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Robinson Crusoé, en Mots Et en Images: Place Dans Les Programmes

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SÉQUENCE PÉDAGOGIQUE 1 FRANÇAIS-PRATIQUES ARTISTIQUES ET HISTOIRE DES ARTS CYCLES 2 ET 3

Robinson Crusoé,
en mots et en images
> PAR CHRISTINE BOUTEVIN, PROFESSEURE DE FRANÇAIS À L’IUFM D’AQUITAINE-BORDEAUX-IV

pages du texte et de l’image ainsi que deux modes de narra-


Place dans les programmes tion différents. Une telle approche rend cette œuvre complexe
accessible aux élèves de cycles 2 et 3.
CYCLE 2
FRANÇAIS Trois versions d’une œuvre universelle ● Les multiples
Langage oral. Lecture. Écriture. Vocabulaire ● Écouter la versions confirment la qualité de cette œuvre trop difficile
lecture d’œuvres intégrales de la littérature de jeunesse adaptées pour que les jeunes lecteurs puissent la lire dans son intégra-
à son âge. Parler sur des images. Dégager le thème d’un para- lité. Les adaptations facilitent l’accès aux grands textes que
graphe ou d’un texte court. l’école s’est donné pour mission de transmettre. Le roman
PRATIQUES ARTISTIQUES ET HISTOIRE DES ARTS d’aventures est plébiscité par le jeune lectorat et par les ensei-
Arts visuels ● Exprimer ce qui est perçu. Distinguer certaines gnants. Ce genre fictionnel, en effet, joue un rôle de forma-
grandes catégories de la création artistique. tion, procure le plaisir d’une lecture fusionnelle grâce à
30 l’identification au héros, crée un suspense et suscite des
CYCLE 3 émotions en raison des dangers courus par le personnage
L’IMAGINAIRE DE L’ÎLE • TDC ÉCOLE N° 45

FRANÇAIS principal et invite à la poursuite de la lecture. De plus, Robinson


Lecture. Écriture. Littérature. Étude de la langue ● Lire Crusoé aborde des questions essentielles : la survie dans la
seul des œuvres intégrales de la littérature de jeunesse adap- solitude insulaire, la lutte contre les pulsions de mort et le rôle
tées à son âge. Dégager un thème. Utiliser ses connaissances salvateur de la religion, les relations humaines ou amicales,
pour réfléchir sur un texte. Rédiger un récit en utilisant ses etc. Autant d’interrogations susceptibles d’intéresser les élèves.
connaissances en vocabulaire, en grammaire et en ortho- Les ouvrages retenus manifestent différentes qualités
graphe. d’adaptation. L’album illustré de Véronique Rossignol et
PRATIQUES ARTISTIQUES ET HISTOIRE DES ARTS Christian Heinrich (DOC A ) est une réécriture complète avec
Arts visuels ● Décrire une œuvre visuelle, en détailler certains des illustrations jouant sur des effets de cadre et de cadrage
éléments constitutifs en utilisant un vocabulaire spécifique. saisissants. C’est par l’analyse de ses images que débutera la
Exprimer ses émotions. séquence : elle permettra la formulation d’hypothèses de
lecture qui inviteront à poursuivre le travail. La bande dessinée
de Christophe Gaultier (DOC B ) propose une version sous une
nouvelle forme susceptible d’être lue également par les élèves
du cycle 2; enfin, celle de Thomas Leclère et Frédérique Dupuis
Objectifs et démarche (DOC C ) procède à la fois par simplification et modernisation
du texte source et s’adresse spécifiquement au cycle 3.
Un roman à succès adapté pour la jeunesse ● En 1719, Tous trois constituent une unité d’apprentissage qui
en Angleterre, Daniel Defoe publie Robinson Crusoé qui connaît permettra de mettre en évidence les invariants (héros, lieu,
un succès considérable dès sa parution: il est aussitôt traduit et rencontre), de comparer les choix d’illustrations, de mise en
adapté sous une forme abrégée pour un public populaire et pages, de développement d’un épisode, etc., afin d’amener les
jeune. Ce roman d’aventures inspiré d’une anecdote réelle élèves à s’interroger sur la pertinence et le sens des détails
– celle d’un marin écossais déposé sur une île à la suite d’un et sur les effets recherchés par l’adaptation.
conflit avec son capitaine – constitue la base de la narration de
Defoe. Robinson Crusoé, victime, pour sa part, d’un naufrage
dont il est le seul rescapé, échoue sur une île déserte où il reste SAVOIR
vingt-huit ans. Dans cette situation d’extrêmes solitude et de ● ENGELIBERT Jean-Paul. La Postérité de Robinson Crusoé, un
dénuement, il apprend à lutter contre la faim, la folie et la peur. mythe littéraire de la modernité. Genève (Suisse) : Droz, 1997.
Le roman original est très long, sa lecture intégrale n’est pas ● GIRAUDEAU Lucien. « Daniel Defoe : Robinson Crusoé »,

possible à l’école primaire, mais il n’a cessé d’être réécrit, et les in La Nouvelle Revue pédagogique, 2001.
● SORIANO Marc. « Defoe », in Guide de la littérature pour la
éditions de jeunesse proposent de nombreuses adaptations jeunesse. Paris : Delagrave, 2002.
sous des formes variées : album, bande dessinée, récit illustré. ● « Adapter des œuvres littéraires pour les enfants », Les Cahiers de
Pour cette séquence pédagogique, nous avons sélectionné trois Lire-écrire à l’école, no 2, janvier 2008.
ouvrages, de diverses longueurs, présentant deux mises en ● « Robinson Crusoé », Virgule, no 32, juillet 2006.
>> DOCUMENTS
A Des pas sur le sable
● Véronique Rossignol, Robinson Crusoé, ill. Christian Heinrich, © Albin Michel, 2003.

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TDC ÉCOLE N° 45 • L’IMAGINAIRE DE L’ÎLE


SÉQUENCE PÉDAGOGIQUE 1

B L’exploration de l’île
● Christophe Gaultier, Robinson Crusoé, Tome 2, © Delcourt, 2007.

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L’IMAGINAIRE DE L’ÎLE • TDC ÉCOLE N° 45
C Fin de la vie solitaire
● Daniel Defoe, Robinson Crusoé, adapté par Thomas Leclère, ill. Frédérique Dupuis, © Tourbillon, 2008.

Un matin, enfin, je ne vis pas moins de cinq pirogues


toutes ensemble sur le rivage sur mon côté de l’île. Les
Sauvages étaient une trentaine et je réalisai que je ne pou-
vais les attaquer seul. Aussi demeurai-je dans mon châ-
teau, embarrassé et abattu.
Ayant attendu longtemps, prêtant l’oreille pour écouter
s’il se faisait quelque bruit, je m’impatientai. Laissant mes
deux fusils au pied de mon échelle, je montai jusqu’au som-
met de mon rocher et je les vis tous danser autour du feu
suivant leurs coutumes, avec je ne sais combien de figures
et de gesticulations barbares.
Soudain j’aperçus dans ma longue-vue deux misérables
qu’on tirait des pirogues pour être massacrés. L’un d’eux
tomba assommé ; ses meurtriers le dépecèrent, pendant
que l’autre victime demeurait là en attendant. Soudain, le
pauvre malheureux s’élança à toute vitesse sur le sable,
droit vers moi.
Terrifié, je crus qu’il allait se réfugier dans mon bocage et
que les autres Sauvages l’y pourchasseraient. Je demeurai
toutefois à mon poste et bientôt je reconnus qu’ils n’étaient
que deux hommes à sa poursuite.
La crique se trouvait entre eux et mon château; le Sauvage
échappé plongea, gagna l’autre rive en une trentaine de
brasses, puis reprit sa course avec une force sans pareille. Ses deux ennemis mirent deux fois plus de temps que lui à traverser. 33
Je sentis que l’heure était venue de m’octroyer un serviteur, peut-être un camarade ou un ami, et que j’étais manifeste-

TDC ÉCOLE N° 45 • L’IMAGINAIRE DE L’ÎLE


ment appelé par la Providence pour sauver la vie de cette pauvre créature.
Je descendis en toute hâte, pris deux fusils et courus vers la mer. Je me précipitai entre les poursuivants et le poursuivi,
et j’appelai le fuyard. Alors j’avançai lentement vers les deux autres. Je me précipitai sur le premier et l’assommai avec la
crosse de mon fusil. Le second s’arrêta ; je le vis armé d’un arc et prêt à décocher sa flèche. Placé ainsi dans la nécessité de
tirer le premier, je fis feu et le tuai.
Le pauvre Sauvage échappé avait fait halte ; mais, bien qu’il ait vu ses deux ennemis mordre la poussière, il était si épou-
vanté qu’il demeura pétrifié, n’osant aller ni en avant ni en arrière. Je l’appelai de nouveau et lui fis signe de venir, ce qu’il
comprit facilement. Il fit alors quelques pas et s’arrêta, puis s’avança un peu plus et s’arrêta encore ; et je m’aperçus qu’il
tremblait comme s’il eut été fait prisonnier.
Je lui fis signe de venir à moi et je lui souris, l’invitant toujours à s’avancer. Enfin il s’approcha ; puis, s’agenouillant, il baisa
la terre, prit mon pied et le mit sur sa tête : ce fut, il me semble, un serment juré d’être à jamais mon esclave.
Je le relevai, lui fis des caresses et le rassurai autant que je pus. Mais la besogne n’était pas achevée, car celui que
j’avais assommé commençait à se remettre. Mon Sauvage me demanda que je lui prêtasse mon sabre, courut à son ennemi
et lui trancha la tête. Après cet exploit, il revint à moi, riant en signe de triomphe, et, avec une foule de gestes que je ne com-
pris pas, il déposa à mes pieds mon sabre et la tête du Sauvage.
Ensuite, il me fit signe qu’il voulait enterrer les deux cadavres, pour que les autres, s’ils accouraient, ne pussent les voir.
Il se mit à l’ouvrage et ne mit pas plus d’un quart d’heure à les enterrer tous les deux. Je l’appelai alors et l’emmenai dans
la caverne que j’avais au milieu de l’île.
Là, je lui offris du pain, du raisin et de l’eau, dont il avait grand besoin. Lorsqu’il se fut restauré, je lui fis signe d’aller se
coucher et de dormir, en lui montrant un tas de paille de riz avec une couverture dessus, qui me servait quelquefois de lit.
La pauvre créature se coucha donc et s’endormit.
C’était un grand et beau garçon d’environ vingt-six ans, svelte et bien bâti. Sa chevelure était longue et noire, son front
haut et large, ses yeux vifs et pleins de feu. Son teint n’était pas noir, mais très basané. Il avait le visage rond et potelé, le nez
petit, la bouche belle, les lèvres minces, les dents fines et blanches comme l’ivoire.
Après avoir sommeillé une demi-heure, il s’éveilla et sortit de la caverne pour me rejoindre ; car j’étais allé traire les
chèvres, parquées dans l’enclos près de là. Quand il m’aperçut, il vint à moi en courant ; il se prosterna, prit l’un de mes pieds
et le posa sur sa tête, comme il l’avait déjà fait ; puis il m’adressa tous les signes imaginables de servitude et de soumission.
SÉQUENCE PÉDAGOGIQUE 1

>> ANALYSES ET PISTES D’EXPLOITATION


quinze ans », « mais, un matin, alors que », « puis », « mais
hélas, quelques mois plus tard » manifestent le boulever-
A Textes et dessins en écho sement et les hésitations du raisonnement. Ses sentiments
se manifestent dans l’usage de l’exclamation (« un homme
L’album Robinson Crusoé écrit par Véronique Rossignol avait marché sur mon île ! »), de l’interjection (« hélas ») ou
et illustré par Christian Heinrich, paru chez Albin Michel du vocabulaire de la peur (« ce qui me terrifia », « effrayé »).
en 2003, appartient à la collection « Les grandes aventures En effet, la découverte de l’empreinte du pas annonce
racontées aux enfants» dirigée par Michel Piquemal. Celle- l’arrivée sur l’île des cannibales dont l’un d’entre eux
ci s’adresse aux jeunes lecteurs de cycle 2 et a pour ambi- deviendra le compagnon d’infortune de Robinson.
tion de leur rendre accessibles quelques grands textes du La dernière partie de l’album est consacrée à la déli-
patrimoine littéraire comme Don Quichotte, Moby Dick, vrance du héros grâce à la venue d’un navire anglais.
Gulliver, etc. Elle fait le choix d’une réécriture complète, ● Proposer les Activités 1 , 2 et 4 , pp. 36-37.
ne conservant que les éléments essentiels de la trame
narrative.
L’histoire écrite se déroule sur une vingtaine de pages.
Le texte est relativement court et simple sur le plan tant
lexical que syntaxique. En revanche, la maquette des
illustrations est très élaborée. La narration en images fait B Une bande dessinée
alterner des dessins à l’aquarelle pleine page (à droite
ou à gauche) – avec des découpages en deux ou trois Christophe Gaultier a adapté le roman sous la forme
vignettes horizontales ou verticales – et des illustrations d’une bande dessinée en trois tomes. Le premier est
isolées de plus petite taille sur des pages de texte. consacré à l’époque précédant celle du naufrage : Robinson
y apparaît en aristocrate méprisant et en piètre aventurier.
34 La peur en images ● La première page de dessins Dans le deuxième tome, échoué sur une île déserte où il
choisie dans l’album présente trois bandes horizontales. affronte la peur, la maladie, la faim, le personnage se trouve
L’IMAGINAIRE DE L’ÎLE • TDC ÉCOLE N° 45

La première constitue un gros plan sur le visage du person- réhabilité aux yeux du lecteur. L’espace insulaire devient le
nage, qui présente un certain nombre de caractéristiques lieu de sa rédemption. Le tome 3 est celui de la rencontre
physiques du naufragé: barbe et moustache drues et touf- avec les « Sauvages », en particulier Vendredi, que Robinson
fues, chapeau en peau de bête et parasol géant, autant entreprend d’éduquer avant son retour en Angleterre.
de détails de l’autoportrait dressé quelques pages aupa-
ravant dans l’ouvrage. Une attention toute particulière est Un anti-héros ● Cette planche est composée de onze
accordée au regard : la couleur bleue contraste avec le vignettes. Les cinq premières racontent la découverte de
jaune et l’orangé, et la position en coin traduit la surprise. l’île et la prise de conscience par Robinson de sa situa-
La troisième vignette met en valeur ce regard grâce à la tion ; les six dernières, l’expédition initiale du personnage
technique de l’insert (très gros plan sur un détail). Les yeux sur son navire échoué pour récupérer les biens utiles à la
écarquillés expriment la peur. Entre les deux, l’empreinte survie. La végétation abondante, verdoyante et drue,
d’un pas explique le saisissement et l’effroi de Robinson. jusqu’à la cinquième vignette en plan panoramique, est
À ces trois bandes succèdent, sur la page suivante, dessinée en plongée, ce qui correspond à la vision du
deux autres vignettes verticales où le héros se trouve personnage. En effet, l’île est perçue par le regard du
d’abord replié sur lui-même dans un état de dénuement héros comme un lieu immense où règne la violence
extrême en train de s’alimenter d’un breuvage, puis terrifié animale et qui annonce la solitude, le danger et l’exil.
par une découverte macabre : celle de restes humains Cette vision s’inscrit dans une tradition littéraire : c’est un
calcinés, traces d’anthropophagie. motif récurrent des épopées antiques que celui où le
Ces quelques exemples montrent le déroulement héros, tel Ulysse, échoue sur des terres insulaires hostiles.
séquentiel de l’intrigue en images. Daniel Defoe ne choisit pas un personnage extraordi-
naire, mais un être humain tout simplement, avec ses
Un moment décisif ● Véronique Rossignol a pris le qualités et ses défauts, idée que Christophe Gaultier
parti dans son texte de conserver la macrostructure de reprend et renforce par le dessin. En effet, le portrait de
l’histoire et la narration à la première personne, éliminant Robinson qui se dessine de vignette en vignette est celui
la première partie (qui explique que Robinson a le démon d’un homme malingre, les yeux écarquillés par la peur,
de l’aventure), la dimension morale et religieuse du vêtu de haillons et le torse nu, dans un extrême dénue-
naufrage et du séjour sur l’île ainsi que l’évocation des ment. Le trait noir, de plus en plus sombre jusqu’à la
relations de servitude que le héros entretient avec son huitième vignette, renforce l’impression d’abattement et
compagnon. Sont mises en évidence l’ingéniosité du annonce la noirceur de l’avenir : le héros finit par n’être
personnage débarqué sur une terre inconnue qui trouve plus qu’une ombre.
les moyens d’y subsister pendant vingt-huit ans et l’al-
ternance de la peur ou de l’angoisse et de la joie. Récit et monologue ● L’auteur fait alterner le récit au
L’épisode retenu constitue un événement décisif dans passé à la première personne, où Robinson décrit la topo-
la vie du héros. Les indices temporels et logiques « durant graphie du lieu, évoque le souvenir de ses premiers pas
sur l’île, et le discours monologué dans lequel il exprime décide d’intervenir. Une série de verbes d’action au passé
essentiellement ses sentiments (exclamations, interro- simple (« je descendis », « je me précipitai », « j’avançai »)
gations, onomatopées, monosyllabes). accélère le récit, et la scène de combat, d’une extrême
Ce double système d’énonciation est caractéristique rapidité, relève du roman d’aventure. Les champs lexicaux
du genre : la bande dessinée permet d’avoir simultané- des armes (« crosse de mon fusil », « arc », « flèche ») et du
ment une narration et des paroles qui ne correspondent combat s’entrecroisent (« armé », « fis feu », « tué »). En
pas à la même temporalité. ● Proposer les Activités 1 , 3 quelques lignes, Robinson est débarrassé des cannibales
et 4 , pp. 36-37. et nanti d’un serviteur.

Vendredi le « bon sauvage » ● La relation entre les


deux personnages est d’emblée placée sous le signe du
rapport dominant-dominé. Vendredi – que Robinson
nommera ainsi par la suite en référence au jour de la
C Une adaptation fidèle semaine où il l’a sauvé – est « un pauvre Sauvage », «épou-
vanté », « pétrifié ». La soumission de ce nouveau compa-
Le récit adapté par Thomas Leclère et illustré par gnon est explicite dans l’attitude qu’il adopte à plusieurs
Frédérique Dupuis est relativement proche de la version reprises: « Enfin il s’approcha ; puis s’agenouillant, il baisa
originale, même si certains épisodes ont été supprimés, la la terre, prit mon pied et le mit sur sa tête : ce fut, il me
syntaxe simplifiée et le lexique modernisé. Quelques illus- semble, un serment juré d’être à jamais mon esclave. »
trations apparaissent, comme ornement des deux cents Le jeune homme étant consentant, l’instauration de la
pages de l’ouvrage. situation d’esclavage entre Robinson et lui va de soi. Ainsi
arraché à son monde civilisé, le héros, après avoir recons-
La découverte de l’autre ● L’extrait se situe dans la truit sur son île un univers matériel à son image, repro-
dernière partie de l’œuvre et constitue un épisode fonda- duit à travers cette relation les valeurs de son pays
mental : il s’agit de la rencontre avec Vendredi. d’origine et de son époque : Robinson, le civilisé, doit
Le héros s’est organisé une vie paisible dans son île guérir le sauvage de son cannibalisme, le convertir et
déserte. L’isolement lui a permis de retrouver la foi, sans l’éduquer aux bonnes mœurs. La suite du récit développe
pour autant que la folie, le doute et la peur ne cessent de les étapes de cette éducation.
le menacer, surtout lors de la découverte de l’empreinte Le portrait, introduit par le présentatif « c’était » est 35
de pas, des ossements de cadavres dévorés par les canni- révélateur du point de vue de Robinson sur son hôte.

TDC ÉCOLE N° 45 • L’IMAGINAIRE DE L’ÎLE


bales ainsi que, quelques temps plus tard, des « Sauvages », Sensible à son physique – une série d’adjectifs et de
débarqués en pirogue et qui s’apprêtent à dévorer leurs modalisateurs laudatifs permettent de se représenter sa
deux prisonniers. beauté (« bien bâti », « ses yeux vifs et pleins de feu »,
D’abord observateur de la scène qui se déroule sur « bouche belle », « lèvres minces », « dents fines »), le narra-
cette île qu’il connaît bien, qui lui offre un refuge appré- teur évite la description de la couleur noire au profit de
ciable et qu’il s’est pour ainsi dire appropriée (noter la la blancheur des dents, avec la comparaison élogieuse
répétition du possessif « mon » dans divers groupes nomi- « comme de l’ivoire ». Même si Vendredi est un sauvage,
naux : « mon côté de l’île », « mon rocher », « mon bocage », il porte en lui la possibilité d’une éducation d’homme
« mon château »), et motivé par le désir de s’« octroyer un civilisé... ● Proposer les Activités 1 , 3 et 5 , pp. 36-37.
serviteur, peut-être un camarade ou un ami », Robinson

>> CORRIGÉ DES ACTIVITÉS PP. 36-37


1 Il s’agit de faire découvrir que plusieurs ouvrages ayant le même titre ne sont pas obligatoirement écrits par le même auteur, qu’une même
histoire peut être racontée sous différentes formes, et d’introduire ainsi la notion d’adaptation.
2 c. Les phrases citées correspondent aux vignettes 2, 5 et 4.
3 On différenciera description et récit. L’ajout d’une vignette peut enrichir un détail ; un gros plan peut exprimer une autre émotion, etc.
Éléments descriptifs : « montagne », « ce lieu », « oiseaux », « faucon », « sommet de la montagne », « au milieu de l’océan », « ici », « cette île »,
« intempérie », « bêtes cruelle ». D’autres informations sont données par les images : végétation verdoyante et luxuriante, plage, grande étendue
maritime, ciel bleu. C’est un lieu isolé, désert, mais non désertique. Numéros des vignettes : 9, 2, 3, 6 et 5.
4 Cet exercice de rédaction de texte narratif vise à anticiper la suite de l’histoire.
5 b. L’utilisation du passé simple à la première et troisième personnes dans le récit permet d’exprimer des actions de premier plan qui se
succèdent rapidement. Le geste de Vendredi est un geste de soumission et pas seulement de remerciement. Il est le signe que le sauvage
accepte son état à venir de serviteur. c. Ce sont des verbes d’état à l’imparfait, propres à la description. Le portrait établi par Robinson montre
qu’il considère ce nouveau compagnon comme un ami potentiel, malgré la couleur de sa peau.
SÉQUENCE PÉDAGOGIQUE 1

>> ACTIVITÉS

1 Un récit d’aventures cycles 2 et 3 l docs A à C


Découvrir différentes versions d’une même œuvre.

Observe la présentation des DOCS A à C .


– Entoure les titres des ouvrages d’où ils sont extraits et souligne les noms des auteurs.
Que remarques-tu ?
– À quel genre d’ouvrage appartient chacun d’entre eux ?

2 L’effroi de Robinson cycles 2 et 3 l doc A


Découvrir un personnage. Comprendre le déroulement d’un récit en images.

a. Observe les illustrations.


– Quel personnage est représenté ?
– Qu’aperçoit-il d’abord sur la plage ?
– Quel détail de son visage est mis en valeur ? Quel sentiment exprime-t-il ?
– Qu’est ce qui montre la solitude et la pauvreté de Robinson ?
36 – Que découvre-t-il plus tard ?
– Qu’est ce qui différencie la disposition des images dans ces deux épisodes ?
L’IMAGINAIRE DE L’ÎLE • TDC ÉCOLE N° 45

b. Lis les deux textes.


– Depuis combien de temps Robinson vit-il sur cette île ?
– Où se réfugie-t-il pendant plusieurs jours ?
– Entoure les mots qui évoquent la peur.

c. Associe chaque phrase ci-dessous à l’une des illustrations.


• « Sur le sable nu et vierge de la plage, je trouvai une empreinte de pied : un homme avait marché sur mon île ! »
• « Mais, hélas, quelques mois plus tard, je trouvai d’autres empreintes, ainsi que des débris d’un horrible repas. »
• « Effrayé, je me cachai durant plusieurs jours dans ma maison. »

3 Seul sur mon île cycles 2 et 3 l doc B


Lire une planche de bande dessinée. Comprendre les relations entre les mots et les images.

a.Observe cette planche de bande dessinée.


– Combien y a-t-il d’images (ou de vignettes) ? À quoi servent ces images ?
– Découpe-les toutes et aligne-les afin de raconter l’essentiel de l’histoire en supprimant celles
qui te paraissent inutiles. Lesquelles sont indispensables ? Pourquoi ?
– Où ajouterais-tu une vignette ? Dessine-la schématiquement.
– Compare le texte des cartouches inscrit dans la partie supérieure des vignettes et celui qui se
trouve à l’intérieur des bulles. En quoi sont-ils différents ?
– Relève les mots qui évoquent la vie sur l’île.

b. Recherche la signification du mot « affliction ». Dans la liste suivante, entoure en rouge


les synonymes de ce nom et en bleu ses antonymes (contraires) : tristesse, jubilation, abattement,
accablement, gaieté, détresse, enthousiasme, consternation, joie, allégresse.
© CNDP
c. Dans le tableau ci-dessous, associe au mot désignant un sentiment une vignette et explique
tes choix.

Le sentiment La vignette no Ton explication


La surprise
Le dégoût
L’épuisement
La détermination
Le désespoir

4 Imaginer des péripéties possibles cycle 3 l docs A ou B


Imaginer la suite d’un récit.

Rédige la suite du récit du DOC A ou du DOC B . Aide-toi de ces questions :


• Quelle rencontre hostile Robinson va-t-il faire et à quelle nouvelle aventure va-t-il être confronté?
• Quel dénouement vas-tu choisir ?
• Dessine quelques scènes détaillées qui t’aideront à rédiger ton récit.
• Donne des titres aux différents épisodes et utilise le vocabulaire étudié.
• Pour nommer ton personnage et éviter les répétitions, cherche des substituts de son nom : le héros, le naufragé…

37

TDC ÉCOLE N° 45 • L’IMAGINAIRE DE L’ÎLE


5 La rencontre avec les « Sauvages » cycle 3 l doc C
Aborder les liens entre narration et description. Utiliser un vocabulaire spécifique.

a. Lis le début du DOC C jusqu’à « traverser ».


– Souligne les mots qui désignent les personnages.
– Complète les phrases ci-dessous à l’aide d’un ou de plusieurs adjectifs : apeuré, courageux,
craintif, cruel, effrayé, embarrassé, épouvanté, héroïque, hésitant, inhumain, sanguinaire.
Attention aux accords grammaticaux.
• Robinson est……………….
• Les Sauvages sont………………
• Le Sauvage échappé est………………

b. Lis attentivement l’extrait du DOC C , de « Je descendis » à « s’endormit ».


– Que raconte-t-il ? Donne un titre à chaque paragraphe.
– Relève dans l’ordre du récit les dix premiers verbes au passé simple.
– Comment se déroule l’action ?
– Réécris le paragraphe de « Je descendis » à « le tuai » à la troisième personne du singulier.
– Souligne les passages où le « Sauvage » manifeste sa gratitude à Robinson.
– Que penses-tu de cette attitude ?
– Dirais-tu que Robinson est un héros ? Pourquoi ?

c. Recherche à la fin du DOC C la description de nouveau compagnon de Robinson.


– Quels mots donnent des informations élogieuses sur le personnage ?
– Souligne les verbes conjugués dans ce passage. Que remarques-tu ?
– Selon toi, que va-t-il se passer entre ces deux personnages dans la suite du récit ?
© CNDP

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