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Cours D'education A La Citoyennete 2017-2018 Unigom

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UNIVERSITE DE DE GOMA

RDC

ÉDUCATION À LA
CITOYENNETÉ
Notes de cours

Prof Abbé Innocent NYIRINDEKWE

Année académique 2017-2018

I.IDENTIFICATION DU COURS

1
Faculté : Médecine, Agronomie et Géologie

Département :

Promotion : G1

Cours : Education à la citoyenneté Code :

Volume horaire : 30h Théorie : 20h Pratique : 10h

Enseignant : Prof Nyirindekwe Innocent

II. LIENS AVEC LES FINALITES DU PROGRAMME

Ce cours contribue à la réalisation des dimensions suivantes de la formation :

1. Dimension éthique et sociale


2. Dimension politique et juridique
3. Dimension culturelle
Utilité de ce cours pour l’exercice de la future profession :

construire des capacités intellectuelles, morales et humaines chez l’apprenant pour comprendre le
contexte socio politique dans lequel nous sommes et se préparer à affronter les réalités de la vie
avec responsabilité en vue de participer positivement à la construction d’un nouveau Congo
respecté et contribuer à l’évènement d’un monde nouveau.

III.REFERENTIEL DES COMPETENCES

Compétence globale : Ce cours vise à

Compétence1 : Préparer l’étudiant aujourd’hui et cadre de demain à affronter les réalités

de la vie communautaire et nationale par l’intégration des valeurs morales et civiques de

la vie nationale et internationale.

Compétence 2 : Préparer l’étudiant scientifiquement afin qu’il soit capable d’exercer ses
responsabilités citoyennes

Compétence 3 : forger un type d’homme ou de femme nouveau digne d’être appelé citoyen

En synthèse, notre cours est destiné à forger un type d’homme ou de femme nouveau digne d’être
appelé citoyen c.à.d. respectueux des institutions et des lois et qui cherche constamment à faire
passer les intérêts de la nation avant les siens, à manifester son sens civique par un esprit combatif et
responsable. Il n’est pas un nationaliste extrémiste mais plutôt un agent de développement, un
promoteur d’unité dans la différence partout où il se situe. Il valorise son diplôme académique au
service de la paix et du développement intégral et intégrateur. Son triple rôle est : former, informer
et conscientiser ou interpeller

IV. CONTENU SOMMAIRE DU COURS

2
1. Introduction, 2. Concepts, Notions et Valeurs, 3. Conscientisation et responsabilisation du
citoyen universitaire, 4. De l’organisation de l’Etat, la Nationalité et la Citoyenneté, 5.
Souveraineté du Citoyen, Culture politique et démocratique, 6. Le développement et la
citoyenneté, 7. Mondialisation, citoyenneté et nouvelle éthique mondiale, 8. La paix par
l’interculturalité

V. EXIGENCES DE TRAVAIL (voir les conditions d’apprentissage et de transmission, notamment


l’auditoire et le nombre d’étudiants)

En classe Hors classe

……. heures/semaine …….. heures/semaine

VI. METHODES A UTILISER


1. Méthodes qui responsabilisent l’apprenant

Ces méthodes sont :

 Questionnement?

 Discussion

 Travail en groupe

 Travail individuel

Tout ceci constitue ce que l’on appelle Pédagogie active et participative (PAP).

2. L’exposé magistral,
Etant donné que les auditoires sont populaires et ne permettent pas beaucoup ce qui précède.

VII. MODALITES D’EVALUATION (Voir le contexte de chaque auditoire)

Dans la mesure du possible nous nous servirons de quatre types d’évaluation :


- Evaluation diagnostique, - évaluation formative, - évaluation sommative partielle et
l’évaluation sommative finale
Travaux Echéancier Matériel nécessaire Outils de correction
TD 1 Deux heures Corrigé

3
Interro Une heure Corrigé

TP Deux jours Voir bibliographie, Internet Corrigé

Examen Deux heures Corrigé

VIII. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIQUES

Voir supra

Visite guidée par un assistant

IX. PROGRAMMATION DU COURS


Premier Semestre seulement
Jou Contenus Activités Trava
r d’apprentissag ux à
e réalis
er
1 Chap. I: INTRODUCTION
I.1. Prémisses
Les idéologies d’une étrange topographie
Que dire du cours d’Education à la citoyenneté tel que conçu et
dispensé aujourd’hui ?
I.2. But du cours
I.3. Méthodologie
Analyse du contexte par les étudiants
I.4. Historique de l’enseignement
Chap II: CONCEPTS, NOTIONS ET VALEURS
II.1. Notions d’éducation, de cité et de citoyenneté
II.2. TYPES DE CITOYENNETE
II.3. Les dimensions de la citoyenneté
II.4. Quelques valeurs citoyennes
La citoyenneté dans l’antiquité
La conception libérale de la citoyenneté
La société civile comme espace d’exercice de la citoyenneté
Les droits humains

2 Chap. III : CONSCIENTISATION ET


RESPONSABILISATION DU CITOYEN UNIVERSITAIRE
III.1. La responsabilisation du citoyen
III.2. Constats
4
III.3. Objectif du chapitre
III.4. Approche conceptuelle.
III.5. Le problème de l’inconscience et des passions chez les
jeunes universitaires
III.6. Rôle de l’université dans la production du savoir et non
des fanatiques
III.7. Vers une liberté responsable
La vertu de la liberté au cœur de la jeunesse, surtout
universitaire
III.8. Le rôle de la vérité dans la construction de la confiance.
Cas des universitaires.
III.9. Responsabilité, discernement et synergie des valeurs à
l’université
III.10. La vraie bataille : vaincre les obstacles et menaces

3 Chap. IV : DE L’ORGANISATION DE L’ÉTAT, LA


NATIONALITÉ ET LA CITOYENNETÉ
IV.1. La notion de l’état
IV. 2. ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DE L’ETAT
IV.3. Les régimes politiques et la citoyenneté
IV.4. La spécificité des régimes et les rôles des citoyens(ne)s
dans l’exercice du pouvoir
IV.5. Nationalité et Citoyenneté
2. De la Nationalité
Chap. V : SOUVERAINETE DU CITOYEN, CULTURE
POLITIQUE ET DEMOCRATIQUE
V.1. Introduction
V.2. Le système électoral
V.3. Le vote
V.4. Démocratie et parti politique
V.5. La participation politique
V.6. Le pluralisme politique
V.7. La culture politique
V.8. La socialisation politique
V.9. Le comportement politique
V.9. L’articulation politique

4 Chap. VI : LE DEVELOPPEMENT ET LA CITOYENNETE


VI. 1. Notions élémentaires
VI. 2. La question « genre » dans le développement et la
citoyenneté responsable

5 Chap. VII. MONDIALISATION, CITOYENNETE ET


NOUVELLE ETHIQUE MONDIALE
VII.1. Introduction

5
VII.2. Objectif du chapitre
VII.3. Les éléments du débat
VII.4. Les moteurs de la mondialisation
VII.5. Les Techniques et stratégies des Maîtres du monde
VII.6. Approche anthropologique et sociologique
VII.7.Regard éthique
Conclusion : Approche philosophique et critique
Chap. VIII : LA PAIX PAR L’INTERCULTURALITE
VIII.1 Du conflit
Définition
Cinq grandes catégories de conflit
Sources des conflits
Modes de résolution des conflits
Qualités requises pour gérer un conflit
VIII.2 De l’interculturalité
VIII.3 Culture de la paix
La notion de paix
Définitions de la paix
Différents types de paix
La culture de la paix
L’éducation à la paix
Contraintes et défis de l’édification de la paix
Poème sur la paix

X. DIRECTIVES POUR LA REALISATION DES TRAVAUX (tout dépendra du nombre


d’apprenants et des conditions de transmission et d’apprentissage)
Types de travail Objet du travail Instructions à suivre
TD Initier les étudiants à réfléchir ensemble sur Travail en petit groupe
les questions réelles et percutantes et y par deux bancs (plus
proposer des solutions ou moins dix) en classe
ou dans les environs

Interrogation Evaluation et validation des connaissances Travail personnel à


acquises sur les matières précédentes faire en classe

6
TP Initier les étudiants à faire la recherche sur Travail personnel ou
des sujets en rapports avec la matière et des en groupe en dehors
contenus connexes de classe.

Fait à Goma, le 23/10/2017

Noms et signature

Prof Nyirindekwe Innocent

CONTENU DU COURS
Chap. I: INTRODUCTION......................................................................................................................9
I.1. Prémisses........................................................................................................................................9
Les idéologies d’une étrange topographie..........................................................................................10
Que dire du cours d’Education à la citoyenneté tel que conçu et dispensé aujourd’hui ?..................11
I.2. But du cours.................................................................................................................................12
I.3. Méthodologie...............................................................................................................................13
Analyse du contexte par les étudiants.................................................................................................14
I.4. Historique de l’enseignement.......................................................................................................14
Chap II: CONCEPTS, NOTIONS ET VALEURS.................................................................................19

7
II.1. Notions d’éducation, de cité et de citoyenneté...........................................................................19
II.2. TYPES DE CITOYENNETE.....................................................................................................19
II.3. Les dimensions de la citoyenneté...............................................................................................20
II.4. Quelques valeurs citoyennes.......................................................................................................20
La citoyenneté dans l’antiquité...........................................................................................................21
La conception libérale de la citoyenneté............................................................................................22
La société civile comme espace d’exercice de la citoyenneté............................................................22
Les droits humains..............................................................................................................................24
Chap. III : CONSCIENTISATION ET RESPONSABILISATION DU CITOYEN UNIVERSITAIRE
................................................................................................................................................................24
III.1. La responsabilisation du citoyen...............................................................................................24
III.2. Constats.....................................................................................................................................25
III.3. Objectif du chapitre...................................................................................................................26
III.4. Approche conceptuelle..............................................................................................................26
III.5. Le problème de l’inconscience et des passions chez les jeunes universitaires..........................26
III.6. Rôle de l’université dans la production du savoir et non des fanatiques...................................27
III.7. Vers une liberté responsable......................................................................................................27
La vertu de la liberté au cœur de la jeunesse, surtout universitaire....................................................27
III.8. Le rôle de la vérité dans la construction de la confiance. Cas des universitaires......................28
III.9. Responsabilité, discernement et synergie des valeurs à l’université.........................................28
III.10. La vraie bataille : vaincre les obstacles et menaces.................................................................29
Chap. IV : DE L’ORGANISATION DE L’ÉTAT, LA NATIONALITÉ ET LA CITOYENNETÉ.....31
IV.1. La notion de l’état......................................................................................................................31
IV. 2. ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DE L’ETAT........................................................32
IV.3. Les régimes politiques et la citoyenneté....................................................................................33
IV.4. La spécificité des régimes et les rôles des citoyens(ne)s dans l’exercice du pouvoir...............34
IV.5. Nationalité et Citoyenneté.........................................................................................................34
2. De la Nationalité.............................................................................................................................35
Chap. V : SOUVERAINETE DU CITOYEN, CULTURE POLITIQUE ET DEMOCRATIQUE.......37
V.1. Introduction.................................................................................................................................37
V.2. Le système électoral....................................................................................................................38
V.3. Le vote........................................................................................................................................38
V.4. Démocratie et parti politique......................................................................................................39
V.5. La participation politique............................................................................................................39
V.6. Le pluralisme politique...............................................................................................................41
V.7. La culture politique.....................................................................................................................41
V.8. La socialisation politique............................................................................................................41
V.9. Le comportement politique.........................................................................................................41
V.9. L’articulation politique...............................................................................................................42
Chap. VI : LE DEVELOPPEMENT ET LA CITOYENNETE.............................................................42
VI. 1. Notions élémentaires................................................................................................................42
VI. 2. La question « genre » dans le développement et la citoyenneté responsable...........................43
Chap. VII. MONDIALISATION, CITOYENNETE ET NOUVELLE ETHIQUE MONDIALE.........45
8
VII.1. Introduction..............................................................................................................................45
VII.2. Objectif du chapitre..................................................................................................................46
VII.3. Les éléments du débat..............................................................................................................46
VII.4. Les moteurs de la mondialisation.............................................................................................49
VII.5. Les Techniques et stratégies des Maîtres du monde................................................................50
VII.6. Approche anthropologique et sociologique.............................................................................51
VII.7.Regard éthique..........................................................................................................................52
Conclusion : Approche philosophique et critique..............................................................................57
Chap. VIII : LA PAIX PAR L’INTERCULTURALITE.......................................................................58
VIII.1 Du conflit.................................................................................................................................58
Définition........................................................................................................................................58
Cinq grandes catégories de conflit.................................................................................................59
Sources des conflits........................................................................................................................60
Modes de résolution des conflits....................................................................................................60
Qualités requises pour gérer un conflit..........................................................................................61
VIII.2 De l’interculturalité..................................................................................................................61
VIII.3 Culture de la paix.....................................................................................................................62
La notion de paix............................................................................................................................68
Définitions de la paix......................................................................................................................68
Différents types de paix..................................................................................................................63
La culture de la paix.......................................................................................................................63
L’éducation à la paix......................................................................................................................69
Contraintes et défis de l’édification de la paix...............................................................................64
Poème sur la paix...........................................................................................................................64
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................................71

Chap. I: INTRODUCTION
I.1. Prémisses

Le Nord-Kivu, l’une des 26 provinces de la République Démocratique du Congo, est une


entité particulière qui est caractérisée, depuis plus de deux décennies, par une instabilité
récurrente. En frontière avec le Rwanda et l’Uganda, le Nord-Kivu est reconnue
particulièrement pour ses multiples potentialités naturelles du sol, du sous-sol, de la flore et
de la faune. Jadis considérée comme grenier de la RDC, elle attirait les touristes par sa
beauté. Sa diversité culturelle marque une force que l’on n’a pas souvent su capitaliser, alors
qu’elle demeure une grande richesse à partager avec les autres. Cette complexité de ses
richesses (culturelles, minières, environnementales...) n’a pas du tout profité aux populations
de cette partie qui s’est plutôt vue contrainte à errer, à se paupériser, à se fixer dans les camps
de déplacés, à fuir à bien des reprises. Les fils et les filles de cette même province, insatisfaits
par les conditions difficiles qui d’une part proviennent de la mauvaise gouvernance et ses
conséquences : chômage, précarité, injustice et impunité, confits tribaux et communautaires,
sont restés pour la plupart dans la résignation et le dépassement.
9
La manipulation interne et externe est restée l’outil pour profiter de la richesse économique
ouvrant les voies pour l’organisation des groupes armés qui sont les moyens les plus faciles
pour l’accès aux minerais. Les rébellions, aux logiques et idéologies différentes se sont
créées au fil des années, en prenant en otage les populations qui portent le joug et le poids des
conséquences : mouvements en plusieurs directions pour fuir les troubles, insécurité
généralisée, pertes en vies humaines. L’impact de tout cela a pesé naturellement sur
l’organisation de la vie en société et amis en cause la gouvernance globale, l’autorité de l’Etat.

Les idéologies d’une étrange topographie

La mappe des forces et groupes armés qui ont déstabilisé cette Province concerne une vision
du problème de l’Est de la RDC : la vision que l’on a quand on cherche à savoir qui se bat
contre qui selon une logique purement militaire.

Pourtant, cette logique n’est compréhensible que si l’on quitte le champ des armes pour voir
le type d’esprit qui le nourrit, c’est-à-dire les arsenaux mentaux, les imaginaires des
personnes et les systèmes mentaux qui nourrissent la guerre au jour le jour. A regarder
les choses sous cet angle, on arrive vite à la conclusion que ce sont les populations elles-
mêmes qui sont devenues, dans leur mental, des implacables groupes armés. Dans les idées
qu’elles portent, dans les idéologies qu’elles colportent et dans les désirs de destruction
qu’elles entretiennent, ces populations promeuvent des logiques guerrières plus
dangereuses que les armes elles-mêmes. Elles sont, pour ainsi dire, des bombes mentales
toujours prêtes à exploser les discours et les attitudes que l’on doit considérer comme des
réalités pernicieuses. Ce sont ces identités meurtrières qui font de l’est de la RDC un
champ de ruines permanent. Ces identités ont chacune son idéologie qu’elles cultivent et
qui attisent l’esprit de guerre et permettent aux armées et aux multiples groupes armés de
prospérer aujourd’hui.

Dans la topographie de deux dernières décennies de l’est de la RDC comme lieu de


conflagrations et de déflagrations continuelles, nous pouvons distinguer quatre idéologies qui
doivent orienter les mentalités :

- l’idéologie génocidaire dont le venin est dans l’esprit des FDLR et le carburant de
leur haine et de leur volonté d’anéantissement de leurs vainqueurs de 1994 ;
- l’idéologie sécuritaire du système politico-militaire rwandais dont l’ambition et le
projet est de construire une société de développement fondé sur l’ordre et la
discipline, ordre que rien de devrait ébranler, sous quelque prétexte que ce soit ;
- l’idéologie victimaire du gouvernement congolais qui sert de masque à l’absence
d’un Etat véritable et aux exigences de bâtir une gouvernance crédible, loin des
accusations en permanence adressés à des boucs émissaires faciles que l’on
affuble, à la moindre crise intérieure de tous les crimes et de toutes les
malveillances, sans savoir que tout gouvernement a le devoir de protéger son
peuple et d’assurer sa sécurité au sens plénier du terme ;
- l’idéologie identitaire des tribalismes meurtriers qui n’hésiteraient pas de recourir
à la solution finale d’épuration ethnique partout où cette solution s’avère
nécessaire à leurs yeux ;
- et l’idéologie mafioso-globalitaire avec appât de gain et de richesse autour des
minerais du sang, la course au pétrole, idéologie qui anime tous les vautours de la
globalisation actuelle, avec ses trusts mondiaux, ses seigneurs de la finance, ses
10
maîtres de guerre et ses bandits prédateurs qui ne cherchent qu’à s’enrichir à peu
de frais dans un pays chaotique comme la RDC.

Il convient aujourd’hui de considérer toutes ces idéologies comme des armes et considérer
l’Est du Congo comme le champ de bataille de toutes ces idéologies dont la guerre, dans ses
multiples avatars, est la conséquence tragique. On parlerait volontiers d’une « gouvernance
des armes » à l’Est.

 Notre cours d’éducation à la citoyenneté, sous forme d’atelier se veut être un cadre de
responsabilisation qui prend en compte le contexte de guerre, d’insécurité et de la
gouvernance en République Démocratique du Congo. Les jeunes étudiants qui vivent
ce contexte doivent être eux-mêmes protagonistes de la mise sur pied d’un module
d’Education à la citoyenneté, parce qu’ils sont eux-mêmes membres de la nation
congolaise et futurs responsables. Comment aimer davantage notre pays en tant que
patriotes? Comment participer à son développement en partant de notre propre
profession ? Quelles valeurs professer personnellement ou en groupe si l’on veut
relever les différents défis de la construction de l’Etat ?Quelles antivaleurs combattre ?
Quel type d’homme pour un Congo nouveau ?

Il est donc inutile de nous baser seulement sur les théories livresques mais de poser un
regard à travers des ateliers sur la vie de notre société, diagnostiquer les causes d’une
citoyenneté malade, proposer avec les étudiants des pistes de solutions pour un engagement
citoyen responsable et effectif.

Que dire du cours d’Education à la citoyenneté tel que conçu et dispensé aujourd’hui ?

Le Cours d’Education à la citoyenneté (CEC) tel qu’il est donné en première année, et tel
qu’il est structuré dans différents manuels et selon différentes approches, ne permet de façon
pragmatique de faire émerger une réelle vocation chez les jeunes. Pourquoi ?

Pour Toussaint Tshilombo, le CEC se veut un ensemble d’approches faisant simplement de


lui une science carrefour. Dans la triple finalité que cet auteur donne au cours, notamment la
formation, l’information et l’interpellation, on voit difficile un lien précis consacré aux
questionnements fondamentaux qui font naître l’engagement.

L’enseignement est généralement réduit à un apprentissage de notions et théories d’une part et


d’autre part, une révision des doctrines et idéologies politiques, économiques que, par ailleurs,
des jeunes intelligents vous démontrent connaître par l’Education civique et morale, et le
civisme.

Faute d’être une idéologisation, parce qu’un ministère existe pour insuffler le contenu et
l’orientation, comme du temps du mobutisme, il demeure une répétition de slogans et
d’incantations sous-forme de spots publicitaires.

Comment parler de citoyenneté quand soi-même on est déterminé par un vécu ambiant des
antivaleurs et de corruption ? On feint vouloir croire dans des concepts mais en parfaite
hypocrisie, on refuse la morale publique et privée, on vit dans l’indifférence privée et
d’éthique…

11
L’université elle-même n’est pas épargnée ; ainsi, il faut un revirement pour changer la donne.
La politisation des milieux universitaires, les révoltes destructrices qui ont lieux au sein des
institutions supérieures et universitaires sont une preuve éloquente d’un déficit civique et
moral à relever.

I.2. But du cours

L’intitulé du cours Education à la citoyenneté invite à tenir compte de l’aspect éducation. En


ce sens, nous voudrions éviter de dispenser des connaissances livresques. Au lieu d’une
démarche théorique concernant la citoyenneté, nous espérons réellement transmettre à nos
étudiants (es) une volonté de changer la mentalité et d’adopter un mode de vie qui renforce
l’idée de devenir citoyen(ne). Les objectifs qu’on peut s’assigner sont multiples. Il s’agit entre
autres de :

1- Préparer l’étudiant aujourd’hui et cadre de demain à affronter les réalités de la vie


communautaire et nationale par l’intégration des valeurs morales et civiques de la vie
nationale et internationale.
2- Préparer l’étudiant scientifiquement afin qu’il soit capable d’exercer ses
responsabilités citoyennes.
3- Amener l’étudiant à un bon rendement par le travail qu’il rendra un jour à son Etat ou
la communauté voire à la société.
4- Etre à mesure de s’impliquer activement dans les affaires tant politiques, sociales
qu’économiques de son pays, de sa province ou de sa société.
5- Aider l’étudiant a été capable de maitriser les grands courants idéologique:
démocratie‚ bonne gouvernance, Droits de L’homme‚ culture de la paix‚ résolution
des conflits...).
6- Etudier les comportements d’un citoyen envers sa nation, sa société‚ à ses semblables
et à son Etat.

En synthèse, notre cours est destiné à forger un type d’homme ou de femme nouveau digne
d’être appelé citoyen c.à.d. respectueux des institutions et des lois et qui cherche constamment
à faire passer les intérêts de la nation avant les siens, à manifester son sens civique par un
esprit combatif et responsable. Il n’est pas un nationaliste extrémiste mais plutôt un agent de
développement, un promoteur d’unité dans la différence partout où il se situe. Il valorise son
diplôme académique au service de la paix et du développement intégral et intégrateur.

A ces objectifs, peut s’ajouter une triple finalité:

 Ce cours est une formation dans ce sens que l’étudiant est enrichi des nouveaux
concepts et réalités ;
 Ce cours est une information parce qu’à la fin, l’étudiant est informé du niveau de
développement de notre pays, dans ses relations régionale, continentale et mondiale ;
 Ce cours constitue un outil de conscientisation parce que nous exhortant à l’amour et
au dévouement pour la patrie, sur base de valeurs morales d’humanité.

Bref: Chaque étudiant doit être en mesure de manifester:

- Une prise de conscience de ses droits‚ devoirs et obligations vis-à-vis de son pays.

12
- Une prise de conscience sur les antivaleurs ayant élu domicile au sein de la société
congolaise, et la manière d’y faire face ;
- La connaissance et le fonctionnement des institutions politiques et administratives de
son pays ;
- Une prise de conscience de sa responsabilité en tant que citoyen d’un état par le biais
de sa souveraineté (ex. choix libre et conscient de ses dirigeants).
- Une conscience sur le fonctionnement de la société internationale.
- Une capacité de créativité et d’innovation réflexive pour le changement social.

I.3. Méthodologie

Il est important, comme dit plus haut que le cours lui-même soit un cadre de réveil et
de conscientisation. Les méthodes qui permettent des résultats productifs aidant à réaliser les
objectifs appropriés ; autrement dit des méthodes qui responsabilisent l’apprenant : le
questionnement, la discussion, le travail en groupe et le travail individuel.

Dans cette perspective, c’est la méthode atelier, naturellement efficace quand on n’a
pas un grand auditoire comme c’est, rarement le cas dans nos universités. L’échange et
l’esprit de débat avec les étudiants contribue à leur faire participer en vue d’un engagement
personnel et collectif face à des situations-problème.

L’atelier est donc soutenu par les méthodes et approches suivantes:

- la méthode active participative (PAP)


- l’approche conscientisant
- l’approche de l’analyse du contexte par SPRI (Situation, Problème, Résolution,
Indication)
- le questionnement (Quoi ? Qui ? Quand ? Où ? Comment ?)
- la recherche scientifique (Bibliothèque, Internet)

L’approche du cours étant participatif du genre atelier, à chaque fois que les notions
seront abordées, les étudiants partageront leurs prérequis à travers différents outils. Les
notions sont complétées par le formateur.

Les différentes parties du cours sont traitées comme suit :


 Analyse
Un outil ou un symbole sont présentés et suscitent la réflexion et la participation de
tous les étudiants. Les étudiants apportent des matériaux de leur réflexion, analyse et
recherche.

 Une synthèse théorique


Grâce à un résumé du professeur qui, en ce sens n’est qu’un facilitateur, est conçu et
apporte les éléments indispensables pour compléter les réflexions des étudiants.

 Exercice d’évaluation et d’application


Il n’est pas question de débobiner tout ce qui a été appris, mais plutôt de relever ce qui
peut aider à construire notre société à travers un engagement citoyen. C’est donc sur base de
ces échanges que sont progressivement constituées ces notes de cours.
13
Analyse du contexte par les étudiants

« La photo de la province du Nord Kivu » depuis quelques décennies

Dimension politique Dimension économique Dimension sociale Dimension culturelle

-Mauvaise -Pauvreté et chômage -Mouvement de déplacés -Abandon scolaire


gouvernance. toujours grandissants. internes et réfugiés. -Faible taux de
-Favoritisme et -Impossibilité d’exploiter -Camps des déplacés, scolarisation
népotisme. les espaces d’agriculture symbole de la misère de -Analphabétisme.
-Organisation des suite à l’insécurité. la province. -Tribalisme
groupes et forces - Ressources minières mal -Violences sexuelles -Manipulations sur base
armés à caractère exploitées, et au profit de basées sur le genre. identitaire
ethnique et à quelques personnes -Conflits interethniques -Tribalisation des milieux
revendication -Fonctionnaires de l’Etat -Assassinats universitaires et
identitaire. sous-payés ; d’où aussi, la -Exode rurale professionnels.
-Insécurité multiforme corruption -Pauvreté urbaine
-Non respect des institutionnalisée. -Prolifération d’ONGs
normes urbanistiques. -La femme porte la misère -Esprit d’attentisme
-Néo-colonialisme du ménage par la -Préjugés et stéréotypes à
débrouillardise. caractère tribal.
-Incapacité à subvenir aux
besoins de base.
-Absence ou mauvais état
des routes de desserte
agricole.

I.4. Historique de l’enseignement

I.4.1. Trois questions fondamentales:

- Du « civisme et développement » à « Education à la citoyenneté »


- L’évolution des notions de cité, citoyen, citoyenneté.
- Les différentes classes sociales qui ont existé dans la Rome antique et dans l’antiquité
grecque.

a) Du « civisme et développement » à « Education à la citoyenneté »

Le concept « politique » vient du grec πολις (polis) qui veut dire « cité ». La « polis » fait
allusion à trois éléments essentiels :

- L’espace géographique sur lequel vivent les hommes ;


- Les hommes (au sens de personne humaine) eux-mêmes ;
- Les institutions ou organes pour gérer les relations entre les hommes.

Dans la suite, la cité deviendra « état » ;le milieu de vie des hommes devient « Territoire », et
les hommes eux-mêmes, « la population ». L’ensemble de tout cela constitue la « puissance
publique », les habitants de la cité s’appelant « citoyens ». La reconnaissance officielle de
quelqu’un comme « citoyen » s’appelle « statut juridique ».

La politique, c’est l’art de gérer la cité, de l’administrer, de la gouverner. Selon Max Weber,
le pouvoir, c’est la chance, la probabilité qu’a un individu d’imposer sa volonté aux autres
avec qui il est en relation malgré les résistances qu’ils peuvent lui opposer.
14
Le sens civique est la prise de conscience permanente de ses responsabilités par rapport à la
cité. Le manque de sens civique s’appelle l’incivisme, et les gens qui manquent le sens
civique s’appellent inciviques.

La législation congolaise a institué le cours de « Civisme et développement » dans le souci


d’amener les jeunes étudiants à avoir une dose suffisante de sens civique, étant donné que sur
eux reposent l’avenir et le développement du pays.

Du 1er au 15 septembre 2003, une réunion des universitaires a été organisée par le Ministère
de l’Enseignement supérieur, universitaire et recherche scientifique, par le Professeur Emile
NGOY KASONGO, auteur de la réforme du programme de cours de l’ESU. Cette réunion
sous forme de « Table Ronde des Universitaires du Congo » (TRUC). Deux lignes de pensée
sont ressorties de la TRUC:

Première tendance : Abolition du cours. Il fallait supprimer le cours du programme

 Le cours manque un contenu consensuel (unique au monde) ;


 Le cours est devenu un endoctrinement idéologique pendant la deuxième République
et pendant la période de l’AFDL (Propagande politique) ;
 Une sorte de violence de liberté d’expression, d’opinion, de pensée des étudiants
pourtant déjà majeurs et responsables ;
 Les gouvernants eux-mêmes ne servaient pas de bon exemple, du moins pour la
plupart.

Deuxième tendance : Maintien du cours au programme tout en le réorientant :Changer


l’intitulé en « Education à la citoyenneté ». Dans le concept de l’éducation, ils voyaient la
formation, l’information d’un citoyen responsable et complet, et la sensibilisation ou
interpellation comme dans la finalité ci-haut indiquée.

L’éducation à la citoyenneté est donc la préparation qui permet aux hommes et femmes de
prendre conscience, s’engager et participer entant que citoyens et citoyennes actifs et
responsables du changement positif du pays.

b) Evolution des notions de cité, citoyen et citoyenneté.

La cité : c’est le mode d’organisation de la vie des hommes en société.

a. Les unités sociales primitives : ce sont des sociétés anarchiques où régnait la loi du
plus fort (jungle). C’est la société dans son état de nature.
b. Les cités états : ce sont des cités organisées au même titre que les états vulnérables.
Ces cités ont commencé en Grèce.
c. Les royaumes féodaux : la notion de cité a été étouffée pendant la féodalité parce que
la structure sociale de l’époque était basée sur la répartition des terres. Ainsi, au lieu
de parler de « cité », ils parlaient de « Seigneurie ».
d. Les états-Nations : Ils proviennent de la coalition des rois de la bourgeoisie et de la
masse populaire contre les seigneurs féodaux afin de réclamer les mêmes chances
d’accès à la terre pour tous. Il s’agit d’une sorte de lutte dialectique comme dans la
pensée de Kant.

Le citoyen : c’est donc un habitant de la cité.

15
a. Pendant la période de l’antiquité grecque et de la Rome antique. Dichotomie
(Séparation nette entre les citoyens praticiens et plébéiens) et le non-citoyen (esclave
par naissance ou par la guerre, étrangers).
Un citoyen déchu : un citoyen devient esclave par une décision judiciaire. Il y avait
aussi des affranchis soit par testament (témoignage favorable) soit par inscription de
l’esclave comme « sui juris » comme pouvant bénéficier de quelques droits, soit par
décision judiciaire.
b. Pendant la féodalité, la notion de citoyen a été étouffée, étant donné qu’une catégorie
d’individus était classifiée selon qu’ils étaient propriétaires ou non de la terre.

c) Différentes catégories d’habitants de la cité dans l’antiquité grecque

Dans la Grèce comme dans la Rome antique, il existait une dichotomie entre les citoyens et
les non citoyens. La structure sociale comprend 4 catégories :

Dans la société romaine, on avait :

- Les praticiens : ils furent les descendants des premières grandes familles romaines
issues de la légende de Romulus et Remus, considérés comme premiers romains par
naissance.
- Le Plébéiens : furent des citoyens libres mais appartenant à la classe inférieure. Il
s’agissait de marchands, d’artisans et d’agriculteurs. Ils étaient sans terre et étaient
victimes de discriminations.
- Les clients :ce fut des étrangers à l’instar des métèques considérés comme des
protégés d’un patron praticien.
- Les esclaves : Ils avaient des statues et des outils à vendre, et ne disposaient d’aucun
droit, d’aucune liberté.

Les Praticiens et les Plébéiens avaient les droits et les devoirs dont deux étaient les plus
importants. Ils devaient :

 défendre et protéger la cité ;


 participer à l’amélioration de la cité :

Ces deux devoirs peuvent être synthétisés en un seul : le citoyen devrait s’intéresser ou se
dévouer aux problèmes de la cité avec un sens civique élevé.

La société grecque

Elle était un ensemble des cités-états dont les plus célèbres furent Athènes et Sparte. Chaque
cité était une entité indépendante composée de trois catégories d’habitants :

 Les métèques : C’était des étrangers ; ils avaient tout le droit mais pas un seul droit
civique.
 Les esclaves : ils n’avaient aucun droit ; ils étaient donc traités simplement comme des
choses au service des maîtres (objets parlants). Leur origine remonte à la naissance, à la
guerre, mais aussi à la justice (citoyen échus). Ils sont aussi des affranchis.
 Les citoyens : Ils jouissent de tous les droits tant humains que ceux d’ordre civique.

I.4.2. Panorama de l’Education citoyenne en RDC

16
a. A l’époque précoloniale: Ici l’éducation se faisait par les anciens dans des vérandas où les
vieux s’occupaient des garçons, pendant que les femmes, à domicile, se chargeaient des filles.
Elle est fondée sur le principe de séparation et de discrimination. Les hommes sont formés
aux métiers des hommes et les femmes dans le cercle ménager (champ et cuisine).

b. A l’époque postcoloniale: A cette époque, l’éducateur ajoute l’instruction scolaire, c.à.d. il


sort du système des vérandas et paillotes familiales. Ce cours a été mis au programme de
l’enseignement supérieur et universitaire vers 1980 et reformé depuis 2003, et chaque année,
on y ajoute quelque chose.

I.5. Science de l’Education à la citoyenneté comme science carrefour

Ce cours s’est enrichi avec les apports de plusieurs sciences: la philosophie, la géographie, le
droit, la science politique, la sociologie, la médecine, la morale, la philosophie...

a. L’apport de la philosophie: il n’ya pas de développement sans que la personne humaine


se fasse une réflexion sur la raison d’être dans l’univers ou dans le monde, et ce qu’il y fait.

b. L’apport de l’économie : elle permet à la personne humaine de réfléchir sur les


mécanismes de production, de circulation, de consommation‚ de répartition des biens et
services.

c. L’apport de la géographie: la connaissance des aspects climatiques, les reliefs la


démographie et l’environnement peut aider un individu à savoir comment faire son plan de
développement.

d. L’apport de la science politique: C’est une étude de l’activité sociale qui se propose
d’accéder au poste politique dans un état pour exercer le pouvoir de l’Etat. La bonne
gouvernance exige la participation du peuple à la gestion transparente et fidèle de la chose
publique.

e. L’apport de la sociologie: Elle nous aide à comprendre les interactions au sein des groupes
sociaux‚ le développement d’un Etat ne pouvant passer que par la coexistence pacifique des
membres de la communauté nationale.

f. L’apport de l’histoire: Elle aide le citoyen non seulement à connaître son passé mais aussi
son présent pour préparer son avenir. Un bon citoyen doit se poser un certain nombre de
questions: Qui suis-je? D’où je viens? Où suis-je? Où vais-je ? Comment j’y vais? Pourquoi
j’y vais? Avec qui j’y vais?

Un bon citoyen doit être capable de répondre à toutes ces questions, étant donné que les
réponses aident chacun à se situer par rapport à son passé.

g. L’apport du droit: C’est une étude compréhensive et interprétative des règles qui
régissent les groupes et les rapports entre individus et l’État : individus-individus, individus-
groupes, groupes-groupes‚individus-Etat‚Etat-Etats.

h. L’apport de la morale: Elle se préoccupe de l’agir humain en vue de déterminer le bien et


le mal, le bon et le mauvais.

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i. L’apport de l’éthique : C’est l’ensemble des règles, us et coutumes régissant un groupe
donné. Notre enseignement en tant qu’interpellation, veut être une invitation du citoyen à une
conduite compatible avec les valeurs morales et éthique.

j. L’apport de la médecine et la science pharmaceutique: la médecine s’occupe de la


prévention, la guérison et le soulagement des malades mais elle doit éviter le dérapage. C’est
ainsi qu’elle a besoin d’une éthique pour que le médecin ou le pharmacien prenne conscience
de ses responsabilités.

Chap II: CONCEPTS, NOTIONS ET VALEURS

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II.1. Notions d’éducation, de cité et de citoyenneté

1. L’éducation : du mot latin «educere» qui signifie le fait de transmettre à quelqu’un


des connaissances, des aptitudes intellectuelles. Conduire quelqu’un hors de
l’ignorance par l’apprentissage, en d’autres termes l’éducation est un processus
d’intégration de la personne humaine dans la société par l’apprentissage des valeurs de
base pour son savoir et sa maturité.
2. La citoyenneté: C’est un lien d’attachement d’un individu ou d’une communauté à un
Etat, à ses lois et à d’autres individus membres de cet Etat‚ lui permettant de se faire
identifier par le truchement de la nationalité. La citoyenneté est un statut, une identité
dans la mesure où elle repose sur un sentiment d’appartenance à une collectivité et
donc une source de lien social. Elle confère droits et devoirs aux citoyens leur
permettant de participer aux charges publiques de leur Etat. Le citoyen, c’est celui qui
joue son rôle civique‚ et s’intéresse aux affaires publiques, tandis que celui qui se
désintéresse des affaires de la cité doit être considéré non comme un citoyen mais
comme un être inutile, déjà pensaient Platon et Aristote.
3. L’éducation à la citoyenneté : L’éducation à la citoyenneté, c’est l’ensemble des
activités et pratiques permettant de rendre l’enfant ou l’adulte apte à participer à la vie
démocratique, en assumant et en exerçant ses droits et responsabilités. Ce sont des
connaissances, attitudes, valeurs et aptitudes qui permettent au citoyen de reconnaître
les valeurs requises pour la vie commune, d’effectuer des choix et d’agir avec la
conscience d’appartenir à un corps social organisé. L’éducation à la citoyenneté
comprend quatre grands axes interdépendants: les Droits Humains, la Paix, la
Démocratie et le Développement.

II.2. TYPES DE CITOYENNETE

Il existe 4 types de citoyenneté: la citoyenneté civile, la citoyenneté politique, la citoyenneté


sociale et économique, la citoyenneté culturelle.

 La citoyenneté civile: c’est celle qui donne à l’individu des droits qui relèvent des
libertés individuelles et du droit à la justice.
 La citoyenneté politique: c’est celle qui implique le droit de vote et à la participation
du pouvoir politique et exprime la souveraineté du citoyen.
 La citoyenneté sociale et économique: elle exprime les relations entre individus en
rapport avec le marché du travail‚ la qualité de vie‚la sécurité sociale...
 La citoyenneté culturelle: elle se rapporte au patrimoine culturel commun en prenant
en compte la diversité culturelle dans une nation ou dans un Etat ; elle exprime aussi la
revendication du droit à la dignité à côté du droit au savoir, à l’information et à la
formation. Par ailleurs‚ cette expression est associée à l’identité‚ à la participation aux
affaires communes et publiques mais aussi aux droits et devoirs qui lient tout un
chacun à la société.

En synthèse, le citoyen est une personne physique qui, dans un Etat, jouit de l’exercice des
droits réels et politiques.

19
II.3.Les dimensions de la citoyenneté

La citoyenneté distingue plus ou moins trois dimensions: la dimension sociale, la dimension


politique, la dimension juridique. Un citoyen est, par opposition au simple résident‚ porteur
de certains droits comme nous le verrons dans les chapitres sur l’organisation de l’Etat et la
souveraineté du citoyen. En effet, seul un citoyen peut voter et se porter candidat pour une
fonction politique; seul le citoyen d’une entité politique peut bénéficier des prestations
économiques et sociales assurées par l’entité politique en question ; seul le citoyen peut être
appelé à se sacrifier pour son pays en temps de guerre ; c’est ce que l’on appelle le sacrifice
suprême.

Ainsi, la citoyenneté renvoie à un certain nombre de pratiques et une manière d’être. Est
citoyen, celui qui participe activement à la vie des institutions politiques et au fonctionnement
du bien commun. Le citoyen ne se prévaut pas des droits politiques prévus dans la loi mais il
s’engage activement pour l’avènement d’une communauté politique effective. Est pleinement
citoyen celui qui a un attachement affectif et qui, au besoin et en cas de conflit donnera
priorité à la dimension citoyenne de son identité.

La participation du citoyen à la chose publique surtout dans notre pays est souvent entravée
par sa propre ignorance de ses droits, voire de son indifférence face à la gestion des affaires
de la collectivité. Il en est de même aussi pour le développement et le renforcement des
institutions politiques auxquelles certains s’identifient peu ou pas du tout, par indifférence ou
par manque de connaissances à leur sujet. Quelqu’un disait d’ailleurs que l’injustice de la
Justice congolaise est due au fait que le peuple ne connaît pas ce qu’il est censé savoir.

Le citoyen ne peut exercer ses droits et assumer ses responsabilités que dans un cadre
démocratique, dans un Etat de droit, c’est-à-dire, un Etat qui s’oppose à l’état policier, et qui
se fonde sur la légalité ; un Etat dans lequel chaque citoyen peut faire prévaloir ses droits
selon des procédures établies. Il se caractérise par les principes suivants :
- Gouvernants et gouvernés soumis aux mêmes lois ;
- Existence de règles claires et de sanctions en cas de violation des Droits Humains ;
- Système juridique indépendant ;
- Les lois nationales et les textes internationaux protègent le citoyen ;
- Transparence dans l’application des lois ;
- Existence de la Constitution, avec des lois et règlements pour tous sans
discrimination ;
- Principe d’égalité des citoyens.

II.4. Quelques valeurs citoyennes

Une authentique citoyenneté renferme un certain nombre de valeurs à cultiver et à vivre :

- La civilité: Il s’agit d’une attitude de respect à l’égard des autres citoyens mais
aussi à l’égard des bâtiments et lieux de l’espace public (routes, écoles, hôpitaux,
etc.).C’est une reconnaissance mutuelle, la tolérance entre individus et groupes au
nom du respect de la dignité humaine de la personne qui permet une grande harmonie
dans la société. Donner des civilités c’est exprimer une attitude de respect d’une
autorité établie.

20
- Le civisme: C’est un comportement de respect des lois et règles en vigueur, la
conscience de ses devoirs envers la société. De façon plus générale, le civisme est lié à
un comportement actif du citoyen dans la vie quotidienne et publique. Bref, il s’agit
d’agir pour que l’intérêt général l’emporte sur les intérêts particuliers.
- La solidarité: C’est une attitude d’ouverture aux autres qui illustre le principe de
fraternité. Elle est importante, dès lors que les citoyens forment un ensemble
d’hommes et de femmes attachés à un projet commun. Dans ces conditions, la
solidarité qui consiste à venir en aide aux plus démunis, directement ou par le biais des
politiques publiques (ex : impôt) est très directement liée à la notion de citoyenneté.

La solidarité est la concrétisation de la fraternité. Cet état d’esprit pousse les hommes à
s’accorder une aide mutuelle. Être solidaire signifie être conscient d’appartenir à une même
communauté, avoir un sentiment de responsabilité à l’égard des autres. Ce sentiment est à
l’origine d’actions d’entraide pour rétablir l’égalité entre les citoyens d’un même pays ou
même, au niveau international, entre tous les citoyens du monde en général.

Il existe deux formes de solidarité : la solidarité obligatoire, organisée par l’État (dans le
cadre d’institutions publiques), et la solidarité volontaire, reposant sur des initiatives
individuelles (dans le cadre d’associations). Dans les deux cas, la solidarité peut s’adresser
aux citoyens d’un même pays ou prendre la forme d’une aide internationale.

La solidarité nationale est celle qui est organisée par l’État afin de réduire les inégalités
entre les citoyens (dans les domaines des revenus, de la santé, de l’éducation, etc.). Cette aide
publique est financée par l’impôt, qui est un transfert de richesses : chaque citoyen donne
selon ses moyens et reçoit selon ses besoins.

L’engagement de l’État est relativement récent puisqu’il remonte au lendemain de la Seconde


Guerre mondiale. Les gouvernements des démocraties occidentales comprennent qu’il faut
lutter contre la misère car c’est la misère qui ouvre la voie aux guerres et aux dictatures. C’est
pourquoi ils mettent progressivement en place des institutions publiques de solidarité
nationale (sécurité sociale, assurance chômage, etc.).

La citoyenneté dans l’antiquité

On considère généralement que l’origine du concept de citoyenneté remonte à l’antiquité


grecque et romaine, qui voit se développer l’idée d’une participation de certains habitants à
l’élaboration des lois et à la conduite des affaires publiques. Dans la plupart des minuscules
cités-Etats de la Grèce antique, seuls les hommes libres étaient autorisés à participer à la vie
civique. Les citoyens représentaient donc une minorité, les enfants, les femmes, les esclaves et
les étrangers n’étant pas considérés comme tels. Chez les Romains, le statut de citoyen, la
civitas, constituait même un privilège que l’on pouvait acquérir, ou perdre.

Ainsi, citoyenneté n’a pas toujours rimé avec démocratie, au sens où nous l’entendons
aujourd’hui. Néanmoins, certains penseurs déjà soutenaient l’idée de la démocratie. Platony
voyait la forme la plus séduisante pour une société civile ; il était même convaincu que sa «
République » ne pourrait être instaurée qu’après une révolution. L’histoire lui donna raison.

Les idées d’Aristote, autre grand philosophe, continuent d’imprégner notre façon de vivre, de
penser, d’agir. Le tout est plus grand que la somme de ses parties est une phrase souvent
21
citée, mais très peu d’entre nous savent qu’il en est l’auteur. Par ailleurs, Aristote était
convaincu que l’existence des sociétés humaines résulte du besoin profond qu’a l’homme de
vivre en collectivité. Il pensait également que, bien conçue, l’éducation – que ce soit à l’école
ou en dehors de l’école – permet le développement des sociétés dont le but n’est pas
seulement la survie des citoyens, mais leur vie en collectivité, avec un sentiment de
responsabilité sociale.

Vous connaissez sans doute l’agora, cette place publique où les citoyens tenaient leurs
discussions et prenaient leurs décisions. Elle était au cœur de l’activité civique de la société
athénienne, basée davantage sur la collectivité que sur l’individu.

La conception libérale de la citoyenneté

L’idée fondamentale de la conception libérale de la citoyenneté est que tout citoyen dispose
de
certains droits fondamentaux pour autant qu’il fasse preuve de loyauté à l’égard de l’Etat
(qu’il
convient de distinguer du régime en place).

Le philosophe anglais John Locke a été l’un des premiers penseurs libéraux, et l’un des plus
importants. Selon lui, la raison d’être d’un Etat est d’assurer le bien de ses citoyens et d’en
protéger les droits et les libertés. Sur la base d’un contrat social passé entre les individus et
leur
gouvernement, les citoyens ont la liberté de penser, de croire, d’exprimer leurs convictions, de
s’organiser, de travailler, d’acheter et de vendre des biens, de désigner librement leur
gouvernement ou d’en changer (même au prix d’une révolution).

Certains penseurs libéraux ont également réfléchi à la dimension collective de toute société.
Pour le philosophe écossais John Stuart Mill, par exemple, la maturité morale est essentielle et
n’est possible que si le citoyen participe, avec d’autres citoyens ou en leur nom, à une forme
ou une autre d’activité collective. La liberté ne prend pleinement son sens qu’en relation avec
des notions comme celle de responsabilité collective et d’égalité.

La société civile comme espace d’exercice de la citoyenneté

Le concept de Société civile est repris par les différents théoriciens de la pensée politique
depuis Saint Thomas d’Aquin jusqu’à Durkheim en passant par Gilles de Rome, Leonardo
Bruni, Hobbes, Rousseau, Hegel et Marx pour ne citer quelques-uns. Malgré l’ancienneté du
concept, celui-ci s’est néanmoins essoufflé parla suite sous l’emprise des empires coloniaux et
de l’émergence de mouvements révolutionnaires d’obédience marxiste en Europe de l’Est à
partir de 1918. Les empires coloniaux ont étouffé les initiatives populaires de participation à
la construction et au fonctionnement de l’Etat, tandis que l’avènement du communisme en
Europe de l’Est s’est traduit par la Guerre froide et l’affrontement Est-Ouest.

Malgré le rôle croissant que jouent actuellement ces organisations dans le processus de la
démocratisation de l’Etat et de la Société, reste toujours posée la question de la définition de
la société civile et de son champ d’intervention par rapport aux différentes prérogatives de
l’Etat-nation.

22
Selon les tentatives de définition proposées par les experts en la matière, la société s’organise
autour d’un schéma tripartite : gouvernement, marché et ONG. La fonction de régulation
sociale est assurée par le gouvernement ;celle productive relève du marché, tandis que les
organisations non gouvernementales représentent le secteur tertiaire non productif.

Ainsi, la société civile inclurait une gamme extrêmement variée de partenaires sociaux,
telles que les organisations représentatives des milieux socio-économiques, les associations
constituées pour la défense de grandes causes, les associations de proximité, les organismes
religieux et intellectuels.

Aujourd’hui, la citoyenneté est beaucoup plus qu’une construction juridique ; elle prend en
compte, entre autres choses, le sentiment individuel d’appartenance, notamment à une
communauté sur laquelle l’individu peut avoir une action et une influence directes. Le lieu de
cette influence effective ou potentielle est la société civile.

Introduite par les philosophes écossais de l’époque des Lumières comme Adam Smith et
DavidHume, la notion de société civile désignait à l’origine l’ensemble de la société et elle
ne présupposait pas nécessairement un système politique démocratique. Plus tard, son
sens s’est restreint aux structures sociales situées en dehors de l’Etat ; autrement dit, la société
civile, c’est la société moins l’Etat. Une troisième conception, probablement la plus courante
aujourd’hui, envisage la société civile comme la sphère des organisations et associations
non gouvernementales (en particulier celles de caractère bénévole), c’est-à-dire quelque
chose de très proche de ce que l’on appelle aussi le« tiers secteur ».

Proposons cette définition sociologique largement acceptée :


« La société civile peut être définie comme un ensemble ou un système de groupes
intermédiaires auto-organisés qui :
(1) sont relativement indépendants à la fois des autorités publiques et des unités privées de
production et de reproduction, c’est-à-dire des entreprises et des familles ;
(2) ont la capacité de débattre d’initiatives collectives de défense ou de promotion de leurs
intérêts et de mettre en œuvre de telles initiatives ;
(3) ne cherchent pas à remplacer les agents de l’Etat ou les (re)producteurs privés ou à
prendre
la responsabilité de gouverner l’ensemble du corps social ;
(4) acceptent d’agir dans le cadre de règles préétablies de nature « civile », c’est-à-dire
basées sur le respect mutuel. »

A ce sujet, Henry Mintzberg propose une revitalisation radicale de la société civile, ce qu’il
appelle le secteur « pluriel », qui comprend les organisations caritatives, les fondations, les
organismes communautaires et non gouvernementaux, les associations professionnelles, les
coopératives, les mutuelles, les établissements de santé, les écoles et universités à but non
lucratif, autant d’organisations qui ont, par nature, plus de facilité à créer une dynamique
collective de création de valeurs, et à adopter un comportement responsable vis-à-vis des
biens communs : les ressources naturelles et les communautés humaines. Il estime que nous
devons transcender les politiques linaires de gauche, de droite et du centre, et comprendre
qu’une société équilibrée, comme un tabouret stable, doit reposer sur trois piliers solides :
un secteur public de forces politiques qui se manifeste au sein de gouvernements respectés,
un secteur privé de forces économiques qui se manifeste dans des entreprises responsables,
23
et un secteur pluriel de forces sociales qui se manifeste dans des communautés civiles
robustes. Une société harmonieuse et solidaire réside donc dans l’équilibre de ces trois
secteurs.

Les droits humains


Les droits de 1ère génération ou droits civiques et politiques
Le droit à la vie, le droit l’intégrité physique, le droit de la sécurité, le droit de la liberté de
penser, le droit de la religion, le droit de vote, etc.
Les droits de la 2ème génération ou droitséconomiques‚socioculturels
Le droit au travail, le droit à la grève, le droit au repos et au loisir, le droit de manifestation
pacifique, le droit àla sécuritésociale, le droit àl’éducation, le droit l’identité culturelle, le droit
à la juste rémunération
Les droit de la 3em génération ou les droits collectifs
Le droit à la paix, le droit au développement, le droit à un environnement sain.

Chap. III : CONSCIENTISATION ET RESPONSABILISATION


DU CITOYEN UNIVERSITAIRE

III.1. La responsabilisation du citoyen

Le concept responsabilité vient du mot «respondere» qui signifie «répondre de » « ou


répondre à » quelqu’un. Cela suppose qu’il y ait au moins deux personnes dont l’une en face
de l’autre. L’un pose une question et l’autre est appelé à répondre. Le concept anglais
équivaut à « responseability », c’est-à-dire, la capacité de répondre de quelque chose. La
responsabilité est donc le fait de répondre de ses actes. Mieux encore, la responsabilité, c’est
le fait de se trouver volontairement ou involontairement à l'origine (de quelque chose de
fâcheux). C’est aussi l’obligation légale de réparer les dommages causés par soi-même ou par
ceux dont on a la charge. Elle consiste donc à assumer les conséquences de ses actes et
décisions.

En droit civil, la responsabilité peut prendre deux formes. L'obligation de réparer le préjudice
résultant de l'inexécution d'un contrat constitue la responsabilité contractuelle. La
responsabilité est délictuelle lorsqu'elle s'appuie sur des faits qui ont causé un dommage, en
dehors de tout contrat.
Un comportement irresponsable est :

- Un comportement immature
- Un comportement destructeur
- Un comportement lâche.

Le comportement irresponsable c’est l’incapacité de porter un regard sur la destruction ou le


fait de ne pas être en mesure d’évaluer les répercutions générales des actes que l’on pose.
C’est l’absence de jugement responsable dans les actes posés. Le premier juge des actes que

24
nous posons c’est notre conscience personnelle.C’est le juge le plus sévère et le plus
infaillible ; nul ne peut échapper à ce juge et à son tribunal.

Etouffé et asphyxié par tous ces problèmes‚ le congolais éprouve d’énormes difficultés pour
les distinguer‚ les identifier‚ les dénombrer afin d’amorcer leur résolution.Il faut à tout prix
trouver une méthode qui aide à établir et à hiérarchiser les problèmes dans leur importance et
dans leur priorité. Dans un livre intitule Procès de la société congolaiseYawili constate que le
véritable problème de la RDC c’est le congolais lui-même du fait que le congolais ne
s’observe pas assez pour se rendre compte que le grand problème est lui-même. La priorité
serait pour lui la connaissance de lui-même par une certaine introspection.

Comme dirait Kä Mana, à force d’être esclaves d’une histoire et d’une géographie dominées
par les ressorts de l’humiliation, les populations engagées dans les guerres de l’est du Congo
ont développé des imaginaires complètement viciés : une psychologie de la destruction, une
culture sociale de la violence et une véritable anthropologie des identités meurtries et
meurtrières. Bien plus, à force de s’y habituer, la région est devenue une région des peuples
aux inconscients et aux consciences malades, dont les haines s’auto-génèrent et s’auto-
entretiennent.

III.2.Constats

Quand l’on se trouve dans le milieu universitaire congolais en général, et surtout à Goma où
nous sommes, on observe une certaine crise entre l’université et l’universitaire qui frise
parfois l’inconscience et l’irresponsabilité. En voici des exemples :

- comportements et agissements rationnellement inimaginables,

- renversements des valeurs et rôles dans la logique universitaire, chose devenue une nouvelle
nature et désormais un ordre social cautionné, pourtant juridiquement inexistant,

* Casse des infrastructures, des meubles, des véhicules,

* sévices inter étudiants, humiliations des enseignants, coups et blessures,

* On brûle, on fait pression sur le corps académique, administratif…

* Tendances récentes montrant que non seulement les professeurs, étudiantes, étudiants et tout
le personnel académique sont parfois confondus en tant qu’acteurs principaux du système
universitaire, instrumentalisés et mis au service des objectifs réducteurs commandés par le
politique et le banal alors qu’ils sont ce qu'il est convenu de nommer la société du savoir, et
même de l'économie du savoir.

* L’orgueil, l’égoïsme et la paresse qui sont supposés être déjà exorcisés au sein de
l’université sèment en elle-même des germes d’asocialité, de fermeture individualiste et
d’humiliation de l’autre.

* Politisation et tribalisation du milieu universitaire.

* l’université semble devenue le cauchemar de la communauté, l’épine dans le pied de la


police et le terrain d’expérimentation de nouvelles stratégies du désordre politique. C’est le
cas de le dire, avec Mudimbe, on se gave du théâtre gratuit « des étudiants chanvriers »,
possédés par l’esprit de manipulation.
25
Bref, au regard de notre société congolaise dont fait partie intégrante le citoyen universitaire,
l’on constate que plusieurs antivaleurs se mélangent à la vie au quotidien faisant ainsi
comprendre que le congolais a accepté de vivre la négation de valeurs de base.

III.3. Objectif du chapitre

Il s’agit de s’atteler sur la crise pathologique du rapport entre l’universitaire et l’université,


un rapport de crise de conscience et de responsabilité empoisonné détruisant tout le tissu
universitaire dans ses fondements, son essence, son sens et son organisation.

III.4. Approche conceptuelle.

- Conscience : « Avoir conscience de… » signifie savoir perdre/ reprendre


conscienceentre dans la sphère de la perception ou de la non perceptionplus ou moins
claire des phénomènes qui nous entourent et qui nous renseignent sur notre propre
conscience.
- Du latin « cum scientia » veut dire avec ou accompagné de savoir. Donc, en fait, être
conscient signifie penser, agir, sentir, réfléchir tout en le sachant.
- Conscience est alors assimilable à la connaissance, et c’est la caractéristique propre de
l’homme
- D’un point de vue philosophique, la conscience est considérée comme la capacité de
questionnement et de doute, par une critique sur les préjugés, les a priori, les
stéréotypes, les croyances, les idées reçues, les rumeurs…
- Responsabilité : du latin respondere ;c’est lacapacité de répondre à et de… ; elle
suppose un face à face de qui pose la question et qui répond à ou de ses actes.

III.5. Le problème de l’inconscience et des passions chez les jeunes universitaires

L’inconscient qualifie un être dépourvu de conscience ou irréfléchi ou encore, une personne


non consciente des conséquences de ses actes. La pleine conscience des actes et pensées pose
problème en milieu universitaire chez nous : les acteurs de toutes les bavures servies sur la
scène des institutions sont-ils maîtres de toutes leurs pensées ? Qu’observe-t-on ?

On observe des pulsions, orientant la jeunesse universitaire vers des actions anarchiques et
évidemment irresponsables et même passionnels (excessifs et exclusifs). On observe
dufanatisme et du moutonisme, de l’hypocrisie, de la légèreté et de l’enthousiasme négatif,
contraires à la rationalité rigoureuse qui caractérise la vérité (le fanatique porte à sa vérité un
caractère intolérant et irrationnel et le rend capable d’utiliser la violence extrême, violence qui
peut être tournée vers l’extérieur mais aussi vers soi). Pourtant, l’universitaire n’est pas un
fanatique mais un passionné pour le Bien, le Vrai, le Juste.

Universitaire : Chercheur scientifique Fanatique


Rationalité rigoureuse Vérité avec caractère intolérant
Passion pour la vérité Violence extrême pour imposer la vérité
Passion constructrice Passion destructrice, déraisonnable, irrationnelle
Rationnel Raisonnable et manipulable
Révolte constructrice Révolte destructrice
Intellectuellement flexible Extrémiste
Multiculturel, ouvert et tolérant Fixiste, auto-centré

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Bref, si la jeunesse universitaire est parfois manipulable, c’est justement parce qu’on joue sur
ses passions en anéantissant sa volonté et sa liberté.

III.6. Rôle de l’université dans la production du savoir et non des fanatiques

La nature de la recherche universitaire est du domaine de la passion positive. Elle réclame de


façon permanente sa valorisation et le maintien de son intégrité et sa spécificité. Des acteurs
de l’université pas du tout passionnés et ignorant de façon étonnante et regrettable le rôle de la
passion au sein de l’université : un empire des passionnés pour la destruction, le
marchandage, le moindre effort, l’absentéisme (ou fantomage : des « étudiants fantômes,
c'est-à-dire qu’on ne voit que le jour de l’examen ou qui parfois présentent un TFC
commandé à la cité, dont parfois ils ignorent même le moindre contenu conçu par des
laboratoires…)

En un mot, la qualité de l'enseignement supérieur repose sur de justes conditions de travail de


tous, sur le climat de sérénité et de partenariat, sur le respect du rôle de chacun.On remarque
abusivement le renversement des rôles où des étudiants, dans une prétention inexplicable et
monstrueuse donnent des ordres, orientent la conduite universitaire, bouleversent le calendrier
académique dans une impunité sans merci,se moquant même des instructions du Ministère.

III.7. Vers une liberté responsable

L’édification d’une communauté universitaire digne de l’homme et appelée à braver les crises
récurrentes entre l’universitaire et l’université repose sur des principes et des valeurs
fondamentales. Le rapport entre principes et valeurs est indéniablement un rapport de
réciprocité, dans l’exercice personnel des vertus correspondant aux valeurs elles-mêmes,
notamment celle de la liberté et de la responsabilité.

Liberté et responsabilité sont des valeurs morales et sociales inhérentes à la dignité de la


personne humaine, dont le développement authentique au sein de la communauté universitaire
est porteur de croissance. Ces deux valeurs constituent la référence incontournable pour les
acteurs universitaires.

La vertu de la liberté au cœur de la jeunesse, surtout universitaire

Il existe une fausse idée de la liberté créant une mentalité malsaine en indiquant l’université
comme lieu d’expression de toutes les libertés (libertinage). Or la liberté peut alors être
comprise de deux façons : la possibilité d’obtenir tout ce qu’on veut, mais c’est aussi la
possibilité de soumettre sa volonté à l’ordre universel (on est ici encore dans une optique qui
privilégie le tout bien ordonné). L’université est un lieu de l’ordre et de la cohérence. Dans
cette perspective, elle est un assentiment à tout ce qui y est et que j’y trouve d’abord (les
règles, les habitudes, la tradition, les interdits, etc.).

Exemples : si je ne veux pas être exclu et échouer, je m’impose la discipline de l’étude et de


la présence. La qualité de mes notes et de mon diplôme ne dépendent que de ces exigences.
L’étudiant sage, qui vit en harmonie avec ces exigences, jouit d’une absolue liberté : rien ne
peut le troubler puisque tout ce qui lui arrive, il l’a voulu.

27
On a l’impression que beaucoup d’étudiants veulent en rester à l’état de nature. Le plus faible
s’expose alors à subir ce qui plaît aux plus forts de lui faire subir. Le plus fort porte le
couteau, les ciseaux, le muchaku. Il cherche à convaincre non par la force de la vérité mais
plutôt par la force des muscles. Il devient ainsi le plus fort dans l’ordre de la jungle et non
celui des intelligences. Or, l’indépendance ne finit que par produire le despotisme et donc
l’esclavage parce que la liberté collective disparaît dès qu’un homme ou un groupe d’hommes
peut sans être inquiété imposer sa volonté à celle d’autrui par force, violence verbale
(menaces, etc.) ou physique.

III.8. Le rôle de la vérité dans la construction de la confiance. Cas des universitaires.

Le rôle de la formation universitaire est de conduire l’étudiant au-delà de la connaissance,


l’élever au niveau de la vertu, en tant que disposition de l’âme à sortir de la caverne, de
l’obscurité comme dirait Platon. La connaissance est en fait non seulement le fait de posséder
un savoir, une connaissance, mais aussi une manière de vivre. La vérité doit demeurer notre
lampe et notre chemin. Comme le pense P. Yachemtchouk, lorsqu’une institution vouée par
sa définition à la recherche de la vérité et rien que la vérité, devient l’enjeu d’actions et
intérêts, le jeu est faussé et il n’y a pas plus d’université. Il n’en reste que la façade et un vide
sonore. Beaucoup de mots, beaucoup de réformes.

III.9.Responsabilité, discernement et synergie des valeurs à l’université

La responsabilité est une des grandes valeurs qui construisent l’homme et qui expriment le
degré de sa conscience. Elle est le point d’intersection de plusieurs valeurs et vertus qui
permettent à la fois l’émergence de la dignité et de la croissance d’une communauté. A un
degré élevé, elle crée la confiance dans la dimension horizontale des relations avec les autres.

Elle est le devoir de répondre de ses actes, toutes circonstances et conséquences comprises,
c’est-à-dire d'en assumer l'énonciation, l'effectuation, et par suite la réparation voire, la
sanction lorsque l'obtenu n'est pas l'attendu.Ici il y a un réel problème dans l’accompagnement
de la jeunesse.

La responsabilité n’est pas seulement un fait, mais aussi une valeur sociale et
communautaire : elle consiste dans la prise de conscience des conséquences de nos actes
présents, que ce soit pour le futur (dimension temporelle) ou pour l’ensemble des acteurs de
ma communauté universitaire et tout son environnement matériel et spatial (dimension
spatiale).

 Une petite digression

L’environnement au sein du Campus du Lac de Goma change comme l’atmosphère.


N’importe quand, le pilote et les voyageurs peuvent être obligés de revenir à l’aéroport de
départ, sinon à des aéroports de fortune. D’un moment à l’autre, on ne reconnaît plus ni
l’université ni l’universitaire. Quand la pluie des pierres commence à tomber sur les portes,
les fenêtres des classes et des bureaux ou des véhicules, on n’a plus le temps de s’abriter,
comme on peut non plus tous entrer sous les seuls bunkers constitués par des bancs ou des
tables de fortune, dans des auditoires peuplés comme la Chine populaire. Où aller ? Que
faire ? Qui appeler ? C’est tout un questionnement qui, présentement n’a aucune réponse.
28
Voilà tout. Parfois on est comme dans un avion subitement détourné par un pirate de l’air, ou
dans un centre commercial de Nairobi attaqué par un groupe d’El Shabbab… ou un lycée
nigérien envahi par BocoHarram.

 Une situation de « krisis »

La crise, au sens du grec Χρισις (krisis) est le moment décisif, le plus petit commencement de
mouvement (momentum, movimentum) qui suffit à faire pencher le fléau d’un côté plutôt que
de l’autre. La krisis, c’est encore l’action de juger, d’apprécier ou encore le résultat de cette
action à savoir le choix de ce qui est juste. Ainsi, notre capacité de jugement, soutient notre
conscience pour nous repositionner dans ce monde trouble qui bouge sans nous en demander
la permission. L’universitaire est alors invité au discernement qui renvoie finalement à la
question : Que dois-je faire ?comme dans les quatre questions essentielles de Kant. Qu’est ce
qui est juste et bon? La crise est à situer à ce niveau. Le Professeur Kä Mana parlerait de la
« crise de sens, des fondements et de l’organisation » dans la structure même de la relation
université et universitaire.

III.10. La vraie bataille : vaincre les obstacles et menaces

L’universitaire et l’université où il se réalise est appelé à une prise de conscience :

a. de ce qui caractérise particulièrement les violences d’hier etd’aujourd’hui à


l’université: ampleur inimaginable du recours à des pratiques immorales et
irresponsables par des acteurs engagés dans la recherche de la connaissance.
b. du fait que l’ampleur de la violence en milieux universitaires a fait de cette violence
une violence de banalisation du crime et de la douleur qu’on impose aux autres, une
violence d’indifférence à l’égard de l’organisation des études en général et du temps
perdu. Les casses, les terreurs (on a vu des étudiants se promener avec des machettes,
des couteaux, des ciseaux, des pierres, de petites houes, rappelant des milices de la
région), les tortures, comme la guerre elle-même sont considérés comme un
phénomène normal. Ils ne choquent plus. Ils ne suscitent plus d’indignation ou de
révolte. On y vit comme si de rien n’était. On en parle comme s’il s’agissait de choses
ordinaires, des informations sans importance parce que cela se répète chaque année ou
plusieurs fois par an, au nez de la police et de l’administration publique.

Lorsque le désordre commence, tout le monde se cache et personne n’ose même arrêter deux
jeunes gens : ni les autres étudiants, ni la brigade universitaire qui brigande elle-même, ni la
police, ni l’armée… CAUCHEMAR A L’UNIVERSITE.

c. de ce à quoi conduit l’accoutumance à la violence et l’irresponsabilité en milieu


éducatif:
- la construction d’une culture de l’indifférence non seulement à la souffrance des autres
et aux conséquences graves par rapport avec la rentabilité et la production, mais aussi
au temps imparti à chaque activité académique.
- une culture sans empathie, sans altruisme, c’est-à-dire, sans possibilité de se mettre à
la place des autres pour éprouver leur détresse et leur souffrance. On ne compte pas les
années blanches ou les années académiques qui ont duré parfois vingt-quatre mois.

29
- une culture qui est simplement celle du manque d’amour et de respect au sens le plus
fort et le plus fertile des termes.

Les notions de conscience et de responsabilité semblent être inséparables et autant


importantes pour la vie en société et la cohésion de celle-ci. Nous possédons des droits mais
aussi des devoirs ; nous sommes liés par une sorte de contrat qui maintient la cohésion
sociale. Notre responsabilité est même précisée par la loi ou des règles. Mais il est parfois
difficile de déterminer le degré de responsabilité dans la mesure où l’acte peut avoir été
commis sous l’influence des éléments concurrents.

Sartre refuse même l’influence de l’inconscient qu’il considère comme « l’alibi de la


mauvaise foi. » Être humain, c’est être responsable. La conscience entretient donc des
rapports étroits avec la responsabilité. Si l’erreur est dans la nature, dans le mode de
fonctionnement de la conscience, et si elle est reconnue comme telle, elle est elle-même un
acte de conscience. Reconnaître s’être trompé nécessite un effort, une prise de responsabilité.

Chap. IV : DE L’ORGANISATION DE L’ÉTAT, LA


NATIONALITÉ ET LA CITOYENNETÉ

L’organisation de la cité est une base essentielle pour mieux vivre la citoyenneté. Pour cerner
les éléments essentiels de l’organisation de la cité il faut nécessairement tenir compte des
éléments ci-après :

30
IV.1. La notion de l’état

a) L’Etat :
Le concept « Etat » apparaît au 16ème siècle. Souvent faisant référence au mode de
gouvernement : royauté, principauté, république…Ainsi Machiavel écrit dans Le prince en
1915 : « Toutes les dominations qui ont eu autorité sur les hommes sont des Etats ».

Etymologiquement, le mot Etat vient du latinstatuts. En lui-même, le vocable n’a pas de sens
précis. Il traduit une position, celle d’être débout. Il évoque aussi l’idée d’une stabilité de
situation. Pour cerner le mot Etat, il faut le considérer dans ses quatre façades composant ses
éléments piliers.

 Etat territoire
L’Etat n’est pas nomade. Il n’existe pas non plus un Etat en exil. Pourtant, l’on a déjà
vu des gouvernements lors des troubles se retrouver à l’étranger.Ex : L’événement de la
guerre au Rwanda en 1994, le gouvernement Rwandais en exil, quand bien même éparpillé,
ses membres pouvaient encore se consulter en tant que gouvernement. De même, d’autres
pays dans l’ancien temps lors des troubles, comme le gouvernement somalien au Kenya.

Le territoire est un élément important pour qu’il y ait un Etat. Le territoire comprend l’espace
terrestre, aérien et maritime. En d’autres termes, il est l’ensemble spatial délimité par des
frontières sur lesquelles s’exercent les prérogatives de l’Etat. Il comprend une portion de la
surface terrestre et du sous-sol. Il faut également ajouter pour les états côtiers, la bande de la
mer adjacente appelée mer territoriale.

 Etat population
Sous l’angle juridique : la population est définie comme l’ensemble des membres d’une
société politiquement organisé par l’Etat. Elle comprend alors les nationaux, les étrangers et
des personnes étant dans des situations intermédiaires.

a) Les nationaux : sont les individus qui sont liés à l’Etat par un lien de rattachement et
de suggestion désigné alors sous le nom de nationalité. Chaque Etat jouit d’une liberté
de déterminer le système selon lequel la nationalité sera acquise. L’Etat peut choisir le
« jus soli » l’acquisition de la nationalité par le lien de naissance, il peut aussi choisir
le «jus sanguinis» qui est l’acquisition de la nationalité par le lien du sang. Cette
nationalité s’appelle nationalité d’origine.
b) Les étrangers : qui sont sujet d’autres Etats et qui ont des liens avec l’Etat considéré ;
ils peuvent avoir des liens avec l’Etat dont ils ne sont pas nationaux en raison des liens
qu’ils ont avec l’Etat lequel ils se situent.
c) Les personnes se trouvant dans des situations intermédiaires
Nous citons ici les apatrides, les personnes qui n’ont aucune nationalité, les gens
frappés par la législation de leur pays. L’apatridie est le fait de ne pas avoir une
nationalité.

Des peuples ayant la même nationalité de par leur naissance ou leur acquisition de
nationalité forment la population étatique. Dans les Etats à régime démocratique, le pouvoir
est détenu par le peuple et pour le peuple. Comme l’indique la constitution, notre pays la
RDC a opté pour la démocratie. Cependant entre cette option idéale, et la réalité de notre pays

31
l’écart reste important. Il est facilement remarquable que le régime démocratique est quasi
inexistant dans notre système en RDC et se recherche de toute évidence.

b) Le pouvoir étatique ou le gouvernement

Le pouvoir dans l’Etat est un pouvoir établi par une autorité qui parle au nom de la
collectivité, qui agit au service de la collectivité. Le pouvoir institutionnalisé est souverain.

c) La souveraineté

Tout état est supposé être souverain, c'est-à-dire capable de se conduire sans devoir être piloté
par d’autres Etats. Il se choisit son mode de gouvernement pour exprimer cette souveraineté à
l’interne et à l’externe.

 La souveraineté dans l’état ou interne


Selon Jean Bodin (16e s) « la souveraineté est la puissance de donner les lois à tous en
général et à chacun en particulier et cela sans le consentement du plus grand ni de pareil ni de
moindre que ce soit ».En principe chaque pouvoir ou gouvernement contrôle l’effectivité du
territoire. On parle de la souveraineté dans l’Etat.

 Souveraineté de l’Etat ou externe


On parle de la souveraineté externe lorsque cette dernière est reconnue sur le plan
international. Le pouvoir de l’Etat ainsi établi, il empêche automatiquement un autre pouvoir
extérieur de s’ingérer dans les affaires du pays dit « souverain ». De même nul autre pouvoir
extérieur ne peut même dicter au pays souverain quel comportement extérieur il adoptera.

d) « Constitution de l’Etat »

En tant que « ACTE » ayant la plus haute valeur juridique par lequel le souverain règle
premièrement tous les problèmes fondamentaux du pouvoir et deuxièmement tout autre
problème majeur qui nécessitent de faire référence à la constitution. Par ailleurs, la
constitution peut vouloir désigner les conditions générales d’organisation du pouvoir.

IV. 2. ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DE L’ETAT

Il est rare de voir se développer un Etat s’il n’est pas organisé et surtout s’il n’applique
pas la division des tâches. De même qu’un organe compose les lois, l’autre fait appliquer la
loi et l’autre s’occupera du contrôle de l’exécution de la loi, voire même jouera le rôle
d’arbitre en tranchant les litiges.

Trois pouvoirs :

- Pouvoir Législatif : L’organe qui est chargé d’élaborer les lois. C’est le Parlement qui
regroupe les délégués ou représentants du peuple. Les lois et les propositions sont supposées
émaner du peuple.

- Pouvoir Exécutif : L’organe exécutif est chargé de l’exécution des lois. Autrement dit c’est
le Gouvernement proprement dit. Il applique les lois émanant du législatif.

32
- Pouvoir Judiciaire : Le rôle de l’organe judiciaire est de promulguer, de dire le droit et est
mandaté pour trancher les litiges. Il s’agit des Cours et Tribunaux.

N. B : Presse et Médias : De nos jours, la presse et les medias en général sont considérés
comme le quatrième pouvoir, et ont comme rôle de formateur, informateur, vulgarisateur et
même animateur. Tous ces rôles arment la presse d’un pouvoir naturel dans l’organisation
institutionnelle d’une nation.

IV.3. Les régimes politiques et la citoyenneté

Nous distinguons deux formes de l’Etat : l’Etat unitaire et l’Etat fédéral.

a) L’Etat unitaire : Un seul centre d’impulsion politique et gouvernementale. Tout le monde


est sous la souveraineté de l’Etat obéissant à une seule et même autorité vivant sous le même
régime constitutionnel et sont régis par les mêmes lois. Dans l’Etat unitaire, l’on trouve deux
formes :

- L’Etat unitaire centralisé: Le pouvoir de l’exécution est situé entre les mains de
l’administration centrale.

- L’Etat unitaire décentralisé : Il existe la répartition des pouvoirs entre le pouvoir central et
l’unité locale en forme des provinces, territoire. Dans tous les cas la centralisation et la
décentralisation détiennent les côtés positifs et négatifs selon les enjeux.

La centralisation : Elle serait mieux appliquée pour les nations ou les pays géographiquement
petits. Il y a lieu de centraliser sous la même direction. Dans l’ensemble la forme de l’Etat
unitaire centralisé offre toujours un risque de dictature. L’épanouissement et le
développement sont notés dans cette forme.

La décentralisation : Contrairement à la forme de la centralisation, la décentralisation offre


les avantages des potentialités au développement des entités locales. La communication entre
les dirigeants et les dirigés est plus sociale en comparaison avec l’Etat unitaire de la
centralisation. Le grand risque qui guette la forme de l’Etat unitaire de la décentralisation
c’est la sécession. Ainsi, dans plusieurs pays et notamment dans notre pays la RDC, le débat
délibère la forme unitaire de la centralisation poussant les états autour de la crainte de la
sécession.

b) L’Etat fédéral : C’est l’image d’un Etat composé d’Etats au point de vue du droit
constitutionnel comme la Suisse, le Nigeria ou le Brésil avec des différentes figures comme
on le voit ici-bas. L’Etat fédéral est une personne morale, étatique au sein de laquelle
plusieurs personnes morales, les Etat membres ou cantons ou états fédérés disposent des
compétences propres dans le domaine constitutionnel, législatif, exécutif et judiciaire.

Il existe :

Etat fédéral : ne constitue, face au droit international qu’une seule personne morale,
avec délégation interne de compétences (pouvoirs) étatiques. Ex : Nigéria, Allemagne.

Etat confédéral : laisse subsister la personnalité internationale de chacun de ses


membres. La délégation des compétences (pouvoirs) est externe. Souvent la confédération

33
semble marquer une phase de transition dans la vie des Etats. Soit qu’elle évolue vers l’Etat
fédéral, soit qu’elle se disloque, chaque Etat reprenant seul en main ses destinées. Ex : Russie.

IV.4. La spécificité des régimes et les rôles des citoyens(ne)s dans l’exercice du pouvoir

a) Monarchie / République : Dans les deux régimes il est remarquable que facilement le
pouvoir peut être dans les mains d’une seule personne. Actuellement l’on peut même
remarquer que certains monarques n’ont finalement pas autant de pouvoirs dans leurs
régimes que certains chefs d’Etat et des gouvernements.

Ex : Le royaume de Belgique en tant que monarchie, le Roi n’a pas tout le pouvoir en
comparaison de son ancienne colonie la RDC où le Président est investi directement des
pouvoirs face aux citoyens. Dans ces deux cas l’importance est de considérer comment les
citoyens sont impliqués ou pas impliqués dans la gestion de la chose publique.

b) Despotisme ou dictature :
C’est un système politique dans lequel un seul dirige. Ce système s’oppose à la démocratie
qui est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Le dictateur dans ce système, peut
ou ne pas tenir compte des avis de la population Il fait tout comme bon lui semble. Dans ce
système, les trois types de pouvoirs (pouvoir législatif, exécutif et judiciaire) sont concentrés
entre les mains d’une seule personne qui dirige. Le peuple ou les citoyens n’ont pas la
possibilité d’exprimer leurs opinions. Au lieu que la loi puisse être au – dessus de tous, dans
ce système, le dictateur se trouve au-dessus de la loi. Il peut poser des actes ou prendre des
décisions sans se référer à la loi. Ce système dans l’ensemble ne conduit pas au
développement harmonieux surtout lorsque le dictateur ne tient pas compte de l’intérêtgénéral
des citoyens. C’est ainsi que les citoyens ne sont pas impliqués directement dans le processus
du développement de leur pays. Ils ne font que subir les décisions prises par le dictateur.

IV.5. Nationalité et Citoyenneté

1. Notions Générales

A. Définitions des concepts


a) De la citoyenneté
Elle est définie comme étant un lien de rattachement d’un individu ou d’une
communauté à un Etat à ses lois et à d’autres individus membres de cet Etat, lui
permettant de se faire identifier par le truchement de la nationalité. C’est aussi un
ensemble des droits et devoirs, y compris un certain nombre des valeurs qui
distinguent un citoyen d’un simple individu ou d’un individu quelconque.
b) De la Nationalité
La nationalité st définies comme étant un lien juridique qui rattache un individu à un
Etat.
Après la définition de ces deux concepts, parlons maintenant de la nationalité ; et dans
le cadre du présent cours, nous focaliserons notre attention sur la nationalité
congolaise(RDC).

2. De la Nationalité

A. Des règles générales

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Il est important pour une personne d’avoir ou de se faire identifier par une nationalité, car
c’est cette dernière qui lui permet de se distinguer des autres groupes sociaux, mais aussi de
s’identifier par rapport à son appartenance à une nation ou à un Etat. C’est ainsi que l’article
10 de la constitution du 18 février 2006 et l’article 1 er de la loi n° 04/024 du 12 Novembre
2004 relative à la nationalité congolaise disposent que : « la nationalité congolaise est une et
exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec une autre nationalité. Elle est
soit d’origine, soit acquise par le fait de la naturalisation de l’option, de l’adoption, du
mariage ou de la naissance et de la résidence en RDC ». Il est important à souligner que la
nationalité est déterminée de manière souveraine par un Etat et définit par l’occasion même,
qui sont ses nationaux et qui ne les sont pas. Au vrai sens du mot, la nationalité est
l’expression de la souveraineté d’un Etat.

Etant l’expression de la souveraineté de l’Etat, ce dernier retient deux critères pour l’octroi
de sa nationalité à savoir : le Jus soli et le Jus sanguinis.
- Par le jus soli, l’enfant reçoit la nationalité de par le lieu de naissance ;
- Par le jus sanguinis, l’enfant reçoit la nationalité par le lien du sang à la seule
condition que son géniteur soit de nationalité congolaise ou congolais d’origine.
Ainsi dit, dans cette partie consacrée à la nationalité congolaise trois grands points seront
analysé à savoir : de la nationalité Congolaise d’origine, de la nationalité congolaise
d’acquisition, de la perte de la nationalité, de la déchéance et du recouvrement nationalité
congolaise

B. De la nationalité congolaise d’origine


Dans cette partie, il sera question de parler des congolais par appartenance (1), des congolais
par filiation (2) et des congolais par présomption de la loi(3).
1. Des congolais par appartenance.
L’article 6 de la loi relative à la nationalité congolaise nous renseigne que, est
congolais d’origine toute personne appartenant aux groupes ethniques dont les
personnes constituaient ce qui est devenue la République Démocratique du Congo à
l’indépendance.

2. Des Congolais par filiation


Est congolais par filiation, l’enfant dont l’un des parents, le père ou la mère est
congolais. Notons que cette nationalité n’aura d’effets sur l’enfant que s’il est établi au
cours de sa minorité conformément aux dispositions légales.

3. Des Congolais par présomption de la loi


Est congolais par présomption de la loi l’enfant nouveau-né trouvé en RDC dont les
parents sont inconnus. Toutefois, il sera réputé n’avoir jamais été congolais si au cours
de sa minorité sa filiation est établie à l’égard d’un étranger et s’il a conformément à la
loi nationale de son parent la nationalité de celui-ci. Est également congolais
parprésomption de la loi :
- L’enfant né en République Démocratique du Congo des parents ayant le
statutd’apatride.
- L’enfant né en RDC des parents étrangers dont la nationalité ne se transmet pasà
l’enfant du fait de la législation de l’Etat d’origine qui ne reconnaît que le jus soliou ne
reconnaît d’effets sur la nationalité à la filiation naturelle.
35
C. De la nationalité Congolaise d’acquisition
Le vocable acquisition renvoie à la nationalité qu’on acquiert au cours de son
existence. Soit parce qu’on ne l’avait pas ou soit parce qu’on est apatride. Parmi les
modes d’acquisition de la nationalité congolaise nous retenons : l’acquisition de la
nationalité congolaise par le fait de la naturalisation (a), de l’option (b), de l’adoption
(c), du mariage (d), par le fait de la naissance et de la résidence en RDC (e).
a) Acquisition de la nationalité par le fait de la naturalisation
La nationalité congolaise peut être conférée par naturalisation après avis conforme de
l’assemblée nationale à tout étranger qui a rendu d’éminents services à la RDC ou à
celui dont la naturalisation présente pour la RDC un intérêt réel à impact visible.
b) Acquisition de la Nationalité par le fait de l’option
Il peut acquérir la nationalité congolaise par le fait de l’option :
1. L’enfant né en RDC ou à l’étranger des parents dont l’un a eu la nationalité
congolaise ;
2. L’enfant adopté légalement par un congolais ;
3. L’enfant dont l’un des parents adoptifs a acquis la nationalité ou recouvré la
nationalité congolaise. Toutefois, l’option ne sera recevable que si l’impétrant
témoigne d’une résidence de cinq ans au moins en RDC ; s’il parle une des quatre
langues nationales du pays et s’il dépose enfin une déclaration d’engagement à la
renonciation de toute autre nationalité.
c) Acquisition de la nationalité par le fait de l’adoption
Est partant pour acquérir la nationalité congolaise par le fait de l’adoption :
- l’enfant mineur également adopté par un congolais,
- l’enfant mineur dont le parent adoptif est devenu congolais
- l’enfant mineur dont le parent adoptif a recouvré volontairement la nationalité
congolaise.
e) Acquisition de la nationalité par le fait du mariage
Le mariage n’exerce de plein droit aucun effet sur la nationalité congolaise, l’étranger
ou l’apatride qui contracte mariage avec un congolais ou un conjoint de la nationalité
congolaise peut, après un délais de 7 ans à compter du mariage, acquérir la nationalité
congolaise à condition qu’à la date du dépôt de la demande la communauté de vie n’ait pas
cessé entre les époux et que le conjoint congolais conserve sa nationalité. L’annulation du
mariage n’a point d’effets sur la nationalité des enfants qui en sont issus.
d) Acquisition de la nationalité par le fait de la naissance et de la résidence en RDC
Tout enfant né en R.D.C des parents étrangers peut à partir de l’âge de 18 ans accomplis
acquérir la nationalité congolaise à condition qu’il manifeste par écrit la volonté et à cette date
qu’il justifie d’une résidence permanente en R.D.C.
Des effets de la nationalité congolaise d’acquisition
La personne qui a acquis la nationalité congolaise jouit de tous les droits et est tenu
à toutes les obligations attachées à la nationalité congolaise à dater du jour de cette
acquisition. Toutefois, les lois particulières peuvent exclure de l’exercice de certaines
fonctions publiques les personnes bénéficiaires de la nationalité congolaise d’acquisition.

D. De la perte, de déchéance et du recouvrement de la nationalité congolaise


1. De la perte de la Nationalité congolaise

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En vertu des dispositions de l’Article 1er de la loi relative à la nationalité, toute
personne de nationalité congolaise qui acquiert la nationalité étrangère la perd
automatiquement.
2. Déchéance de la nationalité Congolaise
Le gouvernement dans un délai d’un an à compter de la découverte de la faute prononce la
déchéance de la nationalité si l’impétrant l’a obtenu en violation de la loi.
Par la déchéance l’intéressé est réputé n’avoir jamais acquis la nationalité congolaise.
La déchéance est encourue :
- si l’étranger qui a bénéficié de la nationalité d’acquisition a toutefois conservé sa
nationalité d’origine,
- s’il a acquis la nationalité congolaise par fraude, par déclaration erronée ou
mensongère, par dol ou sur présentation d’une fausse pièce contenant une assertion
mensongère ou erronée,
- s’il s’est rendu coupable de corruption ou de concussion envers une personne appelée
à intervenir dans la procédure tendant à acquérir la nationalité congolaise (art 29 du
code de la famille).

3. Du recouvrement de la nationalité congolaise


Tout congolais d’origine qui a perdu sa nationalité peut la recouvrer par déclaration
faite conformément à la loi. Il doit alors avoir conservé ou acquis avec la R.D.C de lien
manifeste notamment d’ordre culturel, professionnel, économique, sentimental ou familial. La
déclaration n’a d’effet qu’à compter du jour de son enregistrement. Le gouvernement peut
s’opposer au recouvrement de la nationalité congolaise de l’impétrant pour indignité

Chap. V : SOUVERAINETE DU CITOYEN, CULTURE


POLITIQUE ET DEMOCRATIQUE
V.1. Introduction

Pour comprendre la souveraineté du peuple, plusieurs aspects entrent en jeu : aspect


élections, aspect vote, système électoral, démocratie et parti politique. A la faveur du
développement de la démocratie pluraliste l’élection s’est imposée comme l’expression par
excellence souveraine du citoyen. Les rôles des élections dans la cité sont :

 L’élection est un mode d’expression de l’opinion, des individus et de groupe


d’individus.
 L’élection joue aussi le rôle de mode désignation des dirigeants par les dirigés.
 L’Election comme modalités de changement politique
 L’élection joue le rôle de source de puissance
 L’élection est une forme de participation politique. C’est donc la volonté du peuple
qui est le fondement de l’autorité du pouvoir public. Cette volonté doit s’exprimer par
les élections libres, assurant la liberté de vote. C’est à travers les élections que
s’articule la souveraineté du Peuple.

37
V.2. Le système électoral

Le système électoral est une méthode servant à la population d’un pays de se choisir les
dirigeants politiques. C’est aussi un ensemble de mécanisme qui permet l’électorat de jouir
d’une représentation au sein d’un gouvernement élu et de voter ses représentants aux
assemblées représentatives et à la tête du pays. Les systèmes électoraux selon lesquels les
gouvernés choisissent les gouvernants varient selon qu’on est dans le pays à régime politique
monopoliste ou dans le pays à régime politique multipartiste. Dans le régime monopoliste, les
gouvernants sont choisis par les dirigeants du parti unique qui confectionne les listes des
candidats et font ensuite adopter ces listes par les gouvernés électeurs à travers un simulacre
d’élection.

Dans les pays à régime multipartistes, les gouvernants sont choisis par les gouvernés électeurs
selon les 3 systèmes principaux :

a) Système majoritaire:

C’est la forme électorale où est élu celui qui obtient la majorité des voix :

 Le système majoritaire à un tour : est la forme du système majoritaire quand


le vote se fait à un seul tour. Dans ce cas est élu celui qui obtient le plus grand
nombre des voix.
 Le système majoritaire à deux tours : est la forme du système majoritaire où
est élu celui qui obtient la majorité absolue des voix exprimées c.à.d. la moitié
de voix plus au moins.
 Le système majoritaire uninominal : est la forme du système majoritaire où un
seul candidat est élu par circonscription électorale.
 Le système majoritaire plurinominal : Dans ce cas plusieurs candidats sont
élus dans une circonscription électorale.
b) Le système de représentation professionnelle

C’est la forme du système électoral où les candidats se présentent aux choix des électeurs par
liste, qui obtienne chacune le nombre d’élu proportionnel aux nombres de voix obtenues.

c) Le système mixte

C’est la forme du système électoral où on recourt tout à la fois aux systèmes majoritaires et
aux systèmes de représentation proportionnelle. Ce système fonctionne dans certains pays
entre autre en Allemagne et en Afrique du Sud.

V.3. Le vote

La base de la démocratie repose sur le vote. Ce dernier est le choix de représentants et de


gouvernants par les élections libres c.à.d. pluralistes et permettent le libre choix personnel des
électeurs. Le vote est une opinion exprimée par les personnes appelées à se prononcer sur une
question, à élire un candidat. Le vote se fait selon plusieurs modalités dont les plus
importantes sont : le vote à mains levées, les votes en se mettant débout, le vote par
acclamation et le vote par boules ou bulletins.

38
V.4. Démocratie et parti politique

Étymologiquement, le terme de démocratie provient des racines grecques « δεμος »démos


[peuple] etχρατος « cratos »[pouvoir]. C’est un type de gouvernement où le pouvoir émane du
peuple. Dans l’Esprit des Lois, Montesquieu l’a défini en ces termes: « Lorsque dans la
République, le peuple en corps a la souveraine puissance, c’est la démocratie ».
Généralement, deux conceptions sont invoquées pour définir le terme de démocratie. La
première, dite maximaliste, présente la démocratie comme un projet de réalisation du bien-
être matériel et moral des citoyens.

La célèbre définition d’Abraham Lincoln qui considère la démocratie comme « le


gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Toutefois, Jean Jacques Rousseau
estimait pour sa part voit dans cette forme de gouvernement « un idéal irréalisable ». S’il y
avait un peuple de Dieux, dit-il, il se gouvernerait démocratiquement. Un Gouvernement si
parfait ne convient pas à des hommes.

Quant à Montesquieu,il faisait remarquer qu’en tant qu’entité globale, le peuple n’étant pas
capable de « discuter les affaires », ne pouvait pas exercer cette souveraineté directement.
Pour contourner cette situation qui est « un des grands inconvénients de la démocratie »,
Montesquieu a mis en place une séparation des pouvoirs dans laquelle le peuple aura la
gestion du législatif (qu’il partage cependant avec la noblesse) et se fera assister, pour le reste,
par ses représentants.

Selon Maurice Duverger « le critère fondamental de la démocratie libérale se trouve dans la


reconnaissance de l’opposition, la proclamation et l’application du droit à l’hétérodoxie.
Lorsque, dans un pays, ceux qui professent des idées contraires à celles des hommes au
pouvoir peuvent crier ces idées sur les tribunes des réunions publiques, les imprimer dans les
journaux créés et distribués sans entrave, fonder des associations pour leur défense et leur
diffusion, les enseigner à leurs enfants soit d’eux-mêmes, soit par l’intermédiaire de maîtres
d’écoles librement choisis, se présenter aux suffrages des citoyens concurremment avec les
candidats du Gouvernement (et sans que ceux-ci bénéficient d’avantages de quelque nature
que ce soit) afin de conquérir le pouvoir et d’y appliquer enfin les idées qu’ils n’ont cessé de
défendre, alors ce pays peut être qualifié de démocratie libérale ».

a) Origine de la démocratie

La démocratie est une idéologie contemporaine dont les origines remontent à la Grèce
antique. Périclès (495-429) fait de la démocratie en mettant en évidence les éléments
principaux suivants :L’isonomie : qui veut dire l’égalité devant la loi ; l’isegorie : l’égalité
devant l’assemblée.

b) La démocratie en RDC

Le projet démocratique en République Démocratique du Congo (RDC) est un chantier en


perpétuel recommencement. Ecartée du système de gouvernance pendant la période la plus
longue de l’histoire postcoloniale de la RDC, la démocratie fait aujourd’hui l’objet de désirs
de plus en plus intransigeants de la part des citoyens. La demande pour une participation plus
effective des populations aux affaires publiques a justifié les « consultations populaires »
initiées par le président Mobutu en1990 en vue de recueillir l’opinion que les citoyens se
39
faisaient sur le système de parti unique en place depuis 1965. Elle a également justifié et
rendu possible la tenue entre 1991 et 1992 d’une« Conférence Nationale Souveraine » (CNS)
dont l’objectif était de faire le point sur l’état de la gouvernance dans le pays depuis son
indépendance en 1960, et de jeter les bases d’un système nouveau de gouvernance débarrassé
de la dictature du parti unique.

Inversement, l’ignorance ou la mauvaise application du projet démocratique a parfois


constitué
un élément catalyseur aux périodes les plus tragiques de l’histoire post coloniale de la
RDC.La révocation du Premier ministre élu Patrice E. Lumumba le 5 septembre 1960, suivie
de son assassinat en janvier 1961, a déclenché une avalanche de violations des règles de la
représentativité démocratique qui sont à l’origine de la longue crise politique, des sécessions
et des guerres civiles entre 1960 et 1964. Le mépris de la majorité issue des élections
démocratiques de mai et juin 1965 a fait le lit du coup d’Etat militaire de novembre 1965 qui
a préparé les 25 ans de dictature de Mobutu. Le sentiment de frustration des aspirations
démocratiques a souvent été donné pour explication à l’adhésion d’une frange importante de
citoyens aux rébellions armées.

La revendication démocratique telle qu’illustrée par le pluralisme politique et identitaire


actuel, plonge ses racines dans l’échec du Parti unique entant qu’instrument de construction
de l’Etat-nation qui avait été le projet politique des coalitions de libération anticoloniale.
Presque partout, dans les pays libérés du colonialisme, le Parti unique ou dit dominant a
abouti au mimétisme idéologique, au culte de la personnalité du « père de la nation »ou du
dictateur militaire et par voie de conséquence, à l’étouffement des idées politiques, à
l’oppression des identités considérées comme minoritaires dans l’espace public ‘national’.

Au lieu que la tentative de construction de la nation s’appuie sur une stratégie


d’épanouissement dynamique et solidaire des sensibilités politiques et des identités sociales et
culturelles, elle s’est plutôt engagée dans une voie jacobine qui, à la longue, a sécrété et nourri
des tensions de
plus en plus vives qui ont fini par annihiler le projet politique de construction d’une nation
homogène.

La demande d’une meilleure participation politique et d’une citoyenneté pluségale a


également été avancée parmi les justifications aux crises et conflits politiques violents quiont
successivement endeuillé le pays entre 1996 et 2002.La mise en œuvre effective du processus
de transition défini par la CNS avait connu d’énormes difficultés dues principalement aux
nombreux désaccords entre acteurs politiques sur ses échéances et son contenu. Ce processus
a finalement été interrompu par les crises politiques provoquées par les guerres civiles qui se
sont succédé entre 1996 et 2002.

Les procédures démocratiques et les mécanismes de participation politiques sont néanmoins


confrontés à un défi majeur d’effectivité quelques années seulement après l’entrée en vigueur
de la nouvelle constitution. Les institutions d’appui à la démocratie ont des difficultés à jouer
leur rôle de veille démocratique et voient, pour certaines, leur crédibilité sérieusement mise en
doute.

40
V.5. La participation politique

Selon PHILIPPE BRAUD, la participation politique est l’ensemble des activités individuelles
ou collectives susceptibles de donner aux gouvernés une influence sur le fonctionnement du
système politique. La citoyenneté selon la théorie politique classique de Jean Jacques
Rousseau est l’exercice de la puissance souveraine. En démocratie, le droit de vote en est la
pierre angulaire. La participation à la vie politique constitue la 1 ère manipulation du rôle du
citoyen et s’incarne dans l’architecture même de la cité.

V.6. Le pluralisme politique

Le pluralisme politique est un élément constitutif de la démocratie. Il repose sur l’application


effective des droits fondamentaux tels que la liberté d’opinion, de réunion, d’association et de
constitution des partis politiques. Dans la démocratisation de vote, on trouve :

a) Suffrage Censitaire : Est celui qui repose sur les justifications sociale et
idéologique :
- Sur le plan Social : le suffrage censitaire considérait que tous les citoyens n’étaient
pasaptes à désigner leurs représentants faute de capacité financière et culturelle, leur
permettant de discerner l’intérêt social.
- Sur le plan idéologique : il repose sur conception de l’électorat, fonction qui
considérait que l’élection comme une simple fonction exercer au nom de la nation.
b) Suffrage universel : est partout entendu comme un suffrage national. Le vote est
réservé aux ressortissants de l’Etat exclu les étrangers.

V.7. La culture politique

Elle se définit comme l’héritage des savoirs, des croyances et des valeurs qui donnent sens à
l’expérience routinière que les individus ont dans leurs rapports au pouvoir qui les régit et aux
groupes qui les servent de référence identitaires.

ANN SWIDLER définit la culture comme une boite à outils de symboles, d’histoire, des
rituels et de représentation du monde. La culture politique est aussi attendue comme la trame
des attitudes et des orientations individuelles qui partagent les membres d’un système vis-à-
vis de la politique.

V.8. La socialisation politique

Se définit comme processus par lequel la société fait intérioriser et fait admettre par les
individus les normes, les sentiments, les croyances, les valeurs, attitudes qui sont siens. Le but
de la socialisation est d’intégrer les individus dans le groupe pour se conformer aux modèles
des pensées, de jugement, d’action, de comportement et des conduites de la société.

V.9. Le comportement politique

C’est le mouvementde l’individu vers la société politique dans laquelle il vit. Ce mouvement
est conditionné par les croyances, les opinions et les valeurs envers les affaires, les actions et
pratiques politiques en vigueur dans un pays en période donnée.

41
V.9. L’articulation politique

La vie politique s’articule dans le régime politique multiple et variable en fonction des
éléments aussi divers que les forces sociales, nationales et internationales, les différents
critères de vie au sein desquels elle se structure et fonctionne.

Chap. VI : LE DEVELOPPEMENT ET LA CITOYENNETE


VI. 1. Notions élémentaires

Le concept de développement a connu des débats qui ont provoqué des modifications. De
nombreux acteurs l’ont analysé, mais une définition standard n’existe pas encore. Il n’est pas
non plus juste de considérer uniquement le développement du côté de l’essor économique,
technologique et financier. C’est le développement en tant que transformation qualitative et
quantitative. Il faudra plutôt considérer le développement du côté de l’être, de l’éthique, de la
moralité, de la culture et de la mentalité, de la maîtrise des besoins sociaux. C’est le
développement comme une transformation qualitative. Mis en valeur, ces deux aspects du
développement peuvent susciter un changement sur le terrain de la citoyenneté, dans ce sens
qu’ils tiennent compte de l’aspect global de l’être humain.

En tant qu’amélioration du bien-être, le développement relève davantage du qualitatif que du


quantitatif. Raison pour laquelle Amartya Sen souligne que la qualité de vie ne se réduit pas
au bien-être matériel mais comprend aussi des valeurs telles que la justice sociale, l’estime de
soi et la qualité du lien social, et donc aussi, la capacité d’un individu ou d’un groupe à
décider pour lui de ce qui le concerne. C’est d’ailleurs ce qui l’amène à affirmer que la liberté
apparaît comme la fin ultime du développement.

a) Progression du concept :

- Système économique et les pays tiers : Les pays de l’occident, face à la cause économique,
se lancent à la conquête de monde. La pauvreté de leurs propres pays les oblige à partir à la
recherche des pierres précieuses dans les pays africains. Leur progrès rapide sur le plan
technologique, économique et tous les autres aspects du modernisme, les orientent vers des
systèmes comme le communisme ou le capitalisme.

- Communisme : Au niveau théorique, le communisme est une conception d’une société sans
classes sociales, une organisation sociale sans Etat, fondé sur la mise en commun des moyens
de production et qui peut être classé comme une branche du socialisme.

Au niveau politique, le communisme désigne une variété de mouvements qui affirment


chercher à établir à terme une société communiste. Parmi les communistes on trouve une
considérable variété d’interprétations principalement portées par le courant marxiste, mais
aussi analyste et chrétien.

* Capitalisme d’Etat : Ce terme désigne un système économique dans lequel l’Etat contrôle
une partie essentielle voire totale du capital de l’industrie et des entreprises. C’est donc un
système dirigiste où tous ou une partie des moyens de productions sont au plan juridique la
propriété de l’Etat.

42
b) Tiers monde : Ce terme évoque l’ensemble de pays pauvres où se confondent du point de
vue des rapports Nord-Sud, avec le Sud face à un Nord plutôt occidental en tout cas
« développé ». Selon Georges GURVITCH dans (Cahiers internationaux des sociologues,
1987), le Tiers Monde désigne « la revendication des tierces nations qui veulent s’inscrire
dans l’histoire. » Sans être le fait d’une norme économique, on parle aussi des tiers mondes
au pluriel, cette expression concerne les pays émergeants, les pays « en développement », le
pays « les moins avancés », parfois « les nouveaux pays industrialisés et les pays pétroliers,
soit des pays africains, asiatiques, océaniens, du continent américain hors Amérique du nord
et européens non membres de l’Union Européenne comme l’Albanie ou la Moldavie, etc.

c) Les pays en développement : terme plus politiquement correct que « pays sous-
développés ». En effet, le terme « pays sous - développés » revêt d’un sens péjoratif par
rapport au terme pays en développement qui est le terme qui vient après celui des pays
développés qui s’emploie pour désigner les pays avancés sur les plans technologique,
économique, politique, culturel,…

VI. 2. La question « genre » dans le développement et la citoyenneté responsable

Alors que dans plusieurs pays, des femmes accèdent aux sommets de l’Etat, et dans le
contexte de l'élection présidentielle, on constate un déficit d’études sur les femmes et le
pouvoir exécutif. Certes, en RDC, les femmes ont obtenu tardivement la citoyenneté et sont
restées longtemps à l’écart du gouvernement.

Pour l’histoire contemporaine, le féminisme de la contestation, les partis, la


citoyenneté, le vote, la représentation parlementaire ont été des objets d’études privilégiées.
Ce qui nous amène à une réflexion sur le genre du pouvoir exécutif, beaucoup moins interrogé
que le genre du pouvoir législatif. On ne peut éviter cette question : le genre fait-il une
différence ? Une différence qui serait observable dans les politiques publiques, qu’il s’agisse
de celles qui visent spécialement les femmes (« féminisme d’Etat »), de celles qui règlent les
relations entre les sexes ou de politiques neutres (du moins en apparence) ?

Ainsi, il sera question de :


- Former la femme à tous les niveaux afin qu’à son tour elle participe à l’éducation
citoyenne. Ne dit-on pas « éduquer une femme c’est éduquer toute la nation » ?
- Faire participer la femme à la gestion de la chose publique, la complémentarité entre
homme et femme étant indispensable. La femme a quelque chose également à apporter
à la communauté.
- Préparer la jeune fille à devenir mère de la nation à travers la moralité et la bonne
conduite.

a) Le rôle de la femme dans le développement et la citoyenneté responsable

Les femmes africaines jouent un rôle important dans l'économie familiale et nationale.
Ce rôle central, bien souvent invisible, est décrit, soulignant la pluralité et la créativité des
stratégies inventées par les femmes face aux obstacles qu'elles rencontrent.
L'instrumentalisation des femmes, pour une croissance sans développement global est
dénoncée. L'aide aux femmes pour un développement centré sur la couverture des besoins
humains et la reconnaissance de leur statut de citoyen(ne) sont un thème de pression des
"féministes" sur les institutions internationales. Sur la question du féminisme, voir le chapitre
43
suivant sur la mondialisation et le rôle du féminisme dans la nouvelle éthique mondiale.
Marginalisées par la tradition ou victimes de la répression masculine, les femmes africaines
ont davantage conscience de leur force sociale, économique et politique. De plus en plus, elles
s'affirment comme "sujet" de leur histoire et actrices incontournables du développement du
continent africain.

c) La femme et le développement en RDC

En RD Congo, par exemple, une telle prise de conscience s'est réalisée sur la base de l'esprit
de solidarité entre femmes et de la créativité dans la recherche de solutions adéquates aux
questions de survie familiale. En tout cas la naissance de plusieurs organisations non
gouvernementales et groupes de pression est à attacher aux initiatives des femmes.

Il convient de signaler l'absence d'équilibre entre le succès avéré des femmes Congolaises sur
le plan économique et leur faible insertion dans le champ politique. Plus qu'un rappel du fait
que le travail de conscientisation est une œuvre multidimensionnelle et de longue haleine, un
tel déséquilibre met en lumière la nécessité de convergence des différents mouvements
sociaux, en particulier ceux concernés par l'action féminine.

Les programmes de "défense" des femmes ont longtemps insisté en priorité sur l'amélioration
de "la condition féminine", mais on note à présent un élargissement des objectifs vers la prise
en compte de leur rôle dans la vie économique et sociale. A travers un certain nombre
d'exemples et d'études statistiques, les études montrent une forte corrélation entre d'une part la
survie infantile et la mortalité et d'autre part la place des femmes sur le marché du travail et
leur taux d'alphabétisation. L'émancipation des femmes apparaît comme un atout décisif pour
le développement.

Dans cette partie il a été question de présenter les différents mécanismes que la RDC doit
mettre en jeu pour sortir de son état de sous-développement. Sans exclure aucun secteur, la
RDC est appelée à œuvrer pour relever le niveau de vie de ses citoyens.

Ainsi, comme le retrace bien le premier chapitre, l’histoire du pays doit être entre les mains
des citoyens responsables et responsabilisés dont les femmes. Sans se limiter seulement à
regretter ce que le colonialisme et autres formes de pouvoir ont pu faire d’eux, le peuple
congolais est appelé à jeter le regard dans le futur en s’inscrivant dans les perspectives du
changement.

La décentralisation positive et la collaboration sur la scène internationale, nationale, régionale


et locale doivent être appliquées dans leur stricte observation. Le recours à l’éthique et aux
valeurs politiques est d’une grande importance pour promouvoir les valeurs politiques,
économiques, culturelles et ancestrales. Pour sortir de l’ignorance, une formation pour le
développement face aux phénomènes sociaux doit être donnée aux citoyens pour avancer au
rythme du monde et savoir intégrer leurs propres cultures et valeurs face au choc des cultures
et valeurs étrangères. Enfin, une place considérable doit être accordée à la femme car elle
constitue une richesse particulière pour le développement du pays.

44
Chap. VII. MONDIALISATION, CITOYENNETE ET
NOUVELLE ETHIQUE MONDIALE
VII.1. Introduction

Le déclin du XXe siècle et l’aube du XXIe siècle constituent le point de départ symbolique
d’une nouvelle “configuration mondiale”, ou mieux, le point de départ d’une nouvelle réalité
géopolitique, de dimensions planétaires, que l’Histoire n’avait pas connu auparavant et qui
englobe en fait tous les peuples de la Terre. Il s’agit d’une nouvelle cosmogonie - laquelle
n’est pas encore rendue suffisamment sensible dans notre vie quotidienne et institutionnelle -,
fruit de l’évolution de la vie telle qu’elle touche tous les hommes, évolution qui, d’un coup, a
transformé notre monde de sphère lointaine en “village planétaire”.

Ce qui constitue un sérieux problème - et nous sommes, à notre tour, appelés à l’aborder de
nos jours, - est que le devenir mondial semble laisser plus ou moins indifférent le corps social.
Très peu d’agents de la socialisation (famille, école, Eglise, Médias, Etats), s’en rendent
compte réellement. Pourtant ceux chez qui on s’y attendrait moins s’y sont lancé depuis des
années. Le Pape Benoit XVI lançait son premier Twitter sur iPad déjà en juin 2011.

Phénomène multiforme (philosophique, économique, social, culturel, religieux), la


mondialisation est souvent présentée comme une nouveauté sans précédent et le débat se
limite à des appréciations globales peu nuancées. Il n’est pas vrai que la mondialisation
actuelle soit sans racines. Elle succède à une première mondialisation qui vit l’Europe
découvrir et régenter la planète entière du XVe siècle au début du XXe siècle. Elle constitue
aussi une nouvelle étape de la révolution industrielle commencée à la fin du XVIIIe siècle en
Europe de l’Ouest.

Face à la complexité de cette réalité dont les facettes touchent le commerce international, les
finances, le droit, la sociologie, la religion, l’Eglise, la famille et l’école, etc., le débat se
limite très souvent à une condamnation ou à une approbation d’ensemble. Pour certains, elle
serait source de tant d’horreurs qu’il faudrait s’en isoler en se refermant sur les identités
passées, parées alors de toutes les vertus. Peut-on se passer du dollar, de l’ordinateur, de
l’Internet, du téléphone mobile, de la carte de crédit, du GPRS, surtout pour ceux qui vivent
en ville? Sincèrement nous savons combien le téléphone et l’Internet bousculent notre vie
quotidienne depuis plus ou moins une décennie, chez nous.Ce phénomène cache pourtant
d’autres choses, des épiphénomènes qu’on ne peut se permettre d’ignorer.

Le débat, pour ou contre, se centre au surplus sur les aspects économiques et


financiers, délaissant le reste, tout aussi important cependant. Il n’est, cependant, au pouvoir
de personne de s’abstraire totalement de la mondialisation ou de la refuser en bloc.

En effet, il s’agit sans doute de la naissance d’une civilisation planétaire, dont tous les
hommes sont partie prenante. Nul ne peut s’isoler d’une évolution d’ensemble qui intéresse,
de proche en proche, tous les aspects de la vie.

Nous devons prendre en compte des questions sociales et éthiques nouvelles qui se posent à
propos de notre responsabilité vis-à-vis des générations futures dans les domaines de
l’écologie, de la biologie, de la bioéthique, etc.
45
VII.2. Objectif du chapitre

Il s’agit dans ce chapitre de faire une réflexion approfondie sur la mondialisation


permettant d’acquérir d’un côté, une compréhension du phénomène et des épiphénomènes
cachés autour de celle-ci et son fonctionnement aujourd’hui en rapport avec les mœurs,
l’éducation, et de l’autre côté de se convertir aux exigences de l’intégration. On ne peut
vouloir comprendre le phénomène si l’on n’entre pas dans un processus d’adaptation et de
discernement ou conversion permanente à partir d’une prise de conscience de ses bienfaits, de
ses méfaits, de ses menaces et de ses attaques portés à la société africaine et congolaise, à la
famille et à l’éducation des enfants, à la jeunesse, sans oublier d’en considérer positivement
les avantages comme on le verra.

VII.3.Les éléments du débat

a) Approche conceptuelle :
 Monde
Parmi tous les concepts qui se répandent en une période spécifique, c'est surtout celui de la
mondialisation qui a pris de l'envergure après sa séparation du domaine des sciences sociales.
Les chercheurs ont donné à ce concept des significations et définitionsdifférentes, selon qu'il
concerne le contexte économique, politique ou religieux. Mais on peut dire, pour résumer, que
la mondialisation implique la propagation d'un mode de vie spécifique qui englobe tous
les aspects de la vie terrestre ; qu'il s'agit d'un courant dont le but est de mettre en exergue
l'interdépendance et l'interconnexion des relations existant entre les faits, les opinions, les
concepts et l'espèce humaine.

Du latin mundus, le monde est un terme multidimensionnel. Il se comprend d’abord


comme un ensemble : Ensemble des terres émergées (près de 150 millions de Km²). C’est la
surface terrestre sur lequel sont établis les Etats ; Ensemble des choses ou d’êtres considérés
comme formant un tout organisé : le monde sous-marin, le monde des abeilles, etc. ;
Ensemble de choses abstraites, des concepts, etc., comme le monde des idées, le monde du
rêve ; Ensemble de personnes constituant la société des hommes : monde des affaires, monde
des riches, etc. ; bref, c’est aussi l’espace occupé par l’espèce humaine, l’espace habité,
exploité (agriculture, forêts, mines, etc.)…

Enfin, chaque individu, chaque groupe humain se délimite un monde à lui, fait
d’objets, des perceptions, des croyances, des valeurs, des principes, des habitudes. La
confrontation de ce monde ci avec les autres mondes différents et plus vastes constitue la
source de l’expérience humaine, exaltante ou douloureuse.

 Mondialisation :

La mondialisation peut se définir comme « un processus par lequel la production et les


échanges tendent à s’affranchir des contraintes imposées par les frontières et la
distance ». Ainsi la première caractéristique de la mondialisation est l’élimination croissante
des barrières au mouvement des peuples, des capitaux et des biens. L’exemple de l’Union
Européenne est assez parlant ou plus proche de nous, la Communauté de l’Est et d’autres
encore. Elle traduit l’extension géographique des échanges, mais également l’extension du
domaine de ces échanges : capitaux, main-d’œuvre, services, propriété intellectuelle, œuvres
d’art…

46
« Pour les économistes, la mondialisation, c’est l’interdépendance des différents pays au
niveau du marché et de la production. Certes, le commerce international existe depuis
l’Antiquité. Mais, aujourd’hui, les produits et l’argent traversent les frontières avec plus de
facilité que jamais avant. La main-d’œuvre et les moyens technologiques qui sont à la base du
commerce existent partout sur la planète. Par exemple, le bureau qui effectue des réservations
pour les clients de l’USAirways est en Inde. Les sociétés de diffusion, comme CNN et
Viacom (qui produit les canaux de musique «M») ont des succursales partout sur la planète.
La voiture Toyota est fabriquée, à meilleur compte, dans plusieurs pays en dehors du Japon ».

Les sociologues remarqueraient que « la mondialisation apporte une facilité de plus en


plus grande pour voyager et pour communiquer. Les personnes et les idées venant de divers
lieux se rencontrent. En même temps, cela favorise ce que Jacques Attali appelle le
nomadisme ». (Jaques ATTALI, L’homme nomade, Paris, Fayard, 2003).

En politique, les structures de l’autorité se modifient progressivement dans la même


direction. Normalement, on se doit de respecter les alliances et de prendre les décisions dans
le cadre des organismes supranationaux, tels que la Banque mondiale, l’ONU, etc.

En termes simples et clairs, c’est un événement ou un phénomène qui dépasse le


niveau local, national, continental pour concerner le monde. Il peut être secondaire, important
(communication par satellites, virus et antivirus), vital (vaccinations) ou mortel (risque
nucléaire comme on le vit à Fukushima après Tchernobyl). Le terme «mondialisation» fait
également penser, peut-être, aux événements à travers lesquels des jeunes manifestent de
façon agressive contre l’immigration ou des immigrés eux-mêmes prennent la même voie
pour parler. Ils expriment à leur façon un des traits les plus importants de la mondialisation: la
mobilité qui a entraîné, près des grandes villes, la présence de populations maghrébines et
africaines noires, sans emploi et frustrées, parfois, jusqu’à la violence, la catastrophe d’afflux
des réfugiés syriens sur le sol européen…

 Mondialisme

Le mondialisme est une doctrine qui vise à réaliser l’unité politique du monde considéré
comme une communauté humaine unique. C’est aussi une prise en considération des
problèmes politiques, culturels, sociaux, humanitaires, etc., dans une optique mondiale. Il se
comprend aussi comme une doctrine stratégique qui privilégie l’action sur les ensembles et les
systèmes (démocratie, la prévention des conflits, la règle de droit…). D’où des concepts
comme « gouvernance mondiale », « intégration régionale »,…

b) Conjoncture internationale

La chute du mur de Berlin en 1989, comme l’affirme Marguerite Peeters marqua l’entrée
dans une ère nouvelle pour l’humanité. La fin de l’antagonisme Est-Ouest et l’ouverture des
frontières politiques ont coïncidé avec l’accélération très rapide de la mondialisation
économique. Communisme-capitalisme, bloc Est-Ouest. L’Organisation des Nations Unies
(ONU) cherchait à renforcer ses institutions pour accroître son pouvoir normatif mondial et
ainsi se positionner au centre stratégique de la gouvernance mondiale. La SDN avait raté ses
objectifs.

47
Prétendant qu’elle avait reçu un mandat éthique et qu’elle jouissait d’une autorité morale
universelle, l’ONU se présenta comme la seule institution capable de rendre la mondialisation
humaine, éthique et durable. Elle offrit de se faire le contrepoids éthique du pouvoir
économique mondial du marché et s’accapara le monopole de l’éthique durant les années
décisives qui suivirent la chute du mur de Berlin.

« Le processus de construction de consensus (consensus building) a été l’un des


principaux instruments de transformation culturelle mondiale depuis la fin de la guerre froide.
… C’est à travers la construction du « nouveau consensus mondial » des grandes conférences
de l’ONU que la révolution culturelle occidentale des années 1960 est devenue révolution
culturelle mondiale dans la première moitié des années 1990». (M. A. PETEERS, op.cit. p.
152). C’est à ce niveau que vont commencer à se concevoir les « agenda » ou techniquement
« la formulation des agenda » (agenda-setting) avec des objectifs radicaux comme nous
sommes désormais habitués à l’entendre : développement durable, santé reproductrice,
sécurité alimentaire et humaine. Le processus est ainsi pris en otage par les « ingénieurs
sociaux ».

Ce sont naturellement des minorités qui pilotent le processus de construction du consensus


du début jusqu’à la fin à travers les lobbying (campagne de sensibilisation par tous les
moyens : Internet, publicité, cinéma, sessions de formation, discours…), les concertations, les
consultations, les négociations qui parfois durent alors que les choses se gâtent sur terrain,
l’essentiel étant de faire passer une idéologie. Sur terrain on peut facilement utiliser des
partenariats avec les « constructeurs de réseaux (networkers) » en vue d’appliquer de façon
accélérée l’application horizontale du consensus à travers tous les secteurs de la société. A la
fin, les bons élèves sont récompensés pour la « meilleure pratique » (reward, best practise). La
gouvernance mondiale le présente comme un modèle pour tous. (Cfr. M. A. PETEERS,
op.cit., p. 153-156). Dès 1990, l’ONU organisa une série sans précédent de grandes
conférences intergouvernementales couvrant tous les aspects de la vie en société, comme par
exemple : les enfants et leurs droits (New-York, 1990) ; l’environnement (Rio, 1992) ; les
droits humains (Vienne, 1993) ; la population (Le Caire, 1993) ; les femmes (Pékin, 1995) ;
l’habitat (Istanbul, 1996) ; la sécurité alimentaire (Rome, 1996).

c) Les apparences de la mondialisation


La mondialisation est d’abord la présence du monde entier dans nos vies, dans nos
comportements les plus simples, aussi bien dans les produits que nous utilisons que dans
l’information que nous recevons à la Radio, à la TV et dans les réseaux sociaux, dans les
problèmes de chômage que dans les représentations que nous nous faisons de l’extérieur,
dans les possibilités de voyager que dans celles de communiquer. Voyons ce qui se passe
avec le téléphone mobile : il donne l’impression de contenir le monde à la main. Le monde
devient tout petit, le temps et l’espace se compriment dans le smart phone.

Le monde entier est de plus en plus présent partout et en chacun de nous, changeant
ainsi nos repères les plus familiers. Rien d’étonnant donc à ce que nous nous sentions
désorientés, puisque nous le sommes effectivement, d’autant plus que les repères anciens sont
toujours présents et les nouveaux encore imprécis et non stabilisés. Nous vivons ainsi dans un
« entre deux » déconcertant mais riche d’innovations. Tout cela faisant émerger une ampleur
et une diversité de la pénétration du monde entier. Voici quelques exemples : une voiture
48
actuelle comporte des pièces venant en moyenne de plus de vingt pays différents ; la
décoration et la mode empruntent leurs styles à toutes les grandes aires culturelles du monde ;
des produits importés de l’étranger sont entrain de remplacer progressivement les produits
locaux : Jus, boissons, vêtements, meubles… alors que nous avons la meilleure qualité de bois
en RDC ; par l’Internet, chacun peut communiquer avec quiconque s’il dispose des appareils
nécessaires et s’il sait les utiliser. Par les télécommunications, l’espace mondial peut se
condenser en un seul point, celui où je me trouve ; l’espace financier est déréglementé, chacun
peut utiliser son argent à n’importe quelle opération à partir de n’importe où (la carte de
crédit en est un exemple) ; L’anglais devient la langue véhiculaire mondiale ; Windows, en
informatique devient un véritable langage planétaire qui sera parlé bientôt par la majorité ; on
trouve des symboles et même étendards acceptés sans difficulté (www.com, flash disque,
MP3, etc.) ; le progrès incessant des communications et des télécommunications transforme la
notion de proximité ; les idées et les modes voyagent de plus en plus loin et vite, les
épidémies et les maladies aussi et font beaucoup plus peur comme Ebola; les biens et les
services également, tout comme l’argent ; le commerce international croît nettement plus vite
que la production des richesses. Les auto entrepreneurs sont aussi connectés au monde entier
alors qu’ils ont leurs bureaux en chambres ; des normes éthiques et juridiques se superposent
de plus en plus aux espaces purement nationaux ; de nouvelles conventions définissent un
nouvel espace juridique du droit public supérieur aux droits nationaux ; de plus en plus un
corps de normes pour les droits humains s’impose peu à peu en dépit de nombreuses
résistances (Jus Cogens, Droit international humanitaire, Tribunaux pénaux
internationaux… avec des fautes internationales…). Le séjour de Mr Bemba, Thomas
Lubanga, Ntaganda Bosco, Laurent Bagbo à la CPI en est un signe ; à l’occasion des famines,
de guerres civiles, d’atteintes aux droits de l’homme, de destructions d’espèces vivantes ou de
milieux naturels, une opinion publique planétaire commence à se manifester et à poser des
décisions politiques ou économiques, malheureusement sans la participation des concernés
aux décisions : le cas du printemps arabe et ailleurs dans les pays sous-développés ou en
développement est parlant. De Sake à Walikale, de Sake à Pinga on voit un va et vient de
toutes les races avec des jeeps 4X4 pour aller faire « l’on ne sait quoi ».

VII.4. Les moteurs de la mondialisation

La mondialisation résulte pour l’essentiel de l’action simultanée et conjuguée de


la révolution informatique, du dynamisme des grandes entreprises et de la tendance
semi assumée des Etats-Unis d’exercer un rôle de superpuissance hégémonique.

La révolution informatique permet le transfert et le traitement des volumes énormes


d’informations à des coûts de plus en plus bas. Elle sous-tend tous les éléments de la
mondialisation liés à la communication dans tous les domaines.

« L’informatique est indispensable au développement des entreprises. D’ailleurs, le


secteur économique qui connaît la croissance la plus rapide en nombre d’emplois est celui de
la programmation et de tout ce qui touche à la cybernétique. A côté et grâce en partie aussi à
l’informatique, il y a les secteurs de la finance, des assurances, de l’immobilier, ainsi que tout
ce qui est lié à l’accueil et au divertissement ». (William EDGAR).

Si le dynamisme de l’idéologie libérale mise en œuvre par les entreprises, les Etas Unis
et l’Union Européenne est historiquement un des moteurs importants de la mondialisation, on
ne doit pas pour autant identifier celle-ci à cette idéologie. Comme on l’a vu, la
49
mondialisation recouvre un ensemble d’évolutions et de phénomènes qui déborde largement
du champ de l’économie et s’étend à toutes les activités humaines et à tous les domaines de la
vie : éthique, religion, éducation…

L’informatique, autre moteur capital de la mondialisation, ne définit pas un type de


société, elle est indispensable au bon fonctionnement des marchés mais ses usages sont
infiniment plus vastes.

VII.5. Les Techniques et stratégies des Maîtres du monde

Dans ce point précis nous devrions nous affronter aux stratégies et techniques des Maîtres du
Monde (de la mondialisation) pour la manipulation de l’opinion publique et de la société…
On parle par ailleurs des ingénieurs sociaux. Il s’agit de découvrir des clés essentielles pour
comprendre les véritables règles du jeu qui sous-tendent la transformation radicale et
accélérée de la société divisée en deux mondes, deux ordres et deux lois : le premier ordre,
officiellement proclamé, s’applique au public, aux citoyens ordinaires. Le second ordre, qui
régit réellement la société, s’applique aux détenteurs du pouvoir et aux organisations
économiques. Aujourd’hui ce sont les réseaux économiques et financiers qui dictent les
politiques. Nous sommes tous leurs clients. Voici quelques-unes de leurs techniques :

Par rapport à la révolution elle-même :

A. Une révolution « douce » et silencieuse, à travers un processus de changement évolutif


et s’est réalisée de manière informelle, diffuse, interne, …
B. L’ingénierie sociale : un art et une science. L’ingénierie sociale est devenue une
véritable science faisant des techniques de transformation sociale des outils de
propagande et de manipulation,
C. La formation à l’approche sexospécifique (gender training), en rendant les femmes
conscientes des inégalités dont elles sont victimes… et du gendermainstreaming pour
qu’aucun programme de développement, qu’aucun système statistique, qu’aucune
politique, qu’aucune institution (politique, sociale, économique, culturelle et même
religieuse), qu’aucune législation ne puisse échapper à l’obligation d’intégrer la
perspective du genre. (M. A. Peteers, op.cit., p 147 ss).
A ces techniques proposées par Marguerite Peteers, on peut ajouter :

D. La diversion : Elément primordial du contrôle social, la diversion consiste à détourner


l’attention du public des problèmes importants grâce à un déluge continuel des
distractions et d’informations insignifiantes et fatigantes.
E. Créer des problèmes, puis offrir des solutions (la guerre de Bush): Cette méthode
appelée « problème-réaction-solution » consiste à créer des problèmes, des situations
pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui- ci soit lui-même
demandeur des solutions à lui faire accepter.
F. La stratégie du dégradé : Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de
l’appliquer progressivement, en « dégradé ».
G. La stratégie du différé : Présenter une décision impopulaire comme « douloureuse
mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application
dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice
immédiat parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite (buytodaypaytomorrow :
achète aujourd’hui, paie demain,…)..
50
H. S’adresser au public comme à des enfants en bas âge :
I. Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion :Pourcircuiter l’analyse
rationnelle et donc le sens critique des individus, on plante dans l’inconscient des
idées, des désirs, des peurs, des pulsions, des comportements, …
J. Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise : faire en sorte que le public soit
incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle
et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être
de la plus pauvre sorte, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes
inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes
inférieures » (cfr Armes silencieuses pour guerres tranquilles).
K. Encourager le public à se complaire dans la médiocrité. C’est cool d’être bête,
vulgaire, inculte...
L. Remplacer la révolte par la culpabilité : Faire croire à l’individu qu’il est seul
responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de l’intelligence, de ses
capacités, de ses efforts.

VII.6. Approche anthropologique et sociologique

En jetant un regard de part et d’autre, on pourrait penser à une schizophrénie organisée. Alors
que les problèmes écologiques, démocratiques et géopolitiques s’aggravent dangereusement,
le décalage se creuse entre les problèmes réels perçus par les citoyens dans leurs moments de
lucidité, et les problèmes mis en avant par les dirigeants politiques et leurs relais médiatiques.
Une nouvelle guerre mondiale a commencé. C’est une guerre sociale et intérieure, une guerre,
comme diraient certains, « d’élimination contre une population devenue trop nombreuse et
inutilement coûteuse ». Est-ce vraiment un complot international ? Question à approfondir
avec des spécialistes.

Au niveau anthropologique et sociale, on vit partout l’augmentation des écarts sociaux,


les forts affaiblissant les faibles : la richesse croit, mais aussi la marginalité, l’exclusion, le
chômage et l’injustice, introduisant la violence au cœur de la société, dans la rue et à l’école
parce que beaucoup d’hommes se sentent frustrés et angoissés.

Resultats ambigus de la mondialisation socio-économique

- enrichissement, dans les pays pauvres, des travailleurs qui sont au service de
sociétés basées en Europe ou en Amérique du Nord; cet enrichissement crée un écart
de plus en plus grand entre ces travailleurs et leurs compatriotes. Le cas des
humanitaires et ex pat. Comme on aime les nommer chez nous est un exemple. La
présence des ONG et Organisations internationales dans notre pays a visiblement
renforcé ces écarts et créé de grandes frustrations.
- identité sociale diluée. Comment vivre en communauté dans les conditions citées plus
haut? Le fait d’être ensemble avec d’autres personnes ne crée pas un esprit
communautaire et ne donne plus une vraie identité personnelle définie par
l’appartenance à un groupe particulier.
- rencontre avec des milliers d’individus devenant source d’isolement et
d’affaiblissement de l’identité.

A titre d’illustration, comme le dit William EDGAR, « imaginons une foule de piétons
en train de descendre une rue dans une grande ville. Que voit-on? Un grand nombre d’entre
51
eux parlent, la tête penchée, leur téléphone à l’oreille, sans aucun contact avec ceux qui
marchent à leur côté. On peut s’amuser en voyant les gestes faits pour convaincre un
correspondant invisible. Ce comportement est significatif d’un manque d’esprit
communautaire, puisque les personnes en train de téléphoner sont, par la pensée, dans un tout
autre lieu. La rapidité des communications et de l’information permet à l’usager de se dégager
des contraintes ordinaires: langues différentes, déplacement, territorialité, politique, etc. Le
résultat en est une forme de nomadisme, qui permet de s’évader de la vie concrète et d’être
sans identité ». ( William EDGAR).

- perte du sens qui est d’ailleurs une des conséquences graves de la mondialisation.
En effet, nous avons à notre disposition énormément de moyens de communication…
mais pour dire quoi?. Cela est vrai : si vous êtes, par exemple, dans le train, ou sur une
place publique comme le marché, à la cour de recréation, devant même les Eglises,
dans les bus, qu’entendez-vous (par force!)? Le plus souvent, ce sont des banalités
telles que, «Je suis dans le train, dans le bus, dans le grand lac», «Nous nous
approchons du port, de la frontière», «Avez-vous reçu mon courriel?, ukowapi, uniite,
nakubiperkishahauniite, unaniambianini» pour demander « où êtes-vous, appelez-moi,
pourquoi je bipe et vous ne rappelez pas… ». Il arrive aussi qu’on assiste à des
disputes. Comme des exhibitionnistes, les voyageurs élèvent la voix et font savoir à
leur auditoire involontaire dans le bus ou sur les rues qu’ils ont raison, qu’ils ont été
maltraités, etc. Il n’est certes pas question de nier l’utilité du portable dans bien des
situations. Mais cet instrument est devenu comme une drogue pour beaucoup de
personnes, notamment les jeunes et il dépense trop notre porte-monnaie. N’est-ce pas,
en partie, parce que les gens se sentent seuls? Ils ne savent plus bien qui ils sont.
Depuis l’arrivée du Smartphone, l’isolement se renforce.

La mondialisation de l’économie, de la technologie et de la communication est


rapide et massive, elle engendre une production accrue des richesses avec des
conséquences sociales parfois très négatives à cause du primat absolu de la rentabilité
qui engendre un nouveau type de totalitarisme homologue de celui de la tour de Babel
comme nous l’avons vu ci haut.

VII.7.Regard éthique

a) La liberté comme pierre d’angle de la nouvelle culture

Où nous mène la liberté ! « La liberté de choisir, ou droit de choisir de l’individu, est la


pierre d’angle de la nouvelle culture. La post-modernité radicalise la liberté au point
d’octroyer le droit de l’exercer contre la nature et la structure anthropologique de l’homme,
contre la vérité, contre la réalité, contre la loi divine. La déconstruction devient la condition
de la liberté : elle crée une culture autorisant des choix auparavant reprouvés par les normes
sociales. Désormais, l’individu, pour exercer ses choix, doit pouvoir se libérer de tout
carcan normatif – qu’il soit sémantique, ontologique, éthique, social, culturel, naturel,
religieux ». (M. A. PETEERS, op.cit, p. 38.)

Au nom de la liberté, « l’individu doit pouvoir choisir, par exemple, d’être


hétérosexuel aujourd’hui et homosexuel demain. Il doit choisir sa forme de famille, et
reconstituer sa famille au besoin. Tous les jeunes doivent avoir un accès confidentiel à la

52
gamme complète des contraceptifs ou préservatifs, parmi lesquels ils choisissent ce qui leur
convient ». (M. A. PETEERS, id.)

Emerge la famille sous diverses formes. A côté de la famille traditionnelle, elle inclut les
familles monoparentales, les familles reconstituées, les unions d’homosexuels. La famille
sous toutes ses formes déconstruit la famille traditionnelle mais se situe au-dessus de cette
dernière. Emerge aussi le genre sous plusieurs formes et on peut choisir son sexe :
masculin, féminin, homosexuel, travesti, etc. On change aussi le sexe par les opérations
plastiques en portant des sexes en plastique.

b) Le pouvoir des slogans

Marguerite Peteers a donné une série des slogans forgés par les ingénieurs sociaux ou
agents de la transformation sociale. Ces slogans, dit-elle sont « accrocheurs, lapidaires,
frappants, dogmatiques, dynamiques, entraîneurs, proactifs, agressifs, comiques… et ont été
d’une efficacité redoutable pour rallier avec succès une masse critique de groupes et individus
à leurs causes. Manipulateurs, les slogans des ingénieurs sociaux jouent sur des vérités
évidentes. Ils semblent proposer un programme auquel personne ne peut s’opposer, mais ils
trompent le bon sens en cachant fréquemment un agenda idéologique ou pervers. Lorsqu’ils
choquent, ils le font de manière séduisante » (M. A. PETEERS, op.cit., p. 173).

Marguerite Peteers en donne quelques exemples :

- Chaque enfant doit être un enfant voulu (everychild must be a wantedchild), une
apparence de charité, d’humanité, d’altruisme, mais cache égoïsme sans gratuité de
l’amour, où l’on se fait juges arbitraires du droit de l’enfant à exister.
- des femmes courageuses et en colère (brave and angrywomen), un slogan comique qui
inviteles femmes à se révolter contre les injustices, même celle consistant à n’être que
celles qui mettent au monde. Le féminisme est le moteur puissant de ce slogan,
- des enfants par choix et non par hasard (children by choice et not by chance) ; le
conflit allemand avec le Saint Siège a eu cela comme sous-bassement même si tout le
monde n’a pas eu la même lucidité : le schwangerschaftsberatungsstelleskonflikt vient de
là,
- toutes les filles à l’école : leur donner la chance de participer demain à la montée en
puissance du féminisme.
- convoite la vie (Lust for life), il est pervers surtout dans la campagne du préservatif
comme remède au VIH/SIDA. Même malade, on peut continuer à jouir des relations
sexuelles et célébrer le plaisir dans n’importe quel contexte, pourvue qu’on utilise le
préservatif. Entretemps l’industrie du préservatif augmente son capital
- célébrer la diversité sexuelle (celebratingsexualdiversity). Le choix de l’orientation
sexuelle doit devenir une célébration culturelle : homosexuel, lesbien, travesti,
- les temps ont changé (times have changed) : l’histoire fait évoluer les sociétés et donc
les traditions aussi. Qui veut être de son temps, doit se débarrasser de tout carcan
normatif et religieux. Ceci atteint petit à petit les maisons religieuses et la mentalité des
consacrés aussi.
- plus de discours (no more speeches), ou c’est l’action ou c’est rien. La rhétorique n’a
plus sa place. Peut-on comprendre peut être pourquoi dans beaucoup de pays acquis aux
causes des agents de la transformation, les études humanistes : lettres, philosophies,

53
sociologie, ne sont pas très considérés. Les chefs d’Etat n’acceptent pas de débats ou ne
font aucune références à ces domaines, partout on parle de ICT.
- on ne naît pas femme, on le devient…
c) Une nouvelle forme de dictature ?

Comme dit plus haut, la révolution culturelle a construit une tour de Babel. La
conséquence sémantique de l’approche holistique (l’holisme implique une pluralité de
composantes ainsi que l’existence d’une configuration unificatrice) est l’ambivalence.

Pourtant l’éthique de l’ambivalence est minée par ses contradictions internes. Elle est
donc vouée à se déconstruire elle-même. La postmodernité prétend nous avoir libérés de
toute forme d’autorité, de tout dogme, de tout tabou, de tout carcan normatif. Elle
exalte, comme aucune culture ne l’a fait auparavant, la liberté individuelle absolue. Mais elle
fait de ce principe une norme, une éthique mondiale, un système exclusif, une dictature
culturelle.

Au fond, l’éthique postmoderne est contraignante et moins tolérante. Qui n’est pas
avec, est hors connexion, ne respecte pas les droits de l’homme. Pense-t-on. On sait comment
le Pape Benoît XVI a été dernièrement critiqué sur la question du préservatif alors qu’il était
en Afrique (Cameroun). Il a parlé aux africains mais le feu a brûlé l’Occident. C’est comme
dirait le philosophe ONFRAY Michel dans une interview à l’hebdomadaire chrétien « La
Vie » : « le catholicisme nous rend la vie impossible !» Cet auteur s’en prenait à une
religion catholique toujours coupable à ses yeux de vouloir régenter les mœurs et de continuer
à valoriser la souffrance, au détriment de la recherche du plaisir et de la liberté individuelle.
Réfléchissant sur la question de l’amour et du corps dans sa Théorie du corps amoureux, et
sur la question de l’éthique médicale, il estime que les chrétiens jouent un rôle ambigu et
pernicieux. Il veut faire un Traité d’athéologie. (ONFRAY M., 2004)Sa critique cristallise un
certain nombre de reproches que nos contemporains adressent au christianisme par exemple.
Deux grands griefs sont majeurs à savoir:

Sur le plan des mœurs, la tradition chrétienne, et principalement catholique, représente


une entrave à la liberté et à la volonté de jouissance. Loin d’émanciper l’individu, elle
l’empêche de jouir et le culpabilise.

Bref, la postmodernité est une forme de néo-colonisation occidentale qui menace non
seulement les cultures africaines, asiatiques et latino-américaines, mais aussi la foi que leur
avaient apportée les missionnaires associés à la première colonisation. Ses effets dévastateurs
se constatent sur le terrain de la famille et des traditions.

d) Vers une nation planétaire ou une citoyenneté mondiale ?


Aujourd’hui on prend conscience de la force de l’opinion publique qui prend plus de
poids que les institutions politiques devenues peu capables de résoudre les problèmes que
vivent les gens. « Le printemps arabe » a démontré combien le facebookest capable
d’atteindre des résultats que toutes les dictatures réunies ne peuvent atteindre.

La mondialisation du politique, c’est d’abord celle des revendications, la globalisation


en chacun de nous de la conscience du monde, la participation de chacun à l’action pour un
nouveau monde meilleur pour tous. Plus vite nous serons conscients de former un seul peuple
mondial vivant sur une seule terre, plus vite s’abolira la sauvagerie de la mondialisation

54
actuelle. C’est cela la conviction des blogueurs ou des utilisateurs du face Book. Mais tout
cela va sans éthique.

Certains savants ont même exprimé le besoin d’une éthique planétaire comme on
peut le découvrir dans Le manifeste pour une éthique planétaire présenté et commenté par
Hans KÜNG, à partir d’un travail d’Olivier DARRAS. Dans leur vision, l’éthique mondiale
reposerait sur le principe de « l’éthos mondial », « notion qui ne désigne ni une nouvelle
idéologie, ni une religion mondiale unitaire synthétique, ni la prééminence d’une religion.
L’éthique planétaire signifie l’accord fondamental concernant les valeurs contraignantes, les
critères inébranlables et les dispositions essentielles de la personne. »

La notion de nation planétaire n’est pas univoque. Pour éviter la confusion sur le
concept de « peuple » comme communauté ayant la même histoire, les mêmes coutumes et
la même langue, il est plus adéquat de parler de « nation » qui désigne des personnes ayant
d’abord en commun d’accepter un même avenir collectif, ce qui suppose évidemment le
partage d’éléments culturels voisins, sinon identiques. Où en est-on dans cette formation
d’une seule nation planétaire, aspect capital de la mondialisation ?

On peut aujourd’hui constater la présence de caractères culturels communs de plus en


plus nombreux. Partout se développe une civilisation commune de la vie quotidienne, qui se
diffuse comme une conséquence de la mondialisation des entreprises.

L’anglais tend à devenir la langue de communication mondiale, sans que les autres
langues disparaissent pour autant. Il est seulement de plus en plus répandu en supplément des
langues vernaculaires.

La nation planétaire se forge aussi par la mondialisation du Droit qui crée peu à peu
des normes universelles accompagnées parfois par des juridictions ad hoc. On ne saurait
sous-estimer l’importance de la mondialisation du Droit, car un ensemble commun de
normes juridiques est un facteur puissant d’unification. Le monde commence à posséder
ainsi l’embryon d’un unique Etat de droit.

La conception universelle de l’homme est entrain d’évoluer en profondeur sous l’influence


de l’écologie et des progrès dans la compréhension interculturelle. Ces facteurs touchent à un
point fondamental : rapport entre Homme et Nature.

Des compréhensions mutuelles culturelles sont entrain de naître, y compris avec les
grandes cultures européennes et asiatiques. Une conséquence importante connue ; c’est que
l’écologie amène à prendre conscience d’un destin doublement commun : entre les
écosystèmes, entre les différents peuples à travers la propagation des pollutions (le dernier cas
connu est celui de FUKUSHIMA), les changements climatiques avec leurs catastrophes et la
limitation des ressources. Et ce destin amène à préconiser un « développement durable »,
c’est-à-dire qui intègre la responsabilité envers nos descendants. Le Pape François, dans
son Encyclique Laudato si essaie d’en faire un plaidoyer dans le souci de défendre la
« Maison commune » en menace de disparition.

Mais ce changement bénéfique, qui s’inscrit dans la lente et ancienne émergence de la


personne humaine et dans la vision chrétienne de la personne, ne pourra s’accomplir que si
chacun est formé à l’apprentissage des langues de base – informatique, logique, langues,
publicités – et capable de choisir, donc apprend à le faire.Il est possible, voire probable,
55
que cette formation nécessaire à l’exercice de la liberté personnelle nécessitera une
refonte des contenus et des modalités de l’enseignement. Face au risque de repli sur soi
inhérent à cette nouvelle liberté, l’apprentissage, dès l’école, de la communication inter
personnelle et de la vie collective devrait être développé fortement.

Les déviations et les usages négatifs sont le lot de toutes les libertés et surtout de
nouvelles. La mondialisation et ses difficultés ont mis en place une dialectique constante
entre l’ouverture aux autres et à l’extérieur d’un côté, et le repli sur soi et ses semblables
de l’autre côté.

e) Mondialisation et solidarité

Là où la pauvreté s’accroît, la mondialisation cherche à trouver des solutions


plausibles à travers une solidarité qui s’impose comme valeur centrale. Il est certainement
difficile de dénombrer les pays pauvres dans le monde et les pauvres eux-mêmes. Il est autant
difficile de dénombrer les victimes de la mondialisation. Le fouet de la crise financière qui a
frappé les plus riches n’en aura pas épargné les plus pauvres. Les folies dictatoriales qui ont
endeuillé la Syrie en déversant des millions de personnes sur les routes de l’immigration n’ont
pas de mot. C’est la pire des catastrophes depuis la deuxième guerre mondiale selon des
observateurs et analystes autorisés.

Les problèmes socio-économiques ne peuvent être résolus qu’avec l’aide de toutes les
formes de solidarité : solidarité des pauvres entre eux, des riches et des pauvres, des
travailleurs entre eux, des employeurs et des employés dans l’entreprise, solidarité entre les
nations et entre les peuples. La solidarité internationale est une exigence d’ordre moral. La
paix du monde en dépend pour une part selon le principe le principe de la destination
universelle des biens de la terre (G.S, 69).

Une mondialisation solidaire et non sauvage devrait donner à l’homme une place
prépondérante à travers des éléments suivants : répartition équitable de l’emploi, des
richesses ; absence des guerres et conflits naissant des richesses ; vrai partenariat entre les
nations, les pauvres et les riches ; technologie informatique au service de l’humanité ;
réorganisation des structures internationales lourdes ; suppression des inégalités entre Etats;
promotion des intérêts communautaires; vraie coresponsabilité ; culture des valeurs humaines
fondamentales de solidarité, fraternité, partage, hospitalité, dialogue. Le Pape François est
revenu ces dernières années sur cette question de solidarité internationale.

e) Mondialisation et éducation

Dans la nouvelle culture, l’accès universel des individus à tous les choix bouleverse et
surcharge les rôles traditionnels des acteurs sociaux : tout devient l’affaire de tout le monde.
« Les enfants deviennent leurs propres éducateurs et leurs propres maîtres. La nouvelle
culture leur a appris à revendiquer leurs propres droits. Aux « Parlements des enfants » et
ailleurs, ils font de la politique. Ils interviennent aux conférences de presse. Les éducateurs
deviennent des facilitateurs sans autorité, qui doivent apprendre de leurs élèves ce qu’il
convient de leur enseigner. Les enseignants passent une bonne partie de leur temps, qui devait
être dédié à la transmission des connaissances, à rectifier les comportements d’une génération
sans repères et donc à jouer le rôle des parents ». (M. A. PETEERS, op.cit., p. 38.

56
Sur le plan éducatif, les enfants choisissent leur propre curriculum ; ils participent
directement à la déconstruction des valeurs reçues de leurs parents et construisent eux-mêmes
à leur capacité de choisir leur identité sexuelle et sociale. Un exemple connu est la gender
Academia de Cologne en Allemagne.

Face à ce tsunami qui envahit les enfants et la jeunesse, notre pédagogie doit se
renouveler dans un bon sens et doit passer sur différentes étapes. Le Père de La Mennais fait
des propositions pour transformer la communication des valeurs aux enfants aujourd’hui :

- Pédagogie de l’ange-pédagogie de la présence par laquelle l’enseigne éduque par sa


présence permanente, accompagne sur le chemin de la vie et sait conseiller au moment
opportun et annonce de la part de Dieu ;
- Pédagogie des liens entre tous les éducateurs : parents, familles par un réseau de
relations ;
- Pédagogie du temple désignant l’école comme lieu de rencontre avec Dieu ;
- Pédagogie de l’atelier qui renvoie à l’engagement, à la qualité de l’ouvrage bien fait ;
- Pédagogie de l’hôpital qui symbolise l’éducation comme soin et guérison. Soigner
notamment la carence d’amour, la perte du sens de la vie qui porte tant de jeunes aux
crises de désespoir, jusqu’au suicide parfois.
La tâche qui incombe à notre éducation est de donner aux jeunes un sens critique,
pas seulement par rapport à ce qui est négatif, mais par rapport aux slogans admis par
la société d’individualisme et de consommation.

Conclusion : Approche philosophique et critique

L’éducation à la citoyenneté pose des problèmes de faire émerger un citoyen authentique,


capable de lutter contre les antivaleurs.Au niveau philosophique, les fondements de base
sont :

 La prise de conscience des problèmes du pays ;


 La dynamique de réflexion sur ce problème
 La perspective des initiatives à entreprendre

L’Essence d’une nouvelle citoyenneté

L’Education à la citoyenneté n’est pas


 Gober les définitions et les réciter comme un perroquet
L’Education à la citoyenneté est un processus qui passe par :

 Une pédagogie de la réussite, de promotion, de sélection en vue d’une


citoyenneté de créativité,

Comment réussir cette nouvelle citoyenneté :

 Réinventer et réorienter l’université en forgeant l’homme-force.


 Fertiliser les énergies
 Connaitre le monde dans lequel nous sommes, prendre conscience des
enjeux de la mondialisation.

57
Chap. VIII : LA PAIX PAR L’INTERCULTURALITE

«Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes,


c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les
défenses de la paix...»(Acte constitutif de l’UNESCO)

Parler citoyenneté c’est, sans nul doute aussi faire référence à la nécessité d’une cohabitation
pacifique entre les peuples. Par ailleurs, le contexte de notre pays et même celui de la
Région des Grands Lacs Africains est celui d’une coexistence problématique. Raison pour
laquelle il nous semble opportun d’aborder la question du conflit, celle de l’interculturalité
ainsi que celle de l’éducation à la paix pour une citoyenneté responsable et pacifique.

VIII.0 Objectif du chapitre

- Intégrer des valeurs, des notions, des savoirs faire et des comportements pour
s’approprier une culture de la paix.
- Intégrer des valeurs, des notions, des comportements pour s’approprier la démarche de
gestion des conflits.

VIII.1 Du conflit

Définition

Certains termes sont parfois confondus et pris les uns pour les autres. Le terme de conflits est
très souvent associé aux notions de tension et de violence. Faisons la distinction entre ces trois
notions.

Le conflit : étymologiquement, conflit vient de conflictus et signifie choc, lutte et combat.


C'est pourquoi l'essentiel des recherches a d'abord été réalisé dans le domaine de la guerre. À
partir du XVIIe siècle, le mot de conflit est appliqué aux relations interpersonnelles, il est
aussi envisagé comme « dualisme intérieur » et par extension, il désigne alors l'antagonisme
possible dans les champs intellectuels, moral, affectif ou social, voire juridique et
psychologique.

La tension vient du latin tensio, tensionas et signifie la manière de tendre et aussi la


contraction des nerfs. Puis, à la fin du XVIe siècle, l'usage du mot s'applique au champ
psychologique et s'applique principalement à un effort soutenu, il signifie également querelle
et opposition.

La violence correspond au mot latin violentusqui signifie emporté, parlant du caractère


impétueux appliqué aux personnes et aux choses. Violence signifie ce qui est excessif, qui
sort de la mesure, qui agit et s'exprime sans retenue et avec grande intensité. Et aussi, ce qui
agit avec force contre soi-même ou contre autrui.
Pour qu'il y ait conflit, cela suppose trois conditions :
- des acteurs ;
- une relation entre ces acteurs ;
- des enjeux pour chacun des acteurs.

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Emmanuel Kant, l’un des plus grands moralistes que l’humanité ait produite, soutient
à juste titre que

les instincts, les besoins, les passions étant sensiblement les mêmes chez tous les
hommes, et la quantité des choses nécessaires à la satisfaction de ces instincts, de ces
besoins, de ces passions, étant forcément limitée, partout où un homme se trouve en
face d’un autre homme, il y a concurrence pour la vie, guerre par conséquent, ou
association. Ces forces physiques, intellectuelles, morales, qu’ils possèdent, ils
peuvent, ces hommes que la fatalité met en concurrence, ou les tourner à leur
extermination mutuelle, ou les combiner dans leur intérêt commun.

Cinq grandes catégories de conflit

- Le conflit intra-personnel est distinct de ce que l'on appelle aussi un conflit


intrapsychique. Ce dernier concerne le conflit entre les différentes instances
psychiques de l'individu (au sens de la psychanalyse), tandis que le conflit intra
personnel concerne, lui, soit des conflits cognitifs, soit des conflits d'objectifs.
- Le conflit interpersonnel concerne un conflit impliquant deux individus au moins et
qui peuvent se sentir en opposition sur des questions d'objectifs, de valeurs, de
comportements ou de manières d'accéder à un objectif.
- Le conflit intragroupe concerne les tensions qui surgissent au sein d'un groupe et qui
peuvent affecter son fonctionnement. La plupart du temps, les causes du conflit
résident dans la nature des tâches assignées, dans les rôles alloués aux: acteurs ou
encore dans les processus relationnels.
- Le conflit intergroupe consiste dans les désaccords et les tensions qui surviennent
entre deux ou plusieurs groupes. Le type de conflit intergroupe le plus connu est le
conflit social entre les syndicats et la direction. Néanmoins, au sein des organisations,
les conflits peuvent avoir lieu entre certains groupes sans qu'il s'agisse pour autant de
conflit social.
- Le conflit organisationnel provient de l'opposition et des heurts suscités
principalement par l'organisation de l'entreprise (définition des postes de travail et de
la responsabilité, autorité, hiérarchie, rôles et fonctions, circulation de l'information,
définition claire des frontières entre les individus et les départements, principes de
rémunération, jeu des acteurs, etc.)
Un conflit n’est pas un problème
Les deux notions sont parfois confondues, ce qui est décrit comme un conflit n’est justement,
en fait, un problème à résoudre. Bien plus, le conflit est en soi neutre ; autrement dit, il n’est
ni bon ni mauvais. Tout cela est plutôt fonction de la manière dont il est géré. Voici, en
passant, certaines différences entre problème et conflit.
PROBLEME CONFLIT

Il est mesurable Il est non mesurable (ou difficilement)

Il est observable Il est observable

Le problème est un écart entre une situation Le conflit est une opposition, un heurt, un choc.

existante et une situation souhaitée.

Le problème génère une insatisfaction acceptable Le conflit éclate lorsqu’il y a accumulation

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d’insatisfactions, résultantes d’un ou de plusieurs

problème non résolus.

C’est, ici, le domaine du rationnel Ici, il s’agit du domaine de l’émotionnel

Sources des conflits

Les conflits ont généralement pour cause :


- les stéréotypes (physiques, spirituels, mentaux, sociaux, ethniques/tribaux, etc.) ;
- l’exclusion et la discrimination (préjugés, racisme, agressivité, intolérance, marginalisation,
discrimination de genre, sexisme, préjugés raciaux, xénophobie intolérance religieuse,
fanatisme, partialité, inégalité, injustice, intolérance…) ;
- les caractères individuels inadaptés (malhonnêteté, égoïsme, suspicion, gourmandise, envie,
jalousie, cupidité, rancune, manque de confiance, soif de pouvoir, crainte, peur, agressivité,
violence…) ;
- les désaccords d’opinion (mésentente, frustrations …) ;
- le déficit de communication (idée préconçue/fausse, malentendu/manque de compréhension
…) ;
- la mal gouvernance et le déficit démocratique (corruption institutionnalisée, impunité, État
de non-droit, pauvreté, lutte pour des opportunités économiques…)
- Déliquescence de l’Etat
- Délinquance nationale et transnationale avec la porosité des frontières et le développement
de l’économie de guerre.

Modes de résolution des conflits

Parmi les modes de gestion de conflit on peut distinguer :


- la force/autorité (le combat) : le point de vue d’une partie est imposé à l’autre.
C’est la logique de la loi du plus fort : je gagne/tu perds : le problème n’est pour autant pas
résolu?
- l’adjudication : elle se réfère au système légal fonctionnant en société. Le juge décide – l’un
gagne/l’autre perd – sur la base du droit ;
- l’arbitrage : c’est lorsque les deux parties choisissent une personne étrangère pour traiter
l’affaire et conviennent de se conformer à la décision prise. C’est le choix de la personne
étrangère qui prédomine ;
- la négociation : c’est lorsque les deux parties s’accordent elles-mêmes sur leurs différences.
Elle favorise la logique du « je gagne, tu gagnes » ;
- la médiation : c’est une négociation facilitée dans laquelle les parties ont convenu de
résoudre le conflit de manière permanente de façon à prendre elles-mêmes toutes les décisions
nécessaires. Le médiateur se contente de guider le processus. Elle privilégie la logique du «
gagnant-gagnant».Il est parfois appelé aussi ‘‘facilitateur’’ ;
- la réconciliation : c’est lorsqu’il existe une solution durable au problème. C’est lorsque la
vraie paix commence à croître ;

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- la résolution : c’est une tentative mutuelle de résoudre le problème de telle sorte que les
relations soient modifiées de manière constructive. Cela ne signifie pas que la phase
émotionnelle est dépassée ;
- la transformation : c’est la forme la plus élevée de participation conjointe. Les deux parties
prennent une décision consciente de construire de nouvelles et meilleures relations. Ils
construisent ensemble leur destinée au lieu de subir un destin sans sens.

Qualités requises pour gérer un conflit

Pour gérer un conflit, il faut essayer de:


- Etre impartial : Essayer de ne pas laisser votre propre perception des choses et
système de valeurs influencer la discussion.
- Assurer à chacun qu’il pourra exprimer ses soucis. Canaliser la discussion.
- S’identifier à chaque partie : Observer les choses sous tous les angles, faire la
distinction entre les questions émotionnelles et les problèmes concrets.
- Clarifier les problèmes : Reformuler et résumer la discussion avec des mots sans
charge émotionnelle qui aident les autres à comprendre les différents points de vue, et
vérifier que chacun le comprend. S’en tenir à un mode de communication simple et
dépassionné.
- Ecouter : Etre sensible aux attitudes, aux sentiments et veiller aux facteurs
émotionnels qui ne sont pas explicites à première vue.
- Chercher un terrain d’entente : Voir, au-delà des préoccupations immédiates, quel
est le terrain d’entente et les possibilités de collaboration.
- Diviser le problème en plusieurs questions qui seront résolues l’une après l’autre.
Commencer par les points les plus faciles.
- Garder un certain humour et essayer d’atténuer les tensions.

VIII.2 De l’inter culturalité

Si le monde est à la fois un et pluriel dans les forces qui font de l’homme un être de culture,
tout l’effort pour la paix devrait se concentrer sur la construction d’une culture une et plurielle
de la paix. L’éducation à l’inter-culturalité est la voie vers cette culture.

Aujourd’hui, alors que la grande tendance est la construction d’une dynamique de conscience
et de vie planétaire, les êtres humains vivent encore dans des mentalités enfermées dans leurs
terroirs identitaires à défendre : les ethnies, les tribus, les peuples, les nations et les continents.
On ne voit pas qu’il faut aller au-delà de tout cela vers des principes éthiques qui
s’imposeraient à toute l’humanité.

Pour que de tels intérêts communs abolissent les distances entre les humains et permettent de
poser les bases d’un autre monde possible, Matthieu Ricard présente les distances à abolir en
reprenant Dave Grossman. Celui-ci distingue cinq types de distance.

« La distance culturelle fondée sur des différences ethniques, raciales ou religieuses qui
permettent de déshumaniser l’autre en affirmant qu’il est fondamentalement différent de soi ».

« La distance morale mettant l’accent sur la croyance en la légitimité morale que l’on a de
faire ce que l’on fait : tuer, massacrer, violer, commettre les atrocités et les cruautés de toutes
sortes. On se rassure ainsi qu’on ne fait « que son devoir » et qu’on « exécute fidèlement les
ordres de ses supérieurs ».
61
« La distance sociale croyant avec conviction que certaines classes sociales seraient
inférieures aux autres à tout point de vue et qu’elles seraient composées de sous-êtres humains
dont la vie est quantité négligeable ».

« La distance physique » entrant en jeu quand on ne se sent pas responsable de ce qui se


passe loin de chez soi. On n’est pas concerné comme quand la victime vous regarde dans les
yeux.

« La distance virtuelle séparant l’opérateur de ses futures victimes, réduites à n’être que de
simples cibles virtuelles sur un écran, comme quand on utilise des drones pour bombarder des
cibles au bout du monde ».

En RDC et dans toute la région des Grands Lacs, toutes ces distances jouent à fond leur jeu de
destruction et de mort. Seule la construction d’une culture de l’altruisme par l’éducation aux
valeurs de l’empathie, de la bienveillance et de la bonté, autour des intérêts communs et des
actions solidaires peut mettre fin à la culture de la guerre et engager la région vers la paix
durable. Comme dirait Michel Soquet, « la reconnaissance de l’altérité, le miroir de l’autre
sont indispensables pour dialoguer, négocier, résoudre les conflits. L’enfer c’est les autres,
faisait dire Sartre ; je pense plutôt que l’enfer, c’est de refuser que l’autre soit autre ! »

VIII.3 Culture de la paix

La paix est un construit social ; elle n’est donc pas innée chez l’être humain. Un vieil adage de
la Rome antique conquérante l’a souvent liée aux conflits, voire à la guerre : « qui veut la
paix, prépare la guerre » disait-on. Mais la notion de culture de la paix ne saurait légitimer ce
type d’assertion : au contraire elle est le fruit d’un autre type de sagesse. Cette sagesse-là qui,
bien que reconnaissant les conflits comme inhérents à l’existence humaine du fait des
diversités de tous ordres (culturel, politique, économique, social, racial, ethnique, religieux,
etc.) considère qu’il faut apprendre à les gérer pacifiquement pour instaurer durablement la
paix et pour la préserver.

La notion de paix

La notion de paix peut être définie comme le processus consistant à acquérir des valeurs, la
connaissance et à développer des attitudes, compétences et comportements pour vivre en
harmonie avec soi-même, avec les autres et avec l’environnement naturel.

Définitions de la paix

Paix (du latin : pax, pacis). Ce mot désigne :

-un état des pays qui ne sont pas en guerre : lutter pour la paix dans le monde ;
- la cessation de l’état de guerre entre deux ou plusieurs belligérants : négocier la paix ;
- l’état de concorde, d’accord entre les citoyens, des groupes sociaux, absence de lutte sociale,
de troubles sociaux : paix sociale ;
- l’état d’un groupe de personnes qui ne sont pas en querelle, en conflit : vivre en paix avec
ses voisins ;
- l’état de tranquillité de repos chez quelqu’un ;
- l’état de quelqu’un qui jouit du calme intérieur, tranquillité d’âme. Avoir la conscience en
paix ;
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- l’absence d’agitation de bruit dans un lieu : la paix des cimetières.

Différents types de paix

La paix passive : la paix passive est simplement une absence de violence ou de conflits.
La paix active : la paix active se réfère aux actions constructives qui sont prises pour rendre la
vie meilleure à tout le monde et n’est pas simplement une absence de violence ou de conflits.
La construction de la paix active nécessite certaines qualités telles que :
- la tolérance ;
- l’écoute ;
- la communication ;
- l’acceptation de l’existence de différentes perspectives ou points de vue sur une question
donnée ;
- la prise en compte du genre ;
- la prise en compte de l’urgence dans les situations de crise ;
- la coopération ;
- la pensée critique ;
- la responsabilité sociale ;
Toutefois ces qualités ont besoin d’être renforcées par l’éducation.

La culture de la paix

C’est un processus qui consiste à établir la confiance et la coopération entre les peuples et les
nations. Celui-ci consiste à apprendre à résoudre pacifiquement les conflits qui peuvent
éclater entre les peuples ou entre les nations, notamment par la parole et le dialogue, plutôt
que par les armes et la violence. Le but de la culture de la paix n’est pas de supprimer à tout
prix les conflits, mais de trouver les moyens de les résoudre sans violence. La culture de la
paix vise donc la promotion du respect des droits de l’homme, celle de la tolérance et de la
résolution pratique des conflits, ainsi que le développement de l’individu et de la collectivité.

Selon la définition des Nations Unies, la culture de la paix est un ensemble de valeurs,
attitudes, comportements et modes de vie qui rejettent la violence et préviennent les conflits
en s’attaquant à leurs racines par le dialogue et la négociation entre les individus, les
groupes et les Etats. La culture de la paix est un processus de transformation individuelle,
collective et institutionnelle. Elle naît des convictions et des actions des individus et évolue
dans chaque pays en fonction du contexte historique, socioculturel et économique qui lui est
propre. La culture de la paix vise à transformer les valeurs, les attitudes et les comportements
de telle sorte qu’ils promeuvent la paix et la non-violence.

L’éducation à la paix

Eduquer à la paix, c’est former un citoyen solidaire et responsable, ouvert aux autres cultures,
capable d’apprécier la valeur de la liberté, respectueux de la dignité humaine et des
différences et capable de prévenir des conflits ou de les résoudre par des voies non violentes.
A l’instar de la culture de la paix, l’éducation à la paix tient compte du contexte historique,
socioculturel et économique de chaque pays. On peut considérer que l’éducation à la paix
trouve son origine dans les tentatives d’interdire la guerre : le premier instrument international
interdisant la guerre a été le Traité Général de renonciation à la guerre comme instrument de
politique national le plus connu sous le nom de « Pacte Briand-Kellog » de 1928.
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Contraintes et défis de l’édification de la paix

L’édification de la paix peut être entravée par :


- l’absence de dialogue ;
- le non-respect des droits de l’homme ;
- l’irresponsabilité environnementale ;
- la non prise en compte du genre ;
- la mauvaise gouvernance ;
- la non-prise en compte des leçons des événements passés ;
- le non-respect des principes démocratiques ;
- l’insécurité ;
- la non satisfaction des besoins humains de base ;
- l’impunité ;
- la mauvaise gestion des situations d’urgence, etc.

Poème sur la paix

Si tu crois qu’un sourire est plus fort qu’une arme,


Si tu crois à la puissance d’une main offerte,
Si tu crois que ce qui rassemble les hommes est plus important que ce qui les divise,
Si tu crois qu’être différent est une richesse et non un danger,
Si tu sais regarder l’autre avec un brin d’amour,
Si tu sais préférer l’espérance au soupçon,
Si tu estimes que c’est à toi de faire le premier pas plutôt qu’à l’autre,
Si le regard d’un enfant parvient à désarmer ton cœur,
Si tu peux te réjouir de la joie de ton voisin,
Si pour toi l’étranger est un frère qui t’est proposé,
Si tu sais donner gratuitement un peu de temps par amour,
Si tu sais accepter qu’un autre te rende service,
Si tu partages ton pain et que tu saches y joindre un morceau de ton cœur,
Si tu crois qu’un pardon va plus loin qu’une vengeance,
Si tu sais chanter le bonheur des autres et danser leur allégresse,
Si tu sais accepter la critique et en faire ton profit sans la renvoyer et te défendre,
Si pour toi l’autre est d’abord un frère,
Si la colère est pour toi une faiblesse, non une preuve de force,
Si tu préfères être lésé que de faire tort à quelqu’un,
Si tu crois que l’amour est la seule force de dissuasion,
Si tu crois que la paix est possible,
Alors la paix viendra.

Pierre Guilbert, anouslesamies.centerblog.net/rub-Textes-beaux-textes.html

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COURS DEDUCATION A LA CITOYENNETE 2016-2017

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ISAM-ISSA/GOMA

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