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Detonations

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LES DÉTONATIONS, PÉTARADES ET POST-COMBUSTION

CAUSES, EFFETS ET COMMENT Y REMÉDIER ?

Ne perdons jamais de vue que la raison d'existence des moteurs est avant tout
de transformer de l'énergie sous forme mécanique utilisable. Dans ce dernier
cas en lui imprimant un mouvement. Pour ce faire, à travers les âges l'humain à
successivement utilisé le vent, les animaux, l'eau [sous forme de gravité puis de
vapeur] et enfin les composés chimiques auxquels nous avons recours
aujourd'hui.

Dans ce dernier cas, nous faisons bien entendu référence au fameux moteur à
combustion interne [le moteur à combustion externe étant celui à vapeur] qui n'a
cessé d'évoluer et de se perfectionner depuis son invention par l'ingénieur
français des chemins de fer Beau de Rochas au 19èeme siècle. Nous en sommes
aujourd'hui arrivés au point de perfection au point que tous ses éléments et
composantes soient techniquement sous parfait contrôle. À partir de cela, toute
tentative récalcitrante de sa part est signe que quelque chose ne va pas et il
convient de trouver et corriger le problème sans délai, faute de quoi...

Dans la pratique, ne perdez jamais de vue que votre moto a été conçue et vous a
été livrée en considération de plusieurs facteurs : la sécurité, la durabilité en
fonction de la garantie, ainsi que la législation en vigueur suivant les pays de
distribution, laquelle varie toujours d'un pays à l'autre, telle la loi des 100 cv en
France. Partant de ces faits, il va de soi que les moteurs de donnent jamais leur
plein rendement mécanique et il devient alors tentant pour les possesseurs de
tenter d'en augmenter la puissance. Mais attention, car c'est souvent là que
commencent les problèmes et nous allons en faire l'inventaire. Lorsqu'un moteur
commence à pétarader, c'est habituellement signe d'une restriction quelque
part. Soit la carburation, l'allumage ou la pressurisation. Ne perdez alors jamais
de vue que la bougie d'allumage devient une véritable radiographie de l'état d'un
moteur, car elle permet de déceler pratiquement tout : allumage, carburation,
distribution, etc...

Ne perdez jamais de vue non plus que lorsque vous apportez des modifications
importantes il convient de les effectuer au complet et non partiellement. Par
exemple, si vous décidez de changer la carburation il faut alors changer aussi
l'indice thermique de la bougie, tout comme si vous modifiez l'échappement, donc
la pressurisation. Vous me suivez n'est-ce pas ?

Dans le cas d'une carburation trop pauvre les signes sont les suivants : faible
réponse moteur, pétarade à la décélération, bleuissement du coude
d'échappement pour les quatre temps et sécheresses de la bougie. Il faut donc
tout revoir un à un en suivant le livre d'atelier et les spécifications du
constructeur. Pour la carburation trop riche, on constate également un manque
de réponse moteur, encrassement général du moteur (soupapes, segments,
calotte du piston, engorgement de l'échappement, etc...), surconsommation de
carburant, refoulement de la bougie et difficultés de démarrage. Il faut
également revoir ces points.

Question allumage, deux petits problèmes peuvent surgir : avance ou retard, ou


encore mauvais indice thermique comme vu plus haut. C'est facile à corriger,
mais il convient de corriger en dernier lorsque l'on sait que tout le reste est
correct.

Il convient aussi de vérifier la compression. Si l'on roule trop avec un moteur


encrassé ou qui s'encrasse constamment, les soupapes et leurs sièges accumulent
des dépôts et elles ne sont plus vraiment étanches. Ce qui change carrément le
taux de compression avec toutes les conséquences qui s'en suivent telle la
progression de la flamme dans le mélange gazeux, lequel ne brûle pas
complètement et fait des accumulations de carbone un peu partout avec les
conséquences que nous venons de voir. Dans les cas extrêmes il faut alors (et
hélàs) déculasser si les additifs dans le carburant ne suffisent pas à corriger un
problème avancé.

Lorsqu'un propriétaire de moto désire augmenter la puissance du moteur, l'une


des premières choses qu'on lui conseille est évidemment de se procurer un nouvel
échappement sur le marché parallèle. Ils pullulent et promettent tous des
miracles, sauf ce que l'on ne dit pas... bien entendu ! Le point commun de tous les
systèmes d'échappement est la dépressurisation et donc le déséquilibrage de
toutes les composantes du moteur telle la carburation, la distribution, indice
thermique de la bougie, etc... C'est donc à considérer sérieusement avant toute
intervention.

Parmi les différents types sur le marché on retrouve ceux dits "normaux" avec
système de silencieux et donc pressurisés. Ils ne sont pas adaptables
indifféremment sur n'importe quelle machine, mais en fonction d'un modèle bien
particulier. Avant l'achat, le vendeur doit absolument savoir sur quelle machine il
va être installé et il est généralement livré avec une notice expliquant les
modifications à effectuer sur le moteur tel la bougie, le gicleur de carburateur,
etc...
Le pire choix demeure les "drag pipes" car elles ne répondent à aucune règle de
thermodynamique et le moteur se doit d'être modifié de A à Z pour un parfait
équilibre mécanique et thermique. A considérer avant une telle dépense.

Pour compléter le propriétaire peut aussi se procurer un arbre à cames plus


pointu qui changera radicalement le diagramme du moteur en modifiant le
couple, en déplaçant la puissance en fonction du régime moteur ainsi que la plage
de puissance disponible et utilisable. Mais là encore, faites attention, car les
arbres à cames plus pointues augmentent généralement le régime de rotation et,
dans le cas des V-twin notamment, la limite de la vitesse linéaire des pistons est
vite atteinte et gare à la casse !

Ces dernières années, la mode est aussi passée au suralèsage et à l'augmentation


de la course du moteur. Là encore la prudence est de mise, car cela déséquilibre
encore une fois toutes les composantes et c'est un "pensez-y-bien". D'autant
plus que les moteurs strokés sont mal adaptés pour les longs trajets et la casse
est souvent au rendez-vous.

Finalement, et c'est peut-être là la bonne nouvelle, car le remède ne coûte rien,


c'est que lorsque l'on change les fils d'allumage d'un multicylindre on inverse
malencontreusement les câbles qui se retrouvent alors sur un cylindre qui ne
correspond pas. Croyez-moi que ça pétarade ! Un simple examen viendra à bout
du problème.

Pour toutes ces raisons, les moteurs ont tendance à rechigner en pétaradant ou,
plus techniquement, en faisant de la post-combustion. Si l'idée vous vient de
modifier quoi que ce soit, faites tout au complet ou alors ne touchez à rien
jusqu'à ce que vos moyens financiers ne vous le permettent. "Better safe than
sorry !"

Vous remarquerez qu'il n'est nullement question ici d'un faible indice d'octane
dans le carburant. La raison est simple : cela provoque le cliquetis et non-pas la
post-combustion. Un autre sujet à traiter n'est-ce pas ?

Philippe DACIER

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