Monceaux. Saint Cyprien, Évêque de Carthage, 210-258. 1914.
Monceaux. Saint Cyprien, Évêque de Carthage, 210-258. 1914.
Monceaux. Saint Cyprien, Évêque de Carthage, 210-258. 1914.
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Saint Cyprien
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LES SAINTS"
Collection publiée sous la direction de M. Henki JOLY, ch? l'Institut.
Saint Cyprien
Évêque de Carthage
(210-258
par
PAUL MONCEAUX
MEMBRE DE l'inSTITUT, PROFESSEUR A.U COLLÈGE DE FRANCE
rs>^
0. M.
DEUXIEME EDITIOItl
PARIS
LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE
J. GABALDA, Éditeur
RUE BONAPARTE, 90
I 9 1^
A Monseigneur BALDRILLART
RECTEUR DE l'iNSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS
Henri Joly.
SAINT CYPRIEN
CHAPITRE PREMIER
1.
m SAINT CYPRIEN.
Antonianus. —
Traqué de toute part, le Novatia-
nisme fut promptement réduit à l'impuissance, au
moins en Afrique; s'il y survécut quelque temps,
ce fut h l'état de secte obscure. Pour assurer sa vic-
toire, Cyprien le poursuivit jusqu'en Europe, notam-
ment dans le midi de la Gaule à la demande de
:
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m
Atlitude de Cyprien dans l'affaire du baptême des hérétiques. — >> n
rôle dans les conciles de Cartliage.
vierges.
Le lendemain, dès l'aube, sous un ciel radieux,
la foule encombrait les abords de V^ge?- Sexti. Mais
le proconsul ordonna d'amener le prisonnier à
V Atrium Saucioliim, où devait avoir lieu l'interro-
gatoire. Pendant le trajet, nous dit Pontius, l'évê-
que de Carthage « était pressé de tous côtés parles
rangs serrés d'une multitude mêlée; a son cortège
s'était jointe une armée innombrable, comme si l'on
marchait à l'assaut de la mort ». En attendant l'au-
dience du proconsul, on fit entrer le prisonnier dans
une sorte d'antichambre, où il put se reposer des
fatigues de la route. Ses vêtements étaient trempés
de sueur. Un officier qui se trouvait là, et qui avait
été chrétien, lui proposa des effets secs, avec l'ar-
rière-pensée qu'il pourrait ainsi garder pour lui les
reliques du martyr. Cyprien refusa en disant « Nous :
Le Ad Donatum . —
Sujet de Topuscule. —
Le cadre. —
Contraste
entre le fond et la forme. —
Nouveauté littéraire. —
Rapport avec
les Confessions de saint Augustin.
LIVRES APOLOGÉTIQUES. 50
56 .-AIM CYI'KIEN.
au malheur —
et au satirique juché sur sa montagne.
On peut supposer que Cyprien a empruntée quel-
que philosophe ou romancier l'idée de ce vaste pano-
rama du monde, vu du haut d'une montagne. En
tout cas, il a renouvelé cette idée par l'usage nou-
veau qu'il eiî a fait, mettant au service de la
en la
prédication chrétienne. Bossuet, au moins dans sa
jeunesse, admirait beaucoup ce tableau satirique ;
il
II
simple.
Malgré le silence de Pontius, explicable, d'ail-
leurs, si le Quod idola est antérieur à l'épiscopat, il
apologistes célèbres.
Ons'explique bien ainsi la physionomie du Quod
idola. L'ouvrage n'a ni préface, ni exorde, ni entrée
en matière, contrairement aux habitudes de Cyprien.
k quoi bon? 11 ne s'agit pas d'un travail personnel,
mais de notes, d'extraits et souvenirs de lecture.
Les phrases sont sèches, souvent inachevées c'est :
longtemps.
III
vigoureuses de Cyprien.
L'opuscule a été écrit en 252 ou 253, pendant la
grande peste de Carthage, à laquelle se rapportent
de nombreux passages. Il fut motivé par les attaques
de Demetrianus, un païen notable de la ville, ennemi
juré du christianisme. Ce Demetrianus nous est
connu seulement par le témoignage de son adver-
saire. C'était un homme riche, qui possédait de
nombreux esclaves, et à qui Cyprien attribue géné-
reusement tous les vices. Il était alors âgé. Il exer-
çait des fonctions judiciaires, et il avait joué un rôle
actif dans la persécution précédente; on suppose
qu'il avait été l'un des cinq notables adjoints aux
magistrats en vertu de l'édit de Dèce, et chargés de
présider à l'apostasie des chrétiens. Quoique la
persécution officielle eût cessé, il continuait à les
poursuivre de sa haine, saisissant toutes les occasions
de les railler ou de les rendre odieux. Il connaissait
de longue date l'évêque de Carthage, que souvent il
sous prétexte de discuter avec lui, mais
allait voir,
« Toi qui juges les autres, lui dit-il, sois donc enfin
le juge de toi-même, contemple les profondeurs de
LIVRES APOLOGÉTIQUES. 77
avoue ».
Ainsi, la satire personnelle se glisse partout dans
l'argumentation. Ce mélange d'apologie et de pam-
phlet fait en partie l'originalité de l'ouvrage, qui est
plein d'éloquence, de verve et de mordant. Même
par le fond, le discours Ad Demetrianum a une
certaine importance dans l'histoire de la littérature
chrétienne. Non que l'idée en fut entièrement neuve.
Bien des fois déjà, les chrétiens avaient été rendus
responsables des malheurs du temps; et TertuUien,
en passant, avait répondu à cette accusation. Mais
Cyprien est le premier, semble-t-il, qui ait discuté
systématiquement la thèse et l'ait réfutée en détail.
Lactance, qui le cite, l'a mis à contribution dans les
Institutions dii^ines et dans la Mort des persécuteurs
Saint Augustin a repris la question, et l'a traitée à
fond; mais le pamphlet contre Demetrianus n'en est
pas moins une première esquisse de la Cité de Dieu.
IV
forte raison, dans le Quod idola dii non sint^ qui est
une indigeste compilation. Au contraire, les deux
recueils de textes sacrés nous initient pleinement à
la pensée de Cyprien. On y trouve un système com-
plet d'apologie : i° fausseté du paganisme, et néces-
mais ils sont très contents d'eux, et, par cela même
qu'ils sont contents d'eux, ils déplaisent à Dieu. Il
K(
y a un seul Dieu, un seul Christ, une seule
Il
prière. —
Dans ce traité, Cyprien s'est constam-
ment inspiré du De oratione de TertuUien. Il lui a
emprunté l'idée générale, beaucoup de détails, et
même bien des expressions. Mais il a modifié assez
habilement les proportions des développements.
TertuUien parlait plutôt de la prière en général;
le commentaire du Pater était chez lui assez som-
maire, et n'occupait guère plus d'un quart de l'ou-
vrage; le reste était rempli par des recommanda-
tions minutieuses, des discussions ou des polémiques,
sur les conditions matérielles de la prière. Au con
TRAITES DE DISCIPLINE. 123
LA CORRESPONDANCE
d'évêque.
Le recueil, dans les meilleures éditions modernes,
comprend 8i lettres, de dimensions et de prove-
nance assez diverses. Elles sont rangées aujourd'hui,
à peu de chose près, dans Tordre chronologique.
Mais il s'en faut que la correspondance se présente
ainsi dans les manuscrits. D'abord, aucun d'eux ne
la contient tout entière ; puis, ils difïerent prescpie
136 SAINT CYPRIEN.
sa correspondance.
Ce n'étaient pas seulement des pièces isolées, c'é-
tait souvent un groupe de pièces relatives à une
LA CORRESPUNDA.\CE. 143
au respect de la discipline.
A plus forte raison a-t-il une pleine conscience
des devoirs et des droits de l'évêque. S'il flétrit sans
hésitation ses collègues coupables, il maintient
contre tous la dignité et l'autorité de l'épiscopat :
tous ont les mêmes droits, car tous sont les succes-
seurs des apôtres, qui étaient égaux entre eux. Tous
1Ô8 -AiM LiPHlEN.
-alion ecclésiastique.
Il a vécu, agi, lutté par la
au milieu de circonstances très
j)arole et le livre,
critiques et rien, dans ses professions de foi, ses
;
suprématie romaine.
CHAPITRE V
L'écrivaiu. —
Caractères communs à toutes ses œuvres. —
Impor-
tance des cilaiions bibliques. —Ce que Cyprien doit à Tertullien.
— Méthode de composition. — Langue et style.
en qu'un
lui guide dans l'interprétation des livres
saints. Par suite, ce qu'il cherche dans les œuvres de
son maître, c'est encore la parole de Dieu. Plus que
personne, il a été l'homme d'un seul livre. Gomme
elle a été durant tout son épiscopat l'aliment unique
de sa pensée, la Bible lui a fourni toute la matière de
ses ouvrages.
Quant imposée par la lo-
à la forme, elle lui était
gique même des choses. Uniquement occupé d'ins-
truire ou de convaincre, et toujours en invoquant
des textes de l'Écriture, il ne pouvait être qu'orateur.
Tous ses traités sont des discours; ses lettres sont
des mandements, des sermons, des plaidoyers ou des
réquisitoires; même ses recueils de témoignages bi-
bliques, par la disposition des thèses, sont encore
des squelettes de sermons. L'emploi de forme la
II
vres.
Cette admiration suspecte des hérétiques ne lui
L'ECRIVAIN.
donc aujourd'hui, je ne —
dirai pas dans notre ville,
Pages
Chapitre I*'. — La vie de saint Cyprien : Thomme,
l'évêque, le martyr.
I. — Sources de la biographie de saint Cyprien. — 1
Son éducation. —
Le rhéteur de Carthage. Con- —
version. —
Le prêtre. —
Élection à l'épiscopat
IL —Cyprien évêque. —
Son attitude pendant la
persécution de Dèce. —
Son activité dans l'inter-
valle des deux persécutions. —
Sa politique dans
l'affaire des lapsi. —
Lutte contre les schismati-
ques. — Charité de Cyprien au temps de la peste. 12
—
De Dominicaorationc. La résignation chrétienne :
Pages.
II. — Intérêt historique de la correspondance. —
Idées de Cypi'ien sur la discipline et la hiérarchie
ecclésiastique. —
Comment Cyprien a compris son
rôle d'évéque. —
Place qu'il tient dans l'histoire
de l'ÉgHse 151
Chapitre V. — L'écrivain. —
La légende de saint
Cyprien et son influence littéraire.
I. —L'écrivain. —
Caractères communs à toute^s ses
œuvres. —
Importance des citations bibliques. —
Ce que Cyprien doit à Tertullien. —
Méthode de
composition. —
Langue et style IGT
Vd^Ol!
1
&
nONCEfiUXi PPUL»
SRINT CVPRIEIMi EVEQUE
5910.