Connaissances Pédagogiques N° 1 ‫ العدد األول‬- ‫معارف تربوية‬

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Rapport sur la formation des professeurs des
disciplines scientifiques
M. Ahmed EL HADDAD
Enseignant- chercheur

Introduction
Ce rapport traite quelques aspects de la formation des professeurs pour l’en-
seignement des disciplines scientifiques et plus particulièrement les sciences
de la nature telles que la Physique-Chimie (PC) et les Sciences de la Vie et de
la Terre (SVT).

Ce rapport s’inscrit dans le cadre de la formation, dans les Centres Régio-

naux des Métiers de l’Education et de la Formation (CRMEF), des professeurs
du primaire, du collège et du lycée (la formation des professeurs agrégés n’es
pas objet de ce rapport). Une telle formation se base sur l’organisation péda-
gogique des cycles d’enseignement de l’école marocaine : primaire, secondaire
collégial, secondaire qualifiant.
Les objectifs liés à l’enseignement des sciences dans les trois cycles d’ensei-
gnement sont précisés par la Charte Nationale d’Education et de Formation
(Espace II, Levier 4).

Dans ce rapport, nous commençons par rappeler les compétences profession-

nelles nécessaires pour enseigner les sciences. Ensuite, nous proposons une
méthode de sélection pour le recrutement des futurs enseignants des sciences.
Enfin, nous donnons une proposition pour la formation des professeurs des
disciplines scientifiques dans les CRMEF.

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I.Les compétences professionnelles pour enseigner les sciences

Pour une formation professionnelle des enseignants, on peut distinguer quatre
types de compétences :
-Compétences liées à la maîtrise de la discipline enseignée.
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-Compétences liées à la conception et la mise en œuvre de l’enseignement

de la discipline.
-Les compétences liées aux savoirs institutionnels.
-Les compétences liées aux activités de recherche.

1.Compétences liées à la maîtrise de la discipline enseignée

Une bonne maîtrise des savoirs enseignés est la condition nécessaire de l’en-
seignement. Un professeur doit non seulement avoir une connaissance ap-
profondie et élargie de sa discipline et une maitrise des questions inscrites
aux programmes, mais aussi posséder une culture générale qui lui permet de
contribuer à la construction d’une culture commune des élèves.
Le savoir lié à une discipline possède plusieurs facettes :
-le savoir disciplinaire lui-même doit être parfaitement maîtrisé, du moins
dans la limite des programmes à enseigner. Ce premier point n’est pas com-
plètement évident, pour tous les contenus à enseigner.Le professeur a besoin
d’un savoir cohérent et assuré dans la discipline à la fois pour faire des choix
d’enseignement et pour répondre aux questions des élèves. Evidement, on ne
peut pas demander que les enseignants aient les savoirs nécessaires pour ré-
pondre à toutes les questions qui peuvent se poser mais ils doivent savoir que
ce n’est pas si simple.
-sur ces savoirs, il faut passer d’un rapport d’élève à un rapport de professeur.
Le savoir de l’enseignant diffère de celui de l’étudiant dans au moins quatre
dimensions qui caractérisent le passage d’un savoir scientifique à un savoir
enseigné: sa capacité d’adaptation aux situations d’utilisation et aux publics,
sa capacité de faire des liens avec d’autres savoirs, sa capacité à concevoir des
textes complets, sa capacité à imbriquer différents niveaux de mise en œuvre
du savoir aussi bien pour les mêmes élèves que pour des classes différentes.
-sur ces savoirs, il faut passer d’un rapport d’élève à un rapport de professeur.
Le savoir de l’enseignant diffère de celui de l’étudiant dans au moins quatre
dimensions qui caractérisent le passage d’un savoir scientifique à un savoir
enseigné: sa capacité d’adaptation aux situations d’utilisation et aux publics, sa
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capacité de faire des liens avec d’autres savoirs, sa capacité à concevoir des
textes complets, sa capacité à imbriquer différents niveaux de mise en œuvre
du savoir aussi bien pour les mêmes élèves que pour des classes différentes.
-de plus, il faut garder un rapport vivant avec ces savoirs, continuer à les in-

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terroger, les relier entre eux et aux savoirs de plus haut niveau, rencontrés à
l’université.
2.Compétences liées à la Conception et la mise en œuvre de l’enseignement
de la discipline
Le professeur est un spécialiste de l’enseignement de sa discipline. De ce fait, sa
formation doit lui permettre les compétences suivantes :
- il est capable d’assurer, sur la durée d’une année scolaire, l’apprentissage
effectif de ses élèves dans le cadre d’un enseignement collectif.
-il maîtrise la didactique de sa discipline, et il est capable de mettre en rela-
tion la progression du savoir disciplinaire enseigné avec les contraintes liées
au développement cognitif des élèves et des contraintes institutionnelles liées
par exemple à l’organisation des savoirs à enseigner dans les programmes et à
l’organisation des dispositifs d’enseignement, y compris les emplois du temps
-il connaît les processus d’apprentissage et les obstacles que peuvent rencon-
trer les élèves et la manière d’y remédier.
-Il possède des connaissances sur le développement de l’enfant, de l’adoles-
cent, les effets de données sociologiques, des techniques pour gérer la classe,
pour s’adresser aux élèves et organiser leur travail.
-il est capable d’élaborer des programmations et de répartir les apprentissages
dans le temps. Il sait prendre en compte ce qui a été réalisé précédemment.

3.Les compétences liées aux savoirs institutionnels

Le professeur est un fonctionnaire de l’Etat dans le domaine de l’éducation. Sa
formation doit lui permettre des compétences pour:
-Respecter les finalités et les principes fondamentaux du système éducatif
marocain et contribuer au développement de ce système.
-Connaître et se conformer à la réglementation en vigueur.
-Connaitre le fonctionnement d’un établissement scolaires et autres aspects
qui constituent le métier d’enseignant.

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4.Les compétences liées aux activités de recherche

Le mémoire professionnel représente un exercice personnel de réflexion, de
prise de distance et de rédaction très utile. Il faut donc le maintenir en veillant
à ce qu’il ne devienne pas la copie conventionnelle d’une bibliographie ou d’in-
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formations puisées sur Internet.

II.Le recrutement des futurs enseignants des sciences : prérequis universi-
taire exigibles et méthodes de sélection
La présélection au sein des CRMEF se fait actuellement sur la base des notes
obtenues par les étudiants dans le cycle universitaire de licence. Pour chaque
discipline dans les CRMEF, un ensemble de spécialité de licence sont admises.
Ces spécialités ne sont pas toutes convenables.
Les futurs enseignants se trouvent généralement avec beaucoup de difficultés,
voire même incapables d’assurer convenablement leur mission.
La formation actuellement mise en place dans les CRMEF ne permet pas à un
futur professeur d’une discipline scientifique, et plus particulièrement pour les
professeurs des lycées, l’acquisition des compétences nécessaires à l’exercice
de leur métier.
Pour réduire l’effet de la disparité de formation antérieure des étudiants, des
dispositions au niveau du recrutement peuvent être prises :
-la présélection peut se faire sur la base des notes de modules exigibles pour
suivre la formation au CRMEF. Ces modules sont puisés sur les programmes
du cycle d’enseignement (primaire, collège ou lycée) et de la discipline (PC,
SVT, Maths) pour lesquels l’étudiant présente sa candidature pour une for-
mation dans le CRMEF.
-La présélection est suivie par un examen écrit portant sur les connaissances
de spécialité (2 ou 3 épreuves). Il est inutile d’examiner les candidats sur
un aspect qui n’a jamais été l’objet d’une formation antérieure (par exemple
l’examen qui porte sur les sciences de l’éduction).
-Un examen oral portant sur les aspects de langue et communication.

III.La formation des professeurs des disciplines scientifiques dans les CRMEF
L’enseignement des sciences de la nature (PC, SVT) doit faire une large place
à la démarche expérimentale. Le professeur doit comprendre des éléments
interdisciplinaires et avoir une ouverture sur le monde de l’industrie, de la

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recherche et de ses applications. Ce caractère général de l’enseignement des

sciences impose une attention particulière à la formation des professeurs des
disciplines scientifiques en termes de maîtrise des outils d’expérimentation
et de l’utilisation des nouvelles technologies en vue de l’amélioration de cet

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aspect.
La formation professionnelle donnée dans les CRMF doit établir un meilleur
équilibre entre des notions générales utiles (gestion des apprentissages et de la
classe) et des contenus scientifiques essentiels. La rupture introduite par l’in-
sertion des périodes de stage, très consommatrices de temps, ne favorise pas
une acquisition progressive et harmonieuse des connaissances.
Elle introduit une dissymétrie dans le rythme général du développement des
compétences.
1.Pour la formation des professeurs du primaire.
La formation scientifique des professeurs du primaire reste insuffisante. Les
professeurs stagiaires qui ne sont pas passés par la filière scientifique du lycée
ignorent les éléments de sciences les plus fondamentaux, de même que la dé-
marche et la nature de la science.
La formation des professeurs de primaire doit faire intervenir des modules
(plus de 100 heures quel que soit le cursus antérieur de l’étudiant) de formation
à l’enseignement des sciences de la nature et des mathématiques, en veillant à :
développer le sens de l’observation et l’aptitude à décrire la nature, par des ac-
tivités expérimentales, des mesures et des calculs et des travaux combinatoires
et géométriques.
Cet enseignement doit éviter la fragmentation disciplinaire au sein des
sciences et mettre à profit la polyvalence des enseignants du primaire, par une
liaison constante avec langues (arabe et français), et histoire et géographie.
Le problème de l’enseignement des sciences dans les établissements scolaires
du primaire peut être aussi réglé par les affectations : au mois un professeur «
ressource en science » pour l’ensemble des classes d’un établissement primaire
pour entraîner ses collègues.
2.Formation des professeurs de collège et de lycée
Le dispositif de formation installé actuellement dans les CRMEF ne permet
pas de développer les compétences liées à la discipline scientifique de la spé-
cialité du professeur stagiaire. Le temps alloué à la formation disciplinaire doit
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être nettement revu à la hausse.

Les objectifs d’une formation ainsi repensée des professeurs de sciences dans
ces cycles d’enseignement sont :
-la maîtrise solide et indiscutable d’un champ disciplinaire impliqué par
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l’ensemble des programmes des sections du cycle d’enseignement choisi.

-La maîtrise des savoir-faire expérimentaux et instrumentaux permet-
tant la réalisation, la conduite, le contrôle d’expériences de démonstration
utilisant des dispositifs didactiques appropriés.
-L’acquisition des éléments principaux de l’histoire et de l’épistémologie
de la discipline scientifique concernée, c’est-à-dire ses modes de construc-
tion des savoirs.
-La connaissance des problématiques, enjeux, tendances, de la recherche
actuelle relative à la discipline de spécialité.
-L’ouverture sur les disciplines voisines mettant en évidence le caractère
interdisciplinaire de la science et de la technique, absolument nécessaire
au collège et au lycée (préparation aux études supérieures).
-L’acquisition d’un premier niveau de maîtrise dans l’organisation, la
planification, la réalisation et l’évaluation de séances d’enseignement sous
ses différentes formes (cours, exercices, travaux pratiques).
-La connaissance des résultats principaux de la didactique de discipline
concernée.
-Avoir une expérience d’une activité de recherche portant sur une ques-
tion d’enseignement ou d’éducation.
-Connaître le système éducatif marocain, les missions et devoirs des en-
seignants de l’éducation nationale et être à même de s’intégrer dans un
établissement de l’enseignement secondaire.
Pour atteindre ces objectifs, la formation au sein des CRMEF peut utiliser
différentes actions pédagogiques : cours magistraux, conférences, activités de
travaux dirigés, travaux pratiques, présentations orales, rédaction de comptes
rendus ou de mémoires, exposés, stages.
Pour atteindre ces objectifs, la formation au sein des CRMEF peut utiliser
différentes actions pédagogiques : cours magistraux, conférences, activités de
travaux dirigés, travaux pratiques, présentations orales, rédaction de comptes
rendus ou de mémoires, exposés, stages. En effet, il est souhaitable d’élar-
gir l’enseignement à une compréhension plus créative de l’informatique, et
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notamment au lycée :
algorithmique, approche de la représentation, acquisition et manipulations
des données, nouvelles formes d’apprentissage.
Les professeurs de disciplines scientifiques n’assureront correctement l’uti-

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lisation de l’outil informatique dans l’enseignement que s’ils ont reçu une for-
mation appropriée.
Contenu de formation dans les CRMEF
La formation dans les CRMEF peut être sur la base d’un système modulaire :
Modules de formation disciplinaire :
-Cours, exposés et travaux dirigés visant à consolider les connaissances
de l’étudiant dans les matières enseignées dans le cycle choisi (volume
horaire minimal est de 400 heures).
-Travaux pratiques et montages (pas moins de 40% du volume horaire)
Modules de qualification pédagogiques :
-Didactique de la discipline (100 heures environ)
-Sciences de l’éducation (40 heures environ)
-Législation scolaire (30 heures environ)
-Méthodologie de recherche en éducation (30 heures environ)
-Technologie d’information et de communication (30 heures environ)
Modules de qualification professionnelle :
-Observation des séances d’enseignement dans les établissements sco-
laires (4 semaines à raison de 2 heures par semaine).
-Exposés et séances de micro-enseignement dans le CRMEF (dans les
séances de didactique).
- Stage de prise en charge d’une classe : stage d’une durée de 4 semaines
(une note de stage est attribuée au professeur stagiaire par une commis-
sion).
Module de recherche pédagogique :
Réalisation d’une recherche pédagogique et soutenance.

Conclusion
La formation professionnelle donnée dans les CRMF aux professeurs de col-
lège et de lycée doit établir un meilleur équilibre entre des notions générales
utiles (gestion des apprentissages et de la classe) et des contenus scientifiques
essentiels.L’enseignement des sciences de la nature (PC, SVT) doit faire une
large place à la démarche expérimentale. 13
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Une bonne de formation de base des professeurs de ces disciplines, pour la

maitrise des techniques expérimentales et des montages est indispensable, est
indispensable et une auto-formation ne peut être efficace.
Le recrutement des étudiants déjà initiés en didactique et en sciences de l’édu-
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cation (FUE) est une alternative prometteuse.

Cependant, pour satisfaire les besoins en formation de professeurs, il est for-
tement recommandé que l’installation de ces filières dans les universités soit
en collaboration avec le Ministère de l’Education National et de la Formation
Professionnel qui est l’employeur potentiel des lauréats de ces filières.

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