Module 2 Droit Commercial Resumé
Module 2 Droit Commercial Resumé
Module 2 Droit Commercial Resumé
Le droit commercial en France est caractérisé par sa nature mixte, définie à la fois par la
notion de commerçant et celle d'acte de commerce. Selon l'article L. 121-1 du code de
commerce, sont considérés comme commerçants ceux qui exercent des actes de
commerce de manière habituelle.
En France, le droit commercial englobe à la fois le droit des commerçants de celui des
actes de commerce.
Cette typologie, élaborée par la doctrine à partir des articles L. 110-1 et L. 110-2 du
Code de commerce ainsi que de la jurisprudence, distingue les actes de commerce par
nature, par la forme et par accessoire.
Tout achat de biens meubles pour les revendre, en nature ou après les avoir travaillés et
mis en œuvre, est considéré comme un acte de commerce. Les activités de production
et d’extraction sont exclues de la commercialité.
Les opérations de change, les opérations bancaires, définies par l'article L. 311-1 du
Code monétaire et financier. Les opérations de courtage, incluant toutes les opérations
d’intermédiaire pour l’achat, la souscription ou la vente d’immeubles, de fonds de
commerce, d’actions ou de parts de sociétés immobilières, les opérations d'assurance
en matière maritime, étendues par la jurisprudence aux assurances terrestres, sauf les
assurances mutuelles à but non lucratif.
Dans tous ces cas, c’est la cause commerciale de l’acte qui explique ces solutions
jurisprudentielles.
Dans cette situation, l'acte de commerce doit être accompli dans le cadre d'une
entreprise, ce qui implique la réunion de moyens humains et matériels et une répétition
d'actes réalisés à titre professionnel. Cette répétition des opérations au sein de
l'entreprise leur confère un caractère commercial.
• Entreprises de vente aux enchères publiques (article L. 110-1 6°) : Les ventes
qui ont lieu dans les magasins généraux sont considérées comme
commerciales.
• Agences et bureaux d’affaires (article L. 110-1 6°) : Les agents d’affaires qui
gèrent les affaires d'autrui, comme les agents immobiliers, les agences de
voyages ou les cabinets de recouvrement de créances.
La lettre de change : également appelée traite, est un titre représentant une créance
pouvant être facilement cédée. Il s'agit d'un titre négociable par lequel le tireur donne
l'ordre à l'un de ses débiteurs, le tiré, de payer à une date déterminée une somme
d'argent à une troisième personne, le bénéficiaire ou porteur.
La commercialité par la forme de la lettre de change : Conformément à l'article 110-1
10° du Code de commerce, les lettres de change sont réputées actes de commerce
"entre toutes personnes". Ainsi, tous les engagements découlant de la lettre de change
(émission, acceptation, etc.) sont régis ²par le droit commercial, quel que soit le statut
du signataire (commerçant ou civil)
Règle de fond : Le législateur considère comme des actes de commerce tous les actes
accomplis par un commerçant pour les besoins de son commerce.
1. L'acte doit avoir été accompli par une personne physique ou morale ayant la
qualité de commerçant. Cette qualité est généralement conférée par l'inscription
au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS)
2. L'acte doit être lié à l'activité du commerçant. Les actes passés pour des besoins
personnels ou domestiques restent civils, seuls ceux servant l'activité
professionnelle sont considérés comme des actes de commerce.
En matière contractuelle : Tous les contrats conclus par un commerçant sont réputés
commerciaux, mais cette présomption peut être réfutée.
Par exemple, les contrats gratuits ne peuvent pas être considérés comme commerciaux,
car la gratuité est incompatible avec le commerce.
Dans le droit commercial français, les actes de commerce ne sont pas définis
clairement dans le Code de commerce. Une liste partielle est fournie, mais elle est
souvent insuffisante pour couvrir toutes les situations commerciales. La jurisprudence
et la doctrine ont donc dû préciser ces actes et établir des critères pour les identifier.
• Critère de l'entreprise : Ce critère se fonde sur le fait que la plupart des actes de
commerce sont réalisés dans le cadre d'une entreprise. Il trouve appui dans les
termes du Code de commerce qui énumère une liste d'actes de commerce par
l'entreprise. Néanmoins, la notion d'entreprise n'est pas clairement définie sur le
plan juridique, et certaines entreprises, notamment celles relevant des secteurs
artisanal, agricole et libéral, relèvent du domaine civil plutôt que commercial.
En droit civil, la preuve d’un acte portant sur une somme d’un montant supérieur à
1500 euros se fait, en principe, par écrit (article 1341 Code civil) : c’est le système dit de
la preuve préconstituée.
- les exceptions portant sur certains actes : certains actes commerciaux doivent
nécessairement être écrits : contrats de vente du fonds de commerce, de location-
gérance du fonds de commerce et de nantissement du fonds de commerce (renvoi
ultérieur au cours) ; le contrat de société (article 1835 CC) ; les effets de commerce.
- les exceptions concernant certaines personnes : c’est l’article L. 110-3 qui contient
une telle exception : la liberté de la preuve ne s’applique qu’à l’égard des
commerçants. Par conséquent, si l’acte est mixte, le non-commerçant peut faire la
preuve par tous moyens contre le commerçant puisque l’acte est commercial pour
celui-ci.
La solidarité : elle ne se présume pas en droit civil. Il faut, qu’elle soit « expressément
stipulée ». Cela signifie qu’à défaut d’accord exprimé dans l’acte, les codébiteurs ne
peuvent pas être tenus solidairement de la dette. C’est précisément la règle inverse que
l’on retient en droit commercial. Le créancier commerçant peut donc exiger de l’un
quelconque de ses codébiteurs commerçants (tenus d’une même dette) le paiement de
la totalité de la créance. Celui qui a payé bénéficie alors d’un recours contre les autres
codébiteurs pour leur part et portion.
Ce principe va à l’encontre du droit civil : il s’agit donc d’une coutume contra legem. La
Cour de cassation en a reconnu la validité et affirme depuis son arrêt de principe du 20
octobre 1920 que « selon un usage antérieur à la rédaction du Code de commerce et
maintenu depuis, les tribunaux de commerce sont conduits à considérer que la
solidarité entre débiteurs se justifie par l’intérêt commun du créancier, qu’il incite à
contracter et des débiteurs, dont il augmente le crédit ». Il ne s’agit que d’une
présomption simple de solidarité, qui peut être écartée dans l’acte par la volonté des
parties.
Le juge ne dispose pas du pouvoir d’octroyer des délais de paiement au débiteur lorsque
celui-ci a souscrit un engagement cambiaire
Il existe parfois des délais de prescription plus courts : 3 ans, un an ou 6 mois en matière
d’effets de commerce (article L. 511-78).
Paragraphe 1 : La preuve
En droit commercial, la preuve est libre, tandis qu'en droit civil, elle doit généralement
être apportée par écrit pour les sommes dépassant 1500 euros. Dans les actes mixtes,
le commerçant doit respecter les règles de preuve du droit civil, tandis que le non-
commerçant bénéficie des règles plus souples du droit commercial pour prouver
l'existence et le contenu de leur accord.
• Dans le domaine du droit bancaire, le silence du client sur ses relevés de compte
est présumé être une acceptation, ce qui est une règle exclusive du droit
commercial.
• Les actes de commerce par accessoire, car ils supposent déjà la qualité
de commerçant.
• Les actes de commerce par la forme, car leur répétition ne constitue pas
une profession.
Par exemple, signer plusieurs lettres de change habituellement ne constitue pas une
activité professionnelle. Seuls les actes de commerce par nature, réalisés
personnellement par le commerçant pour son propre compte, sont considérés. Les
mandataires agissant pour le compte d'autrui ou les VRP ne sont pas des commerçants.
2. L'exercice habituel d'actes de commerce par nature : Il faut que l'exercice des
actes de commerce soit habituel et professionnel. Cela implique :
• Certaines sociétés commerciales sont identifiées comme telles par leur forme
juridique, et leur objet peut être civil sans remettre en question leur caractère
commercial.
• Même si une activité commerciale est illicite, la personne qui l'exerce peut être
qualifiée de commerçante, mais elle ne peut pas revendiquer certains droits.
Section 2 : Les autres professionnels de la vie des affaires
Dans cette section, nous abordons les artisans, les agriculteurs et les professionnels
libéraux.
Paragraphe 1 : L’artisan
Les artisans exercent un métier manuel et bénéficient de certains droits réservés aux
commerçants tout en ayant des privilèges fiscaux.
Définition fiscale : Plusieurs critères sont pris en compte, tels que l'exercice d'une
profession manuelle, le travail personnel de l'artisan, et la vente principale des produits
du travail.
Définition de droit privé : La jurisprudence retient deux critères : l'exercice d'un travail
manuel et personnel, ainsi que l'absence de spéculation. Les artisans doivent tirer la
majeure partie de leurs revenus de leur propre travail.
Statut professionnel : L’artisan doit s'inscrire au répertoire des métiers, mais cette
inscription n'est que d'ordre administratif.
Relations juridiques de droit privé : Les artisans relèvent principalement du droit civil,
mais certaines règles du droit commercial peuvent s'appliquer, comme celles
concernant les baux commerciaux ou les procédures collectives en cas de difficultés
financières.
Paragraphe 2 : L’agriculteur
L’agriculture est traditionnellement considérée comme une activité civile.
Aujourd'hui, de nombreux agriculteurs ne se contentent pas de produire à partir de zéro,
mais achètent des intrants tels que des semences, des plants ou des animaux, souvent
produits par d'autres acteurs de l'industrie agroalimentaire. Face à cette complexité, il
est important de comprendre les conditions de qualification d'un agriculteur.
A : Définition
Selon l'article L. 311-1 du Code rural, sont considérées comme agricoles toutes les
activités correspondant à la maîtrise et à l’exploitation d’un cycle biologique de
caractère végétal ou animal, ainsi que les activités exercées par un exploitant agricole
dans le prolongement de l’acte de production.
B : Statut
Les agriculteurs ont des obligations spécifiques et certains aspects de leur activité
relèvent du droit commercial. Par exemple :
• Ils doivent s'inscrire aux chambres d'agriculture, tout comme les commerçants
s'inscrivent aux Chambres de Commerce et d'Industrie
Par exemple, une clause d’exclusivité dans un contrat commercial limite la liberté du
commerçant en l'obligeant à s’approvisionner exclusivement chez un fournisseur
pendant une durée limitée (maximum 10 ans selon l’article L. 330-1 du Code de
commerce).
De même, une clause de non-concurrence, souvent incluse dans la cession d’un fonds
de commerce, doit respecter certaines conditions pour être valide, notamment être
limitée dans le temps et dans l’espace, être spécifique et légitime.
A : La nationalité
L’exercice de l'activité commerciale n’est pas exclusivement réservé aux Français, mais
il est strictement encadré pour les étrangers, qui ne bénéficient pas des mêmes droits
que les commerçants français.
1. Les citoyens européens et ceux de l'EEE : Ils ont le droit de s’établir dans
n’importe quel pays de l’Union européenne. Cette liberté d’établissement est
garantie par le Traité de Rome et étendue aux ressortissants de l'EEE par l'article
L. 122-3 du Code de commerce.
B : Les incapacités
Le mineur :
L'interdiction pour les mineurs non émancipés ou les mineurs émancipés de moins de
16 ans de devenir commerçants est justifiée par les risques liés à l'activité
commerciale, qui nécessite une certaine maturité et une connaissance du monde des
affaires.
Les majeurs sous curatelle ne peuvent généralement pas devenir commerçants car il
n'est pas réaliste qu'un curateur soit présent pour chaque acte commercial effectué par
l'incapable.
C : Les incompatibilités
• Les membres de certaines autres professions libérales telles que les avocats, les
experts-comptables, les commissaires aux comptes, les architectes, les
médecins, etc.
La sanction du cumul : Le cumul interdit des professions peut entraîner des sanctions
disciplinaires, telles que l'interdiction d'exercer la profession libérale ou la radiation,
voire des sanctions pénales en cas de prise illégale d'intérêts.
Cependant, du point de vue du droit commercial, les actes de commerce accomplis en
violation de l'incompatibilité restent valables. En effet, contrairement à l'incapacité,
l'incompatibilité n'est pas une mesure de protection pour la personne concernée. Ainsi,
malgré l'incompatibilité, celui qui exerce des actes de commerce peut être qualifié de
"commerçant de fait" et sera donc soumis aux règles du droit commercial. Cependant, il
ne pourra pas se prévaloir de la qualité de commerçant pour bénéficier des droits
attachés à cette qualité.
D : Les interdictions
Les interdictions découlant d'une condamnation pénale : Avant la loi LME de 2008, la
loi régissait les incapacités générales d'exercer le commerce pour les personnes
condamnées pour certains délits ou crimes. Ces incapacités étaient automatiques,
sans décision expresse du juge. L'interdiction nouvellement instaurée par la loi LME est
large et empêche le condamné d'exercer toute profession commerciale ou industrielle,
de diriger une entreprise, ou d'administrer une société, pour une durée pouvant aller
jusqu'à 10 ans.
L'entreprise est une unité économique rassemblant les facteurs humains et matériels
de l'activité économique. Cependant, pour les juristes, l'entreprise est envisagée à
travers le sujet de droit, personne physique ou morale, c'est-à-dire l'entrepreneur
individuel. L'entrepreneur individuel est à la fois financier, propriétaire des moyens
d'exploitation et employeur. Dans ce type d'entreprise, le commerçant a un contrôle
absolu sur l'organisation et la gestion et peut décider de mettre fin à son activité à tout
moment.
Dans les sociétés à risque limité (SARL, SA, par exemple), les associés ne sont pas
considérés comme des commerçants et ne sont responsables des dettes sociales .Ils
ne peuvent donc pas perdre plus que ce qu'ils ont investi si la société fait faillite.
Pour ces sociétés, un capital minimum est exigé pour garantir les créanciers (37 000
euros pour la SA).
En revanche, dans les sociétés à risque illimité (Société en Nom Collectif, par exemple),
les associés sont considérés comme des commerçants et sont responsables
indéfiniment et solidairement des dettes sociales sur leur patrimoine personnel. Aucun
capital minimum n'est exigé dans ces sociétés.
Dans les sociétés de personnes (SNC, société en commandite simple), la personne des
associés prime sur les capitaux investis.Les associés ont la qualité de commerçant.
Dans les sociétés de capitaux (SA, SAS, société en commandite par actions), c'est
l'inverse : les parts sociales sont librement cessibles et les décisions importantes
n'exigent pas l'unanimité. Les associés n'ont pas la qualité de commerçant, sauf dans la
société en commandite par actions.
La SARL est une forme hybride. Les parts sociales ne sont pas facilement
transmissibles, mais les décisions importantes ne nécessitent pas l'unanimité et les
associés ne sont pas considérés comme des commerçants.
Le registre national : Depuis 2023, le RNE, également tenu par l'INPI, qui centralise les
informations des entreprises, remplaçant le RNCS, le répertoire des métiers (RM), et le
registre des actifs agricoles (RAA).
Sont concernés les commerçants personnes physiques (sauf ceux ayant le statut
d'auto-entrepreneur), les artisans exerçant une activité commerciale, les sociétés
commerciales ou civiles, les GIE, et les établissements publics à caractère industriel et
commercial.
B : La procédure d’immatriculation
1. Avant le 1er janvier 2023 : Les déclarations étaient effectuées auprès des Centres
de Formalité des Entreprises (CFE) qui centralisaient les démarches
administratives. Chaque CFE transmettait ensuite la demande au greffe.
2. Depuis le 1er janvier 2023 : Les CFE ont été supprimés. Les formalités doivent
être réalisées en ligne sur le guichet des formalités des entreprises. Ce guichet
unique dématérialisé transmet la déclaration aux organismes compétents, tels
que les organismes sociaux et le greffe du tribunal de commerce.
L'obligation de communiquer les changements qui affectent son statut ou son activité
incombe d'abord au commerçant lui-même.
La cessation de l'activité du commerçant doit être formalisée par une radiation du RCS.
Les personnes physiques disposent d'un délai d'un mois avant et après la cessation
pour effectuer la radiation. Pour les personnes morales, la radiation intervient après la
clôture de la liquidation.
Pour les personnes morales, l'immatriculation est une condition essentielle pour
acquérir la personnalité juridique. Elle conditionne l'existence même de la personne
morale en droit.
B : La comptabilité
• Le principe de régularité : les comptes doivent être établis en conformité avec les
règles et procédures en vigueur.
Les commerçants et les artisans sont soumis à l'impôt sur le revenu au titre des
bénéfices industriels et commerciaux (BIC). Ce sont les revenus provenant de l'exercice
d'une profession commerciale, industrielle ou artisanale. Il existe des aménagements
pour exonérer ou réduire l'impôt pour les petits entrepreneurs.
La TVA est un impôt indirect sur la consommation. Elle concerne les livraisons de biens
meubles et les prestations de services effectuées à titre onéreux par un assujetti.
Les salariés sont définis par leur contrat de travail, qui les engage à mettre leur force de
travail à la disposition de l'employeur sous sa subordination juridique et moyennant une
rémunération. Leur statut relève du droit du travail, avec des obligations telles que le
respect du salaire minimum et la représentation du personnel
C : L’agent commercial
L'agent commercial, défini par le Code de commerce, exerce à titre indépendant et agit
au nom et pour le compte du mandant. Il n'est pas commerçant, sauf s'il exerce sous
forme de société. Son activité est considérée comme civile, bien qu'il doive être
immatriculé sur un registre spécial
B : Les franchisés