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Universite Med5 Modernisation

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Modèle n° 2605/F

Royaume du Maroc

LA MODERNISATION

DE L’ADMINISTRATION FISCALE

par Noureddine Bensouda,


Directeur Général des Impôts

Université Mohammed V, Rabat, 21 mai 2003

1
Mesdames et messieurs,

Je vous remercie de m’accueillir dans l’enceinte de l’Université


Mohamed V et de l’intérêt que vous portez à la question fiscale et à la
modernisation de l’administration.

La modernisation revêt, en effet, une place centrale parmi les grands


chantiers auxquels l’Administration publique s’est attelée pendant la
décennie 1990. Perçue assez souvent comme inadaptée par rapport à
l’évolution de l’économie et de la société, l’administration a été ainsi
interpellée en vue de moderniser ses rouages et ses méthodes
d’intervention pour accompagner et soutenir les changements
économiques et sociaux.

Dans ce contexte, l’Administration fiscale, qui joue un rôle fondamental


dans l’activité économique du pays, devait impulser une évolution
importante qui s’est traduite par des changements touchant aussi bien le
système fiscal que la gestion administrative.

Chargée essentiellement de missions de mobilisation des ressources


budgétaires et de service public qui la mettent en relation étroite avec les
citoyens et les entreprises, l’Administration fiscale devait s’adapter aux

2
mutations que connaît le monde des affaires et l’évolution de la société
marocaine en général.

Cette nécessité d’adaptation et donc de modernisation ne cède pas à un


effet de mode mais s’inscrit dans le cadre d’une démarche de
changement fondée sur un diagnostic de l’existant et un plan d’action à
court et à moyen terme en vue de consolider les acquis et surmonter les
obstacles.

I - LA POLITIQUE FISCALE

1) Le système fiscal avant la réforme

Le paysage fiscal qui prévalait à la veille de la réforme fiscale de 1984


présentait un système complexe, peu rentable sur le plan budgétaire et
en retrait par rapport à l’évolution économique dans le sens où il ne
participait pas activement à la dynamique de la croissance.

Ces caractéristiques marquaient à des degrés divers les différentes


composantes du système fiscal.

a) L’imposition des revenus

L’imposition des revenus était dominée par la démarche cédulaire qui


avait abouti à un système composite comprenant une pluralité d’impôts
en fonction des différentes catégories de revenus.

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On ne dénombrait pas moins de 9 impôts sur le revenu des personnes
physiques : l’impôt sur les bénéfices professionnels, le prélèvement sur
les traitements et salaires, la taxe urbaine, l’impôt agricole, la
contribution complémentaire sur le revenu global des personnes
physiques, la taxe sur les produits des actions, la taxe sur les profits
immobiliers, la participation à la solidarité nationale et la taxe sur les
produits de placement à revenu fixe.

Concernant les personnes morales, on retrouve la même tendance à la


multiplicité des impôts mais légèrement atténuée avec 6 impôts : l’impôt
sur les bénéfices professionnels, l’impôt agricole, la taxe urbaine, la taxe
sur les produits des actions, la taxe sur les produits des placements à
revenu fixe et la participation à la solidarité nationale.

Ce foisonnement d’impôts catégoriels obéissait à une logique qui avait


rapidement montré ses limites et qui, sous la pression des besoins de
financement des dépenses de l’Etat, cherchait les recettes additionnelles
par la création de nouveaux impôts ou l’augmentation des taux. Il en est
découlé des taux d’imposition culminant à des niveaux rédhibitoires :
62% pour les personnes physiques et 52,8% pour les personnes
morales.

Cette situation a produit des distorsions, si l’on considère la prolifération


des régimes dérogatoires qui ont marqué le paysage fiscal durant cette
étape.

Il en est résulté une concentration de la charge fiscale sur une partie des
contribuables au lieu d’une répartition équitable sur l’ensemble. Ce

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phénomène a été exacerbé par les comportements de fraude fiscale et
le développement de l’informel.

b) L’imposition de la dépense

L’imposition de la dépense se caractérisait par sa dualité, l’étroitesse du


champ d’application, l’aspect cumulatif de la taxation et la multiplicité des
taux. La complexité de ce système d’imposition le rendait difficile à gérer,
peu rentable et générant des distorsions au niveau de l’entreprise.

c) Le développement des exonérations

Les exonérations ont été introduites dès la première réforme fiscale des
années 1960 mais elles étaient contenues dans des limites compatibles
avec un objectif d’incitation à l’investissement qui ne compromettait pas
le financement des dépenses de l’Etat.

L’encouragement de l’investissement par le biais de l’instrument fiscal


devait par la suite être utilisé d’une manière intensive au point d’aboutir,
à partir de 1973, à une mosaïque d’exonérations portant sur l’essentiel
des activités économiques.

Le comportement des recettes fiscales n’a pas résisté à la multiplicité de


ces avantages dont l’impact économique était, par ailleurs, en deçà des
attentes, justifiant difficilement une telle démarche.

Aussi, une première révision de cette politique allait-elle avoir lieu en


1988 et a permis de réduire la durée et le quantum des exonérations
existantes.

5
2) La réforme fiscale

La modernisation de la fiscalité marocaine allait être amorcée par la


réforme de 1984. Cette étape a été d’abord marquée par la promulgation
d’une loi-cadre qui a précisé les objectifs assignés à la réforme : la
simplification du système fiscal, l’amélioration du rendement, une
meilleure répartition de la charge fiscale et la non aggravation de la
pression fiscale.

La mise en oeuvre de la réforme a connu 3 phases importantes : l’entrée


en vigueur de la taxe sur la valeur ajoutée en 1986, l’introduction de
l’impôt sur les sociétés en 1987 et la mise en œuvre de l’impôt général
sur le revenu en 1990.

Le concept de modernisation a inspiré la réforme en substituant l’optique


de synthèse à la démarche catégorielle pour la configuration des impôts
nouvellement créés.

L’impôt général sur le revenu des personnes physiques devait prendre


en considération la globalité des revenus en uniformisant les règles
d’assiette, les taux, les abattements et les autres techniques de
liquidation de l’impôt.

Cette même démarche se retrouve dans l’impôt sur les sociétés par
l’unification de l’imposition des produits réalisés par les personnes
morales.

6
S’agissant de la taxe sur la valeur ajoutée, le nouveau système tire sa
modernité de l’unification de l’imposition de la dépense en une seule
taxe, de l’élargissement de son champ d’application notamment aux
activités commerciales, de la réduction des taux et de la suppression de
la taxation en cascade par la généralisation des déductions.

3) La consolidation de la réforme

C’est à travers la poursuite de ce processus dans son volet «


élargissement de l’assiette » que l’effort a été investi en vue de densifier
le tissu fiscal domestique.

Un bref rappel des étapes parcourues dans ce cadre pourrait mieux


éclairer sur les perspectives d’avenir.

a) Période 1990-1998

Achevée en 1990, la réforme fiscale a permis d’instaurer un système


fiscal moderne comparable à celui qui existe dans la plupart des pays
avec lesquels le Maroc entretient des relations économiques et
notamment les pays composant l’Union Européenne.

La consolidation de ce système devait être basée sur une réduction


progressive de la charge fiscale des entreprises et des ménages
accompagnée d’un effort d’élargissement de l’assiette fiscale. L’objectif
recherché était d’assurer une meilleure répartition de la charge fiscale
permettant aux agents économiques de mobiliser davantage de
ressources en faveur de l’épargne et de l’investissement, éléments
déterminants de la croissance économique.

7
En matière de taxe sur la valeur ajoutée, les aménagements successifs
de taux ont été complétés par la généralisation du système de
déductions et l’intégration des activités de distribution, ce qui a abouti à
une baisse de la charge fiscale réelle et un élargissement de l’assiette
fiscale indirecte.

Concernant l’impôt sur les sociétés, son taux a connu d’importantes


baisses entre 1988 et 1996 passant de 45 % à 35 %. En outre, certaines
mesures susceptibles d’encourager l’investissement et d’inciter à la
modernisation de l’appareil de production ont été introduites.

Pour ce qui est de l’impôt général sur le revenu, les aménagements


apportés concernent le relèvement successif du seuil exonéré, la baisse
du taux maximum ainsi que la baisse d’un point des autres taux du
barème. Progressivement, la tranche exonérée a été relevée de 12 000
DH à 20 000 DH et le taux marginal a été ramené de 52 % à 44 %.

A ces mesures, dominées par la simplification et l’harmonisation, sont


venues s’ajouter les réformes entreprises au plan de la rationalisation
des incitations fiscales à l’investissement par la promulgation de la
Charte des investissements en 1996.

Les avantages fiscaux ont été alors introduits dans le droit commun,
dans une démarche d’automaticité ne nécessitant aucune autorisation
administrative préalable et privilégiant l’acte d’investir. Cette démarche a
porté essentiellement sur l’exonération des taxes à l’amont des projets
pour en réduire le coût. Les avantages ont été par ailleurs réorientés

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vers des activités considérées comme prioritaires ainsi que vers les
régions à développer.

Sur un plan global et malgré la baisse significative des taux d’imposition,


les recettes fiscales ont continué à se comporter d’une manière positive.

Une des conséquences de cette évolution est la transformation qui a


caractérisé la structure fiscale marocaine. En effet, les impôts directs qui
ne représentaient que 26,6 % de l’ensemble des recettes fiscales en
1990, ont vu leur part dans cette masse passer à 33,6 % en 1999. La
tendance révèle une densification du tissu fiscal domestique puisque
l’accroissement des impôts directs a été obtenu au dépend des droits de
douane qui ont reculé de 22,6 % en 1990 à 16% en 1999, les parts de la
T.V.A et des taxes intérieurs de consommation demeurant relativement
stables (soit respectivement 27 % et 18 %).

b) Période 1999-2003

Cette période constitue une étape cruciale dans la modernisation du


système fiscal national. Elle a été marquée par « les assises nationales
sur la fiscalité » tenues en octobre 1999 et auxquelles ont participé les
représentants de pays amis aux côtés de membres des institutions
internationales, de juges, de membres du Parlement, de représentants
des différents départements ministériels, des établissements publics, des
organisations professionnelles, des syndicats et des associations ainsi
que des universitaires et la presse.

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Le diagnostic établi, à cette occasion, a montré que si les réformes
entreprises ont permis de réaliser les progrès précités, certaines limites
n’en continuaient pas moins à rendre le système fiscal compliqué, je
citerai notamment :

• la persistance de la cédularité (taxe sur les profits


immobiliers, taxe sur les produits des actions et parts
sociales, taxe sur les produits de placement à revenu fixe,
taxe sur les profits de cession des valeurs mobilières…) ;
• la survivance de certaines taxes qui présentent des
inconvénients au plan économique et social (participation à la
solidarité nationale au titre de divers impôts et au titre des
terrains non bâtis) ;
• une certaine incohérence dans l’incitation fiscale à
l’investissement par le maintien de la contribution en cas
d’exonération totale d’impôt.

Les efforts qui allaient être déployés durant cette période ont été guidés
par la poursuite du processus de simplification du système fiscal et de
son harmonisation avec les pratiques adoptées au plan international tout
en révisant le dispositif fiscal d’incitation à l’investissement.

Les chantiers qui ont été réalisés dans ce contexte ont permis de :

• mettre un terme à la cédularité qui caractérisait le système


fiscal et ce, par l’abrogation de la TPI, la TPA, la TPPRF, la
TPCVM et l’intégration des revenus et profits concernés dans
l’assiette de l’IGR ou de l’IS selon la nature juridique de la
personne qui les a réalisés ;

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• unifier et harmoniser les dispositions relatives aux
procédures fiscales qui divergeaient en fonction des impôts
concernés ;
• supprimer la participation à la solidarité nationale qui
s’appliquait en sus de la TPI, de la TU et au titre des terrains
non bâtis ;
• rendre réellement totale l’exonération prévue en faveur de
certains secteurs par la suppression de la contribution de
25% de l’impôt théorique en matière d’IS et d’IGR, et par son
extension aux centimes et décimes additionnels en matière
d’impôt des patentes.

Ce processus de modernisation du système fiscal qui a débuté avec la


réforme de 1984 n’aurait pas été possible s’il n’était pas accompagné
d’une modernisation de l’administration qui a pour charge de l’appliquer.

II - L’ADMINISTRATION FISCALE

Le processus de modernisation de l’administration fiscale, portant sur


son organisation et ses modes de fonctionnement, a débuté avec la
restructuration des services centraux de la Direction des Impôts en 1988.
L’innovation majeure de cette réorganisation résidait dans sa
fonctionnalité. L’option pour le regroupement des activités autour de
quatre missions, la législation, l’assiette, la vérification et le contentieux,
a ainsi marqué la rupture avec le modèle d’organisation antérieur fondé
sur la distinction des entités de gestion par catégorie d’impôts.

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Pour avoir été innovante, cette réorganisation n’en allait pas moins
souffrir du décalage par rapport aux réalités du terrain.

En effet, au-delà des aspects organisationnels, se posait la question de


l’approche et du style de management capable d’aller de pair avec un
environnement en pleine mutation.

Avec la consolidation du processus démocratique, l’essor de la société


civile, les contribuables réagissent en citoyens et refusent désormais
d’être traités en tant que simples redevables. L’approche de puissance
publique, centralisatrice, correspondant aux fonctions régaliennes
jusqu’alors reconnues à l’administration fiscale, devenait caduque.

Aussi, avions-nous été conduits à reconnaître que les problèmes à


résoudre n’étaient pas de simples problèmes de technique fiscale mais
de management, c'est-à-dire de conduite des femmes et des hommes
dans une démarche de changement qui aborde la modernisation de
manière globale, en visant un meilleur service public par la mise en
place de modes de gestion plus responsabilisants et par l’amélioration
des conditions d’exercice des missions.

A partir de cette prise de conscience, la réflexion engagée a débouché


sur le lancement des chantiers de la modernisation de notre
administration fiscale qui concernent :

• l’autonomisation croissante de la gestion ;


• la réorganisation des structures ;
• la mise en valeur des ressources humaines ;
• l’ouverture sur l’environnement.

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1) L’autonomisation croissante de la gestion

Conscients que l’autonomisation de la gestion peut générer des


améliorations de fonctionnement, nous avons opté pour la
déconcentration et la responsabilisation en déléguant les pouvoirs de
décision aux échelons les plus proches des besoins et des réalités.

Cette proximité garantit la célérité et la pertinence des décisions dans


leur adaptation au contexte régional. Elle assure également et surtout
un grand niveau d’adhésion des responsables locaux en les associant
au processus décisionnel.

Toutefois, il ne s’agit pas de déléguer pour déléguer : seules les


missions exercées peuvent donner le bon niveau de délégation. Il fallait
donc aller progressivement, de manière pédagogique, pour développer
la culture de la prise de décision chez les responsables régionaux.

Concrètement, les directions régionales et préfectorales qui quadrillent


l’ensemble du territoire national ont été dotées de tous les pouvoirs et
moyens pour résoudre les problèmes posés à leur niveau. Cette
responsabilisation se manifeste notamment au niveau de la
décentralisation des émissions d’impôts et en matière de seuils de
compétence dans les domaines du contentieux, du remboursement de la
taxe sur la valeur ajoutée et de la restitution de l’impôt sur les sociétés.

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L’élévation continue des seuils de compétence des responsables
régionaux a eu pour résultat d’aboutir aujourd’hui à la prise en charge de
90% des dossiers contentieux et de 80% des dossiers de
remboursement de la taxe sur la valeur ajoutée et de restitution de
l’impôt sur les sociétés.

Quant aux émissions des impôts, elles sont aujourd’hui traitées en


intégralité par les centres régionaux informatiques.

2) La réorganisation des structures

Accompagnant les réformes fiscales, l’administration a entamé plusieurs


restructurations visant l’amélioration de ses modes de gestion. Ces
restructurations ont concerné les chantiers organisationnels suivants :

• La fusion des services opérationnels ;


• L’organisation des services en fonction du dossier unique ;
• L’organisation orientée client (par portefeuille) ;
• Le système d’information.

a) La fusion des services opérationnels

A partir de 1990, l’administration fiscale a cessé d’être organisée par


nature d’impôt (division des impôts directs, division des taxes sur le
chiffre d’affaires, division de l’enregistrement et du timbre). Cette
organisation qui engendrait un cloisonnement des services, une
répétition des tâches ne permettait pas de gérer l’impôt dans de bonnes
conditions pour le Trésor public et pour les contribuables. L’organisation
qui lui a succédé s’est basée sur les missions confiées à l’administration

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fiscale (assiette, vérification et contentieux) conçues dans un cadre de
polyvalence et de déconcentration de la gestion.

Au plan territorial, 11 directions régionales ont été créées dont la


direction régionale de la Wilaya de Casablanca qui regroupe 7 directions
préfectorales.

b) L’organisation des services en fonction du dossier unique

En vue d’une meilleure adaptation aux caractéristiques de la matière


imposable, d’une plus grande maîtrise de l’assiette grâce notamment à
l’informatique et l’engagement d’un processus d’ouverture de
l’administration sur les usagers, un plan de gestion du dossier unique
selon la forme juridique du contribuable a été développé au niveau des
subdivisions des impôts, par le regroupement de l’IS et de la TVA pour
les personnes morales et de l’IGR et de la TVA pour les personnes
physiques.

Cette gestion unifiée du dossier fiscal n’a été possible en fait qu’après la
réalisation de la première phase de l’identifiant unique permettant aux
contribuables d’avoir un seul numéro (IS et TVA pour les personnes
morales, IGR et TVA pour les personnes physiques).

c) L’organisation orientée client (par portefeuille)

La prise en considération des spécificités des personnes morales et


celles des personnes physiques dans la gestion de l’impôt a permis des
gains appréciables en termes de productivité tant pour l’administration
fiscale que pour ses partenaires contribuables. Pour affiner ce schéma

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organisationnel à l’instar des administrations fiscales modernes, il fallait
le faire évoluer et l’orienter client.

En effet, un effort particulier est fourni pour personnaliser les services


rendus à chaque catégorie de contribuables. Ainsi, des entités chargées
de la fiscalité des grandes entreprises ont été créées auprès des
directions régionales de Casablanca, Rabat et Tanger dans la
perspective d’étendre l’expérience aux huit (8) autres directions
régionales. Par ailleurs, le plan d’action de la Direction Générale prévoit
d’autres structures spécialisées qui seront chargées de la fiscalité des
petites et moyennes entreprises et d’autres réservées à la fiscalité des
professionnels et des particuliers.

d) Le système d’information

L’informatisation de l’administration fiscale a été opérée en 1983 en


fonction d’un schéma directeur qui a été revu en 1994, en vue de
l’adapter aux changements qui ont affecté la politique fiscale et
l’organisation administrative.

L’effort réalisé a concerné aussi bien le développement d’applications


nouvelles (TVA, I.S, I.G.R, T.U, Patente) que la mise en place de
nombreux postes de travail. L’essentiel de la saisie informatique est
opéré dans les bureaux par les agents gestionnaires des dossiers qui,
grâce au décloisonnement progressif des systèmes d’information,
peuvent désormais consulter à partir de leur poste de travail toutes les
données relatives aux dossiers dont ils ont la charge.

3) La mise en valeur des ressources humaines

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Le poids pris par l’innovation et la capacité d’adaptation dans le
processus de création de la valeur font du capital humain un véritable
vecteur stratégique. Cette donnée est d’autant plus importante que
l’action de toute organisation s’inscrit désormais dans un contexte
informationnel en perpétuel essor. Une attention particulière a été
accordée à la mise en valeur de nos ressources humaines.

Ce choix se traduit, entre autres, dans la valorisation des compétences


par des nouvelles nominations de personnes méritantes aux postes de
responsabilité. Il se traduit également dans la mise en oeuvre d’une
démarche de participation active de ces ressources à la définition des
objectifs de la direction.

Cependant, la valorisation des ressources humaines se concrétise


surtout dans la mise en oeuvre d’une politique de formation, repensée à
la lumière des nouveaux besoins et des nouvelles contraintes. Celle-ci
s’articule autour de trois axes majeurs :

• formation de base obligatoire pour les nouvelles recrues ;


• formation continue pour les ressources en activité ;
• formation développée dans le cadre de la coopération
internationale.

4) L’ouverture sur l’environnement

Pour pouvoir se libérer de ses propres pesanteurs, du poids de « la


culture d’entreprise » qui, souvent, bloquent l’initiative et l’innovation,
toute organisation a besoin de s’ouvrir sur le monde extérieur. C’est

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cette ouverture qui lui permettra de se situer en vue de mieux
appréhender les problèmes posés. A cette fin, les responsables de la
Direction Générale ont délibérément érigé l’ouverture sur
l’environnement en objectif prioritaire. La communication, la concertation
et la transparence ont servi de supports à cet effet.

a) La communication

A travers les actions de communication, l’administration fiscale vise à


recentrer toutes ses missions autour du contribuable considéré comme
partenaire et à établir avec lui une relation de confiance. Il s’agit de
mettre à la disposition de celui-ci une information fiable et claire de
nature à réduire les incompréhensions et donc les occasions de
contentieux. L’objectif ultime est de renforcer l’adhésion à l’impôt et la
promotion du civisme fiscal.

En vue d’améliorer la qualité de l’information fiscale fournie aux


contribuables en termes de qualité, de rigueur, de régularité ainsi que
pour faciliter l’orientation des usagers, des bureaux d’accueil ont été mis
en place au niveau des différentes directions régionales et préfectorales.

b) La concertation

Dans le même ordre de préoccupations, la Direction Générale des


Impôts a fait le choix de développer sa capacité d’écoute pour répondre
aux attentes de ses partenaires.

Concrètement, les opérateurs économiques sont invités, à travers leurs


organisations professionnelles respectives, à participer à l’élaboration et

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à l’enrichissement des projets de lois de finances. Ils sont également
sollicités pour donner leurs avis sur les projets de notes circulaires. La
fréquence et la permanence des rencontres avec les ordres
professionnels et les chambres de commerce ont favorisé
l’institutionnalisation de la concertation.

c) La transparence

La question de la transparence est abordée au niveau de la Direction


Générale des Impôts notamment en relation avec le contrôle fiscal et la
lutte contre l’économie informelle.

Le contrôle fiscal, corollaire du système déclaratif, outre son rôle


dissuasif, permet à l’administration d’avoir un rôle pédagogique en
amenant le contribuable à prendre conscience de ses obligations
civiques en matière fiscale. Ce contrôle, qui s’opère dans un cadre
respectant les droits et garanties des contribuables, permet de renforcer
la transparence nécessaire au déroulement sain des transactions
commerciales.

III - LES PERSPECTIVES A COURT TERME

1) La politique fiscale

La modernisation du système fiscal se poursuivra avec les projets de


réforme concernant les droits d’enregistrement et de timbre, la fiscalité
locale gérée par la Direction Générale des Impôts (taxe urbaine, taxe

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d’édilité, impôt des patentes), et la fiscalité des revenus des personnes
physiques.

L’objectif visé est l’élaboration du code général des impôts dans une
optique de simplification et d’harmonisation des dispositions législatives
et des procédures.

Par ailleurs, la tendance internationale étant à la baisse des taux


d’imposition, la DGI a préparé, en matière d’impôt général sur le revenu,
divers scénarii à proposer au Gouvernement dans le but de réduire la
charge fiscale des ménages.

En matière de coopération internationale, les actions envisagées portent


sur le renforcement de la présence de l’administration fiscale au sein des
organismes internationaux à vocation fiscale et la dynamisation de la
coopération bilatérale en vue de développer le réseau des conventions
de non double imposition et de renforcer l’assistance administrative
mutuelle avec les administrations fiscales étrangères pour la lutte contre
la fraude fiscale à l’échelle internationale.

2) L’administration fiscale

La modernisation du service public est poursuivie au niveau de plusieurs


chantiers :

• la réorganisation des services opérationnels ;


• la gestion des ressources ;
• le schéma directeur informatique.

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a) La réorganisation des services opérationnels

L’organisation orientée client (grandes entreprises, petites et moyennes


entreprises, professionnels et particuliers) déjà entamée auprès des
directions régionales de Casablanca, Rabat et Tanger, est en voie de
généralisation à l’ensemble des directions régionales. Cette organisation
permettra à l’usager d’avoir un interlocuteur unique notamment pour les
opérations d’assiette et de contentieux.

L’amélioration de la qualité du service rendu aux usagers est attendue


du renforcement des bureaux d’accueil et de la mise en œuvre de
standards de qualité notamment en matière de réception, d’information
et de célérité dans les réponses aux demandes des usagers.

b) La gestion des ressources

En vue de réaliser cet objectif de qualité, les efforts sont concentrés sur
la modernisation de la gestion des ressources humaines, l’amélioration
de leurs performances et l’optimisation des moyens logistiques par la
mise en place d’une démarche de programmation stratégique.

L’objectif visé à court terme est d’assurer en matière de ressources


humaines une gestion prévisionnelle des effectifs et des compétences
dans la perspective de renforcer la modernisation du processus de
recrutement, de promotion et de mobilité du personnel.

S’agissant des ressources budgétaires, la démarche projetée est basée


sur l’allocation des moyens en fonction de l’évaluation du coût de gestion
de l’impôt selon les missions de l’administration fiscale en utilisant les

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indicateurs de gestion qui sont introduits progressivement à partir de
janvier 2003.

c) Le schéma directeur informatique

Les mutations actuelles au plan du système fiscal et de l’organisation


administrative ainsi que l’évolution des technologies de l’information ont
nécessité la mise en place d’un nouveau schéma directeur informatique
dont les lignes directrices et les objectifs stratégiques portent sur :

• L’amélioration de l’appréhension de la matière fiscale :

Cet objectif est poursuivi à travers plusieurs axes d’amélioration,


notamment par la mise en place d’un système d’information
construit autour d’une base de données nationale alimentée
d’informations fiscales internes et externes.

• Un meilleur service aux contribuables et partenaires :

Enjeu primordial, cet objectif est poursuivi notamment en matière :

− d’information et de sensibilisation du contribuable,


− d’amélioration et de généralisation de l’accueil ;
− de simplification des procédures pour rendre la
compréhension et le paiement de l’impôt plus aisés ;
− d’utilisation des nouvelles technologies de traitement de
l’information pour développer des nouveaux services
téléphoniques et électroniques (Internet, télé-

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déclarations, télé-paiements, centre d’appel, bureau
d’accueil).

• Une plus grande efficacité et productivité des ressources


humaines ainsi qu’une meilleure gestion des ressources
matérielles et financières :

Cet objectif est notamment poursuivi par :

− l’informatisation accrue des processus de gestion des


ressources et leur simplification ;
− les applications relatives aux projets décisionnels qui
permettront d’avoir une vue globale de l’activité, du coût
budgétaire et de fonctionnement de la DGI à travers
l’évolution des indicateurs et les tableaux de bord conçus
en la matière.

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