Cours Denombrement
Cours Denombrement
Cours Denombrement
14 février 2024
2 Listes et combinaisons 5
2.1 p-listes d’un ensemble à n éléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Permutations d’un ensemble à n éléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.3 Parties à p-éléments d’un ensemble à n éléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1
1 Cardinal d’un ensemble fini
1.1 Définition et premières propriétés
Définition 1.1 (Cardinal)
Soit A un ensemble fini. On appelle cardinal le nombre de ses éléments, et on le note Card(A) ou |A|.
Soit E un ensemble fini et A un sous-ensemble de E. Alors A est fini, et Card(A) ⩽ Card(E). De plus,
A = E ⇐⇒ Card(A) = Card(E).
Démonstration. Admis.
Remarque. Pour montrer que deux ensembles finis sont égaux, on peut donc au choix raisonner par double
inclusion ou montrer une inclusion et l’égalité des cardinaux.
Démonstration. Admis.
n
X
Démonstration. Soit n ∈ N∗ , on pose H(n) : « Pour toute partition (Ai )i∈[[1,n]] de E, Card(E) = Card(Ai ) ».
i=1
— Pour n = 1, si A1 = E, Card(E) = Card(A1 ) donc H(1) est vraie.
— Soit n ∈ N∗ , on suppose que H(n) est vraie. Soit une partition (Ai )i∈[[1,n+1]] ∈ P(E)n+1 de E. Alors
(A1 , . . . , An−1 , (An ∪ An+1 )) est aussi une partition de E : il est immédiat que l’union vaut toujours E, et
∀i ∈ [[1, n − 1]], Ai ∩ (An ∪ An+1 ) = (Ai ∩ An ) ∪ (Ai ∩ An+1 ) = ∅ ∪ ∅ = ∅. H(n) donne donc :
n−1
X
Card(E) = Card(Ai ) + Card(An ∪ An+1 ).
i=1
Or An ∩ An+1 = ∅, donc Card(An ∪ An+1 ) = Card(An ) + Card(An+1 ). Donc H(n + 1) est vraie.
D’où le résultat annoncé.
Soit E un ensemble fini et A et B deux sous-ensembles de E. Alors Card(A \ B) = Card(A) − Card(A ∩ B).
2
Démonstration. (A \ B) ∪ (A ∩ B) = A, et A \ B et A ∩ B sont disjoints, on peut donc appliquer la formule de
somme :
Card(A \ B) + Card(A ∩ B) = Card(A).
Démonstration. On a A∪B = A∪(B \A) et cette deuxième union est disjointe. La formule de somme (cas disjoint)
et la formule de différence donnent alors :
Remarque. Cette formule se généralise facilement : si A1 , . . ., Ap sont des ensembles finis, alors A1 × · · · × Ap est
p
Y
fini et Card(A1 × · · · × Ap ) = Card(Ak ).
k=1
Soit E et F deux ensembles finis et f une application de E dans F . Si Card(E) > Card(F ), alors f ne peut
pas être injective.
Démonstration. Supposons que f soit injective. Des éléments distincts de E ont des images distinctes dans F ,
donc f atteint Card(E) éléments distincts dans F . C’est impossible puisque Card(E) > Card(F ). Donc f n’est
pas injective.
Exemple. Si on cherche à ranger n + 1 objets dans n tiroirs, au moins un tiroir contiendra deux objets.
3
Proposition 1.10 (Applications bijectives en cas d’égalité de cardinal)
Soit E et F deux ensembles finis de même cardinal et f une application de E dans F . Alors :
Exemple. Soit n ∈ N∗ , on suppose qu’on a n objets à ranger dans n tiroirs. Alors « chaque tiroir contient au
moins un objet » équivaut à « aucun tiroir ne contient plus d’un objet » et à « chaque tiroir contient exactement
un objet ».
Exemple. Soit E = {1, 2, 3, 4}. On avait déterminé P(E) dans le chapitre sur les ensembles en constatant que
Card(P(E)) = 16. On retrouve bien ce résultat avec 16 = 24 = 2Card(E) .
4
2 Listes et combinaisons
2.1 p-listes d’un ensemble à n éléments
Définition 2.1 (p-liste)
Soit (p, n) ∈ (N∗ )2 . Soit E un ensemble fini de cardinal n. On appelle p-liste (ou p-uplet) de E tout élément
de E p .
Exemple. (1, 2, 1) et (1, 1, 2) sont deux exemples différents de 3-listes d’éléments de [[1, 6]].
Soit (p, n) ∈ (N∗ )2 . Le nombre de p-listes d’un ensemble E à n éléments est Card (E p ) = np .
Exercice 1. On tire trois cartes avec remise dans un jeu de 32 cartes. Combien de tirages différents peut-on
rencontrer ?
Solution : Un tirage de trois cartes avec remise est une 3-liste d’un ensemble à 32 éléments : il y a donc 323 = 32768
possibilités.
Soit E un ensemble fini de cardinal n ∈ N∗ et soit p ∈ [[1, n]]. On appelle p-liste (ou p-uplet) d’éléments
distincts de E tout élément (x1 , . . . , xp ) ∈ E p tel que : ∀(i, j) ∈ [[1, p]]2 tels que i ̸= j, xi ̸= xj .
Exemple. (1, 2, 5) est une 3-liste d’éléments distincts de [[1, 6]], mais pas (1, 2, 1).
n!
Soit n ∈ N∗ et p ∈ [[1, n]]. Le nombre de p-listes d’éléments distincts d’un ensemble à n éléments est .
(n − p)!
Démonstration. Pour choisir une p-liste d’éléments distincts d’un ensemble à n éléments, il faut :
— choisir le premier élément de la liste : n possibilités.
— choisir le deuxième élément de la liste, distinct du premier : n − 1 possibilités.
— ...
— choisir le p-ième élément de la liste, distinct de ceux déjà choisis : n − (p − 1) = n − p + 1 possibilités.
n!
Il y a donc au total n(n − 1). . .(n − p + 1) = (n−p)! possibilités. Cela montre le résultat annoncé.
Exercice 2. On tire trois cartes sans remise dans un jeu de 32 cartes. Combien de tirages différents peut-on
rencontrer ?
Solution : Un tirage de trois cartes sans remise est une 3-liste d’éléments distincts d’un ensemble à 32 éléments :
32!
il y a donc = 32 × 31 × 30 = 29760 possibilités. On peut vérifier que ce résultat est cohérent : il est bien
(32 − 3)!
plus petit que dans le cas avec remise.
Exercice 3. Soit E et F deux ensembles finis. On pose p = Card(E) et n = Card(F ). Si p ⩽ n (c’est-à-dire s’il
existe des applications injectives de E dans F ), montrer que l’ensemble des applications injectives de E dans F
n!
est de cardinal (n−p)! .
Solution : Une application injective de E dans F est une p-liste d’éléments distincts de F (à chaque élément de E,
on associe un élément distinct de F ). Or F est de cardinal n. D’où le résultat annoncé.
5
2.2 Permutations d’un ensemble à n éléments
Définition 2.5 (Permutation)
Soit E un ensemble fini de cardinal n ∈ N∗ . On appelle permutation de E toute n-liste d’éléments distincts
de E.
Remarque. Une permutation de n objets distincts rangés dans un certain ordre correspond à un changement de
l’ordre de succession de ces n objets.
Exemple. Si E = [[1, 5]], (1, 2, 3, 4, 5), (5, 4, 3, 2, 1) et (2, 4, 1, 3, 5) sont des permutations de E.
Démonstration. Si E est un ensemble à n éléments, une permutation de E est une n-liste d’éléments distincts de
n!
E. Il y en a donc (n−n)! = n!
0! = n!.
Soit E un ensemble fini de cardinal n ∈ N et soit p ∈ [[0, n]]. On appelle partie à p éléments de E (ou
p-combinaison de E) tout sous-ensemble de E à p éléments.
Remarque. L’ordre des éléments d’un ensemble n’a pas d’importance (contrairement au cas des listes).
Soit n ∈ N et p ∈ [[0, n]]. Soit E un ensemble fini de cardinal n. Le nombre de parties à p éléments de E est
n n!
= .
p p! (n − p)!
Démonstration. Il suffit de remarquer qu’une partie à p éléments de E est une p-liste d’éléments distincts de E à
laquelle on a retiré la notion d’ordre. Or :
n!
— Il y a (n−p)! p-listes d’éléments distincts de E.
— Il y a p! manières d’ordonner une p-liste d’éléments distincts donnée (propriété des permutations).
n!
Il y a donc p!(n−p)! = np parties à p éléments de E.
Exercice 6. On tire simultanément trois cartes dans un jeu de 32 cartes. Combien de tirages différents peut-on
rencontrer ?
Solution: Un tirage simultané de trois cartes est une partie à 3 éléments d’un ensemble à 32 éléments : il y a
donc 32 3 =
32×31×30
3! = 4960 possibilités. C’est beaucoup moins que le nombre de 3-listes d’éléments distincts, car
l’ordre dans lequel on pioche les cartes ne compte pas.
6
Proposition 2.9 (Formule de Pascal, rappel)
2 n n−1 n−1
∀(n, p) ∈ Z \ {(0, 0)}, = + .
p p p−1
Démonstration. On effectue une preuve alternative dans le cas où n ∈ N∗ et p ∈ [[1, n − 1]] (c’est-à-dire quand tous
les coefficients binomiaux sont non nuls).
Soit E un ensemble fini de cardinal n. Il y a donc np possibilités d’obtenir une partie à p éléments de E.
Procédons maintenant autrement. Soit x ∈ E (x existe puisque n > 0). On peut alors écrire E = E ′ ∪ {x} avec E ′
un ensemble fini de cardinal n − 1. Pour construire une partie à p éléments deE, on peut :
— ne pas choisir x et donc choisir p éléments parmi les n − 1 de E ′ : n−1
p possibilités.
′ n−1
— choisir x et compléter avec p − 1 éléments parmi les n − 1 de E : p−1 possibilités.
Ces deux cas sont disjoints, on peut donc sommer les dénombrements associés, pour un total de n−1 n−1
p + p−1
possibilités.
On a dénombré le même objet de deux manière différentes, les deux résultats obtenus sont donc égaux. D’où
n n−1 n−1
p = p + p−1 .
Démonstration. Développons (a + b)n = (a + b)(a + b). . .(a + b) (produit à n termes). On obtient une somme de
termes de la forme ak bn−k où k représente le nombre de fois où on a choisi a en développant (comme le produit
comporte n termes, on a alors nécessairement choisi n − k fois b).
Soit k ∈ [[0, n]] fixé, on cherche maintenant à compter le nombre de fois où le terme ak bn−k apparaît dans la somme
développée. Pour obtenir un tel terme, il faut choisir les positions des k facteurs (a + b) où on choisit la valeur a.
Les facteurs (a + b) peuvent être numérotés du premier au n-ième. Un tel choix de positions est donc une partie à
k éléments de [[1, n]]. Il y en a donc nk .
Ainsi, pourPtout k ∈ [[0, n]], la somme obtenue en développant contient nk fois le terme ak bn−k . On en déduit