Robinson Crusoé, en Mots Et en Images: Place Dans Les Programmes
Robinson Crusoé, en Mots Et en Images: Place Dans Les Programmes
Robinson Crusoé, en Mots Et en Images: Place Dans Les Programmes
Robinson Crusoé,
en mots et en images
> PAR CHRISTINE BOUTEVIN, PROFESSEURE DE FRANÇAIS À L’IUFM D’AQUITAINE-BORDEAUX-IV
possible à l’école primaire, mais il n’a cessé d’être réécrit, et les in La Nouvelle Revue pédagogique, 2001.
● SORIANO Marc. « Defoe », in Guide de la littérature pour la
éditions de jeunesse proposent de nombreuses adaptations jeunesse. Paris : Delagrave, 2002.
sous des formes variées : album, bande dessinée, récit illustré. ● « Adapter des œuvres littéraires pour les enfants », Les Cahiers de
Pour cette séquence pédagogique, nous avons sélectionné trois Lire-écrire à l’école, no 2, janvier 2008.
ouvrages, de diverses longueurs, présentant deux mises en ● « Robinson Crusoé », Virgule, no 32, juillet 2006.
>> DOCUMENTS
A Des pas sur le sable
● Véronique Rossignol, Robinson Crusoé, ill. Christian Heinrich, © Albin Michel, 2003.
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B L’exploration de l’île
● Christophe Gaultier, Robinson Crusoé, Tome 2, © Delcourt, 2007.
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L’IMAGINAIRE DE L’ÎLE • TDC ÉCOLE N° 45
C Fin de la vie solitaire
● Daniel Defoe, Robinson Crusoé, adapté par Thomas Leclère, ill. Frédérique Dupuis, © Tourbillon, 2008.
La première constitue un gros plan sur le visage du person- réhabilité aux yeux du lecteur. L’espace insulaire devient le
nage, qui présente un certain nombre de caractéristiques lieu de sa rédemption. Le tome 3 est celui de la rencontre
physiques du naufragé: barbe et moustache drues et touf- avec les « Sauvages », en particulier Vendredi, que Robinson
fues, chapeau en peau de bête et parasol géant, autant entreprend d’éduquer avant son retour en Angleterre.
de détails de l’autoportrait dressé quelques pages aupa-
ravant dans l’ouvrage. Une attention toute particulière est Un anti-héros ● Cette planche est composée de onze
accordée au regard : la couleur bleue contraste avec le vignettes. Les cinq premières racontent la découverte de
jaune et l’orangé, et la position en coin traduit la surprise. l’île et la prise de conscience par Robinson de sa situa-
La troisième vignette met en valeur ce regard grâce à la tion ; les six dernières, l’expédition initiale du personnage
technique de l’insert (très gros plan sur un détail). Les yeux sur son navire échoué pour récupérer les biens utiles à la
écarquillés expriment la peur. Entre les deux, l’empreinte survie. La végétation abondante, verdoyante et drue,
d’un pas explique le saisissement et l’effroi de Robinson. jusqu’à la cinquième vignette en plan panoramique, est
À ces trois bandes succèdent, sur la page suivante, dessinée en plongée, ce qui correspond à la vision du
deux autres vignettes verticales où le héros se trouve personnage. En effet, l’île est perçue par le regard du
d’abord replié sur lui-même dans un état de dénuement héros comme un lieu immense où règne la violence
extrême en train de s’alimenter d’un breuvage, puis terrifié animale et qui annonce la solitude, le danger et l’exil.
par une découverte macabre : celle de restes humains Cette vision s’inscrit dans une tradition littéraire : c’est un
calcinés, traces d’anthropophagie. motif récurrent des épopées antiques que celui où le
Ces quelques exemples montrent le déroulement héros, tel Ulysse, échoue sur des terres insulaires hostiles.
séquentiel de l’intrigue en images. Daniel Defoe ne choisit pas un personnage extraordi-
naire, mais un être humain tout simplement, avec ses
Un moment décisif ● Véronique Rossignol a pris le qualités et ses défauts, idée que Christophe Gaultier
parti dans son texte de conserver la macrostructure de reprend et renforce par le dessin. En effet, le portrait de
l’histoire et la narration à la première personne, éliminant Robinson qui se dessine de vignette en vignette est celui
la première partie (qui explique que Robinson a le démon d’un homme malingre, les yeux écarquillés par la peur,
de l’aventure), la dimension morale et religieuse du vêtu de haillons et le torse nu, dans un extrême dénue-
naufrage et du séjour sur l’île ainsi que l’évocation des ment. Le trait noir, de plus en plus sombre jusqu’à la
relations de servitude que le héros entretient avec son huitième vignette, renforce l’impression d’abattement et
compagnon. Sont mises en évidence l’ingéniosité du annonce la noirceur de l’avenir : le héros finit par n’être
personnage débarqué sur une terre inconnue qui trouve plus qu’une ombre.
les moyens d’y subsister pendant vingt-huit ans et l’al-
ternance de la peur ou de l’angoisse et de la joie. Récit et monologue ● L’auteur fait alterner le récit au
L’épisode retenu constitue un événement décisif dans passé à la première personne, où Robinson décrit la topo-
la vie du héros. Les indices temporels et logiques « durant graphie du lieu, évoque le souvenir de ses premiers pas
sur l’île, et le discours monologué dans lequel il exprime décide d’intervenir. Une série de verbes d’action au passé
essentiellement ses sentiments (exclamations, interro- simple (« je descendis », « je me précipitai », « j’avançai »)
gations, onomatopées, monosyllabes). accélère le récit, et la scène de combat, d’une extrême
Ce double système d’énonciation est caractéristique rapidité, relève du roman d’aventure. Les champs lexicaux
du genre : la bande dessinée permet d’avoir simultané- des armes (« crosse de mon fusil », « arc », « flèche ») et du
ment une narration et des paroles qui ne correspondent combat s’entrecroisent (« armé », « fis feu », « tué »). En
pas à la même temporalité. ● Proposer les Activités 1 , 3 quelques lignes, Robinson est débarrassé des cannibales
et 4 , pp. 36-37. et nanti d’un serviteur.
>> ACTIVITÉS
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