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MFL-003 (French)

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MFL-003

Introduction à la traductologie

School of Foreign Languages


Indira Gandhi National Open University
New Delhi
MEMBERS EXPERTS COMMITTEE
External Members: 5. Prof. Prayas Chaturvedi,
Professor,
1. Prof. D.K.Singh, Deptt. of French Studies,
Deptt.of French Studies BHU, Banaras Hindu University,
Varanasi. Varanasi, UP.
2. Prof. C.Thirumurugan, 6. Prof.Gulab Jha
Head, Deptt. of French Head, Department of Foreign Languages,
University of Pondicherry Guahati University, Assam
3. Prof. Sushant K. Mishra, Internal Members
Chairperson,Centre of French and
Francophone Studies, SLL&CS 1. Prof. Sunil K. Gupta
Jawaharlal Nehru University, Former Director,
New Delhi School of Foreign Languages
IGNOU.
4. Prof. Abhai K. Lal.
Head, Discipline of French 2. Dr. Deepanwita Srivastava
Deptt. of Modern European Languages, Director & Faculty French
University of Lucknow, School of Foreign Languages
Lucknow, UP. IGNOU, New Delhi.

Programme Coordintor : Course Editor : Dr. Deepanwita Srivastava


Director & Faculty French
Dr. Deepanwita Srivastava
School of Foreign Languages
Director & Faculty French
IGNOU, New Delhi.
School of Foreign Languages,
IGNOU, New Delhi. Course : MFL 003
Program—MAFL.

COURSE WRITERS
Block 1— Unit 1, Unit 2, Unit 3 & Unit 4 Block 2 — Unit 3
Mr. Dhritabrata Bhattacharjya (Tato).
Block 2 — Unit 1, Unit 2, Unit 4
Consultant (French)
Ms. Kshama D. Dharwadkar SOFL, IGNOU, New Delhi.
Assistant Professor (FRENCH)
Block 3— Unit 1, Unit 2, Unit 3 &Unit 4
Shenoi Goembab School of Languages & Literature,
Goa University, Goa. Dr. Priti Bhatia
Former Faculty
Deptt. of French,
University of Mumbai,
Mumbai

PRINT PRODUCTION
Mrs. Promila Soni
Assistant Registrar
MPDD, IGNOU

April, 2023
 Indira Gandhi National Open University, 2023
ISBN :
All rights reserved. No part of this work may be reproduced in any form, by mimeograph or any other
means, without permission in writing from the Indira Gandhi National Open University.
Some images, unless specified, are from Pixabay (http://pixabay.com) and Wikimedia Commons (http://
creativecommons.org), and are used under the CC 2.0 and 3.0 Generic License for educational purposes.
Further information on the IGNOU courses may be obtained from the University’s office at Maidan Garhi,
New Delhi-110068 or the official website of IGNOU at www.ignou.ac.in
Printed and published on behalf of the Indira Gandhi National Open University, New Delhi by the The
Registrar, MPDD, IGNOU.
Laser Typesetting : Akashdeep Printers, 20-Ansari Road, Daryaganj, New Delhi-110002
Printed at :
MFL-003
Introduction à la
Indira Gandhi National Open University traductologie
School of Foreign Languages

Block 1 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LA TRADUCTOLOGIE 7

Unit 1
Notions de base et terminologie 9
Unit 2
Evolution de la discipline de la traduction à l'Occident 20
Unit 3
Évolution de la discipline de la traduction en Inde 32

Unit 4
Culture et notions de l'identité 45

Block 2 GRANDES THÉORIES DE TRADUCTION ET VALEUR


SÉMANTIQUE 63
Unit 1
Théories interprétatives —TIT, littéraires et sémiotiques de la traduction 65

Unit 2
Théories communicatives, sociolinguistiques et hermeneutiques de la 81
traduction

Unit 3
Négotiation du sens 96

Unit 4
La perspective indienne 108

Block 3 MÉTHODES, PROCÉDÉS ET TECHNIQUES DE


TRADUCTION 123
Unite 1
Unités de traduction et de l'interprétariat 125

Unite 2
Pratiques et outils ergonomiques 142

Unite 3
Principaux procédés et techniques 156

Unite 4
Stylistique comparée 181
INTRODUCTION
Bonjour et soyez les bienvenus à ce nouveau bloc dans vos études de la
traductologie !
Aujourd’hui, nous commercerons à étudier les différentes méthodes,
procédés et techniques employés en traduction par tous les traducteurs
professionnels ainsi que par les interprètes pour rendre leur travail plus facile.
Il s’agit en fait de savoir la manière correcte de traduire n’importe quel texte,
et d’établir une base pour l’interprétation.
Nous allons donc commencer notre étude en apprenant la façon correcte de
comprendre le sens d’une phrase au cours de la première unité de ce polycop.
Au cours de la deuxième unité, nous examinerons les différents outils
ergonomiques qui aide énormément les traducteurs comme les dictionnaires
et les glossaires. Bref, nous apprendrons la manière correcte de nous préparer
avant d’aborder une traduction.
C’est au cours de la troisième unité que nous ferons une étude des divers
procédés employés par les traducteurs. Il est vital que les traducteurs et les
interprètes maîtrisent ces procédés s’ils désirent un faire un travail parfait.
Saviez-vous qu’il existe des différences entre les langues ? Qu’elles
fonctionnent toutes des manières différentes que ce soit au niveau des mots,
des phrases, ou même au niveau des paragraphes ? Il est également possible
que ces différences existent au niveau de la ponctuation. Ce dernier point est
essentiel surtout en traduction car il faut que le traducteur produise une
traduction qui doit rédiger de manière parfaite, non seulement des niveaux
du message et de la langue, mais aussi au niveau de la syntaxe et c’est ici que
la ponctuation joue un rôle essentiel. La quatrième et dernière unité traitera
des différences entre les langues. Il est essentiel de le savoir, si on désire
aboutir à une traduction parfaite et faire une interprétation claire et cohérente.
Commençons donc cette étude des méthodes, des procédés et des techniques
qui sont essentiels tant aux traducteurs qu’aux interprètes.
BLOCK 1
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LA
TRADUCTOLOGIE
Notion de base et
UNIT 1 NOTION DE BASE ET terminologie
TERMINOLOGIE
Structure

1.0 Objectifs
1.1 Introduction
1.2 Qu’est-ce que la traduction
1.3 Types de traduction
1.4 Équivalence
1.5 ‘Lost in Translation’
1.6 Traduisibilité
1.7 Tournant culturel de la traductologie
1.8 Résumé
1.9 Activités
1.10 Glossaire
1.11 Questions
1.12 Œuvres à consulter

1.0 OBJECTIFS
Après avoir parcouru cette unité :
 vous comprendrez le concept de la traduction
 vous comprendrez les différents types de traduction
 vous comprendrez l’évolution du domaine de traduction

1.1 INTRODUCTION
La traductologie est aujourd'hui reconnue comme une discipline à part entière
et, comme toutes les autres disciplines, elle possède son propre ensemble de
termes pour désigner les différents aspects du processus. Nous allons établir
que la langue à partir de laquelle un texte est traduit, est appelée la langue
source (LS) et que la langue vers laquelle il est traduit est appelée la langue
cible (LC).

1.2 QU'EST-CE QUE LA TRADUCTION


Au niveau étymologique, « traduire » signifie « faire passer ». Dans le
contexte, il peut s'agir de faire passer un message ou un texte.Il a également été
défini comme un processus decommunication qui implique un émetteur et un 9
Histoire Générale de la récepteur.Comme toute autre forme de communication, l'expéditeur envoieun
Traductologie message qui est codé d'une certaine manière. Ce code estreçu et analysé ou
décodé par le récepteur avant d'être compris.Katharina Reiss a défini la
traductioncomme un « processus de communication à médiation bilingue, qui
vise habituellement à produire un texte LC fonctionnellement équivalent à un
texte LS (2 médias : LS et LC+1 support : le traducteur, qui devient un
expéditeur secondaire ; donc traduire : communication secondaire) » (Venuti
160). En d'autres termes, la traduction est un processus de communication qui
implique deux langues et dans lequel le traducteur joue le rôle de médiateur.
Puisque le traducteur est celui qui envoie le message à l'origine, il devient un
« expéditeur secondaire » et la traduction devient donc une « communication
secondaire ». Ainsi, la traduction passe également par de nombreuses étapes
avant sa conclusion. Selon Eugene Nida, le message LS subit une analyse par
le traducteur avant d'être transféré dans la LC. Il est ensuite restructuré selon
le modèle de la LC avant d'être compris. En d'autres termes, un message est
d'abord décodé par le récepteur, puis recodé par lui.

Le problème de toutes les formes de communication, y compris la traduction,


est que des pannes peuvent survenir au cours de la réception du message.
Même dans une communication dans la même langue, il n'est pas garanti que
le récepteur décode le message de l'expéditeur comme il l'entendait. C'est
également vrai pour la traduction ; en fait, les risques de mauvaise
communication sont plus élevés car les codes de l'émetteur et du récepteur
sont différents et aussi parce qu'elle est médiatisée par une troisième
personne, le traducteur. C'est pourquoi l'on suppose qu'il y a une « perte »
dans le processus de traduction, que l'équivalence complète est impossible.

Les différences culturelles entre l'expéditeur et le destinataire compliquent


également les choses. Susan Bassnett donne un exemple de la complexité de
la traduction de mots prosaïques, même ordinaires. L'affirmation ordinaire
« yes » en anglais peut devenir « ja » en allemand, « si » en italien et « si » ou
« oui » en français. Le choix des mots en français devient un problème. Si
« oui » est le terme courant, « si » est utilisé surtout en cas de désaccord. Il y
a aussi la manière culturellement spécifique de répéter l'affirmatif dans les
trois langues : ja ja ou si si. Mais la répétition de l'affirmatif en anglais (yes,
yes) est très peu caractéristique du peuple anglais dans son ensemble. Le bon
traducteur doit être conscient de toutes ces infimes différences culturelles
avant même de commencer le processus de traduction d'un simple mot
comme « yes » (Bassnett, 16-17).

Le processus complexe de la traduction de « yes » en français, selon le


modèle Nida, est le suivant :
a) Le message (code) de l'émetteur est « yes ».
b) il est analysé (décodé) par le récepteur
c) Le contexte dans lequel le message est envoyé est pris en compte, puis
10 enregistré
d) Le message recodé est « oui » ou « si ». Notion de base et
terminologie

Ce qui se passe ici, selon Roman Jakobson, est la transposition interlinguale,


ou la substitution d'une langue par une autre. Un autre théoricien, A.
Ludskanov, la qualifie de « transformation sémiotique » : « Les
transformations sémiotiques sont les remplacements des signes codant un
message par des signes d'un autre code, préservant (autant que possible face à
l'entropie) l'information invariante par rapport à un système de référence
donné » (Bassnett 18). L'information invariante dans la situation donnée ci-
dessus serait celle de « yes » affirmatif ; ainsi, selon Ludskanov, le signe
« yes » est remplacé par « oui » ou « si » selon le système de référence qui est
le contexte social de la France.

1.3 TYPES DE TRADUCTION


Dans son essai « On Linguistic Aspects of Translation », Roman Jakobson est
arrivé à trois formes de traduction

 Traduction intralinguale : Traduction à l'intérieur d'une langue qui


consisterait à l'expliquer avec des mots de la même langue.

 Traduction interlinguale : Traduction d'une langue vers une autre ou


réinterprétation du message dans un autre code linguistique.

 Traduction intersémiotique : Traduction d'un système linguistique à


un autre, c'est-à-dire le transfert de sens d'un système verbal à un
système non verbal ou d'un support à un autre.

Ces différents types de traduction sont fondés sur la sémiotique, c'est-à-dire


la science générale de la communication par les signes et les systèmes de
signes. Son utilisation est importante ici car la traduction ne se limite pas
toujours aux langues verbales. La traduction intersémiotique, par exemple, a
lieu lorsqu'un texte écrit est traduit sous différentes formes, comme la
musique, le cinéma ou la peinture et les sons. Par exemple, la célèbre
adaptation d'Othello de Shakespeare dans le film Omkara de Bollywood, ou
la célèbre édition musicale de Jeff Wayne en 1978 du roman de science-
fiction La guerre des mondes (1898) de H. G. Wells, qui a ensuite été adaptée
pour la scène en 2006 (Munday, 02-10).

Le deuxième type est la traduction intralinguale, qui a lieu lorsque nous


produisons un résumé ou réécrivons un texte dans le même moyen de
communication, comme l'édition pour enfants d'une encyclopédie ou même la
reformulation d'un texte. Cela se produit également lorsque nous réarticulons
une expression dans la même langue. Dans le cas suivant, les recettes ont
presque triplé est une sorte de traduction intralinguale de la première partie
de la phrase, un fait qui est mis en évidence par l'expression déclencheuse en
d'autres termes. Au cours de la décennie qui a précédé 1989, le chiffre
d'affaires était en moyenne d'environ [NZ] 1 milliard de dollars par an, tandis 11
Histoire Générale de la qu'au cours de la décennie suivante, il était en moyenne de près de [NZ] 3
Traductologie milliards de dollars par an - en d'autres termes, le chiffre d'affaires a presque
triplé (Munday. 03-10).

La traduction interlinguale, qui se produit entre deux systèmes de signes


verbaux différents, a été l'objet traditionnel des études de traduction.
Cependant, l'idée même de « traduction proprement dite » et de stabilité de la
source et de la cible a été contestée. La question de savoir ce que nous
entendons par « traduction », et en quoi elle diffère « de l'adaptation, de la
version, de la transcréation » (l'adaptation créative des jeux vidéo et du
marketing en particulier), de la « localisation » (l'adaptation linguistique et
culturelle d'un texte pour un nouveau lieu), etc. est très pertinente. Sandra
Halverson (1999) affirme que la traduction peut être mieux considérée
comme une classification de prototypes, c'est-à-dire qu'il existe des
caractéristiques fondamentales que nous associons à une traduction
prototypique, et d'autres formes de traduction qui se situent à la marge
(Munday. 07).

Jakobson souligne combien il est difficile d'obtenir une équivalence complète


en raison de la complexité des codes impliqués. Même dans la traduction
intralinguale, nous devons utiliser une combinaison d'unités de code pour
interpréter le sens. Ainsi, même les synonymes ne peuvent garantir une
équivalence complète. La situation se complique lorsque la LS et la LC sont
différentes. En plus de la différence entre deux systèmes linguistiques, les
différences culturelles constituent également d'énormes obstacles à l'activité
de traduction. Eugène Nida déclare : « Puisqu'il n'y a pas deux langues
identiques, que ce soit dans les significations données aux symboles
correspondants ou dans la manière dont ces symboles sont agencés dans les
phrases, il va de soi qu'il ne peut y avoir de correspondance absolue entre les
langues. Il ne peut donc y avoir de traductions totalement exactes » (Venuti
126).

1.4 ÉQUIVALENCE
Avant d'entrer dans le détail de la théorie de l'équivalence, commençons par
la signification lexicographique du terme « équivalence » - ce que ce mot
signifie réellement. L'équivalence, selon Chambers' Etymological Dictionary,
signifie « chose égale en valeur. » Nous pouvons donc dire que l'équivalence
dans les études de traduction signifie une relation de valeur égale, qui est
possible dans une certaine mesure, entre le texte source (TS) et le texte cible
(TC). La théorie n'a jamais dit que l'ensemble du texte cible ou du texte
traduit avait la même valeur que le texte source en termes de forme, de
fonction, de valeur ou autre. L'équivalence a toujours postulé une relation de
« valeur égale » ou de « similitude » à un certain niveau, par tous les moyens
possibles, entre un texte source et un texte cible. La théorie n'oblige jamais le
texte cible à être identique ou exact comme le texte source. Il n'est donc pas
12
nécessaire que le texte cible soit symétrique ou réversible par rapport au texte Notion de base et
terminologie
source. La valeur est-elle dans la forme ? Ou la valeur réside-t-elle dans
l'esthétique ? Ou dans la longueur du texte ? Ou la valeur réside-t-elle dans
les qualités du texte ? Ou dans l'effet ou l'usage du texte ? Devons-nous
comparer l'effet sur le lecteur du texte original avec le lecteur du texte cible ?
Ou devons-nous opposer la fonction du texte source sur la culture source à la
fonction du texte cible sur la culture cible ? Toutes ces questions importantes
sont liées au paradigme de l'équivalence et font l'objet d'une analyse dans
cette partie.

Ce débat sur une traduction parfaitement exacte ou sur l'équivalence est


encore aujourd'hui le plus répandu dans le domaine. Puisque toutes les
traductions sont inévitablement orientées vers le lecteur ou l'auditeur,
l'équivalence devient très importante. En fin de compte, le texte LS doit avoir
un sens pour le lecteur/auditeur de la LC et pour cela, le traducteur doit
prendre en compte tous ou plusieurs des facteurs que nous avons déjà
discutés.

Le langage idiomatique devient un autre problème épineux de la traduction.


Les expressions idiomatiques d'une langue sont enracinées dans le milieu
culturel et social de la communauté et il sera difficile de les transposer dans
un sol complètement différent. Par exemple, il sera pratiquement impossible
de traduire "la prunelle de mes yeux" dans une langue indienne. Bien sûr, il
est possible de le faire littéralement en remplaçant les mots anglais par les
mots hindi exacts, mais cela dérouterait complètement le lecteur hindi qui n'a
aucune idée de l'original anglais. Il est donc clair que la traduction signifie
bien plus que la substitution d'un ensemble de termes lexicaux et
grammaticaux par un autre.

En fait, Anton Popovič identifie quatre types d'équivalence en traduction :

i) L'équivalence linguistique : Similitude entre les mots de la LS et de la


LC. Cela se produit dans la traduction « mot à mot ».

ii) L'équivalence paradigmatique : Similitude entre les composantes


grammaticales

iii) Équivalence stylistique : Similitude dans le sens ou l'impact du


texte/message exprimé iv) Équivalence textuelle (syntagmatique) :
Similitude dans la structure et la forme des textes.

En ce qui concerne les idiomes et les métaphores, le traducteur devra viser


l'équivalence stylistique où, selon Popovič, il y a « équivalence fonctionnelle
des éléments dans l'original et la traduction » (cité par Bassnett 25).

Eugène Nida classe l'équivalence en deux catégories : formelle et dynamique.


Dans l'équivalence formelle, il y a une correspondance complète entre les 13
Histoire Générale de la deux textes en termes de structure et de contenu, et la traduction essaiera de
Traductologie transmettre autant que possible le texte de la LS. Une traduction fidèle serait
caractérisée par une équivalence formelle. L'équivalence dynamique vise à
créer un impact similaire à celui du texte SL sur ses lecteurs ou à recréer une
relation similaire entre le lecteur/auditeur et le texte. Les deux formes
d'équivalence ont leurs avantages et leurs inconvénients, et sont pertinentes
en fonction des contextes de traduction.

1.5 LOST IN TRANSLATION


Le concept d'équivalence s'accompagne de la notion de perte et de gain en
traduction. La plupart des théories de la traduction partent implicitement du
principe que quelque chose est perdu lorsque l'on fait passer un texte d'une
langue à une autre. Il existe toujours une possibilité d'erreur de
communication dans l'acte de communication qu'est la traduction ; si le
récepteur se trompe légèrement dans le décodage, il y a de fortes chances que
le message ne soit pas transmis correctement. Certains éléments peuvent être
ajoutés ou supprimés. On peut d'ailleurs citer la célèbre définition de la
poésie donnée par Robert Frost : « La poésie est ce qui se perd dans la
traduction ». La base de la déclaration de Frost est le concept de l'originalité
créative du poète qui crée une œuvre où le sens se cache quelque part sous la
surface des mots. On suppose que le traducteur ne peut jamais espérer saisir
le « sens » de la LS originale, qui tend à se perdre dans les interstices de la
LC. Les traducteurs trop enthousiastes peuvent aussi, par inadvertance,
alourdir le texte en y ajoutant plus que nécessaire, de sorte que la traduction
peut contenir plus d'allusions que prévu.

Le problème des pertes et des gains est à nouveau dû à la dissemblance


culturelle entre deux groupes linguistiques. Un élément très courant dans une
communauté donnée peut être rare dans une autre. On dit que la langue des
Esquimaux compte plus de cent mots pour décrire la « neige ». Les
distinctions subtiles qu'ils font entre les différents types de neige ne peuvent
être exprimées par un seul mot hindi. L'inverse est également vrai. Par
exemple, le mot « godhuli » en hindi ne peut être traduit à l'aide d'un seul mot
anglais. Il faut l'expliquer comme étant « l'heure à laquelle le bétail rentre
chez lui en faisant monter la poussière par ses sabots ». Il y a bien sûr le mot
« crépuscule », mais ce n'est qu'une approximation ; ce qui est perdu ici, c'est
la suggestion de la vie dans les villages indiens où le crépuscule est le
moment sacré où le bétail rentre chez lui et où les lampes sont allumées. Il y a
ici une perte dans la traduction.

C'est l'un des principaux défis auxquels est confronté le traducteur qui traduit
une œuvre littéraire. Le langage littéraire, en plus d'être informatif et factuel,
est également allusif et elliptique. Le traducteur doit être attentif à ces
résonances dans le texte LS et tenter de les restituer au lecteur LC du mieux
qu'il peut, sans perte ou gain palpable dans le processus.

14
Notion de base et
1.6 TRADUISIBILITÉ terminologie

Parfois, ce ne sont pas seulement les différences culturelles qui constituent


des obstacles à l'activité de traduction. Il peut s'agir d'une construction
grammaticale qui pose problème. Par exemple, la phrase« Yahaan ka mahaul
achcha hain » en hindi ne peut pas être traduit en utilisant le même ordre de
mots en anglais. Si nous le faisons, cela deviendrait « Here's atmosphere is
good », ce qui est faux en anglais. Pour avoir l'équivalent correct en anglais,
nous utilisons « The atmosphere here is good ». De même, « Aap ka shubh
naam »en hindi est souvent converti en « your good name » en anglais. Ces
lacunes dans la traduction ont souvent des résultats hilarants (non
intentionnels). Soyez à l'affût de ces gaffes la prochaine fois que vous
regarderez un film ou une chanson dans votre langue maternelle avec des
sous-titres en anglais !

J. C. Catford identifie deux types d'intraduisibilité : linguistique et culturelle.


L'intraduisibilité linguistique se produit lorsqu'il n'y a pas d'équivalents
grammaticaux ou syntaxiques dans la TL. Les différences culturelles ouvrent
la voie à l'intraduisibilité culturelle. Popovič fait également la distinction
entre deux types de problèmes. Le premier est : « Une situation dans laquelle
les éléments linguistiques de l'original ne peuvent pas être remplacés de
manière adéquate en termes structurels, linéaires, fonctionnels ou
sémantiques en conséquence d'un manque de dénotation ou de connotation ».
L'autre est une situation « où la relation d'expression du sens, c'est-à-dire la
relation entre le sujet créateur et son expression linguistique dans l'original,
ne trouve pas une expression linguistique adéquate dans latraduction » (cité
par Bassnett 34). Les exemples donnés ci-dessus illustrent ces problèmes.

Cela signifie-t-il que la traduction est une impossibilité ? Ce n'est pas le cas.
Georges Mounin, un linguiste français, estime que s'attarder sur les
problèmes d'intraduisibilité n'apportera aucun résultat positif. Selon lui, il
existe certains domaines de l'expérience personnelle qui échappent
fondamentalement à la traduction. Cela s'explique par le fait que le domaine
privé de chaque individu est exclusivement le sien et que tout ce qui en traite,
en particulier la littérature, est également voué à être individualiste et risque
de ne pas permettre d'en saisir l'essence. Les problèmes de traduction
surviennent également en raison des différences fondamentales entre deux
systèmes linguistiques qui diffèrent dans leur sens le plus élémentaire. Par
exemple, il sera plus difficile de traduire de l'anglais (une langue indo-
européenne) en malayalam (une langue dravidienne) parce qu'ils diffèrent
dans tous les aspects linguistiques. Mais Mounin pense que la communication
par la traduction est possible si nous essayons de la comprendre dans son
contexte. Il souligne que le point de départ de toute traduction doit être clair
et concret. La traduction implique « la prise en compte d'une langue dans sa
globalité, ainsi que de ses messages les plus subjectifs, à travers l'examen de
situations communes et la multiplication des contacts à clarifier » (Bassnett
36). La traduction impliquerait une prise en compte complète de la langue
15
Histoire Générale de la source et de la langue cible, ainsi qu'une évaluation de la manière dont le
Traductologie texte LS peut être reproduit au mieux dans la LC. Cela signifierait qu'une
communication totalement réussie par la traduction est impossible. Mais cela
prouve également qu'une certaine forme de communication n'est pas
impossible non plus.

Lorsque nous en arrivons au problème de la traductibilité et aux subtilités qui


l'accompagnent, nous devons nous arrêter et nous rappeler quelques faits
fondamentaux.

Si la traduisibilité est un tel problème et si l'équivalence complète est une


impossibilité, comment avons-nous compris des textes importants qui nous
ont profondément influencés ? Jésus-Christ parlait en araméen et la Bible
était à l'origine en hébreu. La plupart des croyants ne Le connaissent, Lui et
Sa Parole, que dansleurs propres versions linguistiques qui ne sont pas des
croyances hérétiques. La plupart d'entre nous ont lu des classiques mondiaux
classiques du monde comme Guerre et Paix, Don Quichotte et Les
Misérables, uniquement en traduction. Cela ne semble pas avoir affecté notre
appréciation et notre profond respect pour ces œuvres. La notion de rupture
de communication dans l'activité de traduction n'est donc pas confirmée dans
la pratique.

Les problèmes identifiés de manière théorique peuvent avoir des solutions


pragmatiques. C'est pourquoi Jiri Levy conseille aux traducteurs de faire
appel à leur intuition lorsqu'ils sont confrontés à des problèmes de traduction
: « La théorie de la traduction a tendance à être normative, à indiquer aux
traducteurs la solution OPTIMALE ; le travail de traduction réel, cependant,
est pragmatique ; le traducteur se résout à celle des solutions possibles qui
promet un maximum d'effet avec un minimum d'effort. C'est-à-dire qu'il se
résout intuitivement à ce qu'on appelle la STRATEGIE MINIMAX »
(« Translation as a Decision Process », Venuti 156). Pour lui, la traduction
est à la fois une interprétation et une création.

Le vieux débat sur la question de savoir si la traduction est secondaire et


dérivée ne semble pas très pertinent aujourd'hui, précisément en raison des
connaissances que nous avons sur ce processus. Bassnett a identifié une
représentation schématique du processus de traduction ainsi :

Auteur - Texte - Récepteur = Traducteur - Texte - Récepteur (Bassnett 38).

Le traducteur est donc à la fois récepteur et émetteur du message, ce qui


l'oblige à faire preuve de créativité.

1.7 TOURNANT CULTUREL DE LA


TRADUCTOLOGIE
Il s'agit d'un terme relativement nouveau dans les études de traduction, qui
marque la relation réciproque entre la traduction et un milieu culturel donné.
Il a été proposé par Mary Snell-Hornby dans son livre Translation Studies :
16 An Integrated Approach (1988) et repris par des théoriciens comme André
Lefevre et Susan Bassnett. Le principe sous-jacent de cette approche est que Notion de base et
terminologie
la traduction ne peut être dissociée de ses ancrages socioculturels et
considérée comme une activité purement linguistique. Mary Snell-Hornby est
allée jusqu'à dire qu'un bon traducteur doit être non seulement bilingue mais
aussi biculturel. Aujourd'hui, le domaine s'inspire de cette perspective,
comme en témoignent les diverses façons dont les théories culturelles se sont
infiltrées dans l'étude de la traduction.

1.8 RÉSUMÉ
Dans cette unité, nous avons établi une définition de la discipline de la
traductologie. Nous avons également vu les différents types de processus de
traduction, leurs définitions et leurs applications dans le monde pratique.
Nous avons également exploré le concept d'équivalence en traduction et les
différentes théories qui s'y rapportent. Enfin, nous avons abordé la notion de
traduisibilité, qui tente de déterminer quels sont les obstacles auxquels nous
sommes confrontés pendant la traduction et comment ils peuvent être
surmontés.

1.9 ACTIVITÉS
1. Identifiez quelques expressions idiomatiques ou proverbes dans votre
langue maternelle et essayez de les traduire dans une autre langue.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? Comment les
surmonteriez-vous ?

2. Quels sont les concepts fondamentaux de la traduction en tant qu'activité


pratique et discipline universitaire ?

1.10 GLOSSAIRE

Traductologie Science qui étudie le processus de traduction


Sémiotique Science générale des modes de production, de
fonctionnement et de réception des différents systèmes de
signes qui assurent et permettent une communication entre
individus et/ou collectivités d'individus
Transcréation La transcréation va bien au-delà de la traduction littérale.
Bien plus que de transmettre les faits, elle recrée le contenu
affectif de la source. La transcréation a pour but de présenter
du contenu multilingue suscitant la même réaction
émotionnelle que le texte source
Étymologie Science de l'origine des mots, reconstitution de leur
évolution en remontant à l'état le plus anciennement
accessible.
Destinataire Personne à qui s'adresse le message linguistique émis par un
destinateur
17
Histoire Générale de la
Traductologie
1.11 QUESTIONS
1. Définir le terme « traduction ». (Entre 200-250 mots)

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2. Expliquer les différences culturelles en traduction en donnant des


exemples. (Entre 200-250 mots)

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3. Décrire les trois formes de traduction selon Roman Jakobson. (Entre


200-250 mots)

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4. Décrire le terme « Équivalence » en traduction en donnant des Notion de base et
terminologie
exemples concrets. (Entre 200-250 mots)

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5. Expliquer les difficultés qu’on rencontre en traduisant les expressions


idiomatiques d’une langue à l’autre. (Entre 200-250 mots)

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1.12 OEUVRES À CONSULTER


Bassnett, Susan. Translation Studies. 1980. Revised edition 1991. London:
Routledge.

Benjamin, Walter. “The Task of the Translator”. The Translation Studies


Reader. Ed.
Lawrence Venuti. London: Routledge, 2000: 15 25.

Venuti, Lawrence. Ed. The Translation Studies Reader. London: Routledge,


2000.

19
Histoire Générale de la
Traductologie UNIT 2 EVOLUTION DE LA DISCIPLINE
DE LA TRADUCTION À
L'OCCIDENT
Structure

2.0 Objectifs
2.1 Introduction
2.2 Évolution de la traduction à l’Occident
2.3 Le Bible
2.4 Normalisation de l'anglais
2.5 Époque Élisabéthaine
2.6 Europe
2.7 XVIIe siècle
2.8 Le traducteur comme imitateur
2.9 L’ère romantique
2.10 XIXe siècle
2.11 L’Angleterre coloniale
2.12 Du XXe siècle à nos jours
2.13 Résumé
2.14 Activités
2.15 Glossaire
2.16 Questions
2.17 Œuvres à consulter

2.0 OBJECTIFS
Après avoir parcouru cette unité, vous comprendrez :

 évolution de la discipline de traduction à l’occident et son importance

 l’origine de la bible et sa traductions dans les autres langues

 la contribution de Alfred le Grand vers la traduction anglaise

 comment la langue anglaise est devenue importante pendant l’époque


élisabéthaine

 le développement de la traduction en Europe

20
Evolution de la
2.1 INTRODUCTION discipline de la
traduction à l'Occident
La traduction au sens large est aussi ancienne et aussi courante que
l'expression humaine dans la civilisation humaine. À l'âge du silence, lorsque
l'être humain n'était pas capable de communiquer avec des mots, il
communiquait avec différents gestes, en jouant, en dansant, l'être humain
traduisait son esprit en différents types de performances. Plus tard, lorsque
l'homme a découvert que les mots et les sons étaient sa compétence, il a
également commencé à communiquer avec la grande communauté grâce au
processus de traduction. L'histoire de Babel dans la Bible montre comment le
dieu a semé la division dans la communauté des hommes et que la traduction
est devenue un moyen de communication inévitable.

Chaque civilisation possède sa propre méthode, pratique et culture de la


traduction. La traduction est une force permanente dans toute civilisation.
Chaque civilisation a son propre modèle de traduction, sa propre réception de
la traduction et son propre objectif de traduction. Dans une communauté, la
traduction est utilisée non seulement pour communiquer avec les personnes
extérieures à la communauté, mais aussi pour communiquer avec les
personnes intérieures. La traduction, en tant que moyen de communication,
contient les archives du savoir d'une communauté particulière. La tradition
orale est souvent enregistrée dans un manuscrit, lorsqu'une communauté
découvre qu'elle peut être écrite. Si une communauté ne dépend que de la
tradition orale, elle tente également de maintenir son savoir en vie par le biais
de différents modes de traduction et de différents supports artistiques. Dans
ce processus de transmission du savoir d'une communauté particulière, la
traduction est observée dans la méthode de changement des signes et des
supports.

2.2 ÉVOLUTION DE LA TRADUCTION À


L’OCCIDENT
Quelle est la place des traductions dans une littérature ou une culture donnée
? La littérature et la culture d'une région ne sont pas monolithiques ; elles
ressemblent plutôt à un patchwork composé d'influences provenant de divers
endroits. Les traductions de langues étrangères jouent donc un rôle très
important dans la formation et le façonnement de toute littérature ou culture,
car c'est à travers les traductions qu'une société donnée apprend à connaître le
monde extérieur, ses sentiments et ses pensées. Ainsi, les traductions
deviennent une fenêtre sur le monde, les aidant à assimiler ces images et ces
sons tout en développant une culture qui leur est propre. Nous commencerons
par une histoire de la traduction en Occident, c'est-à-dire principalement dans
le monde anglophone et anglo-américain. Le monde gréco-romain a exercé
une influence majeure sur les littératures de ces pays et il convient donc de
commencer par lui.
21
Histoire Générale de la Nous ne pouvons pas parler de traductions dans la Grèce antique, car le grec
Traductologie était la seule langue classique qu'ils connaissaient. Mais sur la base de pures
conjectures, ils ont dû traduire dans leur langue des œuvres indiennes et
arabes anciennes. Des études ont montré l'influence de la pensée védique sur
la philosophie grecque. On dit aussi que les mathématiques védiques sont
arrivées en Grèce via l'Arabie. Mais il est difficile de trouver ici les textes et
les traductions exactes. Pour cela, il faut aller dans la Rome antique. Pour
Rome, la Grèce était l'idéal en matière de littérature et de culture. Les
Romains considéraient les œuvres grecques comme des modèles et, sans
surprise, de nombreuses œuvres grecques étaient traduites en latin. En fait,
Quintilien, un rhétoricien romain du 1er siècle, a souligné dans son ouvrage
InstitutioOratoria l'importance de la traduction dans l'éducation d'un jeune
homme. Pour développer l'aptitude à la rhétorique, il conseillait aux jeunes
hommes d'analyser et de paraphraser les textes qu'ils lisaient. Dans ce
contexte, il recommandait vivement la traduction des textes grecs en latin
pour développer leurs compétences linguistiques et oratoires.

Mais deux des premières personnes à avoir commenté la traduction sont


Cicéron et Horace. Cicéron était un philosophe et homme d'État romain qui a
traduit des œuvres philosophiques grecques en latin. Il peut également être
considéré comme l'un des premiers théoriciens de cette pratique, car il a
commenté la manière dont les œuvres devraient être traduites. Il était d'avis
que les traductions devaient saisir l'essence de l'original ; ainsi, plutôt que de
traduire « mot à mot », il valait mieux opter pour un rendu « sens pour sens ».

L'autre grande figure est celle d'Horace, le grand poète romain. Il est
principalement connu pour son poème « Ars Poetica » ou « L'art de la
poésie » dans lequel il parle des règles de la composition poétique. Horace
était aussi un traducteur. Mais pour lui, la traduction était un moyen d'enrichir
sa propre langue et sa propre littérature. Lui aussi, comme Cicéron, ne croyait
pas à la transposition exacte des mots dans l'autre langue. Il préférait
emprunter des mots à l'original et en inventer de nouveaux dans sa propre
langue. La traduction était une source riche qui nourrissait et
réapprovisionnait une langue qui cherchait ses marques.

Il en ressort clairement que les Romains ne croyaient pas aux traductions


exactes. Ils n'avaient pas une relation maître-esclave avec leur original, dans
laquelle on attendait d'eux qu'ils s'en tiennent strictement à chaque mot du
maître ou du texte original. L'une des raisons pour lesquelles les Romains
pouvaient prendre de telles libertés était que la plupart des Romains instruits
étaient bilingues. Les traductions n'étaient donc pas seulement des
introductions à un texte étranger, mais aussi un moyen de mettre en valeur
des aspects de la langue et de la créativité.

2.3 LA BIBLE
Passons maintenant à un autre ouvrage qui a peut-être été traduit dans
22 d'innombrables langues : la Bible. À l'origine, la Bible était rédigée en
hébreu, la langue des Juifs. Au fur et à mesure que le christianisme s'est Evolution de la
discipline de la
développé et répandu, il est devenu nécessaire de traduire la Bible également
traduction à l'Occident
dans la langue de la région. Ce n'est pas comme si tout le monde était
convaincu que la Bible devait être traduite. En fait, certains membres du
clergé estimaient que c'était un péché de traduire la parole de Dieu dans ce
qu'ils considéraient comme des langues inférieures. Les traductions de la
Bible dans diverses langues ont également contribué à l'évolution et à la
standardisation de ces langues.

L'une des premières traductions de la Bible a été faite en latin lorsque Rome
est passée sous l'influence du christianisme. Nous ne savons pas aujourd'hui
qui étaient ces anciens traducteurs. En 382 de notre ère, le pape Damas confia
la révision de ces versions à saint Jérôme, un saint de l'église catholique.
Jérôme a révisé les versions latines et a traduit des parties de la Bible grecque
en latin. Il a également prétendu avoir traduit des parties de la Bible
hébraïque. Cependant, son authenticité a été mise en doute car saint Jérôme
connaissait très peu l'hébreu. Les révisions de Jérôme et ses traductions sont
devenues une partie de la Bible qui a ensuite été connue populairement sous
le nom de Vulgate, la Bible latine définitive officiellement acceptée par
l'Église catholique.

Les traductions de la Bible allaient ouvrir la voie au développement de


l'anglais en tant que langue. Après la fin de l'ère romaine, l'Angleterre était un
pays divisé en petits royaumes comme Northumbria, Mercia, East Anglia,
Wessex, etc. Le christianisme est arrivé en Angleterre par l'intermédiaire des
Romains. Le christianisme est arrivé en Angleterre par les Romains, mais la
Bible n'a été traduite que bien plus tard, lorsque l'Angleterre a commencé à se
considérer comme une nation capable de voler de ses propres ailes. Cela s'est
produit à l'époque médiévale. La traduction anglaise s'est faite au mépris du
clergé, qui estimait que le droit de comprendre et d'interpréter la Bible ne
revenait qu'à lui. Les premiers traducteurs étaient donc considérés comme des
hérétiques et étaient persécutés par l'Église.

L'un des premiers traducteurs de la Bible en anglais était John Wycliffe.


Wycliffe pensait que la Bible devait être capable de communiquer avec une
personne ordinaire sans instruction. Il avait un groupe d'adeptes appelé les
Lollards. Le latin, dans lequel la Bible était disponible en Angleterre, n'était
connu que du clergé. Wycliffe a donc décidé de traduire la Bible en anglais,
la langue de l'homme ordinaire. La Bible de Wycliffe a donc été écrite dans
un anglais simple afin d'être comprise par tous. Elle a été publiée en 1382.

D'autres traductions sont devenues très importantes pour la langue. William


Tyndale était une figure majeure. Il a traduit la Bible du grec et l'a publiée en
1526. Il a dû en souffrir et a été brûlé sur le bûcher pour avoir rendu la Bible
disponible en anglais. Miles Coverdale est également important car il a été le
premier à traduire et à publier la Bible complète en anglais. Ces courants de
traduction se sont ensuite rejoints pour produire la version autorisée de la
23
Histoire Générale de la Bible ou la King James Bible de 1611. Ces traductions ont renforcé la langue
Traductologie anglaise et affaibli la position du latin comme langue supérieure.

Cela ne signifie pas que la Bible n'a été traduite qu'en anglais ; d'autres
langues européennes comme le néerlandais, l'allemand, le suédois et le danois
ont également eu leurs propres Bibles. Comme dans le cas de l'anglais, ces
traductions ont également contribué à normaliser ces langues. La traduction
allemande de 1522 de Martin Luther est devenue une composante importante
de l'allemand standard.

2.4 NORMALISATION DE L'ANGLAIS


Outre ces exercices religieux, les traductions profanes ont également
contribué à la formation et à la standardisation de la langue anglaise. L'un des
principaux acteurs de cette évolution est le roi Alfred le Grand de Wessex.
On se souvient surtout d'Alfred pour avoir défendu la fierté des Anglo-
Saxons et pour avoir résisté aux attaques des tribus vikings. Après avoir
consolidé ses triomphes et Après avoir consolidé ses triomphes et établi un
royaume stable, Alfred a entrepris de développer la culture de son pays. Il
s'est rendu compte que son royaume n'avait pas beaucoup de raisons de se
vanter en termes de littérature. C'est pourquoi il lance donc un projet de
traductions d'œuvres classiques en anglais, ou vieil anglais comme on
l'appelle. Ces traductions avaient une mission spécifique : éduquer le peuple
grossier en matière de morale et d'éthique et le familiariser avec le meilleur
de la culture dans d'autres langues. Alfred lui-même était traducteur, et ses
principaux travaux étaient les Consolations de la philosophie du philosophe
romain chrétien Boèce et les Soliloques de Saint Augustin. Ces ouvrages
étaient de nature didactique et agissaient comme des manuels de philosophie
morale. Les traductions d'Alfred et celles qu'il a commandées ont contribué à
l'évolution de l'anglais. Elles ont également inculqué à son peuple la fierté de
l'anglais et de la langue anglaise, qui s'est concrétisée plus tard, à l'époque
élisabéthaine.

2.5 ÉPOQUE ÉLISABÉTHAINE


En sautant quelques siècles, nous arrivons à l'époque élisabéthaine qui a joué
un rôle important dans le développement de l'anglais en tant que langue et qui
est également devenue la pépinière d'une grande littérature. L'Angleterre du
XVIe siècle, et en fait toute l'Europe, a vu de nombreux voyages en mer être
entrepris vers des parties du globe jusqu'alors inconnues. Cette curiosité pour
le monde géographique avait aussi son pendant culturel. Les traductions
d'autres langues en anglais sont devenues plus populaires et elles parlaient de
rivages et de coutumes étranges. Il convient de noter que ces traductions
étaient entreprises de manière plutôt désinvolte, sans grand souci de fidélité à
l'original. Elles étaient réalisées dans un esprit d'aventure qui caractérise les
voyages de l'époque. Elles ouvraient l'esprit élisabéthain à des littératures et
des langues différentes. La plupart de ces traducteurs ne connaissaient pas la
24
langue originale dans laquelle le texte était écrit. Les traductions étaient le Evolution de la
discipline de la
plus souvent tirées d'une autre traduction de l'original, de sorte qu'il s'agissait
traduction à l'Occident
plutôt de recréations de l'original.

Par exemple, il y a la traduction par Sir Thomas North des Vies des nobles
Grecs et Romains de Plutarque (1579). North ne connaissait pas le latin et a
traduit Plutarque à partir du français. Plutarque était un historien romain qui
avait écrit des biographies d'hommes célèbres grecs et romains. Il s'agissait
également d'histoire, dans un sens, et il est devenu une source importante
pour Shakespeare lorsqu'il a écrit ses pièces historiques comme Jules César.
Philemon Holland, un ecclésiastique du 16e siècle, a également traduit
Plutarque, principalement son œuvre intitulée Moralia. On dit que sa
traduction est meilleure que la plupart des traductions du 20e siècle du même
ouvrage. Sa traduction de l'Histoire de Rome de Tite-Live est une autre
œuvre majeure de traduction de la même époque. Elle a aidé des écrivains ne
connaissant pas le latin à se familiariser avec les grandes figures de l'histoire
romaine et leur a également fourni de la matière première pour leur travail.
Ce qui caractérise la traduction de Holland, c'est l'empreinte qu'il donne aux
textes qu'il traduit, au point d'en faire un texte tout à fait différent.

John Florio est un autre traducteur que nous ne pouvons ignorer, car c'est par
lui que nous avons obtenu le plus grand essayiste de la langue anglaise, Sir
Francis Bacon. Florio, un contemporain et ami de Shakespeare, a traduit en
anglais l'essayiste français Montaigne. On dit que Bacon en a été influencé et
s'en est inspiré pour écrire ses célèbres essais. Florio a traduit du français, de
l'italien et de l'espagnol et est considéré comme l'un des traducteurs les plus
doués en anglais. On pense qu'il a apporté plus de mille mots à la langue. En
fait, il était un écrivain si doué qu'il y a des gens qui croient qu'il est en fait
Shakespeare et qu'il a écrit toutes ces merveilleuses pièces.

George Chapman, poète et écrivain élisabéthain, a également traduit en


anglais l'Odyssée et l'Iliade d'Homère. Il s'agit de la première traduction
anglaise complète d'Homère et elle a fait l'objet de plusieurs volumes. La
traduction de Chapman a résisté à l'épreuve du temps car, des siècles plus
tard, le poète romantique John Keats devait écrire un sonnet sur les émotions
qu'il avait ressenties à la première lecture de la traduction de Chapman du
classique grec : En regardant pour la première fois l'Homère de Chapman. On
dit également qu'il a influencé T. S. Eliot.

2.6 EUROPE
Pendant ce temps, la traduction se développait également dans d'autres pays
européens. Bien que la pratique de la traduction soit désormais un art presque
parfait, les théories sur cette pratique sont encore peu développées. Un
Français, Etienne Dolet, a été l'un des premiers à proposer un cadre théorique
ou à expliquer le pourquoi et le comment de la traduction. En 1540, il a écrit
un livre intitulé « La manière de bien traduire d'une langue en autre ». Ce
livre donne un aperçu détaillé des périls et des pièges que l'on rencontre dans 25
Histoire Générale de la l'art de la traduction. Il énonce cinq principes sur lesquels le traducteur doit se
Traductologie baser. Mais Dolet est remarquable pour une autre raison : il est peut-être le
premier martyr de la cause de la traduction. Il a été exécuté parce qu'on
l'accusait d'avoir « mal traduit » Platon, c'est-à-dire d'avoir déformé ses idées
pour que Platon apparaisse comme athée. Cela montre également qu'il faut
être extrêmement prudent dans l'utilisation des mots lorsqu'on traduit !
Cependant, les opinions de Dolet sur la traduction étaient considérées comme
valables par ses contemporains comme Chapman et sont prises au sérieux par
les théoriciens de la traduction aujourd'hui.

2.7 XVIIE SIÈCLE


L'âge suivant de la littérature anglaise, le 17ème siècle est considéré comme
l'âge de la prose et de la raison. Cet âge marque la fin du premier âge
romantique de Shakespeare et se caractérise par un retour aux classiques.
Dans le domaine de la traduction également, nous constatons un changement
similaire. Les traducteurs de l'âge précédent étaient motivés par le simple
désir de découvrir d'autres cultures et littératures. Mais au 17e siècle, nous
trouvons davantage de didactisme chez les traducteurs. Ils souhaitaient
ramener les classiques et le sérieux classique dans la littérature anglaise. Les
principaux traducteurs de l'époque sont ses grandes figures littéraires - John
Dryden et Alexander Pope. Dryden a travaillé sur le classique latin de
Virgile, L'Aenied, et Pope a traduit du grec l'Odyssée d'Homère. Dryden était
également un critique influent. Le latin et sa grammaire ont joué un rôle
décisif dans la formation de son opinion sur les styles d'écriture. C'est Dryden
qui a inventé des termes très importants dans la théorie de la traduction,
comme la métaphore, la paraphrase et l'imitation. Dryden était d'avis que la
paraphrase ou la traduction qui empruntait la voie du milieu était la meilleure.

2.8 LE TRADUCTEUR COMME IMITATEUR


Avec Alexander Pope, nous entrons dans le XVIIIe siècle, époque où l'on
pensait qu'un traducteur devait être comme un peintre qui dépeint l'original
avec fidélité. Mais Pope est une exception à cette règle. Le célèbre critique
Dr. Johnson pensait que la traduction d'Homère par Pope était un exploit que
peu d'hommes pouvaient égaler. Mais il y a des gens qui ont accusé Pope
d'avoir converti Homère en un poète anglais. Pope estimait qu'il avait un
devoir moral envers le lecteur, à savoir transmettre l'esprit du texte original.
Pour cela, il a ajouté et omis des parties comme il l'entendait. Le Dr Johnson
a soutenu Pope dans cette démarche, en déclarant qu'il n'y a pas de mal à
ajouter des éléments à un texte si cela ne nuit pas à son esprit.

Abraham Cowley est un autre poète qui était le contemporain de Dryden et


qui est connu pour ses traductions des odes de Pindare en anglais. Pindar était
un ancien poète grec et Cowley a utilisé sa forme d'ode en anglais. Cowley
est important parce qu'il estimait clairement qu'il n'était pas nécessaire de s'en
tenir strictement à l'original lors de la traduction. En cela, il est l'un des
26
précurseurs des traducteurs anglais d'aujourd'hui qui ont pris des libertés avec Evolution de la
discipline de la
des textes qu'ils jugeaient inférieurs. Il souhaitait donc transmettre la manière
traduction à l'Occident
dont Pindar écrivait, et non pas exactement ce qu'il avait écrit.

Il en ressort que les traducteurs de cette époque estimaient qu'il était de leur
devoir de présenter les auteurs classiques aux lecteurs de leur âge. Pour cela,
ils ont souvent essayé de donner une touche contemporaine aux textes qu'ils
traduisaient. Il convient ici de faire une légère distinction entre l'âge de
Dryden et l'âge de Pope.

Lorsque nous arrivons à l'âge du pape, on estime que le traducteur doit être
plus fidèle à l'original. Le célèbre poète allemand Goethe était l'un de ceux
qui croyaient en cette sorte de fidélité à l'original. Le concept de traduction en
tant que tableau et le traducteur en tant qu'imitateur sont plus importants à
cette époque. Le 18e siècle a également vu le premier livre sur la théorie de la
traduction en anglais, à savoir « The Principles of Translation » d'Alexander
Fraser Tytler, publié en 1741. Il soutenait également que le traducteur ne
devait pas trop modifier l'original et était essentiellement en désaccord avec
Dryden. Il pensait que le traducteur devait saisir l'âme de l'auteur original,
mais lui permettre de s'exprimer à travers lui.

2.9 L'ÈRE ROMANTIQUE


L'âge romantique, au cours duquel l'imagination est devenue plus importante
que toute autre chose dans la créativité, a vu un changement d'attitude vis-à-
vis de la traduction. La poésie était considérée comme spontanée et
émotionnelle, et il est très souvent difficile d'expliquer le sens d'un poème,
car l'effet du poème se cache souvent derrière les mots et les phrases. Cette
partie du poème est difficile à saisir et à transmettre dans une autre langue. La
créativité était très appréciée et la traduction qui n'en demandait pas tant était
considérée comme une activité secondaire dérivée de l'acte premier qu'était
l'écriture de la poésie. Le poète Shelley était de cet avis. Cependant, il y a eu
beaucoup d'activités de traduction au cours de cette période. Des auteurs
allemands comme Goethe étaient traduits en anglais et des écrivains anglais
comme Walter Scott et Lord Byron étaient traduits en français et en italien.

Dans ce contexte, il faut se souvenir du philosophe allemand Friedrich


Schleiermacher (1768 - 1834) qui a pensé à une solution pour résoudre le
problème auquel sont confrontés les traducteurs. Il était d'avis Il était d'avis
que les traductions devaient utiliser une langue qui conserve l'étrangeté de
l'original, afin que le lecteur puisse avoir un aperçu de ce qui se passe dans la
langue originale. Le modèle de Schleiermacher est aujourd'hui très discuté
dans la théorie de la traduction.

2.10 XIXE SIÈCLE


Le modèle de Schleiermacher se retrouve chez Dante Gabriel Rossetti, poète
anglais préraphaélite, qui considérait que le traducteur était subordonné à 27
Histoire Générale de la l'original et qu'il devait traduire de manière que la forme et le contenu de
Traductologie l'original puissent être transmis fidèlement au lecteur. William Morris, un
autre poète de l'époque, pensait que les traductions devaient saisir toutes les
particularités et l'étrangeté de l'original et les transmettre au lecteur. Ses
traductions d'Homère sont donc difficiles à lire car elles tentent de rendre le
caractère archaïque des textes qu'il traduit. Mais elles ont été très appréciées
par les critiques et les lecteurs de l'époque. Ces traducteurs considéraient les
œuvres originales comme des pièces esthétiques destinées à être appréciées,
souvent par une élite minoritaire. Le traducteur érudit devait être respecté par
le lecteur, qui lui faisait implicitement confiance.

Ils pensaient que le but de la traduction était de rapprocher le lecteur de


l'original. Le traducteur devait donc être totalement fidèle à l'original et ne
devait pas se laisser emporter par des interprétations personnelles. Matthew
Arnold en Angleterre et Henry Wadsworth Longfellow en Amérique étaient
de cet avis. Longfellow, qui a traduit la Divine Comédie et les Rubaiyaat de
Dante, a déclaré : « Le travail d'un traducteur est de rapporter ce que l'auteur
dit, et non d'expliquer ce qu'il veut dire ; c'est le travail du commentateur ». Il
en résultait une dévalorisation du travail du traducteur, car la traduction était
considérée comme un acte médiateur qui rapprochait un lecteur et un texte en
langue étrangère. Il importait peu que le traducteur soit lui-même un écrivain
créatif à part entière.

2.11 L'ANGLETERRE COLONIALE


Mais avec la montée et l'expansion du colonialisme, nous percevons une nette
différence d'opinion. L'expansion impérialiste, surtout en Asie, a vu le rendu
de textes en langues anciennes en anglais. Mais contrairement à leur attitude
vis-à-vis des textes latins et grecs, ils pensaient que les traductions des textes
arabes et sanskrits étaient des efforts pour polir la beauté barbare de ces
œuvres anciennes. Edward Fitzgerald, qui a traduit le Rubaiyat d'Omar
Khayyam, est le meilleur exemple possible de ce type de traducteur. Sa
traduction était plutôt une recréation d'un original exotique, transformé en
une entité que le lecteur natif pouvait comprendre. Au cours de ce processus,
le traducteur tente de polir ce qu'il perçoit comme la rugosité de l'original,
tout en conservant son caractère exotique. Cela est évident même dans les
premières traductions anglaises d'œuvres sanskrites comme
« Abhijnanasakuntalam », réalisées par des érudits orientalistes comme Sir
William Jones.

Cette attitude a été beaucoup critiquée par la suite comme faisant partie de la
mentalité orientaliste. Le texte original était traduit et conditionné de manière
à projeter et à préserver une image particulière. L'Orient était considéré
comme mystérieux et impénétrable, et en même temps sensuel et indulgent.
La traduction contenait donc de nombreux archaïsmes, mais l'effet produit
était parfois très éloigné de celui de l'original. Bien que ces traductions aient
été comme une « découverte » de l'Orient par l'Occident, elles présentaient
28
souvent une version déformée de l'original. La traduction est également Evolution de la
discipline de la
devenue une sorte d'activité ésotérique réservée aux seuls spécialistes de
traduction à l'Occident
l'Orient.

Ainsi, au XIXe siècle, nous pouvons observer deux points de vue


diamétralement opposés sur la traduction : celui de Dante Gabriel Rossetti,
qui pense que le traducteur doit être soumis à l'œuvre originale, et celui
d'Edward Fitzgerald, qui estime qu'il est permis de prendre des libertés avec
les œuvres. Il était plutôt comme un maître qui fait obéir la langue de son
serviteur à ses caprices et à ses fantaisies.

2.12 DU XXE SIÈCLE À NOS JOURS


À l'aube du XXe siècle, nous avons assisté à un élargissement des horizons
littéraires. L'expansion colonialiste a rapproché le monde et les empires ont
découvert des langues et des littératures jusqu'alors inconnues. Cela a donné
lieu à des activités de traduction à grande échelle. Des écrivains et des poètes
connus ont été attirés par la littérature étrangère, comme le poète américain
Ezra Pound. Son œuvre Cathay était une traduction de la poésie chinoise. En
fait, le mouvement poétique américain appelé Imagisme s'est inspiré de la
poésie classique chinoise et japonaise. La forme poétique japonaise du
« haïku » a été la source de nombreux imagistes qui ont mis l'accent sur les
images plutôt que sur un langage poétique détaillé. Des activités de
traduction ont également été entreprises de l'autre côté de l'Atlantique. La
mission orientaliste de découverte des textes asiatiques s'est poursuivie et de
nombreux textes indiens et arabes anciens ont été traduits en anglais.

Cependant, de nombreux écrivains et traducteurs considéraient la traduction


comme une activité secondaire, ne nécessitant pas beaucoup de créativité.
Hilaire Belloc en est un exemple : « L'art de la traduction est un art
subsidiaire et dérivé », estimait-il. La définition de la traduction a fait l'objet
de nombreux débats - en tant qu'art ou en tant qu'artisanat.

Les études de traduction en tant que discipline ont également commencé à


émerger dans la seconde moitié du 20e siècle. Cela est dû en grande partie à
l'influence de la linguistique dans le domaine de la théorie critique. Cette
dernière est née d'un regain d'intérêt pour les travaux des formalistes russes
dans les années 1920. Ces derniers, et plus tard le Cercle linguistique de
Prague, avaient concentré leur attention sur la langue de la littérature à
l'exclusion de toute autre caractéristique. L'importance accordée à la langue a
également conduit à une revalorisation de l'activité de traduction. Celle-ci
n'était plus considérée comme une activité secondaire pouvant être exercée
par toute personne ayant une bonne connaissance de deux langues différentes.
Pour une raison quelconque, les études de traduction ont pris une forme plus
concrète en Europe de l'Est et ne sont apparues en Angleterre que beaucoup
plus tard. Le livre de J. C. Catford, publié en 1965, a ouvert la voie à la
traductologie en tant que discipline en Angleterre.
29
Histoire Générale de la Aujourd'hui, la traductologie est une discipline à part entière, qui puise dans
Traductologie divers domaines d'étude comme la linguistique, la narratologie et l'esthétique.
André Lefevere a été l'un des premiers à tenter une définition de l'objectif de
ce champ d'investigation : « produire une théorie complète qui puisse
également servir de ligne directrice pour la production de traductions ». Il en
ressort clairement que le cadre théorique de la traductologie est lié à la
pratique de la traduction. Comme le souligne Susan Bassnett, « il serait
vraiment tragique de séparer la théorie de la pratique, d'opposer le chercheur
au praticien, comme cela s'est produit dans d'autres disciplines ». La théorie
de la traductologie est nourrie par les expériences de la traduction, ce qui
rend le domaine vivant et dynamique.

2.13 RÉSUMÉ
Dans cette unité, nous avons constaté comment la traduction est évolué à
l’occident pendant les siècles et ont eu connaissance des personnes qui ont
principalement contribué à son développement. Puis on a appris à propos de
la Bible, ses origines et sa traduction dans plusieurs langues. On a aussi vu
comment la traduction de la Bible a énormément aidé dans la normalisation
des langues dans lesquelles la Bible a été traduite. On a aussi constaté sur le
rôle du roi Alfred le Grand dans la normalisation de la langue anglaise.
Ensuite on a remarqué le développement de la traduction en tant qu’un
domaine au cours des siècles de l’époque élisabéthaine jusqu’à nos jours.

2.14 ACTIVITÉS
1. Comparez la traduction de la Bible en Anglais à sa traduction dans une
langue indienne. Notez les différences en traduisant les éléments
culturels.

2. Est-ce que les romans indiens traduits dans les langues européennes ont
connu un grand succès ? Pourriez-vous donner quelques exemples.

2.15 GLOSSAIRE
Monolithique Quelquechose qui se présente sous l'aspect d'un tout
cohérent, sans contradiction
Transposition passage d'unecatégoriegrammaticale à une autre durant le
procédé de traductionmais sans changer le sens de
l'expression
Didactisme Caractèredidactique d'un ouvrage ; tendance de quelqu'un
à êtredidactique.
Rhétorique Art de bien parler ; technique de la mise enœuvre des
moyensd'expression (par la composition, les figures)

Paraphraser Exprimerquelque chose sous une autre forme, engénéral


plus longue, plus explicative
30
Evolution de la
2.16 QUESTIONS discipline de la
traduction à l'Occident
1. Qui sont les principaux traducteurs et théoriciens de la traduction du
monde occidental ? (Entre 200-250 mots)

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2. Identifiez les événements importants de l'histoire de la traduction en


Occident.(Entre 200-250 mots)

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2.17 OEUVRES À CONSULTER


Bassnett, Susan. Translation Studies. 1980. Revised edition 1991. London:
Routledge.

Lefevere, Andre. Translation History Culture: A Sourcebook. 1992. London:


Routledge.

31
Histoire Générale de la
Traductologie UNIT 3 EVOLUTION DE LA DISCIPLINE
DE LA TRADUCTION EN INDE
Structure
3.0 Objectifs
3.1 Introduction
3.2 L’activité de traduction
3.3 L’Inde du Sud
3.4 Les épopées
3.5 L’Inde médiévale
3.6 La colonisation
3.7 L’essor du nationalisme indien
3.8 L’indépendance de l’Inde
3.9 Les enjeux en Inde
3.10 Résumé
3.11 Activités
3.12 Glossaire
3.13 Questions
3.14 Œuvres à consulter

3.0 OBJECTIFS
Après avoir parcouru cette unité, vous allez mieux comprendre :
 L’histoire de traduction et comment la traduction a aidé pour créer un
lien entre les civilisations
 La culture de traduction en Inde
 Le contact culturel et son influence sur la traduction
 L’importance des épopées et leurs versions dans les langues
régionales
 L’arrivée des Britanniques et leur marque sur la culture indienne et
leur politique linguistique en Inde
 L’esprit de nationalisme indien et la montée visible des traductions en
langues régionales
 Quels sont les enjeux devant le domaine de traduction en Inde

32
Évolution de la
3.1 INTRODUCTION discipline de la
traduction en Inde
L'Inde présente un problème unique lorsqu'il s'agit de littérature et de langage
littéraire. Il est difficile de retracer l'origine de quelque chose comme la
littérature indienne en raison de la multiplicité des traditions que nous avons
en Inde. Il n'y a pas d'origine spécifique à laquelle nous puissions remonter et
plus nous remontons dans le passé, plus il devient difficile d'identifier la vie
et l'époque des auteurs. De plus, chaque partie de l'Inde a une histoire
différente de celle des autres parties de l'Inde. Il est donc pratiquement
impossible de donner une histoire complète de la littérature indienne.
Naturellement, cela rend difficile de retracer l'histoire des traductions en Inde
également.

Bien que nous ne disposions pas d'informations définitives sur les dates de
composition ou l'identité des auteurs, nous savons certainement que de
nombreux ouvrages sur diverses disciplines ont été produits dans l'Inde
ancienne. Les textes les plus anciens dont nous ayons connaissance sont les
Vedas, qui auraient été composés vers 1500 avant J-C. L'un des premiers
textes littéraires est le Natyashastra, qui aurait été écrit par Bharata entre 400
avant J.-C. et 400 de notre ère. Les épopées religieuses du Ramayana et du
Mahabharata ont exercé une influence considérable. Ces épopées, dont on
pense qu'elles ont été composées respectivement par Valmiki et Vyasa, ont
été transmises oralement d'une génération à l'autre jusqu'à ce qu'elles soient
consignées par écrit, mais il est difficile de déterminer les dates réelles de
composition.

La langue utilisée pour toutes ces œuvres était le sanskrit, qui était la langue
de la classe supérieure éduquée. On peut le comparer au latin, qui était la
langue utilisée pour les ouvrages savants en Occident ; le latin aussi était la
langue de la minorité éduquée.

Le rôle de la traduction en tant que communication est l'une des pratiques les
plus anciennes dans le domaine de la traduction. Les voyageurs de l'Antiquité
avaient l'habitude de communiquer par le biais de différents modes de
traduction. Les civilisations anciennes et médiévales de l'Inde et des pays
arabes ont trouvé dans la traduction un moyen de transférer des
connaissances d'une civilisation à l'autre. L'ancien texte indien Panchatantra
a été reçu par les Perses et a été traduit en persan, ce qui a permis à l'Europe
de connaître cet ancien texte indien. Le lien culturel entre le monde arabe et
l'Inde a également permis un échange amical de littérature par le biais de la
traduction. La traduction littéraire n'est pas seulement un mode de
communication inévitable ou naturel, elle a aussi une histoire très ancienne
parmi les civilisations.

La différence fondamentale entre les notions de traduction dans les


civilisations occidentale et indienne est qu'en Inde, la traduction est reçue
dans sa multiplicité alors qu'en Occident ou en Europe, la traduction est reçue
dans un mode de communication littéraire très particulier qui sera exploré 33
Histoire Générale de la plus tard dans ce module. Mais il faut également noter que l'étude
Traductologie scientifique de la traduction n'a pas commencé en Inde mais en Occident.
L'étude scientifique de la traduction indienne n'a pas encore reçu l'attention
qu'elle mérite. Les expériences coloniales et les études post-coloniales ont
insisté pour une étude scientifique de la traduction indienne, car la traduction
porte l'histoire de la culture et de la civilisation. Et la traduction a également
été utilisée comme un outil de domination coloniale en Inde. La traduction en
tant que domaine d'étude est très importante en Inde en raison de la
domination coloniale et de l'utilisation de la traduction par le colonisateur à
des fins différentes. Mais les chercheurs indiens ignorent toujours la
définition de la traduction, bien que les définitions de la traduction soient déjà
présentes dans différents textes indiens anciens et médiévaux.

3.2 L’ACTIVITÉ DE TRADUCTION


Le seul genre littéraire que l'époque connaissait était celui du théâtre. La
seule langue utilisée était le sanskrit, mais ce n'était pas la seule utilisée sur
scène. Une pièce de théâtre était généralement composée dans une variété de
dialectes - les hommes des castes supérieures et les ascètes parlaient le
sanskrit. Les femmes parlaient le prakrit et les autres personnages inférieurs
parlaient une variété de dialectes comme le magadhi, le pali et le sauraseni.
Ainsi, lorsque vous regardiez une pièce de théâtre, vous deviez en quelque
sorte faire de la traduction simultanée. Mais il existe peu de preuves écrites
que la traduction était une activité permanente à cette époque. Nous ne
pouvons que déduire des œuvres de l'époque. Par exemple, il existe de
nombreuses similitudes entre le Natyashastra de Bharata et la Poétique
d'Aristote. Pouvons-nous les considérer comme une coïncidence ou
pourraient-ils avoir été influencés l'un par l'autre ? S'il y a influence mutuelle,
il doit y avoir eu une traduction : sinon, comment pouvaient-ils se
comprendre ?

Il existe d'autres similitudes textuelles. Le Prince, de l'Italien médiéval


Niccolo Machiavel, ressemble beaucoup à l'Arthashastra, l'ouvrage de
l'ancien homme d'État indien Kautilya sur la conduite des affaires publiques.
Sans traduction, Machiavel n'aurait jamais pu comprendre Kautilya.
Mégasthène, le général d'Alexandre le Grand, était l'ambassadeur à
Pataliputra et il a même écrit un livre sur l'Inde intitulé Indica. Il devait être
bilingue pour se faire comprendre à Pataliputra.

3.3 L’INDE DU SUD


Pendant ce temps, il se passait des choses dans d'autres régions de l'Inde que
la plaine gangétique. Le sanskrit n'était pas la seule langue utilisée partout.
Par exemple, la langue dominante de l'Inde du Sud à cette époque était le
tamoul. Comme le Natyashastra en sanskrit, il y a le Tolkappiyam, le
principal ouvrage sur l'esthétique dravidienne en tamoul, écrit par
Tolkappiyar. Cette œuvre présente, sans surprise, des parallèles avec le
34
Natyashastra. Une fois de plus, nous n'avons pas de traces de traductions, Évolution de la
discipline de la
mais comment expliquer cette coïncidence ? L'ancien corpus littéraire tamoul
traduction en Inde
appelé littérature Sangam montre des influences des épopées sanskrites, ce
qui indique une forme de contact culturel.

Le mouvement bhakti, qui est peut-être le plus ancien mouvement pan-


indien, est né en Inde du Sud. Il a débuté vers le 6e siècle de notre ère chez
les Alvars Vaishnava du Tamil Nadu, dans le sud de l'Inde. Il s'agissait de
mendiants ou de saints poètes qui prônaient une vie de dévouement total à
Dieu. D'une certaine manière, ce mouvement était aussi une réaction localisée
contre l'hégémonie des castes supérieures dans l'hindouisme. À cette époque,
l'hindouisme était dégradé par les structures rigides des castes et les notions
d'intouchabilité. La connaissance et le pouvoir étaient les privilèges d'une
élite minoritaire. Le mouvement bhakti a tenté de faire descendre Dieu vers
les masses, en éliminant les intermédiaires sur le chemin du salut. Ils
chantaient dans la langue de l'homme du commun, dans un idiome que même
le paysan analphabète pouvait comprendre. L'accent était mis sur la bhakti ou
dévotion simple, par opposition aux rites et rituels élaborés de l'hindouisme
existant. Les œuvres majeures étaient composées dans la langue locale, par
opposition au sanskrit. Ce mouvement s'est lentement étendu à d'autres
régions de l'Inde, faisant de lui une réalité panindienne au 18ème siècle.

Comment le mouvement a-t-il réussi à se répandre dans d'autres régions de


l'Inde à cette époque où il n'existait pas de moyens de communication
sophistiqués ? Les poètes-saints de la bhakti étaient des ménestrels errants,
diffusant leur message partout où ils allaient. Leur influence a dû se propager
par le biais de traductions. Comme une grande partie de la littérature bhakti
était transmise oralement, nous ne pouvons pas parler avec certitude de
traductions. Mais il est autrement difficile d'expliquer les similitudes
conceptuelles que nous trouvons chez Nammalvar du Tamil Nadu et
Chaitanya du Bengale.

3.4 LES ÉPOPÉES


Le fil conducteur que l'on retrouve dans presque toutes les œuvres de l'Inde
ancienne sont les épopées du Ramayana et du Mahabharata. Le Ramayana,
qui est le plus ancien des deux, a été écrit en sanskrit et aurait été mis par
écrit en 300 de notre ère. Très tôt, il a été traduit dans presque toutes les
langues indiennes existantes. En fait, son influence ne s'est pas limitée à
l'Inde, mais à toute l'Asie du Sud-Est. Le texte de Valmiki, qui est aujourd'hui
considéré comme authentique, ne serait qu'un des nombreux Ramayana qui
traitent de la même histoire. Les traductions de l'épopée sont donc aussi des
reprises libres. Un autre aspect pourrait être que le concept de fidélité à
l'original était absent en Inde, comme dans l'ancien Occident. Comme la
littérature était principalement transmise oralement, l'idée d'exactitude dans la
transmission de l'œuvre littéraire dans une autre langue ne pouvait être
soutenue. Ces réécritures étaient souvent influencées par la vision du monde
35
Histoire Générale de la du groupe qui effectuait la traduction/adaptation. L'historienne indienne
Traductologie Romila Thapar note : « L'appropriation de l'histoire par une multiplicité de
groupes signifiait une multiplicité de versions à travers lesquelles les
aspirations sociales et les préoccupations idéologiques de chaque groupe
étaient articulées. L'histoire dans ces versions comportait des variations
significatives qui changeaient la conceptualisation du personnage, de
l'événement et du sens. » (cité par Richman, 4).

Comme les traductions de la Bible, les traductions du Ramayana ont


également eu pour effet d'enrichir et d'uniformiser les langues régionales qui
étaient encore en phase de formation. Parmi celles-ci, citons le
Ramcharitmanas de Tulsidas en hindi, le Ramavataram de Kamban en
tamoul, l'Adhyatma Ramayanam d'Ezhuthachchan en malayalam et le
Ramayana de Krittivasa en bengali. La langue de ces variantes régionales est
la langue de l'homme ordinaire, contrairement au sanskrit qui ne pouvait être
compris que par un petit nombre. Il en va de même pour l'autre grande
épopée, le Mahâbhârata.

3.5 L’INDE MÉDIÉVALE


Le pouvoir et le prestige du sanskrit ont décliné à l'époque médiévale. De
nombreuses invasions étrangères ont également apporté avec elles différentes
influences culturelles et linguistiques. Le persan occupait une place
importante en tant que langue de cour et langue d'érudition sous les
souverains moghols. Les cours mogholes comptaient des érudits qui étaient
également des traducteurs. Baburnama, autobiographie de Babur écrite en
chagatay, a été traduite en persan par le ministre de Humayun, Bairam Khan.
Mais c'est le règne d'Akbar le Grand qui marque l'apogée de la culture. Il
commanda des traductions d'œuvres sanskrites en persan. Le Mahâbhârata a
été traduit en persan à l'époque d'Akbar. Son arrière-petit-fils Dara Shikoh a
poursuivi les efforts. Dara a traduit les Upanishads et la Bhagavadgita en
persan.

Le résultat significatif de ce mélange culturel est que la plupart des gens sont
devenus bilingues ou compétents dans deux langues, voire plus. Il a
également donné naissance à de nouvelles langues - par exemple, le persan a
interagi avec la langue locale pour donner naissance à l'ourdou. De nombreux
écrivains étaient suffisamment à l'aise pour pouvoir écrire dans deux langues.
Mirza Ghalib, le célèbre auteur de ghazals, en est un exemple.

Les traductions d'autres œuvres ont eu pour effet d'introduire de nouveaux


genres en Inde. Par exemple, les traductions du persan ont introduit de
nouveaux genres comme le masnavi, la qasida et, surtout, le ghazal. Ils ont
été indianisés pour répondre aux goûts des lecteurs locaux. De nombreux
textes indiens ont atteint l'Occident par le biais de traductions persanes.
Comme c'est le cas pour la plupart des textes, il n'existe aucune trace écrite
précise à leur sujet, ce qui rend leur recherche difficile. Mais nous pouvons
36 affirmer sans hésiter que les traductions ont contribué à faire de la culture
indienne ce qu'elle est aujourd'hui, un heureux mélange de multiples Évolution de la
discipline de la
influences culturelles. Le bilinguisme est un trait indien commun, même
traduction en Inde
aujourd'hui.

3.6 LA COLONISATION
L'arrivée des Britanniques marque également un tournant significatif dans
l'histoire culturelle de l'Inde. Cela est devenu d'autant plus évident lorsque le
gouvernement britannique a pris en charge l'administration complète de l'Inde
au 19ème siècle. Les Britanniques ont tenté de coloniser l'Inde tant sur le plan
intellectuel que politique. Il s'agissait d'un processus lent qui s'est déroulé
pendant de nombreuses années en différentes phases. Ils ont d'abord tenté
d'établir que la langue et la littérature anglaises étaient supérieures à toutes
les langues et littératures indiennes réunies. De nombreux textes européens
ont été traduits dans les langues indiennes locales.

Mais il était également important pour les Britanniques de connaître la langue


locale car les questions administratives devaient être traitées dans les langues
indiennes. Ils devaient bien connaître l'Inde pour mieux la gouverner. Il y a
donc eu un mouvement inverse de traduction de l'Inde vers l'Angleterre.
Cependant, ce qui a été traduit, ce sont d'anciens ouvrages en sanskrit. Ils
prétendaient avoir découvert l'inestimable littérature sanskrite pour que le
monde entier puisse en profiter. Sir William Jones, fondateur de l'Asiatic
Society, a traduit Abhijnanasakuntalam en anglais en 1789. Charles Wilkins,
traducteur officiel du persan et du bengali auprès du commissaire au revenu,
a été le premier à traduire la Bhagavadgita en anglais en 1784. Ces
traductions avaient la bénédiction officielle car elles étaient entreprises dans
le but précis d'aider les Britanniques à mieux connaître l'Inde.

La période qui suit la première guerre d'indépendance de l'Inde en 1857


marque une autre phase de la conquête culturelle car c'est à cette époque que
la reine prend directement le pouvoir de l'administration indienne. Cela a
également entraîné des politiques linguistiques spécifiques. L'anglais devient
la langue de l'administration et est promu auprès des Indiens. À cet égard,
le« Minute on Indian Education » de Macaulay, en 1837, est très importante.
Elle préconisait la culture d'une classe de personnes « Indiennes par le sang et
la couleur, mais anglaises par les goûts, les opinions, la morale et l'intellect ».
Il en résulte que les Indiens éduqués acquièrent la maîtrise de l'anglais. Des
efforts à grande échelle ont été déployés pour traduire des livres anglais en
langues indiennes et promouvoir la littérature anglaise. De nombreux romans
anglais obscurs des 18ème et 19ème siècle ont été traduits en langues
indiennes.

L'un des autres objectifs de l'empire britannique était l'évangélisation ou la


propagation du christianisme. La Bible a été traduite dans les langues locales
dans ce but. L'impact était double : Le christianisme atteignait les habitants et
renforçait les langues vernaculaires. La Serampore Mission Press (1800) a
fait appel à des experts indiens en différentes langues pour traduire la Bible. 37
Histoire Générale de la Ces traductions ont radicalement changé le concept de traduction en Inde, en
Traductologie introduisant pour la première fois le concept d'impression dans ce qui était
jusqu'alors une tradition orale prédominante. La tradition indienne de la
traduction était une libre adaptation du matériel source et consistait davantage
à raconter des histoires qu'à les traduire fidèlement. Mais la Bible a changé
tout cela. Elle a mis l'accent sur la nécessité d'une traduction précise « mot à
mot » ; pour la première fois, on s'est préoccupé de la fidélité de la
traduction, car on estimait que la parole de Dieu devait être transmise avec
exactitude et sans déformation.

Les traductions de la Bible ont renforcé les langues vernaculaires. Comme la


Bible anglaise, les versions vernaculaires avaient un langage simple,
compréhensible par le profane. Elles enrichissaient également le vocabulaire
en apportant des expressions idiomatiques et des images pour illustrer leurs
concepts. Les Britanniques ont également contribué aux langues locales en
publiant des ouvrages systématiques de grammaire et en compilant des
dictionnaires. Le mérite de la compilation du premier dictionnaire dans la
plupart des langues indiennes revient à un Européen ou à un autre.

3.7 L'ESSOR DU NATIONALISME INDIEN


Parallèlement à l'essor des idées anglaises et occidentales, l'esprit de
nationalisme se développait en Inde. Les Indiens ont profité des idées et des
connaissances qu'ils ont reçues de l'Occident et les ont mises à profit pour
éradiquer de nombreux maux existant dans la société de l'époque. Les
traductions de l'anglais vers les langues indiennes et vice-versa ont
commencé à se multiplier. Mais les traductions étaient aussi des actes de
résistance car elles avaient pour but d'encourager l'esprit du nationalisme. Un
exemple est le Neel Darpan de Dinbandhu Mitra, écrit en 1859 et traduit par
le révérend James Long en 1861. Il s'agissait d'une exhortation à protester
contre l'exploitation des travailleurs de l'indigo au Bengale. La pièce a été
interdite et James Long a été poursuivi en justice pour avoir aidé à la
traduction de la pièce.

Une autre conséquence de ces nombreuses traductions a été l'introduction du


genre du roman en Inde. Bien que certains affirment que l'Inde possédait le
roman avant les Britanniques (ils en veulent pour preuve le Kadambari de
Banabhatta), le roman est considéré comme un héritage britannique. Les
premiers romans indiens du XIXe siècle s'inspiraient des romans anglais,
mais avaient un esprit indien car ils abordaient des problèmes sociopolitiques
propres à l'Inde. Ils étaient également motivés par l'éducation anglaise visant
à éliminer les maux sociaux et encourageaient l'esprit nationaliste. Très
souvent, ces romans ont été traduits dans d'autres langues indiennes, ce qui a
permis de créer des liens entre des régions éloignées de l'Inde. Par exemple,
Anandamath de Bankim Chandra Chatterjee a été traduit en anglais et dans
d'autres langues indiennes quelques années après sa publication en 1882. Ce
roman, qui contient notre chant national Vande Mataram, est l'une des
38 œuvres qui ont inspiré les nationalistes dans tout le pays.
Les traductions ont souvent inspiré des écrivains d'autres langues à écrire des Évolution de la
discipline de la
romans. Les premiers romans en hindi étaient des traductions de romans
traduction en Inde
bengalis, comme la traduction par Gadadhar Singh de Bangabijeta de
Romesh Chandra Dutt et de Durgeshnandini de Bankim. Ces traductions ont
été réalisées sous la supervision du célèbre écrivain hindi Bharatendu
Harishchandra. À la fin du siècle, Kishorilal Goswami a écrit un roman qui,
selon lui, était « sous l'influence du bengali ». Parfois, le roman indigène a
été promu par les officiers britanniques. Un exemple est Indulekha, le
premier roman malayalam (1888) qui a été traduit en anglais par un officier
britannique, W. Dumergue.

L'influence chrétienne s'est également fait sentir dans les premiers romans,
ainsi que dans les traductions de la Bible. Certains des premiers romans ont
été écrits par des femmes britanniques dans le but de promouvoir le mode de
vie chrétien. Hannah Catherine Mullens a écrit Phulmoni-O-Karunar Bibaran
en bengali en 1852. Mme Collins, l'épouse d'un missionnaire vivant au
Kerala, a écrit The Slayer Slain en 1866 ; cet ouvrage a été traduit en
malayalam en 1877. Ces romans avaient pour but d'éduquer les femmes
autochtones sur les avantages du christianisme. Ils ont également été les
premiers romans à parler des sections marginalisées de la société indienne.

Si la plupart de ces traductions n'avaient pas de motivation politique directe,


d'autres traductions ont été faites par des Indiens pour saper le pouvoir
colonial. La traduction d'Anandamath par Aurobindo en est un exemple.

Il a entrepris cette traduction pour inspirer les nationalistes militants du


Bengale dans la première décennie du 20e siècle. Il a même fondé un journal
appelé Bande Mataram. Beaucoup d'autres comme Ganesh Shankar Vidyarthi
(1830 - 1931) ont cherché l'inspiration dans d'autres langues comme le
français et l'allemand. Il a traduit en hindi le roman Quatre-vingt-treize de
Victor Hugo sous le titre Balidaan. Il estimait qu'il était de son devoir de
traduire des œuvres qui inculqueraient le patriotisme à ses compatriotes. Il a
modifié ces œuvres pour les adapter aux goûts de ses compatriotes et ses
traductions étaient plus ou moins des adaptations libres du texte original.
Premchand (1880 - 1936), le célèbre écrivain hindi-urdu, a traduit Thais
d'Anatole France. Comme Vidyarthi, il était motivé par des raisons
idéologiques. Des traductions de ce type, dans le but spécifique d'introduire
des idées révolutionnaires auprès des lecteurs indiens, étaient entreprises dans
différentes régions de l'Inde. Il s'agissait plutôt d'adaptations, sans souci de
fidélité à l'original. Elles ont joué un rôle silencieux mais influent dans le
renforcement de l'esprit patriotique des Indiens.

3.8 L’INDÉPENDANCE DE L'INDE


Cette image a changé lorsque le pays a gagné sa liberté. Les besoins ont
changé, tout comme le produit fini. La diversité de la nouvelle nation exigeait
de mettre l'accent sur l'unité essentielle, en faisant abstraction des différences
linguistiques et religieuses. Les traductions ont également la responsabilité 39
Histoire Générale de la sociale d'encourager cet esprit d'unité, comme en témoigne la traduction en
Traductologie ourdou de Savitri d'Aurobindo par Satpal.

Les traductions interlinguistiques au niveau local ont été encouragées pour


rapprocher les différentes langues et des efforts institutionnels ont été
déployés à cette fin. La Sahitya Akademi, créée en 1954, publie des
traductions de langues régionales en anglais et dans d'autres langues
régionales. Outre les langues officiellement acceptées, elle a facilité les
traductions de langues tribales et de dialectes comme le garo et le bhili. Le
National Book Trust, fondé en 1957, a publié la série « Adan Pradan », dans
laquelle des classiques des langues indiennes ont été traduits en anglais et
dans d'autres langues indiennes. Ces séries ont sans aucun doute contribué à
rapprocher les littératures des différentes régions et à développer l'idée que la
revue de Sahitya Akademi, Indian Literature, a pour devise : « La littérature
indienne est une, bien qu'elle soit écrite dans de nombreuses langues ».

Les efforts des traducteurs individuels ne peuvent pas non plus être négligés.
L'éminente critique postcoloniale et traductrice Gayatri Chakravorti Spivak a
contribué à faire connaître l'éminente écrivaine bengali Mahasweta Devi au
niveau international grâce à ses traductions. De même, le célèbre poète
kannada A. K. Ramanujan a redécouvert, grâce à ses traductions, le plaisir de
l'ancienne littérature Sangam pour le monde entier. Ces traductions peuvent
être qualifiées de « traductions promotionnelles » qui ont contribué à attirer
l'attention du monde sur un patrimoine classique ou un écrivain particulier.

3.9 LES ENJEUX EN INDE


La tradition de la traduction est très forte en Inde à l'heure actuelle.
D'éminentes maisons d'édition ont des séries entières sur la traduction des
langues indiennes vers l'anglais. Macmillan et Katha en sont des exemples
significatifs. Les études de traduction en tant que discipline font partie du
programme d'études de nombreuses universités indiennes de premier plan.

La traduction en Inde a une tradition d'appropriation et de recréation. Par


exemple, quel est le terme pour désigner la traduction dans une langue
indienne ? En sanskrit, le terme est « anuvad », qui signifie « dire après »,
tandis que dans d'autres langues indiennes, on parle de « bhashantar »
(passage d'une langue à une autre), de « roopantar » ou de « tarzuma »
(passage d'un code à un autre en termes de forme extérieure ou de langue).
D'une certaine manière, ils reflètent les questions qui se posent aujourd'hui
dans le domaine de la traduction en Inde. Qu'est-ce que la traduction ? S'agit-
il simplement du passage d'une langue à une autre ou d'une altération plus
radicale où la forme elle-même est modifiée ? Dans ce contexte, quelle est la
pertinence des concepts de fidélité à la LS ? Aujourd'hui, les débats sur la
traduction portent également sur la dynamique du pouvoir entre les langues.
Pourquoi la plupart des textes indiens sont-ils traduits en anglais et non dans
d'autres langues indiennes ?
40
Ce sont des questions auxquelles il est impossible de répondre de manière Évolution de la
discipline de la
simpliste. Elles reflètent les complexités qui entourent la question de la
traduction en Inde
traduction dans un pays multilingue comme l'Inde.

3.10 RÉSUMÉ
Dans cette unité, nous avons vu comment il est difficile de retracer l'origine
de quelque chose comme la littérature indienne en raison de la multiplicité
des traditions que nous avons en Inde. Il n'y a pas d'origine spécifique à
laquelle nous puissions remonter et plus nous remontons dans le passé, plus il
devient difficile d'identifier la vie et l'époque des auteurs. Nous avons
également remarqué que l'activité de traduction a commencé dans l'Inde
ancienne avec l'avènement du théâtre où une variété de dialectes étaient
utilisés par les acteurs en fonction de leur caste et de leur sexe. Nous avons
également vu que le sanskrit n'était pas la seule langue utilisée dans l'Inde
ancienne, mais que le tamoul et le malayalam du sud avaient une importance
égale et produisaient une littérature de qualité dans ces deux langues. Nous
avons ensuite réfléchi à l'importance des deux épopées, le Ramayana et le
Mahabharata, dans l'Inde ancienne et à la manière dont leurs traductions ont
été diffusées dans toute l'Inde, ce qui a également contribué à normaliser et à
enrichir les langues régionales. Il est également important de noter que le
persan a pris de l'importance sous le règne des Moghols et que ces derniers
ont traduit des textes indiens en persan. L'arrivée des Britanniques a entraîné
un bouleversement radical de la scène linguistique en Inde, comme en
témoigne le grand nombre de traductions de langues indiennes en anglais et
vice-versa. Avec la montée du nationalisme indien, les Indiens ont bénéficié
des idées et des connaissances acquises en Occident et les ont mises à profit
pour éradiquer de nombreux maux existant dans la société de l'époque. Les
traductions de l'anglais vers les langues indiennes et vice versa ont
commencé à se multiplier. Mais les traductions étaient aussi des actes de
résistance car elles avaient pour but d'encourager l'esprit du nationalisme.
Cependant, nous observons également que ce tableau a changé lorsque le
pays a acquis sa liberté. Les besoins ont changé, tout comme le produit fini.
La diversité de la nouvelle nation nécessitait de mettre l'accent sur l'unité
essentielle, en faisant fi des différences linguistiques et religieuses. Les
traductions avaient également la responsabilité sociale d'encourager cet esprit
d'unité. Pourtant, on a remarqué qu’il reste quelques enjeux à surmonter dans
le domaine de traduction en Inde.

3.11 ACTIVITÉS
1. Quelles sont les multiples facettes de l'histoire de la traduction en Inde ?
2. Essayez de cataloguer les traductions qui ont contribué à la création de la
littérature de votre langue maternelle.
41
Histoire Générale de la
Traductologie
3.12 GLOSSAIRE
Hégémonie Domination d'une puissance, d'un pays, d'un groupe
social, etc., sur les autres
Épopée Long récit poétique d'aventures héroïques où
intervient le merveilleux
Fidélité Qualité de ce qui est conforme à l'exactitude, à la
vérité, de quelqu'un qui s'y conforme
Linguistique Qui concerne la pratique de la langue considérée
comme moyen de communication
Bilingue Qui use couramment de deux langues

3.13 QUESTIONS
1. A l’époque pourquoi devait-on faire la traduction en regardant une
pièce de théâtre en Inde ? (Entre 200-250 mots)

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2. Comment le mouvement bhakti était-il une réaction localisée contre


l'hégémonie des castes supérieures dans l'hindouisme ? (Entre 200-250
mots)

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42
3. En observant les plusieurs versions de Ramayana pourrait-t-on dire que Évolution de la
discipline de la
le concept de fidélité à l'original était absent en Inde ? (Entre 200-250
traduction en Inde
mots)

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4. Comment l’arrivée des Britanniques a changé le concept de traduction


en Inde ? (Entre 200-250 mots)
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5. Est-ce que vous pensez que les traductions dans les langues indiennes a
aidé à la propagation du christianisme ? Justifiez votre réponse en citant
des exemples. (Entre 200-250 mots)

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-------------------------------------------------------------------------------------- 43
Histoire Générale de la
Traductologie
3.14 OEUVRES À CONSULTER
Mukherjee, Meenakshi. Realism and Reality: The Novel and Society in India.
New Delhi: Oxford University Press, 1996.

Ramakrishna, Shanta. “Cultural Transmission through Translation: An Indian


Perspective”. Changing the Terms: Translating in the Postcolonial Era.
Sherry Simon and Paul St Pierre, Eds. Hyderabad: Orient Longman, 2002:
87 – 100.

Richman, Paula. Editor. Many Ramayanas: The Diversity of a Narrative


Tradition in South Asia. Berkeley: University of California Press, c 1991
1991. http://ark.cdlib.org/ark:/130130/ft3j49n8h7/

44
Culture et Notions
UNIT 4 CULTURE ET NOTIONS DE de l'identité
L’IDENTITÉ
Structure
4.0 Objectifs
4.1 Introduction
4.2 André Lefevere
4.3 Traduction et Culture
4.4 Le Lecteur
4.5 Idéologie
4.6 Patronage
4.7 Institutions Transnationales
4.8 Cosmopolitisme
4.9 Cosmopolitisme et Traduction
4.10 Nouveau regard sur les traductions
4.11 Assimilation Traductionnelle
4.12 Adaptation Traductionnelle
4.13 Résumé
4.14 Activités
4.15 Glossaire
4.16 Questions
4.17 Œuvres à consulter

4.0 OBJECTIFS
Après avoir parcouru cette unité :

 vous allez mieux comprendre le rôle que la culture joue dans le


domaine de traduction

 vous aurez plus de connaissances sur le travail d’André Lefevere

 vous saurez plus sur le phénomène de cosmopolitisme et son


influence sur la traduction

 vous comprendrez les tendances d’assimilation et d’adaptation


traductionnelle
45
Histoire Générale de la
Traductologie
4.1 INTRODUCTION
Le terme « tournant culturel » fait référence à un changement qui s'est produit
dans le domaine des études de traduction vers 1980. Ce changement s'est
produit dans la perspective de la traduction et dans la théorie qui s'est
développée autour de la pratique de la traduction. La traduction n'était plus
considérée comme une activité linguistique isolée, mais comme le produit
d'un contexte culturel plus large englobant plusieurs systèmes de croyance.
André Lefevere a été l'un des premiers théoriciens à adopter cette position.
Selon lui : « La traduction doit être étudiée en en relation avec le pouvoir et
le patronage, l'idéologie et la poétique, en mettant l'accent sur les différentes
tentatives pour l'idéologie et la poétique, en mettant l'accent sur les diverses
tentatives de consolider ou de miner une idéologie ou une poétique
existante ». Il ajoute qu'elle doit être étudiée en fonction de la langue et du
texte qui sont qui sont traduits, en plus des questions du pourquoi, du
comment et du et qui traduit. Il poursuit : « Vu sous cet angle la traduction
peut être étudiée comme l'une des stratégies les cultures développent pour
faire face à ce qui se trouve en dehors de leurs frontières et pour maintenir
leur propre caractère tout en faisant - le genre de stratégie qui, en fin de
compte, appartient au domaine du changement et de la survie, et non aux
dictionnaires et aux grammaires. ». La traduction n'est donc plus considérée
comme un simple transfert linguistique de textes, mais comme une stratégie
permettant de relier deux cultures qui peuvent avoir un rapport de force
inégal. Elle devient ainsi une histoire littéraire/culturelle de deux nations ou
cultures, reflétant et parfois subvertissant les perceptions données.
Cependant, il faut également souligner que Lefevere n'a pas été le premier à
considérer la traduction comme faisant partie d'un contexte culturel plus large
; la théorie du poly système d'Itamar Even-Zohar a fait quelque chose de
similaire. Mais alors qu'Even-Zohar a limité sa théorie au domaine littéraire,
Lefevere a fait sortir la traduction du domaine de la langue pure. La
traduction a été élargie pour inclure les reprises et les adaptations.
L'adaptation cinématographique d'un texte littéraire est interprétée comme
une traduction, peut-être intersémiotique. Les divers actes de traduction
conscients et inconscients que nous accomplissons dans notre vie quotidienne
font partie du domaine de la traductologie. Par exemple, le travail
d'interprète, les traductions automatiques, la communication dans un monde
multilingue, etc. sont examinés de plus près. Les théoriciens de la traduction
comme Maria Tymoczko utilisent les traductions pour étudier l'équilibre des
pouvoirs entre les cultures, tel qu'il se reflète dans les langues. Michael
Cronin a beaucoup écrit sur l'impact de la mondialisation sur l'activité de
traduction. Une grande partie de la traduction postcoloniale, avec ses
réflexions autoréflexives sur la stratégie et l'objectif de la traduction, peut être
considérée comme faisant partie du tournant culturel. Ainsi, le centre d'intérêt
des études de traduction semble se déplacer vers le domaine plus large qui est
englobé par la rubrique des études culturelles, et ce tournant culturel ouvre la
voie à des études significatives des aspects socioculturels de la traduction.
46
Nous avons étudié l'impact de la mondialisation sur les langues et la Culture et Notions
de l'identité
traduction. Nous avons vu que le monde s'est rétréci et que de plus en plus de
personnes ont tendance à se rendre dans d'autres pays. L'une des principales
caractéristiques de la vie au 20e siècle et au présent est la migration des
personnes de leur pays d'origine vers d'autres pays à la recherche de moyens
de subsistance. Il ne s'agit évidemment pas d'un phénomène moderne, mais
nous ne pouvons pas penser à une période où ce phénomène était aussi bien
documenté. La migration entraîne une hybridité ou un mélange culturel, car
les personnes issues d'une langue et d'une culture sont contraintes de s'adapter
à une langue et une culture étrangères. Il en résulte un mélange de langues et
de cultures, ainsi que des problèmes pour se définir en termes de langue
maternelle ou de pays. Prenons par exemple le cas d'un enfant de parents
indiens qui ont émigré aux États-Unis. L'enfant, né aux Etats-Unis, est
techniquement un citoyen américain. Elle sera également américaine dans ses
goûts et son style de vie, car elle s'imprégnera de la culture qui l'entoure.
Mais elle ne pourra pas non plus échapper à l'influence indienne, car son
foyer et son éducation lui feront subir cette influence. En ce qui concerne la
langue, il est certain qu'elle parlera couramment l'anglais et qu'elle aura peut-
être quelques notions d'une langue indienne. Si on lui demande de se définir
en termes de langue et de pays, elle aura du mal à répondre facilement. Elle
devrait dire qu'elle est américaine mais aussi indienne et qu'elle ne peut pas
être définie par des catégories simplistes de langue et de nationalité. Son
identité est fluide et difficile à catégoriser. Ce membre de la diaspora
indienne est un citoyen du monde globalisé d'aujourd'hui. Cette fluidité de
l'identité signifie également qu'aucune langue n'est la sienne, car il n'existe
aucun territoire qu'elle puisse vraiment appeler le sien. Elle est, comme
Salman Rushdie l'a si poétiquement décrit, un « être traduit », à l'aise dans
plusieurs langues et chez lui dans le monde. Dans ce monde de plus en plus
cosmopolite ou globalisé, la traduction cesse d'être une activité académique
et devient une nécessité quotidienne.

4.2 ANDRÉ LEFEVERE


Le nom qui est le plus associé au tournant culturel est celui d'André Lefevere.
Il s'est appuyé sur la théorie des poly systèmes d'Even-Zohar, mais Lefevere
s'en est très vite éloigné. Né en Belgique, éduqué en Angleterre et travaillant
dans de nombreuses langues, Lefevere était un polyglotte intéressé par la
littérature comparée. Ses théories sur la traduction découlaient de son
expérience de traducteur ; en fait, il était fermement convaincu que la théorie
devait être ancrée dans la pratique, en particulier dans le domaine de la
traductologie. Sa principale contribution au domaine des études de traduction
a été l'accent mis sur la composante culturelle de l'activité de traduction. Ses
travaux les plus importants, outre de nombreux articles dans des revues, sont
Translation, Rewriting and the Manipulation of LiteraryFame, Translation,
History and Culture, une anthologie coéditée avec Susan Bassnett, et une
anthologie d'écrits sur la traduction, Translation, History, Culture.
47
Histoire Générale de la Le travail de Lefevere en matière de traduction a commencé dans les années
Traductologie 1980 avec des essais qu'il a écrits sur le sujet. Dans l'un d'eux, il a introduit le
concept de textes réfractés. Ce qu'il entend par réfraction est « l'adaptation
d'une œuvre littéraire à un public différent, avec l'intention d'influencer la
manière dont ce public lit l'œuvre » (« Mother Courage'sCucumbers » : 235).
La forme la plus évidente de réfraction, selon lui, est la traduction. L'œuvre
d'un écrivain est toujours comprise par des réfractions, ou par des
« malentendus et des idées fausses », selon Lefevere. Il affirme : « Les
écrivains et leur œuvre sont toujours compris et conçus sur un certain fond
ou, si l'on veut, sont réfractés à travers un certain spectre, tout comme leur
œuvre elle-même peut réfracter les œuvres précédentes à travers un certain
spectre. » Une traduction devient une réfraction parce que le texte source est
traité à travers la compréhension du traducteur, ou en d'autres termes, l'œuvre
est réfractée à travers le prisme du traducteur. La façon dont le texte est
réfracté repose sur des facteurs extra-littéraires tels que la culture et la société
dont fait partie le traducteur. L'essai de Lefevere « Mother
Courage'sCucumbers:Text, System and Refraction in a Theory of Literature »
est une analyse de la manière dont Brecht a été traduit en anglais pour
s'adapter à la culture réceptrice et à son idéologie.

4.3 TRADUCTION ET CULTURE


Avec les années, Lefevere s'est intéressé davantage aux questions qui se
cachent derrière l'acte de traduction, comme, Pourquoi traduire ? Le fait de
traduire un texte dans votre langue implique-t-il que vous estimez que votre
langue/culture est inadéquate ? Qui traduit et pourquoi ? Comment le lecteur
peut-il savoir si la traduction est une représentation adéquate de l'original ?
Ces questions l'ont amené à aborder les problèmes d'autorité et de pouvoir
dans l'activité interculturelle appelée traduction. Il la considère comme un
« canal ouvert, souvent non sans une certaine réticence, par lequel des
influences étrangères peuvent pénétrer la culture indigène, la défier, voire
contribuer à la subvertir ». La différence de statut perçue entre deux cultures
peut affecter, et affecte effectivement, la stratégie de traduction. Les
traducteurs occidentaux ont accordé du respect aux auteurs grecs et latins
lorsqu'ils les ont traduits, car ils pensaient que la Grèce et Rome avaient une
culture bien supérieure. Mais il y avait une certaine désinvolture lorsqu'il
s'agissait de traduire des œuvres de l'Orient, ce qui indiquait la
condescendance dans l'attitude envers l'Orient et les colonies. Les seules fois
où l'Occident autorisait certaines libertés avec les textes grecs et latins étaient
lorsque la traduction faisait partie d'un exercice d'apprentissage de la langue.
Très souvent, le rapport inégal entre les langues/cultures donnait lieu à une
traduction biaisée en faveur de la culture dominante. C'est ce que l'on
constate dans les traductions d'une langue indienne en anglais, où le
traducteur se sent obligé de rendre la lecture aisée pour le récepteur, soit en
évitant les usages maladroits, soit en fournissant des glossaires.

48
Comme le souligne Lefevere, la « poétique » de la culture réceptrice affecte Culture et Notions
de l'identité
les traductions, puisque le traducteur tente de modifier son travail en fonction
de celle-ci. Mais l'inverse peut également se produire, les traducteurs
essayant d'influencer la poétique de la culture réceptrice à travers leurs
traductions. Le dramaturge allemand Schlegel, par exemple, estimait que
l'influence démesurée des dramaturges français sur le théâtre allemand devait
être atténuée dans une certaine mesure. Il a donc traduit Shakespeare en
allemand dans l'espoir de fournir un modèle différent et une approche
alternative de l'art dramatique.

Il existe d'autres façons dont les traductions affectent la culture réceptrice.


Tout d'abord, les traducteurs peuvent contribuer à enrichir le vocabulaire de
la langue réceptrice. Si le texte source contient un mot qui n'a pas
d'équivalent, il peut « inventer de nouvelles expressions », comme le
conseillait Cicéron, le célèbre traducteur romain. Lefevere souligne comment
d'innombrables traducteurs ont, au fil des ans, enrichi leur vocabulaire ainsi
que les procédés rhétoriques. L'activité de traduction devient une sorte
d’« atelier d'écriture créative », car elle leur permet de « s'inventer une
centaine de petites règles » (Lefevere citant Gottschied : 46). C'est aussi un
bon dispositif pédagogique pour l'enseignement de la langue. Traduire d'une
langue à l'autre aide à mieux connaître et comprendre une langue, ou à mieux
comprendre une autre culture. Cela a fait partie intégrante du processus
d'enseignement des langues, même dans les écoles, note Lefevere.

L'inégalité entre les cultures a tendance à être soulignée dans les traductions.
Si le texte source est considéré comme central pour sa culture, ses traductions
seront elles aussi examinées avec attention. La Bible en est un bon exemple.
Même une légère variation par rapport au texte source peut être considérée
comme un acte de subversion contre la culture qu'elle représente. Lefevere
note l'allégation de Sir Thomas More contre Tyndale, qui a traduit la Bible en
anglais, d'avoir « changé dans sa traduction les mots connus de tous dans
l'intention de faire un changement dans la foi ». Le crime de Tyndale n'était
pas seulement une mauvaise traduction, mais un blasphème. Cependant, si la
culture réceptrice se perçoit comme supérieure, l'attitude change. Le meilleur
exemple en est la traduction par Fitzgerald du Rubaiyat d'Omar Khayyam, où
il a pris des libertés avec l'original. Lefevere note : « C'est dans le traitement
des textes qui jouent un rôle central au sein d'une culture et dans la manière
dont une culture centrale traduit des textes produits par des cultures qu'elle
considère comme périphériques, que se révèle de la manière la plus évidente
l'importance de facteurs tels que l'idéologie, la poétique et l'univers du
discours [mots, modes, objets ou concepts propres à une culture] ».

4.4 LE LECTEUR
Tout en mettant l'accent sur les différentes cultures impliquées dans la
traduction, Lefevere n'oublie pas le lecteur ou le récepteur de la traduction.
En cela, il semble rejoindre le concept de traduction orientée vers la cible de 49
Histoire Générale de la Gideon Toury. Lefevere est d'avis que les traductions varient en fonction des
Traductologie goûts des lecteurs. Il cite le célèbre écrivain allemand Goethe qui disait : « si
vous voulez influencer les masses, une traduction simple est toujours la
meilleure. Les traductions critiques rivalisant avec l'original ne sont vraiment
utiles que pour les conversations que les savants mènent entre eux. » Par
traduction « simple », on entend une traduction qui ne perturbe pas trop la
sensibilité esthétique du lecteur ou une traduction qui, selon Lefevere,
« naturalise de tout cœur l'original. » Le traducteur doit utiliser des mots et
des phrases qui sont naturels pour le commun des mortels. Ce n'est pas
seulement la langue qu'il doit traduire, mais aussi les coutumes et les
habitudes de la culture d'origine. Certaines habitudes de la culture source
peuvent paraître étranges et offensantes pour la culture réceptrice ; le
traducteur doit alors les « adoucir » pour que le lecteur ne soit pas offensé.
Dans ce contexte, il est intéressant de noter comment fonctionnent les
traductions en anglais. Les ouvrages indiens traduits en anglais comportent
presque toujours des glossaires détaillés pour expliquer les termes propres à
la culture. En revanche, nous ne voyons pas le même processus dans les
traductions d'œuvres de langues étrangères en langues indiennes. Pensez aux
traductions de classiques comme les œuvres du maître russe Tolstoï. Même le
nom Anna Karenina est spécifique à une culture. Anna prend le nom de
famille « Karenina » parce qu'elle est l'épouse de Karenin. Mais les
traductions ne précisent généralement pas ce détail, même lorsque les noms
propres menacent de devenir une entrave à la bonne lecture des livres russes.

4.5 IDÉOLOGIE
Comme Lefevere est d'avis que la traduction fait partie intégrante du contexte
culturel, il était naturel qu'elle soit influencée par l'idéologie. Lefevere
reprend la définition de Terry Eagleton de l'idéologie comme « un ensemble
de discours qui se disputent des intérêts qui sont d’une certaine manière
pertinente pour le maintien ou la remise en question des structures de pouvoir
centrales à toute une forme de vie sociale et historique » (cité dans Gentzler :
136). L'idéologie ne doit pas être interprétée uniquement en termes de
croyances politiques, mais comme l'ensemble des systèmes de croyances qui
prévalent dans une société à un moment donné. L'idéologie peut être ouverte
ou cachée, mais sa pression est ressentie par les écrivains et les traducteurs,
quelle que soit la société à laquelle ils appartiennent. Nous avons déjà vu
comment les traductions peuvent varier en fonction de l'idéologie du
traducteur, à travers l'analyse des traductions d'Anandamath et
d'Abhinjanasakuntalam. Les traductions peuvent être considérées comme une
menace potentielle, car elles peuvent introduire une autre perspective sur la
vie et la société, qui est différente de celle de la culture réceptrice. Par
exemple, une traduction en langue indienne de Lady Chatterley's Lover de
D.H. Lawrence peut poser un problème. Lawrence a écrit ce roman pour faire
éclater l'hypocrisie sexuelle de la société britannique. Pour ce faire, il a utilisé
le thème de l'amour extraconjugal et un langage franc qui contient de
50
nombreux mots tabous. La société indienne, avec son approche conservatrice, Culture et Notions
de l'identité
pourrait ne pas voir d'un bon œil une traduction de cette œuvre. Lawrence
était motivé par son idéologie personnelle lorsqu'il a écrit ce livre ; un
traducteur qui partage cette idéologie peut être amené à le traduire dans le but
précis de dénoncer l'hypocrisie sexuelle. C'est pourquoi Victor Hugo a
déclaré : « Quand vous offrez une traduction à une nation, cette nation
regardera presque toujours la traduction comme un acte de violence contre
elle-même » (cité dans Lefevere : 14). La plupart des sociétés ont tendance à
maintenir le statu quo et, ce faisant, elles résisteront à toute tentative qui
pourrait le bouleverser. C'est la raison pour laquelle l'État tente toujours de
restreindre les personnes qui ont des idéologies alternatives. Selon Lefevere,
les mécènes peuvent également se substituer à l'État pour imposer une
idéologie au traducteur individuel dans le cas des traductions.

4.6 PATRONAGE
Lefevere montre comment la traduction dans l'Europe médiévale était
presque toujours commandée par les personnes au pouvoir ou par
l'aristocratie. Dans ce cas, le traducteur n'avait qu'une liberté très limitée
quant à ce qu'il pouvait traduire et comment il pouvait le faire. Aujourd'hui,
ces mécènes ont pris des visages différents. Ils peuvent être des représentants
d'un gouvernement élu, des institutions gouvernementales qui commandent
des traductions, des éditeurs et des critiques. Comme le dit Lefevere : « Si les
traducteurs ne restent pas dans les périmètres de l'acceptable tels que définis
par le mécène (un monarque absolu, par exemple, mais aussi un éditeur), il y
a de fortes chances pour que leur traduction n'atteigne pas le public qu'ils
souhaitent atteindre ou qu'elle l'atteigne, au mieux, de manière détournée. »
Dans presque tous les cas, le commanditaire sera le représentant de
l'idéologie dominante. Les critiques peuvent également être considérés
comme limitant la liberté du traducteur, car ils exigent la conformité du
traducteur au discours esthétique dominant. Les traductions d'œuvres qui
s'écartent radicalement des formes conventionnelles de la littérature auront du
mal à s'imposer dans la culture réceptrice, à moins que l'auteur du texte
source ne jouisse d'une formidable réputation. Finnegans Wake de James
Joyce en est un bon exemple. Outre la difficulté pratique de sa traduction, le
traducteur devra expliquer la poétique de cette œuvre à la culture réceptrice.

De même que les mécènes encouragent la traduction de certaines œuvres, ils


peuvent aussi décourager fortement la traduction d'autres œuvres. Philémon
Holland a fait des commentaires à ce sujet dans sa préface à la traduction de
Pline ; il mentionne les objections soulevées par certaines personnes à l'égard
de la traduction de Pline, et s'efforce de répondre à ces critiques. Il en est de
même pour Jean de Brèche de Tours qui a traduit Hippocrate. Il a mentionné
l'opposition de personnes ayant des intérêts particuliers qui ne voulaient pas
que ces textes médicaux soient dans le domaine public. De même, les
écritures sont des textes sensibles. Les autorités de la religion
51
Histoire Générale de la institutionnalisée désapprouvent généralement les traductions des textes
Traductologie scripturaires dans la langue de l'homme du commun. L'opposition à la
traduction vernaculaire de la Bible est bien documentée. Le Coran est
également encouragé à être lu dans sa version originale, l'arabe. Dans ces cas,
les traductions sont perçues comme ayant le potentiel de devenir un
blasphème en subvertissant la parole de Dieu.

4.7 INSTITUTIONS TRANSNATIONALES


Le phénomène que nous appelons aujourd'hui mondialisation trouve ses
racines dans des facteurs tant financiers que sociopolitiques. La
mondialisation oblige de multiples cultures et langues à trouver une langue
commune pour se parler et communiquer entre elles - en bref, la tour de
Babel est à la recherche d'une langue commune. C'est également devenu une
nécessité politique dans un monde qui compte, d'une part, des organisations
internationales comme les Nations unies, la Banque mondiale et le Fonds
monétaire international et, d'autre part, des organisations non
gouvernementales comme Amnesty International, Greenpeace et le Forum
social mondial, pour n'en citer que quelques-unes. Les organisations de ce
type doivent assurer la communication entre les langues et les cultures pour
fonctionner efficacement. La traduction joue un rôle crucial dans ces
systèmes mondiaux.

La traduction est également un lien vital dans le monde du commerce et de


l'entreprise. L'essor de l'industrie des technologies de l'information signifie
que vous pouvez gérer une entreprise partout dans le monde depuis votre
domicile, ce qui signifie également que vous êtes en contact permanent avec
des personnes qui ne connaissent peut-être pas votre langue. Les centres
d'appels et les centres de transcription en Inde sont des exemples de cette
activité externalisée. Les employés de centres d'appels en Inde donnent des
indications routières ou traitent les réclamations des clients pour des
personnes aux États-Unis. Ces voix désincarnées parlent dans la même
langue et avec le même accent qu'une culture étrangère, devenant ainsi les
représentants d'une existence traduite.

Le bilinguisme ou le multilinguisme devient un avantage dans le domaine de


la défense et de la sécurité. Dans un monde confronté à des risques de
sécurité provenant de toutes les régions du globe, il est important de connaître
la langue de l'adversaire pour anticiper ses mouvements et éviter une
éventuelle catastrophe. Les États-Unis, après le 11 septembre, en sont un bon
exemple : les services de renseignement avaient besoin de personnes
connaissant les langues du Moyen-Orient. De même, l'invasion américaine de
l'Irak a été compliquée par le facteur linguistique, car la communication avec
la population locale était souvent interrompue du fait de l'ignorance de la
langue de l'autre.

52
Culture et Notions
4.8 COSMOPOLITISME de l'identité

Le monde d'aujourd'hui semble s'être rapproché ou être devenu plus


cosmopolite, de nombreuses personnes se parlant dans différentes langues
dans différents forums. Michael Cronin définit ce cosmopolitisme comme
une « condition socioculturelle » (Translation and Identity). Selon lui, « à
l'ère des transports de masse, du tourisme mondial, des migrations
importantes et de l'implacable compression spatio-temporelle des économies
alimentées par les technologies de l'information, le cosmopolitisme est le
courant de pensée le plus apte à décrire notre connectivité essentielle en tant
que producteurs et consommateurs mondiaux ». Il souligne également
comment il construit des « sujets multiples » ou des sujets humains avec
« une pluralité de loyautés différentes, une multiplicité de façons différentes
dont ils peuvent être décrits ou définis. » Ce cosmopolitisme devient aussi un
mode de négociation du local avec le global, et peut fournir des cadres de
référence pour la pratique de la traduction dans un monde marqué par des
inégalités entre les langues locales et les langues globales qui sont plus fortes.

Cronin emprunte le terme de « cosmopolitisme culturel » à David Held qui le


définit comme « la capacité de se tenir en dehors d'un lieu singulier (le lieu
de sa naissance, de sa terre, de son éducation, de sa conversion) et de
médiatiser les traditions. » Cronin soutient que tous les traducteurs sont des
cosmopolites culturels en ce sens, car traduire signifie s'éloigner de sa langue
et de sa culture pour aller vers une autre, même lorsque la traduction se fait
vers une langue étrangère. La traduction devient ainsi un processus de
médiation, qui se déroule quotidiennement dans le monde. La traduction
exige également que, même si vous vous éloignez de votre langue, vous
restiez enraciné dans celle-ci ; sinon, la traduction devient impossible. Dans
le monde actuel, « votre » langue signifie la langue que vous maîtrisez le
mieux, qui n'est pas nécessairement votre langue maternelle - c'est l'un des
avantages du cosmopolitisme.

4.9 COSMOPOLITISME ET TRADUCTION


Le mélange des cultures qui fait partie du cosmopolitisme ouvre la voie à une
traduction transnationale ou à un processus de traduction qui ne se limite pas
à des frontières nationales particulières. Comme l'explique Cronin :
« Contrairement à la pratique antérieure dans le domaine des études de
traduction, il n'est plus possible de limiter les histoires de la traduction aux
phénomènes littéraires à l'intérieur des frontières territoriales de l'État-nation
; il faut tenir compte des multiples activités de traduction de la diaspora d'un
pays. » Cronin s'appuie sur l'histoire irlandaise où il situe trois moments dans
l'histoire de la traduction transnationale de l'Irlande. Le premier moment se
situe à l'époque médiévale, lorsque les Irlandais ont participé à la renaissance
du latin comme moyen d'enseignement. Les moines irlandais, qui étaient
également des érudits en latin, ont produit des traductions qui reliaient les 53
Histoire Générale de la monastères irlandais à d'autres institutions en Angleterre et dans d'autres pays
Traductologie
européens. Le deuxième moment se situe au XVIIe siècle, lorsque la
persécution des catholiques irlandais a conduit à la fondation de collèges
irlandais en Europe. Ces lieux sont devenus des centres de traduction en
langue irlandaise, et ils ont été suffisamment influents pour façonner le
développement de la langue irlandaise moderne. Le troisième moment se
situe au 20e siècle et peut être perçu dans les œuvres d'écrivains irlandais
comme James Joyce, Samuel Beckett et Denis Devlin. Le style
idiosyncratique de Joyce qui utilisait différentes langues sans traduction et
Beckett qui écrivait à la fois en français et en anglais, prouvaient que la
traduction faisait partie intégrante de leur processus créatif. Le pays avait
également des liens avec des régions éloignées d'Afrique et des États-Unis,
sous la forme de missionnaires qui partaient en mission d'évangélisation dans
ces endroits. Cronin souligne le mélange essentiel de cultures qui s'est produit
à ces moments historiques. Il souligne également que ce transnationalisme
n'est pas le privilège exclusif d'un petit pays comme l'Irlande. Il utilise
l'exemple de la Chine pour illustrer ce point.

Au lieu de se tourner vers une culture étrangère comme la Chine, il serait


préférable d'essayer de regarder notre propre culture pour comprendre le
processus de mélange culturel qui fait partie du cosmopolitisme. L'histoire
indienne montre que c'est une erreur de lier le cosmopolitisme à l'ère
moderne. Notre culture a toujours été syncrétique ou un mélange de cultures
multiples. La rencontre de la vallée de l'Indus avec les envahisseurs aryens a
dû être la première de nos expériences interculturelles. Après cela, nous
avons connu des vagues d'invasions, chaque envahisseur s'installant sur ce
territoire géographique pour y créer une civilisation unique. Le sanskrit, qui
était la principale langue de l'Antiquité, comportait plusieurs dialectes
régionaux qui, à leur tour, ont donné naissance à des langues à part entière.
L'autre grande langue était le persan, apporté par les souverains moghols.
L'ourdou s'est développé en tant que langue à partir de la rencontre de l'hindi
et du persan. Nous avions, et avons toujours, des écrivains qui maîtrisent
aussi bien deux langues. Mirza Ghalib a écrit en persan et en ourdou,
Premchand en ourdou et en hindi, O. V. Vijayan a traduit ses œuvres en
malayalam en anglais, et GirishKarnad écrit à la fois en kannada et en
anglais.

Le cosmopolitisme est la caractéristique essentielle de ces cultures. L'histoire


de la traduction en Inde sera à cheval sur de nombreuses cultures, de la Grèce
antique (pensez à Megasthenes, le général d'Alexandre, qui a écrit Indica) à
l'Amérique contemporaine (des écrivains comme JhumpaLahiri). C'est
pourquoi nous devons être d'accord avec Cronin lorsqu'il affirme que
l'histoire de la traduction de n'importe quel pays aujourd'hui est forcément
transnationale.
54
Culture et Notions
4.10 NOUVEAU REGARD SUR LES de l'identité
TRADUCTIONS
Les traductions sont généralement considérées comme un enrichissement de
la littérature d'une langue car elles élargissent les horizons en ouvrant une
autre littérature. Elles ont été traditionnellement considérées comme
introduisant les lecteurs de la langue cible à la culture source ; en fait, les
théoriciens de la traduction pensaient qu'une bonne traduction devait viser à
reproduire le même effet que le texte a eu sur le lectorat de la langue source.
Michael Cronin, cependant, soutient qu'avec l'effacement des frontières entre
les cultures et les langues dans le monde contemporain, il est grand temps de
repenser cette idée de la traduction. Il nous incite à penser la traduction non
pas comme un élément extérieur à notre langue, mais comme un élément
intérieur à notre langue. Cela signifierait que les textes traduits sont
considérés comme faisant partie de la littérature nationale. Cronin a un bon
raisonnement pour cela - il dit que les lecteurs de la langue cible placent les
traductions dans leur propre contexte et non dans celui de la langue source.
Ainsi, la traduction devient effectivement une partie de la littérature qu'ils
considèrent comme la leur. Par exemple, lorsque Tolstoï ou Marquez sont lus
en anglais, nous ne les considérons pas comme russes ou espagnols, mais
comme anglais ou, au mieux, sans contexte culturel particulier. Il est difficile
de trouver une analogie indienne exacte pour cela, car la littérature indienne
n'a pas de langue commune. Mais nous pouvons penser aux œuvres traduites
d'une langue indienne à une autre. Par exemple, Pavangal (traduction en
malayalam par NalappatNarayana Menon des Misérables de Victor Hugo), a
été reçu et apprécié par les lecteurs malayalam comme une œuvre littéraire en
malayalam.

Si tel est le cas, les œuvres traduites devraient trouver une place dans le
canon littéraire national aux côtés d'autres œuvres dans la langue cible. Les
programmes de littérature anglaise devraient comporter des traductions
d'œuvres d'autres langues. Cela signifie que Premchand serait enseigné aux
côtés de Dickens en Inde. Prenant l'exemple de la littérature anglaise, Cronin
affirme que la meilleure façon de procéder est « de ne pas utiliser la
littérature traduite en anglais comme un moyen d'accéder à d'autres cultures,
mais de considérer la littérature traduite comme un moyen d'accéder à la
langue et à la culture anglaises elles-mêmes. » Les traductions qui sont
considérées comme faisant partie du canon national contribueraient
également à dissiper le mythe de l'homogénéité de toute culture. Elles
montreront clairement que ce que nous avons tendance à considérer
aujourd'hui comme un flux unique de patrimoine culturel est en réalité une
mer alimentée par de nombreux courants indiscernables. Cela contribuera à
inculquer un respect sain de la pluralité, qui est essentiel dans le monde
d'aujourd'hui. En effet, l'un des principaux problèmes auxquels le monde est
confronté aujourd'hui est celui de la méfiance entre les communautés qui
s'accrochent à la croyance en la supériorité de leurs cultures et n'ont aucune
tolérance pour les différences de croyances et de pratiques. 55
Histoire Générale de la
Traductologie
4.11 ASSIMILATION TRADUCTIONNELLE
La migration implique l'adaptation d'une culture à une autre, peut-être
totalement étrangère. En général, la communauté immigrée essaie de se
fondre dans la culture autochtone. Cela peut se faire pour diverses raisons, la
principale étant d'ordre économique. Les immigrants doivent connaître la
langue locale s'ils veulent obtenir des emplois raisonnablement bons qui leur
assureront un revenu décent. Par exemple, les Indiens qui émigrent dans des
pays anglophones comme le Royaume-Uni et les États-Unis doivent maîtriser
l'anglais parlé et écrit s'ils veulent avoir des opportunités dans ce que l'on
appelle les « cols blancs ». Les emplois non qualifiés avec moins ou pas de
sécurité d'emploi sont réservés aux non-anglophones. Il est donc dans l'intérêt
des immigrants d'apprendre la langue locale. En outre, la connaissance de la
langue permet à l'immigrant de comprendre et d'assimiler plus facilement la
culture locale. Cette stratégie est ce que Cronin appelle « l'assimilation par
traduction », par laquelle les immigrants « cherchent à se traduire dans la
langue dominante de la communauté ». Comme il le dit : « Se traduire dans la
langue de la communauté d'accueil est non seulement un moyen de
comprendre comment cette communauté pense et fonctionne, mais aussi un
moyen de se permettre d'en devenir un membre plus complet et plus actif. »
La fonction de base de l'assimilation de la traduction est donc ici de
meilleures possibilités d'emploi et, par conséquent, un meilleur mode de vie.

Cependant, il est faux de penser que seule la langue de l'immigrant est


influencée par la langue maternelle. Il s'agit d'un processus à double sens qui
aboutit souvent à ce que la langue « hôte » acquiert des nuances de la langue
« invitée ». La façon la plus courante dont cette influence se manifeste est
l'apparition de mots étrangers. Par exemple, le nombre de mots indiens qui
ont trouvé leur place dans la langue anglaise et dans les dictionnaires en tant
que mots anglais respectables est important. Cela est dû à l'influence des
Indiens dans les pays anglophones. Dans ce contexte, Cronin souligne que
l'anglais a un « statut de migrant » en soi. La mondialisation a fait de l'anglais
une langue largement « déterritorialisée », puisqu'elle est également devenue
la langue de la télévision populaire et du cybermonde. Elle est donc
effectivement devenue la langue du monde moderne qui transcende les
frontières nationales. La maîtrise de cette langue signifie que la traduction
n'est plus nécessaire, car vous êtes un citoyen du monde globalisé ou un
« être traduit » vous-même.

4.12 ADAPTATION TRADUCTIONNELLE


L'autre stratégie utilisée par les immigrants pour faire face à la culture
étrangère dans laquelle ils se trouvent, et qui peut être considérée comme
l'opposé de l'assimilation, est l’adaptation traductionnelle. Les immigrants
s'accrochent à leur langue maternelle afin de ne pas être absorbés ou
assimilés par la culture dans laquelle ils se trouvent. Cronin définit ce
56
phénomène comme une situation « où la traduction est utilisée comme un Culture et Notions
de l'identité
moyen de conserver leur langue d'origine, ce qui n'exclut pas une acquisition
limitée, voire extensive, de la langue du pays d'accueil ». Il peut s'agir d'un
acte de protestation contre l'insensibilité dont fait souvent preuve le pays
d'accueil lorsqu'il s'agit de reconnaître des langues ou des cultures
« minoritaires » comme l'arabe ou le bosniaque. La situation actuelle, surtout
dans les pays anglophones, consiste à attendre des immigrants qu'ils
maîtrisent la langue dominante, alors que leurs différences linguistiques et
culturelles ne sont pas reconnues, même de façon minimale. Cette situation
engendre un sentiment de marginalisation, d'où l'attitude défensive de devoir
conserver son identité en termes de langue et de culture.

Les communautés d'immigrés au sein d'un pays posent également des


problèmes d'un autre ordre. Se rendre chez un médecin pour expliquer une
maladie ou se défendre devant un tribunal exige un certain niveau de maîtrise
de la langue. Le pays d'accueil doit être suffisamment sensible pour fournir
des interprètes ou des traducteurs à ces communautés. M. Cronin cite
l'exemple du Racial and Intercultural Office de la police irlandaise qui
produit des brochures en anglais, français, roumain, serbo-croate et russe. Il
souligne comment « les spécialistes de la traduction devront s'intéresser aux
relations complexes et internes de la traduction, métonymiquement liées aux
flux mondiaux, plutôt que de se concentrer exclusivement sur ce qui arrive
aux langues et aux cultures au-delà des frontières de l'État-nation. » La
traduction est donc davantage une tentative de compréhension et de
communication avec la société d'origine qu'une préoccupation pour les
langues étrangères.

Ainsi, nous voyons que la migration et le cosmopolitisme ne sont pas des


phénomènes qui se limitent au seul domaine socio-politique, mais sont des
facteurs capables de modifier nos langues et nos cultures, peut-être même de
nous forcer à occuper perpétuellement un espace intermédiaire « traduit »
entre deux langues.

4.13 RÉSUMÉ
Ainsi, Lefevere et d'autres comme lui ont placé la traduction dans un contexte
culturel plus large, et ont élargi sa portée en soulevant de nombreuses
questions connexes. Ce n'est pas comme si les théories de la traduction n'en
avaient pas tenu compte dans le passé, mais c'était la première fois que des
facteurs extra-littéraires étaient sérieusement examinés. L'accent mis sur la
culture et l'idéologie a également permis de mettre en évidence les
fondements sociopolitiques de la traduction, qui semble être un simple
exercice linguistique savant, largement confiné aux académies. L'un des
inconvénients du tournant culturel est qu'il tend à s'éloigner du domaine
empirique de la traduction pour se diriger vers des régions de théorisation
abstraite. Il en résulte un détournement de l'attention de la pratique réelle de
la traduction, ce qui n'avait jamais été le cas jusqu'à présent dans le domaine 57
Histoire Générale de la des études de traduction. Mais ce tournant culturel semble correspondre au
Traductologie monde globalisé d'aujourd'hui et permet aux études de traduction de relever
les défis et d'atteindre les objectifs d'un monde en mutation rapide.

4.14 ACTIVITÉS
1. Qui sont les mécènes des traductions dans le monde d'aujourd'hui ?
Comment évaluez-vous leur rôle dans la production et la consommation
de traductions ?

2. Comment les migrations affectent-elles les langues et la traduction ?


Réfléchissez à la manière dont votre propre langue a évolué/été
influencée par d'autres langues avec lesquelles vous avez été en contact.

3. Pouvez-vous citer des exemples de stratégies d'assimilation et


d'accommodation de la traduction dans votre communauté linguistique ?

4.15 GLOSSAIRE
Intersémiotique Relatif à plusieurs modes de représentations de la
pensée.

Mondialisation Élargissement du champ d'activité des agents


économiques (entreprises, banques, Bourses) du
cadre national à la dimension mondiale

Diaspora Dispersion d'un peuple, d'une ethnie à travers le


monde

Blasphème Parole ou discours qui outrage la divinité, la


religion ou ce qui est considéré comme
respectable ou sacré

Mécène Personne qui aide financièrement, par goût des


arts, un artiste, un réalisateur, un savant, un
organisme de recherche, etc.

Idiosyncratique Ayant un caractère spécial, particulier

Syncrétique Synthèse de deux ou plusieurs traits culturels


d'origine différente, donnant lieu à des formes
culturelles nouvelles

58
Culture et Notions
4.16 QUESTIONS de l'identité

1. Pensez-vous que le tournant culturel en traductologie est une tendance


bienvenue ? Pourquoi ? (Entre 200-250 mots)
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2. Lefevere a fait sortir la traduction du domaine de la langue pure, donnez


des exemples tirés de la vie quotidienne pour soutenir cette affirmation.
(Entre 200-250 mots)

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3. Est-ce que vous pensez que la mondialisation a beaucoup aide à faire


progresser le domaine de traduction ? Justifiez votre réponse en citant
des exemples concrets. (Entre 200-250 mots)

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Histoire Générale de la 4. Comment allez-vous expliquer l’influence de la culture sur la
Traductologie traduction ? (Entre 200-250 mots)

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5. Selon vous est-ce que les institutions transnationales jouent un rôle


important dans le domaine de traduction ? Justifiez votre réponse.
(Entre 200-250 mots)

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6. Quelle est la relation entre le cosmopolitise et la traduction ? Élaborez.


(Entre 200-250 mots)

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60
Culture et Notions
4.17 OEUVRES À CONSULTER de l'identité

Cronin, Michael. Translation and Identity. London: Routledge, 2006.

Gentzler, Edwin. Contemporary Translation Theories. Clevedon:


Multilingual Matters, 2001.

Lefevere, Andre. “Mother Courage’s Cucumbers: Text, System and


Refraction in a Theory of Literature”, The Translation Studies Reader. Ed.
Lawrence Venuti. London: Routledge, 2000: 233 – 250

Lefevere, Ed. Translation, History, Culture: A Sourcebook. London:


Routledge, 1992.

61
Histoire Générale de la
Traductologie

62
BLOCK 2
GRANDES THÉORIES DE
TRADUCTION ET VALEUR
SÉMANTIQUE
Théories interprétatives
UNIT 1 THÉORIES INTERPRÉTATIVES — —TIT, littéraires et
(TIT), LITTÉRAIRES ET sémiotiques de la
traduction
SÉMIOTIQUES DE LA
TRADUCTION
Structure

1.0 Objectifs
1.1 Introduction
1.2 La théorieinterprétative
1.3 Résumé́ des idées de l ́ESIT
1.4 Approche critique
1.5 Théorie Littéraire
1.6 André Lefevere
1.7 La théorie sémiotique de la traduction
1.8 Résumé
1.9 Activités
1.10 Glossaire
1.11 Questions

1.0 OBJECTIFS
Après avoir parcouru cette unité :

 vous allez mieux comprendre les différentes théories de la traduction

 vous aurez plus de connaissances sur le travail d’André Lefevere et


Roman Jakobson pour enrichir le domaine de traductologie

1.1 INTRODUCTION
Le processus de traduction existe depuis des années et nombreux sont ceux
qui se sont exprimés à son sujet, à commencer par Horace et Quintilien. Ils
s'intéressaient davantage à la signification et à la représentation adéquate de
celle-ci dans une autre langue, ainsi qu'à la meilleure méthode à adopter pour
traduire. Mais au fur et à mesure que les études de traduction en tant que
discipline et les théories qui y sont associées ont évolué, les préoccupations
théoriques ont également subi un changement. Dans la phase initiale, l'accent
était mis sur le processus de traduction et sur la façon dont il pouvait être
entrepris de manière satisfaisante. La préoccupation métaphysique
concernant le sens et la possibilité de le communiquer est venue plus tard.
Dans la phase initiale, on a assisté à la réunion de plusieurs disciplines
65
Grandes Théories de comme la littérature, la linguistique et la philosophie. La traduction était
Traduction et Valeurs considérée à la fois comme une activité littéraire et comme une activité non
littéraire. Des questions ont été posées sur la médiation qui se produit dans le
processus de traduction et aussi sur la manière dont la traduction affecte les
cultures de la langue source et de la langue réceptrice. L'attention s'est
progressivement déplacée vers le texte à traduire. La plupart des figures de
proue du domaine, comme Lefevere, ont refusé d'imposer une théorie à la
traduction, estimant que toute théorie, quelle qu'elle soit, doit évoluer à partir
des préoccupations pratiques de la traduction en tant que processus.

En fait, il s'agit d'un domaine où les points de vue s'opposent sur ce qui est
perçu comme une « théorie » - il y a ceux qui pensent que la traduction est
une activité axée sur la pratique et qu'il ne faut pas trop se préoccuper de la
théorie et ceux qui sont d'avis qu'elle peut être abordée de manière
scientifique, en évitant les opinions subjectives et en se concentrant sur
l'aspect linguistique de la traduction. André Lefevere a appelé ces deux
positions respectivement herméneutique et néopositiviste. L'approche
herméneutique est individualiste et non scientifique et se fonde sur le concept
d'idées universellement acceptées. L'approche positiviste était scientifique en
ce qu'elle était fondée sur l'étude du langage et de sa structure, mais elle
tendait à réduire la littérature à une autre structure linguistique. Lefevere a
préconisé d'éviter ces deux extrêmes et a exhorté les théoriciens de la
traduction à se concentrer sur « un concept évolutif de métascience » (cité
dans Gentzler 78), dans lequel la traduction peut être considérée comme une
discipline distincte qui existe indépendamment, même si elle emprunte des
concepts à la littérature et à la linguistique.

1.2 LA THÉORIE INTERPRÉTATIVE


La théorie du sens ou la théorie interprétative de la traduction est due aux
chercheurs de l ́ESIT (École supérieure d ́interprète et de traducteurs, Paris,
fondée en 1957). C ́est autour de cette École (aujourd ́hui Sorbonne Nouvelle,
Université de Paris III) que la théorie interprétative commence à se
développer à la fin des années soixante-dix (1970). C’est pourquoi on appelle
aussi parfois cette théorie École de Paris. On doit cette théorie
essentiellement à Danica Seleskovitch (1921-2001) et à Marianne Lederer,
mais elle compte aujourd ́hui de nombreux adeptes et promoteurs en
particulier dans le monde francophone. Parmi les représentants les plus
connus de cette théorie appartiennent Danica Seleskovitch (de nationalité
franc aise), Marianne Lederer et Jean Delisle (chercheurs canadiens) et la
chercheure espagnole Amparo Hurtado. (Moya, 2010 : 69)

D ́un point de vue, il s ́agit d ́un prolongement de la théorie linguistique de la


traduction, quoique la théorie interprétative se distingue de la théorie
linguistique en plusieurs points : la théorie interprétative de la traduction ne
se base pas sur la comparaison des langues (systèmes linguistiques) et elle ne
66 prend pas pour unités de traduction les phrases (comme le faisaient les
linguistes comparatistes) ; par contre, la théorie interprétative de la traduction Théories interprétatives
—TIT, littéraires et
insiste sur la traduction contextuelle, mettant en relief l ́analyse du sens tel
sémiotiques de la
qu ́il apparaii t dans le discours (Delisle, 1984 : 50). traduction

Les chercheurs de cette École se rendent compte que le phénomène de la


traduction dépasse le cadre de la linguistique (notamment de la linguistique
d ́orientation formelle comme le structuralisme, la grammaire générative,
etc.). Il y a des facteurs non-linguistiques qui influencent la traduction. Les
chercheurs de la théorie interprétative se tournent vers la linguistique
textuelle ou, comme ils l ́appellent, la textologie (notamment Jean Delisle).

À l ́origine de cette théorie se trouve la pratique professionnelle de Danica


Seleskovitch, qui s ́est appuyée sur son expérience en tant qu ́interprète de
conférence pour mettre au point un modèle de traduction en trois temps :
interprétation, déverbalisation, réexpression.

Ce modèle emprunte ses postulats théoriques aussi bien à la psychologie


qu ́aux sciences cognitives de son époque, avec un intére t particulier pour le
processus mental de la traduction.

La préoccupation centrale de la théorie interprétative est la question du «


sens». Celui-ci est de nature non verbale parce qu ́il concerne aussi bien ce
que le locuteur a dit (l ́explicite) que ce qu ́il a tu (l ́implicite). Pour saisir ce «
sens », le traducteur doit posséder un «bagage cognitif» qui englobe la
connaissance du monde, la saisie du contexte et la compréhension du vouloir-
dire de l ́auteur. À défaut de posséder ce bagage, le traducteur sera confronté
au problème de l ́ambiguiuté et de la multiplicité des interprétations, ce qui
risque de paralyser son élan de traduction. (Guidère, 2010 : 69-71)

Danica Seleskovitch développe le modèle du processus de la traduction en


trois étapes :

1) La compréhension - comprendre un texte signifie saisir à la fois sa


composante linguistique (signes graphiques) et extralinguistique. Le sens
du texte est basé sur les compléments cognitifs de chaque lecteur parti-
culier : il est clair que le sens dépend en grande partie de l ́expérience
individuelle du lecteur, de ses connaissances encyclopédiques, de son
bagage culturel, bref, de sa compétence interprétative. La subjectivité
dans l ́interprétation du sens a ses limites, non seulement en ce qui
concerne les textes pragmatiques, mais aussi les textes littéraires. (Moya,
2010 : 76-78)

2) La déverbalisation consiste en une isolation mentale des idées ou des


concepts impliqués dans un énoncé. Si le traducteur ne déverbalise pas
les paroles de l ́original, il tombe dans la traduction littérale (en
transcodage) et rédige un texte final qui ne dit rien ou presque rien à ses
nouveaux destinataires, surtout s ́il s ́agit d ́une traduction entre deux
67
Grandes Théories de langues très proches où le danger des interférences est le plus grand.
Traduction et Valeurs Durant l ́étape de la déverbalisation, le sens reste dans la conscience du
traducteur, tandis que les signes (mots, phrases) de l ́original doivent
e tre oubliés ; cela est relativement facile pendant l ́interprétation,
qu ́elle soit consécutive ou simultanée, parce que les sons du discours
oral apparaissent et disparaissent, mais cela devient très difficile à e tre
appliqué dans la traduction écrite où le texte est toujours présent. (Moya,
2010 : 78-79)

3) La reformulation / reverbalisation du sens dans une autre langue consiste


en choix, de la part du traducteur, des moyens expressifs multiples que
lui offre la langue cible. Le traducteur procède par associations
successives d ́idées, memme si cette succession d ́idées peut ne pas ep tre
linéaire, et doit avoir recours à l ́analogie. (Delisle, 1984) La capacité
associative, déductive du traducteur, sa créativité, son intuition, son
imagination sont très importants notamment pendant cette étape du
processus de la traduction. (Moya, 2010 : 9-80)

Dans la lignée de Seleskovitch, Jean Delisle (1980) a formulé une autre


version plus didactique de la théorie interprétative de la traduction, en ayant
recours à l ́analyse du discours et à la linguistique textuelle. Il a étudié en
particulier l ́étape de conceptualisation dans le processus de transfert
interlinguistique. Pour lui, le processus de traduction se déploie en trois
phases. Il a concentré́ en deux phases les trois étapes de Seleskovitch, la
compréhension (1+2) et la reformulation (3), mais a ajouté une quatrième
étape, celle de 4) l ́analyse justificative dont l ́objectif est de vérifier
l ́exactitude de la traduction réalisée.

D ́abord, il place la phase de compréhension (1+2) qui consiste à décoder le


texte source en analysant les relations sémantiques entre les mots et en
déterminant le contenu conceptuel par le biais du contexte.

Ensuite, la phase de reformulation (3), qui implique la reverbalisation des


concepts du texte source dans une autre langue, en ayant recours au
raisonnement et aux associations d ́idées.

Enfin, la phase d ́analyse justificative (vérification) (4), qui vise à valider les
choix faits par le traducteur en procédant à une analyse qualitative des
équivalents, à la manière d ́une rétro- traduction. (Moya, 2010 : 80)

Approche de la linguistique textuelle (ou l ́approche basée sur l ́analyse du


discours) :

Jean Delisle, dans son oeuvre L ́analyse du discours comme méthode de


traduction : initiation à la traduction franccaise de textes pragmatiques
anglais : théorie et pratique, Éditions de l ́Université d ́Ottawa (1984) a
proposé une méthode de traduction fondée sur l ́analyse du discours, mais il
68
s ́est intéressé uniquement aux « textes pragmatiques » qu ́il définit comme Théories interprétatives
—TIT, littéraires et
les textes non-lit- téraires : le texte pragmatique est plus dénotatif que
sémiotiques de la
connotatif, renvoie à une réalité plus ou moins objective, se prep te traduction
généralement à une seule interprétation possible du sens, est souvent rédigé
dans une langue codifiée, est d ́une utilité pratique immédiate, et est plus ou
moins didactique (Moya, 2010 : 75).

À travers l ́analyse du discours, Delisle vise l ́autonomisation de la traduction


et l ́institution d ́une théorie « textologique » centrée sur la dynamique
traductionnelle, donc sur l ́analyse du « processus cognitif de l ́opération
traduisante.

Du point de vue traductologique, l ́analyse du discours per- met en effet de se


focaliser sur le « sens » en abordant deux niveaux principaux : le niveau du
genre (cadre d ́expression linguistique et littéraire propre à une langue, par
ex. le genre lettre de motivation, roman policier, etc.), et le niveau du texte
(des unités rhétoriques composées de séquences reliées et complé- mentaires
: phrases, paragraphes).

C ́est d ́autant plus important qu ́il existe des phénomènes textuels tels que
l ́intertextualité qui concerne les liens implicites ou explicites entre les textes,
tels que la reprise, la parodie, le pastiche ou la citation. Le traducteur doit
savoir reconnai tre ces liens afin de ne pas traduire prosaiiquement par
exemple un vers célèbre de poésie.

Il est aussi important que le traducteur ait une sensibilité sociolinguistique, en


particulier en ce qui concerne les formules de politesse selon les contextes et
selon les cultures.

Dans les domaines de spécialité, l ́analyse du discours sert à montrer le


marquage culturel de la terminologie. Aussi les métaphores apparaissent
comme des marqueurs de visions culturelles différentes par excellence.
(Guidère, 2010 : 69-71)

Il y a, à notre avis, des liens incontestables entre la théorie interprétative, qui


se veut anti-linguistique, et les théories linguistiques de la traduction,
notamment la linguistique textuelle, l ́analyse du discours, la
pragmalinguistique et la sociolinguistique.

Dans La Traduction aujourd ́hui (1994), Marianne Lederer résume ainsi les
principaux acquis de la théorie interprétative de la traduction : « la théorie
interprétative ... a établit que le processus de traduction consistait à
comprendre le texte original, à déverbaliser sa forme linguistique et à
exprimer dans une autre langue les idées comprises et les sentiments
ressentis.» (Guidère, 2010 : 70)

L ́originalité de la théorie interprétative réside principalement dans la seconde


phase, celle de déverbalisation : c ́est l ́acte essentiel à la saisie du sens, par 69
Grandes Théories de lequel le traducteur transcende le niveau des mots pour s ́approprier le sens
Traduction et Valeurs d ́un texte, qu ́il devra ensuite reverbaliser dans la langue cible, en tenant
compte des conditionnements du récepteur (langue, culture, etc.).

Ce modèle remet en cause les approches traditionnelles fondées sur la


distinction d ́une étape de compréhension dans la langue source, à laquelle
succède une étape d ́expression dans la langue cible. (Guidère, 2010 : 70)

Interpréter le sens d ́un texte exige de préciser le niveau auquel on se situe : «


Il faut faire le partage entre la langue, sa mise en phrases, et le texte ; car si
l ́on peut « traduire» à chacun de ces niveaux, l ́opération de traduction n ́est
pas la me me selon que l ́on traduit des mots, des phrases ou des textes»
(Lederer, 1994 : 13).

Cette distinction entre mots, phrases et textes, amène l ́École de Paris à


distinguer deux types de traduction, la traduction linguistique (traduction de
mots et de phrases hors contexte), et la traduction interprétative, (traduction
des textes ou traduction tout court). Pour Marianne Lederer, la véritable
traduction n ́est concevable que par rapport aux textes, c ́est-à-dire dans le
cadre d ́un discours et en fonction d ́un contexte : «La traduction
interprétative est une traduction par équivalences, la traduction linguistique
est une traduction par correspondances. La différence essentielle entre
équivalences et correspondances est que les premières s ́établissent entre
textes, les secondes entre des éléments linguistiques » (Lederer, 1994 : 51,
cité d ́après Guidère, 2010 : 70).

1.3 RÉSUMÉ DES IDÉES DE L ́ESIT


1) La traduction doit refléter le vouloir-dire de l ́auteur.
2) La traduction doit le faire de manière idiomatique.
3) La traduction doit produire sur ses lecteurs le me me effet qu ́a produit
un jour le texte original sur les siens.

Or, pour les textes littéraires, le point (3) n ́est pas toujours réalisable, cela
supposerait que la compréhension et les senti- ments soient ahistoriques.
Quant au point (2), les traducteurs optent souvent non pour l ́acceptabilité du
texte (sa conformité avec les règles de la langue cible), mais pour
l ́adéquation à l ́original (cela concerne les textes littéraires mais aussi parfois
les textes pragmatiques). (Moya, 2010 : 70-75, 85)

1.4 APPROCHE CRITIQUE


L ́utilité pratique de la théorie interprétative est incontestable en ce qui
concerne notamment la didactique de l ́interprétation (consécutive et
simultanée). Cette théorie s ́avère également applicable dans la traduction des
textes pragmatiques, c ́est-à-dire des textes dont la fonction dominante n ́est
70
pas la fonction esthétique. Cependant, en ce qui concerne les textes littéraires Théories interprétatives
—TIT, littéraires et
(avec la fonction esthétique dominante), l ́application de cette théorie est plus
sémiotiques de la
problématique. Peter Newmark critique cette théorie, et plus concrètement traduction
Danica Seleskovitch, pour deux raisons :

1) traduire le sens, en oubliant avant les paroles, cela signifie simplifier trop
les choses et passer par-dessus plusieurs détails et sèmes.

2) préférer les expressions idiomatiques, les locutions figées, les clichés, les
phrases toutes faites qui ne fi- gurent pas dans l ́original, cela signifie
déformer les nuances du signifié. (Moya, 2010 : 81)

Utilité de la distinction terminologique :

La distinction terminologique de la théorie du sens de l ́ESIT entre la


signification et le sens appartient également parmi les apports incontestables
de cette école traductologique.

a) La signification appartient au niveau de la langue et dans le domaine de


la traduction, c ́est le transcodage qui y correspond. Le transcodage est
donc une sorte de « traduction » au niveau des unités isolées de langue
(le transcodage = l ́équivalence linguistique). Le transcodage est utilisé
pour la traduction de chiffres, noms propres, et beaucoup de termes
scientifiques monosémiques ; il s ́agit d ́une « traduction » sans
interprétation préalable du sens (= le report selon Jean Delisle, 1993, La
traduction raisonnée).

b) En revanche, le sens appartient au niveau de la parole et c ́est à ce niveau


que se situe dans la plupart des cas la véritable traduction (la traduction
interprétative). C ́est la traduction précédée de l ́étape de l ́interprétation
de sens. Cette traduction s ́applique à la plupart de mots, syntagmes,
propositions, phrases en contexte (la traduction proprement dite =
l ́équivalence contextuelle).

Les mots clés de la théorie interprétative sont le sens, le discours, le message,


l ́information, la communication authentique. À un sens dans une langue (ou
pluto t à une acception d ́un mot), plusieurs sens peuvent correspondre dans
l ́autre langue ; c ́est pourquoi il faut toujours interpréter le sens du mot dans
le contexte pour bien traduire la phrase et le texte. Parfois, il peut cependant
arriver que le résultat du transcodage (l ́équivalent trouvé dans le
dictionnaire) et de la traduction (interprétation en contexte) coiincident ; il
s ́agit dans ces cas de la traduction mot à mot dont le traducteur « interprétatif
» se servira rarement (ou presque jamais, selon l ́ESIT).
En somme, la théorie interprétative de la traduction est cibliste en ce sens
qu ́elle accorde une attention particulière au lecteur cible, à l ́intelligibilité de
la traduction produite et à son acceptabilité dans la culture d ́accueil.
(Guidère, 2010 : 71, Moya, 2010 : 70-71)
71
Grandes Théories de
Traduction et Valeurs
1.5 THÉORIE LITTÉRAIRE
Dans les années 1970, une approche littéraire de la théorie de la traduction a
commencé à émerger, en partie en réponse aux théories linguistiques
prescriptives qui avaient monopolisé la pensée pendant les deux décennies
précédentes. Les éléments clés de cette nouvelle approche littéraire sont les
écrits de l'école de la manipulation, les théories systémiques et les études
descriptives de la traduction (DTS) de Gideon Toury, qui tente d'identifier les
lois de la traduction, dont la théorie du polysystème (PS) d'Itamar Even-
Zohar constitue une partie essentielle (Nam Fung Chang). Lors de la
conférence de Louvain en 1976, Even-Zohar a présenté un article intitulé
« The Position of Translated Literature in the Literary Polysystem » où il
considère la position de la littérature traduite dans les contextes littéraire,
culturel et historique de la culture cible. Il ne préconise pas l'étude de
traductions individuelles, mais considère plutôt l'ensemble des œuvres
traduites comme un système fonctionnant et réagissant à un système littéraire,
qui, à son tour, fonctionne et réagit aux systèmes historiques, sociaux et
culturels du public cible particulier. Il y a donc un système dans un système
dans un système, c'est-à-dire le polysystème.

La notion de « système » doit peut-être être clarifiée à ce stade. La littérature


considérée comme un système remonte à la pensée formaliste russe des
années 1920, Yury Tynjanov étant considéré comme la première personne à
décrire la littérature en ces termes (Hermans, 1999, 104). La littérature
traduite elle-même est également considérée comme fonctionnant comme un
système d'au moins deux façons - d'abord dans la manière dont la langue
cible choisit les œuvres à traduire, et ensuite dans la manière dont la
méthodologie de traduction varie en fonction de l'influence d'autres systèmes
(Munday, 2001 109). Zohar lui-même souligne le fait que la littérature
traduite fonctionne de manière systémique : « Je conçois la littérature traduite
non seulement comme un système intégral au sein de tout polysystème
littéraire, mais aussi comme un système actif au sein de celui-ci. » (1976,
200).

1.6 ANDRÉ LEFEVERE


Nous avons déjà vu l'importance du théoricien belge André Lefevere (1945 -
1996) dans le domaine de la traductologie. Dans son ouvrage « Translating
Poetry:Seven Strategies and a Blueprint » publié en 1975, Lefevere aborde la
question de la traduction de manière pragmatique. Il prend un poème comme
texte source - le soixante-quatrième poème de Catulle - et décrit sept
méthodes différentes de traduction. Celles-ci ont été brièvement mentionnées
dans une conférence précédente ; examinons-les maintenant plus en
profondeur.

 La traduction phonémique : Elle tente de reproduire le son du LS dans


la LC, tout en essayant d'en saisir le sens. Cette méthode est efficace
72
pour traduire des mots onomatopéiques, mais peut souvent devenir Théories interprétatives
—TIT, littéraires et
très maladroite car le sens se perd dans le processus.
sémiotiques de la
traduction
 La traduction littérale : Traduction mot à mot qui peut déformer le
sens ainsi que les aspects stylistiques de l'original.
 Traduction métrique : Traduction dans laquelle il y a une tentative de
reproduction métrique. Comme la traduction littérale, la concentration
sur le mètre peut entraîner une distorsion du sens et des qualités
générales du texte dans son ensemble.
 Poésie en prose : Cette méthode permet de saisir le sens, mais les
qualités poétiques ont tendance à se perdre.
 Traduction rimée : La traduction tente de conserver le schéma de
rimes et le mètre de l'original.
Cela peut aboutir à une traduction très maladroite qui ne rend pas
justice au texte source.
 Traduction en vers blancs : Les restrictions imposées par le mètre
peuvent dénaturer le texte. Mais Lefevere note également que cette
traduction peut atteindre un plus grand degré de précision.
 L'interprétation : Sous cette rubrique, Lefevere traite des versions et
des imitations. Les versions sont celles dans lesquelles le fond du
texte SL est conservé et la forme est modifiée. L'imitation est celle
dans laquelle le traducteur produit un poème qui n'a qu'un rapport
marginal avec le texte SL. Les deux sont des textes adaptés aux
récepteurs, mais ils acquièrent cette qualité au détriment du texte
original.

Lefevere lui-même préférait une traduction qui aurait un impact sur les
lecteurs comme l'original sur les lecteurs LS. Il pensait que la tâche du
traducteur « est précisément de rendre le texte source, l'interprétation de
l'auteur original d'un thème donné exprimé dans un certain nombre de
variations, accessible aux lecteurs qui ne sont pas familiers avec ces
variations, en remplaçant les variations de l'auteur original par leurs
équivalents dans une langue, un lieu et une tradition différents » (cité en
Gentzler 95).

1.7 LA THÉORIE SÉMIOTIQUE DE LA


TRADUCTION
La sémiotique est définie comme l'étude des signes et des systèmes de
communication. Elle s'intéresse aux traits généraux qui caractérisent ces
systèmes. Pour Peirce, le processus de signification et le résultat de la
coopération de trois éléments : un signe, son objet et son interprétant. Aussi,
du point de vue sémiotique, toute traduction est envisagée comme une forme
d'interprétation qui porte sur des textes ayant un contenu encyclopédique
73
Grandes Théories de différent et contexte socioculturel particulier. En raison des différences
Traduction et Valeurs
intrinsèques aux signes, aux contenus encyclopédiques et aux contextes
socioculturels, les sémioticiens ont beaucoup discuté la question de la
traductibilité, c'est-à-dire la possibilité de traduire. Pour eux, en théorie, la
traduction est impossible pour une raison simple : les langues possèdent des
structures différentes et organisent le monde de l'expérience de diverses
manières qui ne se recoupent jamais. Chaque langue forme un système de
référence qui empêche l'établissement de véritables équivalences. C'est en
comparant les systèmes linguistiques que l'on se rend compte de ces
difficultés. Il est clair que le problème se pose davantage au niveau des
langues en général que des textes en particulier. Il est à souligner que
l'approche sémiotique de la traduction s'avère très utile dans affiches
publicitaires, bandes dessinées, émissions télévisées, sites web, etc. Dans la
version française de son essai sur la traduction, Umberto Eco (2007) parle de
son expérience personnelle pour expliquer en quoi la traduction était une «
négociation » permanente sur tous les plans. Pour lui, il ne s'agit pas
simplement de passer d'un type de texte dans une langue au même genre de
texte dans une autre langue, mais véritablement de traduire « monde à monde
». dans cette négociation le traducteur n'est pas un « peseur de mots » mais un
« peseur d'âmes ». Sa connaissance des deux mondes parallèles de la
traduction lui permet, avec des mots différents de « dire presque la même
chose ».

Le dilemme de la traduction des éléments culturels et de la relation entre le


mot et l'image dans les textes plurimodaux a conduit au choix d'une théorie
sémiotique de la traduction. Dans une approche sémiotique, la culture est
considérée comme un réseau de signes dans lequel les textes sont un sous-
système intégré. D'un point de vue sémiotique, la traduction est
principalement la transmission d'un artefact culturel dans un autre système
culturel de signes. Malheureusement, cette vision simplifiée ignore le
traducteur en tant qu'interface active. Charles Sanders Pierce avait justement
introduit une représentation triadique des signes (1985, 5) dans laquelle un
rôle adéquat est attribué au traducteur qui traduit le signe dans un autre
système de signes, créant ainsi une mobilité culturelle permanente.
Sémiotiquement, la traduction est un acte de formation de l'identité culturelle.
La sémiose peut être exécutée de manière exotique ou naturalisante, mais elle
reste un processus unidirectionnel irréversible. En définitive, une traduction
est une construction symbiotique interculturelle.

Roman O. Jakobson était un linguiste structurel et un théoricien de la


littérature. À son époque, la linguistique se concentrait sur l'histoire et
l'évolution des mots dans le temps. Jakobson a étudié comment la structure
de la langue en elle-même permet la communication. Ses travaux ont
contribué à définir la linguistique moderne. « Il a élargi les frontières de la
linguistique pour y intégrer des domaines tels que la phonétique, la
sémantique, la poétique, les études slaves, l'acquisition du langage et la
pathologie. En 1920, il a décidé de poursuivre un doctorat à Prague après
74
l'instabilité politique en Russie. Il devient citoyen tchèque en 1937. Le 4 juin Théories interprétatives
—TIT, littéraires et
1941, il arrive aux États-Unis dans le port de New York. En 1942, il est
sémiotiques de la
nommé à la Faculté des Lettres, École Libre des Hautes Études, New York, traduction
comme professeur de linguistique générale. Il est devenu émérite à Harvard
en 1965. »

En utilisant l'exemple du fromage, Jakobson dit que « nous sommes obligés


d'affirmer que personne ne peut comprendre le mot « cheese » à moins
d'avoir une connaissance de la signification assignée à ce mot dans le code
lexical de l'anglais » (126). Le sens des mots et de tout mot ou expression
quelconque est intrinsèquement linguistique et sémiotique. Il n'y a pas de
signatum sans signum. Divers signes linguistiques sont nécessaires pour
introduire des mots non familiers. « La signification de tout signe linguistique
est sa traduction en un autre signe alternatif. »

Trois façons d'interpréter un signe verbal :


 La traduction intralinguale ou reformulation est une interprétation des
signes verbaux au moyen d'autres signes de la même langue.
 La traduction interlinguale ou traduction proprement dite est une
interprétation des signes verbaux au moyen d'une autre langue.
 La traduction intersémiotique ou transmutation est une interprétation
de signes verbaux au moyen de signes de systèmes de signes non
verbaux.

La traduction intralinguale utilise plus ou moins de synonymes. Toutefois, il


ne s'agit pas d'une équivalence complète. Les unités de code (une phrase
idiomatique, un mot ou un mot) peuvent être interprétées par une
combinaison équivalente d'unités de code. En revanche, en ce qui concerne la
traduction interlinguale, il n'y a pas d'équivalence complète entre les code-
units. « La traduction d'une langue vers une autre substitue les messages
d'une langue non pas à des unités de code distinctes, mais à des messages
entiers dans une autre langue. » La traduction implique deux messages
équivalents dans deux codes différents. Jakobson dit que l'équivalence dans
la différence est le problème principal de la langue et la préoccupation de la
linguistique. (<-TRÈS IMPORTANT). La comparaison des langues doit tenir
compte de leur aptitude mutuelle à la traduction. Il insiste sur la nécessité de
dictionnaires bilingues différentiels.

Jakobson considère la traduction comme un problème d'interprétation car


l'interprétation d'un élément sémiotique nécessite de le remplacer par un autre
type d'élément (il peut s'agir parfois d'un discours entier). Nous remplaçons
un signe linguistique par un autre (page 139). Jakobson considère la
traduction comme un processus linguistique qui doit donc être traité
linguistiquement. La plupart du temps, lorsque nous traduisons d'une langue à
une autre, nous substituons les messages véhiculés dans la langue source non
pas par des unités séparées (unités lexicales) mais plutôt par des messages
75
Grandes Théories de entiers dans la langue cible. Pour traduire un signe linguistique, nous devons
Traduction et Valeurs chercher ce signe dans le même système linguistique ou dans un autre. Ainsi,
le traducteur décode le sens d'un message puis il le recode dans un autre. Il
pense également que la traduction du style fait partie du processus de
recodage.

Idées principales : Les différences entre les langues

En outre, Jakobson considère que pour pouvoir parler une langue, il faut
pouvoir parler de cette langue. Si la langue cible possède des caractéristiques
grammaticales obligatoires que la langue source ne possède pas, le traducteur
doit résoudre l'ambiguïté générée avant de commencer la traduction.

Une autre idée abordée dans l'article est qu'il n'y a pas de langues qui ont plus
de pouvoirs sémantiques en exprimant plus de significations que les autres
langues. Mais les langues diffèrent plutôt car chacune d'entre elles implique
un ensemble de règles grammaticales qui doivent être respectées lors de
l'expression orale. C'est pourquoi Jakobson dit que les langues diffèrent par
ce qu'elles doivent exprimer et non par ce qu'elles peuvent exprimer (page
141). Jakobson dit que les mots qui portent le genre (masculin/féminin)
peuvent avoir des connotations, ce qui leur confère une dimension
sémantique, comme par exemple la personnification des jours de la semaine
en russe selon le genre (page 142).

La même « chose » ne porte pas le même genre d'une langue à l'autre et il


n'est pas nécessaire qu'elle le fasse, selon Jakobson. Prenons l'exemple du
pronom objet indirect en français « lui », il peut désigner un homme et une
femme alors qu'en italien, nous devrions utiliser « gli » pour un homme et
« le » pour une femme. Ces éléments ne sont pas facultatifs ; le locuteur doit
les respecter.

Il étaye également cet argument par un autre exemple, à savoir que l'arabe
possède de nombreux mots qui signifient essentiellement « chameau » en
français. Il y a ‫ ھﺠﻦ ال‬pour un chameau de course, ‫ ل اإب‬,‫ة ﻧ ﺎق ال‬, et ‫ﺟﻤﻞ‬. C'est
voulu ainsi et un locuteur de l'arabe n'a pas d'autre choix que de respecter
cette règle et de l'accepter.

Ainsi, comme de nombreux théoriciens, Jakobson pense que la traduction


implique une perte. C'est-à-dire lorsque l'équivalence d'un mot dans la langue
source n'existe pas dans la langue cible. Les traducteurs ont donc de
nombreuses solutions face à une lacune, chacune imposant quelques
conséquences stylistiques. Cependant, « plus le contexte du message est
riche, plus la perte d'information est faible. »

La sémiotique textuelle offre des outils conceptuels permettant de traiter des


formes novatrices de signification. Le traducteur peut profiter notamment des
distinctions suivantes:
76
1. La distinction entre le texte, le cotexte et le contexte : le premier Théories interprétatives
—TIT, littéraires et
désigne les signes verbaux à traduire ; le deuxième, l ́environnement
sémiotiques de la
immédiat de ces signes ; le troisième, l ́arrière-plan socioculturel dans traduction
lequel s ́inscrit l ́ensemble.
2. La distinction entre l ́histoire, l ́intrigue et le discours : le premier
désigne les éléments du récit (ou fable) ; le deuxième, la chronologie
et l ́arrangement des sé- quences (ou des événements) ; le troisième, la
manière d ́organiser verbalement le récit et les événements.
3. La distinction entre le genre, le type et le prototype ; le premier
désigne la catégorie générale à laquelle renvoie le texte (la traduction
audiovisuelle p. ex.) ; le deuxième, la nature précise du texte à
traduire (texte argumentatif, informatif, etc.) ; le troisième, le « mo-
dèle » qui sert de référence implicite au texte (Molière pour les textes
de théaatre, autre genre intersémio- tique).

L ́approche sémiotique permet de concevoir plusieurs « mondes » avec des


outils appropriés et d ́élargir les perspec- tives de la traduction en intégrant
des signes issus de systèmes variés. (Guidère, 2010 : 58-60)

1.8 RÉSUMÉ
La théorie du sens ou la théorie interprétative de la traduction est due aux
chercheurs de l ́ESIT (École supérieure d ́interprète et de traducteurs, Paris,
fondée en 1957). C ́est autour de cette École (aujourd ́hui Sorbonne Nouvelle,
Université de Paris III) que la théorie interprétative commence à se
développer à la fin des années soixante-dix (1970). C’est pourquoi on appelle
aussi parfois cette théorie École de Paris. On doit cette théorie
essentiellement à Danica Seleskovitch (1921-2001) et à Marianne Lederer,
mais elle compte aujourd ́hui de nombreux adeptes et promoteurs en
particulier dans le monde francophone. Parmi les représentants les plus
connus de cette théorie appartiennent Danica Seleskovitch (de nationalité
franc aise), Marianne Lederer et Jean Delisle (chercheurs canadiens) et la
chercheure espagnole Amparo Hurtado. Dans les années 1970, une approche
littéraire de la théorie de la traduction a commencé à émerger, en partie en
réponse aux théories linguistiques prescriptives qui avaient monopolisé la
pensée pendant les deux décennies précédentes. Les éléments clés de cette
nouvelle approche littéraire sont les écrits de l'école de la manipulation, les
théories systémiques et les études descriptives de la traduction (DTS) de
Gideon Toury, qui tente d'identifier les lois de la traduction, dont la théorie
du polysystème (PS) d'Itamar Even-Zohar constitue une partie essentielle.
Dans son ouvrage « Translating Poetry:Seven Strategies and a Blueprint »
publié en 1975, Lefevere aborde la question de la traduction de manière
pragmatique. Il prend un poème comme texte source - le soixante-quatrième
poème de Catulle - et décrit sept méthodes différentes de traduction. Le
dilemme de la traduction des éléments culturels et de la relation entre le mot
et l'image dans les textes plurimodaux a conduit au choix d'une théorie 77
Grandes Théories de sémiotique de la traduction. Dans une approche sémiotique, la culture est
Traduction et Valeurs considérée comme un réseau de signes dans lequel les textes sont un sous-
système intégré. D'un point de vue sémiotique, la traduction est
principalement la transmission d'un artefact culturel dans un autre système
culturel de signes. Malheureusement, cette vision simplifiée ignore le
traducteur en tant qu'interface active.

1.9 ACTIVITÉS
1 Roman Jakobson a utilisé le mot « chameau » pour montrer la différence
entre la langue française et la langue arabe. Pourriez-vous montrer un tel
exemple pour faire une distinction entre une langue indienne et la langue
française.
2 Choississez une vidéo de l’interprétation disponible sur le site de l’ONU
et essayez d’y appliquer les principes de la théorie interprétative.

1.10 GLOSSAIRE
Interprétation Action d'interpréter, d'expliquer un texte, de lui donner
un sens ; énoncé donnant cette explication
Déverbalisation Fait de ne plus exprimer verbalement, par des mots
Explicite Suffisamment clair et précis dans l'énoncé ; qui ne peut
laisser de doute
Implicite Qui est virtuellement contenu dans une proposition, un
fait, sans être formellement exprimé
Traductologie Discipline qui étudie le processus de traduction, et tous
les aspects de la traduction
Intertextualité Relation établie par le lecteur ou le critique entre un
texte littéraire et d'autres textes, et d'où procède le sens
du texte
Sémiotique Science générale des modes de production, de
fonctionnement et de réception des différents systèmes
de signes qui assurent et permettent une
communication entre individus et/ou collectivités
d'individus

1.11 QUESTIONS
1 De quelle façon la théorie interprétative se distingue de la théorie
linguistique ? (Entre 200-250 mots)

--------------------------------------------------------------------------------------
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--------------------------------------------------------------------------------------
--------------------------------------------------------------------------------------
78
-------------------------------------------------------------------------------------- Théories interprétatives
—TIT, littéraires et
-------------------------------------------------------------------------------------- sémiotiques de la
traduction
--------------------------------------------------------------------------------------
--------------------------------------------------------------------------------------
--------------------------------------------------------------------------------------

2 Comment Danica Seleskovitch a-t-elle développé le modèle du


processus de la traduction ? (Entre 200-250 mots)

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3 Expliquez la version de la théorie interprétative de John Delisle. (Entre


200-250 mots)

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4 Pourquoi la théorie littéraire a-t-elle émergée ? (Entre 200-250 mots)

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-------------------------------------------------------------------------------------- 79
Grandes Théories de --------------------------------------------------------------------------------------
Traduction et Valeurs
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5 Quelles sont les 7 différentes méthodes de la traduction proposé par


André Lefevere ? (Entre 200-250 mots)

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6 Quelles sont les différentes façons d’interpréter un signe verbal ? (Entre


200-250 mots)

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1.12 OEUVRES À CONSULTER


Raková, Zuzana. Les Théories de la Traduction. 2014. Brno : Masarykova
Univerzita

“6 Théories Contemporaines De La Traduction.” Cultures Connection, 16


June 2022, https://culturesconnection.com/fr/6-theories-contemporaines-
traduction/.

80
Théories communicatives,
UNIT 2 THÉORIES COMMUNICATIVES, sociolinguistiques et
SOCIOLINGUISTIQUES ET hermeneutiques de la
traduction
HERMENEUTIQUES DE LA
TRADUCTION
Structure

2.0 Objectifs
2.1 Introduction
2.2 L’approche communicative
2.3 La science de traduction-Nida
2.4 Les apports de Nida
2.5 L’approche sociolinguistique
2.6 L’approche herméneutique
2.7 Résumé
2.8 Activités
2.9 Glossaire
2.10 Questions

2.0 OBJECTIFS
Après avoir parcouru cette unité :

 vous allez mieux comprendre les différentes théories de la traduction

 vous allez mieux comprendre les apports de Nida pour enrichir le


domaine de la traduction

2.1 INTRODUCTION
La traduction est un processus de transmission du sens ou de l'information
d'une langue à une autre. Pour Nida, la traduction est un moyen de reproduire
la langue réceptrice à partir de l'équivalent naturel le plus proche du message
en langue source, en tenant compte du sens dans un premier temps et du style
dans un second temps. En revanche, pour Newmark, la traduction est un
métier consistant à tenter de remplacer un message ou un énoncé écrit dans
une langue par le même message ou énoncé dans une autre langue (Fengling,
2017). Ces points de vue reflètent des perceptions contradictoires majeures
entre Nida, qui met l'accent sur l'équivalence, l'information, le sens et les
styles, et Newmark, qui accorde plus d'attention au sens et au texte. En outre,
la traduction est utilisée à des fins très diverses. Elle est utilisée pour les
instructions émises par les entreprises exportatrices, pour la publicité
touristique, pour les documents officiels tels que les traités et les contrats, 81
Grandes Théories de ainsi que pour les rapports, les revues, les articles et les manuels pour
Traduction et Valeurs transmettre des informations (Newman). Pour les traducteurs, deux facteurs
sont significativement pris en compte. Premièrement, relayer le texte traduit
et son style en accord avec les idées de l'auteur. Deuxièmement, traduire le
texte source dans la culture et la langue compréhensibles du destinataire.
L'histoire de la traduction a tourné autour de l'approche de la traduction
littérale et libre. C'est-à-dire que les concepts sont relayés dans la langue cible
en les traduisant littéralement mot à mot sans tenir compte d'aucun autre
facteur. Cependant, cette méthode de traduction ne tient souvent pas compte
du fait que tous les textes ou utilisateurs de textes ne sont pas les mêmes.
Tous les textes ne sont pas aussi "sérieux" que la Bible, et tous les textes ne
sont pas non plus "pragmatiques", comme les certificats de mariage ou les
instructions pour les flacons de médicaments. Du premier siècle avant J.-C.
au début du XIXe siècle, de nombreux auteurs ont privilégié la traduction par
l'arbre : l'esprit et non la lettre, le sens et non les mots, le message et non la
forme (Newman 1988).

Plus tard, au XIXe siècle, l'anthropologie culturelle a suggéré que la langue


était entièrement un produit de la culture. Dans les années 1960, Eugene Nida
a pris position en critiquant la norme dans le processus de traduction en
affirmant que les modes de traduction peuvent être classés en deux grandes
approches : l'équivalence formelle et l'équivalence dynamique. L'équivalence
formelle tente de rester aussi proche que possible du texte original sans ajout
d'idées et de pensées de la part du traducteur. Pour l'équivalence formelle,
plus la traduction est littérale, moins il y a de risque de corrompre le message
original (Shakernia, 2013). L'équivalence dynamique, en revanche, est une
approche de la traduction dans laquelle la langue originale est traduite
« pensée pour pensée » et non « mot à mot » comme l'équivalence formelle.
En outre, Jakobson (1950/2000) a justifié que la traduction peut être classée
en trois formes différentes. La première est la traduction intralinguale -
traduction d'une même langue qui peut impliquer une reformulation ou une
paraphrase. La deuxième est la traduction interlinguale, c'est-à-dire la
traduction d'une langue à une autre. Enfin, la traduction intersémiotique - la
traduction du signe verbal par un signe non verbal tel que la musique ou
l'image. De manière générale, les études de traduction englobent diverses
disciplines.

2.2 L’APPROCHE COMMUNICATIVE


Dans les années 1950 et 1960, à une époque où naissait la réflexion
universitaire sur la traduction préparant le développement de la traductologie
dans les années 1970, la pensée française en la matière fut très fortement
marquée par un auteur d´origine russe, Edmond Cary, de son vrai nom
Cyrille ZnoskoBorowsky, un interprète militant, mort dans un accident
d´avion en 1966. Edmond Cary fut, juste après Valéry Larbaud, qu´il
admirait, le fondateur de la discipline qu´on allait appeler l´histoire de la
traduction. Et Stelling-Michaud, l´historien administrateur de l´École de
82
Genève, lui ouvrit les portes des publications de l´Université de Genève. Théories communicatives,
sociolinguistiques et
Ainsi, Cary publia La traduction dans le monde moderne (1956), puis Les
hermeneutiques de la
grands traducteurs français (1963). Au-delà de la réflexion historique, Cary traduction
propose une théorie complète de la traduction. Rompant avec les théories
linguistiques dominantes, pour ne pas dire seules existantes à l´époque, Cary
fonde une théorie que l´on qualifiera plus tard de « théorie communicative
axée sur le produit ». Pour lui, la traduction est une discipline de
communication, un art, et non une science ; il oppose donc la traduction à la «
science » des linguistes. (Bocquet, 2008 : 77)

Cary proposait une typologie des textes, des messages et des exigences
attachées au travail du traducteur. Il a proposé plusieurs questions
importantes qui invitaient les traducteurs à réfléchir sur leur activité : « Que
traduisez-vous ? Où et quand traduisez-vous ? Pour qui traduisez-vous ? »
Cary voulait ainsi amener le traducteur à la conclusion qu´on ne traduit pas
de la même façon un roman classique et un roman policier. « Chaque pays,
chaque culture n´a pas la même attitude en face des divers mots, des parties
du discours, de la syntaxe. Si le traducteur est appelé à faire une édition
critique à l´usage des spécialistes, il travaillera dans un tout autre esprit que
pour une édition commerciale. » (Bocquet, 2008 : 77-78) Dans Comment
faut-il traduire ? un ouvrage dont l´origine était une série d´émissions
radiophoniques et qui fut édité par Michel Ballard en 1985, il dit : « La
traduction ne se réduit pas à une opération linguistique, [...] chaque genre
possède ses règles propres. Si les critères linguistiques dominaient tous les
genres [...], la traduction dans une langue donnée d´un texte d´une autre
langue dépendrait par-dessus tousdes rapports existants entre ces deux
langues. » (Cary, 1985 : 49)

On comprend facilement la filiation entre la pensée de Cary, dont la théorie


était axée sur les produits de la traduction, et l´option de l´École de Genève,
dirigée vers les traductions spécialisées. La méthode d´enseignement de la
traduction de l´École de Genève consistait essentiellement à amener
l´apprenant à s´imprégner du discours spécialisé de sa langue-cible, (sa
langue maternelle), à la fois comme du bagage cognitif créant la structure
d´accueil du message étranger et fournissant les instruments de sa
réexpression. (Bocquet, 2008 : 77-78)

Roman Jacobson (1896-1982) est un penseur russe qui devint l´un des
linguistes les plus influents du XXe siècle en posant les premières bases du
développement de l´analyse structurelle du langage, de la poésie et de l´art. Il
naît en Russie dans une famille juive. Pendant ses études déjà, il devient un
membre éminent du Cercle linguistique de Moscou et participe à la vie de
l´avant-garde artistique et poétique. La linguistique de l´époque est
essentiellement celle des néogrammairiens et affirme que la seule manière
scientifique d´étudier le langage est d´étudier l´histoire et l´évolution
diachronique des mots. Jacobson, qui a eu connaissance des travaux de
Ferdinand de Saussure, développe une approche qui se concentre sur la
83
Grandes Théories de manière par laquelle la structure du langage elle-même permet de
Traduction et Valeurs communiquer.

En 1920, Jacobson part pour Prague (suite aux bouleversements politiques en


Russie) afin de poursuivre son doctorat. En 1926, il fonde ensemble avec
Nikolaï Troubetzkoï, VilémMathésius et quelques autres, l´École de Prague
(le Cercle linguistique de Prague). Ses nombreux travaux sur la phonétique
l´aident à poursuivre ses développements sur la structure et la fonction du
langage.

Jacobson quitte Prague au début de la Seconde guerre mondiale pour les pays
scandinaves. Avec la suite de la guerre, il fuit à New York et s´intègre à la
communauté déjà large des intellectuels ayant fui l´Europe en guerre. Dès le
mois d´août 1940, il s´engage dans un comité de soutien de la France libre. À
l´École libre des hautes études, une sorte d´ « université francophone des
exilés », il rencontre Claude-Lévi Strauss qui deviendra un soutien important
au structuralisme. Il fait aussi la connaissance de plusieurs linguistes et
anthropologues américains comme Leonard Bloomfield.

En 1949, Jacobson s´installe à l´université Harvard, où il enseigne jusqu´à la


fin de sa vie. Au début des années 1960, Jacobson élargit ses travaux en une
vue plus générale du langage et commence à publier sur l´ensemble des
sciences de la communication. Il élabore entre autres un modèle des fonctions
linguistiques, le fameux « schéma de Jacobson »

Schéma de la communication verbale de Jakobson

CONTEXTE (fonction référentielle)


DESTINATEUR MESSAGE DESTINATAIRE
(f. expressive) (f. poétique) (f. conative)
CONTACT
(f. phatique)
CODE
(f. métalinguistique)

Ce schéma de la communication verbale comporte six facteurs. Le


destinateur envoie un message au destinataire. Pour que le message puisse
être compris, il faut un contexte que Jakobson appelle également référent. Ce
contexte doit être verbal ou capable d´être verbalisé et compréhensible pour
le destinataire. Le message nécessite également un code commun au
destinateur et au destinataire et, enfin, un contact, c´est-à-dire un canal
physique et une connexion psychologique pour permettre au destinateur et au
destinataire de commencer et de maintenir la communication. Jakobson
attribue une fonction linguistique à chacun de ces facteurs :

1. la fonction référentielle ou dénotative est sans doute la principale


fonction du langage, consistant à communiquer un message ou une
information ;
84
2. la fonction expressive est orientée vers le destinateur, qui exprime ses Théories communicatives,
sentiments ou ses émotions ; sociolinguistiques et
hermeneutiques de la
3. la fonction conative ou appellative est centrée sur le destinataire. On traduction

utilise cette fonction du langage pour amener le destinataire à adopter


un certain comportement ;
4. la fonction phatique vise à établir et à maintenir le contact physique
ou psychologique dans le processus de la communication verbale ;
5. la fonction poétique, qui ne se limite pas seulement à la poésie et à la
littérature, est orientée vers le message aussi bien dans sa forme que
dans son sens ;
6. la fonction métalinguistique utilise le langage comme moyen
d’analyse ou d’explication du code (grammaires, dictionnaires,
lexiques spécialisés par exemple).

Mais Jakobson reconnaît qu’ « il serait difficile de trouver un message qui


remplisse une seule fonction ». (Jacobson, 1963 : 213-214). La fonction
poétique, par exemple, n’est pas la seule fonction de la poésie. Dominante en
poésie, cette fonction devient secondaire dans d’autres actes verbaux
(Jacobson, 1963 : 212-220, chapitre La poétique).

Cette approche fonctionnelle du langage a donné, à son tour, naissance à des


théories fonctionnelles et culturelles en traductologie comme celles basées
sur les types de textes, la théorie du skopos, les approches basées sur
l’analyse du discours, des registres et des genres. Dans son essai « Aspects
linguistiques de la traduction » (In R. A. Brower : On Translation, 1959, pp.
232-239, traduction française publiée en 1963, rééditée en 2003), Jacobson
spécifie trois formes possibles de traduction :
1/ la traduction intralinguale ou reformulation qui « consiste en
l´interprétation des signes linguistiques au moyen des signes de la
même langue »,
2/ la traduction interlinguale ou traduction proprement dite qui « consiste
en l´interprétation des signes linguistiques au moyen des signes d´une
autre langue », et
3/ la traduction intersémiotique ou transmutation qui « consiste en
l´interprétation des signes linguistiques au moyen de systèmes de signes
non linguistiques ». (Jacobson, 2003 : 79). La traduction est vue de la
ma- nière suivante par le linguiste russe : « En traduisant d ́une langue à
l ́autre, on substitue des messages dans l ́une des langues, non à des
unitésséparées, mais à des messages entiers de l ́autre langue. Cette
traduc- tion est une forme de discours indirect ; le traducteur recode et
retransmet un message reçu d ́une autre source. Ainsi la traduction
implique deux messages équivalents dans deux codes différents ».
(Oseki-Dé- pré, 2011 : 60) La pensée de Jacobson s ́inscrit ainsi dans le
cadre de la linguistique fonctionnelle (École de Prague) et de la théorie
de la communication qui se développait dans les années 1950-1960.
85
Grandes Théories de Roman Jacobson écrit plus loin dans le même essai que « les langues
Traduction et Valeurs diffèrent essentiellement par ce qu´elles doivent exprimer, et non pas par ce
qu´elles peuvent exprimer » (Jacobson, 2003 : 84). Un exemple en est la
multitude de mots signifiant la « neige » en langue esquimau, le nombre
élevé de mots signifiant « chameau » en arabe. (Nergaard, 1995 : 19-21)

2.3 LA SCIENCE DE LA TRADUCTION - NIDA


Deux théories grammaticales élaborées simultanément ont modifié de
manière significative l´évolution de la traduction en tant que discipline, et
influencent toujours la traduction d´une façon importante. Ces théories ont
atteint leur comble avec les Syntactic Structures (1957) de Noam Chomsky,
le Message and Mission (1960) et le Toward a Science of Translating (1964)
d´Eugene Nida, et les Aspects of the Theory of Syntax(1965) de Noam
Chomsky. La grammaire générative - transformationnelle, légitimée par la
linguistique, donna la crédibilité et l´autorité à la « science » de la traduction
de Nida, dont l´expérience se fondait sur la traduction de la Bible et dont les
premières idées théoriques parurent dans les articles publiés au cours des
années cinquante et ensuite dans le livre Message and Mission (1960).
Malgré que Chomsky ait publié une version provisoire de sa théorie dans
l´oeuvreSyntactic Structures au Pays-Bas en 1957, Nida proclamait que sa
propre théorie de la traduction était déjà développée avant que Chomsky n´ait
donné son titre à la rédaction. Dans un article intitulé A Framework for the
Analysis and Evaluation of Theories of Translation (1976), Nida écrit : «
Avant la formulation de la grammaire générative - transformationnelle par
Chomsky, Nida avait déjà adoptée une approche fondée sur une structure
profonde pour affronter certains problèmes d´exégèse. Dans un article intitulé
A New Methodology in BiblicalExegesis (1952), il avait propagé la
transformation des structures superficielles complexes pour les reporter à un
niveau inférieur, dont les éléments de base sont objets, événements,
abstractions et termes relationnels. » Pourtant, Nida fut sans aucun doute
influencé par les Syntactic Structures de Chomsky, et sa théorie fut
consolidée grâce aux règles transformationnelles et grâce à la terminologie de
Chomsky. (Gentzler, 2010 : 52)

La théorie de Chomsky consiste en trois niveaux de conceptualisation :

1) une composante de base constituée des « règles pour la structure de la


phrase »

2) une structure profonde, qui est modifiée par l´intermédiaire des règles
de transformation

3) une structure superficielle.

Nida prit le modèle de Chomsky, pour donner un caractère scientifique à sa


propre méthode de traduction, mais le simplifia en en adoptant seulement les
deux dernières étapes. (Gentzler, 2010 : 54)
86
Les deux théories se développaient parallèlement, avec des motivations Théories communicatives,
sociolinguistiques et
différentes, mais avaient plusieurs points communs : les deux supposaient
hermeneutiques de la
l´existence d´une entité profonde, cohérente et unitaire, qui existât traduction
indépendamment de ses manifestations concrètes dans une langue. Le centre,
le noyau, la structure profonde, l´essence, l´esprit, ce sont les termes utilisés
par Nida, dont plusieurs sont inspirés par Chomsky. Tandis que la
linguistique de Chomsky sondait les structures de l´esprit, Nida mettait en
valeur les structures profondes communes à toutes les langues et trouvait des
moyens pour transformer ces entités en langues diverses.

L´influence de la science de traduction de Nida fut grande, parce que sa


méthode était enseignée dans les cours universitaires de traduction en
Allemagne et aux États-Unis. En Allemagne, la science de la traduction est
devenue la méthodologie qui caractérise l´enseignement de la traduction, tant
au niveau théorique que pratique. (Gentzler, 2010 : 55)

Conscient de la nécessité pour les traducteurs de disposer des meilleurs textes


de base à partir desquels travailler, il dirige des projets importants concernant
le Nouveau Testament grec et l´Ancien Testament hébreu. Ceux-ci donneront
naissance au Greek New Testament de l´Alliance biblique universelle,
principale édition du texte grec désormais utilisée par les biblistes et les
traducteurs, et au Hebrew Old Testament Textual Project. Empruntant des
concepts à la linguistique, aux études culturelles, aux sciences de la
communication et à la psychologie, Eugene Nida développe alors une
approche pratique de la traduction qu´il a appelée « équivalence dynamique
», dont l´objectif était de rendre la traduction claire et compréhensible autant
que possible.

Nida est l´auteur qui a exercé une influence déterminante sur la discipline de
traductologie (Translation Studies). Il est connu notamment en tant que
traducteur de la Bible et linguiste s´occupant de problèmes pratiques liés à la
traduction de la Bible dans les langues même très éloignées typologiquement
et culturellement de l´hébreu et du grec. Dans son essai Toward a Science of
Translating (1964) et Linguistics and Ethnology in Translation-Problems
(1964), il aborde notamment les problèmes linguistiques que l´on peut
rencontrer en traduisant la Bible, mais ces difficultés sont souvent liés aux
différents contextes extralinguistiques (aux faits culturels différents) dans la
société proche-orientale de la Bible et dans les sociétés africains
contemporains p. ex au Cameroun ou au Congo. Mais il s´avère difficile de
pouvoir généraliser p. ex. l´idée exprimée par Nida « qu´il y a des cas dans
lesquels le traducteur doit expliciter les informations qui sont seulement
implicites dans le message original.» Dans son essai fondamental sur la
traduction biblique Toward a Science of Translating (1964), Nida introduit
deux concepts fondamentaux, ceux d´équivalence formelle et d´équivalence
dynamique. Il est évident qu´il attribue une valeur primordiale au sens
communicatif, donc l´objectif est de créer un message clair et intelligible en
87
Grandes Théories de n´importe quelle langue. « Traduire signifie produire en langue d´arrivée
Traduction et Valeurs l´équivalence naturelle la plus proche du message de la langue de départ,
d´abord en signifié, ensuite en style ». (1964 : 121, cité par Nergaard, 1995 :
29)

Comme nous avons vu, le travail de Nida se développait dans le cadre de la


traduction biblique et était orienté au début plutôt vers la pratique que vers la
théorie. Même si l´oeuvreToward a Science of Translating de Nida
appartenait à la branche de la théologie, la « missiologie », et était considérée
dans ce cadre comme un manuel pratique, grâce au nombre élevé
d´exemplaires, elle exerçait une grande influence dans un autre champ, celui
de la traduction. L´oeuvreToward a Science of Translating est ainsi devenue
la Bible non seulement pour la traduction de la Bible, mais pour la théorie de
la traduction en général. (Gentzler, 2010 : 53)

La traduction de la Bible a produit plus de données en plus de langues que


n´importe quel autre type de traduction ; elle a donc une historie plus longue,
a touché un public plus vaste des cultures les plus éloignées et a employé plus
de traducteurs d´origines les plus diverses que n´importe quelle autre activité
de traduction. La traduction biblique est intéressante aussi du point de vue
littéraire et linguistique, parce qu´à l´intérieur du texte se trouvent les
passages en poésie et en prose, les parties narratives et les dialogues, les
paraboles et les lois. La quantité d´exemples et le nombre élevé de
possibilités qu´elle offre au traducteur en ont fait la composante essentielle de
toutes les études sur la traduction. (Gentler, 2010 : 52-55) L´élaboration
d´une science de la traduction par Nida fut déterminée par une aversion
personnelle pour cette « science de la traduction » qui reprenait l´approche
des classiques britannique du XIXe siècle. Ceux-ci se remarquaient par la
mise en relief de la précision technique, de la forme et de la reproduction
littérale du signifié. Selon Nida, le représentant principal de cette tendance en
langue anglaise était Matthew Arnold, dont la méthode de traduction Nida
jugeait trop académique et pédante. La méthode d´Arnold était trop exigeante
vis-à-vis le lecteur, auquel elle demandait de se documenter sur la culture
dont émanait le texte original. Selon Nida, la littéralité d´Arnold avait
influencé négativement la traduction de la Bible au début du XXe siècle.
Nida en cite comme exemple l´American Standard Version qui, tout en étant
appréciée par des théologiens, n´avait jamais effectué l´influence sur le vaste
public. Il ajoute que « les paroles de cette version de la Bible sont
probablement anglaises, mais la grammaire ne l´est pas, et le sens manque
complètement » (1964, 20-21, cité d´après Gentzler, 2010 : 52). Les
arguments de Nida contre la méthode d´Arnold sont dictés par les goûts
personnels de Nida, par l´opinion du public et par la finalité du projet de Nida
(convertir les peuples au christianisme). Cette finalité, fondée sur la foi selon
laquelle la parole de Dieu doit être accessible à tous, orientait l´approche de
Nida en matière de la traduction de la Bible. (Gentzler, 2010 : 52)

88
À cause de l´importance théorique énorme du message original en n´importe Théories communicatives,
sociolinguistiques et
quelle traduction de la Bible, le principe fondamental de la théorie de Nida
hermeneutiques de la
fut aussi prédéterminé : la communication de l´esprit du message originaire traduction
au-delà des cultures. La forme dans laquelle le message est formulé est
négligeable, secondaire, à condition que le signifié, le message soit claire.
(Gentzler, 2010 : 54)

Le traducteur biblique a une tâche exégétique et non herméneutique, selon


Nida ; son rôle n´est pas de transmettre la culture biblique (au lecteur
contemporain), mais la valeur du message pour le mode actuel. Cela veut dire
que la parole (de Dieu) doit devenir accessible à tout le monde. En quoi il est
opposé à Henri Meschonnic qui n´est pas d´accord avec la division de Nida
entre le « style » et le « signifié », qui ne sont pas deux entités d´un texte que
l´on puisse dissocier, mais bien une seul entité qui doit être traduite en tant
que telle. (Nergaard, Siri, 1995 : 30)

Henri Meschonnic (1973, Poétique) oppose deux pratiques de la traduction,


le décentrement et l´annexion. « Le décentrement est un rapport textuel entre
deux textes en deux languescultures jusqu´à la structure linguistique de la
langue, et cette structure linguistique est une valeur dans le système du texte.
L´annexion en revanche est l´annulation d´un tel rapport, l´illusion du
naturel, comme si le texte de la langue de départ était écrit en langue
d´arrivée, sans rendre compte des différences de la culture, de l´époque, de
structure linguistique. » Le principe de l´annexion serait basé sur une «
illusion de transparence ». Cette même annexion est définie par Antoine
Berman (1984) comme traduction ethnocentrique (Nergaard, 1995 : 31)

2.4 LES APPORTS DE NIDA

Eugene Nida a mis en relief le sens, la fonction, le lecteur (récepteur) et sa


réaction au texte traduit. Les notions clés de la théorie de Nida sont : la
communication, la fonction, la situation communicationnelle,
l´interculturalité, la situation pragmatique du texte. Pour toutes ces raisons,
Nida a eu une influence sur la naissance de la traductologie allemande
(Übersetzungswissenschaft) et sur ses représentants (Otto Kade, Albrecht
Neubert, Gert Jäger, Wolfram Wills, Katharina Reiss, Werner Koller et
d´autres).

Eugene Nida et Charles Taber (1969) admettent la possibilité de plusieurs


traductions correctes d´un seul texte.

Nida s´oriente sur le lecteur moyen ; il veut que le lecteur moyen saisisse le
sens de la traduction (x comparer avec Schleiermacher). Ce qui est primordial
dans sa conception, ce que la traduction doit « fonctionner » : la traduction
doit produire un effet identique sur son lecteur qu´a produit le texte original
sur le sien. C´est la réaction du lecteur qui est un critère décisif pour
89
Grandes Théories de l´évaluation de la traduction réussie. Le sens du texte l´emporte sur la forme
Traduction et Valeurs (l´approche pragmatique de Nida).

De la période récente (1996) date le tournant sociologique de Nida : il met


encore plus en relief la sociologie de la réception des traductions. Il se rend à
la fois compte du fait que les différences culturelles peuvent poser plus
d´obstacles au traducteur que les différences linguistiques, elles peuvent créer
une tension plus grande. (Moya, 2010 : 67). Nida a aussi appliqué à la
traduction les idées de Noam Chomsky sur la langue.

Nida a utilisé la pratique appliquée à la traduction des textes techniques pour


la traduction des Évangiles : il a voulu que tous les lecteurs / tous les croyants
comprennent le message contenu dans les Évangiles. (Cela nous montre
clairement que dans chaque traduction, ainsi que dans chaque théorie et
stratégie de la traduction, l´idéologie est omniprésente. L´orientation sur la
culture source ou cible est aussi influencée par les intérêts idéologiques des
traducteurs / traductologues en question.)

Le traducteur « dynamique » peut même être, selon Nida, plus « fidèle » que
le traducteur « formel », parce que grâce à des explicitations, omissions,
transformations, amplifications, etc., il communique plus d´informations à
ses lecteurs (c´est du point de vue de l´apport au lecteur que Nida mesure la
qualité d´une traduction). (Moya, 2010 : 57) On peut cependant reprocher un
nivellement du texte en ce qui concerne les différences culturelles entre la
culture source et cible, dans les traductions faites selon les prémisses
théoriques de Nida. (Moya, 2010 : 66)

2.5 L’APPROCHE SOCIOLINGUISTIQUE


La sociolinguistique étudie la langue dans son contexte social à partir du
langage concret.Apparue dans les années 1960 aux États-Unis sous
l´impulsion de William Labov, Gumperzet Hymes, elle a bénéficié de
l´apport de la sociologie pour l´étude du langage. La
traductologiesociolinguistique s ́intéresse à tous les phénomènesayant un
rapport avec le personnage du traducteur et l ́activité de traduction dans son
contexte social : elleétudie les différencessocioculturelles, les interactions, les
politiques linguistiquesou l ́économie de la traduction. Parmi sescentre
d´intérêts, on trouve les différences socioculturelles et l´analyse des
interactions, maisaussi les politiques linguistiques et l´économie de la
traduction ; bref, tout ce qui a trait au traducteur et à l´activité de traduction
dans son contexte social.

Dans Les Fondements sociolinguistiques de la traduction (1978), Maurice


Pergnier

s´interroge sur la nature de la traduction en mettant en relief le caractère


ambigu du terme même.
90
C´est pourquoi il distingue trois acceptions du terme de traduction : Théories communicatives,
sociolinguistiques et
1) Traduction comme "le texte traduit, le résultat, le produit fini" hermeneutiques de la
traduction
2) Traduction comme "opération de reformulation mentale", "la manière de
traduire"

3) Traduction comme "comparaison", "la mise en parallèle de deux


idiomes" : les deux objets comparés sont des traductions.

Pour Maurice Pergnier, la traduction couvre le même champ de


problématiques langagièresque la linguistique avec, en plus, une ouverture
sur d´autres disciplines : « C´est une linguistique qui se déploie dans toutes
les directions que suggère son objet, jusqu´à ses confins où elle rejoint d´une
part la sociologie et l´anthropologie, et à l´autre extrême, la neurologie et la
biologie. » Il constate d´une manière implicite l´insuffisance des outils
conceptuels de la linguistique pour l´analyse de la traduction et éprouve le
besoin de faire appel à d´autres disciplines pour concevoir le phénomène
traductologique. Il arrive à la conclusion que « la traduction est la meilleure
lecture qui puisse être faite d´un message ».

2.6 L’APPROCHE HERMÉNEUTIQUE -


FRIEDRICH SCHLEIERMACHER, GEORGE
STEINER
Le mot herméneutiquesignifie à l ́origine « comprendre, expliquer » (du
grec), mais il a fini par désigner un courant et uneméthode
d ́interprétationinitiée par les auteurs romantiquesallemands. Le principal
promoteur de cetteméthode dans le domaine de la traductionest Friedrich
Schleiermacher (1767- 1834). Pour lui, la traductionest un processus de
compréhension et qui doit mener à la compréhension du texte, dans lequel le
traducteur se met dans la peau de l ́auteur pour essayer de res- sentircequ ́il a
senti et réfléchircommelui. Le traducteurherméneutiqueest censé aborder le
texte source de fac on subjective et essayer d ́intérioriser le point de vue de
l ́auteur. La véritabletraduction doit se lire commeune oeuvre étrangère et elle
doit faire transparai tre la langue de l ́oeuvre originale. Schleierma- cher se
fait ainsi partisan de la traductionexotisante, étrangéi- sante (Gromová,
Raks ányiová, 2005 : 41-42).

Dans After Babel (1975), George Steiner affirme que comprendre,


c ́esttraduire (voir le titre du premier chapitre de son livre). Pour
rendrecompte de la difficulté de l ́interprétationentraduction, Steiner
rappellequ ́« il n ́est pas deux lectures, pas deux traductionsidentiques » ; « le
travail de traductionesttoujoursapproximatif » ; « tout modèle de
communication estenme me temps un modèle de traduction ». Il refuse la
linguistique pour l ́étude de la traduction à cause de « son stade d ́évolution
encore peuavancé pour eetre capable d ́apporter des réponses à des questions
91
Grandes Théories de essentielles ». Steiner propose son modèledynamique et herméneutiqueen
Traduction et Valeurs quatre phases visant la « bonne traduction ».

1. Dans la première phase herméneutique, celle d ́un « élan de confiance


», le traducteur « se soumet » au texte source et lui « fait confiance »
en se disantqu ́il doit bien « signifier » quelque chose, malgré son
caractèretotalement « étranger » à premièrevue. S ́il ne placnait pas
sa foi dans le texte, il ne pourrait pas le traduireou il ferait des
traductionslittérales.

2. La deuxième phase estcelle de « l ́agression ». Le traducteur s ́attaque


au texte, « fait une incursion » (envahissement, intrusion) pour
extraire le sens qui l ́intéresse. Il n ́est plus dans une position passive
mais active et conquérante.

3. La troisième phase estcelle de « l ́incorporation ». Elle est encore plus


agressive que la précédente, car le traducteurrentre chez lui, dans sa
tribu, avec le bu- tin conquis (= le sensqu ́il a voulu emporter dans sa
langue). Si le traducteur s ́arreete à cetteétape, il pro- duira des «
traductionsassimilatrices » qui gommenttoute trace de
l ́origineétrangère.

4. La quatrième phase estcelle de la « restitution » : le traducteur


recherche la fidélité au texte. Il réta- blit l ́équilibre des forces entre la
source et la cible. Il « restitue » cequ ́il avait volé, réparecequ ́il
avaitdétruit, par souci éthique.

Les deux phases centrales du processus, « l ́agression » et « l ́incorporation »


mettentenavant le caractèreconquérant de la traduction et la violence qui
l ́accompagne. Le livre de Stei- ner a inspiré enpartie les étudesidéologiques
sur la traduction, notamment de la traductioncomme reflet de l ́impérialisme
et du colonialisme. » (Guidère, 2010 : 48-50)

2.7 RÉSUMÉ
La traduction est un processus de transmission du sens ou de l'information
d'une langue à une autre. Dans les années 1950 et 1960, à une époque où
naissait la réflexion universitaire sur la traduction préparant le développement
de la traductologie dans les années 1970, Cary fonde une théorie que l´on
qualifiera plus tard de « théorie communicative axée sur le produit ». Pour
lui, la traduction est une discipline de communication, un art, et non une
science ; il oppose donc la traduction à la « science » des linguistes. Roman
Jacobson (1896-1982) est un penseur russe qui devint l´un des linguistes les
plus influents du XXe siècle en posant les premières bases du développement
de l´analyse structurelle du langage, de la poésie et de l´art. Jacobson élargit
ses travaux en une vue plus générale du langage et commence à publier sur
l´ensemble des sciences de la communication. Il élabore entre autre un
92 modèle des fonctions linguistiques, le fameux « schéma de Jacobson ». Nida
prit le modèle de Chomsky, pour donner un caractère scientifique à sa propre Théories communicatives,
sociolinguistiques et
méthode de traduction. Les deux théories se développaient parallèlement,
hermeneutiques de la
avec des motivations différentes, mais avaient plusieurs point communs : les traduction
deux supposaient l´existence d´une entité profonde, cohérente et unitaire, qui
existât indépendamment de ses manifestations concrètes dans une langue. La
sociolinguistique étudie la langue dans son contexte social à partir du langage
concret. Apparue dans les années 1960 aux États-Unis sous l´impulsion de
William Labov, Gumperzet Hymes, elle a bénéficié de l´apport de la
sociologie pour l´étude du langage. Le principal promoteur de lapproche
herméneutique dans le domaine de la traduction est Friedrich Schleiermacher
(1767- 1834). Pour lui, la traduction est un processus de compréhension et
qui doit mener à la compréhension du texte, dans lequel le traducteur se met
dans la peau de l ́auteur pour essayer de ressentir ce qu ́il a senti et réfléchir
comme lui.

2.8 ACTIVITÉS
1. En traduisant un texte est-ce-que vous suivez les étapes proposées par
Cary ?

2. « La traduction est la meilleure lecture qui puisse être faite d´un


message » est-ce que vous êtes d’accord avec cette phrase de Maurice
Pergnier ? Expliquez en citant des exemples concrets.

2.9 GLOSSAIRE
Linguiste Spécialiste du langage, des langues
Filiation Liaison de choses résultant l'une de l'autre,
s'engendrant l'une l'autre
Anthropologues Spécialiste d'anthropologie ou d'anthropobiologie
Terminologie Ensemble des termes, rigoureusement définis, qui
sont spécifiques d'une science, d'une technique,
d'un domaine particulier de l'activité humaine
Théologie Étude concernant la divinité et plus généralement
la religion

2.10 QUESTIONS
1. Que Cary a-t-il proposé pour soutenir sa théorie ? (Entre 200-250 mots)

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--------------------------------------------------------------------------------------
--------------------------------------------------------------------------------------
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-------------------------------------------------------------------------------------- 93
Grandes Théories de --------------------------------------------------------------------------------------
Traduction et Valeurs
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2. Expliquez le schéma de la communication verbale de Jakobson. (Entre


200-250 mots)

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3. Quelles sont les trois formes possibles de traduction selon Jakobson.


(Entre 200-250 mots)

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4. Expliquez la théorie de Chomsky. (Entre 200-250 mots)

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94 --------------------------------------------------------------------------------------
-------------------------------------------------------------------------------------- Théories communicatives,
sociolinguistiques et
-------------------------------------------------------------------------------------- hermeneutiques de la
traduction

5. Expliquez l’approche sociolinguistique de la traduction. (Entre 200-250


mots)

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6. Expliquez l’approche herméneutique selon Steiner. (Entre 200-250


mots)

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2.11 OEUVRES À CONSULTER


Raková, Zuzana. Les Théories de la Traduction. 2014. Brno : Masarykova
Univerzita

“6 ThéoriesContemporaines De La Traduction.” Cultures Connection, 16


June 2022,https://culturesconnection.com/fr/6-theories-contemporaines-
traduction/.

95
Grandes Théories de
Traduction et Valeurs
UNIT 3 NÉGOCIATION DU SENS (
(NEGOTIATING MEANING)
Structure

3.1 Introduction
3.2 Objectifs
3.3 Qu‘est-ce que la négociation du sens?
3.3.1 Le sens structural/le sens global
3.3.2 Le sens comme objet de négociation

3.4 Vocabulaires courants de négociation du sens


3.4.1 Mot technique/mot usuel
3.4.2 Sens propre/sens figuré
3.4.3 Sens intellectuel/sens affectif
3.4.4 Lacunes
3.4.5 Faux-amis
3.4.6 Un petit quizz

3.5 Le Message
3.5.1 Gains et Pertes

3.6 Résumé
3.7 Glossaire
3.8 Références (pour aller plus loin)

3.1 INTRODUCTION
Les spécialistes ont interprété la négociation du sens dans un sens plus large
du terme. Dans un premiere temps, ce terme est utilisé pour démontrer le rôle
du traducteur autant qu’un négociateur du sens purement linguistique.
Deuxièmement, le traducteur doit être capable de transmettre le bon sens en
allant dehors du champs linguistique. Dans ce cas, la théorie interprétative
démontre que la traduction ne peut être réduite à un transfert entre langues ; il
s‘agit d‘une opération complexe d‘interprétation, de déverbalisation et de
reconstruction du sens qui accorde un rôle capital à l‘extralinguistique
(Seleskovitch et Lederer 1984). Donc, la traduction n‘est pas seulement la
communication, mais aussi l’échange entre deux langues où le traducteur est
intermédiaire et négociateur.

D’après Danica Seleskovitch et de Marianne Lederer, les deux auteurs des


théories de traduction,le traducteur doit disposer d‘un certain savoir: la
connaissance de la langue du texte, la compréhension du sujet, la maitrise de
la langue de rédaction, mais aussi une méthode, des reflexes bien éduqués,
qui vont lui permettre d‘adopter à l’égard du texte l‘attitude qui aboutira au
meilleur résultat par la recherche d’équivalences, sans se laisser enfermer
96 dans les simples correspondances.
La négociation devient un concept-clé pour résoudre un processus complexe Négociation Du Sens
(Negotiating Meaning)
d’échanges. Ce processus contient largement les aspects linguistiques des
deux langues en question. En prenant compte le concept du grand sociologue
Pierre Bourdieu, on peut dire que le langage est une « économie des échanges
linguistiques ». Mais aussi, les aspects extra-linguistiques poussent le
traducteur à négocier le bon sens pour transmettre le message de Langue de
départ (LD) à Langue d’arrivée (LA). Depuis quelques années, les critiques
des différentes écoles de pensée comme la linguistique structurale ou la
linguistique formelle ont commencé à donner l’importance aux aspects qui
étaient auparavant dehors la considération de la Traductologie. Pierre
Bourdieu a, quant à lui, montré que « les échanges linguistiques sont aussi
des rapports de pouvoir symbolique où s‘actualisent les rapports de force
entre les locuteurs ou leurs groupes respectifs » (Bourdieu 1982 : 14).

De l‘analyse conversationnelle à l‘approche communicative en didactique des


langues, nous allons concentrer note object du traitement du terme
négociation surtout sur les aspects linguistiques et nous n’allons pas étudier
les autres aspects de l’acte de négociation que le traducteur entreprend
pendant la traduction professionnelle. Henry Widdowson, écrit : Toute
participation à une interaction en langue naturelle suppose une négociation du
sens en relation au savoir partagé […]. Ainsi tout acte de communication
langagière est un exercice de résolution de problème : j‘ai à manipuler ce que
je sais et ce que sait mon interlocuteur de manière que mon message passe
effectivement. Cette utilisation des procédures de négociation […] est ce qui
constitue le processus discursif.

3.2 OBJECTIFS
A la fin de cette unité, vous serez en mesure de

 comprendre le concept de la négociation du sens;

 apprendre les mots techniques du discipline de traduction ;

 connaître la philosophie de transduction ;

 mieux achever le métier de traducteur par rapport traduction littéraire et


technique, et

 approfondir le savoir-faire et les techniques de traduction

3.3 QU‘EST-CE QUE LA NÉGOCIATION DU


SENS?
La théorie du sens ou la théorie interprétative de la traduction est basée sur le
principe essentiel que la traduction n‘est pas un travail sur la langue, sur les
mots, c‘est un travail sur le message, et sur le sens. L‘opération de la
traduction et de l‘interprétation compose toujours de deux étapes:
COMPRENDRE et DIRE. La déverbalisation, c‘est-à-dire de rechercher le 97
Grandes Théories de sens, puis de ré-exprimer. Voyons le processus de la théorie du sens permet
Traduction et Valeurs (
d’éviter les écueils de la traduction.

Définitions de signification et du sens

Dans son livre ”Les problèmes théoriques de la traduction” (1963), Georges


Mounin a montré jusqu’à quel point les langues peuvent poser des obstacles à
la traduction. Les auteurs de la Théorie interprétatives disent que le sens est
la ‘signification’. Selon les spécialistes, il y existe deux sortes de sens d’une
part le sens de message ou d’un acte de parole, et d’autre part, le sens en-
dehors du contexte au niveau de langue. Un mot isolé peut avoir plusieurs
sens. En français, ”signification” et ”sens” sont synonymes. Mais en l‘absence
d’une distinction entre ces deux notions, les traducteurs tombent parfois dans
les pièges de la traduction mot à mot. Il est donc important pour les
traducteurs de faire une distinction entre la signification, la signification
actualisée et le sens des unités linguistiques pour ne pas trahir l’auteur de
l’original en cherchant à êtrefidèle à la forme linguistique du texte à traduire.

D’après certains spécialistes, le sens est un état de conscience. Pendant la


démarche de traduction, le traducteur suit une dynamique où il dois négocier
sans cesse pour arriver à un accord, Cet accord est le transmettre le messages
tel quel de Langue de départ (LD) à Langue d’arrivé (LA).

Pour revenir à la pratique de la traduction, le schéma de la traduction comme


négociation est intéressant sur plusieurs plans. Pour comprendre la distinction
entre la signification et le sens, prenons un exemple concret. Un mot tel que
”femme” ; on pourra facilement trouver dans un dictionnaire ses différentes
significations: 1) être-humain adulte du sexe féminin, 2) épouse (Le Petit
Robert 2007). La comparaison des langues met immédiatement en évidence
les différentes significations qu‘un mot possède, car dans une autre langue, il
est très probable qu‘on emploiera un mot diffèrent pour l‘une ou l‘autre de ces
significations. Maintenant nous allons voir deux usages différents de ce mot
´femme’. Si on dit, ‘Jacques est venu avec sa femme’, ici nous savons par le
contexte que la femme prend le deuxième sens du dictionnaire. Nous arrivons
à cette conclusion par l’effet produit par la fusion des significations
linguistiques et des compléments cognitifs pertinents. Mais quand on dit, ‘La
condition des femmes au travail doit s’améliorer’, on sait automatiquement
que ici ´femme’ signifie le pluriel de ‘femme indéterminée’. Dans le premier
cas, l’usage de ´femme’ avec ´sa’ texte fait disparaître les autres
significations du mot pour ne laisser que la signification actualisée (son
épouse) exigée par ce contexte. Par conséquent, nous arrivons à la conclusion
que un mot dispose plusieurs sens selon son usage. Regardons maintenant les
différents aspects du sens.

3.3.1 Le sens structural/Le sens global


Le sens n‘est donc pas à confondre avec la signification des mots d‘une
langue; mais quand nous parlons de l‘unité de traduction, Le Stylistique
98 comparé du français et de l‘anglais montre encore une autre opposition par
deux termes le sens structural et le sens global. Le sens structural dégage Négociation Du Sens
(Negotiating Meaning)
normalement des éléments de la structure fournis par le lexique et assemblés
selon les lois de l‘agencement. Par exemple, ”Il mets la clé sur la table” qui
n‘a qu‘une seule possibilité de traduction. Le sens global est fourni par le
contexte. Par exemple, si nous disons que les élèves n‘ont pas le droit de
toucher les choses sur la table, le professeur vient dans la classe et ferme
l‘armoire des jouets et il mets la clé sur la table, puis il sort de la salle. Ici
mettre la clé a une autre signification que la phrase précédente. Donc nous
voyons qu‘il y a des cas où le traducteur doit comprendre le sens d‘un mot
simple, et il doit négocier le sens dans le texte ou contexte donné.

On peut comprendre tous les mots d’un message sans comprendre le sens.
L’inversement on peut dire qu’on arrive à comprendre le sens un message
sans comprendre la signification de chaque mot. Dans le premier cas, on
comprend les significations des mots alors que dans le second les
connaissances extralinguistiques ont permis l‘anticipation du sens. C’est dans
ce contexte, le traducteur distinguer le sens, aux deux niveaux - premièrement
la signification et secondement l’effet du mot au contexte.

Dans la partie extra-linguistique, il faut rappeler que toute opération de


traduction comprend une phase importante de négociation avec un certain
nombre d‘autres aspects. Pour traduire une recette de cuisine pour une
personne-âgée qui ne connaît pas l‘anglais et fait ses courses au marché du
coin, il faut le présenter par un ajout de la rubrique « ingrédients » et de «
recette pour six personnes », éléments qu‘un lecteur français s‘attend à
trouver dans une recette de cuisine.

Essayons de comprendre les notions de la signification, le sens structural et


le sens global.

3.3.2 Le sens comme objet de négotiation


Si l‘on pousse plus loin la réflexion sur la traduction comme négociation, en
termes métaphoriques cette fois, on peut considérer que toute opération de
traduction est le fruit d‘une négociation du sens par le traducteur, négociation
accomplie avec un certain nombre de paramètres. Le traducteur examine le
message aux plan lexical, syntaxique et rhétorique, au même temps, il
procède à une interprétation des signes linguistiques en fonction des
paramètres extra-linguistiques. Le traducteur reformule ce sensau prix d‘une
négociation particulièrement serrée entre, d‘une part, les possibilités et les
contraintes linguistiques, et d’autre part, le contexte de l’énoncé. Cette
négociation est, donc loin de la fidélité linguistique et plus proche du
message et du contenu. Le traducteur doit être équipé de « bagage cognitif »
(comme dit théoricien Lederer) afin d’assurer l’interprétation du message le
plus exact.

99
Grandes Théories de Essayez de répondre la question suivante
Traduction et Valeurs (
Question auto-évaluation

Quelle est la différence entre le sens structural et le sens global?

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3.4 VOCABULAIRES COURANTS DE


NÉGOCIATION DU SENS
Pour les traducteurs, il est essentielles de maîtriser l’art du compromis et de la
compensation. Pour les traducteurs littéraires, il faut aussi prendre en compte le
style de l’auteur. Afin d’atteindre ce niveau de traduction on doit entreprendre
une dynamique intrinsèque qui fait s’évoluer la traduction elle-même. Toutefois,
en ce qui concerne la traduction professionnelle, les procédés sont énumérés.
Nous avons déjà appris certains de ces terme dans les cours précédents.

Vous avez déjà vu qu’ il y a plusieurs sens dans les dictionnaires pour plupart
des mots. Parfois, ces sens sont aussi numérotés. Est-ce que vous avez déjà
pensé pourquoi cette hiérarchie du sens? Le sens propre d’un mot est le
premier sens du mot qu’on trouve à la première place des significations dans
le dictionnaire. Le sens propre est un terme technique. Dans cette partie du
cours, nous allons faire connaissance des termes qui sont souvent utilisés au
contexte de l’art et la science de traduction.

3.4.1 Mot technique/Mot usuel


Le mot technique signifie les mots qui se rapporte aux savoir-faire et aux
connaissances spécifiques ou les spécificités d’un secteur ou d’une industrie.
Parfois les mots techniques co-existe avec les mots usuels. Les mots usuels
sont les mots utilisés dans une langue donnée au quotidien. Contrairement au
100 mot technique, le mot usuel sont réguliers.
Pour résumer, Les mot technique/mot usuel : il arrive qu‘une des deux Négociation Du Sens
(Negotiating Meaning)
langues possède deux synonymes dont l‘un est technique et l‘autre usuel alors
que l‘autre langue ne dispose que d‘un terme. Par exemple, en Grande
Bretagne on dira « record » (usuel) ou « disc » (technique).

3.4.2 Sens propre/Sens figuré


Selon les théories, le sens existe aux plusieurs plan. Comme nous l‘avons déjà
expliqué le sens structural et le sens global. Dans une autre façon, les types
de sens peuvent être divisés encore en deux: le sens propre et le sens figuré.
Le sens propre d‘un mot est le sens concret, habituel ; c‘est aussi le premier
sens donné par le dictionnaire. Prenons un exemple : Le tigre dévore la proie.
Ici, « dévorer » est utilisé au sens propre, il veut dire « manger en déchirant
avec ses dents ». Le sens particulier d‘un mot c‘est son sens concret adapté à
un cas particulier ; C‘est donc une particularité́ du sens propre. Par exemple:
Luc dévoré son assiette des frites. Ici, « dévorer » veut dire « manger sans
rien laissé, avidement ». Le sens figuré d‘un mot est détourné du sens concret
; il est né d‘images, de comparaisons. Par exemple : Je dévore le livre sur
l’histoire de l’Inde. Ici, « dévorer » est utilisé au sens figuré, il veut dire « lire
avec passion ». Je ne mange pas réellement le livre.

Maintenant nous allons voir quelques expressions au sens figuré :

Donner sa langue au chat ; Jeter un coup d’œil ; Avoir les yeux plus gros que
le ventre, Avoir un cheveu sur la langue, Avoir un chat dans la gorge ...
essayez de trouver le sens de ces expressions courantes en français.

Essayez de répondre la question suivante

Question auto-évaluation

Quels sont les enjeux du traducteur? Pourquoi négocier dans le métier de


traduction?

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101
Grandes Théories de …………………………………………………………………………………
Traduction et Valeurs (
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3.4.3 Sens Íntellectuel/Sens affectif


Il y existe encore une façon de désigner le sens. Dans cette catégorie nous
trouvons comment l’émotion joue un rôle dans le sens. L'affectif devient un
critère de sélection et de classement des données linguistiques qui font l'objet
de la stylistique. D’après la méthode stylistique, les caractères affectifs sont
répartis en deux classes - caractères affectifs naturels et effets par évocation.
Pour la première classe, l’affectif est issu de la langue normale et
intellectuelle, et la deuxième, de la langue commune. L'affectif est délimité
en fonction d'un élément de contraste, l'intellectuel, et infuse le métalangage
de la nouvelle discipline - éléments affectifs, valeur affective, dominante
affective, côté affectif, contenu affectif, mode d'expression affectif; dans son
livre Traite de stylistique française, Charles Bally écrit: « L‘affectivité́ est la
manifestation naturelle et spontanée des formes subjectives de notre pensée :
elle est indissolublement liée à nos sensations vitales, à nos désirs, à nos
volontés, à nos jugements de valeur : elle est –ce qui revient au même – la
marque extérieure de l‘intérêt personnel que nous prenons à la réalité́».

3.4.4 Lacunes
La lacune est un mot très souvent utilisé en traductologie. La lacune ou le
vide lexical est l‘absence dans la langue d‘arrivée (LA) d‘un mot, d‘une
expression ou d‘une tournure syntaxique existant en langue de départ (LD).
Les vides lexicaux sont produits dans la LA des mots dits intraduisibles dans
la LD. Il y a des différentes raisons pour cet écart. Ce qui est en causeest
l‘absence de correspondance directe d‘une langue à l‘autre ; or, le manque de
correspondancedu lexique, et l‘absence d‘une correspondance donnée ne
saurait initier. La re-formulation de l‘idée devient la seule solution. Il y a
différentes manières de reformuler. L'emprunt est un procédé direct de
traduction qui consiste à combler un lacune lexicale lors du transfert d'une
langue de départ à une langue cible en conservant une unité́ lexicale de la
langue de départ soit pour donner une couleur locale, soit pour renvoyer à un
notion pour l'expression de laquelle la langue d'arrivée n'a pas de moyens
lexicaux considérés propres, ou ces moyens ne sont pas adéquats du point de
vue stylistique.

Essayez de répondre la question suivante

Question auto-évaluation

Qu‘entendez-vous par le mot ’affectif”?


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(Negotiating Meaning)
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3.4.5 Faux-amis
La traduction, par le contact qu‘elle établit entre deux langues, deux cultures,
permet une forme d’échange qui peut parfois être envisagée de façon
positive, comme un enrichissement, mais qui peut aussi engendrer des
phénomènes d‘interférence et être perçue négativement, comme une source
de déviance.Les faux-amis sont assez courant entre l’anglais et le français.
Les faux-amis sont les mots qui créent l‘ambiguïté par la ressemblance
formelle entre les signes que traditionnellement appelée « faux amis ».

Il est possible de classifier les faux-amis par leur nature:

Faux-amis complets : qui ne présentent qu‘une ressemblance de graphie sans


rapport de sens. On peut prendre l’exemple du mot ‘coin’ en anglais et en n
français.

Faux-amis partiels qui ont la même graphie et quelques traits sémantiques en


commun mais ne peuvent être traduits l‘un par l‘autre. Comme le mot,
‘library’ en anglais et ´libraire’ en français.

Faux-amis morphosyntaxiques : qui ont la même graphie mais pas la même


nature grammaire.

Faux-amis de structure : structure lexicale ou syntaxique qui n‘ont pas le sens


que l‘analyse de leurs éléments semblerait indiquer si pris séparément
(pineapple). Le sens global est donc différent du sens structural

Faux-amis d‘aspect stylistique : ont le même sens mais leur valeur


affective/intellectuelle est différente.Exemple : « maternel » est à la fois
affectif et intellectuel mais « maternal » est intellectuel et « motherly »
affectif. actually - en fait, en réalité.

Voici quelques faux-amis célèbres entre l‘anglais et le français

actuellement - now, at present, actually - in real terms, to assist – aider,


assister - to attend, to attend - assister, participer, attendre - to wait, chance -
le hasard, le destin, la chance - luck, good luck, probability, character - un
103
Grandes Théories de personnage (film, roman), un caractère - personality, nature, class - un cours,
Traduction et Valeurs (
une leçon, une classe – classroom, current - actuel, en cours, courant -
ordinary, usual; currently – actuellement, couramment - commonly,
frequently, dramatic - théâtral(e), spectaculaire, dramatique - terrible, tragic,
engaged - fiancé(e), engagé(e) - committed, involved, eventually -
finalement, pour finir, éventuellement - possibly, potentially, figure - un
chiffre, la figure – face, grave - une tombe, grave – serious, habit - une
habitude, un habit - item of clothing, to introduce - présenter (quelqu'un),
faire les présentations, introduire - to insert, lecture - une conférence, un
cours magistral, la lecture – reading, library - une bibliothèque, une libraire -
bookshop [UK] / bookstore [US], licence [UK] ou license [US] - un permis
(de conduire), une licence - permit ou degree, location - un lieu, la location -
rental, renting, hire, pain - la douleur, le pain – bread, to pass an exam -
réussir un examen, être reçu(e) à un examen, passer un examen - to take an
exam, relative - un parent, un membre de la famille, relatif(ve) - related to,
linked with, regarding, to regard - considérer, estimer, regarder - to watch, to
look at, to rest - se reposer, rester - to stay, to remain, reunion - des
retrouvailles, réunion – meeting, sale - une vente, les soldes, sale - dirty

3.4.6 Un petit quiz


Essayez de regrouper les faux-amis en haut dans les catégories suivantes:

Faux-amis complets, faux-amis partiels, faux-amis morphosyntaxiques, faux-


amis de structure et faux-amis d‘aspect stylistique.

3.5 MESSAGE
Commençons par une question : Que fait-on vraiment quand on traduit un
texte ? Traduire n‘est pas re-écrire les sens mot à mot. C’est de retransmettre
le message de LD à LA dans une manière compréhensible. Cela dit, le
message est un concept essentiel de la Traductologie. Le message
linguistique sert à exprimer des idées (présentes ou absentes). Comprendre un
message est un fait humain à relier le signe, le mot, le concept, l’action et la
chose ou l’idée dans des représentations signifiantes arbitraires et abstraite.Le
travail de traducteur est de transférer ce message sans dévier du sens. Mais
comme deux langues ne dispose jamais les similitudes linguistiques même si
elle sont très proche, le traducteur dois négocier pourque le message est
passé.

3.5.1 Gains et pertes


L‘objectif de la traduction est de rendre ou de transmettre le message d‘une
langue particulière à une autre langue sans rien en perdre. Tandis qu’en
réalité nous avons vu l’existence de lacune, faux-amis etc. À l’occurrence on
doit négocier le sens par le bon choix. Cela nous amène aux concepts de
gains et pertes. Alors, les gains et les pertes peuvent poser des problèmes
dans la traduction en altérant le vouloir dire de l‘auteur. Les gains et les pertes
104 sont des phénomènes que nous constatons souvent en traduction. Nous
constatons ces phénomènes surtout dans les œuvres littéraires parce qu‘elles Négociation Du Sens
(Negotiating Meaning)
exigent une sorte de liberté. En d‘autres termes, chaque écrivain ou chaque
auteur a son style et ce style est influence par son expérience, sa culture et
son idéologie. Alors, la particularité de sa culture est montrée dans son
œuvre. Gain est donc l‘unité d‘explication. On traduit les mots et la pensée
qui est derrière. Il arrive qu‘une langue soit plus précise qu‘une autre. Dans le
passage de la LD à la LA, il y a perte quand une partie du message ne peut
plus être explicitée faute de moyens structuraux, stylistiques ou
métalinguistiques. Entropie est un synonyme de perte. La lacune est un cas
particulier de l‘entropie. Cette perte peut être compensée.

Les différents cas possible en gain et perte:

On constate des informations supplémentaires et déductives du mot qui


n‘existe pas littéralement dans la LD et l‘expression devient une perte.

En ce qui concerne la répétition des mots dans LD n‘a pas toujours un


remplacement dans la LA.

Il y les expression qui n‘existe pas dans la LD, par exemple ’go well and
come back in time ‘est perdue et souvent remplacée par ’devrait se dépêcher‘,
d‘où naturellement et littéralement – go /aller; Well/ bien; come /venir; come
back / revenir; in time / à l‘heure sont absents dans la structure donnée en
langue cible mais le sens reste toujours stable.

L‘information supplémentaire dans la LA est utilisée pour préciser le sens


global de la LD.

Parfois il y a une disparition de l‘expression parce que le sens est déjà inclus
dans le la formulation de la LA.

3.6 RÉSUMÉ
La distinction entre « sens strict » et « sens élargi » des termes sont
pertinente pour le traducteur. Le langage étant une expression humaine fait
objet des aspects psychologique. Par conséquent, le traducteur doit maîtriser
les sens strict et élargi en même temps. Et puis, il dois faire la « négociation »
: des acteurs (négociant pour deux langues différentes), les histoires qui les
divisent, et en plus une volonté de l‘auteur du texte qui est plutôt inconnu. En
terme de traductologie, quand les traducteurs confrontent ces situations, ils
ont plusieurs outils à transporter le message tel quel. Nous avons aussi appris
certains de ces outils techniques de la traduction pendant ce cours, et en
particulier, les termes liés au sens et à l’entropie.

On a témoigné que c‘est le sens qui est l‘enjeu de la traduction et non les
langues; le rapport entre le texte original et la traduction n‘est pas un rapport
linguistique mais un rapport du sens. La délité en traduction est une délité
au sens global et non aux mots, c‘est-à-dire l‘identité entre le texte original et
la traduction est une identité de sens et d‘effet produit, ce n‘est pas une
identité au niveau des langues. 105
Grandes Théories de Le résultat de la traduction est fonction d‘une fusion entre les apports
Traduction et Valeurs linguistiques par le texte à traduire et les apports extralinguistiques par le (

traducteur lui-même.

Nous avons appris dans cette unité les concepts et les termes concernant ce
transfert de la LD et la LA. Nous avons fait connaissance des les unités de
base linguistique et avons appris comment identifier l’écart entre deux
langues. Avec les outils de traduction proposés, nous avons vu comment
négocier entre deux langues. Cela nous permet de qualifier des processus de
traduire (le traducteur comme interprète fidèle et effacé), et de rendre compte,
avec une certaine efficacité, des enjeux de traduire entre deux langues. Ainsi,
traduire, sans aucune doute, est négocier.

3.7 GLOSSAIRE
Emprunt : mot qu‘une langue emprunte à une autre sans le traduire pour des
raisons d‘usage, d‘absence d’équivalent ou pour créer un effet rhétorique. Il
trahit une lacune dans langue d‘arrivée.

L'unité de traduction: Ceci est composée du segment source et du segment


cible correspondant, enregistrés comme équivalents dans une banque de
données. Elle constitue ainsi l'unité de base des mémoires de traduction.

LA ou Langue d'arrivée: La « langue d'arrivée » est la langue vers laquelle


se fait la traduction.

LD ou Langue de départ: La « langue de départ » est pour un interprète ce


que la « langue source » est pour un traducteur : la langue dans laquelle est
produit le discours original et à partir de laquelle se fait l'interprétation.

Lexique: Par opposition au glossaire, le lexique est un dictionnaire bi- ou


plurilingue, spécialisé et abrégé. Dans sa forme la plus simple, il s'agit d'une
table d'équivalences 1:1. Mais la complexité des langues et de leur usage
impose rapidement la création de bases de données plus complexes
permettant, par exemple, le traitement des abréviations et des synonymes.

Traduction littérale : la traduction directe ou la traduction mot à mot est la


traduction d'un texte d'une langue à une autre, un mot à la fois.

3.8 Oeuvres à consulter


BURKE P. et R. PO-CHIA HSIA, Cultural Translation in Early Modern
Europe, Cambridge, Cambridge University Press.

ECO Umberto (2006), Dire presque la même chose, Expériences de


traduction, Paris, Grasset.

GILE Daniel (2005), La Traduction. La comprendre, l‘apprendre, Paris,


Presses Universitaires de France.

AWAISS H. et J. HARDANE (dir.) (1999),, Traduction : approches et


106 théories, Beyrouth, Université Saint-Joseph, coll. Sources-Cibles.
J. Delisle et H. Lee-Jahnke (1998),, L‘Enseignement de la traduction et Négociation Du Sens
(Negotiating Meaning)
traduction dans l‘enseignement, Ottawa, Presses de l‘Université d‘Ottawa, pp.
79-95.

MEJRI Salah (2005), « Traduire, c‘est gérer un déficit », Meta : journal des
traducteurs / Meta : Translators ‘Journal, Montréal, Presses de l‘Université de
Montréal, vol. 50, n° 1.

NORD Christiane (1997), Translating as a Purposeful Activity: Functionalist


Appproaches Explained, Manchester, St. Jerome Publishing.

RICŒUR Paul (1969), Le Conflit des interprétations. Essais


d‘herméneutique, Paris, Seuil.

VENUTI, Lawrence (1995), The Translator‘s Invisibility. A History of


Translation, Londres et New York, Routledge.

SÉLESKOVITCH, D., 1984. Interpréter pour traduire, (en collaboration avec


M. Lederer), Paris, Didier Erudition, (3ème édition - revue et corrigée, 1993).

107
Grandes Théories de
Traduction et Valeurs UNIT 4 LA PERSPECTIVE INDIENNE
Structure

4.0 Objectifs
4.1 Introduction
4.2 Traduire la conscience indienne
4.3 Théories indiennes de l'esthétique – Rasa
4.4 Autres domaines
4.5 Dhvani
4.6 Bhartrhari et Sphota
4.7 Auchitya
4.8 Théorie de la traduction d'Aurobindo
4.9 Traduction selon Tagore
4.10 Théorie de la traduction d’A. K. Ramanujan
4.11 Rapport auteur-traducteur
4.12 Dix principes de la traduction
4.13 Résumé
4.14 Activités
4.15 Glossaire
4.16 Questions
4.17 Œuvres à consulter

4.0 OBJECTIFS
Après avoir parcouru cette unité :

 vous allez mieux comprendre l’évolution du domaine de traduction en


Inde

 vous allez mieux comprendre les théories indiennes de la traduction

4.1 INTRODUCTION
Les études de traduction en tant que discipline et les théories qui y sont
associées ont un net penchant occidental. Comme ils exercent une influence
dominante sur nos systèmes de connaissance, il n'est pas surprenant que les
concepts de traduction qui existent aujourd'hui en Inde coïncident avec ceux
de l'Occident. Mais certains chercheurs ont réfléchi au processus de
traduction en Inde et à l'impact possible des anciennes théories esthétiques
sanskrites sur ce processus. L'idée que l'on se fait aujourd'hui de la
108
traduction, en Occident comme dans le reste du monde, est qu'il s'agit d'un La Perspective indienne
transfert de sens d'une langue à une autre, et que pour qu'une traduction soit
bonne, le sens de l'original doit être conservé, plus ou moins intact. Cette
notion d'équivalence et les stratégies impliquées dans la méthode de
traduction ont préoccupé les traducteurs et les théoriciens de la traduction en
Occident au fil des siècles. Nous ne pouvons pas en dire autant des concepts
de traduction en Inde.

Le mot « traduire » vient du latin « translatio », où « trans » signifie « à


travers » et « latus » « porter », ce qui implique le transfert de sens d'une
langue à l'autre. Les différents mots de traduction en langue indienne ne
véhiculent pas ce sens. Anuvad (parler après), bhashantar (transfert
linguistique), tarzuma (reproduction), ou roopantar (changement de forme) -
voici quelques termes indiens pour désigner la traduction. Comme le
montrent ces termes, aucun d'entre eux n'implique le concept de transfert de
sens d'une langue à l'autre. En revanche, ils renvoient tous à l'idée de
transcréation plutôt que de transfert docile de sens d'un système linguistique à
l'autre. Cela implique donc que notre concept de base de la traduction était
différent ; si tel est le cas, comment devrions-nous aborder ce domaine
aujourd'hui ? Nos anciennes théories esthétiques ont-elles quelque chose à
dire sur le sujet ?

4.2 TRADUIRE LA CONSCIENCE INDIENNE


L'Inde est un pays multilingue et l'a toujours été. G. N. Devy qualifie la
conscience indienne de « conscience traductrice » (In another Tongue:135).
Le sanskrit était la langue dominante dans la partie nord de l'Inde, mais
d'autres langues comme le prakrit, le pali et l'apabhramsa étaient utilisées
comme langues de communication par les masses communes. Le sanskrit
était la langue de la littérature et des rites religieux. Mais même dans les
pièces sanskrites de Kalidasa et d'autres dramaturges de l'époque, les femmes
et les personnages des castes et classes inférieures parlent le prakrit ou
d'autres dialectes comme le Sauraseni et le Magadhi. Il était normal et
acceptable de passer d'un dialecte à un autre ou d'une langue à une autre au
cours d'un même texte. Devy souligne : « La mesure dans laquelle la
production littéraire bilingue a été acceptée en Inde comme un comportement
littéraire normal, et la durée historique de l'existence de cette pratique sont
révélatrices de la « conscience traductrice » de l'Inde. » (136)

Il existe en fait deux familles de langues distinctes en Inde : les langues indo-
aryennes et les langues dravidiennes. La plus ancienne des langues
dravidiennes est le tamoul, les autres langues dravidiennes étant le kannada,
le télougou et le malayalam, qui ont évolué plus tard que le tamoul. La
principale langue indo-aryenne est le sanskrit, qui s'est combiné à divers
dialectes locaux pour donner naissance aux langues du nord. Les langues
indo-aryennes pourraient partager des caractéristiques linguistiques avec les
langues occidentales, plus qu'avec le groupe des langues dravidiennes. Ainsi,
traduire de l'hindi au malayalam signifie que la traduction se fait entre deux 109
Grandes Théories de langues radicalement différentes biens qu'elles appartiennent à la même
Traduction et Valeurs région appelée l’Inde. Le traducteur doit en être très conscient lorsqu'il traduit
en Inde. Mais malgré cette diversité, nous pouvons affirmer sans risque que
les langues indiennes possèdent une sensibilité commune, en partie dérivée
des anciennes théories de la littérature et de la langue.

Devy souligne que l'obsession de l'équivalence en traduction est


essentiellement une obsession métaphysique occidentale. Il cite la déclaration
de Hillis Miller : « La traduction est l'existence errante dans un perpétuel
exil ». Cette affirmation est liée au concept théologique chrétien de la chute
du Paradis et de l'exil qui s'ensuit à la recherche d'un pays. Devy explique :
« Dans la métaphysique occidentale, la traduction est un exil, et un exil est
une traduction métaphorique - une crise post-Babel. L'esprit hindou
multilingue et éclectique, ancré dans la croyance en la transition perpétuelle
de l'âme d'une forme à l'autre, peut trouver difficile de souscrire à la
métaphysique occidentale de la traduction. » (135).

Ce qu'il souligne, c'est la différence fondamentale entre les visions du monde


de deux cultures différentes, qui a forcément un impact sur tous les aspects de
la créativité, y compris la traduction. L'obsession de l'original et l'angoisse de
ne pas pouvoir en saisir le sens sont en quelque sorte liées au concept
théologique d'un paradis perdu qu'il faut retrouver. La psyché indienne, qui
croit en la progression constante de l'âme d'une naissance à l'autre, ne se
préoccupe pas d'un état originel. C'est parce que nous avons le concept
cyclique de la vie et du temps où il n'y a ni origine ni fin. Par conséquent,
l'obsession presque métaphysique de l'équivalence qui hante les activités de
traduction en Occident nous est étrangère.

4.3 THÉORIES INDIENNES DE L'ÉSTHETIQUE –


RASA
Si l'équivalence n'est pas un problème majeur pour les traducteurs indiens,
quels sont les problèmes auxquels ils sont confrontés ? Cela signifie-t-il que
la traduction peut être un exercice libre ? Pas tout à fait. Nous ne sommes
peut-être pas trop préoccupés par le sens et l'équivalence, mais il y a d'autres
domaines auxquels nous faisons attention. Le critique T. R. S. Sharma a
identifié quatre grands domaines dans lesquels les traducteurs rencontrent des
problèmes : rasa, riti, alamkara et dhvani.

L'une des principales théories, sinon la plus importante, de l'esthétique


sanskrite est la théorie du rasa. Proposée par Bharata dans son œuvre
Natyashastra, le rasa est le plaisir émotionnel ultime que l'on peut tirer d'une
œuvre d'art. Bharata donne une formule pour l'éveil du rasa -
vibhavanubhava vyabhichari samyogad rasa nispatti - ce qui signifie que la
combinaison de vibhava, anubhava et vyabhichari bhava donne naissance au
rasa. Les vibhavas sont les stimulants des émotions, les anubhavas les
réponses physiques qui accompagnent ces réponses émotionnelles et les
110 vyabhichari bhavas sont des émotions transitoires. Les émotions de base
(bhavas) du lecteur ou du spectateur, qui lit / regarde un texte littéraire ou un La Perspective indienne
spectacle, sont suscitées par les vibhavas. La réponse émotionnelle est
indiquée par les anubhavas et les vyabhichari bhavas. Rasa est cette réponse
émotionnelle exacerbée au texte.

Les critiques ne s'accordent pas sur la manière dont le rasa peut être suscité,
mais aucun ne conteste l'affirmation de Bharata selon laquelle le rasa est le
but ultime d'une œuvre d'art. Sharma appelle rasa le « principe de formation »
ou la qualité qui donne à l'œuvre d'art son caractère distinctif. Il est d'avis que
cette « rhétorique intérieure » du rasa donne au traducteur l'orientation
générale du texte. (« Translating Literary Texts through Indian Poetics : A
Phenomenological Study » http:/www.anukriti.net/tt1/article-k/a3.html//) Il
est donc très important pour un traducteur d'être capable de reconnaître le
rasa d'une œuvre, avant de pouvoir la transposer dans une autre langue et une
autre culture. L'écrivain gujarati Navalram appelle cela la méthode de
traduction « rasanusar », où le traducteur saisit la rasa de l'original. En gros,
cela signifie que le traducteur doit saisir l'esprit de l'original et tenter
d'évoquer une réponse similaire à celle que l'original a suscitée chez ses
lecteurs.

4.4 AUTRES DOMAINES


Le riti est fondamentalement le style du texte. Sharma le définit comme « la
stylistique qui fonctionne à l'intérieur du texte - les limites phonétiques et
syntaxiques à l'intérieur desquelles le texte agit, se produit » (3). Le riti ne
doit pas être confondu avec le concept occidental de rhétorique car la
rhétorique est un terme large qui couvre également les figures de pensée.
Sharma est d'avis que le riti signifie « les « manières de dire » ... ou l'attitude
que l'écrivain a adoptée à l'égard de l'expérience qu'il raconte » (3). L'oreille
du traducteur doit être à l'écoute de ce « son du sens » (comme le dit Robert
Frost) et de la façon dont il transforme la structure et la syntaxe du texte. Si le
traducteur ne parvient pas à saisir cet effet, la traduction échoue. Cet acte de
traduction implique également l'interprétation dans une certaine mesure, car
le traducteur doit parvenir à la nuance correcte principalement par
interprétation. Tenter d'approcher le rythme de la prose de l'original est une
façon de capturer le riti de l'original. Sharma donne l'exemple de la
traduction de Hemingway et de Faulkner respectivement. Hemingway utilise
des mots monosyllabiques avec beaucoup d'effet ; ainsi, pour le traduire en
hindi ou en kannada, il est logique d'utiliser des mots locaux ou un langage
familier. En revanche, Faulkner, avec sa diction lourde, peut être traduit en
utilisant le marga ou langage littéraire.

L'alamkara est l'utilisation d'ornements poétiques dans une œuvre littéraire,


qu'il s'agisse de fiction ou de poésie. La plupart des écrivains utilisent des
images pour s'exprimer et celles-ci doivent trouver un écho auprès du
traducteur. M. Sharma souligne qu'il peut parfois y avoir une dichotomie
entre les alamkaras et l'idéologie dont il est question dans l'œuvre. Cela peut
être fait délibérément par l'auteur. L'exemple qu'il donne est celui de 111
Grandes Théories de Samskara de U. R. Ananthamurthy, qui a été brillamment traduit par A. K.
Traduction et Valeurs Ramanujan, lui-même poète. L'alamkaras du roman est en désaccord avec
l'idéologie du protagoniste, ce qui entraîne une tension qui ajoute à la
complexité du roman. Il s'agit d'un conflit sans résolution qui peut conduire à
la déconstruction du texte lui-même. Seul un traducteur sensible peut déceler
les tensions latentes dans un roman ou un poème.

Par défaut, un poème contient une abondance d'alamkaras qu'il peut être
difficile de récupérer. D'où la croyance populaire selon laquelle les poèmes
sont un problème pour le traducteur - comme le dit Frost, « la poésie est ce
qui se perd dans la traduction ». La grande différence entre la langue source
et la langue cible complique encore l'affaire. Tout comme pour le riti, le
traducteur doit faire preuve de discernement dans le choix du bon alamkara
pour exprimer le point de vue de l'auteur. Cela se fait en tenant compte de la
culture du lecteur plutôt que de la langue/culture de l'auteur.

4.5 DHVANI
Dhvani est un concept important dans l'esthétique sanskrite. Il signifie
littéralement « suggestion ». Anandavardhana, le plus grand représentant du
dhvani, affirmait qu'il s'agissait de l'âme de la poésie. Ce que l'on entend par
dhvani est la couche de sens qui va au-delà de la dénotation et de la
connotation et qui devient souvent l'essence même d'une œuvre d'art. Cela
devient un problème épineux dans la traduction. L'exemple le plus célèbre
donné par tous les théoriciens est « le village sur le Gange ». Pour les lecteurs
qui ne sont pas familiers avec la culture hindoue, il s'agit d'une phrase qui
décrit un village près d'une rivière. Mais pour le lecteur indien, il existe un
vaste réseau de significations associées au Gange. Il suggère la sainteté et la
pureté ; comment un traducteur peut-il saisir cette résonance de significations
lorsqu'il traduit ? Comme le décrit Sharma, « c'est [dhvani] la région des jeux
de mots et de la polysémie, des allusions personnelles, du symbolisme
ésotérique et du mythe indigène, qui communient souvent au-delà des mots »
(4). C'est en effet difficile à traduire, à moins de fournir des notes de bas de
page ou des explications détaillées.

Sharma donne un autre exemple pour illustrer dhvani. Il utilise la dernière


strophe du célèbre poème de Frost « Stopping by Woods on a Snowy
Evening ». Il souligne que le désir de s'arrêter et d'observer les bois
magnifiques, sombres et profonds est comme un désir de mort. Il repousse
résolument cette tentation et se dirige vers sa destination, qui se trouve à des
kilomètres de là. Sharma dit : « Derrière cette fascination momentanée, il y a
toute l'histoire puritaine qui souligne le caractère pécheur de l'homme, et de
la nature que les puritains considéraient avec un sentiment d'horreur
fascinée » (4). Les lecteurs indiens qui n'ont pas intériorisé ce concept
d'horreur de la beauté qui séduit et détruit, ne parviendront pas à atteindre les
résonances profondes ou dhvani du poème.
112
La Perspective indienne
4.6 BHARTRHARI ET SPHOTA
Pour illustrer cela, Devy se réfère à un ancien texte de langue et de
grammaire appelé Vakyapadiya écrit par Bhartrhari, qui est réputé pour la
théorie du sphota. Le concept de sphota remonte à un autre grammairien,
Patanjali, qui l'a utilisé pour décrire les différentes étapes de l'articulation
d'un mot. Selon ce concept, la sphota est le stade final de l'articulation
lorsque le mot est prononcé à haute voix. Bhartrhari a étendu ce concept au
domaine de la philosophie, en affirmant que le monde est amené à l'existence
par l'articulation du mot. Le langage n'est pas le moyen par lequel nous nous
exprimons, mais il est le moyen qui nous exprime. Devy souligne que cela
combine « une vision matérielle et une vision transcendantale du langage »
(147). Selon Bhartrhari, le langage en soi n'a pas de séquence, bien qu'il soit
exprimé dans un corps gradué séquentiellement. La relation entre le mot
prononcé et le sens ou nada et sphota est comme la relation entre un objet et
son reflet dans l'eau qui coule. Comme le reflet, le mot prononcé reflète le
sens ainsi que la nature de celui qui donne ce sens. Le sens n'est donc pas une
entité fixe, mais est entièrement contextuel. Comme nous l'avons vu avec le
concept de langage de Derrida, cela libérerait le traducteur du souci
d'atteindre le sens de l'original.

4.7 AUCHITYA
D'autres chercheurs estiment qu'un autre concept sanskrit est plus crucial
pour les traducteurs, à savoir celui d'auchitya. Auchitya signifie décorum,
mais dans le contexte de la traduction, il peut être considéré comme la
discrétion exercée par le traducteur dans la sélection des textes à traduire.
Avadhesh K. Singh, dans son introduction au livre Translation : Its Theories
and Practices, dit que auchitya « devrait signifier la justesse dans la sélection
d'un texte à traduire, de la méthodologie et de la stratégie utilisées pour la
traduction ; et de placer le texte dans une perspective appropriée, de sorte que
le sens voulu par l'auteur/le texte source, et non simplement articulé, trouve
son expression appropriée dans le texte cible » (xi). Shanta Ramakrishna
illustre le concept d'auchitya en traduction en remontant jusqu'à Premchand
et Ganesh Shankar Vidyarthi en Inde. À la fin du 19e siècle et au début du
20e siècle en Inde, alors que la tendance dominante était de traduire de
l'anglais vers diverses langues indiennes, Vidyarthi a traduit le livre français
Quatre-vingt-treize de Victor Hugo en Balidaan. Ce livre, qui portait sur la
Révolution française, a été utilisé par Vidyarthi pour insuffler l'esprit du
nationalisme aux gens de l'époque. Mais c'était une traduction « infidèle »,
car il s'agissait plus d'une adaptation que d'une traduction. Dans sa préface,
Vidyarthi a exprimé l'opinion qu'une traduction et l'original ne peuvent
jamais être identiques et que le lecteur ne doit pas s'attendre à ce qu'il en soit
ainsi. Premchand a fait quelque chose de similaire avec sa traduction de Thaïs
d'Anatole France. Il l'a choisi pour des raisons idéologiques et voulait qu'il
soit une source d'inspiration pour ses contemporains. Shanta Ramakrishna
soutient qu'en rendant leurs traductions plus adaptées aux lecteurs cibles, ces 113
Grandes Théories de traducteurs ont exercé le principe de l'auchitya. Ils ont choisi un texte qu'ils
Traduction et Valeurs pensaient être pertinent pour le lectorat cible et ont adopté une stratégie de
traduction qui était la plus appropriée pour cela - ce serait l'auchitya en
traduction (« Cultural Transmission through Translation », Changing the
Terms : 93).

4.8 THÉORIE DE LA TRADUCTION


D'AUROBINDO
Aurobindo (1892 - 1950) était un philosophe, un poète et aussi un traducteur
de talent. Il a reçu une éducation entièrement britannique avant d'être attiré
par le mouvement nationaliste. Il maîtrisait aussi bien l'anglais que la langue
et la littérature indiennes (sanskrit et bengali). Il a traduit en anglais les
Upanishads, la Bhagavad Gita ainsi que l'Anandamath de Bankim Chandra
Chatterjee. Sa théorie de la traduction découle de cette expérience de
traduction d'œuvres indiennes en anglais, comme l'indiquent les noms de ces
essais : « On Translating Kalidasa », « On Translating the Bhagavad Gita »,
« On Translating the Upanishads », « Freedom in Translation »,
« Importance of Turn of Language in Translation », « Translation of Prose
into Poetry » et « Remarks on Bengali Translations ».

En tant que philosophe, Aurobindo a été fortement influencé par la


philosophie cognitive de l'Inde ancienne. Selon lui, la traduction est un
processus qui comporte plusieurs étapes. Le traducteur lit, analyse et
interprète le texte. Cela signifie qu'il doit comprendre les nuances textuelles
avant de parvenir à un équivalent approprié dans la langue cible. Cela montre
que la traduction est un processus cognitif. Selon Aurobindo, la conscience
humaine qui opère derrière ce processus cognitif a trois niveaux - nama
(nom), rupa (forme de signification) et swarupa (figure essentielle de la
vérité). Gopinathan fait remarquer que ces trois niveaux sont analogues aux
trois niveaux de langage mentionnés par Bhartrhari dans son Vakyapadiyam.
Ce sont vaikhari (niveau de langage parlé), madhyama (niveau intermédiaire
entre l'articulation et la conception) et pasyanti (le niveau le plus élevé où
une pensée est à son stade nébuleux). Gopinathan soutient qu'Aurobindo
développe son concept à partir de ces niveaux et « donne une autre division
psycho-spirituelle des niveaux de conscience aux niveaux physique, mental et
supra mental » (8). Le texte doit être saisi intuitivement au niveau le plus
élevé de swarupa avant de pouvoir être traduit aux deux autres niveaux de
nama et rupa, ou le niveau du texte et du sens. Par conséquent, en traduction,
« le processus d'analyse du texte, la compréhension du sens littéral et du sens
suggéré, et le processus de prise de décision auront également trois
niveaux. » (9). Il y a un déplacement constant de ces niveaux dans le
processus de traduction. Gopinathan affirme que le processus de prise de
décision en traduction commence au niveau le plus élevé de swarupa.
Aurobindo estimait que « la traduction devient plus communicative, surtout
lorsque le sens supérieur du texte est significatif » (10).
114
Aurobindo lui-même dit que même après que le traducteur ait décidé de la La Perspective indienne
bonne forme pour son texte, « ...il n'y aura naturellement aucun succès à
moins que l'esprit du traducteur ait suffisamment de parenté, suffisamment de
points de contact spirituels et émotionnels et une base suffisante de pouvoirs
poétiques communs non seulement pour entrer dans le tempérament spirituel
et l'humeur de ce tempérament, mais pour les rendre... » (On Translating
Kalidasa). Cela fait appel à une communion métaphysique entre le traducteur
et l'auteur, et fonctionne à un niveau bien plus élevé que la lecture et la
compréhension d'un texte à ses niveaux dénotatif et connotatif. Il discute
longuement des problèmes qu'il a rencontrés dans la traduction de Kalidasa,
le principal étant celui du mètre dans lequel il pouvait traduire.

Il aborde ensuite la question de la fidélité. Comme d'innombrables


traducteurs avant et après lui, Aurobindo parle du dilemme auquel il a été
confronté quant au choix entre une traduction littérale et quelque chose qui
pourrait apparaître comme une nouvelle œuvre sous le couvert de la
traduction. Il observe que « ...les règles rigides n'ont pas leur place » ici. C'est
l'objectif de la traduction qui doit déterminer la stratégie. Si le but est de
« faire connaître aux peuples étrangers » les idées et les thèmes de l'écrivain,
la traduction littérale convient. Mais le traducteur peut faire appel à ses
pouvoirs créatifs pour rendre l'œuvre originale si son but est de retrouver
l'esprit de l'original pour le bénéfice des lecteurs cibles. Aurobindo souligne
que l'idéal d'une traduction est différent des deux : « Le traducteur cherche
d'abord à placer l'esprit du lecteur dans la même atmosphère spirituelle que
l'original ; il cherche ensuite à produire en lui les mêmes émotions et le même
type de plaisir poétique et de gratification esthétique ; enfin, il cherche à lui
transmettre la pensée du poète et la substance dans des mots qui créeront,
dans la mesure du possible, le même train d'associations ou un train similaire,
les mêmes images ou les mêmes impressions sensorielles. » (On Translating
Kalidasa)

Il admet qu'il ne s'agit là que d'un idéal auquel le traducteur ne peut peut-être
qu'aspirer, mais c'est l'idéal qu'il doit s'efforcer d'atteindre. Le traducteur doit
essayer d'atténuer la qualité étrangère du texte pour le bénéfice du lecteur
cible. Par exemple, il cite un exemple tiré du Meghadutam de Kalidasa, où un
énorme nuage sombre est comparé au « pied sombre de Vishnu levé dans un
acte impétueux pour réprimer Bali ». Le traducteur doit garder à l'esprit qu'un
lecteur non natif ne connaîtrait pas du tout l'histoire qui se cache derrière
cette phrase. Donc Aurobindo l'a traduit comme : « Sombre comme le pied
nuageux du Dieu suprême/ Quand, partant de la forme naine de l'immense
monde / Avec un pas de Titan à travers le ciel, il a marché ». Aurobindo
admet qu'il s'agit plus d'une paraphrase que d'une traduction, mais il faut
l'accepter si le traducteur doit communiquer l'esprit de l'original au lecteur. Il
souligne que les différentes visions du monde de deux cultures distinctes
posent un problème au travail du traducteur. Il observe comment l'esprit
hindou (indien) a tendance à « saisir ce qui est agréable et beau en toutes
choses et même à voir un charme là où l'esprit anglais voit une difformité et à
115
Grandes Théories de extraire la poésie et la grâce du laid » (On Translating Kalidasa). Aurobindo
Traduction et Valeurs souhaite que le traducteur tienne compte de toutes ces différences avant de se
lancer dans une traduction.

4.9 TRADUCTION SELON TAGORE


Depuis Aurobindo, très peu d'Indiens ont écrit sur l'art et l'esthétique en
langue anglaise, bien que la critique soit une composante très forte de nos
littératures régionales. Rabindranath Tagore était un poète et un traducteur, et
son Gitanjali, qui lui a valu le prix Nobel, a été traduit par Tagore lui-même.
Mais ses poèmes et ses histoires ont également été traduits par d'autres,
souvent sous sa supervision. Il a expliqué pourquoi il a traduit Gitanjali en
anglais : « J'ai simplement ressenti le besoin de retrouver, par le biais d'une
autre langue, les sentiments qui avaient créé une telle fête de joie en moi ces
derniers jours » et que « je faisais une nouvelle connaissance avec mon
propre cœur en le revêtant d'autres vêtements » (cité dans Sujit Mukherjee :
104). Sujit Mukherjee souligne que « ce ne sont pas les positions normales
d'un traducteur » et que l'on peut déceler « ...une note d'incertitude, presque
un ton d'excuse, comme s'il savait que ce qu'il faisait n'était pas tout à fait
valable en termes littéraires » (104). Mukherjee observe que le Gitanjali
bangla n'est pas considéré par les lecteurs bengalis comme la meilleure des
œuvres de Tagore. Le Gitanjali anglais ne contient qu'une partie de l'original
bangla et des parties d'autres œuvres bangla, Naivedya, Kheya et Gitimalya.
En fait, Tagore répondait aux goûts de ses lecteurs anglais, qui étaient avides
des aspects dévotionnels ou mystiques de sa poésie. Bien qu'il s'agisse d'un
acte délibéré de la part de Tagore lui-même, il s'agit d'une fausse
représentation car cette traduction mettait en valeur certains aspects de son
travail créatif et en minimisait d'autres. Cela a abouti à la création de deux
images différentes de Tagore en bangla et de Tagore en traduction anglaise.
C'est ce qui a poussé Sujit Mukherjee à qualifier la traduction de Tagore de
« parjure » - « l'acte de faire sciemment une fausse déclaration sur une
question importante pour le problème en question » (124). Tagore et ses
traductions anglaises ont fait l'objet de nombreuses études par d'autres
personnes également, qui se sont concentrées sur cet aspect. Mary Lago
souligne les périls d'une telle traduction lorsqu'elle écrit sur l'héritage de
Tagore : « Si les jeunes lecteurs reconnaissent son nom, cela évoque, le plus
souvent, des impressions d'un homme mystique stéréotypé de l'Est ; ils ont
encore trop peu de moyens de découvrir toute la puissance et la beauté qui,
dans le passage du bengali à l'anglais, se sont égarées » (421). Cela montre à
quel point les traductions ont été importantes pour faire de Tagore l'homme et
l'auteur.

4.10 THÉORIE DE LA TRADUCTION D’A. K.


RAMANUJAN
A. K. Ramanujan est un traducteur qui a aidé les lecteurs étrangers à
116 apprécier la beauté des textes indiens anciens autres que ceux en sanskrit.
Comme le souligne Vinay Dharwadker, ses traductions comprennent la La Perspective indienne
poésie classique et bhakti en tamoul, les Virasaiva vacanas (aphorismes
poétiques) en kannada, la bhakti et la littérature de cour en telugu, les contes
populaires et les récits oraux de femmes écrits au XIXe siècle, ainsi que la
poésie et la prose de l'Inde après l'indépendance (A. K. Ramanujan's Theory
and Practice of Translation : 114). En tant que traducteur, Ramanujan était
bien conscient de ses responsabilités : il devait transmettre l'original au
lecteur cible et devait également trouver un équilibre entre l'intérêt de l'auteur
et son propre intérêt. Sa tâche était d'autant plus difficile lorsqu'il s'agissait de
traduire de la poésie ancienne tamoule ou kannada en anglais, car il y avait
des différences de culture, de langue et de cadre temporel entre les langues
source et cible.

Dans son effort pour se rapprocher le plus possible de l'original, Ramanujan


s'est concentré sur divers principes d'organisation poétique. Il a essayé
d'établir une distinction entre le « noyau poétique interne » et le « noyau
externe » d'un poème. Il s'est concentré sur les images et leur disposition dans
le poème original, et a cherché à reproduire cette disposition dans sa
traduction par un motif visuel, généralement réalisé par l'ordre des strophes
sur la page. Dharwadker cite Ramanujan disant qu'il a fait « des
approximations typographiques explicites de ce qu'il pensait être la forme
intérieure du poème » (117). Il estime que Ramanujan a développé ses idées
de formes poétiques extérieures et intérieures à partir de deux sources
différentes - Noam Chomsky et Roman Jakobson. Dharwadker a à l'esprit le
concept de structure profonde et de structure de surface de Chomsky, ainsi
que la distinction de Jakobson entre « instance de vers » et « conception de
vers ». Il trouve également des similitudes avec la distinction de Julia
Kristeva entre le « phenotext » (le texte manifeste) et le « génotexte » (la
structure signifiante innée). Ramanujan s'est également inspiré de la
distinction faite par le Tamil Sangam entre la poésie « akam » et « puram »,
représentant respectivement le monde extérieur et le monde intérieur des
émotions. Il estimait que l'anglais et ses disciplines, la linguistique et
l'anthropologie, lui donnaient sa forme extérieure, tandis que ses
préoccupations personnelles et professionnelles concernant le tamoul, le
kannada et d'autres folklores indiens formaient son intérieur. En tant que
traducteur, ces deux formes devaient être en dialogue l'une avec l'autre.

4.11 RAPPORT AUTEUR-TRADUCTEUR


Les problèmes d'incommensurabilité culturelle et linguistique créent des
obstacles à la traduction. À cela s'ajoute la relation entre l'auteur et le
traducteur, que Ramanujan considérait comme essentiellement conflictuelle.
Le traducteur peut souhaiter créer un poème à partir de l'original, mais doit se
plier au souhait du lecteur d'une traduction littérale ; ou bien le traducteur
peut vouloir créer un poème de son cru à partir de l'original, ce qui entre en
conflit avec le désir du lecteur de voir une réplique de l'original. Le
traducteur est donc pris entre « transmission et expression ». Mais
117
Grandes Théories de Ramanujan dit qu'un traducteur est « un artiste sous serment ... pris entre le
Traduction et Valeurs besoin de s'exprimer et le besoin de représenter un autre, se déplaçant entre
les deux moitiés d'un cerveau, il doit utiliser les deux pour se rapprocher des
« originaux » » (120).

Le lecteur est également important dans ce processus. Le lecteur d'un poème


traduit attend de la traduction qu'elle soit une représentation fiable du texte
original en termes de langue et de structure, ainsi que de ses diverses
connotations culturelles. Elle doit également procurer un plaisir esthétique.
Ces exigences peuvent être satisfaites par les diverses stratégies de traduction
dont dispose le traducteur, mais comment peut-il transmettre le vaste réseau
de relations culturelles ? Dharwadker souligne que Ramanjuan « soutenait
que même si un traducteur transpose un texte particulier d'une culture à une
autre, il doit traduire le lecteur de la seconde culture à la première » (121). Il
pense que cela peut être réalisé par des notes et des préfaces écrites par le
traducteur. Ses commentaires détaillés qui constituent les préfaces à ses
traductions de la poésie Sangam ou des vacanas Kannada sont en fait le cœur
de la théorie de la traduction de Ramanujan. Il note dans sa note de traduction
du roman kannada Samskara de U. R. Ananthamurthy : « Un traducteur
n'espère pas seulement traduire un texte, mais espère (contre toute attente)
traduire un lecteur non natif en un lecteur natif. Les notes et la postface de ce
livre font partie de cet effort » (122).

En familiarisant le lecteur étranger avec le contexte culturel d'une langue


différente, Ramanujan se concentre également sur le vaste réseau intertextuel
dont ce texte n'est qu'une partie. Les poètes anciens n'avaient aucune idée
qu'ils seraient lus des siècles plus tard dans des langues et des cultures qui
leur étaient inconnues. Mais à travers les traductions et les interprétations
dans d'autres formes d'art comme la danse, ils deviennent la tradition vivante
de la culture tamoule moderne. Ainsi, la traduction d'un poème tamoul de
quatre lignes "se transforme en un processus ouvert et à voies multiples, dans
lequel le traducteur, l'auteur, le poème et le lecteur vont et viennent entre
deux ensembles différents de langues, de cultures, de situations historiques et
de traditions" (Dharwadker 123). La traduction devient alors un processus de
transmission culturelle qui dynamise toutes les personnes concernées.

Vinay Dharwadker, qui est lui-même poète et traducteur, synthétise les


principes de Ramanujan avec les siens afin de proposer une ligne directrice
pour les traductions en Inde.

4.12 DIX PRINCIPES DE LA TRADUCTION


Dans une analyse des défis que la littérature indienne, sous sa forme traduite,
doit relever dans un marché mondialisé, Vinay Dharwadker propose dix
principes (Translating the Millennium : Indian Literature in a Global
Market). Il affirme que ces dix principes de traduction garantiraient de
meilleures traductions, capables de représenter la littérature indienne avec
118 confiance sur le marché mondial.
1. Les traductions doivent être d'une qualité qui peut résister à l'épreuve du La Perspective indienne
marché mondial. Elles doivent être traduites en « anglais standard
international » et non en anglais indien, et doivent comporter des
préfaces, des introductions, des glossaires, etc. qui aideront le lecteur
non natif.

2. La traduction doit être fiable. Dharwadker préfère le bhashantara (qui


est plus conforme au concept de métaphore de Dryden) plutôt que le
rupantara (changement de forme) ou l'anukarana (imitation ou
mimétisme de l'original). Le bhashantara serait plutôt un « chhaya » ou
une ombre de l'original, un rendu du texte dans une autre langue.

3. Il est préférable de traduire « phrase à phrase » plutôt que « mot à mot ».


Une traduction littérale rendrait le texte très maladroit, surtout si la
traduction se fait entre deux langues radicalement différentes comme
l'anglais et le tamoul. En outre, la phrase est considérée comme l'unité de
base du sens, même selon les anciennes règles esthétiques et
grammaticales du sanskrit.

4. La relation entre une traduction et son original n'est pas une équivalence
complète (ou une équivalence mot à mot) mais un parallélisme. Il est
souvent très difficile de traduire un mot dans une langue indienne en un
mot en anglais ; parfois, il faut un groupe de mots ou une phrase pour
transmettre le sens.

5. La traduction doit restituer fidèlement la diction, le style, la voix et le ton


originaux. La diction ne signifie pas seulement le choix et la disposition
des mots, mais aussi le fait que le style soit élevé, moyen ou faible. Une
diction élevée et pompeuse peut ne pas convenir aux lecteurs
contemporains, même pour la traduction d'épopées ; Dharwadker
conseille la voie moyenne. Il appartient au traducteur de saisir l'effet du
style de l'auteur dans sa traduction, comme Gregory Rabassa l'a fait pour
Gabriel Garcia Marquez. La voix et le ton sont également importants.
Dharwadker affirme que le principal défaut des traductions de Tagore est
qu'elles sont atonales.

6. La traduction doit transmettre la logique interne de l'original. Par logique


interne, on entend le niveau de signification qui existe sous la surface de
l'original. En termes esthétiques sanskrits, il s'agirait de bhavartha (sens
implicite) et de dhvani.

7. La traduction d'un poème doit être un poème. Il ne s'agit pas d'une


affirmation simpliste, mais d'une observation qui rappelle l'importance
de rendre un poème non seulement dans sa lettre et sa forme, mais aussi
dans son esprit. Comme le dit Paul Valéry, la traduction doit reproduire
l'effet de l'original sur ses lecteurs.

8. Le lecteur doit également être « traduit », en plus du texte. Cela peut se


faire à l'aide de notes et de préfaces du traducteur. Le texte et le lecteur
119
Grandes Théories de sont pris dans un double mouvement, se retrouvant dans des langues et
Traduction et Valeurs des cultures qui leur sont étrangères. La traduction doit combler le fossé
des cultures, des langues et des années entre le texte et le lecteur.

9. La traduction n'est pas seulement une fenêtre ou une porte vers un autre
monde, mais aussi un miroir qui reflète notre image. Elle montre
comment nous apparaissons au monde extérieur en nous montrant
comment notre littérature fonctionne dans une autre langue. Comme le
miroir, elle doit faire ressortir nos avantages et nos inconvénients.

10. Un texte peut avoir plusieurs traductions car il existe différentes façons
de conceptualiser un texte. Dharwadker affirme qu'il est impératif que
nos textes, en particulier nos épopées, aient de multiples traductions afin
qu'ils puissent être révélés dans toute la complexité de leurs nuances.

Dharwadker a élaboré un guide pour les traducteurs, très clairement rédigé


pour aider le traducteur à relever les défis du marché. Mais il s'agit également
d'indications sur la traduction telle qu'elle est pratiquée en Inde, avec ses
lacunes et autres problèmes.

4.13 RÉSUMÉ
Dans cette unité on a vu la perspective indienne vers la traduction qui existe
en Inde depuis des siècles. On a bien observé l’importance de traduction et
des dialectes qui sont trouvées en Inde dès le début du théâtre indien. On a
essayé de comprendre les théories de traduction développées en Inde de
l’antiquité jusqu’au 20ème siècle. Finalement on a vu les principes de
traduction établis par Dharwadker pour aider les traducteurs surtour dans un
contexte indien.

4.14 ACTIVITÉS
1 Comment les théories indiennes de l'esthétique influencent-elles la
théorie de la traduction en Inde ?

2 Selon vous, laquelle des théories indiennes de l'esthétique semble la


plus applicable à la traduction aujourd'hui ? Pourquoi ?

4.15 GLOSSAIRE
Multilingue Qui parle plusieurs langues
Dialecte Forme régionale, nettement distincte, d'une langue
Occidentale Originaire de l'Occident ; qui se rapporte à
l'Occident, spécialement à l'Europe, à l'Amérique du
Nord
Équivalence Qualité de ce qui est équivalent, égalité de valeur
Cognitif Qui concerne l'acquisition des connaissances
120
La Perspective indienne
4.16 QUESTIONS
1. Pensez-vous que les principes de Dharwadker permettront de garantir
de meilleures traductions des œuvres en langue indienne ? Pouvez-vous
penser à d'autres domaines qui doivent être abordés ? (Entre 200-250
mots)

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2. Le problème avec des Indiens comme Aurobindo et Ramanujan est


qu'ils mettent l'accent sur les aspects métaphysiques et abstraits comme
l'intuition et la logique intérieure. Discutez-en. (Entre 200-250 mots)

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3. Lisez davantage sur le concept de structures profondes et superficielles


de Chomsky, sur l'instance du vers et la conception du vers de
Jakobson, et sur le phénotexte et le génotexte de Kristeva. En quoi ces
concepts sont-ils similaires à celui de Ramanujan ? (Entre 200-250
mots)

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121
Grandes Théories de --------------------------------------------------------------------------------------
Traduction et Valeurs
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--------------------------------------------------------------------------------------
--------------------------------------------------------------------------------------

4.17 OEUVRES À CONSULTER


Devy, G. N. In Another Tongue: Essays on Indian English Literature. 1993.
Madras: Macmillan, 1995.

Dharwadker, Vinay. “A. K. Ramanujan’s Theory and Practice of


Translation”, PostsColonial Translation: Theory and Practice. Eds. Susan
Bassnett and Harish Trivedi. London: Routledge, 1999: 114 – 140

Dharwadker, Vinay. “Translating the Millennium: Indian Literature in the


Global Market”, Indian Literature. July/August 2008: 133 – 146

Gopinathan, G. “Translation, Transcreation and Culture: The Evolving


Theories of Translation in Hindi and other Modern Indian Languages”.
http://www.soas.ac.uk/literatures/satranslations/Gopin.pdf

Lago, Mary A. (“Tagore in Translation: A Case Study in Literary Exchange”,


Books Abroad , Vol. 46, No. 3 (Summer, 1972): 416 – 421

Mukherjee, Sujit. Translation as Discovery and other essays on Indian


Literature in English Translation. New Delhi: Allied, 1981.

Ramakrishna, Shanta. “Cultural Transmission through Translation: An Indian


Perspective”. Changing the Terms: Translating in the Postscolonial Era. Eds.
Sherry Simon and Paul StâPierre. 2002. Hyderabad: Orient Longman, 2003:
87 – 101.

Sharma, T. R. S. “Translating Literary Texts through Indian Poetics: A


Phenomenological Study”. http://www.anukriti.net/tt1/articlelk/a1.html

Singh, Avadhesh Kumar. Ed. Translation: Its Theory and Practice. New
Delhi: Creative Books, 1996.

122
BLOCK 3
MÉTHODES, PROCÉDÉS ET
TECHNIQUES DE TRADUCTION
Unités de traduction et
UNITE 1 UNITE DE TRADUCTION ET DE de l'interpretariat
L’INTERPRÉTARIAT
Structure

1.1.1 Objectifs
1.1.2 Introduction
1.1.3 Le signe
1.1.4 Unités de traduction
1.1.5 En traduction
1.1.5.1 Unités fonctionnelles
1.1.5.2 Unités sémantiques
1.1.5.3 Unités dialectiques
1.1.5.4 Unités prosodiques
1.1.5.5 Unités simples
1.1.5.6 Unités diluées
1.1.5.7 Unités fractionnaires
1.1.5.8 Groupes unifiés
1.1.5.9 Groupements par affinité
1.1.5.10 Divers

1.1.6 La signification des unités de traduction


1.1.7 En interprétation
1.1.7.1 Différence entre unités de traduction et unités de sens
1.1.7.2 Les unités de sens

1.1.8 Résumons
1.1.9 Questions
1.1.10 Glossaire
1.1.11 Lectures suggérées

1.1.1 OBJECTIFS
A la fin de cette unité, vous aurez appris ce qu’est un signe linguistique ainsi
que les différentes unités de traduction qui rendent la tâche du traducteur
beaucoup plus simple. Les unités de traduction jouent un rôle primordial en
traduction et en interprétation, car elles aident le traducteur à dégager le sens
du texte.

1.1.2 INTRODUCTION
Bonjour ! Avant de continuer, il est essentiel de revoir ce que vous avez
appris jusqu’à présent. Vous connaissez les notions de base, l’évolution de la
traduction dans le monde, ainsi qu’en Inde et vous avez appris les différentes 125
Méthodes, Procédés et théories de la traduction. Vous avez également appris les mots techniques U
Techniques de comme les faux-amis, lacunes, sens figurés et sens propres ainsi que les
aspects intellectuels et affectifs. Nous vous conseillons de revoir la première
unité de Block 1 intitulé « Notions de base et Terminologie » et la troisième
unité de Block 2, intitulé « Négotiation du sens ».

Aujourd’hui, nous nous retrouvons pour une nouvelle unité au cours de


laquelle vous tout apprendre sur les unités de traduction, qui constituent la
base même de toute traduction. Ces unités de traduction vousà mieux
comprendre la phrase à traduire, ce qui est vital si on veut traduire
correctement. Ces mêmes unités de traduction sont également utilisées en
interprétation mais elles se présent sous une forme un peu différente dans ce
cas-ci. En interprétation, nous parlons d’unités de sens. Au cours de cette
unité, nous apprendrons les deux : unités de traduction et unités de sens.

Mais avant de nous lancer dans cette étude des unités de traduction, il est
d’une importance cruciale de bien comprendre le concept du signe
linguistique. Nous commencerons donc en étudiant ce signe linguistique, puis
on passera à l’étude des unités de traduction.

1.1.3 LE SIGNE
Dans leur livre « Stylistique comparée du français et de l’anglais », les
auteurs, Vinay et Darbelnet expliquent que tout message est composé
d’énoncé, et que tout énoncé comporte des signes linguistiques qui donnent
un sens au texte. Ces signes se relèvent soit du vocabulaire, soit de la
grammaire ou même de l’intonation.

Chaque signe est composé de deux parties : le signifié qui est le concept lui-
même et le signifiantqui est une image acoustique ou visuelle. C’est-à-dire
que lorsqu’on entend in mot ou un groupe de mots, deux faits se produisent
simultanément : 1) nous entendons le(s) mot(s), et, 2) une image apparaît
devant nos yeux, qui nous aide à comprendre le sens exact de ce(s) mot(s). Le
mot s’appelle le signifié et l’image, c’est-à-dire le concept, le signifiant.

Afin de mieux saisir ces concepts, considérez l’exemple suivant.

Un caniche

(le mot, ou lesignifié)

(https://depositphotos.com/stock-photos/poodle.html?qview=14406879)
L’image ou le signifiant
126
Si on n’a jamais vu un caniche, on aurait du mal à comprendre que c’est un Unités de traduction et
de l'interpretariat
type de chien dont les poils sont différents d’autres chiens. Par contre, si on
avait une image d’un caniche à l’esprit, on trouverait le mot équivalent
automatiquement, car il ne s’agit maintenant que de donner un nom à cette
image. En ce qui concerne la traduction, le signifiant aide énormément à
trouver le mot dans la langue d’arrivée.

Le concept de signe peut donc s’expliquer ainsi:

Signe

Le signifié lesignifiant

(la partie matérielle qui est verbale (la partie concanteptuelle, le

qui est verbale ou graphique référant + l’objet réel, l’image)

(qui est écrit en mots)

On pourrait également l’expliquer de de cette manière-ci :

Concept = mot + image


ou
Signe = le signifié + le signifiant

Souvent, pour bien comprendre le signe dont il est question, il s’agit de le


mettre en contexte. Par exemple : « a zebracrossing ». S’agit-il d’un zèbre en
train de traverser la rue, ou d’un passage piéton ? C’est ici que le signe
linguistique devient important en traduction. Vinay et Darbelnet conseillent
qu’on tient compte du contexte lors de la traduction et c’est pour cette raison
qu’ils suggèrent que le traducteur prenne en considération le contexte dans
lequel ce signe a été mentionné avant de chercher le terme équivalent dans la
langue d’arrivée.

Il faut noter que, parfois :


1. unsignifié peut renvoyer à plusieurs signifiants : Ex : oncle : oncle
paternel, oncle maternel
2. unsignifiantpeut renvoyer à plusieurs signifiés : Ex : pain : pain de
mie, baguette, pain complet, pain de campagne, etc.

Questions(environ 150 mots)


 Expliquez dans vos propres mots le concept de signe linguistique.
 Quelle est l’importance du signifié et du signifiant ?
127
Méthodes, Procédés et U
Techniques de
1.1.4 Unités de traduction

Il est vital de maitriser le concept des unités de traduction car on en besoin


tant en traduction qu’en interprétation. Il est vrai qu’en interprétation, on les
appelle unités de sens, mais si vous n’avez pas saisi ces unités de traduction,
l’interprétation devient plus compliquée. Certes, on les utilise en traduction et
en interprétation, mais n’oublions pas qu’un traducteur a du temps pour
compléter sa traduction, et donc pour identifier les unités de traduction, tandis
que l’interprète n’a pas du temps car celui-cidoit les identifieren temps
réel. Nous allons donc d’abord comprendre ces différentes unités de
traduction pour comprendre comment elles nous aident tant à traduire qu’à
interpréter. Il est essentiel de savoir que, avant d’arriver à l’étude des unités
de sens, il faut passer par les unités de traduction.

Qu’est qu’une unité de traduction ? Au fait, chaque unité de traduction


renvoie à un seul élément de pensée. Elle peut comporter un seul mot, ou
peut être composée de plusieurs mots. Chaque unité de transmet une seule
imagedans l’esprit du lecteur.

Considérons les exemples suivants :


Exemple d’un mot :Un canard dort sur l’herbe.
Nous constatons que chaque mot rend à une image qui explique son sens. On
peut donc dire que, dans ce cas, chaque mot est une unité de traduction. Nous
pourrions donc le transcrire de cette manière : Un / canard / dort/ sur/
l’herbe. Découpée de cette façon ; nous constatons qu’il n’y a aucune
ambiguïté en ce qui concerne le sens de chacun des mots.

Prenons un autre exemple :Il a pouffé de rire. Dans ce cas, nous constatons
que « pouffé de rire » rend une certaine image. Si nous prenons chacun de ces
mots séparément, nous pouvons très bien voir que le sens n’est pas aussi
clair. Dans cet exemple, c’est un groupe de mots qui rend l’image correcte.
C’est donc ainsi qu’il faudrait transcrire cette phrase : « Il / a pouffé de
rire/. »

Question (environ 150 mots)


 Est-ce que ces unités de traduction facilitent la compréhension d’une
phrase ? Justifiez votre réponse.

1.1.5 En traduction

En traduction, nous avons plusieurs types d’unités de traduction :unités


fonctionnelles, unités sémantiques, unités dialectiques, unités
prosodiques, unités simples, unités diluées, unités fractionnaires, groupes
unifiés, et expressions.
128
Unités de traduction et
de l'interpretariat
1.1.5.1 Unités fonctionnelles
Les unités fonctionnelles impliquent que chaque unité se trouve au sein d’un
même syntagme. Les unités fonctionnelles découpent la phrase en syntagmes.
C’est-à-dire qu’il s’agit des mots appartenant à un même syntagme comme
dans l’exemple suivant :
Mes amis /achètent /un appartement.
(SN) (SV)(SP)
Syntagmesyntagmesyntagme
nominalverbal propositionnel

Cette division nous aidentà bien identifier non seulement le sujet, verbe et
compléments de la phrase, mais aussi les propositions principales et
subordonnées dont celle-ci se compose. Une fois qu’on aura bien saisi les
différents components de la phrase, cela devient plus facile d’en comprendre
le sens. N’oublions pas qu’il est plus aisé à traduire si le sens de la phrase est
clair. Pour saisir correctement les idées que l’auteur a voulu exprimer dans la
phrase, il est essentiel de l’analyser. C’est de cette manière que les unités
fonctionnelles nous aident.

Questions (environ 150 mots)


 Expliquez l’importance des unités fonctionnelles dans vos langues de
travail en donnant des exemples.
 Trouvez des exemples des unités fonctionnelles dans une autre langue
que vous avez maîtrisée.

1.1.5.2 Unités sémantiques

Les unités sémantiques sont les unités qui traite du sens des mots. Il s’agit en
fait des mots composés comme bâteau-mouche, au-delà de, ou de
plusieurs mots qui, pris ensemble, rendent un seul sens comme au fur et à
mesure que, tout aussi bien que, etc.Pour saisir le sens, il faut prendre tous
ces mots ensemble.

Le tableau suivant vous explique la manière correcte de découper ces unités


sémantiques :

A B
 x
/bâteau-mouche / /bâteau / - / mouche /
/ au-delà de / / au / - / delà / de /
/ au fur et à mesure que / / au / fur / et / à / mesure / que /
/ tout aussi bien que / / tout / aussi / bien / que /

129
Méthodes, Procédés et La colonne A montre le découpage correct des unités sémantiques. Ce que U
Techniques de vous voyez dans la colonne B est un découpage incorrect qu’il faut éviter à
tout prix, car cela pourrait vous empêcher de trouver son sens correct.

Question
 Cherchez d’autres exemples des unités sémantiques en français et
dans votre langue maternelle.

1.1.5.3 Unités dialectiques

Les unités dialectiques sont les mots charniers ou les connecteurs logiques
comme : en effet, en conséquent, par contre, etc. Ces unités indiquent la
démarche de la pensée. En d’autres mots, elles expliquent la logique de
l’auteur/ orateur.
Pensez donc aux mots de liaison, surtout ceux qu’on utilise pour :
- énumération : d’abord, ensuite, après, enfin, premièrement,
troisièmement, en premier lieu, en dernier lieu, d’une part, etc.
- addition : en plus, également, etc.
- laision ou le résumé :en effet, alors, aussi, en fait, etc.
- conséquence:en conséquent, en conséquence, donc, etc.
- illustration ou comparasion :de sorte que, par contre, par exemple, en
particulier, comme le montre, etc.
- but :en vue de , pur que, afin de
- condition : à condition que, à moins que, etc.
- cause :car, c’est pourquoi, c’est pour cette raison que
- explication : puisque, effectivement, c’est-à-dire, etc.

Dans ce cas, on notera ces unités de cette manière :


/ en dernier lieu / non pas / en / dernier / lieu /, car pris ensemble, ce groupe
de mots rend un sens particulier, ce qui ne ressort pas clairement si on essaie
de comprendre chaque mot individuellement.
De même : / en conséquent /, / en effet /, / en vue de /, / à condition que /.
/c’est pour cette raison que /, / c’est-à-dire /, etc.

Questions
 Commentez l’importance des unités dialectiques. (150 mots)
 Trouvez d’autres exemples des unités dialectiques en français.
 Cherchez des exemples des unités dialectiques dans votre deuxième
langue de travail.
130
1.1.5.4 Unités prosodiques Unités de traduction et
de l'interpretariat
Les mots qui expriment une intonation constituent des unités prosodiques
comme : ça y est !,ça suffit !, / J’en ai assez !, / J’en ai marre !,Et voilà !.Dis
donc !.Et comment !, etc.
La manière correcte de noter ces unités est donc la suivante :
/ ça y est /. / ça suffit, / J’en ai assez /, / J’en ai marre /, / Et voilà /./ Dis donc
/. Et comment !,etc. et non comme cela : / ça / y est /. / ça / suffit, / J’en / ai/
assez /, / J’/en/ ai. marre /, / Et/ voilà /./ Dis/ donc /. Et / comment /.

La ponctuation tombe également dans cette catégorie : /./, /,/, / ;/. /:/, / ?/ / !/.
N’oublions pas que la poncutation joue un rôle vital pour donner un message.
Observez les exemples suivants :
 Elle est arrivée à l’heure.
 Elle est arrivée à l’heure !
 Elle est arrivée à l’heure ?

Nous voyons bien que le sens de ces trois phrases ne se ressemble pas du
tout, bien que les mots employés soient les mêmes. La ponctuation marque
cette différence. Et c’est précisément pour cette raison que la ponctuation fait
partie des unités prosodiques, aussi connus sous le nom des prosodèmes.

Questions
 Comment est-ce que les unités prosodiques vous aident à traduire
correctement ? (150 mots)
 Identifiez des unités prosodiques dans votre langue maternelle.

1.1.5.5 Unités simples


Lorsque nous trouvons un mot qui ne rend qu’une seule image, ou un seul
signifiant, il s’agit d’unités simples. Observons les exemples suivants :
enfant, Lyon, Inde, assiette, soleil, etc. Quand on lit ces mots, on comprend
tout de suite de quoi il s’agit. Il n’y existe aucune ambiguïté.
En voici un exemple : Je pars ce soir.
Nous noterions les unités simples de cette manière : Je / pars/ ce/ soir/.

Question
 Que comprenez-vous par les unités simples ? (150 mots)

1.1.5.6 Unités diluées


Parfois, nous utilisons plus d’un mot pour exprimer une image. Prenons
l’exemple de :tout de suite, poser sa candidatureà, de même que. au fur et à
mesure que, etc.Tous ces mots pris ensemble expriment un seul signifiant. Le
131
Méthodes, Procédés et sens n’est pas clair si nous prenons chaque mot individuellement. Il faut donc U
Techniques de les noter de la manière suivante : / tout de suite /, /poser sa candidature à/,
/au fur et à mesure que /. Ce type d’unités s’appellent des unités diluées.

Laquelle de deux options exprime le sens très clairement ?

a. tout/de /suite b./tout de suite/


a. poser/ sa /candidature /à/ b./poser sa candidature à/
a. de/même /que b. /de même que/
b. au / fur/ et/ à/ mesure/ que b./au fur et à mesure que/

Dans ce cas, c’est toujours l’option b, car dans l’option a. si on prend chaque
mot à la fois, cela ne rend pas à un signifiant. Au fait, on pourrait même dire
que pris séparément, cela ne veut rien dire. Par contre, la deuxième option
rend à un seul signifiant et donc on peut comprendre les sens plus facilement.

Questions
 Discutez l’importance des unités diluées. (150 mots)
 Cherchez d’autres exemples des unités diluées en français.
 Identifiez des exemples des unités dialectiques dans votre deuxième
langue de travail.

1.1.5.7 Unités fractionnaires


Les unités de fractionnaires représentent une partie d’un mot. Parfois, il est
possible de comprendre un mot différemment selon la manière qu’on l’utilise.
Regardez ces exemples :
1) prendre la ville (au cours d’une guerre), prendre au piège ;
2) percer ses dents, percer les oreilles

Dans les deux cas, les deux exemples rendent des signifiants absolument
distincts. Afin de saisir le vrai sens des verbes « prendre » et « percer », il est
essentiel de lire la phrase toute entière, car ce qui vient avec le verbe rend
l’image correct. Dans les exemples cités ci-dessus, il s’agit de la ville, du
piège, des dents ou des oreilles, qui changent complètement le sens du verbe.
Afin de bien comprendre le sens, il faudra donc faire les découpages
suivants :
1) /prendre la ville/, / prendre au piège/ ;
2) /percer ses dents /, /percer les oreilles/

Dans ces exemples, /prendre la ville /, / prendre au piège/ ; et /percer ses


dents /, /percer les oreilles/ sont considérés comme des unités fractionnaires
car le verbe fait partie du sens.
132
Quelques fois, c’est l’intonation qui dira s’il s’agit d’une unité fractionnaire : Unités de traduction et
de l'interpretariat
black board, et blackboard. Il est clair que le sens est très distinct entre les
deux exemples. La manière de prononcer ces mots expriment des signifiants
différents. Dans le premier cas, il peut s’agir d’une planche qui est noir, dans
le deuxième cas, cela signifie un tableau noir. Le mot « black » fait partie de
l’unité fractionnaire.

Questions
 Commentez la signification des unités fractionnaires. (150 mots)
 Cherchez des exemples d’unités fractionnaires dans votre deuxième
langue.

1.1.5.8 Groupes unifiés


Les groupes unifiésreprésentent des idiotismes. Comme nous le savons tous,
les idiotismes sont des expressions figées qui existent dans toutes les langues.
Nous ne pouvons rien changer aux idiotismes, car d’habitude, ils sont
invariables. En voici certains exemples d’idiotismes français : comment ça
va ?Bon courage ! Santé !

D’autres idiotismes comportent des verbes qu’il faut conjuguer, mais le reste
est invariable :
être au courant, avoir quelque chose au bout de la langue, mettre les points
sur les « i », etc.
Dans ces cas, on les noterait de cette manière : / comment ça va ?/. /Bon
courage !/, /Santé !/, /être au courant/, / avoir quelque chose au bout de la
langue/, /mettre les points sur les « i »/, etc.

Question
 Trouvez des idiotismes dans vos deux langues de travail.

1.1.5.9 Groupements par affinité


Les groupements par affinité sont des groupes de mots qui correspondent aux
locutions. Il existe plusieurs types de locutions en français. Cependant, nous
allons les classer différemment : les locutions d’intensité, les locutions
verbales ainsi que les locutions adjectivales et adverbiales.

1.1.5.9.1 Locutions d'intensité (centrés sur un nom, adjectif, participe


passé ou verbe)

Les locutions d’intensité sont celles qui sont axées sur un nom, un adjectif, un
participe passé ou un verbe. En voici quelques exemples.
 Locutions d’intensité centrées sur un nom
 Eté indien : Nous jouissons d’/ un été indien/. 133
Méthodes, Procédés et  Des connaissances approfondies : Il a /des connaissances U
Techniques de approfondies/ sur ce sujet.
 Un hiver rigoureux : Il existe /un hiver rigoureux/ au nord du
Canada.
 Faim de loup : Cet enfant a /une faim de loup/.
 Tremblement de terre : Ce pays connait plusieurs /
tremblements de terre/.
 Locutions d’intensité centrées sur un adjectif, un participe passé
ou un verbe
 Gravement affecté par : L’économie mondiale a été/
gravement affectée/ par la guerre.
 Sévèrement frappé par : La région a été / sévèrement frappé
par / l’ouragan.
 Fortement atteintpar : L’économie mondiale a été / fortement
atteinte par / la pandémie.
 Sourd comme une pierre : Celui-ci est/ sourd comme une
pierre /.
 Bien s’amuser : Les invités se sont / bien amusés /.

Questions
 Quelle est l’importance des locutions d’intensité ? (150 mots)
 Quelle est la signification des groupements par affinité en
traduction ?(150 mots)
 Cherchez des exemples dans votre deuxième langue de travail.

1.1.5.9.2 Locutions verbales

Les locutions verbales comptent comme une unité de traduction, puisqu’il n’y
a aucun autre moyen d’exprimer le même signifié dans la langue d’arrivée.
Regardez ces exemples :poser sa candidature, réussir un examen, mettre
en lumière, pouffer de rire.
 Poser sa candidature : Il faut / poser sa candidature / avant la fin du
mois.
 Réussir un examen : Pour obtenir une place à l’université, il est
essentiel de / réussir cet examen/.
 Etablir un plan d’action : Il faudra tout d’abord / établir un plan
d’action / avant de commencer le travail.
 Mettre en lumière : Cet article / met en lumière / tous les aspects
importants de ce débat.
 Faire appel : Il sera essentiel de / faire appel / aux scientifiques pour
134 mener ce projet à terme dans les délais voulus.
Question Unités de traduction et
de l'interpretariat
 Identifiez des locutions verbales dans votre langue maternelle.
Trouvez leurs équivalents en français. Que constatez-vous au niveau
des mots et de la structure ?

1.1.5.9.3 Locutions adjectivales et adverbiales

Les locutions adjectivales et adverbiales forment également des unités de


traduction. Observez les exemples suivants :
 sans problème : Il a réussi à le construire / sans problème /.
 de manière aléatoire: Les échantillons pour cette étude ont été
sélectionnés / de manière aléatoire / .
 à l’heure actuelle : Voici le position / à l’heure actuelle /.
 en grand nombre :Les manifestants sont venus / en grand nombre /.
 tout grand :Dans de telles situations, il faut ouvrir / tout grand / nos
cœurs.

Question
 Identifiez des locutions verbales adjectivales et adverbiales dans votre
deuxième langue de travail.

1.1.5.10 Divers
Certaines expressions constituent également des unités de traduction. Il s’agit
des expressions que nous utilisons pour exprimer une certaine idée, qu’il
serait difficile d’exprimer autrement. Considérez les exemples suivants:
 Perdre du temps : On / perd du temps / à chercher des produits dans
un magasin qu’on ne connaît guère !
 Placer sur écoute : Mon voisin est sous surveillance et sa ligne
téléphonique est / placée sur écoute /.
 Régime des précipitations : Toute modification en / régime des
précipitations / peut complètement bouleverser l’écosystème de la
région.
 Mettre en pratique : Il s’agit de / mettre en pratique / tout ce qu’on a
appris.
 Mise en garde : Il vient de nous /mettre en garde/ contre cette
association.

Question
 Trouvez des expressions pareilles dans votre langue maternelle.
135
Méthodes, Procédés et U
Techniques de
1.1.6 La signification des unités de traduction
Les phrases françaises sont généralement très complexes. Souvent, on peut
avoir des difficultés à les comprendre. Tant que le sens de la phrase ne ressort
pas clairement, la traduction reste un défi. Regardez la phrase suivante :

« Étant donné qu’il existe en ce moment une crise pétrolière, il est fort
probable que les prix du pétrole continueront à grimper en flèche, ce qui
entraînera tout d’abord une hausse considérable des prix des produits de
consommation, suivi par une décélération économique due au ralentissement
de la production, qui aura pour effet de mettre les gens au chômage, qui à son
tour, aurait pour conséquence le fait qu’on n’aura plus suffisamment de
rémunération pour acheter des denrées alimentaires, car cette augmentation
des cours de pétrole aurait également un impact direct sur les prix des
denrées. »

Essayons maintenant de découper cette phrase en utilisant les différentes


unités de traduction que nous avons apprises. Reprenons la même phrase qui
a été découpée en unités de traduction :

« Étant donné qu’/ il existe / en ce moment /une crise pétrolière/, il est /fort
probable que /les prix/ du pétrole /continueront/ à /grimper en flèche/, ce qui
/entraînera/ tout d’abord /une hausse considérable/ des prix/des produits de
consommation/, suivi par/ une/ décélération économique/ due au
/ralentissement/ de /la production, /qui /aura pour effet/ de/ mettre les gens/
au chômage/, qui/ à son tour/, aurait pour conséquence/ le fait /qu’on n’aura
plus /suffisamment /de/ rémunération /pour acheter/ des denrées
alimentaires/, car /cette /augmentation/ des cours de pétrole/ aurait/
également/ un impact direct /sur les prix /des denrées/. »

Ce qui est important de noter est qu’il n’existe pas une seule manière de
découper les phrases. Il est possible de faire ces découpages différemment,
mais en faisant attention aux unités fonctionnelles, unités sémantiques,
unités dialectiques, unités prosodiques, unités simples, unités diluées,
unités fractionnaires, groupes unifiés, etaux expressions. N’oublions pas
que l’objectif des unités de traduction est de vous aider à mieux saisir le
sens de la phrase, sans quoi la traduction devient plus obscure.

Question
 Examinez les deux phases citées ci-dessus. Laquelle est plus facile à
comprendre ? Pourquoi ?

1.1.7 En interprétation
En interprétation, il existe de différents types d’unités de traduction que nous
appelons les unités de sens, ou unités de pensées. Que sont ces unités et en
136
quoi diffèrent-elles des unités de traduction ? Essayons de comprendre tout Unités de traduction et
de l'interpretariat
cela.

1.1.7.1 Différence entre unités de traduction et unités de sens


Les unités de sens, ou unités de pensées, relèvent du domaine de
l’interprétation. Il faut savoir que l’interprétation est très distincte de la
traduction. La différence la plus importante est que l’interprétation est une
traduction orale qui se fait en temps réel, c’est-à-dire tout de suite. Les
interprètes n’ont guère le temps de chercher les mots, ni de réviser ou
corriger leur traduction, ce qui tout-à-fait le contraire du travail effectué par
les traducteurs. Essayons de saisir cette différence.

Le traducteur a du temps avant de soumettre sa traduction. Il utilise ce temps


pour bien comprendre le texte à traduire en faisant des unités de traduction
sur le texte. Il peut alors revoir le texte afin de s’assurer qu’il l’a bien
compris. C’est ensuite qu’il le traduira. Il aura aussi le temps pour réviser et
améliorer sa traduction. Tout se fait par écrit.

L’interprète, lui, n’a pas le temps de faire tout ce travail par écrit. Au
contraire, ce dernier doit transformer les mots prononcés par l’interlocuteur
en images mentalement, et au fur et à mesure que l’interlocuteur continue à
parler. L’interprète doit exprimer ces images tout-de-suite. Ces images sont
rendues par des unité de pensées, connues aussi sous le nom des unités de
sens. Il faut se rappeler que ces dernières ne sont notées sur un document,
elles se trouvent dans le cerveau de l’interprète. Dans le cas de
l’interprétation, les unités de sens se traduisent oralement. L’interprète ne
peut pas revenir en arrière ni pour la correction, ni pour la révision des
termes/mots qu’il a utilisé sinon il risque de perdre le rythme du discours et
en l’occurrence, il risque d’avoir des pertes dans son interprétation, ce qui est
inacceptable. Et c’est pour cette raison qu’il est essentiel que l’interprète ait
maîtrisé les unités de traduction ainsi que les unités de sens.

1.1.7.2 Les unités de sens


Les unités de sens aident les interprètes à transformer les mots en images
mentalement. Ces unités représentent des unités de pensées. Bien entendu,
cela devient plus facile s’ils ont déjà bien les concepts des signe, signifié,
signifiant, et toutes les catégories des unités de traduction, car les unités de
sens comprennent les unités de traduction que nous venons d’étudier.
Essayons de mieux saisir le concept de ces unités de sens et de comprendre la
différence entre les unités de traduction et les unités de sens.

La parole est composée de mots qui renvoient à des idées. Si on parle d’un
chien berger allemand, l’image qui vient automatiquement à l’esprit est celle-
ci :
137
Méthodes, Procédés et U
Techniques de

(https://www.istockphoto.com/photo/german-shepherd-1-year-old-sitting-in-
front-of-white-background-gm1137958223-
303625355?utm_source=unsplash&utm_medium=affiliate&utm_campaign=s
rp_photos_top&utm_content=https%3A%2F%2Funsplash.com%2Fs%2Fpho
tos%2Falasation-dog&utm_term=alasation%20dog%3A%3A%3A)

C’est cette image qui donne lieu au mot correct. Regardez :

Un An alsatian dog
chienbergerallemand

(https://www.istockphoto.com/photo/german-shepherd-1-year-old-sitting-in-
front-of-white-background-gm1137958223-
303625355?utm_source=unsplash&utm_medium=affiliate&utm_campaign=s
rp_photos_top&utm_content=https%3A%2F%2Funsplash.com%2Fs%2Fpho
tos%2Falasation-dog&utm_term=alasation%20dog%3A%3A%3A)

Dans le cas de l’interprétation, ce sont les images rendues par les mots
utilisés par l’orateur qui se transforment en images dans l’esprit de
l’interprète. Si nous regardons l’exemple donné ci-dessus : « chien berger
allemand » forme une unité de traduction et renvoie à une image particulière.
Si on avait dit « chien », l’image aurait été toute autre.

Prenons un autre exemple : un hiver rigoureux rendrait l’image suivante :

138
Unités de traduction et
de l'interpretariat

(https://www.istockphoto.com/photo/young-woman-portrait-on-a-cold-
winter-day-gm530509075-
54876316?utm_source=unsplash&utm_medium=affiliate&utm_campaign=sr
p_photos_top&utm_content=https%3A%2F%2Funsplash.com%2Fs%2Fphot
os%2Ffreezing-winter&utm_term=freezing%20winter%3A%3A%3A)

Une fois que l’image est claire, il suffit que l’interprète exprime cette même
image dans l’autre langue.

Bien que les unités de traduction soient les mêmes tant en traduction qu’en
interprétation, il faut souligner certaines différences dans la manière de les
traiter. En traduction, puisqu’il s’agit d’un texte écrit, le traducteur a du
temps de réfléchir pour déchiffrer les unités de traduction. L’interprète, lui,
n’a pas de temps pour effectuer cette tâche. L’interprète voit les images
rendues par les mots et les exprime tout de suite. L’interprète ne peut pas
se permettre d’avoir des doutes sur les unités de traduction.

On pourrait donc expliquer la manière dont fonctionnent ces unités de sens de


cette façon :

Les idées
exprimées par Les mêmes
l’interlocuteur Images images exprimées
en langue A en langue B

Autre distinction entre les unités de traduction et les unités de sens est
l’intonation qui joue un rôle essentiel pour le message correct. En traduction,
la ponctuation joue ce rôle, en interprétation, l’intonation rend le sens précis.
Donc, l’interprète doit transformer tout ce qu’il entend en images selon le
sens des mots utilisés et l’intonation, les analyser et les exprimer dans sa
langue d’arrivée.

139
Méthodes, Procédés et En interprétation, il s’agit de « déverbaliser » les paroles de l’interlocuteur et U
Techniques de les réexprimer dans une autre langue1. Le processus de traduction se trouve
au niveau des pensées ; en traduction, il s’agit de lire, déchiffrer le sens du
message tout entier que le traducteur a devant lui à l’aide des unités de
traduction, et ensuite aborder la traduction du document. En interprétation, il
arrive souvent que l’interprète ne puisse voir le message tout entier, car son
travail se centre sur les paroles de l’interlocuteur, et le message se révèle
petit-à-petit. Ce qui n'est pas du tout le cas pour le traducteur qui a le message
tout entier devant lui et peut, en cas de doutes quant au sens, se référer au
texte original afin de s’assurer que les mots qu’il utilise rend en effet le
message correct. Ce dernier peut toujours repenser les découpages des
phrases à traduire selon le sens global du texte.

Question
 Expliquez les unités de sens.

1.1.8 Résumons
La traduction d’un texte signifie transmettre le message exprimé par l’auteur
dans une langue autre que celle dans laquelle le texte original avait été rédigé.
Avant d’entreprendre la traduction, il s’agit de comprendre le message rendu
par les mots utilisés par l’auteur.

Pour ce faire, il s’agissait tout d’abord de comprendre ce qu’un signe


linguistique, un signifié et un signifiant. Nous avons également appris que,
parfois, un signifié pouvait avoir plusieurs signifiant. On a aussi vu qu’il se
pouvait aussi qu’un signifiant pouvait se rendre à plus d’un signifié.

Ceci nous a fait comprendre qu’il était absolument essentiel de comprendre le


sens exact des mots. C’est précisément pour cette que nous utilisons les
unités de traduction. Nous avons appris que ces unités de traduction
pouvaient se classer de la manière suivante : unités fonctionnelles, unités
sémantiques, unités dialectiques, unités prosodiques, unités simples,
unités diluées, unités fractionnaires, groupes unifiés, et expressions.

Bien qu’il existe de plusieurs façons de découper les phrases pour faire
ressortir le sens des mots, il faut toujours garder à l’esprit les différentes
catégories des unités de traduction qui contribuent à tirer au clair le sens des
mots utilisés par l’auteur.

Nous avons également appris qu’en interprétation, nous utilisons les unités de
sens. Nous avons étudié la manière dont elles fonctionnent, et comment elles
nous aident à saisir le sens des paroles énoncées par l’interlocuteur.

1
Seleskovitch, D. and Lederer, M., Interpréter pour traduire. Paris, Didier
140 Erudition, 1984, p. 412.
Nous pouvons donc conclure que toutes ces unités de traduction ainsi que les Unités de traduction et
de l'interpretariat
unités de sens sont essentiellestant à la traduction qu’à l’interprétation.

Références :
Vinay, J.P., Darbelnet J., Stylistique Comparée du français et de l’anglais.
Seleskovitch, D. and Lederer, M., Interpréter pour traduire.

1.1.9 Questions (environ 250 mots)


1. Expliquez le signe linguistique et son importance en traduction.
2. Discutez les différentes unités de traduction.
3. Quelle est l’importance des unités de traduction ?
4. Discutez le rapport entre images et unités de traduction.
5. En quoi est-ce que les unités de sens diffèrent-elles des unités de
traduction ?

1.1.10 Glossaire
Syntagmenominal : le sujet
Syntagmeverbal : le verbe
Syntagme propositionnel : le complément
Percer ses dents : se dit lorsqu’un enfant a ses premières dents
Percer les oreilles : se dit d'un bruit très aigu et d'une intensité très
désagréable
Sourd comme une pierre : se dit d’une personne qui ne peut absolument rien
entendre

1.1.11 Lectures suggérées


Delisle, Jean, La Traduction Raisonnée, Manuel d’initiaition à la Traduction
Professionnelle anglaise-français.

Vinay, J.P., Darbelnet J., Stylistique Comparée du français et de l’anglais

141
Méthodes, Procédés et
Techniques de
UNITE 2 PRATIQUES ET OUTILS
ERGONOMIQUES
Structure
2.2.1 Objectifs
2.2.2 Introduction
2.2.3 La lecture
2.2.4 La recherche
2.2.4.1 Types de recherche
2.2.4.1.1 Recherche verticale
2.2.4.1.2 Recherche horizontale

2.2.5 Les outils


2.2.5.1 Dictionnaires
2.2.5.1.1 Dictionnaires unilingues
2.2.5.1.2 Dictionnaires bilingues
2.2.5.1.3 Dictionnaires spécialisés
2.2.5.2 Encyclopédies
2.2.5.3 Publications
2.2.5.4 Textes parallèles
2.2.5.5 Internet
2.2.5.6 Glossaires
2.2.5.7 Outils ergonomiques utilisés en interprétation
2.2.5.8 Outils de TAO et TAI
2.2.5.8.1 En traduction
2.2.5.8.2 En interprétation

2.2.6 Résumons
2.2.7 Questions
2.2.8 Glossaire
2.2.9 Lectures suggérées

2.2.1 Objectifs
Cette unité vous aidera à mieux comprendre la manière de vous préparer pour
un projet de traduction et d’interprétation. Nous examinerons les types de
recherche qu’il est possible d’entreprendre. Nous discuterons également les
différentes sources de recherche, ainsi que les outils ergonomiques qui
rendent la traduction, et l’interprétation, plus facile. Enfin, nous étudierons la
manière de procéder en traduction, ainsi qu’en interprétation.

142
Pratiques et outils
2.2.2 Introduction ergonomiques

Avant d’entreprendre un projet de traduction ou d’interprétation, il est


essentiel de comprendre à fond le sujet et d’avoir bien saisi la terminologie
avant même de commencer le projet. Lorsque le traducteur comprend
aisément tant le sujet du texte à traduire, ainsi que la terminologie, cela
facilite sa tâche. Il en va de même pour l’interprète : s’il est bien au courant
de sujet sur lequel porte les discussions, et pourvu qu’il sache le vocabulaire
appartenant au même domaine, son travail deviendra plus aisé.

Cette préparation doit donc se porter sur deux niveaux : premièrement, la


recherche sur le(s) sujet(s) et deuxièmement la terminologie.

Cette unité traitera de cette préparation. Les différentes sources de recherche


seront examinées, ainsi que les types de recherche dont ont besoin la
traduction et l’interprétation, qui rendent la compréhension du sujet plus
facile. On essaiera également de voir d’où le traducteur et l’interprète
cherchent la terminologie. Enfin, on mettra le point sur la manière de
procéder à un projet de traduction ou d’interprétation.

2.2.3 La lecture
Avant de se lancer dans une traduction, il est essentiel de se familiariser avec
le texte à traduire. Souvent, il est nécessaire de lire le texte plusieurs fois. La
première lecture vous aidera à comprendre le sens global du texte. Lors de la
deuxième lecture, il faudra identifier les idées importantes. Il se peut que
vous ayez besoin de plus davantage de lectures pour les identifier, selon la
complexité du contenu.

C’est au cours de la lecture suivante qu’il faudra noter la terminologie et les


expressions que vous ne connaissez pas et qu’il faut rechercher. Il se peut
aussi que le document utilise des mots dont le sens ne vous soit pas clair.
Rappelez-vous que tant le sens est obscur, traduire le texte deviendra d’autant
plus compliqué.

Une fois que vous avez bien saisi le sens, identifié les idées importantes et
noté la terminologie, c’est alors que débute la phase suivante : la recherche.

Question
 Pourquoi faut-il faire plusieurs lectures avant de se lancer dans un
projet de traduction ?

2.2.4 La recherche
Une fois la lecture terminée, nous pouvons procéder à l'étape suivante : la
recherche. Il est essentiel de bien saisir le sujet du texte que vous allez
143
Méthodes, Procédés et traduire, surtout si vous désirez rendre une traduction fidèle et cohérente.
Techniques de
Nous avons déjà discuté les raisons pour lesquelles la recherche est
importante; il s’agit maintenant de savoir ce qu'il faut rechercher et d’étudier
les différentes sources de recherche qui nous sont disponibles. Nous allons
également examiner les différents types de recherches qu’il est possible
d’entreprendre avant de se lancer dans la traduction.

2.2.4.1 Types de recherche


Il existe en fait deux types de recherches : la recherche verticale et la
recherche horizontale. Toutes les deux portent autant d’importance tant en
traduction qu’en interprétation. Essayons d’abord de les comprendre.

2.2.4.1.1 Recherche verticale : La recherche verticale signifie en fait une


recherche approfondie sur un certain sujet. Supposons qu’il s’agit d’un texte
décrivant les effets de serre. Tout d’abord, il s’agit de se demander ce que
vous connaissez à propos des effets de serre : de quoi s’agit- il ? Quels sont
ces effets ? Il faudra donc rechercher tout sur les effets de serre.

Cette recherche se porte non seulement sur le sujet lui-même mais aussi sur la
terminologie. Il est toujours conseillé de faire cette recherche tant dans la
langue e départ que dans la langue d’arrivée. La première vous aidera à
comprendre le sujet. Supposons que vous cherchez les effets de serre en
français (langue de départ) et que les concepts ne sont toujours pas clairs, il
faudrait continuer vos recherches afin de mieux les saisir.

Revenons à l’exemple des effets de serre. Vous commencerez sans doute à


rechercher ce que sont que les effets de serre. Est-ce que cette première
recherche vous a suffis pour comprendre les concepts ? Si non, quels sont les
concepts qui ne sont toujours pas clairs ? Votre recherche se portera
maintenant sur les concepts que vous n’avez pas encore saisis. Il faudra
continuer ainsi jusqu’à ce que tous les concepts soient absolument clairs.

En fait, vous venez d’entreprendre une recherche approfondie portant sur un


seul sujet. Vous donc de faire une recherche verticale.

Ce type de recherche se fait plutôt en traduction.

2.2.4.1.2 Recherche horizontale: la recherche horizontale implique une


recherche approfondie portant sur plusieurs sujets pour comprendre le
texte. Il se peut que le document traite de plusieurs sujets. Prenons l’exemple
d’un article se portant sur l’hygiène. En traduction, une première lecture du
texte révèlera les divers sujets sur lesquels se portent le texte. Il faudra donc
faire une recherche verticale sur chacun des sujets mentionnés dans le texte.
144
A l’encontre du traducteur qui peut lire le texte et donc à un excellent aperçu Pratiques et outils
ergonomiques
du sujet à traduire, l’interprète, lui, ne reçoit que quelques documents pour lui
donner une idée du thème sur lequel porterait les discussions qu’il devrait
interpréter. Outre les sujets mentionnés dans ces documents, il arrive toujours
qu’on discutera d’autres sujets lors des discussions.

L’interprète devrait donc prendre un peu de temps pour anticiper tous ces
sujets-là avant d’entreprendre une recherche horizontale, ce qui l’aidera tant à
saisir à fond l’objectif des discussions qu’à se familiariser avec la
terminologie.

Supposons que les discussions se portent sur la musique. Sur quel aspect de
la musique se porterait les discussions ? Le genre de musique, les
instruments, l’orchestre, le mixeur de sons…? Tout est possible. Il faut donc
que l’interprète comprenne aisément tous ces différents aspects de la musique
et qu’il connaisse la terminologie. Il est donc préférable qu’il entreprenne une
recherche horizontale qui se porterait sur tout ce qui est associé avec la
musique.

C’est pour cette raison qu’on préfère que les interprètes fassent une recherche
horizontale.

Questions:
 Expliquez la recherche verticale.
 Discutez la recherche horizontale.
 Quel type de recherche est conseillé aux interprètes ? Justifiez votre
réponse.

2.2.5 Les outils


Il existe certains outils qui contribuent énormément à cette recherche comme
des différents types de dictionnaires, encyclopédies, publications, internet,
etc. Nous allons essayer d’examiner la manière de les utiliser pour
entreprendre cette recherche.

2.2.5.1 Dictionnaires
Commençons par les dictionnaires. Il en existe plusieurs, lesquels doit-on
utiliser ? Saisir la différence entre ces dictionnaires est essentiel tant en
traduction qu’en interprétation.

2.2.5.1.1 Dictionnaires unilingues : ces dictionnaires servent à comprendre


le sens d’un mot. Il arrive souvent que les mots ont des sens différents selon
145
Méthodes, Procédés et le contexte. Êtes-vous sûr d’avoir compris le sens correct du mot dans son
Techniques de
contexte ? Il faut toujours vérifier le sens du mot, d’abord dans la langue de
départ pour s’assurer que le sens est correct avant de passer à la traduction.
Le dictionnaire Larousse1 donne de nombreux sens pour le verbe « arrêter » :

1. Empêcher un être ou une chose d'aller plus avant, de continuer son mouvement ;
assujettir, maintenir en place, bloquer une chose mobile

2. Interrompre, faire cesser le fonctionnement d'un mécanisme, d'un appareil

3. Interrompre, stopper un mouvement, un processus, une évolution

4. Suspendre, faire cesser une action, une entreprise en cours

5. Interrompre, cesser ce qu'on est en train de faire

6. Empêcher quelqu'un de poursuivre son action, ses desseins ; en particulier, empêcher


quelqu'un de parler, l'interrompre

7. Appréhender quelqu'un par autorité de justice ou de police, l'incarcérer

8. Familier. Autoriser quelqu'un à suspendre son travail pour raison de santé

9. Attacher les yeux ou concentrer une faculté sur quelque chose, quelqu'un, pour
observer, étudier, comprendre

10. Fixer, décider quelque chose de façon précise et définitive ; édicter par un arrêté

11. Faire l'arrêté d'un compte

(Dictionnaire Larousse,
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/arr%C3%AAter/5383)

On constate qu’il est possible pour un même mot d’avoir des sens différents
selon le contexte. Avant de trouver le terme équivalent dans la langue
d’arrivée, il faut s’assurer que le sens du mot est correct. Il est donc essentiel
de d’abord vérifier le sens du mot dans un dictionnaire unilingue. Une fois
que le sens exact a été déterminé, il sera alors possible de passer à la
traduction.

2.2.5.1.2 Dictionnaires bilingues : ceux-ci ne vous donnent pas le sens des


mots. Ils vous aideront à retrouver l’équivalent de ce même mot de la langue
d’arrivée. Malheureusement, ceci n’est pas aussi facile que vous l’imaginez.
Les dictionnaires bilingues offrent de multiples options. En voici un
exemple :

1
Dictionnaire Larousse,
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/arr%C3%AAter/5383https://www.larousse.f
146 r/dictionnaires/francais/arr%C3%AAter/5383.
Pratiques et outils
ergonomiques

(https://www.linguee.com/french-english/translation/tuyau.html
english/translation/tuyau.html)

Nous pouvons voir que plusieurs exemples sont sugg suggérés. Le traducteur doit
choisir le mot correct, qu’il ne pourrait pas faire sans avoir vvérifier le sens du
mot dans la langue de départ. Ce n’est que, une fois que le sens est clair, qu’il
faudra chercher son équivalant dans un dictionnaire bilingue.
Prenons un autre exemple : « lot »

(https://www.wordreference.com/fren/lot)
147
Méthodes, Procédés et Les exemples cités aident le traducteur à chercher la terminologie correcte
Techniques de dans le domaine mentionné dans le document à traduire. Or, il ne faut surtout
pas oublier de vvérifier
érifier le sens du mot dans la langue de départ car cela aide le
traducteur à faire le bon choix.
Il existe plusieurs dictionnaires bilingues. Vous trouverez également des
dictionnaires multilingues qui vous aideront à trouver le mot approprié.
Il est possible de trouver ces dictionnaires enligne. Voici les noms de
quelques dictionnaires multilingues qu’il est possible de consulter enligne :
Reverso, WordReference, Linguee, Collins, Larousse, etc.
Tous ces dictionnaires offrent de multiples options. C’est au traducteur d’en
choisir la meilleure qui ne modifierait pas le sens.

2.2.5.1.3 Dictionnaires spécialisés : Il existe également des dictionnaires


multilingues portant sur des sujets spécifiques comme l’informatique, les
finances, les sciences, la technologie, etc. Il est possible de les trouver
enligne. Un excellent dictionnaire qui offre des solutions dans plusieurs
domaines est le granddictionnaire.com.
Voici la manière d’utiliser le grand dictionnaire : tapez le mot dont vous
cherchez l’équivalent. Choisissez le domaine (technologie, médecine,
finances, informatique, climat, etc.). Vous obtiendrez un certain nombre de
solutions. Encore une fois, c’est à vous d’en choisir la meilleure.
En voici un exemple. Nous allons rechercher le terme équivalent du mot
« conduite »

148 (pris du granddictionnaire.com, https://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/Resultat.aspx)


Lorsque nous avons mis le mot « conduite » dans la boite de recherche, nous Pratiques et outils
ergonomiques
obtenons plusieurs résultats, qui sont classés selon les domaines dans lesquels
ce mot est utilisé. Observez la colonne
lonne à gauche : elle nous fournit tous les
domaines différents. La colonne à droite nous offre des termes équivalents.
Chaque option comporte le domaine et fournit également le terme équivalent
dans ce domaine, et nous donne des exemples en utilisant les termes corrects.

Il est également possible de trier les domaines pour retrouver plus vite le
terme exact. Il suffit de cocher les domaines qui font l’objet de la recherche.
Par exemple, si la recherche se porte sur la plomberie, il faudrait cocher tous
les
es domaines pertinents, par exemple la plomberie et l’eau, et ensuite cliquer
sur « appliquer ». Voilà ce que l’on obtiendrait :

(https://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/Resultat.aspx)

Si, par contre, le traducteur n’est pas sûr du domaine, il vaut mieux cliquer
sur « Décrocher tout », ce qui offrira toutes les options possibles.

Questions :
 Quelle est la différence entre les dictionnaires unilingues, bilingues et
spécialisés ?
 Discutez l’importance des dictionnaires unilingues.
 A quoi servent les dictionnaires bbilingues/multilingues ?
 Quel est l’importance des dictionnaires spécialisés ?
149
Méthodes, Procédés et 2.2.5.2 Encyclopédies : les encyclopédies dans un très grand nombre de
Techniques de
langues sont disponibles enligne. Il est parfois nécessaire de les consulter
pour mieux saisir un concept.

2.2.5.3 Publications : il existe plusieurs sites web qui publie des articles
de recherches sur divers sujets. Il est facile de trouver des renseignements sur
n’importe quel thème. Ces articles aideront également le traducteur à trouver
des termes équivalents.

2.2.5.4 Textes parallèles : il s’agit des textes traitant des situations


similaires, ou des idées semblables à ceux qui se trouvent dans le texte à
traduire. Supposons que vous devez traduire un texte portant sur une tribu
indigène habitant une certaine région. Essayez de trouver un texte dans la
langue d’arrivée portant sur cette même tribu. Il est certainement possible
qu’il existe un grand nombre d’articles traitant de ce sujet. Ces textes
parallèles aideront tant à comprendre le document qu’il faut traduire, que de
trouver la terminologie à utiliser lors de la traduction.

Pour trouver ces textes parallèles, il faut chercher sur l’internet les articles sur
les mots clés mentionnés dans le texte. Prenons par exemple le texte suivant :

« Le bassin de la Latte est surtout étendu en rive gauche (Fig. 3). Sur ce
versant, au-dessus de la station limnigraphique, un large replat prolonge
vers l'aval la topographie en berceau de la tête du vallon. En arrière de
roches peu altérées, les sols restent ici engorgés pendant toute la saison
humide. L'écoulement pérenne du ruisseau de la Latte débute un peu en
amont du limnigraphe, au niveau d'une zone sourceuse2 ».

Il s’agit d’abord d’identifier les mots clés dans ce texte. Dans cet exemple, les
mots clés sont : le bassin de la Latte et la station limnigraphique.

Il est évident que ce texte traite du bassin de Latte. Donc, il faudra d’abord
procéder à une recherche verticale sur le bassin de Latte et puis sur une «
station limnigraphique ».

Voici un texte portant justement sur ce bassin.

« Le bassin de la Latte (Fig. 3) présente un très grand versant de rive


gauche, incisé de ravines aux écoulements épisodiques, et parcouru par une
piste ouverte en 1989. En contre-haut de la station limnigraphique, ce

2
Martin, Claude, Didon-Lescot Jean-François, Influence d’une coupe forestière et du
reboisement sur le fonctionnement hydrologique du bassin versant de la Latte (Mont-
Lozère, France, p.8, HAL, Open Science, le 6 décembre, 2012, Claude Martin, Jean-François
Didon-Lescot. Influence d’une coupe forestière et du reboisement sur le fonctionnement
hydrologique du bassin versant de la Latte (Mont-Lozère, France). Etudes de Géographie
Physique, UMR 6012 ”ESPACE” - Équipe G.V.E. 2012, XXXIX, pp.5-20. ffhal-00762109,
150 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00762109/document.
versant est coupé par un large replat qui prolonge vers l'aval la topographie Pratiques et outils
ergonomiques
en berceau de la tête du vallon. Sur ce replat, des roches peu altérées
forment un barrage derrière lequel les sols restent engorgés pendant toute la
saison humide. L'écoulement pérenne du ruisseau de la Latte débute un peu
en amont du limnigraphe, au niveau d'une zone sourceuse alimentée par le
versant occidental3. »

Remarquez que ce deuxième texte n’est pas tout-à-fait identique à l’original,


mais se porte quand même sur le bassin de Latte, et nous familiarise avec la
terminologie utilisée dans le domaine des bassins. Ce deuxième texte
qualifiera donc de « texte parallèle ».

En ce qui concerne « station limnigraphique », une recherche révèle la


définition que ce terme est défini par le site web des données du Centre
de Développement Durable du Gouvernement français
(http://www.donnees.centre.developpement-
durable.gouv.fr/Sta_Jau/definitions.htm) de la manière suivante :
« - de stations limnimétriques et limnigraphiques ; lorsqu’on observe
essentiellement les hauteurs d’eau en un point d’une rivière, on dit qu’on a
affaire à unestation limnimétriquelorsqu’il s’agit d’observations
discontinues et à unestation limnigraphiquelorsqu’on enregistre de
manière continue les hauteurs d’eau ; les hauteurs d’eau sont observées sur
une échelle limnimétrique fixe (généralement graduée en cm), ce qui
permet de contrôler les indications de l’appareil enregistreur dans le cas
d’une station limnigraphique. »
Dès que les concepts deviennent clairs, il faudrait passer à l’étape suivante
qui consisterait à trouver de tels textes dans la langue d’arrivée, en
entreprenant le même type de recherche, c’est-à-dire en cherchant des
documents mentionnant les mots clés tirés du texte de la langue de départ,
après avoir vérifié les termes équivalents dans la langue d’arrivée.

Ayant revu des textes parallèles tant dans la langue de départ que la langue
d’arrivée rend le traducteur plus à l’aise avec le sujet du document à traduire,
ainsi que la terminologie, ce qui rend son travail plus facile à entreprendre.

Question :

• Expliquez l’importance des textes parallèles.

3
Martin, Claude Martin, Didon-Lescot Martin, Cosandey Claude , Le fonctionnement
hydrologique des petits bassins versants granitiques du Mont-Lozère : influence du couvert
végétal sur les crues et les étiages, p. 5-6, HAL, Open Science, le 26 août, 2008, Claude
Martin, Jean-François Didon-Lescot, Claude Cosandey. Le fonctionnement hydrologique des
petits bassins versants granitiques du Mont-Lozère : influence du couvert végétal sur les
crues et les étiages. Etudes de Géographie Physique, UMR 6012 ”ESPACE” - Équipe G.V.E.
2003, XXX, pp.3-25. ffhal-00312824f, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-
00312824/document 151
Méthodes, Procédés et 2.2.5.5 Internet
Techniques de
L’internet aide énormément le traducteur à rechercher des informations pour
l’aider à mieux comprendre le sujet du texte. Certes, il existe des articles,
mais il est aussi possible de trouver des vidéos qui rendent les concepts d’une
manière succincte et facile à comprendre. Il est possible de voir des vidéos
portant sur le même sujet dans des langues différentes. Ces vidéos aideront le
traducteur à trouver la terminologie qu’il cherche.

Il est aussi possible de rechercher sur l’internet des textes parallèles,


d’innombrables documents et articles qui rendront plus facile la
compréhension du document à traduire.

Comme a déjà été discuté, un très grand nombre de dictionnaires sont


disponibles enligne.

Questions :
 De quelle manière est-ce que l’internet peut-il apporter de l’aide aux
interprètes et aux traducteurs ?
 En quoi est-ce que les vidéos peuvent contribuer à la recherche ?

2.2.5.6 Glossaires : les glossaires jouent un rôle vital tant en traduction


qu’en interprétation. Nous allons étudier la manière de les préparer et les
utiliser. Mais avant de commencer cette étude, il faudrait comprendre
l’importance de ces glossaires.

Ces glossaires aident le traducteur à créer des listes de terminologie qu’il peut
consulter chaque fois qu’il recevra un projet de traduction ou d’interprétation.
Il sera possible de revoir le vocabulaire et ce ne sera pas nécessaire de
rechercher la même terminologie chaque fois. Les traducteurs auront donc
toujours la terminologie aux bouts des doigts, ce qui leur facilite énormément
leur tâche.

Quant aux interprètes, ces glossaires leur permettent d’éviter l’effort de


rechercher la terminologie avant chaque projet d’interprétation, puisqu’ils ont
déjà sous la main. Donc, cela devient plus facile pour les interprètes de se
préparer pour leur projet d’interprétation, car il suffira de jeter un coup d’œil
sur leurs glossaires pour préparer la terminologie dont ils auront besoin au
cours de leur interprétation.

Il est possible de préparer ces glossaires sur ordinateur. Il est possible de les
créer sur Xcel, car celui devient plus facile de les consulter. Il est préférable
de créer une fiche pour chaque domaine. Supposons qu’un traducteur a
amassé de la terminologie dans les domaines des arts, qui comprend la
chanson, la musique, la sculpture, le cinéma, les romans, les pièces de
152 théâtre, la poésie, etc. Dans ce cas, il est mieux de créer une fiche pour
chaque secteur : chansons, musique, cinéma, sculpture, etc. Chaque fois qu’il Pratiques et outils
ergonomiques
faut trouver un terme appartenant à un de ces secteurs, cela devient plus
facile de les trouver. Il est aussi très facile d’ajouter des termes nouveaux à
ces fiches.

Question :

 Est-ce que cela vaut la peine de créer ces fiches de glossaire ?


Pourquoi ?

2.2.5.7 Outils ergonomiques utilisés en interprétation: les


interprètes, eux aussi, dépendent de certains outils pour entreprendre leur
travail. Bien entendu, ils créeront leurs propres glossaires, et feront une
recherche tant horizontale que verticale avant de commencer leur projet. Leur
plus grand défi, c’est qu’ils n’auront pas le temps de consulter ni les
dictionnaires, ni les glossaires pendant qu’ils interprètent. Au lieu de cela, ils
utilisent des micros, écouteurs, cabines, écrans, téléphones portables,
ordinateurs, portables, projecteurs, tableaux blancs. Nous étudierons cela en
plus grand détail dans le Manuel de l’interprétation.

2.2.5.8 Outils de TAO et TAI


Il existe plusieurs logiciels pour aider les traducteurs et les interprètes. Dans
le domaine de la traduction, ces logiciels sont connus sous le nom de TAO,
ou traduction assistée par ordinateur, et dans le domaine de l’interprétation,
ces logiciels sont des TAI, ou interprétation assistée par ordinateur. Essayons
de comprendre la manière dont ils rendent plus facile le travail des
traducteurs et des interprètes.

2.2.5.8.1 En traduction

Il existe divers logiciels qui aident à gérer la traduction des documents


dépassant un certain nombre de pages. Souvent, à cause du manque de temps,
il faut que plusieurs traducteurs travaillent sur ce même document. Dans ce
cas, il s’agit de distribuer un certain nombre de pages à chaque traducteur. Il
est bien possible que chaque traducteur utilise des mots différents. Puisqu’il
s’agit d’un seul document, il est essentiel qu’il existe une uniformité en ce
qui concerne la terminologie. C’est dans ces cas-là qu’il faut avoir recours à
ces logiciels. Ces derniers sauvent automatiquement la terminologie et la
propose au traducteur qui a le choix de l’accepter ou de trouver une
australienne possibilité. Cela rend donc plus facile le travail du traducteur qui
ne perd pas de temps à chercher le mot/terme équivalent, et ce dernier peut
ainsi terminer la traduction dans les délais voulus.

Parmi les mieux connus sont Trados, Wordfast, memsource et memoq.

Question
 Expliquez la manière dont certains logiciels aident les traducteurs
dans leur travail. 153
Méthodes, Procédés et 2.2.5.8.2 En interprétation
Techniques de
Durant la pandémie en 2020, les conférences et les réunions ne pouvaient
plus se tenir dans une salle réunissant les participants à cause du confinement,
ce qui a transformé les conditions de travail des interprètes. Avant 2020, les
interprètes se trouvaient toujours sur les lieux des discussions pour
entreprendre leur travail. Le confinement l’a rendu impossible. Cette situation
a donc obligé les interprètes à effectuer leur travail à distance. Plusieurs
plateformes digitales ont vu le jour, pour que les discussions puissent
continuer sans aucun problème et que les participants puissent parler dans
leur propre langue. Il fallait donc créer des plateformes digitales pur pour
aider les interprètes à effectuer l’interprétation pour que les participants
puissent se comprendre, quelle que soit la langue qu’ils utilisaient. Kudo,
Interactio, Voiceboxer et Zoom comptent parmi les plateformes virtuelles les
importantes dans le domaine de l’interprétation.

Afin d’entreprendre l’interprétation à distance, il est devenu essentiel pour les


interprètes de maîtriser la manière d’utiliser ces cabines virtuelles qui
diffèrent selon la plateforme utilisée par les organisateurs. Il leur a donc fallu
se former sur ces plateformes afin de maîtriser les consoles différentes
qu’utilisent les interprètes lors de leur interprétation.

En outre, certains logiciels existent pour assister les interprètes lors de


l’interprétation simultanée comme Interplex,TermDB, LookUp et
InterpretBank.

Question
 Croyez-vous que ces logiciels pour assister les interprètes
augmenteront dans les années à venir ? Justifiez votre réponse.

2.2.6 Résumons
Nous venons d’examiner les divers outils ergonomiques qu’utilisent les
traducteurs et les interprètes.
Commençons par la traduction. On a commencé en comprenant la manière
correcte de lire le texte à traduire. On a ensuite examiné les différents types
de recherches qui existent dans la traductologie. Les différents types de
dictionnaires ont été examiné, ainsi que l’importance et la préparation des
glossaires. Les divers logiciels utilisés en traduction ont également été
discutés.

En interprétation, nous avons vu comment les interprètes se préparent pour


un projet d’interprétation. Les outils qu’ils utilisent pour effectuer
l’interprétation a aussi été examiné. Or, depuis la pandémie de 2020, leurs
conditions de travail a vu une modification significative qui a entraîné une
transformation importante dans la manière dont ils interprètent. Leurs cabines
154
sont devenues des cabines virtuelles, et ils utilisent certains logiciels pour les Pratiques et outils
ergonomiques
assister dans leur travail. Certes, les interprètes de conférence continueront à
travailler comme ils le faisaient avant la pandémie, mais l’interprétation
simultanée à distance jouera dorénavant un rôle important. Les interprètes
devront se former également sur les diverses plateformes offrant des services
d’interprétation simultanée à distance. Il est fort probable que le nombre de
logiciels s’accroissent dans les années à venir.

Il est donc essentiel pour les traducteurs et les interprètes de se familiariser


ces différents outils qui assistent les traducteurs et les interprètes, s’ils
désirent effectuer un travail efficace.

Références :
1. Références : Delisle, Jean, La Tradcution Raisonnée, Manuel
d’initiaition à la Traduction Professionnelle anglaise-français.
2. Technologies de traduction, Liste complète des outils TAO sur le
marché, 1 juin, 2018, accédé le 29 mars 2022,
https://www.polilingua.fr/blog/post/outils_tao.htm.

2.2.7 Questions
1. Expliquez les différents types de recherche.
2. Discutez l’importance des dictionnaires.
3. Écrivez brièvement les différents outils ergonomiques utilisés en
traduction.
4. Discutez les différentes sources de recherche.
5. Discutez l’importance des logiciels de TAO et TAI.

2.2.8 Glossaire
Recherche verticale : recherche approfondie traitant d’un seul sujet
Recherche horizontale : recherche approfondie portant sur plusieurs sujets
TAO: traduction assistée par ordinateur
TAI : interprétation assistée par ordinateur
Confinement : état où l’on est confiné chez soi

2.2.9 Lectures suggérées


Delisle, Jean, La Tradcution Raisonnée, Manuel d’initiaition à la Traduction
Professionnelle anglaise-français.

155
Méthodes, Procédés et
Techniques de
UNITE 3 PRINCIPAUX PROCÉDÉS ET
TECHNIQUES
Structure

3.3.1 Objectifs
3.3.2 Introduction
3.3.3 Les procédés et techniques essentiels
3.3.3.1 Emprunt
3.3.3.2 Calque
3.3.3.3 Traduction littérale
3.3.3.4 Transposition & le chassé-croisé
3.3.3.5 Modulation
3.3.3.6 Equivalence
3.3.3.7 Allusion
3.3.3.8 Lacune et adaptation
3.3.3.9 Dilution et compensation
3.3.3.10 Etoffement et amplification
3.3.3.11 Economie
3.3.3.12 Ellipse
3.3.3.13 Gains et pertes
3.3.3.14 Compensation
3.3.3.15 Elaboration et dépouillement
3.3.3.16 Ponctuation et intonation
3.3.3.17 Sur-traduction et sous-traduction

3.3.4 Résumons
3.3.5 Questions
3.3.6 Glossaire
3.2.7 Lectures suggérées

3.3.1 OBJECTIFS
Les traducteurs et les interprètes ont recours aux procédés et
techniques de traduction qui facilitent leur tâche. Au cours de cette
unité, nous examinerons ces procédés afin de comprendre la manière
dont ils rendent la tâche des traducteurs et interprètes plus efficace.

3.3.2 INTRODUCTION
Au cours des deux dernières unités, nous nous sommes penchés sur
certains aspects préparatoires à entreprendre avant de se lancer dans un
projet de traduction ou d’interprétation. Les idées exprimées par
156 l’auteur sont mieux comprises grâce aux unités de traduction ; quant à
la recherche, elle est essentielle pour que le traducteur saisisse à fond Principaux procédés
et techniques
le(s) sujet(s) discuté(s) dans le document à traduire.

Lors d’une traduction écrite ou verbale, comme dans le cas de


l’interprétation, les traducteurs et interprètes doivent utiliser différents
procédés de traduction qui rendent leur travail plus efficace. Il est
évident que l’interprète devra avoir maîtrisé ces procédés afin de
mieux effectuer son travail.

Mais avant de commencer, il faut se rappeler que le traducteur doit avoir


un point de départ (le texte à traduire) et un point d’arrivée (la version
traduite). Pour arriver à son point d’arrivée, il doit passer par plusieurs
étapes : il faut d’abord qu’il examine en détail le contenu des unités de
traduction qu’il a créées, puis qu’il reconstitue la situation dans laquelle
le message a été rendu, ensuite qu’il réfléchisse bien aux mots et
expressions, ainsi qu’au niveau de langue, qu’il a l’intention d’utiliser.

Évidemment, tous les détails doivent figurer dans la version traduite.


Dans le cas du traducteur, il a le temps de tout vérifier avant de
soumettre la traduction.

Or, l’interprète, lui, doit entreprendre toutes ces étapes simultanément.


Ce qui rend ce travail encore plus compliqué est le fait qu’il est rare que
l’interprète ait le texte complet devant lui, car dans son cas, il s’agit des
discussions et l’interprétation a lieu au fur et à mesure que ces
discussions aient lieu. Il est donc fondamental que l’interprète ait déjà
maîtrisé ces procédés et techniques.

Cette unité sera composée en trois parties : en premier lieu, l’étude des
concepts suivants : traduction directe et traduction oblique ; en
deuxième lieu, les procédés de traduction et en dernier lieu, les
concepts de la sur-traduction et la sous-traduction.

3.3.1 Traduction directe et traduction oblique

Il est important de noter que le traducteur peut prendre des voies


différentes pour traduire : la traduction directe ou la traduction oblique.
Essayons de comprendre ces deux concepts.

Traduction directe : parfois, le message du texte à traduire peut se


rendre sans aucun problème dans la langue d’arrivée soit parce qu’il
existe un parallélisme structural entre ces deux langues partagent une
structure similaire, c’est-à-dire que les deux langues de travail partagent
une structure similaire, soit parce qu’il existe un parallélisme
métalinguistique, c’est-à-dire qu’il est possible de trouver des concepts
similaires dans les deux langues.
157
Méthodes, Procédés et Ex : C’est ma copine (LD) That is my girlfriend. (LA)
Techniques de
Dans cet exemple, nous pouvons observer qu’il n’existe aucune
différence notable ni au niveau de la structure, ni au niveau des concepts
exprimés dans la langue de départ. Ainsi, on pourrait dire que la
traduction directe n’est qu’une traduction littérale.

Les procédés d’emprunt, calque, et traduction littérale aboutissent à une


traduction directe.

Traduction oblique : la traduction oblique implique une certaine lacune


dans la LA qu’il faut combler d’une manière ou d’une autre, soit su
niveau du syntaxe, soit au niveau des concepts. Supposons qu’il fallait
traduire l’exemple suivant en français : og ?kwa?kV ds fcuk ugha fudyrhaA
Puisque ce concept n’existe ni pas en français, il est évident qu’il serait
impossible de faire une traduction directe pour transmettre ce même
message. Ce serait pareil dans le cas de l’anglais. Il faudrait donc avoir
recours à certains procédés pour s’assurer le message passe dans sa
totalité. Il existe plusieurs procédés que le traducteur pourrait utiliser.
Dans ce cas-ci, il devrait employer le procédé d’adaptation : « elle ne
sort pas sans recouvrir son visage d’une voile ». Nous étudierons ce
procédé d’une manière plus approfondie lors de la section 3.3.3.8.
Des procédés comme transposition et modulation aboutiront également
à une traduction oblique. Ce sont précisément tous ces procédés sur
lesquels se portera cette unité.

Questions :

• Trouvez des exemples de la traduction directe dans votre langue


maternelle.

• Expliquez la traduction oblique.

3.3.3 LES PROCÉDÉS ET TECHNIQUES


ESSENTIELS
Ces procédés de traduction, ainsi que certaines techniques
essentielles, assistent le traducteur à transmettre les idées
exprimées en LD d’une manière claire en LA. Il en existe
plusieurs. Il est essentiel pour tout traducteur de les avoir maîtrisés
pour qu’il puisse les utiliser correctement.

3.3.3.1 Emprunt

Lorsqu’un concept n’existe pas en LA, le traducteur peut utiliser


le même mot dans la langue d’arrivée. En voici quelques
158 exemples : daI;wVj] fDyd] Qksu] czsM, etc. On trouve également des
mots empruntés de l’anglais qui sont utilisés en français comme Principaux procédés
et techniques
week-end, dollars, On utilise aussi des mots empruntés du
Mexique comme tortilla et tequila. En anglais, on utilise souvent
des mots français comme mannequin, lieutenant, etc. On utilise
également des mots hindis comme chutney, curry, sari, yoga, etc.

Lorsque les emprunts sont utilisés fréquemment, ils deviennent


figés et passent dans la langue étrangère. Dans ce cas, ils ne sont
plus considérés des emprunts.

Question :

• Trouvez des emprunts dans votre langue maternelle.

3.3.3.2 Calque

Le calque est un procédé qui suit la même structure de LD dans la


langue cible (LA). Il existe deux types de calques : calques
d’expression et calques de structure.

a. Calques d’expression introduit une nouvelle manière d’exprimer


quelque chose :

• Compliments of the season (LD) Compliments de la saison (LA)

Notez la structure dans l’exemples suivant :


Tu me manques.

Suj c.o.i verbe

rqe eq>s ;kn vkrs gksA

b. Calques de structure introduit une construction nouvelle qui


n’aurait pas existé en LA auparavant comme « Science-fiction ».

Question :

• Cherchez des exemples de calques entre le français et votre langue


maternelle.

• Trouvez des exemples de calques entre l’anglais et le français.


S’agit-il des calques d’expression ou calques de structure ?

3.3.3.3 Traduction littérale


La traduction littérale se fait lorsque le traducteur décide d'utiliser
les mêmes mots et la même structure que dans la LD. Examinez
les exemples suivants :
159
Méthodes, Procédés et 1. Le train part à midi. 2. J’irai à la banque cet après-midi.
Techniques de
The train leaves at noon. I will go to the bank this afternoon.

Dans ces exemples, nous constatons que la structure des phrases


françaises et anglaises sont identiques. De même en ce qui concerne les
mots qui ont été utilisés : ils restent les mêmes dans les deux langues.

La traduction littérale est possible lorsque la langue de départ et la


langue d’arrivée partagent certains concepts métalinguistiques, ce qui
peut arriver lorsque la langue cible (LA) partage une culture similaire
que la langue source (LD), ou alors lorsque ceux parlant ces langues
perçoivent la réalité d’une même manière, quand ils pensent d’une
manière similaire. Dans ce cas, il serait possible d’utiliser ce procédé
sans pourtant en modifier le sens du texte original.

Il est quand même important de noter qu’il n’est possible d’utiliser la


traduction littérale si cela change le sens du message, ne veut rien dire
dans la langue d’arrivée, ou qu’il est impossible d’utiliser la même
structure. Il faut également l’éviter dans le cas où les cultures seraient
différentes, ou même si cela changerait le niveau de langue.

Cependant, on ne peut pas utiliser ce procédé à chaque fois même parmi


les langues partagent une même culture. Observons l’exemple suivant :
« Il avait un chat dans la gorge ». Une traduction littérale nous
donnerait : «He had a cat in the throat». Que signifie la phrase anglaise
? Est-ce que le sens demeure le même ? Ce qui saute aux yeux est le fait
que, dans ce cas, il n’est pas possible d’utiliser la traduction littérale car
cela nous donne une phrase incompréhensible. La traduction correcte
serait «He had a frog in his throat» qui donne le sens exact de la phrase
française.

Prenons un autre exemple : « Elle a vingt ans ». Une traduction littérale


nous donnerait : «She has twenty years», au lieu de « She is twenty
years old ». Il est évident que, pour exprimer cette même idée, l’anglais
doit employer une structure différente, et c’est pour cette raison qu’il
est impossible d’avoir recours à la traduction littérale dans ce cas-ci.
Pareil dans le cas de : « Qu’il fait beau ! ». Une traduction littérale nous
donnerait : « What it does beautiful! », ce qui ne veut rien dire en
anglais. Or, il aurait fallu traduire cette phrase de la manière suivante :
«What good weather! ».

Il faut également noter que la traduction littérale est à éviter surtout dans
le cas des langues dont les cultures sont très différentes les unes des
autres. Il est important de se rappeler qu’il ne s’agit pas de traduire les
mots. Au contraire, il faut transmettre les idées exprimées dans le
document à traduire d’une manière claire pour que la personne lisant la
160 version traduite comprendrait exactement les mêmes idées telles que
l’auteur a voulu les exprimer, comme nous avions étudié lors de la Principaux procédés
et techniques
première unité intitulée « Unité de traduction et de l’interprétariat ».

Question :

• Cherchez des exemples de calques entre le français et votre langue


maternelle.

3.3.3.4 Transposition et chassé-croisé

La transposition est un autre procédé utilisé par le traducteur. La


transposition implique un changement de catégorie grammaticale dans
la langue cible. En voici un exemple : «After the plane takes off » qui se
dit en français de la manière suivante : « Après le départ de l’avion ».
Constatez que le verbe en anglais devient un substantif en français.

Il existe deux types de transpositions : les transpositions obligatoires et


les transpositions facultatives.

Comprenons d’abord les transpositions obligatoires. Examinez


l’exemple suivant : « L’averse a commencé au moment même de son
départ ». La traduction en anglais serait : «The downpour started the
minute he left. » Ceci s’est un exemple de transposition (substantif
français en verbe anglais) car il n’est pas possible d’utiliser la même
structure dans la langue cible. Serait-ce possible de dire en anglais «The
downpour started at the very minute of his departure» ? Cela ne sonne pas
correct en anglais, car le sens ne ressort pas clairement. Dans ce cas, il
faut absolument changer le substantif français en verbe anglais. C’est
pour cette raison qu’il s’agit d’une transposition obligatoire.

Dans le cas où le traducteur a un choix, il s’agit d’une transposition


facultative comme l’indique l’exemple suivant : « dès qu’il reviendra /
dès son retour » qui peut se traduire soit par : « on his return», soit par
«when he returns/ comes back».

Il existe plusieurs sortes de transposition :

• Nom devient verbe


 à la rentrée des classes : when schools re-open
 Il est arrivé après le départ du train : he reached after the train
had left.

• Nom devient participé passé


 The old man got up with the help of his assistant: le vieillard
s’est levé, aidé par son assistant.
 Any attempt to escape will be punished: Toute personne qui tente
de s'échapper sera puni 161
Méthodes, Procédés et • Nom devient adjectif
Techniques de
 Études en technologie : Technical studies
 tentative de vol : attempted thaft

• Nom devient adverbe


 Les gens croient que : It is generally believed that…
 Il dit du bien de ce docteur : He speaks well of this doctor.

• Verbe devient adjectif


 Il se méfiait de tout : he was suspicious of everything
 This product comes with instructions : ce produit est disponible
avec instructions

• Adjectif devient nom


 The customer will be responsible to check that all the pieces are
there : il incombe au client de vérifier que toutes les pièces y
sont.
 The inspector’s unwillingness … : Le refus de l’inspecteur…

• Adjectif devient adverbe


 They receive the occasional letter : ils reçoivent des lettres de
temps en temps.
 Elle l’a dit sur un ton fâché : She said it angrily.

• Verbe devient adverbe


 Elle se contenta de sourire : she merely smiled
 Ils ont failli être tués : they almost died.

• Verbe devient préposition


 The latest reports that we have just received …. : d’après les
derniers renseignements que nous venons de recevoir….
 Dans le temps, on utilisait des plumes pour écrire : Pens were
used for writing.

• Locutions prépositives ou adverbe / adjectif


 C’est clair qu’ils sont heureux : It is obvious that they are happy.
 Il ne s’agit pas de prendre des mesures à l’égard de nos
partenaires : we should not take any action against our partners.

Le chassé-croisé :

Le chassé-croisé est un type de transposition un peu particulier. On a


recours au chassé-croisé quand on change la catégorie grammaticale en
162
traduisant dans la LA qu’il est parfois nécessaire de faire pour rendre le Principaux procédés
et techniques
sens exact. En voici quelques exemples :
• to swim across (adj.): traverser à la nage (nom)
• to run across (adv.): traverser en courant (participe présent)
• Ils vont surement s’acquitter de leurs tâches avec habilité (nom) :
They will surely do their work skilfully (adv.)
• The stains will wash out (verbe) : les taches partiront au lavage
(nom).

Questions :
• Expliquez la différence entre la transposition obligatoire et la
transposition facultative.
• Trouvez des exemples de transposition dans votre langue maternelle.
• Trouvez des exemples de chassé-croisé dans votre langue maternelle.

3.3.3.5 La modulation

Parfois, deux cultures différentes ne perçoivent pas une même réalité


d’une manière similaire. Prenons un exemple : les couleurs blanche et
noire. Chez les cultures chrétiennes, le blanc signifie la pureté : la robe
de mariée est d’habitude en blanc. Par contre, en Inde, la robe de mariée
est en couleur autre que le blanc, qui se porte généralement en cas de
deuil. Rappelons-nous qu’en temps de deuil, les Français portent le noir.

Quelle est l’importance de ce procédé ? Considérons l’exemple suivant :


“Nos voisins indiens portaient tous des vêtements blancs”. Pour les
Indiens, il est très clair qu’ils étaient en deuil. Par contre, il se peut qu’un
lecteur français ne comprenne pas le contexte de deuil, car, lui, il
porterait le noir s’il se trouvait dans une situation pareille. Il faudrait
donc soit changer la couleur dans la version traduite, soit donner une
explication quelconque pour expliquer aux lecteurs de la version traduite
qu’il s’agit d’un deuil, sinon le lecteur risque de méprendre le sens, ce
qui aboutirait à une traduction incorrecte.

Il existe deux types de modalités : modalité obligatoire ou figée, et


modalité facultative ou libre. Essayons de mieux saisir les différences
entre les deux.

Modulation obligatoire ou figée

Parfois, la modulation est obligatoire, c’est-à-dire qu’il n’existe aucune autre


manière de rendre le sens exact qu’en changeant le point de vue. Observez les
exemples suivants. Que constatez-vous ?

• goosebumps : la chair de poule


163
Méthodes, Procédés et • Dernier étage : top floor
Techniques de
• Ce n’est pas facile : it’s difficult

Modulation facultative ou libre

Il est aussi possible de trouver des exemples de modulation facultative, ce qui


signifie qu’il existe plusieurs façons de rendre le même sens. Ceci est surtout
possible dans les cas des expressions affirmatives et négatives. Observez les
exemples suivants :

Négative Affirmative
C’est impossible It’s not possible/ it’s impossible
It was not difficult C’était facile / ce n’était pas difficile

N.B. Il est à noter que, lorsqu’une modulation s’utilise très souvent, cette
expression tend à devenir figée dans la langue. Dans ce cas, cette
expression passe dans les dictionnaires et ceux qui ont maîtrisé leurs
langues de travail n’hésiteraient jamais à utiliser ce procédé, car ils
savent très bien que c’est de cette manière-là à on rendrait l’idée
exprimée en LD.

Types de modulation :

Il existe différents types de modulation qui existent tant au niveau du lexique


qu’au niveau du message. Examinons-les ensemble.

Modulation au niveau du lexique


• Concret pour l’abstrait :
He lived on the top floor : Il habitait le dernier étage.
• Cause et effet :
This baffled analysis: Cela échappe à l’analyse.
• Moyen et résultat :
The firing squad had arrived: Le peleton d’exécution était là.
• La partie pour le une partie pour une autre :
He looked through the key-hole: Il jeta un coup d’œil par le trou de la
serrure.
• Renversement de point de vue :
They met with an accident as their car entered the expressway: Ils ont eu
un accident dès qu’ils ont débouché sur l’autoroute.
• Renversement des termes :
 The Indian costumes : Les costumes indiennes
 French bread : Le pain français
(N.B. Les adjectifs français se placent généralement après les
164 noms)
Principaux procédés
et techniques
• Intervalles et limites :
They had to climb five flights of stairs: Ils ont dû monter cinq étages.
N.B On l’utilise aussi dans le cas des durées, dates, distance et
destinations
En ce qui concerne les intervalles, il s’agit des durées :
Since our last discussion : depuis notre dernière discussion
Pour ce qui est des limites, il s’agit des dates :
No strikes until the next meeting : Défense de faire la grève jusqu’à
la réunion prochaine.
• Modulation sensorielle : on l’utilise dans le cas des couleurs, sons et
mouvements, ainsi que toucher et poids comme l’indiquent les
exemples suivants :
 Couleurs :
The goldfish were so pretty! : Les poissons rouges étaient si jolis !
 Sons et mouvements :
- mlus njoktk [kVdVk;kA : He knocked at the door.
- La voiture a roulé très lentement : The car moved very slowly.
 toucher et poids :
The intangibles include… : Les impondérables comprennent…
• Forme, aspect, usage :
 I need to buy a high chair for the baby : J’ai besoin d’acheter une
chaise d’enfant pour mon bébé.
 Is that a box car? : Est-ce un wagon couvert ?
 That wall paper needs to be changed : Il faut remplacer ce papier
peint.
• Modulation géographique :
 He used India ink : Il a utilisé l’encre de Chine.
 She has used Chinese lanterns : Elle a utilisé les lanternes
vénitiennes.
• Changement de comparaison ou de symbole :
 I read the book from cover to cover : J’ai lu le livre de la première
page à la dernière.
 She was as white as a sheet : Elle était pâle comme un linge.
 The twins are as alike two peas in a pod : Les jumeaux se
ressemblent comme deux gouttes d’eau.
(N.B. On trouverait ce changement de symbole dans les métaphores
figées) 165
Méthodes, Procédés et • Pluriel au singulier : p. 237
Techniques de
 Facilities : Installation
 Renseignements : Information
• La partie pour le tout :
 Le septième art : cinema
 L’Hexagone : France
 The Pink City : Jaipur
• Espace pour le temps :
Where earlier it was encouraged to write answers in their own words,
these days, students are expected to reproduce what is in their text-
books : Alors qu’autrefois les étudiants devaient rédiger leurs
réponses dans leurs propres mots, de nos jours, il est préférable qu’ils
reproduisent ce qui est marqué dans leurs livres de classe.
• Le contraire négativé :
 It is not difficult to do: C’est facile à faire.
 Ils n’en savent pas plus que nous : They know as little as us.
• Actif au passif/ passif à l’actif :
 Mes enfants ont apporté le courrier : The post was brought in by
my children.
 La paix a été déclarée par l’administration : The administration
declared peace.
(N.B. Il s’agit de se rappeler que la langue française préfère la
voix active alors que la langue anglaise penche plutôt vers la voix
passive)
• Modulation explicative :
The student was baffled by the question: L’étudiant a trouvé la question
incompréhensible.
• Modulation figée dans le message :
They had a narrow escape: Ils l’ont échappé belle.
(N.B. Les modulations figées sont des équivalences que nous
étudieront dans la partie suivante)

Questions :

• Expliquez le procédé de la modulation dans vos propres mots.

• Trouvez des exemples de modulation dans votre langue maternelle.

166
3.3.3.6 Équivalence Principaux procédés
et techniques
Certaines expressions s’utilisent tellement dans les langues qu’on les
considère des expressions figées comme c’est le cas des idiotismes,
proverbes, etc. Au fait, il n’existe qu’une seule façon de rendre la même
idée en LA. Dans ce cas-ci, on les appelle des équivalences. Observez les
exemples suivants :

1. Bonne année : u, o"kZ ds 'kqHkdkeuk,a


2. Montrer du doigt : to point fingers at
3. Don’t upset the apple cart: ne fiche pas tout parterre
Il est aussi possible de trouver des équivalences au niveau des mots :
Ex : tu : rw] rqe
vous : vki

Question :

Cherchez d’autres exemples d’équivalences entre le français et votre


langue maternelle.

3.3.3.7 Allusion

Observez les exemples suivants :


1. « At the stroke of midnight, when the world sleeps…”

2. « Four score and twenty years ago….”

A quoi se réfèrent ces mots ? Qui les a prononcés et à quelle occasion ?


Dans le premier cas, ce fut Pandit Jawaharlal Nehru qui les a prononcés
au cours d’un discours qu’il a donné au moment où l’Inde a accédé à son
indépendance, et dans le deuxième cas, Abraham Lincoln les a prononcés
lors du discours de Gettysburg. Encore des allusions : qui sont ces gens ?
Quelle est l’importance du discours de Gettysburg ? (Il s’agit d’un
discours célèbre prononcé en 1863 par le Président Abraham Lincoln à
l’occasion de la dédication du cimetière à Gettysburg aux Etats-Unis).

De même dans le cas suivant : ameublement Louis XV. Qu’est-ce que


cela veut dire ? Qui est Louis XV ? Pourquoi parle-t-on d’ameublement
Louis XV ? (Sachez qu’il s’agit des meubles datant de la période de Louis
XV).

Voici un autre exemple : The Mutiny of 1857. Si on ne sait pas ce que


cela signifie, cela deviendrait plus compliqué à traduire.

167
Méthodes, Procédés et C’est ici que nous comprenons l’importance des connaissances cognitives
Techniques de qui sont vitales pour tout traducteur, car s’il ne comprend pas les
allusions, il ne pourra traduire correctement. Si le traducteur comprend à
quel évènement ces mots se réfèrent, cela devient plus facile de trouver
les équivalents, ce qui rend le travail du traducteur plus facile. S’il ne
comprend pas les allusions, il est essentiel qu’il entreprenne une
recherche qui lui aiderait à comprendre toutes les allusions. (Les
différents types de recherche ont été discuté en détail lors de l’unité
précédente intitulée Pratiques et Outils ergonomiques, dans la section
3.2.4.1 Types de recherche.)

Question :

Cherchez des exemples d’allusion dans votre langue maternelle.

3.3.3.8 Lacune et adaptation

Dans le cas où le texte en LD traite d’un aspect culturel qui n’existe pas en
LA, il s’agit d’une lacune. Prenons l’exemple suivant : >wBk. Ce concept-ci
n’existe que dans les langues indiennes et de ce fait il est impossible de
trouver un équivalent dans une langue autre que les langues indiennes et le
perse.

S’il faut traduire ce mot en français, il faudrait avoir recours à un autre


procédé de traduction comme l’emprunt, en donnant quand même
certaines explications pourque les lecteurs puissent saisir le concept à
fond.

Prenons un autre exemple : cricket. Comment traduira-t-on ce mot en


français étant donné qu’on ne joue pas ce sport en France ?

Les lacunes sont dues à la métalinguistique, c’est-à-dire tous les aspects


de la vie d’un peuple parlant une langue. Il faut comprendre les systèmes
culturels des langues de travail qui ils comprennent tant la langue que tout
ce qui influence la langue comme la société, religion, technologie,
philosophie, droit, etc. Il n’est pas évident que ces aspects
métalinguistiques existeraient forcément en LA, ce qui crée des
problèmes pour le traducteur.

L’adaptation aide le traducteur à contourner ces lacunes. Soit il faut


donner une petite explication quelconque (peut-être entre parenthèses ou
en bas de la page), soit il faudrait employer l’emprunt en donnant, encore
une fois, une explication brève pour expliquer le concept en question.
C’est cette explication qui s’appelle adaptation.

Question :

Cherchez des exemples de lacunes entre le français et votre langue


maternelle.
168
3.3.3.9 Dilution et concentration Principaux procédés
et techniques

Parfois, surtout dans le cas des langues rapprochées comme le


français et l’anglais, il faut utiliser un plus grand nombre de mots pour
exprimer une certaine idée. Observez les exemples suivants :
A B
as (EN) (1 mot) au fur et à mesure que (FR) (6 mots)
retail (EN) (1 mot) en détail (FR) (2 mots)
archery (EN) (1 mot) tir à l’arc (FR) (3 mots)
bilan (FR) (1 mot) balance sheet (EN) (2 mots)
not (EN) (1 mot) ne…pas (FR) (2 mots)
ugha (HIN) (1 mot) ne…pas (FR) (2 mots)
gkFk /kksuk (2 mots) Se laver les mains (FR) (4 mots)

Notez que les équivalents des mots de la colonne A qui se trouvent dans
la colonne B ont besoin d’un plus grand nombre de mots pour exprimer la
même idée. Supposons que les mots de la colonne A sont en LD et ceux
de la colonne B en LA. Dans ce cas, lorsque nous traduisons en LA, nous
dirons que nous utilisons la dilution, c’est-à-dire que nous devrions
utiliser un plus grand nombre de mots. En sens inverse, lorsque nous
réduisons le nombre de mots utilisé pour rendre la même idée, nous
l’appelons concentration.

Question :

Cherchez des exemples de dilution et concentration entre le français et


votre langue maternelle.

3.3.3.10 Etoffement et amplification

Le procédé d’étoffement nécessite l’emploi de quelques mots


supplémentaires pour que le lecteur puisse saisir le sens d’une idée
correctement. Observez attentivement les exemples suivants :

 Further advances in robotics : de nouveaux progrès dans le


domaine de la robotique.
 Il a pris le train de 09h25 en provenance d’Agra : He took the
09.25 train from Agra.
 The book on the shelf : le livre qui se trouve sur l’étagère
 Passengers to Chennai : Les passagers à destination de
Chennai

Que remarquez-vous ? Que le français a besoin d’explicitation ?


Absolument ! Il est également évident que l’anglais est beaucoup plus
court que le français et peut se passer de ces explicitations. La raison 169
Méthodes, Procédés et est très simple : l’anglais est une langue implicite, c’est-à-dire que
Techniques de ceux parlant cette langue comprennent très facilement le sous-
entendu du message. Or, l’esprit français ne comprend pas ce sous-
entendu et a besoin de comprendre très clairement le message et a
donc besoin d’explicitation pour rendre le vrai sens du message. C’est
cette explicitation que nous appelons étoffement.
L’étoffement est un cas particulier d’un autre procédé qui s’appelle
l’amplification. Ce procédé est similaire à la dilution, car pour rendre
le sens plus clair, quelques fois, il faut ajouter des mots à une phrase,
comme dans l’exemple suivant :
 Il croyait savoir ce que son ami voulait dire : He believed he
knew what his friend meant.

Le contraire de l’amplification est l’économie que nous examinerons


dans la section suivante.

Question :

Cherchez des exemples d’étoffement entre le français et votre langue


maternelle.

3.3.3.11 Économie

L’économie est tout le contraire de l’amplification : il s’agit de


raccourcir la phrase. Il est possible d’utiliser ce procédé tant au niveau
des mots qu’au niveau du syntaxe. Regardez les exemples suivants.
Au niveau des mots

 Building site : chantier


 [krjs esa Mkyus : to endanger

 Défense de fumer : no smoking

Au niveau des phrases

 La dernière fois que nous l’avions vu : The last time we saw them.
 Je viens d’une famille de trois enfants : I come from a family of
three.
 He’ll let us know when she returns: Il nous préviendra de son
retour.

Il s’agit également de se rappeler qu’en français :


1. Les verbes de mouvement sont toujours suivis d’un infinitif :
 Venez prendre un verre avec nous.
170
 Allons voir ce film ce soir. Principaux procédés
et techniques
2. Là où le français peut utiliser le verbe « faire » devant tout verbe pour
rendre l’aspect causatif, l’anglais doit choisir entre « make », « have » et
« would » :
 Ses parents lui ont fait étudier l’allemand : His parents made him
study German.
 Il faudrait faire réparer cette machine : This machine has to be
repaired.
 Elle voudrait leur faire croire qu’elle avait récupéré. She would
have them believe that she had recovered.

Bref, l’emploi de l’économie dépend de la structure de la LA. Il vaut


mieux se concentrer sur la manière correcte de rédiger le message de
la LD au lieu de se fier aux mots et copier la structure de la LD lors
de la traduction vers une autre langue. N’oublions pas que toutes les
langues ont leurs propres structures et qu’il n’est pas possible de
superposer la structure d’une langue sur une autre.

Question :

Trouvez des exemples d’économie entre le français et votre langue


maternelle.

3.3.3.12 Ellipse

L’ellipse est une autre forme d’économie et relèvent des différences de la


structure distincte des langues. Il faut savoir que l’esprit français a
besoin de clarté et de précision, ce qui n’est pas le cas avec l’anglais, qui
n’a aucun problème avec les sous-entendus ou tout ce qui est implicite
dans un énoncé. Prenons quelques exemples :
 Elle ne l’a pas dit : She did not say.
 Il aurait fallu lui dire : We should have told him/her.
 Il ne lui a pas dit : He didn’t tell her.
Dans tous ces exemples, l’anglais utilise l’ellipse.
Cependant, il est possible de trouver l’ellipse en français aussi,
surtout dans le cas de certains verbes comme s’en aller, dire,
arriver à, etc. Observez les exemples suivants :

 Tu t’en vas ? / Tu pars ?


 Dis-moi quand il arrivera. / Préviens-moi de son arrivée.
 Elle a réussi au premier coup ! / Elle y est arrivée !
171
Méthodes, Procédés et Il s’agit de se rappeler que l’esprit français n’aime ni le sous-
Techniques de entendu, ni la répétition, comme l’indique les exemples suivants :
 Avoid eating more than is needed: Evitez de manger plus dont
vous avez besoin.
 We reached sooner than expected: Nous sommes arrives plus tôt
qu’on s’y attendait.
 The situation kept getting worse faster and faster: La situation
s’aggravait très rapidement.

Il est également important de ne pas oublier que, par rapport au


français, l’anglais a tendance à employer davantage de pronoms
qui, souvent, ne donnent aucune précision aux informations
fournis dans l’énoncé. Observez les exemples suivants :
 Help!: Au secours!
 They thought it would be wise to quash the investigation: Ils ont
cru bon de bloquer l’enquête.

 The teacher saw to it that the student was punished:


L’institutrice a fait en sorte que l’élève fût puni.

N.B. Rappelons-nous que le français a besoin de clarté dans les idées


exprimées dans un énoncé, sauf dans le cas de certains idiotismes
comme « on l’a échappé belle ».

Question :

Cherchez des exemples d’ellipse entre le français et votre langue


maternelle.

3.3.3.13 Gains et pertes


Parfois, le traducteur doit ajouter des détails dans la LA afin de
s’assurer que les lecteurs de la version traduite n’aient aucun problème
à comprendre les idées exprimées en LD. Ceci est dû au fait que les
langues sont différentes les unes des autres, et c’est précisément cette
différence est nécessite l’emploi de ce procédé qui aboutit dans des
gains en LA. Lorsque le traducteur élimine des détails sans perdre les
sens, cela s’aboutit à des pertes. Observez les exemples suivants :
He’s gone 50 : il a dépassé la cinquantaine.
That’s upto you! : C’est à vous de décider!
He tried to start the machine: il a essayé de mettre en marche la
machine.
N.B. Notez les gains dans la traduction française. Si on devait
172 traduire du français vers l’anglais, on arriverait à des pertes.
Titres des livres Principaux procédés
et techniques
Dans le cas des titres des romans, le traducteur a absolument le droit de
changer le titre en LA. Rappelons-nous qu'un titre ne doit pas seulement
réussir à donner aux lecteurs une idée du sujet du livre, mais également
de créer une certaine curiosité chez le lecteur en attirant son attention
sur le livre. Il est donc essentiel que le traducteur ait bien saisi le sujet du
livre quel va traduire pour trouverle meilleur titre en LA. Plusieurs titres
changent lors de la traduction. En voici certains exemples :
Alice in Wonderland : Alice aux pays des merveilles
Notre-Dame de Paris : The Hunchback of Notre-Dame

Manchettes de journaux
En ce qui concerne les manchettes de journaux, il est évident que
l’anglais arrive à donner toutes les informations importantes en
quelques mots, tandis que le français a besoin d'explicitation. Observez
l’exemples suivant : Floods claim thousands : des millers morts dans les
inondations

Questions :
• Trouvez des exemples de gains/pertes entre le français/l’anglais et votre
langue maternelle.

• Cherchez des livres traduits dans votre langue maternelle et comparez


les titres en LD et LA. Qu’observez-vous ?

• Trouvez la traduction des manchettes de journaux dans votre


langue maternelle. Que constatez-vous ?

3.3.3.14 Compensation

Il s'agit de se rappeler que le traducteur doit absolument garder la


même tonalité du texte original. Ceci est rendu possible en utilisant le
procédé de compensation. Essayons de le comprendre ensemble.

Si un texte français utilise le tutoiement, il faudrait que le traducteur


puisse rendre cet aspect particulier du français. N’oublions pas que le
tutoiement exprime une certaine familiarité et un degré d'intimité, et le
vouvoiement démontre le respect. Ces formes-là existent bien en Hindi
(rw] rqe] vki), mais pas en anglais, qui n’a qu’une seule forme (you).
Comment garderait-on le même ton si on devait traduire «vki dqN
[kk;saxs?» Bien entendu, la traduction serait «Would you like to eat
something?», mais n’existe-t-il pas une perte, car la traduction anglaise
ne précise pas si on s’adresse à une personne intime ou à un inconnu. En
français, la phrase hindi se rendrait parfaitement par l’emploi du
vouvoiement : « voudriez-vous manger quelque chose ? » Si, par contre,
on aurait dit : «rqe dqN [kkvksxs? », la traduction anglaise resterait la 173
Méthodes, Procédés et même, tandis qu'en français, on dirait « voudrais-tu manger quelque
Techniques de chose ? » On voit donc qu'en français, le ton de la phase reste exactement
le même qu’en LD (dans ce cas, le hindi), tandis qu'en anglais, il existe
une certaine perte car le degré d’intimité disparaît dans le deuxième
exemple. Il faut donc combler cette lacune, en ajoutant soit un prénom
ou un terme familier comme «man » ou «dude», soit un titre « Sir/
Madam ».

Nous voyons donc que le traducteur devrait se recourir à ce procédé qui


porte sur la métalinguistique pour combler les lacunes culturelles du
message lors de sa traduction pour s’assurer que la tonalité du texte
original ne change guère en LA.

Question :

Expliquez le procédé de compensation.

3.3.3.15 Élaboration et dépouillement


Dans chaque langue, il existe de différentes manières de prononcer un
énoncé sans en modifier le sens : «she passed away / she died», « il a
bien bouffé/ il a bien mangé / il s’est bien restauré ». Dans les deux
exemples, le sens ne change pas ; il ne s'agit que de niveaux de
langues qui soient différentes. Il s’agit donc d’une variation au niveau
stylistique. Lorsqu’on aboutit à une
expression complète, nous dirons qu’il s’agit d’une élaboration. Le
traducteur doit pouvoir reconnaître les élaborations en LD D et savoir
qu'il n'est pas obligé de garder la même structure en LA.

Il existe trois façons de traiter les élaborations :

1. Garder la même structure en LA ;

2. Trouver une équivalence en LA ; ou

3. Utiliser le procédé de compensation si jamais il existe une lacune


en LA.

Il s’agit de se rappeler que l’élaboration existe au niveau des registres


de langues et qu’il est essentiel de garder le même registre de langue
en LA pour ne pas perdre la tonalité du texte original. Le contraire de
l’élaboration est le dépouillement que nous trouvons plus souvent
lors de la traduction du français en anglais.

Questions :

• Cherchez des exemples d’élaboration dans des textes traduits


dans, ou à partir de, votre langue maternelle ou
174 l’anglais/français.
• Cherchez des exemples de dépouillement dans votre langue Principaux procédés
et techniques
maternelle.

3.3.3.16 Ponctuation et le rôle de l’intonation

La traduction est un travail rédigé. Nous savons tous que la ponctuation


joue un rôle essentiel dans la rédaction. Cependant, ce qu’il est essentiel
de noter est le rôle qu’elle joue en traduction ainsi son emplacement tant
en français qu’en anglais. Mais avant de débuter notre étude, sachez
qu’il existe tant la ponctuation de servitude que la ponctuation de
stylistique. Commençons en examinant d’abord la ponctuation de
servitude, puis la ponctuation de stylistique, et enfin nous étudierons
l’emplacement de la ponctuation en français et en anglais.

• Ponctuation de servitude

La virgule [,] et le point-virgule [;] peuvent prendre des valeurs


différentes selon le sens de la phrase. La ponctuation est
également employée différemment en anglais et en français en ce
qui concerne tant les dates que les chiffres.

- Valeur de « and »

Parfois, la virgule a la valeur de « and » comme dans l’exemple


suivant : «Comma is used in dates, numbers». On pourrait
remplacer la virgule avec « and » sans que cela change le sens de
la phrase. Dans la phrase donnée ci-dessus, il est possible de
remplacer la virgule par le mot « and » en gardant le même sens :
«Comma is used in dates and numbers». Il est donc vital que le
traducteur comprenne la signification de cette virgule pour
pouvoir rédiger sa traduction correctement en LA.

Il en est de même dans le cas d’une énumération : «The countries


that participated in these discussions included Peru, Argentina,
Netherlands, Germany, Canada, Luxemburg, Bangladesh, and the
Phillipines. » : « Les pays qui ont participés à ces discussions
comprennent le Pérou, Argentine, Pays-Bas, Allemagne, Canada,
Luxembourg, Bangladesh et les Philippines.»

Notez qu’en anglais, il existe une virgule avant « and », ce qui n’est
pas le cas en français.

- La double virgule

Regardez l’exemple suivant : «She enjoyed, but was not obsessed


by, chess» : “ Elle s’intéressait aux échecs, mais cela ne l’obsédait
pas. »
175
Méthodes, Procédés et Nous constatons que la structure est bien différent dans les deux
Techniques de
langues.

- Ponctuation dans les chiffres

La ponctuation est également utilisée pour noter des chiffres


décimaux ainsi que les chiffres supérieurs à 999. Observez
l’emplacement de la virgule en anglais et en français. Que
constatez-vous ?

français anglais
5.07 cm. 5,07 cm.
1,258 km. 1.258 km.
$ 159, 852.76 $ 159.852,76
Є 88,254, 753.84 Є 88.254.753,84

- Ponctuation dans les dates

Le français et l’anglais écrivent les dates différemment. L’anglais


utiliserait une virgule après le mois, ce qui ne se fait pas en
français : 28 June, 2021 le 28 juin 2021.

Quelles sont les différences que vous observez ? Premièrement,


qu’il n’existe aucune virgule après le mois en français, et
deuxièmement, l’emploi de l’article défini en français.
- Ponctuation pour marquer les propositions subordonnées

La ponctuation est également utilisée pour s éparer les


propositions subordonnées des propositions principales. Le
traducteur doit pouvoir identifier les propositions différentes afin
de traduire correctement. Observez la phrase suivante :
« The comedian, whose shows you really enjoy, and make you
laugh, will be performing here next month. » : « Le comédien,
dont tu aimes tellement les spectacles et qui te fait rire, vient
présenter son spectacle en ville le mois prochain. »
• Ponctuation de stylistique

La poncutation de stylistique doit être considéré comme une


marque qui apporte des précisions sémantiques au message.
D’habitude, on les trouve sous forme d’énumération soit
d’adjectifs, soit d’adverbes tant en français, qu’en anglais.
- Enumération d’adjectifs

Observez les exemples suivants :


« the big, blue, red and yellow sheets »: « les grands draps bleu,
rouge et jaune ». Ceci signifie que les draps sont grands et ont
trois couleurs : bleu, rouge et jaune. Par contre, si on traduit de
176
cette manière-ci « les grands draps bleus, rouges et jaunes », cela Principaux procédés
et techniques
change le sens, car cette phrase-ci signifie qu’il existe des grands
draps blancs, des grands draps rouges et des grands draps
jaunes. Il est donc essentiel que le traducteur sache si les draps en
question a trois couleurs, ou alors s’il existe trois draps dans des
couleurs différentes. La manière dont le traducteur accorde, ou
pas, les adjectifs, risque de modifier le message en LA.
- Enumération d’adverbes

Il en est de même dans le cas des adverbes. Regardez l’exemple


suivant : (1) «They were apparently willing to support your
proposals » et (2) «They were, apparently, willing to support your
proposals». Nous remarquons que, du fait qu’il existe une virgule
dans la deuxième phrase, son sens a changé. Il est possible de
traduire les deux phrases de la manière suivante : « Ils
semblaient disposés de soutenir vos propositions » et (2) « Ils
avaient l’air de soutenir vos propositions ». Il est donc très
évident que l’emploi de la virgule modifie le sens de l’énoncé. Il
est essentiel que le traducteur saisisse l’importance de la
ponctuation, comprenne le sens du message à traduire et rend
une traduction parfaite en LA.
- Dialogues/conversations

Il est vital de mentionner l’emploi du tiret dans les


dialogues/conversations français. Notez la manière correcte
d’utiliser les guillemets et les tirets :
« Salut !

-Tiens ! Tu es en retard comme d’habitude !


-J’avais du travail urgent à terminer avant de partir. Alors, on y
va ? »
En anglais, ce dialogue serait rédigé de cette manière :
«Hi!»

«Finally! You’re late as usual!»

«I had to finish some urgent work before leaving. So, shall we


proceed?»
Que constatez-vous ? Notez l’emploi des guillemets en anglais et le
manque de tirets.
• Emplacement de la punctuation

Il est vital de noter qu’en français, il faut une espace entre le mot
et les deux points [:], le point d’interrogation [?], le point
d’exclamation [!], le point-virgule [;] et les guillemets [« … »], ce
177
Méthodes, Procédés et qui n’existe pas en anglais. Ceci est d’une importance vitale
Techniques de surtout si le traducteur tape sur un clavier anglais pour traduire
vers le français ou s’il utilise un clavier français lors d’une
traduction en anglais. Observez ces exemples : «The sun is indeed
wonderful: it gives us warmth, particularly useful in colder climates;
provides light, which is a must for plants; and finally provides us
with an alternate energy source, sorely needed as humans have
almost run out of traditional sources of energy!” et cette phrase
française: « Le soleil est une étoile formidable : cela nous fournit de
la chaleur ; ce dont ont besoin ceux qui habitent dans des lieux très
froids ; fournit de la lumière, qui est essentielle pour la survie des
plantes ; et enfin est une source d’énergie alternative ; dont nous
avons tellement besoin étant donné que les sources traditionnelles
d’énergie ont pratiquement disparu ! »
Quelles différences constatez-vous dans la manière dont la
ponctuation a été employée en anglais et en français ? Notez les
espaces qui existent avant l’emploi des guillemets, deux points, point-
virgule, point d’exclamation et point d’interrogation (surtout dans la
phrase d’avant), qui n’existent pas en anglais.
Question :

Cherchez des différences entre la manière dont le français et votre


langue maternelle emploient la ponctuation.
 Intonation

Au niveau des textes rédigés, c’est la ponctuation qu’aidera le


traducteur à comprendre l’intonation, ce qui est essentiel s’il veut
rendre une traduction fidèle. Observez les exemples suivants :
- You did it? : Tu l’as fait ?
- You did it!: Tu es arrivé !
- You did it?: C’est toi qui l’ais fait ?

Notez la manière dont la ponctuation et les italiques changent le sens


de la phrase qui est composé des mots pareils.
En interprétation, il faut écouter attentivement l’intervenant pour rendre
exactement le même ton en LA. Puisque l’interprétation se concentre sur
l’oral et pas l’écrit ; l’écoute joue un rôle critique, comme nous en
apprendrons davantage l’année prochaine lors de notre cours sur
l’interprétation.

3.3.3.17 Sur-traduction et sous-traduction

Parfois, en traduisant, le traducteur a tendance à rendre sa


traduction plus longue que la version originale : des fois, c’est par
178
prudence, d’autres fois par ignorance. Quelques fois, le traducteur Principaux procédés
et techniques
sent le besoin de donner des détails supplémentaires pour rendre une
idée plus claire bien qu’il pourrait bien exister une autre manière
plus brève de rendre la même idée : « il a trouvé un chemin plus
court pour retourner dans sa maison » et « il a trouvé un raccourci pour
rentrer chez soi ». Nous dirons qu’il y existe de la sur-traduction dans la
première phrase car elle donne beaucoup trop de détails.

Par contre si le traducteur décide de supprimer certains


renseignements lors de sa traduction en LA, cela peut aboutir à une
sous-traduction : « Il est parti comme une flèche » et «He left
quickly». Le mot «quickly» ne rend pas exactement le même sens que
« partir comme une flèche » et nous constatons qu’il existe une
manque dans la traduction anglaise. Dans ce cas, nous dirons qu’il
s’agit de sous-traduction.

Question :

Cherchez des exemples de sur-traduction et sous-traduction dans des


textes traduits vers/depuis votre langue maternelle.

3.3.4 RÉSUME

Au cours de cette unité, nous avons appris tous les procédés et techniques
qu’utilisent les traducteurs. Nous avons également abordé l’importance de la
ponctuation et la manière dont elle diffère en français et en anglais,
particulièrement à l’écrit car, n’oublions pas que la traduction est un travail
écrit. Pour rendre une traduction correcte, il est essentiel de rédiger la
traduction en LA selon les règles grammaticales et syntaxiques de la LA, qui
comprend également la ponctuation. Nous venons aussi de voir comment
l’interprétation se concentre sur l’intonation puisqu’il s’agit d’un travail oral
et non écrit. Cela va sans dire que, avant de se lancer dans l’interprétation, il
est d’une importance vitale que l’interprète ait maîtrisé les procédés de
traduction.

Références : Vinay, J.P., Darbelnet J., Stylistique Comparée du français et de


l’anglais.

3.3.5 QUESTIONS
• Expliquez la différence entre la traduction directe et la traduction
oblique.
• Discutez l’importance des procédés de traduction.
• Elaborez la différence entre la transposition et la modulation.
179
Méthodes, Procédés et • Discutez la signification des procédés de traduction.
Techniques de
• Commentez l’importance de la ponctuation en traduction.

3.3.6 GLOSSAIRE
• LD : langue de départ
• LA : langue d’arrivée
• langue cible : target language
• un substantif : un nom
• suj : sujet
• c.o.i. : complément d’objet indirect
• aspect causatif des verbes : il s’agit des verbes dont les sujets font
l’action exprimée par le verbe

3.3.7 LECTURES SUGGÉRÉES


Vinay, J.P., Darbelnet J., Stylistique Comparée du français et de l’anglais.

180
Stylistique comparee
UNITE 4 STYLISTIQUE COMPAŔEE
Structure
4.4.1 Objectif
4.4.2 Introduction
4.4.3 Lexique
4.4.3.1 Axe vertical
4.4.3.2 Sens littéral et sens figuré

4.4.4 Syntaxe
4.4.4.1 Genre
4.4.4.2 Déterminants
4.4.4.3 Substantifs
4.4.4.4 Verbes
4.4.4.5 Adjectifs français/anglais
4.4.4.6 Adverbes français/anglais
4.4.4.7 Prépositions
4.4.4.8 Conjonctions
4.4.4.9 Mots charniers
4.4.4.10 Mots d’exclamation
4.4.4.11 Ponctuation
4.4.4.12 Inversions
4.4.4.13 Mots commençant ou terminant des phrases

4.4.5 Le message
4.4.5.1 Allusion dans le message
4.4.5.2 « This » et « that »

4.4.6 Résumé
4.4.7 Questions
4.4.8 Glossaire
4.4.9 Lectures suggérées

4.4.1 OBJECTIF
L’objectif de cette unité est d’aborder une étude approfondie portant sur les
différents éléments dont se composent les langues : le lexique et la syntaxe
qui comprend les règles grammaticales ainsi que la structure correcte dont
nous avons besoin pour soit rédiger une traduction, soit pour rendre une
interprétation cohérente.

181
Méthodes, Procédés et
Techniques de
4.4.2 INTRODUCTION
Toutes les langues fonctionnent différemment, que ce soit au niveau du
grammaire, soit au niveau de la syntaxe. Ceci est particulièrement vrai dans
le cas des langues qui sont très proches les unes des autres, comme dans le
cas du français et de l’anglais. Or, une étude approfondie nous révèlera qu’il
existe des différences assez importantes dans la manière dont fonctionnent
ces langues. Il est vital que les traducteurs et interprètes saisissent ces
différences s’ils veulent soit rédiger excellente traduction, soit rendre une
interprétation claire et cohérente pour leurs clients.

Au cours de cette unité, nous allons étudier la manière dont fonctionnent le


lexique et la syntaxe afin de rendre ces distinctions très claires pour ne pas
faire de fautes, ni au niveau de la rédaction d’une traduction, ni au niveau de
l’interprétation.

4.4.3 LEXIQUE
Le lexique signifie les mots qui font partie d’une langue. Nous avons divisé
notre étude du lexique en deux parties : l’axe vertical et les sens littéral et
figuré des mots. Commençons par l’axe vertical.

4.4.3.1 Axe vertical


L’axe vertical représente les synonymes d’un mot. Nous savons très bien que
le français déteste la répétition du même mot et qu’il est préférable de
connaître plusieurs synonymes qu’il serait possible d’utiliser au lieu de
répéter le même mot. Observez les exemples suivants :

dit crk;k said


déclaré mlus dgk stated
Il a annoncé cksyk he announced
informé declared
parlé, etc. told, etc.

bel lqanj pretty


joli [kwclwjr lovely
beautiful vkd"kZd attractive
adorable glhu beautiful

Il existe des synonymes pour un grand nombre de mots dans toutes les
langues. Or, il s’agit de se rappeler que certains de ces synonymes
appartiennent à certains registres de langues. Il est vital que le traducteur et
l’interprète retienne le même registre de langue lors de leur
traduction/interprétation. Donc, il est crucial que les traducteurs et interprètes
sachent un grand nombre de synonymes qu’ils peuvent utiliser pour éviter la
répétition.
182
4.4.3.2 Sens littéral et sens figuré Stylistique comparee

Plusieurs mots possèdent un sens littéral et un sens figuré. En voici quelques


exemples :

Sens littéral Sens figuré


He will eat the apple. Her son is the apple of her eye.
Il porte un manteau. Un manteau de neige a recouvert le village tout
entier.
edku VwV x;kA nq%[k dk igkM+ VwV x;k

Lors d’une traduction, il s’agit de bien saisir le sens du mot : l’a-t-on employé
au sens littéral ou au sens figuré ? Est-il possible de faire une traduction
claire en traduisant littéralement les mots en italique de la deuxième
colonne ? Quel est l’idée exprimée par ce mot dans ce contexte ? Est-elle la
même que celle exprimée par le même mot en italiques donnée dans la
première colonne ?

N’oublions pas que le plus important tant en traduction qu’en interprétation


est de rendre le sens ; les mots ne sont employés que pour exprimer des idées.
Rappelons-nous également que les interprètes n’ont jamais le temps de
vérifier si un mot quelconque a été employé au sens littéral ou au sens figuré.
Il est donc préférable que les interprètes aient déjà maîtrisé leurs langues de
travail pour qu’ils puissent saisir le sens sans perdre un instant et l’exprimer
tout de suite. La maîtrise des langues est également cruciale pour les
traducteurs car eux aussi, doivent saisir le sens correct afin de pouvoir le
retenir l’idée du texte original.

Questions :

 Cherchez des exemples des synonymes dans votre langue maternelle.


Est-ce que l’emploi de certains change le registre de langue ? Quelles
en sont vos observations ?

 Trouvez des exemples de mots employés tant au sens littéral qu’au


sens figuré dans votre langue maternelle.

4.4.4 SYNTAXE
La syntaxe d’une langue, c’est-à-dire sa structure, représente l’axe horizontal.
Chaque langue possède sa propre structure. La structure française est la
suivante : Déterminant (article ou adj. dém.) + substantif (nom commom) +
adj. + adv. + prép. + déterminant (article ou adj. dém.) + substantif + adj. +
adv.

La structure anglaise est plus ou moins la même, sauf qu’en anglais, le


substantif n’a pas toujours besoin d’être précédé par un déterminant. Il n’est
pas possible de changer cette structure. 183
Méthodes, Procédés et Or, certaines langues, comme le hindi, ont une certaine flexibilité en ce qui
Techniques de concerne la structure. Observez cet exemple :

rqEgkjs csVs us vPNk dke fd;k gSA @ csVs rqEgkjs us vPNk dke fd;k gSA @
vPNk dke fd;k gS rqEgkjs csVs us A @ dke vPNk fd;k gS rqEgkjs csVs us A @
csVs rqEgkjs us dke vPNk fd;k gSA
Nous observons qu’il est possible de changer la structure en mettant certaines
parties de la phrase dans des endroits différents dans la phrase. Cependant la
phrase reste correcte du point de vue de la syntaxe.

Il est essentiel que les traducteurs et interprètes saisissent bien ces


distinctions, car il est évident que c’est impossible de retenir la même
structure en LA. Bien sûr les traducteurs ont amplement le temps de vérifier
que la structure est correcte, ce qui n’est pas le cas pour les interprètes, qui
doivent rendre le même sens en temps réel. Ceci explique donc la raison pour
laquelle la maîtrise des langues de travail est fondamentale tant en traduction
qu’en interprétation.

Question :
Comment fonctionne la syntaxe de votre langue maternelle ?

4.4.4.1 Genre
Le nombre de genres varie selon les langues. En anglais, il existe trois
genres : masculin, féminin et neutre (he, she, it). Par contre en français, il
n’existe que deux genres : masculin et féminin (il, elle). Pareil en hindi :
masculin et féminin (ex : ljdkj] pqukSrh).

Il faut faire attention aux genres dans vos langues de travail. Parfois, un
changement de genre peut modifier le sens du mot : le foie et la foi. Ceci est
d’autant plus important pour les interprètes car ce type d’inattention peut
causer des problèmes sérieux au niveau des discussions. Considérez
l’exemple suivant : He has a problem with his liver Il a un problème
avec sa foi. Nous voyons bien que le sens de la phrase en LA a changé
complètement. Nous savons très bien que les traducteurs et interprètes n’ont
pas du tout le droit de changer le sens de la phrase et doivent toujours en
retenir le sens exact.

Question :
Commentez sur les distinctions qui existent au niveau du genre dans vos
langues de travail.

4.4.4.2 Déterminants
Il est fondamental de comprendre l’emplacement des déterminants (articles,
adj. poss.) dans l’axe horizontale de vos langues de travail. Certaines langues,
comme le français, ne peuvent pas se passer de ces déterminants, qui précède
tout substantif. Ce qui n’est pas forcément le cas pour l’anglais. Observez cet
184 exemple : « Des milliers sont morts » «Thousands died».
Il s’agit également de se rappeler qu’en français les déterminants s’accordent Stylistique comparee
toujours avec le substantif. Les traducteurs ont toujours les temps de vérifier
ces accords, mais les interprètes travaillant vers le français doivent faire très
attention aux accords de ces déterminants.

Parfois, un déterminant anglais ne se traduira pas forcément le même


déterminant en français. Regardez les exemples suivants :
The racket carried on all night : Ce vacarme a duré toute la nuit.
This is the official document: Ce document est la version officielle.
If the refugees continue to come, this will deepen the crisis: Si les refugiés
persistent à venir, la crise risaue de s’empirer.
Qu’observez-vous ? Que l’article défini « the » est rendu par « Ce » et que
« this » a été rendu tantôt par « ce », tantôt par « la ». Ce n’est que le sens du
déterminant en LD qui pourra fournir un indice sur la manière correcte de le
rendre en LA.

Questions :

 Discutez le rôle que jouent les déterminants dans votre langue


maternelle.

 Quelles sont les différences au niveau des déterminants dans vos


langues de travail ?

4.4.4.3 Substantifs
Il faut savoir que le français préfère le substantif. Regardez attentivement les
exemples suivants :

 This will endanger the health of the children : Cela mettra en danger
la santé des enfants

 When she returned : A son retour

 It is hopeless : C’est sans espoir.

 I flew : j’ai pris l’avion

Il faut également se rappeler le français est une langue qui préfère la


précision et désire la clarté. Donc, le français estime que des phrases avec des
mots comme ceci et cela ne sont pas suffisamment claires et souhaiterait
rédiger ces phrases différemment en remplaçant ces pronoms par le nom.
Observez ces exemples :

 By this, I didn’t mean that… :

1. Cela ne voulait pas dire que…

2. Les remarques que je viens de faire ne signifient nullement que….


185
Méthodes, Procédés et  This was very informative :
Techniques de
1. Ceci nous a fourni beaucoup de renseignements.

2. Cet évènement nous a fourni beaucoup de renseignements.

Il est très clair que, dans les ceux exemples, le sens ne ressort pas clairement
dans les phrases employant ceci et cela. L’esprit français, qui a un souci de la
clarté, a donc besoin de substituer le pronom par le nom. Ceci est surtout vrai
dans le cas de «this» et «that».

Les traducteurs et interprètes doivent toujours tenir compte de la préférence


du français tant pour le substantif, que la clarté.

Questions :

 Trouvez des phrases avec «this» et «that». Cherchez la manière dont


on les a traduites en français. Qu’observez-vous ?

 Existe-t-il de telles différences au niveau des substantifs entre le


français et votre langue maternelle ? Trouvez des exemples.

4.4.4.4 Verbes
Les verbes possèdent des caractéristiques différentes dans toutes les langues.
Il est fondamental de bien saisir ces distinctions pour pouvoir rendre le sens
exact des verbes en LA.

4.4.4.4.1 Aspects des verbes

Les verbes ont des aspects différents qu’il faut bien comprendre car cela aide
les traducteurs et interprètes à rendre le sens correct en LA. Comprenons
d’abord ces différents aspects qui sont données ci-dessous.
Aspect inchoatif : les verbes exprimant le début d’une action possèdent un
aspect inchoatif. Le français emploie volontiers des verbes comme
« commencer » ou « débuter », l’anglais « to start » ou « to begin ». Regardez
les exemples suivants :
 The party started : La soirée a débuté …
 He had barely started … : Il avait à peine commencé
Aspect perfectif : cet aspect est représenté par le temps du verbe : en français
le passé simple et le passé composé. Le temps indique que l’action est
terminée. En voici quelques exemples :
 Il a terminé : he has finished
 Il terminina : he finished
Aspect durative : Dans ce cas, il s’agit des actions qui durent pendant un
certain temps. En français, l’imparfait, le futur simple et l’indicatif présent
186 indiquent tous cet aspect : il lisait, il attendra, il regarde. Or, ce n’est pas aussi
simple en anglais. Parfois, il faut changer le temps en anglais. Regardez ces Stylistique comparee
exemples :
 Elle voulait s’en aller : She wanted to leave.
Elle voulut s’en aller : She tried to leave.
 Elle se taisait : She kept quiet.
Elle s’est tut : She fell silent.
 Mes parents se connaissaient déjà : My parents already knew each
other.
Mes parents se sont connus en 1984 : My parents met in 1984.
Ces exemples démontrent qu’il est essentiel de d’avoir une image très de
l’action et de bien saisir le temps et la durée si on veut la traduire
correctement en LA. Nous voyons également qu’il n’est pas toujours possible
de traduire le temps de LD en employant le même temps en LA : par
exemple, l’imparfait ne se rendra pas forcément par le past perfect anglais.
Donc. Pour traduire en LA, il s’agit donc de trouver le temps qui exprimera le
même sens et la même durée.
Aspect ponctuel : il s'agit des actions qui ne durent qu'un seul instant. En
voici des exemples :
 to sit: s’asseoir ;
 to glance : jeter un coup d'œil.
Bien entendu, avant de traduire ces verbes, il s'agit de bien saisir le contexte.
Aspect itératif : les verbes exprimant une action qui se fait successivement à
brèves intervalles possèdent cet aspect itératif. Voici quelques exemples :
 to chew : grignoter
répéter : to repeat
Aspect graduel : il s'agit des actions qui doivent se terminer après un certain
délai, par exemple :
to sink : s’enfoncer.
Pour retenir cet même aspect, certains verbes anglais ajouteraient « away »,
comme dans le cas de « my shoes were wearing away ». L’aspect graduel
comprend tant l’aspect inchoatif que l’aspect duratif.
Aspect d'insistance : l'anglais peut également employer les verbes « do » et
« will « pour dénoter cet aspect-ci. En français, il existe diverses manières de
les traduire selon le contexte dans lequel on les utilise. Observez ces
exemples :
 She did answer my question, but did not give too many details : Elle a
bien répondu à ma question, mais n’a pas donné trop de détails. 187
Méthodes, Procédés et  Do be careful on your way here : Faites bien attention en venant ici.
Techniques de
 They did do it : Ce sont bien eux qui l'ont fait.
Aspect habituel : il s’agit des verbes exprimant une certaine habitude. En
français, cet aspect est rendu par quelques tournures comme « ne faire que »
(elle ne fait que nous interrompre) ou la forme pronominale (la salade se
mange froide). Par contre, l’anglais utiliserait le verbe « will » ou les
expressions avec le verbe « keep ». Notez les exemples suivants :
 She keeps biting her nails: Elle se ronge les ongles.
 He will make a mess : Il sème le désordre.
Aspect statique : Il s’agit de tous les verbes de mouvement envisagé d’une
manière statique. Observez les exemples suivants :
 The mountain rises 1000 m. above the sea. : La montagne s’élève à
1000 m. au-dessus du niveau de la mer.
 Le clocher disparaissait derrière les nuages : The bell tower
disappeared behind the clouds,
Aspect ambivalent : ceci se dit des verbes qui portent plusieurs
significations. Seul le contexte pourra fournir un indice de la traduction
correcte. Notez les exemples suivants :
 « You’re almost home » peut signifier que vous êtes presque arrivé
chez vous ou que vous avez presque touché au but.
 « Montez ! » peut signifier soit « get in », soit « come upstairs ».
Aspect vectoriel : il s’agit des verbes de mouvement exprimant une certaine
direction d’une manière très claire. Observez les exemples suivants :
en français : descendre, monter
en anglais : climb up, climb down
Aspect progressif : Ceci signifie qu’une action est en cours au temps
employé dans la phrase. Voici un exemple : «They are eating.» En français, il
existe deux façons de traduire cette phrase : 1) Ils sont en train de manger ;
ou 2) Ils mangent. Le français possède une autre tournure qui représente cet
aspect progressif : en employant le verbe « aller » au lieu de « être ».
Observez l’exemple suivant : « La santé de son père va en s’améliorant ».
Ceci signifie que la santé de son père s’améliore chaque jour. On pourrait
également dire : « La santé de son père s’améliorait ». Nous voyons donc
qu’en français, l’aspect progressif est rendu par 1) la tournure en train de, 2)
le verbe aller + participe présent ou 3) par l’emploi de l’imparfait.
Aspect successif en anglais, certaines répétitions syntaxiques rendent cet
aspect successif comme : from village to village (de village en village). ,d ds
ckn ,d. l’un après l’autre. Très souvent, le français sent le besoin de
188
remplacer cette répétition par un mot qui concluerait, plutôt que décrirait, les Stylistique comparee
idées exprimées par l’énoncé. Examinez les exemples suivants :
 The journey went on and on: le voyage semblait interminable.
 They climbed peak after peak : ils ont escaladé plusieurs sommets les
uns après les autres.

Aspect permanent et aspect occasionnel


Ces aspects sont marqués par les participes passés lorsque ces derniers
prennent la valeur d’adjectif. Ces participes passés expriment généralement
un aspect duratif ou habituel. Prenons les exemples suivants : tapis roulants,
un steak saignant, etc. Certes, il existe des exceptions, comme dans le cas de
« poisson volant » car ce dernier est une espèce de poisson.
L'aspect occasionnel se dit des actions qui se font très rapidement comme
l’indiquent les exemples suivants :
 The departing train : le train qui partait
 They heard people running away : ils pouvaient entendre les gens qui
s’enfuyaient.

4.4.4.4.2 Différents formes des verbes

Il existe trois formes distinctes des verbes : la forme pronominale, la forme


passive et la forme active. Le français utilise ces trois formes, l’anglais
n’emploie que deux : la forme passive et la forme active. La forme
pronominale se s’emploie d’habitude pas en anglais. Essayons de saisir ces
formes-là pour mieux comprendre comment les rendre dans la langue cible.

4.4.4.4.2.1 Forme pronominale

La forme pronominale en français peut indiquer les sens suivants :


 Sens réfléchi : là où l’action se passe sur soi-même. Dans cette
catégorie, nous trouvons :

 Actes physiques : tu te laves

 Actes conceptuels : je me lève

 Etat où l’on se trouve : il s’est blessé ; elle s’est noyée


 Sens passif : la forme pronominale indiquant le sens passif se traduit
en anglais par la voix passive : Les tomates se vendent chers.
Tomatoes are being sold at an expensive rate.
 Sens réciproque : une action qui se passe entre deux personnesou
deux groupes : ils se battent.
 Sens progressif : ceci implique une progression :

189
Méthodes, Procédés et La situation s’améliore. The situation is
Techniques de improving.
 Sens pronominaux : il s’agit des verbes qui sont strictement
pronominaux :
Elle s’est évanouie. She fainted.

4.4.4.4.2.2 Forme active

Parfois, le français emploie la forme active en parlant d’un évènement qui


aurait eu lieu dans le passé : nous le connaissons mieux comme le présent
historique. En voici un exemple : En 1969, l’homme arrive sur la lune. Il est
très clair que l’action s’est déroulée dans le passé. Le traducteur doit assurer
qu’il n’emploie pas le présent lors de la traduction en LA. En anglais, on
traduirait cette phrase en employant le passé : Man reached the moon in
1969.

4.4.4.4.2.3 Forme passive

Contrairement au français, qui préfère la voix active, l’anglais emploie plus


volontiers la voix passive. Il existe quatre manières de traduire cette voix
passive anglaise :

 pronom impersonnel « on »: Paul is wanted on the phone: On


demande Paul au téléphone.

 Passif pronominal : Roti is always eaten hot. Le roti ne se mange


jamais froid.

 en ajoutant un verbe : Hé was denied the work permit : Il se vît refusé


le permis de travail.

 Laisser au passif : Notez l’exemple suivant :

This result was influenced by many Ce résultat a été influencé par plusieurs
factors. facteurs.
Plusieurs facteurs ont influencé ce
résultat.

Bien qu'il soit possible de traduire vers le français en utilisent la forme


passive, il est clair que la forme active est préférable.

4.4.4.4.3 Attitudes envers l’énoncé

- Certitude : Certains verbes expriment la certitude (must, devoir) :


I must complete this project by Monday : Je dois terminer ce projet d’ici
lundi.
-Obligation/imposition : Plusieurs verbes indiquent une obligation ou une
190 imposition. Voici des exemples de ce type de verbes français et anglais :
devoir, il faut que, être, avoir à, être tenu de, obliger à, should, must, must Stylistique comparee
not, may not.
Ex : Il faut absolument que tu rembourses et argent aujourd'hui. You must
return the money today.
Le conditionnel exprime également cette obligation :
 Nous devrions aller lui rendre visite demain. We
should go and see him tomorrow.
 Elle aurait dû vous en informer. She
should have told you.

Il se peut que les verbes anglais "should" et "ought" soient traduits en


français en employant le présent.
 You ought to pay your debt as soon as possible. Tu dois
payer ta dette aussitôt que possible.
 All answers should be hand-written. Toutes les
réponses doivent être écrites à la main.
-Probabilité, possibilité, doute ou incertitude : Les locutions verbales,
verbes et adverbes indiquant la probabilité, possibilité, doute ou incertitude
comprennent probablement, il est probable que + indicatif, is likely to,
without doubt, sans aucun doute et non pas sans doute, devoir, must, should,
will, si, se douter de, to doubt, etc.
Certains verbes de perception en français indiquent la possibilité d’une façon
explicite, ce qui n’est pqs le cas en anglais : Je l’entends I can hear
him.
L’anglais employerait les verbes can, may, by any chance, pour rendre cet
aspect de possibilité :
 Could it be? Serait-ce possible ?
 He can come. Il se peut qu’il vienne.
Dans le cas de la probabilité, le français l’exprimerait en employant le futur
antérieur et certaines expressions. Les verbes pouvoir et se demander rendent
cette notion de probabilité :
 Il pourrait venir.
 On se demandait s’il viendrait ce soir.
- Négation : En français, la négation se dénote par l'emploi de certains mots :
ne...pas, ne …rien, ne …jamais, aucun(e). Il est à noter qu’en français, le
verbe se place entre les deux mots, ce qui n'est pas forcément le cas dans
d'autres langues. Certains verbes expriment aussi la négation : refuser, nier,
réfuter, etc. Ce type de verbes existent également en anglais : to refuse, deny,
refute, etc.
191
Méthodes, Procédés et 4.4.4.4 Temps français/anglais
Techniques de
La table la suivante nous explique de manière très claire qu’il n’est pas
possible de traduire le temps français par les mêmes en anglais.

Temps français Temps anglais Exemples


Présent Present FR : Je joue aux échecs
Emphactic ENG : I play chess
present FR : C’est bien ce que je pense
Future (surtout ENG : I do assure you
dans le cas des FR : Aucune serrure ne tient contre la puissance
proverbes) de l’or.
Present perfect ENG : No lock will hold against the power gold
Present perfect FR : Voilà sept ans qu’il est mort.
continuous ENG : He has been dead for seven years.
Present FR : Voilà dix ans que j’habite ici.
indefinite ENG : I have been living here for ten years.
Present FR : Je crois que vous pouvez faire ce travail.
indefinite ENG : I believe that you can do this job.
continuous FR : Je marche.
ENG : I am walking.
Imparfait Past indefinite FR : Ses cheveux longs tombaient sur ses
épaules.
Past continuous ENG : Her long hair fell on her shoulders.
perfect FR : Il faisait là quelque chose de très dangereux.
ENG : He was doing a very dangerous thing.
Past continuous FR : Je mangeais quand il est arrivé.
ENG: I was eating when he arrived.
Past perfect FR : J’apprenais l’allemand depuis deux ans
continuous lorsque j’ai commencé l’espagnol.
ENG: I had been learning German for two years
when I started Spanish.
Passé composé Present perfect FR : J’ai habité ici toute l’année.
ENG: I have lived here the whole year.
Present perfect FR : J’ai supporté votre insolence depuis plus de
continuous deux heures !
ENG: I have been putting up with your insults for
more than two hours!
FR : J’ai visité Paris en 2018.
Past indefinite ENG: I visited Paris in 2018.
FR : J’ai étudié le règne de Louis XIV toute la
Past continuous matinée.
ENG: I have been studying the reign of Louis XIV
all morning.
FR : Il a étudié sérieusement depuis la semaine
Past perfect dernière.
continuous ENG: He has been studying hard since last week.
192
Plus-que-parfait Past perfect FR : J’avais fini mon travail quand il est entré. Stylistique comparee

ENG: I had finished my work when he came in.


Past perfect FR : J’avais dormi un peu quand il a sonné.
continuous ENG: I had been dozing when he called.

Futur N.B. Il faut se FR : Vous viendrez ce soir ?


rappeller qu’il -Je ferai de mon mieux.
n’existe pas de ENG: Will you come this evening?
temps I will do my best.
équivalent au
futur français et
c’est pour cette
raison que nous
avons besoin
d’employer
«will »
Conditionnel L’anglais FR : T’aurais dû venir !
utiliserait -Je serais venu si j’avais pu !
«should», ENG: You should have come!
«would» I would have if I could!
et «could»
Impératif N.B. Il faut se ENG: Start!
rappeler qu’à FR : Commence !
l’impératif, que Commençons !
l’anglais n’a Commencez !
qu’une seule
personne (you),
tandis que le
français a la 2e
pers. du sing,
qinsi que les 1e
et 2e pers. du pl.
Subjonctif Le temps que 1. Il faut absolument que tu termines ton
choisirait le travail avant de partir : You must finish your
traducteur ou work before leaving.
l’interprète 2. On est ravi qu’il ait obtenu ce prix ! : We
dépendra du are thrilled that he got this prize.
contexte 3. Il était important pour lui qu’il ait pu
participer à ce concours prestigieux : It was
important for him to have participated in this
prestigious contest.

193
Méthodes, Procédés et Questions :
Techniques de
 Cherchez des exemples des différents aspects des verbes dans votre
langue maternelle.
 Faites une étude similaire entre les temps du français et ceux de votre
langue maternelle.

4.4.4.5 Adjectifs Français/Anglais


Voici un détail à ne pas oublier : En français, les adjectifs se placent
d’habitude après le nom, Parfois, il est possible de les placer avant le nom.
Or, en anglais nous les trouvons généralement avant le nom. Observez
l’exemple suivant. Qu’observez- vous ?
Il est un chanteur allemand bien-connu. He is a well-known German singer.
1 2 2 1
Notez que le placement des adjectifs a changé lors de la traduction en anglais.

Question :
Discutez les différences qui existent au niveau des adjectifs en français et
dans votre langue maternelle.

4.4.4.6 Adverbes Français/Anglais


Le placement de l’adverbe peut complètement changer le sens de la phrase.
Observez les exemples cités ci-dessous. L’adverbe qui a été utilisé est
"ONLY".
1. ONLY I punched Paul in the eye yesterday. (personne d’autre ne l’a
fait) :
Hier, j’étais le seul à lui lancer un coup poing dans l’œil.
2. I ONLY punched Paul in the eye yesterday. (je ne l’ai ni giflé, ni
frappé.) :
Hier, je n’ai que lancé un coup de poing dans l’œil de Paul.
3. I punched ONLY Paul in the eye yesterday. (pas à d’autres, qu’à
Paul) :
Hier, je n’ai lancé un coup de poing dans l’œil que de Paul.
4. I punched Paul ONLY in the eye yesterday (ce ne fut que dans l’œil) :
Ça ne fut que dans l’œil de Paul que j’ai lancé un coup de poing.
5. I punched Paul in ONLY the eye yesterday (pas dans d’autres parties
du corps) :
Hier, j’ai lancé un coup de poing que dans l’œil de Paul.
6. I punched Paul in the ONLY eye yesterday (Il n’a qu’un seul œil) :
Hier, j’ai lancé un coup de poing dans le seul œil que possède Paul.
194
7. I punched Paul in the eye ONLY yesterday (pas aujourd’hui) : Stylistique comparee

Ça ne fut qu’hier que j’ai lancé un coup de poing à Paul dans son œil.
8. I punched Paul in the eye yesterday ONLY (pas attendu pour
aujourd’hui) :
Ce n’était qu’hier que j’avais lancé un coup de poing à Paul dans son
œil.

Il est donc très clair que le message change lorsqu’on place l’adverbe dans un
endroit différent. Il est évident qu’il s’agit de trouver le sens exact de la
phrase avant d’entreprendre sa traduction.

Question :

Cherchez des différences semblables au niveau des adverbes en français et


dans votre langue maternelle.

4.4.4.7 Pŕepositions
Il faut faire très attention avec les prépositions lors de la traduction.
Dans le cas des prépositions françaises, il s’agit de faire attention aux
prépositions comme à, de, sur, etc. Notez les exemples suivants :
 Il est part à Grenoble / il l’a mis à côté.
 Il est parti de chez moi à midi / il m’a prié de vous remercier de sa
part.
Serait-il possible de traduire les prépositions de la même façon ? Voici la
traduction en anglais de ces phrases :
 He went to Grenoble / he put it aside.
 He left my house at noon / he asked me to thank you on his behalf.

Il est clair qu'il n'est pas possible de traduire les prépositions françaises
comme telles en anglais. Il s’agit de voir si la traduction des prépositions
dans d’autres langues soit aussi complexe. Observez les exemples suivants :
 He dropped out of school
 He went out.
Serait-il possible de traduire la préposition « out » de la même manière dans
les deux cas? Dans le premier cas, il faudrait traduire par « Il a quitté /
abandonné l’école » et dans le deuxième cas, par « Il est sorti. » Ceci est vrai
pour toutes les locutions prépositionnelles.

Voici un exemple en hindi avec la préposition esa %


ikSnksa esa ikuh nsuk @ og vius dejs esa gS @ FkSyh esa Mky nks
Arroser les plantes/ he (she) has gone to his (her) room/ put it in the bag. 195
Méthodes, Procédés et Nous pouvons donc conclure qu’il n’est possible de traduire les prépositions
Techniques de de la même manière en LA sans vérifier le sens pris par la préposition en
question.

N.B. Faites très attention avec les prépositions suivantes : as, or, while,
in, such, out, in, à, de, sur, lorsque, depuis lors d’une traduction.
Rappelez-vous que c’est le sens qu’il faut transmettre, et non les mots.

Question :
Cherchez des exemples pareils au niveau des prépositions, ou des locutions
prépositionnelles dans votre langue maternelle.

4.4.4.8 CONJONCTIONS
Tout comme les prépositions, il s'agit de faire attention avec la traduction de
certaines conjonctions anglaises comme when, where, why, whether, or, and
et how. Pour traduire ces conjonctions, il faudrait avoir recours au procédé de
l’étoffement que vous avez étudié au cours de l’unité précédente intitulée
« Procédés de traduction ». Veuillez le revoir avant de continuer.

Voici quelques exemples de la manière dont on emploierait ce procédé dans


ce cas :

 This is where I found my dog : Voici l’endroit où j’ai trouvé mon


chien.

 Could you tell me why you were not on time? : Pourriez-vous me dire
les raisons de votre retard?

 That depends on when you leave : Cela dépend de la date de ton


départ.

 It really boils down to whether or not you really want to do it : Cela


se ramène à la question de savoir si tu veux vraiment le faire.

 This is how it happened : Voici la manière dont cela s’est passé.

 This was when not everyone had phones : C’était une époque où tout
le monde n’avait pas accès au téléphone.

 It was either this or that: C’était soit ceci soit cela.

 He bought the red shirt and the black trousers : Il a acheté tant la
chemise rouge que les pantalons noirs.

D’après ses exemples, nous voyons très bien qu’il n’est pas possible de
traduire les conjonctions anglaises sans les étoffer, d’où l’importance du
procédé d’étoffement.

196
Question : Stylistique comparee

Faites une étude pareille pour voir comment vous traduirez du français vers
votre langue maternelle. Auriez-vous recours à un procédé quelconque ? Si
oui, lequel et pour quelles raisons ?

4.4.4.9 Mots charniers


Nous avions déjà discuté du fait que l’esprit français a besoin d’une certaine
clarté et de logique dans un énoncé. C’est pour cette raison que le français a
recours aux mots charniers. Rappelons-nous que la traduction est un travail
écrit, ce qui exige une certaine logique entre les énoncés. C’est précisément
pour cette raison qu’il faut ajouter ces mots charniers lorsqu’on traduit vers le
français. Par contre, il est important de se rappeler que lorsqu’on traduit du
français vers l’anglais, nous n’avons pas besoin de traduire ces mots
charniers. Observer les exemples suivants :

 Or, lorsque cet accident s’est produit… : When the accident took
place…

 Il s’est rendu compte que la pluie n’allait pas cesser et a donc décidé
de rester : He realised that the rain was not going to stop and decided
to stay.

Le traducteur aura toujours le temps de revoir sa traduction et d’ajouter c’est


mon charnier si jamais il manque. Or, l’interprète, de son côté, si jamais il
interprète vers le français ou à partir du français, doit quand même faire très
attention à ces mots charniers.

4.4.4.10 Mots d’exclamation


Dans le cas des mots d’exclamation, il est préférable de trouver les
équivalents dans la langue d’arriver. Notez les exemples suivants :

 A man : un homme

 Oh man! : zut alors!

 Weren’t they having fun! : C’était fou, ce qu’ils s’amusaient !

 Weren’t they pleased to hear the good news! : Ils ont été rudement
contents d’apprendre la
bonne nouvelle

Étant donné que l’interprétation est un travail oral, l’interprète doit faire très
attention à l’intonation de l’intervenant pour saisir s’il s’agit d’une phrase.
Son interprétation dépendra fortement sur l’intonation. Regardez l’exemple
suivant : Weren’t they pleased to hear the good news ! / Weren’t they pleased
to hear the good news?

197
Méthodes, Procédés et Question :
Techniques de
Cherchez des exemples de mots d’exclamation dans votre langue maternelle.
Comment les traduirez-vous en français ?

4.4.4.11 Ponctuation
Nous avons déjà traité de la ponctuation lors de l’unité précédente, intitulé
« Procédés de traduction ». Nous avons également vu comment l’intonation
joue un rôle très important pour l’interprète en ce qui concerne la
ponctuation. Veuillez revoir cette unité en vous concentrant sur la partie
portant sur la ponctuation.

4.4.4.12 Inversions
L’inversion existe tant en français qu’en anglais. En français, l’inversion se
trouve avec la négation, mais cela se trouve également avec les expressions
suivantes : à peine, du moins, aussi, en vain, sans doute, et peut-être. En
voici quelques exemples :
 A peine était-elle rentrée que le téléphone a sonné.
 Du moins avait-il terminé ses devoirs !
 Aussi demandions-nous ce qui se passait.
 En vain avait-il cherché le chemin de l’église.
 Sans doute voulait-il trouver la vraie raison de l’absence de son ami…
 Peut-être désiriez-vous nous accompagner ?

En anglais, hardly, no sooner, on no account, et under no


circumstances nécessiterait l’emploi de l’inversion. Voici quelques
exemples :

 Hardly had she finished her work than her guests arrived.

 No sooner had they arrived that the feast began.

 They had been told that on no account was their father to be


disturbed.

 Under no circumstances were they to enter the study.

Question :

Chercher des exemples de l’inversion dans votre langue maternelle.

4.4.4.13 Mots commençant ou terminant des phrases


Les phrases françaises et anglaises peuvent débuter et terminer de manières
différentes.
198
Début des phrases Stylistique comparee

En anglais, les phrases peuvent commencer avec des adverbes ou des


adjectifs ordinaux. La traduction en français de la plupart des adverbes
anglais nécessiterait est un étoffement. Ceci est également vrai dans le cas de
certains pronoms. Observez les exemples donnés ci-dessous :

 Many died in the crash : l’accident a tué plusieurs gens.

 Interestingly, we had completed a similar project: Fait intéressant,


nous venions de terminer un projet semblable.

 Two more were expected : On attendait encore deux personnes.

 Something missing? Il manque quelque chose ?

Certes, certains adverbes français peuvent débuter une phrase


comme malheureusement, mais dans la plupart des cas il faudrait changer la
structure lors de la traduction vers une l’anglais.

Fin des phrases

L’esprit français préfère terminer ses phrases en utilisant à nom, vert,


adjectif, ou adverbe. Cependant, il est intéressant de noter que le français ne
terminera jamais ses phrases par des mots courts en anglais comme l’illustre
l’exemple suivant :
I don’t know where the office is: Je ne sais pas où se trouve le bureau.

Cependant, il existe bien des exceptions à cette règle. Les mots avec
lesquelles il est possible de terminer des phrases françaises sont pas, guère,
rien, n’est-ce pas, non, etc. D’habitude, en français, on éviterait de terminer
une phrase sur une préposition.

Les phrases en français tentent également de ne pas terminer sur des verbes.
Dans ces cas-là, on préférerait inverser le verbe et son sujet pour pouvoir
terminer avec le nom, Regardez cet exemple : « The minister said the
economic crisis was over ». Au lieu de dire « le ministre a déclaré que la
crise économique était passée. », une phrase qui se termine sur un verbe, il
serait préférable de dire « La crise économique était passée, a déclaré le
ministre. », car cela se termine avec un substantif.

Question :
Cherchez les différentes manières de terminer les phrases dans votre langue
maternelle

4.4.5 LE MESSAGE
Tout texte comporte trois parties essentielles dont la partie la plus grande est
le paragraphe, suivi de la phrase et l’unité la plus petite est constituée par les 199
Méthodes, Procédés et mots. Nous avons déjà fait entreprise une étude des mots (lexique) et de la
Techniques de phrase (syntaxe). Nous aborderons maintenant cette même étude au niveau du
paragraphe (métalinguistique), qui contient le message que veut transmettre
un auteur à ses lecteurs. C’est ce message sur lequel nous allons maintenant
porter notre attention.

4.4.5.1 Allusion dans le message


La métalinguistique va au-delà des phrases et des mots. Parfois, il s’agit de
comprendre à quoi se réfère l’auteur pour saisir le vrai sens du message. Au
fait, il faut de reconnaître les allusions auxquelles se réfère l’auteur. Prenons
un exemple : « Le problème des immigrés a été une des causes principales
des troubles. » De quel problème s’agit-il ? Qui sont ces immigrés ? Afin de
mieux comprendre le sens de cette phrase, il est essentiel de savoir qu’il
s’agissait des immigrés venant des pays en état de guerre civile qui avait
obligé une grande majorité du peuple à s’enfuir de leur propre pays. Ces gens
se sont arrivés dans des pays développés. Cette situation a mené à des
conséquences sévères économiques pour les pays qui ont accueillis ces
immigrés.

Les documents politiques peuvent contenir plusieurs allusions qu’il est


essentiel de savoir pour les traduire correctement. C’est ici qu’entrent en jeu
les connaissances cognitives des traducteurs et interprètes. Sinon pas les
connaissances suffisantes, les traducteurs perdront énormément de temps à
rechercher le vrai sens de la phrase et les interprètes trouveront pratiquement
impossible d’interpréter correctement le message exprimé par l’orateur.

Voici quelques exemples d’allusion :


 Rashtrapati Bhavan (Résidence du Président de la République de
l’Inde)
 North Block (Ministère des finances)
 South Block (Ministère des affaires étrangères de l’Inde)
 Palais Élysée (Résidence du président de la République de France)
 Quai d’Orsay (Ministre des affaires étrangères de la France)
 L’hexagone : la France

Les dates peuvent aussi tomber dans cette catégorie :


 le 15 août
 le 14 juillet
 le 4 juillet
 le 26 janvier

200
Voici des exemples de certains noms propres qui tombent également dans Stylistique comparee
cette catégorie :
 Bapu : Mahatma Gandhi
 Iron Lady : Margaret Thatcher
 Flying Sikh : Milkha Singh
 Fuehrer : Adolf Hitler
 Tonton : François Mittérand
 Sarko : Nicolas Sarkozy
 Lightening Bolt : Usain Bolt

Il est également fort possible de trouver des allusions dans divers textes. D’où
la nécessité, surtout dans le cas des traducteurs et interprètes, d’avoir
d’excellents niveaux de connaissances cognitives.

4.4.5.2 « This » et « that »


Nous avons parlé très souvent du fait que les Français besoin d’une certaine
clarté dans ses énoncés. Observez les exemples suivants :

« This was taken into account while drawing up the report. » Une traduction
directe donnerait ceci a été prise en compte en rédigeant le rapport.
Malheureusement cette phrase n’est pas claire en elle-même. Il faut donc
remplacer « ceci » par un substantif par besoin de clarté : « On a pris en
compte les détails lors de la rédaction du rapport. »

Autre exemple : We will be in serious trouble if this is allowed to carry on.


Même dans ce cas, il faudrait remplacer le mot « this » par un substantif qui
fournirait des renseignements supplémentaires dans le but de rendre le sens
plus clair.

Question :
Chercher des exemples pareils dans votre langue maternelle.

4.4.6 RÉSUMÉ
Nous venons de faire une étude approfondie du français aux niveaux du
lexique, de la syntaxe et du message. L’objectif était de voir si le français
fonctionne de manière identique à d’autres langues à tous ces niveaux. Nous
avons constaté qu’en effet, le français fonctionne de manière très différente
d’autres langues. Des différences existent dans pratiquement toutes les
langues. Les traducteurs et les interprètes doivent être très conscients de ces
différences lorsqu’ils traduisent ou interprètent d’une langue à une autre, pour
éviter de faire des gaffes en traduction ou en interprétation. La maîtrise des
langues de travail rend ces différences très claires, et rend le travail des
201
Méthodes, Procédés et traducteurs et interprètes plus facile. Bien entendu, les connaissances
Techniques de cognitives sont vitales pour les deux métiers de traduction et de
l’interprétation.

4.4.7 QUESTIONS
 Analysez l’axe vertical du lexique dans votre langue maternelle.
Emploierait-on des mots différents selon les registres de langues ?
 Quelles différences syntaxiques avez-vous remarqué entre le français
et votre langue maternelle ?
 Commentez les différences qui existent au niveau des temps dans vos
langues de travail.
 « Toutes les langues sont similaires ». Commentez.

4.4.8 GLOSSAIRE
Langue cible : la langue d’arrivée
LA : langue d’arrivée
LD : langue de départ
Mots charniers : connecteurs logiques
Substantif : noms
Connaissances cognitives : connaissances générales

4.4.9 LECTURES SUGGERÉES


Vinay, J.P., Darbelnet J., Stylistique Comparée du français et de l’anglais.

202

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