Épidémiologie Des Infections Sexuellement Transmissibles
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Gynécologie
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réalités en gynécologie-obstétrique # 172_Mars/Avril 2014
IST touchant essentiellement (syphi les réseaux de laboratoires restent jusqu’à RésIST, dont 299 cas féminins (6 %).
lis) ou quasi exclusivement (LGV) des présent cantonnés à la métropole. Après une augmentation rapide du
hommes homo-bisexuels. nombre de cas au début de la décen
Ces réseaux, mis en place par l’Institut nie 2000 et une montée en charge du
Les données françaises de prévalence et de veille sanitaire, en collaboration avec dispositif de surveillance, le nombre
d’incidence des IST et de leurs compli les centres nationaux de référence (CNR) de cas rapportés de syphilis récente
cations sont limitées. Le poids de ces des gonocoques, des chlamydia et de la était relativement stable entre 2006
maladies est fréquemment sous-estimé, syphilis, permettent de produire des et 2009. Entre 2009 et 2011, ce nombre
dans la mesure où elles peuvent être indicateurs montrant l’évolution de trois a augmenté chez les hommes, essen
asymptomatiques ou non diagnosti IST bactériennes accessibles à un trai tiellement hors Île-de-France chez les
quées et donc non traitées. tement curatif : la gonococcie, la syphi homo-bisexuels, tandis qu’il est resté
lis récente et l’infection urogénitale à stable chez les femmes (fig. 1).
Les autres IST bactériennes (infections chlamydia. Ce sont les tendances évolu
à mycoplasmes), parasitaires (tricho tives de ces IST qui sont présentées ici. 3. Les caractéristiques
[
monase) et virales (herpès, infections des cas de syphilis
à papillomavirus), très fréquentes dans
la population générale sexuellement L a syphilis précoce : Les femmes ayant une syphilis récente
active, ne sont pas abordées dans cet augmentation sont plus jeunes que les hommes : âge
article dans la mesure où elles ne font chez les hommes médian respectivement de 30 ans contre
pas l’objet d’une surveillance épidémio homo‑bisexuels 37 ans en 2011. Sur la période 2000–
logique spécifique. Nous n’évoquons pas 2011, les motifs de consultation sont
non plus ici les LGV, qui ne touchent 1. La surveillance de la syphilis restés différents selon le sexe : l’exis
qu’exceptionnellement les femmes, ni tence de signes cliniques (chez 60 %
les deux infections virales à déclara Les cas de syphilis récente ou précoce des hommes et 39 % des femmes), le
tion obligatoire que sont l’hépatite B (c’est-à-dire datant de moins d’un an), dépistage systématique (chez 20 % des
et l’infection à VIH. définis par la clinique (syphilis primaire: hommes et 42 % des femmes), plus rare
chancre ; secondaire : lésions cutanéo ment un partenaire atteint d’IST (chez
Les systèmes de surveillance donnent muqueuses ; latente précoce : absence 9 % des hommes et 17 % des femmes)
des informations pérennes, permettant de signes cliniques) et par la biolo ou le suivi d’une infection à VIH (chez
une appréciation de l’évolution des gie (microscopie ou sérologie), sont 10 % des hommes et 2 % des femmes).
tendances. La déclaration obligatoire surveillés depuis 2000 à travers le réseau
des quatre IST classiques (syphilis, RésIST des cliniciens. Cette surveillance La co-infection de la syphilis récente
gonococcie, chancre mou et LGV) a été a débuté à la suite de la résurgence de et de l’infection à VIH concernait
abandonnée en France en 2000 en raison la syphilis précoce décrite à Paris cette 38 % des cas rapportés en 2011 : 4 %
d’un très faible taux d’exhaustivité et même année [5]. de découver tes à l’occasion de la
d’une mauvaise représentativité des cas syphilis et 34 % de sérologies VIH
déclarés, la plupart des déclarations Les patients atteints de syphilis obser + déjà connues (81 % de ces patients
émanant des dispensaires antivénériens vés à travers ce réseau consultent majo VIH + connus étaient sous traitement
et très peu des médecins libéraux. ritairement (72 % en 2011) dans les antirétroviral). La fréquence de ces
structures spécialisées que sont les co-infections est assez stable depuis
La surveillance épidémiologique des IST centres d’information, de dépistage et 2003 et très différente selon l’orientation
repose désormais sur plusieurs réseaux de diagnostic des IST (CIDDIST) et les sexuelle : en 2011, elles concernaient
volontaires de cliniciens (RésIST pour consultations de dépistage anonymes et 45 % des hommes homo-bisexuels,
la surveillance de la syphilis et de la gratuites (CDAG). Les autres patients de 22 % des hommes hétéros exuels et
gonococcie) et de laboratoires (Rénago ce réseau consultent en milieu hospita 10 % des femmes.
pour la surveillance de la gonococcie et lier (23 %) et, plus rarement, en méde
des résistances du gonocoque aux anti cine de ville (5 %). Le réseau RésIST donne des informations
biotiques, Rénachla pour la surveillance sur les comportements sexuels des
des infections à chlamydia). Le réseau 2. L’augmentation des syphilis patients infectés [6]. Globalement, le
RésIST inclut depuis quelques années nombre moyen de partenaires est resté
des données des départements d’outre- Entre 2000 et 2011, 5 428 cas de syphilis assez stable sur la période 2000–2011.
mer (Martinique et Réunion) alors que récente ont été rapportés par le réseau L’utilisation systématique du préservatif
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[
700
100
La gonococcie :
Nombre de cas de syphilis récente
Nombre de sites
1. La surveillance de la gonococcie
400 60
masculin les 12 derniers mois lors des Il n’y a pas encore de surveillance spéci Ces deux réseaux donnent des informa
pénétrations vaginales a légèrement fique, mais les enquêtes hospitalières tions complémentaires, dans la mesure
diminué ces 3 dernières années. En 2011, issues du programme de médicalisa où les patients du réseau Rénago consul
3 % des femmes, 21 % des hommes hété tion des systèmes d’information retrou tent majoritairement en médecine de
rosexuels et 37 % des hommes bisexuels vent moins d’une dizaine de cas par an ville (67 % en 2011), plus rarement en
atteints de syphilis ont déclaré utiliser de 2005 à 2007 [7]. Ces cas surviennent CIDDIST/CDAG ou en milieu hospitalier
systématiquement un préservatif lors dans un contexte particulier : les mères (respectivement 19 % et 14 % en 2011),
des pénétrations vaginales. L’utilisation sont fréquemment en état de précarité alors que les patients atteints de gono
systématique du préservatif lors des (immigrées, faible niveau économique) coccie observés dans le réseau RésIST
fellations est très rare (< 2 %) et son avec des grossesses non surveillées. consultent quasi exclusivement dans
utilisation régulière très insuffisante, les CIDDIST et CDAG (99 % en 2011).
alors que la fellation est un mode très Sur l’île de la Réunion, dans le contexte
efficace de contamination de la syphilis. d’une recrudescence de la syphilis chez 2. L’augmentation des gonococcies
Ainsi, en 2011, 4 % des femmes, 14 % l’adulte, y compris dans la population
des hommes hétérosexuels et 7 % des hétérosexuelle, l’émergence de 7 cas Le nombre d’infections à gonocoque
hommes homo-bisexuels ont déclaré de syphilis congénitale a été rappor a augmenté pendant la période 2000–
utiliser régulièrement un préservatif tée en 2008–2009 alors qu’aucun cas 2011. Le nombre moyen de souches de
lors des fellations. n’avait été répertorié sur la période gonocoques isolées par an et par labo
2004–2007 [8]. ratoire participant au réseau Rénago
4. La syphilis congénitale a augmenté progressivement chaque
Rappelons que le dépistage de la syphi année, de 1,4 chez l’homme et 0,14 chez
La syphilis congénitale est devenue lis chez la femme enceinte est obliga la femme en 2000 à 9,6 chez l’homme et
exceptionnelle en France. Cependant, toire au 1er trimestre de grossesse, et 1,8 chez la femme en 2011 (fig. 2). Le
elle n’a pas totalement disparu et reste qu’un deuxième dépistage est recom nombre de cas de gonococcie rapportés
d’une extrême gravité. mandé au cours du 3e trimestre en cas par le réseau RésIST a aussi augmenté
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Nombre de laboratoires
dans les sites à participation constante 8
entre 2009 et 2011. Elle concerne à la 150
fois l’Île-de-France et les autres régions
métropolitaines. À travers le réseau 6
RésIST, on observe que cette augmen
100
tation existe quelle que soit l’orienta
4
tion sexuelle.
Nombre de sites
40
Au sein du réseau RésIST, la propor
300
tion de patients hétérosexuels tend à
30
augmenter, jusqu’à dépasser actuel
lement celle des homo-bisexuels. 200
Ainsi, la proportion d’hétérosexuels 20
masculins et féminins est passée
progressivement de 31 % en 2004 à 100
10
58 % en 2011.
La co-infection de la gonococcie et de 0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1
l’infection à VIH est moins fréquente 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 201 201
que pour la syphilis. Mais, comme Nombre de sites Hommes, tous sites Femmes, tous sites
pour la syphilis, la f réquence des
Hommes, sites Femmes, sites
co‑infections est très différente selon constants sur 3 ans constants sur 3 ans
l’orientation sexuelle : en 2011, ces
co-infections concernaient 17 % des Fig. 3 : Évolution du nombre de cas de gonococcie chez les hommes et les femmes et de sites participants,
hommes homo-bisexuels, 1,3 % des réseau RésIST, 2000–2011.
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ûû La surveillance épidémiologique des IST repose sur plusieurs réseaux Les souches restent toutes sensibles à
volontaires de cliniciens et de laboratoires. Elle permet d’apprécier
la spectinomycine (cet antibiotique est
l’évolution des tendances des IST bactériennes accessibles à un
traitement curatif : la gonococcie, l’infection urogénitale à chlamydia de nouveau commercialisé en France
et la syphilis récente. depuis 2011).
ûû Les gonococcies sont en augmentation chez les hommes comme chez Enfin, la sensibilité des souches de
les femmes. L’augmentation s’explique pour une partie, surtout chez
gonocoque aux céphalosporines de troi
la femme, par la montée en charge de la PCR. Cet accès à la biologie
sième génération (C3G) commence à
moléculaire ne doit pas pour autant conduire à laisser de côté la culture,
qui reste à réaliser avant antibiothérapie afin de suivre la sensibilité des diminuer, notamment en ce qui concerne
gonocoques aux céphalosporines. les C3G orales (type céfixime) [11]. Ainsi,
ûPOINTS FORTS
û Les infections urogénitales à chlamydia sont aussi en augmentation chez
la part des souches de sensibilité dimi
nuée au céfixime (CMI > 0,064 mg/L)
les hommes et les femmes. Cette augmentation s’explique notamment
a augmenté : 1,6 % en 2008, 5,8 %
par un accroissement des pratiques de dépistage. Au sein des structures
spécialisées (CDAG, CIDDIST, CPEF), ce dépistage apparaît correctement en 2009 et 2010, 7,2 % en 2011, même
ciblé vers les jeunes adultes à risque. si les souches de sensibilité très dimi
nuée (CMI > 0,125 mg/L) restent rares :
ûû La syphilis récente est en augmentation ces trois dernières années chez 0,7 % en 2011.
les hommes homo-bisexuels tandis qu’elle reste stable chez les femmes.
La co-infection syphilis-VIH est fréquente.
En 2010 et pour la première fois, 2 souches
ûû À travers le réseau des cliniciens, on constate une utilisation étaient résistantes à la ceftriaxone (CMI
systématique ou régulière des préservatifs très faible chez les patients > 0,125 mg/L). L’une des 2 souches était
atteints de syphilis ou de gonococcie. Pour ces deux IST, il faut rappeler associée à un échec thérapeutique du
que la fellation est un mode très efficace de contamination. céfixime chez un patient homosexuel
infecté en France [12]. En 2011, aucune
souche n’avait cependant de résistance à
la ceftriaxone au sein du réseau Rénago.
hommes hétérosexuels et 0,6 % des que la fellation est là aussi un mode très
femmes. Globalement, cette propor efficace de contamination de la gono Ces données montrent l’importance du
tion de c o‑infections tend à diminuer, coccie. En 2011, 1 % des femmes, 5 % respect des recommandations théra
passant d’environ 14 % entre 2004 des hommes hétérosexuels et 6 % des peutiques [10]. En outre, la poursuite
et 2008 à 8 % depuis 2009. hommes homo-bisexuels ont déclaré de la surveillance de la sensibilité des
utiliser régulièrement un préservatif souches de gonocoque est primordiale
À travers le réseau RésIST, on observe lors des fellations. dans les années à venir et justifie de
que les comportements sexuels des continuer de réaliser des cultures avant
patients infectés sont restés assez stables 4. La surveillance des résistances antibiothérapie, même si les TAAN-PCR
tant en ce qui concerne le nombre de aux antibiotiques vont être de plus en plus utilisés.
[
partenaires que l’utilisation du préser
vatif masculin durant les 12 derniers Le traitement de première intention
mois [9]. En 2011, 4 % des femmes, pour les gonococcies urogénitales non L es infections
10 % des hommes hétérosexuels et compliquées est la ceftriaxone (500 mg urogénitales à chlamydia :
27 % des hommes bisexuels atteints de IM en dose unique) [10]. augmentation chez
gonococcie ont déclaré utiliser systé les hommes et les femmes
matiquement un préservatif lors des À travers le réseau Rénago, on constate
pénétrations vaginales. que la résista nce des souches de 1. La surveillance des infections
gonocoque à la ciprofloxacine (fluoro à chlamydia
Comme pour les cas de syphilis, l’utili quinolone) reste très élevée, à plus de
sation systématique du préservatif lors 40 %. Cet antibiotique ne doit plus être La situation épidémiologique des
des fellations est très rare (< 2 %) alors utilisé (sauf si on a la preuve micro infections urogénitales à chlamydia en
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Nombre de laboratoires
2 580 personnes sexuellement actives 100
60
de 18 à 44 ans, avec une proposition
de dépistage à domicile (par auto 80 50
prélèvement vaginal chez la femme
40
et sur les urines chez l’homme). Elle a 60
montré une prévalence de l’infection 30
à chlamydia estimée à 1,6 % chez les 40
20
femmes et 1,4 % chez les hommes.
Cette prévalence était plus élevée 20
10
chez les personnes entre 18 et 29 ans :
3,2 % chez les femmes et 2,5 % chez 0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1
les hommes [13]. 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 201 201
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