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Doctoat Bentellis

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République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique


Université Constantine 1
Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie
Département de Biologie végétale et Ecologie

N° d’ordre :…………………
Série :……………………….

THESE
Présentée pour l’obtention du diplôme de Doctorat en Science

Option : Pollution et Ecotoxicologie

Par MOSBAH Alima épouse BENTELLIS


Thème

Etude écologique de la végétation des


bordures d’un oued en région semi aride :
cas de l’oued Dahimine (Wilaya de Oum El
Bouaghi)

Présenté devant le jury :


Présidente :
Mme Aïcha Mechakra Professeure, U Constantine 1
Directrice de thèse :
Mme Oualida Rached Professeure, U Constantine 1
Examinateurs :
Mme Dalila Nedjraoui Professeure, USTHB Alger
Mr Hacène Bousseboua Professeur, ENSB Constantine
Mr Gharzouli Rachid Professeur, UFA Sétif
Mme Fatima-Zohra Mehennaoui Maître de Conférences A, U Constantine 1
AVANT – PROPOS

Le thème de ce travail nous a été proposé par Madame O. Rached, alors Professeur à
l’Université de Constantine 1 et Directrice du Laboratoire de Biologie et Environnement,
avant de rejoindre l’école nationale supérieure de Biotechnologie. Ses judicieux conseils et
encouragement nous ont particulièrement aidées tout au long de nos recherches. Grâce à elle
la phytoécologie est devenue moins obscure et les déterminations des plantes beaucoup plus
aisées. Ses compétences en Pédologie, Ecologie Végétale et méthodes d’échantillonnage nous
ont été d’une grande assistance. Nous ne saurons la remercier assez pour toute l’aide qu’elle
nous a apportée, la confiance qu’elle nous a accordée et surtout pour la liberté de choix et
d’opinions qu’elle nous a permis. Qu’elle trouve ici l’expression de notre plus profonde
gratitude.

Nous remercions très sincèrement le Professeur Aïcha Mechakra-Maza de l’Université


Constantine 1 et Directrice du Laboratoire de Biologie et Environnement pour avoir accepté
d’évaluer notre travail et de présider le jury de notre thèse.

Nos vifs remerciements vont également au Professeur Dalila Nedjraoui de l’Université


des Sciences et Technologie Houari Boumédienne d’Alger qui a accepté d’emblée, malgré ses
nombreuses occupations, de juger notre travail.

Nous tenons à remercier très particulièrement le Professeur Hacène Boussaboua,


Directeur de l’Ecole Nationale Supérieure de Biotechnologiepour ses précieux conseils et
pour avoir accepté sans hésitations d’examiner notre travail malgré un emploi du temps
toujours très chargé.

Le Professeur Rachid Gharzouli, Doyen de la Faculté de Biologiede l’Université de


Sétif qui, bien que très occupé, a accepté spontanément d’évaluer notre travail. Qu’il en soit
vivement remercié.
Nous adressons également nos sincères remerciements à Mme Fatima-Zohra Afri-
Mehennaoui, Maître de conférences à l’Université de Constantine 1 et Directrice de recherche
au Laboratoire de Biologie et Environnement, d’avoir bien voulu juger notre travail.

Nous exprimons toute notre reconnaissance au Professeur Gijs Du Laing pour


l’accueil très aimable qu’il nous a réservé lors de notre stage dans son Laboratoire de
Recherches en Chimie Analytique et Ecochimie Appliquée (Ghent). Nous lui somme très
reconnaissante d’avoir organisé tout le contexte nécessaire à la réalisation des dosages dans
les plantes et les sols.

Nous ne saurons oublier d’exprimer toute notre gratitude au Professeur M. Mesbah du


Laboratoire de Statistiques Théoriques et Appliquées (Paris) pour l’aide très précieuse qu’il
nous a apporté dans le traitement statistique de nos données, lors de notre stage dans son
Laboratoire.

Nous remercions très sincèrement notre amie et condisciple Mademoiselle Lilia Nouri,
Maitre de conférences à l’Université El Hadj Lakhdar de Batna, dont les conseils judicieux et
les suggestions en matière de culture des plantes nous ont été très précieuses.

A toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à l’élaboration de cette
thèse, nous exprimons ici notre reconnaissance, plus particulièrement : le Professeur F.
Mesbah, S. Ghanem, M. Bentellis, H. Bentellis, Madame M. Nouri, H. Khomri et M. EL-
Hadef El-Okki.
LISTE DES ABREVIATIONS

A : Argile
ACP : Analyse en composantes principales
Al : Aluminium
Ag : Argent
As : Arsenic
β : Coefficient ou paramètre de régression
Ca : Calcium
Cd: Cadmium
CE: Conductivité électrique
CEC: Capacité d’échange cationique
Co: Cobalt
Cr: Chrome
Cu: Cuivre
E: Echangeable
ETM: Eléments traces métalliques
K: Potassium
Mg: Magnésium
Mn: Manganèse
MO: Matière organique
MS: Matière sèche
N: Azote
Na: Sodium
P: Phosphore
p: probabilité
Pa: Partie aérienne
Pb: Plomb
Pe: Plante entière
Ps: Partie souterraine.
PS: Poids sec
r: corrélation entre de variables
R: coefficient de corrélation du modèle
R2: coefficient de détermination
RA: Rapport d’accumulation
RT: Rapport de translocation
Sb: Antimoine
T: Total
Ti: Indice de tolérance
Zn: Zinc
SOMMAIRE

Avant propos
Liste des abréviations
Sommaire
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des photos
Introduction générale……..………………………………………………………………….1

Chapitre 1 : Comportement de l’antimoine dans l’environnement : Synthèse


bibliographique

1.1. Introduction…………………………………………………………………………… 4
1.2. Historique……………………………………………………………………………... 4
1.3. Sources et usages ……………………………………………………………………… 5
1.3.1. Sources naturelles…………………………………………………………………. 5
1.3.2. Sources anthropiques…………………………………………………………….... 6
1.3.3. Usages…………………………………………………………………………….. 8
1.4. Toxicité de l’antimoine……………………………………………………………….. 8
1.4.1. Effets sur la santé humaine……………………………………………………….. 8
1.4.1.1. Toxicité aiguë……………………………………………………………….... 8
1.4.1.2. Toxicité chronique……………………………………………………………. 9
1.4.2. Effets sur l’animal………………………………………………........................... 10
1.4.2.1. Toxicité aiguë………………………………………………………………... 10
1.4.2.2. Toxicité chronique…………………………………………………………… 10
1.4.3. Effets sur les plantes et les organismes du sol……………………………………. 11
1.5. Occurrence lithogène et géochimie………………………………………………….. 12
1.6. Spéciation dans les systèmes naturels………………………………………………… 12
1.6.1. Spéciation inorganique en fonction du pH et du potentiel redox…………… 12
1.6.2. Espèces organiques…………………………………………………………. 14
1.7. Mécanismes de rétention de l'antimoine dans les sols……………………………. 15
1.7.1. Adsorption…………………………………………………………………… 16
1.7.1.1. Adsorption sur les phases minérales pures………………………….. …... 16
1. Minéraux argileux…….…………………………………………………….. 16
2. Les oxydes et les hydroxydes……………………………..………………… 17
3. La sorption de la matière organique du sol……………………..…………… 19
1.7.1.2. Adsorption sur les sols entiers………………………………………... 20
1.7.2. Effets de co-oxidants/co-réducteurs……………………………………...….. 20
1.7.3. Effets de la force ionique et de la concurrence………………………………. 21
1.7.4. Précipitation, co-précipitation et dissolution………………………………… 22
1.8. Absorption par les plantes………………………………………………………… 24
1.8.1. Concentration dans les plantes………………………………………………. 24
1.8.2. Relation entre les concentrations de Sb dans les plantes et celles
dans les sols……………………………………………………………………….. 26
1.8.3. Mécanismes d'absorption et de translocation de Sb dans la plante………… 27
1.8.4. Influence de facteurs autres que la concentration du Sb du sol sur
l'assimilation des plantes……………………………………………...………… 29
1.9. Risques de toxicité posés par la consommation de plantes cultivées sur un sol
contaminé par le Sb…………………………………………….…………….... 31
1.10. Le traitement des sols contaminés par du Sb………………………………..…… 33

Chapitre 2 : Présentation de la zone d’étude

2.1. Localisation de la zone d’étude…………………………………………………… 34


2.2. Géologie…………………………………………………………………………... 34
2.3. Minéralogie………………………………………………………………………... 34
2.3.1. Les corps minéralisés………………………………………………………… 36
2.3.2. Les minerais………………………………………………………………….. 37
2.4. Géomorphologie…………………………………………………………………... 39
2.5. Pédologie ………………………………………………………………………….. 40
2.6. Climat……………………………………………………………………………... 40
2.7. Végétation…………………………………………………………………………. 42

Chapitre 3 Etude de la pollution des sols des bordures de l’oued Dahimine par
les éléments traces métalliques

3.1. Introduction…………………………………………………………………..…… 45
3.2. Matériel et méthodes……………………………………………………………… 45
3.2.1. L'échantillonnage……………………...……………………………………… 45
3.2.2. Méthodes d’analyses physico-chimiques des sols…………………………… 45
3.2.2.1. Analyse granulométrique…………………………………………………. 46
3.2.2.2. pH du sol………………………………………………...………………. 46
3.2.2.3. Conductivité électrique (CE)……………………………………………… 46
3.2.2.4. Dosage de la matière organique…………………………………………... 46
3.2.2.5. Dosage du calcaire total…………………………………………………… 47
3.2.2.6. Détermination du phosphore Total……………………………………...… 47
3.2.2.7. Dosage de l’azote total…………………………………...………………. 47
3.2.2.8. Capacité d'échange cationique (C.E.C)…..……………………………….. 48
3.2.2.9. Détermination des cations échangeables..………………………………. 48
3.2.2.10. Détermination des éléments métalliques dans le sol….………………. 48
1. Précaution spécifique à l’analyse des éléments métalliques…………..…... 48
2.Technique d’extraction des éléments métalliques………………………….. 48
3.Dosage des éléments métalliques……………………………………………… 49
3.3. Statistiques…………………………………………………………………… ….. 50
3.3.1. Corrélations………………………………………………………………..….. 50
3.3.2. Régression multiple……………………………………………………..…….. 50
3.3.2.1. Objectif…………………………………………………………………… 50
3.3.2.2. Principe…………………………………………………………………… 51
3.3.2.3. Calcule des différents paramètres du modèle mathématique ………….. 51
3.3.2.4. Significativité de la liaison globale et de l’apport marginal……………… 52
3.3.2. Calcule des valeurs cibles et d’intervention………………………………….. 53
3.4. Résultats et discussions…………………………………………………………… 53
3.4.1. Les principales propriétés du sol……………………………………………. 53
3.4.2. Les teneurs en éléments traces……………………………………………….. 54
3.4.3. Distribution des éléments traces métalliques le long des berges
de l’oued par rapport aux valeurs de référence néerlandaises……………………. 56
3.4.4. Facteurs affectant les concentrations d'antimoine dans les sols de la vallée de
l’oued Dahimine……………………………………………………………………. 56
3.5.Conclusion…………………………………………………………………………... 65

Chapitre 4 : Effet de la pollution par la mine d’antimoine de Djbel Hamimat sur


la végétation des bordures de l’Oude Dahimine

4.1. Introduction…………………………………………………………………………. 66
4.2. Matériel et méthodes………………………………………………………………... 67
4.2.1. Méthode d’échantillonnage des plantes………………………………………... 67
4.2.2. Traitement des données………………………………………………………... 67
4.3.Résultats et discussion…………………………………………………………......... 68
4.3.1.Résultat de l’ACP : recherche des groupes phytoécologiques…………………. 68
4.3.2. Facteurs du sol affectant la distribution des espèces végétales…………….….. 71
4.3.2.1. Groupe I: association négative avec les ETM…………………………… 72
4.3.2.2. Groupe II: association positive avec les ETM…………………………… 74
4.3.2.3. Groupe III: association positive avec certain ETM et négative
avec d'autre……………………………………………………………………. 77
4.3.2.4. Groupe IV: aucune association aux ETM…...……………………………… 78
4.4.Conclusion…………………………………………………………………………. 78

Chapitre 5 : Prélèvement et effet du Sb et As chez le Lygeum spartum L. et


Hedysarum Pallidum Desf.

5.2. Présentation des deux espèces…………………………………………………….. 79


5.2.1. Caractérisation………………………………………………………………... 79
5.2.2. Localisation…………………………………………………………………... 80
5.2.3. Caractères morphologiques…………………………………………………... 81
5. 3. Etude du prélèvement du Sb et As par les plantes dans le milieu naturel………. 82
5.3.1. Matériel et méthodes………………………………………………………… 82
5.3.1.1. L'échantillonnage…………………………………………………………. 82
5.3.1.2. Analyses au laboratoire…………………………………………………... 83
1.Analyse des sols……………………………………………………………… 83
2.Analyse des plantes…………………………………………………………... 83
5.3.1.3. Analyses statistiques……………………………………………………… 84
5.3.2. Résultats et discussions……………………………………………………… 85
5.3.2.1. Teneurs en éléments traces métalliques des sols des plantes……………. 85
1.L’antimoine…………………………………………………………………... 85
2.L’arsenic……………………………………………………………………… 86
5.3.2.2. Concentration des éléments traces métalliques dans les plantes………… 86
1.Concentration de l’antimoine………………………………………………… 86
2.Concentration en arsenic des plantes…………………………………………. 89
5.3.2.3. Transfert sol - plante (Rapports d’accumulation)……………………….. 91
5.3.2.4. Transfert partie souterraine - partie aérienne
(Rapports de translocation)…………………………………………………… 94
5.4. Effet du Sb et As sur la croissance des deux plantes en milieu contrôlé……....... 97
5.4.1. Matériel et méthodes………………………………………………………… 97
5.4.1.1. Récolte des graines………………………………………………………... 97
5.4.1.2. Préparation des graines……………………………………………………. 97
5.4.1.3. La mise en germination…………………………………………………… 98
5.4.1.4. Préparation des milieux de culture………………………………………... 98
5.4.1.5. La mise en culture………………………………………………………… 99
5.4.1.6. Mesures effectuées………………………………………………………... 99
5.4.1.7. Analyses statistiques……………………………………………………… 99
5.4.2. Résultats et discussions……………………………………………………….. 100
5.4.2.1. Effet du Sb sur la croissance des deux plantes…………………………… 100
1.Effets du Sb sur la croissance des racines…………………………………… 100
2.Indice de tolérance…………………………………………………………… 101
3.Effets du Sb sur la croissance des parties aériennes………………………… 102
4.Comparaison de la croissance des racines et des parties aériennes
en fonction des concentrations en Sb du milieu………………………………. 103

5.4.2.2. Effets de l’As sur la croissance des deux plantes………………………. 106


1.Effets de l’As sur la croissance des racines…………………………………. 106
2.Indice de tolérance…………………………………………………………… 107
3.Effets de l’As sur la croissance des parties aériennes…………………….… 108
4.Comparaison de la croissance des racines et des parties aériennes
en fonction des concentrations en arsenic du milieu…………………………. 109
5.5. Conclusion………………………………………………………………………… 111

Conclusion générale…………………………………………………………..…….. 113


Références bibliographiques………………………………………………………… 116
Annexes
Publications
Abstract
‫ملخص‬
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 2.1 : Caractéristiques des différents types de minerais et leurs localisations………39

Tableau 2.2 : Températures et précipitation moyennes mensuelles de la région


d’Oum El-Bouaghi sur une période de 30 ans (1982-2012)………………….41

Tableau 3.1 : Programme de minéralisation…………………………………………………49

Tableau 3.2 : Programme effectué pour la décontamination des récipients en téflon……….49

Tableau 3.3 : Résultats des analyses de l’échantillon de sol de référence (n = 6)…………. 50

Tableau 3.4 : Description des statistiques élémentaires des éléments traces métalliques,
des principales propriétés des sols et des facteurs environnementaux
(n=30), et résultats de l’analyse de la régression pas à pas ascendante………55

Tableau 4.1 : Résultats de la régression linéaire pas à pas ascendante (forward)


du nombre d’individu (NI) des espèces végétales (en italique)
en fonction des variables édaphiques…………………………………………73

Tableau 5.1: Statistiques élémentaires des éléments traces métalliques (µg g-1)
dans les sols de L. spartum et H. pallidum……………………………………85

Tableau 5.2: Statistiques élémentaires des teneurs en antimoine (µg g-1) des plantes
entières et de leurs différentes parties chez L. spartum et H. pallidum………87

Tableau 5.3 : Statistiques élémentaires des teneurs en As (µg g-1) des plantes
entières et de leurs différentes parties chez L. spartum et H. pallidum…………89

Tableau 5.4 : Rapports d’accumulation (RA) de Sb et As chez L. spartum et


H. pallidum………………………………………………………………………………91

Tableau 5.5 : Rapports de translocation (RA) du Sb et As dans L. spartum et


H. pallidum………………………………………………………………………………94

Tableau 5.6 : Indices de tolérance de L. spartum et d’H. pallidum pour les différentes
concentrations en antimoine du milieu……………………………………… 101

Tableau 5.7 : Indices de tolérance du Lygeum spartum L. et d’Hedysarum pallidum Desf.,


pour les différentes concentrations en arsenic du milieu……………………108
LISTE DES FIGURES

Figure 1.1 : Production globale du Sb entre 1999 et 2008……………………………………7

Figure 2.1 : Localisation de la zone d’étude…………………………………………............35

Figure 2.2 : Carte géologique de la zone d’étude (Voute, 1956)…………………………...36

Figure 2.3 : Diagramme ombrothermique de Gaussen de la période de 1982 à 2012……….42

Figure 2.4 : Climagramme d’Emberger de la zone d’étude………………………………….43

Figure 3.1 : Localisation des points d’échantillonnage et distribution de l’antimoine


et des autres éléments traces le long des berges de l’oued Dahimine………….57

Figure 3.2 : Corrélations entre les concentrations de Sb et les variables intervenant


dans son explication par la régression linéaire pas à pas ascendante……………61

Figure 4.1 : Carte factorielle des deux premiers axes de l’analyse en composante
principales (caractéristiques physico-chimiques des sols et espèces
végétales)………………………………………………………………………70

Figure 5.1 : Teneurs en Sb des parties aériennes et souterraines de L. spartum


et d’H. pallidum en fonction des différentes stations de prélèvements………..88

Figure 5.2 : Teneurs en As des parties aériennes et souterraines de Lygeum spartum


et d’Hedysarum pallidum en fonction des différentes stations
de prélèvements…………………………………………………………………90

Figure 5.3 : Rapports d’accumulation (RA) du Sb dans les plantes en fonction


des stations d’échantillonnage…………………………………………………..92

Figure 5.4 : Rapport d’accumulation (RA) de l’As dans les plantes en fonction
des stations d’échantillonnage………………………………………………….93

Figure 5.5 : Rapports de translocation (RT) du Sb chez L. spartum et H. pallidum


en fonction des stations d’échantillonnage…………………………………………95

Figure 5.6 : Rapports de translocation (RT) de l’As dans L. spartum et H. pallidum


en fonction des stations d’échantillonnage…………………………………………95

Figure 5.7: Croissance de la partie souterraine en fonction du temps et des concentrations


en Sb du milieu, (a) : L. spartum, (b) : H. pallidum………………………….100

Figure 5.8: Croissance des parties aériennes en fonction du temps et des concentrations
en Sb du milieu (a : L. spartum, b : H. pallidum)…………………………….102

Figure 5.9: Comparaison des longueurs des parties aériennes (Pa) et souterraines (Ra)
au dernier jour de mise en culture en fonction des concentrations en Sb
du milieu (a : L. spartum, b : H. pallidum)……………………………………..104

Figure 5.10 : Croissance de la partie souterraine en fonction du temps et des concentrations


en As du milieu (a : Lygeum spartum L., b : Hedysarum pallidum Desf)……106

Figure 5.11: Croissance des parties aériennes en fonction du temps et des concentrations
en As du milieu (a : Lygeum spartum L., b : Hedysarum pallidum Desf.)……109

Figure 5.12: Comparaison des longueurs des parties aériennes (Pa) et souterraines (Ra)
au dernier jour de mise en culture en fonction des concentrations en As
du milieu (a : Lygeum spartum L., b : Hedysarum pallidum Desf.)…………110
LISTE DES PHOTOS

Photo 2.1: Sénarmontite de Djebel Hamimat………………………………………………...38

Photo 5.1: Photographie des touffes de L. spartum L……………………………………… 81

Photo 5.2 : Photographie des touffes d’ H. pallidum Desf………………………………… 82

Photo 5.3 : Les graines du Lygeum spartum L. avant et après scarification………………...97

Photo 5.4 : Les graines d’Hedysarum pallidum Desf. avant et après scarification………….98

Photo 5.5 : H. pallidum après un mois de mise en culture en milieux à faibles


et fortes concentrations de Sb………………………………………………….105

Photo 5.6 : L. spartum après un mois de mise en culture en milieux à faibles


et fortes concentrations de Sb…………………………………………………..106

Photo 6.5 : Hedysarum pallidum Desf.après un mois de mise en culture


en milieux à faibles et fortes concentrations en arsenic…………………… 110

Photo 6.6 : Lygeum spartum L. après un mois de mise en culture en milieux


à faibles et fortes concentrations en arsenic…………………………………..111
INTRODUCTION GENERALE

La pollution des sols par les métaux lourds et les métalloïdes potentiellement toxiques
représente un des dangers environnementaux parmi les plus imminents et les plus importants
de notre époque. En Algérie, ils sont principalement issus des mines abandonnées, présentes
dans de nombreuses régions ayant un historique d’exploitation minière. L’impact direct des
opérations minières à ciel ouvert est l’altération profonde et durable des sols, sur des
superficies souvent considérables (Thornton, 1996). Cette dégradation, qui survient durant
l’activité minière, peut continuer et porter préjudice à l’environnement longtemps après son
arrêt (Fernández-Caliani et al., 2009) .

Dans la zone minière d'antimoine de Djebel Hamimat (Nord-Est de l’Algérie) qui a


cessé ses activités en 1952, Rached-Mosbah et Gardou (1988) avaient identifié des taux
élevés d’antimoine dans les sols environnants les déblais miniers. Cette activité minière, qui
générait 3000 t/an de production selon Boisson et Neybergh (1977), a provoqué la remontée
en surface du minerai qui, avec son affleurement naturel, s’est traduite par une dispersion
superficielle étendue à l’ensemble de la région environnante. Cette dernière est caractérisée
par une végétation steppique à vocation pastorale, accompagnée d’un reboisement de pin
d’Alep et de cultures céréalières en bordure du Djebel. Il existe donc une possibilité réelle
d’une contamination de toutes ces plantes par les métaux lourds et d’un transfert et d’une
concentration de ces derniers dans tous les maillons de la chaîne trophique.

Toutefois, la prolongation de cette pollution dans la vallée de l’oued Dahimine, la


dispersion de l'antimoine dans les sols calcaires et ses relations avec d'autres facteurs
édaphiques n'ont pas été encore étudiés. En outre, l’évaluation de la contamination par
d’autres éléments traces, dont l’arsenic connu pour accompagner souvent le minerai
d’antimoine, n’a pas encore été effectuée dans les zones étudiées. Par ailleurs, c’est seulement
dans la dernière décennie que s’est imposé un intérêt pour la pollution de l’environnement par
l’antimoine (Cal-Prieto et al., 2001, Filella et al., 2009a,b; Marin et al., 2010 ; Wilson et al.,
2010; Frankova et al., 2012 ; Varga et al., 2012). Pour cette raison, sa toxicité, son mode
d’action et son comportement dans l'environnement restent encore mal connus (Filella et al.,
2002a,b). En outre, très peu d'études ont été entreprises sur la mobilité de l'antimoine dans les
zones calcaires et semi-arides, touchées par des activités minières anciennes (Pérez-Sirvent et
al., 2011).

Contrairement aux autres métaux lourds (Shaw, 1990), et à l'exception de l’étude


réalisée par Rached-Mosbah et Gardou (1988), à notre connaissance l'effet de l'antimoine sur
la distribution des espèces végétales n'a fait jusqu'à présent l'objet d'aucune étude. Les
données concernant cet élément se rapportent essentiellement à son accumulation par les
plantes (Rached-Mosbah et Gardou ,1988; Baroni et al., 2000; Hammel et al., 2000 et
Flyn et al., 2003). Rached-Mosbah et Gardou (1988) avaient déterminé des taux élevés
d’antimoine dans les sols entourant les filons de l’ancienne mine d'antimoine du Djebel
Hamimat et une perturbation de la végétation en place. Mais cette étude, essentiellement
descriptive, n'avait pas permis d'établir significativement l’effet de cet élément sur les
groupements végétaux. Les puits de mines et les filons étant localisés sur les pentes du Djebel
Hamimat, le facteur géomorphologique semblait avoir un rôle prépondérant dans la
distribution des espèces végétales. En outre, dans cette étude, seul l'antimoine avait été
analysé

Selon Kabata-Pendias et Pendias (2001), les plantes peuvent être très sensibles aux teneurs
élevées d’éléments traces métalliques dans les sols. Certaines espèces sensibles présentent
déjà des signes de toxicité à des concentrations faibles de ces éléments telluriques. Les
impacts potentiels de la contamination des sols par les éléments traces métalliques sur les
communautés de plante dans la vallée de l’oued Dahimine seraient donc probables.

L’oued Dahimine prend sa source dans la région minière localisée dans une montagne, le
Djebel Hamimat, et continue son cheminement sur plusieurs kilomètres, plus bas dans la
vallée. En choisissant une partie de cet oued, en bas de la montagne où le facteur
géomorphologique n’est pas vraiment variable, en utilisant des méthodes quantitatives et
statistiques floristiques et en faisant des analyses physico-chimiques des sols, l'objectif de ce
travail est de répondre aux questions suivantes:

- Les sols de cette partie de l'oued, bien qu’ils ne soient pas à proximité des puits et
des déblais miniers et au même niveau que le lit de l’oued, sont ils susceptibles d'être
contaminés, non seulement par le Sb, mais aussi par d’autres éléments traces métalliques tels
que As, Co, Cr, Cu, Pb et Zn ?
- Y a-t-il un risque que la pollution par le Sb ou par d’autres éléments toxiques
s'étende jusqu’au fond de la vallée?
- Quels sont les facteurs physico-chimiques des sols qui participent à la dispersion ou à
la rétention du Sb ?
- Le Sb a-t-il une action sur les communautés végétales? Est-ce que les autres éléments
traces et les facteurs physico-chimiques du sol sont impliqués dans un tel effet et dans quelle
mesure?
- Y a-t-il des espèces liées à la présence du Sb dans les sols et/ou aux autres éléments
traces métalliques ?
- Existe-t-il parmi les végétaux se développant sur les sols les plus contaminés, des
espèces en mesure de tolérer des concentrations élevées de Sb et/ou As ?
- Ces espèces sont-elles résistantes à ces éléments traces métalliques en conditions
expérimentales ? Seront-elles exploitables pour la phytoremédiation des sols miniers ?

Trois approches sont envisagées. La première a trait à l’étude, dans le milieu naturel,
des sols et de la végétation des berges de l’oued Dahimine. Elle comprend des inventaires
floristiques répartis sur 30 points et des prélèvements de sol analysés au laboratoire pour la
détermination de leurs caractéristiques physico-chimiques et de leurs teneurs en éléments
traces métalliques. La deuxième approche concerne l’étude en milieu naturel du mode de
tolérance de deux espèces métallophytes, Hedysarum pallidum Desf. et Lygeum spartum L. à
l’antimoine et à l’arsenic. Elle est effectuée par un prélèvement (avec répétition) de ces deux
espèces et de leurs sols sur 10 parcelles, elle est suivie de leurs analyses au laboratoire. La
dernière approche consiste en des tests expérimentaux de résistance, au laboratoire de ces
deux espèces à l’antimoine et à l’arsenic.
CHAPITRE 1 : COMPORTEMENT DE L’ANTIMOINE DANS
L’ENVIRONNEMENT : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Introduction
L’antimoine est un métalloïde appartenant au groupe 15 du tableau périodique des
éléments. Il est de symbole atomique "Sb", de numéro atomique Z = 51 et de poids atomique
121,75. Il est considéré comme très dangereux pour l’homme (Alloway, 1995) ainsi que pour
sa santé voir cancérogène (Hammel et al., 2000). L’antimoine est, également, considéré
comme un polluant classé prioritaire par l’agence de protection de l’environnement des Etats-
Unis (USEPA, 1979) et l’union européenne (Filella et al., 2002a). Plusieurs aspects de ses
comportements environnementaux ont été, récemment, examinés (Filella, 2010; Filella, 2011 ;
Shtangeeva et al., 2011; He et al., 2012).

1.2. Historique
. Historiquement l’antimoine a été utilisé dans des temps très anciens. Ainsi un
fragment de vase en antimoine pur, datant de quatre milles ans avant notre ère, a été découvert
en Chaldée dans la cité sumérienne de Tello (Mascherpa, 1982). L'antimoine était déjà connu
chez les Babyloniens et chez les Chinois 4000 ans avant Jésus-Christ (non seulement comme métal
mais aussi comme ustensile). Les anciens formaient les sourcils en arcs parfaits et les teignaient en
noir (Stibnite). Ils ajoutaient aux paupières la même teinture pour donner aux yeux plus de
brillance. Cet artifice était en usage chez les Hébreux, en Egypte ancienne et au Moyen- Orient.

Il faut remarquer que le pouvoir vomitif de l’antimoine était connu chez les romains
fortunés qui terminaient leur repas en buvant du vin gardé dans un récipient en étain dopé à
l’antimoine et qu’ils dénommaient « le calice vomitif » (Bencze, 1994).

Un médecin alchimiste musulman d’origine perse, très renommé, Geber, utilisait


l’antimoine pour ses vertus curatives et le nomma athmond « ‫»األثمد‬. Ce dernier a été transcrit
plus tard en latin sous le nom d’antimonium (Bourzat, 2006).

Au Moyen Age, en Europe, les alchimistes considéraient l’antimoine comme un


élément capable de purifier ou d’imiter l’or. Paracelse (1495-1541) semble être le premier qui
loua les vertus thérapeutiques de l’antimoine. Cet alchimiste, considéré par la plupart des
médecins de son époque comme un charlatan, obtint néanmoins en 1527 à Bale, la première
chaire de Chimie crée au monde (Bourzat, 2006).
Une histoire très controversée attribue à un moine alchimiste allemand dénommé
Basile Valentin, le mérite d’avoir écrit un ouvrage, « le char triomphal de l’antimoine » (paru
en 1599) qui donnait la recette pour préparer ce remède et, par ailleurs, vantait son usage
universel comme médicament. La légende raconte que ce moine avait voulu faire bénéficier
ses frères moines des vertus stimulantes de l’antimoine (action bénéfique qu’il avait observé
sur les cochons de son monastère) (Mascherpa, 1982 ; Bourzat, 2006).

La grande réputation thérapeutique que connut, durant plus de 300 ans, l’antimoine
fut souvent terni par de nombreux accidents mortels observés lors de son usage immodéré
(Mascherpa, 1982 et Bourzat, 2006). Cependant, en France, en 1566, le Parlement de Paris
finit par interdire l’usage de l’antimoine en médecine. Pendant 100 ans, l’Ecole de médecine
de Montpellier, profondément marquée par les théories des alchimistes musulmans (en
particulier Rhazès qui vécut au Xe siècle), refusa cette interdiction. Ce n’est qu’en 1666, que
Louis XIV, ayant été apparemment sauvé à l’âge de 20 ans d’un typhus exanthématique grâce
à l’émétique (le vin émétique était préparé par contact, durant 24 heures, de trioxyde
d’antimoine, dénommé « foie d’antimoine », avec du vin blanc), autorisa de nouveau l’usage
thérapeutique de l’antimoine. C’est Mazarin, qui conseilla au roi, l’utilisation de ce remède,
alors qu’il était interdit par l’Ecole de Médecine parisienne (Mascherpa, 1982 et Bourzat,
2006).

L’usage de l’émétique comme vomitif puissant se perpétua jusqu’au début du XX e


siècle, bien qu’il y eu quelques issues fatales dont celle, ironie du sort, de Mazarin
(Mascherpa, 1982 et Bourzat, 2006).

1.3. Sources et usages


1.3.1. Sources naturelles
L’antimoine, dans le sol, provient essentiellement, en milieu non anthropisé, de la roche
mère (Kabata-Pendias et Pendias, 1999). L’antimoine est peu abondant dans la croûte
terrestre. Sa concentration est estimée entre 0.2 et 0.3 µg g-1 (Fowler et Goering, 1991). Mais,
cette concentration varie grandement selon le type de roches, le degré d’évolution, les teneurs
en fractions fines et en oxydes métalliques et surtout les teneurs en humus (Aubert et Pinta,
1971). L’antimoine est particulièrement abondant dans les roches sédimentaires. Il se
concentre préférentiellement dans les sédiments argileux (de 1.2-2 µg g-1) et schisteux
(de 0.8-1.5 µg g-1) (Kabata-Pendias et Pendias, 2001). Sb apparaît, selon ce même auteur,
distribué de manière relativement uniforme au sein des roches magmatiques. Les roches
basiques contiennent toutefois un peu plus de Sb (0.2-1 µg g-1) que les roches acides (0.2 µg
g-1). Les moyennes les plus élevées sont rencontrées dans les Chernozems (0.99 µg g-1) et les
fluions (0.82 µg g-1). Les teneurs les plus basses sont observées dans les podzols (0.19 µg g-1)
et dans les Histosols (0.28 ppm). Les sols argileux peuvent également contenir des teneurs
élevées en Sb (0.76 ppm) (Kabata-Pendias et Pendias, 2001). D’après Filella et al. (2002a),
les concentrations typiques des aérosols des zones non influencées par des rejets d’origine
anthropique sont inférieures à 0.1 ng m-³.

1.3.2. Sources anthropiques


La majorité de la pollution par le Sb semble provenir d'émissions minières et
industrielles (Adriano, 1986; Telford et al., 2009; Wilson et al., 2010).
Dans le monde, les gisements de Sb sont au 9ème rang par importance et ses composés
sont répertoriés comme des polluants prioritaires par l’Agence de Protection de
l'Environnement (USEPA, 1979). Le Sb est exploité dans 15 pays (Butterman et Carlin,
2004). La production mondiale minière de Sb s’élève à plus de 2 millions de tonnes, dont la
plupart est produite en Chine, en Bolivie, en Russie, en Afrique du sud et au Tadjikistan
(Carlin, 2000 ; Filella et al., 2002a). La figure 1.1 montre la production globale entre 1999 et
2008 (Index Media, 2009). L'exploitation minière est fortement concentrée en Chine, qui
représentait, en 2010, plus de 85% de la production mondiale (135.000 t de Sb).
La pollution des sols par des métaux potentiellement toxiques et métalloïdes provenant
des terres de mines abandonnées représente l'un des plus importants risques
environnementaux qui affecte de nombreux pays (Thornton, 1996). Comme conséquence
directe de l'exploitation minière à ciel ouvert, le sol est détruit et la contamination peut
atteindre une superficie considérable. Ce qu'il en reste est généralement dégradé et peut
continuer à endommager l'environnement longtemps après la période d'exploitation minière.
Figure 1.1 : Production globale du Sb entre 1999 et 2008 (donnée de http://www.
indexmundi.com/en/commodities/minerals/antimony/antimony_t9.html).
L’arrêt des exploitations minières produit souvent plus de problèmes à
l'environnement que les opérations minières elles-mêmes. Les polluants peuvent être
transférés à partir des résidus et déchets balancés des décharges à proximité des sols, par le
drainage minier ou de dépôts atmosphériques de poussières soufflées par le vent. Les
conditions climatiques et hydrologiques, (Batista et al., 2007; López et al., 2008), déterminent
l’emplacement des zones potentiellement contaminées.
Des niveaux très élevés de pollution ont été détectés autour des sites de fonderie
(Baroni et al., 2000; Filella et al., 2002a; Wilson et al., 2010). En outre, les combustibles
fossiles et les déchets d’incinération (Qi et al., 2008) sont une importante source anthropique
de Sb. Les activités humaines influencent fortement la géochimie environnementale de Sb
(Shotyk et al., 2005). La croissance rapide de l'utilisation industrielle (par exemple les
retardateurs de flamme, les alliages, les pigments, les semi-conducteurs) augmente et souvent
d’une manière incontrôlée la libération de composés de Sb dans l'environnement (Filella
et al., 2002a; Wilson et al., 2010). D'autres sources de contamination sont la circulation
routière (les poussières de freinage des pneus) et les champs de tir (antimoine dans les
munitions) (Scheinost et al., 2006; Oorts et al., 2008). A ces sources s’ajoutent les activités
cinématographiques et l'élimination des déchets d'équipements électroniques (Oprea et al.,
2010; Wang et al., 2010).
1.3.3. Usages
Aujourd'hui, le Sb est utilisé en quantités croissantes dans de nombreux produits.
Environ 60% de la production mondiale de Sb est utilisé sous forme de trioxyde de Sb
(Sb2O3), en synergie avec les halogènes hydrocarbures, comme retardateur de flamme, dans
les plastiques, les textiles, les papiers et les colles (Butterman et Carlin, 2004). Le trioxyde de
Sb est, également, utilisé comme un catalyseur dans les plastiques (par exemple, les bouteilles
en PET: polyéthylène téréphtalate) stabilisant les colorants pour peintures (par exemple, dans
les bandes de signalisation jaunes appliquées aux chaussées), et comme décolorant dans la
verrerie (Filella et al., 2002a). En raison de sa compatibilité avec le plomb, l'antimoine
métallique est utilisé en tant que durcisseur d'alliages de plomb dans les batteries et les
munitions (Butterman et Carlin, 2004). Le trisulfure d'antimoine (Sb2S3) est utilisé, entre
autres, comme lubrifiant dans les freins d’automobiles et les garnitures d'embrayage
(Butterman et Carlin, 2004). En médecine l’utilisation de l’antimoine reste également le
traitement de choix pour plusieurs maladies tropicales causées par les protozoaires, telles que
la leishmaniose (Vasquez et al., 2006), et dans le traitement du HIV (Fowler et Goering,
1991).

1.4. Toxicité de l’antimoine.


En général, les composés inorganiques Sb sont plus toxiques que celles organiques, et
Sb (III) plus que les espèces Sb (V) (Filella et al., 2002a). Dans sa forme trivalente, Sb peut
avoir un niveau de génotoxicité similaire à l’As trivalent (Gebel, 1997).

1.4.1. Effets sur la santé humaine.


1.4.1.1. Toxicité aiguë.
La toxicité de l'antimoine dépend de son état d'oxydation; Sb (III) est environ dix fois
plus toxique que Sb (V) (Thron, 1991). Les voies respiratoires, le tractus gastro-intestinal, le
cœur et la peau sont les principales cibles de la toxicité du Sb. Les symptômes d'intoxication
aiguë sont l'irritation violente du nez, de la bouche, de l’estomac et de l'intestin avec des
douleurs abdominales, des vomissements et des diarrhées.
L’ingestion accidentelle par voie orale de trioxyde d’antimoine entraîne des sensations
de brûlures dans l’estomac, des coliques, des nausées, des vomissements et parfois des
collapsus. D’après Dunn (1928), peu de temps après avoir ingéré une boisson contaminée par
une dose équivalente à 0.53 mg de Sb kg-1, sous forme de tartrate de potassium et
d’antimoine, des travailleurs ont vomi. Des effets gastro-intestinaux ont été signalés chez des
travailleurs exposés à des poussières d’antimoine. Ces effets résultent certainement du
transport des poussières des poumons au niveau digestif par une action mucilagineuse
(ATSDR, 1992).
L’exposition professionnelle par inhalation à du trioxyde d’antimoine et des poussières
de pentoxyde d’antimoine (8.87 mg de Sb m-3 ou plus) a entraîné des effets respiratoires
incluant une stibiose (pneumoconiose stibiée), de la bronchite chronique, de l’emphysème
chronique, des adhésions pleurales et des effets pulmonaires obstructifs (Cooper et al., 1968) .

1.4.1.2. Toxicité chronique


La pneumoconiose, des modifications cutanées et des dommages cardiaques ont été
observés après une exposition à long terme au Sb (Schneider et Kalberlah, 2000).
Des travailleurs exposés à des doses comprises entre 0.58 et 5.5 mg Sb m-3 sous forme
de trisulfure d’antimoine pendant 8 mois à deux ans ont présenté une augmentation de la
pression sanguine (10 %) et des altérations cardiaques chez 5 % des sujets (Brieger et al.,
1954). Cependant ces travailleurs étaient également exposés à une résine à base de phénol et
de formaldéhyde.
Des travailleurs exposés, moins de cinq mois, à des fumées d’oxyde d’antimoine à
des concentrations de 4.69 à 11.82 mg m-3 ont présenté des rhinites, des dermatites, des
laryngites, des bronchites, des pneumonies et des conjonctivites (Renes, 1953). Cependant ces
travailleurs étaient également exposés à de faibles concentrations d’arsenic (0.39 à 1.10 mg
m3). Le contact cutané avec des particules aéroportées de trioxyde d’antimoine a provoqué
l’apparition d’une dermatite chez des ouvriers (Stevenson, 1965). Celle-ci est caractérisée par
une nécrose cellulaire épidermique avec des réactions cellulaires inflammatoires aiguës. Elle
résulte de l’action du trioxyde d’antimoine sur le derme après sa dissolution dans la sueur et
sa pénétration dans les glandes sudoripares.

1.4.2. Effets sur l’animal


Les travaux sur l'écotoxicologie de l'antimoine sont rares. Selon Danish EPA (2000),
le Sb2O3 provoque une nuisance chez les algues. Sb2O3 a prouvé son innocuité dans les essais
de toxicité aiguë avec des crustacés. Sur les sols contaminés, les nématodes et les algues du
sol se sont révélés sensibles à l'antimoine contrairement aux Collemboles et aux plantes
supérieures (Hammel et al., 1998).

1.4.2.1. Toxicité aiguë


Selon Myers et al. (1978) et Houpt et al. (1984), des vomissements et des diarrhées
ont été observés après une exposition aiguë d’animaux à du trioxyde d’antimoine ou du
tartrate de potassium et d’antimoine.
Des rats et des cobayes exposés par inhalation pendant 30 minutes à 1 395 mg de
Sb m-3, sous forme d’hydrure d’antimoine, ont présenté des œdèmes pulmonaires ou sont
morts. À la dose de 799 mg de Sb m-3, une dilatation tubulaire rénale est observée (Price
et al., 1979). Selon ATSDR (1992), l’administration d’une dose unique de 300 mg de Sb kg-1
sous forme de tartrate de potassium et d’antimoine a entraîné la mort des rats. Par contre,
l’administration unique de doses plus élevées d’antimoine inorganique (métallique, oxyde,
trioxyde d’antimoine) allant jusqu’à 16 714 mg kg-1 n’a pas entraîné la mort des rats.
Des lapins exposés pendant cinq jours à 19.94 mg de Sb m-3, sous forme de trisulfure
d’antimoine, ont présenté une inflammation des poumons, une dégénérescence graisseuse et
parenchymateuse du foie et des altérations cardiaques (Brieger et al., 1954). L’application
cutanée de 1584 mg de Sb kg-1 sous forme d’oxyde d’antimoine ou de 6686 mg de Sb kg-1
sous forme de trioxyde d’antimoine à des lapins (Myers et al., 1978) a entraîné leur mort en
une journée.

1.4.2.2. Toxicité chronique.


Des rats exposés par inhalation au trioxyde d’antimoine pendant 13 semaines ou plus,
ont présenté une augmentation du nombre de macrophages alvéolaires et intra-alvéolaires
(Bio/dynamics, 1985, 1990). Une inflammation interstitielle chronique a également été
observée chez les rats exposés à 0.07 mg m-3 pendant un an. Une fibrose interstitielle et une
pneumonie lipoïdique ont été observées chez des rats exposés à du trioxyde d’antimoine ou du
trisulfure d’antimoine pendant un an (Watt, 1983; Groth et al., 1986). Ces effets ont été
observés pour des expositions à des doses comprises entre 1.6 et 83.6 mg de Sb m-3. Des rats
et des lapins exposés 7 heures par jour, 5 jours par semaine, pendant au moins 6 semaines à
des poussières contenant du trisulfure d’antimoine à des concentrations de 3.07 à 5.6 mg m -3,
ont présenté une dégénérescence parenchymateuse du cœur et des modifications cardiaques
(Brieger et al., 1954).
Selon Dernehl et al. (1945), des cobayes ont été exposés à 38.1 mg de Sb m-3 sous
forme de trioxyde d’antimoine 2 heures/jours, 7 jours/semaine pendant 2 semaines, puis 3
heures/jour jusqu’à 265 jours. Ils ont présenté, à la suite de ce traitement, une pneumonie
interstitielle (chez tous les animaux), une augmentation du poids des poumons et des
hémorragies pétéchiales sous-pleurales (pour une exposition supérieure à 30 jours), une
augmentation du poids du foie et une dégénérescence albumineuse et graisseuse du foie (chez
73 % des animaux exposés plus de 48 jours), une diminution des globules blancs ainsi qu’une
hypertrophie et une hyperplasie de la rate. L’administration chronique par voie orale dans
l’eau de boisson de faibles doses de tartrate de potassium et d’antimoine (0.262 mg/kg/j) à des
rats pendant leur vie entière a entraîné une diminution de leur durée de vie, une augmentation
du taux de cholestérol sérique, et une diminution de la glycémie (Schroeder et al., 1970).

1.4.3. Effets sur les plantes et les organismes du sol


Flynn et al. (2003) ont constaté que la bioluminescence d'As et les biocapteurs
spécifiques de Sb (souche d'Escherichia coli CM1166 PC200) a été supprimé à des
concentrations de Sb (III) en solution dépassant 1 mg L-1. Bien que le stibogluconate de
sodium ait été utilisé pendant plus de 75 ans pour traiter la leishmaniose (une maladie causée
par le protozoaire parasite Leishmania sp. et qui a affecté 12 millions de personnes dans 88
pays en 2007). La toxicité de Sb élémentaire et méthylé est très peu connue. Seuls quelques
tests de toxicité ont été réalisés avec des plantes ou d'autres organismes exposés à des sols
contaminés par Sb, les plantes ont été généralement jugées plus tolérantes au Sb du sol que la
faune du sol Tschan et al. (2009).
Oorts et al. (2008) ont trouvé une réduction de 50% de l’allongement de la racine de
l'orge et une réduction de 50% de la croissance des parties aériennes de la laitue à 40 mg L-1
de Sb. Le sol utilisé dans leur étude avait été enrichi avec 7 g kg-1 de Sb sous la forme de
Sb2O3. Au moment de l'échantillonnage, 70% du Sb en solution était présent sous forme
Sb(V). He et Yang (1999) n’ont pas trouvé de différence significative entre la toxicité de
Sb(III) et Sb(V) sur la croissance de la racine et des parties aériennes du riz cultivés en pots.
Davis et al. (1978) ont montré que la phytotoxicité de Sb ne doit pas nécessairement exiger
une accumulation du Sb dans les parties aériennes. La croissance de l'orge (Hordeum vulgare)
était déprimée dans les cultures sur sable à des concentrations de 50-100 mg L-1 de Sb en
solution, bien que le Sb ait été en dessous de la limite de détection dans les parties aériennes
(<2 mg/ kg) (Davis et al., 1978).
1.5. Occurrence lithogène et géochimie
L'antimoine est un élément chalcophile qui se trouve dans la nature principalement
comme Sb2S3 (stibine, antimonite) et Sb2O3 (valentinite) (Butterman et Carlin, 2004). La
valentinite est généralement un produit de transformation naturelle de la stibine (Filella et al.,
2002a). En plus de ces formes majeures, les minerais les plus importants de Sb incluent la
kermésite (Sb2S2O) et la cervantite (Sb2O4) (Murciego Murciego et al., 2007). Ces composés
sont généralement présents dans les minerais de Cu, Ag et Pb. L'antimoine est également un
composant commun du charbon et du pétrole. Beaucoup de sulfures et d'oxyde minéraux
contenant le Sb (en particulier Sb (III)) ont été identifiés dans les roches et les gisements
minéraux, et pourtant on sait que très peu de minéraux secondaires peuvent se former dans les
sédiments et les sols dans les conditions ambiantes (Johnson et al., 2005). L’oxydation
chimique directe du minerai primaire d’antimonite par l'oxygène de l'environnement est
négligeable. Le procédé est réalisé, par contre, par des bactéries autotrophes spécifiques. Elles
sont communes dans les zones d'oxydation des dépôts de Sb et prennent une part active dans
la formation de leurs produits oxydés (Yakhontova, 1998). Les voies de dégradation
biogéniques de l’antimonite et des sulfosels de Sb sont très spécifiques (Rish, 2004).
Thiobacillus ferrooxidans et Thiobacillus thioparus assurent leur transformation en minerais
secondaires, tel que la kermesite (Sb2OS2) ou la sénarmontite (valentinite, Sb2O3).
Stibiobacter senarmontii produit de la stibiconite (Sb3O6(OH)), à partir de l’antimoine tri et
pentavalent (Sb3+Sb25+O6(OH)) (Kabata-Pendias, 1995).

1.6. Spéciation dans les systèmes naturels


1.6.1. Spéciation inorganique en fonction du pH et du potentiel redox
La solubilité, la mobilité, la biodisponibilité et la toxicité du Sb dépendent de son état
d'oxydation, il est essentiel de comprendre la chimie d’oxydoréduction du Sb dans les sols.
L’antimoine existe dans quatre états d'oxydation (-III, 0, + III, + V), dont seulement + III et +
V sont connus pour être d'une importance environnementale et biologique (Filella et al.,
2002a). Dans les milieux aquatiques, Sb (V) est stable dans des conditions oxydantes et Sb
(III) dans des conditions réductrices. L’antimoine appartient au groupe 15 du tableau
périodique, et son comportement géochimique est à bien des égards similaires à celui de
l’élément arsenic (As) et du phosphore (P). Toutefois, la coordination de Sb (V) avec
l'oxygène est très différente de celle de l'As (V) ou du P (V) (Pauling, 1933 ; Alloway, 2013).
Contrairement à l’As (V) et au P (V), qui sont plus petits et donc tétraédriquement
coordonnés, Sb (V) est coordonné octaédriquement avec l'oxygène. Selon les calculs
d'équilibre thermodynamique, l’ion antimoniate Sb(OH)6 est l'espèce prédominante dans des
solutions aqueuses en conditions aérobies à des valeurs de pH supérieures à 2.7 (Baes et
Mesmer, 1986). Selon Alloway (2013), Sb trivalent (III) prédomine comme antimonite neutre
(Sb(OH)3) entre pH 1,4 et 11,8. En conséquence, la formation importante de Sb(OH)2+ se
produit seulement à très faible valeurs de pH, et la formation de Sb(OH)4- uniquement à de
très hautes valeurs de pH. Le minéral stibine (Sb2S3) peut être formé dans des conditions
réductrices en présence de soufre (S) à pH légèrement acide, tandis que le complexe soluble
Sb2S42 – peut se produire à pH plus élevé (Filella et al., 2002b), en fonction des activités de Sb
et de S (Takayanagi et Cossa, 1997). Une augmentation de la concentration en S ou une
diminution en rapport Sb/S va étendre la portée de la stabilité de Sb 2S42- vers des valeurs de
pH inférieures. L'information sur la réduction de la médiation microbienne de Sb dans les
systèmes naturels est encore très limitée (Filella et al., 2007).
Mitsunobu et al. (2010) ont étudié la distribution et la spéciation de Sb dans le sol
minier réducteur contaminés par le Sb2O5. Ils ont constaté qu'une importante quantité de Sb
lié à des particules de quartz recouvertes par les hydroxydes de Fe est présente sous forme de
Sb (III), ce qui indique que la réduction de Sb s’est déroulée dans le sol. Les réactions
d'oxydoréduction entre le Sb et le fer (Fe) ont été jugées particulièrement complexes. Le fer
peut agir aussi bien comme réducteur qu’un agent oxydant de Sb. Leuz et Johnson (2005) ont
constaté que Fe (II), en solution, réduit Sb (V) à Sb (III) dans les eaux alcalines anaérobies.
En revanche, Fe (III) et Mn (IV) peuvent provoquer l’oxydation de Sb (III) dans des
conditions aérobies, tant au pH alcalin qu’acide (Belzile et al., 2001; Leuz et al., 2006b).
Cette dernière réaction est supposée être catalysée par les hydroxydes de ce métal, qui
forment des produits intermédiaires tels que des ions hydroxyle ou des radicaux de Fe (III) en
réagissant avec l'oxygène (Leuz et al., 2006 a).
La spéciation dans les systèmes biogéochimiques, qui ne sont généralement pas à
l'équilibre, est cependant plus compliquée qu'un simple examen de pH et de potentiel rédox.
Par exemple, la réduction des espèces de Sb peut se produire dans des systèmes oxiques,
tandis que les espèces oxydées peuvent persister dans les milieux anoxiques (Masscheleyn
et al., 1991). L'existence continue de Sb (III) dans des eaux naturelles oxydées a été
caractérisée par des réactions lentes (Filella et al., 2002b). La production biotique (Cutter,
1992) et la réduction photochimique (Cutter et Cutter, 2005) peuvent jouer un rôle dans le
maintien de Sb (III) dans l'eau de mer oxique. Oorts et al. (2008) en recueillant le Sb2O3 en
suspension de la couche arable à partir d'un usage agricole non contaminé, ont constaté, au
bout de 2 jours, que 70 % du Sb en solution était présent sous forme de Sb (V). En outre,
l'oxydation photochimique de Sb (III) semble exiger des catalyseurs. Buschmann et Sigg
(2004) ont observé la photo-oxydation de Sb rapide dans les eaux ensoleillées en présence de
carbone organique naturel dissous. À une concentration de ce dernier à 5 mg L-1, la réaction
induite par la lumière, est 9000 fois plus rapide que la réaction dans l’obscurité. En revanche,
aucune oxydation significative du Sb (III) n’a été observée après 200 jours dans les solutions
aqueuses avec O2 en tant que seul oxydant avec un pH 3.6 et 9.8 (Leuz et Johnson, 2005).

1.6.2. Espèces organiques


Les études qui ont tenté de comprendre la méthylation du Sb ont généralement été
concluantes ou contradictoires (Dodd et al., 1992; Gurleyuk et al., 1997) mais pour une étude
plus exhaustive sur les espèces d'antimoine méthylées dans l'environnement, il faut se référer
à Filella (2010). Les espèces mono-, dimethyl et triméthyl de Sb ont été trouvées dans les sols,
et il existe des preuves que la biométhylation (l'ajout de CH3 grâce à l'activité biologique)
peut se produire dans des conditions oxydantes ou réductrices. La méthylation de composés
de Sb dans les cultures bactériennes de Pseudomonas fluorescens sur des échantillons de sol a
été confirmée (Gurleyuk et al., 1997). La production biologique de trimethyl d’antimoine
dans des conditions réductrices (Jenkins et al., 1998) suggère que la biométhylation de Sb
peut se produire dans l’environnement comme dans les sols gorgés d'eau. Inversement, les
composés mono-, diméthyl et triméthyl de Sb ont été détectés dans l'eau de mer et dans des
sols en milieu urbain (Duester et al., 2005).
L’analyse des espèces de Sb méthylé en utilisant le procédé de production d'hydrure,
fournit uniquement des informations sur le niveau de la méthylation, mais n'établit pas de
distinction entre les états d'oxydation de Sb dans les composés (Diaz-Bone et Hitzke, 2008).
Les concentrations de monomethyl-Sb étaient généralement plus élevées que celles des
composés di-ou triméthyl-Sb.
Une étude de terrain sur neuf sols urbains dans les environs de la Ruhr (Allemagne)
n'ont pas révélé une corrélation significative entre le pH du sol, la température, et l'eau du sol
contenue avec le degré de biométhylation (Duester et al., 2005). Les composés de Sb méthylé,
qui ont été identifiés comme des mono-et diméthyl-stibine, représentaient moins de 1.5% des
concentrations totales de Sb dans ces sols. Frohne et al. (2011) ont réalisé des expériences en
microcosmes biogéochimiques avec une variation contrôlée de conditions du potentiel redox à
pH 5 en utilisant un sol contaminé de la plaine inondable de la rivière Wupper en Allemagne.
Ils ont constaté que les deux espèces inorganiques monométhylés de Sb diminuent de façon
linéaire en solution avec l'augmentation du potentiel redox (-400 à 600 mV). Les
concentrations de Sb inorganique s'élèvent à 10 µg L-1 au maximum, et les concentrations de
mono- méthyl-Sb sont à une valeur de 0.6 mg L-1 en conditions fortement réduites. En
revanche, les concentrations de diméthyl-Sb sont demeurées relativement stables à environ
0.1 à 0.2 mg L-1 que les conditions soient oxydantes ou réductrices.
Brannon et Patrick (1985) ont rapporté que le Sb non identifié volatile pourrait être
perdu dans les sédiments, indépendamment du statut de l'oxygène. La toxicité de ces espèces
de Sb volatiles n'est pas encore comprise et on en sait très peu sur leur chimie de
l'environnement. Mais, il est prouvé que la biométhylation peut changer considérablement la
mobilité des métalloïdes (Thayer, 2002). La méthylation de Sb peut améliorer la mobilité à
travers la volatilisation ou la formation de composés solubles, tels que les acides méthylés
(Jenkins et al., 1998). Certaines de ces espèces méthylées sont toxiques (Maeda, 1994).
Cependant, les concentrations de composés Sb méthylés apparaissent plus faibles par rapport
aux formes inorganiques les plus toxiques (Ellwood et Maher, 2002), et les données sur les
composés Sb méthylés dans les sols sont particulièrement rares (Filella et al., 2002a). Les
concentrations de composés méthylés de Sb sont généralement faibles dans les sols. Il
semble, ainsi, peu probable qu’elles puissent affecter de manière significative les pertes
totales de Sb des sols (Filella, 2010).

1.7. Mécanismes de rétention de l'antimoine dans les sols


La mobilité de Sb dans les sols est réduite par les mêmes mécanismes généraux de
rétention qui, également, affectent d'autres solutés, à savoir, l'adsorption, (co) précipitation et
l'immobilisation par les plantes. Alors que l'adsorption est l'accumulation d'une substance en
une couche unique d'ions ou de molécules à l'interface entre un solide et une phase liquide, la
précipitation est le processus par lequel une substance forme une phase solide en trois
dimensions (Sparks, 2005). En réalité, il y a une transition continue entre les deux procédés.
Si un ion d'une espèce substitue isomorphiquement à celui d'une autre espèce d'ions dans un
précipité, c'est ce qu'on appelle co-précipitation (Sposito, 1984). Alors que Sb peut également
être immobilisé par absorption dans les racines et les parties aériennes des plantes, les
données disponibles suggèrent que l'adsorption et les précipitations sont généralement les
principaux mécanismes de rétention de Sb dans les sols (Alloway, 2013).
Par ailleurs, le Sb peut être fortement retenu dans les sols (McLaren et al., 1998;
Flynn et al., 2003). De toute évidence, la rétention a une influence sur la fraction
biodisponible et mobile. Plusieurs facteurs, y compris les caractéristiques du sol et les
métalloïdes présents influent la rétention (Wilson et al., 2010). La compréhension des
processus de rétention de métalloïdes est fondamentale pour comprendre les cycles
biogéochimiques et préciser l'évaluation des risques dans les différents systèmes.

1.7.1. Adsorption
En termes d'adsorption, Sb se comporte, à bien des égards, contrairement aux cations.
Alors que la solubilité des cations augmente généralement avec la diminution du pH, un pH
bas favorise la sorption d'anions (McBride, 1994). Ainsi Sb(OH)6- et Sb(OH)3 sont les seules
principales espèces de Sb présentes dans l'environnement dans des conditions respectivement
oxydantes et réductrices. L'influence du pH sur l’adsorption du Sb devrait suivre le modèle
de la dépendance du pH de la charge électrique de la surface de sorption de la phase solide.

1.7.1.1. Adsorption sur les phases minérales pures


1. Minéraux argileux

Très peu d'études ont porté sur la sorption de Sb par les minéraux argileux.
Blay (1999) a constaté que la sorption de Sb (III) et Sb (V) par les minéraux argileux comme
la montmorillonite et la kaolinite à des valeurs de pH autour de 7.5 est un à deux ordres de
grandeur plus faible que la sorption des (hydr)oxydes de Fe et de Mn dans la même gamme de
pH. La sorption de Sb (V) à la montmorillonite et la kaolinite diminue linéairement avec
l’augmentation du pH de 2 à 9. Aussi, Xi et al. (2010) ont observé une forte dépendance de
la sorption de Sb (V) par la kaolinite au pH. En outre, ils ont constaté que l’adsorption de Sb
(V) par la kaolinite est nettement réduite lorsque la force ionique augmente de 0.01 à 0.05 M,
mais est moins touchée lorsque la force ionique était plus élevée 0.1 M. Les deux études
indiquent que la complexation de l’extérieure-sphère, probablement en combinaison avec
certains complexes du centre-sphère, joue un rôle beaucoup plus important pour la sorption de
Sb par les minéraux argileux que dans celle par les (hydr)oxydes de Fe, Mn, et Al.
Par ailleurs, bien que moins bien étudiée, il semble que l'association entre le Sb et les
minéraux Al-silicatés peut être importante selon l’origine du Sb. Par exemple, une plus grande
partie est lié à la fraction de silicate lorsque le Sb a une origine minérale primaire (Gal et al.,
2006). Il existe certaines preuves d'un minimum de solubilité générale dans le sol autour d'un
pH de 4 (Ashley et al., 2003), mais l’importance des minéraux argileux silicatés dans la
détermination de ce minimum ne peut pas être séparée de l'effet des oxydes et des
hydroxydes, ou autres phases du sol.
2. Les oxydes et les hydroxydes.

Les oxydes et les hydroxydes sont connus pour être importants pour l’adsorption du
Sb dans le sol (Mitsunobu et al., 2006).
L’antimoine a été mis en corrélation positive avec les composants d’oxyde de fer du
sol (Denys et al., 2008) et de nombreuses études ont montré une forte affinité du Sb (V) et Sb
(III) aux (hydr)oxydes de Fe ( Leuz et al., 2006a; Martinez-Llado et al., 2008; Mitsunobu
et al., 2006; Scheinost et al., 2006; Watkins et al., 2006). L’adsorption du Sb spécifique (V)
sur les hydroxydes de Fe dans les formations complexes du centre-sphère mixte a été
confirmée dans les sols contaminés et sur la goethite (Leuz et al, 2006b; Scheinost et al.,
2006). Le Sb (III) et le Sb (V) de la sphère interne bidentée complexent en surface avec les
(hydr)oxydes de Fe (Belzile et al., 2001 et Leuz et al., 2006b). Le Sb (III) est fortement
absorbé par la goethite en une large gamme de pH (3-12), tandis qu’une forte adsorption de
Sb (V) par la goethite est limitée à des valeurs de pH inférieures à 7 (Leuz et al., 2006b). Le
Sb peut être mobilisé dans des conditions alcalines par la catalysation de l’oxydation des
(hydr)oxydes de Fe par l’adsorption de Sb (III) et une libération par la suite du produit
d'oxydation d’antimoniate (Leuz et al., 2006a).
Tighe et al. (2005b) ont étudié la sorption de Sb (V) aux (hydr)oxydes de fer amorphe
synthétique et ont constaté que la sorption augmentait linéairement avec la diminution du pH
et elle est de 100% à pH <3.5. Tighe et Lockwood (2007) ont rapporté que 95% de sorption
de Sb (V) par l’hydroxyde de Fe non cristallin se faisait dans une gamme de pH de 2.5 à 7
avec un maximum de sorption à un pH d'environ 4. La sorption du Sb (V) sur l'hématite est
également forte, avec une absorption maximale similaire (pH 4) impliquant une combinaison
de sites de liaison de surface (Pierce et Moore, 1982; Ambe, 1987). Takahashi et al. (2010)
ont effectué des expériences de sorption (à pH inconnu) avec l’allophane synthétique et ont
trouvé une forte corrélation entre le Fe et la quantité de Sb(V) adsorbé, mettant en évidence la
forte affinité de Sb (V) aux groupes fonctionnels liés au Fe. Les (hydr)oxydes de Fe amorphe
sont susceptibles d'être des sorbants plus forts que les minéraux cristallins de Fe, grâce à
leurs surfaces plus grandes (Cornelis et al., 2008).
L'association d'espèces de Sb avec les (hydr)oxydes de Mn n’a été abordée que dans
quelques expériences d'adsorption à l'aide de minéraux synthétiques. Dans les expériences de
traitement par lots réalisée par Blay (1999) l’oxyde de manganèse (MnO2) avait une capacité
d'adsorption élevée à pH 7 sous forme de goethite et hématite (Fe2O3). Des observations
similaires ont été faites par Thanabalasingam et Pickering (1990) pour la sorption de Sb qui a
été ajouté sous forme de Sb (III) à l'hydroxyde de manganèse (MnOOH) sur toute la plage de
pH de 3 à 9.
Les interactions de Sb (III) et Sb (V) avec les (hydr)oxydes d’Al sont encore moins
étudiées, mais il semble aussi y avoir une affinité élevée des deux espèces à la surface de la
gibbsite, Al(OH)3 (Rakshit et al., 2011). La sorption de Sb (V) par la gibbsite est plus forte
dans l'intervalle de pH de 2 à 4, et négligeable à un pH de 10, tandis que la force ionique n’a
que peu d'influence à cause de la faible surface de couverture. Ces résultats suggèrent un
mécanisme de liaison de la sphère interne avec la formation d'un complexe binucléaire de
surface monodentée (Rakshit et al., 2011). Les capacités de sorption maximale, calculées pour
un pH de 6.1, sont beaucoup plus inférieures pour la gibbsite que pour les (hydr)oxydes de
fer, en raison de la faible surface de la gibbsite. Etant donné que Al(OH)3 se dissout à un pH
faible, ce mécanisme de liaison peut-être plus important dans les sols légèrement à
modérément acides avec la gibbsite que dans ceux avec prédominance des (hydr)oxydes.
L’antimoine est adsorbé sur les oxydes de Mn préférentiellement aux oxydes de Fe
dans les sédiments lacustres (Muller et al., 2002). L’antimoine (III) est fortement absorbé par
les (hydro)oxydes de Mn et la sorption diminue dans l'ordre MnOOH> Al(OH)3> FeOOH.
Cette diminution du taux de sorption est progressive avec l'augmentation du pH à partir de 6.
Malgré la forte sorption sur les (hydr)oxydes de Mn, la haute abondance des (hydr)oxydes de
Fe et d’Al indique que ces minéraux pourraient agir sur la solubilité du Sb (III) dans les
systèmes naturels (Casiot et al., 2007).

3. La sorption de la matière organique du sol

L’association d'antimoine avec la matière organique du sol dans les conditions


environnementales n'a été confirmée qu’au cours des dernières années (Clemente et al.,
2008). Les espèces neutres de Sb (III) comme Sb(OH)3 se lient facilement aux acides
humiques, avec un maximum de 30% du total de Sb (III) lié à des conditions écologiquement
pertinentes (Filella et al., 2002b; Buschmann et Sigg, 2004). Le Sb (III) se lie relativement
plus fortement que l'As (III). Dans les sols acides hautement organiques aux conditions
spécifiques, Sb (III) trouvé peut expliquer jusqu'à 34% de Sb total présent et l'interaction avec
la matière humique pourrait avoir une incidence significative sur la mobilité. L’adsorption
maximale pour le Sb (III) sur l'acide humique à 23 µmol Sb g-1 et 53 µmol Sb g-1 a été
rapportée en utilisant respectivement des solutions inorganiques (Sb(OH)3) et organiques
(tartrate d'antimoine), à pH 4 (Pilarski et al., 1995). La différence a été attribuée à l'effet
supplémentaire du tartrate dans la chélation et l’ionisation du Sb (III) en tant que complexe
anionique à ce pH. Pour le Sb inorganique (Sb(OH)3), l'adsorption a été réduite d'un
maximum de 70% à pH 3.8 à un minimum de 55% par augmentation du pH à 5.4 en raison
des effets de protonisation de l'acide humique, la concurrence avec d'autres espèces aqueuses,
ou complexante aqueuse de Sb réduisant son affinité pour la surface à des valeurs de pH plus
élevées (c'est à dire par des complexes organiques).
Plusieurs mécanismes de liaison du Sb (III) avec des matières humiques phénoliques,
carboxyliques et groupes hydroxy-carboxyliques ont été proposées, y compris l’échange de
ligand avec le centre de Sb, et la formation de Sb chargé négativement en complexes avec les
groupes carboxyliques (Buschmann et Sigg, 2004; Tella et Pokrovski, 2009). La chélation, les
H-ponts ou les métaux cationiques peuvent stabiliser la liaison Sb(III).
La rétention du Sb (V) par un acide humique, à des concentrations inférieures à 10
µmol Sb L-1 et à des valeurs de pH de 3.1 à 5.4 n'a pas été détectée par Pilarski et al. (1995).
Inversement, Steely et al. (2007) ont récemment rapporté que les acides humiques dans les
sols contaminés avaient une grande capacité de complexation du Sb (présent principalement
en Sb (V)) et, bien contraignant, de piégeage dans la couche organique du sol. Le Sb (III)
était oxydé en Sb (V) par l'acide humique. Tighe et al. (2005a) ont également signalé une
sorption significative de Sb (V) (56% de Sb ajoutée) sur l'acide humique à une concentration
de 0.23 mmol L-1 à pH 4. Des mécanismes similaires à ceux proposés par Buschmann et Sigg
(2004) pourraient être proposés pour l'ion antimoniate même si cela n'a pas encore été
confirmé.
1.7.1.2. Adsorption sur les sols entiers
L’adsorption dans les sols entiers est moins étudiée que sur les phases pures. Peu
d'études sur les sols entiers existent pour le Sb. 50-100% de Sb (III) ajoutée (26,4 mmol
comme tartrate d’antimoine) a été adsorbé et une forte proportion (57-99%) de la composante
absorbé était non-échangeable (King, 1988). La sorption augmente lorsque la fraction de
limon et d'argile augmente, même si aucune relation entre le Sb adsorbé et les phases d'oxyde
non-cristallin ou cristallin dans les sols n’ait été détecté. Le rapport de sorption de Sb était
plus élevé dans les sols minéraux que dans ceux riches en matières organiques.
En outre, selon Wilson et al. (2010), le maintien de Sb par la matière organique peut
être plus important que supposé à priori. Les mécanismes d’interaction du Sb avec les phases
organiques sont encore largement inexplorés et les effets de protonisation et adsorption
spécifique, dans les sols acides n’ont pas été évalués.

1.7.2. Effets de co-oxidants/co-réducteurs


L'oxydation de Sb (III) en Sb (V), en présence de certains hydroxydes a été rapportée.
La prédominance des Sb (V) dans les sols est en partie attribuée à ce mécanisme de co-
oxydation (Leuz et al., 2006a), ainsi qu’à l'association du Sb (V) avec les hydroxydes de Fe,
même dans des conditions réductrices (Mitsunobu et al., 2006). L'oxydation rapide de Sb (III)
en Sb (V) par des formes amorphes d’hydroxydes de Fe et de Mn dans la gamme de pH de 5 à
10 suggère que la présence de ces substances dans les sols peut jouer un rôle détoxifiant pour
les sols qui adsorbe du Sb (Belzile et al., 2001; Leuz et al., 2006a). La médiation de
l’oxydation du Sb (III) par le Fer est environ 10 fois plus rapide que celle par l'As (III)
(Leuz et al., 2006b).
Toutefois, il existe peu d’études sur l’adsorption ou la mobilisation du Sb (V). La
seule étude publiée à ce jour, à notre connaissance, montre que si l’oxydation de Sb (III) sur la
goethite a mobilisé le Sb pendant 35 jours sous des valeurs de pH de 7 à 9.9, 30% de Sb (III)
adsorbé était libéré en solution durant ce même temps (Leuz et al., 2006a). Par conséquent,
dans les sols alcalins les processus de co-oxydation pourraient en fait contribuer à la
mobilisation des espèces de Sb. Les rouilles vertes, (couches Fe (II)-Fe hydroxydes (III)) sont
formées dans les environnements suboxiques et légèrement alcalins (probablement une
minéralisation importante de Fe dans les sédiments et les sols non évolués) et ont une forte
affinité pour le Sb (V). On sait que les rouilles vertes ne réduisent pas l’As (V) en As (III).
Toutefois, le Sb (V) est réduit en Sb (III) en dépit de la grande stabilité des espèces de Sb(V)
(Mitsunobu et al., 2008) ce qui pourrait influer sur la mobilité de Sb dans des environnements
suboxiques. Pour bien comprendre le cycle géochimique de Sb il est nécessaire de mieux
comprendre les effets des co-oxydants et des co- réducteurs à environnements spécifiques.

1.7.3. Effets de la force ionique et de la concurrence


Les effets de la force ionique sur l’adsorption des anions PCN dépendent du sol, du
caractère du mécanisme d'adsorption spécifique (sphère interne complexante) ou non
spécifique (sphère complexante externe). L’adsorption spécifique suppose souvent qu’il ya
peu de changement dans la sorption avec la force ionique (Leuz et al., 2006a). Si la sphère
externe complexe est impliquée, en augmentant la force ionique, la charge négative de la
surface diminue (à des valeurs de pH élevées) et l’adsorption augmente (Smith et al., 1999).
L’augmentation de la force ionique (en utilisant des solutions à 0.01 et 0.1 M de KClO4) a
abaissé l’adsorption de Sb (V) sur la goethite à un pH supérieur à 6. Les résultats pourraient
être expliqués par la modélisation sphère-extérieure, ou par une combinaison sphère-
extérieure et sphère-intérieure, mais ont été expliqués par la complexation de la sphère-
intérieure et la formation de paires d'ions de KSb(OH)6 en solution (Leuz et al., 2006a).
Selon Wilson et al. (2010), la force ionique n'a aucune influence sur la sorption du Sb
(III) sur la large gamme de pH de 1-12 où sur le complexe intra-sphère. Toutefois, l'addition
d'un tampon d'acétate réduit la sorption de Sb (III) sur les oxydes hydratés d’Al, de Mn et de
fer. Ceci a été attribué à une diminution de l’échange d'ions de surface (Thanabalasingam et
Pickering, 1990). Mais, l'effet de l'échange réduit d'ions avec le Sb(OH)3 non chargé et l’effet
de la complexation du Sb(OH)3 en solution aqueuse avec tampon n'ont pas été considérés. Les
mécanismes d'adsorption spécifique et non spécifique pourraient en effet se produire
simultanément et l'effet de l’une peut annuler l'effet de l'autre.
La concurrence avec d'autres anions organiques ou inorganiques peut également être
importante. On connaît moins bien les effets anticoncurrentiels sur l’adsorption du Sb. Bien
que Kilgour et al. (2008) aient récemment rapporté une libération significative à la fois d’As
et de Sb dans les sols contaminés où P a été ajouté comme superphosphate. Les coefficients
de distribution des solutions de sol pour le Sb (124Sb(V)) ont diminué avec la croissance des
concentrations de phosphate et ont été attribués à la concurrence directe des sites de liaison
spécifiques (Nakamaru et al., 2006). Seulement 20 à 40% de la sorption du Sb était en
présence de phosphate sous forme échangeable. De plus, dans une étude ultérieure en utilisant
les sols japonais seulement 0,2-1,3% du total Sb natifs était en présence de phosphate sous
forme échangeable (Nakamaru et Sekine, 2008). Le Sb mobilisé par l’addition du phosphate
semble dépendre de la forme actuelle du Sb échangeable et de l’étendu du ligand. Sb (III)
était moins extractible que le Sb(V).

1.7.4. Précipitation, co-précipitation et dissolution


La mobilisation des métalloïdes dans les zones minéralisées et des zones touchées par
l'exploitation minière et la fusion se produit fréquemment à travers l'oxydation et la
dissolution du Sb sous forme de minéraux primaires (Baron et al., 2006). Cependant, la
dissolution est souvent accompagnée d'un changement brusque de conditions
environnementales conduisant à l'élimination de métalloïdes mobiles de la solution. La
dissolution de stibnite (Sb2S3) a montré une production au-delà de 55 mg L-1 de Sb dans la
solution à partir de sites miniers actifs, même si une certaine atténuation a eu lieu en raison
de l'adsorption et de la co-précipitation des hydroxydes amorphes (Ashley et al., 2003). Dans
les sols hautement contaminés et alcalins, Johnson et al. (2005) ont trouvé que le
Ca(Sb(OH)6)2 solide contrôle la concentration de Sb(V) dissous. En général, les processus de
précipitation et de co-précipitation ne sont importants que dans les zones à très forte
contamination où les concentrations en Sb sont suffisamment élevées pour amorcer la
précipitation, la production de minéraux secondaires de Sb et le contrôle des concentrations
dissoutes. Dans les sols avec concentrations faibles en métalloïdes, seuls les mécanismes
d'adsorption, décrits plus haut, contrôlent la mobilité (Matera et Le Hecho, 2001).
Par ailleurs, seules quelques données thermodynamiques fiables sont disponibles
concernant la formation des précipités impliquant des espèces de Sb (V) dans des solutions
aqueuses. Le calcium (Ca), le magnésium (Mg), le sodium (Na) et le potassium (K), se
produisent souvent dans des concentrations élevées dans les solutions du sol. Ils sont les plus
importants candidats pour former des précipités avec le Sb. Le métal alcalin
hydroxoantimonate a généralement une haute solubilité naturelle par rapport aux
concentrations typiques de Sb dans les eaux non polluées. Par exemple, la solubilité de Sb (V)
à 25 °C en équilibre avec mopugniute (Na[Sb(OH)6]) de 0.4 g L-1 de Sb (Blandamer et al.,
1974), et celle de brandholzite ([Mg(H2O)6] [Sb(OH)6]2) de 0.5 g L-1 de Sb (Diemar et al.,
2009), expliquent pourquoi ces minéraux sont rares dans la nature. L’hexahydroxoantimonate
de potassium (K[Sb(OH) 6]), qui n'est pas connu pour se produire naturellement (Filella et al.,
2009a), est encore plus soluble avec une concentration à l'équilibre supérieure à 15 g L-1 de
Sb à 20 °C (Andersen, 1938). Dans la plupart des conditions environnementales, mopugnite et
brandholzite ne devraient pas limiter la mobilité de Sb (V) dans les sols.
Naturellement les antimoniates de Ca, appelés roméites, forment un groupe de
minéraux ayant une structure et une composition très variable (Cornelis et al., 2011).
Johnson et al. (2005) ont expliqué la solubilité limitée de Sb dans plusieurs échantillons de sol
contaminé par la précipitation de Ca [Sb(OH)6]2, un analogique de brandholzite de Ca. Sa
formation a également été suggérée par d'autres auteurs pour expliquer les concentrations
étonnamment faibles de Sb dans des extraits de sols alcalin (Conesa et al., 2010;
Okkenhaug et al., 2011; Oorts et al., 2008). La solubilité de ce composé, qui n'a toujours pas
été confirmé en tant que minéral naturel d'origine (Diemar, 2008), a été calculée pour
correspondre à une concentration de Sb (V) en solution à 0.016 g L-1 (Diemar et al., 2009).
Cette valeur représente la solubilité maximale de Sb (V), en présence de Ca, avec un temps de
réaction très court (Filella et al., 2009a). Par contre, la forme cristalline déshydratée de
l’antimoniate de Ca(Ca2Sb2O7) qui est également un membre du groupe de la roméite, a une
solubilité beaucoup plus faible. Cornelis et al. (2011) ont montré que la solubilité des
antimoniates de Ca dépend fortement du degré de cristallinité et de structure. Lorsque des
échantillons de roméite synthétiques ou précipités ont été mis en en suspension pendant 60
jours, ils étaient 60 fois moins solubles que les échantillons mis en suspension pendant 1jour.
En outre, la solubilité était également influencée par le rapport du Sb au Ca et au pH, au cours
de la synthèse. A partir de la dissolution inadéquate des précipités avec la libération
préférentielle de Ca, les constantes de solubilité ne sont pas calculables. Les résultats
suggèrent que la structure de la roméite est de nature très variable et beaucoup plus complexe
que le Ca habituellement assumé [Sb(OH)6]2. Toutefois, indépendamment de la structure
exacte et de la cristallinité des phases minérales formées, toutes les études sont d'accord sur le
fait que la précipitation de l’antimonate de Ca peut être un facteur important de limitation de
la mobilité de Sb dans les sols.
Les oxanions de Sb peuvent également former des précipités avec les métaux lourds
tels que le plomb et le nickel (Diemar et al., 2009; Johnson et al., 2005). Des précipitations de
schafarzikite (FeSb2O4) et tripuhyite (FeSbO4) limitent la solubilité de Sb à quelques mg L-1 à
des températures ambiantes dans les conditions de laboratoire, suggérant que la mobilité du
Sb pourrait être encore plus limité dans l'environnement du sol qu'on ne le pensait, au moins
dans les mêmes conditions où ces minéraux se sont formés (Roper, 2010). L'oxydation de Sb
contenant des minéraux primaires et la dissolution subséquente des produits d'oxydation
pourrait améliorer considérablement la mobilité de Sb.
La stibnite, qui est essentiellement insoluble dans l'eau (Brown et Holme, 2010),
s'oxyde facilement lorsqu'elle est exposée à l'air ambiant, ce qui entraîne des oxydes, des
hydroxydes de Sb et des sulfates, qui ont tous une solubilité beaucoup plus élevée que la
stibnite (Filella et al., 2009b ). L'oxydation de la stibnite et la dissolution ultérieure des
minéraux oxydés peut être d'une importance particulière dans les zones touchées par
l'exploitation minière où la fusion des minéraux. Ashley et al. (2003) ont trouvé des
concentrations de Sb de 55 mg L-1 dans les résidus miniers et les eaux de mines autour des
dépôts de stibnite mésothermaux dans le sud de la Nouvelle-Zélande. La mobilisation de Sb
oxydé est cependant ralentie quand les (hydr)oxydes de Fe secondaires étaient présents. Ils
forment une barrière naturelle à la lixiviation de Sb en raison de leur capacité d'absorption
élevée (Ashley et al., 2003). Un constat similaire a été rapporté par Wilson et al. (2004), qui
ont également observé l'oxydation in situ de la stibnite sur un site de fusion historique, mais
n'ont trouvé aucun Sb rejeté dans l'environnement.
En général, on s'attend à ce que la précipitation et la dissolution des minéraux de Sb
joue un rôle dans la lixiviation de Sb seulement dans les sols fortement contaminés, où les
concentrations de Sb sont suffisamment élevées pour former un précipité, ou dans ceux où la
dissolution d'un minéral primaire tels que la stibnite tamponne la concentration de Sb dans la
solution. La rétention d'antimoine dans les sols qui ne sont pas fortement contaminés sera plus
susceptible d'être régie par des processus d'adsorption (Wilson et al., 2010). Mitsunobu et al.
(2010) ont trouvé Sb (V) en tant que co-précipité dans les (hydr)oxydes de Fe (III) de
synthèse ou d'origine naturelle. Contrairement à l’adsorption, on s'attend à ce que
l'incorporation de Sb dans ces phases soit largement indépendante du pH, de la force ionique,
et des ions concurrents. Cela donne un nouvel éclairage sur le comportement géochimique du
Sb dans les sols.

1.8. Absorption par les plantes


1.8.1. Concentration dans les plantes
Le risque du lessivage du Sb du sol dans les eaux souterraines et de surface peut être
réduit dans une certaine mesure par l’absorption de ce dernier par les plantes, même si cela
peut conduire à d'autres risques pour la santé humaine et l'environnement en raison de son
éventuel transfert dans les chaînes alimentaires. L'antimoine n’a été mesuré que rarement dans
la végétation sur les sites non contaminés. Des valeurs bien inférieures à 1 µg g-1 apparaissent
être typique pour la plupart des plantes qui poussent sur des sols non contaminés (Kabata-
Pendias et Mukherjee, 2007). Cependant, l’absorption de Sb varie considérablement suivant les
espèces végétales et les sols (Tschan et al., 2009). Des concentrations d'antimoine de plus de
1000 mg kg-1ont été trouvées dans les herbes croissant à côté des fonderies de Sb et de Pb
(Ainsworth et al., 1991). Baroni et al. (2000) ont étudié l’accumulation de Sb dans les trois
espèces de plantes (Achillea ageratum, Plantago lanceolata, et Silene vulgaris) poussant
spontanément dans une ancienne région minière de Sb dans le sud de la Toscane (Italie) et ont
trouvé que les racines, les tiges et les feuilles de ces plantes accumulent fortement le Sb (>
1.000 µg g-1) sur les sites où les concentrations de Sb du sol extractibles à l'acide acétique
étaient élevées (139 à 793 µg g-1).
Les concentrations particulièrement élevées de Sb dans les plantes se rencontrent
essentiellement dans les zones minières de Sb. Baroni et al. (2000) ont trouvé jusqu'à 1367
µg g-1 Sb dans les feuilles basales de Achillea ageratum croissant dans le sud de la Toscane
dans un bassin de décantation d’une zone minière de Sb abandonnée où le sol contient plus
de 9000 µg g-1 de Sb avec une concentration extractible de 793 µg g-1. Des concentrations de
Sb dépassant 100 µg g-1 dans les feuilles ont, également, été trouvées dans d'autres espèces
végétales sur ce site. Contrairement à ces concentrations élevées, il ya aussi des rapports de
faible absorption de Sb par des plantes qui poussent sur des sols fortement contaminés. Pratas
et al. (2005) ont trouvé des concentrations maximales de Sb de moins de 5 µg g-1 Sb dans les
tiges d'arbres et dans les plantes herbacées croissant autour des mines abandonnées au
Portugal où la concentration moyenne du sol en Sb est de 663 µg g-1. En comparant avec
l'étude de Baroni et al. (2000), l’absorption de Sb n'était pas seulement beaucoup plus faible
en valeur absolue, mais aussi par rapport à la concentration en Sb du sol, le rapport sol-plante
était relativement faible dans l'étude portugaise, les concentrations de Sb plutôt faibles dans
les plantes ont également été signalées dans les études de sols en bordure de route et les zones
résidentielles où les concentrations du sol en Sb étaient, pour certains, élevées probablement
en raison de dépôts atmosphériques. Lehndorff et Schwark (2008) ont trouvé des
concentrations en Sb de 0.5 µg g-1 (PS) dans les aiguilles de pins (Pinus nigra) poussant dans
une zone à trafic lourd à Cologne (Allemagne). Krachler et al. (1999) ont découvert des
concentrations jusqu'à 0.15 µg g-1 de Sb (PS) dans les feuilles des sureaux dans un quartier
résidentiel. Toujours dans un quartier résidentiel, Pohl et al. (2003) ont trouvé jusqu'à
2.4 µg g-1 de Sb dans la masse sèche des aiguilles de thuya. Ces résultats indiquent que
l’accumulation du Sb par les plantes augmente avec la concentration en Sb du sol sur une très
large gamme de concentrations.

1.8.2. Relation entre les concentrations de Sb dans les plantes et celles dans les sols
Les coefficients de transfert ou de bioaccumulation ont été signalés par
Dominguez et al. (2008) dans la vallée du Guadiamar du sud de l’Espagne, où les sols ont été
couverts par des boues de résidus miniers après une rupture du barrage à Aznalcóllar. Les
concentrations d'antimoine des feuilles des plantes ligneuses varient entre 0.03 et
0.07 µg g-1 sur le sol qui contient entre 4.5 et 37.7 µg g-1 de Sb, ce qui correspond à des
coefficients de bioaccumulation de moins de 0,03. Des taux de bioaccumuation similaires ont
également été obtenus par Leduc et Gardou (1992), qui ont analysé les plantes qui poussent
sur des gisements de minerai riche en Sb près de Brouzils (en Vendée, France). Ils ont trouvé
que la concentration des sols en Sb était en moyenne de 38 µg g-1 alors que la concentration
maximale des sols en Sb était de 105 µg g-1, les branches de chêne accumulaient 0.23 µg g-1
de Sb et les branches d'aubépine accumulaient 0.19 µg g-1 de Sb.
Plusieurs études (Rached-Mosbah et al., 1992 ; Baroni et al., 2000; Hammel
et al., 2000; De Gregori et al., 2004 ; Pratas et al., 2005; Dominguez et al., 2008; Murciego
Murciego, 2007) ont montré que le facteur de proportionnalité (ou le coefficient de
bioaccumulation , rapport entre la concentration de la plante et celle du sol) était en moyenne
de 0.02 (kg de sol/ kg de matière sèche de plante) pour le Sb total du sol et 2.57 pour le Sb
soluble du sol.
Des résultats similaires ont également été trouvé dans d’autres études (Leduc et
Gardou, 1992 ; He et Yang, 1999; Tschan et al., 2008) indiquant que la proportionnalité entre
le Sb dans la plante et le Sb soluble du sol représente en effet un modèle commun. Selon
Tschan et al. 2009, ceci fait que cette proportionnalité peut s'étendre sur au moins cinq ordres
de grandeur des concentrations de Sb et suggère un mécanisme très générale et assez simple.
Un mécanisme facilement expliqué par le transport passif par convection avec le courant
d'eau de transpiration des plantes. Cependant, cette hypothèse doit être conciliée avec
l'existence dans les racines des plantes de barrières sélectives qui contrôlent le transfert d'eau
et de solutés de la racine vers les parties aériennes.
D'autre part, des rapports de faible absorption de Sb à partir de plantes qui poussent
sur des sols contaminés en Sb (Pratas et al. 2005; Dominguez et al., 2008) sont aussi
constatés. La démonstration que la concentration totale de Sb du sol est généralement un
mauvais indicateur de la biodisponibilité de Sb pour les plantes a été faite.
Tschan et al. (2009) ont examiné la littérature sur l’absorption de Sb par les plantes
terrestres et ont trouvé que l'accumulation de Sb dans les plantes était proportionnelle aux
concentrations de Sb soluble qui sont supérieures de cinq ordres de grandeur. La moyenne
des coefficients de bioaccumulation (à savoir le rapport entre les concentrations totales de Sb
dans la plante et dans le sol) n'était que de 0.0022. Ainsi, en général, l'accumulation par les
plantes n'est pas susceptible de jouer un rôle majeur dans la rétention de Sb dans les sols. Les
plantes peuvent cependant avoir des effets importants sur la mobilité de Sb dans le sol par
d'autres moyens, tels que l'exsudation des ligands de mobilisation, ou la création de canaux
d'écoulement préférentiels à travers la croissance des racines et la décomposition subséquente
(Tschan et al., 2009).

1.8.3. Mécanismes d'absorption et de translocation de Sb dans la plante


On en sait que peu sur les mécanismes d’absorption de Sb par les plantes. Pour les
micro-organismes, Sb(OH)3 a été trouvée capté par les aquaglycéroporines de même que pour
As(OH)3, ceci peut être attribué à la petite taille de ces deux molécules neutres et leur
similitude dans la conformation et la distribution de la charge avec la glycérine
(Filella et al., 2007). En outre, le transport membranaire actif de l'arsénite et antimonite est
connu dans les micro-organismes. Ce transport est réglé par des protéines arsB, qui sont des
transporteurs d'efflux dépendant -ATP pour l'arsénite. Ces mêmes gènes codant pour la
protéine arsB dans Pseudomonas aeruginosa , ont également contribué à la résistance au Sb
quant ils ont été clonés et insérés dans E. coli (Cai et al., 1998, cité par Tschan et al., 2008).
La même analogie a été trouvée entre Sb et As en ce qui concerne leur absorption dans
le stade V d'oxydation. L’arséniate est transféré à travers les membranes cellulaires par les
mêmes transporteurs sous forme de phosphate, ce qui entraîne l'inhibition de l'absorption
mutuelle en raison de la concurrence entre ces deux anions et les sites de liaison du
transporteur. L’absorption de l’antimoniate par les plantes n'a pas été affectée par le
phosphate, ce qui suggère qu'elle ne se produit pas par la même voie (Tschan et al., 2008) .
Cette différence peut être due à un facteur structural. La structure de l’antimoniate est
octaédrique, alors que celle du phosphate et de l’arséniate est tétraédrique, et en même temps
la grande taille et la faible densité de charge, place l’antimoniate clairement à part, par
rapport aux autres oxyanions (Tschan et al., 2008).
Aussi, l’antimonite et l’arsénite ne montrent pas toujours un effet similaire. La
suppression des gènes responsables de la production de phytochélatine dans
Schizosaccharomyces pombe réduit la tolérance à l'arsénite et l'arséniate, mais pas à
l’antimonite (Wysocki et al., 2003). Ceci suggère, également, que les mécanismes cellulaires
d’absorption et de transport dans les plantes ne sont probablement pas les mêmes pour
l’antimoniate et l’antimonite. Selon, Tschan et al. (2009), l’antimonite peut traverser les
membranes cellulaires passivement avec de l'eau à travers les aquaporines. Ces moyens de
transport seraient conformes au principe de proportionnalité observée entre les concentrations
de Sb solubles dans le sol et celles des plantes.
Cependant, les aquaporines ne sont pas, d’après Tschan et al. (2009), ouverts pour les
anions comme l’antimoniate, et l'absorption cellulaire d'antimoniate exigerait la médiation par
les transporteurs. Une loi linéaire de vitesse s'étendant sur une gamme de concentrations de
plusieurs ordres de grandeurs peut être produite par une cascade de transporteurs avec des
cinétiques différentes. Mais ceci est très peu probable dans le cas de Sb, étant donné que cet
élément n'est pas indispensable pour les organismes. Cependant, comme l’antimoniate est
généralement l'espèce de Sb dominante dans la solution du sol, un mécanisme avec un taux de
dépendance linéaire de concentration est également nécessaire pour cette espèce afin
d'expliquer la linéarité observée dans les caractéristiques d'absorption du Sb par les plantes.
Pour comprendre comment cela peut fonctionner, il faut considérer les voies le
long desquelles ces solutés sont transportés du sol vers les racines et les parties aériennes. Il
existe deux voies de transport parallèles pour l'eau et les solutés à travers les tissus de la
plante: la voie apoplastique par les espaces intercellulaires y compris les pores, dans les parois
cellulaires et la voie symplastique de cellule à cellule (transport sélectif à travers les
membranes). L’apoplaste du cortex racinaire est directement accessible aux solutés de la
solution externe, tandis que l’apoplaste de la stèle de la racine est séparée du cortex par la
bande de Caspari, épaississements imprégnés de matériaux hydrophobes, en particulier de
subérine, dans les parois radiales et transversales de l'endoderme (Waisel et al., 1996).
La fonction des bandes de Caspari est de forcer l'eau et les solutés à entrer dans la
voie symplastique et passer à travers les cellules de l’endoderme afin d'atteindre le cylindre
intérieur de la racine, ce qui permet à la plante d'exercer un contrôle sur l'absorption de
solutés. Les bandes de Caspari, cependant, ne sont pas une barrière parfaite pour le transport
apoplastique. En dehors de «fuites» dans les points de branchement où les racines latérales
émergent, ils ne sont pas complètement développés à la coiffe des racines, (Huang et Van
Steveninck, 1989) et l’endoderme peut également être endommagé par des moyens chimiques
ou des agents biologiques, tels que les herbicides, les métaux toxiques ou les agents
pathogènes de la racine (Wenger et al., 2005). L'utilisation de ce contournement, même pour
les grandes molécules telles que l'acide éthylène diamine-N, N-disuccinique peut être repris le
long de la voie apoplastique et transloqué des racines vers les parties aériennes sans aucun
passage par la membrane (Tandy et al., 2006). Le transport le long de cette voie pourrait
vraisemblablement expliquer pourquoi l’accumulation du Sb par les plantes a été jugée
proportionnelle à la concentration de Sb dans la solution du sol.
Le transport apoplastique passif explique aussi le modèle de répartition du Sb à
l’intérieure des plantes. Jung et al. (2002), ont enquêté sur l’accumulation et la répartition du
Sb dans des plantes cultivées sur des sols pollués par le Sb, l’As et le Bi autour d'une zone
d'exploitation minière en Corée. Ils ont trouvé une concentration de Sb plus grande dans les
feuilles des plantes et faible dans les grains et les fruits. Baroni et al. (2000) ont constaté que
le Sb n'a pas été déposé dans les racines, mais dans les parties épigées d’Achillea ageratum et
Silene vulgaris qui ont péri à la fin de la saison de croissance.
Bien que la plupart des preuves disponibles suggèrent que le Sb subit une translocation
dans les végétaux principalement le long de la voie apoplastique à travers le xylème
(Tschan et al., 2009), ceci n'exclut pas que certains transports symplastiques puissent
125
également se produire. En étudiant la distribution de l'isotope radioactif de Sb dans
l'environnement, émis à partir d'une usine de traitement de combustibles nucléaires,
Ghuman et al. (1993) ont constaté que le Sb déposé sur les feuilles des Agropyron
dasystachyum, Artemisia tridentata et Chrysothamnus viscidiflorus a été transféré dans les
racines de ces plantes, et les transports de Sb se sont effectués par le phloème.

1.8.4. Influence de facteurs autres que la concentration du Sb du sol sur l'assimilation


des plantes
Si l’absorption du Sb par les racines des plantes est principalement un processus passif
de la convection avec l'absorption d'eau par les racines, l’arrêt de la relation étroite avec le
débit de transpiration est attendu. Cependant, aucune étude sur cette relation n’a été publiée
à ce jour. Aussi, il n'a pas eu d’investigation sur comment le taux de consommation d'eau
peut expliquer les différences dans l'absorption ou l'accumulation de Sb entre les différentes
plantes (Tschan et al., 2009).
Ces différences peuvent être importantes et elles ont été démontrées par des études
de culture de plantes dans les mêmes conditions. Rached-Mosbah et al. (1992) ont montré
que certaines espèces végétales dans la région de le Djebel Hamimat, Algérie, semblaient
exclure le Sb, tandis que d'autres apparemment, l’accumulaient. Un exemple de cette
exclusion était le Lygeum spartum L. Les plantes de cette espèce poussant sur des sols
contenant 168 mg kg-1 de Sb, n'accumulaient que 17.5 µg g-1 Sb dans les feuilles.
Inversement, Carduncellus pinnatus (Desf.) DC accumulé jusqu'à 61 µg g-1 Sb sur un sol
avec seulement 17.5 µg g-1 Sb (Rached-Mosbah et al., 1992).
La température est un autre facteur qui a une influence sur l'accumulation de Sb dans
les plantes. Baghour et al. (2001) ont étudié l'effet de la température de la zone entourant la
racine sur l'accumulation d’As, Ag, Cr et Sb dans les différents organes des plantes de pomme
de terre. Le sol était alcalin à 21μg kg-1 Sb extractibles, associés à As, Ag et Cr. L’intervalle
de température testé était de 16 à 30 ◦C. L’accumulation maximale de Sb était de 0.85 µg g-1
dans les racines, 0,14 µg g-1 dans les tubercules et 1.64 µg g-1 dans les tiges à 30 ◦ C, et 2.70
µg g-1 dans les feuilles à 20 ◦C. Bien qu’à 23 ◦ C la croissance soit maximale, la concentration
de Sb dans les tubercules et les feuilles a été minime. Il a été indiqué que le Sb est "dilué"
dans la plus grande biomasse produite à cette température. En outre, à des températures plus
élevées, l'augmentation de la diffusion et le taux de désorption du Sb du sol peuvent avoir
contribué à l'amélioration de l’absorption de Sb.
L'étude réalisée par Hammel et al. (2000) indique que les taux de transfert à courte
portée et les processus de la phase des transports peuvent être un facteur important pour
limiter le transfert de Sb du sol dans les plantes. Ces auteurs ont mené une expérience sur les
épinards en pots avec des sols provenant d'une zone d'exploitation minière et des sols arables
artificiellement contaminés en Sb (6 mois après enrichissement). Ils ont comparé l'absorption
de Sb des plantes des sols en pot avec les concentrations de Sb de plantes d’échantillons
prélevés sur des sites sur le terrain. Des relations linéaires entre les concentrations de Sb dans
les sols et dans les plantes ont été trouvées dans les expériences en pot, avec des facteurs de
transfert sol-plante allant entre 4.5 et 12.9 pour le Sb du sol, extractible par le NH4NO3, et
0.17 à 0.54 pour le Sb total du sol (principalement en fonction du type de sol), alors que
l'absorption dans les conditions du terrain était deux à trois ordres de grandeur plus faible
(allant de moins de 0.02 à 2.2 µg g-1 de Sb en PS) et n'a pas montré une dépendance
importante de la concentration en Sb extractible par le NH4NO3 du sol (Allant de moins de
0.02 à 0.29 µg g-1 Sb du sol) en raison de la dispersion, relativement grande, dans la portée
des mesures à cette concentration (Hammel et al., 2000). Ces résultats suggèrent que la
disponibilité de Sb pour l’absorption par les plantes a été fortement augmentée par la
perturbation structurelle et l’homogénéisation physique des sols de l'expérience en pots.
Dans le cadre de la bioaccessibilité et de la biodisponibilité de Sb à l'absorption par les
racines des plantes, les mycorhizes peuvent jouer également un rôle important.
Borovicka et al. (2006) ont analysé plus d'une centaine d’espèces de champignons supérieurs,
les champignons ectomycorhiziens et les saprobes terrestres dans le voisinage d'une fonderie
de plomb. Plusieurs tests sur ces espèces ectomycorhiziennes ont montré qu’ils accumulaient
plus de 100 µg g-1 de Sb, et des spécimens de Chalciperus piperatus accumulaient jusqu'à
1400 µg g-1 de Sb. Par ailleurs, le transfert de Sb par les champignons mycorhiziens à des
plantes hôtes n'est pas connu.

1.9. Risques de toxicité posés par la consommation de plantes cultivées sur un sol
contaminé par le Sb
Si le Sb est repris par les plantes, il peut entrer dans la chaîne alimentaire et présenter
un risque sanitaire pour les animaux et les humains, même si les plantes eux-mêmes ne sont
pas affectées. Li et Thornton (1993) ont enquêté sur le sol et l’herbe des pâturages
contaminés par As, Sb et Bi. Ils sont venus à la conclusion que très peu de ces éléments sont
absorbés par les animaux et que les problèmes de santé du bétail dans les pâturages sont donc
rares. Selon Tschan et al. (2009), les formes chimiques de ces éléments et d'autres métaux
connexes dans le sol et l’herbe, et les effets cliniques possibles après une exposition à long
terme et à faible niveau exigent une étude plus approfondie. Un danger possible est la faible
toxicité de Sb pour les plantes. Comme, il a été mentionné plus haut, les plantes peuvent
absorber de grandes quantités de Sb tout en étant toujours et d'apparence saine. Les humains
et les animaux qui consomment ces plantes sur de plus longues périodes de temps peuvent
donc s'empoisonner.
Gebel et al. (1998) ont étudié l'exposition de Sb en prenant l'urine, le sang et
échantillon de cheveu et du cuir chevelu à partir d'une population vivant dans une zone
contaminée dans le nord du Palatinat, en Allemagne. Aucune différence significative dans les
concentrations en Sb par rapport au groupe témoin n’a été trouvée. Aussi, les facteurs de
risque tels que la consommation de fruits de mer ou de produits cultivés n'a apparemment pas
d'incidence sur les concentrations de Sb dans l'urine, le sang, les cheveux et le cuir chevelu.
En raison de la connaissance limitée de la toxicité de Sb, il est difficile d'évaluer les
risques, pour la santé, d'une exposition à des concentrations élevées de Sb. L’intoxication
aiguë des humains ou des animaux par ingestion ou consommation de plantes cultivées sur un
sol contaminé par le Sb est extrêmement peu probable. Aussi, les effets chroniques sont à
prévoir seulement dans de rares circonstances. En supposant une concentration de Sb
moyenne dans les légumes cultivés dans un jardin contaminé de 100 µg g-1 PS (une valeur
rarement dépassée dans les conditions de terrain), une personne aurait, hypothétiquement, à
consommer par jour en moyenne 1 kg de matière sèche de ces plantes afin de parvenir à une
dose de 100 mg / jour de Sb, considérée comme seuil critique de l'apport de Sb
(Bowen, 1979).

1.10. Le traitement des sols contaminés par du Sb


En principe la phyto-extraction serait la meilleure méthode pour supprimer le Sb à
partir d'un sol pollué sans le détruire. Murciego Murciego et al. (2007) ont proposé d'utiliser
Dittrichia viscosa pour la phytoextraction de Sb à partir de déchets miniers. La faisabilité
pratique de cette approche n'a pas encore été démontrée. Toutefois, les calculs révèlent que ce
ne sera pas facile avec un coefficient de bioaccumulation constant de 0.022 (rapport moyen
entre les concentrations totales du sol en Sb et celles des végétaux). Un rendement annuel de
10 t de masse sèche par ha, une densité apparente du sol de 1.3 kg L-1 et une contamination à
une profondeur de 0.1 m permettent de conclure que le temps nécessaire pour réduire de
moitié la concentration du sol en Sb par phyto-extraction serait de plus de 4000 ans. Cette
valeur est indépendante de la concentration initiale de Sb parce que l'hypothèse d'une
bioaccumulation constante signifie que le coefficient de vitesse d'extraction Sb diminue
proportionnellement à la concentration de Sb dans le sol. D’autres estimations du temps
nécessaire pour réduire une contamination initiale de Sb donnée à une concentration cible
spécifiée par la phytoextraction ont été présentées par Tschan et al. (2009). Ils démontrent que
la phytoextraction n'est généralement pas une option réaliste et qu’une grande biomasse de
plantes hyper accumulatrices est beaucoup plus efficaces à cet effet.

1.11. Conclusion
L’antimoine est un élément toxique, dégradant et dangereux. Il est encore très utilisé
de nos jours dans des domaines très variés. Il peut donc être à l’origine de différents types de
pollution et entrainer par sa présence des perturbations au sein des écosystèmes. Il est, ainsi,
susceptible de provoquer des dommages à la santé des êtres vivants et de mettre en cause le
concept d’une utilisation légitime de l’environnement.
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
2.1. Localisation de la zone d’étude
Notre zone d’étude (Fig. 2.1) a une superficie d’environ 3000 ha. Elle est localisée à 3
Km au nord d’Ain Babouche et possède les coordonnées géographiques suivantes de
35°58’37,64’’ Nord à 36°01’09,78’’Nord et de 7°11’22,80’’Est à 7°14’38,38’’Est. Ain
Babouche est une ville de la wilaya d’Oum El Bouaghi. Cette dernière est située dans la zone
des hauts plateaux constantinois au centre des wilayas de l’Est Algérien et s'étend sur une
superficie 7638,13𝐾𝑚2 .
Le village d’Ain Babouche est localisé à 90 Km au Sud-Est de Constantine, 11 Km au
Nord d’Oum El Bouaghi et 40 Km au Sud-Est de Sedrata.
La figure 2.1 montre que notre zone d’étude est traversée par la route RN 32.

2.2. Géologie
La géologie de la région a été étudiée et établie par Boisson et Neybergh (1977).
Notre terrain d’étude est dominé par Djebel Hamimat. Cette montagne se présente en une
demi-boutonnière anticlinale (fig.2.2) avec un axe Sud-Ouest-Nord-Est formant, un axe à
convexité Sud-est. Le côté Nord est tranché et écaillé. L’anticlinale comprend sur les côtés,
des grès et des marnes gréseuses passant, vers le centre, à des marno-calcaires et des calcaires
fins. La série est datée du crétacé inférieur. Les concentrations métallifères de l’antimoine
apparaissent sur les flancs, dans différents niveaux calcaires fissurés et bréchifiés, et sont liées
à la tectonique. Les plaines ondulées formées de terrains sédimentaires du quaternaire ancien
occupent le reste de la région. Le sommet est caractérisé par la présence d’une croûte calcaire.
Le long des oueds on a des alluvions actuelles et récentes.
2.3. Minéralogie
L’étude faite par la société SONATRACH (1977) sur la géologie de Djebel Hamimat
a servi de document principal pour l’étude de la minéralogique de cette région.

Légende
Oued
Route
Zone d’étude

Figure 2.1 : Localisation de la zone d’étude.


2.3.1. Les corps minéralisés
Dans le gisement de Djebel Hamimat, la minéralisation est largement développée. Les
corps minéralisés déjà connus peuvent êtres divisés en trois secteurs suivant leur localisation.
Le secteur I se situe sur le flanc NW de l’anticlinal. La zone minéralisée affleure en
discontinuité sur une longueur totale de 1200 m environ. Le secteur II correspond à la partie
plongeante NE de l’anticlinal et la zone minéralisée le suit en discontinuité sur 300 m
environ. Le secteur III localisé au flanc SE de l’anticlinal se subdivise en deux parties : l’un
est le sous- secteur III1 situé prés de l’axe de l’anticlinal, la longueur de la zone minéralisée
étant de l’ordre de 200 m, l’autre nommé le sous- secteur III2 se trouve plus loin de la partie
axiale de l’anticlinal où la zone minéralisée s’aligne sur 200 m environ.

N
Figure 2.2 : Carte géologique de la zone d’étude (Voute, 1956)
Les corps minéralisés sont composés de petits filons, filonnets, stock-werks et
d'imprégnations. La figuration des corps est très diversifiée selon les secteurs, par exemple,
dans le secteur I et le sous- secteur III2 on rencontre le plus souvent des lentilles et des filons,
dans le secteur II des amas et dans le sous- secteur III1 des lentilles allongées.
La dimension des corps minéralisés est différente dans les divers secteurs. Dans le
secteur I les corps minéralisés affleurent sur une épaisseur de quelques dizaines de
centimètres jusqu’à deux mètres, se poursuivant sur une longueur de 100 à 200 m jusqu’à 300
ou 400 m. Pour le secteur II, l’épaisseur du corps est en général de 40 à 80 cm, pouvant
atteindre tout de même 1,4 m dans certaine galeries, mais elle s’amincit rapidement aux
extrémités. Le corps principal du sous-secteur III1 a plus de 200 m de long avec une épaisseur
relativement constante étant de 80 cm. La dimension du corps de minerai dans le sous-secteur
III2 est relativement réduite. L’allure des corps minéralisés correspond quasiment à celle des
zones minéralisées où ils gîtent.
Sous l’influence de divers facteurs géologiques et géographiques produites après la
minéralisation, les corps minéralisés ont subi une forte oxydation prés de la surface.
L’apparition de l’antimoine en différentes valences dans divers minéraux oxydés de ce métal
montre que le gisement étudié a subi une oxydation compliquée et prolongée. Le
développement de la zone oxydée a accentué la complexité de la composition minéralogique
des minerais.

2.3.2. Les minerais


D’après les observations sur les affleurements des corps minéralisés et les déblais de
minerais, parmi les minéraux métallifères on remarque principalement des minéraux
antimoniaux et, accessoirement, des minéraux plombo-zincofères, arsenicaux et mercuriels.
La pyrite (FeS2), la sidérite (FeCO3), l’hématite (Fe2O3), sphalérite (ZnS), cerussite (PbCO3),
et la malachite (Cu2CO3(OH)2 sont rares.
La gangue y comporte essentiellement de la calcite, subordonnée de quartz, de la
baryte et du gypse. Parmi les minéraux d’antimoine, la plus fréquente est la sénarmontite
(Sb2O3) (Photo 2.1) puis, la romeite (Ca,Fe2+,Mn,Na)2(Sb,Ti)2O6(O,OH,F), la stibine (Sb2S3),
la kermesite (Sb2S2O), la bindheimite (Pb2Sb2O6(O,OH), la berthierite (FeSb2S4), la
boulangérite (Pb5Sb4S11), et l’ocre d’antimoine.
Photo 2.1: Sénarmontite de Djebel Hamimat (donnée de
http://www.geowiki.fr/index.php?title=S%C3%A9narmontite)

L’observation au microscope optique montre l’existence de minéraux chevelus


camouflés dans les cristaux de sénarmontite. Il s’agit, probablement, de résidus ou de produits
transitoires de l’oxydation des minéraux primaires d’antimoines.
Les minéraux plombo-zincofères sont représentés par la blende, la galène et les
carbonates de plomb et de zinc. Parmi les minéraux arsenicaux, sont présents le réalgar(AsS),
l’orpiment(As2S3), l’arsénopyrite (FeAsS) et la scorodite (FeAsO4·2H2O). Le cinabre (HgS),
comme minéral mercuriel, est également présent.
Les minéraux métallifères connaissent une irrégularité dans leur répartition, ce qui
décide de la multiplicité des types de minerais. Selon leur origine et par l’ordre de leur
importance on distingue les minerais oxydés, mixtes et, rarement, primaires.
Selon la composition des principaux éléments utiles de ces minerais, on signale
essentiellement des minerais d’antimoine avec un peu de minerais antimoino-plombifères,
antimoino-plombo-zincofères, plombo- zincofères et mercuro-arsenicaux.
L’un des caractères importants manifestés par ce gisement consiste en ce que chaque
type de minerai est lié en espace avec un secteur déterminé (Tableau 2.1). Le minerai
d’antimoine composé essentiellement de sénarmontite, est encaissé dans la partie occidentale
du secteur I et dans le sous-secteur III2 tandis que les minerais plombo-zincofères et mercuro-
arsenicaux sont observés dans le secteur II. L’inégalité de la répartition des minéraux
métallifères a causé une grande variation de la teneur des éléments métalliques.
2.4. Géomorphologie
Selon Rached-Mosbah (1983), le terrain d’étude apparait, entouré au Nord-Ouest par
la Chebka des Sellaoua, au Sud-Ouest par le massif calcaire du Djebel R’ghiss et au Nord-
Ouest et Sud-Ouest par de larges plaines.
Le relief se présente comme un amphithéâtre formé par un alignement des crêtes
Koudiets El Khouidjel au Nord-Ouest et Djebel Hamimat au Sud-Est. Ce dernier a son point
culminant à 1039 m, alors que le reste de la région comprend des altitudes variant entre 850 m
et 950 m. Toutes ces crêtes sont liées à des calcaires du crétacé inférieur et moyen.
Les hauts des versants du Djebel Hamimat sont très disséqués, par contre le fond de la
vallée de l’oued, occupé par des glacis, est un large bassin à fond plat. L’érosion est due au
climat semi-aride qui prédomine dans la région et aux fortes précipitations de courte durée qui
dévalent les hautes et moyennes pentes peu protégées par la végétation.

Tableau 2.1 : Caractéristiques des différents types de minerais et leurs localisations

Type de minerai Minéraux Minéraux Structure et Localisation


métallifères texture
de gangue

Minerai Sénarmontite, romeite Calcite, baryte et Structure A la surface et dans la

d’antimoine quartz cristallogrenue partie sup du secteur I


agglomérée et et du sous-secteur III2
résiduelle texture
massive et imprégnée

Minerai Blende, Calcite, gypse, baryte Structure A lasurface du sous-

d’antimoine- bindheimite,orpiment, et quartz cristallogrenue, secteur III1


réalgar,cinabre, pyrite microgrenue et
plomb-zinc
colloïdale, texture
massive

Plombo-zinco-fer Blende, cérusite et Calcite baryte et Structure colloïdale et A la surfacedu secteur


pyrite quartz microcristallogrenue, II
texture massive et
alvéolaire

Mercuro-arsenical Orpiment, réalgar, Calcite et baryte Structure colloïdale et Dans la carrière C45
arsenopyrite, microcristallogrenue et à la surface
scorodite et cinabre et texture massive

Plomb-antimoine Stibine, boulangerite, Dans le secteur I en


kermesite, bertiérite profondeur
Les eaux pluviales, s’écoulant des versants Nord du Djebel Hamimat et Sud des
Koudiet El- Khouidjel sont drainées par l’oued Dahimine orienté vers le Nord-Est. Cet oued
et ses affluents sont en général secs ou légèrement humides, sauf après de fortes pluies où ils
peuvent être en crue.

2.5. Pédologie
La pédologie de la région d’étude à été, également, étudiée par Rached-Mosbah (1983)
et elle a fait apparaître que les principaux sols rencontrés sur le terrain d’étude sont des
xérochrepts. Cependant, du fait de l’érosion très prononcée dans la région, des sols peu
évolués d’érosion (entisols) recouvrent les pentes moyennes et des lithosols apparaissent sur
les pentes fortes et les crêtes. Les alluvions récentes des oueds sont formées de xérofluvents et
leur lit est constitué de graviers et de cailloux marno-calcaires.
D’une manière générale, d’après cette étude, les sols de la région d’étude varient de
sols minéraux bruts sur surface érodée à des sols avec horizon B structural sur alluvions
anciennes. Peu de matière organique (de l’ordre de 1%) se retrouve dans l’horizon de surface
et le calcaire est présent dans le profil entier. Ces sols sont légèrement alcalins ; le pH variant
de 8 en surface à 9 en Profondeur.

2.6. Climat

Afin de caractériser le climat de notre région d’étude, nous avons utilisé les données
climatiques (Tableau 2.2) de la station d’Oum El-Bouaghi, sur une période de 30 ans allant de
1982 à 2012. Cette station est à 14 km de notre zone d’étude. L’inexistence d’une station
climatique dans notre terrain d’étude nous oblige, en principe, à faire une extrapolation par
la méthode de Seltzerb (1946) (cité par Lehouerou, 1975). Or, étant donné que la différence
altitudinale entre cette station météorologique (889 m) et notre station d’étude (une moyenne
de 863,43 m) n’est que de l’ordre des dizaines, selon ce même auteur cette extrapolation est
inutile.
Les valeurs moyennes des températures moyennes mensuelles pendant la période
allant de 1982 à 2012 montrent que le mois le plus froid est celui de Janvier avec une
moyenne des minimas de 1.3°C, et le mois le plus chaud est celui de Juillet avec une moyenne
des maximas de 34.7°C.
Tableau 2.2 : Températures et précipitation moyennes mensuelles de la région d’Oum El-
Bouaghi sur une période de 30 ans (1982-2012)

Mois Jan Fév Mar Avr Mai Jui Jui Aoû Sep Oct Nov Déc Moy

M (°C) 11.5 13.0 16.0 19.7 25.1 30.8 34.7 33.9 28.4 23.6 16.7 14.2 22.1

m(°C) 1.3 1.6 3.8 6.3 10.7 15.0 17.6 17.8 14.7 10.7 5.5 2.7 9.0

t° moy (°C) 6.4 7.3 9.9 13.0 17.9 22.9 26.2 25.9 21.6 17.2 11.1 8.5 15.6

37.2 26.7 33.8 37.5 45.3 19.2 9.7 19.8 46.9 20.2 31.2 41.2 Total
P (mm)
368,7
M : moyennes des maximas Source : station météorologique d’Oum El-Bouaghi (2013).
m : moyennes des minimas
P : précipitations
t° : moyenne des températures

L’écart important entre les minimas et les maximas, fait ressortir le caractère
continental de la station.
La pluviométrie moyenne annuelle est de 368.7 mm. Les précipitations sont très
variables, d’une part, suivant les saisons avec des pluies abondantes au printemps et en
automne et, d’autre part, suivant les mois avec Septembre le mois le plus pluvieux (46.9 mm)
et Juillet le mois le plus sec (9.7 mm).
En comparent ces données avec celles présentées par Rached- Mosbah (1983) pour la
même région et une période de même durée, une augmentation de la température de 1.3°C et
une diminution de précipitation de 96.3 mm après une période de trente ans peut être
constatées.
La période sèche, déterminée par le diagramme ombrothermique (Bagnouls et
Gaussen, 1957) de la période de 1982 à 2012 (fig.2.3), s’étale du mois de Mai au mois
d’Octobre alors que la période humide débute au mois de Novembre et se termine au mois de
Mai.
Période sèche

P= précipitation, T=température

Figure 2.3 : Diagramme ombrothermique de Gaussen de la période de 1982 à 2012.

D’après le climagramme pluviothermique d’Emberger (1955) (fig.2.4) utilisant le


quotient pluviométrique Q2 de Stewart (1969), le climat de la région de Djebel Hamimat se
situe dans l’étage bioclimatique méditerranéen semi-aride à hiver frais à la limite de l’étage
bioclimatique aride.
Q2= 3,43xP/M-m
P (mm) : précipitation moyenne maximal
M (°C) : température moyenne maximal du mois le plus chaud
m (°C) : température moyenne minimal du mois le plus froid.

2.7. Végétation
Une étude syntaxonomique dans cette région, essentiellement aux alentours de la mine
d’antimoine, a été réalisée par Rached-Mosbah (1983) et elle a permis d’identifier trois
groupes de relevés :
Q2
90

80

70

60 SEMI-ARIDE
50

40
ARIDE
30

20
SAHARIEN
10

-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12°C

Très
Froid Frais Tempéré Chaud Très chaud
Froid

Zone d’étude

Figure 2.4 : Climagramme d’Emberger de la zone d’étude.

Le 1er groupe, peut être rattaché à la classe des Cisto-Romarinetea Rivas-Goday 1964,
ordre des Rosmarinetalia Br.-Bl. 1931 et au groupement de l’Hedysaro-Helianthemetum
rubelli. La présence d’espèces telles que Onobrychis pallasii et Hedysarum pallidum permet
de penser qu’il s’agit d’un groupement proche de celui décrit par Guinochet (1980) sous le
nom de fimano ericoidis-Bupleuretum balansae, dans lequel un certain nombre d’espèces
caractéristiques auraient disparu.
Le 2ème groupe est floristiquement bien individualisé et nettement opposable aux deux
autres. Du point de vue floristique, il possède encore quelques espèces des Cisto-
Rosmarinetea Rivas-Goday 1964, mais il comporte surtout de nombreuses espèces
thérophytes appartenant à la classe des Thero-Brachypodietea Br.-Bl. 1947. L’association à
laquelle ce groupe de relevés peut être rattaché est l’Asterico maritimi-Convolvuletum lineati
décrite par Guinochet en 1977.
Le dernier groupe se rattache lui aussi à la classe des Thero- brachypodietea Br.-Bl. Et
à l’association Asterico maritimi-Convolvuletum lineati Guinochet 1977. Ce groupement est
enrichi en espèce thérophytes dérivant de jachères et de groupement cultigènes permettant de
le rattacher également à la classe des Stellaretea mediae.
CHAPITRE 3 :ETUDE DE LA POLLUTION DES SOLS DES
BORDURES DE L’OUED DAHIMINE PAR LES ELEMENTS
TRACES METALLIQUES
3.1. Introduction
Dans la région minière d’antimoine du Djebel Hamimat dont l’exploitation a cessé en
1952, Rached-Mosbah et Gardou (1988) ont identifié des teneurs élevées en Sb dans les sols
entourant la mine. Cependant, l’extension de cette pollution vers la vallée de l’oued
Dahimine, la dispersion de l’antimoine dans les sols calcaires et sa relation avec les autres
facteurs édaphiques n’a pas été encore examinée. En outre, l’évaluation de la contamination
par d’autres éléments traces tels que As, sachant qu’ils accompagnent les minerais de Sb, n’a
pas été également encore envisagée dans l’étude de cette région.
L’objectif de cette étude est d’évaluer la pollution ou la contamination dans les sols de
la vallée de l’oued Dahimine, non seulement par le Sb mais également par d’autres éléments
traces métalliques. Notre but est aussi de contribuer à la connaissance du devenir du Sb dans
l’environnement par la détermination de variables physico-chimiques susceptible d’avoir un
effet sur la dispersion de cet élément.

3.2. Matériel et méthodes


3.2.1. L'échantillonnage
Sur la carte de la zone d’étude, des marques au crayon ont été faites tous les 2 mm
(100 m sur terrain) le long du bras principal et de tous les tributaires d’une portion de l’oued
Dahimine située au bas de la zone d’exploitation minière du Djebel hamimat. Trois cents
points d’échantillonnage ont été ainsi obtenus, dont 30 ont été choisis en utilisant la table des
nombres au hasard (Fig 2.1, chapitre précédent).
Un échantillon moyen de sol a été ensuite prélevé, dans les endroits choisis, sur une
surface de 4 m². Chaque échantillon est composé de 10 sous-échantillons prélevés à 20 cm de
profondeur et mélangés minutieusement.

3.2.2. Méthodes d’analyses physico-chimiques des sols


Préalablement à leurs analyses, les sols ont été séchés à l’air libre, à température
ambiante, fragmentés manuellement dans un mortier, puis tamisés à 2 mm. Une fois secs, les
sols ont subi toutes les analyses physico-chimiques nécessaires à leur caractérisation, décrites
par Pansu et Gautheyrou (2006) :
3.2.2.1. Analyse granulométrique
L’analyse granulométrique a été réalisée à la pipette de Robinson (méthode
internationale) pour la détermination des fractions de limon et d'argile et par tamisage pour la
séparation des sables. Elle a été précédée par la destruction de la matière organique par
oxydation avec du peroxyde d'hydrogène, suivie de la dispersion des particules fines à
l'hexamétaphosphate de sodium et d’une agitation pendant 16 h.
La séparation des fractions se fait selon le principe suivant :
1. Par sédimentation, selon la loi de Stockes, pour les particules de diamètre inférieur à
20 µm (limons et argile) et prélèvement à la pipette de Robinson.
2. Par tamisage pour les particules de diamètre supérieur à 50µm (sable).

3.2.2.2. pH du sol
Le pH du sol est mesuré dans une suspension sol/eau de rapport 1/2.5 (W/V) après
agitation d’une heure et un repos de 30 mn. Cette mesure a été faite grâce à un pH-mètre à
électrodes de verre, étalonné avec trois solutions tampon (pH 4; 7 et 11). Elle est basée sur la
méthode électrométrique qui est une application de la loi de Nernst.

3.2.2.3. Conductivité électrique (CE)


La conductivité électrique mesure la teneur en sels solubles d’une solution. Elle a été
mesurée dans l'extrait d’une pâte saturée obtenue après saturation de 250 g de sol avec de
l’eau déminéralisée, repos d’une heure et filtration avec des entonnoirs Büchner.
Cette mesure a été faite à l’aide d’un conductimètre équipé d’un dispositif de
compensation de température de référence de 25°C. L’appareil a été préalablement étalonné
avec des solutions de chlorure de potassium.

3.2.2.4. Dosage de la matière organique


Selon la méthode Walkley-Black, le dosage de la matière organique est réalisé à partir
du dosage de l’un de ses constituants, le carbone, présent sous un taux pratiquement constant
de 58%.
La méthode de détermination du carbone est basée sur l’oxydation de ce dernier par le
bichromate de potassium en milieu fortement acide. La terre étant mise dans un excès de
bichromate, le surplus de ce réactif est titré avec une solution de sulfate ferreux (FeSO4,
7H2O) en présence de diphénylamine.

3.2.2.5. Dosage du calcaire total


La quantité totale de calcaire est déterminée par la méthode volumétrique, moyennant
le calcimètre de BERNARD, en dosant la quantité totale des carbonates. Le principe est basé
sur le volume de gaz carbonique dégagé lors de l’attaque d’un échantillon de terre par l’acide
chlorhydrique dilué. Le volume de CO2 dégagé est proportionnel à la quantité de carbonates
présente à condition, que le dosage soit fait à une température et une pression constante.
Comme le calcaire représente la plus grande partie des carbonates, on suppose que le
volume de CO2 dégagé provient uniquement de la réaction du calcaire avec l’acide
chlorhydrique. La quantité de carbonates est déduite de la courbe d’étalonnage effectuée avec
une série de quantités connues de carbonate de calcium.

3.2.2.6. Détermination du phosphore Total


L’extraction du phosphore total est réalisée, sur un sol séché à 105°C et tamisé à 0.2
mm, grâce à une digestion humide avec une ébullition prolongée à l’acide perchlorique. Les
différentes formes de P sont ainsi dissoutes en des états ortho plus facilement mesurables.
Le dosage du phosphore total se fait par spectrocolorimétrie, en présence de bleu de
molybdène, à une longueur d’onde de 890 nm

3.2.2.7. Dosage de l’azote total


L’azote total constitue la « réserve » globale d’azote contenue dans l’humus. L'azote
total a été analysé par la méthode Kjeldhal.
L’azote présent dans le sol est minéralisé par une attaque à chaud d’une prise de terre avec
l’acide sulfurique concentré à ébullition, en présence d’un catalyseur (mélange de sélénium,
de sulfate de cuivre et de potassium). L’azote organique et l’azote minéral (en très faibles
doses) sont transformés en sulfate d’ammonium (NH4)2SO4.
L’ammoniac est ensuite déplacé de son sel par une solution de soude en excès puis entraîné
par distillation dans une solution d’acide borique qui le retient avant d’être dosé par une
solution acide titrée en présence d’un indicateur.
3.2.2.8. Capacité d’échange cationique (C.E.C)
La détermination de la capacité d’échange cationique(C.E.C) est effectuée par la
méthode de déplacement à l’acétate de sodium (NaOAc), recommandée pour les sols
calcaires et salins. Le principe de cette méthode est basé sur l’échange des cations retenus par
un échantillon de terre et les ions sodium d’une solution aqueuse d’acétate de sodium
tamponnée à pH 8,2. Ceux-ci sont ensuite déplacés grâce à une solution de nitrate de
magnésium et dosés par photométrie à flamme.

3.2.2.9. Détermination des cations échangeables


Les cations échangeables (Na+, Ca++, Mg++ et K+) ont été déterminés, par photomètre
de flamme, dans la phase liquide obtenue après saturation à l’acétate d’ammonium (NH4Ac)
puis, agitation et filtration.

3.2.2.10. Détermination des éléments métalliques dans le sol

1. Précaution spécifique à l’analyse des éléments métalliques

Tout le matériel utilisé devant être au contact avec les échantillons de sol et les
minéralisats a été préalablement lavé avec une solution d’HNO3 à 10% puis à l’eau
déminéralisée. Tous les produits utilisés étaient de qualité très pure. En plus de ces
précautions nous avons veillé à ce que la minéralisation et la mise en solution soient conduites
avec un maximum d’efficacité tout en réduisant les risques de perte et de contamination.

2. Technique d’extraction des éléments métalliques

Les éléments métalliques (teneurs pseudo-totales) ont été extraits avec de l’eau régale,
dont le grand pouvoir de dissolution est dû à l’effet combiné d’un acide oxydant, HNO3, et
des ions Cl- complexants de l’HCl. Ainsi, 7,5 ml de HCl et 2,5 ml de HNO3 ont été ajoutés à
0,5 g de sol dans des récipients en téflon et digérés grâce à une grande pression dans un four
à micro-ondes (Berghof-speedwave MWS-2) suivant le programme porté dans le tableau 3.1 .
Cette méthode d’extraction ne permet pas d’extraire la totalité des teneurs métalliques
mais seulement 90% de celles-ci. Cependant, elle est peu coûteuse et moins dangereuse
(explosion) comparée à la méthode à l’acide fluorhydrique (HF) qui est plus efficace.
Tableau 3.1 : Programme de minéralisation
Etapes 1 2
Température [0C] 180 100
Puissance(%) 99 99
Temps (mn) 25 10

Avant la minéralisation des ETM, une décontamination des récipients en téflon est
effectuée avec 5 ml de HNO3 (Suprapur 63%) selon les conditions décrites dans le tableau
3.2. Les récipients sont ensuite soigneusement rincés à l’eau pure.

Tableau 3.2 : Programme effectué pour la décontamination des récipients en téflon.


Etapes 1 2 3
Température [0C] 150 170 Low
Puissance(%) 90 90 00
Temps (mn) 5 10 10

1. Dosage des éléments métalliques


Les pseudo-totaux Na, Ca et K ont été mesurés avec un photomètre de flamme (Jenway
PFP7). Alors que les pseudo-totaux Co, Cu, Pb, Zn, Mg et Fe ont été déterminés par
spectrométrie d'absorption atomique à flamme (FAAS Perkin Elmer A.Analyst 300). Les
dosages du Cd, Cr, As et Sb ont été effectués avec un atomiseur électrothermique combiné à
un spectrophotomètre d’absorption atomique (ETAAS Perkin Elmer HGA 800 - A.Analyst
300).
La précision des méthodes a été vérifiée par l’analyse d’un sol de référence standard,
avec six répétitions, CRM052-050 (Trace Metals - limoneux Clay 1) (RTC, USA), dont les
résultats sont portés dans le tableau 3.3.
Sb As Cd Cr Cu Pb Zn Co
Valeur certifiée 37.9 ± 7 33.4 ± 1.2 43.0 ± 1.2 57.8 ± 1.9 56.5 ± 1.6 82.9 ± 2.5 94.3 ± 2.9 44.1±1.26
(µg g-1) ± écart-
type
Valeur observée 36.1±3.1 32.3±2.38 42.8±3.55 56.6±4,91 56.1±2.21 81.1±4.03 93.8±2.7 43.1± 1.4
(µg g-1) ± écart-
type
% de 95.25 96.7 99..53 97.92 99.29 97.82 99.46 97.73
récupération
Tableau 3.3 : Résultats des analyses de l’échantillon de sol de référence (n = 6)

3.3. Statistiques
La distribution univariée de toutes les variables, incluses dans l’analyse, a été
soigneusement examinée et les tests de normalité de Shapiro-Wilk ont été réalisés. Dans le cas
où un grand écart à la normalité est identifié, une transformation à la normalité est considérée.
Le logiciel SAS (SAS® 9.3, SAS Institute Inc., North Carolina) a été utilisé pour les analyses
statistiques.

3.3.1. Corrélations
Le but de l’analyse est d’expliquer la concentration de l’antimoine dans le sol par la
concentration des métaux et des autres variables de l’environnement. Ainsi, des associations
univariées ont été mesurées à travers les corrélations marginales de Pearson entre l'antimoine
et chacune des autres variables incluses dans l'analyse.

3.3.2. Régression multiple


Une analyse de régression multiple pas à pas ascendante avec l’antimoine comme
variable de réponse dépendante et toutes les autres variables étudiées comme variables
indépendantes, a été réalisée en raison du petit nombre d'unités statistiques, trente (30).

3.3.2.1. Objectif
L’objet d’une régression multiple d’après Falissard (1998) est d’éclairer les relations liant une
variable quantitative Y (variable à expliquer qui correspond dans notre cas à la concentration
de l’antimoine) à une série de variables X1, X2,…….XP (dénommés des variables explicatives
dans notre cas les autres métaux et les variables édaphiques). La principale vertu de cette
méthode est de permettre, par l’intermédiaire d’un modèle
mathématique, d’évaluer la force de l’association entre Y et chacun des Xi. Une
régression multiple apparaît avant tous comme un outil pour prédire une variable Y à partir de
d’autres variables X1, X2,…….XP.
Le Modèle mathématique est : Y = 0 + 1X1 + … + jXj + … + pXp + 
avec   N (0, )

3.3.2.2. Principe
Selon Michel Tenenhaus (2009), avec la régression linéaire simple, on part d’une
équation Y= a + b X. On recherche deux inconnues qui minimisent la différence entre les
valeurs attendues de Y. Pour la régression multiple il s’agit de faire de même Y = (b0 + b1X1
+ b2X2 + .... + bp Xp) b0 est l’ordonnée à l’origine, c’est la constante, on l’appelle aussi
intercept. b1, b2, b3, bn, sont les coefficients de régression des prédicteurs X1, X2, Xp.
Comme pour la régression linéaire on cherche les valeurs prédites de Y qui se rapprochent le
plus des valeurs observées de Y. Rappelons que l’on obtient Y en faisant la somme des
différences entre les valeurs théoriques et celles observées de Y et on élève cette somme au
carré. Un coefficient exprime pour une variable indépendante le poids explicatif qu’elle
exerce sur la variable dépendante. Plus ce coefficient est important plus le poids de la variable
est important. La significativité du poids de chaque variable est donnée. Cela se lit comme
une corrélation mais c’est davantage qu’une corrélation. Cela veut dire que la variable Y (à
expliquer, VD) est dépendante de la variable X (explicative, VI). Cette significativité
exprime l’effet « net », ou un effet principal de la VI sur la VD, sachant que les effets des
autres VI sur la VD ont été contrôlés ou maintenus constants (c’est-à-dire que les valeurs des
VI ne changent pas).

3.3.2.3. Calcul des différents paramètres du modèle mathématique

Dans le cas particulier de 2 variables explicatives, l’équation recherchée est


Y = b0 +b1x1 +b2x2
Les coefficients de régression partielles b1 et b2 sont calculés de la manière suivante :

^ SPE1 y SCE2  SPE12SPE2 y


1  b1 
SCE1SCE2  SPE122
^ SPE2 y SCE1  SPE12SPE1 y
 2  b2 
SCE1SCE2  SPE122
Les indices 1 et 2 correspondent aux variables explicatives x1 et x2 et y à la variable expliquée.
SPE = sum of products deviate = somme des produits des écarts aux moyennes
SCE = somme des carrés des écarts à la moyenne

1
SPE  [i 1 xi * yi  (i 1 xi )(i 1 yi )]
n n n

n
1
SCE  [i 1 xi2  (i 1 xi ) ]
n n 2

L’ordonnée à l’origine est 0  b0  y  b1 x1  b2 x2


Ces notions s’étendent à p variables

3.3.2.4. Significativité de la liaison globale et de l’apport marginal


1. La liaison globale entre Y et X1,…,Xk est significative si l’hypothèse nulle H0 est
rejetée :

Modèle : Y = 0 + 1X1 + … + kXk + 


Test :H0 : 1 = … = k = 0 (Y = 0 +  ne dépend pas des X)
H1 : Au moins un j  0 (Y dépend d’au moins un X)
Statistique utilisée :
F
 ( yˆ  y ) / k  Carré moyen expliqué
i
2

 e /(n  k 1) Carré moyen residuel


2
i

Décision de rejeter H0 au risque  de se tromper :


Rejet de H0 si F  F1- (k , n-k-1) , loi de Fisher-Snedecor
2. L’apport marginal de Xj est significatif si l’hypothèse nulle H0 est rejetée :

Modèle : Y = 0 + 1X1 + … + jXj + … + kXk + 


Test : H0 : j = 0 (On peut supprimer Xj)
H1 : j  0 (Il faut conserver Xj) 1 ˆ 2
où s j  écart-type(ˆ j )  
Statistique utilisée : 1  R 2 (X j ;autres X)  (x ji  x j ) 2
i
Décision de rejeter H0 au risque  de se tromper :
Rejet de H0 si | tj |  t1-/2 (n-k-1), loi de Student

3.3.2. Calcul des valeurs cibles et d’intervention


Afin d'évaluer la qualité des sols étudiés, du point de vue de leurs concentrations en
éléments traces, nous avons utilisé la méthode néerlandaise d'évaluation des risques (VROM,
2000). A cet effet, les valeurs d'un sol standard ont été converties en valeurs s'appliquant au
sol réel concerné sur la base de la matière organique mesurée et la teneur en argile. Ensuite,
les valeurs converties étaient représentés, en termes de normes (valeurs cibles et les valeurs
d'intervention) de qualité du sol, sur la carte des points d'échantillonnage (Fig. 3.1).

3.4. Résultats et discussions


Les pseudo-éléments traces et les principales propriétés physico-chimiques des
différents échantillons du sol sont portés en annexe 3.1 et 3.2. Par contre, les statistiques
élémentaires des pseudo- éléments traces, les principales propriétés des sols et les résultats de
l’analyse de la régression pas à pas ascendante sont présentés par le tableau 3.4.

3.4.1. Les principales propriétés du sol


Les sols étudiés ont (Tableau 3.4) en grande partie une texture limoneuse, un pH
modérément alcalin, des teneurs faibles à moyennes en matière organique, des teneurs élevées
en CaCO3, azote total, phosphore total, calcium total, sodium total et fer total. En général, les
teneurs du sol en potassium et magnésium total sont faibles. La conductivité électrique
correspond à une salinité qui varie entre faible et très élevée. Les valeurs de la capacité
d’échange cationique varient entre faibles à moyennes et semblent correspondre aux argiles
de type illite. Dans les sols étudiés le complexe d’échange est dominé par les cations
échangeables Na+ et Ca++ qui présentent des valeurs très élevées. Mis à part la conductivité
électrique et la matière organique qui varient beaucoup, la totalité des autres propriétés du sol
n’est pas très variable. Ceci indique une relative homogénéité des sols étudiés.
3.4.2. Les teneurs en éléments traces
L’étude du tableau 3.4 montre que les concentrations des sols en antimoine et arsenic
sont très élevées. Elles dépassent, dans tous les sols, les valeurs moyennes données par
Alloway (2013) pour les sols dans le monde (respectivement : 0.62 µg g-1 et 4.7 µg g-1) et,
dans 80% des échantillons la concentration maximale permise dans les sols en Pologne et en
Allemagne, rapportée par Kabata-Pendias et Pendias (2001).
La concentration maximale en antimoine (2600 µg g-1) est supérieure à celle (1565 µg g-1)
déterminée dans une région minière de Chine (He et Yang 1999). Celle de l’arsenic (450
µg g-1) est supérieure aux concentrations les plus élevées (110 à 115 µg g-1) signalées pour les
sols pollués de certaines régions d’Europe par Göd et Heiss (1996).
Les concentrations en Co, Cr, Cu, Pb et Zn (Tableau 3.4) sont supérieures aux valeurs
moyennes données pour les sols dans le monde par Alloway (2013) (respectivement : 6.9
µg g-1, 42 µg g-1, 25 µg g-1, 14 µg g-1 et 62 µg g-1). Toutefois, seules les concentrations de Cr,
Pb et Zn dépassent la concentration maximale admissible pour les sols en Allemagne, donnée
par Kabata-Pendias et Pendias (2001), et uniquement dans 10 à 13% des sols étudiés. Les
maximums des concentrations en Co, Cr et Zn sont supérieurs à ceux trouvés dans les zones
minières par Pratas et al. (2005). Les concentrations en plomb de tous les sols étudiés sont
incluses dans l’intervalle de celle des sols (35.7- 416 µg g-1) trouvées par les mêmes auteurs et
la valeur maximale du cuivre est proche de celle déterminée par ces derniers (40.7 µg g-1).
Les concentrations de cadmium sont très faibles. Elles sont incluses dans l’intervalle
des concentrations de Cd (0.06 – 1.1 µg g-1) donné par Kabata-Pendias et Pendias (2001) pour
des sols non contaminés et ne dépassent pas la concentration moyenne de Cd (1.1 µg g-1)
rapportée par Alloway (2013) pour les sols dans le monde.
De même, l’étude du tableau 3.4 montre, à partir de la comparaison des moyennes aux
écarts types, que l’arsenic, l’antimoine et le cadmium sont très variables d’une station
d’échantillonnage à l’autre. En outre, la variation du Sb dépasse de loin celle de tous les
autres facteurs du sol. Le plomb, le chrome et le cuivre sont également variables mais
beaucoup moins que les éléments précédemment cités. Une telle importante variabilité des
éléments traces reflète une importante pollution par ceux-ci et en particulier par l’antimoine.
Tableau 3.4 : Description des statistiques élémentaires des éléments traces métalliques, des
principales propriétés des sols et des facteurs environnementaux (n=30), et résultats de l’analyse de la
régression pas à pas ascendante

Variable Moy Ecart-type Min Max Valeur de


Etape β
Corrélation marginale p
(1) (2)
SbT (µg g-1) 383.07 596.87 1.10 2600.00 (3)
T -1
As (µg g ) 131.83 121.50 8.00 450.00 0.97 *** 1 4.95 3.10-4***
T -1
Pb (µg g ) 61.78 29.5 34.00 145.00 0.87*** 14 1.41 0.18
-1
Zn (µg g ) 182.46 63.37 92.00 324.00 0.86 *** 10 -2.39 0.03*
T -1
Cd (µg g ) 0.22 0.29 0.05 1.1 0.73 *** 8 2.55 0.02*
Co(µg g-1) 28.73 6.12 16.00 40.00 0.64 *** 15 1.16 0.27
-1
Cu(µg g ) 32.49 4.55 23.20 42.00 0.54 **
Cr(µg g-1) 92.00 12.97 70.00 130.00 0.10 6 -1.44 0.17
TFe (%) 5.76 0.94 3.60 7.30 0.69 ***
TK(µg g-1) 2698 530.73 1494 3736 0.58 ***
T
TCa (%) 6.41 2.46 3.10 13.10 0.57 ***
-1
TP(µg g ) 1955 310.66 1462 2837 0.55 ** 13 -1.81 0.09
TMg (µg g-1) 1011 173.07 663.00 1447 0.46 *
TNT(‰) 1.35 0.49 0.90 3.12 -0.34 3 -1.19 0.25
TNa (µg g-1) 4697 710.26 3300 6100 0.03
ENaT (cmol+ kg-1) 12.62 3.03 8.40 21.00 -0.72 *** 9 3.02 0.01*
T + -1
ECa (cmol kg ) 11.14 3.20 6.80 22.00 -0.54 **
EMg (cmol+ kg-1) 3.42 1.05 1.40 6.00 0.21 5 -0.29 0.78
T + -1
EK (cmol kg ) 0.64 0.26 0.27 1.46 -0.06 4 -2.86 0.01*
S (%) 44.86 9.39 25.60 62.00 0.81 *** 2 2.60 0.02*
L (%) 34.47 6.86 18.18 49.54 -0.70 ***
AT (%) 18.14 3.99 11.79 27.56 -0.57 **
TC (%) 16.15 5.24 6.75 29.70 0.63 ***
MOT (%) 0.82 0.55 0.29 2.96 -0.07 7 2.47 0.03*
+ -1
CEC (cmol kg ) 32.01 3.99 25.20 44.00 -0.59 *** 11 -1.36 0.19
CET(mS cm-1) 7.53 6.69 0.84 27.00 0.50 **
pH 7.86 0.17 7.40 8.30 0.23
Distance à la route (km) 0.56 0.49 0.09 2.09 -0.58 *** 16 -0.71 0.49
Distance à la mine (km) 2.73 2.09 0.63 7.72 0.23 12 -0.22 0.83

T=Total, E= échangeable, S=Sable, L=Limon, A= Argile, C=CaCO3


*p<0.05, **p<10-2, ***p<10-3, 1) Etape d’entrée dans le modèle final de régression, 2) Paramètre de régression
dans le modèle final, 3) Significativité des paramètres dans le modèle final, T Variables transformées (Log).
3.4.3. Distribution des éléments traces métalliques le long des berges de l’oued par
rapport aux valeurs de référence néerlandaises.
La représentation (Fig.3.1), en termes de normes de qualité des sols, des
concentrations d'oligo-éléments les plus contaminants, montre que les concentrations de Sb et
As sont supérieures à la valeur d'intervention néerlandaise dans presque toutes les parcelles
échantillonnées (Annexe 3.3 et 3.4). Elles se trouvent dans les parcelles situées sur les ravins
de l’oued de départ près des gisements de minerai et dans la branche de la rivière principale
qui reçoit les flux de ces ravines. Les parcelles de sol (n° 9, 10, 12, 13, 14 et 25) contenant les
niveaux les plus bas de Sb et As (inférieur ou égal à la valeur cible) sont situées dans les
ravines proches des côtés de la montagne qui ne comprennent pas de dépôts de minerais.
Les concentrations de zinc dépassent le seuil de contamination (valeur cible) dans tous
les sols étudiés et le seuil de pollution (valeur d'intervention) dans les parcelles 26, 27, 28 et
29. Ces parcelles sont celles qui sont à proximité de plusieurs filons.
Les concentrations de plomb dans le sol n'atteignent pas la valeur d'intervention dans
tous les sols étudiés. Elles sont plus élevées que la valeur cible, à l'exception des parcelles 9,
12, 13, 14 et 30 (voir plus haut), où elles sont au-dessous de celles-ci.
Il semble, d'après l'étude de la distribution des éléments traces en termes de normes de
qualité des sols que l’importante pollution et la contamination, par Sb, As, Pb et Zn, aient été
générées, le long des berges des oueds, par la proximité de l'exploitation minière et que le
réseau hydrologique soit le principal responsable de la contamination de l'extension de la
pollution vers le fond de la vallée.

3.4.4. Facteurs affectant les concentrations d'antimoine dans les sols de la vallée de
l’oued Dahimine
Les corrélations de Pearson entre l'antimoine et tous les paramètres du sol étudiés sont
présentées dans le tableau 3.4. Ce dernier montre des corrélations positives, particulièrement
élevées et très significatives (p < 10-3) de l'antimoine avec (dans l'ordre d’importance du
coefficient de corrélation) l'arsenic, le plomb, le zinc, le sable, le cadmium, le fer et le cobalt.
Figure 3.1 : Localisation des points d’échantillonnage et distribution de l’antimoine et des
autres éléments traces le long des berges de l’oued Dahimine.

Il montre aussi des corrélations positives, modérément élevée et significative (10-3< p


<0.05) de Sb avec (dans l'ordre d’importance du coefficient de corrélation) calcaire total
(CaCO3), potassium total, calcium total, le phosphore total, le cuivre, la conductivité
électrique et le magnésium total.

Les très fortes corrélations entre Sb et As, Pb, Zn, Cd, Co, et à un degré moindre avec
le Cu, indiquent que ces éléments sont associés à l'antimoine et qu'ils proviennent de la même
source, à savoir l'ancienne exploitation minière. Ceci est également confirmé par l'existence
de très fortes inter corrélations (p < 10-3) entre l'As et Zn, Pb, Cd, Co et Cu (respectivement r
= 0.970, r = 0.968, r = 0.878, r = 0.727 et r = 0.643), entre Zn et Pb, Co, Cd un Cu
(respectivement r = 0.931, r = 0.772, r = 0.809 et r = 0.702), entre Pb et Cd, Co et Cu
(respectivement r = 0.932, r = 0.687 et r = 0.644) et entre Co et Cd et Cu (r = 0.647 et r =
0.851) (Annexe 3.5). Ce résultat était prévisible car selon Hackspill et al. (1964) le minerai
d'antimoine se trouve combiné à plusieurs oligo-éléments. En outre, Rafiei et al. (2010) ont
aussi déterminé des corrélations significatives entre Sb et As, Pb et Cd.

La forte corrélation de l'antimoine avec le sable, indique donc la présence de cet


élément dans les sols avec le plus haut pourcentage. Ceci peut s'expliquer par le fait que dans
le domaine du terrain d’étude les veines d'antimoine sont associées au Crétacé indifférencié
(Voute, 1957) qui correspond aux argiles sableuses et aux lentilles de marnes calcaires.
L’extraction du minerai est ainsi accompagnée de sable qui est transporté le long de l’oued en
même temps que l'antimoine pendant les inondations. Par ailleurs, selon Ritchie et al. (2013),
le minerai d'antimoine est souvent entouré par une matrice de sable et de calcaire. Cependant,
cela peut aussi s'expliquer par le fait, comme cela a été souligné par Hasany et Chaudhary
(1996), que les sables puissent avoir une sorption significative d'antimoine.

La forte corrélation entre l'antimoine et le fer peut être expliquée par le fait que
l'antimoine est étroitement lié au fer (Gal et al., 2006; Denys et al., 2008; Ritchie et al., 2013).
En effet, cet élément est considéré parmi les facteurs les plus importants qui contrôlent le
contenu et le comportement des éléments traces métalliques dans les sols (Kabata-Pendias et
Krakowiak, 1995). En outre, Mitsunobu et al. (2010) ont constaté qu'une quantité importante
de Sb lié à des particules de quartz recouvertes par les (hydr) oxydes de Fe était présente en
tant que Sb (III) dans la zone minière d'antimoine. Selon Hockmann et Schulin (2013), en
raison de leur omniprésence et leur forte capacité d'absorption pour le Sb, les (hydr) oxydes
de Fe peuvent en particulier limiter efficacement le déplacement de Sb dans les sols. Le fer
peut également limiter la solubilité de Sb par la formation des minéraux ferrifères de Sb à
faible solubilité.

Le Sb étant significativement et positivement lié au CaCO3 et au Ca total peut signifier


que dans les sols fortement contaminés par l'antimoine et contenant de grandes quantités de
CaCO3 et de Ca++, comme nos sols, les précipitations de Ca [Sb (OH) 6] 2 peuvent contrôler
des concentrations de Sb dans l'eau du sol (Johnson et al., 2005). La formation de Ca [Sb
(OH) 6]2 a également été suggérée par d'autres auteurs pour expliquer les concentrations
étonnamment faibles de Sb dans des extraits de sols alcalins (Oorts et al., 2008 ; Conesa et al.,
2010; Okkenhaug et al., 2011). C'est le même cas pour le potassium et le magnésium qui sont,
selon Hockmann et Schulin (2013), les candidats les plus susceptible de former des précipités
avec l’antimoine. Ils s'associent avec Sb pour former les composés K [Sb (OH) 6 et [Mg (H2O)
6] [Sb(OH)6] 2.
La corrélation positive et significative de Sb avec P semble être la conséquence des
très fortes corrélations entre P et les autres métaux qui sont étroitement liés au Sb. En effet, P
est fortement et positivement (p <0.0001) corrélé avec As, Cd, Pb et Zn (respectivement
r = 0.760, r = 0.739, r = 0.810 et r = 0.714) et modérément et positivement (p <0, 05) corrélé
au Cu et Co (respectivement r = 0.444 et r = 0.433). En effet, les précipités sous forme de
phosphates et de métaux sont considérées comme mécanisme important d’immobilisation
des métaux lourds induite par le phosphate, en particulier dans les substrats contenant une
forte concentration en ces derniers (Adriano et al., 2004).

La relation positive et significative avec la conductivité électrique peut être due à la


présence de sels d'antimoine (Bothorel, 1958) qui se traduit par une augmentation de la
salinité des sols étudiés.

Le tableau 3.4 montre une corrélation négative hautement significative (p < 10-3) de
l’antimoine avec les limons et le sodium échangeable et des corrélations négatives
significatives (10-3 < p <0.05) avec l'argile, la CEC, le calcium échangeable et la distance de
la route. L'azote a une corrélation peu significative et négative (p = 0.0671) avec l'antimoine.
La relation négative de l'antimoine avec la CEC signifie que plus la CEC du sol
augmente moins l’antimoine est retenu dans le sol. Ceci est contraire à ce qui est
habituellement rapporté pour la plupart des métaux lourds (Du Laing et al., 2009; Kabata-
Pendias et Pendias, 2001). Selon Wilson et Webster-Brown (2009), on en sait peu sur les
effets de l'adsorption compétitive de Sb et encore moins dans un milieu alcalin. Toutefois,
cela peut s'expliquer par le fait que l'antimoine est fortement et positivement corrélé au sable,
il est d'autant plus présent que le sol est sablonneux et donc avec une faible CEC. En effet, il
est bien connu que la CEC augmente à mesure que la fraction fine du sol augmente
(McDonald et al., 2005). En outre, dans le cas de nos sols, la CEC présente une corrélation
négative et significative avec le sable (r = -0.481, p = 0.007) et une corrélation positive et
significative avec l'argile (r = 0.491, p = 0.006). Dans la même veine, la forte corrélation
négative entre Sb et Na échangeables pourrait résulter de la combinaison de la corrélation
négative et significative entre le Sb et le CEC d'une part, et la corrélation positive significative
(r = 0.901, p <0.0001) entre le Na échangeable et la CEC, d'autre part.
Contrairement à ce qui est souvent rapporté par de nombreux auteurs pour la plupart
des métaux lourds (Du Laing et al., 2009; Kabata-Pendias et Pendias, 2001; Young, 2013),
l’argile et les limons présentent des relations négatives significatives avec les concentrations
d'antimoine dans la zone d'étude. Cela peut s'expliquer par le fait que l'antimoine étant
fortement liée au sable ne peut pas être liée à l'argile, parce que si le sol est riche en sable, il
ne peut pas être riche en argile ou en limon, en même temps.
La corrélation négative significative entre les concentrations de Sb et de la distance à
la route signifie que plus la route est proche et plus sont les concentrations élevées de Sb. Le
trafic semble contribuer à la pollution de Sb de la zone étudiée. D'autres auteurs ont mis en
évidence l'impact du trafic routier sur la contamination des sols par le Sb (Dietl et al., 1997;
Cal-Prieto et al., 2001). Cependant, dans notre cas, ce résultat peut aussi être dû au fait que les
endroits qui contiennent les plus fortes concentrations (Fig.3.1) sont situés principalement le
long de la rivière principale qui est le long de la route et très proche d’elle. Par conséquent,
cette rivière qui démarre étroitement des déblais de mines est le principal responsable de la
propagation de cette pollution toxique.

L’étude du tableau 3.4 présentant également les résultats de la régression linéaire pas
à pas, montre que la première variable entrée dans le modèle est la plus associé à l'antimoine,
tandis que la variable qui n'est pas dans le modèle n'est pas associée à l'antimoine.
Ainsi les résultats de la régression linéaire pas à pas montrent que parmi les variables
corrélées avec Sb, mentionnées ci-dessus, le plomb, le zinc, l'arsenic, le cobalt, le cadmium, la
capacité d'échange cationique, le sable, le sodium échangeable, le phosphore total, l'azote et la
distance de la route interviennent dans l'explication des concentrations d'antimoine dans le
sol. Les variables, comme le chrome, la matière organique, le potassium échangeable, le
magnésium échangeable, et la distance de la mine, bien que n’étant pas corrélées avec
l'antimoine, sont également impliqués dans l'explication du Sb (la figure 3.2).
S

S (%)

MO

Log MO (%) Distance à la route (km)

Figure 3.2 : Corrélations entre les concentrations de Sb et les variables intervenant


dans son explication par la régression linéaire pas à pas ascendante.
L'arsenic semble être la variable la plus importante (étape 1) ayant le plus grand β
(4.95) et le plus significatif (0.0003). C'est l'oligo-élément le plus important qui explique les
concentrations en Sb du sol. Cette variable a, par conséquent, le poids maximal dans la
prédiction des teneurs en Sb des sols. En fait, ces deux métalloïdes existent souvent
simultanément dans les zones minières (De Gregori et al., 2003; Telford et al., 2009; Arik et
Yaldiz 2010; Marin et al., 2010 ; Oprea et al., 2010; Bech et al., 2012; Frankova et al., 2012).
Tous les deux ont une structure similaire et appartiennent au même groupe de la classification
périodique. Adriano (2001) a suggéré que l'As et Sb peuvent présenter un comportement
similaire dans l'environnement.
Na échangeable est la deuxième variable la plus importante, après l'As, qui a le
meilleur poids, dans la prédiction des teneurs en Sb du sol. Il est significativement et
positivement associé avec le Sb. Cela peut être dû au fait que, selon Hockman et Schulin
(2013), lorsque le Na se produit en concentrations élevées dans les solutions de sol (le cas de
nos sols), il devient le candidat le plus en vue de former des précipités avec Sb.
La troisième variable importante avec un bon poids dans l’explication des
concentrations de Sb est le potassium échangeable. Le signe négatif du β de cette variable
montre que plus il y a du potassium échangeable dans le milieu moins il y aura de
l'antimoine. Cela peut s'expliquer par le fait que les concentrations d'antimoine plus élevées se
trouvent dans les sols sableux, contenant donc moins d'argile. Donc, comme le potassium
échangeable est une composante majeure des argiles (Schulze, 2005), et que les sols avec
beaucoup de sable contiennent moins d'argile, ils contiennent, donc, moins de potassium
échangeable. Toutefois, selon Okkenhaug et al. (2011), les sels tels que KSb(OH)6 sont
complètement dissous dans les extractions d’oxalate d’acide-ascorbique qui indiquent une
fraction mobile plus grande de Sb dans le sol que précédemment estimée. Par conséquent, il
est possible de déduire que le Sb va se lier au K échangeable pour former KSb(OH)6, puis, en
étant plus mobile, il sera éliminé du sol.
Le sable est la quatrième variable indépendante qui explique au mieux et
significativement (p < 0.05) les concentrations d'antimoine dans le sol. Ce résultat confirme la
forte corrélation de cette variable avec de l'antimoine, expliqué ci-dessus.
La cinquième variable qui intervient significativement et positivement dans la
prédiction des concentrations de Sb est le Cd. C'est le deuxième plus important oligo-élément
après As, qui est associé avec le Sb. Selon Brookins (1986), Sb, As et Cd ont été proposés
comme éléments indicateurs, parmi d’autres, pour les gisements de minerai d'or téléthermal-
xénothermal-épithermal. Ainsi, les trois éléments semblent se produire souvent ensemble et
provenir de la même source dans la zone étudiée. Cela semble être aussi le cas du plomb et du
Co. En effet, malgré n'étant pas lié de manière significative au Sb, ces deux oligo-éléments
apparaissent comme les meilleurs oligo-éléments, parmi ceux étudiés, pour la prédiction du
Sb après l'As et Cd,

La matière organique a également un bon poids dans la prédiction des concentrations


de Sb. C'est la sixième variable qui explique de manière significative la présence de
concentrations d'antimoine dans les sols étudiés. Le signe positif de β signifie que lorsque les
teneurs en Sb du sol augmentent la matière organique du sol augmente également. Ainsi, le
Sb est d'autant plus retenu dans le sol que les teneurs en matière organique sont élevées. En
effet, selon Gluskoter et al. (1977), Sb est parmi les éléments qui ont le plus d'affinité à la
matière organique. Par conséquent, Rafiei et al. (2010) mettent en évidence une très forte
corrélation entre Sb et la matière organique dans les sols d'une zone d'extraction d'or et, selon
Wilson et al. (2010), l’association de Sb avec la matière organique dans les échantillons
environnementaux a été confirmée au cours des dernières années.
La septième et dernière variable qui affecte de manière significative les concentrations
de Sb du sol est le Zn. Le signe négatif du β peut être expliqué par le fait que, selon Hasany et
Chaudhary (1996), une réduction substantielle de la sorption de Sb sur le sable a été
remarquée en présence du Zn (II), le Cr (III) et le Mg (II). Ces cations, selon les mêmes
auteurs, semblent avoir une forte affinité pour la surface du sable et peuvent occuper les sites
de sorption plus fortement que les ions d'antimoine ou peuvent déplacer les ions d'antimoine à
partir de la surface du sorbant vers la surface du sable. Cela peut expliquer pourquoi le Cr et
le Mg échangeables sont parmi les variables qui influent, mais de manière négative et pas
significative, les concentrations de Sb du sol.

Les concentrations en Sb des sols sont affectées presque significativement mais,


négativement, par les concentrations des sols en phosphore total. Par conséquent, plus il y a
du phosphore dans les sols et moins il y aura du Sb. Ceci peut être lié au fait que la présence
du phosphore dans les sols entraine la mobilisation du Sb et donc de sa diminution dans ces
derniers. En effet Kilgour et al. (2008) ont rapporté de significatives solubilisations du Sb à
partir de sols contaminés de champs de tir où le P avait été ajouté comme superphosphate. De
plus, les coefficients de distribution sol/solution de sols agricoles japonais diminuent avec
l'augmentation des concentrations de P (Nakamaru et al., 2006).
Bien qu'il ne soit pas significativement corrélé avec l'antimoine, l'azote a été
sélectionné, comme prédicteur des concentrations du Sb dans les sols, parmi plusieurs autres
variables, par la régression pas à pas. Bien que non significativement, il affecte donc la
présence du Sb dans les sols. Le signe négatif du β signifie que la présence de l'azote dans les
sols entrainera la diminution des teneurs en Sb des sols. Selon Wilson et al. (2013) l'addition
de fertilisants dans les sols (dont l'azote) additionnés au calcaire, augmente la solubilité du Sb
et son prélèvement par les plantes. Par conséquent, il est probable que plus le sol est riche en
éléments nutritifs, donc en azote, et moins il contiendra de Sb. Ce dernier doit être dissout et
donc moins retenu par le sol.
La CEC apparaît également comme une variable indépendante qui explique
négativement les concentrations de Sb, mais non significativement. Ceci, peut s'expliquer par
le fait que puisque le Sb est positivement et fortement corrélé au sable, il est d'autant plus
présent que le sol est sableux et donc avec une basse CEC. En effet, il est connu que la CEC
augmente d'autant plus que la fraction fine du sol augmente (McDonald et al., 2005).
La distance à la mine explique négativement, bien que non significativement, les
concentrations de Sb du sol. Ainsi, plus on se rapproche de la mine et plus les concentrations
en antimoine du sol augmentent. Un tel résultat confirme la responsabilité de la mine dans la
pollution des bordures de la rivière par l'antimoine.
Les concentrations en antimoine des sols sont corrélées négativement avec la distance
à la route. Ceci signifie que plus on se rapproche de la route et plus les teneurs en antimoine
augmentent. Le trafic routier semble donc contribuer à la pollution des sols par l’antimoine.
D’autres auteurs ont déjà mis en évidence l’impact du trafic routier sur la pollution des sols
par le Sb (Dietl et al., 1997; Cal-Prieto et al., 2001). Cependant, dans notre cas, ce résultat
peut aussi être dû au fait que les emplacements contenant les concentrations les plus élevées
(Fig.3.1) sont situés en majorité le long du bras principal de la rivière qui longe étroitement la
route. Par conséquent, l’oued Dahimine qui prend sa source près des déblais de la mine, est le
principal responsable de l’extension de la pollution par l’antimoine.
Il semble qu’au contraire de ce qui a été rapporté pour la majorité des autres oligo-
éléments, ni le pH ni l’argile n’affectent les concentrations d'antimoine dans le sol.
Cependant, ces résultats sont en accord avec ceux obtenus par d’autres auteurs. En effet, selon
Hockmann et Schulin (2013), il a été constaté que la sorption de Sb (III) et Sb (V) de
minéraux argileux comme la montmorillonite et kaolinite à des valeurs de pH autour de 7,5
était d’un à deux ordres de grandeur plus faible que la sorption des (hydr)oxydes de Fe et de
Mn dans la même gamme de pH. En outre, Kabata-Pendias et Mukherjee (2007) signalent que
la mobilité de l'antimoine n'est pas basée sur la valeur du pH des sols. L'absence d'une
association entre le pH du sol et les concentrations de Sb du sol pourrait s'expliquer par le fait
que le pH des sols étudiés n'est pas du tout variable.

3.5. Conclusion
Les sols des berges de la partie étudiée de l’oued Dahimine, bien que situées loin de la
mine et des gisements de minerai, sont gravement polluées par Sb et As dépassant le seuil
d'assainissement dans presque toutes les parcelles échantillonnées. Ils sont contaminés par le
Zn et le Pb dans la majorité des parcelles et modérément contaminés par Co, Cr et Cu dans
certaines parcelles. Il s'avère que la pollution et la contamination par les oligo-éléments
étudiés sont la conséquence des anciens vestiges miniers. La propagation de la pollution est
favorisée par l’oued Dahimine et ses nombreuses branches dont les eaux, grâce aux fortes
pluies qui se produisent souvent dans le climat semi-aride, portent les éléments toxiques vers
le fond de la vallée et les déposent, lors des inondations, sur les bords des oueds où ils se
concentrent.
CHAPITRE 4 : EFFET DE LA POLLUTION PAR LA MINE
D’ANTIMOINE DU DJEBEL HAMIMAT SUR LA
VEGETATION DES BORDURES DE L’OUED DAHIMINE

4.1. Introduction

L’étude de l’effet de la pollution par les éléments traces métalliques de l’ancienne


mine d’antimoine sur la contamination des sols des bordures de l’oued Dahimine (chapitre 3)
a révélé que les sols de cette région contenaient des concentrations élevées d’antimoine et
d’arsenic et étaient contaminés par d’autres éléments toxiques, notamment le zinc et le plomb.

Selon Ernst (1990), la présence de teneurs élevées d’éléments traces métalliques dans les sols
des zones minières peut être à l’origine d’importantes perturbations au sein de la végétation
en place. Ceci donne à penser que la contamination des bordures de l’oued Dahimine par les
éléments traces métalliques pourrait avoir un sérieux impact sur ses communautés de plantes.

Cependant, les effets potentiels des substances toxiques sur les organismes sont
souvent difficiles à vérifier sur le terrain (Chapman et al., 2002 ; Klok et Kraak, 2008). En
effet, dans les conditions réelles, une grande variété de facteurs physico-chimique du sol et
des processus biotiques détermine conjointement la présence et l’abondance des espèces
(Ter Braak, 1987). Par conséquent, l’absence d’espèces de sites contaminés ne reflète pas
nécessairement l’exclusion en raison d’une toxicité due aux métaux (Chapman et al., 2002).
Ceci implique qu’une analyse simultanée de tous les facteurs environnementaux pertinents est
nécessaire à la fois pour distinguer les effets potentiels de la contamination du sol de ceux
d’autres facteurs de l’environnement et pour placer les effets de contamination dans une
perspective réaliste (Van Straalen, 2003 ; Van Gestel, 2008 ; Loos et al., 2010).

Ainsi, nous voulons, par cette étude, répondre aux questions suivantes :

 Les éléments traces métalliques et métalloïdes provenant de la mine d’antimoine ont-


ils un effet sur les communautés végétales ? Les autres facteurs physico-chimiques du
sol sont-ils impliqués dans un tel effet ?

 Parmi toutes les variables prises en considération, quelles sont celles qui expliquent le
mieux le nombre d’individus de ces espèces ?

 Parmi toutes les espèces végétales répertoriées, quelles sont celles qui résistent le plus
aux éléments traces métalliques ?
4.2. Matériel et méthodes

4.2.1. Méthode d’échantillonnage des plantes

Trente relevés floristiques ont été réalisés au printemps sur les mêmes points
d’échantillonnage que ceux des sols déjà analysés (chapitre 3), c’est-à-dire le long des berges
de la partie amont de l’Oued Dahimine (fig.3.1).

Le relevé floristique consiste à noter toutes les espèces rencontrées sur une surface
floristiquement homogène représentative de la végétation de l’ensemble de la station
d’échantillonnage. Pour déterminer cette surface, comme le propose Guinochet (1973), on
explore le terrain dans plusieurs directions jusqu’à l’observation d’une nouvelle liste
d’espèces. Les limites de la végétation floristiquement homogène sont alors atteintes. Pour la
région étudiée, cette surface, appelée aire minima, ne dépasse pas en moyenne 4 m2.

Les relevés ont été effectués suivant la méthode décrite par Guinochet (1973), C’est-à-dire en
se plaçant au centre de la surface floristiquement homogène et en notant toutes les espèces
perçues dans un rayon de quelques mètres autour de soi, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de
nouveaux noms d’espèces enregistrées.

La densité de chaque espèce enregistrée a été déterminée au niveau de chaque surface


échantillonnée.

Les espèces non identifiées sur le terrain ont été déterminées au laboratoire en s’aidant
des ouvrages de Quezel et Santa (1962-1963), Schönfelder et Schönfelder (1988), de Bonnier
(1990) et de Fitter et al. (1991).

4.2.2. Traitement des données

Pour comparer des communautés végétales on considère généralement un nombre


élevé de variables, écologiques ou floristiques, et on dispose du plus grand nombre possible
de relevés (Gounot, 1969). Le problème qui se pose est que les capacités d’intégration
multispécifiques d’un esprit humain sont très limitées d’où la nécessité d’utiliser une méthode
d’analyse multivariée.

Une analyse en composantes principales (ACP) a été réalisée, dans un premier temps,
afin de distinguer les groupes d’espèces les plus corrélées aux métaux et métalloïdes du sol.
Dans un deuxième temps, les espèces ainsi sélectionnée ont été soumises, séparément, à des
régressions multiples pas à pas pour déterminer de quelle(s) variable(s) physico-chimique(s)
du sol (ETM inclus) dépend exactement la distribution de chacune d’elle.
Une première ACP (analyse préliminaire) a été réalisée en introduisant les numéros
des relevés comme observations et toutes les caractéristiques physico-chimiques des sols
analysés : Sb, As, Co, Cu, Pb, Zn, Cr ,Cd, TC, MO, TCa, TNa, TP, TMg, TN, TK, ENa, ECa,
EMg, EK, CEC, EC, pH, Fe, A, L, S (Tableau 3.4,chapitre 3), ainsi que toutes les espèces
végétales (en nombre d’individus) répertoriées (Annexe 4.1) comme variables. Les espèces
rares (présentes dans un ou deux relevés seulement) n’ont pas été incluses dans l’analyse,
comme le suggère Gounot (1969), à l’exception de Crepis bulbosa (L.)Tausch. quiest très
abondante, bien que présente dans deux relevés uniquement.Cette analyse (Annexe 4.2 ) a
montré qu’un ensemble de variables se trouve condensé au centre en un nuage de points. Pour
éclater celui-ci nous avons réalisé une deuxième ACP en enlevant les variables qui le forment
(Cd, At,Aha, Ab, Bd, Bs,Cb Cp,Cn, Ci, Cli, Ef, Hm, Hmu, Hr, Ht, Iv, Kh, Lc, Lcr, Mb, Md,
Mh, Mm, Pl, Pm, Sh, Smu,Sp,St, Ta).

La régression multiple pas à pas a été réalisée en introduisant les espèces végétales
comme variables dépendantes et les paramètres physico-chimiques du sol (ETM inclus)
comme variables indépendantes.

4.3. Résultats et discussion

4.3.1. Résultat de l’ACP : recherche des groupes phytoécologiques

Le tableau phytosociologique comprenant toutes les espèces déterminées dans les


trente relevés effectués est présenté en annexe 4.1.

Les résultats de l’analyse en composantes principales (Fig. 4.1) montre que les taux
d’inerties des axes obtenus dans notre analyse témoignent d’une relative bonne structuration
du nuage. En effet, selon Maryse Raffestin (2005), lorsque le taux d’inertie total (= somme
des taux d’inertie de l’ensemble des axes = 100%) est divisé par le nombre de variables,
l’obtention d’une inertie nettement inférieure à celle obtenue dans l’analyse signifie que le
nuage de points présente une direction privilégiée d’allongement et donc qu’il correspond à
des taux d’inertie élevés.

Les deux premiers axes ont respectivement des taux d’inertie de 26.16% et 11.50%. Ils
témoignent d’une relative bonne structuration du nuage le long des deux premiers axes. Ce
nuage restitue 37.66% de l’information totale. Celle-ci est assez importante vu le grand
nombre de variables introduites (62). En effet, un pourcentage d’inertie de 26.16% expliqué
par le premier axe montre que le nuage a un axe d’allongement remarquable car 26.16%,
comparé à 1.6% (= 100% /62) dans le cas où le nuage n’aurait pas eu une direction
privilégiée, est très élevé. Ainsi, dans cette analyse, seuls les deux premiers axes seront pris en
considération.
L’examen de la carte factorielle (Fig.4.1) et des contributions relatives des variables aux
axes (Annexe 4.3) permet de constater l’existence de quatre ensembles de variables à fortes
contributions relatives (I, II, III, IV) :

 L’ensemble I, localisé du côté positif de l’axe 1, contribue fortement à la formation de


ce facteur. Il contient les variables Jm (Juncus maritimus Lamk.), Lra (Limonium
ramosissimum (Poiret) M.), Ls (Lygeum spartumL.), Ae (Agropyron elongatum (Host.)
P.B.), Sb, As, Cu, Co, Pb, Zn, CE, S, Fe et Mg, dont les contributions respectives
sont (contribution supérieure à la moyenne des contributions ): 0.021; 0.017; 0.064;
0.016 ; 0.030; 0.040; 0.041; 0.047; 0.035; 0.044; 0.016; 0.029; 0.044 et 0.025. Leurs
corrélations à l’axe sont respectivement : 0.58; 0.52; 0.48; 0.40 ; 0.70; 0.80; 0.81;
0.86; 0.75; 0.84; 0.51; 0.68; 0.83 et 0.63).

 L’ensemble II, situé du côté négatif de l’axe I, et donc s’opposant à l’ensemble I,


contient les variables Dg (Dactylis glomerata L.), Aa(Anagallis arvensis L.),
Sm(Sanguisorba minor Scop.), Et (Eryngium triquetrum Vahl.), A (argile), CEC, ECa,
ENa, L(limon), N et K dont les contributions sont respectivement : 0.027; 0.016 ;
0.016 ; 0.016 ; 0.021; 0.042; 0.039; 0.044; 0.016; 0.018 et 0.035. Les corrélations à
l’axe de ces variables sont respectivement (p<10-2): -0.66; -0.35 ; -0.36 ; -0.36 ; -0.58;
-0.82; -0.79; -0.84; -0.52; -0.53 et -0.75.

 L’ensemble III contribue fortement à la formation de l’axe II (ou facteur 2) du côté


positif. Il est formé par les variables Ac (Anacyclus clavatus Desf.), Car (Calendula
arvensis L.), Ec (Elymus Caput-medusaeL.), Hu (Hippocrepis unisiliquosa L.), Ah
(Asperula hirsuta Desf.), Ml (Medicago laciniata (L.) All.), Bm (Bromus madritensis
L.), MO, TP, TC, TCa, TN, EK, Pb, Sb, Zn et As dont les contributions relatives à sa
formation sont respectivement : 0.027; 0.057; 0.066; 0.061; 0.055; 0.060; 0.037;
0.023; 0.044; 0.022; 0.018; 0.024; 0.016; 0.035; 0.034; 0.019; 0.031. Leurs
corrélations à l’axe sont respectivement (p<0.05): 0.43; 0.63; 0.68; 0.65; 0.62; 0.65;
0.51; 0.40; 0.55; 0.39; 0.36; 0.41; 0.30; 0.50; 0.49; 0.37; 0.46.

 L’ensemble IV intervient fortement à la formation de l’axe 2 du côté négatif. Il


contient les variables Am (Anagalis monelli L.), Lc (Lepturus cylindricus (Willd.)
Trin.) et Sv (Salvia verbenaca (L.) Briq.) dont les contributions relatives sont
respectivement : 0.016; 0.021; 0.017. Les corrélations de ces variables à cet axe sont
respectivement (p<0.05) : -0.31; -0.38; -0.35).

1,0

1*
Hu
Sp
Ah Car TP

0,5 BmPl
III Pb
As
Sb
TN
MOOM T Ca
TC Jm Zn
Pl Ac Jm
EK
ECa Dg Lra
CEC
Aa
Aa
Ae
CET Mg
S I
Fact. 2 : 11,50%

ENa II A
Sa Ls
Fe
TFe
Co
Hc 2*
0,0 T K Tn EMg Sl Cr
Hp Cc Cu
L Lri Ud
Ei Cd T Na pH
Sm Sm Cl Sr Lt
Et Sv
Et Am Lc

-0,5 IV

-1,0

-1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0

Fact. 1 : 26,16%

Points multiple :1*= Ec , Ml ; 2*=Pc ,Pp.


Figure 4.1 : Carte factorielle des deux premiers axes de l’analyse en composante principales
(caractéristiques physico-chimiques des sols et espèces végétales).

Ainsi, quatre groupes d’espèces se dégagent de cette analyse :

 Groupe 1 : formé de Joncus maritimus, Limonium ramosissimum, Lygeum


spartum et Agropyron elongatum. Ces espèces seraient liées aux sols qui
présentent la totalité ou quelques-unes des caractéristiques suivantes: les
concentrations les plus élevées en Sb, As, Cu, Co, Pb, Zn, Mg et Fe, les plus
grandes valeurs de la conductivité électrique et du sable, les plus faibles taux
d’argile et de limons, les plus faibles valeurs de la CEC, du calcium
échangeable, du sodium échangeable, de l’azote total et du potassium.

 Groupe 2 : est constitué de Dactylis glomerata, Anagallis arvensis ,


Sanguisorba minor et Eryngium triquetrum. Il s’agit d’espèces qui, au
contraire des précédentes, ne supporteraient pas les sols riches en l’un ou la
totalité des métaux et métalloïdes (Sb, As, Cu, Co, Pb, Zn, Mg et Fe), mais, qui
affectionneraient ceux comportant les valeurs les plus élevées de quelques unes
ou de l’ensemble des caractéristiques du sol non recherchées par les espèces du
groupe 1.

 Groupe 3 : est composé de Anacyclus clavatus, Calendula arvensis, Elymus


Caput-medusae, Hippocrepis unisiliquosa, Asperula hirsuta, Medicago
laciniata et Bromus madritensis. Ces espèces seraient attachées aux sols qui
présentent des teneurs élevées en la totalité ou en une partie des variables
suivantes : Sb, As, Pb, Zn, matière organique, phosphore, azote total,
potassium, calcium et calcaire total.

 Groupe 4 : est engendré par Anagalis monelli, Lepturus cylindricus et Salvia


verbenaca qui, contrairement aux espèces du groupe précédent, seraient liées
aux sols qui contiennent les concentrations les moins élevées en l’ensemble ou
en une partie des variables affectionnées par les espèces du groupe 3.

4.3.2. Facteurs du sol affectant la distribution des espèces végétales


Les résultats de la régression linéaire multiple pas à pas ascendante appliquée aux
nombres d’individus des espèces des groupes cités ci-dessus sont portés dans le tableau 4.1.

L’analyse du tableau 4.1 permet de constater que le coefficient de corrélation R varie


d’une valeur minimale de 0.61 significative (p<0.017, équation 15) à une valeur maximale de
0.92 très significative (p<0.00055, équation 12). Ainsi, l’ensemble des variables édaphiques
permettent d’expliquer en moyenne 65% de la variance totale du nombre d’individus
(R2=0.65).

L’étude du tableau 4.1 permet, également, de repérer, à partir de l’explication du


nombre d’individus, cinq nouveaux groupes d’espèces réunis en fonction de leurs associations
avec les éléments traces métalliques.

4.3.2.1.Groupe I : association négative avec les ETM

L’analyse du tableau 4.1 montre que le groupe I est formé par les deux espèces
Eryngium triquetrum et Sanguisorba minor .

L’examen des équations de régression du groupe I (Tableau 4.1) montre que le Cu est
le seul élément trace métallique qui intervient dans l’explication du nombre d’individus des
espèces de ce groupe. Il a un béta négatif et donc une influence négative sur le nombre
d’individus de ces espèces.

Le cuivre intervient significativement et négativement dans la prédiction et


l’explication du nombre d’individu des espèces Eryngium triquetrum.et Sanguisorba minor
(respectivement p<0.02 et p<0.0092). Cependant, alors que pour la deuxième espèce le Cu est
la seule variable explicative du nombre d’individus, pour la première espèce (équation 1) le
magnésium intervient également dans son explication, avec un bêta (-0.94, p< 0.0017)
supérieur et plus significatif que celui du cuivre. Ceci rejoint en partie les résultats de l’ACP,
étant donné que ces deux espèces sont situées du côté négatif de l’axe 1 alors que le Cu et le
TMg se trouve du côté positif de cet axe. Par contre, les autres variables du sol, que cette
analyse avait fait ressortir comme liées ou opposées à ces deux espèces, ne semblent pas du
tout les affecter dans leurs distributions.

Ainsi, E. triquetrum et S. minor seraient sensibles essentiellement aux concentrations


élevées de Cu dans les sols et au Mg en ce qui concerne la première. Les deux espèces
semblent indifférentes aux autres ETM et variables du sol.

La sensibilité d’E. triquetum et S. minor aux concentrations élevées du cuivre


s’expliquerait par le fait que ces deux espèces seraient intolérantes à la présence de quantités
importantes de cet élément dans leurs tissus. En effet, Nouri et al. (2013) déterminent des
teneurs en Cu plus faibles chez E. triquetrum que chez d’autres espèces analysées et une plus
importante concentration de cet élément dans ses racines que dans ses parties aériennes, ce qui
atteste de son intolérance, et donc de sa sensibilité, vis-à-vis de ce métal. Il en est de même
pour S. minor, dont les teneurs en cuivre, déterminées par Brun et al. (1998), sont faibles en
comparaison de celles d’autres espèces. De plus, elle est considérée, par ces auteurs comme
ne pouvant être une bonne indicatrice de la présence de concentrations élevées en Cu dans le
sol.

La sensibilité d’E. triquetrum vis-à-vis du Mg, malgré les teneurs tout à fait normales
de cet élément dans les sols, pourrait s’expliquer par le fait que chez cette espèce il y aurait un
antagonisme entre le Mg et d’autres éléments majeurs ou oligoéléments qui empêcherait leur
absorption par cette espèce. En effet, selon Kabata-Pendias et Pendias (2001) le Mg est
susceptible d’être antagoniste avec plusieurs oligoéléments, dont le Fe, le Co, le Cu et le Mn,
empêchant ainsi leur absorption par les plantes.

Tableau 4.1 : Résultats de la régression linéaire pas à pas ascendante (forward) du nombre
d’individu (NI) des espèces végétales(en italique) en fonction des variables édaphiques (Sb,
As, Pb, Co, Zn, Cu, Cd, Cr, Na, Fe, K, N, P, Ca, MO, pH, CE, CEC, A (argile), L(Limon),
S(Sable), CT(CaCO3)). R représente le coefficient de corrélation et Sig F la significativité du
modèle général, tandis que les valeurs de p entre parenthèses dans la dernière colonne
représentent la significativité des coefficients de régression standardisés  (=Sig.t).

Nom de l’espèce R Sig.F Equations de régression


Groupe I

Et=Eryngium R=0.71 p<0.007 1) Et (NI) =17.113(p = 0.012) - 0.94 (p<0.0017) TMg


triquetrum Vahl. (µg g1MS) – 0.85 (p<0.02) Cu (µg g-1MS).

Sm=Sanguisorba R=0.87 p<0.0003 2) Sm (NI) = 41.23 (p=0.0092) – 0.62 (p<0.0092) Cu


minor Scop. (µg g-1MS).

Groupe II

Bm =Bromus R=0.85 p<0.00054 3) Bm (NI) = 591.34 (p = 0.17) +1.23 (p<0.004) N (%)


madritensis L. +1.16 (p<0.00064) Sb (µg g-1MS) -1.13 (p<0.0047) MO
(%).
Ml =Medicago
laciniata (L.) All. R=0.69 p<0.00051 4) Ml (NI) = 37. 61 (p=0.85) -1.46 (p<0.002) MO (%)
+1.35 (p<0.0019) N (%) + 0.47(0.049) Sb (µg g-1MS)
Jm=Juncus R=0.85 p<0.00000 5) Jm (NI) = 9.41(p = 0.41) +1.08 (p<0.0000) Sb
maritimus (µg g-1MS) + 0.37 (p<0.011) Na (µg g-1MS).
Lamk.
Ec =Elymus 6) Ec (NI) = -136.89 (p = 0.159) +1.75 (p<0.0001) N (%)
caput-medusae R=0.91 p<0.00042 -1.36 (p<0.002) MO (%) +1.32 (p<0.0059) Sb(µg g-1MS)
L. + 0.57(p<0.013) S (%).

Ah =Asperula
R=0.90 p<0.005 7) Ah (NI) = 33.53(p = 0.13) + 1.57 (p<0.0012) N (%)
hirsuta Desf. + 1.26 (p<0.0032) Sb (µg g-1MS) – 1.15 (p<0.004) MO
(%) – 0.66 (p<0.038) P (µg g-1MS) + 0.55(0.023) S (%)

Car =Calendula R=0.83 p<0.00078 8) Car (NI) = 0.35 (p = 0.91) +1.27 (p<0.002) N(%) -
arvensis L. 1,05 (p<0.006) MO (%) + 0.85 (p<0,04) Pb (µg g-1MS).

Ae= Agropyron
elongatum. R=0.71 p<0.007 9) Ae (NI) = - 1899.65 (p=0.007) + 0.93 (p<0.022) Pb
(Host.) P.B. (µg g-1MS) + 0.73 (p<0.008) pH – 0.65 (p<0.024) MO
(%) + 0.53 (p<0.03) K (µg g-1MS).
Lra= Limonium
R=0.91 p<0.00000 10) Lra (NI) = 4.91 (p=0,57) + 2.40 (p<0.000014) Pb
ramosissimum (µg g-1MS) – 0.38 (p<0.0089) TC (%) + 0.34 (p<0.0053)
(Poiret.) M. CE (mS cm-1) - 0.26 (p<0.024) MO (%).

Groupe III

Ls =Lygeum R=0.86 p<0.00507 11) Ls (NI) =180.49 (p = 0.0011) – 2.72 (p<0.016) As (µg
spartum L. g-1MS) + 2.61 (p<0.003) Zn (µg g-1MS) +1.74 (p<0.009)
Sb (µg g-1MS) -1.04 (p<0.0009) pH -0.63 (p<0.022) CEC
(meq/100g).
Dg=Dactylis
R=0.80 p<0.0014 12) Dg (NI) =105.77 (p = 0.00011) + 0.96 (p<0.011)
glomerata L.
Sb (µg g-1MS) – 0.62 (p<0.02) Cu (µg g-1MS) – 0.49
(p<0.025) Fe (µg g-1MS) – 0.39 (p<0.0 37) CT (%).
Hu= Hippocrepis R=0,92 p<0,00055 13) Hu (NI) =13.64 (p = 0.04) + 2.95 (p<0.0066)
unisiliquosa L. As (µg g-1MS) – 1.64 (p<0.025) Zn (µg g-1MS) – 0.44
(p<0.021) CT (%) – 0.43 (p<0.009) CE (mS cm-1).
Groupe IV

Ac =Anacyclus
clavatus Desf. R=0.66 p<0.010 14) Ac (NI) = -2.74 (p = 0.016) +1.13 (p<0.0019) Ca
(µg g-1MS) +1.07 (p<0.004) CT (%).
Aa =Anagallis
R=0,61 p<0,017 15) Aa (NI) = -70.57 (p = 0.003) -0.83 (p<0.0025) pH
arvensis L. + 0.69 (p<0.006) N (%).

4.3.2.1. Groupe II : association positive avec les ETM


L’étude du tableau 4.1 montre que le groupe II est constitué par les espèces : Bromus
madritensis, Medicago laciniata, Juncus maritimus, Elymus caput-medusae, Asperula
hirsuta, Calendula arvensis, Agropyron elongatum et Limonium ramosissimum.

L’analyse des équations de régression ( 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10 ) du groupe II montre


que, parmi les ETM étudiés, seuls le Sb et le Pb interviennent dans l’explication du nombre
d’individus des espèces qui le forment. Ces éléments du fait de leurs bêtas positifs, ont une
influence positive sur les nombres d’individus des espèces en question.

L’antimoine est le prédicteur le plus fréquent. Il intervient significativement dans la


prédiction et l’explication du nombre d’individus de B. madritensis , M. laciniata, J.
maritimus, E. caput-medusaeet A. hirsuta (respectivement p<0.00064; P<0.049; p<0.0000;
p<0.0059 et p<0.0032). Les poids (valeur du Bêta) du Sb, de l’azote (N) et de la matière
organique (MO) dans l’explication des nombres d’individus sont supérieurs à ceux des autres
variables. Cependant, pour M. laciniata et E. caput-medusae (équations 4 et 6) le bêta du Sb
(respectivement 0.47 et 1.32) est inférieur à celui de N (respectivement 1.35 et 1.75) et de MO
(respectivement -1.46 et -1.36). Alors que pour B. madritensis et A. hirsuta (équations 3 et 7)
le bêta du Sb (respectivement 1.16 et 1.26) est inférieur à celui de N (respectivement 1.23 et
1.57) mais, est supérieur à celui de MO (respectivement -1.13 et -1.15).

Le plomb contribue significativement à la prédiction et à l’explication du nombre


d’individus de C. arvensis, d’A. elongatum et de L. ramosissimum (respectivement p<0.04,
p<0.022 et p<0.0053). Il représente (équation 9) la variable qui explique le mieux le nombre
d’individus de la deuxième espèce, son  (0.93) étant supérieur à celui des autres variables
explicatives (0.73 pour le pH, -0.65 pour MO et 0.65 pour le K). Cependant, pour
l’explication du nombre d’individus de la première espèce (équation 8), le plomb ne possède
pas le meilleur poids (= 0.85) par rapport aux poids des autres variables explicatives (1.27
pour l’azote et -1.05 pour la matière organique).

La meilleure position dans la prédiction et l’explication du nombre d’individus de L.


ramosissimum (équation 10) revient au plomb ( = 2.40). Il est suivi parle calcaire total (=-
0.38), puis, la conductivité électrique (= +0,34) et ensuite la matière organique (= -0.26).
Son Beta est également le plus significatif (p<0.0053) par rapport à celui de ces variables.

Ces résultats confirment partiellement ceux obtenus avec l’ACP. Ainsi,


B. madritensis, M. laciniata, J. maritimus, E. caput-medusaeet A. hirsuta semblent préférer
en premier lieu les sols riches en N et en deuxième lieu ceux qui le sont en Sb. Par contre, C.
arvensis et plus particulièrement A. elongatumet L. ramosissimum seraient dépendantes
essentiellement des teneurs élevées en plomb des sols. Toutes ces espèces seraient
indifférentes aux autres métaux et donc capables de se développer aussi bien sur les sols à
fortes teneurs de ceux-ci qu’à faibles teneurs.

A l’inverse de ce qui était mis en évidence par l’ACP, B. madritensis , M. laciniata,


E. caput-medusae, A. hirsuta et C. arvensis apparaissent comme préférantes des sols les
moins riches en MO. En ce qui concerne cette variable, un tel résultat peut sembler
contradictoire avec celui de l’ACP. Cependant, ceci est probablement dû au fait qu’avec
l’ACP les variables (espèces comprises) sont corrélées deux à deux et que ceci signifie
qu’elles varient dans le même sens, ou en sens inverse, sans pour autant être dépendantes
l’une de l’autre comme cela est mis en évidence par la régression pas à pas. En effet,
lorsqu’un groupe d’espèces est corrélé à un groupe de variables, cela ne signifie pas que
chaque espèce est corrélée à toutes les variables en même temps. Ainsi, si quelques variables
sont corrélées entre elles, il suffit que l’une des espèces soit corrélée à l’une des variables
pour que les autres espèces du groupe le paraissent aussi. Ainsi, le Sb étant très dépendant des
taux de matière organique dans le sol (cf. chap. III), les espèces qui lui sont corrélées vont le
paraître également avec la MO sans l’être réellement. La capacité de J. maritimus,
d’A. elongatum, de B. madritensis et de C. arvensis à se développer dans des milieux
fortement contaminés par les métaux lourds, en particulier dans les zones minières, a déjà été
rapportée par d’autres auteurs (Del Rio et al., 2002 ; Del Rio-Celestino et al., 2006 ; Chen et
Wong, 2006 ; Garcia-Sanchez et al., 2009 ; Conesa et al., 2011 et Marques et al., 2011 ).
L’étroite relation de ces espèces avec le Sb et le Pb, mise en évidence dans la zone étudiée, ne
serait donc pas fortuite. Ainsi, d’après Garcia-Sanchez et al. (2009), B. madritensisse
développe sur les sols d’une ancienne mine de mercure (Hg) pollués par cet élément (jusqu’à
247 µg g-1) et en accumule des concentrations très élevées (jusqu’à 12.7 µg g-1). C. arvensis
se trouve, selon Del Rio et al. (2002), sur des sols d’une mine de pyrite très contaminés par
plusieurs métaux lourds (atteignant 643 µg g-1de Pb, 1326 µg g-1de Zn, 3.7 µg g-1 de Cd et
270 µg g-1d’As) où elle accumule jusqu’à 21µg g-1 de Pb, 273 µg g-1de Zn, 0.4 µg g-1de Cd et
8.5 µg g-1d’As). Chen et Wong (2006) suggèrent que A. elongatum, une espèce halophile,
accumulatrice de nickel (jusqu’à 198 µg g-1dans les parties aériennes et 3465 µg g-1dans les
racines) et très résistante à la présence de fortes concentrations de celui-ci dans les sols
(atteignant 100 µg g-1), pourrait être utilisée, pour la phytostabilisation des sols pollués par ce
métal. Il en est de même de J. maritimus, également halophile, qui se développe sur des
sédiments fortement pollués par l’As, le Cd, le Pb, le Mn (jusqu’à 712 µg g-1, 116 µg g-1,
12300 µg g-1 et 18400 µg g-1respectivement) selon Conesa et al. (2011) et le Hg (jusqu’à 43
µg g-1) d’après Marques et al. (2011). Cette espèce accumule jusqu’à 26 µg g-1d’As, 32 µg g-
1
de Cd, 656 µg g-1de Pb et 120 µg g-1de Mn. Elle est en mesure de séquestrer, par le biais de
sa biomasse souterraine des quantités importantes de mercure et de le complexer dans sa
rhizosphère, ce qui en fait une excellente candidate pour la phytostabilisation de milieux
contaminés par le Hg (Marques et al., 2011).

4.3.2.3. Association positive avec certain ETM et négative avec d’autres

Le tableau 4.1 montre que le groupe III réunit les espèces L. spartum, D. glomerata et H.
unisiliquosa qui présentent un nombre d’individus influencé positivement par certains
éléments traces métalliques et négativement par d’autres.

Le nombre d’individus du L. spartum (équation 11) influencé négativement par l’As


(négatif), est également influencé, mais positivement (positive), par le Sb et le Zn. L’As
est le meilleur prédicteur du nombre d’individus de cette espèce. Son  (-2.72) est supérieur à
celui des autres variables explicatives (Zn (= 2.61), Sb (=1.74), pH (= -1.04) et
CEC (= - 0.63). Par contre il est moins significatif (p<0.016) que le Zn (p<0.003), le Sb (p<0.009)
et le pH (p<0.0009).

D. glomerata (équation 12) a un nombre d’individus influencé négativement ( négatif)


par le Cu et positivement ( positif) par le Sb. Le poids de ce dernier élément (= 0.96 ;
p<0.011) dans l’explication du nombre d’individus est cependant beaucoup plus important et
plus significatif que celui du Cu (= - 0.62 ; p<0.02). Mais le Cu a plus d’influence sur le
nombre d’individus que les autres variables édaphiques (le Fe (= - 0.49 ; p<0.025) et le
calcaire total (- 0.39 ; p<0.035)).

L‘équation 13 (Tableau 4.1) fait ressortir une influence négative (Bêta négatif) du Zn sur
le nombre d’individus d’H. unisiliquosa, contrairement à l’As et au Cr qui agissent
positivement sur ceux-ci. Mais, bien que son poids (= -1.64) dans l’explication du nombre
d’individus de cette espèce est supérieur aux poids du Cr (= 0.45), du calcaire total
(= - 0.44) et de la CE (= - 0.43), il reste inférieur au poids de l’As (= 2.95). Ce dernier
présente, en plus, le bêta le plus significatif (p<0.0066) par rapport à ceux du Zn (p<0.025),
du Cr (p<0.008), du calcaire total (p<0.021) et de la CE (p<0.009)).

Ces résultats rejoignent ceux de l’ACP pour ce qui est de L. spartum et de H. unisiliquosa
mais, uniquement par rapport à l’influence négative du Cu en ce qui concerne D. glomerata.
Ceci peut trouver son explication dans celle qui a été donnée auparavant.

La présence de L. spartum et D. glomerata dans des zones minières et leur aptitude à se


développer sur des sols fortement pollués par divers éléments traces métallique ont été

mentionnées par d’autres auteurs (Garcia-Sanchez et al., 1996 ; Ottenhof et al., 2007 ;
Conesa et al., 2007a ; Conesa et al., 2007b ; Garcia-Sanchez et al., 2009 ; Conesa et al.,
2011). Selon Garcia-Sanchez et al. (1996), D. glomerata parvient à accumuler d’importantes
quantités d’As dans ses tissus (jusqu’à 40 µg g -1) ce qui atteste de son adaptation à la toxicité
du milieu. L. spartum présente une assez importante facilité à coloniser les déblais de mine
(Conesa et al., 2007a) et à enrichir le sol en matière organique (Ottenhof et al., 2007), ce qui
est une caractéristique favorable pour la stabilisation des déblais de mine.

4.3.2.4. Aucune association aux ETM.

Les espèces A. clavatus et A. arvensis (équations 14 et 15, Tableau 4.1) ont une
variance du nombre d’individus expliquée à 43% et 37% respectivement par l’ensemble des
variables introduites dans le modèle (R2 = 0.43 ; R2 = 0.37 respectivement). Ces espèces sont
donc indifférentes vis-à-vis des éléments traces métalliques.

Le nombre d’individus d’A. clavatus est expliqué par le calcium et le calcaire total. Le
calcium intervient dans cette explication avec plus de poids (=1.13) et plus significativement
(p<0.0019) que le calcaire total (p<0.004). Cependant, pour A. arvensis, le pH est le
meilleur prédicteur (= +0.83) du nombre d’individus et le plus significatif (p<0.0025) par
rapport à l’azote (= +0.69 ; p<0.006).

Par ailleurs, les nombres d’individus d’A. monelli, de L. cylindricus et de S. verbenaca ne


sont expliqués par aucune des variables physico-chimiques prises en considération dans cette
étude.

4.4. Conclusion

La végétation en place semble s’être réellement adaptée aux fortes concentrations des
éléments traces métalliques dans les sols puisque plusieurs espèces semblent rechercher leurs
présences ou y être indifférentes. A l’inverse, aucune espèce ne semble les fuir ou y être
sensible. Le Sb, l’As et le Pb sont les éléments traces qui agissent le plus sur les espèces en
favorisant l’augmentation de leurs nombres d’individus. Parmi ces espèces, J. maritimus, A.
elongatum et L. spartum seraient les mieux indiquées pour la phytostabilisation des déblais
miniers.

CHAPITRE 5 : PRELEVEMENT ET EFFET DU Sb et As


CHEZ LE Lygeum spartum L. ET Hedysarum pallidum Desf.

5.1. Introduction

Lygeum spartum L. et Hedysarum pallidum Desf. sont deux espèces révélées par une
première étude (chapitre 4) comme étant indifférentes ou résistante à l’effet de la pollution
générée par la mine d’antimoine. Sur terrain ces deux plantes arrivent parfaitement à croître et
à se reproduire sur les déblais de la mine d’antimoine. Ce sont des espèces
pseudométallophytes car présentes aussi sur sols non métallifères. Elles appartiennent à la
flore métallicole et représentent ainsi, comme le suggèrent Faucon et al. (2010) et Mahy et al.
(2011), une ressource biologique remarquable à la fois scientifiquement intéressante et
précieuse pour de nombreuses applications biotechnologiques. Whiting et al. (2004) parlent
même « d’un El dorado » de matériel génétique qui pourrait être utilisé dans la
décontamination et la restauration écologique de sites contaminés par les ETM.

Par ailleurs, des analyses chimiques réalisés lors d’une précédente étude sur quelques
espèces végétales au niveau de la mine (Rached-Mosbah et al., 1992) avaient révélé que H.
pallidum accumulait le Sb alors que L. spartum l’excluait.
Ainsi, dans la perspective de la phytoremédiation des sols miniers, le travail consistera
à vérifier l’aptitude de ces espèces à accumuler non seulement l’antimoine mais aussi
l’arsenic et de comparer leurs modes de prélèvement en milieu naturel. Il s’agira également de
déterminer le degré de résistance de ces deux espèces vis-à-vis des deux éléments traces
métalliques par des tests de croissance en milieux contrôlés.

5.2. Présentation des deux espèces

5.2.1. Caractérisation

Le L. spartum est l'une des espèces caractéristiques de la steppe algérienne. Elle est appelée
communément sparte en français. En arabe, elle est nommée «Sennagh» ou« Sengha» (Kilian, 1948
et Ozenda, 1958). En Espagnol, on l’appelle « Espartobasto» ou« Albardine » (Mario de Lopez,
1976). Elle est l'unique espèce de la tribu des Lygées qui fait partie de la famille des Poacées
(Guignard, 1998). C’est une plante vivace, caractérisée par un ensemble de talles semblables qui lui
donnent un aspect touffu. Elle est souvent confondue avec l'Alfa à l'état végétatif (Quezel et Santa,
1962). C’est une endémique du Nord d’Afrique (Algérie, Maroc et Tunisie). En Algérie, elle se
rencontre à deux niveaux de ploïdie (Benmiloud, 2003). Elle est représentée par des formes
annuelles (diploïdes, 2n = 16) et des formes pérennes (tétraploïdes 2n = 4 X=32)
(Abdelguerfi-Berrekia et al., 1988).
H. pallidum est une espèce pérenne qui appartient au genre Hedysarum (sulla ou
sainfoin d’Espagne), à la famille des Légumineuses, qui compte environ 10.000 à 30.000
espèces (Ozenda, 1958), et à la sous-famille des Papilionacées, tribu des Hedysarées. Le genre
Hedysarum se subdivise en deux groupes d’espèces se distinguant par la morphologie, le
cycle biologique, le caryotype et les origines géographiques. Le premier groupe comprend les
espèces alpines, arctiques et asiatiques (2n=2X=14) et le second, les espèces
méditerranéennes (2n=2X=16) (Baatout et al., 1991).

5.2.2. Localisation

H. pallidum (=Hedysarum atlanticum POMEL) est spécial à l’Afrique du Nord où


elle n’est représentée que par un seul taxon avec une répartition assez large en Algérie, Maroc
et Tunisie. En Algérie, on la rencontre dans l’Oranie depuis la côte jusqu’aux confins du
Sahara, dans la région de Saida (Greuter et al., 1989). Elle se développe également dans l’Est
algérien, sans pour autant atteindre les côtes et les zones sahariennes (Quezel et Santa, 1962).
Au Maroc, cette espèce se trouve, selon Jahandiez et Maire (1932), essentiellement à l’Est du
pays, dans les forêts claires et les pâturages rocailleux des basses montagnes, à Oujda, Beni-
Snassen, Ghar-rouban et aux monts des Kebdana. En Tunisie, H. pallidum se rencontre
principalement dans les pâturages rocailleux des montagnes de la dorsale tunisienne : djebel
Mrhila, Maktar, Souk-el-Djema et Kalaat es snam, etc. (Pottier- Alapetite, 1979).

Par ailleurs, L.spartum est considéré comme une plante circumméditerranéenne. Il


croît spontanément dans le sud de l’Espagne, en Andalousie (Mariano de Lopez, 1976), et se
trouve également dans le sud de l’Italie (Maire, 1953). Au nord d’Afrique, le sparte occupe
une aire importante, soit 30000 Km2 sur une superficie totale de 630 km2 (Lehouerou, 1995).
Il présente une grande extension allant du Maroc jusqu’à l’Egypte. En Algérie, les
peuplements de sparte sont localisés dans le sud constantinois, le sud algérois (Sauf la
Kabylie), le sud oranais et les hauts plateaux jusqu’au Sahara, où il pénètre à peine (Ozenda,
1958 et Quezel et Santa, 1962), avec une meilleure répartition dans le sud-ouest oranais
(Celles, 1975 et Djebaili, 1978).

5.2.3. Caractères morphologiques

Le sparte est une plante vivace (Photo 5.1). Selon Pouget (1980), il présente des racines
verticales qui se faufilent dans les plus petits espaces. La biomasse de la partie souterraine est
supérieure à celle de la partie aérienne (Gaddes, 1978 et Pouget, 1980). Il a des ramifications
orientées en générale dans le même sens que l'axe principal (Walter, 1973 in Benmiloud, 2003). Les
feuilles sont glauques, coriaces et cylindriques par suite de l'enroulement de leurs bords. D'après
Quezel et Santa (1962), les feuilles ne se présentent pas comme l'alfa et sont marquées par des
ligules. La floraison se situe entre mars et avril selon les années (Maire, 1953). Les fleurs, sont les
plus grandes que l'on connaisse dans la famille des Poacées. Elles naissent enveloppés d'une
spathe. Celle- ci remplace la glume à l'intérieur de laquelle se situent 2 à 3 épillets connectés à la
base pour former un tube (Quezel et Santa, 1962).
Photo 5.1: Photographie des touffes de L. spartum L.

Selon Quezel et Santa (1962), H. pallidum est une plante vivace (Photo 5.2), cespiteuse, à longues
tiges plus ou moins prostrées. Elle présente des inflorescences en grappes plus ou moins allongées,
atteignant 10 à 15 cm à la fructification, de grandes fleurs rosées ou blanches lavées de pourpre,
parfois blanches et des calices entièrement hispides.

Photo 5.2 : Photographie des touffes d’ H. pallidum Desf.


5. 3. Etude du prélèvement du Sb et As par les plantes dans le milieu naturel

5.3.1. Matériel et méthodes

5.3.1.1. L'échantillonnage

L’échantillonnage a été réalisé selon un plan dit mixte qui consiste en une
combinaison entre l’échantillonnage aléatoire et l’échantillonnage systématique (Gounot,
1969). Les stations d’échantillonnage (dix au total) ont été choisies aléatoirement, sur et
autour des déblais minier, grâce à la table des nombres au hasard. Dans chaque station et dans
la perspective d’une comparaison, les prélèvements des spécimens de L. spartum et H.
pallidum et de leurs sols (avec répétition) ont été effectués systématiquement (en 2007) à
chaque fois que L. spartum se retrouvait côte à côte avec H. pallidum.

Les échantillons de plantes et de sols ont été prélevés à la main en s’aidant d’une
pioche et en prenant le soin de prélever tout le sol entourant les racines (rhizosphère). Un total
de 120 prélèvements entre les parties aériennes et souterraines des plantes et les sols a été fait.

5.3.1.2. Analyses au laboratoire

1. Analyse des sols

La préparation des échantillons de sols et l’extraction des éléments traces métalliques


(pseudo totaux) ont été faites selon la méthode décrite précédemment dans le chapitre 3.

2. Analyse des plantes


a) Préparation des échantillons de plantes

Les plantes sont lavées plusieurs fois, d’abord à l’eau du robinet, puis à l’eau distillée.
Elles sont ensuite séchées à l'étuve à 105°C pendant 48h. Après dessiccation, les échantillons
sont homogénéisés dans un broyeur à billes d'agates, ensuite, conservés dans des sachets
étiquetés et numérotés.

Tout le matériel utilisé pour les échantillons de sol et de plantes destinés au dosage des
éléments traces métalliques est préalablement traité. Il est trempé et laissé séjourner pendant
24 heures dans un bain d'acide nitrique (HNO3, 1/5N). Il est ensuite rincé à l'eau pure (Rodier,
1984). Cette précaution est nécessaire pour éviter toute contamination éventuelle des
échantillons.
b) Extraction des éléments traces métalliques

Comme pour les sols, nous avons opté pour la digestion humide dans l'extraction des éléments
traces métalliques à partir de la matrice végétale. La technique consiste à ajouter 25 ml d'eau
régale à 200 mg de feuilles séchées et broyées. On procède ensuite à une digestion à chaud
dans un four micro-onde Les résidus issus de la digestion sont filtrés sur papier filtre sans
cendres dans des fioles de 20 ml.

a) Dosage des éléments traces métalliques dans les sols et dans les plantes

Les dosages de l’antimoine et de l’arsenic dans les extraits des sols et des plantes ont
été faits à l’université de Gand en Belgique par spectromètre de masse de plasma à couplage
inductif (ICP- MS Perkin Elmer DRC-e) pour le dosage de Sb et As dans les plantes et
spectromètre d’émission optique de plasma à couplage inductif (ICP-OES Vista MPX CCD
de Varian) pour le dosage de Sb et As dans les sols .

L'ICP-MS offre la possibilité d'atteindre une plus grande productivité et d’obtenir des limites
de détection plus basses. Elle propose des limites de détection égales ou meilleures que celles
réalisables à l'aide de l’absorption atomique en four graphite (GFAA) avec une productivité
beaucoup plus élevée. Elle peut gérer des matrices d'échantillons complexes avec moins de
perturbations que la flamme et la chaudière de spectroscopie d'absorption atomique (AAS).
L’ICP-MS a, également, des capacités de limites de détection qui sont de loin supérieurs à
ceux obtenus en ICP-OES.

La précision des méthodes a été vérifiée par l’analyse d’un sol de référence standard,
avec six répétitions, CRM052-050 (Trace Metals - limoneux Clay 1) (RTC, USA). La valeur
certifiée pour le Sb est de 37.9 ± 7 µg g-1, la valeur observée est de 37 ± 3.2 µg g-1 et la
récupération est donc de 97.6%. Pour l’As la valeur certifiée est de 33. 4 ± 1.2 µg g-1, la
valeur observée est de 32.2 ± 2.34 µg g-1et donc la récupération est de 96.4 . Cette vérification
a été également effectuée pour les plantes par l’analyse d’un échantillon de référence de
plante INCT-OBTL-5 (oriental basma tobacco leaves) (ICT J, Pologne). Ainsi, pour une
valeur de Sb certifiée de 75.5 ± 12.5 ng g-1 et une valeur observée de 73 ± 2.3 ng g-1, la
récupération est de 96.68. Alors que pour une valeur d’As certifiée de 668 ± 86 ng g-1 et une
valeur observée de 640 ± 52 la récupération est de 95.8 %.

5.3.1.3. Analyses statistiques

Pour le traitement statistique des données obtenues, d’une part, des statistiques
élémentaires ont été effectuées (calcul de la moyenne et de l’écart type) et des histogrammes
ont été construits pour mieux apprécier les variations des teneurs en Sb et As des sols et des
plantes. D’autre part, une analyse de la variance (ANOVA) a été réalisée pour déterminer la
différence entre l’accumulation du Sb et de l’As par les différentes parties de ces deux espèces
grâce au logiciel Statistica (version 6.0). Enfin, afin de comparer le transfert sol-plante et la
translocation des deux toxiques par les deux espèces, les rapports suivants ont été calculés :

Le rapport d’accumulation (RA) (Cottenie et al., 1979)

Concentration de l’élément dans la plante Ce rapport est d’autant plus élevé


RA= ------------------------------------------------- que la plante accumule l’élément
Concentration de l’élément dans le sol
en question.
Le rapport de translocation (RT) (Conesa et al., 2011)
Ce rapport est d’autant plus grand
Concentration de l’élément dans la partie aérienne que la translocation de l’élément
RT=--------------------------------------------------------------- de la partie souterraine à la partie
Concentration de l’élément dans la partie souterraine aérienne est importante.
5.3.2. Résultats et discussions

5.3.2.1. Teneurs en éléments traces métalliques des sols des plantes

Les résultats détaillés des teneurs en As et Sb des sols de L. spartum et H. pallidum


sont représentés respectivement en annexe 5.1 et annexe 5.2. Les statistiques élémentaires
descriptives de ces derniers sont portées dans le Tableau 5.1.

Tableau 5.1: Statistiques élémentaires des éléments traces métalliques (µg g-1) dans les sols
de L. spartum et H. pallidum.

Min Max Moyenne Ecart type

Sb dans les sols de L. spartum 3884 81446 18672.25 20198.74

As dans les sols de L. spartm 210 3080 846.25 723.05


Sb dans les sols de H. pallidum 2643 67382 23481.3 20498.97

As dans les sols de H. pallidum 249 2842 1138.55 777.43

1. L’antimoine

Le tableau 5.1 montre que les teneurs totales en antimoine des sols varient entre un
minimum de 3884 et un maximum de 81446 µg g-1avec une moyenne de 18672.25 µg g-1et un
écart type de 20198.74 pour les sols de L. spartum. Pour les sols de H. pallidum, les teneurs
en antimoine sont pratiquement dans le même ordre de grandeur. Ces dernières oscillent entre
2643 et 67382 µg g-1avec une moyenne de 23481.3 µg g-1 et un écart type de 20498.97.

Il apparaît donc que les sols de ces deux plantes présentent des teneurs moyennes
minimales et maximales en antimoine dépassant de très loin les teneurs normales dans les sols
.données par Li et Thornton (1993) (0.2 à 10 µg g-1) et par Wedepohl (1995) (0.3 µg g-1). Les
concentrations minimales sont inférieures à celles données par Filella et al. (2002b) (1 µg g-1).

Les teneurs totales en antimoine dépassent de loin les teneurs trouvées habituellement
au voisinage des sites miniers (700 µg g-1) (Flynn et al., 2003). En moyenne, elles dépassent
mêmes celles des sites fortement contaminés (500 à 15000 µg g-1) données par Jonhson et al.
(2005).

2. L’arsenic

L’analyse du tableau 5.1 montre que les teneurs en arsenic des sols du L. spartum
varient entre 210 et 3080 µg g-1, avec une moyenne de 846.25 µg g-1et un écart type de
723.05. De même, les teneurs en arsenic des sols de H. pallidum présentent un minimum de
249 µg g-1, un maximum de 2842 µg g-1, une moyenne de 23481.3 µg g-1 et un écart type de
777.43.

Ainsi, les sols de ces deux plantes présentent des teneurs en arsenic très élevées
dépassant les teneurs normales. En effet, selon Mandal et Suzuki (2002), l’arsenic est
naturellement présent dans l’environnement et ses teneurs dans la croûte terrestre sont de
l’ordre de 1 à 3 µg g-1. La concentration moyenne d’arsenic évaluée dans les sols normaux se
situe entre 5 et 6 µg g-1 (Mandal et Suzuki, 2002; Wang et Mulligan, 2006).

5.3.2.2. Concentration des éléments traces métalliques dans les plantes


Les différentes teneurs en éléments traces métalliques dans L. spartum et H. pallidum
et dans leurs différentes parties (aériennes et souterraines) sont indiquées respectivement en
annexe 5.3 et annexe 5.4. Les minimums, les maximums, les moyennes et les écarts types
sont portés dans les tableaux 5.2 et 5.3.

1. Concentrations de l’antimoine
Les teneurs en Sb (Tableau 5.2) dans les plantes entières, leurs parties aériennes et
leurs parties souterraines varient d’un minimum de 4.98, 0.76 et 3.51 µgg-1, respectivement, à
un maximum de 117.01, 11.43 et 108.27 µg g-1, respectivement, pour L. spartum. Pour H.
pallidum, elles passent d’un minimum de 43.01, 1.53 et 16.13 µg g-1, respectivement, à un
maximum de 346.10, 263.04 et 186.27 µg g-1, respectivement.

Tableau 5.2: Statistiques élémentaires des teneurs en antimoine (µg g-1) des plantes entières
et de leurs différentes parties chez L. spartum et H. pallidum

Min Max Moyenne Ecart type

PE, L. spartum 4.98 117.01 47.57 34.95

PA, L. spartum 0.76 11.43 4.10 3.12

PS, L. spartum 3.51 108.27 43.47 33.07

PE, H. pallidum 43.01 346.10 160.97 85.88

PA, H. pallidum 1.53 263.04 71.65 75.01

PS, H. pallidum 16.13 186.27 89.33 51.46

PE=plante entière ; PA=partie aérienne ; PS= partie souterraine


Les teneurs minimales en Sb dans ces deux plantes dépassent l’intervalle des valeurs
normales données par Markert (1992) (0.1 – 200 µg kg-1).

Les maximums de Sb atteints dans L. spartum et H. pallidum sont nettement


supérieurs à ceux trouvés par Rached–Mosbah et al. (1992) dans les mêmes plantes
(respectivement 17.5 et 53 µg g-1). Les concentrations de cet élément dans les deux plantes
ont été multipliées par un facteur de l’ordre de 6.68 et 6.53 respectivement. Une telle
différence pourrait s’expliquer par le fait que le dosage du Sb avait été effectué, à l’époque,
avec le spectrophotomètre d’absorption atomique à flamme (SAAF) qui est moins performant
que l’ICP-MS pour les éléments volatils tels que le Sb. Ceci pourrait également être dû au fait
qu’après le temps écoulé depuis les dosages réalisés par Rached–Mosbah et al. (15 ans) ces
deux espèces seraient devenues plus accumulatrices du Sb.

L’analyse de la figure 5.1 montre qu’H. pallidum présente une importante


concentration du Sb, nettement supérieure à celle de L. spartum. Cette dernière espèce
accumule le Sb beaucoup plus dans ses parties souterraines que dans ses parties aériennes. La
teneur maximale de ses parties aériennes n’atteint pas celle de la moitié de ses parties
souterraines. Contrairement à celle-ci, H. pallidum a tendance à accumuler le Sb dans ses
parties aériennes trois fois plus que dans ses parties souterraines.

Les teneurs en Sb des parties souterraines des deux plantes varient en fonction des
stations d’échantillonnages. Elles sont plus élevées chez H. pallidum que chez L. spartum.
Cette différence entre les deux espèces apparaît très nettement dans la figure 5.1. L’analyse
de la variance (Annexe 5.5) fait apparaitre une différence plus ou moins significative (p =
0.087794) entre les teneurs en Sb des parties souterraines des deux espèces et un effet station
également plus ou moins significatif (p=0.07081).
Sb [µg. g-1] PRPS PA

350,00
L. spartum 256,02 H. pallidum

300,00

250,00

200,00

150,00

100,00 35,25
23,21
50,00 83,49 76,42
-00,23 35,05
00,00 09,99
P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 P 6 P 7 P 8 P 9 P10 P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 P 6 P 7 P 8 P 9 P 10
S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10
-50,00
Stations d'échantillonnage

PS = partie souterraine, PA=Partie aérienne

Figure 5.1 : Teneurs en Sb des parties aériennes et souterraines de L. spartum et d’H. pallidum en
fonction des différentes stations de prélèvements.

De même que pour les parties souterraines, une différence très nette apparait (Fig.5.1)
entre les teneurs en Sb des parties aériennes des deux espèces. Ces teneurs varient également
en fonction des stations d’échantillonnage. L’analyse de la variance (Annexe 5.5) montre une
différence significative (p = 0.009) entre les teneurs en Sb des parties aériennes des deux
espèces et un effet station significatif (p = 0.007).

2. Concentration en arsenic des plantes


Les taux d’arsenic (Tableau 5.3) dans les plantes entières, les parties aériennes et les parties
souterraines varient entre un minimum de 498, 0.35 et 3.51µg g-1, respectivement, et un maximum de
117.01, 11.43 et 108.27µg g-1, respectivement, pour le L. spartum. Pour H. pallidum, ils passent
d’un minimum de 4.86, 1.02 et 1.95µg g-1, respectivement, à un maximum de 160.22, 46.28 et
113.94µg g-1, respectivement. Ces concentrations dépassent de loin les teneurs normales
habituellement enregistrées dans la plupart des végétaux et qui varient entre 0.01 et 5 µg. g-1 (Olson
et Panigrahi, 1991 ; Donzel et al., 2004).
Tableau 5.3 : Statistiques élémentaires des teneurs en As (µg g-1) des plantes entières et de
leurs différentes parties chez L. spartum et H. pallidum

Min Max Moyenne Ecart type

PE, L. spartum 4.98 117.01 47.56 35.58

PA, L. spartum 0.35 11.43 4.11 3.17

PS, L. spartum 3.51 108.27 43.45 33.68

PE, H. pallidum 4.86 160.22 32.52 34.14

PA, H. pallidum 1.02 46.28 10.75 11.97

PS, H. pallidum 1.95 113.94 21.7759 25.56

PE=plante entière ; PA=partie aérienne ; PS= partie souterraine

L’étude de la figure 5.4. montre qu’H. pallidum présente des teneurs en As


pratiquement similaire à celles de L. spartum. Cependant, cette dernière espèce a des
concentrations d’As beaucoup plus élevées dans ses parties souterraines que dans ses parties
aériennes. En moyenne, la teneur en As de ses parties aériennes n’atteint pas le dixième de la
teneur de ses parties souterraines. Contrairement à L. spartum, la teneur en As des parties
aériennes d’H. pallidum a tendance à atteindre les deux tiers de celle de ses parties
souterraines.

Par ailleurs, L. spartum (Fig. 5.2 présente des teneurs en As des parties souterraines plus
élevées que celles d’H. pallidum. Ces teneurs varient en fonction des stations
d’échantillonnage pour les deux plantes.

Une différence significative entre les teneurs en As des parties souterraines de L. spartum et
H. pallidum a été révélée par l’analyse de la variance (p = 0.034) (Annexe 5.6). Celle-ci a,
également, mis en évidence un effet station très significatif (p = 0.0009).
As[µg. g-1]
PA
120,00 L. spartum PS H. pallidum
08,75 44,29
100,00

80,00

60,00
97,84
40,00
62,81
20,00
01,44 03,36
07,70 05,66
00,00
P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 P 6 P 7 P 8 P 9 P10 P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 P 6 P 7 P 8 P 9 P 10
S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10
Stations d'échantillonnage

Figure 5.2 : Teneurs en As des parties aériennes et souterraines de Lygeum spartum et


d’Hedysarum pallidum en fonction des différentes stations de prélèvements.

La concentration de l’As dans les parties aériennes (Fig.5.2) d’H. pallidum est plus
élevée que dans celles de L. spartum. En effet, le maximum atteint pour la première espèce
est de 44.29 µg g-1 alors qu’il n’est que de 11.27 µg g-1 pour la deuxième espèce. Cette
différence de concentration en As entre les parties aériennes des deux espèces est significative
(p = 0.015). Elle a été mise en évidence par l’analyse de la variance présentée en annexe 5.7.

Les concentrations en As des parties aériennes des deux plantes varient également en
fonction des stations d’échantillonnage. Cet effet station a été mis en évidence par l’analyse
de la variance (Annexe 5.6).

5.3.2.3. Transfert sol-plante (Rapports d’accumulation)

Les minimums, les maximums, les moyennes et les écarts types des rapports
d’accumulation du Sb et As par L. spartum et H. pallidum sont portés dans le tableau 5.4.

Tableau 5.4 : Rapports d’accumulation (RA) de Sb et As chez L. spartum et H. pallidum


Min Max Moyenne Ecart type
RA du Sb, L. spartum 0.001 0.013 0.003 0.003

RAdu Sb , H. pallidum 0.003 0.044 0.011 0.009

RAde l’As, L. spartum 0.009 0.195 0.056 0.042

RAde l’As, H. pallidum 0.006 0.115 0.036 0.030

Les rapports d’accumulation du Sb sont plus élevés pour H. pallidum que pour L.
spartum (Fig.5.3). Ils varient, pour la première plante de 0.003 à 0.044 avec une moyenne de
0.011 et un écart type de 0.009 (Tableau.5.4). Pour la deuxième plante, ils passent d’un
minimum de 0.001 à un maximum de 0.013, une moyenne de 0.003 et un écart type de 0.003.
Ainsi, H. pallidum accumule beaucoup plus le Sb que L. spartum.

Plusieurs études ont montré que le rapport d’accumulation des plantes était en
moyenne de 0.02 pour le Sb (Rached-Mosbah et al., 1992; Baroni et al., 2000; Hammel et al.,
2000; De Gregori et al.,2004; Pratas et al., 2005; Murciego Murciego,2007; Dominguez et al.,
2008).
RA
0,03500
H. pallidum
0,03000
0,030
0,02500

0,02000

0,01500

0,01000 0,008

0,004
0,00500
0,001
0,00000
P1 P2 P3 P4 P5 P6 P7 P8 P9 P10 P1 P2 P3 P4 P5 P6 P7 P8 P9 P 10

Stations d'échantillonnage

Figure 5.3 : Rapports d’accumulation (RA) du Sb dans les plantes en fonction des stations
d’échantillonnage.

Le rapport d’accumulation maximal du Sb de L. spartum ne dépasserait pas celui


donné précédemment (0.02). En effet, cette espèce présente une valeur maximale de 0.013.
Par contre, le rapport maximal atteint par H. pallidum, de l’ordre de 0.044, est doublement
supérieur à la valeur donnée par ces auteurs.

Contrairement au Sb, les rapports d’accumulation de l’As sont plus élevés pour L.
spartum que pour H. pallidum (Fig.5.4). Ils varient, pour la première plante de 0.009 à 0.195
avec une moyenne de 0.056 et un écart type de 0.042 (Tableau 5.4). Pour la deuxième plante,
ils passent d’un minimum de 0.006 à un maximum de 0.115, une moyenne de 0.036 et un
écart type de 0.03. Ainsi, H. pallidum accumule beaucoup moins l’As, par rapport à ses
teneurs dans les sols, que L. spartum.
RA
0,140 L. spartum H. pallidum
0,116
0,120

0,100
0,078
0,080

0,060

0,040 0,029
0,020 0,009
0,000
P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 P 6 P 7 P 8 P 9 P10 P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 P 6 P 7 P 8 P 9 P 10

Figure 5.4 : Rapport d’accumulation (RA) de l’As dans les plantes en fonction des stations
d’échantillonnage.

L’étude de la figure 5.4 et du tableau 5.4 montre que les rapports d’accumulation de l’As
dans les deux plantes sont plus importants que ceux du Sb.

Les figures 5.3 et 5.4 montrent que les rapports d’accumulation du Sb et de l’As des deux
plantes varient d’une station d’échantillonnage à une autre.

Les différences de prélèvement métallique entre les espèces ont déjà été rapportées
auparavant par de nombreux auteurs. Selon Kabata-Pendias et Pendias (2001), les espèces
végétales présentent des spécificités quant à la quantité et au type d’ETM prélevés. Comme
l’expliquent ces auteurs, de telles spécificités sont dues au fait que les espèces végétales
peuvent présenter soit une absorption passive des ETM, soit un contrôle de l’absorption ou du
rejet de ceux-ci par des réactions physiologiques appropriées. Elles peuvent également avoir
développé des stratégies de défense cellulaire contre la toxicité des ETM leur permettant de
tolérer ceux-ci dans leurs tissus à de grandes concentrations. De telles aptitudes ont d’ailleurs
été rapportées par Benhamdi et al. (2014) qui ont mis en évidence des différences
significatives entre H. pallidum et L. spartum du point de vue des activités antioxydantes
qu’elles ont développé et qui sont liées significativement à la présence de concentrations
élevées des deux métalloïdes étudiés dans les sols.

La faculté des espèces végétales à prélever ou non de grandes quantités d’ETM peut
également être la conséquence de leurs associations à des microorganismes spécifiques de
leurs rhizosphères. En effet, selon Cuypers et al. (2013), les racines des plantes peuvent
interagir avec les microorganismes de la rhizosphère pour augmenter la biodisponibilité des
minéraux et les transformer en une forme appropriée pour l'absorption par les transporteurs.
Ceci est probablement le cas de H. pallidum et de L. spartum de la zone minière d’Ain
Babouche, puisque Meghnous et Meghraoui (2011) ont mis en évidence des souches
fongiques spécifiques à la rhizosphère de chacune des deux espèces en question. Ainsi,
Aspergillus sp2, Gliomastix, Humicola et Trichothecium sont spécifiques à la rhizosphère de
H. pallidum, alors que Aspergillus fumigatus, Penicillium et Trichoderma le sont à celle de L.
spartum. Les variations observées dans les teneurs en Sb et en As des deux plantes et dans
leurs rapports d’accumulations, en fonction des stations d’échantillonnage, peuvent
s’expliquer non seulement par la variation des concentrations de ces métalloïdes dans les sols
mais aussi par celle des autres paramètres physico-chimiques et biologiques qui peuvent agir
sur le prélèvement métallique des deux espèces.

5.3.2.4. Transfert de la partie souterraine vers la partie aérienne (Rapports de


translocation)

Les statistiques élémentaires (minimums, maximums, moyennes et écarts types) des


rapports de translocation du Sb et As par L. spartum et H. pallidum sont présentées dans le
tableau 5.5.

Les rapports de translocation du Sb sont plus élevés pour H. pallidum que pour L.
spartum (Fig.5.5). Ils passent, pour la première plante de 0.021 à 4.57 avec une moyenne de
1.209 et un écart type de 1.38 (Tableau 5.5). Pour la deuxième plante, les rapports de
translocations passent de 0.017 à 0.839 avec une moyenne de 0.1736 et un écart type de
0.1955. Ainsi, H. pallidum transfert beaucoup plus le Sb de ses parties souterraines vers ses
parties aériennes que L. spartum.

Tableau 5.5 : Rapports de translocation (RA) du Sb et As dans L. spartum et H. pallidum

Min Max Moyenne Ecart type


RT du Sb, L. spartum 0.017 0.839 0.174 0.195

RT du Sb , H. pallidum 0.021 4.573 1.209 1.381

RT de l’As, L. spartum 0.017 0.839 0.168 0.195

RT de l’As, H. pallidum 0.195 4.409 1.021 1.233


4,0000
L. spartum H. pallidum
3,5000 3,368
3,0000
2,5000
2,0000
1,5000
1,0000 0,602
0,5000 0,199
0,023
0,0000
P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 P 6 P 7 P 8 P 9 P10 P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 P 6 P 7 P 8 P 9 P 10

Figure 5.5 : Rapports de translocation (RT) du Sb chez L. spartum et H. pallidum en fonction


des stations d’échantillonnage.

RT
3,000 H. pallidum 2,660
2,500

2,000

1,500

1,000
0,580
0,500
0,196
0,026
0,000
P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 P 6 P 7 P 8 P 9 P10 P 1 P 2 P 3 P 4 P 5 P 6 P 7 P 8 P 9 P 10

Stations d'échantillonnage

Figure 5.6 : Rapports de translocation (RT) de l’As dans L. spartum et H. pallidum en


fonction des stations d’échantillonnage.

Les rapports de translocation d’As sont plus élevés pour H. pallidum que pour L.
spartum (Fig.5.6). Ils varient, pour la première plante de 0.195 à 4.409 avec une moyenne de
1.021 et un écart type de 1.233 (Tableau 5.5). Pour la deuxième plante, ils passent d’un
minimum de 0.017 à un maximum de 0.839, avec une moyenne de 0.168 et un écart type de
0.195. Ainsi, H. pallidum transfert également beaucoup plus l’As de ses racines vers
ses parties aériennes que L. spartum.

Les figures 5.5 et 5.6 montrent également que les rapports de translocation du Sb et de
l’As des deux plantes varient en fonction des stations d’échantillonnage.

Ainsi, L. spartum semble être adaptée à la toxicité en limitant la translocation des deux
métalloïdes vers ses parties supérieures, tandis que H. pallidum serait adaptée en tolérant ces
derniers à des concentrations plus élevées dans ses parties aériennes.

Selon Conesa et al. (2011) les espèces dont les rapports de translocation sont
supérieurs à 1 sont considérées comme hyperaccumulatrices. Ceci est justement le cas de H.
pallidum dont les RT dépassent cette valeur dans plusieurs stations. Selon Ghosh et Singh
(2005 a, b), une telle aptitude est considérée comme avantageuse pour la phytoextraction car
elle permet de réduire la concentration des métaux dans le milieu tout en réduisant leur
toxicité dans les racines. D’après ces mêmes auteurs la translocation des métaux des parties
souterraines vers les parties aériennes serait l’un des mécanismes de résistance des plantes aux
concentrations métalliques élevées des sols.

Les plantes qui présentent des rapports de translocation inférieurs à 1, telles que L.
spartum, sont dites « plantes d’exclusion » (Conesa et al., 2011). Selon ces auteurs, de telles
plantes, lorsqu’elles présentent en même temps un rapport d’accumulation faible et des
systèmes racinaires bien développés, ce qui est le cas de L. spartum, sont idéales pour le
« phytomanagement » des sols pollués par les métaux lourds en diminuant leur lessivage.

Les variations des rapports de translocations suivant les stations d’échantillonnage,


observées pour les deux espèces, peuvent s’expliquer par les variations de certains paramètres
intrinsèques au sol (pH, humidité, etc.) qui peuvent modifier radicalement le rapport de
translocation comme le rapportent Gonzales-Alcarez et al. (2011).
5.4. Effet du Sb et As sur la croissance des deux plantes en milieu contrôlé

5.4.1. Matériel et méthodes

5.4.1.1. Récolte des graines

En Algérie, la période de floraison maximale se situe au printemps. Pour H. pallidum,


les premiers boutons floraux apparaissent au début du mois d'Avril et la période de
fructification des graines se fait vers la fin du mois de Juin. Elle est plus précoce pour le L.
spartum. Les graines de ces deux plantes ont été récoltées en juin 2010 dans la région
d’étude d’Ain Babouche (Fig. 2.1, Chapitre 2).

5.4.1.2. Préparation des graines

Les graines récoltées, sont d'abord légèrement scarifiées et débarrassées de leurs


téguments pour enlever l’inhibition tégumentaire. La photo 5.3 montre la scarification des
graines du L. spartum. La scarification des graines d’H. pallidum apparaît sur la photo 5.4.

Photo 5.3 : Les graines du Lygeum spartum L. avant et après scarification.


Photo 5.4 : Les graines d’Hedysarum pallidum Desf. avant et après scarification.

5.4.1.3. La mise en germination

Les graines des deux espèces ont été d’abord désinfectées à l’eau de javel pendant 30
minutes et lavées ensuite plusieurs fois, d’abord à l’eau du robinet, puis à l’eau distillée.

Une fois désinfectées, les graines ont été mises à germer dans des boites de Pétri (à raison
de 10 graines par boite), sur du coton imbibé avec de l’eau distillée. Un choc thermique a été
nécessaire pour lever la dormance. Pour ceci, les boites ont été mises au réfrigérateur pendant
3 jours (vernalisation).

La germination de la graine se caractérise par l'émergence du coléorhize donnant


naissance à des racines séminales et de la coléoptile qui protège la sortie de la première feuille
fonctionnelle.

5.4.1.4. Préparation des milieux de culture

Tous d’abord, un milieu de base contenant les macroéléments essentiels (0.076 g L-1
de N, 0.083 g L-1 de K et 0.028 g L-1 de P) a été préparé. Dans un premier temps, sept milieux
de culture ont été préparés en ajoutant, au milieu de base, des quantités croissantes d'antimoine
(0, 5, 10, 20, 40, 50 et 70 µg ml-1) sous forme de tartrate d'antimoine (K(SbO) C4H406), utilisé
en raison de sa grande solubilité.

Dans un second temps, des concentrations croissantes d’arsenic (0, 10, 50, 100, 300 et
500 µg ml-1), obtenues à partir d’une solution mère à 1000 µg ml-1 d’As, ont été ajoutées au
milieu de base pour préparer six milieux de culture. Le pH de tous les milieux a été réajusté
entre 7 et 7.55 avec NaOH (2N) goutte à goutte. Les milieux ainsi préparés sont répartis sur
des tubes à essai, à raison de 5 tubes par milieu de culture.
5.4.1.5. La mise en culture
Après germination, une seule graine est ensemencée par tube à essai. Les tubes sont
placés ensuite dans une chambre de culture à 22 °C constants, dont le flux lumineux est assuré
par des lampes halogènes de 100 W, avec une photopériode de 12 heures.

5.4.1.6. Mesures effectuées


Les mesures des longueurs des parties aériennes et souterraines ont été prélevées
quotidiennement pendant quatre semaines. Des observations journalières concernant le
développement des plantes, à savoir la couleur des plantes, l’apparition de protubérances, de
taches ou autres, ont été notées.

5.4.1.7. Analyses statistiques

Le traitement statistique des données obtenues a consisté d’une part à faire des
statistiques élémentaires (calcul de la moyenne et de l’écart type) et à réaliser des courbes de
croissance pour mieux faire ressortir l’effet de l’antimoine et de l’arsenic sur la croissance du
L. spartum et d’H. pallidum.

D’autre part, l’analyse de variance (ANOVA) a été effectuée pour tester la


significativité de l’effet de des deux éléments étudiés sur la croissance des deux plantes
précitées, avec le logiciel Statistica (version 6.0).

L’indice de tolérance Ti (Wilkins, 1957) a été calculé pour exprimer le degré de


tolérance des deux plantes en question au Sb et As.

Allongement moyen des plus longues racines en mi1ieu toxique

Ti =------------------------------------------------------------------------------------- X 100

Allongement moyen des plus longues racines en milieu non toxique

L’allongement moyen est calculé en soustrayant la longueur moyenne de la racine au


premier jour de la mise en culture à la longueur moyenne de la racine au dernier jour de la
mise en culture. Plus l’indice est élevé plus la tolérance de la plante est importante.
5.4.2. Résultats et discussions

5.4.2.1. Effet du Sb sur la croissance des deux plantes

Les moyennes et les écarts types des longueurs des parties souterraines et des parties
aériennes de L. spartum et de H. pallidum sont portés dans l’annexe 5.7. Les résultats de
l’ANOVA se trouvent dans l’annexe 5.8.

1. Effets du Sb sur la croissance des racines


L’analyse de la figure 5.7 fait apparaître que la croissance des parties souterraines de
L. spartum et de H. pallidum en fonction du temps dépend des concentrations du milieu en Sb.
Aux différentes périodes de mesure, on constate, pour le L. spartum, une importante
augmentation des longueurs des racines plongées dans les milieux à 0. 5 et 10 µg ml-1 de Sb,
par rapport à ceux plongées dans les milieux contenant 20, 40, 50 et 70 µg ml-1 de Sb. Cette
différence est également importante pour H. pallidum. La différence de croissance des parties
souterraines du L. spartum s’accentue avec le temps et elle est, en effet, très nette à partir de la
deuxième semaine de mise en culture (temps t2). Ceci est également le cas d’H. pallidum.

7 (a) 8 (b)
6 7
6
longueurs moyenne (cm)
longueurs moyenne (cm)

5
5
4
4
3
3
2
2
1 1
0 0
t0 t1 t2 t3 t4 t0 t1 t2 t3 t4
temps (semaines) temps (semaines)

Figure 5.7: Croissance de la partie souterraine en fonction du temps et des concentrations en


Sb du milieu, (a) : L. spartum, (b) : H. pallidum.

Ainsi, la vitesse de croissance des racines du L. spartum est rapide dès la première
semaine de la mise en culture (temps t1) et continue jusqu’à la fin de l’expérimentation pour
les milieux à faibles concentrations en Sb. Par contre, pour H. pallidum cette vitesse n’est
importante qu’à la deuxième semaine de mise en culture (temps t2). Pour les milieux de
cultures à fortes concentrations (40, 50 et 70 µg ml-1) elle est freinée à partir de la troisième
semaine de mise en culture (temps t3) pour les deux espèces.

L’antimoine a un effet sur la longueur de la partie racinaire. En effet, l’analyse de la


variance montre un effet significatif des concentrations de Sb sur la longueur des parties
souterraines du L. spartum (p<0.04) ainsi que sur la longueur de ceux d’H .pallidum (p<0.05)
(Annexe 5.8).

2. Indice de tolérance
L’indice de tolérance, présenté dans le tableau 5.6, permet de mieux rendre compte de
l’action du toxique sur la croissance des racines de L. spartum et sur celles d’H. pallidum pour
les différentes concentrations d’antimoine.

Tableau 5.6 : Indices de tolérance de L. spartum et d’H. pallidum pour les différentes
concentrations en antimoine du milieu

Concentrations Indice de tolérance Indice de tolérance


du L. spartum d’H. pallidum
[µg ml-1]

5 75.93% 82.51%

10 65.76% 67.05%

20 26.61% 25.08%

40 11.18% 11.11%

50 9.66% 10.78%

70 9.49% 10.62%

Ainsi, comme on le constate sur le tableau 5.6, les indices de tolérance des individus
de L. spartum et de H. pallidum, se développant sur les milieux contenant 5 et 10 µg ml-1 de
Sb, atteignent des valeurs moyennes élevées, supérieures à 50% (respectivement : 75.93% et
82.51% pour 5 µg ml-1 ; 65.76 et 67.05 % pour 10 µg ml-1). Mais, ils diminuent fortement
pour les concentrations supérieures à 10 µg ml-1 de Sb.

D’une manière globale, il apparaît que l’indice de tolérance du L. spartum est inférieur
à celui d’H. pallidum dont la tolérance, en particulier aux fortes teneurs en antimoine (50 et
70 µg g-1), lui est un peu supérieure. H. pallidum semble donc plus tolérante à la présence
d’antimoine dans le milieu que L. spartum.

1. Effets du Sb sur la croissance des parties aériennes


L’examen de la figure 5.8 montre que la croissance de la partie aérienne du L. spartum
et d’H. pallidum augmente en fonction du temps.

Les longueurs moyennes des parties aériennes du L. spartum se développant sur les
milieux à 5 et 10 µg g-1 de Sb sont plus importantes que celle du milieu témoin dès la
deuxième semaine de mise en culture (temps t2). Par contre, celles d’H. pallidum se
développant sur les mêmes milieux sont importantes mais restent inférieures à celles du
témoin.

8 1,8
(a) (
(b)
7 1,6
1,4
Longueurs moyennes (cm)

6
5 1,2
4
1
0,8
3
0,6
2
0,4
1 0,2
0 0
t0 t1 t2 t3 t4
t0 t1 t2 t3 t4
temps (semaines)
temps (semaines)

Figure 5.8: Croissance des parties aériennes en fonction du temps et des concentrations en
Sb du milieu (a : L. spartum, b : H. pallidum).

Par ailleurs, pour les deux espèces, les plantes croissant sur les milieux à 20, 40, 50 et
70 µg g-1 de Sb ont une très faible croissance des parties aériennes. Mais cette diminution de
la croissance par rapport à celle observée en milieux à faibles concentrations, n’apparaît qu’à
partir de la deuxième semaine de mise en culture (temps t2) pour L. spartum et à partir de la
troisième semaine de mise en culture (temps t3) pour H. pallidum.

La croissance des parties aériennes augmente avec le temps, pour toutes les
concentrations en Sb. La vitesse de croissance est élevée (croissance rapide) dès le premier
jour de mise en culture (temps t0) pour H. pallidum alors que pour le L. spartum elle ne
devient élevée qu’à partir de la première semaine de mise en culture (temps t1). Un freinage
de cette croissance est aperçu à la deuxième semaine de mise en culture (temps t2) pour L.
spartum, alors que pour H. pallidum ce n’est que vers la troisième semaine de mise en culture
(temps t3) que la vitesse de croissance est ralentie.

L’analyse de la variance montre, qu’à l’inverse de ce qui a été obtenu pour la partie
souterraine, le Sb n’a aucun effet inhibiteur significatif (p<0.72) sur la croissance de la partie
aérienne de L. spartum. Cependant, pour H. pallidum, un effet inhibiteur plus ou moins
significatif (p<0.07) du Sb sur la croissance de sa partie aérienne est mis en évidence (Annexe
5.9).

3. Comparaison des croissances des racines et des parties aériennes en fonction des
concentrations en Sb du milieu
La figure 5.14 montre qu’après un mois de mise en culture la croissance des plantes
entières des deux espèces diminue en fonction de la concentration du milieu en Sb. La toxicité
du Sb apparaît plus élevée sur les racines que sur les parties aériennes de ces deux espèces. En
effet, pour L. spartum, le Sb provoque, en moyenne, une diminution de la longueur de la
racine plus élevée que celle de la partie aérienne (avec des pourcentages respectifs de l’ordre
de 59.15% et 12.63%). Ceci pourrait être expliqué par le fait que cette espèce accumule
l’antimoine dans ses parties souterraines beaucoup plus que dans ses parties aériennes ce qui,
en y provoquant un stress oxydatif, entrainerait la diminution de leur croissance.
Pour H. pallidum, l’antimoine provoque également, en moyenne, une diminution plus
importante de la longueur de la racine que de la partie aérienne (avec des taux respectifs de
l’ordre de 60.8% et 27.08%). L’effet toxique du Sb ne peut expliquer à lui seul un tel résultat
puisque cette espèce a tendance à accumuler beaucoup plus de Sb dans ses parties aériennes
que souterraines. Elle supporterait des concentrations élevées de ce toxique, tout en parvenant
à croître normalement, du fait qu’elle serait, probablement, comme le suggèrent Paul-Henri
et al. (1998), capable d’éliminer les éléments toxiques de ses tissus par leur volatilisation, ou
par leur excrétion par voie aérienne. Une telle aptitude peut être également, comme
l’expliquent Baker et Walter (1989), la conséquence d’un processus de résistance selon
lequel la plante développe un mécanisme de tolérance biochimique rendant les éléments non
toxiques par chélation.

En comparant les résultats des tests de croissance (en milieux contrôlés) obtenus pour
H. pallidum avec ceux obtenus par Rached-Mosbah (1993) pour la population des déblais de
mine, il apparaît qu’au bout de deux semaines de culture et pour les concentrations 5, 10, 20
et 40 µg g-1 de Sb, la diminution moyenne de croissance des racines et des parties aériennes
(5.1% et 11.21% respectivement) est bien plus faible que celle observée par Rached-Mosbah
en 1993 (20.45% et 12.77% respectivement). Ceci serait dû probablement au fait qu’au bout
de vingt ans la population des déblais de mine de cette espèce soit devenue plus résistante à
l’antimoine.

14
(a) (b)(a)
9
12 +11,9% +26,4% 8
-13,3%
7
10
--16,7% -17,3%
moyenne (cm)

6
longueurs moyennes (cm)

8 5 -32,8%
-25,6 Pa Pa
longueurs moyennes

-20,6% -30,8
6 -26,9% 4
-32,8% Ra -34,% -34,5% Ra
-16,6% -41% 3 -65,4% -32,1%
4 -78,6%-81% 90,4%
-65,3% 2
2 -79,1%
-80,1% -81% 1
0 0

temps 0 5 10 20 40 50 70 Sb
0 5 10 20 40 50 70 -1
µg ml Sb µg ml Sb
-1

Figure 5.9: Comparaison des longueurs des parties aériennes (Pa) et souterraines (Ra)
au dernier jour de mise en culture en fonction des concentrations en Sb du milieu
(a : L. spartum, b : H. pallidum).

Au dernier jour de la mise en culture, H. pallidum devient totalement brunâtre dans les
milieux à fortes concentrations d’antimoine (Photo 5.5). Ceci n’est pas le cas de L. spartum
(Photo 5.6) bien qu’une diminution de la croissance de ses racines dans les milieux les plus
contaminés soit évidente.
0 µg ml-1 10 µg ml-1 50 µg ml-1 70 µg ml-1

Photo 5.5 : H. pallidum après un mois de mise en culture en milieux à faibles et fortes
concentrations de Sb.

0 µg ml-1 10 µg ml-1 50 µg ml-1 70 µg ml-1

Photo 5.6 : L. spartum après un mois de mise en culture en milieux à faibles et fortes
concentrations de Sb.
5.4.2.2. Effets de l’Arsenic sur la croissance des deux plantes

Les moyennes et les écarts types des moyennes des longueurs des parties
souterraines et aériennes du L. spartum et H. pallidum en fonction des concentrations en
arsenic du milieu sont portés en annexe 5.9. Les résultats de l’ANOVA sont portés en
annexe 5.10.

1. Effets de l’Arsenic sur la croissance des racines


La figure 5.10 permet de remarquer, comme pour le Sb, une différence très nette entre
les longueurs moyennes des racines des individus d’H. pallidum croissant sur milieux
contenant de l’As et de celles de ceux croissant sur milieu sans As dès la première semaine de
mise en culture (temps t1). Cette différence s’accentue avec le temps. Elle devient très
importante vers la fin de la mise en culture (temps t4). Les longueurs moyennes des racines
plongées dans les milieux contenant de l’arsenic sont pratiquement semblables à celles des
racines se trouvant dans le milieu sans As au premier jour de la mise en culture (temps t0).

(a) (b)
8
7
7
6
6
5
5
4
4
3
3
2
2
1 1

0 0
t0 t1 t2 t3 t4 t0 t1 t2 t3 t4

temps (semaine) temps (semaine)

Figure 5.10 : Croissance de la partie souterraine en fonction du temps et des concentrations


en As du milieu (a : Lygeum spartum L., b : Hedysarum pallidum Desf).
Après une semaine (temps t1) de mise en culture elles deviennent nettement inférieures à
ces dernières. Les individus qui se développent sur le milieu à 10 µg ml-1 d’As, ont une
croissance assez importante des parties souterraines, mais qui reste inférieure à celle observée
pour le témoin. Elle est très faible pour les individus se développant sur les milieux
de culture contenant 50 µg ml-1 d’As et complètement nulle pour ceux se trouvant dans
les milieux à 100, 300 et 500 µg ml-1d’As, dès la deuxième semaine de mise en culture (t2).

Les concentrations de 100, 300 et 500 µg ml-1 d’As semblent être très élevées car
empêchant complètement la croissance des racines d’H. pallidum. L’arsenic, aurait donc un
effet négatif sur la croissance de la partie souterraine d’H. pallidum. D’ailleurs, l’analyse de la
variance montre un effet très significatif (p<0.00) des différentes concentrations d’As sur les
longueurs des parties souterraines (Annexe 5.10).

La figure 5.10 montre que, pour L. spartum, la croissance des parties souterraines, sur
milieu témoin, augmente en fonction du temps et elle devient très rapide à partir de la
deuxième semaine de mise en culture (temps t1). Sur les autres milieux enrichis de toxique,
aucun allongement n’a été observé et ceci durant toute la période de culture. L. spartum
semble ne pas résister à la présence d’arsenic dans le milieu, même aux plus faibles
concentrations.

1. Indice de tolérance

L’allongement des racines en milieu toxique par rapport à celui des racines en milieu
normal illustre mieux l’action du toxique sur les deux espèces (Tableau 5.7). Il permet de
remarquer que les racines des individus d’H. pallidum croissant sur des milieux enrichis par le
toxique (10, 50, 100, 300 et 500 µg ml-1) n’atteignent en moyenne que 52.17% ; 3.13% ;
1.74% ; 1.74% et 1.21% respectivement de la longueur moyenne des racines des individus
témoins. D’une façon générale, il apparaît que l’indice de tolérance de cette espèce diminue
avec les concentrations du milieu en toxique et qu’elle n’est tolérante qu’à la concentration
de 10 µg g-1 d’As. Par contre, L. spartum ne tolère pas du tout la présence d’As dans le
milieu. En effet, cette espèce présente un indice de tolérance de 0% pour toutes les
concentrations du milieu en arsenic. Il semblerait qu’H. pallidum soit plus tolérante à la
présence d’arsenic dans le milieu que L. spartum. Ceci pourrait être probablement expliqué
par le fait que cette espèce accumule beaucoup plus l’As qu’H. pallidum dans ses racines
(cf. chap. 5.3.). Ceci est probablement accentué en milieu expérimentale, ce qui provoque une
plus grande intoxication des cellules racinaires et donc l’arrêt de leur croissance. En effet,
selon Conesa et al. (2007b), les plants de L. spartum croissant en chambre de culture
présentent des concentrations métalliques, dont l’As, beaucoup plus élevées que ceux prélevés
au champ.
Tableau 5.7 : Indices de tolérance du Lygeum spartum L. et d’Hedysarum pallidum Desf.,
pour les différentes concentrations en arsenic du milieu

Concentration Indice de tolérance Indice de tolérance


du L. spartum d’H. pallidum
µg ml-1d’As

10 0.00% 52.17%

50 0.00% 3.13%

100 0.00% 1.74%

300 0.00% 1.74%

500 0.00% 1.21%

1. Effets de l’As sur la croissance des parties aériennes

L’analyse de la figure 5.11 montre, que les élongations des parties aériennes
d’H. pallidum, au même titre que celles des parties souterraines, augmentent clairement en
fonction du temps et diffèrent selon les concentrations du milieu en As. . Cette constatation se
vérifie dès la première semaine (temps t1) de mise en culture et persiste durant toute
l’expérimentation. Cependant, la croissance des parties aériennes des individus se
développant sur le milieu témoin est moins importante que celle de ceux se développant sur
milieux à 10 µg ml-1 d’As. Ceci peut être dû soit au fait que l’arsenic, à cette dose, stimulerait
la croissance des parties aériennes d’H. pallidum, soit au fait que l’arsenic n’aurait aucun effet
néfaste sur celles-ci et que cette augmentation, par rapport au témoin, serait due à un
polymorphisme génétique et donc à une importante variation intraspécifique (Rached –
Mosbah, 1993).
(a) (b)
8 2
7 1,8
1,6
6 1,4
5 1,2
4 1
3 0,8
2 0,6
0,4
1 0,2
0 0
t0 t1 t2 t3 t4 t0 t1 t2 t3 t4
temps (semaines) temps (semaines)

Figure 5.11: Croissance des parties aériennes en fonction du temps et des concentrations en
As du milieu (a : Lygeum spartum L., b : Hedysarum pallidum Desf.).

Les plantes d’H. pallidum croissant sur les milieux à 50 et 100 µg ml-1 d’As ont une
croissance très faible des parties aériennes. Cette dernière s’arrête complètement à partir de la
deuxième semaine de mise en culture. Pour cette espèce, de même que pour la partie
racinaire, les plantes se développant sur les milieux de culture contenant 300 et 500 µg g-1
d’arsenic ne présentent aucune croissance des parties aériennes et ceci durant toute
l’expérimentation.

Contrairement à H. pallidum, la croissance des parties aériennes de L. spartum est


nulle, au même titre que les résultats obtenus pour les parties souterraines, et ceci quelle que
soit la concentration du milieu en arsenic.

L’effet des différentes concentrations de l’arsenic sur les parties aériennes d’H.
pallidum et de L. spartum est également mis en évidence par l’analyse de la variance (Annexe
5.6). Cette dernière montre un effet très Significatif des différentes concentrations d’As sur la
longueur des parties aériennes de ces deux plantes (respectivement p<0.0000 et p<0.0027).

1. Comparaison de la croissance des racines et des parties aériennes en fonction des


concentrations en arsenic du milieu

La figure 5.12 fait apparaître, qu’après un mois de mise en culture, la croissance des plantes
entières des deux espèces diminue en fonction de la concentration du milieu en
arsenic, l’arsenic provoque une diminution moyenne des longueurs des racines de L. spartum
et de H. pallidum plus importante que celle de leurs parties aériennes (89.72% et 74.77%
respectivement pour L. spartum et 90% et 78.61% respectivement pour H. pallidum). Ainsi, la
toxicité de l’arsenic apparaît plus élevée sur les racines des deux espèces que sur leurs parties
aériennes.

(a) (b)
16 9
14 8
12
7
6 +8,5%
10
5
8 Pa Pa
4 -44,4%
6 3
Ra Ra
4 -73,8% 2 -65,7% -71,4% -73,7%
-75,2% -74,6%-74,4%-75,6% -87,6% -73,7%
2 1 -88,8% -88,7% -90%
-88,7% -90,2% -89,6%-89,4% -90,6%
0
0

0 10 50 100 300 500 As -1 0 10 50 100 300 500 As-1


µg ml As µg ml As

Figure 5.12: Comparaison des longueurs des parties aériennes (Pa) et souterraines (Ra) au
dernier jour de mise en culture en fonction des concentrations en As du milieu

(a : Lygeum spartum L., b : Hedysarum pallidum Desf.).

En outre, l’arsenic provoque une diminution plus importante de la croissance de ces deux
espèces que celle produite par l’antimoine. De plus, le brunissement des plantes à la fin de la
mise en culture apparait, dès les plus faibles concentrations, avec l’As mais pas avec le Sb
(Photo 6.5 et 6.6).

0 µg ml-1 10 µg ml-1 300 µg ml-1 500 µg ml-1

Photo 6.5 : Hedysarum pallidum Desf.après un mois de mise en culture en milieux à


faibles et fortes concentrations en arsenic.
0 µg ml-1 10 µg ml-1 300 µg ml-1 500 µg ml-1

Photo 6.6 : Lygeum spartum L. après un mois de mise en culture en milieux à


faibles et fortes concentrations en arsenic.

5.5. Conclusion

Les deux espèces étudiées, H. pallidum (une Fabacée) et L. spartum (une Poacée),
présentent des stratégies d’adaptation différentes vis-à-vis des éléments toxiques en présence.
Alors que la première espèce tolère de grandes quantités de Sb aussi bien dans ses parties
aériennes que souterraines, la deuxième espèce en supporte de plus faibles et beaucoup plus
dans ses racines. Les deux espèces ne supportent que de faibles concentrations de l’As dans
leurs tissus, mais, H. pallidum en tolère beaucoup plus dans ses parties aériennes que L.
spartum qui l’accumule en très grandes quantités dans ses racines. H. pallidum permet le
transfert des deux métalloïdes en quantités importantes vers ses parties aériennes, alors que L.
spartum restreint une telle translocation en accumulant les deux éléments, particulièrement
l’As, beaucoup plus dans ses parties souterraines que aériennes.

Les tests de croissance montrent, qu’en milieux contrôlés, les deux espèces montrent
une très grande sensibilité à des teneurs en Sb et As extrêmement faibles alors que dans les
conditions naturelles elles parviennent à se développer sur des sols présentant des
concentrations extraordinairement élevées en ces deux éléments. Un tel fait s’explique par la
plus grande solubilité, et donc la plus grande toxicité, des formes chimiques utilisées pour les
deux métalloïdes. Cependant, il apparaît que les deux espèces sont beaucoup plus tolérantes à
la présence du Sb dans le milieu qu’à celle de l’As qui a une plus importante action toxique
sur L. spartum que sur H. pallidum.

De tels résultats montrent que H. pallidum, de par son aptitude à transloquer de plus
grandes quantités de Sb et d’As vers ses parties aériennes et d’être plus résistante aux deux
éléments en milieux contrôlés, serait beaucoup plus indiquée pour la phytoextraction des sols
métallifères présentant les deux métalloïdes en même temps. Par contre, L. spartum
conviendrait beaucoup plus pour la phytostabilisation des sols en question.
CONCLUSION GENERALE
L’ancienne exploitation du minerai d’antimoine du Djebel Hamimat, en générant
d’importants déblais, est à l’origine d’une pollution majeure des sols des bordures de l’oued
Dahimine qui prend naissance dans cette montagne. Cette situation, qui concerne également
l’arsenic, le plomb et le zinc, atteint en contrebas de la mine des niveaux alarmants qui
attestent d’un risque certain de son extension en aval, vers le bas de la vallée et vers le barrage
de déversement de l’oued Dahimine. Une intervention de dépollution du site et/ou de
stabilisation de ces éléments métalliques s’avère donc nécessaire.
La présence d’antimoine dans les sols étudiés, caractérisés par des taux très élevés de
calcaire, s’accompagne significativement de celle de l’arsenic, du plomb, du cadmium et du
cobalt, ce qui atteste probablement d’une origine minéralogique commune. Cette situation est
favorisée dans le site par l’augmentation des teneurs en sodium échangeable, en sable et en
matière organique et par la diminution parallèle de celles du potassium échangeable, du zinc,
du phosphore total et de l’azote total. Il apparait donc que l’antimoine est d’autant plus retenu
dans les sols que ceux-ci sont riches en matière organique, en sable et en sodium échangeable
et pauvres en potassium échangeable, en zinc, en phosphore total et en azote total. A l’inverse,
l’antimoine se concentre d’autant moins dans les sols que ceux-ci contiennent de faibles
teneurs en sodium échangeable, en sable et en matière organique et des concentrations élevées
en potassium échangeable, en zinc, en phosphore total et en azote total. Ni le pH, ni la CEC,
ni la salinité et ni les éléments fins du sol ne semblent avoir d’impact sur la rétention négative
ou positive de ce métalloïde.
Ainsi, Il découle des résultats obtenus que les espèces végétales et/ou microbiennes
favorisant l’augmentation des concentrations de sodium échangeable, de matière organique et
de sable, parallèlement à la diminution des teneurs en potassium échangeable, en zinc, en
phosphore total et en azote total, seraient plus intéressantes à utiliser dans la stabilisation des
sols pollués par l’antimoine que celles qui entrainent une diminution des premiers paramètres
et/ou un accroissement des derniers. Cependant, cette dernière catégorie de végétaux, en
permettant probablement une mobilité accrue de l’antimoine, serait plus indiquée que les
premières dans la phytoextraction du métalloïde à partir des déblais de mines et des sols qui
en sont pollués.
L’analyse des relations végétation-milieu des bordures de l’oued Dahimine, par le
biais des régressions multiples pas à pas, a mis en évidence l’existence d’espèces fortement
liées à l’augmentation des concentrations en antimoine et en azote total dans les sols et à la
diminution de leurs teneurs en matière organique. Il s’agit de B. madritensis, M. laciniata, E.
caput-medusae et A. hirsuta. Ces espèces s’installent donc d’autant mieux que les sols sont
riches en antimoine et en azote total et pauvres en matière organique. Ainsi, tout en préférant
les sols les plus antimonieux, elles semblent probablement capables de contribuer à leur
enrichissement en azote total et à la diminution de leurs taux de matière organique, en raison
d’une décomposition rapide de leurs tissus. Elles ne seraient donc pas indiquées pour la
phytostabilisation des sols pollués par l’antimoine. Mais, en étant fortement résistantes à la
présence de quantités très élevées de ce métalloïde dans les sols et en favorisant
l’augmentation des taux d’azote dans les sols et la diminution de ceux de la matière
organique, elles permettraient une plus grande mobilité de l’antimoine et donc son
prélèvement par leurs racines, ce qui les rendrait plus aptes à la phytoextraction de
l’antimoine. Il en serait de même de C. arvensis, A. elongatum et L. ramosissimum qui,
préférantes des sols les plus riches en plomb et en azote total et les plus pauvres en matière
organique, sont indifférentes à l’antimoine. Elles sont pseudométallophytes et donc tolérantes
aussi bien de ses fortes que de ses faibles concentrations dans le milieu. Ceci pourrait être
également le cas d’A. arvensis qui, du fait qu’elle soit très liée aux taux élevés d’azote total
tout en étant indifférente à l’antimoine et aux taux de matière organique du milieu, pourrait,
sans avoir d’impact sur ce dernier paramètre, favoriser la mobilité et donc le prélèvement du
métalloïde du métalloïde.
La régression multiple pas à pas a également fait apparaître des espèces fortement
liées à la présence de concentrations élevées d’antimoine sans l’être aux paramètres qui en
favorisent ou défavorisent la rétention dans les sols. Il s’agit de L. spartum et D. glomerata.
La première espèce est d’autant plus présente que les sols contiennent des teneurs élevées en
antimoine et faibles en arsenic.
La grande majorité des espèces végétales rencontrées dans la zone étudiée ne semble
être affectée, ni positivement ni négativement, par les fortes concentrations d’antimoine ou
par les paramètres du sol qui en favorisent la rétention. Elles seraient pseudométallophytes et
indifférentes aux teneurs des sols en matière organique, en azote total, en sodium
échangeable, en potassium échangeable, en phosphore total et en zinc. Elles seraient aussi
capables de favoriser leur augmentation ou leur diminution suivant leur localisation. Ces
espèces, ainsi que les précédentes, pourraient se révéler intéressantes aussi bien pour la
phytoextraction de l’antimoine à partir des sols qui en sont pollués que pour leur
phytostabilisation.
L’utilisation des espèces pour la phytoextraction de l’antimoine ne serait possible que
dans le cas où elles s’avèreraient en être accumulatrices, la situation est inverse pour celles
qui seraient intéressantes pour la phytostabilisation.
Lygeum spartum, adaptée aux sols les plus riches en antimoine mais contenant les plus
faibles concentrations en arsenic et Hedysarum pallidum, indifférente à la présence des deux
métalloïdes, toutes deux proliférant sur les déblais de mines, montrent des stratégies de
tolérance différentes vis-à-vis des sols pollués en antimoine et en arsenic. Alors que L.
spartum ne concentre que de faibles quantités des deux métalloïdes dans ses parties aériennes
en les bloquant dans ses racines, H. pallidum en accumule dans ses parties aériennes jusqu’à
quatre fois plus que dans ses parties souterraines. En conditions expérimentales contrôlées,
cette dernière espèce montre une plus grande résistance vis-à-vis des deux métalloïdes que L.
spartum dont la croissance racinaire est même totalement inhibée par la présence d’arsenic
dans le milieu.
La faculté de H. pallidum à se développer indépendamment de la teneur des sols en
antimoine et en arsenic, son aptitude à transloquer de grandes quantités de ces métaux vers ses
parties aériennes et à résister expérimentalement à leur présence en concentrations élevées
dans le milieu, en font une bonne candidate pour la remédiation par phytoextraction des sols
pollués par l’antimoine et l’arsenic. Malgré son adaptation aux sols riches en antimoine, il en
va autrement pour L. spartum pour plusieurs raisons : elle ne tolère pas les sols qui
contiennent en même temps des teneurs élevées en arsenic, elle ne résiste pas à ce métalloïde
en conditions expérimentales et elle n’en permet, en même temps que l’antimoine, très peu la
translocation vers ses parties aériennes. Elle ne conviendrait donc pas pour un tel objectif.
Cependant, cette espèce pourrait répondre à un programme de remédiation, par
phytostabillisation des sols contenant de fortes teneurs d’antimoine associées à de faibles
teneurs en arsenic, dans la mesure où seuls les végétaux les moins accumulateurs des deux
métalloïdes sont sélectionnés pour leur utilisation dans ce but.
Ainsi, la connaissance des facteurs du sol intervenant dans la rétention des
métalloïdes, particulièrement en milieu calcaire qui restent encore peu étudiés par cet aspect,
s’avère être d’un grand intérêt pour le choix des techniques de bioremédiation et des espèces
végétales ou microbiennes pouvant être utilisées dans cette voie. Il en est de même de l’étude
des relations et des interactions entre les espèces végétales et les paramètres physico-
chimiques du sol qui permettent de mieux sélectionner les espèces au meilleur potentiel
d’application dans les programmes de bioremediation.
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