Procedure de Flagrance
Procedure de Flagrance
Procedure de Flagrance
2. Le caractère secret.
Elle implique une absence de communication de la
procédure au public, qui est, comme l’accusé, maintenu
dans l’ignorance des charges.
A ce niveau, la procédure est optique, non
transparente, au motif de sa nécessaire efficacité que le
secret préserverait. Les pièces du dossier ne doivent donc
pas être communiquées aux personnes poursuivies. Ce
principe est encore proclamé aujourd’hui à l’article 11 du
code de procédure pénale qui affirme le principe secret
de l’enquête et de l’instruction. Mais ce principe doit être
bien compris : d’une part, il ne s’applique qu’aux deux
phases mentionnées dans le texte et d’autre part, il n’est
que partiellement opposable aux personnes objets de la
procédure.
Comme nous le verrons, le secret de l’instruction
est très amoindri à l’égard de la personne mise en
examen qui a un droit d’accès au dossier. Le secret est
aujourd’hui surtout compris comme permettant de
protéger tant les investigations elles-mêmes, que la
présomption d’innocence (ne pas livrer les suspects au
public).
3. Le caractère non contradictoire.
Il sied de dire ici que ce caractère est de loin le
plus difficile à cerner. Avant tout, notons que le « non
contradictoire » est un non concept l’écrit s’oppose à
l’oral, le secret au public, mais le contradictoire n’a pas
de face opposée.
Le non contradictoire est donc la négation de la libre
discussion durant la procédure permettant aux parties de
débattre, de s’opposer, imposant une communication
des pièces, etc.
Autrement dit, si la contradiction fonctionne sur un
rapport peu ou prou égalitaire des moyens et des droits,
la procédure non contradictoire repose sur l’inégalité des
droits et des moyens.
C. Appréciation de la procédure inquisitoire.
On a tendance à dire que, lorsqu’un magistrat
exerce un quelconque pouvoir, que c’est un pouvoir
inquisitoire. C’est une lecture possible puisque
étymologiquement, inquisitoire signifie enquête. En
d’autre terme, il s’agit de la période au cours de laquelle
on procède à la réunion de tous les éléments pouvant
établir la culpabilité de l’infracteur.
Historiquement, l’issue du procès est jouée avant le
stade final du procès (enquête de police ou instruction).
La procédure inquisitoire reste l’archétype de la
procédure pénale bien évidemment, le modèle Abrupt et
caricatural de l’ancien droit n’existe plus dans ses excès.
Mais les caractères fondamentaux se retrouvent dans les
grandes lignes, tout en ayant été aménagés [5].
D. Les organes chargés de la répression pendant la
procédure inquisitoire en droit judiciaire Français.
1. Le juge d’instruction.
Faisant suite à une critique récurrente de la
solitude du juge d’instruction, la loi du 5 mars 2007
tendant à renforcer l’équilibre de la procédure pénale, a
mis en place des instructions, et donnée compétence aux
seuls juges d’instructions relevant de ces pôles,
éventuellement en co-saisine. La même loi avait aussi
prévu que « les juges d’instructions seraient ultérieurement
remplacés par des collègues de l’instruction » mais la date
d’entrée en vigueur de ce dispositif a été mainte fois
repoussée, avant que la loi n° 2016-1547 du 18 novembre
2016 sur la justice du XXI siècle n’abandonne
complètement cette instruction collégiale [6] (pour des
raisons davantage budgétaires qu’idéologiques) [7].
a. Fonctionnement de l’instruction.
Les juges d’instruction sont des magistrats du siège,
qui appartiennent au tribunal de Grande Instance. Ils
constituent la juridiction d’instruction au premier degré,
nommés dans les formes prévues pour les magistrats du
siège ; c’est-à-dire par décret du Président de la
République.
Les juges d’instructions sont inamovibles, mais ne
peuvent en principe rester plus de 10 ans en fonction
dans le même Tribunal. Ils sont saisis par le parquet, au
terme d’un réquisitoire introductif (éventuellement, la
partie civile peut être à l’origine de cette saisine, en cas
de plainte avec constitution de partie civile). L’instruction
a pour objet principal la mise en état des affaires
pénales ; c’est-à dire la recherche des infractions, des
preuves et de l’identité des auteurs de ces infractions.
Le juge d’instruction a des fonctions d’enquêteur,
sur les faits ainsi que sur la personnalité du suspect. Il
dispose à cette fin, de pouvoirs importants, puis qu’il peut
placer sous contrôle judiciaire, ordonner un certain
nombre des mesures d’investigations (écoutes
téléphoniques, sonorisations, reconstitutions,
confrontations, expertise, etc.) et saisir le juge des libertés
et de la détention.
Précisément la décision de placer et mise en
examen en détention provisoire n’appartient plus au juge
d’instruction, mais relève du juge des libertés et de la
détention.
Les décisions que prend un juge d’instruction sont, pour la
plupart juridictionnelles, de sorte qu’il est possible d’en
interjeter l’appel devant la chambre de l’instruction.
2. Le juge des libertés et de la détention.
Le juge des libertés et de la détention est une
création de la loi du 15 juin 2000 (en vigueur depuis le 1er
janvier 2001). Ses pouvoirs ont été accrus avec la loi du 9
mars 2004, et, plus récemment, avec la loi du 3 juin 2016.
Ce juge est un magistrat du siège mais dont la
compétence doit être bien comprise.
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser
entendre, ses fonctions ne se limitent pas à la détention
provisoire et aux remises en liberté, même si ce
contentieux lui est réservé.
Il intervient aussi comme juge de la légalité en
matière de délinquance et criminalité organisée
(prolongement de garde à vue, autorisation de
perquisitions et saisies, écoutes téléphoniques, etc.). De
manière générale, le juge des libertés et de la détention
accompagne un mouvement très important de
renforcement des pouvoirs de police, désormais décuplés
et chapeautés par lui. Avant les reformes législatives
créant le juge des libertés et de la détention et renforçant
les pouvoirs de celui-ci, les policiers n’auraient pu agir. Il
leur aurait fallu attendre l’ouverture d’une information.
Ses pouvoirs sont très étendus et sont régulièrement
accrus à chaque réforme. Sans prétendre à l’exhaustivité,
on peut dire que le juge des libertés et de la détention
intervient dans les matières suivantes :
La détention provisoire puisqu’il a désormais le
monopole en matière de placement en détention [8] ;
Certaines perquisitions et saisies afin d’obtenir la
contrainte en enquête préliminaire [9] en matière
d’audition de témoin anonyme (article 758-58) mais
également en enquêtes de police effectuées sous le
régime de la criminalité et délinquance organisées [10], il
autorise alors les prolongations.
E. La durée de la flagrance en Droit procédural Français.
L’article 53 al. 2 du Code de procédure pénale Français,
indique que la durée ne peut excéder huit jours.
Cependant, la loi n° 2004-204 du 09 mars 2004 portant
adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité
est venue allonger ce délai.
En effet, l’alinéa 3 de l’article 53 du Code de
procédure pénale Français précise que le Procureur de la
République peut décider de prolonger encore de huit
jours la durée de l’enquête de flagrance mais à la double
conditions, d’une part que des investigations soient
nécessaire à la manifestation de la vérité, et d’autre part
que l’enquête porte sur une infraction punie d’une peine,
supérieure ou égale à cinq ans.
La durée totale de l’enquête de flagrance peut
donc atteindre seize jours au-delà, pour continuer à
enquêter, il faut soit procéder en fonction des règles
relatives à l’enquête préliminaire (mais les pouvoirs
disparaissent). Soit que le Procureur de la République
fasse ouvrir une information judiciaire, qui sera alors
conduite par un juge d’instruction qui délivrera des
commissions rogatoires que les policiers exécutent.
1.2. Mission.
Les articles 6, 7,8 et 9 du code d’Organisation et
Compétence Judiciaire en Droit Congolais, énumèrent les
différentes charges du Ministère Public.
Le Ministère Public a pour mission la recherche des
infractions aux actes législatifs et règlementaires qui sont
commises sur le territoire de la République Démocratique
Congo. Il reçoit les plaintes et dénonciations. Il pose tous
les actes d’instruction puis saisit les Cours et Tribunaux, il
peut également exercer lui-même toutes les attributions
de l’Officier de la Police Judiciaire.
Il surveille l’exécution des actes règlementaires et des
jugements, il a la surveillance de tous les Officiers de la
Police Judiciaire, des Officiers Public et des Officiers
Ministériels de son ressort, sauf les agents du greffe et de
l’office des huissiers.
Il veuille au maintien de l’ordre dans les audiences devant
les Cours Tribunaux sans préjudice du pouvoir du juge qui
en assure la police d’audience. Il peut agir en matière
civile par voie d’action principalement dans l’intérêt de
toute personne physique liée qui serait inapte à ester en
justice, à assurer sa défense et à le pouvoir de l’assister à
toutes les audiences de la Cour de cassation, la Cour
constitutionnelle, la Cour d’appel et les Tribunaux de
Grande Instance.
Il ressort de cette disposition que l’obligation n’est pas
faite au Ministère Public pour ce qui est des Tribunaux de
paix pour simple raison que le juge de paix jouit du
dédoublement fonctionnel.
B. Régime juridique de la flagrance.
L’infraction flagrante obéit à un régime juridique
particulier de la célérité dans la poursuite. L’article 1 de
l’ordonnance loi n°78- 001 du 24 février 1978 [13] relative à
la répression des infractions flagrantes dit que toute
personne arrêtée à la suite d’une infraction intentionnelle
flagrante ou réputée telle, sera aussitôt déférée au
parquet et traduite sur le champs à l’audience du
tribunal.
Pour s’assurer de la fraicheur des preuves qui seront
emmenées devant le juge appelé à statuer sur l’infraction
flagrante, le législateur a décidé d’imprimer une certaine
célérité à la procédure de poursuite de cette infraction.
C’est ainsi que les particuliers ont reçu pouvoir, en
l’absence de l’autorité judiciaire chargée de poursuivre et
de tout officier de police judiciaire, de saisir l’auteur
présumé et le conduire immédiatement devant celle de
ces autorités qui est la plus proche.
Dans le même esprit, les témoins de l’infraction sont
astreints de suivre le prévenu
L’officier de la police judiciaire ou l’officier du Ministère
publique ainsi que juge pourront les y contraindre. Dans la
mesure où l’affaire n’est pas en état de recevoir
jugement, le juge saisit a reçu pouvoir d’instruire l’officier
du ministère public de procéder, toute affaire cessante,
aux devoirs d’instructions qu’il précise.
Il faut relever ici la particularité de la flagrance, qui
accroit le pouvoir du juge vis-à-vis du magistrat du
parquet. Ce dernier n’est plus totalement indépendant du
siège, parce qu’il peut recevoir les injonctions du juge
pour exécuter un devoir d’instruction.
La flagrance accroit aussi les pouvoirs des officiers de
police judiciaire, qui peuvent passer outre la réquisition
d’information pour exercer les pouvoirs du ministère public
susceptibles de délégation. La flagrance permet aussi de
se saisir des personnes bénéficiaires du privilège de
juridiction sans recourir à une autorisation préalable,
lorsque celle-ci est requise.
Par ailleurs, les perquisitions et visites domiciliaires peuvent
en matière de flagrance, s’effectuer en tout lieu et à
toute heure du jour ou de la nuit. En matière de décision
de justice, l’article 9 de l’ordonnance loi du 24 février 1978
relative à la répression des infractions flagrantes dispose
que le jugement en matière de flagrance est rendu sur
dispositif immédiatement après la clôture des débats.
Mais ce jugement est rédigé dans les 48 heures si l’auteur
de l’infraction déféré devant le tribunal a pu s’enfuir la
décision rendue contre lui est toujours réputée
contradictoire. En matière de flagrance, le prévenu
condamné dispose du droit de former appel, la
constitution de partie civile s’exerce aussi conformément
aux dispositions du code de procédure pénale. Toutefois,
la juridiction saisie de l’appel examine l’infraction
flagrante toutes affaires cessantes.
Le pourvoi en cassation est introduit conformément à la
loi. En cas de cassation, la Cour de cassation ordonne le
renvoi, s’il y a lieu, devant ses chambres réunies.
C. La durée de la flagrance en Droit procédural
Congolais.
En droit positif Congolais, la loi n’a rien dit sur le délai de
l’infraction flagrante. La jurisprudence congolaise ne s’est
jamais prononcée clairement sur le délai qui permet de
dire que l’infraction est flagrante ou réputée telle parce
qu’il n’est pas mieux définit dans le Droit positif congolais.
C’est donc l’ordonnance n°78-001 du 24 février 1978
relative à la répression des infractions flagrantes, qui
consacre une procédure de flagrance qui sort un peu de
l’ordinaire. Devant cette incertitude, la consigne de
prudence est pour la police judiciaire, de ne pas
reconnaitre trop facilement le caractère flagrant d’une
infraction. Pour ce qui concerne la précision du délai dans
lequel l’on pourrait considérer qu’une infraction est
flagrante, on peut dire que la loi est silencieuse.
De ce fait, nous constatons que ce silence a provoqué et
provoque encore d’interprétations divergentes pour la
simple raison que la flagrance d’une infraction tient en
haleine ceux qui en ont été témoins. Devant cet état des
faits qui sautent aux yeux, tant le pouvoir public que la
population voudraient voir les auteurs de telles infractions
punis dans les brefs délais parce que la procédure de
flagrance en elle-même retient l’attention de plus d’une
personne dans la mesure où sa spécialité par rapport à la
procédure pénale ordinaire, éveille la curiosité.
C’est ainsi qu’après avoir analysé ce thème, le but était
celui de comparer la notion du temps en procédure de
flagrance entre le Droit Judiciaire Français et le Droit
Judiciaire Congolais.
De ce fait, nous avions constaté que contrairement au
législateur Français qui jadis, avait opté un délai ne
dépassant huit jours en cas de flagrance, cette question a
été révisée par la loi du n° 2004 - 204 du 09 mars 2004
portant adaptation de la justice aux évolutions de la
criminalité qui à son tour permet la prolongation du délai.
Ainsi, comme il était question d’étudier la durée prévue
par chacune de ces législations, fort est de constater que
le législateur congolais n’a prévu un délai légal pour cette
question mais on recourt plutôt à la doctrine qui prévoit
un délai de 24 heures dont les imprécis de ce délai font
débats devant les Cours et Tribunaux.
La célérité a comme retombée que certains délais de la
procédure pénale ordinaire seront abrégés que certaines
étapes de cette dernière se feront enjambées. Toutefois,
l’ordonnance loi n°78-001 du 24 février 1978 relative à la
répression des infractions flagrantes n’est pas suivie à la
lettre d’autant plus que certaines de ses dispositions ne
sont pas respectées.
Après une lecture minutieuse et différentes analyses
menées par chacune de ses législations, nous avions
constaté que contrairement à la législation congolaise qui
connait encore des difficultés sur la précision du temps,
cette question a été résolue par la législation française en
apportant une précision sur la notion du temps.
Cette question reste un défi pour la République
Démocratique du Congo et entant que juriste, nous
conjurons au législateur congolais de tenir compte de
l’imprécision de ce délai en Droit positif congolais et nous
lui proposons en même temps de légiférer une loi qui
apportera plus des précisions sur la durée de la flagrance
en droit Congolais.
Bibliographie.
I. Textes légaux.
Ordonnance loi n°78-001 du 24 février 1978, relative à la
répression des infractions flagrantes - Ordonnance n°78-
289 du 3 juillet 1978 sous l’exercice des attributions des
Officiers de Police Judiciaire en droit Congolais.
II. Doctrine.
1. Ouvrages - Ambroise-Castérot et Philipe Bonfils,
Procédure pénale, 2ème édition mis à jour : septembre,
2018. - Luzolo Bambi Lessa, procédure pénale, Issa Blaise
multimédia, Kinshasa, 1999.
2. Article - M. Lemonde, « Le juge des libertés et de la
détention : une réelle avancée ? », RSC 2001.
3. Cours - José -Marie Tasoki Manzele, Cours de procédure
pénale, Ed. Harmattan, 2013-2014.
LES RISQUES ET LES LIMITES DE LA PROCÉDURE
DE FLAGRANCE EN R.D. CONGO
Conclusion
Jean-Bosco Kongolo
Analyste des questions juridiques et politiques.