires de France

L’impact des antennes-relais pour les maires interrogés est plus positif que négatif
D’une manière générale, estimez-vous que les antennes-relais de téléphonie mobile représentent…
oui non
Un élément très utile de l’aménagement du territoire 89 % 11 %
Un élément important pour le développement économique de la commune 73 % 27 %
Un élément qui contribue à la sécurité dans la commune 65 % 34 %
Un élément peu agréable dans le paysage 61 % 38 %
Une source de débat au sein du conseil municipal 42 % 58 %
Un risque de mobilisation des riverains 40 % 59 %
Un danger pour la santé des personnes vivant à proximité 24 % 65 %

Le niveau de préoccupation perçu par les maires interrogés est relativement faible
Pour chacun des sujets suivants, dites-moi si selon vous c’est quelque chose qui préoccupe vos administrés…
beaucoup assez (total beaucoup + assez)
La collecte et le traitement des déchets 62 % 29 % 91 %
La qualité de l’eau courante 60 % 27 % 87 %
La propreté des rues et des trottoirs 41 % 43 % 84 %
La qualité de l’alimentation dans les cantines scolaires 42 % 33 % 75 %
La qualité des espaces verts 33 % 42 % 75 %
Les antennes-relais de téléphonie mobile 33 % 24 % 57 %
Le désenclavement de votre commune 26 % 27 % 53 %

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de l’ICNIRP fixées en juillet 1999, ont été intégrées dans le droit Si l’un des trois points de mesure dépasse le niveau de 2 V/m,
positif français par le décret no 2002-775 du 3 mai 2002. Elles les opérateurs se sont engagés «par écrit à fournir leurs meilleurs
sont fixées en fonction de l’intensité du champ électrique en efforts pour prendre toutes mesures afin de réduire la préoccu-
volts par mètre (V/m) et de la fréquence en hertz (Hz) : pation des personnes concernées 5 ».
– 41 V/m pour les émissions en 900 MHz, Le 14 juin 2009, une conférence citoyenne sur les ondes a émis
– 58 V/m pour les émissions en 1 800 MHz, un rapport à la mairie de Paris en vue de la renégociation de la
charte. Elle a plaidé l’abaissement du seuil d’exposition aux on-
– 61 V/m pour les émissions de 2 100 MHz.
des des riverains à 0,6 V/m, un regroupement des moyens des
Les normes sont différentes selon les régions : trois opérateurs de téléphonie mobile, la création d’une agence
de contrôle municipale pour mesurer en continu les niveaux
Références Champ maximal d’émission, le financement de la recherche par la mairie de Paris,
Land de Salzbourg (Autriche) 0,02 à 0,06 V/m la limitation des implantations à proximité des espaces publics,
ainsi qu’une meilleure information du public avec des campa-
Projet pour la Toscane (Italie) 0,5 V/m
gnes menées dans les écoles ou des panneaux informatifs ou
Demande des associations pédagogiques dans les magasins de téléphonie. Depuis, seize
françaises environnementales 0,6 V/m villes, dont Strasbourg, Brest ou Grenoble, testent l’abaissement
Autriche, Italie, Pologne, de l’exposition aux radiofréquences des antennes-relais entre
Russie, Chine de 0,6 V/m à 6 V/m janvier et avril 2010.
Paris 2 V/m La mesure des champs électromagnétiques
Luxembourg 3 V/m Toute personne peut faire une mesure des champs électroma-
Wallonie 4 V/m gnétiques. L’ANFR a défini un protocole de mesure qui décrit
Belgique (hors Wallonie) 20,6 V/m de façon rigoureuse les étapes de la mesure, les instruments em-
ployés et le traitement des données recueillies. Il convient, dans
France 41 à 61 V/m un premier temps, de déterminer le point où l’exposition est
maximale.
Il existe un décalage important entre les normes réglementaires, Le rapport Gest préconise la possibilité pour les maires de faire
qui fixent des normes maximales d’exposition très élevées, et procéder à des mesures de niveau d’exposition avant et après la
les normes réellement appliquées. Ces divergences existent éga- mise en place de l’antenne. De plus, il est désormais prévu que
lement entre les pays. Olivier Roussat, directeur général de Bouy- les communes seront associées aux décisions d’implantation
gues Telecom, proposait, dans Le Figaro du 7 décembre 2009, d’antennes prises par les opérateurs dans le cadre de la mise
de s’imposer « un nouveau seuil qui n’existe pas aujourd’hui : en place de chartes locales ou de nouvelles procédures de con-
nous sommes prêts à nous engager à ne pas dépasser le seuil de certation communales ou intercommunales.
6 volts par mètre dans les lieux de vie, comme la loi l’a fixé en Ita- Enfin, l’article 42 de la loi no 2009-967 du 3 août 2009 de pro-
lie. Les Italiens sont plutôt rassurés par ce seuil, Bouygues Tele- grammation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’en-
com est prêt à adapter son réseau pour s’appliquer la même règle vironnement a mis en place « un dispositif de surveillance et de
en France ». Ces seuils semblent déjà s’imposer de fait actuel- mesure des ondes électromagnétiques menées par des organis-
lement. mes indépendants accrédités. Ces dispositifs seront financés par
un fonds indépendant alimenté par la contribution des opéra-
L’exemple de la charte de Paris teurs de réseau émettant des ondes électromagnétiques. Le résul-
Selon la charte de Paris, rédigée en 2003 et renouvelée en 2005, tat de ces mesures sera transmis à l’Agence française de sécurité
les opérateurs de téléphonie mobile se sont engagés auprès de sanitaire de l’environnement et du travail et à l’Agence natio-
la mairie de Paris à une meilleure intégration des antennes (ac- nale des fréquences qui le rendront public ».
tuellement au nombre de 2000) dans le paysage et à ce que le
niveau moyen sur 24 heures d’exposition effective de la popu- Les demandes de révision des seuils
lation aux ondes électromagnétiques ne dépasse pas 2 V/m. En tout état de cause, les seuils réglementaires sont très élevés
À noter : l’examen de la charte montre que les notions en jeu et ne sont plus utilisés aujourd’hui. Certaines associations sol-
dans la définition de cette valeur limite ne sont pas les mêmes licitent l’abaissement des normes d’émission des antennes de
que celles du décret du 3 mai 2002. Les 2 V/m ne représentent 41 à 0,6 V/m. Les opérateurs répondent que cette demande ne
donc pas une remise en cause de la réglementation nationale, repose sur aucun argument scientifique, font remarquer que
en ce : la réglementation s’applique à toutes les émissions de fréquence
et considèrent qu’ils ne pourront desservir correctement les
a) qu’ils s’appliquent uniquement pour des mesures faites dans
58 millions d’abonnés au portable, ni de couvrir l’ensemble des
des « lieux de vie » précisément définis ;
zones conformément à leurs engagements. Les militants répon-
b) qu’ils concernent les seules applications de téléphonie mo- dent qu’il suffit de multiplier les relais (avec permis de construi-
bile – autrement dit, le niveau de champ « toutes applications re afin de contrôler leur implantation et de limiter les erreurs)
radioélectriques confondues » n’est pas limité à 2 V/m ; – mais leur nombre serait multiplié – et surtout de mettre les
c) qu’ils reposent sur la notion de moyenne journalière, différente ressources en commun. Une question du sénateur Guy Fischer
de celle de niveau maximum, en introduisant un coefficient en date du 12 février 2009, adressée à la ministre de la santé, est
moyen de pondération du trafic journalier – cette notion est très en attente de réponse. Mais Roselyne Bachelot-Narquin a toute-
spécifique à la charte de Paris ; fois déclaré que la révision des seuils « induirait sans doute, en
d) qu’ils sont exprimés en « champ équivalent 900 MHz », pour contrepartie, une augmentation de la puissance d’émission des
pouvoir formuler une limite du niveau global relatif aux appli- téléphones portables 6 ».
cations de téléphonie mobile indépendamment de la fréquen-
ce de ces applications. Cette notion très spécifique de « champ 2. Les autres normes réglementaires
équivalent 900 MHz» se définit de la manière suivante : un volt Les intensités d’émission radioélectrique permettant le fonction-
par mètre équivalent 900 MHz est égal à 1 V/m dans la bande nement de l’équipement et de ceux qui se trouvent à proximité
1 800 MHz multiplié par le rapport 41/58 ou, dans la bande doivent être limitées. La réglementation européenne (directive
2 100 MHz, à 1 V/m multiplié par le rapport 41/61 (rapport des 2004/108/CE du 15 décembre 2004) et désormais la réglemen-
niveaux de référence du décret du 3 mai 2002). tation française (décret no 2006-12378 du 18 octobre 2006 dans

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sa version consolidée du 20 juillet 2007) limitent les intensités Certaines distances doivent être respectées. Le décret de 2002
d’émission radioélectrique à 3 V/m maximum en tous lieux sauf relatif aux valeurs limites d’exposition du public aux champs
industriel. Elles imposent également des normes européennes électromagnétiques fixe des valeurs pour chaque bande de fré-
et françaises : NF EN 61000-6-1, NF EN 61000-6-3 et NF EN quences et, dans son article 5, demande, lorsque l’on est à moins
61000-4-3, ainsi que le marquage «CE». Les antennes-relais, qui de cent mètres d’établissements scolaires, crèches ou établis-
sont des émetteurs d’ondes radioélectriques et non des équipe- sements de soins, d’indiquer les actions prises pour assurer une
ments terminaux de télécommunication ni des équipements exposition aussi faible que possible tout en préservant la qua-
publics (arrêt du Conseil d’État no 301 533 du 11 juillet 2007), lité du service rendu. Certains rapports préconisent des distances
sont donc concernées par cette réglementation relative à la com- de sécurité comprises entre 0,5 et 4,5 mètres suivant la position
patibilité électromagnétique. par rapport à l’antenne.

LES CONTENTIEUX
La justice joue le rôle d’arbitre pour trancher les contentieux liés relais pour exposition du couple demandeur au risque sanitai-
à l’implantation. Cependant, des divergences se sont créées entre re. L’opérateur a également été condamné à lui verser des dom-
les juridictions administratives et judiciaires. mages et intérêts. Le tribunal estime que «si les troubles de san-
Les juridictions judiciaires ont contribué à la limitation de l’ins- té constituent un préjudice dont le lien avec la proximité des
tallation des antennes-relais : à cette fin, plusieurs fondements antennes-relais reste à démontrer, le risque des troubles est, lui,
sont retenus par les juges. certain puisqu’il n’est pas contesté que les autorités préconisent
de faire application d’un principe de précaution ». Le tribunal
La Cour de cassation a considéré dès 1996 qu’un trouble visuel
considère que l’opérateur « ne démontre ni l’absence de risque,
peut constituer un trouble anormal de voisinage 7. Dans le pro-
ni le respect d’un quelconque principe de précaution ». La char-
longement de cette décision, le tribunal de grande instance de
ge de la preuve est désormais inversée : le défendeur doit té-
Vannes a condamné, en mars 2001, France Télécom à démonter
moigner de l’absence de risque en application du principe de
un pylône de téléphonie mobile en raison d’un trouble anor-
précaution, alors que la charge de la preuve du trouble de voi-
mal de voisinage subi sur le plan esthétique et environnemental.
sinage pèse sur le demandeur. L’existence de risque devient un
Le 7 janvier 2004, les juges de la cour d’appel de Paris ont consi-
préjudice certain, réparable et indemnisable. Certains auteurs
déré que l’installation d’une antenne-relais sur un immeuble
critiquent la décision : «parler de “risque certain” est une contra-
parisien à proximité d’une terrasse privative d’un immeuble voi-
diction in adjecto», car le risque est, par définition, éventuel, lié
sin, dès lors que l’antenne dominait la terrasse, apportait in-
au hasard, sa survenance est incertaine 11.
déniablement et objectivement un trouble visuel à ses occupants
et que l’opérateur, certes chargé d’une mission d’intérêt général, Le jugement a fait l’objet d’un appel. La cour d’appel de Versail-
ne démontrait pas que cet emplacement était le seul technique- les a rendu une décision novatrice en considérant, dans son arrêt
ment valable 8. en date du 4 février 2009, que «les intimés ne peuvent se voir ga-
rantir une absence de risque sanitaire généré par l’antenne-relais»
Dans le même but sanitaire, la cour d’appel d’Aix-en-Provence
implantée à proximité de leur domicile familial. Ils «justifient être
avait confirmé, le 8 juin 2004, une décision du tribunal de grande
dans une crainte légitime constitutive d’un trouble » qualifié en
instance de Grasse ordonnant à un opérateur de téléphone mo-
outre d’«anormal», car «le risque est d’ordre sanitaire». La cour
bile de déplacer son antenne-relais installée près d’une école
a condamné Bouygues Telecom à démonter l’antenne-relais fai-
primaire dans la mesure où il n’était pas possible de garantir
sant l’objet du litige afin de faire cesser «le préjudice moral résul-
aux personnes fréquentant cet établissement l’absence d’un
tant de l’angoisse créée et subie par les intimés». [Arrêt reproduit
risque causé par les antennes-relais 9.
en annexe, pages 7 et 8.]
Le 20 septembre 2005 10, la cour d’appel de Bordeaux a considéré
Cette décision fut contestée par l’Académie de médecine, qui
que «M. et Mme X… subissent par la vision journalière de ce poteau
considère que les juges ont tenu compte «de la prééminence du
un incontestable trouble anormal de jouissance, qu’il convient
“ressenti” du plaignant au détriment de l’expertise scientifique
d’indemniser ». Pour rendre cette décision, les juges ont retenu
et médicale 12 ». Jean-Philippe Feldman, professeur et avocat, s’in-
qu’«il apparaît donc que M. et Mme X… qui avaient choisi de faire
terroge sur le sens de l’expression « incertitude “sérieuse et rai-
construire leur maison à la campagne loin de tout modernisme
sonnable” ».
excessif se voient imposer journellement la vision de ce poteau.
Qui plus est, il convient de rappeler que les Landes sont une région À noter : l’arrêt rendu par la cour d’appel a fait l’objet d’un pour-
chaude où l’on vit dehors très souvent et que la pollution visuelle voi en cassation. La décision devrait être connue avant la fin de
subie est importante et totalement disproportionnée avec celle l’année 2010.
à laquelle pouvaient légitimement s’attendre M. et Mme X… En Les juges judiciaires ne reconnaissent pas formellement l’exis-
effet, il ne s’agit ni de l’implantation d’une maison voisine, ni tence d’effets causés par une antenne-relais. La cour d’appel de
même d’une tour de feu, ou de toute autre construction en bois Colmar a débouté, le 15 décembre 2008, une locataire qui avait
ou en pierre utile pour l’exploitation forestière, mais d’un pylône assigné son office HLM en raison de la présence d’une antenne-
brillant au soleil, d’autant plus incongru que si il y a des poteaux relais située à proximité de l’immeuble. Les magistrats ont alors
électriques sur la route, EDF, depuis la tempête de 1999 précisément considéré qu’il n’était pas établi que sa pathologie ait été causée
en zone forestière procède peu à peu à l’enfouissement des lignes». par la présence d’antennes-relais.
Le tribunal de grande instance de Toulon a ordonné, le 20 mars Le 16 février 2009, le tribunal de grande instance de Carpen-
2006, le déplacement d’un pylône de téléphonie mobile, pré- tras a condamné SFR à démonter une antenne-relais en raison
cisant : «il ne peut être imposé à un voisin, contre son gré, l’expo- de la « nuisance esthétique » et de « l’incertitude de son impact
sition à un risque même hypothétique, avec la seule alternative sanitaire 13 ».
de devoir déménager s’il se refuse à assumer ce risque». Cependant, Le troisième opérateur se voit également condamner le 5 mars
la cour d’appel d’Aix-en-Provence, dans un arrêt en date du 2009. Le tribunal de grande instance d’Angers interdit à Orange
15 septembre 2008, est revenue sur le jugement en raison de d’implanter trois antennes-relais à proximité d’une école au nom
l’« absence de risque sanitaire établi ». du principe de précaution 14. Les juges qualifient les normes fran-
Le TGI de Nanterre a condamné Bouygues Telecom, dans une çaises de « particulièrement laxistes » et rappellent qu’elles ont
décision en date du 18 septembre 2008, à enlever ses antennes- été « dénoncées comme telles ».

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Puis le juge des référés du tribunal de grande instance de Cré- Des réticences ont rapidement existé au sein
teil a considéré dans son ordonnance en date du 11 août 2009 15 des juridictions administratives
que le projet d’un opérateur d’installer une station comprenant
Certaines décisions de première instance 19 ont pu retenir que
un mât de 1,7 m avec une antenne et un mât de 2 m avec deux
le maire d’une commune peut prendre des mesures au titre de
antennes sur la toiture-terrasse d’un immeuble cause un trou-
son pouvoir de police d’ordre général en raison de la présence
ble illicite aux habitants. En effet, « il ressort des études scienti-
d’émetteurs situés sur le territoire communal.
fiques abondantes produites au dossier, même si ces études ne
sont pas concordantes sur la certitude du danger causé par les Mais le Conseil d’État se révèle sévère. Dans un des trois arrêts
ondes émises par les antennes-relais de téléphonie mobile, qu’il rendus le 22 août 2002, il a suspendu la décision administra-
existe au moins un risque découlant de la propagation des ondes tive du 3 décembre 2001 « par laquelle le maire de Villeneuve-
envoyées par ces antennes pour la santé des personnes se trou- Loubet s’est opposé aux travaux déclarés par la société SFR en
vant à proximité. En l’espèce, M. X… et M. Y… demeurent cha- vue de l’installation de deux bâtis radio», sur la circonstance que
cun à environ 15 mètres des futures antennes. Quant aux habitants le rapport établi par un groupe d’experts «ne comportait pas d’in-
de l’immeuble, ceux-ci occupent des appartements situés dans dications précises quant aux risques pour la santé de la popu-
un espace situé à moins de 50 mètres desdites antennes. En pre- lation 20 ». Le Conseil d’État a considéré, dans ces arrêts, que vu
nant le risque de causer des dommages à la santé de M. X… et « l’intérêt qui s’attache à la couverture du territoire par le réseau
de M.Y…, âgés respectivement de 71 et 83 ans, personnes parti- de téléphonie mobile et, d’autre part, aux intérêts de la société
culièrement vulnérables, ainsi qu’à l’ensemble des occupants de SFR, résultant notamment des autorisations qui lui ont été dé-
l’immeuble, l’opérateur contrevient tant au devoir de prudence livrées, et en l’absence de risques sérieux prouvés pour la santé
qu’au principe de précaution, qui s’imposent tous deux en la ma- publique, l’urgence justifie la suspension de la décision attaquée».
tière ». Le Conseil d’État, dans un arrêt en date du 11 juin 2004, a consi-
Certaines critiques des décisions rendues par les juridictions déré qu’il résulte d’un rapport remis au gouvernement en 2001
judiciaires émergent, comme le relate un article du Figaro en qu’en l’état des connaissances scientifiques, il n’est pas établi
date du 17 octobre 2009 : «Le Sénat vient d’organiser une réunion que les ondes électromagnétiques auraient des effets non ther-
sur ce principe au cours de laquelle plusieurs intervenants ont miques dangereux pour la santé publique.
déploré que son inscription dans la Constitution n’ait pas été as- Dans deux arrêts en date des 2 juillet 21 et 23 novembre 2008, le
sociée à une pédagogie forte notamment auprès des magistrats Conseil d’État a suspendu des arrêtés municipaux imposant un
et qu’on l’ait dissocié de toute analyse du rapport bénéfice/risque périmètre de sécurité autour des écoles et des hôpitaux. Il a alors
et des coûts, pourtant nécessaire à toute décision sanitaire. Ils au- fait observer que l’« absence de risques graves et avérés pour la
raient pu mentionner aussi les inquiétudes de la population, qui santé publique résultant des ondes électromagnétiques émises
doivent être gérées, même si elles contredisent les données de la par les antennes-relais de téléphonie mobile ne permettait à un
science. » maire ni de faire usage des pouvoirs de police général, ni d’in-
Depuis quelques mois, la tendance commence à s’inverser. voquer le principe de précaution ».
Le 16 juin 2009, le tribunal de grande instance d’Avignon 16 est Le 13 juillet 2009, le tribunal administratif de Lille a débouté des
allé plus loin en parlant du «principe de précaution, notion dont municipalités qui entendaient refuser l’installation de nouvelles
l’écho médiatique est inversement proportionnel à la consistance antennes de téléphonie mobile 22. Les élus sont pris en étau entre
juridique. Ce principe conduirait à rejeter la mise en œuvre de deux intérêts contradictoires.
toute avancée technologique dès lors qu’elle ne serait pas précédée
de la démonstration de son innocuité. Celle-ci résultant généra- Au niveau international
lement de données empiriques, le juge serait conduit à contrôler
La cour d’appel de Rancagua au Chili a confirmé le démantè-
et définir les limites de la science, mission qui, à ce jour, ne lui
lement d’un site d’antennes-relais de téléphonie mobile dans
est pas conférée par la loi ».
une commune. Les juges ont considéré, le 4 décembre 2009,
Le 15 septembre 2009, le tribunal de grande instance de Lyon que l’installation « viole les garanties constitutionnelles » des
a rejeté la demande formulée par une vingtaine de parents d’élè- personnes touchées par les rayonnements, au regard des arti-
ves lyonnais à l’encontre d’un opérateur téléphonique en vue du cles 19, no 1 (droit à la vie et l’intégrité physique et psychique),
démontage d’une antenne-relais installée à 30 mètres de la cour no 9 (droit à la protection de la santé) et no 8 (droit de vivre dans
de récréation de leurs enfants. Les juges ont estimé que l’incer- un environnement sain exempt de toute pollution) de la cons-
titude liée à l’existence d’un risque pour la santé du fait d’émis- titution politique du Chili. Deux facteurs ont été retenus : un
sion d’ondes exclut tout trouble de voisinage, et que les condi- rapport de l’Institut de la santé publique, qui a constaté l’exis-
tions d’application du principe de précaution ne sont pas tence d’effets délétères sur la santé résultant des effets nocifs
remplies. des irradiations produites par les installations d’antennes-relais
À noter : les juges ont alors considéré que le principe de pré- cellulaires, et la production d’un effet de pollution visuelle dans
caution a été pris en compte lors de la rédaction du décret du un paysage typique.
3 mai 2002, qui prévoit notamment que les opérateurs «commu- Dans les mois qui viennent, la «guerre des ondes 23 » devrait encore
niquent aux administrations ou autorités affectataires des fré- faire des émules au sein des juridictions…
quences concernées, à leur demande, un dossier contenant soit
une déclaration selon laquelle l’équipement ou l’installation est
conforme aux normes ou spécifications, soit les documents jus- Virginie Potiron
tifiant du respect des valeurs limites d’exposition ou, le cas échéant,
des niveaux de référence 17 ».
Se prononçant dans un sens qui semble contraire à sa position
adoptée en 2004, la cour d’appel d’Aix-en-Provence a considéré,
le 2 octobre 2009, «que la simple référence au principe de précau-
tion ne permet pas de caractériser un trouble anormal de voisi-
nage ni une menace directe et réelle pour la santé 18 ».
Ces dernières décisions semblent se rapprocher de la position
des juges administratifs.

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ANNEXE : EXTRAIT DE L’ARRÊT RENDU PAR LA COUR D’APPEL
DE VERSAILLES EN DATE DU 4 FÉVRIER 2009

« […] Le respect des normes : catégories de valeurs limites sont présentées : « les restrictions de
Considérant qu’il n’est pas contesté que l’installation en cause fonc- base », valeurs limites d’exposition aux champs électriques, ma-
tionne dans le respect des normes définies par le décret du 3 mai gnétiques ou électromagnétiques qui sont établies directement à
2002, que le relevé effectué le 1er juin 2006 par le docteur Pierre partir d’effets sur la santé avérés et «les niveaux de référence» dont
G… à la demande de M. et Mme X… fait apparaître que les « le respect garantit le respect de la restriction de base » ;
champs électriques efficaces (RMS) exprimés en volts par mètre Que ce guide précise n’être « fondé que sur des effets immédiats
(V/m) entre 19 heures et 19 heures 45 sont de 0,3 V/m à 1,8 V/m. sur la santé, tels que stimulation des muscles ou des nerfs péri-
Qu’il est ainsi établi que les intimés qui vivent au plus proche de phériques, les chocs et brûlures provoqués par le contact avec des
l’antenne implantée sur la commune de Tassin-la-Demi-Lune, ne objets conducteurs ou encore l’élévation de température des tis-
sont pas exposés à un risque lié aux effets thermiques des ondes sus sous l’effet de l’absorption d’énergie » ;
électromagnétiques ; Qu’il mentionne «en ce qui concerne d’éventuels effets à long terme
tels qu’une élévation du risque de cancer », que « l’ICNIRP a con-
L’allégation d’un trouble de voisinage ne peut être clu que les données scientifiques étaient insuffisantes pour servir
écartée par le respect des normes : de base à l’établissement de valeurs limites d’exposition » men-
tionnant pourtant « des recherches épidémiologiques qui ont ap-
Considérant qu’un trouble anormal de voisinage étant allégué, le
porté des éléments en faveur d’une association entre une expo-
respect des normes, la licéité de l’activité, son utilité pour la collec-
sition – à des densités de flux magnétiques très inférieures aux valeurs
tivité, ne suffisent pas à eux seuls à écarter l’existence d’un trou-
recommandées dans le présent guide, pour des champs de 50-
ble ;
60 Hz-et effets cancérigènes » ;
L’existence d’un risque sanitaire : Considérant que la préconisation en 2001 de mesures destinées
à parer à un éventuel risque non encore prouvé, en raison de l’ab-
Considérant qu’en l’espèce, les demandeurs en première instance sence de résultats scientifiques, laissait la discussion totalement
font plus particulièrement état d’un risque sanitaire induit par une ouverte en ce qui concerne l’existence des effets non thermiques
exposition aux effets non thermiques des ondes électromagnétiques des ondes électromagnétiques et que le décret de 2002 exerce une
et notamment à l’exposition aux ondes comportant des fréquen- contrainte permettant d’éviter les effets sanitaires délétères
ces de récurrence d’extrême basse fréquence dites ELF produites « scientifiquement établis », soit dans la gamme des radiofréquen-
de manière discontinue par brèves saccades, dite pulsées ; ces, « certains effets dus à l’échauffement » ;

L’absence d’effets non thermiques dangereux Les avis de l’Afsset :


pour la santé selon le Conseil d’État :
Considérant que depuis cette date, dont l’ancienneté est à mesurer
Considérant que selon l’arrêt du 11 juin 2004 rendu par le Conseil à l’échelle de l’essor de la téléphonie mobile, compte tenu de la
d’État, il résulte d’un rapport remis au gouvernement en 2001 qu’en floraison sur le territoire national et dans les endroits les plus re-
l’état des connaissances scientifiques, il n’est pas établi que les culés de stations relais multiples du nombre d’opérateurs concur-
ondes électromagnétiques auraient des effets non thermiques dan- rents soumis à des obligations réglementaires pour couvrir la to-
gereux pour la santé publique ; talité du territoire, deux avis ont été publiés en 2003 et 2005 par
Considérant que le rapport auquel il est fait référence (dit rapport l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale, fondés
Y…) prend en considération, que : « les seuls effets sanitaires dé- sur la consultation de diverses études scientifiques concluant, pour
létères » qui soient scientifiquement établis, sont, dans la gamme le premier, qu’il «n’est pas possible d’attribuer un effet sanitaire aux
des RF « certains effets dus à l’échauffement » – il existe, selon les stations de base» et constatant, pour le second, «qu’aucune donnée
données scientifiques actuelles des effets biologiques variés pour scientifique nouvelle publiée depuis son précédent rapport d’exper-
des niveaux d’énergie qui n’induisent pas une hausse de tempé- tise ne révèle un risque pour la santé lié au rayonnement émis par
rature – le défaut de connaissance sur ces effets non thermiques les stations de base de téléphonie mobile » ;
ne permet pas que les effets sanitaires soient identifiés et que puis- Que la relative pertinence de ces avis est à apprécier à la lumière
sent être déterminées des nouvelles valeurs garantissant une réduc- de l’évaluation des méthodes de travail scientifique de l’Afsset ré-
tion, voire une élimination de ce risque pour la santé dont la démons- sultant du constat fait en décembre 2005 par l’Inspection générale
tration n’est pas faite ; qu’il formule des préconisations s’inspirant des affaires sociales ;
du principe de précaution, soulignant, néanmoins, qu’il ne valide
pas l’hypothèse d’un risque sanitaire ; L’OMS :
La prescription de précautions : Considérant encore que si l’Organisation mondiale de la santé dans
un « aide-mémoire » publié en mai 2006 sous le no 304, relatif aux
Qu’ainsi, outre les mesures d’évitement prudent concernant l’usa- effets des stations de base (pièce no 21) retient que : «Compte tenu
ge des téléphones mobiles, ce rapport préconisait notamment la des très faibles niveaux d’exposition et des résultats des travaux
poursuite d’un objectif de réduction au minimum du niveau d’ex- de recherche obtenus à ce jour, il n’existe aucun élément scienti-
position du public et, en particulier, que les personnes potentiel- fique probant confirmant d’éventuels effets nocifs des stations de
lement sensibles – enfants et malades – ne soient pas atteintes direc- base et des réseaux sans fil pour la santé», elle indique néanmoins
tement par le faisceau d’une antenne venant d’une station située dans ce même aide-mémoire : « Si l’on peut s’attendre à ce que
à moins de 100 mètres ; l’exposition aux champs RF des stations de base et des réseaux
sans fil n’ait aucun effet sur la santé, l’OMS préconise néanmoins
Le guide de l’ICNIRP : des recherches pour déterminer si l’exposition plus intense aux radio-
Que le guide publié en 2001 par la commission internationale ICNIRP fréquences des téléphones mobiles pourrait avoir des effets sur la
pour l’établissement de limites d’exposition aux champs électriques, santé » ;
magnétiques et électromagnétiques, auquel se réfère l’ensemble Considérant que la confirmation de l’existence d’effets nocifs pour
des acteurs et dont il est fait état dans la plupart des réponses mi- la santé exclut nécessairement l’existence d’un risque puisqu’elle
nistérielles aux questions des parlementaires sur l’exposition à un correspond à la constatation d’une atteinte à la santé qui, en l’espèce,
risque sanitaire des voisins d’une station relais, précise que deux confinerait à une catastrophe sanitaire ;

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L’appel de médecins : raison du caractère fragmentaire des connaissances, de poursuivre
les recherches sur l’éventuelle nocivité d’une exposition qui, s’agis-
Considérant d’autre part, que par diverses communications ou inter- sant d’ondes émises par les antennes ou stations relais, est continue
pellations comme les appels de Salzbourg en 2000, de Fribourg et imposée ;
en 2002, de Bamberg en 2004, d’Helsinki en 2005 des médecins
ont manifesté et rendu publique leur inquiétude au regard des pa- Qu’aucun élément ne permet d’écarter péremptoirement l’impact
thologies développées par certains de leurs patients riverains d’an- sur la santé publique de l’exposition de personnes à des ondes ou
tennes-relais ; des champs électromagnétiques ELF ;

La résolution de Benvenuto : Les réglementations des autres pays :


Considérant enfin, que l’exemple d’autres pays qui ont abandonné
Qu’en 2006, la résolution de Benvenuto souligne que « des effets
la référence aux normes édictées par l’ICNIRP et légiféré en retenant
biologiques peuvent être provoqués par l’exposition tant aux ex-
des valeurs se situant entre 0,6 V/m (Autriche, Liechtenstein, Italie,
trêmement basses fréquences (ELF) qu’aux radiofréquences (RF).
Pologne, Russie, Chine) et 4 V/m pour la Suisse, voire 3 V/m en
L’épidémiologie, ainsi que l’expérimentation in vivo et in vitro dé-
ce qui concerne le Luxembourg, ou encore la fixation de périmè-
montrent que l’exposition à certains ELF peut augmenter le risque
tre d’exclusion en distance des constructions, n’est pas de nature
carcinogène chez l’enfant et provoquer d’autres problèmes de santé
à faire taire les craintes que peuvent ressentir les personnes vivant
chez l’adulte comme chez l’enfant» et incite les gouvernements «à
à proximité d’une antenne-relais, qui certes émet dans les limites
adopter un cadre de recommandations portant sur l’exposition aux
réglementairement fixées en France par le décret de 2002, mais
champs électromagnétiques du grand public et des professionnels
au-delà de ce qui est permis dans plusieurs autres pays européens;
s’inspirant du Principe de Précaution 2, ce qu’ont déjà fait certains
États » ; Considérant que, si la réalisation du risque reste hypothétique, il
ressort de la lecture des contributions et publications scientifiques
La distinction des ondes générées par les téléphones produites aux débats et des positions législatives divergentes entre
portables et les antennes-relais : les pays, que l’incertitude sur l’innocuité d’une exposition aux ondes
émises par les antennes-relais, demeure et qu’elle peut être qua-
Considérant que si la plupart des effets délétères avérés ou pris lifiée de sérieuse et raisonnable ;
en compte au titre du principe de précaution (comme les citoyens
y ont été invités par un communiqué du ministère de la santé en Les possibilités techniques des opérateurs :
date du 2 janvier 2008) connus depuis 1998 sont relatifs à l’utilisa-
tion intensive de « portables », la question de la pertinence d’une Qu’en espèce, la société Bouygues Telecom n’a pas mis en œuvre
distinction totale à opérer entre les ondes et champs magnétiques dans le cadre de cette implantation, les mesures spécifiques ou
générés par les stations de base qui ne semblent pas avoir d’effet effectives qu’elle est capable techniquement de mettre en œuvre
thermique et ceux des téléphones mobiles retenus comme plus ainsi que l’établit la signature de chartes entre certaines communes
agressifs, reste posée au regard de la similitude des ondes pas- et les opérateurs de téléphonie mobile qui fixent des normes d’émis-
sant entre les téléphones mobiles et leur relais et au regard de la sion bien en deçà des normes actuellement en vigueur en France
production par ces stations relais, d’ondes d’extrêmement basse ou qui éloignent les antennes mobiles des zones d’habitation ;
fréquence et de champs ELF, ce que l’Agence nationale des fré-
quences (ANFR) ne récuse pas ; L’absence de risque non garantie :
Considérant que les intimés, qui ne peuvent se voir garantir une
L’opération Interphone : absence de risque sanitaire généré par l’antenne-relais implantée
sur la parcelle no 133 située… à proximité immédiate de leur do-
Considérant que les recherches induites par l’opération Interphone
micile familial, justifient être dans une crainte légitime constitutive
lancée à l’échelle internationale sont seulement entamées ;
d’un trouble ;
Le rapport BioInitiative :
Un trouble anormal :
Qu’un dernier rapport intitulé BioInitiative a été déposé le 31 août
Que le caractère anormal de ce trouble causé s’infère de ce que
2007 par des personnes dont les titres universitaires et les travaux
le risque étant d’ordre sanitaire, la concrétisation de ce risque empor-
réalisés antérieurement établissent le sérieux et permettent d’écarter
terait atteinte à la personne des intimés et à celle de leurs enfants;
la critique faite par la société Bouygues Telecom résultant d’une
absence de mandat émanant d’un organisme national ou interna-
Le démantèlement de l’antenne :
tional et d’un propos ne distinguant pas les installations électriques
de la téléphonie mobile ; Considérant que la cessation du préjudice moral résultant de l’an-
Que ce rapport BioInitiative (à la lecture duquel le Parlement euro- goisse créée et subie par les intimés du fait de l’installation sur la
péen s’est dit «interpellé»), sans apporter de réponse définitive sur propriété voisine de cette antenne-relais, impose, en absence d’une
ce point, a conclu que les limites d’exposition aux ELF posées quelconque proposition de la société Bouygues Telecom, d’ordonner
notamment par l’ICNIRP sont inadéquates à la protection des per- son démantèlement ;
sonnes et que si les conséquences sanitaires des champs électro- Que la décision entreprise doit être confirmée sur ce point, sauf à
magnétiques demeurent mal connues, les connaissances scien- porter, passé le délai de quatre mois à compter de la signification
tifiques actuelles sont suffisantes pour prendre des mesures de de la présente décision, l’astreinte prononcée, à la somme de 500 €
gestion de risques ; par jour de retard ;

D’autres études : La création d’un sentiment d’angoisse :


Considérant encore que si certaines études émanant de médecins Considérant que l’installation de l’antenne-relais à proximité im-
peuvent être critiquées voire écartées en raison d’une absence de médiate de leur domicile sous le faisceau de laquelle ils se trou-
rigueur dans la recherche ou le relevé de mesures, l’ensemble des vent depuis fin 2005, a créé indiscutablement un sentiment d’an-
publications, même de celles produites par la société Bouygues goisse, dont la manifestation s’infère des nombreuses actions qu’ils
Telecom au soutien de son appel, font apparaître la nécessité, en ont menées ; […] »

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—————
1 CA Paris 23e ch. B, 7 avril 2005, no 04/12 610.

2 CA Nîmes 1re ch. civ. B, 15 janvier 2008, no 05/02 527.

3 Arrêté du 17 décembre 2007 pris en application de l’article R. 20-44-11 du code des postes et des communications électroniques et relatif aux conditions

d’implantation de certaines installations et stations radioélectriques.


4 TA Amiens, 18 novembre 2008, SFR, no 0 602 415.

5 Site de la ville de Paris.

6 Interview publiée par Le Figaro le 23 avril 2009.

7 Cass. civ. II, 29 novembre 1995, no 93-18 036.

8 CA Paris, 7 janvier 2004, no 03-2 301.

9 CA Aix-en-Provence 4e ch., 8 juin 2004, Dalloz 2004, page 2678.

10 CA Bordeaux 5e ch., 20 septembre 2005, no 04/01 348.

11 Jean-Philippe Feldman, « Le trouble voisinage du principe de précaution », Dalloz 2009, page 1369.

12 Alternative Santé no 367, juin 2009, page 20.

13 TGI Carpentras, 16 février 2009, no 08-707.

14 Ordonnance du président du TGI d’Angers, 5 mars 2009, no 08-765.

15 Ordonnance de référé du TGI de Créteil, 11 août 2009, no 09-658.

16 TGI Avignon 1re ch. 3, 16 juin 2009, no 07/02 026.

17 TGI Lyon, 15 septembre 2009, no 09/7 385.

18 CA Aix-en-Provence 4e ch., 2 octobre 2009, no 07-21 120 ; allant dans le même sens que CA Paris, 7 mai 2002, no 01-4 367 et CA Paris, 7 janvier 2004,

no 03-2 301.
19 Voir par exemple TA Marseille, 9 mars 2004, no 023527.

20 Conseil d’État, 22 août 2002, nos 245 624, 245 625 et 245 627.

21 Conseil d’État, 2 juillet 2008, no 310 548.

22 TA Lille, 13 juillet 2009, no 09-4 171.

23 F. Rome, « La guerre des ondes », Dalloz 2009, page 793.

Document mis à jour le 2 mars 2010. Supplément au no 9 de Conso Info. ISSN en cours.
Une publication de l’Institut national de la consommation – 80, rue Lecourbe – 75732 Paris cedex 15.

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