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Dina YASSNI OPPAT 233 242

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10 Juillet 2023

M46. Conception et suivi des documents d’aménagement du territoire du

Cours : Aménagement du territoire


territoire

territoire
Les Orientations des Politiques
Publiques d’Aménagement du
Territoire (OPPAT) : le cadre général
d’élaboration (chapitre conclusif)

Réalisé par : YASSNI Dina Encadré par : Pr. RAOUNAK


Abdelhadi

Année universitaire : 2022/2023


Sommaire :

Introduction
I. Pour une approche d’aménagement du territoire fondée sur le
« moment territorial »
II. La planification glissante au profit de la production de territoires
résilients face aux grandes crises
III. Les OPPAT comme vecteur d’une convergence négociée

Conclusion

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Introduction :
Dans ce chapitre conclusif de l’étude sur les OPPAT, le cadre général d'élaboration est exposé.
Ce dernier repose sur trois principes clés constituant les fondements d’un nouveau modèle
d’aménagement du territoire plus adapté aux réalités et aux enjeux contemporains, et
corrigeant les défaillances soulevées dans les documents d’aménagement du territoire
antérieures. Lesdits principes seront examinés avec un regard critique dans la suite, en
tenant en compte les enseignements tirés des chapitres précédents :
1) Le territoire comme réordination de l'espace
2) La construction de territoires résilients pour répondre aux grandes crises
3) Les OPPAT comme vecteur d'une convergence négociée
Des remarques de forme seront également abordées vers la fin du présent rapport.

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I. Pour une approche d’aménagement du territoire fondée sur
le « moment territorial »

« Avec les OPPAT : le territoire comme réordination de l’espace » : un titre


expressif qui explique parfaitement que les orientations des politiques publiques
d’aménagement du territoire doivent constituer un nouvel ordre, qui, en principe, est jugé
meilleur par rapport à ceux qui lui sont antérieurs, et qu’on attribue à un territoire à partir
dudit territoire. Autrement dit, et en partant du postulat que tous les territoires ne sont pas
identiques et ne peuvent pas, par extension de fait, faire objet aux mêmes OPPAT, ces
derniers doivent être élaborés à partir de la compréhension exhaustive de la réalité locale
que présente chaque territoire à part, faisant ainsi de celui-ci, l’input dans le processus de
l’élaboration des OPPAT. Comment alors assurer la bonne mise en œuvre de ce principe
majeur d’aménagement du territoire, dit « le moment territorial », surtout dans un contexte
critique où, comme le met en évidence le chapitre objet d’étude, les OPPAT en cours
d'élaboration semblent présenter des similitudes avec les orientations du SNAT publié il y a
presque une vingtaine d'années auparavant, suggérant ainsi une possible répétition des
erreurs passées et un manque d'actualisation des données ? L’étude en question revendique,
à cet égard, les éléments de réponse suivants :

• Il faut d’abord dépasser l’approche centralisée dans l’élaboration des OPPAT.


Autrement dit, l’aménagement du territoire ne peut pas être fait uniquement par
un département situé dans la capitale nationale et ce, étant donné le manque du
savoir suffisant, voire vécu, sur les réalités locales du territoire concerné qui
limitent l’efficacité de ses interventions. Ceci étant dit, la prise de conscience de
l’impérativité de la décentralisation territoriale s’affirme, d’où l’appel à ce que
les OPPAT « doivent s’inscrire dans le cadre d’une gouvernance partagée avec
les collectivités territoriales, notamment les régions », les acteurs locaux au
niveau régional étant les savants des spécificités, des problèmes, des
opportunités de développement, des richesses à revaloriser et des besoins
spécifiques, actualisées surtout, de leurs territoires d’intervention, permettant
ainsi, une « écogenèse territoriale », voire une approche évolutive, plus
démocratique, transparente et inclusive remettant en question le modèle
générique top-down d’aménagement du territoire assez consommé, sans progrès
notables. Ainsi, la décentralisation territoriale, la régionalisation en particulier et
la participation de toutes les parties prenantes au niveau local, y compris la
société civile, s’avère une condition sine qua non pour réussir l’élaboration des
OPPAT.
Ce rôle prépondérant des acteurs locaux au niveau régional étant considéré, il
doit en plus être renforcé, tel est recommandé dans l’étude, via la mise en place
d’un système d’observation, d'analyse, d’évaluation et d’actualisation des
données utilisant des indicateurs alternatifs autres que les indicateurs standards
couramment utilisés, adaptés cette fois aux spécificités locales.
Toutefois, des points de discussions, voire des questionnements émergent concernant ce qui
a été préexpliqué : la décentralisation, prise actuellement dans le processus de la
régionalisation, a effectivement marqué des avancées. Cependant, elle présente toujours des

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limites liées à une appréhension qui fait défaut de l’importance de son rôle dans le domaine
de l’aménagement du territoire et, en conséquent, aux modalités de sa mise en œuvre, d’où
les questions suivantes : comment-est-ce que cette « gouvernance partagée » avec les
régions dans l’élaboration des OPPAT doit se manifester concrètement ? Que devrait être la
part des régions dans le travail à effectuer ? est-ce un simple avis consultatif en aval ou un
travail itératif de concertation et de négociation qui les mettent au centre de la
problématique de départ ? Dans les deux cas que doivent être les modalités pratiques
d’intervention ? Il s’agit de questions majeures, sources d’une partie remarquable des
carences actuelles soulevées dans le domaine de l’aménagement du territoire, auxquelles la
présente étude n’apporte malheureusement pas des réponses. Ainsi, plaider pour une
gouvernance partagée avec les collectivités territoriales demeurera un point vague, qui, s’il
ne fait pas objet à des recommandations qui explicitent les dispositions opérationnelles de sa
mise en œuvre, continuera à donner allure de l’existence d’une décentralisation effective et
d’une approche participative avec les collectivités territoriales, qui en réalité, font déficience.

• Ensuite, ces problèmes de gouvernance territoriale se font montrer non


seulement dans les relations Etat-régions mais également au niveau du centre
même, voire dans les relations intersectorielles. Ici, le besoin de répondre à la
problématique de l’approche verticale adoptée classiquement lorsqu’il s’agit de
répondre aux besoins des régions dans les différents secteurs tels l’agriculture,
l’industrie, l’éducation, et la santé s’avère de grande importance…L’objectif étant
de ne plus aborder les problèmes locaux de manière isolée et fragmentée, dite
« en silo », et d’œuvrer plutôt pour une cohésion territoriale, toujours aspirée,
assurée via la coordination, la collaboration et la synergie entre les services
extérieurs diverses. Encore une fois, des recommandations à cet égard ne figurent
pas dans l’étude des OPPAT.

II. La planification glissante au profit de la production de


territoires résilients face aux grandes crises :

Dans la continuité du premier principe, évoquant l’importance de l’élaboration


des OPPAT dans et à partir du territoire, voire le caractère exigent du moment territorial pour
une production efficiente et efficace des bassins de vie des populations, et lorsque nous
retenons la nature complexe et imprévisible des territoires, « une planification glissante »,
telle qu’elle a été qualifiée dans les chapitres précédents, s’avère une nécessité. A cette effet,
l’étude évoque une nouvelle ambition à laquelle les OPPAT ont ouvert la voie, laquelle est de
constituer un référentiel flexible permettant un processus de planification dynamique pour
une production de territoires résilients capables de s’adapter aux changements et aux
grandes crises. Cette aspiration trouve une pertinence accrue à la suite de la crise sanitaire
du COVID-19 et des prises de conscience qui en ont émergées, se résumant dans les
réflexions sur « le monde d’après », notamment, l’importance de la santé et son rôle en tant

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que pilier majeur de la croissance économique, les diverses inégalités sociales et territoriales
qui se sont fait montrés et la nécessité de reconstruire les services publics de base et les
biens communs, y compris dans les zones rurales. A cet égard, quatre pistes de prospective
sont sujettes de considération de premier lieu selon le rapport de diagnostic :
• Le changement de modèle économique : face à l’extrême concentration des activités
économiques sur l’axe littoral, il devient impératif, selon l’étude, d'opérer un véritable
renversement spatial de l'industrie ainsi que des secteurs secondaire et tertiaire, en
les orientant davantage vers l'intérieur du pays en particulier le long de l'axe reliant
Agadir à Oujda-Nador via Marrakech, Béni-Mellal et Fès-Meknès, et au-delà de l'Atlas,
soit une diffusion des principaux pôles de croissance économique vers d'autres
espaces de croissance secondaire ou d'attraction, en s'appuyant sur les corridors de
transit qui les relient. En lien avec la résilience territoriale, ce choix présente des
avantages importants à savoir la réduction des inégalités territoriales, l’atténuation de
la pression sur les écosystèmes côtiers fragiles soit une résilience écologique à long
terme, et la création d’alternatives et de points d’appui diversifiés en fonction des
spécificités de chaque territoire réceptacle de ces pôles de création émergents,
réduisant ainsi la dépendance excessive sur certaines industries ou secteurs
spécifiques présents dans les régions côtières pouvant être plus vulnérables aux
fluctuations économiques et aux chocs externes.…
Cependant, des interrogations subsistent quant aux défis et aux obstacles potentiels de
cette réorientation économique : quelles mesures concrètes doivent être prises pour
encourager les acteurs économiques à investir dans les régions intérieures ? Comment
garantir une répartition équitable des ressources et des opportunités de développement
économique dans lesdites zones intérieures du pays ? Quelles politiques publiques et
incitations sont nécessaires pour promouvoir l'attractivité et la compétitivité des
territoires de croissance secondaire ? Deplus, une vision critique est également
nécessaire pour évaluer les éventuels risques de reproduire les mêmes schémas de
concentration économique dans ces nouveaux espaces de croissance. Ainsi, il convient
également de se poser la question suivante : comment éviter la reproduction des
inégalités territoriales et sociales dans ce processus de diffusion économique ? Il s’avère
alors essentiel de prendre en considération les risques inhérents à la prospective
territoriale axée sur le renforcement de la résilience des territoires avant de prendre des
mesures concrètes dans ce cadre.

• Le modèle d’urbanisation distribuée : l’étude des OPPAT propose la revue du modèle


simpliste de la métropolisation qui se concentre uniquement sur les économies
d'agglomération et opter pour approche intégrée où les grandes villes et les villes de
taille moyenne fonctionnent au sein d’un archipel urbain. Ceci signifie que des pôles
de différentes tailles travailleront ensemble, dans le cadre d’une complémentarité
fonctionnelle et des relations de proximité voire de continuité, pour construire un
territoire équilibré et réduire les disparités territoriales. Cette approche, dite «
l’urbanisation distribuée », permettra ainsi de produire un territoire cohérent qui
fonctionne comme un ensemble, et donc résiliant.

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• Guider la transformation du monde rural : Le développement du monde rural au
Maroc présente des trajectoires variées selon les régions. Ainsi, pour orienter leur
développement, les OPPAT proposent de définir des orientations spécifiques pour
chaque type de territoire rural tel que les zones proches des métropoles confrontées
à la pression foncière, les territoires de modernisation agricole, les zones
intermédiaires entre le littoral atlantique et l'Atlas, les territoires oasiens et
montagneux, ainsi que les territoires sahariens à faible densité. A travers cette
typologies, le moment territorial sera présent dans les propositions des OPPAT avec
force, valorisant ainsi les richesses internes de ces territoires et les transformant en
des points de force contribuante à la résistance et à la résilience desdites zones
rurales, fragiles de nature, face aux grandes crises.

III. Les OPPAT comme vecteur d’une convergence négociée

Dans cette partie du chapitre objet d’étude, nous remontant encore une fois vers
le champ des problématiques qui se posent en matière de gouvernance territoriale pour
insister cette fois surtout, sur l’importance de la promotion de la convergence entre les
différentes parties prenantes dans l’élaboration des OPPAT, voire l’intelligence collective,
étant donné les retombées positives que recèle cette approche en matière de la facilité de la
circulation des informations ainsi que la coordination des diverses initiatives sectorielles vers
des objectifs communs. Cependant, il convient de noter que des idées et informations
mentionnées précédemment présentent dans cette section du chapitre des répétitions, sans
pour autant apporter des ajouts, suggérant ainsi des remarques de forme (la nécessité d’une
gouvernance partagée avec les collectivités territoriales, notamment les régions,
l’importance de converger entre les politiques publiques sectorielles…).
Au final, l’étude en question présente une première esquisse des OPPAT, organisées par
grandes familles, au niveau national, régional et local pour les 12 régions du Maroc, assurant
ainsi une cohérence et une complémentarité dans les politiques d’aménagement du
territoire d’une part, et la prise en compte des réalités locales de chaque région d’autre part
(le moment territorial). Contrairement aux SNAT, l’étude précise en plus que ces orientations
mettent sont basée sur une approche territoriale, voire holistique dans leur élaboration,
permettant ainsi leur matérialisation dans la réalité du terrain. Cependant, il est louable de
souligner que cette ébauche est présentée de manière provisoire, ce qui implique qu'elle
nécessite des ajustements et des précisions dans les prochaines phases d’élaboration des
OPPAT.

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Conclusion :
En conclusion, les OPPAT constitueront un nouvel ordre institutionnel territorial qui favorise
une gouvernance partagée avec les collectivités territoriales et les régions en particulier,
comme elles viseront la matérialisation des politiques d'aménagement du territoire en
favorisant la convergence des acteurs et en mobilisant l'intelligence collective pour répondre
aux enjeux territoriaux. Cependant, il est essentiel de prendre en compte certains défis et
interrogations qui peuvent constituer des obstacles à la mise en œuvre de ces orientations,
liées en premier lieu, aux modalités de gouvernance territoriale, restées, commet est le cas
souvent, floues et non explicitées, puis aux ambitions et aux pistes de prospective
développées, devant être décortiquées sur le plan opérationnel.

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