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Épidémiologie Des Infections Sexuellement Transmissibles

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réalités en gynécologie-obstétrique # 172_Mars/Avril 2014

Revues générales
Gynécologie

Épidémiologie des infections


sexuellement transmissibles
RÉSUMÉ : Les infections sexuellement transmissibles (IST) restent un problème de santé publique en France.
Une surveillance pérenne est réalisée grâce à des réseaux volontaires de cliniciens (RésIST) et de laboratoires
(Rénago, Rénachla). Ces réseaux permettent de produire des indicateurs montrant l’évolution des principales
IST bactériennes.
Le nombre d’infections à gonocoque a augmenté pendant la période 2000–2011 chez l’homme et la femme.
La baisse de la sensibilité des souches de gonocoque aux antibiotiques de première intention (céphalosporines
à large spectre) nécessite de garder une vigilance soutenue. Le nombre d’infections urogénitales à chlamydia
continue aussi d’augmenter chez l’homme et la femme, notamment en raison d’un dépistage accru chez les
jeunes. Le nombre de cas de syphilis récente augmente ces dernières années chez les hommes homo-bisexuels,
et le niveau des co-infections VIH-syphilis reste élevé. Enfin, on constate une utilisation systématique des
préservatifs très insuffisante, notamment lors des fellations.

L es IST représentent un problème


majeur de santé publique en rai­
son de la morbidité des infec­
tions aiguës, des risques de séquelles
graves et parce qu’elles facilitent la
ment chez les homo-bisexuels mascu­
lins, et d’une recrudescence des cas de
gonococcie et de syphilis en Europe de
l’Ouest et aux États-Unis.

transmission du VIH. L’Organisation L’incidence de ces deux IST, en particu­


mondiale de la santé évalue à environ lier celle de la gonococcie du fait de sa
450 millions le nombre annuel de nou­ très courte incubation et d’une sympto­
veaux cas d’IST curables (gonococcie, matologie bruyante chez l’homme,
syphilis, i­ nfections à chlamydia et tri­ représente un indicateur très sensible
chomonase) qui se produisent dans le du relâchement des comportements et
monde [1]. un signal d’alerte précoce par rapport
au risque accru d’infection par le VIH.
Suite aux campagnes de prévention du
➞➞G. LA RUCHE
[ Laen surveillance
sida dans les années 1980 et au début
Département des maladies
infectieuses, Institut de veille
des années 1990, le nombre de nouveaux des IST
sanitaire, SAINT-MAURICE. cas de gonococcie et de syphilis récente France
avait chuté dans plusieurs pays d
­ ’Europe
de l’Ouest, y compris en France. Cette L’épidémiologie des IST a beaucoup
baisse s’expliquait par une diminution évolué en France ces deux dernières
des comportements sexuels à risque. décennies, avec une recrudescence de la
­L’a r rivée des multit hérapies anti­ gonococcie à partir de 1998 [2], la résur­
rétrovirales au milieu des années 1990 gence de la syphilis précoce à partir de
s’est accompagnée d’une résurgence des 2000 [3] et l’émergence de la lympho­
comportements sexuels à risque dans la granulomatose vénérienne (LGV) rectale
population générale, plus particulière­ à partir de 2003 [4], ces deux dernières

10
réalités en gynécologie-obstétrique # 172_Mars/Avril 2014

IST touchant essentiellement (syphi­ les réseaux de laboratoires restent jusqu’à RésIST, dont 299 cas féminins (6 %).
lis) ou quasi exclusivement (LGV) des présent cantonnés à la métropole. Après une augmentation rapide du
hommes homo-bisexuels. nombre de cas au début de la décen­
Ces réseaux, mis en place par l’Institut nie 2000 et une montée en charge du
Les données françaises de prévalence et de veille sanitaire, en collaboration avec dispositif de surveillance, le nombre
d’incidence des IST et de leurs compli­ les centres nationaux de référence (CNR) de cas rapportés de syphilis récente
cations sont limitées. Le poids de ces des gonocoques, des chlamydia et de la était relativement stable entre 2006
maladies est fréquemment sous-estimé, syphilis, permettent de produire des et 2009. Entre 2009 et 2011, ce nombre
dans la mesure où elles peuvent être indicateurs montrant l’évolution de trois a augmenté chez les hommes, essen­
asymptomatiques ou non diagnosti­ IST bactériennes accessibles à un trai­ tiellement hors Île-de-France chez les
quées et donc non traitées. tement curatif : la gonococcie, la syphi­ homo-bisexuels, tandis qu’il est resté
lis récente et l’infection urogénitale à stable chez les femmes (fig. 1).
Les autres IST bactériennes (infections chlamydia. Ce sont les tendances évolu­
à mycoplasmes), parasitaires (tricho­ tives de ces IST qui sont présentées ici. 3. Les caractéristiques

[
monase) et virales (herpès, infections des cas de syphilis
à papillomavirus), très fréquentes dans
la population générale sexuellement L a syphilis précoce : Les femmes ayant une syphilis récente
active, ne sont pas abordées dans cet augmentation sont plus jeunes que les hommes : âge
article dans la mesure où elles ne font chez les hommes médian respectivement de 30 ans contre
pas l’objet d’une surveillance épidémio­ homo‑bisexuels 37 ans en 2011. Sur la période 2000–
logique spécifique. Nous n’évoquons pas 2011, les motifs de consultation sont
non plus ici les LGV, qui ne touchent 1. La surveillance de la syphilis restés différents selon le sexe : l’exis­
qu’exceptionnellement les femmes, ni tence de signes cliniques (chez 60 %
les deux infections virales à déclara­ Les cas de syphilis récente ou précoce des hommes et 39 % des femmes), le
tion obligatoire que sont ­l’hépatite B (c’est-à-dire datant de moins d’un an), dépistage systématique (chez 20 % des
et l’infection à VIH. définis par la clinique (syphilis primaire: hommes et 42 % des femmes), plus rare­
chancre ; secondaire : lésions cutanéo­ ment un partenaire atteint d’IST (chez
Les systèmes de surveillance donnent muqueuses ; latente précoce : absence 9 % des hommes et 17 % des femmes)
des informations pérennes, permettant de signes cliniques) et par la biolo­ ou le suivi d’une infection à VIH (chez
une appréciation de l’évolution des gie (microscopie ou sérologie), sont 10 % des hommes et 2 % des femmes).
tendances. La déclaration obligatoire surveillés depuis 2000 à travers le réseau
des quatre IST classiques (syphilis, RésIST des cliniciens. Cette surveillance La co-infection de la syphilis récente
gonococcie, chancre mou et LGV) a été a débuté à la suite de la résurgence de et de l’infection à VIH concernait
abandonnée en France en 2000 en raison la syphilis précoce décrite à Paris cette 38 % des cas rapportés en 2011 : 4 %
d’un très faible taux d’exhaustivité et même année [5]. de découver tes à l’occasion de la
d’une mauvaise représentativité des cas syphilis et 34 % de sérologies VIH
déclarés, la plupart des déclarations Les patients atteints de syphilis obser­ + déjà connues (81 % de ces patients
émanant des dispensaires antivénériens vés à travers ce réseau consultent majo­ VIH + connus étaient sous traitement
et très peu des médecins libéraux. ritairement (72 % en 2011) dans les antirétroviral). La fréquence de ces
structures spécialisées que sont les co-infections est assez stable depuis
La surveillance épidémiologique des IST centres d’information, de dépistage et 2003 et très différente selon l’orientation
repose désormais sur plusieurs réseaux de diagnostic des IST (CIDDIST) et les sexuelle : en 2011, elles concernaient
volontaires de cliniciens (RésIST pour consultations de dépistage anonymes et 45 % des hommes homo-bisexuels,
la surveillance de la syphilis et de la gratuites (CDAG). Les autres patients de 22 % des hommes hétéro­s exuels et
gonococcie) et de laboratoires (Rénago ce réseau consultent en milieu hospita­ 10 % des femmes.
pour la surveillance de la gonococcie et lier (23 %) et, plus rarement, en méde­
des résistances du gonocoque aux anti­ cine de ville (5 %). Le réseau RésIST donne des informations
biotiques, Rénachla pour la surveillance sur les comportements sexuels des
des infections à chlamydia). Le réseau 2. L’augmentation des syphilis patients infectés [6]. Globalement, le
RésIST inclut depuis quelques années nombre moyen de partenaires est resté
des données des départements d’outre- Entre 2000 et 2011, 5 428 cas de syphilis assez stable sur la période 2000–2011.
mer (Martinique et Réunion) alors que récente ont été rapportés par le réseau L’utilisation systématique du préservatif

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Gynécologie

de facteur de risque (nouveau parte­


800 120 naire ou précarité, par exemple).

[
700
100
La gonococcie :
Nombre de cas de syphilis récente

600 augmentation chez


80 les hommes et les femmes
500

Nombre de sites
1. La surveillance de la gonococcie
400 60

Les infections gonococciques, définies


300
40 par la biologie (culture ou test d’ampli­
fication des acides nucléiques [TAAN-
200
PCR] positif ), sont surveillées par
20 deux réseaux volontaires. D’une part,
100
le réseau Rénago (Réseau national des
0 0 gonocoques), constitué de laboratoires
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1
201
publics et privés répartis sur toute la
200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 20
France métropolitaine, qui fonctionne
depuis 1986 et permet de surveiller la
Nombre de sites Hommes, tous sites Femmes, tous sites
résistance de Neisseria gonorrhoeae
Hommes, sites Femmes, sites aux antibiotiques par le CNR des gono­
constants sur 3 ans constants sur 3 ans coques. D’autre part, le réseau RésIST
des cliniciens, qui récolte depuis 2004
Fig. 1 : Évolution du nombre de cas de syphilis récente chez les hommes et les femmes et de sites partici- des informations sur les patients atteints
pants, réseau RésIST, 2000–2011.
de gonococcie.

masculin les 12 derniers mois lors des Il n’y a pas encore de surveillance spéci­ Ces deux réseaux donnent des informa­
pénétrations vaginales a légèrement fique, mais les enquêtes hospitalières tions complémentaires, dans la mesure
diminué ces 3 dernières années. En 2011, issues du programme de médicalisa­ où les patients du réseau Rénago consul­
3 % des femmes, 21 % des hommes hété­ tion des systèmes d’information retrou­ tent majoritairement en médecine de
rosexuels et 37 % des hommes bisexuels vent moins d’une dizaine de cas par an ville (67 % en 2011), plus rarement en
atteints de syphilis ont déclaré utiliser de 2005 à 2007 [7]. Ces cas surviennent CIDDIST/CDAG ou en milieu hospitalier
systématiquement un préservatif lors dans un contexte particulier : les mères (respectivement 19 % et 14 % en 2011),
des pénétrations vaginales. L’utilisation sont fréquemment en état de précarité alors que les patients atteints de gono­
systématique du préservatif lors des (immigrées, faible niveau économique) coccie observés dans le réseau RésIST
fellations est très rare (< 2 %) et son avec des grossesses non surveillées. consultent quasi exclusivement dans
utilisation régulière très insuffisante, les CIDDIST et CDAG (99 % en 2011).
alors que la fellation est un mode très Sur l’île de la Réunion, dans le contexte
efficace de contamination de la syphilis. d’une recrudescence de la syphilis chez 2. L’augmentation des gonococcies
Ainsi, en 2011, 4 % des femmes, 14 % l’adulte, y compris dans la population
des hommes hétéro­sexuels et 7 % des hétérosexuelle, l’émergence de 7 cas Le nombre d’infections à gonocoque
hommes homo-bisexuels ont déclaré de syphilis congénitale a été rappor­ a augmenté pendant la période 2000–
utiliser régulièrement un préservatif tée en 2008–2009 alors qu’aucun cas 2011. Le nombre moyen de souches de
lors des fellations. n’avait été répertorié sur la période gonocoques isolées par an et par labo­
2004–2007 [8]. ratoire participant au réseau Rénago
4. La syphilis congénitale a augmenté progressivement chaque
Rappelons que le dépistage de la syphi­ année, de 1,4 chez l’homme et 0,14 chez
La syphilis congénitale est devenue lis chez la femme enceinte est obliga­ la femme en 2000 à 9,6 chez l’homme et
exceptionnelle en France. Cependant, toire au 1er trimestre de grossesse, et 1,8 chez la femme en 2011 (fig. 2). Le
elle n’a pas totalement disparu et reste qu’un deuxième dépistage est recom­ nombre de cas de gonococcie rapportés
d’une extrême gravité. mandé au cours du 3e trimestre en cas par le réseau RésIST a aussi augmenté

12
réalités en gynécologie-obstétrique # 172_Mars/Avril 2014

progressivement, passant de 99 en 2004


12 250
à 735 en 2011 (fig. 3).

Nombre moyen de gonocoques isolés par laboratoire


Pour les deux réseaux, cette augmen­ 10
tation des gonococcies est observée 200
chez l’homme comme chez la femme

Nombre de laboratoires
dans les sites à participation constante 8
entre 2009 et 2011. Elle concerne à la 150
fois l’Île-de-France et les autres régions
métropolitaines. À travers le réseau 6
RésIST, on observe que cette augmen­
100
tation existe quelle que soit l’orienta­
4
tion sexuelle.

L’augmentation des gonococcies rappor­ 50


2
tées par les deux réseaux s’explique
en partie par une montée en charge
progressive de la PCR depuis 2009 0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1
lors du dépistage combiné chlamydia-­ 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 201 201
gonocoque, notamment chez la femme.
Laboratoires actifs Hommes, tous Femmes, tous
(participation laboratoires actifs laboratoires actifs
3. Les caractéristiques 12 mois par an)
des cas de gonococcie Hommes, sites Femmes, sites
constants sur 3 ans constants sur 3 ans

Les femmes sont largement minoritaires


Fig. 2 : Évolution du nombre moyen de gonocoques isolés par laboratoire actif chez les hommes et les
parmi les patients des deux réseaux : femmes, réseau Rénago, 2000–2011.
elles représentent environ 15 % des
cas dans les réseaux Rénago et RésIST. 600 70
Les femmes ayant une infection à gono­
coque sont plus jeunes que les hommes :
60
en 2011, l’âge médian était de 22 ans 500
contre 27 ans dans le réseau Rénago et
Nombre de cas de gonococcie

de 21 ans contre 27 ans dans le réseau 50


RésIST. 400

Nombre de sites
40
Au sein du réseau RésIST, la propor­
300
tion de patients hétérosexuels tend à
30
augmenter, jusqu’à dépasser actuel­
lement celle des homo-bisexuels. 200
Ainsi, la proportion d’hétérosexuels 20
masculins et féminins est passée
progressivement de 31 % en 2004 à 100
10
58 % en 2011.

La co-infection de la gonococcie et de 0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1
l’infection à VIH est moins fréquente 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 201 201
que pour la syphilis. Mais, comme Nombre de sites Hommes, tous sites Femmes, tous sites
pour la syphilis, la f réquence des
Hommes, sites Femmes, sites
­co‑infections est très différente selon constants sur 3 ans constants sur 3 ans
l’orientation sexuelle : en 2011, ces
co-infections concernaient 17 % des Fig. 3 : Évolution du nombre de cas de gonococcie chez les hommes et les femmes et de sites participants,
hommes homo-bisexuels, 1,3 % des réseau RésIST, 2000–2011.

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réalités en gynécologie-obstétrique # 172_Mars/Avril 2014

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Gynécologie

biologique que la souche est sensible)


POINTS FORTS depuis 2005, selon les recommandations
de l’Agence de sécurité du médicament.

ûû La surveillance épidémiologique des IST repose sur plusieurs réseaux Les souches restent toutes sensibles à
volontaires de cliniciens et de laboratoires. Elle permet d’apprécier
la spectinomycine (cet antibiotique est
l’évolution des tendances des IST bactériennes accessibles à un
traitement curatif : la gonococcie, l’infection urogénitale à chlamydia de nouveau commercialisé en France
et la syphilis récente. depuis 2011).

ûû Les gonococcies sont en augmentation chez les hommes comme chez Enfin, la sensibilité des souches de
les femmes. L’augmentation s’explique pour une partie, surtout chez
­gonocoque aux céphalosporines de troi­
la femme, par la montée en charge de la PCR. Cet accès à la biologie
sième génération (C3G) commence à
moléculaire ne doit pas pour autant conduire à laisser de côté la culture,
qui reste à réaliser avant antibiothérapie afin de suivre la sensibilité des diminuer, notamment en ce qui concerne
gonocoques aux céphalosporines. les C3G orales (type céfixime) [11]. Ainsi,

ûPOINTS FORTS
û Les infections urogénitales à chlamydia sont aussi en augmentation chez
la part des souches de sensibilité dimi­
nuée au céfixime (CMI > 0,064 mg/L)
les hommes et les femmes. Cette augmentation s’explique notamment
a augmenté : 1,6 % en 2008, 5,8 %
par un accroissement des pratiques de dépistage. Au sein des structures
spécialisées (CDAG, CIDDIST, CPEF), ce dépistage apparaît correctement en 2009 et 2010, 7,2 % en 2011, même
ciblé vers les jeunes adultes à risque. si les souches de sensi­bilité très dimi­
nuée (CMI > 0,125 mg/L) restent rares :
ûû La syphilis récente est en augmentation ces trois dernières années chez 0,7 % en 2011.
les hommes homo-bisexuels tandis qu’elle reste stable chez les femmes.
La co-infection syphilis-VIH est fréquente.
En 2010 et pour la première fois, 2 souches
ûû À travers le réseau des cliniciens, on constate une utilisation étaient résistantes à la ceftriaxone (CMI
systématique ou régulière des préservatifs très faible chez les patients > 0,125 mg/L). L’une des 2 souches était
atteints de syphilis ou de gonococcie. Pour ces deux IST, il faut rappeler associée à un échec thérapeutique du
que la fellation est un mode très efficace de contamination. céfixime chez un patient homosexuel
infecté en France [12]. En 2011, aucune
souche n’avait cependant de résistance à
la ceftriaxone au sein du réseau Rénago.
hommes hétérosexuels et 0,6 % des que la fellation est là aussi un mode très
femmes. Globalement, cette propor­ efficace de contamination de la gono­ Ces données montrent l’importance du
tion de c­ o‑infections tend à diminuer, coccie. En 2011, 1 % des femmes, 5 % respect des recommandations théra­
passant d’environ 14 % entre 2004 des hommes hétérosexuels et 6 % des peutiques [10]. En outre, la poursuite
et 2008 à 8 % depuis 2009. hommes homo-bisexuels ont déclaré de la surveillance de la sensibilité des
utiliser régulièrement un préservatif souches de gonocoque est primordiale
À travers le réseau RésIST, on observe lors des fellations. dans les années à venir et justifie de
que les comportements sexuels des continuer de réaliser des cultures avant
patients infectés sont restés assez stables 4. La surveillance des résistances antibiothérapie, même si les TAAN-PCR
tant en ce qui concerne le nombre de aux antibiotiques vont être de plus en plus utilisés.

[
partenaires que l’utilisation du préser­
vatif masculin durant les 12 derniers Le traitement de première intention
mois [9]. En 2011, 4 % des femmes, pour les gonococcies urogénitales non L es infections
10 % des hommes hétérosexuels et compliquées est la ceftriaxone (500 mg urogénitales à chlamydia :
27 % des hommes bisexuels atteints de IM en dose unique) [10]. augmentation chez
gonococcie ont déclaré utiliser systé­ les hommes et les femmes
matiquement un préservatif lors des À travers le réseau Rénago, on constate
pénétrations vaginales. que la résista nce des souches de 1. La surveillance des infections
­gonocoque à la ciprofloxacine (fluoro­ à chlamydia
Comme pour les cas de syphilis, l’utili­ quinolone) reste très élevée, à plus de
sation systématique du préservatif lors 40 %. Cet antibiotique ne doit plus être La situation épidémiologique des
des fellations est très rare (< 2 %) alors utilisé (sauf si on a la preuve micro­ infections urogénitales à chlamydia en

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réalités en gynécologie-obstétrique # 172_Mars/Avril 2014

France est assez semblable à celle des


autres pays occidentaux. Une enquête 160 100

Nombre moyen d’infections à chlamydia par laboratoire


nationale, NatChla, a été menée en
90
France en 2006 dans la population 140
générale. Il s’agissait d’une étude couplée 80
à l’enquête Contexte de la sexualité en 120
70
France sur un sous-échantillon de

Nombre de laboratoires
2 580 personnes sexuellement actives 100
60
de 18 à 44 ans, avec une proposition
de dépistage à domicile (par auto­ 80 50
prélèvement vaginal chez la femme
40
et sur les urines chez l’homme). Elle a 60
montré une prévalence de l’infection 30
à chlamydia estimée à 1,6 % chez les 40
20
femmes et 1,4 % chez les hommes.
Cette prévalence était plus élevée 20
10
chez les personnes entre 18 et 29 ans :
3,2 % chez les femmes et 2,5 % chez 0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1
les hommes [13]. 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 201 201

Laboratoires actifs Hommes, tous Femmes, tous


La surveillance pérenne des infections (participation laboratoires actifs laboratoires actifs
urogénitales à Chlamydia trachomatis 12 mois par an)
Hommes, sites Femmes, sites
est réalisée grâce au réseau de labo­ constants sur 3 ans constants sur 3 ans
ratoires publics et privés Rénachla
(Réseau national des chlamydias)
Fig. 4 : Évolution du nombre moyen d’infections urogénitales à chlamydia chez les hommes et les femmes,
qui fonctionne depuis 1989. Les cas réseau Rénachla, 2000–2011.
sont définis biologiquement par un
TAAN-PCR positif.
Les femmes représentent une large visée diagnostique chez des personnes
Les patients infectés par chlamydia majorité des cas. Ainsi en 2011, 70 % symptomatiques (dans 71 % des cas en
observés à travers ce réseau consultent des 10 872 diagnostics d’infection à 2011). Le taux de positivité (le nombre
majoritairement en CDAG, en CIDDIST chlamydia concernaient des femmes. de personnes infectées divisé par le
ou en centre de planification et d’édu­ Ces femmes sont plus jeunes que les nombre de tests effectués) a doublé au
cation familiale (CPEF), respectivement hommes : en 2011, l’âge médian était cours de la période 2000–2011 chez les
dans 33 %, 11 % et 12 % des cas en respectivement de 22 ans contre 25 ans. hommes et les femmes, passant de 2,7 % à
2011. Les autres patients de ce réseau 6,6 %. Ce taux de positivité élevé, notam­
consultent en médecine de ville (géné­ Cette augmentation est plus marquée ment chez les personnes qui consultent
raliste : 11 %, gynécologue : 8 %) ou à chez les sujets asymptomatiques que dans les CDAG (plus de 9 %), reflète un
l’hôpital (gynéco-obstétricien : 10 %, chez les sujets symptomatiques dans dépistage ciblé des personnes les plus à
autre médecin : 7 %). les deux sexes. La proportion de sujets risque, en particulier les jeunes, ce qui est
asymptomatiques représentait 61 % des conforme aux recommandations natio­
2. L’augmentation des infections cas diagnostiqués en 2011 contre 23 % nales de 2003 [15]. Au total, on observe
à chlamydia en 2000, témoignant d’une augmentation donc actuellement à la fois une augmen­
des pratiques de dépistage [14]. tation globale du dépistage et un ciblage
Le nombre d’infections à chlamydia de ce dépistage vers les jeunes adultes
a augmenté pendant la période 2000– Les structures qui pratiquent princi­ qui sont les plus à risque.
2011. Le nombre moyen de cas diagnos­ palement le dépistage sont les CDAG,
tiqués par an et par laboratoire parti­ les CIDDIST et les CPEF : 84 % des
cipant au réseau Rénachla a augmenté
chez l’homme comme chez la femme
patients y étaient asymptomatiques en
2011. Au contraire, les généralistes et
[[Conclusion
( fig. 4). Cette augmentation est parti­ les gynécologues privés ou publics ont Au total, le nombre d’infections à gono­
culièrement importante dans les CDAG. majoritairement recours à des tests à coque et d’infections urogénitales à

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réalités en gynécologie-obstétrique # 172_Mars/Avril 2014

Revues générales
Gynécologie

chlamydia continue d’augmenter chez 2. Goulet V, Sednaoui P, Laporte A et al. The RésIST. Données au 31 décembre 2011. IVS,
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les hommes et les femmes, en parti­
by the RENAGO network is increasing. Euro Dossiers-thematiques/­Maladies-infectieuses/
culier chez les jeunes hétérosexuels. Surveill, 2000;5:2-5. VIH-sida-IST/Infections-sexuellement‑
Les infections à chlamydia touchent 3. Couturier E, Dupin N, Janier M et al. Résur­ transmissibles‑IST/Bulletins-des-reseaux-de-
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aux céphalosporines peut poser des L’épidémiologie des infections sexuellement ant Neisseria gonorrhoeae in France: novel
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France ? Enquête à partir du PMSI (2005-2007). à Chlamydia trachomatis en France : analyse
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