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Procedure de Flagrance

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ORDONNANCE-LOI 78-001DU 24 FÉVRIER 1978,

RELATIVE À LA RÉPRESSION DES INFRACTIONS


FLAGRANTES.

Art. 1 er. - Toute personne arrêtée à la suite d'une


infraction intentionnelle flagrante ou réputée telle, sera
aussitôt déférée au parquet et traduite sur-le-champ à
l'audience du tribunal.

S'il n'est point tenu d'audience, le tribunal siégera


spécialement le jour même ou au plus tard le lendemain.

Art. 2. - Est qualifiée infraction flagrante, toute infraction


qui .se commet actuellement ou qui vient de se
commettre.

L'infraction est réputée flagrante lorsqu'une personne est


poursuivie par la clameur publique, ou lorsqu'elle est
trouvée porteuse d'effets, d'armes, d'instruments ou
papiers faisant présumer qu'elle est auteur ou complice,
pourvu que ce soit dans un temps voisin de l'infraction.

Art. 3. - En cas d'infraction intentionnelle flagrante ou


réputée telle, toute personne peut, en l'absence de
l'autorité judiciaire chargée de poursuivre et de tout
officier de police judiciaire, saisir l'auteur présumé et le
conduire immédiatement devant celle de ces autorités
qui est la plus proche.

Art. 4. - Sauf en ce qui concerne les commissaires


politiques et les membres du Conseil exécutif, il n'est pas
requis d'autorisation préalable de poursuite en cas
d'infractions visées par la présente ordonnance-loi.

Art. 5. - Les témoins de l'infraction sont tenus de suivre le


prévenu à l'audience et d'y déposer sous peine des
sanctions prévues aux articles 5 et 78 du Code de
procédure pénale.

L'officier de police judiciaire ou l'officier du ministère


public ainsi que juge pourront au besoin les y contraindre.

Art. 6. - Si l'affaire n'est pas en état de recevoir jugement,


le tribunal en ordonne le renvoi à l'une de ses plus
prochaines audiences pour plus amples informations et
commet, s'il échet, l'officier du ministère public pour
procéder, toutes affaires cessantes, aux devoirs
d'instructions qu'il précise.

Le prévenu est, s'il y a lieu, placé en détention préventive.

Art. 7. - Les perquisitions et visites domiciliaires peuvent, en


matière d'infractions intentionnelles flagrantes ou réputées
telles, s'effectuer en tout lieu et à toute heure du jour ou
de la nuit.

Art. 8. - Toute personne poursuivie du chef d'infraction


faisant l'objet de la présente ordonnance-loi a le droit de
se défendre elle-même ou de se faire assister par un
défenseur de son choix; le président du tribunal lui en
désigne un si le défenseur choisi n'est pas présent à
l'audience.

Art. 9. - Le jugement est rendu sur dispositif


immédiatement après la clôture des débats; il est rédigé
dans les quarante-huit heures.

Art. 10. - Si l'auteur de l'infraction déféré devant le tribunal


a pu s'enfuir, la décision rendue contre lui est toujours
réputée contradictoire.
Art. 11. - En matière d'infractions flagrantes ou réputées
telles, le droit d'appel ainsi que la constitution de partie
civile s'exercent conformément aux dispositions du Code
de procédure pénale; il en est de même de la procédure
à suivre.

Toutefois, la juridiction saisie de l'appel examine ces


infractions toutes affaires cessantes.

Le pourvoi en cassation est introduit conformément à la


procédure devant la Cour suprême de justice.

En cas de cassation, la Cour ordonne le renvoi, s'il ya lieu,


devant ses sections réunies.

Art. 12. [Abrogé ]

Art. 13. - Lorsque les personnes bénéficiant du privilège de


juridiction et justiciables de la Cour suprême de justice, de
la cour d'appel ou du tribunal de première instance y sont
déférées du chef d'infractions intentionnelles flagrantes ou
réputées telles, ces juridictions leur appliqueront les
dispositions de la présente ordonnance loi.

Art. 14. - Les dispositions de la présente ordonnance-loi ne


sont pas applicables devant la Cour de sûreté de l'État.

Elles ne s'appliquent pas aux causes dont le tribunal est


saisi au moment de son entrée en vigueur.
[CONGO] LA NOTION DU TEMPS EN PROCÉDURE DE
FLAGRANCE.
Par Yanick Ngangu Buloki, Juriste.
Ecouter l'article
L’expression "temps voisin" peut donner lieu à des
divergences dans son interprétation, de toute façon, cette
expression vise un temps plus long que celui de
l’infraction qui vient de se commettre, notion en laquelle
l’on sent plus de fraicheur du point de vue de la
temporalité. Cependant, la jurisprudence en droit
congolais reste divisée quant à l’interprétation qu’il faut
donner à l’expression "qui vient de se commettre" c’est
dans l’intersection des solutions retenues en droit Français
que le présent article entend proposer des pistes
d’amélioration de la notion de flagrance en droit
congolais.
-
Le mot flagrance vient du latin flagare, qui veut
dire « ce qui brule ». En d’autre sens, on fait allusion à ce
qui est évident, manifeste, actuel, certain. Puisque la
flagrance se définit comme ce qui brule, l’ouverture de
son enquête dépend exclusivement de la commission de
l’infraction [1].
La flagrance telle que définie ci-haut, est le
caractère de ce qui saute aux yeux, c’est-à-dire une
infraction qui est en train de se commettre en présence
des personnes qui y sont étrangères à la commission ou
soit que le coupable est surpris dans l’action par celles-
ci [2]. Face à cette situation, La publicité ici est justifiée
par le fait que ce sont ces témoins qui seront tenus de
suivre le délinquant à l’audience aux fins d’y établir sa
culpabilité.
La négociation vaut la peine vis-à-vis de cette
notion parce que l’actualité de la commission des faits
infractionnels s’ajoute la publicité. Lorsqu’une infraction se
commet actuellement ou vient de se commettre ou
encore lorsque la personne est poursuivie par la clameur
publique, ou est trouvée en possession d’objets [3] ou
présente des traces laissant penser qu’elle a participé au
crime ou délit, la fraicheur des éléments de preuve facilite
non seulement l’identification rapide de l’auteur, mais
aussi la nationalité des faits et l’établissement de la
culpabilité de celui-ci car plus le temps s’écoule, plus les
indices sérieux de culpabilité risquent si pas d’être altérés,
de disparaitre. La durée de cette enquête a longtemps
fait l’objet des débats, d’où nous ferons une étude en
cette matière dans la procédure inquisitoire en droit
français (I) et la phase pré juridictionnelle en droit
congolais (II).

I. La procédure inquisitoire en droit français.


A. Identification de la procédure inquisitoire.
La procédure inquisitoire est indubitablement
assimilée au secret et à la torture. Son image demeure
très négative mais cette réalité n’est qu’historique et la
procédure dite inquisitoire ne saurait être réduite à cette
caricature [4].
La procédure accusatoire n’est qu’une addition
artificielle des procédures diverses, qui sont regroupées
sous ce vocable (quoi de commun entre la procédure
civile actuelle, le procès pénal Américain et les
procédures féodales ?). La procédure inquisitoire est au
contraire, une procédure construite, unifiée, qui a une
histoire bien déterminée et connue. La procédure est née
à Rome, et toute procédure qualifiée.
B. Les caractères fondamentaux de la procédure
inquisitoire.
Selon la doctrine, une procédure inquisitoire est
celle qui possède les caractères suivants : elle est écrite,
sécrète et non contradictoire. Ce sont ces traits
fondamentaux qui qualifient les systèmes inquisitoires.
D’où, il est crucial d’expliquer chaque caractère.
1. La procédure écrite.
Comme son nom l’indique, c’est une procédure
qui repose sur les écritures. En d’autres termes, elle est
basée sur un échange des conclusions avant ou pendant
l’audience. L’instruction préparatoire est une procédure
presque exclusivement écrite ; tout acte accompli par le
juge (personnellement, en exécution d’une commission
rogatoire ou une mission d’expertise), tout constat, etc.
Tout devra donner lieu à un acte écrit, document qui sera
coté et rassemblé dans un dossier appelé : dossier
d’instruction. En des siècles d’histoire, jusqu’aujourd’hui,
cet aspect n’a jamais changé.

2. Le caractère secret.
Elle implique une absence de communication de la
procédure au public, qui est, comme l’accusé, maintenu
dans l’ignorance des charges.
A ce niveau, la procédure est optique, non
transparente, au motif de sa nécessaire efficacité que le
secret préserverait. Les pièces du dossier ne doivent donc
pas être communiquées aux personnes poursuivies. Ce
principe est encore proclamé aujourd’hui à l’article 11 du
code de procédure pénale qui affirme le principe secret
de l’enquête et de l’instruction. Mais ce principe doit être
bien compris : d’une part, il ne s’applique qu’aux deux
phases mentionnées dans le texte et d’autre part, il n’est
que partiellement opposable aux personnes objets de la
procédure.
Comme nous le verrons, le secret de l’instruction
est très amoindri à l’égard de la personne mise en
examen qui a un droit d’accès au dossier. Le secret est
aujourd’hui surtout compris comme permettant de
protéger tant les investigations elles-mêmes, que la
présomption d’innocence (ne pas livrer les suspects au
public).
3. Le caractère non contradictoire.
Il sied de dire ici que ce caractère est de loin le
plus difficile à cerner. Avant tout, notons que le « non
contradictoire » est un non concept l’écrit s’oppose à
l’oral, le secret au public, mais le contradictoire n’a pas
de face opposée.
Le non contradictoire est donc la négation de la libre
discussion durant la procédure permettant aux parties de
débattre, de s’opposer, imposant une communication
des pièces, etc.
Autrement dit, si la contradiction fonctionne sur un
rapport peu ou prou égalitaire des moyens et des droits,
la procédure non contradictoire repose sur l’inégalité des
droits et des moyens.
C. Appréciation de la procédure inquisitoire.
On a tendance à dire que, lorsqu’un magistrat
exerce un quelconque pouvoir, que c’est un pouvoir
inquisitoire. C’est une lecture possible puisque
étymologiquement, inquisitoire signifie enquête. En
d’autre terme, il s’agit de la période au cours de laquelle
on procède à la réunion de tous les éléments pouvant
établir la culpabilité de l’infracteur.
Historiquement, l’issue du procès est jouée avant le
stade final du procès (enquête de police ou instruction).
La procédure inquisitoire reste l’archétype de la
procédure pénale bien évidemment, le modèle Abrupt et
caricatural de l’ancien droit n’existe plus dans ses excès.
Mais les caractères fondamentaux se retrouvent dans les
grandes lignes, tout en ayant été aménagés [5].
D. Les organes chargés de la répression pendant la
procédure inquisitoire en droit judiciaire Français.
1. Le juge d’instruction.
Faisant suite à une critique récurrente de la
solitude du juge d’instruction, la loi du 5 mars 2007
tendant à renforcer l’équilibre de la procédure pénale, a
mis en place des instructions, et donnée compétence aux
seuls juges d’instructions relevant de ces pôles,
éventuellement en co-saisine. La même loi avait aussi
prévu que « les juges d’instructions seraient ultérieurement
remplacés par des collègues de l’instruction » mais la date
d’entrée en vigueur de ce dispositif a été mainte fois
repoussée, avant que la loi n° 2016-1547 du 18 novembre
2016 sur la justice du XXI siècle n’abandonne
complètement cette instruction collégiale [6] (pour des
raisons davantage budgétaires qu’idéologiques) [7].
a. Fonctionnement de l’instruction.
Les juges d’instruction sont des magistrats du siège,
qui appartiennent au tribunal de Grande Instance. Ils
constituent la juridiction d’instruction au premier degré,
nommés dans les formes prévues pour les magistrats du
siège ; c’est-à-dire par décret du Président de la
République.
Les juges d’instructions sont inamovibles, mais ne
peuvent en principe rester plus de 10 ans en fonction
dans le même Tribunal. Ils sont saisis par le parquet, au
terme d’un réquisitoire introductif (éventuellement, la
partie civile peut être à l’origine de cette saisine, en cas
de plainte avec constitution de partie civile). L’instruction
a pour objet principal la mise en état des affaires
pénales ; c’est-à dire la recherche des infractions, des
preuves et de l’identité des auteurs de ces infractions.
Le juge d’instruction a des fonctions d’enquêteur,
sur les faits ainsi que sur la personnalité du suspect. Il
dispose à cette fin, de pouvoirs importants, puis qu’il peut
placer sous contrôle judiciaire, ordonner un certain
nombre des mesures d’investigations (écoutes
téléphoniques, sonorisations, reconstitutions,
confrontations, expertise, etc.) et saisir le juge des libertés
et de la détention.
Précisément la décision de placer et mise en
examen en détention provisoire n’appartient plus au juge
d’instruction, mais relève du juge des libertés et de la
détention.
Les décisions que prend un juge d’instruction sont, pour la
plupart juridictionnelles, de sorte qu’il est possible d’en
interjeter l’appel devant la chambre de l’instruction.
2. Le juge des libertés et de la détention.
Le juge des libertés et de la détention est une
création de la loi du 15 juin 2000 (en vigueur depuis le 1er
janvier 2001). Ses pouvoirs ont été accrus avec la loi du 9
mars 2004, et, plus récemment, avec la loi du 3 juin 2016.
Ce juge est un magistrat du siège mais dont la
compétence doit être bien comprise.
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser
entendre, ses fonctions ne se limitent pas à la détention
provisoire et aux remises en liberté, même si ce
contentieux lui est réservé.
Il intervient aussi comme juge de la légalité en
matière de délinquance et criminalité organisée
(prolongement de garde à vue, autorisation de
perquisitions et saisies, écoutes téléphoniques, etc.). De
manière générale, le juge des libertés et de la détention
accompagne un mouvement très important de
renforcement des pouvoirs de police, désormais décuplés
et chapeautés par lui. Avant les reformes législatives
créant le juge des libertés et de la détention et renforçant
les pouvoirs de celui-ci, les policiers n’auraient pu agir. Il
leur aurait fallu attendre l’ouverture d’une information.
Ses pouvoirs sont très étendus et sont régulièrement
accrus à chaque réforme. Sans prétendre à l’exhaustivité,
on peut dire que le juge des libertés et de la détention
intervient dans les matières suivantes :
La détention provisoire puisqu’il a désormais le
monopole en matière de placement en détention [8] ;
Certaines perquisitions et saisies afin d’obtenir la
contrainte en enquête préliminaire [9] en matière
d’audition de témoin anonyme (article 758-58) mais
également en enquêtes de police effectuées sous le
régime de la criminalité et délinquance organisées [10], il
autorise alors les prolongations.
E. La durée de la flagrance en Droit procédural Français.
L’article 53 al. 2 du Code de procédure pénale Français,
indique que la durée ne peut excéder huit jours.
Cependant, la loi n° 2004-204 du 09 mars 2004 portant
adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité
est venue allonger ce délai.
En effet, l’alinéa 3 de l’article 53 du Code de
procédure pénale Français précise que le Procureur de la
République peut décider de prolonger encore de huit
jours la durée de l’enquête de flagrance mais à la double
conditions, d’une part que des investigations soient
nécessaire à la manifestation de la vérité, et d’autre part
que l’enquête porte sur une infraction punie d’une peine,
supérieure ou égale à cinq ans.
La durée totale de l’enquête de flagrance peut
donc atteindre seize jours au-delà, pour continuer à
enquêter, il faut soit procéder en fonction des règles
relatives à l’enquête préliminaire (mais les pouvoirs
disparaissent). Soit que le Procureur de la République
fasse ouvrir une information judiciaire, qui sera alors
conduite par un juge d’instruction qui délivrera des
commissions rogatoires que les policiers exécutent.

II. L’instruction préjuridictionnelle en droit congolais.


L’instruction pré juridictionnelle comprend l’étape de la
recherche des infractions.
L’instruction du dossier judiciaire et les conclusions
auxquelles le Ministère Public peut aboutir à l’issue de son
instruction.
Elle se dénonce successivement en deux étapes, devant
l’officier de la police judiciaire et devant l’officier du
Ministère Public. Devant ce premier, on parle de
l’enquête préliminaire tandis qu’au niveau de l’officier du
Ministère Public, on parle de l’instruction préparatoire.
A. Les organes chargés pendant l’instruction pré
juridictionnelle en droit Congolais.
L’instruction pré juridictionnelle est menée successivement
par deux organes : il y a la police judiciaire (Officier de la
Police Judiciaire) et le parquet (Officier du Ministère
Public) [11]. Cependant, il sied de signaler que nous
n’étudierons ici que le Ministère Public pouvant exercer
lui- même toutes les attributions de l’Officier de Police
Judiciaire.
Disons tant soit un peu un mot à ce sujet. La police
judiciaire dans l’exercice de sa mission, est chargée de
rechercher et de constater les infractions à la loi pénale,
en recueillir les preuves, en identifier les auteurs et les
acheminer devant l’OMP.
La recherche des infractions aux lois, aux décrets, arrêtés
et règlements, recevoir les plaintes et dénonciations sont
les devoirs expressément dévolus au Ministère Public et il a
rarement l’occasion de « constater » lui-même les
infractions. C’est donc la Police Judiciaire qui, non
seulement constate le plus souvent les infractions sont
désignées par la loi.
1. Le Ministère public.
1.1. Notions.
Le Ministère Public est tout magistrat du parquet. On
l’appelle aussi magistrat debout par opposition au
magistrat assis ou du siège car il se met debout lors des
audiences devant les cours et tribunaux pour prendre la
parole.
Le terme magistrat du « parquet » vient du fait qu’à
l’origine (avant la Révolution Française) les magistrats du
Ministère Public se mettaient au parquet de la salle
d’audience au même titre que les avocats ainsi, pour les
distinguer des juges qui s’installaient aux sièges du
prétoire, on les appelait magistrats par extension, les
Officiers du Ministère public sont aujourd’hui appelés
« Magistrat du parquet » [12].

1.2. Mission.
Les articles 6, 7,8 et 9 du code d’Organisation et
Compétence Judiciaire en Droit Congolais, énumèrent les
différentes charges du Ministère Public.
Le Ministère Public a pour mission la recherche des
infractions aux actes législatifs et règlementaires qui sont
commises sur le territoire de la République Démocratique
Congo. Il reçoit les plaintes et dénonciations. Il pose tous
les actes d’instruction puis saisit les Cours et Tribunaux, il
peut également exercer lui-même toutes les attributions
de l’Officier de la Police Judiciaire.
Il surveille l’exécution des actes règlementaires et des
jugements, il a la surveillance de tous les Officiers de la
Police Judiciaire, des Officiers Public et des Officiers
Ministériels de son ressort, sauf les agents du greffe et de
l’office des huissiers.
Il veuille au maintien de l’ordre dans les audiences devant
les Cours Tribunaux sans préjudice du pouvoir du juge qui
en assure la police d’audience. Il peut agir en matière
civile par voie d’action principalement dans l’intérêt de
toute personne physique liée qui serait inapte à ester en
justice, à assurer sa défense et à le pouvoir de l’assister à
toutes les audiences de la Cour de cassation, la Cour
constitutionnelle, la Cour d’appel et les Tribunaux de
Grande Instance.
Il ressort de cette disposition que l’obligation n’est pas
faite au Ministère Public pour ce qui est des Tribunaux de
paix pour simple raison que le juge de paix jouit du
dédoublement fonctionnel.
B. Régime juridique de la flagrance.
L’infraction flagrante obéit à un régime juridique
particulier de la célérité dans la poursuite. L’article 1 de
l’ordonnance loi n°78- 001 du 24 février 1978 [13] relative à
la répression des infractions flagrantes dit que toute
personne arrêtée à la suite d’une infraction intentionnelle
flagrante ou réputée telle, sera aussitôt déférée au
parquet et traduite sur le champs à l’audience du
tribunal.
Pour s’assurer de la fraicheur des preuves qui seront
emmenées devant le juge appelé à statuer sur l’infraction
flagrante, le législateur a décidé d’imprimer une certaine
célérité à la procédure de poursuite de cette infraction.
C’est ainsi que les particuliers ont reçu pouvoir, en
l’absence de l’autorité judiciaire chargée de poursuivre et
de tout officier de police judiciaire, de saisir l’auteur
présumé et le conduire immédiatement devant celle de
ces autorités qui est la plus proche.
Dans le même esprit, les témoins de l’infraction sont
astreints de suivre le prévenu
L’officier de la police judiciaire ou l’officier du Ministère
publique ainsi que juge pourront les y contraindre. Dans la
mesure où l’affaire n’est pas en état de recevoir
jugement, le juge saisit a reçu pouvoir d’instruire l’officier
du ministère public de procéder, toute affaire cessante,
aux devoirs d’instructions qu’il précise.
Il faut relever ici la particularité de la flagrance, qui
accroit le pouvoir du juge vis-à-vis du magistrat du
parquet. Ce dernier n’est plus totalement indépendant du
siège, parce qu’il peut recevoir les injonctions du juge
pour exécuter un devoir d’instruction.
La flagrance accroit aussi les pouvoirs des officiers de
police judiciaire, qui peuvent passer outre la réquisition
d’information pour exercer les pouvoirs du ministère public
susceptibles de délégation. La flagrance permet aussi de
se saisir des personnes bénéficiaires du privilège de
juridiction sans recourir à une autorisation préalable,
lorsque celle-ci est requise.
Par ailleurs, les perquisitions et visites domiciliaires peuvent
en matière de flagrance, s’effectuer en tout lieu et à
toute heure du jour ou de la nuit. En matière de décision
de justice, l’article 9 de l’ordonnance loi du 24 février 1978
relative à la répression des infractions flagrantes dispose
que le jugement en matière de flagrance est rendu sur
dispositif immédiatement après la clôture des débats.
Mais ce jugement est rédigé dans les 48 heures si l’auteur
de l’infraction déféré devant le tribunal a pu s’enfuir la
décision rendue contre lui est toujours réputée
contradictoire. En matière de flagrance, le prévenu
condamné dispose du droit de former appel, la
constitution de partie civile s’exerce aussi conformément
aux dispositions du code de procédure pénale. Toutefois,
la juridiction saisie de l’appel examine l’infraction
flagrante toutes affaires cessantes.
Le pourvoi en cassation est introduit conformément à la
loi. En cas de cassation, la Cour de cassation ordonne le
renvoi, s’il y a lieu, devant ses chambres réunies.
C. La durée de la flagrance en Droit procédural
Congolais.
En droit positif Congolais, la loi n’a rien dit sur le délai de
l’infraction flagrante. La jurisprudence congolaise ne s’est
jamais prononcée clairement sur le délai qui permet de
dire que l’infraction est flagrante ou réputée telle parce
qu’il n’est pas mieux définit dans le Droit positif congolais.
C’est donc l’ordonnance n°78-001 du 24 février 1978
relative à la répression des infractions flagrantes, qui
consacre une procédure de flagrance qui sort un peu de
l’ordinaire. Devant cette incertitude, la consigne de
prudence est pour la police judiciaire, de ne pas
reconnaitre trop facilement le caractère flagrant d’une
infraction. Pour ce qui concerne la précision du délai dans
lequel l’on pourrait considérer qu’une infraction est
flagrante, on peut dire que la loi est silencieuse.
De ce fait, nous constatons que ce silence a provoqué et
provoque encore d’interprétations divergentes pour la
simple raison que la flagrance d’une infraction tient en
haleine ceux qui en ont été témoins. Devant cet état des
faits qui sautent aux yeux, tant le pouvoir public que la
population voudraient voir les auteurs de telles infractions
punis dans les brefs délais parce que la procédure de
flagrance en elle-même retient l’attention de plus d’une
personne dans la mesure où sa spécialité par rapport à la
procédure pénale ordinaire, éveille la curiosité.
C’est ainsi qu’après avoir analysé ce thème, le but était
celui de comparer la notion du temps en procédure de
flagrance entre le Droit Judiciaire Français et le Droit
Judiciaire Congolais.
De ce fait, nous avions constaté que contrairement au
législateur Français qui jadis, avait opté un délai ne
dépassant huit jours en cas de flagrance, cette question a
été révisée par la loi du n° 2004 - 204 du 09 mars 2004
portant adaptation de la justice aux évolutions de la
criminalité qui à son tour permet la prolongation du délai.
Ainsi, comme il était question d’étudier la durée prévue
par chacune de ces législations, fort est de constater que
le législateur congolais n’a prévu un délai légal pour cette
question mais on recourt plutôt à la doctrine qui prévoit
un délai de 24 heures dont les imprécis de ce délai font
débats devant les Cours et Tribunaux.
La célérité a comme retombée que certains délais de la
procédure pénale ordinaire seront abrégés que certaines
étapes de cette dernière se feront enjambées. Toutefois,
l’ordonnance loi n°78-001 du 24 février 1978 relative à la
répression des infractions flagrantes n’est pas suivie à la
lettre d’autant plus que certaines de ses dispositions ne
sont pas respectées.
Après une lecture minutieuse et différentes analyses
menées par chacune de ses législations, nous avions
constaté que contrairement à la législation congolaise qui
connait encore des difficultés sur la précision du temps,
cette question a été résolue par la législation française en
apportant une précision sur la notion du temps.
Cette question reste un défi pour la République
Démocratique du Congo et entant que juriste, nous
conjurons au législateur congolais de tenir compte de
l’imprécision de ce délai en Droit positif congolais et nous
lui proposons en même temps de légiférer une loi qui
apportera plus des précisions sur la durée de la flagrance
en droit Congolais.
Bibliographie.
I. Textes légaux.
Ordonnance loi n°78-001 du 24 février 1978, relative à la
répression des infractions flagrantes - Ordonnance n°78-
289 du 3 juillet 1978 sous l’exercice des attributions des
Officiers de Police Judiciaire en droit Congolais.
II. Doctrine.
1. Ouvrages - Ambroise-Castérot et Philipe Bonfils,
Procédure pénale, 2ème édition mis à jour : septembre,
2018. - Luzolo Bambi Lessa, procédure pénale, Issa Blaise
multimédia, Kinshasa, 1999.
2. Article - M. Lemonde, « Le juge des libertés et de la
détention : une réelle avancée ? », RSC 2001.
3. Cours - José -Marie Tasoki Manzele, Cours de procédure
pénale, Ed. Harmattan, 2013-2014.
LES RISQUES ET LES LIMITES DE LA PROCÉDURE
DE FLAGRANCE EN R.D. CONGO

Auteur : JEAN-BOSCO KONGOLO

Depuis quelques temps, l’opinion publique


congolaise commence à s’habituer à suivre des procès
retentissants organisés en procédure de flagrance, une
notion enseignée dans les facultés de droit, dans le cours
de procédure pénale. Si elle n’est pas bien expliquée,
cette notion pourrait semer la confusion aussi bien chez
les profanes que chez les professionnels de la justice. Pour
qu’un procès soit organisé en flagrance, il faut que
l’infraction mise à charge du prévenu soit elle-même
flagrante. L’infraction flagrante est simplement celle qui
vient de se commettre, notamment lorsque le criminel est
poursuivi par la clameur publique ou lorsque, dans un
temps voisin du crime, le suspect est trouvé avec l’objet
ayant servi à la commission de l’infraction. Bien que
théoriquement facile à comprendre, la notion de
flagrance pourrait créer la confusion en pratique, même
de la part de la part des professionnels de la justice
(magistrats et avocats), et occasionner des dégâts
judiciaires susceptibles de miner la confiance que doivent
avoir les citoyens envers la justice. En l’espace de
quelques mois, trois procès retentissants tenus en
flagrance montrent que le recours systématique à cette
procédure comporte des risques et des limites que nous
tenons à démontrer dans l’intérêt de la justice congolaise.
Il s’agit des procès Mwangachucu, celui du massacre de
Goma et le tout récent du professeur/magistrat de
Kisangani, condamné en flagrance pour avoir infligé à
son ex-épouse un traitement jugé humiliant et dégradant.

1. Procès en flagrance du député Mwangachucu


L’interpellation de ce député intervient le 1er mars 2023
dans un contexte de vives tensions sécuritaires entre le
M23, considéré par tous les Congolais comme n’étant
qu’une branche armée du Rwanda, véritable agresseur.
Pour les Congolais, cette guerre permet au Rwanda et à
ses véritables commanditaires internationaux de piller les
ressources naturelles dont regorge le sous-sol des
provinces de l’Est. C’est par conséquent un soulagement
pour tout le monde d’apprendre que l’exploitant principal
des minerais stratégiques, dont le coltan, n’est autre
qu’un député plusieurs fois élu de Masisi. C’est surtout un
espoir que désormais le ravitaillement du Rwanda sera
coupé et que ce traître doit être jugé et châtié à la
hauteur des dommages causés à la nation depuis
plusieurs années. Plus tard que le 3 mars 2023, le procès du
prévenu Mwangachuchu est ouvert, avec à sa charge de
nombreuses infractions: haute trahison, atteinte à la
sûreté de l’État, participation à un mouvement
insurrectionnel, association des malfaiteurs, détention
illégale d’armes, incitation des militaires à commettre des
actes contraires à la discipline et au devoir…

Comme il importe de le relever, presque tous ces faits sont


par leur nature des infractions dont le passage à l’acte
exige de leurs auteurs un temps suffisamment long pour
leur préparation. Comment donc toutes ces infractions
pouvaient-elles logiquement être flagrantes pour
déclencher une procédure de flagrance? L’entêtement
du Ministère public, malgré les protestations des avocats
de la défense a montré les risques et les limites du recours
systématique à cette procédure. En effet, tous ceux qui
avaient essayé de suivre avec beaucoup d’intérêt ce
procès s’en étaient par la suite dégoutés à cause des
hésitations et du tâtonnement de la cour et surtout du
Ministère public à soutenir son accusation pour
certaines infractions.

C’est ainsi que, pour un procès en flagrance, censé être


expéditif et dont le verdict était urgemment attendu par
toute la nation, il a fallu un peu plus de sept mois pour en
connaître la sentence, prononcée ce vendredi 6 octobre
2023. De toutes les infractions mises à sa charge du
prévenu Mwangachuchu au départ, et pour lesquelles
des enquêtes minutieuses auraient dû être menés
professionnellement et sans précipitation, il n’a finalement
été retenues que celles de détention illégale d’armes et
de munitions, de participation à un mouvement
insurrectionnel et de haute trahison.

2. PROCÈS EN FLAGRANCE DANS L’AFFAIRE DITE DES


MASSACRES DE GOMA

C’est encore frais dans les mémoires de tous les


Congolais, ce que d’aucuns ont appelé carnage de
Goma. Le 30 août 2023, plusieurs dizaines d’adeptes
d’une église de réveil, se faisant appeler Wazalendo, ont
été fauchés à l’aube par des militaires identifiés comme
appartenant à la garde républicaine alors qu’ils
s’apprêtaient à faire une marche pour exiger le départ de
la MONUSCO. Ces militaires étaient commandés par un
colonel de cette unité d’élite. Il s’agit du colonel Mike
Mikombe, Commandant de la Task Force de la Garde
républicain (GR), qui appuyait les éléments du 19ème
Régiment d’Infanterie Spéciale, nouvellement formée par
les Israéliens à Kimbembe (Haut-Katanga). Le nombre des
victimes, le tollé général et les images qui ont aussitôt
circulé jusque dans les recoins de la planète ont forcé, le
5 septembre 2023, les autorités de la justice militaire de
Goma à ouvrir le procès en flagrance contre des militaires
présumés auteurs de ces massacres. Parmi eux, deux
officiers supérieurs. Mais dès le début de ce procès, les
débats houleux avaient tourné sur le nombre et
l’identification des victimes, sur l’heure de la commission
de l’acte incriminé, sur le commandant (hiérarchique)
ayant dirigé l’opération et surtout sur celui ayant donné
les ordres. Tout au long de ce procès et jusqu’au
prononcé du verdict, certaines de ces questions sont
demeurées sans réponse de la cour militaire.

Des observateurs attentifs et rigoureux, qui sont restés sur


leur soif, attribuent ces lacunes à la flagrance non justifiée,
décrétée pour des raisons politiques afin de faire baisser
rapidement la tension. En effet, il y a lieu de relever qu’à
l’ouverture de ce procès, deux Vice-premiers ministres du
gouvernement national, Peter Kazadi de l’intérieur et son
collègue Jean-Pierre Bemba de la défense, se trouvaient
à Goma et y ont assisté, confortablement assis aux
premières loges. Sans se poser des questions sur la
présence de ces membres du gouvernement dans une
activité d’une autre institution de la République, certains y
ont peut-être vu la volonté de l’exécutif d’apporter son
soutien aux victimes et ses encouragements aux juges,
mais en réalité il s’agit d’une inadmissible immixtion dans
l’administration de la justice. Quel est leur entendement
du principe de la séparation des pouvoirs ? En effet,
pareille présence est plutôt de nature à faire pression sur
le juge et de l’empêcher d’être à l’écoute de son intime
conviction pour faire plaisir à l’autorité
gouvernementale. Pourrait-on imaginer un seul instant
une autorité judiciaire ou parlementaire s’improviser dans
un conseil des ministres ? Il est étonnant que les syndicats
des magistrats aient observé un silence incompréhensible
sur ce cas à dénoncer à très haute voix.

Prof Pandatimu Big Waganga

3. Le procès en flagrance du professeur Pandatimu Big


Waganga

Ce vendredi 6 octobre 2023, la Cour d’appel de


Kisangani a prononcé à 6 heures du matin son arrêt de
condamnation à 12 ans de servitude pénale principale et
au paiement de 10.000 $ de dommages intérêts contre le
professeur Pandatimu Big Waganga poursuivi pour
maltraitance et traitement humiliant et dégradant à
l’égard de son ex- épouse. Tout est parti d’une vidéo
ayant fait le tour du monde montrant la dame Kelekele
Fryde traînée d’abord par terre puis brutalement
menottée et embarquée de force par deux policiers sur
une moto. L’image a été tellement choquante que
certaines autorités gouvernementales et membres des
associations de la sociétés civiles, indignés, ont réclamé
des poursuites judiciaires et des sanctions exemplaires
contre ce professeur de la faculté de droit de l’Université
de Kisangani, doublé de sa qualité de Président du
Tribunal de commerce de la même ville. Les choses sont
allées tellement vite qu’après un procès marathon ayant
duré toute la nuit, le verdict a été prononcé à 6 heures de
Kisangani. C’est donc avec satisfaction que plusieurs
internautes ont appris la nouvelle ce samedi 7 0ctobre
2023.

Pour en savoir un peu plus, et par réflexe de juge, nous


avons préféré joindre nos contacts à Kisangani, parmi
lesquels certains professeurs et magistrats de la place. Ce
que nous avons appris pourrait faire changer d’avis et
d’émotions ceux qui se sont uniquement apitoyés sur la
femme. Pour la petite histoire, les deux époux en étaient
arrivés à la destruction irrémédiable de leur union
conjugale et le divorce a été prononcé accordant la
garde des trois premiers enfants à leur père et les deux
plus petits à leur mère. S’agissant de la liquidation du
régime matrimonial, 80% des biens ont été accordés à
l’épouse, sans protestation de l’époux, qui a voulu
privilégier l’intérêt des enfants et pour avoir la paix du
cœur. Non contente de la décision sur la garde des
enfants, la dame a multiplié des provocations
caractérisées notamment par des invectives et des
tentatives de récupérer les autres enfants dont la Garde a
été attribuée à l’homme. Selon tous les témoignages
concordants et crédibles recueillis auprès de nos sources,
les images à la base du procès datent, curieusement, de
deux mois. Elles ont été prises par le mari lui-même le jour
où la dame avait tenté d’incendier la clôture en haie de
la résidence officielle de son ex pour y prendre de force
les enfants qui sont sous la garde de ce dernier. Elle venait
d’avoir lesdites images grâce à l’imprudence de son
beau-frère (aîné de son mari) qui les lui a envoyées à titre
de preuve de son acte lorsqu’il essayait une médiation
amiable concernant la garde des enfants. C’est en
partageant ces images avec des membres de sa
communauté ecclésiale de base que certains parmi
ceux-ci les ont balancées sur les réseaux sociaux, comme
nous avons pu tous les voir.

Mais au-delà de ces faits tels que décrits ci-dessus,


plusieurs irrégularités non révélées au public ont assombri
ce procès et contribué à ternir de façon très inquiétante
l’image de notre justice :

– Il y a d’abord cette décision de décréter la procédure


de flagrance pour des faits commis il y a de cela plus de
deux mois. C’est tout un scandale sur le plan de la
compréhension des notions du droit dans la mesure où les
membres de la cour qui ont siégé ont apprécié la
flagrance non pas par rapport à la date de la commission
des faits, mais plutôt par rapport au tollé suscité par la
circulation des images sur les réseaux sociaux;
– Parmi les membres de la cour qui ont siégé, celui qui a
présidé l’audience, Omari Mutondo Marc, est candidat
député du MLC pour les élections législatives de
décembre 2023. Ayant déjà déposé sa candidature, il
aurait dû démissionner pour éviter un conflit d’intérêts car
en incompatibilité avec son statut de magistrat. Quelle
mesure la CENI prendra contre lui et quelle sanction
disciplinaire pourra lui infliger le Conseil supérieur de la
magistrature ? Rien n’est sûr.

– La présence impromptue à ce procès de Mme Eve


Bazaiba, Secrétaire générale du parti MLC et Ministre
d’État, ministre de l’Environnement du gouvernement
sortant. Curieuse coïncidence ! Elle a même déclaré
prendre part à ce procès, pour soutenir la partie civile. En
quelle qualité alors que plusieurs sources indiquent que
l’ex-épouse Kelekele Itamili Frida est une militante du MLC
à Kisangani.

Comme pour le procès des massacres de Goma, il n’est


pas politiquement correct qu’un membre du
gouvernement assiste à un procès, c’est une façon de
faire pression sur les juges ou d’influencer subtilement
l’issue du procès. Ceci explique-t-il cela ? A chacun son
opinion. Mme Bazaiba va certainement rentrer à Kinshasa
avec le sentiment d’avoir bien accompli sa mission et de
tirer pour elle-même et pour son parti des dividendes
politiques en cette période pré-électorale. A Kinshasa,
cette tendance est également observée chez les
autorités judiciaires, notamment le Président de la Cour
constitutionnelle et le Procureur général près la Cour de
cassation, qui prennent plaisir d’aller assister à des procès
tenus par leurs subalternes. C’est nouveau et ce n’est pas
correct.

– Quelques heures seulement après le prononcé du


verdict, la partie civile, Mme Kelekele Itamili Fryde, a été
nommée assistante de la Gouverneure de la Tshopo,
chargée du genre, famille, enfants et lutte contre les
violences faites aux personnes vulnérables. L’arrêté, signé
en urgence et vu la nécessité, a été lu publiquement sur
les ondes de la radio à Kisangani.

Conclusion

Croire, comme certains ont tendance à le penser,


qu’il suffit d’améliorer les conditions salariales des
magistrats ou encore de procéder à de nouvelles
nominations pour reformer la justice congolaise c’est se
tromper d’analyse. Le mal est tellement profond qu’il
touche le profil de compétences, l’éthique et la place
que les politiciens accordent à l’institution Pouvoir
judiciaire. Les trois cas triés à la volée et commentés dans
cette analyse illustrent combien est raide et dangereuse
la pente sur laquelle se situe la justice congolaise dans sa
descente vers l’abîme. Comment peut-on compter sur
une justice pareille pour statuer sur des grands litiges qui
opposent l’État congolais contre des puissances ou des
entreprises multinationales lorsqu’elle n’est même pas
capable de comprendre de simples notions comme celle
de la flagrance ? Cette justice, comme on le voit, est aussi
victime des nominations cavalières qui ne tiennent pas
compte des critères objectifs imposés par la Loi organique
portant statut des magistrats et aussi de
l’instrumentalisation du Pouvoir judiciaire pour des intérêts
de survie politique. Il n’est donc pas possible de prétendre
réformer cette justice en laissant de côté la vision globale
de la marche de la nation. C’est un tout.

Jean-Bosco Mulangaluend, Juriste & Criminologue /


Administrateur adjoint de DESC
Jean-Bosco Kongolo Mulangaluend est licencié (master)
en droit de l’Université de Kinshasa. Il est détenteur d’un
diplôme de criminologie à l’université de Montréal et d’un
diplôme des Relations industrielles et gestion des
ressources humaines à l’université du Québec en
Outaouais, au Canada. Jean-Bosco Kongolo a connu
une riche carrière professionnelle dans la magistrature
congolaise. Il a été successivement substitut du Procureur
de la République, Juge de grande instance, Président du
tribunal de paix et Conseiller de Cour d’appel. Il a fini par
démissionner volontairement de la magistrature pour
éviter de se mêler aux antivaleurs et à la corruption qui
gangrènent la justice congolaise. Au Canada, il a mis son
expertise au service du ministère de la Sécurité publique
au sein des services correctionnels du Québec.

Jean-Bosco Kongolo
Analyste des questions juridiques et politiques.

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