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Chap II Adsorption

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

Introduction

Aujourd'hui, le phénomène d'adsorption est devenu un outil incontournable pour la


purification et la séparation de toute substance indésirable. Des modèles théoriques permettant
de décrire ce phénomène sont largement décrits dans la littérature [38].

Ce chapitre est consacré à la description des phénomènes régissant le mécanisme de la


sorption et ses différentes isothermes.

ΙΙ.1. Définition de l’adsorption

L'adsorption est un phénomène de surface par lequel des molécules de gaz ou de


liquides se fixent sur les surfaces solides des adsorbants selon divers processus plus ou moins
intenses.

Le phénomène inverse par lequel les molécules se détachent de la surface des


matériaux est la désorption. De plus, l'adsorption est un phénomène spontané et se produit dès
qu'une surface solide est mise en contact avec un gaz ou un liquide. [39]

Le solide est appelé adsorbant et la substance qui s’adsorbe est l’adsorbat que nous
appellerons plus couramment soluté afin d’éviter toute confusion avec l’adsorbant.

On distingue souvent la chimisorption et la physisorption qui différent complètement


par les énergies mises en jeu et par leur nature.

ΙΙ.1.1. L’adsorption physique ou physisorption

L’adsorption physique est un phénomène réversible qui résulte des forces


intermoléculaires d’attraction entre les molécules du solide et celles de la substance adsorbée
(forces de Van der Waals).

Si les forces intermoléculaires fluide-solide sont supérieures à celles qui existent entre
les molécules du fluide lui-même, il pourra y avoir condensation à la surface du solide même
si la pression du gaz est inférieure à sa tension de vapeur à la température opératoire. Cette

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

condensation libère une quantité de chaleur un peu plus grande que la chaleur de liquéfaction
normale du soluté mais du même ordre de grandeur. La substance adsorbée ne pénètre pas
dans le réseau cristallin mais elle reste à la surface du solide.

Toutefois, si le solide est poreux et contient de nombreuses capillarités, la substance


adsorbée peut pénétrer dans les interstices. A l’équilibre, la tension de vapeur de la substance
adsorbée est égale à la pression partielle de l’adsorbat dans la phase gazeuse en contact. Ainsi
en diminuant la pression du gaz ou en augmentant la température, on peut facilement désorber
le gaz. [40]

ΙΙ.1.2. Adsorption chimique ou chimisorption

Elle résulte d’une interaction chimique entre les molécules d’adsorbant composant la
surface du solide et les molécules de soluté. Ces forces attractives de nature chimique
provoque un transfert ou mise en commun d’électrons et en conséquence, destruction de
l’individualité des molécules et formation d’un composé chimique à la surface de l’adsorbant.
Ce type d’adsorption se développe à haute température et met en jeu une énergie de
transformation élevée. [41]

Tableau ΙΙ.1 : Différences principales entre les deux types d’adsorption

Propriétés Adsorption physique Adsorption chimique


Type de liaison Physique Chimique
Chaleur d’adsorption ≤ 6 Kcal/mole > 10 Kcal/mole
Température du processus Favorisée par abaissement de Favorisée par accroissement
la température de la température
Désorption Facile Difficile
Spécificité Non spécifique Spécifique (dépend de la
nature des liens)

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

ΙΙ.2. Facteurs influençant le phénomène d’adsorption

Un grand nombre de paramètres et de propriétés, du support et du substrat, peuvent


influencer le processus d'adsorption et notamment la capacité et la cinétique de rétention d'une
substance sur un support. Il s’agit des paramètres suivants :

ΙΙ.2.1. Structure de l'adsorbant

Elle joue un rôle déterminant dans la fixation du substrat, par la taille de ses particules.
En effet plus la taille est petite, plus la surface de contact sera grande. Ce qui va alors
augmenter son pouvoir de rétention. En outre, cette surface s'accroît lorsque le support est
poreux.

Les solides dans les milieux naturels (argiles, silice..) possèdent des surfaces
spécifiques variables avec l’état physico-chimique du milieu aqueux (pH, nature des cations
liés, saturation de la surface par les molécules organiques...). Ainsi certaines argiles comme
les bentonites (Montmorillonite par exemple) ont une surface, accessible à la plupart des
molécules, variant de 40 à 800 m2.g-1. Leur capacité d’adsorption est très variable mais
constitue le paramètre essentiel de la régulation des échanges et de la mobilité des éléments
dans le milieu naturel.

Les adsorbants industriels (essentiellement les charbons actifs) développent des


surfaces spécifiques énormes (600 à environ 1200 m2.g-1) caractéristiques d’une très forte
microporosité. D’autres adsorbants comme les hydroxydes métalliques formés au cours de la
coagulation-floculation développent eux aussi de très grandes surfaces dont l’extension est
étroitement dépendante du pH.

Dans ce cas la capacité d’adsorption de la molécule à éliminer est proportionnelle à la


surface spécifique de l’adsorbant. Plus la surface est importante, plus grande sera la quantité
de molécules adsorbées. Il convient d’utiliser un adsorbant majoritairement microporeux
(diamètre de pore < 2 nm) pour la plupart des applications en traitement de l’air afin d’obtenir
une bonne adsorption.

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

Les caractéristiques de la molécule et la structure de l'adsorbant peuvent affecter


directement :

 La nature de la liaison adsorbat-adsorbant, c’est-à-dire de l’énergie libre d’interaction.

 La capacité d’échange cationique (CEC) : Il n’existe pas de règle générale qui lie la
nature du cation à son pouvoir adsorbant mais il est à noter que l’adsorption dépend de
l’électronégativité du cation compensateur. [42]

ΙΙ.2.2. Influence de l’adsorbat :

D’après la règle de LUNDENIUS : « moins une substance est soluble dans le solvant,
mieux elle est adsorbée ». D’après la règle de Traube : l’adsorption à partir des solutions
aqueuses, croit lorsqu’on parcourt une série d’homologues. [43]

Dans une solution multi composée, la compétition de plusieurs espèces pour


l’occupation par adsorption des sites actifs réduit les quantités adsorbées dans la solution
donnée.

ΙΙ.2.3. Influence du pH :

Le pH est un paramètre prédominant qui a un effet non négligeable sur les


caractéristiques de l’adsorption. Dans la plupart des cas, les meilleurs résultats sont acquis aux
pH les plus faibles. Cette propriété s’applique particulièrement à l’adsorption de substances
acides ou moléculaires. [43]

ΙΙ.2.4. Influence de la température

Les processus de l’adsorption qui ne se compliquent pas par des réactions chimiques
s’accompagnent toujours de dégagement de chaleur (exothermique), de sorte qu’avec une
augmentation de la température, le phénomène de désorption devient dominant. Par contre,
pour une adsorption activée (chimie sorption), l’équilibre d’adsorption n’est pas atteint
rapidement, et l’augmentation de la température favorise l’adsorption. [4]

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

ΙΙ.2.5. Polarité

Un soluté polaire aura plus d’affinité pour un solvant ou pour l’adsorbant le plus
polaire. L’adsorption préférentielle des composés organiques à solubilité limitée en solutions
aqueuses (hydrocarbures, dérivés chlorés, phénols et autres dérivés benzéniques) est
importante avec les adsorbants hydrophobes (charbons actifs, polymères poreux). Elle est par
contre insignifiante avec les adsorbants polaires très hydrophiles (gel de silice, alumine,…).
[43]

ΙΙ.3. Différents types d’adsorbants

L’efficacité d’adsorption est fonction des natures de l’adsorbant et de la molécule


piégée.
Des modifications de la capacité d’adsorption peuvent être apportées par différents
traitements chimiques ou thermiques.

En fait, on aura tout interet à disposer de solides possédant un large spectre


d’utilisation afin de couvrir le plus grand nombre de secteurs industriels et à ne pas
contraindre l’utilisateur à trop de considérations techniques préliminaires conditionnant le
choix du matériel adéquat. Trois types de support sont préférentiellement utilisés : les
charbons, les gels de silice et les polymères poreux. Dans certains secteurs très spécifiques on
pourra être amené à en utiliser d’autres : tamis moléculaires (zéolithes), argiles, oxydes
métalliques (alumine).

ΙΙ.3.1. Charbons actifs :

Les charbons actifs peuvent avoir différentes origines et donc des structures physico-
chimiques variables.
Les plus employés sont obtenus par calcination de noix de coco. Leur utilisation est
universelle, la désorption se faisant généralement par solvants.

 Sulfure de carbone seul pour les composés apolaires ou peu polaires (hydrocarbures
saturés, benzéniques, halogénés, cétones, esters).
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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

 Sulfure de carbone additionné de petites quantités d’alcool méthylique pour les dérivés
polaires (alcool, phénols,…).

Le noir de charbon graphitisé (carbopack)

Obtenu à partir de noir de carbone chauffé à 3100°C sous gaz inerte, est constitué de
polyèdres de 2000 à 3000 A° de coté qui sont agglomérés par des forces électrostatiques. Ces
produits présentent l’avantage d’une bonne stabilité thermique, d’une structure physico-
chimique définie et d’une absence de réactivité chimique avec les produits piégés.

Les tamis moléculaires carbonés (carbisieves)

Préparés par craquage du chlorure de polyvinylique, possèdent, outre une bonne


stabilité thermique, une surface spécifique importante (≈1000 m2/g).

ΙΙ.3.2. Gels de silice

Ils sont généralement utilisés, sous forme de granulés fins, pour le piégeage des
produits polaires pour lesquels ils sont préférés au charbon. La désorption est effectuée avec
l’eau ou un solvant polaire : méthanol, éthanol, etc. Ces gels sont plus délicats d’emploi du
fait de leur caractère hydrophile.

ΙΙ.3.3. Polymères poreux

Ces produits, d’un coût beaucoup plus élevé que les précédents, ne sont souvent
utilisés que dans des cas particulièrement délicats. On effectue généralement l’analyse après
désorption thermique.

ΙΙ.3.4. Résines macromoléculaires

Ont des surfaces spécifiques comprises entre 300 et 750 m2.g1 leurs capacités sont très
médiocres par rapport à celles des charbons actifs. Cependant, ces résines ont une meilleure
cinétique d'adsorption et sont souvent plus faciles à régénérer (énergie de liaison faible). [44]

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

ΙΙ.3.5. Adsorbants minéraux

Les alumines et oxydes métalliques divers; bien que présentant, pour certains, des
surfaces spécifiques importantes (300 à 400 m2.g-1). Ces solides adsorbent plus sélectivement
que les charbons. Leur capacité dépend étroitement du pH et de leur mésoporosité. En dessous
du point isoélectrique, seules les molécules chargées négativement sont adsorbées sur les sites
positifs.
Dans l'état actuel de leur développement, ils ne peuvent être compétitifs vis-à-vis du charbon
actif. Cependant, certains de ces solides, comme les alumines ou les oxy-hydroxydes
ferriques, présentent un réel intérêt pour l'élimination du fluor, des phosphates des nitrates etc.
[42]

ΙΙ.4. Classification des isothermes

Gilles et ses collaborateurs ont classé les isothermes en phase liquide/solide, en quatre
groupes principaux.

Courbes du type (S) : Les isothermes de cette classe présentent, à faible concentration,
une concavité tournée vers le haut. Les molécules adsorbées favorisent l'adsorption ultérieure
d'autres molécules (adsorption coopérative). Ceci est dû aux molécules qui s'attirent par des
forces de Van Der Waals, et se regroupent en îlots dans lesquels elles se tassent les unes
contres les autres. Ce comportement est favorisé, d'une part, quand les molécules de soluté

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

sont adsorbées verticalement comme c'est le cas des molécules possédant un seul groupe
fonctionnel et d'autre part, quand les molécules se trouvent en compétition d'adsorption forte
avec le solvant. [45]

Courbes de type (L) : Les isothermes de classe L présentent, à faible concentration en


solution, une concavité tournée vers le bas qui traduit une diminution des sites libres au fur et
à mesure de la progression de l'adsorption. Ce phénomène se produit lorsque les forces
d'attraction entre les molécules adsorbées sont faibles. Elle est souvent observée quand les
molécules sont adsorbées horizontalement, ce qui minimise leur attraction latérale. Elle peut
également apparaître quand les molécules sont adsorbées verticalement et lorsque la
compétition d'adsorption entre le solvant et le soluté est faible. Dans ce cas, l'adsorption des
molécules isolées est assez forte pour rendre négligeable les interactions latérales. [45]

Courbes de type (H) : La partie initiale de l'isotherme est presque verticale, la quantité
adsorbée apparaît importante à concentration quasiment nulle du soluté dans la solution. Ce
phénomène se produit lorsque les interactions entre les molécules adsorbées et la surface du
solide sont très fortes. L'isotherme de classe H est aussi observée lors de l'adsorption de
micelles ou de polymères formées à partir des molécules de soluté. [45]

Courbes de type(C) : Les isothermes de cette classe se caractérisent par une partition
constante entre la solution et le substrat jusqu'à un palier. La linéarité montre que le nombre
de sites libres reste constant au cours de l'adsorption. Ceci signifie que les sites sont crées au
cours de l'adsorption. Ce qui implique que les isothermes de cette classe sont obtenues quand
les molécules de soluté sont capables de modifier la texture du substrat en ouvrant des pores
qui n'avaient pas été ouverts préalablement par le solvant. [45]

Dans chaque groupe principal, on rencontre un palier, correspondant à la formation


d’une couche monomoleculaire, une augmentation d’adsorption, au delà de ce palier, peut
indiquer une réorientation des molécules déjà adsorbées, pour former un film plus compact ou
bien la formation de multicouches.

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

ΙΙ.5. Modèles des isothermes d’adsorption

De nombreux auteurs ont proposé des modèles théoriques ou empiriques pour décrire la
relation entre la masse d’adsorbat fixée et la concentration de la solution à l’équilibre. Il s’agit
de relations non cinétiques, que l’on nomme isothermes. En règle générale, de telles
isothermes sont traitées par plusieurs modèles, parmi lesquels on peut citer les modèles de
Langmuir, de Freundlich, Temkin, Elovich, BET etc.…Ces modèles, notamment celui de
Freundlich, s’ils prennent en compte implicitement l’hétérogénéité énergétique de la surface,
ne permettent pas de l’étudier ni de connaitre la nature des sites de fixation des différentes
molécules.

ΙΙ.5.1. Isothermes de Langmuir :

En 1916 lrving Langmuir a édité une nouvelle isotherme qui porte encore son nom.
C'est une isotherme dérivée d'un mécanisme cinétique proposé .Ce modèle permet de calculer
la quantité adsorbée maximale et la constante d’adsorption, il a été développé initialement
pour interpréter l’adsorption des gaz sur une surface homogène.

Les hypothèses sur lesquelles est fondé ce modèle sont les suivantes : [46]
 La surface de l'adsorbant est uniforme, c.-à-d., tous les emplacements d'adsorption
sont égaux (Énergétiquement homogène).
 Les molécules adsorbées n'agissent pas les une sur l’autre. (Il n’y a pas d’interaction
entre les molécules adsorbées).
 Toute l'adsorption a lieu par le même mécanisme.
 A adsorption maximale seulement une monocouche est formée, les molécules de
l'adsorbant ne se déposent pas sur les molécules déjà adsorbées.
 Le nombre de sites d’adsorption sur la surface est limité.
 Un site ne peut adsorber qu’une seule molécule.
 La réaction d’adsorption est réversible.

Le phénomène d’adsorption est considéré comme dynamique. Il résulte de l’équilibre entre


deux phénomènes inverses : l’adsorption et la désorption du soluté.

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

Le modèle de Langmuir s’exprime sous la forme suivante :

x qm .K L .Ce
q  
e m 1  K .C
L e

Avec
qe : quantité de soluté adsorbée par unité de masse d’adsorbant à l’équilibre (mg/g).
qm:quantité nécessaire pour couvrir la surface d’un gramme d’adsorbant d’une couche
monomoleculaire de soluté (mg/g)
Ce : concentration à l’équilibre en soluté de la solution (mg).
KL = Constante de Langmuir (L3.m-1 de polluant).

Lorsque le terme KL*Ce tend vers 0, l’équation de Langmuir devient :

qe = qm . KL . Ce

Lorsque KL.Ce devient largement supérieur à 1, la surface du solide est complètement saturée
et l’équation est réduite à :

qe = qm

La linéarisation de l’équation de Langmuir permet d’accéder aux valeurs de la quantité


maximale pouvant être adsorbée (qm) et la constante KL. [46]

ΙΙ.5.2. Isothermes de Freundlich :

Dans ce modèle, le nombre de sites susceptibles d’adsorber le composé est illimité.


Ainsi contrairement à l’isotherme de Langmuir, l’isotherme de Freundlich ne présente pas de
maximum. [47]

C'est une équation empirique largement utilisée pour la représentation pratique de


l'équilibre d'adsorption. Elle ne repose sur aucune base théorique. Toutefois l’expérience
montre qu’elle décrit bien les résultats d’adsorption des micropolluants par les solides tels que
les charbons actifs, les sols et les argiles.

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

Elle se présente sous la forme:

qe= Kf.Ce1/n

Avec :
Kf : est appelé constante de Freundlich. Elle donne une indication grossière sur la capacité
d’adsorption de l’adsorbant. Lorsque Kf augmente, la capacité d’adsorption augmente aussi.
n : intensité d’adsorption.
qe:quantité de soluté adsorbée par unité de masse d’adsorbant à l’équilibre (mg/g).
Ce : concentration du soluté dans la solution à l’équilibre (mg/l).

Ce modèle a été très utilisé pour décrire l’adsorption des traces de métaux et des
pesticides. Les coefficients Kf et n sont déterminés expérimentalement à partir de la forme
linéarisée de l’isotherme.

Log qe = log Kf + (1/n) log Ce

L’expression de l’isotherme de Freundlich suppose la possibilité d’une adsorption


infinie. Dans la mesure où il s’agit de fonctions puissantes, elles ne tendent pas, en effet, vers
une valeur asymptotique lorsque la concentration s’élève. Les argiles ayant un déficit de
charge fini (exprimée par la valeur CEC), ce modèle ne peut théoriquement pas s’appliquer à
une description complète de l’adsorption sur les minéraux argileux.

La forme de l’isotherme dépendra de la valeur de 1/n qui représente l’intensité


d’adsorption et pourra donner des informations capitales quant aux mécanismes régissant
l’adsorption du composé sur l’adsorbant. Selon la valeur de 1/n, on distingue les différents cas
suivants :

 1/n=1 l’isotherme est linéaire de type C.


 1/n >1 l’isotherme est convexe de type S.
 1/n<1 l’isotherme est concave de type L.
 1/n<<1 l’isotherme est de type H.

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

R.E Treybal rapporte que si :

 n est compris ente 2 et 10, l’adsorption est facile.


 n est compris entre 1 et 2, l’adsorption est modérément difficile.
 n est inferieur à 1, l’adsorption est faible. dans ce cas, une masse importante
d’adsorbant est utilisée pour récupérer une fraction appréciable du soluté. [47]

ΙΙ.6. Interprétation diffusionnelle du processus d’adsorption

Le processus d’adsorption d’un soluté à la surface d’un adsorbant s’effectue en étapes


élémentaires successives, chacune de ces étapes pouvant contrôler le phénomène global dans
des conditions données.

 Diffusion externe : elle correspond au transfert du soluté de la phase fluide (liquide)


jusqu’au voisinage de la surface externe de la particule.

 Diffusion interne : cette étape se développe dans la phase fluide contenue à l’intérieur
des pores.

 Réaction de surface : elle correspond à la fixation des molécules du soluté sur toute la
surface du solide.

 Migration en surface : elle traduit une diffusion des molécules adsorbées à la surface
du solide. [43]

ΙΙ.7. Cinétique d’adsorption

L’équilibre thermodynamique entre l’adsorbat en phase liquide et l’adsorbat fixé sur le


solide est atteint avec une vitesse qui dépend non seulement de la vitesse avec laquelle les
constituants du mélange à séparer diffusent dans l’adsorbant et dans le fluide mais aussi de
l’interaction adsorbant-adsorbat. L’étude de l’adsorption d’un composé sur un adsorbant nous
permet d’examiner l’influence du temps de contact sur sa rétention.

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

L’étude cinétique des processus d’adsorption fournit des informations relatives au


mécanisme d’adsorption et sur le mode de transfert des solutés de la phase liquide à la phase
solide. A l’instar des équilibres d’adsorption, la cinétique d’adsorption d’un matériau peut être
modélisée. A cet effet, la littérature rapporte un certain nombre de modèles cinétiques
d’adsorption dépendants de la nature et de la complexité du matériau adsorbant. Trois cas de
figure peuvent se présenter :

 Le matériau solide adsorbant est non poreux et il aura adsorption rapide sur les
surfaces qui sont directement accessibles.

 Le matériau adsorbant est poreux et les surfaces adsorbantes ne sont pas toutes
également accessibles. La vitesse d’adsorption dépend de l’adsorption proprement dite
et de la vitesse de diffusion dans les espaces poreux.

 Le matériau poreux est complexe avec présence de pores de tailles différentes (micro-
méso-macrospores) ; la vitesse d’adsorption dépendra de plusieurs phénomènes dont
la diffusion dans les micropores et la convection –dispersion dans les méso et
macrospores.

Parmi les modèles de cinétique d’adsorption il y a les modèles basés sur :

 La composition des milieux ou la vitesse de sorption à un instant t est déterminée par


l’écart entre l’état du système à cet instant t et son état à l’équilibre ;

 Sur la diffusion; la vitesse d’adsorption est déterminée par la diffusion moléculaire.


[43]

Nous présentons ci-dessous quelques modèles de cinétique d’adsorption :

ΙΙ.7.1. Modèles basés sur la composition des milieux

ΙΙ.7.1.1. Modèle de la cinétique du pseudo premier ordre

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

Il a été supposé que dans ce modèle la vitesse de sorption à un instant t est


proportionnelle à la différence entre la quantité adsorbée à l’équilibre, qe, et la quantité qt
adsorbée à cet instant et que l’adsorption est réversible. [48]

La constante de vitesse d’adsorption du premier ordre est déduite à partir du modèle


établi par Lagergreen, 1989).

La loi de vitesse s’écrit :

Avec

qeq : quantité d’adsorbat à l’équilibre par gramme d’adsorbant (mg. g-1), t : le temps de contact
(min), k1 : constante de vitesse d’adsorption pour le premier ordre (min-1).

L’intégration de l’équation donne :

ΙΙ.7.1.2. Modèle de la cinétique du pseudo-second ordre

L’équation du pseudo second ordre est souvent utilisée avec succès pour décrire la
cinétique de la réaction de fixation des polluants sur l’adsorbant [49]. Ce modèle du pseudo
second ordre permet de caractériser les cinétiques d’adsorption en prenant en compte à la fois
le cas d’une fixation rapide des solutés sur les sites les plus réactifs et celui d’une fixation
lente sur les sites d’énergie faible.

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

L’intégration de la solution donne

Avec

k2 : constantes de vitesse d’adsorption pour le pseudo second ordre (g. mol-1 min1),
qe : quantité d’adsorbat à l’équilibre par gramme d’adsorbant (mg.g-1).

La quantité d’adsorption à l’équilibre (qe) et la constante du pseudo second ordre k2 peuvent


être déterminées expérimentalement à partir de la pente et de l’ordonnée à l’origine de t/qt en
fonction de t.

ΙΙ.7.2. Modèle basé sur la diffusion moléculaire

ΙΙ.7.2.1. Modèle de la diffusion intra particule

Le modèle de diffusion intra particule est proposé par Weber et Morris (pore diffusion
model (PDM)). La molécule est supposée migrer par diffusion dans le liquide, et pénétrer
dans les pores selon l’axe de ceux-ci. En cours de route elle s’équilibre localement le long de
la paroi du pore, par adsorption.

Il est représenté par l’équation suivante :

Ou
kint : la constante de la diffusion intra particule en (mg.g-1 min ½).
La constante kint est déduite de la pente de la partie linéaire de l’équation représentant ce
modèle. [43]

ΙΙ.7.2.2. Modèle de la diffusion homogène de surface

La molécule s’adsorbe dès l’entrée du pore, à l’extérieur du grain, seul endroit où il est
supposé régner un équilibre d’adsorption. Ensuite la molécule adsorbée « rampe » le long de

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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

la surface du pore, selon une loi de diffusion. On rencontre donc successivement deux
résistances : la première est un coefficient de transfert de masse dans le film liquide, et la
seconde un coefficient de diffusion superficielle. [43]

ΙΙ.8. Description de l’adsorption de surface d’argile

Les capacités adsorbantes des argiles évoluent d'une famille à l’autre. Par exemple la
kaolinite est une argile peu adsorbante car, d'une part, sa CEC est faible et, d'autre part, ses
feuillets restent accolés. Par conséquent, l'adsorption de polluants organiques s'effectuera
uniquement sur les surfaces extérieures de l'argile. Au contraire, les molécules organiques de
petite taille pourront s'adsorber à l'intérieur des feuillets des montmorillonites. [46]

Bien qu'il soit hasardeux de classer les argiles en fonction de leur capacité
d’adsorption, compte-tenu de la difficulté de comparer les données issues de différentes
sources (expériences effectuées dans différentes conditions physico-chimiques par exemple),
on peut tout de même distinguer deux points principaux dans l'adsorption des polluants
organiques sur les argiles.

À température ambiante, les données de sorption sur les minéraux argileux sont
généralement interprétées par deux mécanismes différents agissants séparément ou
simultanément :

 L’échange ionique, qui correspond en fait à une compétition entre le cation considéré
et le cation de l’électrolyte sur les sites d’échange. Ce mécanisme, qualifié de non
spécifique, est majoritaire à faible pH et pour des forces ioniques relativement faibles
(I<0.1M). La majorité des données de sorption obtenues pour des cations
monovalents, tel que le césium, est généralement interprétée grâce à ce seul processus.

 La compléxation de surface, fortement dépendante du pH et qui correspond à une


adsorption spécifique en bordure des feuillets.

Les majorités des données de sorption des cations di et trivalents, sur les matériaux argileux,
est interprétée en faisant intervenir simultanément les deux mécanismes. Les quelques rares
études menées en fonction de la température montrent que les réactions d’adsorption sont soit

43
Généralités sur l’adsorption Chapitre ll

endothermiques, soit exothermiques, suivant la nature du cation adsorbée. L’adsorption est


généralement endothermiques pour les cations divalents, avec une augmentation de
l’adsorption lorsque la température augmente. D’un autre côté, la rétention des cations
monovalents est généralement diminuée par une élévation de température et est donc de
nature exothermique. [43]

44

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