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Axe1 Généralités À Propos de La Communication

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Université Echahid Hamma Lakhdar-El Oued

Faculté des lettres et des langues


Département des lettres et de langue française

MODULE : PRATIQUES
COMMUNICATIONNELLES

RESPONSABLE DU MODULE
PR DALAL MESGHOUNI

• Objectifs généraux :

- Faire le point sur les différentes acceptions et pratiques inhérentes à la communication ;

- Initiation pratique aux modes de communication les plus fréquents.

• Objectifs opérationnels :

-Faire acquérir un certain savoir-faire quant aux pratiques communicatives aussi bien orales
qu’écrites :

-Reconnaissance de stratagèmes -clés de la communication orale, et initiation au dialogue ;

-Repérage et construction de formules-clés liées aux savoirs-rédiger à partir de gabarits.

NIVEAU : MASTER 2
ANNEE UNIUVERSITAIRE

2021-2022
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« L’art est non pas l’émanation spirituelle


éthérée d’une muse céleste lointaine, mais une
excrétion incarnée, expressivement épurée, des
énergies naturelles présentes dans nos transactions
vivantes avec notre environnement naturel et culturel,
orientée vers un accomplissement supérieur de la
vie. » (Dewey, 2015. p.13-14).

Plan du module : Pratiques communicationnelles


I- Généralités à propos de la communication
II- Paradigmes de la communication
III- Discours persuasif et art de négociation
IV- Procédés rhétoriques en communication écrite
V- Qu’en est-il de la communauté virtuelle ?
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(Milan Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être.


Gallimard, Paris, 1884)

I- Généralités A propos de la communication

Nous vivons dans une société de communication : nous communiquons parfois


à notre insu, d’autres fois en toute conscience de nos desseins, tant dans la sphère privée
que la sphère professionnelle. D’ailleurs, la socialisation de l’individu est étroitement
liée aux communications qui s’établissent entre lui et son environnement : l’individu
qui communique se socialise.

La multiplicité des canaux, et l’avènement des médias sociaux, et du numérique


a encore accéléré les choses, rendant la dynamique de communication de plus en plus
rapide et interactive. Toutefois, la performance communicationnelle dépend en grande
part de l’intelligence relationnelle et émotionnelle, mais aussi de la maitrise d’un certain
nombre de procédés verbaux, écrits ou oraux, qui permettent de gager sur les enjeux
et les effets de ce processus de communication. Or, comment atteindre l’état d’une réelle
efficacité de cette dernière, sinon l’état d’une efficience interactive, sans la moindre
connaissance de ses spécificités ? Dans ce sens, un certain nombre d’aspects singuliers
liés à la communication en tant que pratique humaine permettent de faire la part des
choses en vue d’une certaine maitrise de ses procédés et de ses stratagèmes.

I-1- Communiquer : en quoi consiste ?

« Communiquer consiste (…), en première approximation, à faire passer des


informations sur ce qu’on a dans l’esprit. A dessein, l’expression ‘avoir dans l’esprit’
reste vague ; ainsi correspond-elle à la totalité des phénomènes psychologiques, mal
connus et mal classés, sur lesquels le communicateur, celui dont part la communication-
on dit volontiers ‘l’émetteur’-, renseigne autrui : connaissances, souvenir, image,
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jugement, désir, sentiment, etc. » (C. Baylon, X. Mignot, La communication, Paris, NATHAN,
1994, p. 11)

Plus ou moins restrictive, cette approximation ne pourrait en elle seule traduire


les spécificités de la communication humaine, qui reste tributaire de plusieurs enjeux
situationnels. Partant d’ores et déjà de l’axiome de Paul Watzlawick : « On ne peut pas
ne pas communiquer. » ; la communication humaine est comprise comme des séquences
d'échanges de signes, volontaires et délibérés ou non, considérés dans leur dimension
interpersonnelle. Rester silencieux, pour un apprenant, à la suite de la question de son
professeur, c'est peut-être communiquer que le travail attendu n'a pas été fait ; par
contre, pour un prisonnier de guerre sous la torture, c'est communiquer son refus de
communiquer.

Dans cette optique de l'école de Palo Alto, si tout comportement est communi-
cation ; toute communication n'est pas nécessairement consciente. Par conséquent,
l’échange finalisé ne peut être envisagé que pour la communication voulue ou inten-
tionnelle. En principe pour Paul Watzlawick (Une logique de la communication, Seuil,
1972), membre de cette école, un coup de pied dans un caillou, n'est pas une communi-
cation alors que frapper un chien en est une.

En ce sens l’étymologie du terme resurgit pour souligner le caractère à la fois


intersubjectif, interprétatif, par moments intentionnel et d’autres fois accidentel de la
communication. Du latin communicare (dérivé de communis), mettre en commun, faire
part de, ou partage, communiquer présume l’existence d’une mise en relation dans le
cadre d’une rencontre, et d’une transmission de l’information, voire de la signification
à l’issue de cette rencontre. Or,

« La signification (..) ne dépend pas des seules dispositions linguistiques


verbales, mais implique une sorte de réinterprétation synthétique des
significations construites au niveau verbal, paraverbal (intonations,
accentuation, rythme, débit, inflexions vocales, timbres et particularités
phoniques et non verbal (proxémique, postures, activités mémo-gestuelles). Les
significations construites à un niveau particulier sont réinterprétables en
fonction de l’effet contextuel joué par les autres niveaux. » (Robert Vion, La
communication verbale : Analyse des interactions, Hachette, 1992, p.32)

La communication est le rapport d'interaction qui s'établit lorsque les partenaires


sont en présence directe ou indirecte. Ce rapport s'analyse à trois niveaux :
intrapsychique (les dimensions de la personnalité de chacun des protagonistes),
interactionnel (la structure relationnelle et sa dynamique) et social (le contexte
culturel avec ses normes, ses valeurs et ses rituels dans lequel il se place).
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Pour les théoriciens de la communication de l'école de Palo Alto, tous les


comportements sont potentiellement communicatifs. Yves Winkin (La nouvelle
communication, Seuil, 1981, p. 147) propose de les classer en six grandes catégories :
▪ Le comportement verbal
▪ Linguistique
▪ Paralinguistique
▪ Le comportement kinésique
▪ Mouvements corporels y compris /'“expression" faciale
▪ Éléments provenant du système neuro-végétatif comprenant ta coloration de la
peau, la dilatation de la pupille (...)
▪ La posture
▪ Les bruits corporels
▪ Le comportement tactile
▪ Le comportement territorial ou proxémique
▪ D'autres comportements communicatifs (peu étudiés), par exemple,
l'émission d'odeurs
▪ Le comportent vestimentaire, cosmétique, ornemental, etc. ».

Pour ainsi dire, la communication implique tout l’être dans sa communion avec
le monde extérieur ; et manifeste, par la même, ses convictions, ses attitudes, ses
émotions, …, et surtout ses propres systèmes de références, dont il dispose par
expériences, pour entrer en relation avec autrui. Le primat du langage humain « la
langue » n’est plus à contester ; toutefois, la vie en société fait que les manières de
communiquer s’inscrivent dans une dimension plutôt culturelle très ambivalente, et
pourrait dans certains cas générer des distorsions, ou des malentendus.
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« On ne parle pas toujours directement. Certains vont même jusqu’à dire


qu’on ne parle jamais directement ; « qu’il fait chaud ici » ne signifie jamais qu’il
fait chaud ici mais ; c’est selon « ouvre la fenêtre », « ferme de radiateur », « est
ce que je peux tomber la veste ? », « il fait frais ailleurs » ; « Je n’ai rien de plus
intéressant à dire », etc. : bref, ce serait l’indirection qui serait la « règle ». » (C.
Kerbrat-Orecchioni, 1986, P. 5).

La Communication se déroule, en effet, sur un fond d’imaginaire


(représentations), ou même d’intersubjectivité dés lors qu’on réfère aux univers de
connaissances, ou aux images auxquelles les protagonistes réagissent, qu’il s’agisse
d’images d’eux-mêmes, de leurs partenaires ou de la situation. « ‘l’individu ne réagit
(...) pas en fonction de la situation objective à laquelle il est confronté mais à partir de
la représentation qu’il se fait de cette situation. » (J-C. Arbic, 1987 : 56). Il est bien
question de reconnaissance des systèmes de références avec une mobilisation de
ressources de différentes natures, communément appelées « compétence
langagière ».

La compétence que l’on définit comme un « savoir-agir complexe fondé sur la


mobilisation et l’utilisation efficaces d’un ensemble de ressources » (MELS, 2006, p. 13)
ou encore, comme « un réseau intégré et fonctionnel constitué de composantes
cognitives, affectives, sociales, sensorimotrices, susceptibles d’être mobilisé en actions
finalisées face à une famille de situations » (Allal, 2000, p. 81) peut très facilement être
associée à l’action de la personne qui communique, d’où l’importance de s’attarder à la
compétence langagière. Or, celle-ci est-elle cantonnée uniquement aux êtres
humains ? Est-elle de l’ordre de l’accidentel (arbitraire), ou de celui du conventionnel
(collectif et subjectif) ? Qu’n est -il des autres sortes de communication entre d’autres
espèces ?

Contrairement à ce que l’on pense, la communication ne se limite pas à l’envoi


d’un simple message ou d’une transmission d’informations ; elle va bien au-delà. Tout
échange entre deux entités est de l’ordre de l’acte : action/réaction ou rétroaction.
Ainsi, chacune des deux entités est en mesure d’influencer les autres volontairement
ou inconsciemment. Du retour des informations ou du feed-back dépend l’efficacité
de l’échange ; d’ailleurs, même l’absence de réponse est une réponse en soi qui informe
sur le degré de compréhension du message transmis, et sur le degré d’adhésion ou de
refus au contenu du message. En effet, la façon de communiquer varie non seulement
en fonction des variables psychologiques, cognitives et sociales, mais aussi en fonction
de la réaction ou du retour des informations (rétroaction).

Pour ce dernier critère d’autres facteurs entrent en jeu. Si la rétroaction est plus
ou moins rapide, et inter-échangés, il est à distinguer entre communication
interpersonnelle et communication de groupe. Dans la communication
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interpersonnelle, la cible est un individu, et le feed-back est tantôt patent tantôt absent ;
cela dépend de l’attitude des interlocuteurs (refus du recours à la langue), ou d’un bruit
technique à titre d’exemple. Elle se fait soit en présentiel quand elle est verbalisée, ou
en différé dans le cas de messages transmis par écrit.

A la différence de ce premier cas de figure, la communication de groupe est plus


structurée, la cible est un groupe d’individus définis selon leur culture et leurs intérêts.
L’exemple type en est la publicité. Les entreprises vendent leurs produits et les
valorisent en diffusant des messages personnalisés destinés à un public bien défini.
Cependant, la rétroaction n’est pas aussi rapide que lors d’une communication
interpersonnelle. De plus, le récepteur peut parfois se sentir inférieur.
Quant à la rétroaction qui est quasi-absente ou nulle, elle va toucher une large
audience hétérogène avec des intérêts différents, parfois même à l’insu de ses membres.
Cette forme de communication dite de masse a également l’avantage d’être totalement
contrôlée par le communicateur et d’avoir des effets très rapides. Or, le risque réside
dans la déperdition du contenu du message à cause d’un public non trop ciblé.

L’existence de déperditions, de bruits, voire d’interférences lors du processus


de communication nuit à la qualité du message transmis, et donc à
l’intercompréhension. La déperdition est d’ordre sémantique dans le cas du recours à
un jargon, ou à des mots ambigus, cas de la communication médecin-patients. Or, le
bruit est d’ordre sémiologique quand il s’agit d’un défaut d’attitudes ou de
comportements ; parler à quelqu’un en regardant la télévision. A cela se rajoute les
défauts d’ordre organisationnel, dans le cadre d’une institution où les personnels
s’entendant mal avec leurs supérieurs ; les messages peuvent mal-interprétés. Les
problèmes techniques entravent énormément la communication : coupure
d’électricités, de réseaux, etc. Pour ce dernier point, le choix même du canal de
communication est d’une grande importance pour réduite les taux de déperditions.

Ainsi, les canaux de communication influencent la façon dont se fait passer un


message : la rédaction d’un e-mail ne se fait pas comme celle d’un message par
WhatsApp ou twitter, ou d’un document fonctionnel comme s’il s’agissait d’un roman.
La forme est donc aussi importante que le fond, qui nécessite une prise en compte de
différentes dimensions :
1. interne (communication avec le comité de pilotage, le groupe projet, …) ou
externe (communication avec les clients, utilisateurs, fournisseurs, …) ;
2. formelle (rapports, présentations, documents, e-mails, …) ou informelle
(conversations de couloir, appels téléphoniques, ...) ;
3. synchrone ou instantanée (échanges face à face, réunions, …) ou
asynchrone ou différée (e-mails, rapports, …)
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4. officielle (décisions) ou officieuse (discussions avec les collègues ou les


collaborateurs)
5.ascendante (du supérieur aux subordonnées), descendante (le contraire) ;
6. horizontale (entre partenaires du même statut), verticale (entre partenaires
de statuts distincts) ;
7. évènementielle (évènements ou manifestations culturelles, sportives,
touristiques ou encore politiques dans un but publicitaire ou lucratif) ;
8. écrite ou éditoriale (pancartes, courriels, comptes-rendus, …) ou orale
(exposés, entretiens, débats, réunions, …)
8. verbale (message) ou non verbale (ton de la voix, attitude, posture, …).
De surcroit, la communication concerne aussi bien l'homme (communication
interpersonnelle, groupale...) que l'animal (communication intra- ou inter- espèces) ou
la machine (télécommunications, nouvelles technologies...), ainsi que leurs croisements
: homme-animal ; hommes- technologies... La science qui s’occupe de la communication
animale est la zoologie, celle des plantes est la botanique, celle des machines est la
cybernétique.

I-2- le flux transactionnel : quels enjeux ?

Toute communication équivaut à un processus d’interactions ou de transactions


assez complexe ; lesquels actes communicatifs s’inscrivent dans un flux de rapports
nuancés, et s’expriment en des enjeux de nature très diverse. Ainsi, dans toute sorte de
transactions, il serait question, tout d’abord, de construction et de partage de sens
dans une spirale sans fin ; mis à part le contenu du message qui doit être partagé, les
règles de jeu sociaux le seront également (règles de courtoisie à titre d’exemple).
Ensuite, il serait affaire de constructions de référents collectifs ; tout échange
est ritualisé suivant un certain nombre de codes. Ceux-ci sont liés selon Goffman, aux
besoins de proposer une image de soi conforme aux normes en vigueur, de définir son
propre territoire, et celui de ses partenaires. La transgression de es rituels peuvent être
interprété comme une sorte d’agression. Ainsi, fumer dans une réunion sans en
demander la permission peut être vu comme une attitude d’indifférence, ou de manque
de courtoisie.
A ces codes comportementaux se rajoutent une sorte de culture relationnelle liée
à la proxémique ou le degré de proximité/distance spatiale entre les interlocuteurs.
Hall dans la dimension cachée avait bien attribué des significations en rapport avec les
distances entre personnes : de 0-0.40 est intime, de 0.40-1.25 est personnelle, de 1.25-
3.50 est sociale, et de 3.50-7.50 est publique.
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De surcoit, la communication comme processus se déploient en différents


enjeux :

• Informatif ;
• Expression identitaire ;
• Autoritaire (pouvoir) ;
• D’influence ;
• De séduction.
Et si on s'accorde pour la définir comme un processus, les points de vue divergent
lorsqu'il s'agit de qualifier ce processus ; mais les axiomes de Paul Watzlawick peuvent
dans une certaine mesure dissiper quelques confusions au sujet de ce processus :
L’axiome de l’englobement : Toute communication présente deux aspects : le
contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et est par suite une
métacommunication. Quand le climat de confiance règne, il est possible de dire que
les interlocuteurs se concentrent sur ce par-là de l’acte de communiquer. Mais rien
n’est jamais que du contenu… On cherche toujours à communiquer autre chose, un
contentement, une émotion et dans les cas où le climat n’est pas au rendez-vous, ce peut
être de la frustration, de la colère.

Pour Watzlawick, ce second aspect est prioritaire, car si la relation est mauvaise
le contenu sera soit rejeté, soit déformé, soit ignoré. Comment intervient ce « comment
» de l’acte de communiquer ? Par tout ce qui est du non-verbal (regard, intonation,
gestuelle, mimique…). C’est ce qu’on appelle la métacommunication ; ce qui se
communique quand on communique.

L’axiome de la ponctualité : La nature d’une relation dépend de la


ponctuation des séquences de communication entre les partenaires. Souvent on a
tendance à considérer notre attitude seulement en réaction au comportement de l’autre,
en minimisant l’impact de notre propre attitude. Voilà pourquoi on a sur les mêmes
faits des avis opposés.

Si « Monsieur » reste tard au travail, c’est que « Madame » lui fait constamment
des reproches, mais pour cette dernière, les reproches sont une conséquence de ces
retards…

Du point de vue des échanges verbaux ; quand je dis quelque chose à quelqu’un,
je ne peux pas sous-entendre que ce que j’ai dit est exempt d’intention. Mon discours
va influencer la réponse de l’autre en conséquence de ce que j’ai dit. A mon tour, lorsque
je vais entendre ce que mon interlocuteur me dit, je vais l’interpréter comme étant
marqué, là aussi de X intentions qui peuvent être négatives ou positives.
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Alors que se passe-t-il ? Soit le « jeu conversationnel » tourne en rond et la


relation risque d’être courte, soit il y a remise en cause de ce qui est dit, reformulation,
et écoute… Dans ce cas-là, la conversation continue, parce qu’elle va se « ponctuer »
positivement.

L’axiome de la double nature de la communication : La communication


humaine utilise simultanément deux modes de communication : digital et analogique.

Si je veux communiquer que la montagne est haute à quelqu’un qui ne comprend


pas ma langue, je vais faire des mouvements de la main qui montrent qu’il y a quelque
chose qui monte et qui descend. Mon geste va ressembler à ce qu’il est censé signifier.
C’est le langage analogique.

Si l’autre comprend ma langue, j’utilise le langage et donc un code qui ne montre


rien… Seule la connaissance en commun de ce code me permet d’être compris par mon
interlocuteur. C’est le langage digital.

Or, on a besoin des deux. La communication analogique définit la relation. Elle


est très intuitive et signifiante, mais manque de souplesse, et peut s’avérer ambiguë.
Les larmes, par exemple, peuvent exprimer la joie ou la peine, tout dépendra du
contexte. On ne peut nier une émotion ou un sentiment, on ne peut que le vivre. Pour
lever l’ambiguïté propre à ce mode de communication, il faut le traduire, c’est-à-dire
passer de l’analogique au digital, ou encore parler sur la relation, c’est-à-dire
métacommuniquer. Naturellement, cette traduction, comme toute traduction, soulève
le problème de la distorsion et de la perte d’information, d’où pour Watzlawick
l’importance de la simultanéité.

L’axiome de la réciprocité : La communication est soit symétrique, soit


complémentaire. Une relation symétrique est une relation d’égalité qui minimise la
différence. Une relation complémentaire, au contraire, maximise la différence, avec
deux positions, l’une haute et l’autre basse.

Nous sommes rarement dans une communication empreinte d’égalité, mais le


plus souvent dans une relation complémentaire. On pourrait croire, dans ce type de
relation que la position haute est meilleure. En réalité ce n’est pas juste, parce que celui
qui l’occupe va toujours devoir démontrer qu’il a raison, qu’il communique
mieux…Bref qu’il est « bon ». Et lorsqu’ on sait que dans un contexte de
communication, cette position est toujours la plus faible, on mesure le challenge.

En s’inspirant de la sémiotique greimassienne (1966) exploitée dans le domaine


de la communication organisationnelle par F. Coreen (1999), on identifie quatre étapes
dans les transactions :
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La virtualisation (le bénéficiaire potentiel exprime la vision d’un projet auquel


adhère le réalisateur ou réciproquement) ;
L’acquisition de compétences (le réalisateur ou les coréalisateurs acquièrent
les compétences nécessaires à la réalisation du projet) ;
La performance (transformation plus ou moins simultanée de l’œuvre et des
sois réalisant le contenu du projet) ;
La sanction (rétribution plus ou moins symbolique du réalisateur par le
bénéficiaire).
Le tableau suivant présente les étapes de la transaction dans des activités aussi
diverses que l’alimentation d’un bébé par sa mère, une demande d’information ou
l’engagement dans un dialogue.

Etapes des Virtualisation Compétence Performance Sanction


transactions (transfert et (acquisition par (transformation, (rétribution
élaboration de les réalisateurs distribution, symbolique,
l’objectif de la ou les réception, financière,
Types de transaction) coréalisateurs) appropriation d’un matérielle)
situations médium)
Donner à • A (bébé) • La mère B a du • La mère prépare • Le bébé babille
manger à un transmet son lait (P) le lait et sourit à la mère
bébé désir (P) à la • La mère • La mère donne du • La mère est
mère (B) recherche les lait au bébé gratifié de la «
ingrédients et • Le lait (O) est reconnaissance »
instruments donné par la mère du bébé R)
nécessaire à la au bébé
préparation du • Le lait est bu par
lait le bébé
• Le bébé est
rassasié
• La confiance
entre la mère et le
bébé est renforcée
(P)
• Demander une • B recherche • B transmet • A remercie B (R)
information • A demande une l’information (P) l’information à A • • B est crédité de
information (P) à l’aide d’un A assimile cette
àB instrument (I) l’information reconnaissance.
• A possède une
nouvelle
compétence (P)
Dialoguer sur • A suggère un • A & B • A & B échangent • A & B
un thème sujet de recherchent des des arguments • Le conviennent qu’ils
conversation à B arguments en discours (O) est de sont parvenus à
(il peut y avoir faisant appel à plus en plus un
P a g e | 11

une leur mémoire (P) élaboré par l’ajout accord/désaccord


soustransaction et à des aides argument (A) • A relativement au
visant à négocier extérieures (I) est enrichi par la thème traité par le
le sujet P) compréhension des biais de
arguments de B et salutations
réciproquement • courtoises et se
La compréhension créditent
entre A et B mutuellement de
relativement au ce progrès
thème est
renforcée
Réaliser une A exprime un B acquiert les B crée ou A
prestation pour besoin à B (P) ou compétences transforme l’œuvre remercie/rétribue
un tiers B fait une offre à nécessaires, O en lui adjoignant B pour la
A • recherche et/ou les propriétés performance. La
soustransaction conçoit des diverses (A) • sous- sanction/
pour une méthodes • sous- transactions rétribution peut
négociation transaction pouvant être s’étaler dans la
éventuelle des possible avec A associées à la co- durée notamment
contours de P pour préciser à transformation quand la
nouveau la éventuelle de O prestation a elle-
nature de P ou notamment si B en même une durée
en renégocier les est propriétaire, ou significative (p.ex.
contours (retour si le travail de A abonnement) •
à la phase de porte directement sous-transaction
virtualisation) • sur le corps ou possible entre A &
sous-transaction l’esprit de B B quant à la
possible avec des (service) B nature
tiers T, pour transmet ou (pertinence,
fournir les distribue l’œuvre O justesse…) de la
méthodes et à B de diverses sanction
instruments manières
nécessaires… (présentation,
explication,
déplacement,
livraison, stockage)
• sous-transactions
pouvant être
associées aux
codéplacements
éventuels de O et à
leurs modalités.
Dans les services
logistiques, la
distribution
P a g e | 12

constitue
l’essentiel de la
performance A
acquiert, prend
connaissance,
consomme ou
utilise l’œuvre O. •
sous-transactions
avec B pouvant
être associées à la
consommation ou
utilisation de O par
A – d’autant plus
quand celle-ci
s’étend sur la durée
(usage d’un
artefact pérenne)

Source : Exemples des étapes d’une transaction (Zacklad, M. (2006). Une approche
communicationnelle et documentaire des TIC dans la coordination et la régulation des flux
transactionnels, P.3, Document de travail (Working paper). Disponible sur :
http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/

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