THESE LAUREEN CASTANO Version Finale
THESE LAUREEN CASTANO Version Finale
THESE LAUREEN CASTANO Version Finale
THESE
par
Laureen CASTANO
(Née le 12 juin 1991)
__________________________
JURY:
Président : M. Laurent DEVOIZE, Professeur des Universités
Assesseurs : Mme Valérie ROGER-LEROI, Professeur des Universités
M. Hervé BESSE, Maître de conférences des Universités
M. Corentin SONDAZ, Docteur en Chirurgie Dentaire
M. Anthony FOURNIER, Assistant hospitalo-universitaire
UNIVERSITE
D'AUVERGNE-‐CLERMONT
1
FACULTE
DE
CHIRURGIE
DENTAIRE
63000
CLERMONT-‐FERRAND
Président
de
l'Université
:
Monsieur
le
Professeur
Alain
ESCHALIER
Directeur
Général
Des
Services
:
Madame
Myriam
ESQUIROL
DOYEN
DE
LA
FACULTE
DE
CHIRURGIE
DENTAIRE
:
Madame
Stéphanie
TUBERT-‐JEANNIN
Professeur
des
Universités
Assesseurs
:
Monsieur
Pierre-‐Yves
COUSSON
Maître
de
Conférences
des
Universités
Madame
Martine
HENNEQUIN
Professeur
des
Universités
Monsieur
Emmanuel
NICOLAS
Professeur
des
Universités
Madame
Valérie
ROGER-‐LEROI
Professeur
des
Universités
LISTE
DES
PROFESSEURS
Professeurs
des
Universités
Emérites
:
Madame
Martine
BAUDET-‐POMMEL
Monsieur
Jean-‐Claude
BOREL
Monsieur
Maurice
MORENAS
Monsieur
Alain
WODA
Professeurs
des
Universités
-‐
Praticiens
hospitaliers
:
Monsieur
Pascal
AUROY
-‐
Prothèses
Monsieur
Radhouane
DALLEL
-‐
Sciences
Anatomiques
Monsieur
Laurent
DEVOIZE
-‐
Pathologie
et
Thérapeutique
Dentaires
Madame
Sophie
DOMEJEAN
-‐
Odontologie
Conservatrice,
Endodontie
Madame
Martine
HENNEQUIN
-‐
Odontologie
Conservatrice,
Endodontie
Monsieur
Emmanuel
NICOLAS
-‐
Prothèses
Monsieur
Thierry
ORLIAGUET
-‐
Sciences
Biologiques
Madame
Valérie
ROGER-‐LEROI
-‐
Sciences
Biologiques
Madame
Stéphanie
TUBERT-‐JEANNIN
-‐
Prévention,
Epidémiologie
Monsieur
Jean-‐Luc
VEYRUNE
-‐
Prothèses
Maîtres
de
Conférences
des
Universités
-‐
Praticiens
hospitaliers
:
Madame
Marion
BESSADET
-‐
Prothèses
Monsieur
Hervé
BESSE
-‐
Pédodontie
Monsieur
Christian
CHAMBAS
-‐
Orthopédie
Dento-‐Faciale
Monsieur
Didier
COMPAGNON
-‐
Prothèses
Monsieur
Pierre-‐Yves
COUSSON
-‐
Odontologie
Conservatrice-‐Endodontie
Monsieur
Nicolas
DECERLE
-‐
Odontologie
Conservatrice-‐Endodontie
Monsieur
Christophe
DESCHAUMES
-‐
Pathologie
et
Thérapeutique
Dentaires
Monsieur
Jean-‐Christophe
DUBOIS
-‐
Prothèses
Madame
Christelle
RICHARD
-‐
Pédodontie
Mademoiselle
Céline
MELIN
-‐
Sciences
Anatomiques
Madame
Estelle
MACHAT
-‐
Prévention,
Epidémiologie
Monsieur
Paul
PIONCHON
-‐
Sciences
Anatomiques
Monsieur
Dominique
ROUX
-‐
Odontologie
Conservatrice,
Endodontie
Professeur
des
Universités
Monsieur
Alain
ARTOLA
-‐
Neurosciences
Maîtres
de
Conférences
des
Universités
Mademoiselle
Lénaïc
MONCONDUIT
-‐
Neurosciences
Professeur
Certifié
:
Mademoiselle
Gaëlle
DUCOS
-‐
Anglais
Maître
de
Conférences
des
Universités
Associés
:
Monsieur
Pierre-‐Yves
WEILBACHER
-‐
Sciences
de
Gestion
Madame
Anne
DEPREUX
-‐
Informatique
et
Pédagogie
Monsieur
Jean-‐Yves
DUBOIS
-‐
Sciences
Biologiques
REMERCIEMENTS
A Monsieur le Professeur Laurent DEVOIZE,
Je vous remercie pour l’honneur que vous me faites en présidant le jury de cette thèse.
Veuillez trouver ici l’expression de ma profonde estime et de ma sincère admiration.
A Raphaël BEAU,
Ces quelques mois passés dans ton cabinet ont été des plus enrichissants. Merci pour tout
ce que tu as fait pour moi, pour tout ce que tu m’as appris… Merci aussi pour ta générosité,
ta sympathie, ta patience et ta bienveillance à mon égard. Ce fut un réel plaisir de travailler à
tes côtés.
4
A mes parents,
Pour votre amour inconditionnel, votre confiance, votre écoute et votre soutien tout au long
de mes études… Merci à tous les deux d’avoir été des parents aussi bienveillants, tolérants
et présents…! Je vous aime infiniment.
A Mathieu,
Mon deuxième frère… Merci pour ta bonne humeur, présence et drôlerie en toutes
circonstances !
A ma famille,
Pour votre amour et votre soutien, je vous remercie d’avoir été là toutes ces années durant.
A Audrey,
Ma sœur de cœur. Nous avons tout partagé ensemble, que ce soit les périodes de doutes,
les petites peines mais aussi et surtout nos grands bonheurs… Tu es mon alliée depuis les
années lycée et je ne te remercierai jamais assez d’être toujours là, tellement bienveillante à
mon égard. Tu as bouleversé ma vie… L’amour que je te porte est sans limite.
A Bérangère,
Mon amie de toujours, tu es une des plus belles rencontres de ma vie… Je te remercie
infiniment pour ta fidélité, ton soutien et ton amour… Et je te serais à jamais reconnaissante
d’avoir fait de moi la plus comblée des tatas, la plus heureuse des marraines. Je vous aime
tant Sienna et toi. Mes rayons de soleil niçois.
A Sophie,
Mon compagnon de vie, mon binôme et mon inséparable depuis notre premier jour de
rentrée Clermontoise. Tu as été mon équilibre toutes ses années durant, ma confidente et
ma plus fidèle complice. Merci d’avoir rendu ma vie plus douce, plus sereine et plus facile.
Merci de m’avoir fait grandir. Tu es la famille que j’ai choisie et je te porte un amour infini.
5
A Pauline,
Parce que rien n’aurait été possible sans toi. MERCI mon dragon ! D’avoir été mon premier
soutien, présente et disponible en toutes circonstances… Pour ton aide précieuse, ta
bienveillance et ton immense générosité… Je te dois beaucoup et je n’oublierais jamais tout
ce que tu as fait pour moi. Je t’admire énormément.
A Cyrielle et Garance,
En souvenirs de toutes ces années partagées et de notre complicité qui demeure encore
intacte… Les moments passés ensemble sont rares mais ils me sont très précieux. Merci à
vous d’être toujours présentes.
Camille, c’est avec toi que j’ai partagé mes premiers pas au centre de soins et je n’oublierai
jamais tout ce que nous avons vécu ensemble : nos fous-rires, nos doutes, nos galères, nos
moments difficiles, nos révisions, nos soirées, nos après-midis à refaire le monde, nos lubies
licornesques… Tu es tellement précieuse à mes yeux, je sais que l’avenir ne fera que
consolider l’amitié qui nous unie.
Kekette, mon petit marin préféré, la plus attachiante de mes amies… Merci du fond du cœur
pour ton soutien et tes drôleries en tout genre. Je n’oublierais jamais ton amitié si fidèle et
bienveillante. Et vive la Touraine ! (Ca c’est cadeau…).
Pepito, jordi et PAC, en souvenirs de ces franches parties de rigolades et soirées aussi
folles et improbables les unes que les autres. Merci à tous les trois d’avoir rendu ces années
si drôles…
6
A tous ceux qui ont participés de près ou de loin à toutes ces belles années de partage et de
rires… Edo, Awel, Sacco (the best binomial ever), Baba, Max, Sousou, Hélène, Guillaume
et les autres…
Mention spéciale pour Julie, mon grand coup de cœur. Tu es unique… Vive le CrossFit !
7
Table des matières
INTRODUCTION .................................................................................................................................. 10
PARTIE 1 : Conséquences des thérapeutiques antinéoplasiques sur la sphère
orale chez l’enfant de moins de 15 ans ................................................................. 11
1.1 Conséquences à court terme ................................................................................. 11
1.1.1 Les mucites ......................................................................................................... 11
1.1.2 Les pathologies infectieuses ............................................................................... 12
1.1.2.1 Les infections bactériennes ....................................................................................... 12
1.1.2.2 Les infections virales ................................................................................................. 13
1.1.2.2.1 Famille des Herpesviridae .................................................................................. 13
1.1.2.2.2 Autres virus ........................................................................................................ 15
1.1.2.3 Les infections fongiques ............................................................................................ 15
1.1.3 Les pathologies vasculaires ................................................................................ 17
1.2 Conséquences à long terme .................................................................................. 17
1.2.1 Développement et maturation des tissus dentaires ............................................ 17
1.2.2 Les pathologies salivaires ................................................................................... 18
1.2.3 La pathologie carieuse ........................................................................................ 20
1.2.4 Les pathologies musculaires et articulaires ........................................................ 21
1.2.5 Les pathologies osseuses ................................................................................... 22
1.2.6 Croissance cranio-faciale .................................................................................... 23
PARTIE 2 : Prise en charge bucco-dentaire actuelle des enfants hospitalisés en
oncologie pédiatrique au C.H.U de Dijon .............................................................. 25
PARTIE 3 : Proposition d’un protocole de prise en charge bucco-dentaire ..... 26
3.1 Matériel et méthode................................................................................................. 26
3.2 Prise en charge avant le début du traitement antinéoplasique .......................... 27
3.2.1 Evaluation initiale ................................................................................................ 27
3.2.1.1 Antécédents médicaux et dentaires .......................................................................... 27
3.2.1.2 Examen clinique dentaire .......................................................................................... 28
3.2.1.3 Bilans radiologiques .................................................................................................. 29
3.2.2 Statut hématologique .......................................................................................... 30
3.2.3 Soins ................................................................................................................... 32
3.2.3.1 Soins dentaires non chirurgicaux .............................................................................. 33
3.2.3.1.1 Soins conservateurs ........................................................................................... 33
3.2.3.1.2 Soins endodontiques .......................................................................................... 33
3.2.3.2 Soins chirurgicaux ..................................................................................................... 34
3.2.3.3 Soins parodontaux .................................................................................................... 36
3.2.3.4 Orthodontie ............................................................................................................... 37
3.2.4 Prévention ........................................................................................................... 38
3.2.4.1 Hygiène bucco-dentaire ............................................................................................ 38
3.2.4.2 Nutrition ..................................................................................................................... 39
3.2.4.3 Fluor .......................................................................................................................... 40
3.3 Prise en charge pendant le traitement antinéoplasique ...................................... 41
3.3.1 Hygiène bucco-dentaire ...................................................................................... 41
3.3.2 Soins dentaires ................................................................................................... 42
3.3.3 Gestion des complications bucco-dentaires des traitements antinéoplasiques .. 44
3.3.3.1 Mucites ...................................................................................................................... 44
3.3.3.2 Infections des muqueuses orales .............................................................................. 45
3.3.3.2.1 Infections bactériennes ...................................................................................... 45
3.3.3.2.2 Infections virales ................................................................................................ 45
3.3.3.2.3 Infections fongiques ........................................................................................... 46
3.3.3.3 Saignements oraux ................................................................................................... 48
3.3.3.4 Xérostomie ................................................................................................................ 49
3.3.3.5 Trismus...................................................................................................................... 50
8
3.4 Prise en charge après le traitement antinéoplasique .......................................... 51
3.4.1 La prophylaxie ..................................................................................................... 51
3.4.2 Le suivi bucco-dentaire ....................................................................................... 52
3.4.3 Les actes dentaires ............................................................................................. 53
3.4.4 Le suivi des séquelles ......................................................................................... 53
3.5 Résumé du protocole.............................................................................................. 54
CONCLUSION ...................................................................................................................................... 58
ANNEXES ............................................................................................................................................ 59
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................. 68
9
INTRODUCTION
En France, environ 1700 nouveaux cas de cancer sont recensés chaque année, touchant un
enfant de moins de 15 ans sur 500. Bien que son incidence se soit stabilisée au cours de
ces dernières décennies et que son taux de guérison soit passé en trente ans de 25% à 80%
(grâce notamment à la précocité actuelle du diagnostic et de la prise en charge), le cancer
s’impose comme principale cause de décès chez ces enfants. [1]
Trois thérapeutiques sont utilisées chez l’enfant: la chimiothérapie cytotoxique, la
radiothérapie (aussi bien corporelle totale que localisée) ainsi que la transplantation de
moelle osseuse (qui associe dans le conditionnement une radiothérapie et une
chimiothérapie cytotoxique). La toxicité de ces agents antinéoplasiques à court et à long-
terme sur la sphère orale est reconnue, altérant la qualité de vie et le confort de l’enfant
durant le traitement. C’est pourquoi, il est nécessaire, pour l'équipe soignante, de prendre en
compte la santé orale.
La prise en charge des enfants hospitalisés en oncologie pédiatrique implique une équipe
pluridisciplinaire, parmi lesquels, le chirurgien-dentiste doit avoir un rôle important. Il doit en
effet, prévenir, traiter et stabiliser les complications orales des thérapeutiques
antinéoplasiques. Ceci implique la bonne compréhension des étiologies et facteurs de
risques, pouvant altérer la santé orale au cours de ces traitements.
A l’heure actuelle, il n’existe que peu de protocoles de prise en charge de la santé orale de
l’enfant atteint d’un cancer, hospitalisé en oncologie pédiatrique. Le Centre Hospitalo-
Universitaire de Dijon ne présente pas de protocole clair concernant cette prise en charge.
L’objet de cette thèse est, après une brève revue des complications connues, de proposer
un protocole qui guidera la prise en charge des enfants hospitalisés en oncologie
pédiatrique. Ce protocole se décomposera en trois phases: pré-thérapeutique, pendant la
thérapeutique et post-thérapeutique. La prise en charge étant à adapter en fonction de ces
différentes phases.
10
PARTIE 1 : Conséquences des thérapeutiques antinéoplasiques sur la
sphère orale chez l’enfant de moins de 15 ans
[Annexe 1]
Un poster résumé de ces conséquences est disponible :
- sur : https://drive.google.com/drive/folders/0B6k6aY_UQdtFMk9kMGZkTllQV1E
- en téléchargeant l’application Unitag gratuite et en scannant le QR code ci-dessous
1.1 Conséquences à court terme
1.1.1 Les mucites
[2][3][4][5][6][7][8][9][10]
11
En 1979, l’OMS les a caractérisées selon quatre grades de sévérité :
Par définition, l’infection désigne l’invasion d’un organisme vivant par des micro-
organismes pathogènes pouvant être de nature fungique, bactérienne ou virale.
L’incidence des infections est augmentée chez les patients immuno-déprimés traités
par thérapeutiques antinéoplasiques, elles sont une cause majeure de morbidité et de
mortalité. Il est donc important d’exécuter un examen clinique oral minutieux afin de détecter
toute source d’infection potentielle ou tout foyer infectieux avéré chronique ou aigu. La
recherche de foyers infectieux bucco-dentaires ne doit pas se limiter aux lésions muqueuses,
elle doit inclure également l’identification des lésions infectieuses parodontales et dentaires.
Bien que les infections bactériennes puissent être d’origine dentaire ou situées à la
surface de la muqueuse buccale, ce sont tout de même les tissus gingivaux qui sont le site le
plus fréquemment touché. En l’absence de traitements, l’infection bactérienne locale peut
devenir systémique et être responsable d’épisodes fébriles aux conséquences gravissimes,
d’autant plus que les thérapeutiques antinéoplasiques sont responsables d’une
immunodépression. Afin de maximiser l’efficacité de l’antibiothérapie, l’identification des
germes par des tests bactériens est souvent pratiquée.
12
Les agents infectieux en cause sont multiples : [4]
-‐ Les germes Gram – (comme le Pseudomonas aeruginosa) se développent surtout
pendant les aplasies et provoquent des abcès et des nécroses muqueuses et
osseuses. Leur développement est gravissime s’il n’est pas contrôlé par une
antibiothérapie spécifique.
-‐ Les germes Gram + (comme les Streptococcus mutans et Staphylococcus aureus qui
sont les bactéries les plus largement retrouvées) provoquent des lésions
polymorphes souvent surinfectées par du Candida sp. ou des virus appartenant à la
famille des Herpesviridae.
Les virus de la famille des Herpesviridae (HHV : Human Herpes Virus) sont les plus
fréquemment retrouvés chez les patients traités par thérapeutiques antinéoplasiques. On
estime que 15 à 50% des malades traités par chimiothérapie cytotoxique sont atteints d’une
infection virale provoquée par un de ces virus. Parmi eux, les virus HHV-1 (HSV-1 ou Herpes
Simplex Virus 1), HHV-3 (VZV : Virus de la Varicelle et du Zona), HHV-4 (EBV : Epstein-Barr
Virus), HHV-5 (CMV : Cytomegalovirus) sont les plus majoritairement retrouvés dans la
sphère orale, le plus fréquent d’entre eux étant le HHV-1. Etant donné la faible fréquence de
HHV-4 et HHV-5, et le peu de manifestations orales visibles, ils ne seront pas abordés.
La primo-infection qui est asymptomatique dans 90% des cas, peut être responsable
d’une gingivo-stomatite herpétique dans les 10% restants.
Les signes cliniques sont dominés par :
o Douleurs
o Dysphagie
o Hyper-sialorrhée
o Fièvre
o Adénopathies cervicales
o La présence de lésions muqueuses caractéristiques: ulcérations post-
vésiculeuses, confluentes, polycycliques principalement localisées sur le
palais, les gencives, la langue, la face interne des joues et l’oropharynx.
13
Suite à la primo-infection, l’enfant peut présenter des récurrences. Lors de ces dernières,
les lésions seront moindres et plus localisées, la fièvre sera absente, et les douleurs seront
atténuées en comparaison avec la primo-infection. L’apparition des lésions muqueuses ou
cutanées sera précédée d’une phase de prodromes caractérisée par des brûlures ou prurit.
En l’absence de traitement, ces récurrences pourront diffuser et être responsables
d’atteintes oculaires, cérébrales, pulmonaires ou digestives.
14
Illustration 2 - Erosions post-vésiculeuses au
cours d'une varicelle [11]
1.1.2.2.2 Autres virus
D’autres virus présentant des signes endo-buccaux, peuvent être plus fréquemment
retrouvés chez les patients immuno-déprimés en comparaison avec un sujet sain. Ils restent
cependant beaucoup moins fréquents que ceux de la famille des Herpesviridae.
Ø Le virus Coxsackie A16, (syndrome Pieds-mains-bouche) :
éruption de papules puis vésicules laissant place ensuite à des ulcérations siégeant
essentiellement sur la langue, le palais, les lèvres et la muqueuse jugale. Des lésions
similaires cutanées sont retrouvées sur les pieds et les mains.
Chez les patients neutropéniques ce sont les espèces du genre Candida albicans qui
sont majoritairement responsables du plus grand nombre d'infections fongiques, plus
communément appelées candidoses oro-pharyngées.
15
Les candidoses ont trois grandes formes cliniques :
16
1.1.3 Les pathologies vasculaires
[2][4][5][7][8][9][10][20]
Les hémorragies buccales peuvent être dues à la pathologie cancéreuse (ex: cancers
hématologiques) en elle-même, mais peuvent également être la conséquence d’une
thérapeutique antinéoplasique de type chimiothérapie cytotoxique.
La fréquence et l’intensité des hémorragies buccales sont influencées par le niveau
d’hygiène bucco-dentaire souvent compromis par les mucites douloureuses. Un défaut
d’hygiène engendre une accumulation de plaque, entretenant l’inflammation gingivale,
augmentant ainsi le risque hémorragique. De plus, la fréquence et l’intensité des
hémorragies buccales sont aussi augmentées par la thrombopénie. Elles pourront
notamment être spontanées lorsque la numération plaquettaire est inférieure à 50 000/mm3
17
Les principaux facteurs influençant la sévérité des anomalies de développement et de
maturation sont :
Ø le stade de développement dentaire (plus les dents sont immatures plus les
anomalies seront importantes)
Ø dans le cas d’une chimiothérapie :
o les types de molécules utilisées
o la durée du traitement
Ø dans le cas d’une radiothérapie :
o le champ d’irradiation
o la dose de rayonnement émise (des malformations dentaires ont été
rapportées même avec des doses aussi faible que 4 Gy).
18
Nous parlons de xérostomie dès lors que le flux salivaire est diminué de 25% de sa
valeur initiale. [22] En l’absence de stimulation, la valeur moyenne du flux salivaire est de 0,3
ml/min (il peut être multiplié par dix après une stimulation). [23]
La xérostomie ne se manifeste pas uniquement par une diminution du flux salivaire, elle
se caractérise également par des altérations salivaires qualitatives :
- Epaisseur augmentée
- Viscosité augmentée
- pH diminué (altération du pouvoir tampon salivaire qui neutralisait les acides)
- Altération de la composition salivaire (ex : diminution du taux d’immunoglobulines A
sécrétoires qui ont un rôle important dans le système immunitaire)
Les conséquences d’une xérostomie chronique seront essentiellement dominées par une
augmentation de l’incidence et/ou de l’intensité : [22]
- des lésions carieuses notamment cervicales ou « caries post-radiques »
- des pathologies parodontales
- des infections candidosiques
La xérostomie peut aussi bien être aiguë (dans les 3 mois suivant la radiothérapie) que
tardive, ainsi que temporaire ou chronique. [22] Elle sera transitoire et d’intensité moindre
dans le cadre d’une chimiothérapie cytotoxique, alors qu’elle sera plus chronique et
d’intensité plus forte lors d’une radiothérapie. Ainsi, seul l’impact de la radiothérapie sur les
glandes salivaires sera traité.
Les premières altérations du flux salivaire peuvent être observées dès la première
semaine suivant la première séance de radiothérapie. Elles ont lieu essentiellement lorsque
la dose de rayons ionisants distribuée est ≥
15 Gy. La diminution du flux salivaire peut
atteindre 90%. [22]
19
Les critères d’évaluation du degré de sévérité de la xérostomie sont les suivants : [22]
Ainsi, l’état physique et psychique des patients est altéré, l’impact sur la qualité de vie est
conséquent et des difficultés concernant l’élocution, la mastication et la déglutition sont
nettement présentes. [24]
Chez les jeunes patients atteints de cancer, des compléments nutritionnels riches en
carbohydrates , tel que le saccharose, peuvent être prescrits pour limiter l’amaigrissement et
l’affaiblissement du patient pendant les thérapeutiques antinéoplasiques. Ils seront
20
fréquemment combinés à des traitements médicamenteux riches en carbohydrates (comme
le Nystatine© par exemple). [10] Une forte consommation de carbohydrates a été identifiée
comme un facteur de risque de la pathologie carieuse. On peut donc fréquemment constater
une augmentation de l’incidence de la pathologie carieuse lors des thérapeutiques
antinéoplasiques.
Par ailleurs, il a été démontré que les enfants traités par chimiothérapie cytotoxiques
et radiothérapie présentaient dans leur salive un plus grand nombre de bactéries de type
Streptococcus mutans et Lactobacillus acidophilus que les enfants sains. Ces bactéries
tiennent un rôle important dans la formation des caries dentaires. En effet, en métabolisant
les glucides contenus dans les aliments, elles produisent alors des acides responsables de
la déminéralisation des tissus dentaires et donc des lésions carieuses. [25]
De plus, c’est dans la plaque dentaire que se trouvent les Streptococcus mutans et les
Lactobacillus acidophilus ; or, chez les enfants atteints de cancer l’indice de plaque est
supérieur à celui des enfants sains car l’hygiène bucco-dentaire se dégrade lors des
thérapeutiques antinéoplasiques en raison des mucites douloureuses, du trismus et de
l’inflammation gingivale entretenue par la plaque. Un maintien de l’hygiène bucco-dentaire à
un niveau satisfaisant est donc compromis, favorisant d’autant plus l’accumulation de plaque
et de tartre et donc l’élévation du risque carieux.
21
Les facteurs influençant le trismus sont les suivants : [10]
-‐ l'étendue de l'invasion tumorale
-‐ les interventions chirurgicales (favorisant l’apparition de brides cicatricielles)
-‐ la dose et le champ du rayonnement
-‐ le nombre de séances de radiothérapie
Un trismus sévère peut être responsable de véritables altérations des fonctions orales,
de l’impossibilité de réaliser une bonne hygiène bucco-dentaire ainsi que des soins
dentaires.
Selon Berkowitz et al [7], l’ostéo radionécrose est une des complications majeures de
la radiothérapie, mais son apparition est très rare chez l’enfant. Il n’y a pas encore eu de cas
rapportés et d’articles publiés concernant les sujets jeunes.
Ces trois altérations du tissu osseux vont mener à une fragilisation de l’os qui sera ainsi
plus susceptible de développer une nécrose.
Les critères de diagnostic de l’ostéo radionécrose (ORN) sont les suivants : [21]
-‐ la présence d’une ou plusieurs ulcérations au niveau du procès alvéolaire, avec ou
sans exposition de l’os maxillaire ou mandibulaire
-‐ l’os exposé présente un aspect nécrotique
-‐ la présence d’une ulcération après une avulsion dentaire ou spontanée
-‐ l’absence de guérison sur une période d’au moins 6 semaines
22
Les ORN sont principalement observées à la mandibule qui est uniquement vascularisée
par l’artère alvéolaire inférieure (hormis dans la région mentonnière, par l’artère sous-
mentale) contrairement au maxillaire qui a une vascularisation plus dense et anastomosée.
La plupart du temps, l’ORN post-radiothérapeutique survient tardivement, au moins 10 mois
après la fin de la thérapeutique, et peut se déclencher soit à la suite d’une avulsion dentaire
soit spontanément. [28]
La croissance de la mandibule est plus sensible aux radiations ionisantes que celle du
maxillaire. En effet, les rayons vont directement atteindre le cartilage condylien qui
déterminera la hauteur de la branche montante. Au maxillaire, on retiendra surtout une
atteinte des sutures.
23
isolement social et un repli sur soi par exemple, d’autant que les corrections de ces
séquelles ne seront envisagées qu’à l’âge adulte.
24
PARTIE 2 : Prise en charge bucco-dentaire actuelle des enfants
hospitalisés en oncologie pédiatrique au C.H.U de Dijon
Au Centre Hospitalo-Universitaire François Mitterrand de Dijon, il n’existe à l’heure
actuelle aucun protocole clairement établi concernant la prise en charge bucco-dentaire des
enfants atteints de cancers. Les enfants sont sporadiquement convoqués à une consultation
dentaire au service d’odontologie avant l’initiation de la thérapeutique choisie.
Cette consultation est réalisée par des externes de TCC (Troisième Cycle court =
6ème année), souvent peu informés sur la prise en charge spécifique d’enfants atteints de
cancers, sous la supervision d’un interne de chirurgie orale ou médecine bucco-dentaire.
L’objectif de cette consultation est de réaliser une recherche de foyers infectieux bucco-
dentaires par un examen clinique muqueux et dentaire ainsi qu’un examen radiologique par
cliché panoramique. Le compte-rendu de cette consultation est ensuite enregistré dans le
logiciel « DxCare » utilisé par le CHU de Dijon pour répertorier les dossiers médicaux, afin
de faciliter la communication inter-services.
La consultation s’effectue fréquemment peu de temps avant l’initiation de la thérapeutique
antinéoplasique, ne permettant pas ainsi de réaliser les soins nécessaires dans les délais
imposés par les recommandations de bonnes pratiques (exemple: les extractions dentaires
doivent être faites à J-15). Le plan de traitement établi en fonction de l’examen clinique et
radiologique, ne peut parfois être réalisé dans sa totalité; cependant, dans la majorité des
cas, les soins nécessaires sont peu nombreux. Les soins sont réalisés par des internes ou
des externes du service d’odontologie, des explications sur les risques bucco-dentaires liés
aux différents types de traitements antinéoplasiques sont données au patient. Une éducation
et motivation à l’hygiène bucco-dentaire sont dispensées à la fois à l’enfant et à ses parents.
25
PARTIE 3 : Proposition d’un protocole de prise en charge bucco-
dentaire
3.1 Matériel et méthode
L’objectif de ce travail est d’établir une proposition de protocole de prise en charge
bucco-dentaire des enfants de moins de 15 ans, atteints d’un cancer, traités au CHU de
Dijon.
Afin de rédiger ce protocole, une recherche bibliographique a été réalisée sur la base
de données PubMed ainsi que dans la base de données SUDOC. Cette recherche a
débutée en Décembre 2015 pour se terminer en Septembre 2016.
L’équation de recherche bibliographique sur la base de donnée PubMed associe les termes
MeSH suivants :
- child
- neoplasms
- oral health
Le terme MeSH « Disease Management », qui inclut la prise en charge des répercussions
d’une maladie ou d’un traitement, na pas été utilisé. En effet, utilisé en association avec les
précédents termes, il n’a pas permis d’aboutir à une recherche fructueuse.
Pour élaborer le protocole, ont été inclus les articles respectant les critères suivants :
- publication après 1990
- rédaction en français ou en anglais
- études de type descriptive relatant de la santé orale des enfants hospitalisés en
oncologie pédiatrique
- protocoles de prise en charge
26
- rédaction en une autre langue que français ou anglais
- études analytiques
- lettres à l’éditeur, opinions
Certains articles ont pu être inclus en utilisant les suggestions de la rubrique « articles
similaires » de la base de données PubMed ou à la lecture de la bibliographie des études
retenues. De plus, au vue de la vaste étendue du sujet abordé, d’autres recherches sur la
base de donnée PubMed ont été réalisés sur des sujets plus précis tels que la xérostomie
(MeSH = Xerostomia), les traitements orthodontiques (MeSH = Orthodontic treatment) ou les
mucites (MeSH = Mucositis).
Afin d’adapter les différentes idées des protocoles lus aux recommandations françaises, le
moteur de recherche Google a été utilisé. Il a notamment été utilisé pour chercher les
dernières recommandations de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des
produits de santé (ANSM) anciennement l’Agence française de sécurité sanitaire des
produits de santé (AFFSAPS), la Haute Autorité de Santé (HAS), l’Institut National de
Recherche et de Sécurité (INRS), la Société française de chirurgie orale (SFCO)…
3.2 Prise en charge avant le début du traitement antinéoplasique
3.2.1 Evaluation initiale
3.2.1.1 Antécédents médicaux et dentaires
Dans un premier temps, le chirurgien-dentiste doit être informé de l’état médical général
de l’enfant : [33]
-‐ ses antécédents médicaux (l’histoire de sa maladie, la date de son diagnostic, le
traitement proposé)
-‐ l’existence d’autres pathologies éventuelles
-‐ ses allergies
-‐ son traitement actuel
-‐ ses précédentes hospitalisations ou opérations
-‐ son statut hématologique
27
3.2.1.2 Examen clinique dentaire
[10][11][27][34]
L’expérience hospitalière peut influencer l’attitude des enfants envers les soins
bucco-dentaires.
En effet, ces jeunes patients, souvent anxieux ou angoissés, sont quotidiennement en
relation avec des « blouses blanches » et peuvent les associer à la douleur, l’inconfort
physique.
Les enfants ressentent les mêmes sentiments, et la même anxiété, aussi bien pendant les
interventions dentaires que lors de leurs traitements antinéoplasiques, à savoir la
chimiothérapie et la radiothérapie. [34]
1) Examen exo-buccal
A la recherche de fistules cutanées, tuméfactions cervico-faciales et adénopathies
cervico-faciales (localisation, nombre, taille, consistance, adhérence par rapport au plan
fixe, caractère inflammatoire)
28
2) Examen endo-buccal muqueux
A la recherche d’ulcérations, lésions, tuméfactions et plaies afin d’objectiver la qualité des
muqueuses. (Ne pas oublier d’examiner les bords latéraux de la langue, le plancher de la
bouche, le vestibule et le palais)
3) Examen endo-buccal dentaire
Objectiver l’état de la denture, la vitalité pulpaire et l’hygiène bucco-dentaire
4) Examen endo-buccal parodontal
Etat des gencives et de l’os alvéolaire (recherche de poches parodontales et de mobilités
dentaires).
Ils ont pour but de rechercher ou de vérifier l’existence d’une pathologie évidente ou
supposée lors de l’examen clinique. Ils permettent de préciser l’étendue et le type de lésion :
-‐ caries dentaires
-‐ lésions apicales
-‐ apex ou racines résiduels
-‐ dents incluses
-‐ corps étrangers
29
-‐ des parodontopathies
-‐ la présence de soins antérieurs non visibles cliniquement (traitements
endodontiques)
Elle pourra être complétée par des clichés endo-buccaux ( ex : rétro-alévolaires ou rétro-
coronaires), plus précis, afin d’objectiver l’intégrité :
-‐ du parodonte (lamina dura, épaisseur ligamentaire, alvéolyse)
-‐ de la racine
-‐ de la qualité de l’obturation canalaire et la présence de lésions apicales
-‐ de la qualité et de l’étanchéité des restaurations coronaires prothétiques
Quelque soit le protocole de soin prévu, il est impératif de demander aux parents un
bilan hématologique récent de leur enfant indiquant les données de la numération
formule sanguine (NFS) et des plaquettes.
3 3
Polynucléaires neutrophiles ou Entre 2000 et 6000/mm Si < 1500/mm
granulocytes à Neutropénie
Plaquettes sanguines Entre 200 et 400 000 plaquettes/mL Si < 150 000 plaquettes/mL
à Thrombopénie
30
3
PNN > 2000/mm Antibioprophylaxie non nécessaire
3
Plaquettes sanguines > 75 000/mm Le praticien doit anticiper d’éventuels saignements prolongés
en prévoyant sutures et agents hémostatiques (collagène et
colles biologiques).
31
3.2.3 Soins
[4][10][20][33][35]
Tableau 7 - Recommandations pour les actes invasifs et non invasifs (AFSSAPS, 2011)
Situation Antibiotique Prise unique dans l’heure qui
précède l’intervention
Sans allergie aux pénicillines Amoxicilline 50 mg/kg par voie orale ou intra-
veineuse
En cas d’allergie aux pénicillines Clindamycine 20 mg/kg par voie orale ou intra-
veineuse
32
3.2.3.1 Soins dentaires non chirurgicaux
[4][7][10][33][36]
Les soins dentaires devront être effectués selon l’ordre de priorité suivante :
1) Suppression des foyers infectieux aigus et chroniques
2) Réalisation des soins concernant les dents à fort potentiel infectieux, soit les
caries-juxta-pulpaires et les dents fortement délabrées.
Malgré le taux de réussite élevé des traitements radiculaires, le risque d’un échec du
traitement avec l’apparition d’une lésion apicale ne peut être totalement exclu. Ainsi, les
soins endodontiques ne seront pratiqués que dans de rares indications, les avulsions
33
dentaires seront donc plus fréquemment réalisées que ce soit sur dent permanente ou
temporaire.
Les pulpectomies partielles ou totales des dents définitives pourront cependant être
réalisées si les conditions suivantes sont réunies : [20]
-‐ Dent avec pulpe nécrosée, symptomatique, sans signe radiologique :
o en une seule séance
o sous digue
o au moins une semaine avant le début de la thérapeutique antinéoplasique
-‐ Dent présentant une nécrose asymptomatique cliniquement et radiologiquement dite
« aseptique »
o la pulpectomie peut être retardée jusqu’à ce que l’état hématologique du
patient soit stable
Par ailleurs, bien qu’à ce jour, il n’y ait pas d’études portant sur les pulpotomies des
dents temporaires et définitives avant le début des thérapeutiques antinéoplasiques, elles
sont tout de même déconseillées par la plupart des praticiens qui s’accordent à favoriser les
avulsions. [20]
De plus, les dents de laits mobiles ou présentant des caries très délabrantes seront
également avulsées.
34
Actes à risque hémorragique modéré Actes à haut risque hémorragique
-‐ avulsion en un secteur localisé -‐ avulsion de plus de 3 dents
-‐ détartrage sous-gingival -‐ chirurgie parodontale ou mucogingivale
-‐ surfaçage -‐ énucléation kystique et chirurgie apicale
-‐ désinclusion avec traction chirurgico-orthodontique
-‐ avulsion de dents temporaires
-‐ avulsion de dents au parodonte amoindri
-‐ avulsion de dents incluses
-‐ biopsie
3 3
Une numération plaquettaire de 50 000 mm est conseillée Une numération plaquettaire de 100 000 mm est conseillée
Les dents présentant une indication d’avulsion sont les suivantes : [20]
-‐ les dents non restaurables
-‐ les racines résiduelles
-‐ les dents symptomatiques
-‐ les dents présentant un foyer infectieux aigu
-‐ les dents présentant une perte d’os significative
-‐ les dents présentant une poche parodontale supérieure à 6mm
-‐ les dents présentant une atteinte sévère de la furcation (classe II et III de la
classification de Hamp et al) [Annexe 3]
-‐ les dents temporaires mobiles
Une attention particulière doit être accordée à l'avulsion des dents lorsque le traitement
nécessite l’utilisation de biphosphonates ou lorsque les enfants reçoivent une radiothérapie
cervico-faciale en raison du risque d’ostéoradionécrose. Ce risque varie en fonction du type
de thérapeutique antinéoplasique utilisé. Il est maximal avec la radiothérapie et varie en
fonction du dosage, du champ d’irradiation et du nombre de séances. Il est moins important
lorsqu’une chimiothérapie cytotoxique est appliquée et varie en fonction des molécules
utilisées, de la durée et de la fréquence des séances de traitement.
Les avulsions seront réalisées au moins 10 jours avant le traitement du cancer afin de
permettre une cicatrisation de la muqueuse. Toutefois, il arrive fréquemment que ce délai
soit raccourci pour des raisons d’urgence. [20] En milieu hospitalier, il est fréquent d’avulser
des dents ayant provoqué une infection avec un délai de cicatrisation très court sous
antibiothérapie intensive. Dans tous les cas, une visite de contrôle est préconisée les jours
suivant l’avulsion pour s’assurer qu’il n’y ait pas de complications postopératoires,
notamment infectieuses et hémorragiques.
35
Les interventions chirurgicales seront atraumatiques, aucun rebord osseux
potentiellement traumatique ne doit être laissé en place. Les épines osseuses irritatives
seront donc éliminées et les sites opératoires seront refermés par des sutures étanches
berges à berges.
Le chirurgien-dentiste doit être prêt à fournir des mesures locales visant à contrôler les
hémorragies prolongées notamment en cas de thrombopénie intense ou d’altération majeure
des facteurs de la coagulation.
Les conseils post-opératoires suivants seront donnés au patient afin de limiter l’incidence
des complications infectieuses et hémorragiques :
- alimentation molle voire mixée et tiède pendant 3 jours
- réduction des activités physiques
- prescription d’acide tranexamique si nécessaire qui sera utilisé pour les
compressions ou bains de bouche passifs pendant 48h
- ne pas toucher le site opératoire (ni avec la langue ni avec les mains)
La première séance débutera par un détartrage s’il est nécessaire, puis se terminera par
l’éradication ou la correction des facteurs de risque des pathologies parodontales qui sont :
- les obturations débordantes
- les obturations défectueuses
- les dents temporaires mobiles
36
- les caries dentaires
- les atteintes de la furcation sévères (classe II et III de la classification de Hamp et al)
Par ailleurs, il est fréquent que l’éruption des molaires soit responsable de péri-
coronarite. Une surveillance accrue de l’éruption des molaires permanentes est donc
nécessaire. Le tissu gingival sus-jacent pouvant être source d’infections (accumulation de
plaque) devra être excisé si nécessaire. [20]
3.2.3.4 Orthodontie
[4][10][20][21]
Dans le cas où le retrait de l’appareil n’est pas possible ou n’est pas nécessaire, un
protège-dent en vinyle ou de la cire orthodontique seront préconisés pour diminuer le
traumatisme tissulaire.
37
3.2.4 Prévention
3.2.4.1 Hygiène bucco-dentaire
[4][10][20][27][38][39]
Il est conseillé d’effectuer un brossage 3 fois par jour avec une brosse à dents souple
voire de type post-chirurgicale lors des mucites. Un dentifrice fluoré sera choisi, le dosage en
fluor sera fonction de l’âge et du bilan des apports fluorés quotidiens (cf Tableau 10). La
brosse à dents est à remplacer régulièrement, tous les deux à trois mois.
38
3.2.4.2 Nutrition
[8][10][21][33][40]
Etant donné l’élévation du risque carieux générée par une alimentation riche en
carbohydrates, il est nécessaire d’informer les parents et le patient sur la sur-consommation
de sucreries, dans lesquelles ce dernier peut trouver du réconfort. Cette élévation du risque
carieux est également entretenue par les prescriptions de compléments alimentaires riches
en carbohydrates fréquentes en oncologie pédiatrique et ayant pour but de limiter la perte de
poids. Ils seront notamment prescrits afin de maintenir l’enfant dans une courbe de poids
normale.
D’un point de vue diététique, l’enfant atteint de cancer est à risque carieux élevé.
Certains effets secondaires récurrents des thérapeutiques antinéoplasiques participent
activement également à l’élévation du risque carieux et à la malnutrition. On peut notamment
citer les vomissements responsables de déminéralisations des tissus dentaires. Il est ainsi
conseillé aux enfants de se rincer la bouche avec de l’eau après un épisode de vomissement
afin d’éliminer l’acidité gastrique de la bouche.
Des recommandations alimentaires doivent donc être données aux parents et à l’enfant
afin de limiter le risque carieux: [10]
- Ne pas céder à une alimentation trop cariogène
o Bonbons
o Jus de fruits
o Boissons gazeuses type soda
o Etc …
- Ne pas céder aux grignotages
- Limiter les sirops et/ou compléments alimentaires riches en carbohydrates
- Eviter les aliments irritants ou traumatisants (durs, acides et épicés)
39
- Eviter les biberons de lait, jus de fruit ou sodas nocturnes chez les plus jeunes
enfants et substituer par de l’eau
3.2.4.3 Fluor
[41]
Les fluorures :
-‐ limitent la déminéralisation
-‐ favorisent la reminéralisation
-‐ inhibent le métabolisme des bactéries cariogènes
Leur efficacité cario-protectice est obtenue grâce à des apports faibles mais réguliers de
fluorures dans la cavité buccale. Une présence continue d’ions fluorures à la surface de
l’émail est ainsi assurée.
Le contrôle des apports fluorés est indispensable mais un apport trop important (compris
entre 0,03 et 0,1 mg/kg/J) peut provoquer des perturbations dans l’amélogénèse et la
dentinogénèse.
En effet, le fluor peut être responsable d’altérations métaboliques des améloblastes et des
odontoblastes. Ces altérations peuvent provoquer l’apparition d’une fluorose, qui est donc la
conséquence d’un excès de fluor conduisant à un tissu fluorotique poreux.
Tableau 10 - Utilisation du fluor contenu dans le dentifrice chez l'enfant (AFSSAPS, 2008)
Pour les enfants à risque carieux élevé ou atteints de xérostomie, comme ceux que
l’on traite dans le service d’oncologie pédiatrique, des thérapeutiques fluorées
complémentaires pourront être prescrites si nécessaires après la réalisation d’un bilan
fluoré [Annexe 6] :
40
A partir de tout âge A partir de 6 ans A partir de 10 ans
-‐ Comprimés à faire fondre - Vernis et gels fluorés > - Dentifrices > 1500 ppm
dans la bouche ou 1500 ppm, application de fluor
gouttes. possible tous les 3 à 6
Posologie : 0,05 mg de fluor/jour mois
par kg de poids corporel, sans
dépasser 1 mg/jour tous apports - Bains de bouche fluorés
systémiques fluorés confondus. (Fluocaril Bifluoré)
Ainsi, ils devront respecter une hygiène bucco-dentaire accrue en comparaison avec
les enfants sains. Pour les plus jeunes d’entre eux, le brossage sera effectué par leurs
parents. Ils devront veiller à ce qu’il soit efficace et complet.
41
-‐ laisser sécher la brosse à l’air entre les utilisations
-‐ changer de brosse à dents fréquemment
-‐ effectuer un brossage atraumatique
NB: sur un parodonte sain, il est tout de même très rare d’observer des hémorragies spontanées lorsque la
3.
numération plaquettaire est inférieure à 20 000/mm
De plus, pendant des périodes de mucites, le dentifrice fluoré peut être remplacé par
une pâte à dentifrice non fluorée (un mélange de bicarbonate de soude et d’eau) si le patient
ne le tolère pas. Cette substitution perdurera jusqu’à ce que l’inflammation de la muqueuse
soit résolue afin d’éviter que le dentifrice cause des brûlures ou des irritations douloureuses.
[10]
Tant qu’il sera toléré, le brossage des dents devra être efficacement réalisé. Dans le cas
contraire, il conviendra là aussi de relayer le brossage par un nettoyage à l’aide de
compresses imbibées de solution bicarbonatée voire d’antiseptiques en cas de surinfection
bactérienne, virale ou fungique.
Par ailleurs, en cas de fissures labiales un produit gras à base de vaseline pourra
être appliqué sur les lèvres afin de soulager le patient.
Tous les soins dentaires prévus doivent être achevés, dans la mesure du possible,
avant l’initiation de la thérapeutique antinéoplasique. En effet, il faut s’assurer qu’aucune
pathologie dentaire ne vienne compliquer l’état de santé général du patient
Dans le cas où l’enfant aurait besoin de soins dentaires, notamment de soins invasifs,
42
il faudra prendre en compte le statut hématologique du patient au même titre que pour les
soins pré-thérapeutiques ou précédant une nouvelle cure.
Les avulsions seront effectuées au plus tard à J-3 avant le début de la nouvelle cure,
afin de permettre une cicatrisation correcte. La cicatrisation étant optimale lorsqu’un délai de
cicatrisation de 15 jours est respecté. Une antibiothérapie sera réalisée en fonction du statut
hématologique.
Par ailleurs, le praticien devra toujours anticiper des mesures visant à contrôler les
saignements prolongés.
43
3.3.3 Gestion des complications bucco-dentaires des traitements
antinéoplasiques
3.3.3.1 Mucites
[4][5][7][10][20][21][27][46]
La texture de l’alimentation devra être adaptée en fonction des douleurs, plus elles sont
fortes, plus l’enfant devra s’alimenter avec des aliments mous, mixés voir liquides. De même,
un soutien nutritionnel par voie parentérale pourra être envisagé dans le cas de mucites
graves fortement douloureuses rendant toute alimentation par voie orale impossible.
La décontamination des lésions, se fera par rinçage avec une solution saline contenant
du bicarbonate de sodium, suivi d’un bain de bouche antiseptique sans alcool et à base de
chlorhexidine. En cas d’intolérance aux produits antiseptiques, l’AFSSAPS préconise un
rinçage buccal à l’eau stérile.
Par ailleurs, il est essentiel de veiller à ce que l’enfant s’hydrate aussi souvent que
possible la cavité buccale. Le personnel soignant devra veiller à ce que le patient prenne de
petites quantités d’eau fréquemment, ainsi que des petits morceaux de glace à laisser fondre
en bouche si cela peut le soulager. Un spray de salive artificielle peut être utilisé chaque
demi-heure (ex : Artisial, syaline spray) s’il présente une xérostomie. Il lui sera aussi suggéré
44
de sucer des bonbons sans sucre ou de mâcher des chewing-gums au xylitol afin de stimuler
son flux salivaire. [27]
Selon les recommandations de l’AFSSAPS, il est admis que les anesthésiques locaux de
type xylocaïne n’ont pas encore fait l’objet d’études spécifiques quant à leur efficacité dans la
prise en charge des mucites. Ils peuvent toutefois être utilisés s’ils soulagent le patient.
Les infections localisées d’origine dentaire seront prises en charge par le chirurgien-
dentiste. Il accompagnera ses soins par des bains de bouches à base de chlorhexidine.
Il sera parfois nécessaire de réaliser des tests afin de déterminer le germe bactérien
impliqué dans le processus infectieux. L’antibiothérapie sera choisie en fonction du spectre
bactérien des différents antibiotiques et du germe visé.
Le diagnostic d’une infection virale peut être confondu avec celui de la mucite
buccale. Ainsi, pour le confirmer, un prélèvement sera réalisé par frottis de la base de la
45
lésion à l’aide d’une pointe de coton. Il sera ensuite envoyé au laboratoire qui le mettra en
culture pour isoler le virion responsable de l’infection.
Dans un second temps, le traitement de ces infections reposera sur l’instauration d’une
thérapeutique antivirale qui sera fonction de la gravité du tableau clinique :
-‐ Dans le cas d’un herpès
o Aciclovir par voie générale pendant 5 à 10 jours
-‐ Dans le cas d’un syndrome pieds-mains-bouche
o Guérison spontanée en moins de 10 jours
-‐ Dans le cas de l’herpangine
o Guérison spontanée en moins de 10 jours
-‐ Dans le cas de la varicelle ou du zona (VZV)
o Aciclovir par voie générale pendant 5 à 10 jours
46
- par voie locale et générale : antifongiques en gargarisme puis avalés
Par ailleurs, les bains de bouche antifongiques pourront également être associés à des
bains de bouche antiseptiques à base de chlorhexidine.
Les principaux traitements de la candidose orale chez l’enfant repose sur trois antifongiques
principaux (VIDAL) :
Antifongiques Posologie
NYSTATINE - suspension buvable : 10 à 40 ml par jour en
badigeonnage local 4 à 6 fois par jour pendant 14
jours
MICONAZOLE (Daktarin 2%) - gel buccal : 1 cuillère mesure 4 fois par jour, à
distance des repas, pendant 14 jours
- A préférer pour les nourrisson et les jeunes enfants
Tableau 13 - Posologie des principaux traitements de la candidose orale chez l'enfant. (VIDAL)
47
3.3.3.3 Saignements oraux
[2][7][8][10][20]
48
3.3.3.4 Xérostomie
[2][7][10][20][21][27][49]
De simples mesures diététiques seront à considérer pour les xérostomies légères afin
d’aider le patient à stimuler sa sécrétion salivaire, comme par exemple mâcher des gommes
sans sucre à base de xylitol, siroter fréquemment de l’eau et consommer des aliments peu
acides. La présence d’un humidificateur au chevet de l’enfant durant la nuit sera aussi
proposée.
La xérostomie transitoire chez l’enfant peut également être soulagée par l’utilisation
de salive artificielle sous forme de spray. L’enfant réalisera deux pulvérisations sur
l’ensemble de la muqueuse orale et de la langue à chaque demi-heure si besoin. [27] Des
substituts existent aussi sous forme de pastilles.
En cas de xérostomie chronique, une thérapeutique générale peut aussi être utilisée
pour stimuler la sécrétion salivaire. Des sialogogues, comme par exemple la pilocarpine (un
agoniste cholinergique), seront prescrits selon une posologie personnalisée afin de limiter le
risque d’effets secondaires (exemple: une transpiration accrue, un larmoiement, une
pollakiurie ou une rhinite). Ces sialogogues seront administrés par voie orale (en comprimés
ou ampoules) au cours des repas pendant au moins 8 à 12 semaines. [49]
Chez les patients présentant une xérostomie, la dysgueusie est un signe clinique
fréquent. La récupération des capacités gustatives se fera naturellement dans les mois
suivant l’arrêt du traitement. Il n’existe pas de traitement efficace mais l’augmentation de
49
l’assaisonnement des aliments, l’amélioration de l’appétence de la nourriture ainsi que
l’attrait visuel des aliments peut aider l’enfant à la récupération de son sens.
3.3.3.5 Trismus
[5][7][10][27]
50
Les objectifs de ces mesures thérapeutiques sont les suivants :
-‐ augmentation du champ de motricité mandibulaire
-‐ étirement des tissus
-‐ tonification des muscles affaiblis
-‐ mobilisation de l’articulation temporo-mandibulaire
-‐ réduction de l’inflammation de l’articulation
-‐ réduction de la douleur musculaire
A la fin des thérapeutiques antinéoplasiques suivra une longue période qui aura pour
objectifs : [21]
-‐ le maintien d’une santé bucco-dentaire optimale
-‐ l’instauration d’un suivi bucco-dentaire régulier
-‐ le suivi et la correction des séquelles induites par les traitements
3.4.1 La prophylaxie
[4][10][41][50]
Le chirurgien-dentiste devra porter une grande partie de ses efforts sur la prophylaxie
dentaire en raison de la persistance du risque carieux élevé de ces patients traités par
thérapeutiques antinéoplasiques. Les patients et leurs parents seront bien évidemment
encouragés à poursuivre une hygiène bucco-dentaire optimale et à maintenir une
alimentation non cariogène.
Le port de gouttières de fluoration, qui est contre-indiqué pour les enfants de moins
de 6 ans, devra débuter le plus précocement possible, au moins 2 fois par semaine pendant
5 à 6 min. Le dosage en fluor devra être adapté en fonction de l’âge et du bilan fluoré afin de
ne pas dépasser la dose maximale quotidienne. [4]
Du fluor per os pourra aussi être prescrit sous forme de comprimés si cela s’avère
nécessaire après évaluation du bilan fluoré de l’enfant [Annexe 6]. Dans tous les cas, le
chirurgien-dentiste devra veiller à ne pas dépasser 0,05mg/J de fluor par kg de poids
corporel, tous apports confondus, soit la dose quotidienne à risque de fluorose. Il est
strictement déconseillé de dépasser 1mg/J d’apport fluoré.
51
Il conviendra aussi d’utiliser des techniques de soins préventifs tels que les
scellements de sillons. Selon les dernières recommandations de l’HAS (2005), si la pose de
la digue est possible, un matériau de scellement à base de résine pourra être utilisé. Dans le
cas contraire, un matériau de scellement à base de verre ionomère sera plus indiqué. Dans
les deux cas, une réévaluation des soins à 3 ou 6 mois est recommandée chez les patients à
risque carieux élevé. [50]
Ces jeunes patients devront respecter un suivi fréquent et régulier par leur chirurgien-
dentiste, jusqu’à ce que tous les effets secondaires de la thérapie soient résolus ou
stabilisés. Des consultations de contrôle seront mises en place tous les trois mois au cours
de la première année suivant la fin du traitement puis tous les six mois les années suivantes.
Lors de ces consultations, les examens exo-buccal et endo-buccal devront être aussi
rigoureux qu’avant l’initiation de la thérapeutique. Il faudra plus particulièrement porter
attention aux muqueuses orales, à la palpation des aires ganglionnaires cervicales à la
recherche d’une éventuelle récidive.
52
3.4.3 Les actes dentaires
[4][33][51]
Par ailleurs, les thérapeutiques d’orthopédie dento-faciale seront réalisées selon certaines
conditions :
- utilisation de forces légères
- mettre fin à un traitement plus tôt que la normale
- choisir un choix de traitement orthodontique simple
- ne pas traiter la mâchoire inférieure
Les séquelles sont principalement liées à la radiothérapie, les plus importantes étant:
-‐ l’hyposialie
-‐ les caries post-radiothérapiques
-‐ les perturbations de la croissance maxillo-dentaire
-‐ le trismus
-‐ les nécroses osseuses
53
Le suivi à long terme comportera :
-‐ la réévaluation de l’utilisation du fluor (fluorothérapie) afin de lutter contre le
développement des caries post-radiques
-‐ la surveillance de la récupération du potentiel sécrétoire des glandes salivaires
-‐ la prescription des séances de kinésithérapie pour la prise en charge du trismus
Par ailleurs, le chirurgien-dentiste devra assurer le suivi des défauts liés au développement
dentaire, les plus fréquents sont :
-‐ les microdonties
-‐ les racines mal édifiées
-‐ le retard ou l’arrêt du développement dentaire
-‐ l’hypoplasie de l’émail
-‐ les chambres pulpaires de taille anormale
Les traitements dentaires à long terme pourront exiger une approche pluridisciplinaire,
impliquant éventuellement plusieurs chirurgiens-dentistes pour répondre au besoin de
chaque patient en rémission.
54
55
56
57
CONCLUSION
58
ANNEXES
Annexe 1
59
Annexe 2
60
Annexe 3
à L’examen exo-buccal :
Il doit chercher l’ensemble des signes cliniques susceptibles d’être associés à une infection
d’origine bucco-dentaire :
-‐ une fistule cutanée
-‐ tuméfaction cervico-faciale
-‐ les adénopathies cervico-faciales (localisation, nombre, taille, consistance,
adhérence, caractère inflammatoire)
à L’examen endo-buccal :
Il précisera :
-‐ l’état dentaire général
-‐ le nombre et la valeur des dents restantes
-‐ la présence de caries
-‐ l’existence de pertes de substance coronaire
-‐ l’existence de fêlures ou de fractures
-‐ la présence de dents en désinclusion
-‐ l’existence et la qualité des restaurations coronaires
-‐ les mobilités dentaires suivant l’indice de Mülheman
o 0 : ankylose
o 1 : mobilité physiologique perceptible entre deux doigts
o 2 : mobilité transversale visible à l’œil nu inférieure à 1mm
o 3 : mobilité transversale supérieure à 1mm
o 4 : mobilité axiale
-‐ la vitalité pulpaire (utilisation de tests électriques ou thermiques)
-‐ la modification de la teinte de la structure coronaire
-‐ la présence de douleurs à la palpation ou à la percussion
61
à L’examen du parodonte :
Il doit objectiver :
-‐ l’inflammation parodontale
-‐ l’indice de plaque de Silness et Loë
o 0 : pas de plaque
o 1 : mince film de plaque au contact de la gencive marginale visible seulement
après exploration à la sonde
o 2 : accumulation modérée de plaque au contact de la gencive marginale ; pas
de plaque dans les espaces interdentaires ; dépôts visibles à l’œil nu
o 3 : grande accumulation de plaque au contact de la gencive marginale ;
présence de plaque dans les espaces interdentaires
-‐ le sondage qui permet de mettre en évidence la profondeur de la poche et la perte
d’attache
-‐ le saignement au sondage, reflet de l’inflammation gingivale
-‐ l’indice gingival de Loë et Silness
o 0 : aucun signe d’inflammation
o 1 : modification de couleur
o 2 : infllammation visible à l’œil nu et tendance au saignement au passage de
la sonde
o 3 : inflammation importante et tendance au saignement spontané
-‐ une suppuration
-‐ la présence de lésions inter-radiculaires, selon la classification de Hamp et al.
o Classe I : lyse osseuse horizontale inférieure à 3mm
o Classe II : lyse osseuse horizontale supérieure à 3 mm non transfixante
o Classe III : lyse osseuse transfixante
62
Annexe 4
63
Annexe 5
64
Annexe 6
Fiche BILAN FLUOR réalisée par l’Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire (UFSBD)
65
Annexe 7
66
Annexe 8
Liste des principaux médicaments utilisable dans le cadre de la prise en charge de la douleur
chez l’enfant (AFSSAPS, 2009) :
67
BIBLIOGRAPHIE
2. Majorana A, Schubert MM, Porta F, Ugazio AG, Sapelli PL. Oral complications of
pediatric hematopoietic cell transplantation: diagnosis and management. Support
Care Cancer. 2000;8(5):353-65.
5. Chin EA. A brief overview of the oral complications in pediatric oncology patients and
suggested management strategies. ASDC J Dent Child. 1998;65(6):468-73.
7. Berkowitz RJ, Feretti GA, Berg JH. Dental management of children with cancer.
Pediatr Ann. 1988;17(11):715-25.
8. Lowe O. Oral concerns for the pediatric cancer patient. J Pedod. 1986;11(1):35-46.
9. Fleming P. Dental management of the pediatric oncology patient. Curr Opin Dent.
1991;1(5):577-82.
10. Hong CH, daFonseca M. Considerations in the pediatric population with cancer. Dent
Clin North Am. 2008;52(1):155-81.
68
11. Saint-Jean M, Tessier MH, Barbarot S, Billet J, Stalder JF; Société Française de
Dermatologie Pédiatrique (SFDP). [Oral disease in children]. Ann DermatolVenereol.
2010;137(12):823-37.
13. Overholser CD, Peterson DE and al : Periodontal infection in patients with ANL
prevalence of acute exacerbations. Arch. Inter. Med., 1982 ;551-554.
15. Valéra MC, Noirrit-Esclassan E, Pasquet M, Vaysse F. Oral complications and dental
care in children with acute lymphoblastic leukaemia. J Oral Pathol Med. 2015
;44(7):483-9.
16. Mathur VP, Dhillon JK, Kalra G. Oral health in children with leukemia. Indian J
Palliat Care. 2012;18(1):12-8.
17. Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS). Guide EFICATT, fiche Herpes
Virus B. Disponible sur : http://www.inrs.fr/publications/bdd/eficatt.html. Dernière
consultation le 27 octobre 2016.
19. Robert D. Prise en charge odontologique des enfants atteints de leucémie aigüe.
Thèse pour le diplôme d’Etat de docteur en Chirurgie Dentaire. Nice, 2014, n°109.
69
21. Padmini C, Bai KY. Oral and dental considerations in pediatric leukemic patient.
ISRN Hematol. 2014;2014:895721.
23. Heintze U, Birkhed D, Bjorn H. Secretion rate and buffer effect of resting and
stimulated whole saliva as a function of age and sex. Swed Dent J 1983;7:227-38.
24. Epstein JB, Emerton S, Kolbinson DA, et al. Quality of life and oral function following
radiotherapy for head and neck cancer. Head Neck.1999 ;21:1-11.
27. Lawson K. Oral-dental concerns of the pediatric oncology patient. Issues Compr
Pediatr Nurs. 1989;12(2-3):199-206.
29. Tarrier Dumas L. Les sequelles bucco-dentaires des traitements anticancereux chez
l’enfant, rôle du chirurgien dentiste, Conduite à tenir et prévention. Thèse pour le
diplôme d’Etat de docteur en Chirurgie Dentaire. Lyon I, 2011, n°144.
30. Dechaume, M., Canhepe, J., and Gondaert, M. Action de la radiothérapie sur le
développement des maxillaires, des germes dentaires et des glandes salivaires.
(abst) Oral Surg. 1951; 4:922.
31. Donohue, WB, Durand, CA, and Baril C. Effects of radiation therapy in childhood
upon growth of the jaws. J Can Den A. 1965 ; 31 :1-6.
70
32. Guyuron B, Dagys AP, Munro IR, Ross RB. Effect of irradiation on facial growth: a
7- to 25-year follow-up. Ann Plast Surg. 1983;11(5):423-‐‑7.
33. da Fonseca MA. Dental care of the pediatric cancer patient. Pediatr Dent.
2004;26(1):53-7.
36. Société Française de Chirurgie Orale (SFCO). Prise en charge des foyers infectieux
bucco-dentaires.
37. Association Dentaire Française (ADF). Guide de prise en charge par le chirurgien-
dentiste. 2013.
38. Otmani N, Nachef MN, Alaoui F. Prise en charge bucco-dentaire de l'enfant atteint
de leucémie aiguë. Revue d'odonto- stomatologie. 2004 ; 33(1) :17-27.
39. Berkowitz RJ, Strandjord S, Jones P, Hughes C, Barsetti J, Gordon EM, Cheung NK,
Warkentin P, Coccia PF. Stomatologic complications of bone marrow transplantation
in a pediatric population. Pediatr Dent. 1987;9(2):105-10.
41. Agence Française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS). Utilisation
du fluor dans la prévention de la carie dentaire avant l’âge de 18 ans. 2008.
71
43. Schubert MM, Epstein JB, Peterson DE. Oral complications of cancer therapy. In :
Yagiela JA, Neidle EA, Dowd FJ, eds. Pharmacology and Therapeutics for Dentistry.
4th ed. St. Louis : Mosby-Year Book Inc ; 1998 :644-655.
44. Epstein JB, Emerton S, Kolbinson DA, et al. Quality of life and oral function following
radiotherapy for head and neck cancer. Head Neck. 1999;21:1-11.
45. Guichard M., Planchard P.O. Conduite à tenir chez le patient sous chimiothérapie
anticancéreuse. Cah Ass dent franç. 1999; 4:10-16.
47. Haute Autorité de Santé (HAS). Prise en charge de l’herpès cutanéo-muqueux chez
le sujet immunocompétent. Novembre 2001.
48. Qutob AF, Allen G, Gue S, Revesz T, Logan RM, Keefe D. Implementation of a
hospital oral care protocol and recording of oral mucositis in children receiving
cancer treatment : a retrospective and a prospective study. Support Care Cancer.
2013;21(4):1113-20.
72