Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Analyse II SMP

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 66

Université Ibn Zohr Faculté des Sciences Agadir

Licence d’Études Fondamentales


Sciences de la Matière Physique (SMP)

Analyse II

Prof. Mohamed EL OTMANI

Année universitaire 2021-2022


Table des matières

1 Les séries numériques 2


1 Généralités sur les séries numériques . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Série harmonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Série géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.4 Séries télescopiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.5 Condition nécessaire de convergence d’une série numé-
rique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.6 Opérations linéaires sur les séries numériques . . . . . . 7
2 Séries à termes réels positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.1 Comparaison des séries . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2 Critère de d’Alembert . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.3 Critère de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.4 Séries de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3 Séries à termes réels ou complexes . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.1 Séries complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.2 Convergence absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.3 Convergence d’une série à termes réels ou complexes . 13
3.4 Séries alternées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

2 Calcul intégral 16
1 Intégrales Simples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.1 Construction de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.2 Primitives et intégrale d’une fonction continue . . . . . 22
1.3 Méthodes élémentaires pour
Z le calcul des primitives . . 27
 m p r

1.4 Intégrales de types I = F x, x n ; x q ; ....; x s dx . . 37

ii
Z s m !
n ax + b
1.5 Intégrales de types I = F x, dx . . 38
cx + d
2 Intégrale généralisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.1 Convergence d’une intégrale généralisée . . . . . . . . . 39
2.2 Intégrales généralisées des fonctions positives . . . . . . 44
2.3 Intégrales généralisées des fonctions de signe quelconque 48

3 Les équations différentielles 50


1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2 Équations différentielles linéaires du premier ordre . . . . . . . 51
2.1 Résolution de l’équation homogène . . . . . . . . . . . 52
2.2 Recherche d’une solution particulière . . . . . . . . . . 53
2.3 Solution générale et Solution de l’équation (E) . . . . . 54
3 Équations différentielles linéaires du second ordre à coefficients
constants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.1 Résolution de l’équation homogène . . . . . . . . . . . 56
3.2 Recherche d’une solution particulière . . . . . . . . . . 58

Analyse II (SMP) 1 Prof M. El Otmani


Chapitre 1

Les séries numériques

1 Généralités sur les séries numériques

Soit (un )n∈N une suite numérique à valeurs dans R (ou dans C).

1.1 Définitions et exemples

Definition 1.1. On appelle série numérique de terme général un la suite

(Sn )n∈N définie par


n
X
Sn = uk = u0 + u1 + . . . + un .
k=0

— On appelle Sn la somme partielle de rang n de la série.


P
— On note un la série de terme général un .

P
Exemples 1.1. 1. On considère la série numérique n. Le terme général

de cette série est un = n et la somme partielle d’ordre n est


n
X
Sn = k = 1 + 2 + . . . + n.
k=0

2
1
X 1
2. La série numérique est de terme général un = .
n(n + 1) n(n + 1)
La somme partielle d’ordre n est
n
X 1
Sn = .
k=1
k(k + 1)

(−1)n de terme général un = (−1)n , ∀n ≥ 1. La somme


P
3. Soit la série

partielle d’ordre n est


n
X
Sn = (−1)k .
k=1

Remarque 1.1. En général, pour une série de terme général (un )n≥n0 , la suite

des sommes partielles (Sn )n≥n0 peut être définie par la relation de récurrence

Sn0 = un0
Sn+1 = Sn + un+1 , n ≥ n0 .
P
Definition 1.2. Soit un une série numérique.
P
— La série un est dite convergente si la suite des sommes partielles

(Sn )n converge.

X
La valeur S = lim Sn est appelée somme de la série et notée un .
n→∞
P n=0
— La série un est dite divergente si la suite (Sn )n diverge.

— Deux séries sont dites de même nature si elles sont toutes les deux

convergentes ou bien toutes les deux divergentes.

P
Exemples 1.2. 1. La série n est divergente car
n
X n(n + 1)
Sn = k = 1 + 2 + ...n = −→ +∞.
k=0
2

Analyse II (SMP) 3 Prof M. El Otmani


X 1
2. La série est convergente. En effet
n(n + 1)
n n  
X 1 X 1 1
Sn = = −
k=1
k(k + 1) k k+1
   k=1   
1 1 1 1 1
= 1− + − + ... + −
2 2 3 n n+1
1
= 1− −→ 1
n+1
(−1)n diverge puisque la suite (Sn )n diverge :
P
3. La série
n 
X
k 0 si n est pair
Sn = (−1) =
−1 si n est impair
k=1
X X
Remarque 1.2. Soit n0 ∈ N. Les séries un et un sont de même nature.
n≥0 n≥n0

1.2 Série harmonique


1
Une série harmonique est définie par son terme général un = , ∀n ≥ 1.
X1 n
Montrons que la série harmonique est divergente.
n
En effet, la suite (Sn )n des sommes partielles vérifie
2n n
X 1 X 1 1 1 1
S2n − Sn = − = + + ... +
k=1
k k=1
k 2n 2n − 1 n+1
1 1 1 1 1
≥ + + ... + =n =
2n 2n 2n 2n 2
Supposons que la suite (Sn )n converge vers `, il en est de même pour la sous

suite (S2n )n . On peut écrire donc que


1
≤ lim (S2n − Sn ) = lim S2n − lim Sn = ` − ` = 0
2 n→∞ n→∞ n→∞
1
c.à.d ≤ 0 ce qui est contradictoire. Donc (Sn )n diverge ce qui implique que
X 12
diverge aussi.
n
Analyse II (SMP) 4 Prof M. El Otmani
1.3 Série géométrique

Une série géométrique est de terme général un = q n . La suite des sommes

partielles de rang n est donnée par



n
X  n+1 si q = 1
k 2 n n+1
Sn = q = 1 + q + q + ... + q = 1−q
si q 6= 1
1−q

k=0

P n
La série géométrique q est convergente si et seulement si |q| < 1. De plus

X 1
S= qn = .
n=0
1−q

1.4 Séries télescopiques

C’est une série où le terme général est écrit comme une différence de deux

termes consécutifs d’une suite un = Tn+1 − Tn . Alors on a


n
X
Sn = uk = (T1 − T0 ) + · · · + (Tn+1 − Tn ) = Tn+1 − T0 .
k=0
P
En conclusion : la série un converge si et seulement si la suite (Tn )n admet
+∞
X
une limite finie ` ∈ R. De plus un = ` − T0 .
n=0

Exemples 1.3. 1. Soit la série de terme général

1 1 2
un = √ +√ −√ .
n+1 n−1 n

On peut écrire que


   
1 1 2 1 1 1 1
√ +√ −√ = √ −√ − √ −√ .
n+1 n−1 n n+1 n n n−1

Analyse II (SMP) 5 Prof M. El Otmani


1 1
Puisque lim √ − √ = 0 donc
n→+∞ n+1 n
∞  
X 1 1 2 1
√ +√ −√ =1− √ .
n=2
n+1 n−1 n 2

1
2. On considère la série de terme général un = √ √ pour n ≥ 0.
n+1+ n
Remarquons que
n n
X 1 X √ √  √
Sn = √ √ = k + 1 − k = n + 1−1 −→ +∞.
k=1
k+1+ k k=1

P 1
Donc la série √ √ diverge.
n+1+ n

1.5 Condition nécessaire de convergence d’une série numé-


rique

Proposition 1.1. Pour qu’une série numérique converge, il faut que son terme
P
général converge vers 0. Autrement dit, si la série un converge alors lim un =
n→∞

0.

Remarques 1.1. 1. Cette proposition n’est utile que pour prouver qu’une

série diverge en vérifiant que lim un 6= 0. Par exemple en peut affirmer


n→∞
X n n 1
que la série diverge car lim = 6= 0.
2n + 1 n→∞ 2n + 1 2
2. La condition lim un = 0 est nécessaire et non suffisante pour la
n→∞
P P 1
convergence de un . Par exemple, la série numérique √ √
n+1+ n
1
diverge et pourtant lim √ √ = 0.
n→+∞ n+1+ n

Analyse II (SMP) 6 Prof M. El Otmani


1.6 Opérations linéaires sur les séries numériques
P P
Proposition 1.2. — La somme de deux séries convergentes un et vn
P
est une série convergente wn . De plus

X ∞
X ∞
X ∞
X
wn = (un + vn ) = un + vn .
n=0 n=0 n=0 n=0

— La somme d’une série convergente et une série divergente est une série

divergente.

un et tout α ∈ R∗ , les séries


P P P
— Pour toute série un et αun sont

de même nature.
P P
Remarque 1.3. Si un et vn divergent, alors on ne peut rien dire sur la
P
nature de la série somme (un + vn ). Par exemple
−1 1 1
• un = et vn = donc un + vn = .
n+1 n n(n + 1)
P P P X 1
Les séries un et vn divergent alors que (un +vn ) =
n(n + 1)
converge.
1 1 P P
• un = et vn = . Les séries un et vn divergent et en est
2n 2n + 1
P X1
de même pour (un + vn ) = qui diverge aussi.
n

2 Séries à termes réels positifs

Dans cette partie, on ne considère que les séries à termes réels positifs.

Remarquons que Sn+1 − Sn = un+1 ≥ 0. Donc la suite (Sn )n est croissante.


P
Pour que un converge, il faut et il suffit que la suite des sommes partielles

associées (Sn )n soit majorée.

Analyse II (SMP) 7 Prof M. El Otmani


2.1 Comparaison des séries
X X
Théorème 2.1 (Critère de Comparaison). Soient un et vn deux séries
n≥n0 n≥n0
à termes positifs telles que ∀n ≥ n0 ; on a un ≤ vn .
X X
1. Si vn converge alors un converge.
n≥n0 n≥n0
X X
2. Si un diverge alors vn diverge.
n≥n0 n≥n0

X 1 1 1
Exemples 2.1. 1. Soit la série 2
. Remarquons que 2 ≤
n n n(n − 1)
X 1 X 1
pour tout n ≥ 2. Puisque converge alors converge
n(n − 1) n2
aussi.
X 1 1 1
2. On considère la série √ . Pour tout n ≥ 1 ; on a ≤ √ . Or la
n n n
X1 X 1
série diverge ce qui implique que la série √ diverge.
n n
P P
Théorème 2.2 (Critère d’équivalence). Soient un et vn deux séries à
P
termes positifs à partir d’un certain rang. Si un ∼ vn alors les séries un
P
et vn sont de même nature.
X sin(1/n)
Exemples 2.2. 1. On considère la série à termes positifs .
n
sin(1/n)
On sait que sin(1/n) ∼ 1/n donc ∼ 1/n2 . Puisque la série
n
X 1 X sin(1/n)
converge donc converge aussi.
n2 n
X  1

2. Soit la série à termes positifs ln 1 + .
  n
1 1 X1
On sait que ln 1 + ∼ . Puisque la série est divergente
 n  n n
X 1
alors la série ln 1 + est aussi divergente.
n

Analyse II (SMP) 8 Prof M. El Otmani


P P
Remarque 2.1. En général, pour un et vn séries à termes strictement

positifs telles que


un
= l ≥ 0.
lim
n→+∞ vn
P P
— Si l > 0 alors un et vn sont de même nature.
P P
— Si l = 0 et si la série vn converge alors un converge aussi.
P P
— Si l = +∞ et si la série vn diverge alors un diverge aussi.

2.2 Critère de d’Alembert


P
Théorème 2.3. Soit un une série à termes strictement positifs telle que :

un+1
lim =`
n→+∞ un

P
1. Si ` < 1, la série un converge.
P
2. Si ` > 1, la série un diverge.

3. Si ` = 1, on ne peut pas conclure.

2n
Exemples 2.3. 1. On considère la série de terme général un = .
n!
Par calcul direct, on a

un+1 2n+1 n! 2
lim = lim = lim =0
n→+∞ un n→+∞ (n + 1)! 2n n→+∞ n + 1

X 2n
Donc la série converge.
n!
2n
2. La série de terme général un = diverge car
2n
un+1 2n+1 2n
lim = lim = 2.
n→+∞ un n→+∞ 2(n + 1) 2n

Analyse II (SMP) 9 Prof M. El Otmani


1
3. Pour la série de terme général un = , nous avons
n(n + 1)
un+1 n
lim = lim = 1.
n→+∞ un n→+∞ n + 2
X 1
Et portant la série converge.
n(n + 1)
P P1
Par-contre, la série harmonique vn = diverge et on a de même
n
vn+1 n
lim = lim = 1.
n→+∞ vn n→+∞ n + 1

2.3 Critère de Cauchy


P
Théorème 2.4. Soit un une série à termes positifs. S’il existe ` ∈ R tel

que lim n un = `, alors
n→+∞
P
1. si ` < 1, la série un converge,
P
2. si ` > 1, la série un diverge,

3. si ` = 1, on ne peut pas conclure.


  n2
n
Exemples 2.4. 1. On considère la série de terme général un = .
2n + 1
On a donc
  12
√ n 1
lim n
un = lim = √ < 1.
n→+∞ n→+∞ 2n + 1 2
X  n2
n
Donc la série converge.
2n + 1
P X  3n 2n
2. Soit la série un = . Alors,
2n + 1
 2
√ 3n 9
lim n un = lim = > 1.
n→+∞ n→+∞ 2n + 1 4
Donc la série diverge.

Analyse II (SMP) 10 Prof M. El Otmani


n
n2

3. D’une part, soit la série de terme général un = .
n2 + 1
√ n2 1
On a lim n
un = lim 2
= 1. De plus, lim un = lim e− n =
n→+∞ n→+∞ n + 1 n→+∞ n→+∞
P
1 6= 0 ce qui implique que la série un diverge.
 n√n
n+1
D’autre part, on considère la série de terme général un = .

n
  n
√ n+1 √1
On a lim n
un = lim = lim e n = 1.
n→+∞

n→+∞ n n→+∞
− n
P −√n
De plus, un ∼ e et la série e est convergente ce qui implique
P
que la série un converge aussi.

2.4 Séries de référence


Série de Riemann
X 1
Definition 2.1. On appelle série de Riemann la série à termes positifs

où α est un réel donné.
X 1
Théorème 2.5. La série converge si et seulement si α > 1.

X 1
Exemple 2.1. Nous avons déjà vu dans l’exemple 2.2 que la série
X 1 n2
converge (α = 2) et que la série √ diverge (α = 1/2).
n
P
Corollaire 2.6 (Règle de Riemann). Soit un une série à termes positifs.

Supposons qu’il existe α > 1 tel que lim nα un = 0. Alors la série


P
un
n→+∞

converge.
X √
Exemple 2.2. On considère la série e− n
. On a

lim n2 un = lim n2 e− n
= 0.
n→+∞ n→+∞
X √
Alors la série e− n
converge.

Analyse II (SMP) 11 Prof M. El Otmani


Série de Bertrand

Definition 2.2. On appelle série de Bertrand la série à termes positifs de type


X 1
où α et β deux réels non nuls.
n (ln(n))β
α

X 1
Théorème 2.7. La série de Bertrand converge seulement dans
nα (ln(n))β
les deux cas suivant

• α > 1.

• α = 1 et β > 1.
p
X ln(n) X ln(n)
Exemple 2.3. La série √ converge tandis que la série
n n n
diverge.

3 Séries à termes réels ou complexes


3.1 Séries complexes
P
Une série numérique Wn est à termes complexes si le terme général

s’écrit comme

Wn = un + ivn ∀n ∈ N.

(un ) est la série des parties réelles et (vn ) est la série des parties imaginaires.

P P P
Proposition 3.1. Wn converge si et seulement si un et vn convergent.

3.2 Convergence absolue


P
Definition 3.1. On dit que la série un à termes réels ou complexe est
P
absolument convergente si la série |un | est convergente.

Analyse II (SMP) 12 Prof M. El Otmani


X
Remarque 3.1. La série |un | est à termes positifs. Pour l’étudier, on peut

appliquer les critères de convergence qu’on a vu dans la section précédente.



sin n
Exemples 3.1. 1. La série à terme général un = √ est absolument
n n
1 P 1 P
convergente. En effet, |un | ≤ 3/2 et converge. Donc |un |
n n3/2
converge aussi.
ein
2. De même, la série à terme général vn = est absolument conver-
n2
P 1
gente. Il suffit de remarquer que |vn | = 1/n2 et converge.
n2

3.3 Convergence d’une série à termes réels ou complexes


P
Proposition 3.2. Une série un est absolument convergente est convergente.

De plus,
+∞
X +∞
X
un ≤ |un | .
n=0 n=0

Remarque 3.2. Une série à termes quelconque peut être convergente sans

qu’elle soit absolument convergente.


X
Par exemple, on considère la série un = (−1)n /n. On sait que la série
X X n X
|un | = 1/n n’est pas convergente donc la série (−1)n /n n’est pas

absolument convergente. Par contre, nous allons montrer dans 3.1 que la série
X X
un = (−1)n /n converge.
n
P
Definition 3.2. Une série un est dite semi-convergente si elle est conver-

gente et non absolument convergente.


P
Théorème 3.3 (Critère d’Abel). Soit un une série a terme réels ou com-

plexes telle que son terme général s’écrit comme un = an bn . Supposons que

Analyse II (SMP) 13 Prof M. El Otmani


les suites (an )n et (bn )n vérifient les deux conditions suivantes :

i) La suite (an )n est positive décroissante telle que lim an = 0.


n→+∞
n
X
ii) ∃M > 0, ∀n ∈ N ; bk ≤ M .
P k=0
Alors la série un converge.

3.4 Séries alternées


P
Definition 3.3. On dit qu’une série un à termes réels est alternée si un un+1 ≤

0 pour tout n. C’est à dire

∀n ∈ N; un = (−1)n |un | ou un = (−1)n+1 |un |.

P
Théorème 3.4 (Critère de Leibniz). Soit un une série alternée. On suppose

que la suite (|un |)n est décroissante telle que lim un = 0. Alors la série
n→+∞
P
un est convergente.
X
Exemple 3.1. On considère la série (−1)n /n. Il est clair que la suite
n X X
(|un |)n = (1/n)n décroı̂t vers 0. Donc la série un = (−1)n /n est
n n≥1
convergente. En général,
X (−1)n
converge ⇐⇒ α > 0.

Remarque 3.3. Le critère de comparaison des séries à termes positifs ne

s’étend pas aux séries à termes quelconques. Par exemple, si on considère


√ √
les séries de termes générales un = (−1)n / n et vn = (−1)n / n + 1/n.

Alors

— les suites (un )n et (vn )n sont équivalentes car vn /un → 1

Analyse II (SMP) 14 Prof M. El Otmani


P
— un converge
P
— vn diverge (somme d’une série convergente et une autre divergente).

Analyse II (SMP) 15 Prof M. El Otmani


Chapitre 2

Calcul intégral

1 Intégrales Simples
1.1 Construction de l’intégrale
Intégrale des fonctions en escalier

Definition 1.1. On appelle subdivision π (d’ordre n) de l’intervalle I = [a, b]

un ensemble fini ordonné

π = {a = x0 < x1 < ..... < xn−1 < xn = b}.

— L’ensemble {xi ; i = 1, . . . , n} est dit support de la subdivision π.

— La partition π détermine n sous-intervalles semi-ouverts, dits inter-

valles de la subdivision π, sous la forme Ii = [xi−1 , xi [, i = 1, ..., n.

— Le nombre |π| = sup |xi − xi−1 | est appelé “pas de la subdivision”.


i=1,...,n
 
b−a
Exemple 1.1. La subdivision π = xk = a + k , k = 0, 1, . . . , n est
n
la subdivision régulière.

Remarques 1.1. π et π 0 deux subdivisions de l’intervalle [a, b].

16
1. π est plus fine que π 0 si le support de π contient celui de π 0 .

2. π ∪ π 0 est aussi une subdivision de [a, b] qui est plus fine que π et π 0 .

Definition 1.2. Une fonction f est dite en escalier sur [a, b], s’il existe une

subdivision π = (xi )ni=1 et des réels (λi )ni=1 tel que f soit constante sur chaque

intervalle ]xi−1 , xi [ :

f (x) = λi , pour tout x ∈]xi−1 , xi [ et i ∈ {1, . . . , n}.

Remarques 1.2. 1. Toute fonction constante est une fonction en escalier.

2. Une fonction en escalier ne prend qu’un nombre fini de valeurs. Donc

elle est bornée.

3. Étant données f et g deux fonctions en escalier sur [a, b] et deux réels

non nuls α, β, alors αf + βg, f g et |f | sont aussi des fonctions en

escalier.

Definition 1.3. Soit f une fonction en escalier définie sur [a, b] et π = {a =

x0 < x1 < ..... < xn = b} une subdivision donnée telle que f (x) = λi sur

]xi−1 , xi [.

On appelle intégrale de f sur [a, b] la quantité


Z b n
X
f (x)dx = λ1 (x1 − x0 ) + ...... + λn (xn − xn−1 ) = λi (xi − xi−1 ) .
a i=1

Remarques 1.3. 1. Cette intégrale ne dépend pas de la subdivision π, elle

dépend uniquement de la fonction f .

Analyse II (SMP) 17 Prof M. El Otmani


2. L’intégrale de f est égale à la somme des aires algébriques des rec-

tangles définis par le graphe de f . Chaque aire est compté positivement

si le rectangle est situé au-dessus de l’axe des abscisses et négativement

si le rectangle est situé au-dessous.

Intégrale d’une fonction continue par morceaux

Definition 1.4. Soit une fonction f à valeurs réelles définie sur [a, b].

On dit que f est une fonction continue par morceaux sur [a, b] s’il existe une

subdivision π := {a = x0 < x1 < ..... < xn = b} telle que

— pour tout i = 1, . . . , n, la fonction f est continue sur ]xi−1 , xi [,

— la fonction f admet des limites finies à droite de xi−1 et à gauche de

xi .

Remarques 1.4. 1. Toute fonction en escalier est continue par morceaux.

2. Toute fonction continue est continue par morceaux.

3. Une fonction continue par morceaux n’admet qu’un nombre fini de

points de discontinuité. De plus, elle admet un prolongement par conti-

nuité en ces points. Donc elle est bornée ;

4. Soit f et g des fonctions continues par morceaux et α, β deux réels.

Alors αf + βg, f g et |f | sont des fonctions continues par morceaux.

Proposition 1.1. Soit f une fonction continue par morceaux sur [a, b]. Alors,

pour tout  > 0, il existe deux fonctions φ et ψ des fonctions en escalier sur

[a, b] telles que, pour tout x ∈ [a, b],

Analyse II (SMP) 18 Prof M. El Otmani


• φ(x) ≤ f (x) ≤ ψ(x),

• 0 ≤ ψ(x) − φ(x) ≤ .

Definition 1.5. Soit f une fonction continue par morceaux sur [a, b]. On note

I − (f ) la borne supérieure des intégrales des fonctions en escalier φ ≤ f

I + (f ) la borne inférieure des intégrales des fonctions en escalier ψ ≥ f

On appelle intégrale de f sur [a, b] la valeur


Z b
f (x)dx = I − (f ) = I + (f ).
a

Remarque 1.1. On admet que I − (f ) = I + (f ) pour toute fonction continue

par morceaux. Ce n’est pas toujours le cas pour une fonction bornée.

Propriétés 1.2 (Propriétés de l’intégrale). Soit f et g deux fonctions conti-

nues par morceaux sur [a, b] à valeurs dans R.

1. Linéarité de l’intégrale : pour tout α, β ∈ R∗


Z b Z b Z b
(αf + βg) (x)dx = α f (x)dx + β g(x)dx.
a a a

2. Positivité et croissance de l’intégrale :

(a) si f ≥ 0 sur [a, b] alors


Z b
f (x)dx ≥ 0.
a

(b) si f ≥ g sur [a, b] alors


Z b Z b
f (x)dx ≥ g(x)dx.
a a

Analyse II (SMP) 19 Prof M. El Otmani


3. Relation de Chasles : Soit c ∈]a, b[, alors
Z b Z c Z b
f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx.
a a c

4. Inégalité de Cauchy-Schwarz :
Z b Z b  12 Z b  21
f (x)g(x)dx ≤ |f (x)|2 dx |g(x)|2 dx .
a a a

Remarques 1.5. 1. Rappelons que


Z a Z b Z a
f (x)dx = − f (x)dx et f (x)dx = 0.
b a a

2. Par la propriété de croissance de l’intégrale


Z b Z b
f (x)dx ≤ |f (x)|dx.
a a

3. f est continue par morceaux sur [a, b] donc elle est bornée. Soit m et

M deux constantes telles que, m ≤ f (x) ≤ M pour tout x ∈ [a, b].

Alors
Z b
1
m≤ f (x)dx ≤ M.
b−a a
Z b
1
La quantité f (x)dx est appelée “valeur moyenne de f sur
b−a a
[a, b]”.

Sommes de Riemann

Definition 1.6. Soit f une fonction définie et continue sur [a, b].

On appelle somme de Riemann associée à f la quantité


n−1
b−aX b−a
Sn = f (a + k ).
n k=0 n

Analyse II (SMP) 20 Prof M. El Otmani


Théorème 1.3. Soit f une fonction continue sur [a, b]. La suite des sommes

de Riemann (Sn )n converge vers l’intégrale de f sur [a, b] :


Z b
lim Sn = f (x)dx.
n−→+∞ a

Remarques 1.6. 1. On obtient le même résultat si on remplace la suite

(Sn )n par la suite (Tn )n définie par


n
b−aX b−a
Tn = f (a + k ).
n k=1 n

2. Le théorème précédent peut servir dans les deux sens :

— pour calculer une intégrale à partir de la limite des sommes de

Riemann

— pour trouver la limite d’une suite en l’interprétant à l’aide de l’in-

tégrale d’une fonction.

Par exemple, on s’interesse de la limite de la suite (un )n définie par

1 1 1
un = + + ··· + , n ≥ 1.
n+1 n+2 2n

Pour ceci, on considère la fonction définie sur [0; 1] par f (x) =


1
. Alors
x+1
n n n  
X 1 1X 1 1X k
un = = k
= f .
k=1
n+k n k=1 1 + n n k=1 n

D’après le théorème
Z 1
1
lim un = dx.
n−→+∞ 0 1+x

Analyse II (SMP) 21 Prof M. El Otmani


1.2 Primitives et intégrale d’une fonction continue
Primitive d’une fonction continue

Definition 1.7. Soit f une fonction définie continue sur un intervalle [a, b] à

valeurs réelles.

1. On appelle primitive de f toute fonction dérivable F sur [a, b] telle

que F 0 (x) = f (x) pour tout x ∈ [a, b].

2. Toute fonction G de la forme G(x) = F (x) + Constante est encore

une primitive de f .

Théorème 1.4. [Théorème fondamental ] Soit f une fonction continue sur un


Z x
intervalle I et a ∈ I. La fonction F : I −→ R définie par F (x) = f (t)dt
a
est la seule primitive de f qui s’annule en a.

Remarque 1.2. Toute fonction continue sur un intervalle I admet une primi-

tive sur cet intervalle.

Analyse II (SMP) 22 Prof M. El Otmani


Primitives des fonctions usuelles
Domaine de définition Fonction Primitives

n xn+1
R x ,n ∈ N +C
n+1

1
R∗ ln(|x|)
x
R sin x − cos x + C
R cos x sin x + C
π
]− 2
+ kπ, π2 + kπ[ tan x − ln(| cos x|) + C

1
]− π
2
+ kπ, π2 + kπ[ 2
= 1 + tan2 x tan x + C
cos x
R ex ex + C

1
] − 1, 1[ √ arcsin x + C
1 − x2

1
] − 1, 1[ −√ arccos x + C
1 − x2

1
R arctan x + C
x2 +1

1 √
] − ∞, −1[∪]1, +∞[ √ ln |x + x2 − 1| + C
x2 − 1

Procédés pratiques de calcul de l’intégrale

Proposition 1.5. Soit f : I −→ R une application continue sur le segment

[a, b] ⊂ I. Soit G une primitive de f sur [a, b] alors l’intégrale de f sur [a, b]

est donnée par


Z b
f (t)dt = [G(t)]ba = G(b) − G(a).
a

Analyse II (SMP) 23 Prof M. El Otmani


1
1 1 2xdx
Z Z
xdx 1 2 1

Exemples 1.1. 2
= = ln(1 + x ) −1
= 0.
−1 1 + x 2 −1 1 + x2 2
Z 1
dx h√ i1
√ = x+3 = 1.
−2 2 x + 3 −2
1
Z 1
√ √

1 3 1
2x + 1dx = (2x + 1) 2 = 3 − .
0 3 0 3
Z π Z π  π
2 1 1 1
cos (x)dx = 1 + cos(2x)dx = x + sin(2x) = π/2.
0 2 0 2 2 0

Théorème 1.6 (Intégration par parties). Soient u, v : [a, b] −→ R deux fonc-

tions continûment dérivables. Alors


Z Z
u(x)v (x)dx = u(x)v(x) − u0 (x)v(x)dx
0

et
Z b Z b
0
u(x)v (x)dx = [u(x)v(x)]ba − u0 (x)v(x)dx.
a a

Remarque 1.3. Ce procédé s’applique pour calculer les primitives des fonc-

tions qui s’écrivent comme

— produit d’un polynôme par une fonction exponentielle ou logarith-

mique

— produit d’un polynôme par une fonction sinus ou cosinus

— produit d’une fonction exponentielle par une fonction sinus ou cosinus

— fonctions trigonométriques inverses

— certaines racines carrées


Z
Exemples 1.2. 1. Calcul de x2 e2x dx. Posons u(x) = x2 et v 0 (x) = e2x .

Intégration par parties implique


Z Z
1 2 2x
x e dx = x e − xe2x dx.
2 2x
2

Analyse II (SMP) 24 Prof M. El Otmani


Z
On applique de nouveau une intégration par partie pour calculer xe2x dx

en posant u(x) = x et v 0 (x) = e2x . D’où


Z  Z 
2 2x 1 2 2x 1 2x 1 2x
x e dx = xe − xe − e dx
2 2 2
1 2 2x 1 2x 1 2x
= x e − xe + e dx
2
 2  4
1 2 1 1 2x
= x − x+ e .
2 2 4
Z
2. Calcul de x ln(x)dx. Posons u(x) = ln(x) et v 0 (x) = x et appliquons

l’intégration par parties

x2 x2
Z Z
1 2 x
x ln(x)dx = x ln(x) − dx = ln(x) − .
2 2 2 4
Z
3. Calcul de x cos(2x)dx. Soit u(x) = x et v 0 (x) = cos(2x). Intégration

par parties implique


Z Z
1 1 1 1
x cos(2x)dx = x sin(2x)− sin(2x)dx = x sin(2x)+ cos(2x).
2 2 2 4
Z
4. Calcul de ex sin(x)dx. Pour appliquer l’intégration par parties, on

pose u(x) = sin(x) et v 0 (x) = ex . Donc


Z Z
e sin(x)dx = e sin(x) − ex cos(x)dx.
x x

On applique une deuxième fois l’intégration par parties pour u(x) =

cos(x) et v 0 (x) = ex . On obtient


Z  Z 
x x x x
e sin(x)dx = e sin(x) − e cos(x) − e (− sin(x))dx .
Z
= e sin(x) − e cos(x) − ex sin(x)dx.
x x

Analyse II (SMP) 25 Prof M. El Otmani


On conclut que
Z
1
ex sin(x)dx = ex (sin(x) − cos(x)) .
2
Z
5. Calcul de arctan(x)dx. On pose u(x) = arctan(x) et v 0 (x) = 1.

Donc
Z Z
x 1
dx = x arctan(x)− ln 1 + x2 .

arctan(x)dx = x arctan(x)− 2
1+x 2
Théorème 1.7 (Changement de variable). Soit f : I = [a, b] −→ R continue

et ϕ : J −→ I une fonction continûment dérivable et strictement monotone.

Si F est une primitive de f alors


Z
f (ϕ(t))ϕ0 (t)dt = F (ϕ(t)) + C

et
Z b Z ϕ−1 (b)
f (x)dx = f (ϕ(t))ϕ0 (t)dt.
a ϕ−1 (a)

On dit qu’on a réalise le changement de variable x = ϕ(t).


Z
dx
Exemples 1.3. 1. Calcul de . Effectuons le changement de
(1 + x2 )2
variable de variables tan(t) = x. Donc
dx
dx = (1 + tan2 (t))dt ⇔ = dt
1 + x2
et on peut écrire que
Z Z Z
dx 1 t sin(2t)
2 2
= 2
dt = cos2 (t)dt = + .
(1 + x ) 1 + tan (t) 2 4
2 tan(t)
Rappelons que sin(2t) = . On conclut que
1 + tan2 (t)
Z  
dx 1 x
= arctan(x) + .
(1 + x2 )2 2 1 + x2

Analyse II (SMP) 26 Prof M. El Otmani


Z
dx
2. Calcul de . On pose t = 1 + ln(x) donc dt = dx/x et
x (1 + ln(x))
on a
Z Z
dx dt
= = ln |t| = ln |1 + ln(x)| .
x (1 + ln(x)) t

Corollaire 1.8 (Parité - Périodicité). 1. Soit f une fonction continue sur

[−a, a] avec a > 0. Alors,


Z a
— si f est impaire, f (t)dt = 0 ;
Z a −a Z a
— si f est paire, f (t)dt = 2 f (t)dt.
−a 0

2. Soit f une fonction continue sur R et périodique de période T . Alors


Z α+T Z T
f (t)dt = f (t)dt, ∀α ∈ R.
α 0

1.3 Méthodes élémentaires pour le calcul des primitives


Intégration des fractions rationnelles
P (x)
Soit la fraction rationnelle R(x) = , où P (x) et Q(x) sont deux
Q(x)
polynômes tels que degP < degQ. En utilisant la décomposition en élément

simple (dans R), on peut l’écrire sous la forme


p q
X X
R(x) = Fi + Gj ,
i=1 j=1
ni
X αi
Fi = , (αi ∈ R, i = 1, . . . , p),
k=1
(x − ai )k
mj
X βj x + γj
Gj = , (βj , γj ∈ R, j = 1, . . . , q).
k=1
(x2 + bj x + cj )k

On est amené à calculer deux type de primitives.

Analyse II (SMP) 27 Prof M. El Otmani


Z
1
1. Éléments simples de premier espèce dx sur R r a :
(x − a)k
— Si k = 1 alors
Z
1
dx = ln |x − a| + C.
(x − a)
— Si k > 1 alors
−1
Z
1 1
k
dx = + C.
(x − a) (k − 1) (x − a)k−1
Z
αx + β
2. Éléments simples de deuxième espèce où b2 − 4c <
(x + bx + c)k
2

0 Pour commencer, on le décompose sous la forme


Z
αx + β
dx
(x2 + bx + c)k
Z Z
α 2x + b αb 1
= dx + (β − ) dx.
2 (x2 + bx + c)k 2 (x2 + bx + c)k
Z
2x + b
— Calcul de dx :
(x + bx + c)k
2

— Si k = 1 alors
Z
2x + b
2
= ln(x2 + bx + c) + C.
(x + bx + c)
— Si k > 1 alors
Z
2x + b 1 1
2 k
dx = + C.
(x + bx + c) (1 − k) (x + bx + c)k−1
2
Z
1
— Calcul de Ik = :
(x + bx + c)k
2
2  2

On remarque que x2 + bx + c = x + 2b + 4c−b 4
. On effectue
b
les deux changement de variables suivants : y = x + puis z =
q 2
4
4c−b2
y. On obtient ainsi une intégrale de type
Z
1
Jk = dz.
(1 + z 2 )k

Analyse II (SMP) 28 Prof M. El Otmani


— Si k = 1 alors
Z
1
Jk = du = arctan(z).
1 + z2

— Si k > 1, par intégration par parties, on montre que


 
1 z
Jk+1 = (2k − 1)Jk + .
2k (1 + z 2 )k

Les termes Jk s’obtiennent par récurrence dans un ordre croissant :


Z  
1 1 z
J2 = du = arctan z + .
(1 + z 2 )2 2 (1 + z 2 )
Z  
1 3 z 1 z
I3 = 2 3
du = arctan z + 2
+ .
(1 + z ) 8 (1 + z ) 4 (1 + z 2 )2
Et ainsi de suite jusqu’à l’ordre demandé.

On peut aussi effectuer le changement de variable z = tan(u) pour

le calcul de Jk .

x
R
Exemples 1.4. 1. Calcul de la primitive x4 −16
dx. Effectuons d’abord la

décomposition en éléments simples

x x a b cx + d
= = + + 2 .
x4 − 16 2
(x − 2)(x + 2)(x + 4) x−2 x+2 x +4

On obtient que

x 1 1 x
= + − .
x4 − 16 2
16(x − 2) 16(x + 2) 8(x + 4)

D’où

x2 − 4
Z
x 1 2
 1
dx = ln |x − 2| + ln |x + 2| − ln(x + 4) = ln .
x4 − 16 16 16 x2 + 4

Analyse II (SMP) 29 Prof M. El Otmani


1
x3 + x2 + 2
Z
2. Calcul de l’intégrale dx. La décomposition en éléments
0 (x2 + 2)2
simples implique

x3 + x 2 + 2 x+1 2x
= − .
(x2 + 2)2 x2 + 2 (x2 + 2)2

Donc
1
x3 + x2 + 2
Z
dx
0 (x2 + 2)2
Z 1 Z 1 Z 1
1 x 2x
= 2
dx + 2
dx − 2 2
dx
0 x +2 0 x +2 0 (x + 2)
1 1 1 1 2x
Z Z Z 1
dx 2x
=  2 + 2
dx − dx
2 0 x 2 0 x +2 0 (x + 2)2
2
1+ √
2
Z √1
1 1 2x
Z Z 1
1 2 dt 2x
=√ 2
+ 2
dx − 2 2
dx
2 0 1+t 2 0 x +2 0 (x + 2)
 1
1 √1 1 2
1 1
= √ [arctan(t)]0 + ln(x + 2) 0 + 2
2
.
2 2 x +2 0

Intégration d’une composée de fonctions rationnelle et exponentielle


R
On cherche les primitives R (ex ) dx où R est une fonction rationnelle.

Dans ce cas, un changement de variable permet de se ramener aux cas de la


Z Z
x x R(t)
section précédente. En effet, on pose t = e donc R (e ) dx = dt.
Z t
dx
Par exemple, calculons x
dx. On pose t = ex donc dx = dt/t. Par
e +1
suite
Z Z Z Z
dx 1 dt dt t
x
dx = dt = − = ln .
e +1 t(t + 1) t t+1 t+1

Analyse II (SMP) 30 Prof M. El Otmani


Intégrales Trigonométriques
R
Intégrales de types F (cos x, sin x)dx

Il suffit d’étudier l’expression f (x) = F (cos x, sin x)dx en utilisant les

règles de Bioche suivantes :

1. Si f (π − x) = f (x), on effectue le changement de variable t = sin x.

2. Si f (−x) = f (x), on effectue le changement de variable t = cos x.

3. Si f (x + π) = f (x), on effectue le changement de variable t = tan x.

4. Si aucun des cas ci-dessus n’est vérifié, on effectue le changement de

variable t = tan x2 et on utilise les formules

2dt 1 − t2 2t 2t
dx = , cos x = sin x = et tan x = .
1 + t2 1 + t2 1 + t2 1 − t2
Z π
2 cos xdx
Exemples 1.5. 1. Calculons . On remarque que
0 1 + sin x

cos(π − x)d(π − x) cos xdx


= ,
1 + sin(π − x) 1 + sin x

puisque d(π − x) = −dx, cos(π − x) = − cos x et sin(π − x) = sin x.

On effectue le changement de variable t = sin x. On a dt = cos xdx et

donc
π
Z Z 1
2 cos xdx dt
= = [ln |1 + t|]10 = ln 2.
0 1 + sin x 0 1+t

2. Nous allons calculer


Z π
2 sin xdx
.
0 cos x + sin2 x

Analyse II (SMP) 31 Prof M. El Otmani


On remarque que
sin(−x)d(−x) sin xdx
= ,
cos(−x) + (sin(−x))2 cos x + sin2 x
puisque d(−x) = −dx, sin(−x) = − sin x et cos(−x) = cos x. On effec-

tue alors le changement de variable t = cos x et donc dt = − sin xdx.

On obtient alors
Z π Z 0 Z 1
2 sin xdx dt dt
2 = − 2
=− 2
0 cos x + sin x t+1−t 0 t −t−1
Z1 1
dt
= − √ √ .
1+ 5 1− 5
0 (t − )(t − )
2 2

Or !
1 1 1 1
√ √ =√ √ − √ .
(t − 1+2 5 )(t − 1−2 5 ) 5 t− 1+ 5
2
t− 1− 5
2
On déduit alors que
π
" √ #1
t − 1+2 5
Z
2 sin xdx 1
= − √ ln √
0 cos x + sin2 x 5 t − 1−2 5 0
√ ! √ !
2 5−1 2 3− 5
= − √ ln √ = − √ ln .
5 5+1 5 2
Z π
4 sin xdx
3. Calcul de . On remarque que
0 cos x + sin x
sin(x + π)d(x + π) sin xdx
= ,
cos(x + π) + sin(x + π) cos x + sin x
puisque sin(x + π) = − sin x, cos(x + π) = − cos x et d(π + x) = dx.

On effectue alors le changement de variable u = tan x. On a du =

(1 + u2 )dx et
sin x sin x u
= =
cos x + sin x cos x(1 + tan x) 1+u

Analyse II (SMP) 32 Prof M. El Otmani


et donc
π
Z Z 1
4 sin xdx udu
= .
0 cos x + sin x 0 (1 + u)(1 + u2 )
u
Or la décomposition en éléments simples de (1+u)(1+u2 ) est donnée par
 
u 1 u+1 1
= − .
(1 + u)(1 + u2 ) 2 1 + u2 1 + u
On déduit que
Z π
4 sin xdx 1 1 1 1
= ln(1 + u2 ) 0 + [arctan(u)]10 − [ln |1 + u|]10
0 cos x + sin x 4 2 2
1 π 1 1 π
= ln 2 + − ln 2 = − ln 2 + .
4 8 2 4 8
4. Nous allons calculer
Z π
2 dx
.
0 1 + cos x
On remarque qu’aucune des trois règles de Bioche n’est valable dans

ce cas. On pose alors u = tan x2 . On a donc


Z π Z 1 Z 1
2 dx 2du
= 1−u2
= du = 1.
0 1 + cos x
2
0 (1 + u )(1 + 1+u2 ) 0

Z
Intégrales de types cosn (x) sinm (x)dx

Pour calculer ces intégrales on distingue trois cas :

1. Si n = 2p + 1. On effectue le changement de variable t = sin x, alors

on a
Z Z
2p+1 m
cos x sin xdx = (cos2 x)p sinm x cos xdx
Z
= (1 − sin2 x)p sinm x cos xdx
Z
= (1 − t2 )p tm dt.

Analyse II (SMP) 33 Prof M. El Otmani


2. Si m = 2p + 1. On effectue le changement de variable t = cos x, alors

on a
Z Z
2p+1 n
sin x cos xdx = (sin2 x)p cosn x sin xdx
Z
= (1 − cos2 x)p cosn x sin xdx
Z
= − (1 − t2 )p tn dt

3. Si n et m sont paires, on peut abaisser le degré en remplaçant cos2 (x)

et sin2 (x) en fonction de cos(2x) et sin(x) cos(x) en fonction de sin(2x).


Z
Par exemple, calculons sin4 (x) cos4 (x)dx.

En utilisant l’égalité cos(2a) = 1 − 2 sin2 (a) = 2 cos2 (a) − 1 on obtient


 2
4 4 2 2
2 1 − cos(2x) 1 + cos(2x)
sin (x) cos (x) = sin (x) cos (x) =
2 2
 2
1 2
2 1 1 + cos(4x)
= 1 − cos (2x) = 1−
16 16 2
1 1
(1 − cos(4x))2 = 1 − 2 cos(4x) + cos2 (4x)

=
64 64
1
= (3 − 4 cos(4x) + cos(8x)) .
128
Z Z
Intégrales de type cos xdx et sinm xdx
n

Pour ce type d’intégrale, on utilise les formules d’Euler

eıx + e−ıx eıx − e−ıx


cos x = , sin x =
2 2ı

et la formule du Binôme de Newton


n
n
X n!
(a + b) = ak bn−k .
k=0
(n − k)!k!

Analyse II (SMP) 34 Prof M. El Otmani


Z
Par exemple, calculons sin6 xdx. En utilisant la formule du Binôme et la

formule d’Euler, on obtient

1 ıx 6
sin6 x = − e − e−ıx
64
1
(e−6ıx + e6ıx ) − 6(e−4ıx + e4ıx ) + 15(e−2ıx + e2ıx ) − 20

= −
64
1
= − (cos 6x − 6 cos 4x + 15 cos 2x − 10) .
32

D’où
Z
1 3 15 5
sin6 xdx = − sin 6x + sin 4x − sin 2x + x + C.
192 64 64 16

Intégrales Abéliennes
Z
dx
Primitives de la forme √
ax2 + bx + c
— Si a = 0, il suffit de poser t = bx + c. Donc

2√ 2√
Z Z
dx 1 dt
= √ = t= bx + c.
bx + c b t b b

— Supposons que a < 0 et ∆ = b2 − 4ac > 0. Alors


 2 !
∆ b
ax2 + bx + c = −a 2
− x+ .
4a 2a

On effectue les changements de variables u = x+b/2a et t = (2au)/ ∆,
Z
dt
on est ramené à une primitive de type √ = arcsin(t).
1 − t2
Z 1
dx
Exemple 1.2. Calculons √ . On a
0 −x2 + x + 1
s 2


2
5 1
−x + x + 1 = − x− .
4 2

Analyse II (SMP) 35 Prof M. El Otmani


1 √2 u
Ainsi on pose u = x − 2
et t = 5
donc
Z 1 Z √1
dx 5 dt
√ = √
2
−x + x + 1 1 − t2
0 − √1
5
 
√1
1
= [arcsin(t)] 5
− √1
= 2 arcsin √ .
5 5
Z
dx
Primitives de la forme p avec β < 0 et α2 − 4β > 0
2
x x + αx + β
On effectue le changement de variable t = 1/x donc dx = −dt/t2 . On

obtient

−dt
Z Z Z
dx t dt
p = q 2
=− p .
x x2 + αx + β 1
+ α
+β t βt2 + αt + 1
t2 t

On applique les résultats de la section précédente.


Z 3
dx
Par exemple calculons √ . Par le changement de variable x = 1/t
2
2 x x −1
on peut écrire que
1
Z 3 Z
dx 2 dt 1 π 1
√ = √ = [arcsin(t)] 21 = − arcsin .
2 x x2 − 1 1
3
1−t 2 3 6 3
Z √
Primitives de la forme ax2 + bx + cdx
Z √
2 3
— Si a = 0 alors bx + cdx =
(bx + c) 2 .
3b
— Supposons que a < 0 et ∆ = b2 − 4ac > 0. Après changement de

variable y = x + b/2a et z = (2ay)/ ∆, on est ramené à calculer une

primitive de type 1 − z 2 dz. On pose ensuite t = sin(z).

Analyse II (SMP) 36 Prof M. El Otmani


Z 2 √
Exemple 1.3. Calculons 8 − 2x − x2 dx. Remarquons que
−1
"  2 #
x+1
8 − 2x − x2 = 9 1 − .
3
x+1
Donc, si on pose u = , on a
3
s 2
Z 2√ Z 2  Z 1√
x + 1
8 − 2x − x2 dx = 3 1− =9 1 − u2 du.
−1 −1 3 0

On effectue maintenant le changement de variable u = sin(t), d’où


Z 2√ Z π
2
2
8 − 2x − x dx = 9 cos(t)2 dt
−1 0
Z π   π2
2 cos(2t) + 1 9 sin(2t)
= 9 dt = +t
0 2 2 2 0

= .
4
Z  
m p r
1.4 Intégrales de types I = F x, x ; x ; ....; x
n q s dx

Pour calculer ces intégrales, on pose le changement de variable

x = tk

m p
où k est le dénominateur commun de ; ; ....; rs .
n q

dx = ktk−1 dt

donc
Z
I= R(t)dt

où R(t) est une fraction rationnelle.

Analyse II (SMP) 37 Prof M. El Otmani


Exemple 1.4. Nous allons calculer l’intégrale
Z √
x
I= √4
dx.
x3 + 1

on a
1
x2
R(x) = 3
x4 + 1
On effectue le changement de variable x = t4 , alors on a

t2 t5
Z Z
3
I= 4t dt = 4 dt.
t3 + 1 t3 + 1

Or
t5 2 t2 2 1 3t2
= t − = t − .
t3 + 1 t3 + 1 3 t3 + 1
On déduit alors que
   √ √ 
1 3 1 3 14 3 1 4
I=4 t − ln |t + 1| + C = 4 x − ln | x3 + 1| + C.
3 3 3 3

Z s m !
n ax + b
1.5 Intégrales de types I = F x, dx
cx + d
Pour calculer ces intégrales, on pose le changement de variable

ax + b
= tn
cx + d

et on calcule x en fonction de t.

dtn − b
x= .
a − ctn

Ainsi
ndtn−1 (a − ctn ) + nctn−1 (dtn − b)
dx = dt.
(a − ctn )2

Analyse II (SMP) 38 Prof M. El Otmani


On déduit alors que
Z
I= R(t)dt

où R(t) est une fraction rationnelle.

Exemple 1.5. Nous allons calculer l’intégrale


Z 1√
x+4
dx.
0 x
On effectue le changement de variable x + 4 = t2 . On déduit alors que

dx = 2tdt.

Ainsi
1
√ √
5
2t2
Z Z
x+4
dx = dt
0 x 2 t2 − 4

5 2
t −4+4
Z
= 2 dt
2 t2 − 4
Z √5  
4
= 2 1+ 2 dt
2 t −4
Z √5  
1 1
= 2 1+ − dt
2 t−2 t+2

= 2 [t + ln |t − 2| − ln |t + 2|]2 5 .

2 Intégrale généralisée
2.1 Convergence d’une intégrale généralisée
Définitions et exemples

L’intégrale de Riemann est définie pour toute fonction continue sur un

intervalle fermé borné [a; b]. Il est alors naturel de se poser la question de

Analyse II (SMP) 39 Prof M. El Otmani


savoir si cette notion peut être généralisée pour permettre la définition de

l’intégrale d’une fonction définie et continue sur un intervalle quelconque de

type [a, +∞[, ] − ∞, b], ] − ∞, +∞[, [a, b[, ]a, b] et ]a, b[.

Definition 2.1. On appelle intégrale généralisée (ou intégrale impropre) l’in-

tégrale d’une fonction continue sur un intervalle non borné où l’intégrale

d’une fonction non bornée sur un intervalle borné.

Exemple 2.1. On considère les intégrales généralisés suivantes


Z +∞ Z 0 Z +∞ Z 1 Z 1 Z 1
−t −t2 dt dt dt dt
e dt, te dt, 2
, √ , , .
0 −∞ −∞ t +1 −3 1−t 0 t −1 1 − t2

Definition 2.2. Soit I un intervalle de la forme [a; b[ ou ]b; a] avec a ∈ R et

b ∈ R ∪ {+∞; −∞}. Soit f une fonction définie continue sur I et F : I −→ R

la fonction définie, pour tout x ∈ I, par


Z x
F (x) = f (t)dt.
a

1. On dit que l’intégrale de f sur I est convergente si lim F (x) existe


x→b

dans R. Dans le cas contraire, on dit que l’intégrale de f sur I est

divergente.

2. Si l’intégrale de f est convergente sur [a; b[, alors


Z b Z x
f (t)dt = lim− f (t)dt.
a x→b a

3. Si l’intégrale de f est convergente sur ]b; a], alors


Z a Z a
f (t)dt = lim+ f (t)dt.
b x→b x

Analyse II (SMP) 40 Prof M. El Otmani


Exemples 2.1. 1. L’intégrale de la fonction x 7→ e−x est convergente sur

[0, +∞[ car


Z +∞ Z x
−t
e−t dt = lim −e−x + 1 = 1.

e dt = lim
0 x→+∞ 0 x→+∞

2. Par calcul directe


Z 0
−t2 1 
−x2
 1
te dt = − lim 1 − e =− .
−∞ 2 x→−∞ 2
1
3. L’intégrale de la fonction x 7→ √ est convergente sur [−3; 1[
1−x
puisque
1 √
Z
dt 
√ = 2 lim− 2 − 1 − x = 4.
−3 1−t x→1

4. Sur l’intervalle ]0; 1], la fonction x 7→ 1/x n’est pas intégrable. En effet
Z 1 Z 1
dt dt
= lim+ = lim (− ln(x)) = +∞.
0 t x→0 x t x→0

Definition 2.3. Soit f une fonction définie continue sur ]α; β[ avec α, β ∈ R.

On dit que l’intégrale de f est convergente sur I s’il existe un réel c ∈]α; β[
Z c Z β
tel que les intégrales f (t)dt et f (t)dt sont convergentes. Et on a
α c
Z β Z c Z β
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt.
α α c

Cette intégrale ne dépend pas du choix du réel c.


Z +∞
dt
Exemples 2.2. 1. L’intégrale 2
est convergente car
−∞ 1 + t
Z +∞ Z 0 Z +∞
dt dt dt
2
= 2
+
−∞ 1 + t −∞ 1 + t 0 1 + t2
= lim − arctan(x) + lim arctan(x)
x→−∞ x→+∞

= π.

Analyse II (SMP) 41 Prof M. El Otmani


Z 1
3dt
2. On considère . On a, pour tout c ∈] − 2; 1[,
−2 (t − 1)(t + 2)

c   c
1−t
Z
3dt
= lim lim + ln = −∞
−2 (t − 1)(t + 2) x→−2 t+2 x

et
1   x
1−t
Z
3dt
= lim lim− ln = −∞.
c (t − 1)(t + 2) x→1 t+2 c
Z 1
3dt
Donc l’intégrale diverge.
−2 (t − 1)(t + 2)
Z x
Remarque 2.1. l’existence de la limite lim f (t)dt n’entraı̂ne pas la conver-
x→+∞ −x
Z ∞ Z x
gence de l’intégrale f (t)dt. Par exemple tdt = 0 pour tout x et
Z +∞ −∞ −x

pourtant tdt diverge car pour tout c ∈ R,


−∞
Z c Z +∞
tdt = −∞ et tdt = +∞.
−∞ c

Remarque 2.2. L’étude des intégrales généralisée se résume aux cas où la

fonction f est continue sur [a, +∞[ ou continue sur [a, b[ telle que

lim f (x) = ∞.
x→b−

— sur les intervalles ] − ∞, a] et ]b, a], il suffit d’effectuer le changement

de variable u = −t

— sur les intervalles] − ∞, +∞[ et ]a, b[, il suffit d’étudier l’intégrabilité

sur les intervalles ] − ∞, c], [c, +∞[, ]a, c] et [c, b[.

Analyse II (SMP) 42 Prof M. El Otmani


Intégration par parties et changement de variables

Théorème 2.1 (Intégration par parties). Soient u et v deux fonctions de


Z
1
classe C sur I telles que lim u(t)v(t) existe dans R. Alors u0 (t)v(t)dt et
t→b I
Z
0
u(t)v (t)dt sont de même nature et on a
I
Z Z
0
u (t)v(t)dt = [u(t)v(t)]I − u(t)v 0 (t)dt.
I I
Z +∞
Exemples 2.3. 1. Étudions l’intégrale généralisée te−t dt. Par inté-
0
gration par parties on peut écrire que
Z +∞ x
Z +∞
te dt = lim −te−t 0 +
−t
e−t dt = 1.

0 x→+∞ 0

Z 1
2. Soit l’intégrale généralisée ln(t)dt. Par intégration par parties on
0
a
Z 1
ln(t)dt = lim+ (−x ln(x) + x − 1) = −1.
0 x→0

Théorème 2.2 (Changement de variables). Soit φ de classe C 1 et monotone


Z Z
0
sur I et f continue sur J = φ(I). Alors f (φ(t))φ (t)dt et f (u)du sont
I J
de même nature et quand elles convergent on a
Z Z
0
f (φ(t))φ (t)dt = f (u)du.
I J
Z +∞
t2
t2
Exemple 2.2. Soit l’intégrale généralisée te− 2 dt. On pose u = 2
. Donc
0
Z +∞ 2
Z +∞
− t2
te dt = e−u du = 1.
0 0

Analyse II (SMP) 43 Prof M. El Otmani


Remarque 2.3. Un changement de variable peut transformer une intégrale
Z π
dt
simple en une intégrale généralisée et vise-versa. Par exemple,
Z +∞0 2 + cos t
t 2du
est transformée après le changement de variable u = tan en .
2 0 3 + u2

2.2 Intégrales généralisées des fonctions positives


Intégrales de Riemann

1. On considère l’intégrale généralisée


Z 1
dt
où α ∈ R.
0 tα

Pour tout x ∈]0; 1], on a

− ln x
(
Z 1
dt si α = 1
= 1 1
x tα (1 − α−1 ) si α 6= 1
1−α x
Puisque lim+ ln x = −∞ et
x→0

1 0 si α < 1;
lim =
x→0+ xα−1 +∞ si α > 1;

On déduit que
Z 1
dt
converge ⇐⇒ α < 1 (2.1)
0 tα
et dans ce cas,
Z 1
dt 1
α
=
0 t 1−α

2. On considère l’intégrale généralisée


Z +∞
dt
; où α ∈ R.
1 tα

Analyse II (SMP) 44 Prof M. El Otmani


Pour tout x ∈ [1; +∞[, on a
(
Z x
dt ln x si α = 1
= 1 1
1 tα ( − 1) si α 6= 1
1 − α xα−1
Puisque lim ln x = +∞ et
x→+∞

1 +∞ si α < 1;
lim =
x→+∞ xα−1 0 si α > 1;

On déduit que
Z +∞
dt
converge ⇐⇒ α > 1 (2.2)
1 tα

et dans ce cas,
Z +∞
dt 1
α
= .
1 t α−1
Z +∞
dt
Remarque 2.4. L’intégrale généralisée n’est jamais convergente.
0 tα

Critères de convergence

Proposition 2.3 (Critère de comparaison). Soient f et g deux fonctions conti-

nues sur [a, b[ (b ∈ R̄) telles que 0 ≤ f (x) ≤ g(x). Alors,


Z b Z b
1. Si g(x)dx converge alors f (x)dx converge.
a a
Z b Z b
2. Si f (x)dx diverge alors g(x)dx diverge.
a a
+∞
sin2 (t)
Z
Exemples 2.4. 1. L’intégrale dt est convergente. En effet,
1 t3
pour tout t ≥ 1, on a
sin2 (t) 1
0≤ 3
≤ 3.
t t

Analyse II (SMP) 45 Prof M. El Otmani


Z +∞
dt
L’intégrale de Riemann converge et il en est de même pour
Z +∞ 1 t3
sin2 (t)
dt.
1 t3
1
− ln(t)
Z
2. On considère l’intégrale dt. On sait que , pout t ∈]0; 1],
0 1 + t2
− ln(t)
0≤ ≤ − ln(t)
1 + t2
1 1
− ln(t)
Z Z
et − ln(t)dt = 1. Donc dt converge.
0 0 1 + t2
Proposition 2.4. [Critère d’équivalence] Soient f et g deux fonctions positives

continues sur [a, b[ (b ∈ R̄). Alors


Z b Z b
1. Si f ∼ g alors les intégrales généralisées g(x)dx et f (x)dx sont
b a a
de même nature.
Z b Z b
f (x)
2. Si lim− = 0 et g(x)dx converge alors f (x)dx converge.
x→b g(x) a a
Z b Z b
f (x)
3. Si lim− = +∞ et g(x)dx diverge alors f (x)dx diverge.
x→b g(x) a a
Z 1
ln(1 + t) sin(t)
Exemple 2.3. Étudions la nature de l’intégrale √ dt. On a
0 t2 t
ln(1 + t) sin(t) 1
0≤ √ ∼ √ .
t2 t 0 t
Z 1 Z 1
dt ln(1 + t) sin(t)
L’intégrale √ converge. Il en est de même pour √ dt.
0 t 0 t2 t
1
En appliquant le critère d’équivalence pour la fonction g(t) = α et en le
t
combinant avec (2.1) et (2.2), on obtient les deux corollaires suivants.

Corollaire 2.5. Soient a > 0, α ∈ R et f une fonction positive continues sur

[a; +∞[ avec lim tα f (t) = M . Alors


t→+∞

Analyse II (SMP) 46 Prof M. El Otmani


Z +∞
1. Si 0 < M < +∞ alors f (t)dt est convergente si et seulement si
a
α > 1.
Z +∞
2. Si M = 0 et α > 1 alors f (t)dt est convergente.
a
Z +∞
3. Si M = +∞ et α ≤ 1 alors f (t)dt est divergente.
a

Corollaire 2.6. Soient a > 0, α ∈ R et f une fonction positive continues sur

]0, a] avec lim+ tα f (t) = M . Alors


t→0
Z a
1. Si 0 < M < +∞ alors f (t)dt est convergente si et seulement si
0
α < 1.
Z a
2. Si M = 0 et α < 1 alors f (t)dt est convergente.
0
Z a
3. Si M = +∞ et α ≥ 1 alors f (t)dt est divergente.
0
Z +∞
ln(t)
Exemples 2.5. 1. Étudions la nature de l’intégrale dt. La fonc-
1 t2 + 1
ln(t)
tion t → 2 est continue positive sur [1, +∞[. En plus,
t +1
ln t 3
lim t 2 =0
t→+∞ +1 t2
Z +∞
ln(t)
Donc, d’après le corollaire (2.5), l’intégrale dt est conver-
1 t2 + 1
gente.
1
e−t
Z
−t
2. Soit l’intégrale dt. On sait que lim+ t e t = 1. D’après le corol-
0 tZ t→0
1 −t
e
laire (2.6), l’intégrale dt diverge.
0 t

Proposition 2.7 (Intégrale de Bertrand ). Soit α et β deux réels. On a

Analyse II (SMP) 47 Prof M. El Otmani


Z +∞
dt
— converge ⇐⇒ α > 1 ou (α = 1 et β > 1)
tα (ln(t))β
Ze 1
e dt
— converge ⇐⇒ α < 1 ou (α = 1 et β > 1)
0 t | ln(t)|β
α

2.3 Intégrales généralisées des fonctions de signe quelconque


Z b
Definition 2.4. Soit f continue sur un intervalle [a, b[. On dit que f (t)dt
Z b a

est absolument convergente si |f (t)|dt est convergente.


a
Z b
Théorème 2.8. Soit f une fonction continue sur [a, b[. Si f (t)dt est ab-
a
solument convergente alors elle est convergente. Et on a
Z b Z b
f (t)dt ≤ |f (t)| dt.
a a
Z +∞
sin(t)
Exemples 2.6. 1. Étudions l’intégrale √ dt. On sait que
π t t
sin(t) 1
√ ≤ 3 , ∀t ∈ [π, +∞[.
t t t2
Z +∞
dt
Or l’intégrale généralisée 3 est convergente. Il en est de même
Z +∞ π t2
sin(t)
pour √ dt.
π t t
sin( 1t ) sin( 1t )
Z 1
2. Soit l’intégrale √ dt. La fonction t −→ √ est continue sur
0 sin t sin t
]0; 1] et ne garde pas un signe constant au voisinage de 0. On a

sin( 1 ) 1
0≤ √ t ≤ √
sin t sin t
et

t
lim+ √ =1
t→0 sin t

Analyse II (SMP) 48 Prof M. El Otmani


Z 1
dt
Donc, d’après le corollaire (2.6), l’intégrale √ est convergente
0 sin t
sin( 1 )
Z 1
et par suite √ t dt est absolument convergente et donc conver-
0 sin t
gente.

Remarque 2.5. Il existe des intégrales qui sont convergentes mais pas abso-

lument convergentes.
Z +∞
sin(t)
Par exemple, on considère l’intégrale généralisée √ dt.
π t
— Par intégration par parties, on a
Z +∞
1 +∞ cos(t)
  Z
sin(t) cos(x) 1
√ dt = lim √ −√ + √ dt.
π t x→+∞ x π 2 π t t
Z +∞
cos(x) cos(t)
Puisque lim √
x
= 0 et √ dt est convergente, on déduit
Z +∞
x→+∞ π t t
sin(t)
que √ dt est aussi convergente.
π t Z +∞
sin(t)
— Étudions maintenant la convergence absolue de √ dt. On a
π t
Z +∞ +∞ Z (n+1)π
sin(t) X | sin(t)|
√ dt = √
π t n=1 nπ
t
+∞ Z (n+1)π
X 1
≥ p | sin(t)|dt
n=1 (n + 1)π nπ
+∞
2 X 1
= √ p = +∞
π n=1 (n + 1)
Z +∞
sin(t)
Donc l’intégrale √ dt diverge.
π t
Definition 2.5. Soit f localement intégrable sur un intervalle [a, b[. On dit
Z b Z b Z b
que f (t)dt est semi-convergente si |f (t)|dt est divergente et f (t)dt
a a a
est convergente.

Analyse II (SMP) 49 Prof M. El Otmani


Chapitre 3

Les équations différentielles

1 Généralités

— Une équation différentielle d’ordre n est une équation dont l’inconnue

est une fonction y : x 7→ y(x) autant de fois dérivable que nécessaire

qui vérifie

G(x, y, y 0 , .....y (n) ) = 0.

Les y (k) sont les dérivées d’ordre k de la fonction y.

— Une équation différentielle est dite linéaire si elle est de la forme


n
X
(E) : fk (x)y (k) (x) = f (x),
k=0

où les fk et f sont des fonctions continues définies sur le même inter-

valle que y.

— Dans l’équation (E), lorsque les fonctions fk sont des constantes, on

parle d’équation différentielle linéaire à coefficients constants.

— On appelle solution générale de (E) toute formule dépendante d’un

certain nombre de constantes et qui donne toutes les solutions de (E)

50
lorsque ces constantes varient.

— On appelle équation homogène (où équation sans second membre) as-

sociée à (E) l’équation


n
X
(E0 ) : fk (x)y (k) (x) = 0.
k=0

Exemples 1.1. 1. Les équations différentielles xy 0 − 2y = x3 ln(x) et

y 0 + 2xy = 2x2 + 1 sont linéaires de premier ordre.


1 1
2. Les équations différentielles xy 0 −y 2 ln(x)+y = 0 et y 0 + y−y 2 = − 2
x x
sont non linéaire de premier ordre.

3. y 00 − 2y + y = 4(x − 2)e−x est une équation différentielle linéaire de

deuxième ordre à coefficients constants.

4. L’équation différentielle linéaire y 00 + xy 0 + y = x2 + 1 est d’ordre 2 à

coefficients non constants.

5. y 00 + ln(y) = 2 est une équation différentielle non linéaire de deuxième

ordre.

6. y (4) + x3 y 0 + ln(x)y = x2 + 1 est une équation différentielle linéaire

d’ordre 4.

2 Équations différentielles linéaires du premier ordre

Definition 2.1. On appelle équation différentielle linéaire de premier ordre

toute équation différentielle de la forme

a(x)y 0 + b(x)y = g(x) (E)

Analyse II (SMP) 51 Prof M. El Otmani


où a, b et g sont des fonctions continues sur un même intervalle I à valeurs

dans R (avec a(x) 6= 0 pour x ∈ I).

L’équation homogène où sans second membre associée à (E) est l’équation

a(x)y 0 + b(x)y = 0 (E0 )

Théorème 2.1. 1. L’ensemble des solutions de (E) n’est pas vide.

2. yG solution générale de (E) est la somme de yH solution de l’équation

homogène (E0 ) et de yP solution particulière de (E) :

yG (x) = yH (x) + yP (x), ∀x ∈ I.

3. Pour une condition initiale donnée y(x0 ) = y0 , il existe une unique

solution de l’équation (E) sur I.

2.1 Résolution de l’équation homogène

L’équation homogène a(x)y 0 + b(x)y = 0 peut s’écrire sous la forme

y0 b(x)
=− .
y a(x)

En intégrant cette équation, on obtient


Z
b(x)
ln |y| = − dx + C
a(x)

D’où, on déduit que


Z
F (x) b(x)
y = Ke avec F (x) = − dx et K est une constante non nul.
a(x)

Analyse II (SMP) 52 Prof M. El Otmani


Exemples 2.1. 1. Soit l’équation différentielle linéaire

xy 0 − 2y = x3 ln(x), sur ]0; +∞[ (2.1)

L’équation homogène associée est xy 0 −2y = 0 qui admet des solutions

de la forme
2 2)
R
yH = Ke x
dx
= Ke2 ln |x| = Keln(x

= Kx2 .

2. On considère sur R l’équation différentielle

y 0 + 2xy = 2x2 + 1 (2.2)

L’équation homogène associée est y 0 + 2xy = 0. Suivant les notations

standard, a(x) = 1 et b(x) = 2x et F (x) = −x2 . Par conséquent, les

solutions de l’équation sans second membre sont de la forme


2
yH = Ke−x .

2.2 Recherche d’une solution particulière

On cherche yP une solution particulière de (E) par la méthode de la va-

riation de la constante. On pose yP = K(x)eF (x) où K est une fonction à

chercher. Si on injecte l’expression de yP et yP0 dans l’équation (E), on ob-

tient que

a(x)K 0 (x)eF (x) = f (x).

D’où
Z
f (x) −F (x)
K(x) = e dx.
a(x)

Analyse II (SMP) 53 Prof M. El Otmani


Exemples 2.2. 1. On cherche une solution particulière de l’équation 2.1

de type yP = K(x)x2 . La fonction K vérifie K 0 (x) = ln(x). On obtient

après une intégration par parties que K(x) = x ln(x) − x. On déduit

que

yP (x) = x3 (ln(x) − 1) .

2. Pour l’équation 2.2, une solution particulière est de la forme yP =


2
K(x)e−x . Puisque a(x) = 1, F (x) = −x2 et f (x) = 2x2 + 1, la

fonction K est donnée par


Z Z Z
x2 2 x2 2
2
K(x) = (2x + 1)e dx = 2x e dx + ex dx.

Une intégration par parties du première intégrale implique


Z Z
2 x2 x2 2
2x e dx = xe − ex dx.

D’où
Z Z
2 x2 2 2
K(x) = 2x e dx + ex dx = xex .

Par conséquent, une solution particulière est yP = x.

2.3 Solution générale et Solution de l’équation (E)

On a vu que l’ensemble des solutions de l’équation (E) sont de type

yG = yH + yP . Si de plus on se donne une condition initiale y0 = y(x0 ), la

solution de l’équation (E) est unique.

Exemples 2.3. 1. Soit l’équation différentielle xy 0 − 2y = x3 ln(x) avec la

condition initiale y(1) = 0. On a vu que yH = Kx2 et yP = x3 (ln(x) −

Analyse II (SMP) 54 Prof M. El Otmani


1). Donc la solution générale est de la forme yG = yH + yP = Kx2 +

x3 (ln(x) − 1). La condition initiale implique que K = 1. Donc l’unique

solution de l’équation est

y = x2 + x3 (ln(x) − 1) .

2. On considère l’équation différentielle y 0 +2xy = 2x2 +1 avec y(0) = −1.


2
On a déjà trouvé que yH = Ke−x et yP = x, donc yG = yH + yP =
2
Ke−x + x. Tenant compte de la condition y(0) = −1, on trouve

K = −1 et la solution de l’équation sera

2
y = −e−x + x.

3 Équations différentielles linéaires du second ordre


à coefficients constants

Definition 3.1. Une équation différentielle du second ordre à coefficients

constants est une équation différentielle de la forme

ay 00 + by 0 + cy = f (x) (E)

où a, b et c sont des constantes réelles (a 6= 0) et f une fonction continue sur

I à valeurs dans R. L’équation homogène associée est

ay 00 + by 0 + cy = 0 (E0 )

Exemples 3.1. On considère les équations différentielles de second ordre à

Analyse II (SMP) 55 Prof M. El Otmani


coefficients constants suivantes

y 00 + 2y 0 − 3y = (−3x2 + 7x + 6) + 4e−3x + e−x sin(2x) (3.1)

y 00 − 4y 0 + 4y = (3x + 1)e2x (3.2)


1 π π
y” + y = cos(x) + sur ] − ; [. (3.3)
cos(x) 2 2
Théorème 3.1. 1. L’ensemble des solutions de (E) n’est pas vide.

2. yG la solution générale de (E) est la somme de yH solution de l’équa-

tion sans second membre (E0 ) et yP une solution particulière de (E).

3. Pour des conditions initiales y(x0 ) = y0 et y 0 (x0 ) = z0 , il existe une

unique solution de l’équation (E).

3.1 Résolution de l’équation homogène

On cherche une solution de (E0 ) de la forme y = erx . On a donc y 0 = rerx

et y 00 = r2 erx . Donc on a

erx ar2 + br + c = 0.


Definition 3.2. On appelle équation caractéristique associée à (E0 ) l’équation

ar2 + br + c = 0.

Suivant le signe de ∆ = b2 − 4ac, on a les résultats suivants :

Proposition 3.2. 1. Si ∆ > 0, l’équation caractéristique admet deux so-

lutions réelle distincts r1 6= r2 . Les solutions de (E0 ) sont les fonctions

de la forme

yH (x) = Aer1 x + Ber2 x .

Analyse II (SMP) 56 Prof M. El Otmani


2. Si ∆ = 0, l’équation caractéristique admet une racine réelle double r.

Les solutions de (E0 ) sont les fonctions de la forme

yH (x) = (A + Bx)erx .

3. Si ∆ < 0, l’équation caractéristique admet deux racines complexes

conjuguées r1 = α + iβ et r2 = α − iβ. Les solutions de (E0 ) sont les

fonctions de la forme

yH (x) = eαx (A cos(βx) + B sin(βx)) .

Dans les trois cas A et B sont des réels quelconques.

Exemple 3.1. 1. Pour l’équation différentielle 3.1, l’équation homogène

associée est y 00 + 2y 0 − 3y = 0 et l’équation caractéristique est r2 +

2r − 3 = 0. Elle possède deux racines réelles distinctes r1 = 1 et

r2 = −3. Donc les solutions de (E0 ) sont donc de la forme

yH (x) = Aex + Be−3x .

2. L’équation homogène associée à 3.2 est y 00 − 4y 0 + 4y = 0. L’équation

caractéristique est 0 = r2 − 4r + 4 = (r − 2)2 . Il résulte que r = 2 est

racine double ce qui implique que les solutions de (E0 ) sont donc de

la forme

yH (x) = (A + Bx) e2x .

3. L’équation 3.3 admet comme équation caractéristique y 00 + y = 0 dont

l’équation caractéristique est r2 + 1 = 0. Cette équation possède deux

Analyse II (SMP) 57 Prof M. El Otmani


racines complexes conjuguées r1 = i et r2 = −i. Les solutions de (E0 )

sont donc de la forme

yH (x) = A cos(x) + B sin(x).

3.2 Recherche d’une solution particulière

Soit λ et ω deux réels et P un polynôme à coefficients réels. On distingue

deux cas particuliers de la forme du second membre f (x).

Premier cas : f (x) = eλx P (x)

On cherche une solution particulière de la forme yP (x) = xm eλx Q(x) où

Q est un polynôme de degré que P et m est un entier tel que



 0 si λ n’est pas racine de l’équation caractéristique
m= 1 si λ est une racine simple de l’équation caractéristique
2 si λ est une racine double de l’équation caractéristique

Exemples 3.2. 1. On considère l’équation différentielle

y 00 + 2y 0 − 3y = −3x2 + 7x + 6 (3.4)

On cherche une solution particulière de la forme yP = ax2 + bx + c.

Donc yP0 = 2ax + b et yP00 = 2a. On injecte ces trois quantités dans

l’équation 3.4, et par identification on trouve que a = 1, b = −1 et

c = −2. On conclut que yP = x2 − x − 2 est solution particulière de

3.4.

2. Soit l’équation différentielle

y 00 + 2y 0 − 3y = 4e−3x (3.5)

Analyse II (SMP) 58 Prof M. El Otmani


−3 est solution de l’équation caractéristique associée, donc la solution

particulière est de la forme yP = axe−3x . Donc yP0 = a(1 − 3x)e−3x et

yP00 = a(−6 + 9x)e−3x . On remplace dans l’équation 3.5 on trouve que

−4a = a et par suite a = −1. D’où la solution particulière est de type

yP = −xe−3x . (3.6)

3. On cherche une solution particulière de l’équation différentielle

y 00 − 4y 0 + 4y = (3x + 1)e2x (3.7)

de la forme yP = (ax+b)x2 e2x . On calcule ses dérivées et on trouve que

yP0 = (2ax3 + (3a + 2b)x2 + 2bx) e2x et yP00 = (4ax3 + (6a + 4b)x2 + 4bx) e2x .

On injecte ces quantités dans l’équation 3.7, par identification, on

trouve que a = 1/2 et b = 1/2. D’où une solution particulière de 3.7

est
1
yP = (x + 1)x2 e2x
2

Deuxième cas : f (x) = eλx P (x) cos(ωx) ou f (x) = eλx P (x) sin(ωx)

On cherche une solution particulière de la forme

yP (x) = eλx xm (Q(x) cos(ωx) + R(x) sin(ωx))

où Q et R sont deux polynômes de même degré que P et m est un entier tel

que

0 si λ + iω n’est pas racine de l’équation caractéristique
m=
1 si λ + iω est une racine de l’équation caractéristique

Analyse II (SMP) 59 Prof M. El Otmani


Exemples 3.3. 1. Soit l’équation différentielle

y 00 + 2y 0 − 3y = e−x sin(2x) (3.8)

On cherche une solution particulière de type yP = {a sin(2x) + b cos(2x)} e−x .

Le calcul ses dérivées donne

yP0 = {(−a − 2b) sin(2x) + (2a − b) cos(2x)} e−x

et

yP00 = {(−3a + 4b) sin(2x) + (−4a − 3b) cos(2x)} e−x .

On remplace ces dérivées dans l’équation 3.8, on trouve par identifi-

cation que a = − 81 et b = 0. D’où la forme de la solution particulière

est
1
yP = − e−x sin(2x).
8

2. On cherche une solution particulière de l’équation

y 00 + y = cos(x) (3.9)

de la forme yP = x (a sin(x) + b cos(x)) puisque r = i est solution de

l’équation caractéristique. On a

yP0 = (a − bx) sin(x) + (a + bx) cos(x)

et

yP00 = (−2b − ax) sin(x) + (2a − bx) cos(x)

Analyse II (SMP) 60 Prof M. El Otmani


On injecte ces dérivées dans l’équation 3.9, après identification on

trouve une solution particulière

1
yP = x cos(x) (3.10)
2

Remarque 3.1. On peut se ramener au premier cas en constatant que eλx P (x) cos(ωx)

est la partie réelle de e(λ+iω)x P (x) et eλx P (x) sin(ωx) sa partie imaginaire. On

cherche zp une solution particulière de l’équation az 00 +bz 0 +cz = e(λ+iω)x P (x).

— Pour f (x) = eλx P (x) cos(ωx) on prend yP (x) = Re(z)

— Pour f (x) = eλx P (x) sin(ωx) on prend yP (x) = Im(z)

Exemple 3.2. Pour obtenir une solution particulière de l’équation 3.9, on

cherche une solution particulière de z 00 + z = eiz et on prend sa partie réelle.

En effet, soit zP = azeiz . Donc zP0 = a(1 + iz)eiz et zP00 = a(2i − z)eiz . Si
1
on remplace dans l’équation et par identification on trouve que a = 2i
. On

conclut que
1 iz 1
zP = ze = z (sin(z) − i cos(z))
2i 2
1
La partie réelle de zP est 2
z sin(z). On retrouve donc la même forme de

solution particulière que 3.10.

Recherche d’une solution particulière par la méthode de variation des


constantes

Soit y1 et y2 deux solutions indépendantes de l’équation homogène. On

cherche une solution particulière de (E) sous la forme yP (x) = u(x)y1 (x) +

v(x)y2 (x) sous la condition u0 y1 + v 0 y2 = 0. Si on l’injecte dans l’équation

Analyse II (SMP) 61 Prof M. El Otmani


(E), les fonctions u et v sont solutions du système
( 0
u y1 + v 0 y2 = 0
1
u0 y10 + v 0 y20 = f (x)
a
Ce système se résoud aisément, ce qui donne u0 et v 0 . On trouve ensuite u et

v par intégration.

Exemples 3.4. 1. On cherche une solution particulière de l’équation 3.5

par la méthode de variation des constantes. On rappelle que les so-

lutions de l’équation homogène sont de type yH = Aex + Be−3x . On

pose donc yP = u(x)e−x + v(x)e−3x où les fonctions u et v vérifient

u0 (x)ex + v 0 (x)e−3x = 0


u0 (x)ex − 3v 0 (x)e−3x = 4e−3x

Après résolution de ce système, on trouve que u0 (x) = −e−4x et v 0 (x) =

−1. D’où u(x) = 41 e−4x et v(x) = −x. On conclut que


 
1
yP = − x e−3x . (3.11)
4

2. On considère l’équation différentielle

1 π π
y 00 + y = sur ] − ; [. (3.12)
cos(x) 2 2

On cherche une solution particulière sous la forme yP = u(x) sin(x) +

v(x) cos(x). Les fonctions u et v vérifient



 u0 (x) sin(x) + v 0 (x) cos(x) = 0
1
 u0 (x) cos(x) − v 0 (x) sin(x) =
cos(x)

Analyse II (SMP) 62 Prof M. El Otmani


sin(x)
Les solutions du systèmes sont u0 (x) = 1 et v 0 (x) = − . Donc
cos(x)
u(x) = x et v(x) = ln(cos(x)). On conclut que

yP = x sin(x) + ln(cos(x)) cos(x).

Principe de superposition

Lorsque le second membre est somme de plusieurs fonctions, on utilise le

principe de superposition pour trouver la solution particulière :

Proposition 3.3. Si f (x) = f1 (x)+f2 (x)+. . .+fk (x), une solution particulière

de (E) est donnée par yP = y1 +y2 +. . .+yk où yi est une solution particulière

de ay 00 + by 0 + cy = fi (x) pour i = 1, . . . , k.

Exemple 3.3. 1. Pour l’équation 3.1, la solution particulière est la somme

des solutions particulières des équations 3.4, 3.5 et 3.8. Donc

1
yP = x2 − x − 2 − xe−3x − e−x sin(2x).
8

2. Une solution particulière de l’équation 3.3 est la superposition des

solutions de 3.9 et 3.12. Donc


 x
yP = x sin(x) + ln(cos(x) + cos(x).
2

Analyse II (SMP) 63 Prof M. El Otmani

Vous aimerez peut-être aussi