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COURS DE VIH/SIDA

A L’INTENTION DES ETUDIANTS DE L’ISTA/GOMA

PREMIER GRADUAT

Par Dr John INIPAVUDU BAELANI

MCHD, MPhilCHD, PhD

Année académique 2015-2016


Objectifs du cours
A travers ce cours l’apprenant va:

1. Acquérir des connaissances saines sur le VIH/SIDA


2. Adopter un changement de comportement dans le sens de la
prévention du VIH/SIDA.
3. Etre capable de sensibiliser la communauté/société et contribuer
efficacement à la lutte contre le fléau.

Plan du cours
1.1 Définitions
1.2 Agent causal
1.3 Epidémiologie
1.4 Histoire du VIH/SIDA
1.5 Transmission du VIH
1.6 Symptôme du SIDA
1.7 Vulnérabilité face au VIH/SIDA
1.8 Diagnostic du VIH
1.9 Traitement du SIDA
1.10 Préventiondu VIH/SIDA
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE VIH/SIDA

1.1 Définitions

VIH : virus d’immunodéficience humaine

SIDA : syndrome d'immunodéficience acquise

Le Sida est donc une maladie virale provoquée le VIH.Le sida représente
le dernier stade de l'infection par le virus VIH (VIH 1 et/ou 2).

1.2 Agent causal du Sida

L’agent du Sida est un Lentivirus, le VIH (VIH-1 et VIH-2) pour virus


d’immunodéficience humaine. Il infecte les cellules du système
immunitaire, les lymphocytes T4 qui possèdent le récepteur adéquat (la
protéine CD4), mais peut également infecter d’autres types cellulaires.

1.3 Epidémiologie

Situation du VIH/SIDA au niveau mondial

Selon ONUSIDA:

-35,3 millions de personnes, le nombre de personnes séropositives au


VIH dans le monde (chiffres publiés en octobre 2013).

-22.4 millions (chiffres de 2007), le nombre de personnes séropositives


au VIH en Afrique (>65%).

-2,3 millions, le nombre de personnes nouvellement séropositives au


VIH en 2012.

-1,6 millions, le nombre de personnes mortes du sida en 2012 (2,1


millions en 2007).

Selon les Nations unies, le virus du Sida a tué environ 25 millions de


personnes à travers le monde depuis sa découverte dans les années
1980.
Situation du VIH/SIDA en Afrique

L’Afrique subsaharienne continue à supporter une part disproportionnée


du fardeau que représente le VIH à l’échelle mondiale. À la mi-2010, 68 %
de toutes les personnes vivant avec le VIH résidaient en Afrique
subsaharienne, une région qui compte seulement 12 % de la population
mondiale.

En 2009, un tiers (34 %) de toutes les personnes vivant avec le VIH à


l’échelle mondiale résidaient dans les 10 pays d’Afrique australe, tout
comme près de 40 % de toutes les femmes adultes atteintes du VIH.

Situation du VIH/SIDA en RDC

Le système de séro-surveillance sentinelle chez les femmes enceintes en


CPN, réactivé depuis 2003, situe la séroprévalence nationale à 4%.

-Les données de PTME à Kinshasa situent la séroprévalence à près de 2%


en 2007. Une publication récente indique que la prévalence du VIH était
de 1,9% chez 5,016 femmes enceintes testées dans le cadre de la PTME
entre 2002 et 2004 dans un hôpital rural du nord-est du pays.

-Enfin, l’EDS de 2007 situait la prévalence dans la population générale à


1,3%. Dans son dernier rapport sur la situation du VIH/sida dans le
monde paru en juillet 2008, ONUSIDA accrédite les données de l’EDS en
situant la séroprévalence nationale dans une fourchette de 1,2 à 1,5%.

-La séroprévalence nationale de la RDC est donc une des plus faibles de la
région.
L’épidémie de VIH est mixte, c’est-à-dire qu’elle combine une composante
généralisée, bien qu’à un niveau modique, avec une composante
caractérisée par des prévalences élevées dans certains groupes de
population, en particulier :

-les prostituées, avec 16,9% en 2004,

-les militaires (hommes 3,8% ;

-femmes 7,5% en 2008),

-les camionneurs (3,3% en 2004) et

-les miniers (2,4% en 2004).

L’épidémie de VIH donne également une impression de stabilité, voire de


décroissance, malgré la période de troubles qu’a connus la RDC entre
1996 et 2003. Les données dont cette analyse de situation a pu disposer
témoignent de l’absence de progression de l’épidémie dans le pays,
malgré les troubles qui ont affecté et affectent encore l’Est du pays.

A Kinshasa, on voit clairement une régression de la séroprévalence : 5,9%


en 1985 contre 1,9% pour les données de PTME dans 21 maternités entre
2003 et 2007. A Lubumbashi, on observe une augmentation de la
séroprévalence de 3.9% en 1990 à 8.6% en 1999, mais après cette date,
les chiffres tendent à diminuer. Le dernier résultat est de 5.4% en 2006.
Pour le reste du pays, il faut signaler qu’il existe des variations de
prévalence d’une province à l’autre, ainsi que d’une année à l’autre dans
une même province, sans toutefois qu’aucune tendance ne se dessine
clairement.
1.4Histoire du VIH/SIDA

 Selon équipe internationale de chercheurs en octobre 2014, la


pandémie humaine de sida aurait débuté à Kinshasa, capitale de la
République démocratique du Congo (RDC), dans les années 1920
avant de se propager dans le monde en pleine mutation, ont
déterminé une. Les scientifiques suggèrent que l'ancêtre commun
du VIH est "très probablement" apparu à Kinshasa vers les années
1920.
 Toutefois, le VIH a été identifié pour la première fois seulement en
1981.
 Le sida est apparu au monde le 5 juin 1981. Ce jour-là, le Centre de
contrôle des maladies d'Atlanta fait état, chez cinq jeunes
homosexuels de Californie, d'une pneumonie rare qui ne frappait
jusqu'alors que des sujets fortement immunodéprimés. Ces 5 jeunes
sont mort de pneumonie.
 Un mois plus tard, un cancer de la peau très rare est diagnostiqué
chez 26 homosexuels américains. On parle alors de "cancer gay". La
maladie sera baptisée l'année suivante du nom de syndrome de
l'immunodéficience acquise, ou sida.
 En 1983 une équipe française dirigée par le Pr Luc Montagnierisolera
le virus, transmis par le sang, les sécrétions vaginales, le lait
maternel ou le sperme, qui attaque le système immunitaire et
l'expose aux "infections opportunistes" comme la tuberculose ou la
pneumonie.
 Le 2 octobre 1985: l'acteur américain Rock Hudson meurt du Sida.
D'autres stars suivront, comme le chanteur Freddy Mercury (1991)
ou le danseur russe Rudolf Noureev (1993).

 En 1986: mise au point du premier médicament, l'azidovudine


(AZT), un antirétroviral qui ralentit la progression du virus mais ne
l'élimine pas. Celui-ci est officiellement appelé virus de l'immuno-
déficience humaine (VIH). En décembre, 4.500 cas sont recensés en
Europe, soit une augmentation de 124% en un an.
 En 1996, l'arrivée des trithérapies change la donne: de maladie
forcément mortelle, le sida devenait maladie chronique. Les Nations
unies mettent en place le Programme conjoint sur le Sida
(Onusida).L'épidémie s'étend rapidement en Afrique et s'aggrave en
Europe orientale, en Inde et en Chine.
 En 2002: création du Fonds mondial de lutte contre le sida, la
tuberculose et le paludisme, avec le soutien de Bill Gates.

En 2003: lancement par le président George W. Bush d'un


programme sur 5 ans de 15 milliards de dollars, le Pepfar.
 En 2006: des études établissent que la circoncision d'hommes non
infectés par le virus divise au moins par deux les risques qu'ils
soient contaminés par le VIH. Mais elle ne protège pas les femmes.
Début des campagnes de circoncision en Afrique.
 -En 2009: depuis l'apparition de la maladie, quelque 25 millions de
personnes sont mortes du sida et 60 millions ont été contaminées.
Depuis huit ans, le nombre d'infections a baissé de 17% (Onusida).
 En 2010: une étude montre qu'un gel vaginal microbicide contenant
un antirétroviral peut, bien utilisé, réduire de moitié le risque
d'infection au VIH chez les femmes.
 En 2011: un essai clinique établit que traiter au plus tôt des
personnes séropositives avec des antirétroviraux réduit quasi
totalement le risque de transmission du virus à des partenaires
séronégatifs.

1.5 Transmission du VIH/Sida


Le VIH peut se transmettre par le contact étroit et non protégé avec les
liquides organiques d’un sujet infecté : sang, lait maternel, sperme et
sécrétions vaginales.La transmission est alors possible par des voies
suivantes :
1. Voie Sexuelle (>65%): par les sécrétions génitales (sperme et
secrétions vaginales). La plupart des cas de VIH-SIDA sont dus à un
rapport sexuel :
-vaginal entre deux personnes de sexes opposés (rapport hétérosexuel)
-anal entre deux personnes du sexe masculin (rapport homosexuel)
-buccal (rapport sexe-bouche) rarement.

-Il faut noter que les personnes souffrant d'autres MST (syphilis, herpès
génital, chlamydia,...) vont transmettre plus facilement le VIH et seront
elles-mêmes plus facilement contaminées.

2. Voie sanguine : par la transfusion sanguine (10%).


La contamination peut aussi survenir :
-à l’occasion de relations sexuelles pendant les règles (menstruation) ou
autre saignement des organes sexuels.
-pendant de rituels d’échange de sang,
-pendant cérémonies d’initiation de jeunes hommes,
-d’excisions ou de circoncisions,
-de tatouages et de piercings non hygiéniques

L’usage des objets tranchants souillés par du sang infecté. (Ex. lame de
bistouri, lame de rasoir, aiguilles…) favorise la contamination et
propagation du VIH/SIDA.

3. Injection de drogues
L’usage croissant de drogues intraveineuses et d’aiguilles infectées
ainsi que la consommation simultanée de drogues et d’alcool sont
également des causes de contamination, d’autant qu’une seule aiguille
(souillée) peut être utilisée par plusieurs personne en série. En outre,
l’alcool avec son effet de baisser ou supprimer la vigilance, expose les
alcooliques au risque élevé de contamination du VIH.
4. Transmission mère-enfant : est une voie de contamination du
fœtus/bébé à partir de la mère. Cette transmission est possible pendant
l’une de trois périodes suivantes:

a. pendant la grossesse - à travers la barrière hémato-placentaire, lorsque


le placenta ne joue plus efficacement son rôle de filtre. Ceci peut arriver
en cas de vieillissement du placenta dans des grossesses prolongées (au-
delà de 40 semaines) chez une mère séropositive.

b. pendant l’accouchement : Cela peut arriver en cas de croisement sang


de la mère séropositive et du bébé lors de section du cordon ombilical par
l’accoucheur/accoucheuse).

c. pendant l’allaitement maternel par une mère séropositive à travers du


lait maternel contaminé par le VIH ou à travers des petites lésions
causées par la succion du mamelon de sa mère.

NB : On ne contracte pas l’infection lors des gestes courants de la vie


quotidienne: baisers, étreintes, poignées de mains, partage d’objets
personnels, ingestion d’eau ou de nourriture.

1.6 Symptômes du Sida

Il existe trois phases d’infection par le virus du Sida.

Phase1 :primo-infection,

Ici, le nombre de virions (petits virus) présents dans


l'organisme augmente fortement juste après la contamination, puis
diminue rapidement grâce à l‘action du système immunitaire. Dans les
premières semaines qui suivent l’infection initiale, le sujet peut rester
asymptomatique ou présenter un syndrome grippal avec de la fièvre, des
céphalées, un érythème ou une irritation de la gorge.

Phase 2 : phase asymptomatique

A ce stade, le patient ne présente aucun symptôme de la maladie. Les


lymphocytes T sont toutefois progressivement détruits par le VIH. À ce
stade, l’individu possède alors des anticorps dirigés contre le virus : il est
dit séropositif.

Phase 3 : Le Sida.
Lorsque le système immunitaire est trop affaibli (destruction des
lymphocytes CD4 et macrophages), ce qui peut prendre 10 à 15 ans voire
plus, entre la première infection, son évolution et l’apparition de
symptômes de la maladie.

A ce stade, des maladies opportunistes se déclarent, notamment la


tuberculose, mais aussi des pneumonies ou des herpès, ou des cancers
(sarcome de Kaposi, lymphomes...).

D’autres signes et symptômes peuvent apparaître, comme par exemple


une tuméfaction des ganglions (adénopathies), une perte de poids, de la
fièvre, de la diarrhée et de la toux.

1.7 Vulnérabilité face au VIH/SIDA

Définition : La vulnérabilité au VIH se définit comme l’exposition au risque


du VIH. Certains individus, groupes ou catégories sont plus exposées
courent plus de risque d’attraper le VIH que d’autres.
Les groupes suivants sont vulnérables :

I. Les populations défavorisées :


• Les pauvres (ils subissent la volonté de leurs partenaires sexuels,
peuvent se livrer à la prostitution/immoralité pour la survie).
• Les jeunes (ils sont entrainés, poussés aux pratiques a risque, tels que
les actes sexuels, les drogues, l’alcool à cause de leur âge d’adolescence
la curiosité, le désir de découverte et l’influence de la société.
• Les populations non scolarisées et analphabètes (ils sont au
risque d’attraper le VIH par ignorance et naïveté. Ainsi, ils peuvent
accepter de s’engager dans des actes à haut risque demandés par leurs
partenaires sexuels).

II. Les groupes culturellement déstabilisés :


• Les familles éclatées (les individus issus de divorces, familles
séparées, les orphelins sont forcés à dépendre des autres, mendier pour
survivre).
• Les chômeurs (généralement d’un niveau socioéconomique bas,
dépendent souvent de la volonté des autres, avec des risques d’adopter
des comportements à risque pour répondre à leurs besoins).
• Les réfugiés et les personnes déplacées (ils sont sortis de leur milieu
naturels, traumatisés, vulnérables, démunis et vivent souvent en état de
promiscuité. Ils sont poussés à se prostituer pour survivre). Ils sont
souvent victimes de viols/violence sexuels par des militaires, des civiles.
• Les migrants nationaux, internationaux et les travailleurs
mobiles (Ils sont séparés de leurs partenaires pendant des longues
périodes, s’exposant ainsi à se satisfaire avec des partenaires
occasionnels, d’où y a risque d’attraper le VIH).

III. Les groupes spécifiques à risque :


• Les groupes et les communautés exclus (ils se trouvent dans la rue,
obligés de vivre dans des sociétés de basse moralité, sans contrôle sur la
sexualité. Dans leur recherche d’amour, ils peuvent être entrainés par des
compagnons de mauvaises vies.
• Les homosexuels (ils pratiquent des rapports sexuels par voie anale ;
hors cette voie est à haut risque à cause de lésions lors de ce type de
relations sexuelles). On note de plus en plus des individus qui sont à la
fois homosexuels et hétérosexuels, les exposant ainsi aux partenaires
sexuels multiples.
• Les prostituées sont exposées aux multiples partenaires sexuels.
Certains de ces partenaires masculins exigent aux prostituées de faire des
rapports sexuels non protégées. Elles sont considérées comme des
réservoirs du VIH et la prévalence du VIH est souvent élevée parmi les
prostituées lorsqu’on les compare à la population générale.

Aujourd’hui, la prévention doit être axée sur la réduction du risque et,


surtout, de la vulnérabilité à laquelle sont exposées les populations.

Les facteurs de vulnérabilité sont les suivants :


1. Facteurs socioculturels tels que le mariage précoce imposé aux
jeunes filles, la perte des normes sociales, le viol des femmes, le statut
peu élevé des femmes dans certaines sociétés africaines et certaines
pratiques traditionnelles néfastes comme :
-les mutilations sexuelles,
-le lévirat et le sororat (héritage de veuve ou de veuf)

2. Des facteurs socio-économiques : la précarité, le chômage et la


pauvreté, et des facteurs politiques comme l’insuffisance du cadre
juridique concernant le VIH/SIDA et la mal-gouvernance créent et/ou
aggravent les situations de vulnérabilité.
Le chômage et l’oisiveté, dans des pays qui n’offrent plus aucune
perspective aux jeunes, sont des facteurs importants de vulnérabilité. Ils
poussent les personnes à l’adoption de comportements à risques vis à vis
de l’alcool, de la drogue, du sexe et parfois, à l’émigration.
La prostitution a souvent des motifs économiques et financiers. Ce sont
souvent des femmes chefs de ménage, sans ressources qui ont recours à
cette activité.

3. Les migrations internes et internationales éloignent les personnes


de leur cadre de vie habituel et les placent hors des mécanismes sociaux
de contrôle et de régulation. La relative liberté d’action, la solitude, les
tentations, la facilité d’avoir des partenaires sexuels occasionnels et
souvent, les agressions sexuelles concourent à la création d’une situation
de vulnérabilité particulière. Les catégories suivantes sont concernées :
-Les militaires constituent une population d’une grande mobilité et au
comportement à haut risque d’infection par le VIH.
-Les transporteurs camionneurs et les ouvriers temporaires recrutés
dans les chantiers du secteur des transports constituent également des
populations à haut risque.
-Les expatriés et humanitaires/volontaires (ONUSIENS, ONGs etc…)

4. Les conflits socio-politiques qui accroissent le nombre des déplacés


et les réfugiés vivant dans des camps où règnent la promiscuité, le viol, la
prostitution et l’insécurité, mettent les populations en situation de
vulnérabilité particulière vis à vis de l’infection par le VIH.

Les facteurs de risque et de vulnérabilité sont quasiment les mêmes dans


les pays africains. Selon les aires géographico-culturelles, les pratiques
sexuelles diffèrent et un facteur peut être prédominant par rapport à un
autre. Selon le contexte de paix ou de guerre ou selon les opportunités de
travail, les déplacements de populations peuvent être plus intenses ici ou
là. Ces différences expliquent, en partie, les disparités dans la prévalence
selon les sous-régions, tout comme la mise en place d’une réponse rapide
et appropriée.
5.L’ignorance de la nature du VIH/SIDA et des autres maladies
sexuellement transmissibles et l’ignorance de la gravité des complications
liées à ces affections et des moyens de s’en préserver, placent les
individus dans une situation de vulnérabilité vis à vis de l’infection par le
VIH.

6.Facteurs biologiques de vulnérabilité


De nombreuses études ont démontré que lors des rapports hétérosexuels
(principal mode de transmission du VIH dans notre région) le risque de
contracter l’infection à VIH est de 2 à 4 fois supérieur pour les femmes
que pour les hommes.

-Les raisons de cette plus grande efficience de la transmission


hétérosexuelle chez les femmes sont les suivantes:
(1)par rapport aux hommes, les femmes ont une surface plus importante
de muqueuse exposée aux sécrétions sexuelles et que
(2)la concentration de virus est plus élevée dans le sperme que dans les
sécrétions vaginales.

(3)Il est également bien établi que le risque d’infection à VIH est plus
important chez les adolescentes. Leur col utérin et leur muqueuse
vaginale, qui n’ont pas atteint leur maturité physiologique et leurs
sécrétions vaginales peu abondantes, font moins obstacle à l’entrée du
VIH. Or, en Afrique, l’âge moyen de la première relation se situe entre 14
et 15ans pour les filles alors qu’il est de 17 ans pour les garçons.

7.Rôle des infections sexuellement transmissibles


La présence d’une infection sexuellement transmissible (IST) non traitée
constitue également un facteur biologique de vulnérabilité à l'infection à
VIH. Elles multiplient par 300 à 400% le risque de transmission du VIH. Or
les femmes sont plus vulnérables aux IST que leshommes.
De nombreuses études ont montré l’incidence élevée des IST chez les
femmes africaines et l'incidence élevée de l’infection à VIH chez les
consultantes des cliniques IST.

Les IST sont souvent non diagnostiquées et non traitées chez les femmes
parce que dans50 à 80 % des cas, les femmes qui ont contracté une IST
ne le savent pas, de par l'absence ou la discrétion des lésions ou des
autres signes pathognomoniques, et du fait que les femmes, sielles sont
monogames, n'imaginent pas qu'elles puissent être à risque.
L'absence de traitement est aussi liée au fait que les femmes ayant une
IST, hésitent à consulter par crainte de la stigmatisation liée à ces
infections.

8. Facteurs spécifiques à la femme africaine et maghrébine


A ces facteurs biologiques de vulnérabilité, qui sont communs à toutes les
femmes il faut rajouter des pratiques très répandues en Afrique et dans
notre région, qui augmentent le risque de transmission du VIH. Ces
pratiques sont :

a. L’assèchement des muqueuses


L'assèchement de la muqueuse vaginale, pour la satisfaction du plaisir du
partenaire, fragilise la muqueuse vaginale et probablement augmente le
risque d'infection à VIH. Cette pratiquequi consiste en l’insertion dans le
vagin de poudre d’hydroxyde d'aluminium, d'herbes oud’argile, a été
rapportée au Nigeria, au Zaïre, en Zambie, au Malawi, au Zimbabwe et en
Afrique du Sud (6). Elle est également pratiquée dans plusieurs régions du
Maroc.

b. La mutilation génitale des femmes


La mutilation génitale des femmes, dite excision, fait partie de l’arsenal
mis en place par les sociétés traditionnelles pour maintenir sous contrôle
la sexualité des femmes qui fait tellement peur. Cette excision qui
concerne 80 à 110 millions de femmes dans le monde estencore une
pratique courante, notamment en Egypte et dans des pays d’Afrique
subsaharienne.
Contrairement aux arguments avancés par ses défenseurs, cette tradition
n’a aucun fondement religieux.
Cette mutilation génitale comporte un risque de transmission du VIH lié à
l’acte lui-même et augmente la susceptibilité de l’infection à VIH du fait
des brides et de l’altération de la flore vaginale.

1.8 Diagnostic

Le test révèle l’infection à VIH en détectant la présence ou l’absence


d’anticorps dans le sang. Ceux-ci sont produits par le système immunitaire
pour lutter contre les agents pathogènes. Pour la plupart des personnes,
le délai de séroconversion, la «fenêtre sérologique», est en général de 3 à
6 semaines au cours desquelles l’organisme produit des anticorps contre
le VIH mais en quantité insuffisante pour être détectés.

Cette phase précoce de l’infection est aussi celle où la contagiosité est la


plus grande, mais la transmission peut avoir lieu à tous les stades de
l’infection. En cas d’exposition récente possible au VIH, un second test doit
être fait six semaines plus tard pour confirmer les premiers résultats après
avoir laissé suffisamment de temps aux sujets infectés pour fabriquer des
anticorps.

1.9Traitement du Sida

Il n’est pas encore possible de guérir du Sida, car le génome du virus


s’intègre dans les cellules et reste donc à l’état latent, invisible pour le
système immunitaire. Il est donc important de se protéger contre
l’infection, par l’usage du préservatif par exemple.

Il existe néanmoins des traitements pour ralentir l’évolution de la maladie


vers le stade Sida. Ils sont composés d’antiviraux, insuffisamment
efficaces pris seuls (monothérapie), mais plutôt efficaces lorsqu’ils sont
pris de façon groupée.

-Lorsqu’on administre deux molécules, on parle de bithérapie et

-lorsqu’on utilise trois molécules, on parle de trithérapie (plus efficace).

Le VIH peut être inhibé par la thérapie antirétrovirale consistant à associer


trois médicaments antirétroviraux (ARV), voire plus. Cette thérapie ne
guérit pas l’infection mais jugule la réplication virale dans l’organisme et
permet au système immunitaire de se renforcer et de regagner le pouvoir
de combattre les infections. Cette thérapie permet aux personnes
infectées par le VIH de continuer à mener une vie productive et en bonne
santé.

Fin 2012, on estimait à plus de 9.7 millions le nombre de personnes vivant


avec le VIH dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et bénéficiant
de la thérapie antirétrovirale, dont 630 000 enfants. Entre 2003 et 2012,
le nombre de personnes sous traitement antirétroviral a été multiplié par
30 dans les pays en développement et il a augmenté de 20% en l’espace
d’une année (il est passé de 8 millions en 2010 à plus de 9,7 millions en
2012).

1.10 Prévention du VIH

Au niveau individuel, on peut réduire le risque d’infection à VIH en limitant


l’exposition aux facteurs de risque. Les principales méthodes de
prévention, souvent appliquées en associant plusieurs d’entre elles, sont
les suivantes:

1. ABC de la prévention du VIH

A= Abstinence sexuelle pour les jeunes et célibataires

B= Fidélité mutuelle pour les couples mariés


C= usage de préservatif-condom masculin et féminin (femidon).

NB : Les A et B offre une efficacité de 100%, lorsqu’elles sont


appliquées.

Utilisation du préservatif

L’usage correct et régulier des préservatifs masculins ou féminins pendant


la pénétration vaginale ou anale protège de la propagation des infections
sexuellement transmissibles, parmi lesquelles le VIH. D’après les données
connues, les préservatifs masculins en latex ont une efficacité protectrice
d’au moins 85% contre la transmission sexuelle du VIH et d’autres
infections sexuellement transmissibles (IST).

2. Conseil et dépistage du VIH et des IST

Le dépistage du VIH et des autres IST est fortement conseillé à tous ceux
qui sont exposés à n’importe lequel des facteurs de risque, de façon à ce
qu’ils connaissent leur état infectieux et accèdent sans retard aux services
de prévention et de traitement. L’OMS préconise aussi de proposer le
dépistage aux partenaires ou aux couples.

3. Circoncision médicale volontaire de l’homme

La circoncision, lorsqu’elle est pratiquée dans de bonnes conditions


médicales par des professionnels de santé bien entraînés, réduit le risque
de transmission hétérosexuelle du VIH chez l’homme d’environ 60%. C’est
une intervention essentielle en situation d’épidémie généralisée, avec une
forte prévalence du VIH et une faible proportion d’hommes circoncis.
4. Prévention basée sur les antirétroviraux (ARV)

4.1 Le traitement antirétroviral en tant que moyen de prévention

Un essai récent a confirmé que si une personne séropositive respecte un


schéma thérapeutique antirétroviral efficace, le risque de transmission du
virus au partenaire sexuel indemne peut être réduit de 96%.

Pour les couples sérodiscordants (l’un est séropositif et l’autre est


séronégatif), l’OMS recommande de proposer le traitement antirétroviral
au partenaire séropositif quelle que soit sa numération des CD4.

4.2 Prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour le partenaire


séronégatif

Des essais réalisés auprès de couples sérodiscordants ont montré que les
antirétroviraux pris par le partenaire séronégatif peuvent être efficaces
pour prévenir la transmission de l’infection par le partenaire séropositif.
C’est ce qu’on appelle la prophylaxie pré-exposition (PrEP).

L’OMS recommande aux pays de mettre en œuvre des projets de


démonstration concernant la PrEP à l’intention des couples
sérodiscordants, des hommes et des femmes transgenres ayant des
rapports sexuels avec des hommes avant de prendre une décision sur une
application généralisée éventuelle de la PrEP.

4.3 Prophylaxie post-exposition (PPE)

La prophylaxie post-exposition consiste à prendre immédiatement des


ARV dans les 72 heures suivant une exposition accidentelle au VIH pour
prévenir l’infection.
On recommande souvent la PPE aux agents de santé exposés à des
piqûres accidentelles sur le lieu de travail et les victimes de violence
sexuelle.

La PPE comporte :

-le conseil,

-les premiers soins,

-le dépistage du VIH et, suivant le niveau du risque,

-l’administration d’un traitement ARV pendant 28 jours avec suivi médical.

Les consommateurs de drogues par injection peuvent prendre des


précautions pour ne pas contracter le VIH en utilisant à chaque injection
du matériel stérile, notamment les aiguilles et les seringues. Un ensemble
complet de mesures de prévention et de traitement du VIH comprend:

 des programmes sur les aiguilles et les seringues;


 le traitement de substitution des drogues (opioïdes) pour ceux qui
sont dépendants de ces produits et les autres traitements de la
dépendance, fondés sur des faits probants;
 le conseil et le dépistage du VIH;
 le traitement symptomatique du VIH et les soins;
 l’accès aux préservatifs; et
 la prise en charge des IST, de la tuberculose et de l’hépatite virale.

5. Élimination de la transmission mère-enfant (ETME)

On appelle transmission verticale ou transmission mère-enfant (TME) la


transmission du VIH par une mère séropositive à son enfant:
(1) au cours de la grossesse,
(2) au cours du travail d’accouchement, de l’accouchement ou
(3) de l’allaitement.

En l’absence de toute intervention, les taux de transmission se situent


entre 15 et 45%. On peut prévenir totalement la TME si on donne à la
mère comme à l’enfant le traitement ARV ou une prophylaxie
antirétrovirale à tous les stades où l’infection peut se produire.

L’OMS recommande un éventail d’options pour la prévention de la TME


(PTME), avec l’administration des antirétroviraux aux mères et aux
nourrissons, à l’accouchement et pendant la période post-natale. On peut
aussi proposer le traitement à vie pour les femmes enceintes
séropositives, quelle que soit la numération des CD4.

Dans la pratique, la prévention de TME consiste à :

(1) Administrer des ARV chez la mère pendant la grossesse,


l’accouchement et après l’accouchement
(2) Eviter de croiser le sang de la mère et de l’enfant pendant
l’accouchement, lors de section du cordon ombilical.
(3) Déconseiller l’allaitement maternel (bébé sera nourri au lait
artificiel).
(4) Donner ARV au nourrisson né d’une mère séropositive.
(5) Déconseiller la femme séropositive à porter des grossesses car
cet état de grossesse va encore affaiblir davantage son système
immunitaire. Et le bébé sera plus exposé au risque de l’infection
du VIH.
Références
-Banque Mondiale: "Impact Macro-Economique De L'épidémie De SIDA ".
Stratégies De La Banque Mondiale Sur Le VIH/SIDA 1999. Washington, DC:
Banque Mondiale, 1999.
-Centers for Disease Control and Prevention. Technical guidance on HIV
counseling. MMWR recommendations and reports, 1993, 42 (R2):11–17.
- Cohen MS et al. Prevention of HIV-1 infection withearlyantiretroviraltherapy.
New England Journal of Medicine, 2011, 365:493– 505.

-Matambo R et al (2006) Voluntary counseling and testing by nurse counselors:


whatis the role ofroutine repeatedtestingafter a negativeresult? ClinicalInfectious
Diseases,42:569–571.

-OMS (2010) « Rendre le resultats d’un test VIH, communiquer le message pour
refaire le test et fournir un conseil à l’adulte.
-ONUSIDA, Report on the global HIV/AIDS epidemic, juin 2000.
-UNESCO (1999), A cultural approach to HIV/AIDS prévention and care :
DominicanRepublic’sexperience.
-UNESCO/ONUSIDA (2003), L’approche culturelle de la prévention et du
traitement du VIH/SIDA, Colloque régional, Maroc.
-UNESCO/ONUSIDA (2002), information/éducation/communication
culturellement appropriée.
-Gray RH et al. Male circumcision for HIV prevention in men in Rakai, Uganda: a
randomised trial. Lancet, 2007, 369:657–666.

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