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Fiche 2 Le Recrutement Du Fonctionnaire-1 - 230419 - 174522

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UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES


DÉPARTEMENT DE DROIT PUBLIC

LICENCE 3 – 2022/2023
TD DROIT DE LA FONCTION PUBLIQUE

Cours de M. Ibrahima DIOUF


Chargés de TD : MM. M. DIANGAR, F. D. FAYE, M. SANKHE ET O. SOW

FICHE 2 : LE RECRUTEMENT DU FONCTIONNAIRE

Documents
Document 1 : Conseil d’État, 27 juillet 2007, Momar Diop et autres
Document 2 : Cour suprême, 28 avril 1971, Issaga Keïta
Document 3 : Cour suprême, 23 avril 2015, Bouré Diouf et autres c. État du Sénégal
Document 4 : Cour suprême, 13 février 1980, Ardo Sow
Document 5 : Cour suprême, 12 janvier 1977, Magatte Thiam
Document 6 : Article 6 de la DDHC de 1789
Document 7 : Conseil d’État français, 10 mai 1912, Abbé Bouteyre
Document 8 : Article 20 du Statut général des fonctionnaires
Document 9 : Cour suprême, 16 septembre 2021, Mamadou Diouf et autres
Document 10 : CE, 29 juin 2000, Association Nationale des Handicapés Moteurs du Sénégal

Document 11 : TA de Rennes, 18 janvier 2007, BRUSQ

1
EXERCICES : COMMENTAIRE D’ARRÊT

GROUPES DU JEUDI

Commentez l’arrêt figurant au « Document 12 »

GROUPES DU VENDREDI

Commentez l’arrêt figurant au « Document 13 »

2
Document 1 : CE, 27 juillet 2007, Momar Diop et autres
Sur la deuxième branche du premier moyen tiré de la compétence lié de l’Etat qui a l’obligation
d’organiser le concours de recrutement de la première promotion d’ingénieurs du Génie rural
dans les conditions prévues à l’article 2 du décret n°77-1147 du 22 décembre 1977 « diplôme
de l’Ecole Nationale des Cadres Ruraux de Bambey (mention Génie rural) obtenu à l’issue de
trois années de formation après le baccalauréat ou tout autre diplôme de spécialité admis en
équivalence » ;

Considérant que l’Administration étant seule juge de ses besoins en personnel, il lui appartient
d’apprécier l’opportunité d’organiser le premier concours qui est le préalable à la sortie de la
première promotion d’ingénieurs des travaux du Génie rural nouvelle formule ;

D’où il suit qu’en retenant en l’espèce, un pouvoir discrétionnaire de l’Administration, la Cour


d’Appel a bien qualifié la compétence de l’Etat en la matière et que la deuxième branche doit
être rejeté :

Sur le deuxième moyen tiré de la violation de l’article 2 du décret n° 77-1147 du 22 décembre


1977 ;

Considérant que les demandeurs au pourvoi analysent l’article 2 du décret n° 77-1147 du 22


décembre 1977 et déduisant de cette analyse une obligation de faire à la charge de
l’Administration, obligation dont la violation est, selon eux constitué d’un excès de pouvoir ;

Mais considérant que le moyen affirmé sans aucune preuve dans le cadre d’un recours
contentieux doit être rejeté ;

Sur le troisième moyen pris de la violation du principe constitutionnel d’égalité des citoyens
devant la loi et les charges publiques ainsi que des principes généraux du droit en ce que la
Cour saisie de conclusions faisant ressortir que les requérants et leurs homologues de
l’Agriculture, de l’Elevage et des Eaux et Forêts ont été recrutés à la suite d’un même concours
ont été formés dans la même école, sont titulaires du même diplôme, que les statuts particuliers
régissant les uns et les autres contiennent des dispositions transitoires rigoureusement
identiques, que les requérants sont donc fondés à réclamer le reclassement dont ont bénéficié
leurs homologues de l’Agriculture et de l’Elevage, la Cour a rejeté la demande des requérants
en ce qu’en application des principes sus énumérés, les agents placés dans la même situation
ou pourvus des mêmes titres que ceux auxquels ils se comparent ont droit à l’égalité de
traitement ;

Considérant que la Cour d’Appel a reconnu qu’il existe un parallélisme rigoureux entre d’une
part, la situation des fonctionnaires du Génie rural régis par le décret n°77-1147 susvisé et
d’autre part, celle des fonctionnaires de l’Agriculture régis par le décret n°77 – 1146 du 22
décembre 1977, l’article 20 de chacun de ces deux textes étant notamment rédigés dans des
termes identiques ;

Mais considérant que la Cour d’Appel a bien constaté que si les conditions posées par ces textes
sont réunies pour ce qui concerne les fonctionnaires de l’Agriculture, il n’en est pas de même
pour ceux du Génie rural ;

3
Considérant que la Cour d’Appel a fort justement déduit de ce qui précède que les demandeurs au
pourvoi ne sont pas en mesure de démontrer que les conditions posées par l’article 20 du
décret susvisé sont réunies ;

Et statuant ainsi, la Cour s’est conformée au principe de constitutionnel d’égalité des citoyens
devant la loi et aux principes généraux du droit de la fonction publique soulevée pas les
demandeurs au pourvoi ;

Il s’ensuit que le moyen doit être rejeté ;

PAR CES MOTIFS

Rejette le concours en cassation formé par Momar Diop et quinze autres contre l’arrêt n° 279
du 29 mars 1985 de la Cour d’Appel de Dakar ; Ordonne la confiscation de l’amende de
consignation.

4
Document 2 : Cour suprême, 28 avril 1971, Issaga Keïta

5
Document 3 : Cour suprême, 23 avril 2015, Bouré Diouf et autres c. État du Sénégal

6
[...] Sur la légalité de la décision n°00003816 du 24 juillet 2014 du ministre d l’éducation nationale
portant annulation d’admissions au concours de recrutement d’élèves maitres, options « arabe » et «
français », session 2013 ;

Considérant que Bouré DIOUF et autres soulèvent cinq (5) griefs contre la décision du ministre :

-son incompétence et la violation de la souveraineté du jury en ce que, dans l’organisation des


concours et examens publics, celui-ci est seul compétent pour tirer les conséquences des erreurs
commises et le ministre ne peut pas annuler partiellement l’admission des 690 élèves-maitres et
retenir la validité de l’admission des autres ;

-« la violation du principe général du droit de la défense » puisque les élèves-maitres n’ont pas été
informés des griefs retenus contre eux et n’ont pas discuté les éléments du rapport les incriminant ;

-« la violation du principe de l’intangibilité des effets individuels de l’acte administratif » dans la mesure
où les 690 élèves-maitres ont été régulièrement déclarés admis et reconnus comme appartenant au
corps des fonctionnaires, que les droits acquis individuellement par chaque élève-maitre ne sauraient
être remis en cause et que même si l’admission devait être considérée comme illégale, l’autorité
administrative ne pouvait agir que dans le délai du recours pour excès de pouvoir ;

-« le défaut de motivation », l’acte attaqué ne renseignant pas sur les motifs de fait et de droit qui le
soutiennent ;

-« l’inopposabilité des faits » en ce sens que les élèves-maitres n’ont pas été mis en mesure de discuter
les griefs retenus contre eux et n’ont pas été mis en mesure de discuter les griefs retenus contre eux
et n’ont pas été pris dans des cas de fraude, la fraude étant un délit qui ne peut être retenu que par
une juridiction compétente, ce qui n’est pas le cas en l’espèce ;

Considérant que l’agent judicaire de l’Etat, qui conclut, sur le fond, au rejet du recours, explique que
suite au concours de recrutement des élèves-maitres, session 2013, et au regard du soupçon de fraude
révélé par le faible niveau d’élèves- maitres qui avaient du mal à suivre la formation, un certain nombre
de faits ont établi la matérialité de la falsification des notes de candidats, à leur demande ou à celle de
leurs parents, en complicité avec des agents du système éducatif ; que c’est ainsi qu’après enquête
d’inspection, les dispositions ont été prises par le ministre en rapport avec les directions concernées
de son ministre pour l’annulation de l’admission des 690 élèves-maitres dont les notes ont été relevées
et qui ne remplissaient pas les conditions pour être admis ; que répondant aux griefs soulevés par
Bouré DIOUF et autres, il a fait valoir :

-que le ministre, qui a agi dans l’intérêt du service de l’enseignement , a compétence pour prendre la
décision d’admission et est seul habilité à prendre la décision d’annulation des admissions prises sur
des « bases » irrégulières ; que dans l’organisation du concours de recrutement des élèves-maitres, il
n’y a pas de jury souverain responsable de tout le processus d’examen jusqu’à la délibération et que,
même dans le cas d’un jury souverain, le jury délibère souverainement dès lors qu’il ne commet ni
erreur matérielle et l’appréciation doit porter sur la valeur pédagogique des copies et des travaux des
candidats et non sur des erreurs ou des falsifications dans le report des notes ;

7
-que s’agissant de la « violation du droit à la défense », la loi 61-33 du 15 juin 1961 relative au statut
général des fonctionnaires qui consacre, en son article 48, un droit à la défense, ne leur est pas
applicable parce qu’ils n’ont pas la qualité d’agents de l’Etat ; que le principe général invoqué ne l’est
pas non plus parce qu’il n’entre en jeu que lorsqu’il s’agit d’une décision relative à une sanction alors
qu’en l’espèce, la décision attaquée ne l’est pas et n’a pas été prise parce que l’on reproche aux élèves-
maitres concernés, une fraude, laquelle relève du juge pénal, mais sur les notes qu’ils ont réellement
obtenues et qui ne leur donnent pas droit à l’admission au concours de recrutement des élèves-maitres
;

-que les élèves-maitres n’ont pas de droits acquis à faire prévaloir comme appartenant au corps de
fonctionnaires pour la bonne raison que, d’une part, ce n’est qu’après avoir réussi à l’examen de fin
de formation que l’élève-maitre est recruté en qualité de maitre stagiaire, et, d’autre part, « il ne peut
y avoir droits acquis d’une décision obtenue par fraude » ;

-qu’il n’y a pas d’obligation de motivation sans texte et que la décision querellée n’est pas une sanction
;

-que le ministre n’a pas opposé aux élèves-maitres la fraude qui est du ressort du juge pénal mais a
tiré les conséquences des résultats réels des épreuves ;

Considérant, en premier lieu, que, selon l’article 1er de l’arrêté interministériel n°004182 du 11 juin
2012 relatif à l’organisation du test de recrutement et à la formation des élèves-maitres et élèves
professeurs, signé par les ministres de l’économie et des finances et de l’éducation nationale et produit
par l’agent judicaire de l’Etat, que : « pour le préscolaire et l’élémentaire, la Direction des Examens et
Concours est chargée, en collaboration avec les structures concernées, de (…) délibérer et proclamer
les résultats définitifs (…) » ; qu’il résulte des pièces de la procédure que c’est sous la présidence du
Directeur de la formation et de la communication du Ministère de l’Education nationale, en compagnie
d’autres membres au nombre de douze (12), dont, notamment, des représentants de la direction des
examens et concours (DEXCO), la directrice des ressources humaines, d’inspecteurs de l’enseignement
élémentaire ou de l’éducation, tous formant la commission de délibération, que le procès-verbal de
délibération du 11 mars 2014 portant admission de 2545 candidats élèves-maitres, parmi lesquels les
690 élèves-maitres évincés, a été établi ;

Considérant qu’aucun texte, notamment l’arrêté interministériel précité, ne conférait, pour ce


concours-ci, au ministre de l’éducation nationale, le pouvoir d’annuler les admissions résultants des
travaux de la commission de délibération ; que cela tient de la nature de cet organe qui, agissant,
comme l’ont, par ailleurs, relevé certains de ses membres répondant aux demandes d’explications du
ministre, en qualité de jury, dispose de pouvoirs souverains et exclusifs lui permettant, seul, de prendre
les mesures idoines contre les irrégularités affectant le concours et de faire observer, en toutes
circonstances, le principe d’égalité entre les candidats corrélé à celui d’indivisibilité du concours ;

Qu’il s’ensuit que le jury, étant seul habilité à tirer les conséquences de l’erreur ou de la fraude
commise lors des délibérations du concours et de procéder aux corrections nécessaires, le ministre de
l’éducation nationale ne peut, sans excéder ses pouvoirs, annuler l’admission des 690 élèves-maitres
sur les 2545 initialement déclarés admis ;

8
Considérant, en deuxième lieu, que les principes généraux du droit sont applicables en matière
d’organisation des concours ; qu’en l’espèce, eu égard à la nature des faits, au besoin de transparence
dans le choix opéré pour évincer 690 parmi les 2545 déclarés admis par le jury et à la gravité de la
mesure prononcée, celle-ci ne pouvait, sans violation du principe général des droits de la défense, être
prise sans que les élèves-maitres incriminés aient été mis à même de se défendre ; qu’en effet, la
mesure prise constitue pour chacun d’eux une mesure individuelle négative en ce qu’elle porte
gravement atteinte à chaque situation individuelle ;

Considérant, en troisième lieu, sur le principe de l’intangibilité des droits acquis et sous réserve de ce
qui a été dit sur les pouvoirs et la souveraineté du jury, que l’agent judiciaire de l’Etat ne peut pas, sans se
contredire, affirmer, d’une part, que le ministre n’oppose pas aux élèves-maitres la fraude (page 9,
paragraphes 6 et 7, page 11, paragraphes 6 et 7 de son mémoire en défense) et soutenir, d’autre part,
pour s’opposer aux prétentions de Bouré DIOUF et autres, « qu’il ne peut y avoir droits acquis d’une
décision obtenue par fraude » (page 10, paragraphe 6 et 7 du même mémoire) ;

Considérant que l’admission déclarée des élèves-maitres incriminés et leur formation pendant cinq
mois dans des centres régionaux de formation des personnels de l’éducation (CRFPE) leur ont conféré des
droits, notamment ceux relatifs à une formation certificative d’un an, à une bourse mensuelle etle
droit de se présenter à l’examen de fin de formation pour, en cas de réussite, être recrutés en qualité de
maitres stagiaires (articles 13, 14, 16 et 17 de l’arrêté interministériel) ; que, du reste, les admissions
décriées, fussent-elles entachées d’irrégularités, ne pouvaient être remises en cause, au sens de
l’article 5 de la loi du 6 février 1970 modifiée, que dans le délai du recours pour excès de pouvoir ou,
le recours ayant été intenté, pendant la durée et dans les limites du recours ;

Considérant, en définitive, au regard de tout ce qui précède et sans qu’il y ait lieu de statuer sur les
quatrième et cinquième moyens de la requête, que la demande en annulation de Bouré DIOUF et
autres est fondée ;

PAR CES MOTIFS :

Annule la décision n° 00003816 du 24 juillet 2014 du ministre de l’Education nationale portant


annulation des admissions de 690 élèves-maitres au concours de recrutement des élèves-maitres,
option « français » et « arabe », session 2013 ;

Ordonne la restitution de l’amende consignée

Document 4 : Cour suprême, 13 février 1980, Ardo Sow

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13
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Document 5 : Cour suprême, 12 janvier 1977, Magatte Thiam

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Document 6 : Article 6 de la DDHC de 1789
« […] Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités,
places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et
de leurs talents ».
Document 7 : CE français, 10 mai 1912, Abbé Bouteyre

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Document 8 : Article 20 du Statut général des fonctionnaires
« Nul ne peut être nommé à un emploi dans un cadre de l’Administration de la République du
Sénégal :
1°)- s’il n’est de nationalité Sénégalaise ;
2°)- s’il ne jouit de ses droits civiques et s’il n’est de bonne moralité ;
3°)- s’il ne se trouve en position régulière au regard des lois relatives au recrutement de
l’Armée ;
4°)- s’il ne remplit les conditions d’aptitude physiques exigées pour l’exercice de la fonction
et s’il n’est reconnu indemne de toute affection ouvrant droit à un congé de longue durée ;
5°)- s’il n’est âgé de 18 ans au moins et de 35 ans au plus. »

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Document 9 : Cour suprême, 16 septembre 2021, Mamadou Diouf et autres

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Document 10 : CE, 29 juin 2000, Association Nationale des Handicapés Moteurs du
Sénégal

Le Conseil d’État ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

Considérant que par requête susvisée, l’Association des Handicapés Moteurs du Sénégal
demande au Conseil d’État d’annuler pour excès de pouvoir la décision n°01012 du 12 juillet
1999 par laquelle l’inspecteur d’Académie de Tambacounda a confirmé la décision du jury du
concours de recrutement des volontaires de l’éducation qui a éliminé Boubacar Fadiya au motif
qu’il souffre d’une infirmité incompatible avec la fonction d’enseignant ;

Considérant que l’association requérante dûment mandatée par Boubacar Fadiya et ayant intérêt
à agir, a consigné l’amende et signifié sa requête ;

Que son recours est recevable en la forme ;

Considérant que pour éliminer Boubacar Fadiya, candidat admissible au concours des
Volontaire de l’éducation nationale, le jury du concours, organisé en juin 1999 s’est fondé sur les
dispositions des article 9, 10, et 12 de l’arrêté n° 005558 du 15 juin 1995 du Ministre délégué
auprès du Ministre de l’Éducation Nationale, chargé de l’Éducation de base, qui confère au
jury, à l’issue de l’entretien de confirmation, le droit d’éliminer le candidat s’il décèle qu’il est
atteint d’une infirmité avérée incompatible avec la fonction d’enseignant ;

Considérant qu’au soutien de son recours, l’association requérante invoque la violation de l’égal
accès des citoyens à un emploi public, reconnu par la Constitution et les traités internationaux
relatifs aux droits humains, la violation des droits acquis et le défaut de base légale ;

Considérant que l’autorité administrative peut, sans méconnaître le principe de l’égal accès des
citoyens à un emploi public, instituer dans un souci d’intérêt général certaines restrictions à ce
principe en fixant des conditions imposant des sujétions nécessaires et acceptables au regard de
l’objectif visé par la réglementation ;

Qu’en l’espèce, l’objet de la réglementation édictée par l’arrêté n°005558 en ses articles 9, 10, 11
et 12 étant, pour finir un enseignant de qualité d’avoir des enseignants qui remplissent les
conditions d’aptitude intellectuelle et physique, de permettre au jury d’éliminer le candidat
frappé d’une infirmité avérée ou notoire, incompatible avec la fonction d’enseignant ;

Considérant que, si en application des dispositions de l’article 1 de l’arrêté n°005558 du 15 juin


1995, créant le projet des volontaires de l’Éducation nationale, il appartient au jury de déceleret
d’éliminer, au cours de l’entretien de confirmation les candidats atteints d’une infirmité
avérée incompatible avec la fonction d’enseignant, il revient, en cas de contestation, au Conseil
d’État, de vérifier si les faits tels qu’ils existent présentent toutes les caractéristiques justifiant
la décision prise.

Que l’exercice de contrôle a permis au Conseil d’État d’apprécier que le fait, pour Boubacar
Fadiya qui a souffert de poliomyélite, de boiter et d’utiliser une béquille pour faciliter ses

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déplacements, ne constitue pas une infirmité avérée incompatible avec la fonction
d’enseignement ;

Qu’ainsi c’est par une mauvaise application des dispositions susvisées que le jury l’a éliminé
des candidats du concours des volontaires de l’éducation ;

Qu’il y a lieu donc d’annuler la décision ;

PAR CES MOTIFS :

- Déclare le recours recevable en la forme ;

AU FOND

- Annule la décision n°01012 du 21 juillet 1999 de l’Inspecteur d’académie de Tambacounda


confirmant la décision du jury du concours de recrutement des volontaires qui a éliminé
Boubacar Fadiya.

Document 11 : TA de Rennes, 18 janvier 2007, BRUSQ

Sur la recevabilité :

Considérant que la requête de M. Brusq tend à l’annulation de la délibération du jury du


concours interne d’éducateur territorial des activités physiques et sportives organisé par le
centre interrégional de concours ouest du centre national de la fonction publique territorial pour
l’année 2004 proclamant les résultats dudit concours ; que cette délibération a le caractère
d’une décision faisant grief et est, par suite susceptible de recours ; que la fin de non-recevoir
opposée en défense par le Centre National de la Fonction Publique Territoriale ne peut, dès lors,
qu’être rejetée ;

Sur les conclusions à fin d’annulation, et sans qu’il soit besoin de se prononcer sur les autres
moyens de la requête ;

Considérant qu’il est constant que le jury du concours interne d’éducateur des activités
physiques et sportives, organisé par le centre interrégional de concours ouest du centre national
de la fonction publique territoriale pour l’année 2004, a décidé de dispenser les femmes
enceintes de l’épreuve physique d’admission, à l’exclusion de toute autre catégorie de
candidats, au motif que celles-ci se trouvent, du fait de leur état, dans l’incapacité physique
temporaire de subir ladite épreuve ;

Considérant que si aucune disposition législative ou réglementaire applicable à l’organisation


dudit concours ne prévoit que certains candidats soient dispensés de l’épreuve physique
d’admission, le jury pouvait, en l’absence de telles dispositions, et sans méconnaitre le
programme du concours ni les modalités de son organisation, prévoir que certains candidats
seraient dispensés de cette épreuve ; que, toutefois, dans une telle hypothèse, et dès lors qu’il
faisait usage de cette faculté d’accorder une telle dispense à certains candidats, une telle

26
dispense ne pouvait que prendre la forme d’une mesure générale bénéficiant à l’ensemble des
candidats se trouvant dans une situation identique ; qu’ainsi ; et eu égard à l’objectif de
l’épreuve physique de ce concours, qui est d’évaluer les capacités physiques des candidats, le
jury ne pouvait pas, dès lors qu’il avait choisi de dispenser les femmes enceintes en raison de
leur incapacité physique temporaire de subir ladite épreuve, refuser d’appliquer la même
dispense aux autres candidats se trouvant également dans l’incapacité physique temporaire de
subir cette épreuve, en raison notamment d’une maladie ou d’une blessure ;

Considérant qu’il résulte de ce qui précède qu’en décidant de dispenser de l’épreuve physique
d’admission les seules femmes enceintes, à l’exclusion d’autres candidats se trouvant dans
l’incapacité physique temporaire de subir cette épreuve, le jury du concours interne d’éducateur
territorial des activités physiques et sportives organisé par le centre interrégional de concours
ouest du centre national de la fonction publique territorial pour l’année 2004 a méconnu le
principe d’égalité de traitement entre les candidats au concours ; que par suite, M. Brusq, qui
était momentanément inapte physiquement par suite d’une blessure, est fondé à demander
l’annulation de la délibération du jury proclamant les résultats dudit concours ;

Décide : Art.1er : La délibération du jury de concours interne d’éducateur territorial des activités
physiques et sportives organisé par le Centre Interrégional de Concours Ouest du Centre
National de la Fonction Publique Territoriale pour l’année 2004 proclamant les résultats dudit
concours est annulée.

Document 12 : Cour suprême, 25 avril 2019, Ousmane NDONG c/ Etat du Sénégal


La Cour suprême,

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

Considérant que le 9 octobre 2018, le Président de la République a pris le décret n° 2018-1907 du


9 octobre 2018 modifiant celui n° 2011-1704 du 6 octobre 2011 portant création de l’École
nationale d’administration (ENA) et fixant ses règles d’organisation et de fonctionnement ;

Que Ousmane NDONG sollicite l’annulation du décret susvisé en articulant un moyen unique,
après avoir, au préalable, demandé la suspension de son exécution ;

Considérant que l’affaire étant en état d’être jugée au fond, la demande de suspension est devenue
sans objet ; (…)

Considérant que le requérant fait grief à l’acte attaqué d’avoir exclu du concours professionnel du
cycle A de l’ENA les agents de l’État, membres des forces militaires, des

collectivités territoriales et des agents du secteur parapublic, et d’être discriminatoire en ce qu’il


ne s’applique pas aux autres corps de l’État, alors que le guide du candidat portant organisation
du concours signé par le Premier ministre le 3 octobre 2018, ne fait aucune mention d’exclusion
de ces corps du concours professionnel et que le principe de non-discrimination est un principe
de droit, supérieur au décret ;

Considérant que l’État du Sénégal, conclut au rejet du recours ;

27
Considérant que l’administration peut, sans préjudice au principe d’égal accès aux concours de
recrutement dans la fonction publique, édicter des conditions d’admission particulières
applicables aux candidats, agents publics, soumis à des régimes statutaires spéciaux ;

Considérant qu’il ressort de l’article 48 alinéa 2 du décret attaqué que l’admission, en formation
initiale, des agents des collectivités territoriales, du secteur parapublic exerçant un emploi dont le
diplôme requis pour y accéder est reconnu et classé au moins à la hiérarchie B par le ministère
chargé de la Fonction publique, est établie sur la base d’un accord spécifique avec l’ENA,
approuvé par le conseil d’administration, après avis du conseil d’orientation pédagogique et
scientifique de l’établissement ;

Que ledit texte ne comporte aucune mesure d’exclusion à l’encontre des membres des forces
militaires, de l’administration territoriale et du secteur parapublic, candidats au concours
professionnel du cycle A, mais fixe plutôt, en ce qui les concerne, des conditions d’admission
particulières ;

Qu’il échet de le rejeter comme mal fondé ;

Document 13 : Conseil d’Etat, 10 avril 2009, n°311888


Vu la requête, enregistrée le 27 décembre 2007 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat,
présentée par M. Abdeljalel B, demeurant ... ; M. B demande au Conseil d'Etat :

1°) d'annuler la décision du 7 novembre 2007 par laquelle le chef du bureau du recrutement de la
police nationale lui a signifié un refus d'admission au concours interne d'officier de la police
nationale, ensemble la délibération par laquelle le jury a arrêté la liste des candidats déclarés admis
au même concours ;

2°) de mettre à la charge de l'Etat la somme de 3 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code
de justice administrative ; (…)

Considérant que M. B ayant produit, ainsi qu'il est prescrit par les dispositions de l'article R.412-
1 du code de justice administrative, une copie de la délibération attaquée, la fin de non-recevoir
soulevée par le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales et tirée du
défaut de production de cette délibération doit être écartée ;

Considérant qu'aux termes du deuxième alinéa de l'article 6 de la loi du 13 juillet 1983 portant
droits et obligations des fonctionnaires, dans sa rédaction résultant de l'article 11 de la loi du 16
novembre 2001 relative à la lutte contre les discriminations : Aucune distinction, directe ou
indirecte, ne peut être faite entre les fonctionnaires en raison de leurs opinions politiques,
syndicales, philosophiques ou religieuses (ou) de leur origine (...) ; que s'il n'appartient pas au juge
de l'excès de pouvoir de contrôler l'appréciation faite par un jury de la valeur des candidats, il lui
appartient en revanche de vérifier que le jury a formé cette appréciation sans méconnaître les
normes qui s'imposent à lui ;

Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que, lors de l'entretien d'évaluation qui était au
nombre des épreuves d'admission subies par M. B, le jury lui a posé plusieurs questions portant
sur son origine et sur ses pratiques confessionnelles ainsi que sur celles de son épouse ; que ces
28
questions, dont il n'est pas sérieusement contesté par l'administration qu'elles aient été posées à
l'intéressé et qui sont étrangères aux critères permettant au jury d'apprécier l'aptitude d'un
candidat, sont constitutives de l'une des distinctions directes ou indirectes prohibées par l'article 6
de la loi du 13 juillet 1983 et révèlent une méconnaissance du principe d'égal accès aux emplois
publics ; que le jury a ainsi entaché d'illégalité sa délibération du 5 octobre 2007 ; que, dès lors,
et sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de la requête, M. B est fondé à en demander
l'annulation ; (…).

29

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