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Florian Boiroux
Sous la direction de
Madame Liliane Rioux, Professeure,
Université Paris Nanterre
Présentée et soutenue publiquement le 02/12/2019
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2
Remerciements
Un grand merci aux membres du jury qui m'ont fait l'honneur d’accepter d’évaluer mon travail.
J’éprouve aussi une forme de gratitude envers les auteurs cités car ils m’ont permis d’élaborer,
d’enrichir et de soutenir la réflexion de ce travail de recherche.
J’adresse également mes remerciements à Amandine, Adrian et sa maman, Kasia et David pour
leur contribution au comité d’adaptation de l’échelle de positivité.
Je suis aussi très reconnaissant envers les personnes qui ont participé aux études et à celles qui
les ont relayés.
Je souhaite aussi remercier mon entourage familial et amical pour leur soutien. Une pensée
toute particulière pour mes filles qui ont rythmé le travail de recherche avec joie et bonheur.
3
Résumé
- (2) déterminer le rôle de la positivité parmi les autres indicateurs de la santé mentale positive
en explorant : (1) l’influence majeure de la positivité sur le fonctionnement psychologique
positif, l’affect positif et l’affect négatif, (2) la fonction de la positivité dans l’influence de la
régulation motivationnelle autonome des comportements sur le bonheur.
- (3) identifier le rôle de la positivité dans l’effet de la régulation émotionnelle fonctionnelle sur
la sphère affective de la santé mentale, que ce soit dans les situations positives ainsi que dans
les situations négatives.
Mots clés : positivité, santé mentale positive, fonctionnement psychologique positif, régulation
de soi, affect positif, affect négatif
4
Abstract
Positivity, a common and latent factor between self-esteem, optimism and life satisfaction, is
the "basic disposition" of positive affect. The purpose of this thesis is to explore the influence
of positivity on mental health. It is made up upon three objectives :
- (1) to define the place of positivity in the subjectivity of mental health by proposing : (a) to
conceive the structure of the cognitive dimension in a multidimensional way, involving the
presence of the dimensions of positive cognition and negative cognition, (b) adapt and validate
the positivity scale of Caprara and collaborators (2012) in French, (c) a model of mental
subjectivity composed of four dimensions : positive cognition, negative cognition, positive
affect and negative affect.
- (2) to determine the role of positivity among the other indicators of positive mental health by
exploring : (1) the major influence of positivity on positive psychological functioning, positive
affect and negative affect, (2) the function of positivity in the influence of autonomous
motivational regulation of behaviors on happiness.
- (3) to identify the role of positivity in the effect of functional emotional regulation on the
affective sphere of mental health, both in positive and negative situations.
Finally, this thesis presents a meta-model explaining the place and the preponderant influence
of positivity on mental health. Based on the meta-theory of self-determination, a theoretical
articulation will be put forward, reflecting the development of positivity in a similar way to that
of the human being.
5
6
Sommaire
INTRODUCTION .................................................................................................................. 16
Introduction.................................................................................................................. 27
Introduction ........................................................................................................ 31
Conclusion .......................................................................................................... 37
Introduction ........................................................................................................ 40
Conclusion .......................................................................................................... 48
7
Chapitre III. La subjectivité dans la santé mentale ................................................. 50
Introduction ........................................................................................................ 51
Conclusion .......................................................................................................... 57
Introduction ........................................................................................................ 61
Conclusion .......................................................................................................... 70
positive .................................................................................................................................... 72
Introduction ........................................................................................................ 73
8
5.1 La structure bi-dimentionnelle de la santé mentale positive ................ 74
Conclusion .......................................................................................................... 85
Introduction ........................................................................................................ 89
9
7.2 Le Big-Five .................................................................................................. 112
10
9.2 Étude 2 : Adaptation et validation de l’échelle de positivité en langue
française ........................................................................................................................ 162
11
10.1 Étude 1 : Exploration de la relation entre la positivité, la satisfaction
des besoins psychologiques et les affects positifs et négatifs ................................ 196
12
11.1.1 Analyse des corrélations entre la régulation dysfonctionnelle des
émotions et les dimensions de la subjectivité mentale .......................................... 216
13
La positivité sous l’angle de la méta-théorie de l’autodétermination...... 238
Annexes................................................................................................................................. 306
14
15
INTRODUCTION
Jusqu’au début de la seconde moitié du XXe siècle, la question de la santé mentale n’a été
traitée qu’à travers le prisme de l’absence de maladie mentale ou de troubles mentaux (Jahoda,
1958). Cette conception définit la maladie mentale comme un continuum unique où le degré
d’absence-présence de troubles mentaux détermine le niveau de santé mentale d’une personne.
En 1954, Maslow, psychologue humaniste, mit en évidence le manque de recherches sur la
santé mentale des personnes saines et proposa l’exploration du développement et du
fonctionnement positif de la personnalité, permettant aux personnes d’être adaptées à la réalité,
heureuses tout en continuant à se développer. Il évoqua notamment un idéal de société dans
lequel la culture favoriserait efficacement la santé mentale des individus. Parallèlement, la
recherche sur le bien-être dans une perspective hédonique s’est développée lorsque l’on a
commencé à chercher des indicateurs de qualité de vie pour évaluer le changement social et
améliorer la politique sociale (Land, 1975). Si les chercheurs considérèrent qu’éliminer la
maladie mentale permettait de parvenir à la santé mentale, l’absence de maladie mentale ne
constitua plus qu’un critère nécessaire, mais insuffisant pour définir la santé mentale (Jahoda,
1958). L’OMS (2004) a choisi d’incorporer la dimension positive à la définition de la santé
16
mentale. La santé mentale est « un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser,
surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et
contribuer à la vie de sa communauté » (OMS, 2004, p.12). Si la santé mentale implique des
dimensions positives et des dimensions négatives, comment se structure-t-elle ? Comment
s’articulent ses dimensions ? La question de sa structure a fait l’objet de plusieurs études depuis
les années 80 et les résultats amènent à concevoir une modélisation bi-factorielle de la santé
mentale.
Plusieurs recherches ont montré les prémices d’une structure bi-factorielle de la santé mentale
parmi les adultes et les adolescents avec pour facteurs la maladie mentale et le bien-être
subjectif (Veit & Ware, 1983 ; Wilkinson & Walford, 1998). Greenspoon et Sak-Lofske (2001)
sont les premiers à proposer un modèle bifactoriel de la santé mentale qu’ils ont nommé
"système à deux facteurs de la santé mentale". D’autres chercheurs ont dénommé le modèle
bifactoriel, « modèle d’état complet de la santé mentale » en proposant de nommer les deux
facteurs « santé mentale » et « maladie mentale » (Keyes & Lopez, 2002). Keyes (2007) l'a
renommé "modèle de deux continuums de santé mentale et des troubles mentaux". Suldo et
Shaffer (2008) ainsi que Doll (2008) l’ont nommé "modèle bi-factoriel de la santé mentale". La
santé mentale est un état complet qui comprend l'absence de symptôme négatif de maladie
mentale et la présence élevée de bien-être subjectif (Greenspoon & Saklofske, 2001 ; Keyes &
Lopez, 2002 ; Keyes, 2005 ; 2007 ; Suldo & Shaffer, 2008 ; Doll, 2008). Le modèle de Keyes
(2005) comprend deux continuums distincts, mais corrélés entre eux, le premier continuum
correspond à l’absence-présence de troubles mentaux, le second fait référence au niveau de
santé mentale. La santé mentale complète correspond à l’absence de troubles mentaux ainsi
qu’à la présence d’un niveau élevé de santé mentale.
17
Figure A. Modèles du continuum unique et des deux continuums de la santé mentale et des troubles
mentaux (Doré & Caron, 2017)
L’étude longitudinale MIDUS (Midlife in the United State) effectuée entre 1995 et 2005 aux
États-Unis et dont les résultats publiés par Keyes (2005) ont confirmé la présence de deux
continuums différents : la santé mentale et les troubles mentaux. Les résultats montrent
qu’environ trois-quarts des participants n’ont pas de troubles mentaux et qu’un peu moins de
20 % ont une santé mentale épanouissante (niveau de santé mentale considérée comme
supérieure). Ils ont mis en évidence le fait (a) que l’absence de troubles mentaux ne reflète pas
la présence de santé mentale et que (b) la présence de troubles mentaux ne constitue pas
nécessairement l’absence de santé mentale.
Plusieurs chercheurs (Greenspoon & Saklofske, 2001 ; Keyes & Lopez, 2002 ; Suldo & Shaffer,
2008) ont élaboré une classification de la santé mentale en quadrants, soit en 4 groupes selon
les symptômes de maladie mentale et les symptômes de bien-être subjectif : la santé mentale
complète, la santé mentale incomplète, la maladie mentale incomplète et la maladie mentale
complète.
18
Figure B. Classification de la santé mentale en quadrant selon les symptômes de maladie mentale et les
symptômes de bien-être subjectif (Keyes & Lopez, 2002)
Pour Keyes (2002, 2007), la santé mentale complète renvoie à un faible niveau de troubles
psychologiques associé à un haut degré de bien-être subjectif, état qu’il appelle aussi
l’épanouissement. Cet état permettrait de prévenir les troubles psychologiques à court terme
(Keyes, 2007). Les personnes ayant une santé mentale incomplète ont un faible niveau de
troubles psychologiques associé à un faible degré de bien-être subjectif. Suldo et Shaffer (2008)
les définissent comme "vulnérables" alors que Keyes (2002, 2007) les perçoit comme
"languissantes". Les personnes classées dans la catégorie maladie mentale incomplète ont des
symptômes élevés de maladie mentale, tout en ayant un bien-être subjectif élevé. Suldo et
Shaffer (2008) les nomment aussi "symptomatiques, mais contenus". Si ces personnes ont une
maladie mentale, elles disposent aussi de caractéristiques positives, en ayant un bien-être
subjectif allant de modéré à élevé. Si ces personnes sont identifiées comme anormales, elles
n’ont pas le même niveau de trouble psychologique (Suldo & Shaffer, 2008). En effet, pour
plusieurs chercheurs (Keyes & Lopez, 2002), elles peuvent s’appuyer sur les émotions positives
ainsi que sur leurs cognitions positives relatives à la satisfaction de vie et compenser leur
maladie mentale. Les personnes atteintes d'une maladie mentale complète ont des symptômes
élevés de maladie mentale ainsi qu’un faible niveau de bien-être subjectif. Suldo et Shaffer
(2008) les ont nommées "troublées".
19
Greenspoon et Saklofske (2001) ainsi que Suldo et Shaffer (2008) ont vérifié l’hypothèse de la
classification de la santé mentale en quadrants avec des preuves empiriques auprès d’une
population d’élèves issus d’écoles primaires et de collèges. Les résultats ont montré que la santé
mentale complète était présente parmi 57% des élèves, la santé mentale incomplète parmi 13%
des élèves, la maladie mentale incomplète parmi 13% des élèves et la maladie mentale complète
touchait 17% des élèves. Ils ont aussi établi que le groupe Santé mentale complète avait de
meilleurs résultats en termes de compétence de lecture, de fréquentation scolaire, de perceptions
scolaires, de buts académiques, de soutien social des camarades de classe et des parents, de
santé physique perçue, et moins de problèmes sociaux que les groupes Santé mentale
incomplète et Maladie mentale incomplète. Par la suite, Keyes (2005) proposa une classification
de la santé mentale en six catégories dans laquelle il associe la présence ou l’absence de troubles
mentaux à trois niveaux de bien-être subjectif qui peut être bas (languissant), modéré
(modérément sain pour la santé) ou élevé (florissant).
Dans son étude réalisée auprès de 3 032 adultes américains âgés de 25 à 74 ans, Keyes (2005)
montre que les participants se répartissent de la manière suivante : 7% des individus dans la
classe Maladie mentale et languissante, 14,5% dans la classe Maladie mentale et
épanouissement modéré, 1,5% dans la classe Maladie mentale et épanouissement élevé, 9,5%
dans la classe Absence de maladie mentale et languissante, 50,8% dans la classe Absence de
maladie mentale et santé mentale positive modérée et 16,8% dans la classe Absence de maladie
mentale et santé mentale positive (santé mentale complète ou florissante).
20
Figure D. Prévalence ponctuelle de la santé mentale complète dans la population adulte américaine en
1995 (N=3032), de 25 à 74 ans, comparée avec une vision idéalisée de la distribution de la santé mentale
complète (Keyes, 2007, données provenant de Keyes, 2005)
Les recherches sur les adolescents et adultes (Greenspoon & Saklofske, 2001 ; Keyes, 2007 ;
Suldo & Shaffer, 2008 ; Doll, 2008) ont montré la pertinence d’un modèle en quatre catégories
et la possibilité de classer les individus en fonction de leur degré de symptômes négatifs
psychopathologiques et de symptômes positifs comme le bien-être subjectif. Ce modèle permet
ainsi d’évaluer, de manière simultanée, le niveau de santé mentale négative et le niveau de santé
mentale positive pour offrir un profil plus complet de la santé mentale. Ces travaux offrent un
soutien théorique pour la prévention et le traitement positif de la maladie mentale (Seligman,
2008) et l’éducation positive de la santé mentale (Meng, 2008). Le traitement de la santé
mentale doit ainsi intégrer le développement de facteurs positifs comme le bien-être subjectif
(Weissberg, Kumpfer & Seligman, 2003 ; Weisz, Sandler, Durlak & Anton, 2005). En effet,
plus les personnes sont heureuses, moins elles ont tendance à présenter de symptômes de
psychopathologie (Diener & Seligman, 2002 ; Koivumaa-Honkanen & al., 2001). Le modèle
de santé mentale permet d’élaborer un diagnostic de la santé mentale intégrant la dimension
21
négative et la dimension positive générant une prévention et une action plus complète
notamment dans le traitement des symptômes psychopathologiques (Keyes & Lopez, 2002 ;
Suldo & Shaffer, 2008). Si pour déterminer la santé mentale négative, la recherche a identifié
les symptômes de maladies mentales, qu’en est-il de la santé mentale positive ? Quels en sont
ses causes ? Ses symptômes ?
Les travaux de Rogers (1951), Maslow (1954, 1962), Jahoda (1958), Erikson (1963, 1982),
Vaillant (1977), Deci et Ryan (1985), Ryff et Singer (1996) ainsi que d’autres chercheurs
(Cameron, Dutton & Quinn, 2003 ; Easterbrook, 2003 ; Gardner, Csikszentmihalyi & Damon,
2001 ; Kahneman, Diener & Schwarz, 1999 ; Murray, 2003 ; Vaillant, 2000) nous ont offert la
possibilité de « mieux comprendre les raisons, les moyens et les conditions dans lesquels les
émotions positives, les traits de personnalité positifs et les institutions permettent aux personnes
de s'épanouir » (Seligman, Steen, Park & Peterson, 2005, p.411). Selon Gable et Haidt (2005),
la psychologie positive renvoie ainsi à « l’étude des conditions et processus qui contribuent à
l’épanouissement ou au fonctionnement optimal des personnes, des groupes et des
institutions » (p.103). Sur le plan individuel, de nombreux auteurs se sont intéressés aux traits
de personnalité dit « positifs » (Maslow, 1954), c'est-à-dire aux dispositions personnelles à
fonctionner de manière à produire des conséquences positives comme les traits de personnalité
du « Big Five » (Fiske, 1949 ; Tupes & Christal, 1961 ; Borgatta, 1964 ; Norman, 1963 ; Smith,
1967 ; Digman & Takemoto-Chock, 1981) et l’optimisme dispositionnel (Carver & Scheier,
2014). Certains chercheurs (Wang, Zhang & Wang, 2011) proposent d’inclure dans le modèle
de la santé mentale, d’autres indicateurs positifs en plus de la satisfaction de vie ou de la
remplacer par d’autres construits de cognition positive comme l’optimisme ou des dispositions
de personnalité positive. En s’appuyant sur la réflexion Scheier et Carver (1993) sur “la pensée
positive” et celles de Diener, Scollon, Oishi, Dzokoto et Suh (2000) et Kozma, Stone et Stones
(2000) sur “la positivité ”, plusieurs chercheurs ont identifié un facteur commun et latent à
l'estime de soi, à la satisfaction de vie et à l'optimisme (Alessandri, Caprara & Tisak, 2012 ;
Caprara, Steca, Alessandri, Abela & McWhinnie, 2010) qu’ils ont appelé “la pensée positive”
(Caprara & Steca, 2005, 2006), “l’orientation positive” (Alessandri & al., 2012 ; Caprara,
22
Fagnani, Alessandri, Steca, Gigantesco, Cavalli-Sforza & Stazi, 2009 ; Caprara & al, 2010) ou
“la positivité” (Caprara, Alessandri, Eisenberg, Kupfer, Steca, Caprara & Abela, 2012).
L’objectif de cette thèse est d’explorer l’influence de la positivité sur la santé mentale positive
en abordant le rôle et la place de la positivité dans la santé mentale. Il s’agira d’examiner son
effet sur les dimensions de la santé mentale positive, qu’elles soient régulatrices, fonctionnelles
ou affectives.
La première partie de la thèse aura ainsi pour objet, la présentation des dimensions de la santé
mentale : cognitive, affective, fonctionnelle, régulatrice et dispositionnelle notamment dans son
orientation positive.
La deuxième partie abordera les différentes recherches sur la positivité, que ce soit à travers
son opposition à la négativité, sa place dans la subjectivité mentale, son rôle dans le
fonctionnement psychologique positif, ainsi que dans la régulation adaptative et la dimension
affective de la santé mentale. En examinant son degré d’impact sur la santé mentale positive,
cette recherche aura pour objectifs : (1) d’explorer différentes hypothèses sur la relation entre
la positivité et d’autres construits de la santé mentale positive, (2) d’étudier différents modèles
possibles intégrant la positivité, (3) de tester différents effets de médiation possible impliquant
la positivité parmi d’autres indicateurs, ce qui permettra de saisir plus précisément le rôle de la
positivité dans la santé mentale positive.
23
Dans la troisième partie, les résultats de l’ensemble de ces études nous conduiront à synthétiser
l’apport des recherches réalisées en présentant un méta-modèle qui explique la place et
l’influence prépondérante de la positivité sur la santé mentale. Il sera aussi proposé une
articulation théorique entre le développement de la positivité et celui de l’être humain. Pour
finir, nous aborderons différentes perspectives de recherche sur la positivité impliquant
notamment une orientation pratique.
24
25
CADRE CONCEPTUEL
26
Introduction
La première partie de cette thèse se propose d’aborder l’ensemble des dimensions de la santé
mentale afin de pouvoir, d’un point de vue théorique, commencer à situer la positivité parmi
les autres indicateurs de la santé mentale positive.
27
fonctionnement positif de la santé mentale. À l’opposé, il sera aussi présenté l’insatisfaction
des besoins amenant à un développement et un fonctionnement psychologique négatif, reflétant
la santé mentale négative.
Le cinquième chapitre aura pour but de poser la question de la structure de la santé mentale
positive. Pour commencer, nous verrons la complémentarité des approches hédonique et
eudémonique, ces deux approches expliquant de manière séparée, la santé mentale positive. Par
la suite, plusieurs modélisations de la santé mentale positive impliquant ces deux approches
seront proposées. Pour finir, sera abordée la question de la structure de la santé mentale positive
sous l’angle d’un facteur général multifacettes et proposée une explication théorique à cette
perspective.
L’ensemble de cette partie théorique aura pour but de décrire la santé mentale positive sous
différents angles, les théories hédonique et eudémonique du bien-être, la régulation adaptative
et fonctionnelle ainsi que les traits positifs de la personnalité.
28
29
Chapitre I. La dimension cognitive
de la santé mentale
30
Introduction
En 1954, Maslow identifie la justesse dans la perception de la réalité comme une caractéristique
de la personnalité saine, renvoyant à la clarté, à la précision et à la perspicacité dans
l’observation et l’interprétation de la réalité. Quelques années plus tard, Jahoda (1958) propose
différents indicateurs de la santé mentale positive parmi lesquels on retrouve la dimension
« Perception de la réalité » qui fait référence à la capacité d’une personne à interpréter le monde
autour d’elle de la manière la plus réaliste possible. Dans les années 60, l’approche cognitive
de la santé mentale s’est développée autour des travaux sur la relation entre cognition et émotion
(Arnold, 1960 ; Lazarus, 1966) et notamment entre cognition et maladie mentale (Ellis, 1962 ;
Beck, 1963) affirmant que le fonctionnement de la santé mentale repose sur un ensemble de
cognitions ou d’interprétations de la réalité dont certaines peuvent être liées à un trouble
psychologique spécifique (Beck, 1976) ou à un trouble de la personnalité (Beck, Freeman &
al., 1990). Existe-t-il des caractéristiques permettant de déterminer ce qui relève d’une vision
juste et d’une interprétation juste de la réalité ? Ou s’en rapprochant ? Comment s’articuleraient
la cognition positive et la cognition négative ? La meilleure caractéristique ne serait-elle pas le
degré d’adaptation à la réalité ? Ainsi que l’effet positif sur la santé mentale ?
L’approche cognitive met en lumière le rôle prépondérant des pensées et des processus de
pensée que ce soit dans la santé mentale négative ou dans la santé mentale positive. Dans la
recherche sur la santé mentale négative, plusieurs chercheurs (Ellis, 1994 ; Ellis & Harper,
1975) suggèrent notamment que la cause des névroses relèverait davantage de l’interprétation
des événements que de ces événements en eux-mêmes. Dans la recherche sur la santé mentale
positive, plusieurs chercheurs (Diener, Lucas & Oishi, 2002) considèrent que la manière de
penser est “beaucoup plus importante pour le bonheur que les circonstances objectives” (p.68).
Si certains chercheurs pensent que la santé mentale est déterminée par la manière de penser
(Ellis, 1994 ; Ellis & Harper, 1975 ; Schwartz & Garamoni, 1986, 1989), comment pouvons-
nous décrire la sphère cognitive ? Existe-t-il une dimension globale ? Est-elle composée de
plusieurs dimensions ? Positive et négative ?
31
Les différences entre les personnes dans la manière de voir et d’interpréter le monde
expliqueraient les différences entre les personnes dans les symptômes de santé mentale positive
par l’intermédiaire de la positivité et dans les symptômes de santé mentale négative par
l’intermédiaire notamment de la négativité. La construction de la réalité est basée sur les
perceptions et les interprétations de l’individu, qui peuvent notamment être faillibles (Bedrosian
& Beck, 1980).
L’ensemble des construits que sont l’estime de soi, l’optimisme et la satisfaction de vie ont en
commun la dimension cognitive évaluative renvoyant à une comparaison entre la situation
actuelle et les standards, que ce soit à propos de soi, du futur et de la vie. L’estime de soi fait
référence à une « attitude favorable ou défavorable envers soi-même » (Rosenberg, 1965, p.18),
l’attitude « incluant les faits, opinions et valeurs dans le regard porté sur soi, en tant
qu'orientation favorable ou défavorable vers le soi » (Rosenberg, 1965, p.5). Elle correspond à
l’évaluation de sa valeur personnelle et est ainsi le reflet d’une attitude positive fait
d’acceptation, de tolérance, de satisfaction et de respect à l’égard de soi-même (Rosenberg,
1985). L’estime de soi reflète l’écart entre la perception du soi actuel et la vision du soi idéal
(James, 1890 ; Rosenberg, 1979 ; Coopersmith, 1967 ; Harter, 1985 ; Higgins, 1987) impliquant
les attentes et aspirations personnelles (Coopersmith, 1967) et les valeurs de référence
(Rosenberg, 1965). Pour Carver et Scheier (2001), « les optimistes sont les personnes qui
s’attendent à vivre des expériences positives dans le futur. Les pessimistes sont celles qui
s’attendent à vivre des expériences négatives » (p. 31). Le concept d’optimisme est compatible
avec les travaux de Carver et Scheier (1981) sur les comportements d’autorégulation
poursuivant la longue tradition de la théorie de l'espérance-valeur (Scheier, Carver & Bridges,
2001). L’optimisme traduit un écart favorable entre la perception du futur et la perception du
but-standard tandis que le pessimisme renvoie à un écart défavorable entre la perception du
futur et la perception du but-standard (Scheier & Carver, 1985 ; Carver & Scheier, 2014). Shin
et Johnson (1978) définissent la satisfaction de vie comme « l’évaluation globale de la qualité
de vie de la personne en accord avec les critères qu’elle a choisie » (p. 478). L’évaluation de
la satisfaction de vie permet une estimation par la personne elle-même de l’état actuel de sa vie
en comparaison avec son standard personnel donnant ainsi à chaque personne la liberté de
32
définir ce qui est une bonne vie (Diener, 1984). Ces trois construits, qui sont fortement corrélés
entre eux, correspondent à un mode d’évaluation globale et durable de l’écart entre la réalité et
les standards, inconscients et conscients, amenant un mode de pensée et de faire face à la vie
« qui affecte la manière dont les personnes évaluent leurs expériences subjectives » exerçant
une « influence omniprésente sur les sphères affectives, cognitives et comportementales »
(Caprara & al., 2012, p.702). La personne heureuse évalue de manière positive l’écart entre ses
aspirations et ses réalisations (Argyle, 1987 ; Csikszentmihalyi & Wong, 1991 ; Michalos,
1985) et porte son attention sur les caractéristiques positives et efficaces des situations (Diener,
1998 ; Lyubomirsky & Tucker, 1998). Elle considère que les expériences récentes de sa vie
sont plus agréables (Matlin & Gawron, 1979), notamment, en comparant favorablement les
situations par rapport à son passé (Parducci, 1995 ; Tversky & Griffin, 1991). Les cognitions
positives correspondent ainsi à une évaluation favorable de l’écart entre le réel et les standards
tandis que les cognitions négatives font référence à une évaluation défavorable de l’écart entre
le réel et les standards.
Dans une recherche sur les pensées automatiques positives et négatives, Bryant et Baxter (1997)
affirment que les cognitions positives et les cognitions négatives sont mieux conceptualisées
comme des domaines distincts et multifacettes de l'expérience cognitive plutôt que comme les
extrémités opposées d’un continuum unidimensionnel bipolaire. Schwartz et Garamoni (1986,
1989) ont développé un modèle portant sur l’état d’esprit, qui propose que le fonctionnement
psychologique soit adapté lorsqu’il y a une balance optimale entre les cognitions positives et
les cognitions négatives. Au contraire, les déséquilibres et déviations dans la balance entre les
cognitions positives et les cognitions négatives amènent à la psychopathologie et aux troubles
mentaux. Cette balance entre les cognitions positives et les cognitions négatives permet
d’expliquer le fonctionnement psychopathologique, le fonctionnement psychologique normal
et la santé mentale (Schwartz, 1986 ; Schwartz & Garamoni, 1986, 1989). Schwartz et
Garamoni (1986, 1989) pensent que ce n’est pas le nombre de cognitions positives et de
cognitions négatives qui déterminent la santé mentale, mais le ratio entre les cognitions
positives et les cognitions négatives. Le monologue négatif correspond à une proportion de
cognitions positives allant de 0% à 31% et caractérise les psychopathologies sévères. Le
dialogue négatif (ratio de cognitions positives allant de 32% à 44%) renvoie à une
psychopathologie modérée. Le dialogue interne de conflit (ratio de cognitions positives situées
33
entre 45% et 55%) renvoie à de faibles niveaux de psychopathologie. Dans le monologue
positif, la proportion de cognitions positives est égale ou supérieure à 69%, ce qui indique un
équilibre cognitif psychologiquement non sain, comme la manie. Le dialogue positif (ratio de
cognitions positives allant de 56% à 68%) reflète l’équilibre optimal de la santé mentale, les
cognitions négatives permettant de rester suffisamment réaliste. Cacioppo et Berntson (1999)
ont suggéré une tendance biologique chez l’homme à être positivement prédisposé à des stimuli
neutres, cette tendance contrebalançant la réactivité naturelle des humains aux stimuli négatifs
(Baumeister & al. 2001).
1.2 La négativité
Beck (1967, 1976) affirme que toute psychopathologie implique la présence d'un traitement
dysfonctionnel de l'information, d'un mode de pensée immature. Dans les années 60, il apporte
une contribution importante à l’étude de la dépression en explorant l’association entre
dépression et processus de pensée ; il démontre le rôle prépondérant des cognitions négatives
dans la dépression (Beck, 1963). Plusieurs études ont confirmé qu’il existe un facteur sous-
jacent à la dépression que l’on peut appeler la pensée négative (Anderson & Skidmore, 1995 ;
Bebbington, 1985 ; Haaga Dyck & Ernst, 1991 ; McIntosh & Fisher, 2000 ; Willner, 1984). Les
processus de pensée négative ou cognitions négatives sont semblables à une pensée spécifique,
tels qu'une interprétation ou une autocritique (Beck, 1963). Les cognitions négatives relatives
à une faible estime de soi, des idées de privation, d'autocritique et des idées suicidaires sont
significativement en relation avec la dépression (Beck, 1963). Quelques années plus tard, Beck
(1967) développe sa théorie de la « triade cognitive négative » dans laquelle il explique que la
dépression résulte de schémas de cognitions négatives à propos de soi, de l’avenir et du monde
environnant. Les schémas sont des structures cognitives relativement stables, stockées en
mémoire à long terme et « constituent la base de la régularité des interprétations d'un ensemble
particulier de situations » (Beck & al, 1979, p.12). Ainsi, les schémas négatifs s’activent en
réponse à des événements de vie négatifs induisant un filtrage des pensées automatiques qui
génère des distorsions cognitives et des cognitions négatives amenant potentiellement une
augmentation des symptômes dépressifs (Beck, 1964). Lorsqu’une situation stressante menace
les faiblesses de la structure cognitive de l’individu, un processus cognitif dysfonctionnel
s’active à travers les distorsions cognitives amenant à des troubles psychologiques (Beck, 1967,
34
1976). Le stress déclenche un changement cognitif qui, en s'amplifiant, provoque des pensées
automatiques répétitives et irréalistes, mais vraies pour l'individu (Beck, 1967 ; Beck & Shaw,
1977). Au fur et à mesure que les pensées déformant la réalité s’établissent, elles participent au
développement et au maintien du trouble psychologique spécifique (Beck & Weishaar, 1989).
Pour Beck (1967), le trouble psychologique est caractérisé par un contenu cognitif spécifique,
par un nombre important de distorsions cognitives de la réalité externe ainsi que par des
croyances fondamentales et des pensées automatiques fausses et résistantes dans la réalité
interne (Beck & Weishaar, 1989). Les facteurs à l’origine des troubles mentaux peuvent être
biologiques, développementaux et environnementaux, les cognitions étant une dimension
intrinsèque de la psychopathologie sans en être à l’origine (Beck & Weishaar, 1989). Les
cognitions négatives sont notamment considérées comme la voie d’accès commune au mal-être
entre la dépression et la paranoïa (Fowler, Hodgekins, Garety, Freeman, Kuipers, Dunn, Smith
& Bebbington, 2012).
Beck (1964) suggère que les cognitions négatives peuvent être modifiées en faisant prendre
conscience à la personne dépressive que ces pensées automatiques ne reflètent pas la réalité.
Par conséquent, la modification de schémas négatifs amène une interprétation plus positive de
la réalité. La triade cognitive de Beck (1967) qui propose qu’une vision négative de soi, du
monde et de l'avenir occupe une place centrale dans la dépression, a permis, de manière
antagoniste, le développement de la théorie sur la positivité.
1.3 La positivité
Diener, Scollon, Oishi, Dzokoto et Suh (2000) considèrent la positivité comme la tendance à
évaluer de manière positive les aspects de la vie. Pour Scheier et Carver (1993), la “pensée
positive”, quant à elle, occupe une place centrale dans la confiance des individus en leur avenir.
Caprara et ses collaborateurs (2012) définissent la positivité comme “la tendance à voir la vie
et les expériences avec une vision positive” (p.701).
Kozma, Stone et Stones (2000) pensent que la positivité est un facteur dispositionnel général
du bien-être subjectif qui expliquerait la variation individuelle et la stabilité dans le bonheur
malgré les changements environnementaux. La positivité serait une “disposition de base”
35
(Caprara & al., 2012) qui permettrait d’exercer d'importantes fonctions biologiques (Caprara &
al., 2009), notamment pour qu’une personne puisse se développer et s’épanouir tout « en faisant
face à l’adversité, aux échecs, aux pertes » (Caprara & al., 2012, p.702) et « en continuant à
prendre soin de sa vie malgré le déclin du vieillissement et l'idée de la mort » (Alessandri &
al., 2012 ; Caprara & al., 2010, cité par Caprara & al., 2012, p.702). Ainsi, plusieurs recherches
ont montré que la positivité est négativement et fortement corrélée à la dépression (Caprara &
al.,2012 ; Heikamp & al., 2014).
La positivité est une disposition à la cognition positive qui influence la subjectivité dans la
manière dont les personnes vont vivre émotionnellement leurs expériences, constituant une
“disposition de base” au bonheur (Caprara, Eisenberg & Alessandri, 2017). Le bonheur résulte
ainsi d'une "propension générale à vivre les choses de manière positive " (Diener, 1984, p.565).
36
Conclusion
Les travaux d’Ellis (1962) et de Beck (1967) sur l’approche cognitive de la santé mentale ont
permis de mettre en lumière le rôle prépondérant de la structure cognitive et des cognitions
négatives dans la dépression et les troubles psychologiques. Des années plus tard, d’autres
chercheurs ont identifié “la positivité” comme facteur commun et latent à l'estime de soi, à
l'optimisme et à la satisfaction de vie (Caprara & Steca, 2005, 2006 ; Caprara, Fagnani,
Alessandri, Steca, Gigantesco, Cavalli-Sforza & Stazi, 2009) qui constitue une “disposition de
base” au bonheur. L’estime de soi correspond à une évaluation de l’écart entre le soi actuel et
le soi idéal, l’optimisme implique la comparaison de la perception du futur avec le but-standard,
la satisfaction de vie, entre l’état actuel de sa vie et le standard personnel. La cognition positive
serait donc le résultat d’une évaluation favorable de l’écart entre le réel et les standards, la
cognition négative, d’une évaluation défavorable de l’écart entre le réel et les standards. Le
modèle proposé par Schwartz et Garamoni (1986, 1989) sur l’état d’esprit suggère qu’il y a
adaptation lorsqu’il y a une balance optimale entre les cognitions positives et les cognitions
négatives amenant un fonctionnement psychologique normal et la santé mentale. Plusieurs
études soutiennent ce modèle d’état d’esprit, qu’elles soient menées auprès de personnes
étudiantes et adultes ayant une santé mentale normale (Calvete & Connor-Smith, 2005 ;
Garamoni & al., 1991), de personnes anxieuses (Diaz, Glass, Arnkoff & Tanofsky-Kraff, 2001),
ayant une phobie sociale (Sturmer, Bruch, Haase & Amico, 2002), souffrant d’agoraphobie
(Michelson, Schwartz & Marchione, 1991) ou de dépression (Gararnoni & al., 1991). Tandis
que la vision négative de soi, de l’autre, de l’avenir et de la vie renvoie à la santé mentale
négative, la vision positive et réaliste de soi, de l’autre, de l’avenir et de la vie détermine la
santé mentale positive.
Alors que les travaux de Maslow (1954) et Jahoda (1958) ont identifié la capacité à percevoir
et interpréter la réalité de manière juste comme un facteur de la santé mentale positive, Beck
(Beck, 1967, 1976 ; Beck & Emery, 1985 ; Beck, 1995) a répertorié pour la santé mentale
négative, plusieurs distorsions cognitives induisant un biais dans l'interprétation de la réalité
comme l'inférence arbitraire, l'abstraction sélective, la surgénéralisation, l'exagération, la
minimisation, la personnalisation et la pensée dichotomique. À l’inverse, existe-t-il des styles
d’évaluation amenant à une vision juste et une interprétation juste ? Et positive ? Les schémas
37
de pensée négatifs ont tendance à être renforcés lorsque la personne relève des informations
congruentes dans son environnement (Beck & Emery, 1985). En est-il de même pour les
cognitions positives ? Par exemple, Caprara et ses collaborateurs (2017), en s’appuyant sur
plusieurs travaux (Cummins & Nistico, 2002 ; Taylor & Brown, 1988) suggèrent que la
positivité pourrait expliquer, tout du moins de manière partielle, plusieurs mécanismes
psychologiques tels que les illusions positives, les comparaisons égoïstes et distorsions, les biais
égocentriques et les manœuvres d’amélioration de soi.
38
Chapitre II. La dimension affective
de la santé mentale
39
Introduction
La question de l’affect remonte aux premières réflexions des philosophes sur la psychologie et
notamment dès l’antiquité, à travers la théorie des humeurs popularisées par Hippocrate (460-
377 av. J.C.) avec l’idée d’équilibre dans l’harmonie des quatre grandes humeurs (sang, flegme,
bile jaune, bile noire), la maladie mentale reflétant un déséquilibre entre ces humeurs. Pour
Platon (427-347 av. J.C.), les maladies mentales étaient causées par une surabondance en
émotions négatives. Les affects étaient l’expression de l’âme humaine et, pour Aristote,
représentaient la « cause du mouvement vital chez les vivants ». L’affect a un rôle central dans
l’expérience de la vie humaine dans la mesure où il correspond à une “tonalité hédonique
continue qui colore la vie des personnes” (Gray & Watson, 2007), l'expérience affective étant
l'une des dimensions les plus essentielles de l'activité mentale (Panksepp, 2012). Aristippe de
Cyrène, philosophe grec du quatrième siècle, fondateur de l’hédonisme, a dit : « le but de la vie
est de connaître le maximum de plaisir et le bonheur est la totalité de ces moments
hédoniques ». Cette conception hédoniste du but de la vie a été soutenue par d’autres
philosophes qui suivirent. Épicure, fondateur de l’Épicurisme en -306 avant J.C, pensait que
« le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse » alors que « le dernier degré du
bonheur est l'absence de tout mal ». Comment pouvons définir l’affect ? De quoi est-il
composé ? Quels sont sa place et son rôle dans la santé mentale ?
À partir de la fin des années 50, plusieurs chercheurs ont proposé différents modèles visant à
expliquer la structure factorielle de la composante affective de la santé mentale, certains
présentant un modèle à trois facteurs (Engen, Levy & Schlosberg, 1958), d’autres plus tard
démontrant la validité d’un modèle à deux dimensions (Watson, Clark & Tellegen, 1984 ;
Watson & Tellegen, 1985), permettant notamment de déterminer la place de la dépression et du
bonheur dans la composante affective de la santé mentale. Au début des années 1990, plusieurs
chercheurs (Batson, Shaw & Oleson, 1992) ont remarqué que les termes affect, humeur et
émotion étaient utilisés sans qu’il soit fait de distinction entre eux. Dans d'autres recherches,
l’affect sert à désigner la composante expérientielle (Buck, 1993 ; MacLean, 1990) ou
comportementale (Kaplan & Sadock, 1991) de l'émotion. Depuis, plusieurs recherches ont
apporté des éléments permettant de faire la distinction entre ces différents construits de la sphère
40
affective (Alpert & Rosen, 1990 ; Batson et al., 1992 ; Beedie, Terry & Lane, 2005 ; Russell,
2003 ; Russell & Feldman Barrett, 1999), ce qui amène à mieux définir la notion d’affect.
Selon Ulrich (1983), "l’affect est au centre de l'expérience consciente et du comportement dans
n'importe quel environnement, que ce soit naturel ou construit, plein ou vide, parce que
quasiment aucune pensée, action ou interaction avec l’environnement ne se produit sans affect"
(p.85). Les états affectifs intègrent le plaisir et le déplaisir, la tension et la détente, l’énergie et
la fatigue, la nature et l'intensité de l'affect variant dans le temps. Scherer (1984) pense que
l’affect est une catégorie de niveau supérieur qui comprend les émotions, le stress, l’humeur et
les autres impulsions motivationnelles tandis que pour Gross (2015), l’affect est constitué des
émotions, du stress et de l’humeur.
D'après Scherer (2000), l’émotion peut se définir comme étant « un processus de réaction d’un
organisme face à un événement significatif ». C’est un « épisode dynamique qui implique un
processus de changement continu dans tous les sous-systèmes (cognition, motivation, réactions
physiologiques, expressions motrices) pour s’adapter avec flexibilité aux événements pertinents
et aux conséquences potentiellement importantes pour un individu » (Grandjean, Sander &
Scherer, 2008, p. 485). La première distinction que l’on peut faire entre émotion et humeur
concerne la durée (Nowlis & Nowlis, 1956) ; l'humeur renvoyant à un "climat émotionnel
omniprésent et soutenu" alors que les émotions sont "des changements fluctuants dans le
41
"climat" émotionnel" (APA, 1994, p. 763). L’humeur est plus étendue que l’émotion en termes
de durée et de fréquence (Gray & Watson, 2007). La deuxième distinction renvoie au fait que
les émotions sont plus spécifiques (Frijda, 1993 ; Isen, 1984 ; Lazarus, 1993) tandis que les
humeurs sont plus diffuses (Morris, 1989), globales, sans raison spécifique et de faible intensité
(Frijda, 2009 ; Ekkekakis, 2012). La plupart des chercheurs considèrent qu’il existe cinq
émotions de base que sont la joie, la tristesse, la colère, le dégoût et la peur, auxquelles certains
auteurs ajoutent la surprise (Ekman, 1984 ; Izard, 1977 ; Johnson-Laird & Oatley, 1992 ;
Plutchik, 1980 ; Tomkins, 1962/1963). Selon Nesse (1990), il y a davantage de types
d’émotions négatives que d’émotions positives, car dans l’environnement il existe davantage
de situations de menaces que d’opportunités. Les émotions négatives amènent à s’adapter à
l’environnement (Fredrickson, 1998) par l’intermédiaire de tendances d’actions spécifiques
(Frijda, 1986 ; Lazarus, 1991). Pour Frijda (1986), l’émotion caractérise la tendance à l’action
comme un état de préparation « pour exécuter un type donné d’action » (p. 70). Selon l’émotion
ressentie, cela engendre un type de conséquences comportementales (Ekman & Davidson, 1994
; Frijda, 1986 ; Scherer, 1994).
Tableau 2.2. Tendances à l’action et fonctions des émotions (Frijda, 1986) adaptée par Rimé (2009)
Le stress renvoie à « un état de détresse et de souffrance en rapport avec les épreuves, les
difficultés, l’adversité ou l’affliction » (Lazarus & Folkman, 1984, p.2) dans le but de s’adapter
42
à une situation (Selye, 1936). Le stress peut se définir comme “une relation particulière entre
la personne et son environnement évaluée par la personne comme excédant ses capacités et
mettant en danger son bien-être” (Lazarus & Folkman, 1984, p.19). Les événements évalués
comme menaçants ont tendance à être liés aux émotions négatives et à l’anxiété (Lazarus, 1991
; Sarason & Sarason, 1990) et au sentiment de ne pas être en mesure de faire face à la menace
(Bandura, 1997 ; Lazarus, 1991 ; Smith, 1991).
43
Figure 2.3. Solution d’une analyse multidimensionnelle pour 28 termes émotionnels qui forment un
circumplex selon Russell (1980) adapté en français par Krauth-Gruber, Niedenthal et Ric (2009)
Figure 2.4. Modèle circumplex de Russel (1980) adapté en français par Krauth-Gruber, Niedenthal et
Ric (2009)
Plusieurs chercheurs (Russell & Pratt, 1980 ; Russell & al., 1981, 1989 ; Russell & Lanius,
1984 ; Russell & Carroll, 1999 ; Russell & James, 2003 ; Zajonc & Markus, 1984) conçoivent
les dimensions plaisant/déplaisant et excitation/absence d’excitation comme des indicateurs de
l’affect tandis que la dimension dominance est considérée comme relevant du cognitif (Russell
& Pratt, 1980 ; Russell & al., 1981). En 1974, Mehrabian et Russell ont défini l’excitation
comme une activation mentale "allant du sommeil à l'excitation frénétique". Pour certains
44
chercheurs (Berlyne, 1966, 1970 ; Thayer, 1967), plusieurs adjectifs utilisés par Mehrabian et
Russell renvoyant à l’excitation feraient référence à un facteur cognitif et non affectif (Bakker,
Van Der Voordt, Vink & De Boon, 2014).
Figure 2.5. Modèle circumplex de Watson et Tellegen (1985) adapté en français par Krauth-Gruber,
Niedenthal et Ric (2009)
Si l’on peut être amené à penser que ces deux facteurs sont des pôles opposés d’une même
dimension, les affects positifs et les affects négatifs sont en réalité des dimensions très distinctes
qui peuvent être représentées comme non corrélées (Watson, Clark & Carey, 1988). Ils peuvent
être évalués en tant qu'état, renvoyant aux fluctuations transitoires de l'humeur, ou en tant que
45
trait représentant des différences individuelles stables dans le temps (Watson, Clark & Carey,
1988). L'affect négatif est un facteur général de détresse subjective qui comprend un vaste
répertoire d’états d’humeurs négatifs et notamment la peur, l’anxiété, l’hostilité, le mépris et le
dégoût. Les humeurs dépressives telles que la tristesse et la solitude rejoignent l’état affectif
négatif sur le plan factoriel (Watson, Clark & Carey, 1988). L’affectivité négative est une
disposition large et généralisée à éprouver des émotions négatives qui a des influences sur la
cognition, le concept de soi et la vision du monde (Watson & Clark, 1984). La dépression est
le mix entre un niveau élevé d’affect négatif et un niveau bas d’affect positif (Watson, Clark &
Carey, 1988). L’affectivité positive est une disposition qui renvoie à un niveau d'engagement
agréable avec l'environnement (Watson, Clark & Carey, 1988). L’affect positif reflète
l’enthousiasme, un bon niveau d'énergie, de la vivacité d'esprit, de l’intérêt, de la joie et de la
détermination (Watson, Clark & Carey, 1988). L’affectivité positive correspond à une
prédisposition à l’expérience émotionnelle positive qui renvoie à un bien-être généralisé
(Watson, Clark & Carey, 1988). Si, pour Bradburn (1969), le bonheur est une prévalence des
affects positifs sur les affects négatifs, pour Diener, Oishi et Lucas (2003), il peut se définir
comme étant un équilibre approprié entre les affects positifs et les affects négatifs. Bradburn et
Caplovitz (1965) suggèrent que les affects positifs et les affects négatifs sont deux facteurs
indépendants et qu’ils doivent être mesurés séparément. Diener, Smith et Fujita (1995) ont
montré que les affects positifs et les affects négatifs sont corrélés de manière inverse et modérée,
mais qu’ils sont clairement distincts. Larsen et Diener (1992) proposent un modèle circumplex
contenant comme le modèle de Russell (Russell, 1980), deux dimensions bipolaires renvoyant
à la valence et à l’activation.
46
Figure 2.6. Modèle circumplex de Larsen et Diener (1992) adapté en français par Krauth-Gruber,
Niedenthal et Ric (2009)
En s’appuyant sur les principales caractéristiques des travaux de Green et ses collaborateurs
(1993), Tellegen et ses collaborateurs (1994), Feldman (1995), Lang et ses collaborateurs
(1993), Reisenzein (1994), Russell (1980) et Thayer (1989) d’une part, et sur le modèle de
Larsen et Diener (1992) d’autre part, Feldman Barrett et Russell (1998) ont exploré une
structure sémantique de l’affect avec plusieurs critères ; les termes utilisés sont supposés
opposés et bipolaires, et représentent la gamme complète des termes agréables et désagréables
tout en prenant en compte la notion d’activation.
Figure 2.7. Le cercle intérieur correspond à une carte de l’affect tandis que le cercle extérieur situe
plusieurs épisodes émotionnels prototypiques (Feldman Barrett et Russell, 1998) adapté en français par
Krauth-Gruber, Niedenthal et Ric (2009)
47
Conclusion
Depuis les premières réflexions philosophiques, l’affect est considéré comme une dimension
essentielle si ce n’est la plus importante de l'activité mentale (Panksepp, 2012) : il est
l’expression de l’âme et de la vie chez les êtres humains. Il intègre à la fois le ressenti
émotionnel global relevant de l’humeur, des émotions plus épisodiques et le stress (Gross,
2015). Plusieurs recherches ont démontré la structure bi-factorielle de la composante affective
de la santé mentale avec d’une part les affects positifs et d’autre part les affects négatifs, facteurs
considérés comme clairement distincts. L'affect négatif implique un vaste répertoire d’états
d’humeur négatifs et notamment la peur, l’anxiété, l’hostilité, le mépris et le dégoût ainsi que
les états d'humeur dépressifs tels que la tristesse et la solitude, la dépression étant aussi associée
à un niveau bas d’affect positif (Watson, Clark & Carey, 1988). Toutefois, il n’en demeure pas
moins que les émotions négatives ainsi que le stress ont aussi une fonction adaptative à
l’environnement (Fredrickson, 1998 ; Frijda, 1986 ; Seyle, 1936). L’affect positif reflète
l’enthousiasme, un bon niveau d'énergie, de la vivacité d'esprit, de l’intérêt, de la joie et de la
détermination et renvoie au bonheur qui se définit comme la prévalence des affects positifs sur
les affects négatifs (Bradburn, 1969). Pour plusieurs chercheurs (Watson & Clark, 1984), on
peut parler de l’affect sous forme d’état ou de trait, l’état fait référence au momentané tandis
que le trait correspond à une forme dispositionnelle de l’affect, impliquant ainsi l’idée d’une
disposition au bonheur ou à la dépression. La balance entre les affects positifs et les affects
négatifs renvoie à la définition de la santé mentale donnée par l’OMS qui implique un état de
bien-être (OMS, 2005), l’affectivité négative étant notamment considérée comme un trait de
personnalité pathologique dans le DSM-5. La structure bi-factorielle de la dimension affective,
c'est-à-dire la distinction faite entre affect positif et affect négatif, reflète inévitablement celle
faite entre santé mentale positive et santé mentale négative. Plusieurs recherches, notamment
de Scherer (2000) sur les émotions et de Lazarus et Folkman (1984) sur le stress, mettent en
lumière le rôle de l’évaluation cognitive dans la relation entre la personne et son environnement
ainsi que son lien avec les affects.
48
49
Chapitre III. La subjectivité
dans la santé mentale
50
Introduction
La santé mentale est un état complet qui comprend l'absence de symptôme négatif de maladie
mentale et la présence d’un niveau de bien-être subjectif élevé (Greenspoon & Saklofske, 2001 ;
Suldo & Shaffer, 2008 ; Doll, 2008). Cependant certains chercheurs (Wang, Zhang & Wang,
2011) suggèrent d’y intégrer d'autres indicateurs positifs que la satisfaction de vie, ou de
remplacer cette dernière par un autre indicateur relatif à la cognition positive comme
l’optimisme.
Si nous intégrons la cognition positive, ne serait-il pas aussi nécessaire de prendre en compte
la cognition négative comme indicateur de la maladie mentale ? La positivité est un mode de
pensée et de faire face à la réalité qui influence la manière dont les personnes évaluent leurs
expériences subjectives et il devrait en être de même pour la négativité. La notion de subjectivité
dans la santé mentale a été mise en lumière par Diener (1984) qui propose le modèle du bien-
être subjectif. Son approche suggère ainsi que l’on doit prendre en compte la dimension
cognitive en plus de la dimension affective dans l’évaluation de la santé mentale positive, les
différences individuelles dans le bien-être subjectif étant notamment la conséquence de
différences dans la manière dont les gens pensent le monde.
Comme pour la dimension affective, nous pouvons faire la distinction entre la cognition-état
qui peut être propre à la situation et la cognition-trait qui renvoie à un mode durable
d’évaluation de la personne. Les pensées peuvent varier selon les domaines, les moments, les
situations, elles peuvent être positives ou négatives. Pourrait-on ainsi les évaluer sur l’ensemble
des plans de la vie ? Vis-à-vis de soi ? Des autres ? Du passé ? Du présent ? Du futur ? Dans
l’action ? Face aux problèmes ? Comme pour les pensées, devrait-on aussi mesurer les affects
sur l’ensemble des plans de vie ? Effectivement, les pensées comme les affects, qui peuvent
relever d’une tendance dispositionnelle, peuvent aussi être situationnelles. Elles renvoient à la
perception subjective de la personne, c’est-à-dire à un point de vue, à une impression, une
interprétation, un ressenti amenant un bien-être ou un mal-être subjectif.
51
3.1 Subjectivité mentale : cognition et affect
Diener, en 1984, présente le modèle du bien-être subjectif composé de trois dimensions : l’affect
positif, l’affect négatif et la satisfaction de vie. Shin et Johnson (1978) définissent la satisfaction
de vie comme « l’évaluation globale de la qualité de vie de la personne en accord avec les
critères qu’elle a choisis » (p. 478) alors que le bonheur, selon Bradburn (1969), est une
prévalence des affects positifs sur les affects négatifs. Pour Diener et ses collaborateurs (1985),
l’évaluation de la satisfaction de vie est pertinente et importante, car elle apporte une mesure
par la personne elle-même entre l’état actuel de sa vie et son standard personnel, et par
conséquent approprié à sa vie, sans que rien ne soit imposé de l’extérieur. C’est la
caractéristique principale du modèle de bien-être subjectif qui porte son regard sur une
évaluation dont l’origine est la personne sans qu’il y ait de critères d’évaluation provenant des
chercheurs et donnant ainsi à chaque personne la liberté de déterminer ce qui est une bonne vie
(Diener, 1984). Andrews et Withey (1976) ont montré que la satisfaction de vie était distincte
de la plupart des affects, qu’ils soient positifs ou négatifs. Lucas, Diener et Suh, (1996) ont
confirmé à de nombreuses reprises la structure en trois facteurs : la satisfaction de vie, affect
positif et affect négatif.
Selon Diener, Emmons, Larsen et Griffin (1985), le modèle du bien-être subjectif est constitué
de deux composants : (1) l’aspect affectif et émotionnel (Affect positif/Affect négatif), (2)
l’aspect cognitif évaluatif (satisfaction de vie). Le bien-être subjectif a trois principales
caractéristiques : (1) il est subjectif, (2) il intègre des dimensions positives (il n’est pas
seulement l’absence de facteur négatif), (3) il implique une évaluation globale de tous les
aspects de la vie d’une personne. La notion de subjectivité intègre ainsi à la fois la dimension
cognitive ainsi que la dimension affective de la santé mentale. C’est une caractéristique
essentielle de la santé mentale et que ce soit à travers le mal-être ou le bien-être, l’affect et la
cognition sont les dimensions qui représentent la vie psychologique de l’individu. La cognition
et l’émotion peuvent amener à la formation de structures affectives cognitives (Izard &
Buechler, 1980).
52
3.2 De la cognition vers l’émotion : la théorie de l’évaluation cognitive
53
de résultats positifs (réels ou attendus) liés à des émotions d’abattement tels que l’insatisfaction,
la déception, la tristesse (Jacobs, 1971 ; Lazarus, 1968 ; Mowrer, 1960 ; Roseman, 1984 ; Stein
& Jewett, 1982) et la présence de résultats négatifs (réels ou attendus) liés à des émotions
d’agitation comme la peur, la menace et la nervosité. La présence de résultats positifs est liée à
des émotions positives telles que le sentiment d’être heureux et satisfait et l’absence de résultats
négatifs est associée au calme et à la sécurité.
Plusieurs théories d’évaluation cognitive ont émergé dans les années 1980 (Frijda, 1986 ;
Roseman, 1984, 1991 ; Scherer, 1984 ; Smith & Ellsworth, 1985) et les critères d’évaluation
cognitive diffèrent d’une théorie à l’autre. Ellsworth et Scherer (2003) ont répertorié les
différents modèles d’évaluations cognitives selon les quatre critères du processus d’évaluation
séquentielle.
Tableau 3.1. Comparaison des modèles d’évaluation cognitive (Ellsworth & Scherer, 2003), adaptée en
français par Garcia-Prieto, Tran et Wranik (2005)
54
Selon certaines théories, l’ordre des évaluations spécifiques peut être considéré comme flexible
(Smith & Lazarus, 1993), en partie flexible et en partie fixe (Ellsworth, 1991) ou fixe (Scherer,
1987 ; 2001). L’évaluation de la pertinence du stimulus devrait précéder l'évaluation de
l’opportunité du stimulus en fonction des buts et besoins de la personne (Ellsworth, 1991 ;
Scherer, 1987 ; 2001). Ainsi, l’attention émotionnelle serait notamment guidée par l’évaluation
de la pertinence (Pool & al., 2016).
55
Figure 3.2. Le modèle des processus en composantes (Sander, Grandjean & Scherer, 2005) adapté en
français par Grandjean et Scherer (2014)
D’autres chercheurs pensent que les sentiments précèdent les processus cognitifs (Ittelson,
1973 ; Izard, 1977 ; Zajonc, 1980). L'affect initial est considéré comme une réponse générale à
"l'ambiance" de l’environnement (Ittelson, 1973, p. 16), les réactions affectives ne dépendant
pas nécessairement de la cognition (Zajonc, 1980). La première étape de la réponse aux stimuli
relève d’affects globaux et généralisés liés aux préférences induisant un comportement
d'évitement ou d'approche. Ainsi, "on peut aimer quelque chose ou en avoir peur" avant d’en
donner une signification (Zajonc, 1980, p. 145). La réponse affective initiale structure et
influence le processus cognitif qui suit (Zajonc, 1980 ; Izard, 1977).
56
3.4 Description de la subjectivité de la santé mentale : Balance entre positif et négatif
La négativité est considérée comme le facteur latent de la dépression alors que la positivité est
le facteur latent du bonheur. Ainsi, la cognition négative est liée de manière importante à l’affect
négatif tandis que la cognition positive est en relation de manière significative avec l’affect
positif. Si, le bonheur est une prépondérance des affects positifs sur les affects négatifs, la
dépression relève d’un niveau d’affect négatif élevé combiné à un niveau d’affect positif faible.
Plus le niveau d’affect positif est élevé et le niveau d’affect négatif bas, plus on s’approche du
bonheur. Inversement, plus le niveau d’affect négatif est élevé et le niveau d’affect positif bas,
plus on s’approche du mal-être. Cette balance entre les affects positifs et les affects négatifs
permet d’évaluer ainsi le degré de santé mentale sur le plan de l’affect. Il en est de même pour
la dimension cognitive où le bonheur correspond à une prévalence des cognitions positives sur
les cognitions négatives de manière fonctionnelle et adaptative, tandis que le mal-être renvoie
à une prévalence des cognitions négatives sur les cognitions positives de manière
dysfonctionnelle et inadaptative. La balance entre les cognitions positives et les cognitions
négatives peut aussi permettre d’évaluer le degré de santé mentale sur le plan cognitif. Le
traitement cognitif dit fonctionnel est flexible, c’est-à-dire qu’il implique des croyances
fondamentales pouvant être remises en cause, des pensées plus volontaires qu'automatiques,
des distorsions peu présentes ou absentes ainsi qu’un contenu cognitif diversifié (Beck, 1967,
1976 ; Beck, Rush, Shaw & Emery, 1979).
Conclusion
57
La subjectivité de la santé mentale peut donc être constituée d’une part de la dimension
cognitive comprenant les facteurs cognition positive et cognition négative et d’autre part de la
dimension affective avec pour facteurs l’affect positif et l’affect négatif. La balance entre
cognitions positives et cognitions négatives, affects positifs et affects négatifs peut permettre
d’évaluer le degré de santé mentale d’une personne à travers sa subjectivité. La subjectivité de
la santé mentale positive correspond à une prévalence des cognitions positives et des affects
positifs sur les cognitions négatives et les affects négatifs, de manière fonctionnelle et
adaptative. La subjectivité de la santé mentale négative renvoie à la prévalence des cognitions
négatives et des affects négatifs sur les cognitions positives et les affects positifs, de manière
dysfonctionnelle et inadaptative.
Si l’on peut mesurer la santé mentale des individus par la balance entre la cognition positive et
la cognition négative, entre l’affect positif et l’affect négatif, peut-on en faire de même par la
balance entre le comportement positif et le comportement négatif ? La santé mentale est
constituée de l’ensemble des dimensions de l’activité mentale à savoir les cognitions, les
comportements et les affects, dimensions liées de manière indissociable, les cognitions étant les
causes, les comportements et les affects, les conséquences. Dans les interventions en
psychologie positive, les activités positives ont pour but de refléter les pensées et les
comportements de personnes naturellement heureuses en favorisant des sentiments, des pensées
et des comportements positifs, plutôt que de modifier directement les sentiments, pensées et
comportements négatifs ou pathologiques (Layous & Lyubomirsky, 2014). Ainsi, la santé
mentale positive implique une prévalence des comportements positifs sur les comportements
négatifs de manière adaptative tandis que la santé mentale négative renvoie à une prévalence
des comportements négatifs/ou l’absence de comportements sur les comportements positifs de
manière inadaptative.
58
59
Chapitre IV. La perspective développementale
et fonctionnelle de la santé
mentale positive
60
Introduction
L’approche eudémonique prétend que pour connaître le bonheur, l’être humain doit s’évertuer
à atteindre et à vivre en accord avec le daimon, c’est-à-dire le « vrai soi » (Norton, 1976 ;
Waterman, 1993) en gardant l’objectif d’atteindre le meilleur de soi (Ryff & Singer, 2008).
Cette théorie est issue de la philosophie hellénique ; elle a été mise en lumière par Aristote et
son mouvement de pensée, l’Aristotélisme, qui conçoit le bonheur comme étant « l'activité de
l'âme dirigée par la vertu ». L’eudémonisme d’Aristote considère le bonheur comme un principe
vers lequel tend chaque être humain en orientant ses actions en vue de l’atteindre (McMahon,
2006). Le daimon renvoie aux « potentialités de chaque personne, à l’accomplissement de ce
qui représente la plus grande réalisation de la vie dont chacun est capable » (Waterman, 1993,
p.678). Cela implique des potentialités communes à tous les êtres humains ainsi que des
potentiels uniques pour chaque individu et renvoie au fonctionnement psychologique optimal
(Waterman, 1993). L’eudénomie est la réalisation de ces potentiels (réalisation de soi) en accord
avec le vrai soi, ce qui permet d’éprouver un sentiment d’expression personnel (Waterman,
1993). Elle est susceptible d’apporter un sens et une direction à sa vie (Waterman, 1993).
61
4.1 Définition du besoin psychologique
Pour Ryan et Deci (2000), « un besoin basique qui peut être soit physiologique (Hull, 1943) ou
psychologique, est un état énergisant qui s’il est satisfait, favorise la santé et le bien être, en
revanche s’il n’est pas satisfait, il contribue au mal-être » (p.74). Si plusieurs auteurs (Murray,
1938 ; Maslow, 1943 ; Ryan, 1995) proposent un modèle des besoins psychologiques, sur quel
critère peut-on s’appuyer pour considérer un besoin psychologique comme fondamental ?
Baumeister et Leary (1995), à travers leurs travaux sur le besoin d’appartenance, ont élaboré
une liste de critères permettant de qualifier un besoin humain comme fondamental.
Tableau 4.1. Liste des critères permettant de qualifier un besoin humain comme fondamental
(Baumeister et Leary, 1995)
(1) il produit facilement des effets positifs quand il est satisfait, sauf dans des conditions défavorables il est lié à nos émotions
62
Tableau 4.2. Liste des besoins psychogénétiques selon Murray (1938) adaptée par Fenouillet (2016,
p.89-91)
Supériorité : ce besoin est composé, des deux autres suivant, celui d’accomplissement et celui de reconnaissance
Accomplissement : surpasser les obstacles ; exercer toute sa puissance ; vouloir réussir des activités difficiles le plus rapidement possible
Reconnaissance : être enthousiasmé par les louanges et les éloges ; imposer le respect ; afficher avec vantardise ses réussites et ses exploits ;
rechercher les distinctions, le prestige social et les honneurs
Exhibition : attirer l’attention des autres ; choquer, exciter, amuser les autres
4. Besoins liés à l’exercice du pouvoir sous une forme où sous une autre
Aggression : s’attaquer à autrui ; faire du mal, accuser, ridiculiser, punir sévèrement ; sadisme
Soumission : se rendre, abandonner, accepter la punition, s’excuser, se confesser, se déprécier ; masochisme
6. Le besoin suivant est dissocié des précédents car pour Murray il s’agit d’un comportement d’inhibition cherchant
principalement l’évitement de la désapprobation publique ou celle des parents.
Évitement des blâmes : éviter les remontrances, l’ostracisme, les punitions en inhibant les impulsions asociales ou non conventionnelles ; se
comporter avec rectitude, obéir à la loi
7. Besoins liés à l’affection que se portent les individus les uns aux autres
Affiliation : créer des relations amicales et des associations ; accueillir, joindre, vivre avec les autres ; coopérer et s’entretenir avec les autres ;
aimer les autres.
Rejet : snober, rejeter, ignorer autrui ; rester indifférent aux autres ; faire de la discrimination
Materner : s’occuper, aider, protéger autrui ; exprimer sa sympathie avec les autres
Aidance : recherche d’aide, de protection de sympathie ; être dépendant
Ludique : se relâcher, s’amuser, éviter les tensions trop importantes
Connaissance : explorer ; poser des questions ; satisfaire sa curiosité ; regarder, inspecter, écouter
Présentation : relater les faits ; démontrer et pointer ; donner des informations, interpréter
63
4.3 La hiérarchie progressive des besoins fondamentaux
Abraham Maslow (1943) propose une théorie de la motivation qui est une théorie « dynamique
générale » sous la forme d’un ordre hiérarchique progressif des besoins fondamentaux à
satisfaire : 1) les besoins physiologiques (impliquant la survie des individus), 2) les besoins de
sécurité (impliquant une protection contre les différents dangers qui menacent physiquement et
psychologiquement), 3) les besoins d’amour et d’appartenance à un groupe, 4) le besoin
d’estime (respect, confiance et reconnaissance de soi et d’autrui), 5) le besoin
d’accomplissement de soi. En 1970, Maslow propose d’ajouter à sa hiérarchie progressive les
besoins cognitifs fondamentaux que sont le besoin de savoir et de compréhension ainsi que le
besoin d’esthétisme. Selon Koltko-Rivera (2006), Maslow ajoute le besoin de transcendance de
soi au sommet de la hiérarchique progressive des besoins fondamentaux.
Une personne pourrait avoir un degré de satisfaction de 85% pour ses besoins physiologiques,
70% pour ses besoins de sécurité, 50 % pour ses besoins d'amour, 40% pour ses besoins d'estime
de soi et 10% pour ses besoins de réalisation de soi. Pour Alderfer (1969), les besoins ne sont
pas hiérarchisés, mais sous forme d’un continuum progressif, allant de l’insatisfaction à la
satisfaction car l’individu peut chercher à satisfaire plusieurs besoins à la fois, la satisfaction
importante d’un besoin pouvant compenser la frustration d’un autre.
64
Tableau 4.3. Liste des caractéristiques des personnes auto-actualisées répertoriées par Maslow (1954)
Selon Laguardia et Ryan (2000), la Théorie de l’Autodétermination (Deci & Ryan, 1985)
permet d’expliquer l’idée de réalisation de soi et de déterminer les processus permettant d’y
parvenir. L’être humain disposerait d’une tendance naturelle et innée à satisfaire les besoins qui
constituent « une grande partie du sens et des intentions sous-jacents à l’activité humaine »
(Laguardia & Ryan, 2000, p.284). Les individus « s’engagent activement dans leur
environnement parce qu’ils sont fondamentalement motivés à satisfaire leurs besoins
psychologiques » (Vallerand & al, 2019, p.50). En 1995, Ryan répertorie les besoins
psychologiques de compétences (White, 1959), d’autonomie (Angyal, 1941 ; deCharms, 1968)
et d’appartenance sociale (Harlow, 1958) comme fondamentaux pour la croissance
65
psychologique, l'intégrité et le bien-être (Laguardia & Ryan, 2000). Les besoins psychologiques
de compétence, d'autonomie et d'appartenance sont présents chez chaque individu dans tous les
domaines de l’activité humaine (Baard, Deci & Ryan, 1999 ; Ilardi, Leone, Kasser & Ryan,
1993 ; Ryan, Rigby & King, 1993, cités par Laguardia & Ryan, 2000), dans toutes les cultures
(Deci, Ryan, Gagne, Leone, Usunov & Kornazheva, 2001 ; Ryan, Chirkov, Little, Sheldon,
Timoshina & Deci, 1999, cités par Laguardia & Ryan, 2000) et à chaque stade du
développement psychologique (Ryan & La Guardia, 2000).
66
4.5 Le bien-être psychologique
Ryff (1989) a réalisé une revue de littérature approfondie sur le fonctionnement psychologique
positif de l’être humain en s’appuyant sur : (1) les théories du développement humain (Erikson,
1959 ; Buhler, 1935 ; Buhler & Massarik, 1968 ; Neugarten, 1968, 1973) ; (2) les théories
cliniques sur la croissance personnelle (Maslow, 1968 ; Rogers, 1961 ; Jung, 1933 ; Von Franz,
1964 ; Allport, 1961), (3) les critères de la santé mentale positive de Jahoda (1958). Elle
présente un modèle multidimensionnel du bien-être psychologique composé de 6 dimensions :
l’acceptation de soi, les relations positives avec les autres, l’autonomie, la maîtrise de son
environnement (ou compétence), le but (ou sens) dans la vie, la croissance personnelle.
Acceptation de soi
Avoir une attitude positive envers soi-même, de reconnaissance et d’acceptation des multiples aspects de soi
tant sur le plan des qualités que des défauts, et de se sentir bien par rapport au passé
Autonomie
Autodétermination et indépendance, capacité de résister aux pressions sociales pour réfléchir et agir, de
réguler ses comportements à partir de lui-même et s’auto-évaluer par rapport à des standards personnels
Maîtrise de l'environnement
Sentiment de maîtrise et de compétence dans la gestion de l'environnement, de contrôle dans la responsabilité
des activités quotidiennes, d’utiliser efficacement les opportunités de l’environnement
Sens de la vie
Avoir des buts et le sentiment que sa vie a une direction et un sens, sentiment que le présent et le passé ont un
sens, avoir des croyances qui donnent un sens à la vie, avoir des buts et des objectifs pour la vie
Croissance personnelle
Sentiment de continuité dans son développement en tant que personne, de se voir en croissance et en expansion,
être ouvert à de nouvelles expériences, avoir le sentiment de réaliser son potentiel, observer l'amélioration de
sa personne et de ses comportements au fur et à mesure, changer d’une manière cohérente avec la connaissance
de soi en étant plus efficace
67
4.6 Le fonctionnement psychologique négatif : frustration des besoins
psychologiques
Si les besoins psychologiques sont des besoins biologiques (Murray, 1938), lorsqu’ils ne sont
pas satisfaits, ils contribuent au mal-être (Ryan & Deci, 2000a). Par exemple, l’insatisfaction
des besoins psychologiques d’autonomie et de compétence peut prédire une dépression (Deci
& Ryan, 2000 ; Blazer, Sachs-Ericsson & Hybels, 2007). Lorsque deux besoins entrent en
conflit, cela peut entraîner une certaine tension interne, de la dissociation ou d'autres
psychopathologies (Ryan, Deci & Grolnick, 1995). Young (1990, 1999) propose une thérapie
des schémas, soutenant que les symptômes de santé mentale négative se traduisent par des
schémas inadaptés qui « sont la conséquence de besoins affectifs fondamentaux qui n'ont pas
été comblés au cours de l’enfance » (Young et al., 2003, p.37). Le schéma est « un programme
cognitif qui intervient comme guide dans l'interprétation de l'information et la résolution de
problèmes » (Young et al., 2003, p.33-34) qui s’explique par l’intermédiaire des besoins
affectifs fondamentaux : la sécurité liée à l'attachement aux autres, l'autonomie, la compétence
et le sens de l'identité, la liberté d'exprimer ses besoins et ses émotions, la spontanéité et le jeu,
les limites et l’autocontrôle. Pour Young et ses collaborateurs (2003), les schémas se
développent dès le début de la vie et résulteraient de plusieurs facteurs tels que la relation
d’attachement aux personnes proches, l’interaction avec les autres du même âge, la culture et
le tempérament. Ils ont répertorié un ensemble de critères déterminants les schémas précoces :
(1) thème important et envahissant, (2) composé de souvenirs, d’émotions, de cognitions et de
sensations corporelles, (3) se référant à soi-même et à ses relations avec les autres, (4) développé
pendant l'enfance ou l'adolescence, (5) élaboré tout au long de la vie, (6) dysfonctionnel à un
degré significatif. C’est ce dernier critère qui permettrait de différencier un schéma inadapté
d’un schéma adapté. Les schémas inadaptés ou dysfonctionnels sont déclenchés lorsque les
individus « perçoivent inconsciemment comme identiques » des « événements traumatiques de
leur enfance » (Young et al. 2003, p. 35). Ils correspondent à des modèles de réactions amenant
une réponse comportementale en fonction de la situation (Young et al., 2003). Young répertorie
18 schémas inadaptés en fonction des cinq besoins psychologiques.
68
Tableau 4.5. Liste des 18 schémas inadaptés selon les cinq besoins psychologiques de Young &
collaborateurs (2003)
Domaine séparations et rejets
Besoin de sécurité liée à l’attachement aux autres
Les personnes sont incapable d’avoir des liens sécurisant et satisfaisant avec les autres
Abandon/instabilité : perception du manque de stabilité et de fiabilité dans la relation avec les personnes importantes
de son entourage.
Méfiance/abus : attente que les autres fassent soufrir, maltraite, mentent, triche et profite de soi.
Carence affective : certitude que les autres n'apporteront pas le soutien affectif dont la personne a besoin.
Imperfection et honte : sentiment d'être imparfait, mauvais, inférieur ou incapable.
Isolement social : sentiment d'être isolé, différent des autres et/ou de ne pas faire partie d'un groupe.
69
Conclusion
Young et ses collaborateurs (2003) mettent en évidence que, s’il existe des schémas négatifs et
des schémas précoces, il existe aussi des schémas positifs ainsi que des schémas tardifs
s’articulant notamment avec la satisfaction des besoins psychologiques. Alors que la thérapie
des schémas s’appuie sur la notion de besoin psychologique, Fava (1999) propose la thérapie
du bien-être, issue de la psychologie positive, qui consiste à favoriser les dimensions du bien-
être psychologique de Ryff (1989) que sont l’acceptation de soi, les relations positives avec les
autres, l’autonomie, la maîtrise de son environnement, le sens dans la vie et la croissance
personnelle.
70
71
Chapitre V. Vers une approche intégrative
de la modélisation de la santé mentale
positive
72
Introduction
La positivité chevauche les deux approches théoriques du bien-être, cependant, l’estime de soi
est « au cœur de la positivité car il est peu probable que les personnes puissent être satisfaites
de leur vie et d’avoir confiance en l’avenir, à moins qu’ils ne se croient être de valeur »
(Caprara et al., 2017, p.366). L’approche eudémoniste et l’approche hédoniste sont-elles liées ?
Distinctes ? La santé mentale positive relève-t-elle d’une structure bi-dimensionnelle ? Ou
unidimensionnelle ?
73
5.1 La structure bi-dimentionnelle de la santé mentale positive
Figure 5.1. Structure bi-dimentionnelle de la santé mentale positive de l’étude de Keyes, Shmotkin et
Ryff (2002)
Linley, Maltby, Wood, Osborne et Hurling (2009) ont examiné la structure du bien-être en
réalisant une étude auprès de 2593 personnes vivant au Royaume-Uni. Les résultats de l’analyse
factorielle exploratoire auprès de 539 étudiants ainsi que de l’analyse factorielle confirmatoire
auprès de 422 adultes confirment la présence de deux facteurs distincts : le bien-être
psychologique et le bien-être subjectif. Ces deux facteurs sont présents, quels que soient le sexe,
l’âge ou le groupe ethnique d’origine.
74
Figure 5.2. Structure bi-dimentionnelle de la santé mentale positive de l’étude Linley, Maltby, Wood,
Osborne et Hurling (2009)
Une autre étude répliquée en Chine par Biaobin et ses collègues (2004) ont montré les mêmes
résultats à savoir la distinction entre le bien-être subjectif et le bien-être psychologique.
Seligman (2002) propose le modèle du bonheur authentique qui décrit le bonheur comme un
processus qui intègre 3 dimensions : le plaisir, l’engagement et le sens. Cette approche offre
une synthèse des concepts de bien-être hédoniste (subjectif) et bien-être eudémoniste
(psychologique). L’approche hédoniste correspond à la recherche du plaisir qui est vécu lorsque
nous apprécions une expérience plaisante (Bryant & Veroff, 2007). Toutefois, cette dimension
ne suffit pas à expliquer à elle seule la complexité du bonheur, car il s’agit d’une dimension
affective et par conséquent fluctuante par nature (Brickman & Campbell, 1971 ; Lyubomirsky,
Martin-Krumm & Nelson, 2012). Nous retrouvons ainsi deux autres dimensions que sont
l’engagement et le sens (Martin-Krumm et al., 2015). En accord avec l’approche eudémonique
d’Aristote, la recherche et le développement du sens dans l’existence de la vie humaine
permettent le vrai bonheur. Mais pour Seligman (2002), il existe une troisième orientation vers
le bonheur, différente de l’approche hédoniste et de l’approche eudémonique : la recherche de
l’engagement qui prend racine dans les travaux sur le flow de Csikszentmihalyi (1990).
75
Csikszentmihalyi (1975) définit le flow ou l’expérience optimale comme « un état d’activation
optimale dans lequel le sujet est complètement immergé dans l’activité » (Demontrond et al.,
2008, p.10). Il est aussi désigné comme un état modifié de conscience (Nakamura et
Csikszentmihalyi, 2002). Si une personne a une vie plaisante, une vie engagée, une vie pleine
de sens de manière égale et intense, on peut la qualifier de « vie pleine et entière » (Seligman,
2002). Plus tard, Seligman (2011) estime que son modèle est incomplet et propose un nouveau
modèle du bien-être : PERMA. Seligman (2011) ajoute deux dimensions en plus au précédent
modèle : les relations positives et l’accomplissement. Les relations positives correspondent au
fait de « se sentir socialement intégré, pris en charge et soutenu par les autres et satisfait de
ses liens sociaux » (Kern et al, 2015, p.263). L'accomplissement renvoie au fait de « progresser
vers les objectifs, se sentir capable de faire des activités quotidiennes et d’avoir un sentiment
de réussite » (Kern et al, 2015, p.263).
En s’appuyant sur les critères diagnostiques du DSM (DSM, American Psychiatric Association,
1987), Keyes (2002) identifie l'opposé de chaque symptôme de trouble mental et propose que
la santé mentale renvoie à la présence combinée de niveaux élevés de symptômes de bien-être
émotionnel (Andrews & Withey, 1976), de bien-être psychologique (Ryff, 1989) et de bien-être
social (Keyes, 1998).
76
Tableau 5.4. Classification des symptômes de santé mentale positive selon Keyes (2002)
Bien-être émotionnel
1) l’affect positif : enjoué, intéressé par la vie, de bonne humeur, heureux, calme et paisible, plein de vie
2) la satisfaction de vie : sentiment que l’on a par rapport à sa vie
Bien-être psychologique
1) l’acceptation de soi : attitude positive d'amour et d'acceptation envers la plupart des aspects de soi et
de sa personnalité, au passé et au présent
2) la croissance personnelle : comprendre son potentiel et avoir pour défi d'être ou de devenir une
meilleure personne
3) le sens dans la vie : avoir des croyances et des objectifs qui donnent le sentiment que sa vie a une
direction et un sens
4) la maîtrise de l'environnement : sentiment d'être capable de gérer les responsabilités de la vie
5) l’autonomie : se sentir confiant pour penser et exprimer ses propres idées, opinions et valeurs
6) les relations positives avec les autres : avoir ou être capable d'avoir des relations personnelles
chaleureuses et empruntes de confiance avec les autres
Bien-être social
1) la cohérence sociale : pouvoir donner un sens à ce qui se passe dans sa communauté et la société
2) l'acceptation sociale : attitude positive, confiance et vision favorable de la nature humaine tout en
reconnaissant et acceptant ses qualités et ses défauts
3) l’actualisation sociale : croire au potentiel de la société tout en lui faisant confiance
4) la contribution sociale : sentiment d’être une personne utile qui contribue à la société
5) l'intégration sociale : sentiment d’appartenance et relation de qualité avec la communauté et la société
Huppert, Marks, Clark, Siegrist, Stutzer, Vittersø et Wahrendorf (2008) ont développé le
Questionnaire d’Enquête Social Européen pour mesurer les approches hédonistes (affect) et
eudémoniste (faire) du bien-être et du bonheur. Le modèle de Huppert et So (2013) distingue
les symptômes de la santé mentale des symptômes de la maladie mentale. Le modèle original
de Huppert et ses collaborateurs (2008) est constitué de 18 éléments qui sont classés en
quadrants pour différencier ce qui relève d’une part de l’affect (hédonique) et du
fonctionnement (eudémonique) et d’autre part du domaine personnel ou interpersonnel.
77
Tableau 5.5. Classification des symptômes de santé mentale positive selon Huppert, Marks, Clark,
Siegrist, Stutzer, Vittersø et Wahrendorf (2008)
Personnel Interpersonnel
Sentiment (avoir, être) Satisfaction Appartenance
Affect positif Soutien social
Affect négatif Reconnaissance sociale
Optimisme Progrès sociétal
Estime de soi
Fonctionnement (faire) Autonomie Engagement social
Compétence Bienveillance
Intérêt pour l'apprentissage Altruisme
Orientation sur les objectifs
Sens dans la vie
Résilience
Huppert et So (2013) ont proposé une nouvelle liste d’éléments pour identifier les symptômes
des troubles mentaux courants (dépressif majeur (DSM-IV), de l'épisode dépressif (ICD-10) et
du trouble d'anxiété généralisée) en s’appuyant sur le Manuel diagnostique et statistique des
troubles mentaux (American Psychiatric Association, 2013), ainsi que la Classification
internationale des maladies (Organisation mondiale de la santé, 1993). L'identification
d’Huppert et So (2013) a permis de déterminer une liste dix caractéristiques : la compétence, la
stabilité émotionnelle, l’engagement, le sens, l’optimisme, les émotions positives, les relations
positives, la résilience, l’estime de soi et la vitalité. Ces auteurs (2013) ont réalisé une étude à
partir d'un échantillon de 43 000 Européens en ajoutant la satisfaction de la vie (2013) ; l'analyse
factorielle exploratoire a mis en évidence la présence de trois facteurs : 1) les caractéristiques
positives (la stabilité émotionnelle, la vitalité, l'optimisme, la résilience et l'estime de soi), 2) le
fonctionnement positif (l'engagement, la compétence, le sens et les relations positives) et 3)
l’évaluation positive (la satisfaction de la vie et l'émotion positive). Pour Hupper (2013),
l'épanouissement est l’association entre le fait de « se sentir bien et de fonctionner
efficacement » (p.838).
78
5.3 Vers une dimension générale de la santé mentale positive
Figure 5.6. Modèle hiérarchique théorique du bien-être de l’étude de Gallagher et ses collègues (2009)
Note. (a) Modèle hiérarchique de la structure du bien-être contenant un facteur de second ordre, (b) Structure hiérarchique du modèle du bien-
être contenant deux facteurs de second ordre (l’hédonie et le fonctionnement positif) (c) Structure hiérarchique du modèle de bien-être
contenant trois facteurs de second ordre (bien-être hédonique, bien-être social, bien-être eudémonique). AP = Affect positif ; AN = Affect
négatif ; SDV = Satisfaction de vie ; CS = Cohérence sociale ; ACC = Acceptation sociale ; ATS = Actualisation sociale ; COS = Contribution
sociale ; IS = Intégration sociale ; À = Autonomie ; ME = Maîtrise de l’environnement ; CP = Croissance personnelle ; RP = Relations
positives ; SV = Sens dans la vie ; AS = Acceptation de soi
79
Les résultats d’une étude menée par Disabato, Goodman, Kashdan, Short et Jarden (2016)
suggèrent une relation très élevée entre le bien-être hédonique et le bien-être eudémonique
(.96), même si on constate une validité discriminante suffisante.
Note. SDV = Satisfaction de vie ; BS = Bonheur subjectif ; D = Dépression ; AS = Acceptation de soi ; RP = Relations positives ;
À = Autonomie ; ME = Maîtrise de l’environnement ; SV = Sens dans la vie ; CP = Croissance personnelle
80
Le modèle de bien-être global à un facteur a démontré des indices d’ajustement satisfaisants,
ceux du modèle à deux facteurs étant un peu plus satisfaisants. L’ensemble de ces résultats
amène les chercheurs à considérer que ces deux approches, hédonique et eudémonique, reflètent
la même construction globale de bien-être.
Les résultats d’une autre étude suggèrent aux chercheurs (Goodman, Disabato, Kashdan,
Kauffman, 2017) la même conclusion, à savoir la présence d’un facteur unique de bien-être. La
recherche propose d’explorer différents modèles impliquant les dimensions du bien-être
subjectif et les dimensions du modèle PERMA.
Figure 5.8. Modèles de la santé mentale positive de l’étude de Goodman, Disabato, Kashdan, Kauffman
(2017)
Modèle du bien-être à 1 facteur Modèle à deux facteurs : Bien-être subjectif & PERMA
Modèle à deux facteurs : Bien-être subjectif + P & ERMA Modèle à deux facteurs : SWB (sans bonheur) & ERMA
Note. SDV = Satisfaction de vie ; B = bonheur ; AN = affect négatif ; P = plaisir ; E = engagement ; R = Relations ; M = Sens dans la vie ;
À = accomplissement
81
Les résultats suggèrent que le modèle du bien-être subjectif et le modèle PERMA recueillent le
même type de bien-être notamment lorsque le niveau de santé mentale positive est évalué avec
des échelles d'auto-évaluation. Si ces modèles se distinguent et ont des caractéristiques uniques,
les résultats convergent vers un facteur de bien-être unique avec différentes facettes du bien-
être, car les dimensions sont corrélées de manière importante les unes aux autres.
Une autre étude (Longo, Coyne, Joseph & Gustavsson, 2016) a testé différentes hypothèses de
modèle à un facteur, à deux facteurs et bi-factoriel en s’appuyant sur la liste des dix
caractéristiques réalisée par Huppert et So (2013) : la compétence, la stabilité émotionnelle,
l’engagement, le sens, l’optimisme, les émotions positives, les relations positives, la résilience,
l’estime de soi et la vitalité. Le premier modèle bi-factoriel est composé d’un facteur général,
le bien-être, et de deux facteurs spécifiques correspondant aux deux facteurs de l'étude de
Huppert et So (2013). Le second modèle bifactoriel est constitué d’un facteur général, le bien-
être, et de deux facteurs spécifiques correspondant aux items calculés respectivement
positivement et négativement.
Figure 5.9. Modèles bi-factoriels de la santé mentale positive de l’étude de Longo, Coyne, Joseph et
Gustavsson (2016)
Modèle bi-factoriel version Hupper & So (2013) Modèle bi-factoriel avec le sens des items
Note. EP = Émotion positive ; V = Vitalité ; SE = Stabilité émotionnelle ; R = Résilience ; O = Optimisme ; ES = Estime de soi ;
E = Engagement ; C = Compétence ; S = Sens dans la vie ; RP = Relations positives
82
Les résultats ont démontré un meilleur ajustement des données pour les modèles bifactoriels
avec pour facteur global le bien-être et plus particulièrement le modèle bifactoriel avec pour
facteurs spécifiques les items positifs et les items négatifs. Selon les auteurs, ces résultats
démontrent la présence d’un facteur unique du bien-être car la variance, non prise en compte
par le facteur général, résulterait de la méthode d'effets plutôt que des facteurs théoriques.
Plusieurs études sur la structure factorielle de l’échelle de santé mentale (De Bruin & Du
Plessis, 2015 ; Hides, Quinn, Stoyanov, Cockshaw, Mitchell & Kavanagh, 2016 ; Echeverría,
Torres-Sahli, Pedrals, Padilla, Rigotti & Bitran, 2017) démontrent la présence d’un facteur
global, la santé mentale, coexistant avec les trois facteurs spécifiques que sont le bien-être
émotionnel, le bien-être social et le bien-être psychologique. Ces résultats tendent à confirmer
que la santé mentale positive peut être conceptualisée comme un facteur général multifacette
(Disabato et al., 2016 ; Longo et al., 2016), et évaluée en adoptant l’approche hédoniste comme
l’approche eudémoniste.
En 1938, Murray suggère que les besoins psychologiques sont ancrés biologiquement et qu’ils
guident les comportements. Pour Baumeister et Leary (1995), les besoins psychologiques
orientent les processus cognitifs et affectent une grande variété de comportements dont une
partie est provoquée dans le but de satisfaire les besoins. Si la santé mentale positive peut être
considérée comme une dimension générale, la satisfaction des besoins psychologiques renvoie
au fonctionnement, c'est-à-dire à l’articulation entre la cognition, le comportement et l’affect
dans les différentes facettes du développement psychologique. Ellis (1962) affirme que les
dimensions cognitives, émotionnelles et comportementales sont liées de manière indissociable,
les unes étant les causes et les autres les conséquences. Le modèle A-B-C (Ellis, 1977) propose
un modèle cognitif dans lequel la personne entretient vis-à-vis de la réalité (A : stimulus) un
système de croyances (B : « beliefs ») interne (ses objectifs personnels) et externe (les
événements) qui engendre les réponses cognitives, émotionnelles et comportementales (C :
conséquences). Les cognitions impliquent des réponses cognitives, émotionnelles et
comportementales qui peuvent être plus ou moins conscientes et peuvent être plus ou moins
justes par rapport à la réalité (Beck, 1976). Le traitement cognitif fonctionnel (Beck &
83
Weishaar, 1989) ou les croyances rationnelles (Ellis & Bernard, 1986) permettent une
perception et une interprétation adaptées aux buts personnels et aux événements réels, et
engendrent des cognitions, des émotions et des comportements eux aussi adaptés aux diverses
situations de la vie, qu’elles soient faites de plaisir ou de frustration (Ellis & Bernard, 1986).
Le fonctionnement à travers les cognitions, émotions et comportements adaptés a pour but de
satisfaire les besoins primaires de l'individu (Beck & Weishaar, 1989) concourant à la
réalisation de buts, de valeurs et d'attitudes réalistes (Beck & Weishaar, 1989).
Pour plusieurs chercheurs (James, 1890 ; Rosenberg, 1979 ; Coopersmith, 1967 ; Harter, 1985 ;
Higgins, 1987), l’estime de soi reflète l’écart entre la perception du soi actuelle et la vision du
soi idéal, la satisfaction du besoin d’estime de soi renvoie ainsi à l’évaluation positive de l’écart
entre le soi actuel et le soi idéal. Il en est de même pour le besoin de
réalisation/d’accomplissement de soi où sa satisfaction renvoie à une évaluation positive de
l’écart entre la réalité perçue et ses espoirs, ses désirs ou ses idéaux (Abelson, 1983 ; Carver &
Ganellen, 1983 ; Durkheim, 1951 ; Duval & Wicklund, 1972 ; Homey, 1950 ; James, 1890 ;
Kemper, 1978 ; Rogers, 1961 ; Wierzbicka, 1972). Ces observations nous amènent à penser que
la satisfaction d’un besoin se traduit par l’évaluation positive de l’écart entre l’actuel et le
standard, inconscient et conscient, tandis que la frustration correspond à l’évaluation négative
de l’écart entre l’actuel et le standard, inconscient et conscient. Il en serait ainsi de même pour
les autres besoins psychologiques : de sécurité, de relation et d’autonomie. L’évaluation faite
par la personne aura ainsi pour conséquence la qualité et l'intensité de l'émotion (Folkman &
Lazarus, 1985 ; Levine, 1996 ; Smith & Ellsworth, 1987 ; Ellsworth & Smith, 1988 ; Scherer,
1993 ; Smith & Lazarus, 1993), en termes de satisfaction ou d’insatisfaction des buts (Frijda,
1986, 2007) correspondant aux besoins de l'individu, attachements, valeurs, objectifs et
croyances actuelles (Frijda, 2007 ; Lazarus, 1991 ; Scherer, 2004). Ainsi, le développement et
le fonctionnement peuvent être soit positifs, soit négatifs, soit partiellement l’un et l’autre, que
ce soit de manière globale ou spécifique dans les différents domaines, la satisfaction ou la
frustration des besoins résultant notamment de l’interaction entre l’individu et son
environnement. Le développement et le fonctionnement de la santé mentale en termes de
pensées, d’émotions ou de comportements peuvent être considérés dans l’ensemble des facettes
de l’existence psychologique individuelle : soi (estime et acceptation de soi), la relation à l’autre
84
(appréciation et acceptation de l’autre), l’expression de soi dans son environnement (autonomie
et liberté), à l’action (accomplissement de soi et compétence) et au sens que l’on y donne.
Conclusion
L’approche hédoniste ainsi que l’approche eudémoniste, à travers les réflexions philosophiques
datant de l’époque de la Grèce antique, ont servi de base théorique de recherche à la santé
mentale « positive ». Deux modèles majeurs ont ainsi émergé dans les années 80, le bien-être
subjectif de Diener (1985) et le bien-être psychologique de Ryff (1989). Plusieurs études ont
montré qu’il existe une complémentarité entre ces deux approches bien qu’elles soient
distinctes, avec d’une part la dimension fonctionnelle positive de la santé mentale et d’autre
part la dimension affective de la santé mentale. Ces deux approches se complètent dans la
mesure où les dimensions du fonctionnement psychologique positif (l’acceptation de soi, les
relations positives avec les autres, l’autonomie, la maîtrise de son environnement, le sens dans
la vie, la croissance personnelle) en termes de cognition et de comportement amènent à un
équilibre approprié entre l’affect positif et l’affect négatif.
Plusieurs études récentes (Disabato et al., 2016 ; Jovanovic, 2015 ; Longo et al., 2016 ; De
Bruin & Du Plessis, 2015 ; Hides, Quinn, Stoyanov, Cockshaw, Mitchell & Kavanagh, 2016 ;
Echeverría, Torres-Sahli, Pedrals, Padilla, Rigotti & Bitran, 2017) suggèrent l’existence d’une
dimension générale de la santé mentale positive, ainsi que la coexistence de manière simultanée,
de dimensions telles que fonctionnement psychologique positif et l’affect. Compte tenu de la
force de corrélation entre bien-être subjectif et bien-être psychologique, certains de ces auteurs
(Disabato et al., 2016 ; Longo et al., 2016) proposent de concevoir la santé mentale positive
comme un facteur général multifacette, celle-ci pouvant être évaluée de manière fiable selon
différentes approches, hédonistes comme eudémoniste. Dans cette perspective, la thérapie du
bien-être de Fava (1999) propose une amélioration de l’acceptation de soi, des relations
positives avec les autres, de l’autonomie, de la maîtrise de son environnement, du sens dans la
vie et de la croissance personnelle par l’intermédiaire d’une approche où l’on intervient sur les
dimensions cognitive et comportementale. Ainsi, les activités positives favorisent des pensées,
des comportements et des sentiments positifs notamment à travers des changements simples
85
dans les pensées et les comportements relatifs à la satisfaction des besoins psychologiques,
peuvent permettre d’augmenter significativement le bonheur (Lyubomirsky & Layous, 2013).
86
87
Chapitre VI. L’approche régulatrice et
fonctionnelle de la santé mentale
88
Introduction
Les stratégies de gestion de soi supposent la capacité d’observer ses comportements, d’évaluer
l’efficacité de ses stratégies et les progrès pour atteindre ses objectifs (Agran, 1997 ; Agran &
Hughes, 1997 ; Smith & Nelson, 1997). Elles impliquent le renforcement positif ou négatif de
soi (impliquant le sentiment d’auto-efficacité) et les directives que l’on se donne à soi-même
en s’appuyant sur des expériences antécédentes (Hughes, Korinek & Gorman, 1991 ; Hughes
& Agran, 1993). Dans de nombreuses situations, la vision positive du futur « repose assez
fortement sur les souvenirs d'expériences antérieures » (Carver & Scheier, 1990, p.21). Par
ailleurs, les individus « semblent déployer l'optimisme de manière stratégique, en utilisant des
89
croyances favorables pour motiver l'action en faveur de la mise en œuvre des plans » (Taylor
& Gollwitzer, 1995 cité par Aspinwall & Staudinger, 2003, p.13).
90
consciente ou inconsciente (Brown, 1987 ; Buchel & Buchel, 2009 ; Perkins, Simmons &
Tishman, 1990). Les expériences métacognitives ont pour but d’accompagner les processus de
pensée concernant les connaissances spécifiques de la tâche pour orienter les stratégies
métacognitives (Efklides, 2001). Selon Paris, Lipson et Wixson (1983), ces stratégies
métacognitives peuvent être déclaratives (connaissances de stratégie permettant de résoudre le
problème), procédurales (manière dont on applique cette stratégie) et conditionnelles (condition
et moment où la stratégie est utilisable). Plusieurs chercheurs (Bishop et al., 2004) considèrent
la pleine conscience comme une compétence métacognitive.
91
trait » comme « ... la tendance à être très conscient de ses expériences internes et externes dans
le contexte d'une position d'acceptation et de non-jugement à l'égard des expériences » (p.205).
Bishop et ses collègues (2004) suggèrent un modèle de pleine conscience à deux dimensions :
(a) l'autorégulation de l'attention ainsi (b) qu’une orientation particulière vers les expériences
dans le moment présent se manifestant par l’ouverture, l’acceptation et la curiosité vis-à-vis des
expériences. La pleine conscience peut être considérée être comme une compétence
métacognitive (Bishop et al., 2004), permettant notamment de ne pas être dans des jugements
automatiques ou dans la réactivité (Segal et al., 2002). Suite à une analyse factorielle reprenant
l’ensemble des échelles de pleine conscience, Baer et ses collègues (2006) ont distingué cinq
facettes : l’observation de l’expérience, la description de l’expérience, l’action en pleine
conscience, le non-jugement des expériences et la non-réactivité. La pleine conscience est
positivement liée au bien-être subjectif, à la satisfaction à l'égard de la vie et à l’affect positif
(Brown & Ryan, 2003) et entretient une relation négative avec l’affect négatif, l’anxiété et la
dépression (Brown & Ryan, 2003 ; Cash & Whittingham, 2010) ainsi que la symptomatologie
liée au stress (Cash & Whittingham, 2010). Elle est aussi liée de manière positive avec le bien-
être eudémonique par des relations positives avec les besoins de relation, de compétence et
d’autonomie ainsi qu’avec l’actualisation de soi (Brown & Ryan, 2003). Ainsi, l’entraînement
à la pleine conscience a des effets positifs sur le bien-être, il permet une réduction de la
psychopathologie, une meilleure réactivité émotionnelle et une régulation comportementale
améliorée (Khoury et al., 2013).
92
volonté » (Ryan & Deci, 2002, p. 17). L’amotivation renvoie au sentiment d’absence de contrôle
sur l’environnement ou à l’impossibilité de faire (Rotter, 1966 ; Seligman, 1975) ou au
sentiment de manque d’efficacité et de compétence (Bandura, 1977 ; Deci, 1975), ou d’une
non-attribution de valeur à l’activité (Ryan & Deci, 2002).
Deci et Ryan (1985) ont suggéré la présence de quatre types de motivation extrinsèque dont
deux sont considérées comme contrôlées, la régulation externe et la régulation introjectée,
tandis que les deux autres, la régulation identifiée et la régulation intégrée, sont des motivations
autonomes. La régulation externe renvoie à des comportements liés à des demandes externes
ou à des contingences sociales (deCharms, 1968), l’individu agissant pour avoir une
« récompense » ou éviter une « punition ». La régulation introjectée fait référence à l’adhésion
à une valeur et/ou à un comportement sans identification et/ou acceptation comme faisant partie
intégrante de soi (Deci, Eghrari, Patrick & Leone, 1994). Dans la régulation identifiée, la
personne adopte des comportements dont les valeurs sous-jacentes lui sont importantes (Ryan
& Deci, 2000b). La régulation intégrée correspond à l’internalisation, c’est-à-dire
l’identification et l’acceptation totale de la valeur et/ou du comportement par la personne.
Eccles et Wigfield (2002) définissent l’internalisation comme le « processus de transfert de la
régulation du comportement de l'extérieur vers l'intérieur » (Eccles & Wigfield, 2002, p.113).
Le comportement est entièrement volontaire, car il est utile et/ou important pour la réalisation
de ses objectifs personnels (Deci et al., 1994) ; la relation entre le comportement de la personne
et ses états internes étant ainsi consistante (Koestner, Bernieri & Zuckerman, 1992). La
motivation intrinsèque correspond au comportement d’un individu motivé par le plaisir,
l’intérêt et la satisfaction inhérente à l’activité (Deci, 1975 ; Deci & Ryan, 1985). Vallerand et
ses collaborateurs (1989, 1993) proposent différentes catégories de motivation intrinsèque : la
motivation intrinsèque aux stimulations, la motivation intrinsèque à la connaissance et la
motivation intrinsèque à l’accomplissement. La motivation intrinsèque aux stimulations
correspond à « celle de l’individu qui effectue l’activité parce qu’elle lui permet de ressentir
des stimulations plaisantes d’excitation, d’amusement, d’esthétisme ou de plaisirs sensoriels »
(Blais et al., 1993, p. 190). La motivation intrinsèque à la connaissance fait référence à « celle
de l’individu qui effectue l’activité pour la satisfaction et le plaisir d’être en train d’apprendre
de nouvelles choses » (Blais et al., 1993, p. 191). La motivation intrinsèque à l’accomplissement
93
renvoie à « celle de l’individu qui effectue l’activité pour la satisfaction et le plaisir d’être en
train d’accomplir, de créer ou de relever un défi optimal » (Blais et al., 1993, p. 191).
Figure 6.1. Taxonomie et caractéristiques principales des différents types de motivation de la théorie de
l’intégration organismique (Sarrazin, Pelletier, Deci & Ryan, 2011)
Pour Carver et Scheier (2000), le comportement commence par le but et implique un processus
de contrôle rétroactif, traduisant « l’opérationnalisation de l’optimisme » (Carver & Scheier,
2014, p.3). Les buts sont utilisés comme valeurs de référence dans la régulation
comportementale, les « ajustements autocorrectifs permettant, si besoin, à un comportement de
rester orienté vers son but initial » (Carver & Scheier, 2009, p. 208). Les ajustements
autocorrectifs font suite aux informations rétroactives (feed-back) reçues, par l’intermédiaire
d’une boucle rétroactive, dans la progression d’un but à atteindre (boucle négative) ou d’une
94
situation à éviter (boucle positive). La boucle rétroactive est composée de quatre éléments : une
fonction d’entrée, une valeur de référence, un comparateur et une fonction de sortie. La fonction
d’entrée est considérée comme un « capteur », renvoyant à la perception de la situation. Le
comparateur est le processus qui permet de faire la comparaison entre la valeur d’entrée et la
valeur de référence. Il détecte, de manière plus ou moins sensible s’il y a un écart entre la valeur
d’entrée et la valeur de référence, c'est-à-dire une discordance. Dans le premier type de boucle
rétroactive, la boucle négative, s’il n’y a aucune discordance, la fonction de sortie reste en état.
S’il y a discordance, la fonction de sortie implique une réponse d’ajustement du comportement
visant à réduire ou éliminer l’écart détecté entre la valeur d’entrée et la valeur de référence,
amenant une conformité vis-à-vis de la valeur de référence permettant d’approcher ou
d’atteindre le but. Si le comportement peut créer une conformité, les perturbations émanant de
l’environnement le peuvent aussi. Tandis que les « perturbations modifient souvent les
conditions de manière défavorable (élargissement d’un écart par rapport à la valeur de
référence), elles peuvent également changer les conditions de manière favorable (diminution
de l’écart) » (Carver & Scheier, 2000, p.43-44). Dans la dernière situation, la perturbation ne
nécessite pas d’ajustement comportemental dans la fonction de sortie. Dans le deuxième type
de boucle rétroactive, l’élargissement de la discordance est un facteur positif, le but n’étant pas
d’approcher la valeur de référence mais de l’éviter (anti-but). « Une boucle positive détecte les
conditions présentes, les compares à l’anti-but et essaie d’élargir la différence » (Carver &
Scheier, 2000, p. 44).
Figure 6.2. Représentation schématique d’une boucle de feed-back, d’après Carver et Scheier (1982)
adaptée en français par Briki et Gernigon (2012)
95
Pour Carver et Scheier (2000, p.44), « l’action des processus d’élargissement des écarts … est
généralement limitée d’une manière ou d’une autre par les boucles réduisant les écarts », les
comportements d’évitement menant « souvent aux comportements d’approche ». L’écart
s’agrandit jusqu’à ce que « la tendance à s’éloigner soit capturé par l’influence d’une boucle
d’approche » (p.45).
Figure 6.3. Représentation des effets des systèmes de rétroaction positive souvent liés ou limités par les
systèmes de rétroaction négative (Carver & Scheier, 1998)
Les affects peuvent être considérés comme une conséquence du processus rétroactif, le résultat
du processus de comparaison se manifestant sous une forme non-verbale de l’espoir, la
confiance ou le doute, et par l’affect, positif ou négatif (Carver & Scheier, 1990). L’optimisme
implique la confiance en un éventuel succès, amenant la poursuite des efforts en vue de
l’atteinte du but, le doute et le pessimisme conduisant à se dégager de l'effort (Carver & Scheier,
2014).
La recherche sur la régulation des affects s’appuie sur l’étude des défenses psychologiques
(Freud, 1926, 1959), l’étude du stress psychologique et du coping (Lazarus, 1966), la théorie
de l’attachement (Bowlby, 1969) et la théorie sur les émotions (Frijda, 1986). Ainsi, pour Gross
96
(2015), la régulation des affects intègre le coping, la régulation des émotions et la régulation de
l'humeur.
6.4.1 Le coping
Le terme de coping ou faire face a été utilisé à partir des années 1960/1970, pour aborder les
mécanismes de défense les plus « adaptés » comme la sublimation et l’humour (Bruchon-
Schweitzer & Boujut, 2014) renvoyant ainsi aux stratégies d’ajustement (Dantchev, 1989 ;
Paulhan, 1992) ou stratégie d’adaptation (Paulhan, 1994). Lazarus et Folkman (1984, p. 141)
définissent le coping comme « l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux,
constamment changeants (déployés) pour gérer des exigences spécifiques internes et/ou
externes qui sont évaluées (par la personne) comme consommant ou excédant ses ressources ».
Le coping peut être considéré comme un médiateur de l’interaction entre une situation
stressante et la détresse émotionnelle qui en résulterait (Folkman & Lazarus, 1988). Le coping
peut avoir une composante cognitive, affective et comportementale (Steptoe, 1991).
97
Lazarus et Folkman (1984) ont répertorié deux types de stratégie de coping : le coping centré
sur le problème et le coping centré sur l’émotion. Le coping centré sur le problème a pour
objectif de « réduire les exigences de la situation et/ou à augmenter ses propres ressources
pour mieux y faire face » (Bruchon-Schweitzer, 2001, p.71). Selon Lazarus et Folkman (1984),
ce coping inclut deux sous-stratégies : « la résolution du problème (recherche d’informations,
élaboration de plans d’action) et l’affrontement de la situation (efforts et actions directs pour
modifier le problème) » (cité par Bruchon-Schweitzer, 2001, p.71). Le coping centré sur
l’émotion renvoie aux efforts réalisés pour réguler et réduire les émotions désagréables (Gross,
2007).
Dans certaines situations, les stratégies centrées sur le problème peuvent-être la seule solution
pour réduire les émotions négatives (Ochsner & Gross, 2004). Si la situation est incontrôlable,
le coping centré sur l’émotion est plus adapté que le coping centré sur le problème (Stroebe,
Schut & Stroebe, 2005), notamment lorsque la situation dure sans que la personne ne puisse
trouver une solution (Chabrol & Callahan, 2004). Ainsi, la flexibilité ou la capacité à changer
facilement de stratégies de coping permet de mieux faire face à une situation (Cheng, 2001).
Une personne peut ne pas avoir besoin d’utiliser de stratégies de coping centrées sur le problème
ou de stratégies de coping centrées sur l’émotion lorsque l’évaluation secondaire, c’est-à-dire
les ressources individuelles et/ou sociales perçues dont dispose l’individu sont suffisantes pour
lui permettre de s’ajuster à la situation (Holahan & Moos, 1991). Ne pas faire face à une
situation stressante peut renvoyer à un état émotionnel négatif ainsi qu’à une attitude de déni
(Chabrol & Callahan, 2004). Les stratégies de coping peuvent être stables, c’est-à-dire utilisées
de manière préférentielle dans toutes les situations. Elles peuvent alors provenir de certaines
caractéristiques dispositionnelles de personnalité (Costa & al., 1996).
98
niveau d’affects positifs (Panksepp, 1998). Pour Gross (1998), la régulation des émotions
correspond « à la manière dont nous cherchons à influencer les émotions que nous avons,
lorsque nous les avons, et comment nous expérimentons et exprimons ces émotions » (p.275).
Elle renvoie aux stratégies utilisées pour réduire, maintenir ou augmenter une émotion (Gross,
2001). La régulation émotionnelle implique « tous les processus extrinsèques et intrinsèques
responsables du suivi, de l'évaluation et de la modification des réactions émotionnelles, en
particulier de leurs caractéristiques en termes d’intensité et de temporalité, pour atteindre leurs
objectifs » (Thompson, 1994, p.27-28).
Tout comme la régulation émotionnelle qui a une fonction hédoniste, les stratégies de régulation
dépendent aussi de la situation (Koole, 2009). La flexibilité dans la capacité à varier les
stratégies de régulation émotionnelle est essentielle (Feldman-Barrett & al., 2001 ; Gratz &
Roemer, 2004 ; Thompson, 1994), car la régulation émotionnelle a aussi un rôle adaptatif
(Larsen & Prizmic, 2004). La régulation émotionnelle peut contribuer à équilibrer les objectifs
multiples (Koole & Kuhl, 2007 ; Rothermund & al., 2008) et à l'intégration entre les processus
de personnalité (Baumann, Kaschel, & Kuhl, 2005 ; Kuhl, 2000). Selon la théorie des
99
« Interactions des systèmes de personnalité » élaborée par Kuhl (2000), la régulation
émotionnelle favorise la flexibilité dans le fonctionnement de la personnalité (Rothermund &
al. 2008) et la cohérence ainsi qu’à long terme, la stabilité au sein du système de personnalité
global (Baumann & al., 2005).
Figure 6.5. Les différentes formes de régulation des émotions (Mikolajczak & Desseilles, 2012)
100
description des étapes du cycle de l’expérience émotionnelle : la situation, l’attention de la
personne, la perception de la situation par la personne et la réponse de la personne à la situation.
À partir de ce modèle, Gross (1998) suggère de classer les stratégies de régulation émotionnelle
en fonction des différents types de stratégies de régulation : la sélection de la situation, la
modification de la situation, le déploiement attentionnel, le changement cognitif et la
modulation de la réponse.
Figure 6.6. Cycle de l’émotion et différents types de stratégies de régulation (Gross, 2007) adapté en
français par Quoidbach (2012)
Sur le plan de la sélection de la situation, les stratégies utilisées ont pour but de réduire le
nombre de situations induisant une émotion désagréable même si, dans la vie, nous devons en
affronter certaines. Au niveau de l'attention, nous pouvons avoir recours à deux types de
solutions : centrer son attention sur un élément distracteur ou centrer son attention sur l'émotion
déplaisante. La première stratégie consiste à « orienter son attention sur autre chose et par
conséquent se distraire » (Gross, 1998 ; Nolen-Hoeksema & Morrow, 1993, cité Mikolajczak,
2012, p.154). Il y a deux types de stratégies distractives : la distraction interne qui correspond
au fait d’orienter et concentrer sa pensée sur autre chose et la distraction externe qui implique
de trouver une autre occupation (McKay, Wood & Brantley, 2007). La deuxième stratégie fait
référence à la « pleine conscience » (mindfulness) qui consiste au fait de se centrer sur l'émotion
ressentie (Baer, 2003 ; Kabat-Zinn, 1990 ; Linehan, 1993 ; Segal, Williams & Tesdale, 2002)
et implique une observation de l'émotion et de son évolution. Ces deux stratégies focalisées sur
l'attention permettent de « prévenir l'accaparement par les pensées (la rumination) et diminuer
101
l'activation émotionnelle » (Mikolajczak, 2012, p.156). Sur le plan cognitif, la perception de
l'événement (Lazarus & folkman, 1984) et des ressources pour y faire face (Bandura, 1997)
déterminent l'émotion que l'individu ressentira (Mikolajczak, 2012). Changer la perception
d’une situation est un moyen efficace pour modifier les émotions (Ochsner & Gross, 2005).
Deux types de stratégies peuvent être utilisées : la réévaluation cognitive de la situation et
l'acceptation. Mikolajczak (2012) répertorie plusieurs stratégies relatives à la réévaluation
cognitive.
(1) examiner ses croyances : se décentrer et adopter un autre point de vue avec des arguments différents
qui contredisent nos pensées et nos émotions (McKay & al., 2007)
(2) défusionner pensée et réalité : prendre conscience que ce que nous pensons ne correspond peut-être
pas à la réalité. Il s'agit de se détacher de ses pensées en observant leurs évolutions sans les retenir
(Baer, 2003 ; Kabat-Zinn, 1990)
(3) relativiser : réduire l’importance de la situation en la comparant à des situations plus négatives
(4) chercher les points positifs
(5) chercher les bénéfices à long terme
L'acceptation est un processus actif qui consiste à accueillir entièrement l'événement difficile
ainsi que les émotions qui en résulte (Mikolajczak, 2012). Cela demande un double processus
cognitif : accepter que l'on ne puisse pas changer la situation (McKay & al., 2007) et accueillir
pleinement les émotions que l'on ressent.
Garnefski et ses collaborateurs (2001) ont déterminé neuf stratégies de régulation émotionnelle
qu’ils ont classées en deux groupes : les stratégies de régulation adaptatives et les stratégies de
régulation non adaptatives. Les stratégies de régulation adaptatives sont l’acceptation, le
recentrage positif, le recentrage sur la planification, la réévaluation positive et la mise en
perspective. Les stratégies de régulation non adaptatives sont le blâme de soi, la rumination, la
dramatisation et le blâme envers les autres.
102
Tableau 6.8. Stratégies cognitives de régulation émotionnelles selon Garnefski et ses collaborateurs
(2001)
1) La mise en perspective correspond au fait de relativiser la situation et d’en diminuer l’importance, notamment en
la comparant à d'autres événements.
2) Le recentrage positif fait référence au fait de penser à des choses positives et agréables au lieu de penser à
l'événement réel.
3) La réévaluation positive renvoie au fait de donner un sens positif à l'événement notamment en termes de
croissance personnelle.
4) L’acceptation correspond au fait d'accepter et de se résigner par rapport à ce qu’a été vécu.
5) La centration sur l’action fait référence au fait de réfléchir sur ce qu'il faut faire et comment gérer l'événement
négatif.
1) Le blâme de soi renvoie à l’auto-accusation et au reproche vis-à-vis de soi quant à la responsabilité de la situation.
2) Le blâme des autres correspond au fait d’attribuer la faute de ce qu’est arrivé à l'environnement ou à une autre
personne.
3) La rumination fait référence au fait de revivre, à travers des réflexions et des sentiments, l'événement négatif.
4) La dramatisation renvoie à l'accentuation explicite de l’aspect négatif de l’expérience.
Berking (2007) conçoit la régulation émotionnelle comme l’interaction entre les compétences
émotionnelles et les contraintes sociales et environnementales. Il répertorie neuf compétences
de régulation émotionnelle importante pour la santé mentale: la capacité à être conscient des
émotions et de les traiter consciemment (Lischetzke & Eid, 2003), l’identification et la
catégorisation des émotions (Bagby, Parker, & Taylor, 1994 ; Feldman-Barrett, Gross,
Christensen & Benvenuto, 2001), l’interprétation juste des sensations corporelles liées aux
émotions (Damasio, 1994 ; Marchesi & al., 2005), la compréhension des causes des émotions
(Southam-Gerow & Kendall, 2002), l’acceptation des émotions (Greenberg, 2002 ; Hayes,
Strohsahl & Wilson, 1999 ; Leahy, 2002), la tolérance aux émotions notamment celles qui sont
négatives (Kabat-Zinn, 2003 ; Kobasa, Maddi & Kahn, 1982), la capacité à se confronter aux
situations générant de la détresse pour atteindre des objectifs importants (Hayes, Wilson,
Gifford, Follette & Strosahl, 1996 ; Margraf & Berking, 2005) et la capacité à diminuer
103
activement les émotions négatives (Catanzaro & Greenwood, 1994 ; Salovey, Mayer, Goldman,
Turvey & Palfai, 1995).
Par ailleurs, il existe aussi des stratégies centrées sur la modulation de la réponse (Mikolajczak,
2012). Elles ont pour objectif de modifier le ressenti perçu par l'individu en agissant directement
sur la dimension corporelle. Ainsi, l'individu pourrait utiliser deux types de relaxation : la
relaxation dirigée et la relaxation personnelle. La relaxation dirigée peut se décomposer en deux
techniques à savoir la relaxation de Schultz (1958) et la relaxation de Jacobson (1980). Elles
ont pour objectif de détendre progressivement tous les muscles du corps pour arriver à un total
relâchement. Ces deux techniques de relaxation seraient efficaces uniquement après un
entraînement suffisant et lorsque l’état de relaxation serait automatisé en situation de repos. La
relaxation personnelle consiste en la réalisation d'activité de la vie quotidienne afin d’obtenir
un état de détente.
6.4.3 Savoring
Selon plusieurs chercheurs (Bryant, 1989 ; Feldman, Joorman & Jonhson, 2008 ; Quoidbach,
Berry, Hansenne & Mikolajczak, 2010 ; Wood, Heimpel & Michela, 2003), les individus
adopteraient deux types de stratégies afin de réguler leurs émotions positives : (a) le savoring,
stratégie dont le but serait d'augmenter en termes d'intensité et de durée les affects positifs, et
104
(b) le dampening, stratégie visant à diminuer les affects positifs. Le savoring est à la capacité à
générer, augmenter et prolonger le plaisir, avec attention tout en ayant conscience du plaisir
(Bryant, 2003 ; Jose & al., 2012). Il fait référence à la notion de « capitalisation » de Langston
(1994) qui renvoie à l’interprétation positive des événements positifs. L'expérience des
émotions positives et le fait de les savourer ont un effet unique et particulier sur le subjectif
bien-être (Bryant, 1989 ; Hurley & Kwon, 2013). Cela implique l’ensemble des stratégies
cognitives et comportementales régulant l'intensité ou la durée des sentiments positifs en
réaction aux expériences positives (Bryant, 1989, 2003).
Bryant et Veroff (2007) ont proposé de classer les stratégies de « savoring » selon qu’elles
reflètent des processus cognitifs, des processus comportementaux ou un mélange de processus
cognitifs et comportementaux. Ces auteurs ont identifié neuf stratégies cognitives et
comportementales afin de savourer.
Bryant et Veroff (2007) suggèrent aussi une dixième stratégie, celle-ci renvoyant au dampening
et qui correspond aux pensées diminuant l’intérêt des expériences plaisantes amenant ainsi à
éviter la réceptivité aux expériences positives (stratégie cognitive).
105
Les différentes stratégies utilisées pour savourer et donc amplifier les émotions positives sont
liées à une fréquence plus élevée d’affects positifs (Gentzler, Morey, Palmer & Yi, 2013 ; Jose,
Lim & Bryant, 2012 ; Quoidbach, Berry, Hansenne & Mikolajczak, 2010 ; Smith, Harrison,
Kurtz & Bryant, 2014). Comme le suggère Quoidbach (2012) en figure 6.10., nous pouvons
utiliser aussi des stratégies de type savoring en nous basant sur l'approche du modèle de
régulation des émotions de Gross (1998).
Figure 6.10.1 Cycle de l’émotion et différents types de stratégies de régulation pouvant être appliqués
avant, pendant et après un événement émotionnel positif (Quoidbach, 2012)
Tableau 6.10.2 Stratégies pour savourer avant, pendant et après un événement positif (Quoidbach, 2012)
106
L’utilisation de stratégies de savoring est positivement liée au bonheur tandis que les stratégies
de dampening sont en relation avec un faible niveau de bien-être (Bryant, 2003 ; Qoidbach &
al., 2010 cité par Qoidbach, 2012). Un faible niveau de savoring ainsi qu’un niveau élevé de
dampening est associé à la dépression unipolaire (Feldman & al., 2008) aux troubles paniques,
à la phobie sociale, aux troubles anxieux généralisés et aux troubles obsessionnels compulsifs
(Eisner, Johnson & Carver, 2009). Par ailleurs, le fait de générer des émotions positives présente
l'intérêt de restaurer le soi et de procurer les ressources nécessaires dans la réalisation de l'acte
d'autorégulation (Tice, Baumeister, Shmueli & Muraven, 2007).
Conclusion
La régulation des affects a pour objectif un faible niveau d’affects négatifs et un haut niveau
d’affects positifs (Panksepp, 1998) amenant à la prévalence des affects positifs sur les affects
négatifs (Bradburn,1969). La régulation des affects intègre la régulation du stress, la régulation
des émotions et la régulation de l'humeur (Gross, 2015) impliquant des changements dans les
processus de réponse physiologiques, expérientiels et comportementals, qu’ils soient
automatiques ou contrôlés, inconscients ou conscients (Gross, 1998).
Tandis que pour Beck au niveau cognitif (Beck, 1967, 1976 ; Beck & Emery, 1985 ; Beck,
1995), la santé mentale négative peut être associée à la maximisation du négatif et la
minimisation du positif, la régulation dysfonctionnelle des affects négatifs ainsi que le manque
de ré-évaluation positive des situations négatives et de capacité à savourer les situations
positives sont liés aux symptômes de santé mentale négative. Au contraire, par la maximisation
du positif et la minimisation du négatif, tout en ayant une interprétation adaptée et relativement
juste de la réalité (Maslow, 1954 ; Jahoda, 1958), les stratégies de régulation affective
fonctionnelles contribuent de manière essentielle à la santé mentale positive par l’intermédiaire
de la gestion efficace des affects négatifs (Gross & Munoz, 1995 ; Kring & Werner, 2004).
Dans les événements stressants ou négatifs, la positivité a été étudiée de manière sous-jacente
à travers l’optimisme (Tian, Zhang & Huebner, 2018). Plusieurs chercheurs (Scheier,
Weintraub & Carver, 1986) ont montré que les personnes optimistes ont tendance à utiliser la
stratégie cognitive « ré-évaluation positive » pour résoudre le problème lorsque la situation
107
stressante est perçue comme contrôlable, alors que lorsque la situation est perçue comme
incontrôlable, ils ont tendance à accepter la réalité de la situation. En outre, si savourer implique
l’attention (Bryant, 2003 ; Jose & al., 2012) et l’interprétation positive des événements positifs
(Langston, 1994), selon Bryant et Veroff (2007), la stratégie de « l’accentuation de la perception
sensorielle » ressemble à la distorsion cognitive « abstraction sélective » répertoriée dans la
dépression (Beck, 1976) et par conséquent implique la négativité. Les stratégies cognitives de
type savoring renvoie à la positivité comme mémoriser les moments plaisants, se féliciter,
comparer favorablement la situation présente à une autre, avoir la conscience temporelle de la
qualité du moment qui est en train de se dérouler, considérer les bénédictions (Bryant & Veroff,
2007), diriger son attention vers le positif dans le moment présent, se projeter mentalement dans
l’avenir, adopter une perspective optimiste, interpréter les choses de manière positive pendant
la situation, interpréter les souvenirs de manière positive (Quoidbach, 2012). L’ensemble des
stratégies cognitives impliquant les cognitions positives, peut permettre d’expliquer le
processus cognitif sous-jacent de la positivité en faisant intervenir l’attention orientée vers le
positif ainsi que l’évaluation positive.
108
109
Chapitre VII. L’approche conative
de la santé mentale
110
Introduction
111
la positivité est considérée comme un trait de personnalité (Caprara & Steca, 2005). Ainsi, elle
est significativement et positivement corrélée à d’autres traits de personnalité tels que
l’extraversion, l’agréabilité, la stabilité émotionnelle, l’ouverture d’esprit et l’esprit
consciencieux dans plusieurs pays et plusieurs cultures (Caprara & al., 2012).
La plupart des psychologues préfèrent définir la personnalité en insistant sur sa structure interne
(Allport, 1970). Allport, dès 1937, la définit comme une « organisation dynamique dans
l’individu des systèmes psychophysiques qui déterminent ses ajustements singuliers à son
environnement » (1970, p. 48). Pour Eysenck (1947), la personnalité renvoie à l’ensemble des
modes de comportements présents ou potentiels de la personne et est déterminée par l'hérédité
ainsi que l’environnement. Cattell (1950) affirme que la personnalité est ce qui permet de
prédire ce que fera une personne dans un type de situation. Cottraux (2002), quant à lui, la
définit comme « l’intégration stable et individualisée d’un ensemble de comportements,
d’émotions, et de cognitions. Elle correspond aux modes de réactions émotives, cognitives et
comportementales à l’environnement qui caractérisent chaque individu » (p.47).
7.2 Le Big-Five
En s'appuyant sur les travaux d'Allport et Odbert (1936) et de Cattell (1943), plusieurs
chercheurs (Fiske, 1949 ; Tupes & Christal, 1961 ; Borgatta, 1964 ; Norman, 1963 ; Smith,
1967 ; Digman & Takemoto-Chock, 1981) ont déterminé un modèle, le Big Five, qui explique
et définit la personnalité en cinq facteurs ou traits indépendants à savoir la stabilité émotionnelle
(anciennement névrosisme), l’agréabilité, l’ouverture d’esprit, l’extraversion et l’esprit
consciencieux. Allport et Odbert (1936) définissent les traits de personnalité comme « des
tendances déterminantes, générales et personnalisées, des modes cohérents et stables
d'adaptation à l'environnement » (p.26). Allport (1961) suggère que le trait de personnalité est
« une structure neuropsychique ayant la capacité de rendre de nombreux stimuli
fonctionnellement équivalents, de déclencher et de guider des formes équivalentes de conduites
adaptatives et expressives ». McCrae et Costa (1990) proposent la définition suivante : « les
traits de personnalité sont des dimensions décrivant des différences individuelles dans les
112
tendances à manifester des configurations cohérentes et systématiques de pensées, d'émotions
et d'actions » (p.23). Ainsi, les traits de personnalité impliquent « des différences individuelles
dans la tendance à se comporter, penser, ressentir de manière systématique » (Caspi, 1998 cité
par Rolland, 2004, p.18). Ils sont présents, à des degrés différents, d'une personne à une autre,
ce qui peut notamment permettre de classer les individus en fonction de chacun de ces traits
(McCrae & Costa, 1990). Les cinq traits de personnalité que comprend le Big Five se
décomposent chacun en six facettes (Costa & McCrae, 1992).
113
Tableau 7.1. Traits de personnalité du Big Five et leurs six facettes (Costa & McCrae, 1992)
1) La stabilité émotionnelle ou névrosisme est la « tendance à éprouver fréquemment et intensément une vaste gamme
d’émotions négatives (honte, peur, anxiété, colère, tristesse…) » (Rolland, 2004, p. 47)
Facettes
Anxiété
Hostilité
Dépression
Timidité sociale
Impulsivité
Vulnérabilité
2) L'extraversion est « la tendance à rechercher le contact avec l’environnement, et les stimulations agréables qu’il procure,
avec énergie, entrain, enthousiasme etc onfiance et à vivre ces expériences de manière positive » (Rolland, 2004, p. 49)
Facettes
Chaleur
Grégarité
Assertivité
Activité
Recherche de sensations
Emotions positives
3) L’agréabilité est une « dimension régulant la tonalité des relations et des échanges avec autrui » qui renvoie à l'empathie, la
bienveillance et la chaleur (Rolland, 2004, p. 51-52)
Facettes
Confiance
Droiture
Altruisme
Compliance
Modestie
Sensibilité
4) Le caractère consciencieux est la tendance « à la motivation, l’organisation et la persévérance dans les conduites
orientées vers un but » (Rolland, 2004, p. 52)
Facettes
Compétence
Ordre
Sens du devoir
Recherche de réussite
Autodiscipline
Délibération
5) L'ouverture d'esprit est « une dimension régulant les réactions à la nouveauté » se traduisant par « des intérêts larges et
variés » ainsi qu'une « capacité à rechercher et à vivre des expériences nouvelles et inhabituelles » (Rolland, 2004, p. 50-51)
Facettes
Ouverture aux rêveries
Ouverture à l’esthétique
Ouverture aux sentiments
Ouverture aux actions
Ouverture aux idées
Ouverture aux valeurs
114
7.3 Vertus et forces de caractère
La recherche s'est attachée à mettre en lumière l'importance que revêt le fait de cultiver l'art
d'être une bonne personne sur le plan de la morale, compte tenu du fait que les traits positifs du
caractère peuvent être considérés comme associés aux expériences positives ainsi qu'aux
institutions positives (Park & Peterson, 2003). Ainsi, les traits de caractère positifs qui
engendrent des expériences positives représentent un intérêt considérable car ils ont des effets
positifs sur les différentes sphères de la vie sociale comme la famille, l'école, le travail et la
communauté (Peterson & Park, 2011). Pour Yearley (1993), la vertu est « une disposition à
agir, désirer, ressentir qui implique d'exercer son jugement et mène à excellence humaine
reconnaissable ou à un exemple d’épanouissement humain. De plus l'activité vertueuse
implique de choisir la vertu pour elle-même à la lumière d'un plan de vie qui puisse se justifier »
(p.13). Selon Peterson et Park (2011), « les forces de caractère sont les ingrédients
psychologiques, processus ou mécanisme qui définissent les vertus ». De plus, « les forces de
caractère constitueraient un sous-ensemble de traits de personnalité auquel nous attribuons
une valeur morale » (p. 236). Ces auteurs suggèrent que le bon caractère renvoie à « un
ensemble de différences individuelles : en principe, des forces distinctes que les individus
possèdent à divers degrés, manifestés à travers les pensées, les sentiments et les actions,
malléables, mesurables, objet de nombreuses influences, proches et distantes » (p. 236).
En opposition au Manuel de diagnostic des Troubles mentaux (DSM) utilisé pour classer et
répertorier les faiblesses et pathologies, la recherche en psychologie positive a développé un
manuel de classification Values In Action (Valeurs en Action) qui a pour but d’inventorier les
forces (Peterson & Seligman, 2004). Ces auteurs ont déterminé plusieurs critères ce qui les a
conduits à identifier 24 forces de caractère.
115
Tableau 7.2. Critères pour accepter une force de caractère (Peterson et Seligman, 2004)
3. Moralement valorisée : elle est moralement valorisée de manière à part entière, même en l'absence de résultats bénéfiques évidents
4. Ne diminue pas les autres : elle élève les autres qui en sont témoins, produit de l'admiration et non de la jalousie
6. Trait de caractère : elle est différenciable entre les individus, est générale dans les situations et stable dans le temps
7. Mesurable : elle a été mesurée avec succès par les chercheurs comme une différence interindividuelle
8. Le caractère est distinctif : elle n’est pas redondante (conceptuellement ou empiriquement) avec d'autres forces de caractères
10. Prodigieux : elle est précocement présente chez des enfants ou des jeunes
11. N’est pas présente chez tout le monde : elle est complètemente absente chez certaines personnes
12. Instituée socialement : elle est le but délibéré de pratiques sociétales et de rituels qui tentent de la cultiver
116
Tableau 7.3. Classification des 6 grandes vertus et des 24 forces de caractère (Peterson & Seligman,
2004) adaptée par Regourd-Laizeau (2013)
Vertu I. Sagesse et connaissance : les forces cognitives qui entraînent l'acquisition et l'utilisation de la
connaissance
(1) Créativité : penser à des façons nouvelles et productives pour faire les choses
(3) Ouverture d'esprit : réfléchir et examiner les choses sous tous les aspects
(5) Perspective : être en mesure de donner des conseils sages aux autres
Vertu II. Courage : les forces émotionnelles qui impliquent l'exercice de la volonté d’accomplir des buts face à
l'opposition, externe ou interne
(6) Bravoure : pas d’évitement face à la menace, le défi, la difficulté ou la douleur
Vertu III. Humanité : les forces interpersonnelles qui impliquent de se soucier des autres et de se lier avec les
autres
(10) Amour : avoir des relations proches avec les autres
(12) Intelligence sociale : être conscient de ses motivations, de ses sentiments et de ceux des autres
Vertu IV. Justice : les forces civiques qui sous-tendent une vie communautaire saine
(13) Civilité : travail bien comme membre d'un groupe ou d'une équipe
(14) Équité : traitement de toutes les personnes de la même manière selon des notions d'équité et de justice
(18) Prudence : être prudent dans ses choix; ne pas dire au faire des choses que l'on pourrait regretter
Vertu VI. Transcendance : forces qui établissent des liens avec l'univers et qui apportent un sens à la vie
individuelle
(20) Appréciation de beauté et de l’excellence : remarquer et apprécier la beauté, l’excellence, et/ou la prestation talentueuse dans
tous les domaines de vie
(21) Gratitude : être conscient et reconnaissant pour les bonnes choses qui arrivent
(24) Spiritualité : avoir des croyances cohérentes sur les buts et les sens les plus élevés de la vie
117
Peterson et Seligman (2004) ont développé un instrument d’évaluation des forces de caractère
(Values in Action Inventory of Strengths ; VIA-IS) ; les vertus ne sont pas mesurées car
considérées comme « trop abstraites » (p. 31). Pour examiner la structure interne de
l'instrument, Peterson et Seligman (2004) ont réalisé une analyse factorielle exploratoire
préliminaire qui a abouti à une solution de 5 facteurs : (1) forces de contrainte (équité, modestie,
rémission, prudence) ; (2) forces intellectuelles (créativité, curiosité, amour de l'apprentissage,
appréciation de la beauté) ; (3) forces interpersonnelles (gentillesse, amour, leadership, travail
d'équipe, humeur); (4) forces émotionnelles (bravoure, espoir, autorégulation, entrain) ; et (5)
forces théologiques (gratitude, spiritualité). Peterson (2006) propose une solution à deux
facteurs bipolaires : d’une part en opposant les forces qui nécessitent une expression
émotionnelle (humeur, espoir) et les forces de contrainte intellectuelle (autorégulation,
persévérance), et d’autre part les forces orientées vers l'individu (créativité, curiosité) en
opposition aux forces orientées vers la collectivité (gentillesse, direction, travail d'équipe). Il
n’y a pas de preuves de la structure factorielle et de la validité transculturelle du VIA-IS
(Peterson & Seligman, 2004 ; Otake & al., 2005 ; Brdar & Kashdan, 2010 ; Ruch & al., 2010 ;
Shryack & al., 2010 ; Singh & Choubisa, 2010 ; Cosentino, 2011 ; Duan & al., 2012 ; McGrath,
2014 ; Ng & al., 2017). Ruch et Proyer (2015) ont conclu que l'approche la plus pertinente pour
tester conceptuellement le VIA-IS devrait reposer sur le jugement d’experts plutôt que sur
l’analyse factorielle comme pour beaucoup d’autres construits psychologiques (De la Iglesia &
Castro Solano, 2018b). Plusieurs recherches empiriques démontrent que les vertus et forces de
caractère prédisent l’augmentation du bonheur et la diminution de symptômes dépressifs
(Proyer & al., 2015), le bien-être (Martínez Martí & Ruch, 2014), l’augmentation des stratégies
de coping pour mieux gérer le stress au travail (Harzer & Ruch, 2015), la productivité au travail
(Lavy & Littman-Ovadia, 2017) et la réussite scolaire (Wagner & Ruch, 2015)
De la Iglesia et Castro Solano (2018a) ont présenté le modèle de personnalité positive (PPM).
Ce modèle s’est développé en s’appuyant sur la classification des maladies mentales du DSM-
5 (American Psychiatric Association, 2013) ainsi que les indicateurs pathologiques inclus dans
le PID-5 (Krueger et al., 2013). Les chercheurs ont reformulé de manière positive les 220 items
du PID-5 et ont regroupé ces éléments dans cinq domaines qui ont été nommés bien-être, liens
118
positifs, humanité, modération et lucidité. Dans une autre étude, De la Iglesia et Castro Solano
(2018b) ont proposé l’idée d’un continuum maladie mentale-santé mentale pour chaque trait de
personnalité allant de l’état pathologique, en passant par le trait typique (trait de personnalité
du Big-Five) jusqu’au trait positif. Ce modèle propose pour traits de personnalité positifs : la
sérénité, l’humanité, l’intégrité, la modération et la vivacité.
Figure 7.4. Classification du continuum maladie mentale-santé mentale pour chaque trait de personnalité
(De la Iglesia et Castro Solano, 2018b)
La version inversée de l’affect négatif est la sérénité, qui va au-delà de la stabilité émotionnelle.
L’humanité est l’extrémité positive du continuum détachement-extraversion. L'intégrité est la
version opposée de l'antagonisme et la version positive de l'agréabilité. La modération est la
version positive de la désinhibition et de l’esprit consciencieux. La vivacité est l’extrémité
positive du continuum psychotisme-ouverture à l’expérience.
Conclusion
La recherche sur la personnalité s’est développée depuis la première moitié du XXe siècle grâce
à l’approche différentielle avec le Big-Five (Fiske, 1949 ; Tupes & Christal, 1961 ; Borgatta,
1964 ; Norman, 1963 ; Smith, 1967 ; Digman & Takemoto-Chock, 1981). Le Big Five (Costa
& McCrae, 1992) recense cinq traits de personnalité : la stabilité émotionnelle ou le névrosisme,
l'extraversion, l’agréabilité, le caractère consciencieux et l'ouverture d'esprit.
119
Plus tard, la recherche en psychologie positive propose de répertorier un ensemble de forces de
caractère représentant les vertus et qui ont une valeur morale (Peterson & Park, 2011). Les traits
de caractère positifs présentent un intérêt dans la mesure où ils induisent de multiples effets
positifs dans les différentes sphères de la vie sociale comme la famille, l'école, le travail et la
communauté (Peterson & Park, 2011). La validité transculturelle du modèle structurel VIA n’a
pas été démontré (Peterson & Seligman, 2004 ; Otake & al.,2005 ; Brdar & Kashdan, 2010 ;
Ruch & al., 2010 ; Shryack & al., 2010 ; Singh & Choubisa, 2010 ; Cosentino, 2011 ; Duan &
al.,2012 ; McGrath, 2014 ; Ng & al., 2017), et McGrath (2014), en réalisant une étude sur un
large échantillon de 458 998 d’adultes américains, a trouvé une nouvelle dimension, la
positivité, composée des items provenant de plusieurs échelles (principalement l’espoir et la
vitalité) mesurant l’enthousiasme, l’espoir et l’optimisme. Ces items renvoient à « l’attitude
positive » (p.9), la positivité représentant ainsi un « complément potentiellement pertinent au
répertoire des forces de caractère » (p.10).
Alors que le modèle de personnalité positive (PPM ; De la Iglesia et Castro Solano, 2018a,
2018b) propose un continuum maladie mentale-santé mentale pour chaque trait de personnalité
du Big-Five, plusieurs chercheurs (Lauriola & Iani, 2015, 2016) ont démontré le rôle médiateur
joué par la positivité dans la relation entre certains traits de personnalité (la stabilité
émotionnelle et l’extraversion) et le bonheur. La positivité, peut-elle être considérée comme
une extrémité positive au même titre que la sérénité, l’humanité, l’intégrité, la modération et la
vivacité ? Ou plutôt, pouvons-nous concevoir un continuum allant de la négativité (trait
pathologique) à la perspicacité (trait positif), en passant par la positivité (trait typique) ?
120
121
Conclusion de la revue de littérature
122
Alors qu’au début de la deuxième partie du XXème siècle, Maslow (1954) proposa d’étudier la
santé mentale par le prisme d’une « psychologie positive » (p.278), Seligman et
Csikszentmihalyi (2000) ont posé au début du XXIème siècle les fondements du courant de
recherche en psychologie positive qui « à un niveau subjectif concerne la valorisation des
expériences subjectives : le bien-être, la satisfaction (dans le passé), les états de grâce, le
bonheur (pour le présent), l’espoir et l’optimisme (pour le futur) » (p.5). La psychologie
positive permet ainsi d’explorer « les cognitions, en particulier la façon dont les cognitions
positives nous aide à vivre, et comment l’on peut passer d’un mode d’interprétation pessimiste
de l’existence à un mode optimiste » (Lecomte, 2011, p.9). Par conséquent, elle explore la
manière dont on peut passer de la négativité à la positivité, ce qui revient aussi à aborder la
manière dont on peut passer de la santé mentale négative à la santé mentale positive.
Plusieurs chercheurs (Lambert, Passmore & Holder, 2015) proposent une cartographie des
orientations de recherche en psychologie positive, en apportant un « plan des théories et des
modèles sur le bien-être en psychologie positive, en vue d’établir un point de départ pour
l’établissement d’un cadre intégrateur » (p.317). Cette cartographie intègre les traditions
philosophiques qui apportent « un cadre fondamental dans lequel les théories positives de la
psychologie peuvent être comprises » (p.311) ainsi que « des modèles sur le bien-être qui ne
correspondent pas aux cadres traditionnels » (p.317). Ils répertorient quatre catégories de
modèles : les modèles basés sur les traditions philosophiques, les modèles qui s’appuient sur la
combinaison entre les traditions philosophiques, ainsi que deux types de conceptualisations
alternatives du bien-être en dehors des traditions philosophiques : les théories contemporaines
du bien-être qui relèvent du cadre psychologique (Diener & Ryan, 2009) et les théories et
modèles hybrides du bien-être qui « associent théorie, recherche et philosophie de divers
paradigmes » (Lambert, Passmore & Holder, 2015, p.315).
123
La combinaison des quatre traditions philosophiques comprend les modèles intégratifs : (1) le
bonheur authentique (Seligman, 2002), (2) le modèle PERMA (Seligman, 2011), (3)
l’épanouissement (Keyes, 2002, 2005).
Les théories contemporaines du bien-être relevant du cadre psychologique (Diener & Ryan,
2009) comprennent (1) les « théories téliques » dans lesquelles le bien-être renvoie aux buts
atteints ou aux besoins satisfaits, (2) les théories ascendantes et descendantes, les premières
dans lesquelles, le bien-être est la conséquence d'accumulations d'expériences ayant des effets
positifs, les secondes dans lesquelles le bien-être émane d’une tendance à faire l'expérience du
monde de manière spécifique, (3) les théories cognitives qui considèrent que ce sont les
processus cognitifs qui déterminent le bien-être, (4) les théories évolutionnistes impliquant la
valeur évolutive des émotions positives, (5) les théories du tempérament et de la personnalité
qui expliquent une large part du bien-être, (6) les théories sur les standards relatifs impliquant
des comparaisons entre les normes basées sur « son passé, d’autres individus, ses idéaux ou les
conditions réelles » (Lambert, Passmore & Holder, 2015, p.315), comme par exemple le modèle
de prévention de l’adaptation hédonique (Sheldon, Boehm & Lyubomirsky, 2012 ; Sheldon &
Lyubomirsky, 2012).
124
Figure D. Cartographie des orientations de recherche en santé mentale positive (Lambert, Passmore &
Holder, 2015)
D’un point de vue conceptuel, la positivité peut être associée à différents types d’approches,
philosophiques et non-philosophiques. Dans les traditions philosophiques, elle a un rapport
avec (1) la tradition philosophique des vertus, la positivité représentant une force de caractère
(McGrath, 2014), (2) la tradition eudémoniste de par l’estime de soi et l’optimisme dans le bien-
être psychologique (Diener & al., 2010), (3) la tradition hédoniste de par la satisfaction de vie
dans le bien-être subjectif (Diener, 1984). Dans le cadre psychologique des théories du bien-
être de traditions non-philosophiques, elle est impliquée dans (1) les « théories téliques » de par
l’optimisme (Carver & Scheier, 2014), (2) les théories cognitives (Alessandri & al., 2012 ;
Caprara & al., 2010) ainsi que (3) les théories de la personnalité (Caprara & Steca, 2005).
125
126
ETUDES EMPIRIQUES
127
Chapitre VIII. Problématique, objectifs
et méthodologie de recherche
128
Introduction
La positivité est la dimension de base de l’affect positif et de la santé mentale positive, les
cognitions et affects positifs permettant de prévenir les troubles psychologiques à court terme
ainsi que de compenser la maladie mentale. Elle constitue ainsi une force dans la santé mentale.
Explorée de manière sous-jacente à travers la satisfaction de vie, l’estime de soi et l’optimisme
dans le cadre de nombreuses études (Tian, Zhang & Huebner, 2018), elle a ainsi été abordée,
par plusieurs courants de recherches tels que la psychologie développementale, la psychologie
clinique, la psychologie humaniste, la psychologie sociale, la psychologie de la personnalité.
La psychologie positive quant à elle, « développe une conception globale de l’être humain »,
avec ses « multiples facettes », « dans une orientation positive », « étant ainsi une discipline
qui en regroupe d’autres » (Lecomte, 2011, p.9).
Peterson (2000, p. 47), au début du XXIème siècle, constatait que l’optimisme avait un effet
sur de nombreuses variables sans que les raisons ne soient toujours expliquées. Par
l’intermédiaire de leur dimension commune, la positivité, peut-on déterminer de manière
structurée et cohérente l’ampleur de l’influence positive de l’estime de soi, de l’optimisme et
de la satisfaction de vie dans la santé mentale ? Ces concepts qui ont fait l’objet de nombreuses
recherches n’ont jamais véritablement été utilisés comme dimension d’un construit global, la
cognition, avec un versant positif et un versant négatif. Adopter une conception globale de la
cognition, dans son orientation positive, pourrait permettre de mieux décrire et de mieux
expliquer la santé mentale positive dans son ensemble, et d’apporter ainsi davantage de
cohérence à sa structure. Cela donnerait la possibilité de concevoir la tendance à l’évaluation
positive comme un construit général multidimensionnel intervenant dans l’ensemble des
domaines de vie, à travers le fonctionnement psychologique ainsi que dans la régulation de
l’évaluation positive de soi, de ses expériences (passées, présentes, futures) dans les différents
domaines de vie. Par conséquent, cela permettrait de mieux expliquer la vision positive, de
manière générale, ainsi que sa régulation et ce, d’autant plus qu’elle détermine l’affect positif.
129
8.1 Problématique et objectifs de recherche
En s’appuyant sur une approche intégrative, cette thèse propose de déterminer l’influence de la
positivité dans la santé mentale positive, en abordant son rôle et sa place, que ce soit dans la
structure de la subjectivité (approche hédoniste), dans le fonctionnement psychologique positif
(approche eudémonique) ou de manière simultanée. Elle adoptera trois perspectives de
recherche différentes : (1) définir la place de la positivité dans la subjectivité mentale, (2)
déterminer sa place et son rôle dans le fonctionnement de la santé mentale positive, (3) repérer
son rôle dans la régulation émotionnelle fonctionnelle.
Dans un troisième temps, nous explorerons la place de la positivité parmi les autres dimensions
déjà reconnues de la subjectivité mentale : la négativité, l’affect négatif et l’affect positif. Pour
commencer, nous examinerons la structure de l’échelle des affects positifs et des affects en
version courte. Puis, l’hypothèse du modèle du bien-être subjectif (satisfaction de vie, affect
positif, affect négatif) ainsi que la version dispositionnelle du bien-être subjectif (positivité,
affect positif, affect négatif) seront étudiées. Pour finir, nous testerons différentes modélisations
130
de la subjectivité mentale en posant l’hypothèse que la structure bi-dimentionnelle de la santé
mentale, constituée de la santé mentale positive et de la santé mentale négative, implique une
structure bi-dimentionnelle de la subjectivité mentale comprenant la subjectivité positive
(positivité, affect positif) et la subjectivité négative (négativité, affect négatif).
Dans un deuxième temps, nous testerons la relation entre la positivité et les indicateurs de santé
mentale positive afin d’étudier : (a) l’existence d’un modèle de la santé mentale positive
comprenant la positivité, (b) l’effet médiateur du bien-être psychologique dans la relation entre
la positivité et l’affect positif, (b) l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre le bien-
être psychologique et l’affect négatif.
Dans un troisième temps, nous explorerons la relation entre la positivité, les stratégies de
régulation motivationnelle des comportements et le bonheur et poserons l’hypothèse d’un effet
médiateur de la positivité dans la relation entre les stratégies de régulation motivationnelle
autonomes et le bonheur subjectif.
Dans un premier temps, les relations entre la négativité, la positivité, les stratégies de régulation
émotionnelle fonctionnelles ainsi que l’affect positif et l’affect négatif, dans les situations
négatives seront explorées. Plusieurs hypothèses seront testées : (a) l’existence d’un modèle du
fonctionnement de la subjectivité mentale positive, (b) l’effet médiateur de la régulation
émotionnelle fonctionnelle dans la relation entre l’affect négatif et l’affect positif, (c) l’effet
131
médiateur de la positivité dans la relation entre les stratégies de régulation émotionnelle
fonctionnelles et l’affect positif/l’affect négatif.
Dans un deuxième temps, nous étudierons dans les situations positives, la relation entre la
positivité, le savoring dans les situations positives et le bonheur avec notamment pour
hypothèse l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre le savoring et le bonheur
subjectif.
Cette thèse à travers l’ensemble de ces perspectives de recherches aura ainsi pour objectif
d’aborder progressivement le rôle et la place de la positivité dans la santé mentale, (1) en
définissant sa place, notamment en opposition à la négativité, dans la dimension subjective de
la santé mentale, (2) son rôle dans le fonctionnement positif de la santé mentale positive,
notamment au regard des concepts impliquant le développement de la santé mentale positive
ainsi que la régulation de sa dimension affective.
8.2 Méthodologie
Les tableaux ci-dessous présentent les échantillons, les échelles, les analyses statistiques et les
logiciels qui seront utilisés.
132
Tableau E. Synthèse des échantillons dans les études
133
Tableau F. Synthèse des outils utilisés dans les études
134
8.2.1 Déontologie
Pour chaque étude, les participants ont signé un formulaire de consentement expliquant le cadre
confidentiel et anonyme de l’étude et la possibilité d’interrompre la participation à tout moment.
L’échelle de Positivité (The Positivity Scale ; Caprara & al., 2012) est un instrument constitué
de 8 items qui évaluent la tendance à avoir une vision positive de soi (3 items, par exemple,
« En général, j’ai confiance en moi »), des autres (1 item, « Les autres sont généralement
présents pour moi quand j’ai besoin d'eux »), de l’avenir (3 items, par exemple, « J'ai une
grande confiance en l'avenir ») et de la vie (1 item, « Je suis satisfait(e) de ma vie »). Le
participant est invité à répondre sur une échelle de Likert en 5 points allant de (1) « Pas du tout
d’accord » à (5) « Tout à fait d’accord ».
The Rosenberg Self-esteem Scale (Rosenberg, 1965) est une échelle qui mesure l’estime de soi
d’une personne de manière générale. Dans sa version francophone, elle a été validée par
Vallières et Vallerand (1990). L’échelle est constituée de 10 items ; 5 items sont formulés
positivement (par exemple, « J'ai une attitude positive vis-à-vis moi-même ») et 5 items sont
formulés négativement (par exemple, « Tout bien considéré, je suis porté(e) à me considérer
comme un(e) raté(e) »). Les participants doivent répondre sur une échelle de Likert en 4 points
allant (1) « Tout à fait en désaccord » à (4) « Tout à fait en accord ».
The Life Orientation Test-Revised (Scheier, Carver & Bridges, 1994) est une échelle qui évalue
les attentes à l'égard de l'avenir. Cet instrument a été adapté et validé par Trottier, Mageau,
Trudel et Halliwell (2008) en langue française. Nous avons utilisé les 6 items de l’échelle qui
évalue l’orientation vers le futur, les 4 autres items de l’échelle originale étant des leurres. Dans
les items utilisés, 3 items correspondent aux attentes positives envers le futur (par exemple, « Je
suis toujours optimiste face à mon avenir ») et 3 items réfèrent aux attentes négatives sur
l’avenir (par exemple, « Je m’attends rarement à ce que de bonnes choses m’arrivent »). Les
participants répondent sur une échelle de Likert en 5 points allant (0) « Totalement en
désaccord » à (4) « Totalement d’accord ».
135
The Satisfaction With Life Scale (Diener, Emmons, Larsen, & Griffin, 1985) est un instrument
qui évalue la satisfaction de vie globale d’une personne. Cette échelle, qui est composée de 5
items (par exemple, « Je suis satisfait(e) de ma vie »), a été traduite et validée en langue
française par Blais, Vallerand, Pelletier et Brière (1989). Les participants doivent indiquer leur
degré d’accord à partir d’une échelle en 7 points, allant de (1) « Fortement en désaccord » à (7)
« Fortement en accord ».
Positive and Negative Affect Schedule (PANAS ; Watson, Clark & Tellegen, 1988) est un
instrument composé de 20 items, dont 10 d’entre eux mesurent les affects positifs (par exemple,
« Enthousiaste ») et les 10 autres évaluent les affects négatifs (par exemple, « Nerveux(se) »).
Cette échelle a été traduite et validée en langue française par Gaudreau, Sanchez et Blondin
(2006). Les participants doivent indiquer leur degré d’accord sur une échelle de Likert en 5
points allant (1) « Très peu ou pas du tout » à (5) « Enormément ».
Psychological Need Satisfaction Inventory (Monseur, Mikolajczak & Kotsou, 2010) est une
échelle en langue française qui évalue la satisfaction des besoins psychologiques en 23 items.
Elle mesure le besoin de sécurité (3 items, par exemple, « Je me sens en sécurité dans mon
environnement habituel »), le besoin de relation (4 items, par exemple, « Je me sens intégré et
accepté par les autres »), le besoin d’autonomie (4 items, par exemple, « Je me sens libre de
vivre ma vie comme je l’entends »), le besoin d’estime de soi (4 items, par exemple, « J’estime
être quelqu’un de valable »), le besoin de stimulation (4 items, par exemple, « Je prends le
temps pour des activités qui me passionnent ») ainsi que le besoin de sens et de spiritualité
(4 items, par exemple, « Je me sens en connexion avec le monde »). Les participants doivent
indiquer leur degré d’accord sur échelle de Likert en 7 points allant de (1) « Pas du tout d’accord
» et (7) « Tout à fait d’accord ».
The Mental Health Continuum–Short Form (MHC-SF ; Keyes, 2005) est une échelle constituée
de 14 items mesurant le bien-être émotionnel (3 items, par exemple, « Vous étiez
heureux(se) ») par l’évaluation de l’affect positif et de la satisfaction dans la vie, le bien-être
psychologique (6 items, par exemple, « Vous aimez la plupart des facettes de votre personnalité
») par la mesure de l’acceptation de soi, la croissance personnelle, le sens dans la vie, la maîtrise
de l’environnement, l’autonomie, les relations positives avec les autres, le bien-être social
136
(5 items, par exemple, « Vous avez quelque chose d’important à apporter à la société ») à
travers la mesure de la cohérence sociale, l’acceptation sociale, l’actualisation sociale, la
contribution sociale, l’intégration sociale. Dans sa version francophone, elle a été validée par
Doré, O’Loughlin, Sabiston et Fournier (2016). Les participants répondent sur une échelle de
Likert en 6 points allant de (0) « Jamais » à (5) « Tout le temps ».
L'échelle de motivation globale (Guay, Blais, Vallerand & Pelletier, 2003) est un instrument
qui évalue les différents degrés de motivation : l’amotivation, les trois types de motivation
extrinsèque (régulation externe, introjectée et identifiée) et les trois types de motivation
intrinsèque (la connaissance, la stimulation et la réalisation) (Vallerand & Thill, 1993). Chaque
sous-échelle est constituée de 4 items, pour un total de 28 items. Les participants doivent
répondre sur une échelle de Likert en 7 points allant de (1) « Ne correspond pas du tout » à (7)
« Correspond exactement ».
The Cognitive Emotional Regulation Questionnaire (CERQ ; Garnefski, Kraaij & Spinhoven,
2001) est une échelle de 36 items qui mesure les stratégies cognitives de régulation
émotionnelle en évaluant d’une part les stratégies de régulation adaptatives et d’autre part les
stratégies de régulation non-adaptatives. Cet instrument a été adapté et validé par Jermann, Van
der Linden, D'Acremont et Zermatten (2006) en langue française. Les stratégies de régulation
adaptatives sont l’acceptation, la centration positive, la centration sur l'action, la réévaluation
positive et la mise en perspective. Les stratégies de régulation non-adaptatives sont le blâme de
soi, la rumination, la dramatisation, le blâme d'autrui. Le CERQ a été validé dans des
échantillons d'adolescents (Garnefski et al., 2001) et d’adultes (Garnefski, Legerstee, Kraaij,
Van Den Kommer & Teerds, 2002). Les résultats de la validation de l’échelle ont montré que
les stratégies sont fortement corrélées entre elles et que les échelles peuvent être classées en
deux groupes avec d’une part les sous-échelles relevant des stratégies adaptatives et d’autre part
avec les sous-échelles renvoyant aux stratégies non adaptatives (Garnefski et al., 2001). Les
participants répondent sur une échelle de Likert en 5 points allant de (1) « Presque jamais » à
(5) « Presque toujours ».
The Mindful Attention Awareness Scale (MAAS ; Brown & Ryan, 2003) est une échelle
composée de 15 items qui évalue le degré d'attention et de sensibilité à ce qui se passe dans le
137
moment présent. Elle a été traduite et validée en langue française par Jermann, Billieux, Larøi,
D'Argembeau, Bondolfi, Zermatten et Van der Linden (2009). Les participants doivent indiquer
une fréquence dans le temps sur une échelle de Likert en 6 points allant de (1) « presque
toujours » à (6) « presque jamais ».
The Savoring Beliefs Inventory (Bryant, 2003) est un questionnaire constitué de 24 items,
divisés en trois sous-échelles reflétant les attitudes envers les expériences positives à savourer,
selon les trois orientations temporelles, le passé (8 items, par exemple, « J’aime me pencher sur
les bons moments de mon passé) »), le présent (8 items, par exemple, « Je sais comment profiter
d’un bon moment ») et le futur (8 items, par exemple, « Je me réjouis joyeusement quand je
pense aux bonnes choses à venir.»). La moitié des items est formulée positivement, tandis que
l'autre moitié est formulée négativement. Elle a été traduite en langue française et sa structure
a été validée par Golay, Thonon, Nguyen, Fankhauser et Favrod (2018). Les participants
doivent répondre sur une échelle de en 7 points allant de (1) « Pas du tout d'accord » à (7) «
Tout à fait d'accord ».
The Subjective Happiness Scale (SHS ; Lyubomirsky & Lepper, 1999) est une échelle
composée de 4 items qui mesurent le bonheur subjectif global. Elle a été traduite et validée en
langue française par Kotsou et Leys (2017). Les participants doivent indiquer leur degré de
bonheur et comparer leur bonheur aux autres à partir d’une échelle de Likert en 7 points.
Modèle factoriel
L’approche bi-factorielle multi-construit (Koch, Holtmann, Bohn & Eid, 2017) a souvent été
utilisée pour des modèles avec traits d'état latent relevant de plusieurs construits (Courvoisier,
Eid & Nussbeck, 2007 ; Luhmann, Schimmack & Eid, 2011) dans des études impliquant un
facteur général (Hamaker, Kuiper & Grasman, 2015). Plusieurs chercheurs (Koch et al., 2017)
138
recommandent, dans l’application des stratégies de modélisation, l’utilisation d’un plan de
mesures concret ainsi que les schémas de corrélations entre les facteurs latents. Le modèle bi-
factoriel permet d’examiner la structure d’un modèle sous l’angle d’une coexistence entre un
facteur global sous-jacent à tous les items (Facteur G) et des facteurs spécifiques (Facteur S),
les facteurs spécifiques représentant la partie de la variance non expliquée par le Facteur G
(Morin, Boudrias, Marsh, McInerney, Dagenais-Desmarais, Madore & Litalien, 2017). Dans le
modèle bi-factoriel, le Facteur G représente la covariance partagée entre tous les items et le
Facteur S correspond à la covariance commune entre un sous-ensemble d'items excepté les
autres items (Howard, Gagné, Morin, Wang & Forest, 2018). Les facteurs S sont définis pour
être orthogonaux les uns par rapport aux autres (Gignac, 2016 ; Morin, Arens & Marsh, 2016 ;
Reise, 2012) tout en étant en relation avec le Facteur G (Gignac, 2016 ; Morin, Arens & Marsh,
2016 ; Morin, Arens, Tran & Caci, 2016 ; Reise, 2012). Le modèle bi-factoriel permet de
mesurer la variance provenant des facteurs spécifiques indépendamment de la variance
provenant du facteur global.
139
sont pas des règles strictes, mais des lignes directrices approximatives à utiliser en association
avec l'estimation des paramètres, la conformité statistique et l’adéquation théorique (Marsh,
Hau & Wen, 2004 ; Marsh, Hau & Grayson, 2005).
Cohérence interne
Cohen (1969) propose d’interpréter l’intensité de la corrélation (Pearson, 1896), selon trois
repères : entre .10 et .30 la corrélation est faible, entre .30 et .50 la corrélation est modérée,
supérieure à .50 la corrélation est forte.
Validité convergente
Nous avons analysé la validité convergente avec la variance moyenne extraite et la fiabilité
composite pour chacune des échelles. Pour la variance moyenne extraite de chaque construit,
une valeur supérieure à 0,50 est satisfaisante (Bagozzi, Yi & Phillips, 1991 ; Chin, 1998, Fornell
& Larcker, 1981), alors qu’une valeur supérieure à 0,40 reste acceptable (Diamantopoulos &
Siguaw, 2000).
Validité discriminante
Modèle de médiation
Selon Baron et Kenny (1986, pp. 1173-1176), « une variable agit en tant que médiatrice dans
la mesure où elle rend compte de la relation entre une variable indépendante et une variable
140
dépendante ». On observe un effet médiateur lorsqu’on observe que « les variations du niveau
de la variable dépendante influent significativement sur les variations de la variable médiatrice
(a), et les variations du niveau de celle-ci influent significativement sur la variable dépendante
(b) » (El Akremi, 2005, p.8). Baron et Kenny (1986) différencient deux types de médiation : la
médiation partielle et la médiation complète. Une variable médiatrice est complète lorsque
celle-ci « transmet intégralement l’impact de la variable indépendante sur la variable
dépendante » (El Akremi, 2005, p.8). L’effet direct (c′) de la variable indépendante sur la
variable dépendante s’annule totalement si on intègre la variable médiatrice XM dans le modèle.
On observe une médiation complète lorsque la relation entre Xp et Y n’est plus significative,
celle-ci étant complètement annulée dans le modèle. On constate une médiation partielle
lorsque le lien entre Xp et Y a été réduit, sans être annulé totalement.
141
142
Chapitre IX. Objectif de recherche 1 :
Exploration de la place de la positivité dans la
subjectivité de la santé mentale
143
Dans la santé mentale, la subjectivité est constituée de l’aspect affectif et émotionnel ainsi que
de l’aspect cognitif évaluatif. Si la santé mentale relève d’une structure bi-factorielle, la
tendance aux cognitions négatives renvoie à la santé mentale négative tandis que la tendance
aux cognitions positives est la dimension de base de la santé mentale positive. En effet, la
dimension cognitive de la santé mentale relèverait d’une structure bi-factorielle (Bryant &
Baxter, 1997), c’est-à-dire des facteurs Cognitions positives et Cognitions négatives. Dans une
perspective similaire, la structure affective est bi-dimensionnelle à travers la présence des deux
facteurs d’humeur généraux que sont l’affect positif et l’affect négatif (Watson, Clark &
Tellegen, 1984).
La négativité ou « pensée négative », qui se caractérise par une vision négative de soi, du monde
et de l'avenir (Beck, 1967) est considérée comme le facteur latent de la dépression (Anderson
& Skidmore, 1995, Bebbington, 1985, Haaga Dyck & Ernst, 1991 ; McIntosh & Fisher, 2000 ;
Willner, 1984) qui est le mix entre un niveau d’affectivité négative élevé et un niveau
d’affectivité positive faible (Watson, Clark & Carey, 1988). La positivité est une “disposition
de base” de l’affect positif et par conséquent du bonheur (Caprara et al., 2017) qui implique une
prévalence des affects positifs sur les affects négatifs (Bradburn, 1969). Si le type de cognition,
positive ou négative, se traduit par la qualité de l'émotion, positive ou négative, le degré
d’attente, d’engagement et d’activation dans l'environnement (Carver & Scheier, 1990 ;
Higgins, 1987 ; Watson & Tellegen, 1985 ; Watson, Clark & Carey, 1988 ; Larsen & Diener,
1992) pourrait ainsi permettre d’expliquer l’intensité dans la relation entre les cognitions et les
affects en partant des cognitions vers les affects (Folkman & Lazarus, 1985 ; Levine, 1996 ;
Smith & Ellsworth, 1987 ; Ellsworth & Smith, 1988 ; Scherer, 1993 ; Smith & Lazarus, 1993).
Dans la relation entre les cognitions et les affects, les sentiments peuvent aussi précéder les
processus cognitifs (Ittelson, 1973), la réponse affective initiale structurant et influençant le
processus cognitif qui suit (Zajonc, 1980 ; Izard, 1977). Certains chercheurs tels que Caprara et
ses collaborateurs (2017) considèrent que l’affect positif peut « contribuer à la positivité, de
temps en temps ou dans certaines circonstances » (p.367), tandis que d’autres comme Watson
et Clark (1984) suggèrent que l’affectivité négative est une disposition qui a des influences sur
la cognition, le concept de soi et la vision du monde. Ainsi, les cognitions et les affects peuvent
s’influencer mutuellement.
144
La balance entre les cognitions positives et les cognitions négatives ainsi qu’entre les affects
positifs et les affects négatifs détermine le degré de santé mentale. La prévalence des cognitions
positives et des affects positifs sur les cognitions négatives et les affects négatifs prédit la santé
mentale positive tandis que la prévalence des cognitions négatives et des affects négatifs sur les
cognitions positives et les affects positifs prédit la santé mentale négative. C’est ainsi que l’on
peut être amené à penser que l’équilibre optimal entre les cognitions positives et les cognitions
négatives reflète la positivité prédisant, par conséquent, la prévalence des affects positifs sur
les affects négatifs.
Si on considère que la positivité doit occuper une place centrale dans la santé mentale, il est
nécessaire dans un premier temps, de déterminer son positionnement par rapport aux autres
indicateurs de la subjectivité. Cette approche permet de définir la place de la positivité dans la
subjectivité mentale afin d’explorer celle qu’elle occupe dans la santé mentale positive en
opposition à la santé mentale négative. Dans une première étude, nous examinerons la structure
cognitive de la santé mentale, afin de distinguer la positivité de la négativité. Dans un deuxième
temps, nous proposerons l’adaptation et la validation d’une échelle en langue française qui
mesure la positivité. Dans un troisième temps, nous aborderons la place de la positivité parmi
les autres dimensions subjectives de la santé mentale que sont la négativité, l’affect positif et
l’affect négatif, en présupposant que la structure bi-dimentionnelle de la santé mentale est
susceptible de se transposer sur la structure de la subjectivité mentale.
Dans un premier temps, nous étudierons les échelles qui mesurent l’orientation de l’évaluation
cognitive à propos de soi (estime de soi, RSE ; Rosenberg, 1965) et du futur (optimisme, LOT-
145
R ; Scheier, Carver & Bridges, 1994). Notre hypothèse est qu’il existe un facteur Cognition
positive et un facteur Cognition négative dans chacune des échelles. Afin d’explorer la qualité
de la structure des échelles Optimisme (LOT-R) et Estime de soi (RSE), nous analyserons leur
cohérence interne, leur validité convergente, leur validité discriminante ainsi que les
corrélations entre les différentes construits de la dimension cognitive : l’évaluation positive de
soi (estime de soi positive), l’évaluation négative de soi (estime de soi négative), l’évaluation
positive du futur (optimisme), l’évaluation négative du futur (pessimisme) et l’évaluation
positive de la vie (satisfaction de vie).
Dans un deuxième temps, nous explorerons l’ensemble des modèles possibles afin de décrire
au mieux la structure cognitive de la santé mentale en testant plusieurs hypothèses de modèles
d’analyse factorielle confirmatoire notamment par l’approche bi-factorielle multi-construit. La
structure de la dimension cognitive sera ainsi abordée de manière multidimensionnelle,
permettant d’explorer l’existence de la dimension Cognitive, des dimensions Cognitions
positives et Cognitions négatives avec la présence des orientations à propos de soi et du futur.
Certaines études ont soutenu l’unidimensionnalité de l’échelle d’estime de soi (Dunbar, Ford,
Hunt & Der, 2000 ; Marsh, 1996 ; Tomas & Oliver, 1999 ; Shevlin, Bunting & Lewis, 1995),
d’autres ont démontré de sa bi-dimensionnalité, avec pour facteurs l’estime de soi positive et
l’estime de soi négative (Owens, 1993 ; Ang, Neubronner, Oh & Leong, 2006 ; Boduszek,
Shevlin, Mallett, Hyland & O’Kane, 2012 ; Boduszek, Hyland, Dhingra & Mallett, 2013 ;
Huang & Dong, 2012 ; Quilty, Oakman & Risko, 2006 ; Supple, Su, Plunkett, Peterson & Bush,
2013). D’autres chercheurs (Hyland, Boduszek, Dhingra, Shevlin & Egan, 2014 ; Mckay,
Boduszek & Harvey, 2014 ; Reise, Kim, Mansolf & Widaman, 2016 ; Gnambs, Scharl &
Schroeders, 2018 ; Salerno, Ingoglia & Lo Coco, 2017) ont démontré que l’échelle mesure
d’une part l’estime de soi de manière générale et d’autre part, simultanément et de manière
spécifique, l’estime de soi positive et l’estime de soi négative.
146
Si pour certaines d’entre elles, l’échelle d’optimisme renvoie à un modèle à un facteur mais
avec des erreurs corrélées (Scheier et al.,1994 ; Steed, 2002), d’autres, plus nombreuses, ont
démontré la supériorité d’un modèle bi-dimensionnel (Chang & McBride-Chang, 1996 ; Creed,
Patton & Bartrum, 2002 ; Lai, 1994 ; Marshall, Wortman, Kusulas, Herving & Vickers, 1992 ;
Robinson-Whelen, Kim, MacCallum & Kiecolt-Glaser, 1997 ; Sultan & Bureau, 1999).
Pour Dhingra (2013), il est préférable de mesurer l’estime de soi à travers l’estime de soi
positive et l’estime de soi négative, les deux dimensions étant des construits distincts, liés et
non bipolaires. Une personne peut avoir une estime de soi négative faible mais pas
nécessairement un score élevé d'estime de soi positive (Boduszek & al., 2012), les personnes
pouvant ainsi obtenir un score différent selon le type d’évaluation de soi. De la même manière,
Dember (2001) puis Benyamini (2005) ont aussi montré qu’une personne peut avoir un haut
niveau de pessimisme et un haut niveau d’optimisme, de manière simultanée. Dans une
recherche sur les pensées automatiques positives et négatives, Bryant et Baxter (1997) affirment
que les cognitions positives et les cognitions négatives sont mieux conceptualisées en tant que
domaines distincts et multifacettes de l'expérience cognitive, plutôt qu’en tant qu’extrémités
opposées d’un continuum unidimensionnel bipolaire. Si la positivité a été modélisée en utilisant
les items négatifs des échelles d’estime de soi et d’orientation vers le futur (Caprara, Alessandri,
Trommsdorff, Heikamp, Yamaguchi & Suzuki, 2012), on peut être amené à penser que le
facteur général identifié représente en réalité le facteur Cognition. Ainsi, la santé mentale
positive correspond à une prévalence des cognitions positives sur les cognitions négatives de
manière adaptée à la réalité, tandis que la santé mentale négative renvoie à une prévalence des
cognitions négatives sur les cognitions positives de manière inadaptée à la réalité.
L’échelle RSE a été étudiée sous la perspective de 3 modèles possibles à savoir le modèle à 1
facteur, le modèle à 2 facteurs avec les facteurs estime de soi positive et estime de soi négative
ainsi que le modèle bi-factoriel avec pour facteur G l’estime de soi et facteurs S l’estime de soi
positive et l’estime de soi négative. Les modèles sont présentés en figure 9.1.
147
Figure 9.1. Représentation graphique des modèles de l’échelle d’estime de soi (Rosenberg, 1965)
L’échelle LOT-R a été examinée sous l’angle de deux modèles possibles à savoir le modèle à
1 facteur et le modèle bi-dimensionnel avec les facteurs Optimisme et Pessimisme. Les modèles
sont regroupés en figure 9.2.
Figure 9.2. Représentation graphique des modèles de l’échelle d’orientation de vie (Scheier, Carver &
Bridges, 1994)
148
Les échelles d’estime de soi positive, d’estime de soi négative, d’optimisme et de pessimisme
ont fait l’objet d’autres analyses pour vérifier les qualités de validité convergente et
discriminante. Ainsi, nous avons analysé la fiabilité de chaque échelle avec l’alpha de Cronbach
et la fiabilité composite puis exploré la relation entre l’ensemble des construits : l’estime de soi
positive, l’estime de soi négative, l’optimisme, le pessimisme et la satisfaction de vie. Enfin,
nous avons testé la validité discriminante afin de savoir si les construits positifs et négatifs au
sein de chaque échelle peuvent être considérés comme distincts.
Les résultats démontrent une qualité d’ajustement des données insuffisante pour le modèle à 1
facteur : 2 (35, N=1114) = 1008,372, p <.001; TLI = 0.72; CFI = 0.782; SRMR = 0.0859 ;
RMSEA = 0.158 (IC : 0.15-0.167) et le modèle à 2 facteurs, même s’il s’avère de qualité un
peu supérieure : 2 (34, N=1114) = 791,385 ; p <.001; TLI = 0.776; CFI = 0.831; SRMR =
0.0785 ; RMSEA = 0.141 (IC : 0.133-0.15). Le modèle CFA bi-factoriel démontre une très
bonne qualité d’ajustement des données : 2 (25, N=1114) = 111,557, p <.001 ; TLI = 0.965;
CFI = 0.981; SRMR = 0.0268 ; RMSEA = 0.056 (IC : 0.045-0.067). Les résultats de la qualité
d’ajustement des modèles sont présentés dans le tableau 9.3.
Tableau 9.3. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de l’échelle d’estime de soi (Rosenberg,
1965) (N = 1114)
L’analyse des estimations normalisées des paramètres confirme une bonne répartition des
données pour le modèle bi-factoriel CFA.
149
Tableau 9.4. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de
l’échelle d’estime de soi (Rosenberg, 1965) (N = 1114)
Les résultats obtenus démontrent que le modèle à deux facteurs de l’échelle d’estime de soi,
avec l’Estime de soi positive et l’Estime de soi négative, même s’il reste peu suffisant, propose
un meilleur ajustement des données que le modèle d’analyse factorielle confirmatoire à 1
facteur. Le modèle bi-factoriel avec pour facteur G, l’Estime de soi, et pour facteurs spécifiques
l’Estime de soi positive et l’Estime de soi négative confirme à travers un ajustement des données
adéquat, la validité du construit d’estime de soi. L’évaluation de soi de manière globale coexiste
avec deux dimensions, l’évaluation positive de soi et l’évaluation négative de soi.
Puis nous avons examiné la qualité de la structure des échelles d’évaluation positive de soi et
d’évaluation négative de soi. La variance extraite moyenne et la fiabilité composite ont été
estimées à partir des poids factoriels obtenus dans le modèle CFA à 1 facteur et CFA à deux
facteurs. Les résultats montrent une cohérence interne satisfaisante pour l’ensemble des
échelles. L’échelle d’évaluation de soi positive obtient un Alpha de Cronbach de .80 et une
fiabilité composite de .74. On observe, pour l’échelle d’évaluation négative de soi, un Alpha de
Cronbach de .80 et une fiabilité composite de .73. L’ensemble de ces résultats atteste ainsi de
la fiabilité des échelles. Comme attendu, la corrélation entre l’évaluation positive de soi et
l’évaluation négative de soi est forte et négative (-.63). Toutefois, cette corrélation est inférieure
à la racine carrée de la variance extraite moyenne de chacun des deux construits, l’évaluation
de soi positive (√VME = .65) et l’évaluation de soi négative (√VME = .68). Ces résultats
tendent à attester de la discrimination possible entre ces deux échelles, celles-ci pouvant être
utilisées de manière distincte l’une de l’autre. Les résultats sont regroupés dans le tableau 9.5.
150
Tableau 9.5. Résultats pour la cohérence interne et la validité discriminante (N = 1114) de l’échelle
d’estime de soi (Rosenberg, 1965)
Alpha de Estime de Estime de
M ET VME FC Estime de soi
Cronbach soi positive soi négative
Estime de soi 3,16 0,50 0,86 0,40 0,86 (0,63)
Estime de soi positive 3,20 0,48 0,80 0,43 0,74 ,87* (0,65)
Estime de soi négative 1,87 0,62 0,80 0,46 0,73 -,93* -,63* (0,68)
* la corrélation est significative au seuil 0.01 ; M = moyenne; ET = écart-type; VME = Variance moyenne extraite; FC = fiabilité composite; les nombres sur la diagonale en gras
entre parenthèses sont la racine carrée de la variance extraite moyenne pour chaque construit. La VME et la FC ont été estimés à partir des poids factoriels obtenus dans le
modèle CFA à 1 facteur et CFA à deux facteurs.
Les résultats sont en cohérence avec d’autres études qui proposent l’existence des deux facteurs
au sein de l’échelle d’estime de soi de Rosenberg, à savoir l’Estime de soi positive et l’Estime
de soi négative (Ang, Neubronner, Oh & Leong, 2006 ; Boduszek, Hyland, Dhingra & Mallett,
2013; Huang & Dong, 2012 ; Supple, Su, Plunkett, Peterson & Bush, 2013 ; Hyland, Boduszek,
Dhingra, Shevlin & Egan, 2014 ; Mckay, Boduszek & Harvey, 2014). L’analyse de la validité
discriminante confirme les conclusions obtenues dans d’autres études (Boduszek, Shevlin,
Mallett, Hyland & O’Kane, 2012 ; Dhingra, 2013) en montrant que les construits que sont
l’estime de soi positive et l’estime de soi négative, même s’ils sont fortement reliés, peuvent
être séparables et mesurés de manière distincte. Les résultats impliquent ainsi la possibilité
d’utiliser, notamment dans un contexte de recherche, l’échelle d’estime de soi négative, celle-
ci reflétant plus précisément la cognition dans la santé mentale négative.
Cette conception de l’estime de soi propose l’intégration des deux construits que sont
l’évaluation positive de soi ainsi que l’évaluation négative de soi. Elle permet ainsi de soutenir
une conformité statistique plus proche de l’adéquation théorique (Marsh, Hau & Wen, 2004 ;
Marsh, Hau & Grayson, 2005), les individus ayant à la fois des cognitions positives et des
cognitions négatives à propos d’eux-mêmes.
Les résultats de l’analyse factorielle confirmatoire montrent une qualité d’ajustement des
données insuffisante pour le modèle à 1 dimension : 2 (9, N=1114) = 115,211, p <.001; TLI =
0.90; CFI = 0.94; SRMR = 0.025 ; RMSEA = 0.105 (IC : 0.088-0.122) alors que le modèle
bidimensionnel propose une très bonne qualité ajustement des données : 2 (8, N=1114) =
151
56,586, p <.001; TLI = 0.95; CFI = 0.974; SRMR = 0.0294 ; RMSEA = 0.074 (IC : 0.056-
0.093). Les résultats de la qualité d’ajustement des modèles sont présentés dans le tableau 9.6.
Tableau 9.6. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de l’échelle d’orientation de vie (Scheier,
Carver & Bridges, 1994) (N = 1114)
L’analyse des estimations normalisées des paramètres confirme une meilleure répartition des
données, les poids factoriels de chaque item dans le modèle CFA à 2 facteurs étant plus élevés
que dans le modèle à CFA à 1 facteur.
Tableau 9.7. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de
l’échelle d’orientation de vie (Scheier, Carver & Bridges, 1994) (N = 1114)
Puis nous avons étudié la qualité de la structure des échelles d’optimisme et de pessimisme. Les
résultats montrent une cohérence interne satisfaisante pour les deux échelles. L’échelle
d’optimisme obtient un Alpha de Cronbach de .70 et une fiabilité composite de .63. On observe,
pour l’échelle de pessimisme, un Alpha de Cronbach de .71 et une fiabilité composite de .61.
L’ensemble de ces résultats atteste ainsi de la fiabilité des échelles. La corrélation entre
l’optimisme et le pessimisme est forte et négative (-.59). Elle est aussi inférieure à la racine
152
carrée de la variance extraite moyenne de chacun des deux construits, l’optimisme (√VME
=.67) et le pessimisme (√VME =.69), reflétant la présence de deux facteurs latents et distincts
dans l’échelle LOT-R. Les résultats sont indiqués dans le tableau 9.8.
Tableau 9.8. Résultats pour la cohérence interne et la validité discriminante (N = 1114) de l’échelle
d’orientation de vie (Scheier, Carver & Bridges, 1994)
Alpha de
M ET VME FC Orientation future Optimisme Pessimisme
Cronbach
Orientation future 2,46 0,70 0,80 0,41 0,78 (0,64)
Optimisme 2,46 0,76 0,70 0,44 0,63 ,89* (0,67)
Pessimisme 1,55 0,80 0,71 0,47 0,61 -,90* -,59* (0,69)
* la corrélation est significative au seuil 0.01 ; M = moyenne; ET = écart-type; VME = Variance moyenne extraite; FC = fiabilité composite; les nombres sur la
diagonale en gras entre parenthèses sont la racine carrée de la variance extraite moyenne pour chaque construit. La VME et la FC ont été estimés à partir des poids
factoriels obtenus dans le modèle CFA à 1 facteur et CFA à deux facteurs.
Les résultats sont conformes à ceux obtenus dans plusieurs études (Chang & McBride-Chang,
1996 ; Creed, Patton & Bartrum, 2002 ; Lai, 1994 ; Marshall, Wortman, Kusulas, Herving &
Vickers, 1992 ; Robinson-Whelen, Kim, MacCallum & Kiecolt-Glaser, 1997 ; Sultan &
Bureau, 1999) et montrent que l’échelle LOT-R est composée de deux facteurs, d’une part
l’Optimisme et d’autre part, le Pessimisme. Ainsi, l’échelle d’orientation de vie mesure la
dimension cognitive de la santé mentale, orientée vers le futur, en estimant le degré d’optimisme
et le degré de pessimisme.
Nous avons exploré la relation entre les différents concepts : l’estime de soi positive, l’estime
de soi négative, l’optimisme, le pessimisme et la satisfaction de vie. La corrélation est modérée
et positive entre l’estime de soi positive et l’optimisme (.48) ainsi qu’entre l’estime de soi
positive et la satisfaction de vie (.43). Entre l’estime de soi positive et le pessimisme, la relation
est modérée et négative (-.42). Le lien est modéré et négatif entre l’estime de soi négative et
l’optimisme (-.48) ainsi qu’entre l’estime de soi négative et la satisfaction de vie (-.42), alors
qu’il est positif et modéré entre l’estime de soi négative et le pessimisme (.49). La corrélation
est forte et modérée entre l’optimisme et la satisfaction de vie (.49) alors que la relation entre
le pessimisme et la satisfaction de vie est modérée et négative (-.45).
153
Tableau 9.9. Résultats pour la validité convergente entre l’estime de soi positive, l’estime de soi
négative, l’optimisme, le pessimisme et la satisfaction de vie (N = 1114)
Alpha de Estime de Estime de Satisfaction
M ET Optimisme Pessimisme
Cronbach soi positive soi négative de vie
Estime de soi positive 3,20 0,48 0,80 -
Estime de soi négative 1,87 0,62 0,80 -,63* -
Optimisme 2,46 0,76 0,70 ,48* -,48* -
Pessimisme 1,55 0,80 0,71 -,42* ,49* -,59* -
Satisfaction de vie 4,83 1,19 0,85 ,43* -,42* ,47* -,45* -
* la corrélation est significative au seuil 0.01 ; M = moyenne; ET = écart-type
Les analyses factorielles confirmatoires pour les échelles RSE et LOT-R montrent la présence
de deux dimensions, renvoyant à la Cognition positive et la Cognition négative, que ce soit vis-
à-vis de soi ou du futur. Même si les dimensions positives et négatives de chacune des échelles
apparaissent comme fortement reliées, l’analyse de la validité discriminante démontre qu’elles
sont suffisamment distinctes les unes des autres. L’analyse de la fiabilité ainsi que de la validité
convergente et divergente viennent confirmer la possibilité de les utiliser pour mesurer
l’évaluation de soi négative et le pessimisme.
L’ensemble des modèles possibles ont été testés par l’intermédiaire des échelles RSE, LOT-R
afin de mieux définir la structure cognitive de la santé mentale. Les modèles A, B, C et D
impliquent l’utilisation de l’analyse factorielle confirmatoire tandis que les modèles E, F, G, H,
I et J renvoient à l’approche bi-factorielle multi-construit. La structure de la sphère cognitive
est ainsi abordée de manière multidimensionnelle, avec plusieurs niveaux de concepts en termes
de facteurs cognitifs. Cette approche permet de prendre en compte l’ensemble des hypothèses
possibles et par conséquent d’explorer plusieurs modèles afin de décrire au mieux la dimension
cognitive de la santé mentale.
Le modèle A correspond au modèle CFA cognition à 1 facteur alors que le modèle B fait
référence au modèle CFA bi-dimensionnel de la cognition, avec pour facteurs la Cognition
positive et la Cognition négative. Ils sont présentés en figure 9.10.
154
Figure 9.10. Représentation graphique des modèles A et B de la structure cognitive
155
Le modèle C correspond à un modèle CFA bi-dimentionnel de la cognition intégrant les facteurs
Optimisme et Estime de soi. Le modèle D renvoie à un modèle CFA comprenant que les facteurs
Optimisme, Pessimisme, Estime de soi positive et Estime de soi négative (cf. figure 9.11).
156
Le modèle E CFA bi-factoriel est un modèle composé du facteur G Cognition avec pour facteurs
S Cognition positive et Cognition négative (voir figure 9.12).
157
Le modèle F CFA bi-factoriel comprend le facteur G Cognition et des facteurs S Optimisme et
Estime de soi. Le modèle G CFA bi-factoriel corrélé est constitué des facteurs G Cognition
positive et Cognition négative et des facteurs S Optimisme et Estime de soi. Ces modèles sont
regroupés ci-dessous en figure 9.13.
Modèles F Modèles G
158
Le modèle H CFA bi-factoriel correspond au modèle comprenant le facteur G Cognition et les
facteurs S Optimisme, Pessimisme, Estime de soi positive et Estime de soi négative. Le modèle
I CFA bi-factoriel corrélé implique un modèle constitué des facteurs G Cognition positive et la
Cognition négative et des facteurs S Optimisme, Pessimisme, Estime de soi positive et Estime
de soi négative (cf figure 9.14).
Modèles H Modèles I
159
9.1.4 Analyse de la structure de la dimension cognitive
Alors que les modèles A, B, C, D et E présentent une qualité d’ajustement des données
inadéquate, les modèles CFA bi-factoriels F, G, H et I, quant à eux, montrent un ajustement des
données satisfaisant. Les résultats de la qualité d’ajustement des modèles de la structure
cognitive sont indiqués dans les tableaux 9.15.
Tableau 9.15. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de la structure cognitive (N = 1114)
Il en est de même pour le modèle G CFA bi-factoriel, constitué des facteurs G Cognition
positive et la Cognition négative corrélés, et des facteurs S Optimisme et Estime de soi : 2 (87,
N=1012) = 346.281, p <.001 ; TLI = 0.949 ; CFI = 0.963 ; SRMR = 0.0358 ; RMSEA = 0.052
(IC : 0.046-0.058).
Dans le modèle CFA bi-factoriel corrélé G, la relation entre la Cognition positive et la Cognition
négative est forte et négative (-.82).
160
L’analyse des estimations normalisées des paramètres confirme une meilleure répartition des
données dans le modèle G que dans le modèle F. Il est à noter que, dans le modèle G, les poids
factoriels sont davantage répartis sur les dimensions Cognition positive et Cognition négative
que sur les dimensions Estime de soi et Optimisme, cette observation démontrant la pertinence
de prendre en compte ces dimensions.
Tableau 9.16. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) du modèle F et G de
la structure cognitive (N = 1114)
Modèle F Modèle G
Cλ ES λ Oλ VRS CP λ CN λ ES λ Oλ VRS
ESP1 0,36 0,68 0,01 ESP1 0,33 0,71 0,01
ESP2 0,41 0,75 0,01 ESP2 0,39 0,75 0,01
ESP3 0,42 0,46 0,01 ESP3 0,39 0,48 0,01
ESP4 0,79 0,07 0,01 ESP4 0,87 0,05 0,01
ESP5 0,74 0,08 0,01 ESP5 0,80 0,07 0,02
ESN1 -0,59 -0,11 0,01 ESN1 0,61 -0,17 0,02
ESN2 -0,63 -0,14 0,02 ESN2 0,63 -0,20 0,02
ESN3 -0,56 -0,01 0,03 ESN3 0,58 -0,06 0,03
ESN4 -0,68 0,02 0,02 ESN4 0,73 -0,05 0,03
ESN5 -0,72 0,01 0,02 ESN5 0,77 -0,06 0,02
O1 0,42 0,28 0,03 O1 0,42 0,30 0,01
O2 0,61 0,32 0,03 O2 0,62 0,33 0,01
O3 0,46 0,49 0,03 O3 0,45 0,52 0,03
P1 -0,39 -0,33 0,03 P1 0,38 -0,34 0,03
P2 -0,46 -0,51 0,04 P2 0,46 -0,52 0,03
P3 -0,48 -0,62 0,04 P3 0,45 -0,64 0,02
Note: C = cognition; CP = cognition positive; CN = cognition négative; ES = estime de soi; O = optimisme; VRS = variance résiduelle standardisée
Le modèle CFA bi-factoriel H, comprenant le facteur G Cognition et les facteurs S les facteurs
Optimisme, Pessimisme, Estime de soi positive et Estime de soi négative, présente une très
bonne qualité d’ajustement des données : 2 (88, N=1114) = 500.54, p <.001 ; TLI = 0.919 ;
CFI = 0.941 ; SRMR = 0.0491 ; RMSEA = 0.065 (IC : 0.059-0.070).
Le modèle I CFA bi-factoriel, composé des facteurs G Cognition positive et Cognition négative
et des facteurs S Optimisme, Pessimisme, Estime de soi positive et Estime de soi négative,
propose une bonne qualité ajustement des données : 2 (87, N=1114) = 470.844, p <.001 ; TLI
= 0.924 ; CFI = 0.945 ; SRMR = 0.0516 ; RMSEA = 0.063 (IC : 0.057-0.069).
Dans le modèle CFA bi-factoriel corrélé I, la corrélation est forte et négative entre la Cognition
positive et la Cognition négative (-.88).
161
L’analyse des estimations normalisées des paramètres démontre une bonne répartition des
données dans les deux modèles (H et I).
Tableau 9.17. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) du modèle H et I de
la structure cognitive (N = 1114)
Modèle H Modèle I
Cλ ESP λ ESN λ Oλ Pλ RS CP λ CN λ ESP λ ESN λ Oλ Pλ RS
ESP1 0,42 0,65 0,02 ESP1 0,43 0,64 0,02
ESP2 0,49 0,71 0,01 ESP2 0,50 0,69 0,01
ESP3 0,45 0,41 0,01 ESP3 0,46 0,40 0,01
ESP4 0,85 -0,05 0,01 ESP4 0,87 -0,09 0,01
ESP5 0,79 -0,03 0,01 ESP5 0,80 -0,06 0,01
ESN1 -0,55 0,27 0,01 ESN1 0,62 0,11 0,01
ESN2 -0,60 0,21 0,02 ESN2 0,67 0,04 0,02
ESN3 -0,49 0,31 0,03 ESN3 0,52 0,25 0,03
ESN4 -0,56 0,52 0,02 ESN4 0,62 0,46 0,03
ESN5 -0,60 0,57 0,03 ESN5 0,67 0,48 0,03
O1 0,43 0,48 0,05 O1 0,41 0,49 0,04
O2 0,64 0,40 0,03 O2 0,62 0,42 0,03
O3 0,51 0,37 0,03 O3 0,49 0,40 0,03
P1 -0,39 0,31 0,03 P1 0,42 0,28 0,03
P2 -0,48 0,54 0,05 P2 0,50 0,51 0,05
P3 -0,52 0,62 0,06 P3 0,53 0,61 0,06
Note: C = cognition; CP = cognition positive; CN = cognition négative; ESP = estime de soi positive; ESN = estime de soi négative; O = optimisme; P =pessimisme; VRS = variance résiduelle
Les modèles G et I qui impliquent la présence des facteurs Cognition positive et Cognition
négative, démontrent les meilleures qualités d’ajustement des données par comparaison avec
les modèles qui renvoient à l’hypothèse d’un facteur général Cognition. Il en est de même pour
les modèles impliquant la bi-dimensionnalité des échelles LOT-R et RSE avec les facteurs
Optimisme, Pessimisme, Estime de soi positive et Estime de soi négative », en comparaison avec
les modèles constitués des facteurs Optimisme et Estime de soi. L’hypothèse du facteur global
Cognition de la santé mentale est démontrée par la validité des modèles bi-factoriels F et H.
Les résultats observés pour les modèles bi-factoriels G et I conduisent par ailleurs à confirmer
la validité de l’hypothèse de la bi-dimensionnalité de la structure cognitive de la santé mentale,
avec pour facteurs la Cognition positive et la Cognition négative.
162
de la structure de construit, (3) l’analyse de la fidélité et de la fiabilité, (4) l'étude de la validité
de construit. Cette recherche permettra ainsi d’examiner les propriétés psychométriques de
l’échelle, notamment par comparaison avec les versions linguistiques validées dans plusieurs
pays.
L’objectif de la première étude est d’élaborer une version francophone de l’échelle anglo-
saxonne de positivité et d’étudier ses propriétés psychométriques sous deux angles : l’analyse
de la cohérence interne de l’échelle ainsi que l’analyse de la structure factorielle confirmatoire.
9.2.2.1 Méthode
163
comparé les traductions inversées à la version originale de l’instrument. La comparaison des
différentes versions a démontré que les traductions inversées ont permis de reproduire les items
de la version originale de l’échelle, la signification de chaque item étant entièrement respectée.
La version de l’échelle de positivité traduite en langue française est présentée en figure 9.21.
L’ensemble des items est réparti comme suit : 3 items relatifs à la confiance dans l'avenir (items
1, 4 et 6), 3 items liés à l'estime de soi (items 5, 7 et 8), 1 item concernant la satisfaction de vie
(item 2) et 1 item lié à la confiance envers les autres (item 3). L’échelle comprend 1 item inversé
(item 6). L’échelle est présentée en figure 9.18.
164
Nous avons exploré l'hypothèse d’un modèle à un facteur et l’hypothèse de modèles bi-
factoriels ESEM et CFA. L’application de modèles bi-factoriels dans l’analyse de l’échelle est
appropriée dans la mesure où l’échelle est construite de manière multidimensionnelle, en
s’appuyant sur différents construits tels que l’estime de soi, l’optimisme et la satisfaction de vie
(Morin, Arens & Marsh 2016 ; Reise, 2012 ; Rodriguez, Reise & Haviland, 2016). Les modèles
sont présentés en figure 9.19.
Figure 9.19. Représentation graphique des modèles de l’échelle de Positivité (Caprara, Alessandri,
Eisenberg, Kupfer, Steca, Caprara & Abela, 2012)
9.2.2.2 Résultats
La moyenne totale des scores est de 3,52 et l’écart-type de 0,63. Le coefficient standardisé de
cohérence interne évalué par l’Alpha de Cronbach est de 0,84, ce qui est satisfaisant. Si le
modèle d’analyse factorielle confirmatoire à un facteur montre un ajustement des données
inadéquat, les modèles bi-factoriels ESEM et CFA présentent un ajustement des données
satisfaisant. Le modèle bi-factoriel ESEM démontre une bonne qualité d’ajustement : 2 (7,
N=300) = 18.298, p <.01; TLI = 0.953; CFI = 0.988; SRMR = 0.020; RMSEA = 0.073 (IC :
0.033-0.115), tandis que le modèle bi-factoriel CFA avec le facteur G Positivité et les facteurs
S Optimisme et Estime de soi explique le meilleur ajustement des données en démontrant
notamment une très bonne qualité : 2 (14, N=300) = 29.450, p <.01; TLI = 0.968; CFI = 0.984;
SRMR = 0.027; RMSEA = 0.061 (IC : 0.029-0.091). Les résultats de la qualité d’ajustement
des modèles sont présentés dans le tableau 9.20.
165
Figure 9.20. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de l’échelle de Positivité (Caprara,
Alessandri, Eisenberg, Kupfer, Steca, Caprara & Abela, 2012) (N = 300)
Morin et ses collègues (Morin, Arens & Marsh, 2016 ; Morin, Arens, Tran & Caci, 2016 ;
Morin, Boudrias, Marsh, McInerney et al., 2016) suggèrent qu’il faut compléter l’analyse des
indices de qualité de l'ajustement des modèles par une comparaison des estimations de
paramètres. Les estimations de paramètres des modèles sont rapportées dans le tableau 9.21.
Tableau 9.21. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de
l’échelle de Positivité (Caprara, Alessandri, Eisenberg, Kupfer, Steca, Caprara & Abela, 2012) (N =
300)
CFA Bi-facteur ESEM Bi-facteur CFA
Pλ Résidus Pλ Oλ ES λ Résidus Pλ Oλ ES λ Résidus
P1 0.83 0.041 0.74 0.56 0.151 0.69 0.66 0.111
P2 0.74 0.046 0.78 0.084 0.82 0.051
P3 0.36 0.038 0.35 0.052 0.37 0.041
P4 0.84 0.040 0.77 0.34 0.062 0.74 0.38 0.047
P5 0.71 0.049 0.82 0.076 0.75 0.31 0.045
P6 -0.56 0.049 -0.49 -0.32 0.057 -0.48 -0.31 0.050
P7 0.57 0.050 0.61 0.065 0.54 0.49 0.078
P8 0.51 0.048 0.54 0.56 0.302 0.47 0.46 0.075
Note: CFA = analyse factorielles confirmatoire; ESEM = analyse factorielle exploratoire; P = positivité; O = optimisme; ES = estime de soi; les paramètres non-
significatifs (p ≥ 0.05) sont indiqué en italique
L’examen de la comparaison des paramètres entre les modèles confirme que le modèle bi-
factoriel CFA est le plus performant pour décrire la structure de l’échelle. Le poids factoriel est
satisfaisant et significatif pour l’ensemble des items du modèle (λ = 0,31-0,82 ; M = 0,53 ;
p<.05) tandis que pour le modèle bi-factoriel ESEM, le poids factoriel des items ne s’avère
satisfaisant et significatif que sur le facteur global et le facteur spécifique Optimisme. Les
résultats du modèle bi-factoriel CFA démontrent ainsi la présence d’un facteur global et
commun à l’ensemble des items de l’échelle, la positivité, coexistant avec deux facteurs
spécifiques, l’Optimisme et l’Estime de soi. Le facteur G Positivité correspond à la covariance
166
entre les 8 items de l’échelle ; il existe aussi de manière cohérente et simultanée une covariance
entre les 3 items relatifs à l’optimisme et une covariance entre les 3 items liés à l’estime de soi.
L’objectif de cette étude est de vérifier la cohérence interne ainsi que la stabilité temporelle de
l’échelle. Nous attendons une corrélation élevée entre le test et le retest permettant d’attester
d’une bonne stabilité dans le temps car la positivité est considérée comme une disposition stable
de la personnalité.
9.2.3.1 Méthode
L’échelle a été administrée à deux reprises à 1 mois d’intervalle afin qu’il y ait un écart de
temps entre les deux passations suffisant pour attester de la stabilité temporelle de l’échelle
(Vallerand, 1989).
9.2.3.2 Résultats
Pour cette durée d’1 mois, une corrélation test-retest d’environ .60 est considérée comme
satisfaisante (Vallerand, 1989). Le coefficient de fidélité test-retest qui est de 0.94 (p <.01)
montre un haut niveau de stabilité temporelle. Les résultats des analyses de la cohérence interne
mesurée avec l’Alpha de Cronbach sont satisfaisants avec 0.89 pour le test et 0.87 pour le retest.
Les indices de corrélation test-retest et de coefficients internes démontrent que l’échelle de
positivité dispose d’excellentes qualités psychométriques de fidélité et de fiabilité.
Nous avons utilisé les outils mesurant l'estime de soi, la satisfaction de vie et l'optimisme afin
d’évaluer de manière plus précise les relations entre la version française de l’échelle de
positivité et les trois construits sus-jacents de la positivité. Il est attendu des corrélations
167
positives et très élevées entre la positivité et les trois construits que sont l’estime de soi, la
satisfaction de vie et l’optimisme. Par ailleurs, les affects positifs et les affects négatifs ont été
mesurés dans le but d’explorer la relation qu’entretient l’échelle de positivité avec le bonheur.
En nous appuyant sur les résultats de la version originale de l’échelle, nous prévoyons une
relation modérée positive entre la positivité et l’affect positif et une relation modérée négative
entre la positivité et l’affect négatif.
9.2.4.1 Résultats
Les résultats sont présentés dans le tableau 9.22. Les critères de validité convergente sont
vérifiés à travers des résultats acceptables pour l’ensemble des échelles, les variances moyennes
extraites étant situées entre .49 et .66 et les fiabilités composites étant comprises entre .66 à .84.
La validité convergente.
Comme attendu, il existe une relation positive et forte entre la positivité et l’estime de soi (r =
.64, p <.01), l’optimisme (r = .61, p <.01) et la satisfaction de vie (r = .66, p <.01). Les résultats
sont comparables à ceux obtenus lors de validation de la version linguistique de l’échelle dans
d’autres pays comme l’Italie, l’Espagne, le Japon (Caprara & al., 2012), l’Allemagne, la Serbie
(Heikamp & al., 2014) et la Chine (Tian & al., 2018) avec des corrélations positives et élevées
entre la positivité et l’estime de soi, l’optimisme et la satisfaction de vie. La corrélation entre la
positivité et l’affect positif est modérée et positive (l’affect positif : r = .42, p <.01) comme dans
la validation de l’échelle dans la version italienne (Caprara & al., 2012) et dans la version
chinoise (Tian & al., 2018). Pour les hommes (N = 109), on trouve une corrélation positive et
forte entre la positivité (M = 3,42, ET = 0,53) et l’estime de soi (r = .63, p <.01), l’optimisme
(r = .69, p <.01), la satisfaction de vie (r = .59, p <.01) et modérée avec l’affect positif (r = .40,
p <.01). Chez les femmes (N = 380), la relation est forte et positive entre la positivité (M = 3,45,
ET = 0,50) et l’estime de soi (r = .65, p <.01), l’optimisme (r = .59, p <.01), la satisfaction de
vie (r = .68, p <.01) et modérée avec l’affect positif (r = .42, p <.01). Les corrélations se
rapprochent de celles observées auprès d’adultes italiens, hommes et femmes (Caprara & al.,
2012).
168
La validité divergente.
La relation entre la positivité et l’affect négatif est modérée et négative (r = -.44, p <.01), ce
résultat étant comparable à celui obtenu auprès de l’échantillon italien (Caprara & al., 2012). Il
en est de même pour les femmes (r = -.41, p <.01) tandis que la corrélation est plus élevée chez
les hommes (r = -.54, p <.01).
La validité discriminante.
La racine carrée de la variance moyenne extraite de chaque échelle est supérieure aux
corrélations avec les autres indicateurs, notamment pour l’échelle de positivité (.71), suggérant
ainsi une validité discriminante adéquate (Fornell & Larcker, 1981). Si la structure théorique
de l’échelle de positivité est basée sur les trois construits que sont l’estime de soi, l’optimisme,
la satisfaction de vie, l’échelle de positivité se distingue suffisamment des échelles mesurant
ces construits. Les résultats démontrent ainsi que ces échelles ont des propriétés distinctes qui
permettent d’évaluer différents concepts de la dimension cognitive de la santé mentale positive.
La santé mentale est composée des deux facteurs que sont la santé mentale positive et la santé
mentale négative ou maladie mentale, cependant on peut se demander si on peut intégrer pour
chacune des deux dimensions des indicateurs en termes de cognitions et d’affects.
169
L’objectif de cette étude est :
(1) d’analyser la structure de l’échelle d’affects positifs et d’affects négatifs (PANAS) dans sa
forme abrégée, dans la perspective d’utiliser la version courte de l’échelle PANAS de
Thompson (2007) pour les études à venir,
(a) d’un modèle bi-factoriel du bien-être subjectif dans la version originale ainsi que dans une
version dispositionnelle en remplaçant la satisfaction de vie par la positivité,
Nous explorerons l’ensemble des modèles possibles afin de décrire au mieux la structure
subjective de la santé mentale en testant plusieurs hypothèses de modèles d’analyse factorielle
confirmatoire notamment par l’approche bi-factorielle multi-construit. La structure de la
subjectivité mentale sera ainsi abordée de manière multidimensionnelle, permettant d’explorer
la coexistence entre les dimensions Cognitions positives, Cognitions négatives, Affect positif et
Affect négatif.
Dans un premier temps, les deux versions courtes de l’échelle PANAS ont été testées. Kercher
(1992) a proposé une forme abrégée en 10 questions validée par Mackinnon et ses
collaborateurs (1999). Bien que les résultats aient confirmé la structure factorielle, les
covariances entre des items similaires ont quand même diminué la qualité d’ajustement du
modèle de mesure. Aussi, Thompson (2007) a-t-il exploré une version modifiée de l’échelle
courte qui a démontré une structure à deux facteurs (Affect positif, Affect négatif), une stabilité
temporelle, la fiabilité interne (Thompson, 2007). La structure factorielle de la version française
170
de cette échelle a été confirmée (Jahanvash, Weisz & Rehman, 2011). Pour les deux versions
de l’échelle, un modèle à 2 facteurs ainsi qu’un modèle bi-factoriel avec pour facteur G l’Affect
et facteurs S l’Affect positif et l’Affect négatif ont été explorés. Selon Leue et Beauducel (2011),
la structure de l’échelle PANAS est relativement complexe et l’utilisation du modèle bi-
factoriel, en raison de sa plus grande flexibilité, peut permettre d’intégrer les covariances entre
les items. Les modèles sont présentés en figure 9.23.
Figure 9.23. Représentation graphique des modèles des versions courtes de l’échelle PANAS
(Mackinnon & al., 1999 ; Thompson, 2007)
171
Dans un deuxième temps, nous avons exploré différents modèles du bien-être subjectif :
(1) le bien-être subjectif dans sa forme classique (Satisfaction de vie, Affect positif, Affect
négatif) ainsi qu’un modèle bi-factoriel avec pour facteur G, le Bien-être subjectif et pour
facteurs spécifiques la Satisfaction de vie, l’Affect positif et l’Affect négatif. Les modèles sont
présentés en figure 9.24.
Figure 9.24. Représentation graphique des modèles du bien-être subjectif (Diener, 1984)
172
(2) le bien-être subjectif dans la forme dispositionnelle (Positivité, Affect positif, Affect négatif)
en prenant en compte les facteurs spécifiques de l’échelle de positivité (Optimisme et Estime de
soi), ainsi que la version bi-factorielle avec pour facteur G, le Bien-être subjectif dispositionnel
et pour facteurs spécifiques la Positivité, comprenant l’Optimisme et l’Estime de soi, l’Affect
positif, l’Affect négatif. Les modèles sont regroupés dans la figure 9.25.
173
Dans un troisième temps, nous avons testé trois modèles de la subjectivité positive :
(1) un modèle de la subjectivité positive avec pour facteurs la Satisfaction de vie, l’Estime de
soi positive, l’Optimisme et l’Affect positif. Le modèle est présenté en figure 9.26.
174
(2) un modèle bi-factoriel A avec pour facteur G la Subjectivité positive et pour facteurs
spécifiques la Satisfaction de vie, l’Estime de soi positive, l’Optimisme et l’Affect positif,
(3) un modèle bi-factoriel B composé des facteurs G Cognition positive et Affect positif ainsi
que les facteurs spécifiques de la Cognition positive que sont la Satisfaction de vie, l’Estime de
soi positive et l’Optimisme (voir figure 9.27).
175
Puis, nous avons étudié trois modèles de la subjectivité négative :
(1) un modèle de la Subjectivité négative avec pour facteurs l’Estime de soi négative, le
Pessimisme et l’Affect négatif (voir figure 9.28).
176
(2) un modèle bi-factoriel A avec pour facteur G la Subjectivité négative et pour facteurs
spécifiques l’Estime de soi négative, le Pessimisme et l’Affect négatif,
(3) un modèle bi-factoriel B constitué des facteurs G Cognition négative et Affect négatif ainsi
que les facteurs spécifiques de la Cognition négative que sont l’Estime de soi négative, le
Pessimisme.
177
Pour finir, nous avons testé plusieurs modèles de la subjectivité mentale :
(1) le modèle bi-factoriel CFA subjectivité mentale A, avec pour facteur G la Subjectivité
mentale et pour facteur spécifiques l’Estime de soi positive, l’Estime de soi négative,
l’Optimisme, le Pessimisme, la Satisfaction de vie, l’Affect positif et l’Affect négatif (voir figure
9.30).
178
(2) le modèle bi-factoriel CFA subjectivité mentale B, avec pour facteur G, la Cognition et
l’Affect, et pour facteurs spécifiques, l’Estime de soi positive, l’Estime de soi négative,
l’Optimisme, le Pessimisme, la Satisfaction de vie, l’Affect positif et l’Affect négatif. (voir figure
9.31).
179
(3) le modèle bi-factoriel CFA subjectivité mentale C, avec pour facteur G, la Subjectivité
positive et la Subjectivité négative et pour facteurs spécifiques, l’Estime de soi positive, l’Estime
de soi négative, l’Optimisme, le Pessimisme, la Satisfaction de vie, l’Affect positif et l’Affect
négatif (voir figure 9.32).
180
(4) le modèle bi-factoriel CFA subjectivité mentale D, avec pour facteurs principaux, la
Cognition positive, la Cognition négative, l’Affect positif et l’Affect négatif et pour facteurs
spécifiques, l’Estime de soi positive, l’Estime de soi négative, l’Optimisme, le Pessimisme, la
Satisfaction de vie. Le modèle est présenté en figure 9.33.
181
9.3.2 Résultats : Analyse factorielle confirmatoire de l’échelle PANAS
Les résultats indiquent une qualité d’ajustement des données insuffisante pour le modèle à 2
facteurs de la version de Mackinnon et collaborateurs (1999) tandis qu’ils montrent un
ajustement des données acceptable pour le modèle de la version de Thompson (2007) : 2 (34,
N = 822) = 136,493 ; p <.001 ; TLI = 0.885 ; CFI = 0.913; SRMR = 0.0494 ; RMSEA = 0.061
(IC : 0.050-0.071).
Le modèle CFA bi-factoriel pour la version de Mackinnon et collaborateurs (1999) avec pour
facteur G l’Affect et facteurs spécifiques l’Affect positif et l’Affect négatif démontre une qualité
ajustement des données satisfaisante : 2 (25, N = 822) = 104,228, p <.001 ; TLI = 0.912; CFI
= 0.951; SRMR = 0.0384 ; RMSEA = 0.062 (IC : 0.050-0.075). Le modèle CFA bi-factoriel de
la version de Thompson (2007) avec pour facteur G l’Affect et facteurs spécifiques l’Affect
positif et l’Affect négatif, propose, quant à lui, une très bonne qualité d’ajustement des données
: 2 (26, N = 822) = 44,948, p <.05 ; TLI = 0.972 ; CFI = 0.984; SRMR = 0.0277 ; RMSEA =
0.03 (IC : 0.014-0.044).
Les résultats de la qualité d’ajustement des modèles sont présentés dans le tableau 9.34.
Tableau 9.34. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles des versions courtes de l’échelle PANAS
(Mackinnon & al., 1999 ; Thompson, 2007) (N = 822)
Model 2 df TLI CFI SRMR RMSEA [90% IC]
Modèle CFA à 2 facteur de Mackinnon & al. (1999) 248,323* 34 0,825 0,868 0,0675 0.088 (0.078-0.098)
Modèle CFA bi-factoriel de Mackinnon & al. (1999) 104,228* 25 0,912 0,951 0,0384 0.062 (0.050-0.075)
Modèle CFA à 2 facteur de Thompson (2007) 136,493* 34 0,885 0,913 0,0494 0.061 (0.050-0.071)
Modèle CFA bi-factoriel de Thompson (2007) 44,948*** 26 0,972 0,984 0,0277 0.03 (0.014-0.044)
Note : CFA = analyse factorielles confirmatoire; χ2 = test du khi-deux mis à l'ajustement exact; df = degrés de liberté; CFI = Comparative Fit Index; TLI = Tucker-Lewis Index;
SRMR = Standardized Root Mean Square Residual; RMSEA = Root Mean Square Error of Approximation; IC à 90% = intervalle de confiance à 90% du RMSEA
***p <0.05, * p <0.001
La version de Thompson (2007) démontre une meilleure qualité d’ajustement que ce soit pour
le modèle à deux facteurs ou le modèle bi-factoriel. Les résultats de l’analyse des poids
factoriels confirment une meilleure répartition des données pour la version de Thompson
(2007).
182
Tableau 9.35. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles des
versions courtes de l’échelle PANAS (Mackinnon & al., 1999 ; Thompson, 2007) (N = 822)
Thompson (2007)
CFA 2 facteur Bi-facteur CFA
AP λ AN λ VRS Aλ AP λ AN λ VRS
Alerte 0,26 0,05 0,05 0,31 0,05
Inspirée 0,52 0,03 -0,16 0,49 0,03
Déterminée 0,73 0,03 -0,23 0,69 0,03
Attentifve 0,48 0,03 -0,14 0,45 0,03
Actifve 0,64 0,03 -0,24 0,58 0,03
Fâchée 0,48 0,04 0,06 0,85 0,18
Hostile 0,42 0,03 0,18 0,41 0,04
Honteuxse 0,55 0,03 0,49 0,26 0,03
Nerveuxse 0,64 0,05 0,47 0,38 0,05
Craintifve 0,62 0,04 0,73 0,17 0,07
Note: CFA = analyse factorielles confirmatoire; AP = affect positif; AN = affect négatif; VRS =
variance résiduelle standardisée
La cohérence interne de la version courte de l’échelle PANAS de Thompson (2007) est acceptable, la
fiabilité composite étant supérieure à .70 pour l’affect positif (.78) et pour l’affect négatif (.79).
Tableau 9.36. Résultats pour la cohérence interne de la version courte de l’échelle PANAS (Thompson,
2007) (N = 822)
Fiabilité
M ET
composite
Affect positif 3,64 0,56 0,78
Affect négatif 2,21 0,64 0,79
M = moyenne; ET = écart-type; la fiabilité composite a été estimée à partir
du modèle bi-factoriel
183
9.3.3 Résultats : de la modélisation du bien-être subjectif à la subjectivité mentale
Le modèle du bien-être subjectif avec pour facteur la Satisfaction de vie, l’Affect positif et
l’Affect négatif démontre une bonne qualité d’ajustement. En ce qui concerne la version
dispositionnelle, le modèle bi-factoriel avec pour facteur global, le Bien-être subjectif
dispositionnel, et pour facteurs spécifiques la Positivité, l’Optimisme, l’Estime de soi, l’Affect
positif et l’Affect négatif, indique aussi un bon ajustement des données : 2 (111, N=822) =
338,843, p <.001 ; TLI = 0.904 ; CFI = 0.931 ; SRMR = 0.0454 ; RMSEA = 0.050 (IC : 0.044-
0.056).
Les résultats de la qualité d’ajustement des modèles sont présentés dans le tableau 9.37.
Tableau 9.37. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles du bien-être subjectif (N = 822)
Model 2 df TLI CFI SRMR RMSEA [90% IC]
Modèle bien-être subjectif 285,299* 87 0,918 0,932 0,047 0.053 (0.046-0.060)
Modèle bi-factoriel du bien-être subjectif 296,442* 76 0,896 0,925 0,091 0.059 (0.052-0.067)
Modèle bien-être subjectif dispositionnel 519,274* 126 0,854 0,88 0,0559 0.062 (0.056-0.067)
Modèle bi-factoriel bien-être subjectif dispositionnel 338,843* 111 0,904 0,931 0,0454 0.050 (0.044-0.056)
Note : CFA = analyse factorielles confirmatoire; χ2 = test du khi-deux mis à l'ajustement exact; df = degrés de liberté; CFI = Comparative Fit Index; TLI = Tucker-Lewis Index; SRMR =
Standardized Root Mean Square Residual; RMSEA = Root Mean Square Error of Approximation; IC à 90% = intervalle de confiance à 90% du RMSEA
* p <0.001
Les résultats de l’analyse des poids factoriels confirment l’intérêt d’avoir recours au modèle bi-
factoriel pour décrire le bien-être subjectif dispositionnel.
184
Tableau 9.38. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles du bien-
être subjectif dans la version dispositionnelle (N = 822)
Les résultats de la qualité d’ajustement des modèles sont satisfaisants pour les modèles bi-
factoriels Subjectivité positive et Subjectivité négative. Ils sont regroupés dans le tableau 9.39.
Model 2 df TLI CFI SRMR RMSEA [90% IC] AIC BIC ABIC
Subjectivité positive
Modèle CFA 704,532* 129 0,86 0,882 0,0577 0.074 (0.068-0.079) 788,532 986,425 1028,425
Modèle bi-factoriel CFA A 295,793* 117 0,952 0,963 0,0375 0.043 (0.037-0.049) 403,793 658,227 712,227
Modèle bi-factoriel CFA B 307,825* 121 0,952 0,962 0,0394 0.043 (0.037-0.049) 407,825 643,412 693,412
Subjectivité négative
Modèle CFA 244,067* 62 0,923 0,938 0,0459 0.060 (0.052-0.068) 302,067 438,707 467,707
Modèle bi-factoriel CFA A 186,27* 52 0,932 0,955 0,0374 0.056 (0.048-0.065) 264,27 448,028 487,028
Modèle bi-factoriel CFA B 208,341* 56 0,928 0,948 0,0408 0.058 (0.049-0.066) 278,341 443,252 478,252
Note : CFA = analyse factorielles confirmatoire; χ2 = test du khi-deux mis à l'ajustement exact; df = degrés de liberté; CFI = Comparative Fit Index; TLI = Tucker-Lewis Index; SRMR =
Standardized Root Mean Square Residual; RMSEA = Root Mean Square Error of Approximation; IC à 90% = intervalle de confiance à 90% du RMSEA
* p <0.001
185
Les résultats des modèles bi-factoriels CFA démontrent, par rapport aux modèles CFA, l’intérêt
de prendre en compte la présence d’un facteur global entre la dimension cognitive et les
dimension affective.
En étudiant les paramètres, on constate que le poids factoriel de l’ensemble des items est
satisfaisant dans les modèles bi-factoriels proposés, permettant ainsi de confirmer la validité de
la qualité de l'ajustement des modèles.
Tableau 9.40. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de la
subjectivité positive et de la subjectivité négative (N = 822)
Subjectivité positive
CFA Bi-facteur CFA Modèle A Bi-facteur CFA Modèle B
SDV λ ESP λ O λ AP λ VRS SP λ SDV λ ESP λ O λ AP λ VRS CP λ AP λ SDV λ ESP λ O λ VRS
SDV1 0,71 0,06 0,41 0,48 0,06 0,50 0,48 0,06
SDV2 0,64 0,06 0,47 0,57 0,06 0,34 0,58 0,06
SDV3 0,86 0,04 0,55 0,67 0,04 0,55 0,67 0,04
SDV4 0,74 0,06 0,33 0,58 0,06 0,47 0,57 0,06
SDV5 0,64 0,11 0,50 0,48 0,11 0,41 0,48 0,11
ESP1 0,44 0,02 0,33 0,65 0,02 0,34 0,65 0,02
ESP2 0,51 0,01 0,40 0,74 0,02 0,41 0,73 0,02
ESP3 0,43 0,02 0,34 0,46 0,01 0,35 0,45 0,01
ESP4 0,85 0,01 0,85 0,05 0,01 0,85 0,04 0,01
ESP5 0,81 0,01 0,81 0,05 0,01 0,81 0,04 0,01
O1 0,57 0,04 0,43 0,47 0,05 0,42 0,47 0,05
O2 0,82 0,03 0,66 0,40 0,03 0,66 0,40 0,03
O3 0,61 0,03 0,47 0,42 0,03 0,47 0,42 0,03
AP1 0,26 0,05 0,09 0,27 0,05 0,26 0,05
AP2 0,53 0,03 0,31 0,42 0,03 0,53 0,03
AP3 0,72 0,03 0,38 0,62 0,03 0,73 0,03
AP4 0,45 0,03 0,18 0,45 0,03 0,45 0,03
AP5 0,64 0,03 0,37 0,51 0,03 0,64 0,03
Note: CFA = analyse factorielles confirmatoire; SDV = satisfaction de vie; ESP = estime de soi positive; O = optimisme; AP = affect positif; SP = subjectivité positive; CN = cognition
positive; VRS = variance résiduelle standardisée
Subjectivité négative
CFA Bi-facteur CFA Modèle A Bi-facteur CFA Modèle B
Pλ ESN λ AN λ VRS SN λ P λ ESN λ AN λ VRS CN λ AN λ P λ ESN λ VRS
P1 0,51 0,04 0,47 0,21 0,04 0,50 0,16 0,04
P2 0,78 0,04 0,57 0,46 0,06 0,60 0,39 0,07
P3 0,75 0,04 0,52 0,67 0,12 0,55 0,69 0,19
ESN1 0,63 0,04 0,53 0,32 0,01 0,54 0,32 0,01
ESN2 0,64 0,03 0,58 0,24 0,02 0,59 0,24 0,02
ESN3 0,57 0,05 0,51 0,24 0,03 0,51 0,24 0,03
ESN4 0,75 0,04 0,59 0,47 0,03 0,59 0,47 0,03
ESN5 0,80 0,03 0,64 0,52 0,03 0,62 0,55 0,03
AN1 0,47 0,01 0,31 0,60 0,08 0,47 0,08
AN2 0,43 0,02 0,33 0,39 0,03 0,43 0,03
AN3 0,62 0,03 0,49 0,35 0,05 0,62 0,05
AN4 0,61 0,02 0,53 0,15 0,04 0,61 0,04
AN5 0,58 0,02 0,54 0,14 0,03 0,58 0,03
Note: CFA = analyse factorielles confirmatoire; P = pessimisme; ESN = estime de soi négative; AN = affect négatif; SN = subjectivité négative; CN = cognition
négative; VRS = variance résiduelle standardisée
186
9.3.3.2.2 La subjectivité mentale
L’ensemble des résultats des modèles bi-factoriels de la subjectivité mentale sont satisfaisants.
La qualité d’ajustement des données est la meilleure pour les modèles bi-factoriels CFA
subjectivité mentale C et CFA subjectivité mentale D.
Les résultats sont ainsi satisfaisants pour le modèle bi-factoriel CFA subjectivité mentale C,
avec pour facteur G, la Subjectivité positive et la Subjectivité négative et pour facteurs
spécifiques, l’Estime de soi positive, l’Estime de soi négative, l’Optimisme, le Pessimisme, la
Satisfaction de vie, l’Affect positif et l’Affect négatif : 2 (402, N=822) = 1078,93, p <.001 ; TLI
= 0.911 ; CFI = 0.923 ; SRMR = 0.045 ; RMSEA = 0.045 (IC : 0.042-0.049).
Pour modèle bi-factoriel CFA subjectivité mentale D, avec pour facteurs principaux, la
Cognition positive, la Cognition négative, l’Affect positif et l’Affect négatif et pour facteurs
spécifiques, l’Estime de soi positive, l’Estime de soi négative, l’Optimisme, le Pessimisme, la
Satisfaction de vie, les résultats indiquent aussi un ajustement des données adéquate : 2 (408,
N=822) = 1099,584, p <.001 ; TLI = 0.911 ; CFI = 0.922 ; SRMR = 0.0494 ; RMSEA = 0.045
(IC : 0.042-0.049).
Les résultats de la qualité d’ajustement des modèles sont regroupés dans le tableau 9.41.
Tableau 9.41. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de la subjectivité mentale (N = 822)
Model 2 df TLI CFI SRMR RMSEA [90% IC] AIC BIC ABIC
Modèle bi-factoriel CFA A 1105,852* 403 0,908 0,92 0,0444 0.046 (0.043-0.049) 1291,852 1730,044 1823,044
Modèle bi-factoriel CFA B 1160,448* 403 0,901 0,914 0,0571 0.048 (0.045-0.051) 1346,448 1784,64 1877,64
Modèle bi-factoriel CFA C 1078,93* 402 0,911 0,923 0,045 0.045 (0.042-0.049) 1266,93 1709,834 1803,834
Modèle bi-factoriel CFA D 1099,584* 408 0,911 0,922 0,0494 0.045 (0.042-0.049) 1275,584 1690,217 1778,217
Note : CFA = analyse factorielles confirmatoire; χ2 = test du khi-deux mis à l'ajustement exact; df = degrés de liberté; CFI = Comparative Fit Index; TLI = Tucker-Lewis Index; SRMR =
Standardized Root Mean Square Residual; RMSEA = Root Mean Square Error of Approximation; IC à 90% = intervalle de confiance à 90% du RMSEA
* p <0.001
Dans le modèle CFA Subjectivité mentale C, la corrélation est très forte et négative entre la
Subjectivité positive et la Subjectivité négative (-.91).
Dans le modèle Subjectivité mentale D, la corrélation est positive et forte entre la Cognition
positive et l’Affect positif (.54), la Cognition négative et l’Affect Négatif (.75). La relation est
forte et négative entre la Cognition positive et la Cognition négative (-.95), la Cognition positive
187
et l’Affect négatif (-.57), la Cognition négative et l’Affect positif (-.58). Le lien est modéré et
négatif entre l’Affect positif et l’Affect négatif (-.27).
Les estimations des paramètres de ces modèles sont présentées dans le tableau 9.42. La validité
de la qualité de l'ajustement des modèles se confirme lorsque l’on examine le poids factoriel de
l’ensemble des items, ceux-ci étant satisfaisants dans les quatre modèles proposés.
Tableau 9.42. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de la
subjectivité mentale (N = 822)
188
Bi-facteur CFA Modèle C Bi-facteur CFA Modèle D
SP λ SN λ SDV λ ESP λ O λ ESN λ P λ AP λ AN λ VRS CP λ CN λ AP λ AN λ SDV λ ESP λ O λ ESN λ Pλ VRS
SDV1 0,52 0,46 0,06 0,52 0,47 0,06
SDV2 0,35 0,57 0,06 0,35 0,57 0,06
SDV3 0,56 0,67 0,05 0,55 0,67 0,05
SDV4 0,49 0,55 0,06 0,49 0,55 0,06
SDV5 0,42 0,47 0,11 0,42 0,47 0,11
ESP1 0,37 0,63 0,02 0,45 0,60 0,02
ESP2 0,43 0,72 0,02 0,49 0,70 0,02
ESP3 0,38 0,43 0,01 0,41 0,42 0,01
ESP4 0,83 0,03 0,01 0,83 0,00 0,01
ESP5 0,78 0,03 0,01 0,79 0,00 0,01
O1 0,45 0,46 0,05 0,32 0,52 0,06
O2 0,68 0,35 0,03 0,66 0,37 0,03
O3 0,51 0,37 0,03 0,49 0,37 0,03
ESN1 0,60 0,21 0,01 0,57 0,26 0,01
ESN2 0,67 0,06 0,02 0,64 0,15 0,02
ESN3 0,52 0,19 0,03 0,51 0,24 0,03
ESN4 0,63 0,38 0,03 0,60 0,45 0,03
ESN5 0,66 0,57 0,06 0,64 0,55 0,04
P1 0,48 0,19 0,04 0,47 0,20 0,03
P2 0,57 0,48 0,07 0,56 0,50 0,07
P3 0,58 0,57 0,10 0,57 0,57 0,09
AP1 0,10 0,27 0,05 0,27 0,05
AP2 0,32 0,41 0,03 0,52 0,03
AP3 0,39 0,61 0,03 0,72 0,03
AP4 0,20 0,44 0,03 0,45 0,03
AP5 0,39 0,50 0,03 0,64 0,03
AN1 0,29 0,43 0,04 0,48 0,04
AN2 0,30 0,32 0,03 0,43 0,03
AN3 0,40 0,54 0,06 0,62 0,05
AN4 0,42 0,40 0,04 0,61 0,04
AN5 0,43 0,31 0,03 0,57 0,03
Note: CFA = analyse factorielles confirmatoire; SM = subjectivité mentale; SP = subjectivité positive; SN = subjectivité négative; C = cognition; CP = cognition positive; CN = cognition négative; SDV = satisfaction
de vie; ESP = estime de soi positive; ESN = estime de soi négative; O = optimisme; P = pessimisme; A = affect; AP = affect positif; AN = affect négatif; VRS = variance résiduelle standardisée
Discussion
Les trois études avaient pour objectif de déterminer la place de la positivité dans la subjectivité
mentale afin de mettre en évidence, parmi les autres indicateurs disposant d’un cadre conceptuel
et empirique bien établi, l’importance de la positivité dans la santé mentale.
189
élevées entre l'estime de soi, la satisfaction de vie et l'optimisme. La balance optimale entre les
cognitions positives et les cognitions négatives détermine un fonctionnement positif dans la
santé mentale. La santé mentale positive peut se définir par une prévalence des cognitions
positives sur les cognitions négatives. Inversement, la santé mentale négative renvoie à une
prévalence des cognitions négatives sur les cognitions positives. Bryant et Baxter (1997)
confirme l’intérêt de la non-pensée négative (Hollon & Kendall, 1980), les scores faibles en
termes de pensée négative étant davantage prédictifs de la santé mentale que les scores élevés
de cognition positive, et plus précisément vis-à-vis de l’anxiété. Dans l’avenir, il serait pertinent
de poursuivre la description de la structure cognitive de la santé mentale en intégrant les
évaluations positives et négatives à propos de la vie, ainsi que dans d’autres orientations comme
par exemple le passé.
190
l’instrument. La validité de l’instrument a été démontrée, auprès d’un échantillon d’adultes, par
une bonne convergence avec l’estime de soi, l’optimisme, la satisfaction de vie ainsi que l’affect
positif et par une bonne divergence avec l’affect négatif. L’étude de la validité discriminante
de l’échelle de positivité établit qu’elle se différencie des échelles mesurant l’estime de soi, la
satisfaction de vie et l’optimisme. L’ensemble de ces études a permis l’adaptation et la
validation en langue française d’un instrument destiné à évaluer le construit de positivité. Après
la validation de l’échelle de positivité auprès d’une population d’adultes, il serait pertinent dans
les études à venir de poursuivre la validation de l’échelle auprès d’autres types de populations,
par exemple auprès d’adolescents, ce qui permettrait ainsi d’explorer le développement de la
positivité notamment dans sa relation avec le bonheur. Par ailleurs, l’augmentation du nombre
d’items par dimension offrirait la possibilité de disposer d’un outil permettant de définir un
profil relatif à la positivité mesurant, de manière simultanée, la tendance à avoir des cognitions
positives en général ainsi que dans les différentes orientations cognitives évaluatives positives ;
soi, l’autre, le futur et la vie.
191
Le premier objectif de recherche a ainsi permis de répondre à la question de la place de la
positivité dans la santé mentale, que ce soit (1) de manière complémentaire ou en opposition à
la négativité ainsi que (2) de manière progressive dans la subjectivité, à travers une version
dispositionnelle du bien-être subjectif, une version ne prenant en compte que les indicateurs
positifs, la subjectivité positive, ainsi qu’une version générale de la subjectivité mentale.
192
193
Chapitre X. Objectif de recherche 2 :
Exploration de la place et du rôle de la
positivité dans la santé mentale positive
194
La santé mentale positive se traduit par un fonctionnement psychologique positif (Huppert &
So, 2013) ainsi qu’un niveau de bien-être subjectif élevé (Suldo & Shaffer, 2008 ; Doll, 2008).
Le fonctionnement psychologique positif fait référence à la satisfaction des besoins
psychologiques (Maslow, 1954), au bien-être psychologique (Ryff, 1989) et à l’épanouissement
(Diener et al., 2010) alors que le bien-être subjectif implique la positivité, l’affect positif et
l’affect négatif, la positivité étant aussi la dimension cognitive permettant de se développer et
de s’épanouir.
Le développement de l’être humain est « un processus par lequel l’être humain intériorise,
développe, perfectionne et intègre des structures ou représentations de lui-même et du monde
qui l’entoure » (Deci & Ryan, 2008, p.26), exerçant une influence prépondérante sur le
développement de la positivité et sa relation avec l’affect positif (Caprara et al,. 2017).
L’évaluation cognitive concerne la satisfaction ou l’insatisfaction des buts impliquant les
besoins de l’individu. En outre, l’estime de soi qui relève de la satisfaction d’un besoin
psychologique (Maslow, 1943) est aussi une dimension prépondérante de la positivité. La
satisfaction des besoins de compétence, d’autonomie et de relation sur une période donnée
prédit une amélioration de la satisfaction de vie (Sheldon & Elliot, 1999) et par conséquent de
la positivité. Elle est ainsi essentielle au développement et au fonctionnement psychologique
d’une vraie vision positive de soi (Deci & Ryan, 1995). Le fonctionnement psychologique
positif peut-il expliquer la relation positive entre la positivité et l’affect positif ? Si la positivité
affecte la manière dont les personnes évaluent leurs expériences subjectives (Alessandri et al.,
2012 ; Caprara et al., 2010), explique-t-elle la relation négative entre le bien-être psychologique
et l’affect négatif ?
La vision positive de soi apporte l’énergie qui mobilise le comportement (Mackinnon, 2015)
traduisant le degré de motivation, de détermination et d’engagement dans l’environnement
(Vallerand & Thill, 1993 ; Ryan & Deci, 2000b ; Guay, Mageau & Vallerand, 2003).
L’engagement actif dans l’environnement résulte fondamentalement de la motivation à
satisfaire les besoins psychologiques (Vallerand et al, 2019, p.50), l'engagement agréable avec
l'environnement renvoyant à l’affect positif (Watson, Clark & Carey, 1988). Le fonctionnement
psychologique positif reflète-t-il l’engagement de la positivité dans l’environnement ? Le
sentiment d’être à l’origine des comportements (lieu de causalité interne) et l’information sur
195
la compétence sont deux processus cognitifs fondamentaux (Deci et Ryan, 1980, 1985) qui
amènent respectivement au besoin d’autonomie et au besoin de compétence (Sarrazin & al.,
2011). Les évaluations positives consécutives à ces deux processus contribuent à la satisfaction
des besoins psychologiques d’autonomie et de compétence qui conduise à la motivation
intrinsèque (Deci, 1975 ; Deci & Ryan, 1980). Ainsi, l’affect positif reflète l’engagement
agréable de la positivité dans l’environnement, engagement motivé de manière autonome. Sur
le plan cognitif, la prévalence des buts intrinsèques sur les buts extrinsèques est associée à des
indicateurs de santé mentale positive, tandis que la prévalence des buts extrinsèques sur les buts
intrinsèques est associée à des symptômes de santé mentale négative (Kasser & Ryan, 1993,
1996). Si la positivité exerce une influence omniprésente sur les sphères cognitives et
comportementales, son niveau peut-il prédire le degré d’autodétermination ? Pour Deci et Ryan
(1995), la vraie vision positive de soi s’appuie sur l’autodétermination en reflétant une
intégration du vrai soi.
Cette étude explore la relation entre la satisfaction des besoins psychologiques fondamentaux,
la positivité, l’affect positif et l’affect négatif. L’hypothèse du rôle médiateur de la satisfaction
des besoins psychologiques dans la relation entre la positivité et l’affect positif a été testée.
On observe une relation positive entre la positivité et l’ensemble des besoins psychologiques.
La positivité entretient une relation positive et modérée avec la satisfaction du besoin de sécurité
196
(.34) et la satisfaction du besoin de stimulation (.43). La corrélation est forte et positive entre la
positivité et la satisfaction du besoin de relation (.64), d’autonomie (.52), d’estime (.76), de sens
et spiritualité (.76).
Les résultats montrent une corrélation modérée et positive entre la satisfaction du besoin de
relation et l’affect positif (.35), la satisfaction du besoin d’autonomie et l’affect positif (.40), la
satisfaction du besoin d’estime et l’affect positif (.48), la satisfaction du besoin de stimulation
(.44). La corrélation entre la satisfaction du besoin de sens et de spiritualité et l’affect positif
est forte et positive (.50). On n’observe pas de relation entre la satisfaction du besoin de sécurité
et l’affect positif.
Tableau 10.1. Résultats des corrélations entre la satisfaction des besoins psychologiques, la positivité et
les affects positif et négatif (N = 186)
Besoin de Besoin de Besoin Besoin Besoin de Besoin de Estime de Affect Affect
M ET Satisfaction Optimisme Positivité
sécurité relation d'autonomie d'estime stimulation sens/spiritualité soi positif négatif
Besoin de sécurité 5,15 1,13 -
*
Besoin de relation 5,19 0,97 ,33 -
* *
Besoin d'autonomie 4,70 1,03 ,25 ,36 -
Besoin d'estime 4,65 1,21 ,26* ,51* ,46* -
* * * *
Besoin de stimulation 5,21 1,29 ,26 ,45 ,38 ,49 -
Besoin de sens/spiritualité 4,58 1,32 ,30* ,66* ,43* ,65* ,46* -
Satisfaction de vie 4,82 1,19 ,37* ,51* ,38* ,54* ,40* ,60* -
* * * * * * *
Optimisme 2,23 0,75 ,33 ,49 ,40 ,66 ,41 ,63 ,54 -
Estime de soi 2,97 0,53 ,30* ,52* ,51* ,78* ,43* ,62* ,57* ,67* -
* * * * * * * * *
Positivité 3,32 0,68 ,34 ,63 ,52 ,79 ,43 ,76 ,66 ,74 ,76 -
* * * * * * * * *
Affect positif 3,48 0,57 ,35 ,40 ,48 ,44 ,50 ,36 ,42 ,48 ,50 -
Affect négatif 2,47 0,60 -,38* -,20* -,37* -,46* -,32* -,36* -,32* -,46* -,43* -,38* -
* la corrélation est significative au niveau 0.01; M = moyenne; ET = écart-type
197
psychologiques entretient une relation positive avec l’affect positif (β = .62, p<.05). Le lien
entre la positivité et l’affect positif est non significatif (β = -.03, NS).
Figure 10.2. Représentation graphique de l’effet médiateur de la satisfaction des besoins psychologiques
dans la relation entre la positivité et l’affect positif
Note. P = positivité ; ESP = estime de soi positive ; O = optimisme ; SDV = satisfaction de vie ; R = besoin de relation ; À
= besoin d’autonomie ; S = besoin de stimulation ; SS = besoin de sens et de spiritualité
Les résultats démontrent ainsi une médiation complète la satisfaction des besoins
psychologiques dans la relation entre la positivité et l’affect positif. On observe un effet indirect
entre la positivité et la satisfaction des besoins psychologiques ainsi qu’un effet indirect entre
la satisfaction des besoins psychologiques et l’affect positif, l’effet direct entre la positivité et
l’affect positif étant annulé.
198
10.2 Étude 2 : Exploration de la place et du rôle de la positivité dans la santé mentale
positive
L’objectif de cette étude est d’explorer de manière plus précise la place et le rôle de la positivité
dans la santé mentale positive. Certains chercheurs (Wang, Zhang & Wang, 2011) proposent
d’inclure dans le modèle de la santé mentale, d’autres indicateurs en plus de la satisfaction de
vie ou de la remplacer par d’autres construits de cognition positive, comme la positivité.
Dans un premier temps, nous testerons un modèle de santé mentale positive incluant la
cognition positive par item : (1) le modèle A avec les dimensions, la Cognition positive, le Bien-
être psychologique, le Bien-être social et le Bien-être émotionnel, (2) le modèle bi-factoriel
avec pour facteur G la Santé mentale positive et pour facteur S les dimensions Cognition
positive, Bien-être psychologique, Bien-être social et Bien-être émotionnel.
Dans un deuxième temps, nous explorerons (1) l’effet médiateur du bien-être psychologique
dans la relation entre la positivité et l’affect positif, (2) l’effet médiateur de la positivité dans la
relation entre le bien-être psychologique et l’affect négatif.
mentale positive
La positivité entretient une relation positive et forte avec le bien-être social (.50), le bien-être
psychologique (.59) ainsi que le bien-être émotionnel (.60).
Tableau 10.3. Résultats des corrélations entre la positivité, la santé mentale positive et les affects positif
et négatif (N = 243)
Estime de Estime de Satisfaction Bien-être Bien-être Bien-être Affect Affect
M ET Optimisme Pessimisme Positivité
soi positive soi négative de vie social psychologique émotionnel positif négatif
Estime de soi positive 3,17 0,47 -
**
Estime de soi négative 1,87 0,58 -,69 -
** **
Optimisme 2,48 0,72 ,55 -,57 -
** ** **
Pessimisme 1,46 0,78 -,42 ,46 -,58 -
** ** **
Satisfaction de vie 4,71 1,19 ,43 -,46 ,48 -,47** -
Positivité 3,42 0,55 ,57** -,60** ,62** -,50** ,68** -
** ** ** ** ** **
Bien-être social 3,23 0,86 ,40 -,38 ,47 -,36 ,36 ,50 -
** ** ** ** ** ** **
Bien-être psychologique 4,47 0,71 ,50 -,53 ,48 -,38 ,48 ,59 ,47 -
Bien-être émotionnel 4,22 0,88 ,42** -,41** ,50** -,41** ,61** ,60** ,48** ,60** -
Affect positif 3,53 0,45 ,40** -,45** ,36** -,34** ,31** ,37** ,38** ,60** ,39** -
** ** ** ** ** ** ** ** ** *
Affect négatif 2,20 0,61 -,42 ,50 -,47 ,41 -,35 -,48 -,27 -,35 -,38 -,14 -
* la corrélation est significative au niveau 0.05, **la corrélation est significative au niveau 0.01; M = moyenne; ET = écart-type
199
10.2.2 Modélisation de la santé mentale positive
Nous avons testé deux modèles de la santé mentale positive : (1) un modèle CFA avec pour
dimension la Cognition positive, comprenant l’Estime de soi positive, l’Optimisme et le Bien-
être psychologique, le Bien-être social et le Bien-être émotionnel, (2) un modèle bi-factoriel
avec pour facteur G la Santé mentale positive et pour facteur spécifique la Cognition positive,
comprenant l’Estime de soi positive et l’Optimisme, le Bien-être psychologique, le Bien-être
social et le Bien-être émotionnel.
200
Figure 10.4.2 Représentation graphique du modèle bi-factoriel de la santé mentale positive
201
Les résultats de la qualité d’ajustement des modèles de la santé mentale positive sont présentés
dans le tableau 10.5.
Tableau 10.5. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de la santé mentale positive (N = 243)
Les résultats des modèles indiquent une qualité d’ajustement des données insuffisante pour le
modèle CFA mais tout à fait satisfaisante pour le modèle CFA bi-factoriel : 2 (179, N=243) =
310,299, p <.001 ; TLI = 0.917 ; CFI = 0.936 ; SRMR = 0.0526 ; RMSEA = 0.055 (IC : 0.045-
0.065).
L’analyse des estimations normalisées des paramètres démontre une bonne répartition des
données dans les deux modèles. Elles sont présentées en figure 10.6.
Tableau 10.6. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de la
santé mentale positive (N = 243)
Modèle CFA Modèle CFA bi-facoriel
CP λ BEP λ BES λ BEE λ ESP λ O λ VRS SMP λ CP λ BEP λ BES λ BEE λ ESP λ O λ VRS
CP1 0,37 0,82 0,05 CP1 0,29 0,28 0,83 0,05
CP2 0,47 0,55 0,02 CP2 0,42 0,26 0,52 0,03
CP3 0,32 0,43 0,03 CP3 0,26 0,26 0,39 0,03
CP4 0,85 0,08 0,02 CP4 0,61 0,72 -0,01 0,05
CP5 0,75 0,09 0,02 CP5 0,55 0,47 0,06 0,02
CP6 0,51 0,38 0,07 CP6 0,38 0,32 0,44 0,08
CP7 0,76 0,35 0,05 CP7 0,65 0,34 0,38 0,04
CP8 0,57 0,32 0,06 CP8 0,55 0,16 0,35 0,05
BEP1 0,69 0,06 BEP1 0,60 0,36 0,06
BEP2 0,52 0,07 BEP2 0,36 0,68 0,16
BEP3 0,57 0,06 BEP3 0,56 0,06 0,06
BEP4 0,59 0,08 BEP4 0,58 0,11 0,08
BEP5 0,55 0,07 BEP5 0,45 0,31 0,07
BEP6 0,65 0,10 BEP6 0,63 0,17 0,09
BES1 0,53 0,10 BES1 0,55 0,16 0,10
BES2 0,56 0,15 BES2 0,46 0,28 0,14
BES3 0,80 0,06 BES3 0,48 0,71 0,09
BES4 0,60 0,09 BES4 0,50 0,35 0,08
BES5 0,68 0,08 BES5 0,34 0,66 0,11
BEE1 0,76 0,05 BEE1 0,58 0,49 0,08
BEE2 0,70 0,06 BEE2 0,67 0,23 0,06
BEE3 0,90 0,05 BEE3 0,72 0,57 0,12
Note: CFA = analyse factorielles confirmatoire; SMP = santé mentale positive; CP = cognition positive; BEP = bien-être psychologique; BES = bien-être social; BEE = bien-être
émotionnel; ESP = estime de soi positive; O = optimisme; VRS = variance résiduelle standardisée; les paramètres non-significatifs (p ≥ 0.05) sont indiqué en italique
202
L’ensemble de ces résultats permet de constater l’existence d’un facteur commun entre
l’ensemble de ces dimensions et confirme la possibilité d’intégrer la dimension Cognition
positive dans la santé mentale positive parmi les autres indicateurs.
Dans un deuxième temps, nous avons étudié un modèle, de l’effet médiateur du bien-être
psychologique dans la relation entre la positivité et l’affect positif. L’analyse de la régression
standardisée entre la positivité et l’affect positif est positive, forte et significative (β = .49, p <
.001). Le modèle de médiation est statistiquement significatif et présente un ajustement des
données satisfaisant : 2 (236, N=243) = 425,284, p <.001 ; TLI = 0.892 ; CFI = 0.908 ; SRMR
= 0.0598 ; RMSEA = 0.058 (IC : 0.049-0.066). La positivité est positivement liée au bien-être
psychologique (β = .75, p<.001) et le bien-être psychologique entretient une relation positive
avec l’affect positif (β = .84, p<.001). Le lien entre la positivité et l’affect positif est non
significatif (β = -.14, NS).
203
Figure 10.7. Représentation graphique de l’effet médiateur du bien-être psychologique dans la relation
entre la positivité et l’affect positif
Les résultats démontrent ainsi une médiation complète du bien-être psychologique dans la
relation entre la positivité et l’affect positif. On observe un effet indirect entre la positivité et le
bien-être psychologique ainsi qu’un effet indirect entre le bien-être psychologique et l’affect
positif, l’effet direct entre la positivité et l’affect positif étant annulé.
204
10.2.4 Effet médiateur de la positivité dans la relation entre le bien-être
Dans un deuxième temps, nous avons examiné l’hypothèse d’un modèle où la positivité a un
l’effet médiateur dans la relation entre le bien-être psychologique et l’affect négatif. L’analyse
de la régression standardisée entre le bien-être psychologique et l’affect négatif est négative,
modérée et significative (β = -.42, p < .001). Le modèle de médiation est statistiquement
significatif et démontre un ajustement des données satisfaisant : 2 (236, N=243) = 408,086, p
<.001 ; TLI = 0.902; CFI = 0.916; SRMR = 0. 0584 ; RMSEA = 0.055 (IC : 0.046-0.064). Le
bien-être psychologique est positivement lié à la positivité (β = .75, p<.001) et la positivité est
négativement corrélée avec l’affect négatif (β = -.65, p<.001). La relation entre la positivité et
l’affect négatif est non significative (β = .06, NS).
205
Figure 10.8. Représentation graphique de l’effet médiateur de la positivité entre le bien-être
psychologique et l’affect négatif
206
10.3 Étude 3 : Exploration du rôle de la positivité dans l’effet de la régulation de la
L’objectif de cette étude est d’explorer la relation entre la positivité, le type de motivation et la
santé mentale positive par l’intermédiaire d’un indicateur qui mesure le bonheur. Nous faisons
les hypothèses suivantes : (1) il existe une relation positive et significative entre la positivité, la
motivation autonome et le bonheur, (2) la positivité a un effet médiateur dans la relation entre
les régulations motivationnelles autonomes et le bonheur, (3) de l’effet médiateur de la
positivité dans la relation entre les motivations auto-déterminées et le bonheur.
bonheur
Tableau 10.9. Résultats des corrélations entre la régulation motivationnelle, la positivité et le bonheur
subjectif (N = 289)
Motivation Motivation Motivation
Extrinsèque Extrinsèque Bonheur
M ET Amotivation Externe intrinsèque à la intrinsèque à la intrinsèque à Positivité
introjectée identifiée subjectif
stimulation connaissance l'accomplissement
Amotivation 2,81 1,13 -
Externe 3,63 1,31 ,31** -
** **
Extrinsèque introjectée 3,71 1,27 ,44 ,49 -
Extrinsèque identifiée 4,86 1,04 ,15** -
Motivation intrinsèque
4,98 1,03 ,45** -
à la stimulation
Motivation intrinsèque **
5,50 0,99 ,50 ,44** -
à la connaissance
Motivation intrinsèque
5,01 1,10 ,26** ,63** ,40** ,57** -
à l'accomplissement
** * ** ** * **
Positivité 3,27 0,63 -,19 -,13 ,34 ,28 ,13 ,29 -
Bonheur subjectif 4,73 1,20 -,22** -,16** ,23** ,31** ,17** ,20** ,58** -
* la corrélation est significative au niveau 0.05, **la corrélation est significative au niveau 0.01; M = moyenne; ET = écart-type
207
10.3.2 Effet médiateur de la positivité dans la relation entre la régulation de la
motivation et le bonheur
Puis nous avons examiné la relation entre les régulations motivationnelles autonomes et le
bonheur en testant un éventuel effet médiateur de la positivité. Le résultat de la régression
standardisée de la motivation auto-déterminée sur le bonheur est positif, modéré et significatif
(β = .35, p < .001). Le modèle de médiation est statistiquement significatif et démontre une
qualité d’ajustement des données satisfaisante : 2 (325, N=289) = 560,595, p <.001 ; TLI =
0.932 ; CFI = 0.941 ; SRMR = 0.0616 ; RMSEA = 0.05 (IC : 0.043-0.057). La régulation
motivationnelle autonome est positivement corrélée à la positivité (β =.43, p<.001) et la
positivité entretient une relation positive avec le bonheur (β = .80, p<.001). La relation entre la
régulation motivationnelle autonome et le bonheur est non significative (β = .01, NS).
208
Figure 10.10. Représentation graphique de l’effet médiateur de la positivité entre les régulations
motivationnelles autonomes et le bonheur
Les résultats permettent de montrer une médiation complète de la positivité dans la relation
entre les stratégies de régulation autonomes et le bonheur. L’effet indirect entre la positivité et
les stratégies de régulation autonome ainsi que l’effet indirect entre la positivité et le bonheur,
entraîne une annulation de l’effet direct entre les stratégies de régulation autonomes et le
bonheur.
209
Discussion
L’objectif de la première étude était d’explorer la relation entre la satisfaction des besoins, la
positivité ainsi que l’affect positif et négatif. Les résultats démontrent une corrélation positive
entre la positivité, l’ensemble des besoins psychologiques, l’affect positif et l’affect négatif,
hormis entre le besoin de sécurité et l’affect négatif. La positivité est un prédicteur très
important de la satisfaction des besoins psychologiques (relation, autonomie, sens de la vie,
stimulation). Cela s’explique par le fait que la positivité est un mode de pensée qui affecte la
manière dont les personnes évaluent leurs expériences subjectives contribuant de manière
prépondérante au fonctionnement psychologique positif. Par conséquent, on peut être amené à
penser que la balance entre les cognitions positives et les cognitions négatives prédit le degré
de satisfaction des besoins psychologiques. De plus, la satisfaction des besoins psychologiques
a un effet médiateur dans la relation entre la positivité et l’affect positif.
La deuxième étude avait pour but d’étudier la place et le rôle de la positivité dans la santé
mentale positive. La satisfaction de vie est incluse dans le bien-être émotionnel, qui est aussi
l’un des facteurs sus-jacents de la positivité. Ainsi, utiliser l’estime de soi positive et
l’optimisme comme facteurs mesurant le facteur commun et latent qu’est la positivité, et ce,
sans la satisfaction de vie, est tout à fait pertinent. C’est pourquoi, dans les modèles testés, la
positivité a été mesurée à travers l’estime de soi positive et l’optimisme. Les résultats
démontrent que la positivité peut être intégrée dans la santé mentale positive. Dans les modèles
de médiation, les résultats indiquent que le fonctionnement psychologique positif (bien-être
psychologique) explique la relation entre la positivité et l’affect positif. Cela confirme l’idée
que le développement du soi reflète le développement de la positivité ainsi que sa relation avec
l’affect positif. Ainsi, la positivité, par l’intermédiaire du fonctionnement positif et de ses
dimensions (acceptation de soi-même, relations positives aux autres, maîtrise de son
environnement, autonomie, sens dans sa vie et croissance personnelle) prédit le ressentie des
affects positifs. Cela renvoie notamment à l’idée que la positivité exerce une influence sur les
210
comportements positifs, dans les différentes facettes du fonctionnement psychologique. D’autre
part, la positivité explique la relation entre le bien-être psychologique et l’affect négatif, le
fonctionnement psychologique positif contribuant à un affect négatif faible par l’intermédiaire
de la positivité. La positivité a un rôle protecteur dans la santé mentale (Zuffianò, López-Pérez,
Cirimele, Kvapilová & Caprara, 2019) qui se manifeste précisément dans la relation entre le
fonctionnement psychologique et l’affect négatif, les cognitions positives permettant
notamment de prévenir les troubles psychologiques à court terme ainsi que de compenser la
maladie mentale. Ces deux modèles de médiation conduisent ainsi à situer la place de la
positivité dans la santé mentale positive dans l’interaction entre le fonctionnement
psychologique et la dimension affective de la santé mentale, la positivité ayant une place et un
rôle différents selon le type d’affect, positif ou négatif. Elle prédit positivement le
fonctionnement psychologique positif et par extension l’affect positif dans la santé mentale
positive. Elle est un construit protecteur de la santé mentale négative par rapport à la relation
qu’entretient le fonctionnement psychologique avec l’affect négatif.
211
212
Chapitre XI. Objectif de recherche 3 :
Exploration du rôle de la positivité dans la
régulation affective de la mentale positive
213
La santé mentale positive se traduit par un équilibre optimal entre les cognitions positives et les
cognitions négatives de manière adaptée et flexible (Schwartz, 1986 ; Schwartz & Garamoni,
1986, 1989) amenant à un équilibre optimal entre les affects positifs et les affects négatifs,
notamment par l’intermédiaire de l’utilisation de stratégies cognitives de régulation
émotionnelle adaptées dans les situations négatives (Garnefski et al., 2001) et dans les situations
positives (Bryant, 1989 ; Hurley & Kwon, 2013). La régulation émotionnelle est ainsi orientée
par l’objectif d’avoir un faible niveau d’affects négatifs et un haut niveau d’affects positifs
(Panksepp, 1998).
La capacité à gérer efficacement les émotions négatives est largement considérée comme faisant
partie intégrante de la santé mentale (Gross & Munoz, 1995 ; Kring & Werner, 2004). Les
stratégies de régulation émotionnelle dysfonctionnelles ont un effet prépondérant sur les
problèmes mentaux (Aldao, Nolen-Hoeksema & Schweizer, 2010 ; Gross, 2014, Gross &
Jazaieri, 2014, Kring & Sloan, 2008), tandis que de manière antagoniste, les stratégies de
régulation émotionnelle fonctionnelles contribuent de manière essentielle au bien-être et au
fonctionnement psychologique positif (Cicchetti, Ackerman & Izard, 1995 ; Thompson, 1991).
Ainsi, dans la structure bi-factorielle de la santé mentale, les stratégies de régulation
inadaptatives reflètent le dysfonctionnement de la santé mentale négative tandis que les
stratégies de régulation adaptatives renvoient à la santé mentale positive. Par l’intermédiaire de
l’estime de soi et de l’optimisme, la positivité est associée à des stratégies fonctionnelles comme
l’adaptation active, la planifaction de solutions et la ré-évaluation positive (Carver et al., 1989).
Les personnes optimistes, et par conséquent positives, ont tendance à ré-interpréter
positivement la situation et porter leur attention sur la solution au problème lorsque la situation
est contrôlable et à accepter la situation lorsqu’elle est incontrôlable (Scheier, Weintraub &
Carver, 1986).
Les différentes stratégies utilisées pour amplifier les émotions positives et donc savourer sont
en lien avec une fréquence plus élevée d’affects positifs (Gentzler, Morey, Palmer & Yi, 2013
; Jose, Lim & Bryant, 2012 ; Quoidbach, Berry, Hansenne & Mikolajczak, 2010 ; Smith,
Harrison, Kurtz & Bryant, 2014). Le savoring implique l’attention orientée vers le plaisir
(Bryant, 2003 ; Jose & al., 2012) et l’interprétation positive des événements positifs
(Langston,1994) alors que la positivité est la disposition à voir la vie et les expériences de
214
manière positive. Ainsi le savoring implique l’ensemble des stratégies cognitives et
comportementales régulant l'intensité ou la durée des sentiments positifs en réaction aux
expériences positives (Bryant, 1989, 2003), impliquant notamment l’attention orientée vers le
positif et l’évaluation positive (Quoidbach, 2012).
Certains chercheurs considèrent que « la régulation des émotions positives est relativement
indépendante de la régulation des émotions négatives » (Nelis, Quoidbach, Hansenne &
Mikolajczak, 2011 cité par Quoidbach, 2012, p.200). Toutefois, la positivité est un mode de
faire face qui affecte la manière dont les personnes évaluent leurs expériences subjectives et qui
a par conséquent une influence omniprésente sur la sphère affective. Pourrait-elle alors
expliquer la relation entre les stratégies de régulation émotionnelle fonctionnelles et la balance
affect positif/affect négatif ? Et expliquer la relation entre le savoring et le bonheur ? En effet,
la vision positive peut se décrire par les mêmes processus de régulation cognitifs que sont
l’attention orientée vers le positif et l’évaluation positive.
Cette recherche propose d’explorer l’effet de la positivité sur la régulation des affects afin de
déterminer son influence dans le fonctionnement de la subjectivité de la santé mentale positive.
Dans cette perspective, nous testerons le rôle de la positivité dans l’interaction entre la
régulation fonctionnelle des émotions et la dimension affective de la santé mentale (affect
positif et l’affect négatif). De la même manière, nous aborderons l’influence de la positivité
dans l’interaction entre la disposition à l’instant présent, le savoring et le bonheur. Ces deux
études nous permettront de situer précisément le rôle de la positivité par rapport à la régulation
méta-cognitive (disposition à l’instant présent), la régulation des émotions négatives et
positives et de leur influence sur la dimension affective de la santé mentale.
L’objectif de cette étude est d’explorer la relation entre la positivité, la régulation émotionnelle
fonctionnelle et les affects positifs et négatifs. Nous posons les hypothèses de l’existence de :
(1) une relation positive et significative entre la positivité et les stratégies de régulation
émotionnelle fonctionnelles, (2) un lien positif et significatif entre les stratégies de régulation
215
émotionnelle fonctionnelles et l’affect positif ainsi qu’un lien négatif avec l’affect négatif (3)
une relation positive et significative entre la positivité et l’affect positif et un lien négatif et
significatif entre la positivité et l’affect négatif. Puis, nous explorerons l’hypothèse d’un modèle
bi-factoriel par dimension avec pour facteur G le Fonctionnement de la subjectivité mentale
positive et pour facteurs S, la Positivité, les Stratégies de régulation fonctionnelles, l’Affect
positif et l’Affect négatif. Enfin, nous testerons (1) l’effet médiateur des stratégies de régulation
émotionnelle fonctionnelles dans la relation entre les affects positifs et les affects négatifs, (2)
l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre les stratégies de régulation émotionnelle
fonctionnelles et les affects positifs et négatifs.
Il existe une corrélation forte entre l’estime de soi négative et l’affect négatif (.51) et entre le
pessimisme et l’affect négatif (.48). Le lien est négatif et modéré entre la positivité et l’affect
négatif (-.43).
216
Tableau 11.1. Résultats des corrélations entre les stratégies de régulation dysfonctionnelles, la
négativité, la positivité et l’affect négatif (N = 328)
Blame de Blame Régulation Estime de Affect
M ET Rumination Dramatisation Pessimisme Positivité
soi d'autrui dysfonctionnelle soi négative négatif
Blame de soi 2,28 0,70 -
Rumination 2,89 0,91 ,47** -
Dramatisation 1,58 0,66 ,21** ,33** -
Blame d'autrui 1,87 0,63 ,13* ,26** ,41** -
Régulation dysfonctionnelle 2,16 0,50 ,67** ,80** ,67** ,61** -
Estime de soi négative 1,81 0,58 ,38** ,30** ,24** ,37** -
Pessimisme 1,56 0,77 ,24** ,26** ,29** ,18** ,35** ,54** -
**
Positivité 3,47 0,49 -,15** -,24** -,27** -,28** -,54** -,55 -
**
Affect négatif 2,26 0,59 ,40** ,38** ,24** ,21** ,45** ,51** ,48 -,43** -
* la corrélation est significative au seuil 0.05; ** la corrélation est significative au niveau 0.01; M = moyenne; ET = écart-type
11.1.2 Analyse des corrélations entre la régulation fonctionnelle des émotions et les
Les résultats montrent une corrélation positive entre la positivité et les stratégies de régulation
émotionnelle fonctionnelles (.33). Cette relation s’explique notamment par le fait qu’il existe
une corrélation positive entre les stratégies de régulation émotionnelle adaptées et l’estime de
soi positive (.36), l’optimisme (.31) et la satisfaction de vie (.30). Plus précisément, la
corrélation est modérée et positive entre la positivité et la centration positive (.25), la
réévaluation positive (.46) et la centration sur l’action (.21) tandis qu’elle est faible avec la mise
en perspective (.18). En revanche, on n’observe pas de corrélation entre la positivité et
l’acceptation, même si le lien entre l’estime de soi positive et l’acceptation est faible et positif
(.12). L’affect positif est positivement lié aux stratégies de régulation émotionnelles adaptatives
(.43), de manière forte à la réévaluation positive (.49), modérée à la centration positive (.30), la
centration sur l’action (.37) et la mise en perspective (.19).
Tableau 11.2. Résultats des corrélations entre les stratégies de régulation fonctionnelle, la positivité et
les affects positif et négatif (N = 328)
Mise en Centration Ré-évaluation Centration Régulation Estime de Affect Affect
M ET Acceptation Optimisme Satisfaction Positivité
perspective positive positive sur l'action fonctionnelle soi positive positif négatif
Acceptation 3,25 0,82 -
Mise en perspective 3,43 0,82 ,32** -
Centration positive 2,78 0,87 ,18** ,26** -
Ré-évaluation positive 3,69 0,88 ,28** ,43** ,41** -
Centration sur l'action 3,68 0,78 ,31** ,28** ,28** ,60** -
Régulation fonctionnelle 3,37 0,57 ,61** ,67** ,63** ,80** ,71** -
Estime de soi positive 3,23 0,44 ,12* ,19** ,21** ,40** ,28** ,36** -
Optimisme 2,48 0,72 ,13* ,30** ,39** ,19** ,31** ,38** -
Satisfaction 4,93 1,13 ,24** ,20** ,37** ,15** ,30** ,36** ,43** -
Positivité 3,47 0,49 ,18** ,25** ,46** ,21** ,33** ,49** ,60** ,64** -
Affect positif 3,59 0,47 ,19** ,30** ,49** ,37** ,43** ,48** ,34** ,40** ,50** -
Affect négatif 2,26 0,59 -,18** -,35** -,13* -,22** -,35** -,44** -,28** -,43** -,20** -
* la corrélation est significative au seuil 0.05; ** la corrélation est significative au niveau 0.01; M = moyenne; ET = écart-type
217
L’affect négatif est corrélé négativement et modérément avec la réévaluation positive (-.35),
négativement et faiblement avec la centration positive (-.18) et la centration sur l’action (-.13).
Dans un premier temps, nous avons testé un modèle bi-factoriel par dimension avec pour facteur
G le Fonctionnement de la subjectivité mentale positive et pour facteur S, la Positivité, les
Stratégies de régulation fonctionnelles, l’Affect positif et l’Affect négatif. Ce modèle présente
un bon ajustement des données : 2 (35, N=328) = 94,086, p <.001 ; TLI = 0.916 ; CFI = 0.947
; SRMR = 0.0455 ; RMSEA = 0.072 (IC : 0.055-0.090). La représentation graphique du modèle
ainsi que les estimations normalisées des paramètres sont présentées en figure 11.3.
218
Tableau 11.3.2 Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) du modèle du
fonctionnement de la subjectivité positive dans les situations négatives (N = 328)
Fonctionnement
Positivité λ Régulation fonctionnelle λ VRS
de la subjectivité positive λ
Positivité 0,75 0,60 0,04
Estime de soi positive 0,65 -0,01 0,01
Optimisme 0,61 0,23 0,03
Satisfaction de vie 0,57 0,36 0,09
Acceptation 0,08 0,45 0,05
Centration positive 0,37 0,29 0,05
Centration sur laction 0,38 0,57 0,04
Ré-évaluation positive 0,66 0,58 0,03
Mise en perspective 0,25 0,45 0,04
Affect positif 0,66 0,01
Affect négatif -0,52 0,02
Note: VRS = variance résiduelle standardisée
Tout d’abord nous avons testé l’effet médiateur des stratégies de régulation émotionnelle
fonctionnelles dans la relation entre les affects positifs et les affects négatifs. La relation entre
l’affect positif et l’affect négatif est négative, modérée et significative (r = -.20, p < .001). Le
modèle de médiation est statistiquement significatif et présente un bon ajustement des données
: 2 (12, N=328) = 32,259, p <.001 ; TLI = 0.924 ; CFI = 0.956 ; SRMR = 0.0449 ; RMSEA =
0.072 (IC : 0.042-0.102). Les résultats de l’analyse indiquent que les stratégies de régulation
émotionnelle fonctionnelles sont négativement liées à l’affect négatif (β = -.35, p<.001) et
positivement en relation avec l’affect positif (β = .52, p<.001). Le lien entre les affects positifs
et les affects négatifs est non significatif (β = -.02, NS).
219
Figure 11.4. Représentation graphique modèle de l’effet médiateur des stratégies de régulation
émotionnelle fonctionnelles dans la relation entre les affects positifs et les affects négatifs
11.1.5 Effet médiateur de la positivité sur la relation entre les stratégies de régulation
Puis nous avons testé l’hypothèse d’un effet médiateur de la positivité dans la relation entre les
stratégies de régulation émotionnelle fonctionnelles et les affects positifs et négatifs. Le résultat
de la régression standardisée entre les stratégies de régulation émotionnelle fonctionnelles et
220
l’affect positif est positif, fort et significatif (β = .53, p < .001) et négatif, modéré et significatif
avec l’affect négatif (β = -.35, p < .001). Le modèle de médiation est statistiquement significatif
et démontre une qualité d’ajustement satisfaisante des données : 2 (31, N=328) = 86,949, p
<.001 ; TLI = 0.899; CFI = 0.931; SRMR = 0.0541 ; RMSEA = 0.074 (IC : 0.056-0.093). Les
stratégies de régulation émotionnelle fonctionnelles sont positivement liées à la positivité (β =
.66, p<.001), et la positivité entretient une relation positive avec l’affect positif (β = .55, p <
.001) et négative avec l’affect négatif (β = -.61, p < .001). La relation entre les stratégies de
régulation émotionnelle fonctionnelles et l’affect positif est significative et faible (β = .17, p <
.05) tandis qu’elle est non significative entre les stratégies de régulation émotionnelle
fonctionnelles et l’affect négatif (β = .06, NS). Les résultats démontrent ainsi un effet de
médiation partiel et important de la positivité dans la relation entre les stratégies de régulation
émotionnelle fonctionnelles et l’affect positif ainsi qu’un effet de médiation complet dans la
relation entre les stratégies de régulation émotionnelle fonctionnelles et l’affect négatif. On
observe un effet indirect entre la positivité et les stratégies de régulation émotionnelle
fonctionnelles ainsi qu’un effet indirect entre la positivité et l’affect positif, l’effet direct entre
stratégies de régulation émotionnelle fonctionnelles et l’affect positif étant diminué de manière
importante. Aussi, l’effet direct entre stratégies de régulation émotionnelle fonctionnelles et
l’affect négatif est annulé compte tenu de l’effet indirect entre la positivité et les stratégies de
régulation émotionnelle fonctionnelles, et de l’effet indirect entre la positivité et l’affect négatif.
221
Figure 11.5. Représentation graphique du modèle de l’effet médiateur de la positivité dans la relation
entre les stratégies de régulation émotionnelle fonctionnelles et les affects positifs et négatifs
Note. P = positivité ; ESP = estime de soi positive ; O = optimisme ; SDV = satisfaction de vie ; À = acceptation ; MP = mise
en perspective ; RP = ré-évaluation positive ; CP = centration positive ; CA = centration sur l’action
222
11.2 Étude 2 : Exploration du rôle de la positivité dans l’effet de la tendance à être
bonheur
L’objectif de cette étude est d’explorer la relation entre la positivité, la tendance à être attentif
et conscient de l'expérience du moment présent, la régulation émotionnelle de type savoring et
le bonheur. Dans un premier temps, nous faisons l’hypothèse qu’il existe : (1) une relation
positive et significative entre la positivité, la disposition à l’instant présent et le savoring, (2)
un lien positif et significatif entre la disposition à l’instant présent, la régulation émotionnelle
de type savoring et le bonheur, (3) une relation positive et significative entre la positivité et le
bonheur. Dans un deuxième temps, nous avons testé : (1) un modèle du fonctionnement de la
subjectivité positive dans les situations positives avec pour dimensions la Positivité, la Stratégie
de type savoring dans le présent et le Bonheur subjectif, (2) un modèle bi-factoriel dans la
perspective de repérer l’existence d’un facteur commun et latent entre la Positivité, la Stratégie
de savoring dans le présent et le Bonheur subjectif. Dans un troisième temps. Pour cela, nous
avons exploré l’hypothèse de : (a) l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre la
disposition à l’instant présent et la stratégie de savoring dans le présent, (b) l’effet médiateur de
la positivité dans le lien entre la disposition à l’instant présent et le bonheur, (c) l’effet médiateur
de la positivité dans la relation entre la stratégie de savoring dans le présent et le bonheur.
le savoring et le bonheur
Les résultats montrent une corrélation positive et modérée entre la positivité et les stratégies de
régulation émotionnelle de savoring (.43). Plus précisément, nous observons une corrélation
positive et modérée entre la positivité et les stratégies de savoring dans le passé (.25) et dans le
futur (.30) ainsi qu’une relation positive et forte entre la positivité et le savoring dans le présent
(.53). La relation entre la positivité et la disposition à l’instant présent est positive et modérée
(.38). La corrélation entre la positivité et le bonheur subjectif est positive et forte (.57).
223
Tableau 11.6. Résultats des corrélations entre le savoring, l’attention dans le moment présent, la
positivité et le bonheur subjectif (N = 276)
situations positives
224
Figure 11.7.1 Représentation graphique du modèle du fonctionnement de la subjectivité positive dans
les situations positives
Les relations sont positives et fortes entre la Positivité et le Savoring dans le présent (.61), la
Positivité et le Bonheur subjectif (.79) ainsi que le Savoring dans le présent et le Bonheur
subjectif (.61).
225
Tableau 11.7.2 Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) du modèle du
fonctionnement de la subjectivité positive dans les situations positives (N = 276)
Dans un deuxième temps, un modèle bi-factoriel a été exploré afin de tester l’existence d’un
facteur commun et latent entre la Positivité, la Stratégie de savoring dans le présent et le
Bonheur subjectif. La qualité d’ajustement des données est très satisfaisante : 2 (144, N=276)
= 226,207, p <.001 ; TLI = 0.954; CFI = 0.965; SRMR = 0.0521 ; RMSEA = 0.046 (IC : 0.034-
0.057). La représentation graphique du modèle ainsi que les estimations normalisées des
paramètres sont présentées en figure 11.8.
226
Figure 11.8.1 Représentation graphique du modèle bi-factoriel du fonctionnement de la subjectivité
positive dans les situations positives
227
Tableau 11.8.2 Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) du modèle bi-
factoriel du fonctionnement de la subjectivité positive dans les situations positives (N = 276)
11.2.3 Effet médiateur de la positivité sur la relation entre la tendance à être attentif
présent
Pour commencer, l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre la disposition à l’instant
présent et la stratégie de savoring dans le présent a été testé. L’analyse de la régression
standardisée entre la disposition à l’instant présent et la stratégie de savoring dans le présent est
positive, modérée et significative (β = .39, p < .001). Le modèle de médiation est statistiquement
significatif et présente un bon ajustement des données : 2 (425, N=276) = 707,815, p <.001 ;
TLI = 0.902; CFI = 0.91; SRMR = 0.0636 ; RMSEA = 0.049 (IC : 0.043-0.056). Les résultats
de l’analyse indiquent que la positivité est positivement liée à la disposition à l’instant présent
(β = .39, p<.001) et que la positivité entretient une relation positive avec la stratégie de savoring
dans le présent (β = .56, p<.001). Le lien entre la disposition à l’instant présent et la stratégie
de savoring dans le présent est significatif et faible (β = .17, p<.05). Les résultats démontrent
ainsi une médiation partielle de la positivité dans la relation entre la disposition à l’instant
228
présent et la stratégie de savoring dans le présent. Nous observons un effet indirect entre la
positivité et la disposition à l’instant présent ainsi qu’entre la positivité et la stratégie de
savoring dans le présent, l’effet direct entre la disposition à l’instant présent et la stratégie de
savoring dans le présent étant diminué.
Figure 11.9. Représentation graphique de l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre l’instant
présent et le savoring dans le présent
229
11.2.4 Effet médiateur de la positivité sur la relation entre la tendance à être attentif
Dans un deuxième temps, l’effet médiateur de la positivité dans le lien entre la disposition à
l’instant présent et le bonheur a été exploré. Le résultat de la régression standardisée entre la
disposition à l’instant présent et le bonheur est positif, modéré et significatif (β = .26, p < .001).
Le modèle de médiation est statistiquement significatif et démontre une qualité d’ajustement
des données satisfaisante : 2 (315, N=276) = 591,563, p <.001 ; TLI = 0.896; CFI = 0.906 ;
SRMR = 0.0689 ; RMSEA = 0.057 (IC : 0.049-0.063). La positivité est positivement corrélée
à la disposition à l’instant présent (β = .36, p<.001) et que la positivité est positivement en
relation avec le bonheur (β = .80, p<.001). La relation entre la disposition à l’instant présent et
le bonheur est non significative (β = .02, NS). On observe ainsi une médiation totale de l’effet
de la positivité dans la relation entre la disposition à l’instant présent et le bonheur subjectif.
L’effet direct entre la disposition à l’instant présent et le bonheur est annulé compte tenu de
l’effet indirect entre la positivité et la disposition à l’instant présent ainsi que de l’effet indirect
entre la positivité et le bonheur.
230
Figure 11.10. Représentation graphique de l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre
l’instant présent et le bonheur subjectif
Dans un troisième temps, l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre la stratégie de
savoring dans le présent et le bonheur a été testé. L’analyse de la régression standardisée entre
la stratégie de savoring dans le présent et le bonheur est positive, forte et significative (β = .60,
p < .001). Le modèle de médiation est statistiquement significatif et indique une qualité
231
d’ajustement des donnés satisfaisante : 2 (161, N=276) = 309,996, p <.001 ; TLI = 0.925 ; CFI
= 0.937 ; SRMR = 0.0611 ; RMSEA = 0.058 (IC : 0.048-0.068). Les résultats de l’analyse
montrent que la positivité est positivement corrélée à la stratégie de savoring dans le présent (β
= .61, p<.001) et que la positivité entretient un lien positif avec le bonheur (β = .68, p<.001).
La relation entre la stratégie de savoring dans le présent et le bonheur est significatif et faible
(β = .20, p<.01). Les résultats démontrent ainsi une médiation partielle de l’effet de la positivité
dans la relation entre la stratégie de savoring dans le présent et le bonheur subjectif. On constate
un effet indirect entre la positivité et la stratégie de savoring dans le présent ainsi qu’entre la
positivité et le bonheur, l’effet direct entre la stratégie de savoring dans le présent et le bonheur
étant fortement diminué.
Figure 11.11. Représentation graphique de l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre le
savoring dans le présent et le bonheur subjectif
232
Discussion
La première étude avait pour but de déterminer le rôle de la positivité dans la régulation
émotionnelle fonctionnelle des situations négatives et par conséquent de leur effet sur la
dimension affective de la santé mentale positive. Les résultats indiquent que l’estime de soi
négative, le pessimisme et l’affect négatif sont en lien avec les stratégies de régulation
émotionnelle dysfonctionnelles (blâme de soi, la rumination, la dramatisation), hormis le blâme
d’autrui qui n’est lien qu’avec le pessimisme et l’affect négatif. Ainsi, les résultats montrent
que la positivité et l’affect positif sont en relation avec toutes les stratégies de régulation
émotionnelle fonctionnelles (centration positive, la réévaluation positive, la centration sur
l’action, la mise en perspective) hormis l’acceptation. Dans l’étude de Scheier, Weintraub et
Carver (1986), on constate aussi l’absence de lien entre l’optimisme et l’acceptation, dans une
situation contrôlable. Le résultat de cette étude pourrait notamment être expliqué par la consigne
du questionnaire de régulation émotionnelle qui implique peut-être davantage une situation
contrôlable qu’incontrôlable. L’analyse des résultats du modèle de fonctionnement de la
subjectivité mentale positive démontre l’existence d’un facteur commun et latent entre la
positivité, les stratégies de régulation fonctionnelles (l’acceptation, la centration sur l’action, la
centration positive, la ré-évaluation positive et la mise en perspective) et la dimension affective
(affect positif, affect négatif). Le premier modèle de médiation démontre que la régulation
émotionnelle fonctionnelle explique la relation entre les affects positifs et les affects négatifs.
La régulation émotionnelle fonctionnelle explique ainsi le lien entre l’affect positif et l’affect
négatif, et la manière dont on passe de l’affect négatif à l’affect positif, par l’intermédiaire des
stratégies d’acceptation, de centration sur l’action, de centration positive, de ré-évaluation
positive et de mise en perspective. Alors que la positivité prédit l’affect positif de manière
tendancielle et que la négativité prédit l’affect négatif de manière tendancielle, la régulation
contribue à la balance entre les affects positifs et les affects négatifs, en expliquant comment
passer des affects négatifs aux affects positifs dans la subjectivité de la santé mentale. Le
résultat du second modèle de médiation suggère que la positivité explique comment, de manière
233
partielle et importante, par l’intermédiaire de l’évaluation positive, les stratégies de régulation
émotionnelle fonctionnelles ont un effet sur les affects positifs. Il explique aussi, de manière
totale, le rôle joué par l’évaluation positive dans l’effet des stratégies de régulation émotionnelle
fonctionnelles sur l’affect négatif.
Ces deux études ont permis de démontrer le rôle central et fondamental qu’occupe la positivité
dans la relation entre la régulation émotionnelle fonctionnelle et la dimension affective en
expliquant comment la régulation émotionnelle contribue à la santé mentale positive.
234
235
DISCUSSION GÉNÉRALE
236
Vers l’intégration de la positivité dans une méta-théorie de la santé mentale
En nous appuyant sur les résultats des études, nous pouvons dresser l’esquisse d’un méta-
modèle de la place et de l’influence prépondérante de la positivité, c’est-à-dire de la prévalence
des cognitions positives sur les cognitions négatives, sur la santé mentale. Le facteur génétique
ainsi que le facteur environnemental déterminent la positivité (Fagnani, Medda, Stazi, Caprara
& Alessandri, 2014). Dans la relation entre la personne et son environnement, l’évaluation
cognitive prédit la qualité et l'intensité de l'émotion (Folkman & Lazarus, 1985 ; Levine, 1996
; Smith & Ellsworth, 1987 ; Ellsworth & Smith, 1988 ; Scherer, 1993 ; Smith & Lazarus, 1993).
La positivité explique l’effet de la régulation de soi (méta-cognitive, cognitive, émotionnelle,
motivationnelle et comportementale) sur la dimension affective de la santé mentale, la
régulation de soi contribuant la positivité. Elle reflète ainsi la capacité à augmenter les émotions
positives ainsi que la capacité à atténuer les émotions négatives. Si la positivité prédit
positivement l’affect positif et négativement l’affect négatif, le fonctionnement psychologique
positif (satisfaction des besoins et bien-être psychologique) explique la relation entre la
positivité et l’affect positif.
237
La positivité sous l’angle de la méta-théorie de l’autodétermination
Selon Caprara et ses collaborateurs (2017), l’estime de soi est « au cœur de la positivité car il
est peu probable que les personnes puissent être satisfaites de leur vie et avoir confiance en
l’avenir, à moins qu’elles ne se croient être de valeur » (p.366). Elle émergerait « en même
temps que la conscience de soi alors que la satisfaction de vie et l’optimisme dispositionnel
s’appuient sur la capacité à se rappeler, comparer et anticiper des événements et des
expériences » (p.366). Le soi « se développe à travers la résolution synthétique continue de
l'interaction entre l'organisme intégrateur actif et les défis de l'environnement », la vraie estime
de soi, le vrai soi ou soi intégré, se développant dans un contexte favorisant la satisfaction des
besoins psychologiques, lorsqu’on « agit volontairement (autonomie), expérimente un sens
intérieur d'efficacité (compétence) et est aimé (relation) pour qui on est plutôt que pour
correspondre à un standard externe » (Deci & Ryan, 1995, p.33). D’autre part, dans de
238
nombreuses situations, la vision positive du futur « repose assez fortement sur les souvenirs
d'expériences antérieures » (Carver & Scheier, 1990, p.21).
Lorsque les besoins ou standards conscients/inconscients ont été satisfaits dans le temps, cela
permet la diminution ou la disparition des standards/buts (besoins) se traduisant par le
développement de la sécurité et du calme (Maslow, 1954 ; Bowlby, 1958). Les expériences
positives cumulées notamment par l’intermédiaire de la relation à l’autre contribuent à
développer une confiance en l’autre, en soi, dans ses espoirs et dans sa capacité à agir dans son
environnement (Maslow, 1954 ; Ainsworth & al., 1978). Les facteurs situationnels et plus
particulièrement la relation à l’autre permet l’évaluation favorable du lieu perçu de causalité
(Deci et Ryan, 1980, 1985) et les retours positifs sur les performances (Deci, 1971 ;
Harackiewicz, 1979) contribuent à l’évaluation positive de soi-même. Ainsi, la satisfaction du
besoin de compétence contribue à l'estime et à la confiance en soi (Reis & al., 2000 ; Sheldon
& al., 1996) tandis que la satisfaction du besoin d'appartenance implique une confiance envers
les autres (Baumeister & Leary, 1995). Sheldon et Elliot (1999) ont montré que l'accumulation
d'expériences de satisfaction des besoins de compétence, d’autonomie et de relation sur une
période donnée prédit une amélioration de la positivité, à travers la mesure de la satisfaction de
vie, ainsi que de la balance affect positif/affect négatif, et ce plus particulièrement lorsque les
buts atteints sont concordants avec le soi. Dans la relation à l’autre, le soutien à l’autonomie
favorise le développement du vrai soi, l’acceptation du soi par l’autre permettant par la suite
l’acceptation du soi par la personne elle-même (Deci & Ryan, 1995).
Selon Deci et Ryan (1995), « toutes les évaluations positives de soi ne sont pas saines » (p.35),
les standards externes (non autonome) étant associés à la fausse estime de soi et au faux self.
La véritable estime de soi fait référence « aux aspects autonomes ou intégrés de soi-même »,
« seuls les éléments psychiques intégrés sont considérés comme faisant partie du soi ». Les
standards internes ou autonomes dans l’évaluation positive de soi permettent la contribution à
une véritable estime de soi et l’expérience du vrai self (Deci & Ryan, 1995). « Dans le processus
d'intégration de l'organisme, et tout au long du processus, le soi intrinsèque ou fondamental
est élaboré et affiné, et cet ensemble en constante évolution de processus et de structures
intégrés est appelé soi » (Deci & Ryan, 1995). Ainsi, la véritable estime de soi est « plus stable,
plus sécure dans le sens où le soi est solide » (Deci & Ryan, 1995). Le processus d’intégration
239
de soi s’explique par l’intermédiaire de la régulation intégrée et de la régulation intrinsèque
(Deci & Ryan, 1995). Le degré d’intégration renvoie au degré d’accord entre le standard de
l’évaluation positive de soi et le standard du vrai soi. La régulation intrinsèque implique une
évaluation positive qui se traduit par de l’intérêt, du plaisir et de la satisfaction. La régulation
intégrée fait référence à l’évaluation positive d’une harmonie avec les valeurs (standards
internes) et l’identité de l’individu. Dans le processus d’intégration du comportement, les
personnes « doivent pleinement en saisir sa signification et sa portée pour eux-mêmes. Ils
doivent pour cela expérimenter un sentiment de choix, de volition, et de liberté concernant les
demandes externes » (Sarrazin, Pelletier, Deci & Ryan, 2011, p.285).
La présence (réelle ou attendue) de résultats négatifs est associée à des émotions relevant de
l’agitation et l’absence (réelle ou attendue) de résultats positifs est liée à des émotions
d’abattement (Higgins, 1987). L’autodétermination implique la régulation intégrative des
émotions négatives (Ryan, Deci, Grolnick & La Guardia, 2006 ; Roth, Assor, Niemiec, Ryan
& Deci, 2009). L’intégration émotionnelle est constituée de deux processus (Roth, Benita,
Amrani, Shachar, Asoulin, Moed, Bibi & Kanat-Maymon, 2014) : (1) la conscience réceptive
de l’expérience émotionnelle, renvoyant à la pleine conscience (Chambers, Gullone & Allen,
2009) et à l’acceptation (Hayes, Strosahl & Wilson, 1999), qui permet notamment de faciliter
(2) l'incorporation de l'expérience émotionnelle avec les autres aspects du soi (besoins, valeurs,
buts) tout en prenant en compte le contexte de la situation (Ryan et al., 2006). Ainsi, la
régulation intégrative des émotions « est basée sur la tolérance, l’acceptation, et l’intérêt
envers les émotions négatives » ainsi que le non contrôle des émotions négatives (Roth, Benita,
Amrani, Shachar, Asoulin, Moed, Bibi & Kanat-Maymon, 2014, p.1), l'acceptation représentant
l'inverse de l'évaluation négative des émotions (Low, Stanton & Bower, 2008). Le
désengagement envers le but/standard inaccessible amène à l’absence de détresse, tout en étant
d'autant plus adaptatif lorsqu'il implique la poursuite de nouveaux objectifs qui ont du sens
(Wrosch, Scheier, Carver & Schulz, 2003). Plusieurs chercheurs (Baumstarck, Alessandrini,
Hamidou, Auquier, Leroy & Boyer, 2017) ont trouvé une nouvelle dimension
« pensée positive », qui regroupe l’acceptation, la ré-interprétation positive et l’humour. La ré-
évaluation cognitive positive ainsi que l'acceptation de la réalité sont deux catégories de
stratégies cognitives (Mikolajczak, 2012), le changement de la perception d’une situation étant
un moyen efficace pour modifier les émotions négatives (Oshner & Gross, 2005). L’intégration
240
émotionnelle des émotions négatives devrait ainsi être favorisée par la véritable vision positive
de soi, autodéterminée, car celle-ci est plus stable, sécurisée et le soi plus solide (Deci & Ryan,
1995), la positivité permettant de se développer et de s’épanouir tout en faisant face à
l’adversité, aux échecs, aux pertes (Caprara et al., 2012). En effet, les personnes ayant une
vision positive du futur ont tendance à ré-interpréter positivement la situation et porter leur
attention sur la solution au problème lorsque la situation est contrôlable tandis qu’ils ont
tendance à accepter la situation lorsqu’elle est incontrôlable (Scheier, Weintraub & Carver,
1986), une situation d’échec isolé étant peut-être plus facile à accepter lorsque l’on est optimiste
(Scheier, Weintraub & Carver, 1986).
De la positivité à la sagesse
« La maturation et les événements de la vie exercent probablement une influence cruciale sur
le façonnement de l’affect positif et de la positivité et leur relation réciproque » (Caprara et al.,
2017, p.366). L’autonomie et l’intégration peuvent être considérées comme les dernières étapes
de la maturation du développement humain (Loevinger, 1976) relevant de l’extrémité du
continuum d’autodétermination (Deci et Ryan, 1985). L’intégration fait référence « à un noyau
auto-descriptif qui recouvre les différents aspects du soi … qui permet l’expérience d’un soi
cohérent avec les différents aspects de soi » (Staudinger, Dömer & Mickler, 2011, p.268).
L'intégrité et la maturité du moi, le jugement et une compréhension exceptionnelle de la vie
reflètent la sagesse (Clayton, 1982 ; Dittmann-Kohli & Baltes, 1990 ; Erikson, 1963, 1964 ;
Erikson, Erikson & Kivnick, 1986 ; Kekes, 1983 ; Orwoll & Perlmutter, 1990 ; Pascual-Leone,
1990 ; Sternberg, 1990b ; Vaillant, 1993) qui peut être ainsi considérée comme « le summum
du développement humain réussi » (Ardelt, 2000a, p. 360).
Pour certains chercheurs, la sagesse est « une forme de fonctionnement cognitif avancé »
(Dittmann-Kohli & Baltes, 1990, p.54), impliquant ainsi la balance optimale entre les
cognitions positives et les cognitions négatives. Selon (Ardelt, 2003, p.277), la sagesse fait
référence à « la transformation des expériences intrapersonnelles, interpersonnelles et
transpersonnelles dans le domaine de la personnalité, de la cognition et de la conation
(Achenbaum et Orwoll, 1991) et l’application des connaissances tacites comme médiée par les
valeurs vers la réalisation d'un intérêt commun grâce à un équilibre entre plusieurs aspects (a)
241
intrapersonnel, (b) interpersonnel, et (c) intérêts extra-personnels afin de parvenir à un
équilibre entre l'adaptation aux environnements existants, la mise en forme des environnements
existants et la sélection de nouveaux environnements (Sternberg, 1998, p.347) ». La réflexion
sur la vie est un facteur important pour le développement de sagesse (Glück & Bluck, 2014) car
elle implique « la capacité et la volonté de voir les choses, y compris soi-même, à partir de
multiples perspectives » (Glück & Bluck, 2014, p.85). Ainsi, la dimension réflexive est une
« condition préalable au développement de la dimension cognitive de la sagesse. Une
compréhension plus profonde de la vie est possible uniquement si l'on peut percevoir la réalité
telle qu'elle est sans aucune distorsion majeure » (Ardelt, 2003, p.278). La dimension réflexive
de la sagesse est la composante essentielle car elle permet le développement des deux autres
dimensions, la dimension cognitive et de la dimension affective de la sagesse (Ardelt, 2000a).
La dimension cognitive de la sagesse se réfère à la « capacité d’une personne à comprendre la
vie, c'est-à-dire à comprendre la signification et plus profondément le sens des phénomènes et
des événements, notamment en ce qui concerne les questions intrapersonnelles et
interpersonnelles » (Ardelt, 2000b ; Blanchard-Fields & Norris, 1995 ; Chandler & Holliday,
1990 ; Kekes, 1983 ; Sternberg, 1990a ; cité par Ardelt, 2003, p.278). La dimension affective
de la sagesse implique « la présence d'émotions et de comportements positifs envers les autres
êtres, tels que des sentiments et des actes de sympathie et la compassion, ainsi que l'absence
d'émotions et de comportements indifférents ou négatifs envers les autres » (Ardelt, 2003,
p.278-279).
242
comprendre et intégrer les émotions » et de par le fait d’accepter la « réinterprétation des
expériences même si elles ne sont pas auto-améliorante » (Glück & Bluck, 2014, p.98). En
effet, selon Glück et Bluck (2014), « la manière d’intégrer les événements » tout au long de la
vie est un élément fondamental qui participe à la construction de l’identité de l’individu
(Habermas & Bluck, 2000 ; McAdams, 2006). Développer sa compréhension réflexive permet
d’acquérir la capacité à se satisfaire de l’organisation des expériences de sa vie (Glück & Bluck,
2014), afin d’y donner un sens (Zoellner & Maercker, 2006). Le récit de vie peut ainsi être
envisagé comme « la plus grande unité de la personnalité » (Hooker & McAdams, 2003, cité
par Glück & Bluck, 2014). Alors que le développement de la maturité est lié à l’interprétation
des souvenirs d'événements difficiles (Bauer, McAdams, & Sakaeda, 2005), la réflexion, elle,
favorise l’identification des objectifs inaccessibles (King & Hicks, 2007). L'acceptation
consciente des pertes, après des événements de vie négatifs, contribue à une maturité heureuse
(King & Hicks, 2007).
Le style d’éducation des parents a un effet sur l’estime de soi de leurs enfants (Growe, 1980 ;
Buri et al., 1988 ; Felson & Zielinski, 1989 ; Buri, 1989 ; Oh, 2004). Darling et Steinberg (1993)
définissent le style parental comme « une constellation d'attitudes envers l'enfant qui lui sont
communiquées et qui, prises ensemble, créent un climat émotionnel dans lequel les
comportements des parents sont exprimés. Ces comportements comprennent à la fois les
comportements spécifiques, orientés vers les objectifs, par lesquels les parents s'acquittent de
leurs obligations parentales et les comportements parentaux non orientés vers les objectifs, tels
que les gestes, les changements de ton de voix ou l'expression spontanée d'émotion » (p.488).
Zakeria et Karimpour (2011) démontrent notamment que les styles parentaux d’acceptation et
d’implication (fermeté, présence/attention positive et réactivité notamment vis-à-vis des
besoins) ainsi que ceux favorisant l'autonomie psychologique (tolérance à l’opinion) sont des
prédicteurs positifs de la vision positive de soi, contrairement au style parental contrôlant
(surveillance stricte des comportements, peu de possibilités d’expression d’opinion).
Notamment, « les feed-back des parents au regard des comportements de leur(s) enfant(s)
modèleraient de manière durable sa manière d’expliquer et d’interpréter les événements
auxquels il est confronté tout au long de sa vie » (Peterson & Park, 1998, cité par Martin-
243
Krumm & Sarrazin, 2004, p.30). Les styles parentaux sont également importants dans
l’internalisation des valeurs sociales (Grusec, Goodnow & Kuczynski, 2000 ; Martínez, García
& Yubero, 2007).
Une recherche longitudinale menée par Kanacri, Eisenberg, Thartori, Pastorelli, Tirado,
Gerbino et Caprara (2017), auprès d’adolescents a montré qu’il existe une prédiction bi-
directionnelle entre la positivité et le climat social, l’expérience subjective de l’environnement
scolaire contribuant à la positivité et la positivité des adolescents ayant un effet positif sur le
climat scolaire perçu, et notamment sur l’expression de comportements prosociaux. Pour
certains chercheurs (par exemple Caprara et al., 2017), « l’affect positif peut être le mécanisme
psychologique clé médiant l’expression du comportement de la positivité » (p.368). Lorsque les
émotions sont partagées socialement, « les données évoquées sont patentes. Elles sont
puissamment propices à la stimulation des images mentales. Elles ont un considérable pouvoir
d’évocation des significations » (Rimé, 2009, p.119). Le partage social de l’émotion, « sous
forme d’un langage socialement partagé » (Rimé, 2009, p.86), induit « des mécanismes de
transmission d’émotions telles que la contagion affective et l’empathie », ces mécanismes
suggérant que « les émotions positives peuvent se transmettre facilement d’une personne à
l’autre » (Lalande & Vallerand, 2011, p.667). Ainsi, la transmission d’émotions positives,
notamment par le partage social, est susceptible de participer au développement de la positivité,
l’affect positif pouvant y contribuer « parfois ou dans certaines circonstances » (Caprara et al.,
2017, p.366).
La culture a une influence sur la positivité et l’affect positif (Caprara et al., 2017), la société
ayant précédé l’esprit humain (Mead, 1934, cité par Rimé, 2009). Le savoir issu du passé
apporte des cadres dans lesquels l’expérience peut être interprétée (Upton, 1961). Selon Rimé
(2009), en dehors de ces cadres, la production de sens provient d’un processus qui combine « le
donné et les concepts qui spécifient l’expérience présente » ainsi que « les cadres et catégories
fournis par l’expérience antérieure, c’est-à-dire par la socialisation, la tradition, ou les
précédents » (p.325). Le sens dans la vie peut être envisagé comme une dimension latente de la
positivité (Oleś & Jankowski, 2018). Dans cette perspective, les valeurs qui sont considérées
comme les représentations cognitives des besoins individuels et des attentes de la société
(Rokeach, 1973) contribuent aussi à la signification, positive ou négative, que l’on donne aux
244
expériences. Elles relèvent de principes (Kluckhohn & Strodtbeck, 1961 ; Schwartz, 1994),
croyances (Rokeach, 1973 ; Schwartz & Bilsky, 1987), schémas (Feather, 1975), critères
(Williams, 1979 ; Schwartz, 1992 ; Hechter, 1993), normes (Kohn & Schooler, 1983),
tendances (Hofstede, 1980), objectifs (Schwartz, 1994) ou cognitions (Verplanken & Hollande,
2002).
Le processus d’apprentissage social (Bandura, 1976 ; cité par Carré, 2004, p.23), de partage
social (Rimé, 2009) et de conformisme (Kelman, 1958), par l’intermédiaire de la transmission
d’informations, est un facteur qui explique la construction du sens, « les ressources de la
production de sens » étant « les phrases, les définitions, les concepts, ou les interprétations »
(Rimé, 2009, p.324). Le sens est ainsi le « produit de mots qui se combinent en phrases en vue
de transmettre quelque chose à propos de l’expérience en cours » (Weick, 1995, p. 106). Les
mots ont « un rôle capital » car d’une part « ils déterminent les catégories au moyen desquelles
on pourra voir ce qu’on dit », et d’autre part « ils fournissent les termes qui mènent aux
conclusions » (Rimé, 2009, p.324).
245
246
CONCLUSION
247
Certains penseurs comme Amartya Sen (2003) et Martha Nussbaum (2006) affirment que « les
décisions politiques publiques doivent se tourner vers les besoins humains fondamentaux de
chacun » (cité par Pawelski, 2011, p.648). Dans la culture familiale, sociale et sociétale, il serait
pertinent d’identifier et de répertorier les déterminants culturels qui (1) contribuent à la
production d’un sens positif donné à l’expérience et, (2) concourt à l’intégration de l’expérience
émotionnelle négative, et par conséquent du sens négatif, notamment lorsque la situation ne
peut pas être changée. Cela permettrait de contribuer à déterminer ce qui, dans la culture
familiale, sociale et sociétale, favorise la santé mentale positive. À l’inverse, il serait tout aussi
pertinent d’identifier les facteurs culturels qui concourent à la production de sens négatifs ainsi
qu’à la négativité et à la non intégration des expériences émotionnelles négatives, et par
conséquent à la santé mentale négative. À cet égard, la classification universelle des valeurs
(Schwartz, 2006) est susceptible de donner un cadre d’analyse pertinent, les valeurs et attitudes
activées orientant et guidant le choix des comportements et des événements (Feather, 1996 ;
Schwartz, 1993 ; Schwartz et Bilsky, 1987 ; Rokeach, 1973).
248
spécifique » et les résultats positifs des situations « à un facteur interne, stable et global »
(Seligman, 1994, cité par Martin-Krumm, 2012, p.21).
Plusieurs études (Caprara & al., 2009 ; Fagnani, Medda, Stazi, Caprara & Alessandri, 2014) ont
montré que le facteur héréditaire détermine en partie la positivité. Toutefois, les facteurs
génétiques n’auraient « qu’une influence indirecte sur le style explicatif » des personnes
positives (Peterson & Park, 1998 cité par Martin-Krumm & Sarrazin, 2004, p.30). En effet, les
« qualités physiques, psychologiques, morphologiques ... déterminées par des facteurs
génétiques » prédisposent « l’individu à vivre certaines expériences positives ou négatives »
(Martin-Krumm & Sarrazin, 2004, p.30), les expériences positives et négatives ayant une
influence en retour sur le style explicatif (Martin-Krumm & Sarrazin, 2004). Cela va dans le
sens de l’hypothèse d’un facteur génétique qui interviendrait aussi de manière indirecte dans la
vision positive, celle-ci faisant suite aux expériences positives notamment influencées par
d’autres facteurs génétiques. Ainsi, « les événements influencent autant la construction du style,
que ce dernier n’influence les événements » (Peterson & al., 1993, cité par Martin-Krumm &
Sarrazin, 2004, p.30). Si la positivité est stable dans le temps, elle est aussi malléable au
changement (Caprara et al., 2010b).
Fordyce (1977, 1983) proposa un programme dans le but d’améliorer le bonheur, notamment
en favorisant des attitudes impliquant la « pensée positive et optimisme » et la « diminution des
attentes et aspirations » de la vie quotidienne (1977, p.512). Sheldon et Lyubomirsky (2006)
ont démontré que l’écriture et la visualisation des meilleures versions possible de soi (Markus
& Nurius, 1986) permettent d’augmenter de manière importante et significative les affects
positifs. Dans le futur, il serait intéressant de décrire et de répertorier précisément le type de
croyance ou de pensée positive qui participe au développement et au fonctionnement
psychologique positif dans l’ensemble des domaines de l’existence humaine. Cela pourrait
notamment contribuer à l’élaboration d’un outil qui évaluerait le contenu de la vision positive,
c’est-à-dire le type de cognitions positives. Il pourrait alors être pertinent de faire de même pour
l’acceptation de la réalité. La recherche appliquée à l’accompagnement vers un mieux-être et
sur le plan éducatif devrait donner la possibilité d’examiner les conditions et moyens à mettre
en oeuvre pour l’amélioration de la positivité sur le plan individuel. Celle-ci marche de pair
avec le développement de la capacité à intégrer émotionnellement les expériences, notamment
249
par l’intermédiaire de l’acceptation (Baumstarck, Alessandrini, Hamidou, Auquier, Leroy &
Boyer, 2017), de la signification négative qui facilite l'incorporation de l'expérience
émotionnelle dans les aspects du soi (besoins, valeurs, buts) (Ryan et al., 2006).
Certains chercheurs tels que Bernard, Froh, Digiuseppe, Joyce & Dryden (2010) proposent
d’utiliser le modèle A-B-C d’Ellis (1977) fondé sur la relation indissociable entre cognition,
affect et comportement pour les interventions en psychologie positive afin d’améliorer la santé
mentale positive. En effet, la manière dont « un individu pense affecte la façon dont il se sent
qui, à son tour, influence la façon dont il se comporte » (Beck et al., 1979, cité par Boniwell,
2011). La théorie de la positivité souligne notamment « le rôle des croyances de soi positives
dans le maintien de l’affect positif au cours du développement » (Caprara et al., 2017). Il serait
pertinent d’explorer la question du développement de la positivité sous l’angle d’un processus
cognitif constitué de deux étapes : l’attention orientée sur le positif et l’évaluation positive.
Dans l’attention, diminuer la pertinence des standards réduit les émotions négatives (Higgins
(1987), l’attention émotionnelle étant guidée par l’évaluation de la pertinence (Pool & al.,
2016). Au contraire, à l’instar du savoring, accroître la pertinence des standards accessibles
augmenterait le niveau de positivité et d’émotion positive, par l’intermédiaire d’une attention
positive. En effet, l’application des stratégies de savoring de type cognitif (impliquant aussi
l’évaluation positive), proposées par Bryant et Veroff (2007) et Quoidbach (2012), devrait
contribuer au développement de la positivité. Il en est de même pour la ré-évaluation positive
dans la régulation émotionnelle des émotions négatives. Higgins (1987) recense notamment
deux alternatives, utilisées dans les thérapies, qui concourent à la réduction des émotions
négatives : (1) changer la perception du réel pour être moins en contradiction avec les standards,
en modifiant par exemple les interprétations de la réalité, (2) changer l’accessibilité des
standards en réduisant leurs niveaux. Dans ce sens, il est possible de se servir de l’EMDR (Eye
Movement Desensitization and Reprocessing, Shapiro, 1989), qui est une « thérapie intégrative,
dialectique et comportementale qui utilise simultanément image, cognition et sensation
corporelle » (Haour & Servan Schreiber, 2009) par l’intermédiaire des stimulations bilatérales,
afin d’augmenter la vision positive de soi et du futur (Regourd-Laizeau, Martin-Krumm &
Tarquinio, 2012). D’autres chercheurs (Alsaleh, Lebreuilly, Tostain & Lebreuilly, 2017) ont
proposé la construction d’un dialogue interne positif autoréférencé, constitué (1) de phrases
positives, à propos de soi, de la relation à l’autre, de la réussite future ainsi que de la vie, (2) de
250
modifications de formulations de pensées négatives en pensées positives, par l’utilisation de
mots positifs à la place de mots négatifs. Ils ont démontré que la répétition de pensées positives
diminue la dépression et l’anxiété. Afin de développer la positivité, que ce soit par
l’intermédiaire de l’EMDR ou de la répétition de pensées positives, il pourrait être pertinent d’y
incorporer les critères : (1) d’autodétermination afin que le processus d’intégration soit le plus
stable possible, (2) de contrôle par rapport à la réalité afin de modifier, dans la restructuration
cognitive, ce qui « n’est pas dépendant de l’environnement ». Dans le cas contraire, le
développement de l’acceptation, par la répétition de pensées, serait intéressante à explorer.
Aussi, il pourrait être pertinent d’envisager un continuum du contrôle de la réalité allant de « ce
qui est incontrôlable » à « ce qui est contrôlable ». À l’image des expériences actives de maîtrise
(Bandura & Schunk, 1981), des standards intermédiaires, plus accessibles, pourraient être fixés
pour faciliter l’évaluation positive ainsi que l’acceptation. Le standard intermédiaire conduit à
l’évaluation positive lorsqu’il est atteint alors que dans la situation contraire, il permettrait plus
facilement l’acceptation et le désengagement vis-à-vis du but notamment pour en choisir un
autre plus adapté à la réalité.
Le développement de l’être humain est « un processus par lequel l’être humain intériorise,
développe, perfectionne et intègre des structures ou représentations de lui-même et du monde
qui l’entoure » (Deci & Ryan, 2008, p.26). La conscience de soi, la réflexion sur soi et
l’autorégulation contribuent à la positivité, tout au long de la vie, ainsi qu’à l’affect positif
(Caprara et al., 2017). Cela apporte des changements dans la vision de soi-même, de sa vision
du monde et de son propre fonctionnement, tout en étant notamment orienté par une valeur en
action, la positivité. Cela peut ainsi permettre de passer d’un mode d’interprétation négatif de
la réalité à un mode d’interprétation positif de la réalité.
251
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304
305
Annexes
306
Annexe 1 : Formulaire de consentement
307
Annexe 2 : Analyses complémentaires des recherches
Le modèle CFA A, estimant le facteur Cognition, démontre une qualité d’ajustement des
données inadéquates : 2 (104, N=1114) = 1852.474, p <.001 ; TLI = 0.71; CFI = 0.749; SRMR
= 0.0822; RMSEA = 0.123 (IC : 0.118-0.128). Il en est de même pour le modèle B, mesurant
un modèle bi-dimensionnel constitué des facteurs Cognition positive et Cognition négative : 2
(103, N=1114) = 1675.278, p <.001 ; TLI = 0.737; CFI = 0.774; SRMR = 0.0806; RMSEA =
0.117 (IC : 0.112-0.122). La comparaison des deux modèles A et B, même s’ils ne sont pas
satisfaisants, suggèrent une meilleure description de la structure cognitive de la santé mentale,
à travers une bi-dimensionnalité prenant en compte le facteur Cognition positive et le facteur
Cognition négative.
Le modèle C qui comprend les facteurs Optimisme et Estime de soi présente un ajustement des
données insatisfaisant : 2 (103, N=1114) = 1329.045, p <.001 ; TLI = 0.795; CFI = 0.824;
SRMR = 0.0652; RMSEA = 0.103 (IC : 0.098-0.108). Si le modèle D, constitué des facteurs
Optimisme, Pessimisme, Estime de soi positive et Estime de soi négative, démontre un
ajustement inadéquat des données, il n’en demeure pas moins qu’il démontre la meilleure
qualité parmi les modèles testés : 2 (98, N=1114) = 1008.414, p <.001 ; TLI = 0.84; CFI =
0.869; SRMR = 0.0598 ; RMSEA = 0.091 (IC : 0.086- 0.097). Cela concorde avec les résultats
obtenus dans les analyses factorielles des échelles d’optimisme et d’estime de soi, qui ont mis
en lumière une distinction pertinente entre les cognitions positives et les cognitions négatives à
propos de soi et du futur.
Le modèle du bien-être subjectif avec pour facteur la Satisfaction de vie, l’Affect positif et
l’Affect négatif indique une bonne qualité d’ajustement des données : 2 (87, N=822) = 285,299,
p <.001 ; TLI = 0.918 ; CFI = 0.932 ; SRMR = 0.047 ; RMSEA = 0.053 (IC : 0.046-0.060),
tandis que le modèle bi-factoriel du bien-être subjectif propose un ajustement des données
308
acceptable mais moins satisfaisant : 2 (76, N=822) = 296,442, p <.001 ; TLI = 0.896 ; CFI =
0.925 ; SRMR = 0.091 ; RMSEA = 0.059 (IC : 0.052-0.067).
Le modèle du bien-être subjectif dispositionnel avec pour facteur la Positivité, ses facteurs
spécifiques Estime de soi et Optimisme, l’Affect positif et l’Affect négatif démontre une qualité
d’ajustement des données insuffisante : 2 (126, N=822) = 285,299, p <.001 ; TLI = 0.918 ; CFI
= 0.932 ; SRMR = 0.047 ; RMSEA = 0.053 (IC : 0.046-0.060).
Dans le modèle du bien-être subjectif, la satisfaction de vie entretient une relation positive et
modérée avec l’affect positif (.37), négative et modérée avec l’affect négatif (-40). Dans le
modèle du bien-être subjectif dispositionnel, la positivité a relation positive et forte avec l’affect
positif (.57), négative et forte avec l’affect négatif (-58). Le lien entre l’affect positif et l’affect
négatif est négatif et modéré (-.27).
L’examen de la comparaison des paramètres entre les modèles confirme que le modèle bien-
être subjectif propose un meilleur ajustement que la version bi-factorielle.
Tableau H. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriel λ ; résidus) des modèles du bien-
être subjectif (Diener, 1984) (N = 822)
309
La subjectivité positive
Les résultats démontrent une qualité d’ajustement des données insuffisante pour le modèle CFA
subjectivité positive : 2 (129, N=822) = 704,532, p <.001 ; TLI = 0.86 ; CFI = 0.882 ; SRMR
= 0.0577 ; RMSEA = 0.074 (IC : 0.068-0.079).
Les résultats indiquent un meilleur ajustement des données pour le modèle bi-factoriel CFA A,
subjectivité positive avec pour facteur G, la Subjectivité positive et pour facteurs spécifiques,
l’Estime de soi positive, l’Optimisme, la Satisfaction de vie et l’Affect positif : 2 (117, N=822)
= 295,793 ; p <.001 ; TLI = 0.952 ; CFI = 0.963 ; SRMR = 0.0375 ; RMSEA = 0.043 (IC :
0.037-0.049).
Les résultats sont aussi satisfaisants pour le modèle bi-factoriel CFA B, subjectivité positive
avec pour facteur G, la Cognition positive et l’Affect positive et pour facteurs spécifiques,
l’Estime de soi positive et l’Optimisme et la Satisfaction de vie : 2 (121, N=822) = 307,825, p
<.001 ; TLI = 0.952 ; CFI = 0.962 ; SRMR = 0.0394 ; RMSEA = 0.043 (IC : 0.037-0.049).
Dans le modèle CFA Subjectivité positive, les relations sont positives entre la Satisfaction de
vie et l’Estime de soi positive (.59), la Satisfaction de vie et l’Optimisme (.60), l’Estime de soi
positive et l’Optimisme (.75), l’Estime de soi positive et l’Affect positif (.51), l’Optimisme et
l’Affect positif (.44), la Satisfaction de vie et l’Affect positif (.37).
La subjectivité négative
Les résultats indiquent une qualité d’ajustement des données satisfaisante pour le modèle CFA
subjectivité négative : 2 (62, N=822) = 244,067, p <.001 ; TLI = 0.923 ; CFI = 0.938 ; SRMR
= 0.0459 ; RMSEA = 0.060 (IC : 0.052-0.068).
On constate un bon ajustement des données pour le modèle bi-factoriel CFA A subjectivité
négative avec pour facteur G, la Subjectivité négative et pour facteurs spécifiques, l’Estime de
soi négative, le Pessimisme et l’Affect négatif : 2 (52, N=822) = 186,27, p <.001 ; TLI = 0.932
; CFI = 0.955 ; SRMR = 0.0374 ; RMSEA = 0.056 (IC : 0.048-0.065).
310
Les résultats sont aussi satisfaisants pour le modèle bi-factoriel CFA B subjectivité négative
avec pour facteur G, la Cognition négative et l’Affect négatif et pour facteurs spécifiques,
l’Estime de soi négative et le Pessimisme : 2 (56, N=822) = 208,341, p <.001 ; TLI = 0.928 ;
CFI = 0.948 ; SRMR = 0.0408 ; RMSEA = 0.058 (IC : 0.049-0.066).
Dans le modèle CFA Subjectivité négative, les relations sont positives et forte entre : l’Estime
de soi négative et le Pessimisme (.64), l’Estime de soi négative et l’Affect négatif (.64), le
Pessimisme et l’Affect négatif (.60).
La subjectivité mentale
Les résultats démontrent une qualité d’ajustement des données satisfaisante pour le modèle bi-
factoriel CFA subjectivité mentale A, avec pour facteur G la Subjectivité mentale et pour
facteurs spécifiques l’Estime de soi positive, l’Estime de soi négative, l’Optimisme, le
Pessimisme, la Satisfaction de vie, l’Affect positif et l’Affect négatif : 2 (403, N=822) =
1105,852, p <.001 ; TLI = 0.908 ; CFI = 0.92 ; SRMR = 0.0444 ; RMSEA = 0.046 (IC : 0.043-
0.049).
Les résultats indiquent un ajustement des données suffisant pour le modèle bi-factoriel CFA
subjectivité mentale B, avec pour facteur G, la Cognition et l’Affect, et pour facteurs
spécifiques, l’Estime de soi positive, l’Estime de soi négative, l’Eptimisme, le Pessimisme, la
Satisfaction de vie, l’Affect positif et l’Affect négatif : 2 (403, N=822) = 1160,448 ; p <.001 ;
TLI = 0.901 ; CFI = 0.914 ; SRMR = 0.0571 ; RMSEA = 0.048 (IC : 0.045-0.051).
La relation est négative et modérée entre l’affect négatif et la satisfaction du besoin de sécurité
(-.38), la satisfaction du besoin de relation (-.20), la satisfaction du besoin d’autonomie (-.37),
la satisfaction du besoin d’estime (-.46), la satisfaction du besoin de stimulation (-.33) et la
satisfaction du besoin de sens et spiritualité (-.36).
311
Chapitre X. Objectif de recherche 2 : Étude 2
Le lien est modéré et positif entre le bien-être social et l’estime de soi positive (.40) et modéré
et négatif entre le bien-être social et l’estime de soi négative (-.38). On constate une corrélation
modérée et positive entre le bien-être social et l’optimisme (.47) alors qu’on observe une
corrélation modérée et négative entre le bien-être social et le pessimisme (-.36). La relation est
positive et modérée entre le bien-être social et la satisfaction de vie (.36).
La relation est positive et forte entre le bien-être psychologique et l’estime de soi positive (.50)
et négative et forte entre le bien-être psychologique et l’estime de soi négative (.51). Les
résultats montrent une corrélation modérée et positive entre le bien-être psychologique et
l’optimisme (.48) tandis qu’elle est modérée et négative entre le bien-être psychologique et le
pessimisme (-.38). La satisfaction de vie est liée de manière positive et modérée avec le bien-
être psychologique (.48).
Dans le modèle CFA santé mentale positive, la corrélation est positive et forte entre la Cognition
positive et le Bien-être psychologique (.72), la Cognition positive et le Bien-être social (.53), la
Cognition positive et le Bien-être émotionnel (.65), le Bien-être psychologique et le Bien-être
social (.57), le Bien-être psychologique et le Bien-être émotionnel (.73) ainsi que le Bien-être
social et le Bien-être émotionnel (.54).
Les corrélations sont positives entre le bonheur et la motivation identifiée (.23) et la motivation
intrinsèque à la stimulation (.31), à la connaissance (.17) et à l’accomplissement (.20). Elles
sont négatives entre le bonheur et l’amotivation (-.23) ainsi que la motivation externe (-.16).
312
et modérément avec la réévaluation positive (-.35), négativement et faiblement avec la
centration positive (-.18) et la centration sur l’action (-.13).
313
Table des figures
314
INTRODUCTION …………………………………………………………………………………. 16
Figure A. Modèles du continuum unique et des deux continuums de la santé mentale et des troubles
mentaux (Doré & Caron, 2017) …………..…………………………………………………………… 18
Figure B. Classification de la santé mentale en quadrant selon les symptômes de maladie mentale et les
symptômes de bien-être subjectif (Keyes & Lopez, 2002) …………………………………………… 19
Figure C. Classes de diagnostic du modèle de santé mentale complet (Keyes, 2005) ………………... 20
Figure D. Prévalence ponctuelle de la santé mentale complète dans la population adulte américaine en
1995 (N=3032), de 25 à 74 ans, comparée avec une vision idéalisée de la distribution de la santé mentale
complète (Keyes, 2007, données provenant de Keyes, 2005) ………………………………………… 21
Figure 2.3. Solution d’une analyse multidimensionnelle pour 28 termes émotionnels qui forment un
circumplex selon Russell (1980) adapté en français par Krauth-Gruber, Niedenthal et Ric (2009) … 44
Figure 2.4. Modèle circumplex de Russel (1980) adapté en français par Krauth-Gruber, Niedenthal et
Ric (2009) …………………………………………………………………………………………….. 44
Figure 2.5. Modèle circumplex de Watson et Tellegen (1985) adapté en français par Krauth-Gruber,
Niedenthal et Ric (2009) …………………………………………………………………………….... 45
Figure 2.6. Modèle circumplex de Larsen et Diener (1992) adapté en français par Krauth-Gruber,
Niedenthal et Ric (2009) ……………………………………………………………………………… 47
Figure 2.7. Le cercle intérieur correspond à une carte de l’affect tandis que le cercle extérieur situe
plusieurs épisodes émotionnels prototypiques (Feldman Barrett et Russell, 1998) adapté en français par
Krauth-Gruber, Niedenthal et Ric (2009) …………………………………………………………...… 47
Figure 3.2. Le modèle des processus en composantes (Sander, Grandjean & Scherer, 2005) adapté en
français par Grandjean et Scherer (2014) ……………………………………………………………... 56
Figure 5.1. Structure bi-dimentionnelle de la santé mentale positive de l’étude de Keyes, Shmotkin et
Ryff (2002) …………………………………………………………………………………………... 74
315
Figure 5.2. Structure bi-dimentionnelle de la santé mentale positive de l’étude Linley, Maltby, Wood,
Osborne et Hurling (2009) ……………………………………………………………………………. 75
Figure 5.6. Modèle hiérarchique théorique du bien-être de l’étude de Gallagher et ses collègues (2009)
…………………………………………………………………………………………………………79
Figure 5.8. Modèles de la santé mentale positive de l’étude de Goodman, Disabato, Kashdan, Kauffman
(2017) ………………………………………………………………………………………………… 81
Figure 5.9. Modèles bi-factoriels de la santé mentale positive de l’étude de Longo, Coyne, Joseph et
Gustavsson (2016) ……………………………………………………………………………………. 82
Figure 6.1. Taxonomie et caractéristiques principales des différents types de motivation de la théorie de
l’intégration organismique (Sarrazin, Pelletier, Deci & Ryan, 2011) ………………………………… 94
Figure 6.2. Représentation schématique d’une boucle de feed-back, d’après Carver et Scheier (1982)
adaptée en français par Briki et Gernigon (2012) …………………………………………………….. 95
Figure 6.3. Représentation des effets des systèmes de rétroaction positive souvent liés ou limités par les
systèmes de rétroaction négative (Carver & Scheier, 1998) …………………………………………. 96
Figure 6.4. Conception hiérarchique de la régulation des affects (Gross, 2015) ……………………... 97
Figure 6.5. Les différentes formes de régulation des émotions (Mikolajczak & Desseilles, 2012) …. 100
Figure 6.6. Cycle de l’émotion et différents types de stratégies de régulation (Gross, 2007) adapté en
français par Quoidbach (2012) ………………………………………………………………………. 101
Figure 6.10.1 Cycle de l’émotion et différents types de stratégies de régulation pouvant être appliqués
avant, pendant et après un événement émotionnel positif (Quoidbach, 2012) ………………………. 106
Figure 7.4. Classification du continuum maladie mentale-santé mentale pour chaque trait de personnalité
(De la Iglesia et Castro Solano, 2018b) ……………………………………………………………… 119
Figure D. Cartographie des orientations de recherche en santé mentale positive (Lambert, Passmore &
Holder, 2015) …………………………………………………………………………………………125
316
ETUDES EMPIRIQUES ……………………………………….…………………………………. 129
Figure 9.1. Représentation graphique des modèles de l’échelle d’estime de soi (Rosenberg, 1965) ... 148
Figure 9.2. Représentation graphique des modèles de l’échelle d’orientation de vie (Scheier, Carver &
Bridges, 1994) ………………………………………………………………………………………. 148
Figure 9.10. Représentation graphique des modèles A et B de la structure cognitive ……………….. 155
Figure 9.11. Représentation graphique des modèles C et D de la structure cognitive ………………. 156
Figure 9.13. Représentation graphique des modèles F et G de la structure cognitive ……………….. 158
Figure 9.14. Représentation graphique des modèles H et I de la structure cognitive ………………... 159
Figure 9.19. Représentation graphique des modèles de l’échelle de Positivité (Caprara, Alessandri,
Eisenberg, Kupfer, Steca, Caprara & Abela, 2012) ………………………………………………….. 165
Figure 9.20. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de l’échelle de Positivité (Caprara,
Alessandri, Eisenberg, Kupfer, Steca, Caprara & Abela, 2012) (N = 300) …………………………. 166
Figure 9.23. Représentation graphique des modèles des versions courtes de l’échelle PANAS
(Mackinnon & al., 1999 ; Thompson, 2007) ………………………………………………………… 171
Figure 9.24. Représentation graphique des modèles du bien-être subjectif (Diener, 1984) …………. 172
Figure 9.25. Représentation graphique des modèles du bien-être subjectif dispositionnel ………….. 173
Figure 9.27. Représentation graphique des modèles bi-factoriel A et B de la subjectivité positive …. 175
Figure 9.29. Représentation graphique des modèles bi-factoriel A et B de la subjectivité négative … 177
317
Figure 9.30. Représentation graphique du modèle bi-factoriel A de la subjectivité mentale ………... 178
Figure 9.31. Représentation graphique du modèle bi-factoriel B de la subjectivité mentale ………… 179
Figure 9.32. Représentation graphique du modèle bi-factoriel C de la subjectivité mentale ………… 180
Figure 9.33. Représentation graphique du modèle bi-factoriel D de la subjectivité mentale …...…… 181
Figure 10.2. Représentation graphique de l’effet médiateur de la satisfaction des besoins psychologiques
dans la relation entre la positivité et l’affect positif ………………………………………………….. 198
Figure 10.4.1 Représentation graphique du modèle de la santé mentale positive ……………………. 200
Figure 10.4.2 Représentation graphique du modèle bi-factoriel de la santé mentale positive ……….. 201
Figure 10.7. Représentation graphique de l’effet médiateur du bien-être psychologique dans la relation
entre la positivité et l’affect positif …………………………………………………………………... 204
Figure 10.10. Représentation graphique de l’effet médiateur de la positivité entre les régulations
motivationnelles autonomes et le bonheur …………………………………………………………... 209
Figure 11.4. Représentation graphique modèle de l’effet médiateur des stratégies de régulation
émotionnelle fonctionnelles dans la relation entre les affects positifs et les affects négatifs ………... 220
Figure 11.5. Représentation graphique du modèle de l’effet médiateur de la positivité dans la relation
entre les stratégies de régulation émotionnelle fonctionnelles et les affects positifs et négatifs …….. 220
318
Figure 11.9. Représentation graphique de l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre l’instant
présent et le savoring dans le présent ………………………………………………………………… 229
Figure 11.10. Représentation graphique de l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre
l’instant présent et le bonheur subjectif ……………………………………………………………… 231
Figure 11.11. Représentation graphique de l’effet médiateur de la positivité dans la relation entre le
savoring dans le présent et le bonheur subjectif ……………………………………………………... 232
319
Table des tableaux
320
CADRE CONCEPTUEL ………………………………………….……………………………....... 27
Tableau 2.2. Tendances à l’action et fonctions des émotions (Frijda, 1986) adaptée par Rimé (2009)
………………………………………………………………………………………………………… 42
Tableau 3.1. Comparaison des modèles d’évaluation cognitive (Ellsworth & Scherer, 2003), adaptée en
français par Garcia-Prieto, Tran et Wranik (2005) ……………………………………………………. 54
Tableau 4.1. Liste des critères permettant de qualifier un besoin humain comme fondamental
(Baumeister et Leary, 1995) ………………………………………………………………………...… 62
Tableau 4.2. Liste des besoins psychogénétiques selon Murray (1938) adaptée par Fenouillet (2016,
p.89-91) ………………...…………………………………………………………………………….. 63
Tableau 4.3. Liste des caractéristiques des personnes auto-actualisées répertoriées par Maslow (1954)
……………………………………………………………………………………………………….... 65
Tableau 4.5. Liste des 18 schémas inadaptés selon les cinq besoins psychologiques de Young &
collaborateurs (2003) …………………………………………………………………………………. 69
Tableau 5.4. Classification des symptômes de santé mentale positive selon Keyes (2002) …………. 77
Tableau 5.5. Classification des symptômes de santé mentale positive selon Huppert, Marks, Clark,
Siegrist, Stutzer, Vittersø et Wahrendorf (2008) ……………………………………………………… 78
Tableau 6.7. Stratégies de réévaluation cognitive selon Mikolajczak (2012) ………………………. 102
Tableau 6.8. Stratégies cognitives de régulation émotionnelles selon Garnefski et ses collaborateurs
(2001) ……………………………………………………………………………………………….. 103
321
Tableau 6.9. Stratégies pour savourer selon Bryant et Veroff (2007) ………………………………. 105
Tableau 6.10.2 Stratégies pour savourer avant, pendant et après un événement positif (Quoidbach, 2012)
……………………………………………………………………………………………………….. 106
Tableau 7.1. Traits de personnalité du Big Five et leurs six facettes (Costa & McCrae, 1992) …….. 114
Tableau 7.2. Critères pour accepter une force de caractère (Peterson et Seligman, 2004) ………….. 116
Tableau 7.3. Classification des 6 grandes vertus et des 24 forces de caractère (Peterson & Seligman,
2004) adaptée par Regourd-Laizeau (2013) ………………………………………….……………... 117
Tableau F. Synthèse des outils utilisés dans les études ………………………………………………. 134
Tableau 9.3. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de l’échelle d’estime de soi (Rosenberg,
1965) (N = 1114) ……………………………………………………………………………………. 149
Tableau 9.4. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de
l’échelle d’estime de soi (Rosenberg, 1965) (N = 1114) ……………………………………………. 150
Tableau 9.5. Résultats pour la cohérence interne et la validité discriminante (N = 1114) de l’échelle
d’estime de soi (Rosenberg, 1965) …………………………………………………………………... 151
Tableau 9.6. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de l’échelle d’orientation de vie (Scheier,
Carver & Bridges, 1994) (N = 1114) ………………………………………………………………… 152
Tableau 9.7. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de
l’échelle d’orientation de vie (Scheier, Carver & Bridges, 1994) (N = 1114) ……………………….. 152
Tableau 9.8. Résultats pour la cohérence interne et la validité discriminante (N = 1114) de l’échelle
d’orientation de vie (Scheier, Carver & Bridges, 1994) ……………………………………………... 153
Tableau 9.9. Résultats pour la validité convergente entre l’estime de soi positive, l’estime de soi
négative, l’optimisme, le pessimisme et la satisfaction de vie (N = 1114) ………………………….. 154
322
Tableau 9.15. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de la structure cognitive (N = 1114)
……………………………………………………………………………………………….………. 160
Tableau 9.16. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) du modèle F et G de
la structure cognitive (N = 1114) …………………………………………………………………….. 161
Tableau 9.17. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) du modèle H et I de
la structure cognitive (N = 1114) …………………………………………………………………….. 162
Tableau 9.21. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de
l’échelle de Positivité (Caprara, Alessandri, Eisenberg, Kupfer, Steca, Caprara & Abela, 2012) (N =
300) ………………………………………………………………………………………………….. 166
Tableau 9.22. Résultats pour la validité convergente et la validité discriminante (N = 489) ………... 169
Tableau 9.34. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles des versions courtes de l’échelle PANAS
(Mackinnon & al., 1999 ; Thompson, 2007) (N = 822) ……………………………………………… 182
Tableau 9.35. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles des
versions courtes de l’échelle PANAS (Mackinnon & al., 1999 ; Thompson, 2007) (N = 822) ……... 183
Tableau 9.36. Résultats pour la cohérence interne de la version courte de l’échelle PANAS (Thompson,
2007) (N = 822) ……………………………………………………………………………………… 183
Tableau 9.37. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles du bien-être subjectif (N = 822) …... 184
Tableau 9.38. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles du bien-
être subjectif dans la version dispositionnelle (N = 822) …………………………………………….. 185
Tableau 9.40. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de la
subjectivité positive et de la subjectivité négative (N = 822) ………………………………………... 186
Tableau 9.41. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de la subjectivité mentale (N = 822)
……………………………………………………………………………………………………….. 187
Tableau 9.42. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de la
subjectivité mentale (N = 822) ………………………………………………………………….. 188-189
Tableau 10.1. Résultats des corrélations entre la satisfaction des besoins psychologiques, la positivité et
les affects positif et négatif (N = 186) ……………………………………………………………….. 197
323
Tableau 10.3. Résultats des corrélations entre la positivité, la santé mentale positive et les affects positif
et négatif (N = 243) ………………………………………………………………………………….. 199
Tableau 10.5. Résultats de la qualité d’ajustement des modèles de la santé mentale positive (N = 243)
……………………………………………………………………………………………………….. 202
Tableau 10.6. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) des modèles de la
santé mentale positive (N = 243) …………………………………………………………………….. 202
Tableau 10.9. Résultats des corrélations entre la régulation motivationnelle, la positivité et le bonheur
subjectif (N = 289) …………………………………………………………………………………... 207
Tableau 11.1. Résultats des corrélations entre les stratégies de régulation dysfonctionnelles, la
négativité, la positivité et l’affect négatif (N = 328) …………………………………………………. 217
Tableau 11.2. Résultats des corrélations entre les stratégies de régulation fonctionnelle, la positivité et
les affects positif et négatif (N = 328) ……………………………………………………………….. 217
Tableau 11.3.2 Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) du modèle du
fonctionnement de la subjectivité positive dans les situations négatives (N = 328) …………………. 219
Tableau 11.6. Résultats des corrélations entre le savoring, l’attention dans le moment présent, la
positivité et le bonheur subjectif (N = 276) ………………………………………………………….. 224
Tableau 11.7.2 Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) du modèle du
fonctionnement de la subjectivité positive dans les situations positives (N = 276) …………………. 226
Tableau 11.8.2 Estimations normalisées des paramètres (poids factoriels λ ; résidus) du modèle bi-
factoriel du fonctionnement de la subjectivité positive dans les situations positives (N = 276) ……... 228
Tableau H. Estimations normalisées des paramètres (poids factoriel λ ; résidus) des modèles du bien-
être subjectif (Diener, 1984) (N = 822) ……………………………………………………………… 309
324