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Lecture Linéaire N°2 - Scène D'introduction - Juste La Fin Du Monde - Jean Luc LAGARCE

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Lecture linéaire n°2 :

Scène d’introduction - Juste La Fin Du Monde de


Jean Luc Lagarce

Mathis BRIN
FRANÇAIS 1ERE
Lecture Linéaire n°2_Scène d’introduction_Juste la fin du monde Jean Luc LAGARCE

PREMIÈRE PARTIE 25 tu ne changes pas,


Scène 1 il ne change pas, comme ça que je
l’imagine, il ne change pas, Louis,
1 SUZANNE — C’est Catherine. et avec elle, Catherine, elle, tu te
Elle est Catherine. trouveras, vous vous trouverez sans
Catherine, c’est Louis. problème, elle est la même, vous
Voilà Louis. allez vous trouver.
5 Catherine. 30 Ne lui serre pas la main, embrasse-la.
Catherine.
ANTOINE. — Suzanne, s’il te plaît, tu
le laisses avancer, laisse-le avancer. ANTOINE. — Suzanne, ils se voient
pour la première fois !
CATHERINE. — Elle est contente.
LOUIS. — Je vous embrasse, elle a
ANTOINE. — On dirait un épagneul. raison, pardon, je suis très heureux,
vous permettez ?
10 LA MÈRE. — Ne me dis pas ça, ce
que je viens d’entendre, c’est vrai, 35 SUZANNE — Tu vois ce que je disais,
j’oubliais, ne me dites pas ça, ils ne se il faut leur dire.
connaissent pas.
Louis, tu ne connais pas Catherine ? LA MÈRE. — En même temps, qui
Tu ne dis pas ça, vous ne vous est-ce qui m’a mis une idée pareille
connaissez pas, jamais rencontrés, en tête, dans la tête ? Je le savais.
jamais ? Mais je suis ainsi, jamais je n’aurais pu
imaginer qu’ils ne se connaissent,
ANTOINE. — Comment veux-tu ? Tu que vous ne vous connaissiez pas,
sais très bien. 40 que la femme de mon autre fils ne
connaisse pas mon fils cela, je ne
15 LOUIS. — Je suis très content. l’aurais pas imaginé, cru pensable.
Vous vivez d’une drôle de manière.
CATHERINE. — Oui, moi aussi, bien
sûr, moi aussi. Catherine. CATHERINE. — Lorsque nous nous
45 sommes mariés, il n’est pas venu et
SUZANNE — Tu lui serres la main ? depuis, le reste du temps, les
occasions ne se sont pas trouvées.
LOUIS. — Louis.
20 Suzanne l’a dit, elle vient de le dire. ANTOINE. — Elle sait ça parfaitement.

SUZANNE — Tu lui serres la main, il LA MÈRE. — Oui, ne m’expliquez pas,


lui serre la main. Tu ne vas tout de c’est bête, je ne sais pas pourquoi je
même pas lui serrer la main ? Ils ne demandais cela,
30 vont pas se serrer la main, on dirait 50 je le sais aussi bien mais j’oubliais,
des étrangers. j’avais oublié toutes ces autres
Il ne change pas, je le voyais tout à années, je ne me souvenais pas à ce
fait ainsi, point, c’est ce que je voulais dire.
Lecture Linéaire n°2_Scène d’introduction_Juste la fin du monde Jean Luc LAGARCE

 Question d’étude :
En quoi cette scène d’exposition permet-elle à la fois de présenter
les personnages mais aussi de saisir l’atmosphère singulière et les
tensions possibles au sein de la famille ?

➔ Mouvement 1 : ligne1 à 14 :
L’arrivée de Louis et les présentations.

-Prénoms : Plusieurs occurrences des répétitions.


Scène d’exposition : Spectateurs informés de l’identité de chacun.

-Lignes 1,2,3 et 4 : Présentatifs « c’est » et « voilà »


Rôle de Suzanne qui prend en charge la présentation réciproque de Louis et Catherine.
Rôle prépondérant de Suzanne qui facilite les retrouvailles.

-Lignes 16 et 17 : Réplique d’Antoine marquée par des injonctions, des impératifs.


Assez sèche et plutôt brève.
L’entièreté des répliques d’Antoine de cette scène sont brèves, autoritaires, sèches.
D’emblée, Antoine se caractérise par sa dureté, sa froideur, sa distance.
Le ton de reproche et d’autorité sur les personnages féminins.

-Lignes 8 et 9 : Répliques en miroir.


Catherine = vision méliorative.
On saisit l’enthousiaste de Suzanne d’une part.
Antoine = vision péjorative.
Comparaison d’un épagneul.
On saisit la dureté liée à la possible jalousie d’Antoine.
Le rapprochement de Suzanne et d’Antoine est difficile a vivre pour Antoine.

-Lignes 10 à 13 : Réplique de la mère.


Incrédulité : elle ne peut pas croire que Louis et Catherine ne se connaissent pas.
Négation et Interrogation
Une forme de maladresse
Cette surprise met le doigt sur l’absence longue.

-Connaître est décliné sous plusieurs formes (code jaune).


« Ils ne se connaissent pas »
« Tu ne connais pas »
« Vous ne vous connaissez pas » <!> Polyptote <!>
Lecture Linéaire n°2_Scène d’introduction_Juste la fin du monde Jean Luc LAGARCE

-Ligne 14 : Antoine :
A nouveau une réplique qui invective sa mère (il souligne sa maladresse)
2ème partie « Tu sais très bien »
Rôle du silence, de l’implicite dans cette famille.
Difficultés (voire absence) de communication dans la famille.
Clôture plutôt brutale du mouvement avec Antoine
Echo avec la parabole du fils prodige. Retour de Louis = 1 événement qui provoque la joie
d’un côté et la jalousie de l’autre.

➔ Mouvement 2 : lignes 15 à 35 :
Rencontre de Louis et Catherine et le rôle de Suzanne

-Lignes 15-16 : Une réplique brève pour Louis avec l’adjectif « content » (écho avec la ligne 5, « elle
est contente »).
+Catherine « moi aussi »
« Bien sûr, moi aussi »
Cela donne l’impression d’une convenance à être content de se rencontrer.
Malaise/gêne des 2 personnages acteurs de la rencontre.
Perceptible dans la réplique ligne 19-20 = Louis ‘’plaisante’’
Ces 2 personnages sont dans la retenue et sans doute un peu mal à l’aise de cette rencontre
aux yeux de tous.
Cela peut être un écho au malaise des spectateurs eux-mêmes qui assistent à cette scène
de retrouvailles en connaissant la vérité de Louis et ce qu’il est venu annoncer.

-Lignes 18, 21, 22, 24, 27, 28, 29, 31 : Le rôle de Suzanne prépondérant : elle est la metteuse en scène
de cette 1ère rencontre.
Interventions de Suzanne direction sur comment jouer cette scène.
On ne sert pas la main.
Ligne 18 ; surprise et interrogation (code violet)
Lignes 21 et 22 ; (code vert) Constat
(Code bleu) Refus ; Suzanne s’offusque que Louis serre la main de Catherine.
Ligne 31 ; (code orange) Injonctions et impératifs.
Un travail d’exposition :
Suzanne va caractériser Louis et Catherine (Lignes 28-29)
Elle les présente comme des personnalités similaires.
Polyptote avec le verbe ‘’Se trouver’’ (verbe pronominal) (code rose)
Certitude de Suzanne sur l’entente mutuelle qui va exister entre Louis
et Catherine.
(Code cyan), Marque la ressemblance entre Louis et Catherine.
Une sorte de paradoxe à définir son frère alors qu’elle ne le connaît sans doute pas.
Lignes 24 à 27 :
Répétition du verbe ‘’changer’’ (code vert clair)
C’est comme si Suzanne essayait de se persuader elle-même.
Verbe ‘’voir’’, ‘’imaginer’’ (code marron)
Suzanne s’invente, se projette une image de son propre frère.
=Motif de l’absence de Louis.
Ligne 32 : Antoine intervient sèchement à nouveau.
Agencement pénible (code fluo jaune).
Lecture Linéaire n°2_Scène d’introduction_Juste la fin du monde Jean Luc LAGARCE

Lignes 33-34 : Louis a recours au vouvoiement


+ interrogative ‘’vous permettez ?’’
Le ‘’vous’’ rappelle que Louis ne connaît pas Catherine
Ils se voient pour la première fois : distance polie, respect
Personnalité de Louis que Suzanne vient d’établir.
Délicatesse de Louis
Tranche un peu avec Suzanne et Antoine
Plus entiers, moins subtils (=Louis est plus délicat au
sein de la fratrie.)

➔ Mouvement 3 : lignes 36 à 52 :
Le thème de l’absence et les tensions (=qui reste cachée, ne se manifeste pas.)

-Lignes 36 à 42 : réplique de la mère qui reprend sur la même idée que celle de la ligne 12-13 = Louis
et Catherine ne se connaissent pas.
Maladresse de la mère comme si elle ne se rendait pas compte qu’elle insiste sur la longue
absence de Louis.
-forte incrédulité :
‘‘ [jamais je n’aurais pu imaginer qu’ils ne se connaissent, que vous ne vous
connaissiez pas,]

(=polyptote) [que la femme de mon autre fils ne connaisse pas mon fils
cela, je ne l’aurais pas imaginé, cru pensable.] (=épanorthose)’’
Antéposé il est mis en exergue. ’’Ne’’ = membres de la négation.
Expolition. La même idée est exprimée successivement de différentes
manières.
En cherchant à ce point ses mots pour exprimer au plus juste son
idée, elle qualifie :
-Louis = ‘’mon fils’’
-Antoine = ‘’mon autre fils’’
On peut saisir à travers cette désignation une différence entre les 2
fils. Rivalité ? Jalousie ?
Périphrase, caractériser Catherine et informer le spectateur de son lien et sa fonction
(scène d’exposition).

-Ligne 43 : ‘’ Vous vivez d’une drôle de manière. ‘’ singularité de la famille.


Recours au ‘’vous’’ qui traduit qu’elle n’est pas responsable de l’absence et la distance au sein
de sa propre famille.

-Ligne 44-46 : Réplique de Catherine.


Elle verbalise l’absence de Louis. (=ce qu’Antoine cherchait à éviter, à passer sous silence,…)
Ambiguïté de la réplique. Compréhension ? Reproches ? (=la communication au sein de la
famille est dysfonctionnelle.
La phrase s’ouvre sur la subordonnée circonstancielle de temps. ‘’ Lorsque nous nous
sommes mariés’’.
Lecture Linéaire n°2_Scène d’introduction_Juste la fin du monde Jean Luc LAGARCE

Même pour 1 événement aussi important que le mariage de son frère, Louis
n’est pas venu. =On interroge le lecteur sur les raisons d’une telle absence.
=Cela nous fait saisir que le retour de Louis est un événement important.
Négations ‘’n’est pas venu’’
‘’Les occasions ne se sont pas présentées’’
On peut s’interroger sur la valeur ironique
Là encore, possibilité de percevoir des reproches implicites.

-Lignes 47 : Réplique d’Antoine brève et réprobatrice d’Antoine.


‘’Elle sait ça parfaitement’’ = Tu n’as pas besoin de lui dire.
Dans cette famille, on estime qu’il n’y a pas besoin de TOUT DIRE.
Problèmes de communication.
Traduit sans doute aussi le fait qu’Antoine n’est pas à l’aise avec les mots/le
langage.
Scène 11 : p95-102

-Lignes 48-52 : Réplique de la mère.


Souligne le temps écoulé. (Code gris)
‘’ je le sais aussi bien mais j’oubliais, j’avais oublié toutes ces autres années,
je ne me souvenais pas à ce point,’’
Négation lexicale
Négation grammaticale
Cela interroge sur les raisons qui ont provoqué une telle absence de la part de
Louis.
‘’C’est ce que je voulais dire’’.
La mère a eu beaucoup besoin de reformuler, de préciser, de modifier, les expressions
pour enfin parvenir à dire ce qu’elle voulait dire exactement.
On perçoit d’emblée que l’enjeu se situe autour du langage et des mots :
trouver les mots justes.
Cette recherche tâtonnante est un marqueur de l’écriture
Lagarcienne.
Paradoxe = Louis a pour seul objectif de DIRE.
On peut donc douter d’emblée de sa réussite.
Lecture Linéaire n°2_Scène d’introduction_Juste la fin du monde Jean Luc LAGARCE

➔ Conclusion :

-Scène d’exposition : présentation des personnages.

-Scène de retrouvailles : attitude contrastées qui permettent aux spectateurs de saisir les
personnages.

-Scène banale.

-Malaise perceptible

-Thème de l’absence au cœur de la scène


➔Potentiel axe de l’intrigue théâtrale.
→Comprendre pourquoi Louis est parti ?
→Pourquoi Antoine a une défiance, une froideur vis-à-vis de son frère ?

-La question de la parole.


Communication difficile.

➔ Ouverture(s) :

-Le ‘’combat’’ des deux frères. (Querelle fratricide)


Notion du déséquilibre.

-La place laissée à Louis pour qu’il puisse dire ce qu’il a à dire.

-Le rapprochement de Suzanne et Louis créé un déséquilibre. (‘’couple’’ Suzanne-Antoine)

-Le parallèle avec la parabole du fils prodige.


Lecture Linéaire n°2_Scène d’introduction_Juste la fin du monde Jean Luc LAGARCE

Notes :
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