ITSBMath 2016 C
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AVRIL 2016
Exercice I.
Soit f : R2 → R la fonction définie par
(x2 + y 2 ) sin √ 1 si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 +y 2
0 si (x, y) = (0, 0).
2- Démontrer que les dérivées partielles de f ne sont pas continues au point (0, 0).
Exercice II.
Pour tout nombre réel u ∈]0, 1[, on définit la fonction ϕu de la variable réelle t par :
-Pour tout t ∈ [−π, π[, ϕu (t) = cos ut,
-La fonction ϕu est périodique de période 2π.
1
Problème III.
On désigne par R l’ensemble des nombres réels et par N l’ensemble des entiers naturels. Pour
un entier p ≥ 1, on note par Mp l’ensemble des matrices carrées d’ordre p. Si A = (aij ) et
B = (bij ) sont deux éléments de Mp on note par A B le produit de A par B. Pour n ∈ N∗ ,
on note An le produit n-fois de la matrice A. On note Ip la matrice identité d’ordre p et on
convient que A0 = Ip .
Une matrice A de Mp est dite nilpotente d’indice trois si elle vérifie A2 6= 0 et A3 = 0.
Les parties 2 et 3 sont liées, mais la partie 1 est indépendante du reste du problème.
1- Dans toute cette partie, on note A une matrice de Mp , nilpotente d’indice trois.
Pour tout réel t, on note E(t) la matrice
t2 2
E(t) = Ip + tA + A .
2
a) Vérifier la relation
∀(s, t) ∈ R2 E(s)E(t) = E(s + t) .
n
b) En déduire que E(t) = E(nt) pour t ∈ R et n ∈ N.
c) Montrer que la matrice E(t) est inversible. Quel est son inverse ?
d) Montrer que la famille (Ip , A, A2 ) est libre dans l’espace vectoriel Mp .
e) En déduire que l’application E : t 7→ E(t), de R vers Mp , est injective.
0 1 1
f ) Dans cette question, p = 3 et A = 0 0 1. Expliciter la matrice E(t) sous la
0 0 0
forme d’un tableau matriciel pour t ∈ R.
2
2-
Dans cette partie, on note B0 = (e~1 , e~2 ) la base canonique de R . Soit la matrice A =
4 −6
appartenant à M2 . On note f l’endomorphisme de R2 qui lui est canoniquement
1 −1
associé.
2
b) Pour tout réel t, pour tout entier naturel n, on note En (t) la matrice définie par
Pn tk k an (t) bn (t)
En (t) = k=0 k! A . On écrira cette matrice sous la forme En (t) = .
cn (t) dn (t)
Expliciter (sous forme de sommes) ses coefficients an (t), bn (t), cn (t), dn (t).
a(t) b(t)
c) Pour tout t ∈ R, on note E(t) la matrice E(t) = , avec
c(t) d(t)
∀t ∈ R E(t) = e2t Q + et R
et expliciter Q et R.
e) Calculer les matrices Q2 , R2 , QR, RQ. Que peut-on dire des endomorphismes q et r
de R2 canoniquement associés aux matrices Q et R
(on pourra préciser la réponse en utilisant les droites F et G de la question 2- a)) ?
f ) En déduire que
∀(s, t) ∈ R2
E(s)E(t) = E(s + t) .
n −1
Que dire de E(t) pour n ∈ N ?, de E(t) ?
L’application E : t 7→ E(t), de R vers M2 , est-elle injective ?
3
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE
DE STATISTIQUE ET D’ÉCONOMIE APPLIQUÉE
ENSEA – ABIDJAN
AVRIL 2016
ORDRE GÉNÉRAL
(Durée de l’épreuve : 3 heures)
Sujet n° 1
Sujet n° 2
Sujet n° 3
«De nos jours, la parole est devenue flottante tout comme les devises.»
Explicitez cette citation de Driss Chraibi, écrivain marocain .
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE
DE STATISTIQUE ET D’ÉCONOMIE APPLIQUÉE
ENSEA – ABIDJAN
AVRIL 2016
Exercice n° 1
fk ( x)
(k 1) x 1
k / k 1
kx 1
k
et
f k* ( y) Sup ( xy f k ( x))
xR
Exercice n° 2
1
3. Montrer que si ab 0 , l’application f est inversible. Exprimer son inverse f à
l’aide de p et q.
0 m m2
4. Soit la matrice A 1 / m 0 m , où m est un paramètre réel non nul.
1 / m 2 1 / m 0
Exercice n° 3
Exercice n° 4
2x 1
On considère la fonction numérique f définie sur 0,1 par : f ( x)
x( x 1)
2. Montrer que le graphe de f est symétrique par rapport à un point que l’on précisera.
4. Calculer l’aire comprise entre l’axe Ox, le graphe de f et les droites d’équation x=1/2
et x=2/3
2x 1
5. Soit la fonction numérique g définie sur 0,1 par : g ( x) . Trouver la
x ( x 1) 2
2
Exercice n° 5
2. Montrer que les solutions de (E) sont développables en série entière sur un intervalle
que l’on précisera.
Exercice n° 6
Pour n entier naturel, on définit la suite des intégrales J n e x sin 2 n ( x) dx
0
2. Pour n non nul, déterminer une relation de récurrence entre J n et J n 1 . En déduire une
expression de J n en fonction de n.
2k (2k 1)
4. Déterminer la nature de la série u
k 1
k de terme général : u k Ln
4k 1
2 et en
AVRIL 2016
CONTRACTION DE TEXTE
(Durée de l’épreuve : 3 heures)
Ce texte est tiré du livre de Monsieur Jacques ATTALI : intitulé : « Peut-on prévoir
l’avenir ? » Paru aux éditions Fayard en août 2016.
Je veux ici expliquer comment je prévois l’avenir et comment chacun de nous peut y parvenir.
« Connaître l’avenir », « prédire l’avenir », « prévoir l’avenir » : trois expressions qui disent
apparemment la même chose. Et qui sont pourtant fort distinctes. Dans toutes les langues.
« Connaître l’avenir », c’est penser qu’il est fixé à l’avance et qu’on peut en découvrir tous
les détails. Ceux qui le croient possible en déduisent qu’il faut se résigner à accepter notre destin
comme il viendra, puisqu’il nous est imposé, jour après jour, par les dieux ou par la nature. Que
nous devons prier les dieux afin qu’ils le changent.
« Prédire l’avenir », c’est encore penser qu’il est immuable, mais sans plus croire qu’il soit
entièrement accessible à notre connaissance ; c’est alors se contenter d’en deviner les bribes,
d’anticiper un peu de ce que le destin nous réserve, sans non plus espérer le modifier sinon par
la prière…
Enfin « prévoir l’avenir », c’est aussi essayer de le deviner au moins partiellement, mais en
considérant qu’il n’est pas figé, et qu’il est possible, par l’action, de lui faire prendre un autre
chemin que celui que décrit la prévision.
…/… Ceux qui pensent qu’ils peuvent influer sur leur destin ont besoin, d’abord, de
comprendre ce que l’avenir semble leur réserver ; pour détourner, si nécessaire, le cours du
destin et le rapprocher d’une trajectoire rêvée. Comme un général envoie, un éclaireur ou un
espion, observer ce qui se passe chez l’ennemi, pour lui rendre ensuite compte de la situation
et lui permettre d’élaborer une stratégie ; prévoir c’est se faire éclaireur du temps. Espion de
l’avenir.
Mais la réciproque n’est pas toujours vraie : on peut souhaiter prévoir son propre avenir juste
pour éviter un danger, sans pour autant vouloir changer le cours de sa vie, ni chercher à
« devenir soi ». Par exemple, quand on roule sur une route de nuit, on a intérêt à allumer les
phares afin d’éviter les obstacles, mais pas nécessairement pour changer de destination ; de
même, une entreprise a intérêt à évaluer tous les risques qu’elle peut encourir juste pour les
éviter, sans pour autant vouloir changer d’activité. Un banquier a intérêt à connaître toutes les
circonstances dans lesquelles son prêt pourrait ne pas être remboursé sans pour autant vouloir
modifier sa politique de crédit. Une nation a intérêt à prévoir les risques qu’elle peut courir,
sans pour autant nécessairement vouloir changer de modèle de développement ou de projet
politique. L’humanité a intérêt à prévoir l’évolution du climat de la planète, pour essayer d’en
contenir les conséquences désastreuses, sans pour autant vouloir changer plus largement son
destin. Et plus particulièrement les peuples martyrs, et victimes de ségrégation spécifique sont
sans cesse dans l’obligation de prévoir les menaces qui les guettent ; prévoir l’avenir est pour
eux une condition de survie, qui ne leur impose pas nécessairement de changer de pays ou de
confession.
Aujourd’hui, ceux qui ne peuvent ou ne veulent prévoir leur avenir se préparent des
lendemains tragiques. Prosaïquement, ils ne préparent pas leur retraite ; ils vivent à crédit sans
se préoccuper de savoir comment rembourser ; ils négligent les conséquences de leurs actes
sur l’environnement et sur les autres ; même s’ils savent ce qui va en découler, ils préfèrent
l’ignorer.
Seuls survivront longtemps ceux qui n’auront pas joué un jeu aussi suicidaire, et qui auront
su prévoir et aider les autres à prendre conscience de l’urgence d’anticiper. Pour rester des êtres
humains. Ou mieux encore : pour le devenir enfin.
C’est possible. Il ne faut jamais oublier que le propre de l’homme, ce qui lui a permis de
dominer les autres espèces, c’est sa capacité de prévoir l’avenir. Et le propre des chefs, parmi
les humains, c’est leur capacité supérieure à y parvenir, à le faire croire, ou à contrôler ceux qui
le font ; prévoir doit devenir une obsession. La liberté est à ce prix.
Pour certains c’est tout à fait impossible, autant y renoncer tout de suite.
D’abord parce qu’on ne sait même pas ce qu’est le temps : si chacun ressent bien qu’il
s’écoule (dans nos corps, nos vies, nos sensations, nos souvenirs, nos espérances) ; si chacun
comprend à peu près ce que sont le passé et le présent, chacun sait aussi que la mémoire est
trompeuse, que le présent est souvent illusoire, que l’avenir est immédiatement du passé ; et
qu’on ne peut même pas définir le temps.
Ensuite, parce que tant d’évènements peuvent influer sur l’avenir, personnel ou collectif,
qu’il est absurde d’espérer déterminer le cours des choses : si on n’avait pas croisé telle
personne par hasard, notre vie eut été totalement différente ; à l’inverse, si on n’avait pas pris
du retard dans tel rendez-vous, on aurait pu rencontrer celui ou celle qui aurait pu changer notre
destin. Si une entreprise n’avait pas eu tel dirigeant, elle aurait peut-être manqué telle
technologie qui l’a sauvée.
…/… On peut donc comprendre qu’après un millier de pages d’analyses savantes sur ce sujet,
le mathématicien Nassim Nicholas Taleb conclue péremptoirement : « Les prévisions sont
tout bonnement impossibles. »
Pour d’autres, au contraire, même s’il était possible de prévoir, de prédire et même de
connaître l’avenir, il faudrait surtout s’en empêcher : faut-il vraiment se savoir atteint d’une
maladie incurable ? Faut-il songer à la mort ? Dans un couple, faut-il vraiment chercher à
prévoir le comportement de l’autre ? N’est-ce pas se condamner à l’ennui ? Si on savait, avant
un dîner chez des amis qui on allait y rencontrer et ce qui allait s’y dire, aurait-on encore envie
de s’y rendre ? De même, si on avait pu prévoir que l’électricité allait causer la mort de plusieurs
millions de personnes, l’aurait-on jamais utilisée ? Plus généralement, si l’avenir était
totalement prévisible, aurait-on encore envie de vivre ? L’imprévisible n’est-il pas nécessaire à
toute vie en société ? A tout plaisir ? A toute décision ?
…/…Les hommes, depuis toujours scrutent les astres, interrogent des voyantes, font parler les
cartes et fouillent dans ce qu’ils pensent être des expressions du destin. Etonnement, ils
s’entêtent à le faire sans douter de la validité de techniques dont nul n’a pourtant jamais apporté
la moindre preuve rationnelle de leur efficacité. Comme si l’homme s’accrochait à tout et
n’importe quoi pour tenter de comprendre ce qui l’attend, dans un monde où rien ne lui paraît
prévisible, pas même, au début de l’humanité, le retour du soleil à l’aube, ni celui de la nuit, au
crépuscule. Chacune de ces techniques dit malgré tout beaucoup de l’avenir : de l’observation
des astres à l’analyse des rêves, des jeux de hasard à l’interprétation des signaux les plus faibles,
tout peut être signifiant.
Comme le pouvoir appartient très largement à celui qui prévoit, ou qui réussit à faire croire
qu’il est capable de le faire, ou encore à celui qui contrôle ceux qui prévoient – successivement
hommes de Dieu, d’armes, politiciens et hommes d’argent -, cette histoire de la prédiction est
aussi, d’une certaine façon, celle du pouvoir.
Ceux qui parlent de l’avenir se trouvent toujours dans une position dangereuse : ils sont en
général pessimistes (car on a toujours tendance à noircir l’avenir que l’on ne connaîtra pas,
comme pour punir les autres d’exister après vous). Et ceux qui prévoient sont souvent
considérés comme responsables de ce qu’ils annoncent (en tout cas, comme l’ayant souhaité).
…/… Prévoir l’avenir a d’abord été l’apanage des dieux et de leurs représentants sur terre. Ceux
que Victor Hugo appelle les « contemplateurs de ténèbres » tentent alors de percer les secrets
de l’avenir, par des prières, des transes, l’observation de signes célestes ou corporels, des jeux
de hasard, de la méditation, de la musique, de la danse. Ils sont chamans, prophètes, augure ;
ils sont à la fois adorés et haïs, craints et vénérés.
Peu à peu, les hommes ont tenté de s’approprier ces pouvoirs et sont parvenus à prévoir au
moyen de diverses techniques rationnelles quelques données du futur. Ils ont peu à peu mis au
point des méthodes pour apprendre à prévoir : les jeux, la littérature, la musique, l’humour.
Et puis, très récemment, tout s’est détraqué : aucune des directions que l’Histoire était censée
prendre n’a tenu ses promesses ; ni celle du capitalisme, ni celle du socialisme, ni celle de la
démocratie. Le monde est devenu de moins en moins prédictible. La plupart des hommes, ivres
de liberté et de caprices se contentent désormais de vivre l’instant présent sans plus chercher à
rien attendre de l’avenir. Sans plus penser à l’éternité, ni même aux années qui leur restent à
vivre. Faisant tout pour oublier qu’ils sont mortels, étourdis par d’absurdes distractions,
d’illusoires convoitises.
Aujourd’hui, face à la complexité des interactions, les hommes confient de plus en plus la
mission de prévoir à des machines. De façon de plus en plus précise. Dans tous les domaines :
la finance, la santé, la sécurité, la consommation, la production. La prévision redevient ici
prédiction.
Ce savoir sur l’avenir n’est pas également partagé, et il restera ce qu’il est depuis l’aube des
temps : un instrument majeur de pouvoir au profit de quelques-uns. D’abord, comme toujours,
ceux qui, mystérieusement sauront faire preuve d’intuition et de prescience. Puis, demain, des
compagnies d’assurances et des gestionnaires de données sauront tout des risques encourus par
chacun, et orienteront les comportements pour les minimiser. Chacun sera alors un
collaborateur plus ou moins volontaire d’une dictature prédictive.
Pour ma part, je ne veux pas croire que la liberté des hommes sera ainsi perdue. Je ne veux
pas croire que nous n’aurons plus jamais les moyens d’anticiper notre avenir et d’agir sur lui.
Je ne crois pas non plus que les machines soient aujourd’hui, et seront même jamais, capables
de remplacer la sophistication de la pensée humaine. Ni que la démocratie deviendra
définitivement un leurre. Je ne veux pas croire enfin que l’espèce humaine acceptera de perdre
ce qui fait l’essentiel de sa grandeur : sa capacité à se projeter dans l’avenir, pour le choisir.
Je crois au contraire, que les potentialités de chacun de se prévoir sont, et seront, bientôt plus
grandes que jamais. Et que devancer notre avenir deviendra une arme, l’arme ultime, de défense
et de conquête de notre liberté.
…/… La paresse est le pire ennemi de l’anticipation. La prévision est le meilleur allié de la
liberté ; le seul moyen, même, d’éviter que ne se réalise le scénario noir, pour chacune de nos
vie comme pour l’humanité. Il faut donc oser prévoir et y consacrer le temps nécessaire ; on
s’aperçoit vite que c’est moins difficile qu’on ne le pense. Et qu’on apprend infiniment sur soi
et sur les autres en s’y livrant. On peut, on doit aussi convier à ce processus toutes les techniques
disponibles, y compris les plus étranges, les plus anciennes. Certes, rien ne me fera jamais
douter de l’absurdité de la chiromancie ou de l’astrologie, prises l’une et l’autre au pied de la
lettre. Rien ne me fera non plus croire que l’observation de la chute d’une feuille ou du marc
de café, ou encore de l’envol d’un oiseau, puisse aider à prévoir quoi que ce soit. En revanche,
en particulier, les techniques les plus récentes de prévision, permettent de comprendre
l’influence, certaine même si elle est très indirecte, des astres sur la météorologie et sur
l’humeur des gens ; de l’influence de leur physique sur leur capacité à séduire et à convaincre ;
de l’influence du hasard sur les destins. Il est aussi vraisemblable qu’on ne sait pas encore tout
sur la fonction d’analyse causale des signaux faibles par les rêves, ni sur la capacité d’intuition,
d’analyse totale, de pressentiment, de précognition dont certains disposent, surtout parmi les
artistes, les musiciens, les poètes. Et inversement, c’est en cherchant à prévoir que chacun peut
faire surgir ses propres capacités créatrices artistiques
Il appartient donc à chacun de nous de développer ces dons. Ils conduisent tant à prédire
l’avenir qu’à échapper à la pesanteur du présent pour rêver, oser, créer.
Imaginez un monde dans lequel chacun ferait cet exercice. Cette lucidité transformerait
profondément l’avenir individuel et collectif. Nul ne pourrait plus procrastiner ni se conduire
en aveugle. Nul ne pourrait se résigner à la dictature des machines ni se contenter de son propre
égoïsme. Nul ne pourrait plus s’enfermer dans la résignation ni dans le tunnel d’une vie décidée
par d’autres.
En attendant cette inaccessible lucidité universelle, ceux qui prendront la peine d’apprendre
ces techniques verront assez vite de grands changements dans leur vie, dans leur force créatrice
et dans leurs rapports aux autres. Encore leur faudra-t-il affronter le fait que toute prévision de
l’avenir est un appel à l’action et que tout change une fois qu’on a écarté le voile de l’ignorance.
Même la peur devient alors un moteur de l’action. Même le chagrin n’est plus un obstacle à la
joie parce que prévoir conduit à penser au-delà de lui et au moment où, inévitablement, il
s’estompera.
Pour les avoir moi-même beaucoup pratiquées, je peux témoigner de l’extraordinaire force
créatrice et auto réalisatrice de ces techniques. Il suffit d’y croire sincèrement, pour que, d’une
certaine façon, elles participent au surgissement mystérieux de l’avenir. Oui, le fait de croire à
une prévision, aussi irréaliste soit-elle en apparence, peut participer à sa réalisation.
Chaque vie est comme une cathédrale. Il faut la rêver avant de la vivre, la rêver pour la vivre.
Même si on n’a pas le temps de l’achever de son vivant, on finit toujours par vivre dans son
œuvre : prévoir donne vie.