Chap II Adsorption
Chap II Adsorption
Chap II Adsorption
Introduction
Le solide est appelé adsorbant et la substance qui s’adsorbe est l’adsorbat que nous
appellerons plus couramment soluté afin d’éviter toute confusion avec l’adsorbant.
Si les forces intermoléculaires fluide-solide sont supérieures à celles qui existent entre
les molécules du fluide lui-même, il pourra y avoir condensation à la surface du solide même
si la pression du gaz est inférieure à sa tension de vapeur à la température opératoire. Cette
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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll
condensation libère une quantité de chaleur un peu plus grande que la chaleur de liquéfaction
normale du soluté mais du même ordre de grandeur. La substance adsorbée ne pénètre pas
dans le réseau cristallin mais elle reste à la surface du solide.
Elle résulte d’une interaction chimique entre les molécules d’adsorbant composant la
surface du solide et les molécules de soluté. Ces forces attractives de nature chimique
provoque un transfert ou mise en commun d’électrons et en conséquence, destruction de
l’individualité des molécules et formation d’un composé chimique à la surface de l’adsorbant.
Ce type d’adsorption se développe à haute température et met en jeu une énergie de
transformation élevée. [41]
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Elle joue un rôle déterminant dans la fixation du substrat, par la taille de ses particules.
En effet plus la taille est petite, plus la surface de contact sera grande. Ce qui va alors
augmenter son pouvoir de rétention. En outre, cette surface s'accroît lorsque le support est
poreux.
Les solides dans les milieux naturels (argiles, silice..) possèdent des surfaces
spécifiques variables avec l’état physico-chimique du milieu aqueux (pH, nature des cations
liés, saturation de la surface par les molécules organiques...). Ainsi certaines argiles comme
les bentonites (Montmorillonite par exemple) ont une surface, accessible à la plupart des
molécules, variant de 40 à 800 m2.g-1. Leur capacité d’adsorption est très variable mais
constitue le paramètre essentiel de la régulation des échanges et de la mobilité des éléments
dans le milieu naturel.
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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll
La capacité d’échange cationique (CEC) : Il n’existe pas de règle générale qui lie la
nature du cation à son pouvoir adsorbant mais il est à noter que l’adsorption dépend de
l’électronégativité du cation compensateur. [42]
D’après la règle de LUNDENIUS : « moins une substance est soluble dans le solvant,
mieux elle est adsorbée ». D’après la règle de Traube : l’adsorption à partir des solutions
aqueuses, croit lorsqu’on parcourt une série d’homologues. [43]
ΙΙ.2.3. Influence du pH :
Les processus de l’adsorption qui ne se compliquent pas par des réactions chimiques
s’accompagnent toujours de dégagement de chaleur (exothermique), de sorte qu’avec une
augmentation de la température, le phénomène de désorption devient dominant. Par contre,
pour une adsorption activée (chimie sorption), l’équilibre d’adsorption n’est pas atteint
rapidement, et l’augmentation de la température favorise l’adsorption. [4]
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ΙΙ.2.5. Polarité
Un soluté polaire aura plus d’affinité pour un solvant ou pour l’adsorbant le plus
polaire. L’adsorption préférentielle des composés organiques à solubilité limitée en solutions
aqueuses (hydrocarbures, dérivés chlorés, phénols et autres dérivés benzéniques) est
importante avec les adsorbants hydrophobes (charbons actifs, polymères poreux). Elle est par
contre insignifiante avec les adsorbants polaires très hydrophiles (gel de silice, alumine,…).
[43]
Les charbons actifs peuvent avoir différentes origines et donc des structures physico-
chimiques variables.
Les plus employés sont obtenus par calcination de noix de coco. Leur utilisation est
universelle, la désorption se faisant généralement par solvants.
Sulfure de carbone seul pour les composés apolaires ou peu polaires (hydrocarbures
saturés, benzéniques, halogénés, cétones, esters).
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Sulfure de carbone additionné de petites quantités d’alcool méthylique pour les dérivés
polaires (alcool, phénols,…).
Obtenu à partir de noir de carbone chauffé à 3100°C sous gaz inerte, est constitué de
polyèdres de 2000 à 3000 A° de coté qui sont agglomérés par des forces électrostatiques. Ces
produits présentent l’avantage d’une bonne stabilité thermique, d’une structure physico-
chimique définie et d’une absence de réactivité chimique avec les produits piégés.
Ils sont généralement utilisés, sous forme de granulés fins, pour le piégeage des
produits polaires pour lesquels ils sont préférés au charbon. La désorption est effectuée avec
l’eau ou un solvant polaire : méthanol, éthanol, etc. Ces gels sont plus délicats d’emploi du
fait de leur caractère hydrophile.
Ces produits, d’un coût beaucoup plus élevé que les précédents, ne sont souvent
utilisés que dans des cas particulièrement délicats. On effectue généralement l’analyse après
désorption thermique.
Ont des surfaces spécifiques comprises entre 300 et 750 m2.g1 leurs capacités sont très
médiocres par rapport à celles des charbons actifs. Cependant, ces résines ont une meilleure
cinétique d'adsorption et sont souvent plus faciles à régénérer (énergie de liaison faible). [44]
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Les alumines et oxydes métalliques divers; bien que présentant, pour certains, des
surfaces spécifiques importantes (300 à 400 m2.g-1). Ces solides adsorbent plus sélectivement
que les charbons. Leur capacité dépend étroitement du pH et de leur mésoporosité. En dessous
du point isoélectrique, seules les molécules chargées négativement sont adsorbées sur les sites
positifs.
Dans l'état actuel de leur développement, ils ne peuvent être compétitifs vis-à-vis du charbon
actif. Cependant, certains de ces solides, comme les alumines ou les oxy-hydroxydes
ferriques, présentent un réel intérêt pour l'élimination du fluor, des phosphates des nitrates etc.
[42]
Gilles et ses collaborateurs ont classé les isothermes en phase liquide/solide, en quatre
groupes principaux.
Courbes du type (S) : Les isothermes de cette classe présentent, à faible concentration,
une concavité tournée vers le haut. Les molécules adsorbées favorisent l'adsorption ultérieure
d'autres molécules (adsorption coopérative). Ceci est dû aux molécules qui s'attirent par des
forces de Van Der Waals, et se regroupent en îlots dans lesquels elles se tassent les unes
contres les autres. Ce comportement est favorisé, d'une part, quand les molécules de soluté
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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll
sont adsorbées verticalement comme c'est le cas des molécules possédant un seul groupe
fonctionnel et d'autre part, quand les molécules se trouvent en compétition d'adsorption forte
avec le solvant. [45]
Courbes de type (H) : La partie initiale de l'isotherme est presque verticale, la quantité
adsorbée apparaît importante à concentration quasiment nulle du soluté dans la solution. Ce
phénomène se produit lorsque les interactions entre les molécules adsorbées et la surface du
solide sont très fortes. L'isotherme de classe H est aussi observée lors de l'adsorption de
micelles ou de polymères formées à partir des molécules de soluté. [45]
Courbes de type(C) : Les isothermes de cette classe se caractérisent par une partition
constante entre la solution et le substrat jusqu'à un palier. La linéarité montre que le nombre
de sites libres reste constant au cours de l'adsorption. Ceci signifie que les sites sont crées au
cours de l'adsorption. Ce qui implique que les isothermes de cette classe sont obtenues quand
les molécules de soluté sont capables de modifier la texture du substrat en ouvrant des pores
qui n'avaient pas été ouverts préalablement par le solvant. [45]
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De nombreux auteurs ont proposé des modèles théoriques ou empiriques pour décrire la
relation entre la masse d’adsorbat fixée et la concentration de la solution à l’équilibre. Il s’agit
de relations non cinétiques, que l’on nomme isothermes. En règle générale, de telles
isothermes sont traitées par plusieurs modèles, parmi lesquels on peut citer les modèles de
Langmuir, de Freundlich, Temkin, Elovich, BET etc.…Ces modèles, notamment celui de
Freundlich, s’ils prennent en compte implicitement l’hétérogénéité énergétique de la surface,
ne permettent pas de l’étudier ni de connaitre la nature des sites de fixation des différentes
molécules.
En 1916 lrving Langmuir a édité une nouvelle isotherme qui porte encore son nom.
C'est une isotherme dérivée d'un mécanisme cinétique proposé .Ce modèle permet de calculer
la quantité adsorbée maximale et la constante d’adsorption, il a été développé initialement
pour interpréter l’adsorption des gaz sur une surface homogène.
Les hypothèses sur lesquelles est fondé ce modèle sont les suivantes : [46]
La surface de l'adsorbant est uniforme, c.-à-d., tous les emplacements d'adsorption
sont égaux (Énergétiquement homogène).
Les molécules adsorbées n'agissent pas les une sur l’autre. (Il n’y a pas d’interaction
entre les molécules adsorbées).
Toute l'adsorption a lieu par le même mécanisme.
A adsorption maximale seulement une monocouche est formée, les molécules de
l'adsorbant ne se déposent pas sur les molécules déjà adsorbées.
Le nombre de sites d’adsorption sur la surface est limité.
Un site ne peut adsorber qu’une seule molécule.
La réaction d’adsorption est réversible.
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x qm .K L .Ce
q
e m 1 K .C
L e
Avec
qe : quantité de soluté adsorbée par unité de masse d’adsorbant à l’équilibre (mg/g).
qm:quantité nécessaire pour couvrir la surface d’un gramme d’adsorbant d’une couche
monomoleculaire de soluté (mg/g)
Ce : concentration à l’équilibre en soluté de la solution (mg).
KL = Constante de Langmuir (L3.m-1 de polluant).
qe = qm . KL . Ce
Lorsque KL.Ce devient largement supérieur à 1, la surface du solide est complètement saturée
et l’équation est réduite à :
qe = qm
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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll
qe= Kf.Ce1/n
Avec :
Kf : est appelé constante de Freundlich. Elle donne une indication grossière sur la capacité
d’adsorption de l’adsorbant. Lorsque Kf augmente, la capacité d’adsorption augmente aussi.
n : intensité d’adsorption.
qe:quantité de soluté adsorbée par unité de masse d’adsorbant à l’équilibre (mg/g).
Ce : concentration du soluté dans la solution à l’équilibre (mg/l).
Ce modèle a été très utilisé pour décrire l’adsorption des traces de métaux et des
pesticides. Les coefficients Kf et n sont déterminés expérimentalement à partir de la forme
linéarisée de l’isotherme.
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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll
Diffusion interne : cette étape se développe dans la phase fluide contenue à l’intérieur
des pores.
Réaction de surface : elle correspond à la fixation des molécules du soluté sur toute la
surface du solide.
Migration en surface : elle traduit une diffusion des molécules adsorbées à la surface
du solide. [43]
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Le matériau solide adsorbant est non poreux et il aura adsorption rapide sur les
surfaces qui sont directement accessibles.
Le matériau adsorbant est poreux et les surfaces adsorbantes ne sont pas toutes
également accessibles. La vitesse d’adsorption dépend de l’adsorption proprement dite
et de la vitesse de diffusion dans les espaces poreux.
Le matériau poreux est complexe avec présence de pores de tailles différentes (micro-
méso-macrospores) ; la vitesse d’adsorption dépendra de plusieurs phénomènes dont
la diffusion dans les micropores et la convection –dispersion dans les méso et
macrospores.
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Avec
qeq : quantité d’adsorbat à l’équilibre par gramme d’adsorbant (mg. g-1), t : le temps de contact
(min), k1 : constante de vitesse d’adsorption pour le premier ordre (min-1).
L’équation du pseudo second ordre est souvent utilisée avec succès pour décrire la
cinétique de la réaction de fixation des polluants sur l’adsorbant [49]. Ce modèle du pseudo
second ordre permet de caractériser les cinétiques d’adsorption en prenant en compte à la fois
le cas d’une fixation rapide des solutés sur les sites les plus réactifs et celui d’une fixation
lente sur les sites d’énergie faible.
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Avec
k2 : constantes de vitesse d’adsorption pour le pseudo second ordre (g. mol-1 min1),
qe : quantité d’adsorbat à l’équilibre par gramme d’adsorbant (mg.g-1).
Le modèle de diffusion intra particule est proposé par Weber et Morris (pore diffusion
model (PDM)). La molécule est supposée migrer par diffusion dans le liquide, et pénétrer
dans les pores selon l’axe de ceux-ci. En cours de route elle s’équilibre localement le long de
la paroi du pore, par adsorption.
Ou
kint : la constante de la diffusion intra particule en (mg.g-1 min ½).
La constante kint est déduite de la pente de la partie linéaire de l’équation représentant ce
modèle. [43]
La molécule s’adsorbe dès l’entrée du pore, à l’extérieur du grain, seul endroit où il est
supposé régner un équilibre d’adsorption. Ensuite la molécule adsorbée « rampe » le long de
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Généralités sur l’adsorption Chapitre ll
la surface du pore, selon une loi de diffusion. On rencontre donc successivement deux
résistances : la première est un coefficient de transfert de masse dans le film liquide, et la
seconde un coefficient de diffusion superficielle. [43]
Les capacités adsorbantes des argiles évoluent d'une famille à l’autre. Par exemple la
kaolinite est une argile peu adsorbante car, d'une part, sa CEC est faible et, d'autre part, ses
feuillets restent accolés. Par conséquent, l'adsorption de polluants organiques s'effectuera
uniquement sur les surfaces extérieures de l'argile. Au contraire, les molécules organiques de
petite taille pourront s'adsorber à l'intérieur des feuillets des montmorillonites. [46]
Bien qu'il soit hasardeux de classer les argiles en fonction de leur capacité
d’adsorption, compte-tenu de la difficulté de comparer les données issues de différentes
sources (expériences effectuées dans différentes conditions physico-chimiques par exemple),
on peut tout de même distinguer deux points principaux dans l'adsorption des polluants
organiques sur les argiles.
À température ambiante, les données de sorption sur les minéraux argileux sont
généralement interprétées par deux mécanismes différents agissants séparément ou
simultanément :
L’échange ionique, qui correspond en fait à une compétition entre le cation considéré
et le cation de l’électrolyte sur les sites d’échange. Ce mécanisme, qualifié de non
spécifique, est majoritaire à faible pH et pour des forces ioniques relativement faibles
(I<0.1M). La majorité des données de sorption obtenues pour des cations
monovalents, tel que le césium, est généralement interprétée grâce à ce seul processus.
Les majorités des données de sorption des cations di et trivalents, sur les matériaux argileux,
est interprétée en faisant intervenir simultanément les deux mécanismes. Les quelques rares
études menées en fonction de la température montrent que les réactions d’adsorption sont soit
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