Daf 10004
Daf 10004
Daf 10004
N° d’ordre : 308/Mag/2008…………………
N° de série : 025/SN/2008………………
Mémoire
Présenté pour l’obtention du diplôme de Magister
En Microbiologie appliquée.
Option : Biotechnologies microbiennes.
Soutenu le:…02/07/2008
Devant le jury :
2007-2008
Remerciements
Enfin, je remercie vivement tous mes collègues qui ont contribué à la réalisation de ce
mémoire.
Sommaire
Introduction……………………………………………………………………………………..1
Chapitre I : Synthèse bibliographique
1. Les eaux usées………………………………………………………………………………..2
1.1. Nature et origine…………………………………………………………………………2
1.1.1. Les eaux usées domestiques……………………………………………………...2
1.1.2. Les eaux usées urbaines…………………………………………………………..2
1.1.3. Les eaux usées industrielles………………………………………………………2
1.2. Composition des eaux usées……………………………………………………………..3
1.2.1. Les matières en suspension……………………………………………………….3
1.2.2 Analyse en oxygène………………………………………………………………...3
a. La demande biochimique en oxygène (DBO)…………………………………..3
b. La demande chimique en oxygène (DCO)……………………………………...3
1.3. La pollution des eaux……………………………………………………………………..4
1.4. Effets des eaux usées sur le milieu récepteur…………………………………………..5
1.5. Epuration des eaux usées………………………………………………………………...5
1.5.1. Epuration biologique………………………………………………………………6
1.5.2. Epuration physico-chimique………………………………………………………9
2. Les Crésols…………………………………………………………………………………..10
2.1. Définition…………………………………………………………………………….10
2.2. Origine……………………………………………………………………………….10
2.3. Propriétés physiques………………………………………………………………...12
2.4. Propriétés chimiques………………………………………………………………..12
2.5. Utilisation…………………………………………………………………………….12
2.6. Toxicité………………………………………………………………………………14
2.6.1. Source d’exposition…………………………………………………………..14
2.6.2. Toxicocinétique-Métabolisme……………………………………………….14
2.6.3. Toxicité aigue………………………………………………………………...15
2.6.4. Toxicité chronique…………………………………………………………...16
2.7. Transport et distribution dans l’environnement…………………………………17
2.7.1 Dans l’air……………………………………………………………………...17
2.7.2. Dans le sol…………………………………………………………………….17
2.7.3. Dans l’eau………………………………………………….…………………18
2.8. Dégradation…………………………………………………………………………18
2.8.1. Dégradation abiotique………………………………….…………………….18
a. Dans l’air………………………………………….……………………….18
b. Dans l’eau………………………………………………………………….19
c. Dans le sol………………………………………………………………….19
2.8.2. Biodégradation………………………………………………………………..19
Figure 7 : Les coques et les bacilles obtenus après la coloration de Gram sous microscope
Les phénols sont des composés majeurs de la pollution toxique de l’environnement. Leur
présence dans les eaux usées résulte de nombreuses activités domestiques et industrielles :
production d’huile, conversion du charbon, production du papier et autres. Les crésols sont des
phénols utilisés comme agents antiseptiques et désinfectants, ils entrent aussi dans la composition
de nombreux produits organiques d’usages multiples : produits phytosanitaires, agents
antioxydants, résines phénoliques… L’élimination des crésols des milieux naturels est réalisée
par différents processus physiques et chimiques, leur dégradation par la voie biologique, grâce à
l’aptitude de nombreux microorganismes à les décomposer, est une stratégie très répandue dans la
détoxification organisée des environnements pollués.
La biodégradation des crésols est largement étudiée en aérobiose. Divers auteurs exposent des
études basées sur l’utilisation de ces substances comme principale source de carbone et d’énergie
par une microflore complexe ou par des souches bactériennes pures. C’est dans ce contexte que
nous avons entamé l’étude de la biodégradation de l’o-crésol, du m-crésol et du p-crésol par le
microbiote des eaux usées de la ville de CONSTANTINE, prélevées de la station d’épuration
d’IBN ZIAD, récemment mise en service. Des cultures discontinues statiques et sous aérobiose
sont menées dans des fermenteurs miniaturisés, incubés pendant 30 jours. L’évolution cinétique
de la biodégradation des trois isomères est établie par la mesure de la concentration des substrats.
Une identification des microorganismes dominants est également réalisée.
1. Les eaux usées
Les eaux usées sont des eaux initialement potables ou à usage domestique ou industrielle,
souillées par les activités domestiques et/ou industrielles humaines (17). Elles proviennent de
trois sources principales
Elles comprennent les eaux ménagères (eaux de toilettes, de lessive, de cuisine) et les eaux
vannes (urines et matières fécales) dans le système dit « tout à l’égout ». Les eaux usées
domestiques contiennent des matières minérales et des matières organiques.
Elles comprennent les eaux usées domestiques et les eaux de ruissellement (eaux
pluviales, eaux d’arrosage et de lavage des voies publiques). Les eaux qui ruissellent sur les
toitures, les cours, les jardins, les espaces verts, les voies publiques et les marchés entraînent
toutes sorte de déchets minéraux et organiques : de la terre, des limons, des boues, des silts des
sables, des déchets végétaux (herbes, pailles, feuilles, graines, etc.) et toutes sortes de
micropolluants (hydrocarbures, pesticides, détergents,…) (102).
Elles ont une composition très différente de celle des eaux usées domestiques. Leurs
caractéristiques varient d’une industrie à l’autre. En plus de matières organiques, azotées ou
phosphorées, elles peuvent également contenir des produits toxiques, des solvants, des métaux
lourds, des micropolluants organiques, des hydrocarbures. Certaines d’entre elles nécessitent un
prétraitement de la part des industriels avant d’être rejetées dans les réseaux de collecte. Elles ne
sont mêlées aux eaux domestiques que si elles ne présentent plus de danger pour les réseaux de
collecte et ne perturbent pas le fonctionnement des usines de dépollution (30). Les eaux usées,
contiennent, en plus de toutes ces matières, toutes sortes de microorganismes : champignons,
protozoaires, bactéries, virus.
1.2. Composition des eaux usées:
La composition des eaux usées est extrêmement variable, en fonction de leur origine
industrielle ou domestique. Elles peuvent contenir de nombreuses substances, sous forme solide
ou dissoute, ainsi que de nombreux microorganismes.
La composition des eaux usées s’analyse par le biais de diverses mesures physiques,
chimiques et biologiques. Les analyses les plus fréquentes comportent des mesures de déchets
solides, de la demande biochimique en oxygène mesurée après cinq jours (DBO5), de la demande
chimique en oxygène (DCO) et du pH (71).
L’industrie est susceptible de déverser les polluants suivants : des matières en suspension
diverses telles que les fibres et les écorces, des matières organiques qui accroissent la DBO, des
matières inorganiques diverses (métaux et oxyde métalliques), des hydrocarbures provenant de la
fabrication des machines, les rejets en milieu aquatiques contiennent également des substances
phénoliques comme les crésols, les catéchols, le guai col et d’autres composés (5).
Les micropolluants
Les principaux micropolluants sont des métaux et des métalloïdes à base de mercure,
cadmium, arsenic, plomb, chrome, sélénium, cuivre, thallium, etc. Il comportent aussi des
composés phénoliques, des organohalogénes (Lindane, DDT, PCB,…) des organophosphorés
(parathion, malathion,…), certains hydrocarbures (HAP,…), des composés organotanniques ou
encore des dérivés nitratés.
Hormis les métaux et les métalloïdes et certains hydrocarbures, la presque totalité des
micropolluants sont des molécules de synthèse. Leur diffusion vers le milieu naturel peut se faire,
entre autres, à partir des effluents industriels, de nature très diverses: industrie chimique, industrie
des métaux, industrie papetière (synthèse d’organochlorés par blanchiment de la pâte au chlore),
industrie textile (colorants), industrie de la tannerie (chrome), industrie du bois (phénols, crésols),
etc. (31, 36, 104).
1.4. Effets des eaux usées sur le milieu récepteur
On les observe dans plusieurs domaines, notamment dans les mers et les rivières où
s’observent parfois des marées noires ou encore la mort de poissons, suite à l’intoxication dues
aux lessives ou à des rejets industriels. Ainsi, en 1975, le déversement de Cyanure dans la
Moselle détruit 40 tonnes de poissons, alors que le rejet dans le Rhin d’un insecticide entraîna la
mort de 50% des poissons. En effet, quand les eaux résiduaires contiennent des huiles ou des
graisses, la formation de films peut s’opposer à l’accès de l’oxygène dans les cours d’eau et
provoquer des effets d’intoxication sur les microorganismes et les poissons. Les huiles et les
graisses végétales et animales peuvent être assez facilement dégradées par voie biochimique mais
c’est le contraire pour les huiles et les graisses minérales. Des effets toxiques sur les
microorganismes et les poissons peuvent également être provoqués par des déversements d’eaux
résiduaires industrielles contenant des tannins, des goudrons, des colorants. D’une manière
générale, diverses substances toxiques, minérales ou organiques, peuvent être contenues dans les
eaux résiduaires industrielles, peuvent détruire la faune des rivières ou mettre en question
l’utilisation de l’eau des rivières pour l’alimentation humaine (103).
En Algérie, les eaux usées sont généralement déversées à l’état brut, soit directement à la
mer, soit vers les oueds, avec dans les deux cas des problèmes de pollution biologique et
chimique. Les cours d’eau fortement pollués traversent ou passent à proximité d’agglomérations
urbaines et de zones industrielles majeures (oued EL-HARRACH à ALGER, oued SOUMMAM
à BEJAIA, oued RHUMEL à CONSTANTINE, oued SEYBOUSE à ANNABA), causant ainsi
beaucoup de problèmes sanitaires et d’insalubrité aux riverains. Les oueds véhiculent de fortes
charges polluantes et leur capacité de dilution et d’autoépuration ne suffit plus à résorber la
charge polluante. Ils se sont transformés, pour la plupart, en égouts à ciel ouvert, notamment en
été où leur débit baisse naturellement (70).
L’épuration des eaux est un ensemble de techniques qui consiste à purifier l’eau, soit pour
recycler les eaux usées dans le milieu naturel, soit pour transformer les eaux naturelles en eau
potable.
1.5.1. L’épuration biologique
L’épuration dite biologique des eaux usées urbaines résulte en fait de deux mécanismes.
D’une part, la sédimentation incomplète de matières en suspension et, d’autre part, l’activité
biologique de nombreux microorganismes qui se développent au détriment de la matière
organique soluble (algues, bactéries, protozoaires saprozoiques ou particulaire protozoaires
holozoiques ).
Trois types de système d’épuration peuvent être décrits : les étangs d’oxydation ou de
stabilisation (ou lagunes d’eaux douces), les systèmes à biomasse fixée (lits bactériens,
biodisques, lits fluidisés), les systèmes à biomasse floculée (boues activées) (12).
Les processus mis en œuvre dérivent des cycles biogéochimiques. Ces cycles
spécialement ceux du carbone, de l’azote, du phosphore, du soufre, du fer et du manganèse
rendent compte des transformations chimiques des corps organiques et inorganiques existants ou
introduits dans le milieu.
La biodégradation :
C’est seulement depuis une centaine d’années qu’on a compris que l’épuration naturelle
des eaux polluées n’est qu’une phase du cycle naturel d’évolution de toute matière organique. En
effet, les plantes vertes, terrestres, aquatiques ou marines (algues ou phytoplancton), sont aptes à
faire la synthèse de leurs substances à partir d’éléments minéraux, tels que l’eau, le gaz
carbonique, les nitrates, les sulfates, les phosphates, etc. La source d’énergie qui permet ces
réactions de synthèse est le rayonnement solaire. Les animaux, incapables de s’alimenter à des
sources strictement minérales, ne peuvent que se nourrir de matières organiques déjà formées,
qu’ils transforment ensuite plus ou moins. C’est ainsi qu’ils se nourrissent soit uniquement de
plantes ou de produits du règne végétal (cas des herbivores), soit de plantes et d’animaux. Les
organismes animaux brûlent alors les matières absorbées (phénomène de la respiration), pour
fournir à leurs cellules toute l’énergie nécessaire (énergie de synthèse, énergie musculaire,…).
Simultanément, une partie des éléments ingérés est restituée au monde minéral sous forme de gaz
carbonique et de vapeur d’eau. De plus, les produits azotés sont éliminés sous forme de déchets
liquides ou d’excréments. Il s’ensuit que tous les organismes vivants, végétaux ou animaux,
abandonnent sans cesse des déchets divers, des produits de sécrétion, des matières fécales. A la
mort des être vivants, les cadavres sont aussi abandonnés dans le milieu ambiant, enterrés ou non.
Sous ces formes, la majeure partie des substances se trouve inutilisable par le monde
végétal. L’azote combiné et l’anhydride carbonique n’existant dans le monde qu’en quantités
limitées, la vie deviendrait vite impossible si les éléments composant les déchets ne revenaient
pas au monde minéral. C’est alors qu’interviennent les microorganismes, pour assurer le retour
des déchets au monde minéral et fermer ainsi le cycle. Les déchets deviennent la proie des
microorganismes qui dégradent la matière organique et minéralisent les résidus de façon que ne
reste plus finalement que des nitrates, des phosphates, des sulfates, des carbonates. Cela montre
l’importance capitale des microorganismes dans le monde vivant.
En présence d’oxygène libre, les bactéries aérobies peuvent dégrader des molécules telles
que des sucres, des acides gras, des protéines, etc., en substances de faibles masses moléculaires,
puis en anhydride carbonique, eau, nitrate ou ammoniac. Par contre, en l’absence d’oxygène
libre, les bactéries anaérobies fermentent les matières organiques au cours de phénomènes
d’oxydoréduction complexes mais incomplets. Il se forme d’abord des acides, des alcools ou des
aldéhydes de faibles masses moléculaires (acide lactique, acide formique, etc.), puis de
l’anhydride carbonique, du méthane et de l’ammoniac. Cette fermentation anaérobie
s’accompagne aussi de la production de substances intermédiaires malodorantes, telles que le
phénol, l’indole, l’hydrogène sulfuré, les mercaptans, etc.
D’autre part, les espèces de bactéries hétérotrophes, les plus nombreuses, métabolisent les
matières organiques complexes et jouent un rôle capital dans les processus d’épuration. Mais, si
cette métabolisation est due principalement aux bactéries hétérotrophes, les autres organismes
pouvant se trouver dans les eaux polluées, tels que les protozoaires, les nématodes, les algues, les
champignons, les larves, les mollusques, etc., peuvent aussi métaboliser des substances
partiellement dégradées. Ils peuvent également intervenir de diverses autres manières, par
exemples en maintenant une teneur suffisante en oxygène dissous, en éliminant des substances
apportées par des déchets toxiques, en éliminant les cadavres des bactéries.
Ajoutons que le pouvoir d’adaptation des enzymes est si remarquable que les flores des
lits bactériens ou des bassins de boues activées parviennent à métaboliser même des substances
très différentes des substances nutritives courantes : détergents, phénols, cyanures (56, 103).
2.1. Définition
Les crésols sont des alcools aromatiques présents dans les goudrons d’houille ou dans le
pétrole. Ils sont considérés comme des dérivés hydroxylés de toluène ou des dérivés méthyles de
phénol. On distingue trois isomères des crésols, selon la position du groupement méthyle par
rapport au radical hydroxyle sur le cycle benzène (Figure.1).
La mixture des crésols extraite des goudrons d’houille est appelée : acide crésylique (33).
2.2. Origine
Les crésols sont extraits des goudrons d’houille ou du pétrole, ce sont des éléments
constitutifs du bois et d’autres matériaux biogènes. Ils parviennent donc dans l’atmosphère au
travers des processus de combustion des véhicules automobiles et des chauffages domestiques :
abrasion de l’asphalte, émanations de plastique, parfum, dégraissage des métaux. Ils peuvent
aussi provenir des raffineries d’huile. Le crésol « brut » extrait d’huile lourde du goudron
d’houille contient de grandes quantités d’isomères méta et para. Le p-crésol est un métabolite
endogène de l’acide aminé Tyrosine chez l’homme et chez les animaux à sang chaud (33, 91).
Les crésols et leurs dérivés existent à l'état naturel dans les huiles essentielles de diverses
plantes telles que les fleurs de Yucca gloriosa, dans le jasmin, le lys, les conifères, les chênes et
le santal. Ils constituent également un produit de la combustion naturelle de certaines substances
et de l'activité volcanique. Les crésols du commerce sont des sous-produits de la distillation
fractionnée du pétrole brut et du goudron de houille. La fumée de cigarettes contient également
des crésols. On ignore quelle est la production mondiale totale de crésols. Pour les Etats-Unis
d'Amérique, on indiquait en 1990 une production annuelle totale de 38300 tonnes (110).
OH
CH3
ortho-Crésol (o-Crésol)
OH
CH3
méta-Crésol (m-Crésol)
OH
CH 3
para-Crésol (p-Crésol)
Les crésols se présentent sous la forme de cristaux (o-crésol et p-crésol) ou de liquide (m-
crésol et mélange d’isomères) incolore qui brunit à l’air. Ils possèdent une odeur particulière, à la
fois acre et douceâtre (limite olfactive inférieure à 0.001ppm). Solubles dans l’eau, ils sont
facilement solubles dans les alcalis dilués et miscibles à de très nombreux solvants organiques :
éthanol, acétone, oxyde de diéthyle, hydrocarbures aromatiques. Leurs autres caractéristiques
physiques sont rassemblées dans le tableau. 1 (54, 71, 109).
Les crésols s’oxydent facilement sous l’action de l’air et de la lumière, ils peuvent réagir
vivement avec des oxydants puissants. A température élevée, ils se décomposent avec émission
de vapeurs toxiques et inflammables.
Leur réactivité chimique est très semblable à celle du phénol : de nombreuses réactions de
condensation sont notamment possibles avec des acides, des aldéhydes, des cétones, etc.
Le m-crésol est le seul isomère pouvant donner un dérivé trinitré : le trinitro-m-crésol qui
est un explosif, il est obtenu par action d’un mélange d’acide sulfurique et nitrique sur le m-
crésol. Les crésols attaquent le cuivre et ses alliages et de nombreuses peintures, ils sont sans
action sur les résines phénoliques (34, 65, 76).
2.5. Utilisation
Le m-crésol est utilisé dans la production des herbicides et des insecticides ainsi que des
explosifs. La mixture du m-et p-crésol est utilisée comme désinfectants et agents de préservation.
Les crésols « bruts » sont utilisés comme agents de préservation du bois. La mixture condensée
de crésols avec le formaldéhyde est importante pour la modification des résines phénoliques, elle
est utilisée aussi dans le traitement des fibres (38, 88, 111).
Tableau 1 : Propriétés physiques des crésols
Limite inférieure d’explosivité en Volume% dans l’air 1,35 à 149°C 1,1 à 150°C 1,1 à 150°C
Les crésols peuvent pénétrer dans l’organisme par voie percutanée, digestive ou
pulmonaire (sous forme de vapeur à haute température ou d’aérosols). Les conditions
d’absorption, de détoxification et d’excrétion sont très semblables à celles du phénol. La vitesse
d’absorption cutanée dépend plus de la surface exposée que de la concentration du produit en
contact.
La voie principale de métabolisation comporte une oxydation puis une conjugaison avec les
acides sulfuriques ou glucuronique. L’excrétion se fait principalement dans l’urine mais des
quantités non négligeables sont éliminées dans la bile et des traces se retrouvent dans l’air expiré
(24, 75).
Localement, les crésols ont une action caustique sur la peau et les muqueuses. Sur la peau,
les lésions, au début douloureuses, deviennent ensuite indolentes. Les tissus touchés ont un aspect
blanchâtre, épaissi et ridé, puis ils prennent un aspect noirâtre ou brun signant la nécrose.
Sur l’œil, on peut observer une conjonctivite et une kératite avec parfois une réduction
séquellaire de l’acuité visuelle. L’importance des troubles est liée à la concentration de la solution
et à la rapidité du lavage oculaire (24, 75, 93).
Les observations effectuées sur des microorganismes, des invertébrés et des poissons
montrent que les crésols peuvent constituer un risque pour les organismes non mammaliens là où
des sources ponctuelles de pollution déterminent de fortes concentrations. Mais ce n'est pas le cas
dans l'environnement en général.
2.7. Transport et distribution dans l’environnement
La présence des crésols dans l’atmosphère est régulée par leurs propriétés physiques, leur
réactivité chimique et par les conditions météorologiques : précipitation, température, vent, etc.
La pression atmosphérique des crésols varie de 0,13 à 0,31 mmHg (102), une valeur
supérieure à 0,0001 mmHg suggère que ces molécules restent dans la phase gazeuse (34), plutôt
que liées aux particules atmosphériques (18).
Les études sur l’adsorption des crésols dans le sol montrent que ces molécules ont une
grande mobilité dans le sol (101). La mobilité des trois isomères n’a pas pu être bien décrite à
cause de leur tendance à cloisonner avec l’eau. En effet, le radical hydroxyle des crésols est
capable de former une molécule d’hydrogène capable de s’attacher avec les sites actifs du sol, la
mobilité des isomères dépend en fait du degré de leur attachement avec les particules du sol (7,
18, 96).
L’attachement de l’hydrogène formé avec les sites actifs du sol est fonction de plusieurs
facteurs : pH et type du sol, sa capacité à échanger les ions, l’oxyde de fer qu’il contient et la
quantité de matière organique présente (110).
Selon la littérature, le comportement ou l’adsorption des crésols dans le sol n’ont pu être
généralisés sur les trois isomères : le m-crésol adsorbe bien dans un sol très argileux (96), mais ce
n’est pas le cas pour l’o-crésol et le p-crésol (67, 68).
2.7.3. Dans l’eau
Le transport et la distribution des crésols dans l’eau sont contrôlés par leur volatilité, leur
coefficient de sorption aux suspensions solides et aux sédiments (Koc) et leur bioaccumulation par
les organismes aquatiques. La volatilité d’un composé peut être prédictée qualitativement à partir
de la constante de la loi d’Henry (H). La vitesse de la volatilisation est élevée pour des composés
avec une valeur de H variant de 10 -2 à 10-3 atm-m3/mol, elle est lente lorsque la valeur de H est
inférieure ou égale à 10 -7 atm-m3/mol (56). Par conséquent, le transport des crésols, qui possèdent
une valeur de H de 1,26x10-6 à 7,92x10 -7 atm-m3/mol de l’eau à l’atmosphère, est non
significatif. En outre, ces composés phénoliques sont capables de se dissocier et former des
molécules d’hydrogène qui s’attachent aux suspensions solides et aux sédiments, diminuant ainsi
la vitesse de la volatilisation.
Lorsque les crésols sont solubles dans l’eau, la petite quantité de ces molécules,
généralement rencontrée dans les milieux aquatiques, se présente essentiellement dans la phase
aqueuse. Le transport des crésols à partir de l’eau vers les fonds sédimentaires est possible, suite
aux précipitations (60).
2.8. Dégradation
a. Dans l’air
Deux réactions dominantes sont responsables de la dégradation des crésols dans l’air : la
première se déroule pendant le jour par leur réaction avec le radical hydroxyle et la seconde avec
le radical nitrate pendant la nuit. Ils peuvent réagir également avec les autres oxydes dans l’air,
ozone, par exemple. Une photolyse directe peut également se produire, or ces deux processus
sont moins rapides que leurs réactions avec les radicaux atmosphériques (8).
Les isomères des crésols peuvent absorber une petite quantité de lumière UV au dessus de
la longueur d’ondes 290 nm (84, 85, 86).
b. Dans l’eau
c. Dans le sol
Dans le sol, les réactions photochimiques surviennent seulement dans les millimètres
supérieurs du sol, c’est un processus mineur dans l’élimination des crésols.
L’hydrolyse abiotique de ces molécules dans les sols humides et non significative car les
constituants de ces derniers sont incapables d’accélérer cette réaction. L’oxydation avec le fer et
les oxydes de manganèse se produit également à bas pH (110).
2.8.2. Biodégradation :
La vitesse de biodégradation anaérobie des trois isomères obéit à l’ordre suivant : p-crésol
> m-crésol > o-crésol (15, 106, 107). Selon d’autres études, le m-crésol est le moins
biodégradable tandis que l’o-crésol se dégrade plus rapidement (57).
Les études menées sur des cultures bactériennes pures et mixtes dégradants les crésols en
aérobiose montrent que leur décomposition commence par la formation de produits hydroxylés,
suivie de l’ouverture du cycle benzène (74).
CH 3
CH 3
OH CH 3
OH
4 - méthylcathécol
OH CH 3
CH 3
CH 3
3 - méthylcatéchol C
CHO
HC
_
2 hydroxy 5 - méthyl miconique
CH 3 semialdehyde
HC COOH
C C
O
HC
OH
COOH
CH 3
HC C
HC OH
C
_ _ _ _ HC COOH
2 hydroxy cétohépta 2,4 diénol
2-méthyl- 4 -oxalo crotonate
H2C COOH (céto)
- CH 3 CO
C
CH 3
HC O
CH 3
H2C
COOH
C
C
HC COOH
o
2-méthyl- 4 -oxalo crotonate
3-cétopenta - 4 -enoate (énol)
HC COOH
+H 2O C
CH 3 OH
HOHC CH 3
H2C COOH HC
C HC CH 3
3 - cétohexa- cis- 4 - énoate
O H2C COOH
C
4-hydroxy-2-cétopentanoate
O
CH 2
CH 3
HOHC
4 - hydroxy - 2- céto hexanoate
H2C
COOH
C
Figure 2 : Dégradation de l’o-crésol, le m-crésol et le p-crésol par Pseudomonas sp.CP4. (16, 27,
47, 105)
1. Milieu de culture
Le milieu de culture est un milieu minimum où le crésol est la seule source de carbone et
d’énergie. Sa composition est la suivante : NaHCO3 (0,125g/L), KH2PO4 (0,1g/L), NH4Cl
(0,07g/L), Na2SiO (0,02g/L), FeSO4.7H2O (0,01g/L), MnCl2 (0,007g/L), ZnSO4.7H2O
(0,0015g/L), crésol (0,2g/L). Le pH du milieu est 7,02 (79).
2. Prélèvement de l’inoculum
Une fois l’échantillon prélevé, il est transporté dans une glacière maintenue à 4°C
jusqu’au laboratoire où il est traité dès son arrivée (80).
Des séries de dilutions décimales de l’échantillon des eaux usées (de 10 -1 à 10-9) sont
effectuées dans de l’eau distillée stérile. Le milieu minimum est ensemencé à raison de 3% par
dilution (100 à 10 -9), il est incubé en fermenteurs miniaturisés : trois seringues pour chaque
dilution et pour chaque intervalle de temps d’incubation. Les fermenteurs sont standardisés aux
mêmes volumes d’air et de milieu minimum : 1/1(V/V).
Les manipulations sont réalisées en conditions stériles, avec deux séries de témoins :
Témoin1 : le microbiote des eaux usées est incubé dans les mêmes conditions expérimentales
mais en l’absence de crésol.
Témoin2 : la molécule est introduite dans les mêmes conditions mais sans le microbiote des eaux
usées (vérification de la présence d’une éventuelle dégradation abiotique), c’est le témoin stérile.
Les fermenteurs sont incubés à 30°C en cultures discontinues sans agitation pendant 30
jours d’incubation. Le suivi cinétique de la biodégradation et le dosage du crésol débutent dès les
premières heures d’incubation. Selon les intervalles cinétiques de mesure suivants : 2h, 6h, 18h,
24h, 72h, 7 jours, 14 jours et 30 jours. A chaque intervalle de temps, la concentration de crésol
est dosée par méthode spectrophotométrique (61) et le pH du milieu est mesuré.
- Récupération du surnageant.
- Agitation.
- Ajustement du pH à 7,9 (≈ 0,1) avec 200 µl du tampon phosphate (KH2PO4 / K2HPO4, pH 6,80).
- Agitation.
- Agitation.
- Agitation.
- Lecture à la longueur d’onde λ= 510 nm, après 15min d’incubation à température ambiante.
4. Analyse par HPLC
Le surnageant est analysé par chromatographie liquide à haute performance (HPLC) d'une
colonne C18 Nucléosil (250 nm x 4,6 nm, Shimadzu), à pompe type: LC8A, appareil à barette
d'iode, avec une phase mobile constituée à 50/50 Méthanol/ Eau, à un flux de 1,0 ml/min. La
détection est réalisée par un détecteur UV à 280 nm.
Une préparation à l’état frais permet d’examiner la mobilité des bactéries. Une fraction de
colonie sur gélose est prélevée, une suspension homogène dans une goutte d’eau stérile est faite
en incorporant progressivement l’inoculum. La préparation est recouverte par la lamelle. Le
courant liquidien est limité par la technique de lutage (52).
Des frottis sont préparés à partir des souches pures cultivées en milieu solide. Les frottis
sont colorés par la méthode de Gram, puis ils sont observés au microscope optique
(grossissement x 100).
Les souches pures sont cultivées sur le milieu gélosé Viande-Foie (VF). Les tubes sont incubés
à 30°C. La profondeur des zones de croissances bactériennes indique le type respiratoire des
bactéries.
6.4. Mise en évidence de l’existence de la cytochrome oxydase
Le test de l’oxydase est réalisé par la méthode des disques. L’apparition de la couleur violette
au disque indique que les bactéries sont oxydase-positive.
Le matériel bactérien prélevé est mis dans goutte de peroxyde d’hydrogène (H2O2). La
présence de la catalase s’exprime par un dégagement gazeux.
Les cultures sont réalisées dans le Bouillon-Nitrate et sont incubées à 30°C. L’apparition de la
couleur rouge, après l’addition des deux réactifs (nitrite1 et nitrite2), est un indicateur coloré
de la réduction des nitrates.
Les souches sont cultivées sur le milieu solide Extrait de levure-Cellulose contenant 0,7%
(P/V) de l’extrait de levure et 0,5% (P/V) de la cellulose cristalline (Sigmacell, Type101).
Après incubation à 30°C, les cultures sont recouvertes par la solution du rouge Congo
(0,03%). L’activité cellulolytique est mise en évidence par l’apparition de zones claires autour
des colonies (19).
Les souches sont cultivées sur le milieu Nutrient-Agar, contenant 4%(P/V) de gélatine, à
30°C. Les zones où la gélatine n’est pas dégradée s’opacifient lorsqu’une solution de chlorure
mercurique (HgCl2) est ajoutée. Les zones claires correspondent aux zones de l’hydrolyse.
Les souches sont cultivées dans de l’Eau peptonée exempte d’indole à 30°C. L’apparition d’un
anneau rouge, après l’addition du réactif de KOVACS, traduit la présence d’indole.
6.10. Mise en évidence de la pyocyanine et de la pyoverdine
Les bactéries produisant des pigments sont ensemencées sur les milieux de KING (KING A et
KING B), puis incubées à 30°C. La production de la pyocyanine est indiquée par la coloration
bleue sur le KING A, tandis que le jaune-vert fluorescent sur le KING B montre la production
de la pyoverdine.
7. Analyse statistique
L’analyse statistique des résultats est réalisée par l’ANOVA pour tester l’effet « dilution » sur
μij + αi + ε où :
αi : Effet dilution.
ε: Erreur sdandard.
Le test de Student est appliqué pour la comparaison de la dégradation des crésols par
les deux processus : biologique et non biologique. Ces analyses sont réalisées par le logiciel
Minitab/version 13.31 (2000).
1. Evaluation de la biodégradabilité des échantillons des eaux usées prélevées
Ces résultats indiquent que la modification de l’équilibre écologique introduite, forcément, par
la dilution de l’inoculum joue probablement un rôle significatif dans la dégradation du m-
crésol. Cette situation persiste jusqu’au 30ème jour d’incubation, ce qui indique que l’équilibre
écologique initial du microbiote n’est pas rétabli.
Après 30 jours d’incubation, la DO remonte pour toutes les dilutions, par rapport au 14ème
jour d’incubation, ainsi que pour le témoin stérile. Le pH suit le même profil de hausse (Annexe.
2), indiqué par le changement de couleur des milieux de culture.
Résultat de l’HPLC
Ces résultats montrent que le taux de dégradation de l’o-crésol est presque le même, aussi
bien par l’inoculum non dilué que par ses dilutions. Ce qui indique que l’inoculum garde son
équilibre initial. La dilution du microbiote n’a pas changé l’équilibre écologique du milieu.
La cinétique du témoin stérile montre que l’o-crésol est décomposé dés les premières
heures d’incubation. Après le 7 ème jour d’incubation, seulement 12% de l’o-crésol sont dégradés.
Cette situation persiste jusqu’au mois d’incubation où 25% de la concentration initiale de la
molécule sont dégradés. La différence entre la biodégradation et la dégradation abiotique et là
aussi très significative (p<0,05) (Annexe. 3).
A
Les cinétiques de la biodégradation du p-crésol par le microbiote des eaux usées et ses
dilutions (Figure. 6), montrent qu’après 7 jours d’incubation, de 44 à 56% de la concentration
initiale de la molécule sont consommés. Or, une phase de latence de 6 heures est observée,
seulement pour les dilutions 10-8 et 10-9. La biodégradation se poursuit pendant la deuxième
semaine d’incubation. Cependant un ralentissement de la dégradation est constaté : après 14 jours
d’incubation, de 60 à 65% du p-crésol sont décomposés. L’effet dilution est là aussi non
significatif (p>0,05) (Annexe. 3). Une dégradation abiotique est également constatée durant la
même période d’incubation et toujours selon un profil long par rapport à celui de la
biodégradation. En effet, seulement 23% et 35% du p-crésol sont dégradée après 7 jours et 14
jours d’incubation respectivement. La différence entre les deux voies de dégradation, biotique et
abiotique, est toujours très significative (p<0,05) (Annexe. 3).
Les résultats obtenus montrent que l’effet de la dilution de l’inoculum est inexistant,
comme dans le cas de l’o-crésol. Le microbiote préserve donc son équilibre initial. Les
populations microbiennes dégradent la molécule, persistent donc dans les dilutions les plus
importantes.
Par contre, une situation semblable à celle observée dans la biodégradation du m-crésol est
constatée après 30 jours d’incubation. La DO remonte pour toutes les dilutions, par rapport au
14 ème jour d’incubation, ainsi que pour le témoin stérile. Le pH suit le même profil de hausse
(Annexe. 2), indiqué par le changement de couleur des milieux de culture.
Nos résultats montrent que la vitesse de la biodégradation des trois isomères durant les 14
jours d’incubation augmentent selon l’ordre m-crésol > p-crésol > o-crésol. Cependant, une phase
de latence de 72 heures au maximum est observée pour l’o-crésol. Six heures de latence sont
constatées dans les dilutions les plus importantes, au cour de la biodégradation du p-crésol. Les
études menées sur la biodégradation aérobie des crésols montrent une dégradation rapide des trois
isomères (14, 23, 59, 78, 101, 105). Cependant la vitesse de la biodégradation augmente selon
l’ordre : p-crésol > m-crésol > o-crésol. Mais, une phase de latence de 6 jours est observé pour le
o-crésol (57).
De nombreuses études montrent que la biodégradation des crésols et, plus généralement,
des phénols par des souches microbiennes pures est réalisée en quelques heures seulement. Ainsi,
Pseudomonas putida dégrade les phénols des milieux aquatiques à une concentration initiale de
23,4mg/L en 14 heures (72). Alors que les phénols sont complètement dégradés par le consortium
microbien isolé à partir des eaux usées d’usines productrices de phénols au bout de 22 heures
(72). Cependant, une phase de latence de 6 à 16 heures est alors observée pour la biodégradation
complète des phénols à une concentration initiale de 200mg/L (43). De même que la
biodégradation de phénols, à une concentration dans le milieu de 150mg/L, est achevée au bout
de 3 heures par des boues activées (61). En général, une adaptation de la microflore est nécessaire
pour obtenir la dégradation des crésols à des vitesses notables.
En milieux aquatiques naturels, la principale voie d’élimination des crésols est biologique.
Mais des voies abiotiques diversifiées : photolyse, hydrolyse, oxydation, peuvent également se
produire (36, 95). Ces processus pourraient bien expliquer la diminution de la concentration des
trois isomères de crésol dans notre témoin stérile.
Ce cas de figure, observé seulement pour les deux isomères méta et para, indique qu’ils
sont probablement biodégradés selon la même voie métabolique, donnant les mêmes produits de
dégradation. Ceci est confirmé par de nombreuses études du métabolisme des crésols par
certaines espèces bactériennes de Pseudomonas en aérobiose (16, 28, 47, 81, 105).
L’observation microscopique à l’état frais des souches bactériennes isolées montre que
parmi les souches dégradant le m-crésol, cinq d’entre elles sont des coques et une seule se
présente sous forme bacillaire. Ainsi, les deux souches isolées de l’o-crésol sont des coques.
Comme dans le cas du m-crésol, le p-crésol est dégradé par deux souches bactériennes coccoides
et une bacillaire. Toutes les souches dégradant les isomères du crésol sont mobiles. Les bacilles
obtenus de la dégradation du m-crésol et du p-crésol sont les souches pigmentées en vert.
L’observation microscopique après la coloration de Gram révèle que toutes les souches,
aussi bien les coques que les bacilles, sont à Gram négatif (Figure. 7).
1
2
Figure 7 : Les coques et les bacilles obtenus après la coloration de Gram, sous microscope
optique (grossissement x 100).
1 : Alcaligenes. 2 : Pseudomonas.
6.3. Détermination du type respiratoire
Les résultats de l’ensemencement des cellules bactériennes sur le milieu gélosé (VF)
montrent que la croissance bactérienne de toutes les souches est en surface. Ces résultats
indiquent que toutes les bactéries sont aérobies microaerophiles.
Une coloration violette apparaît après l’étalement des bactéries sur les disques oxydase.
Tous les coccis et les bacilles sont oxydase positive.
Un dégagement gazeux est observé dés l’étalement des suspensions bactériennes dans le
peroxyde d’hydrogène (H2O2). Toutes les bactéries sont catalase positive.
Une coloration rouge est obtenue après l’addition des réactifs des nitrites au bouillon
nitrate ensemencé par les coques. Ce qui montre la présence des nitrites dans le milieu, provenant
certainement de la réduction des nitrates. Par contre, le bouillon nitrate, ensemencé par les
bactéries bacillaires, donne un résultat négatif. Après l’addition de la poudre de Zinc, une
coloration rouge est obtenue, ce qui indique que les bactéries n’ont pas réduit les nitrates.
Les résultats obtenus montrent que les coques sont nitrate réductase positive, par contre
les bacilles sont nitrate réductase négatif.
Un anneau jaune est obtenu après l’addition du réactif de KOVACS aux tubes ensemencés
par les souches bactériennes isolées. Les bactéries dégradant les crésols ne produisent pas
d’indole, elles ne possèdent pas donc la Tryptophanase.
L’ensemencement des bacilles sur les milieux de KING a donné une coloration jaune-
verte fluorescente sur le KING B tandis que le KING A reste incolore. Ces résultats montrent que
les souches bactériennes secrètent la pyoverdine et non pas la pyocyanine.
Le m-crésol et le p-crésol sont dégradés par les mêmes souches bactériennes : les coques
et les bacilles. Probablement selon les mêmes voies métaboliques incomplètes et donnant les
mêmes produits de dégradation sans production de gaz.
La comparaison des caractères étudiés avec ceux des genres bactériens publiés dans la
9ème édition du « Bergey’s Manual of Determinative Bacteriology » (46) a permis d'affecter les
coques au genre : Alcaligenes et les bacilles au genre : Pseudomonas.
Par ce profil, nos résultats sont en accord avec ceux d’autres auteurs qui ont aussi utilisé
des souches des genres : Alcaligenes, Pseudomonas (10, 14).
Les espèces du genre Pseudomonas ont un potentiel de dégradation des phénols très élevé. Elles
sont considérées, par cet aspect, comme les espèces bactériennes les plus efficaces de la
bioremédiation des phénols des eaux usées (1). Grâce à leur aptitude à les dégrader, même
lorsqu’ils se présentent dans le milieu à de très fortes concentrations. Il est démontré que
Pseudomonas putida assimile 85% d’une concentration de phénols de 500 mg/L, sous des
conditions contrôlées (4). Pseudomonas putida est capable de dégrader 1000 mg/L de phénols en
260 heures (42). Ainsi, Pseudomonas aeruginosa, isolée à partir des eaux usées des industries
pharmaceutiques, dégrade les phénols à une concentration initiale de 2600 mg/L en 150 heures.
Simultanément, Pseudomonas pseudomallei dégrade 1500mg/L de phénols durant la même
période. Ces deux espèces décomposent les phénols même en présence de très fortes
concentrations salines (1). Des études récentes montrent que la mixture des cultures bactériennes,
avec la prédominance de Pseudomonas putida, dégradent complètement les phénols à une
concentration initiale de 600mg/L durant 26 heures (87).
Peu d’études sont menées sur la biodégradation des crésols et des phénols, par les espèces
du genre Alcaligenes. En effet, Alcaligenes faecalis est l’espèce majoritairement isolée et
identifiée. Comme les espèces de Pseudomonas, elle est capable de dégrader des concentrations
élevées de phénols: 1600 mg/L durant 76 heures (50).
La biodégradation des crésols n’est pas limitée à ces deux genres bactériens. Des bactéries du
genre Bacillus et Acinétobacter jouent aussi un rôle important dans l’élimination des phénols des
milieux naturels (44).
La finalisation de l’identification en cours de nos souches déterminera les espèces
bactériennes responsables de la biodégradation des crésols dans la station d’épuration de la ville
de CONSTANTINE.
Notre travail avait pour objectifs, l’étude de la biodégradation des trois isomères des crésols
par le microbiote total des eaux usées de la ville de CONSTANTINE, l’isolement et
l’identification de microorganismes dominants, responsables de la biodégradation. Pour cela, des
échantillons des eaux usées sont prélevées à partir du canal d’entrée de la station d’épuration
d’IBN ZIAD, récemment mise en service. Ils sont utilisés pour inoculer un milieu minimum où
l’un des isomères : o-crésol, m-crésol et p-crésol, constitue, à chaque fois, la seule source de
carbone et d’énergie à une concentration initiale de 200 mg/L. Les cultures discontinues, sont
menées dans des fermenteurs miniaturisés en aérobiose. Ils sont incubés à 30°C, pendant de
longues périodes d’incubation sans agitation. La vérification de la présence d’une éventuelle
dégradation abiotique est faite par l’incubation parallèle de fermenteurs stériles. La concentration
de la molécule est mesurée par la méthode spectrophotométrique (61). L’isolement de
microorganismes dominants est effectué en milieu liquide, au fur et à mesure de la
biodégradation de la molécule, par la méthode de la dilution-extinction (17). L’isolement est suivi
d’une purification sur gélose nutritive. L’identification des genres bactériens responsables de la
biodégradation des crésols est réalisée par l’étude des caractères morphologiques et de caractères
biochimiques des souches isolées.
Les résultats obtenus montrent que la vitesse de la biodégradation des trois isomères
augmente selon l’ordre : m-crésol> p-crésol> o-crésol. Le m-crésol est dégradé presque
totalement (90% en moyenne), au bout de 14 jours d’incubation, par l’action prépondérante du
microbiote et par toutes ses dilutions. Une dégradation abiotique est également observée durant la
même période d’incubation, mais avec des pourcentages bien plus inférieurs que ceux de la
biodégradation (45%).
Le p-crésol est dégradé partiellement durant les premiers 14 jours d’incubation, où plus de
la moitié de sa concentration initiale est décomposée par l’inoculum et toutes ses dilutions (60%
en moyenne). Une dégradation abiotique est également constatée durant la même période
d’incubation. Seulement 35% de la concentration initiale du p-crésol sont dégradés.
Les crésols ne sont pas minéralisés, aussi bien par le processus biologique que par voies
abiotiques, car aucune production de gaz n’est constatée même après 90 jours d’incubation.
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Annexe 1 : Courbes étalons des crésols.
0,35
y = 0,0623x + 0,0168
0,3
Absorbance à λ=510nm
2
R = 0,9944
0,25
0,2
0,15
0,1
0,05
0
0 1 2 3 4 5 6
Concentrations de l'o- crésol (μg/ mL)
0,6
y = 0,0958x + 0,0018
Absorbance à λ= 510nm
0,5 2
R = 0,9993
0,4
0,3
0,2
0,1
0
0 1 2 3 4 5 6
Concentrations du m- crésol (μg/ ml)
c. Courbe étalon du p-crésol
1,2
y = 0,2361x + 0,0347
Absorbance à λ=510nm 1 2
R = 0,9963
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 2 4 6
Concentrations du p- crésol (μg/ ml)
Les résultats mentionnés dans les tableaux sont des moyennes de trois répétitions.
Tableau 1 : o-crésol
.Facteur ddl MC F P
1 9 4374.266
2,965550 0,002479
Erreur 230 1475,027
Facteur ddl MC F P
1
4 402,2411
Erreur 1,624515 0,173962
115 247,6069
Facteur ddl MC F P
1 4 1641,244
0,607318 0,658282
Erreur 115 2702,447
.Facteur ddl MC F P
1 9 238,0349
0.078993 0.999857
Erreur 260 3013,374
.Facteur ddl MC F P
1 9 340,7294
0,157493 0,997604
Erreur 230 2163,454
(1) Dilution, (MC) Sommes des carrées moyennes, (ddl) Degrés de liberté, (F) Statistique du test
Fischer, (p) Probabilité attachée à la valeur de Fischer.
Tableaux 4 : Test de Student (t) pour des échantillons appariés.
a. m-crésol
BD 179,9979 39,99843
23 -10,1965 -4,06960 0,000067
DA 169,8014 48,30579
b. o-crésol
BD 202,9485 68,96183
26 -19,2051 -5,09923 0,00006
DA 183,7456 18,58307
c. p-crésol
BD 158,4163 48,07683
23 -27,2854 -5,75462 0,00007
DA 185,7017 25,92821
(BD) Biodégradation, (DA) Dégradation abiotique, (ddl) Degrés de liberté, (t) Statistique du test
Student, (p) Probabilité attachée à la valeur de Student.
Résumé
Les résultats obtenus montrent la capacité des microorganismes à croître en dégradant les
crésols. Plus de 90% en moyenne de la concentration initiale du m-crésol et 60% en moyenne de la
concentration initiale du p-crésol, sont décomposés au bout de 14 jours d’incubation. Après 72
heures de latence, 75% de l’o-crésol sont dégradés en 30 jours d’incubation. Une dégradation
abiotique est également constatée, avec un pourcentage de 41% du m-crésol, 25% de l’o-crésol, et
35% du p-crésol durant les mêmes périodes d’incubation. Cependant, la différence entre la
biodégradation et la dégradation abiotique est très significative (p<0,05), pour les trois isomères. La
recherche des microorganismes dominants a permis d’identifier deux genres bactériens : Alcaligenes
et Pseudomonas.
Mots clés : Biodégradation de pesticides, o-Crésol, m-Crésol, p-Crésol, Microbiote des eaux usées.
Abstract
ﺑﻐﺮض دراﺳﺔ اﻟﮭﺪم اﻟﺤﯿﻮي ﻟـ --oﻛﺮﯾﺰول -m ،ﻛﺮﯾﺰول -p ،ﻛﺮﯾ ﺰول ،و ﻋ ﺰل اﻟﺒﻜﺘﯿﺮﯾ ﺎ اﻟﻤ ﺴﺆوﻟﺔ ﻋ ﻦ ذﻟ ﻚ ،أﺧ ﺬت
ﻣﯿﻜﺮوﻓﻠﻮرا اﻟﻤﯿﺎه اﻟﻤﺴﺘﻌﻤﻠﺔ ﻟﻤﺪﯾﻨﺔ ﻗ ﺴﻨﻄﯿﻨﺔ و اﺳ ﺘﻌﻤﻠﺖ ﻟ ـﺰرع وﺳ ﻂ أوﻟ ﻲ ﺳ ﺎﺋﻞ ﺣﯿ ﺚ ﯾ ﺸﻜﻞ -o ǔﻛﺮﯾ ﺰول،اﻠ - mﻛﺮﯾ ﺰول
واﻠ -pﻛﺮﯾﺰول اﻟﻤﺼﺪر اﻟﻮﺣﯿﺪ ﻟﻠﻜﺎرﺑﻮن و اﻟﻄﺎﻗﺔ .ﺗﻤﺖ ﻋﻤﻠﯿﺔ اﻟﺰرع ﻓﻲ ﻣﺨﻤﺮات ﻣﺼﻐﺮة ،دون رج و ﺑﻄﺮﯾﻘﺔ ﻏﯿﺮ ﻣﺴﺘﻤﺮة.
اﺗﺒﻌﺖ ﺣﺮﻛﯿﺔ اﻟﮭﺪم اﻟﺤﯿﻮي ﻟﻠﻤﻤﺎﻛﺒ ﺎت اﻟﺜﻼﺛ ﺔ ﻟﻤ ﺪة 30ﯾ ﻮم ،ﺣﯿ ﺚ اﺣﺘ ﻀﻨﺖ اﻟﻤﺨﻤ ﺮات ﻓ ﻲ درﺟ ﺔ ﺣ ﺮارة °30م و ﺗ ﻢ ﻗﯿ ﺎس
ﺗﺮاﻛﯿﺰھﺎ ﺑﻮاﺳﻄﺔ ﻗﯿﺎس اﻟﻜﺜﺎﻓﺔ اﻟﻀﻮﺋﯿﺔ.
أﻇﮭﺮت اﻟﻨﺘﺎﺋﺞ أن اﻛﺜﺮﻣﻦ ٪90ﻣﻦ اﻟﺘﺮﻛﯿﺰ اﻷوﻟﻲ ﻟـ -mﻛﺮﯾﺰول و ٪60ﻣﻦ اﻟﺘﺮﻛﯿﺰ اﻷوﻟ ﻲ ﻟ ـ -pﻛﺮﯾ ﺰول ﻗ ﺪ ﺗ ﻢ
ھﺪﻣﮭﺎ ﻣﻦ ﻃﺮف ﻣﯿﻜﺮوﺑﺎت اﻟﻤﯿﺎه اﻟﻤﺴﺘﻌﻤﻠﺔ ﺑﻌﺪ 14ﯾ ﻮم ﻣ ﻦ اﻟﺤ ﻀﻦ .ﺑﻌ ﺪ 72ﺳ ﺎﻋﺔ ﻣ ﻦ اﻟﻜﻤ ﻮن ،ﺗ ﻢ ھ ﺪم ٪75ﻣ ﻦ اﻟﺘﺮﻛﯿ ﺰ
اﻷوﻟﻲ ﻟـ -oﻛﺮﯾﺰول ﺑﻌﺪ 30ﯾﻮم ﻣﻦ اﻟﺤﻀﻦ .ﻟﻮﺣﻈﺖ ﺧﻼل ﻧﻔﺲ ﻣﺪة اﻟﺤﻀﻦ ﻋﻤﻠﯿﺔ ھﺪم ﻏﯿﺮ ﺣﯿﻮي ﺑﻨﺴﺒﺔ ٪4 1ﻣﻦ ﺗﺮﻛﯿﺰاﻠ
-mﻛﺮﯾﺰول ٪ 25 ،ﻣﻦ ﺗﺮﻛﯿﺰاﻠ - oﻛﺮﯾﺰول و ٪35ﻣﻦ ﺗﺮﻛﯿﺰاﻠ - pﻛﺮﯾﺰول .أﻛﺪت اﻟﺪراﺳﺔ اﻹﺣﺼﺎﺋﯿﺔ أن ھﻨﺎك ﻓ ﺮق ﺷﺎﺳ ﻊ
ﺑﯿﻦ ﻋﻤﻠﯿﺘﻲ اﻟﮭﺪم.
ﺳ ﻼﻻت ﺑﻜﺘﯿﺮﯾ ﺔ ﻣﺘﻨﻮﻋ ﺔ اﻟﻤﻈﮭ ﺮ ﺗ ﻢ ﻋﺰﻟﮭ ﺎ .أﻇﮭ ﺮت ﻋﻤﻠﯿ ﺔ ﺗﺤﺪﯾ ﺪ ﺻ ﻨﻒ اﻟﺒﯿﻜﺘﯿﺮﯾ ﺎ أﻧﮭ ﺎ ﺗﻨﺘﻤ ﻲ إﻟ ﻰ ﺻ ﻨﻔﻲ :
Alcaligenesو . Pseudomonas
اﻟﻜﻠﻤﺎت اﻟﻤﻔﺘﺎﺣﯿﺔ: