12 Evaluation Dispo Accessibilite Fibres Veg Usages Materiaux
12 Evaluation Dispo Accessibilite Fibres Veg Usages Materiaux
12 Evaluation Dispo Accessibilite Fibres Veg Usages Materiaux
Evaluation
de la disponibilité et de l’accessibilité
de fibres végétales à usages matériaux en France
Assessment of natural fibres availability and
accessibility for material uses in France
Mars 2011
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier l’ensemble des acteurs ayant participé aux différentes réunions du
comité de pilotage de l’étude :
ADEME Hilaire BEWA Ingénieur Bioressources
AFT PLASTURGIE Gérard MOUGIN Directeur général
CELC Joris BAETS Animateur du pôle usages techniques
CRAY VALLEY Henri STRUB Directeur Scientifique
DGCIS Michel ARIBART Chargé de Mission Développement Industriel
ECO-TECHNILIN Karim BEHLOULI Directeur général
FRD Pierre BONO Directeur général
MAAP/DGPAAT Karine BRULE Chef de bureau de la biomasse et de l'énergie
MAAP/DGPAAT Jean-Roch LANGLADE Chargé de mission - Bureau des grandes cultures
MEEDDM Jean-Michel GROSSELIN Chargé de Mission pour les Filières Vertes
Chargée de Mission Biomasse Énergie,
MEEDDM Nadia BOUKHETAIA
Biocarburants et Bioplastiques
SCHNEIDER ELECTRIC Brigitte OHL Expert matériaux composites
SOLVAY Alain REMY Responsable technique
Les auteurs tiennent également à remercier l’ensemble des entreprises et des personnes ayant
contribuées à la réalisation de cette étude et tout particulièrement le pôle de compétitivité
Industries et Agro-Ressources et le pôle de compétitivité Fibres Grand’Est.
L'ADEME en bref :
L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) est un établissement public sous la tutelle
conjointe du ministère de l'Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, et du ministère de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Elle participe à la mise en œuvre des politiques publiques dans les
domaines de l'environnement, de l'énergie et du développement durable. L'agence met ses capacités d'expertise
et de conseil à disposition des entreprises, des collectivités locales, des pouvoirs publics et du grand public et les
aide à financer des projets dans cinq domaines (la gestion des déchets, la préservation des sols, l'efficacité
énergétique et les énergies renouvelables, la qualité de l'air et la lutte contre le bruit) et à progresser dans leurs
démarches de développement durable.
www.ademe.fr
.
FRD en bref :
Fibres Recherche Développement® est un centre de R&D privé dont l’objectif est de valoriser les fibres végétales
dans les matériaux. Positionné au cœur du pôle de compétitivité à vocation mondiale « Industries et Agro-
er
Ressources », ce centre de R&D créé en 2008 est le 1 acteur français à fédérer les producteurs de fibres
®
végétales. FRD maîtrise l’intégralité des procédés d’obtention des fibres végétales, de la plante au matériau.
Son champ de compétences est large : formulation de matériaux incorporant des fibres végétales, procédés
d’extraction des fibres végétales et de production de produits semi-finis, caractérisation des fibres végétales et
système de management de la qualité des fibres végétales et disponibilité de la ressource. Il s’agit d’une structure
de référence pour le secteur des matériaux biosourcés fibres végétales qui favorise l’émergence et le
développement de nouvelles valorisations.
www.f-r-d.fr
Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses
ayants droit ou ayants cause est illicite selon le Code de la propriété intellectuelle (art. L 122-4) et constitue une
contrefaçon réprimée par le Code pénal. Seules sont autorisées (art. 122-5) les copies ou reproductions
strictement réservées à l’usage privé de copiste et non destinées à une utilisation collective, ainsi que les
analyses et courtes citations justifiées par la caractère critique, pédagogique ou d’information de l’œuvre à
laquelle elles sont incorporées, sous réserve, toutefois, du respect des dispositions des articles L 122-10 à L 122-
12 du même Code, relatives à la reproduction par reprographie.
Glossaire
Sigles
ABV : Algemeen Belgische Vlasverbond
ACV : Analyse du Cycle de Vie
ADEME : Agence De l'Environnement et de la Maitrise de l'Energie
AGPL : Association Générale des Producteurs de Lin
CAVAC : Coopérative Agricole Vendéenne d'Approvisionnement en Céréales
CELC : Confédération Européenne du Lin et du Chanvre
CETIOM : Centre Technique Interprofessionnel des Oléagineux Métropolitains
CCPSC : Coopérative Centrale des Producteurs de Semences de Chanvre
CGB : Confédération Générale des Planteurs de Betteraves
CIPALIN : Comité Interprofessionnel de la Production Agricole du Lin
DGCIS Direction Générale de la Compétitivité, de l'Industrie et des Services
EIHA : Association européenne du chanvre industriel
EUROSTAT : Bureau de statistiques de l'Union européenne
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture
FESTAL : Fédération Syndicale du Teillage Agricole du Lin
FNPC Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre
FRD : Fibres Recherche Développement
GNIS : Groupement national interprofessionnel des semences et plants
IFN : Inventaire Forestier National
INRA : Institut National de la Recherche Agronomique
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
INTERCHANVRE : Interprofession du Chanvre
ITC : Institut Technique du Chanvre
ITL : Institut Technique du Lin
LCDA : La Chanvrière De l’Aube
MAAP : Ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche
MEEDDM : Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de la Mer
OTEX : Orientation technico-économique des exploitations
RGA : Recensement Général Agricole
SAA : Statistique Agricole Annuelle
SESSI : Service des études et statistiques industrielles
SSP : Service de la statistique et de la prospective
USRTL : Union Syndicale des Rouisseurs Teilleurs de Lin
UTC : Union de Transformateurs de Chanvre
Unités
HA/ha : Hectare(s)
KT/kt : Kilotonne(s) soit 1 000 tonnes
Mtep : Mégatonne(s) équivalent pétrole soit 1 000 000 tep
T/t : Tonne(s)
Sommaire
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE L’ETUDE
1.1 Contexte ..................................................................................................................................... 9
1.2 Objectifs de l’étude ..................................................................................................................... 9
1.3 Cadre de l’étude ....................................................................................................................... 10
1.4 Méthodologie ............................................................................................................................ 10
CHAPITRE 2 : LES FIBRES VEGETALES
2.1 Qu’est-ce qu’une fibre végétale ? ............................................................................................. 11
2.1.1 Définition .............................................................................................................................................. 11
2.1.2 Origines des fibres végétales.......................................................................................................... 11
2.1.3 Processus d’extraction : de la paille à la fibre ............................................................................. 12
2.1.4 Propriétés usuelles des fibres végétales ...................................................................................... 13
2.2 Sémantique des fibres végétales ............................................................................................. 14
2.3 Les usages actuels des fibres végétales .................................................................................. 16
CHAPITRE 3 : LA DISPONIBILITE EN FIBRES VEGETALES
3.1 Disponibilité en fibres végétales au niveau mondial................................................................. 18
3.2 Disponibilité en fibres végétales européennes ......................................................................... 19
3.3 Disponibilité en fibres végétales françaises (1ère transformation) ............................................ 19
3.3.1 Fibres végétales retenues ............................................................................................................... 20
3.3.2 Les surfaces disponibles et leur dynamique ............................................................................... 25
3.3.3 Les volumes disponibles et leur dynamique ................................................................................ 28
3.3.4 Les principaux acteurs de la 1ère transformation ........................................................................ 31
3.3.5 Organisation des filières de production ........................................................................................ 33
3.4 Disponibilité en préformes végétales (2ème transformation) ..................................................... 35
3.5 Conclusion ................................................................................................................................ 36
CHAPITRE 4 : PROSPECTIVE ET IMPACTS DE L'UTILISATION DES FIBRES VEGETALES EN
MATERIAUX
4.1 Pourquoi utiliser des fibres végétales ? .................................................................................... 38
4.2 Etat des utilisations en matériaux ............................................................................................. 38
4.3 Les stratégies actuelles d’approvisionnement des industriels des matériaux .......................... 39
4.4 Scénarios théoriques de développement à 25 ans .................................................................. 40
4.5 Les leviers mobilisables au niveau de la production de fibres végétales pour faire face à ces
enjeux futurs ............................................................................................................................. 42
4.6 Alimentaire / Non alimentaire : niveau d’enjeu pour les plantes à fibres.................................. 50
SYNTHESE GENERALE & RECOMMANDATIONS ........................................................................... 54
ANNEXES ............................................................................................................................................. 55
LEXIQUE ............................................................................................................................................... 77
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................. 79
Résumé
Afin de poursuivre et renforcer la dynamique engagée par l’ensemble des acteurs de cette filière,
il apparaît aujourd’hui nécessaire de pouvoir rendre visible la ressource disponible auprès
des industriels des matériaux afin de clarifier la réalité des capacités de production et
d’approvisionnement en fibres végétales et préformes.
C’est dans ce cadre que l’ADEME et FRD ont décidé d’engager en mai 2010 un étude commune
sur la disponibilité et l’accessibilité de fibres végétales à usages matériaux en France.
Dans un premier temps, cette étude présente les fibres végétales aussi bien d’un point de vue
scientifique qu’industriel. Face à l’hétérogénéité de l’offre proposée en fibres végétales, le constat
d’une terminologie de filière non définie et inadaptée est dressé. Une nouvelle sémantique
adéquate et compréhensible de tous est donc proposée dans cette étude.
Dans une seconde étape, cette étude dresse le constat du gisement de fibres végétales
produites en France pour des usages matériaux : volumes, zones de production, acteurs,
organisation des filières, approvisionnement, etc.
Il apparait que ce gisement de 96 000 hectares, en moyenne, est principalement implanté dans
les régions du nord de la France. La présence d’un bon tissu industriel de 1ère transformation
dans ces régions permet d’obtenir des fibres végétales de qualité, pouvant approvisionner
sans soucis majeurs en volume les industriels de la 2ème transformation.
Cette réflexion a été poursuivie pour mettre en avant les besoins futurs en fibres végétales et
les leviers mobilisables pour atteindre les niveaux de production correspondants. Ces
travaux ont intégré les risques de concurrence avec les usages alimentaires des surfaces
agricoles.
Enfin, des recommandations ont été formulées pour permettre une meilleure structuration des
filières d’approvisionnement afin d’accompagner les besoins futurs des marchés.
Abstract
The use of natural resources for materials emerges in a favorable context. That
strong environmental, economic, societal and social stakes. In the last few years, the ADEME
(French Environment and Energy Management Agency) has shown that the future
development natural fiber-based might be significant materials real, in particular through the
Ernst & Young study (2005) [1] or Alcimed study (2007) [2].
To continue and strengthen the dynamics started by all the actors of this branch, it appears
necessary today to be able to make the reachable resources visible to the industrialists of
materials, to clarify the reality of the production and supply capacity of vegetable fibers
and preforms.
In this context, ADEME and FRD decided to collectively start in March, 2010 a 10 months study
on the reachable vegetable fibers deposit for materials use in France.
At first, this study presents the vegetable fibers from a scientific and industrial point of view. The
variety of the offer in vegetable fibers allows to see that the terminology of branch is defined and
unsuitable. An adequate and understandable semantic is proposed in this study.
Then, this study allowed to characterize the deposit of vegetable fibers produced in France
for materials use: volumes, production areas, actors, organization of the sectors, supply, etc.)
This 96 000 hectares deposit is mainly implanted in the North of France. The presence of a good
decortications industries in these regions allows to obtain fibers of quality, which could be
furnished carefree major to the industrialists of the 2nd processing.
This thinking showed the future needs in vegetable fibers and the mobilizable levels to
reach the corresponding levels of production.
These works were made by watching the direct and indirect impacts connected to the use of
these fibers in materials use.
Finally, recommendations concerning the sector of vegetable fibers were proposed to organize
and to develop more.
1 Présentation de l’étude
1.1 Contexte
Depuis le début du 21ème siècle, la société cherche à limiter le réchauffement climatique et ses effets
en essayant de trouver de nouvelles solutions de production et de consommation plus respectueuses
de l’environnement. Les ressources végétales sont une solution plausible et intéressante car elles
répondent à deux impératifs : étant renouvelables elles limitent l’utilisation de ressources d’origines
fossiles et étant des puits de carbone elles permettent de stocker le dioxyde de carbone.
A l’heure actuelle, en France et dans le monde, de plus en plus de recherches sont réalisées autour
de ces ressources végétales et du développement de matériaux utilisant partiellement ou totalement
des ressources agricoles.
L’utilisation de matières premières végétales pour les matériaux s’inscrit donc dans un contexte
favorable et pourrait permettre de répondre à des enjeux forts :
• Au niveau économique
• Au niveau environnemental
• Au niveau social
• Au niveau sociétal
L’ADEME a d’ailleurs démontré ces dernières années la réalité du potentiel de développement des
fibres végétales en matériaux. Elle a mis en avant l’ensemble des facteurs clés de succès nécessaires
à la concrétisation de ces développements et leurs freins associés.
Plus particulièrement, l’étude Ernst & Young (2005) [1] a démontré le manque de lisibilité de l’offre en
fibres végétales et produits intermédiaires, le peu de connaissance et de communication sur les fibres
et les préjugés des utilisateurs potentiels. Selon cette étude, le développement des usages de ces
fibres est conditionné par la confiance des industriels des matériaux en la capacité
d’approvisionnement des filières d’amont et ce, de manière fiable quantitativement et qualitativement.
Actuellement l’offre de fibres végétales n’est pas lisible du fait de l’atomisation des acteurs, de la
méconnaissance de l’organisation des filières agricoles et de l’hétérogénéité des qualités des
matières regroupées derrière le terme générique de « fibres végétales ». De plus, la variabilité
interannuellea apparente des surfaces et des prix des matières inquiète les industriels des matériaux
sur l’accessibilité des volumes qui leurs sont annoncés.
Enfin, il a été constaté que le débat de fond sur les concurrences entre usages alimentaires et non
alimentaires est un dernier élément d’incertitude fort pour les industriels des matériaux.
L’ensemble de ces éléments souligne donc la nécessité d’offrir aux industriels des matériaux
une vision des ressources végétales accessibles de manière régulière et prévisible, afin de
créer les conditions d’utilisation des fibres végétales « à grande échelle ».
1.4 Méthodologie
Un comité de pilotage a orienté les travaux en fixant les objectifs à atteindre et en donnant les moyens
d’y parvenir. Il était composé d’une dizaine d’experts allant de l’amont à l’aval de la filière des fibres
végétales.
Une phase de collecte de données statistiques disponibles et de recherche bibliographique a permis
de recueillir des données sur l’ensemble des fibres retenues : de la production à la commercialisation
en passant par la transformation, le réseau économique, etc. L’ensemble des données statistiques
présentées et utilisées sont issues de 3 secteurs différents : soit d’organismes agricoles, soit
d’organismes économiques ou de structures industrielles. L’ensemble des sources de données sont
répertoriées ci-après :
Données issues des systèmes statistiques officiels :
− FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture
− EUROSTAT : Bureau de statistiques de l'Union européenne
− INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
− SESSI : Service des Etudes et des Statistiques Industrielles
− AGRESTE : SAA (Statistique Agricole Annuelle) – RGA (Recensement Général Agricole)
− IFN : Inventaire Forestier National
Données issues des structures à caractère interprofessionnel :
− INTERCHANVRE : Interprofession du chanvre
− CIPALIN : Comité Interprofessionnel de la Production Agricole du Lin
− ABV : Algemeen Belgische Vlasverbond
− CELC : Confédération Européenne du Lin et du Chanvre
− EIHA : European Industrial Hemp Association
Données collectées par enquête directe auprès des acteurs industriels
Des entretiens d’experts ont permis d’acquérir des connaissances spécifiques concernant chaque
filière.
Enfin, les études de cas-types ont permis de démontrer la capacité des filières à se structurer et à
approvisionner des marchés spécifiques.
2.1.1 Définition
Une fibre végétale est une expansion cellulaire morte qui est principalement composée de celluloseb,
d’hémicellulosesc, de lignined et de pectinese. Elle est soit isolée soit regroupée avec d’autres en un
faisceau. [6]
Il est primordial de ne pas confondre fibre unitaire (ou fibre élémentaire) et faisceau de fibres. Une
fibre unitaire correspond à une cellule élémentaire fibreuse, qui, regroupée avec d’autres, forme un
faisceau de fibres ; le lien interstitiel entre les fibres unitaires étant composé principalement de
pectines et d’hémicelluloses (cf. figure 1). Ce sont généralement ces faisceaux de fibres qui sont
communément appelés « fibres végétales ». [7]
Une fibre végétale est caractérisée par sa finesse et sa forme allongée par rapport à son diamètre. La
plupart des fibres végétales mesurent entre 10 et 150 mm de long pour un diamètre de 10 à 50 µm,
soit un rapport longueur sur diamètre compris entre 10 et 100. [9, 10]
Nota : Les fibres de bois ne possèdent pas la même morphologie ni la même composition chimique :
elles sont plus courtes (< 5 mm) et contiennent beaucoup plus de lignine (jusqu’à 35%). [11]
Figure 2 – Classification des fibres végétales en fonction de leurs origines [5, 12]
Les fibres végétales européennes sont issues, pour l’essentiel, de la tige des plantes (le terme
« paille » désignant communément une à plusieurs tiges entières). Cette tige est composée de 4 -
zones concentriques (cf. figure 3), de l’extérieur vers l’intérieur :
l’écorce extérieure.
le liber : dans lequel se trouvent les faisceaux de fibres.
le xylem : moelle interne formée par des cellules riches en lignines.
le lumen : âme creuse.
Xylem (moelle)
Liber
Faisceau de fibres
Cuticule, épiderme et
cortex
Le type de plante, l’origine des fibres et les conditions de croissance sont autant de facteurs jouant sur
la variabilité des performances des fibres végétales. Afin de pouvoir utiliser les fibres végétales au
niveau industriel, il est nécessaire de les extraire de la plante via un processus d’extraction (nommé
défibrage par abus de langage) qui dépend de la localisation de fibres dans la plante et de l’objectif
visé. [13]
En France, dans le cas industriel du lin et du chanvre, tout débute au moment de la récolte de la
plante où plusieurs solutions sont possibles. Le mode opératoire est lié à la morphologie de la paille, à
la récolte (ou non) des graines pour les valoriser, au matériel d’extraction des fibres et à l’utilisation
finale des produits.
Lorsque la plante est mature, elle est donc fauchée ou arrachée puis déposée sur le champ ou
stockée immédiatement. Selon le procédé utilisé, la paille est laissée plus ou moins longtemps sur le
sol :
Dans le cas du lin, la paille reste plusieurs semaines au soleil, à la pluie et au vent, afin de
favoriser le développement de microorganismes. Ces micro-organismes s’alimentent des
matières pectiques qui sont responsables de la cohésion des fibres au sein des faisceaux. Par
cette action, la cohésion devient plus faible et les fibres seront plus facilement extraites et
affinées. Cette étape importante est appelée le rouissage. Il peut être plus ou moins complet et
permettre de préparer la matière aux opérations suivantes.
Dans le cas du chanvre, la paille reste de quelques jours à quelques semaines au champ pour
être séchée ce qui permet d’initier le processus de rouissage.
Dans le cas du miscanthus, elle est récoltée puis stockée rapidement.
Différentes méthodes de rouissage existent : rouissage à terre, rouissage à l’eau, rouissage chimique
ou enzymatique. Cette étape, quasiment incontournable pour le lin destiné à l’industrie textile, est
assez modérée pour le chanvre afin de préserver les qualités de la moelle pour le marché des litières
animales : le développement des micro-organismes est signe d’une moindre qualité pour ce marché.
Une fois sèche (~15% d’humidité) la paille est mise en balles. Après stockage, les balles sont
amenées sur le site d’extraction des fibres. Ce principe permet de maintenir un flux constant de
matière tout au long de l’année. La paille subit ensuite une première série d’opérations mécaniques
permettant d’obtenir différentes fractions végétales en fin de processus. Ces opérations constituent le
processus de 1ère transformation (cf. figure 4).
Paille Fibres 1
Décortication
Décortication Séparation
Séparation Affinage Fibres 2
Granulats
Poudres
Pour obtenir différentes fractions végétales à partir de paille, le processus d’extraction dit
« classique » ou « générique » est composé de 3 étapes bien distinctes :
La décortication consiste, par une opération mécanique exercée sur la tige entière, à
désolidariser la matière ligneuse (ou moelle) de la fibre libérienne.
L’affinage se focalise sur les faisceaux afin de réduire le nombre de fibres unitaires par faisceau
jusqu’à éventuellement l’obtention de fibres élémentaires.
En ce qui concerne les procédés d’extraction mécanique actuellement utilisés par la filière fibres
végétales, il apparait clairement que certains paramètres exercent une influence prépondérante sur la
qualité des fibres et/ou sur l’efficacité des procédés. Ainsi, il semble nécessaire de se focaliser en
particulier sur le rouissage, sur l’humidité et sur les paramètres de sollicitations mécaniques [13].
Les étapes suivantes de mise en forme des fibres végétales (la filaturef, le tissageg, le tressageh, le
tricotagei, la fabrication de non-tissésj,) constituent le processus de 2ème et 3ème transformation.
D’autres traitements spécifiques peuvent également être réalisés : soit d’un point de vue « textile »
(ennoblissementk, enductionl, pré-imprégnationm, complexagen, adhérisationo, teinturep, impressionq,
apprêtsr, etc.), soit d’un point de vue « matériaux » (ignifugation, thermocompression, injection,
extrusion, pultrusion, etc.)
Hormis le fait qu’elles soient renouvelables et neutres en CO2, les fibres végétales présentent de
nombreux intérêts.
Propriétés mécaniques
Les propriétés mécaniques des fibres végétales sont induites par les caractéristiques intrinsèques de
ces fibres (composition chimique : cellulose, hémicelluloses, lignine et pectines ; structure de la fibre :
sections, porosité, angle microfibrillaire, facteur de forme, rapport longueur/diamètre, etc.), par des
caractéristiques anthropiques (type de défibrage, itinéraire technique, etc.) ou par des caractéristiques
indépendantes et variables (taux d’humidité, localisation des fibres dans la tige, défauts naturels,
conditions de croissance, etc.).
Globalement, même s’il existe des variations inter-espèces, le module d’Young des fibres végétales
est similaire à celui des fibres de verre et les propriétés spécifiques rapportées à la densité sont
meilleures que celles du verre. [5, 15]
thermiqueu (R) est importante car elle traduit les performances d’isolation d’un matériau. Il a été
constaté des niveaux de résistance thermique très intéressants pour les matériaux isolants à base de
fibres végétales [21].
Densité
La densité des fibres végétales est de 1,5 g/cm3, soit près de 2 fois moins que le verre. Cette propriété
en fait une matière de choix dans l’industrie des transports. [24]
Résistance thermique
La dégradation thermique est induite par une augmentation de la température qui va modifier la
composition chimique des fibres végétales et qui va affecter leurs performances. Les facteurs de
variations de cette dégradation sont la température et la durée d’exposition [25]. La faible stabilité
thermique (< 200°C) des fibres végétales est une ca ractéristique intrinsèque importante à prendre en
compte pour leur utilisation [26].
Propriétés organoleptiques
Aucune étude ne traite des propriétés organoleptiques des seules fibres végétales. Néanmoins, il est
connu que la dégradation thermique des fibres végétales libère des composés à faible poids
moléculaire qui sont responsables d’odeurs empyreumesv. [27]
L’analyse des composés organiques volatils (COV) est délicate et combine plusieurs méthodes : une
méthode analytique couplée à un nez électronique ou à un panel de nez humains.
LIN
CHANVRE
MISCANTHUS
BOIS
Les termes employés sont cohérents au sein de chacune des filières, néanmoins il est évident que
ces terminologies sont inadaptées à une sémantique générale des fibres végétales. Pour seul
exemple, une fibre longue de lin textile a une longueur de l’ordre du décimètre alors qu’une fibre
longue de bois est de l’ordre du millimètre.
Au regard de l’ensemble de ces éléments, il semble essentiel d’établir une nouvelle sémantique
des fibres végétales commune à l’ensemble des filières.
Cependant, pour être cohérente et adoptée de tous, cette sémantique doit respecter 3 critères
majeurs :
1. Avoir du sens vis-à-vis des industriels des matériaux.
2. Etre compréhensible par l’ensemble des acteurs et des publics visés.
3. Etre illustrable par des données statistiques disponibles.
C’est en fonction de tous ces éléments que la proposition suivante (cf. figure 6) d’une nouvelle
sémantique des fibres végétales commune à l’ensemble des filières a été réalisée. Les fibres
végétales peuvent être divisées en 3 sous-classes différentes selon leur granulométrie : les fibres
décimétriques, les fibres centimétriques et les fibres millimétriques et/ou inférieures. Les autres
matières peuvent être divisées en 3 sous-classes différentes : les granulats, les farines et les poudres.
Figure 6 – Proposition d’une nouvelle sémantique des fibres végétales [source FRD]
Farines : Les farines correspondent à des broyats de granulats végétaux ou de fibres végétales
qui sont homogènes et de faible granulométrie (µm).
Poudres : Les poudres est l’ensemble des résidus issus de la 1ère transformation des pailles qui
correspondent aux liants végétaux qui assurent la cohésion (pectines) et aux particules de fibre et
de chènevotte issues du défibrage.
Charge : Toute substance végétale qui, ajoutée à un polymère de base, permet de modifier
de manière sensible les propriétés mécaniques, électriques ou thermiques, d’améliorer
l’aspect de surface ou bien, simplement, de réduire le prix de revient du matériau transformé
[28].
Isolation : Un isolant est un matériau ou une combinaison de matériau qui retarde ou qui
empêche les échanges d’énergie (thermique, acoustique, électrique, etc.) entre deux
systèmes. Concernant l’isolation thermique plus précisément, il retarde le taux de transfert de
chaleur par conduction, convection et radiation. Un isolant limite les transferts d’énergie que
ce soit vers l’extérieur ou l’intérieur d’une structure grâce à sa résistance thermique élevée
[16].
Dans chaque secteur industriel il existe des produits qui valorisent un ou plusieurs types de fibres
végétales. Il est intéressant de noter que les fibres végétales disponibles en France permettent de
couvrir l’ensemble des besoins industriels actuels et futurs (cf. figure 7).
Fibres [dm]
renfort
Fibres [cm]
Fibres [mm]
Granulats
charge
[mm-cm]
Farines
[ µm-mm]
Figure 7 - Synthèse des usages actuels et envisageables en fonction des fibres végétales disponibles
[source FRD]
Thermo-Chanvre©
Ecotechnilin©
fibres [mm] à [dm] et les thermoplastiques chargés de fibres végétales qui
utilisent de la farine végétale. Il n’est pas exclu qu’à moyen et long terme des
granulats puissent être utilisés.
moyen et long terme des farines et des granulats puissent être utilisés.
3 500
3 000 3 183
2 500
2 000
1 500
1 000
1 010
791
500
Figure 8 - Production mondiale de fibres végétales hors coton et bois 2001-2008 [29, 30]
La moitié du gisement mondial (hors coton et bois) est issue de la culture du jute – et de ses fibres
apparentées et analogues. L’industrie du jute emploie directement et indirectement 11 millions de
personnes à travers le monde. [31]
Les fibres les plus représentées ensuite sont le coco et le lin avec respectivement 16 et 13 % de la
production mondiale [31]. Il existe également de nombreuses espèces végétales dont il est possible
d’extraire des fibres soit des tiges (chanvre, ramie, kenaf, bambou, ortie, miscanthus, etc.), soit des
feuilles (sisal, abaca, agave, etc.) ou soit des graines (kapok, etc.).
UE CHINE
26 KT de Chanvre 101 KT de Kenaf
187 KT de Lin 48 KT de Sisal
BANGLADESH
908 KT de Jute
VIETNAM
17 KT de Kenaf
MEXIQUE KENYA
18 KT de Henequen 24 KT de Sisal
PHILIPPINES
68 KT d’ Abaca
EQUATEUR
12 KT d’Abaca TANZANIE
BRESIL 28 KT de Sisal
126 KT de Sisal THAILANDE
17 KT de Kenaf 40 KT de Coco
INDE
1 520 KT de Jute
389 KT de Coco
158 KT de Kenaf
SRI LANKA
73 KT de Coco
Figure 9 – Répartition de la production mondiale de fibres végétales hors coton et bois 2001-2008 [29, 30]
Le bassin asiatique est la zone de production la plus importante avec plus de 2,5 millions de tonnes
de fibres végétales. Le jute, dont l’Inde est le principal producteur, est la fibre végétale qui dispose du
plus grand gisement dans cette zone avec plus de 1,5 millions de tonnes.
L’Europe est le second bassin de production par ordre d’importance avec 214 000 tonnes de fibres
végétales produites annuellement. La principale plante à fibres implantée est le lin textile puis le
chanvre industriel.
Deux autres bassins de production de fibres végétales sont également présents au niveau mondial et
produisent principalement du sisal : l’Amérique du Sud avec 175 000 tonnes et l’Afrique de l’Est avec
50 000 tonnes.
80 %
En observant la production européenne de fibres végétales de ces dernières années (cf. figure 10), la
France apparait comme le principal producteur avec 169 000 tonnes de fibres végétales ce qui
représente plus de 80% de la production européenne totale (qui est de l’ordre de 208 000 tonnes).
Ensuite viennent la Belgique avec 25 000 tonnes et les Pays-Bas avec 7 500 tonnes.
Gisement de fibres végétales = Volume de fibres produites sur un territoire donné et à un prix déterminé
Afin de caractériser le gisement français de fibres végétales, il est nécessaire d’étudier chaque
élément le composant. Du côté de la production de paille, les volumes sont conditionnés par les
surfaces implantées et par les rendements annuels réalisés. Ces deux paramètres sont eux-mêmes
sous l’influence de facteurs multiples : prix proposés, conditions pédoclimatiques, savoir-faire des
producteurs, perspectives de valorisations, etc.
Les capacités de transformation dépendent quant à elles des acteurs eux-mêmes et de leurs outils et
processus de transformation, des rendements de défibrage et d’affinage, de la qualité de la paille
disponible, etc.
Enfin, il est important de constater que les composantes du gisement de fibres végétales sont toutes
conditionnées par les niveaux de prix.
lin fibre
lin oléagineux
sorgho miscanthus
canne de tournesol
switchgrass Degré de
paille de colza connaissance et de
recherche
Figure 12 – Degré de maturité de l’utilisation des fibres végétales en matériaux en France [source FRD]
En France, 3 groupes de plantes à fibres se distinguent d’un point de vue connaissance et utilisation :
• les fibres disponibles : elles sont produites en grande quantité avec la présence d’outils
industriels de production et un potentiel de valorisations matériaux qui est avéré (de nombreuses
utilisations matériaux existent) : bois, chanvre, lin.
• les fibres en devenir : le potentiel est intéressant, les implantations et les utilisations matériaux
commencent à se développer (exemple : lin oléagineux, miscanthus).
• les fibres potentielles : les tonnages sont importants mais non récoltés jusqu’alors, le potentiel
est non connu mais semble intéressant, la R&D est en cours (exemple : switchgrass, sorgho,
paille de colza, ortie, etc.).
Dans cette étude, deux groupes de plantes à fibres, d’origine agricole, ont été retenus : les
plantes à fibres matures déjà cultivées en France pour leurs fibres (chanvre, lin fibre) et les
plantes à fibres en devenir dont le potentiel de production et d’utilisation des fibres semblent
intéressants (lin oléagineux, miscanthus).
Paille
Déchets / Pertes : 2-5 %
29-32 % 55 % 10-15 %
Sémantique de la filière Fibres de chanvre Chènevotte Poudre
Paille
25 % 65 % 10 %
Sémantique de la filière Étoupes Anas Poussières
Le lin oléagineux est cultivé principalement pour ces graines qui sont valorisées en huilerie industrielle
et en alimentation animale et humaine en raison de leur forte teneur en Omega 3. Historiquement, la
paille de lin oléagineux était soit détruite soit utilisée comme paillage horticole. Néanmoins, de
nouvelles valorisations de ces pailles à travers leur production de fibres émergent et sont en devenir
(cf. figure18).
Sémantique Sémantique
Papeterie Bâtiment Horticulture Litières Énergie Fertilisation
de l’étude de la filière
Fibres [cm-mm] Étoupes X X Majeure
Granulats Anas X X
En devenir
Poudres Poussières X
Paille Paille entière X
Figure 18 – Valorisations actuelles et en devenir des fractions de lin oléagineux [source FRD]
Paille
Sémantique de l’étude Fibres [cm] Fibres [mm] Farine < Fibres [mm]
Figure 19 - Fractions végétales obtenues après récolte et/ou transformation du miscanthus [29]
Le miscanthus est une plante à biomasse élevée qui a été implantée en France avec des perspectives
de valorisation énergétique. Néanmoins son potentiel d’utilisation à des fins matériaux semble
intéressant mais reste à confirmer (cf. figure 20).
Sémantique Sémantique
Papeterie Bâtiment Automobile Horticulture Litières Énergie
de l’étude de la filière
Majeure
Fibres [cm] Broyats/Chips X X X X
Fibres [mm] Particules X
En devenir
< Fibres [mm] Pulpes X
Farine Farine X
Surfaces actuelles :
La France est le 1er pays européen producteur de plantes à fibres en termes de surfaces implantées
avec 84% des surfaces européennes (cf. figure 21).
Actuellement, une implantation de 96 000 hectares de plantes à fibres est recensée en France en
moyenne chaque année (2001-2008). Du point de vue de la répartition géographique actuelle des
zones de production de plantes à fibres, elles sont majoritairement implantées dans le nord de la
France :
La culture du lin fibre compte près de 6 000 producteurs répartis dans les régions au climat tempéré à
influence maritime du nord de la France et plus particulièrement en Normandie. La trentaine d’unités
de transformation du lin fibre est située dans ces zones de production. Ce sont pour moitié des
coopératives agricoles de teillage et pour l’autre moitié des teilleurs privés. Les deux entreprises de
teillage les plus importantes – en termes d’hectares – sont la coopérative agricole Terre de Lin et la
holding Depestele avec respectivement environ 8 000 hectares implantées en moyenne.
La culture du chanvre compte près de 1 000 producteurs répartis dans 5 grands bassins de
production organisés en fonction du positionnement géographique des principales unités de 1ère
transformation : La Chanvrière de l’Aube (LCDA) dans l'Aube avec 3 260 ha (2010), Agrofibre en
Haute-Garonne avec 1 337 ha (2010), la Coopérative Agricole Vendéenne d'Approvisionnement et de
Vente de Céréales et Autres Produits Agricoles (CAVAC Biomatériaux) en Vendée avec 449 ha
(2010), Agrochanvre dans la Manche avec 260 ha (2010) et Eurochanvre en Haute-Saône avec 387
ha (2010).
Le lin oléagineux a quant à lui été introduit au cours de la seconde partie du 20ème siècle et s’est
surtout développé dans l’ouest de la France. Ce développement est dû à la forte présence de
polyculteurs-éleveurs dans cette zone et à la présence d’un important triturateur qui souhaite un
approvisionnement local pour des raisons de qualité et de traçabilité.
Concernant la culture du miscanthus, les deux acteurs ayant largement contribué au développement
de cette culture sont l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) et la société NovaBiom.
La création de France Miscanthus en 2009 a permis de valoriser cette culture dans les usines de
déshydratation. Cela explique que les surfaces de production sont de plus en plus localisées autour
de ces mêmes unités de déshydratation (dans le nord de la France en particulier).
Lin fibre
Chanvre
Figure 23 – Évolution historique des implantations françaises implantées en chanvre et lin [54]
Puis, les progrès techniques et technologiques arrivants (métier à tisser, machine à vapeur,
développement des techniques de récolte et de transformation du coton, etc.), la demande en fibres
végétales a sérieusement chuté, entrainant par la même occasion un déclin important des surfaces
implantées (cf. figure 23). Il faut ajouter à cela une augmentation conséquente des importations de
chanvre et de lin sur la fin du 19ème siècle en provenance de Russie et d’autres producteurs
européens (Toscane, Sardaigne, Sicile, Allemagne, Autriche, Belgique, Angleterre, etc.). En 1892, la
première prime agricole fut réfléchie et votée afin de stopper ce fort déclin des surfaces. Malgré la
mise en place de cette subvention, aucune répercussion sur les surfaces implantées n’a eu lieu.
Figure 24 – Évolution historique des surfaces françaises implantées en chanvre et en lin [54, 55]
Au 19ème siècle, les plantes à fibres sont cultivées sur l’ensemble du territoire français (cf. figure 24).
A cette époque le lin est surtout produit dans les régions côtières du nord de la France, de Normandie
et de Bretagne. Le chanvre est quant à lui produit de manière quasi-uniforme dans l’ensemble des
régions. Le sud-ouest est une zone importante de production avec un emblavement comptant à la fois
du chanvre et du lin.
Au début des années 1900, les plantes à fibres connaissent leurs plus faibles implantations, en
termes de surfaces, de ces 2 derniers siècles (cf. figure 23). Concernant la répartition géographique,
les zones de production du lin restent inchangées alors que celles du chanvre se répartissent entre
l’ouest et le centre de la France.
La « photographie » des surfaces de 1950 montre un recentrage des surfaces vers le nord de la
France. Avec l’adoption du rouissage à terre, le lin est essentiellement produit sur le littoral nord
français. Le chanvre est cultivé quasiment exclusivement dans le nord ouest de la France.
Au cours des 20 dernières années, la culture du lin fibre s’est encore plus concentrée en Normandie
et dans les régions voisines. Le chanvre s’est quant à lui « déconcentré » principalement dans l’est de
la France au départ puis dans l’ouest et dans le sud.
80000
MOY. LIN
60000
58 000 Ha
40000
20000
MOY.
CHANVRE
7 700 Ha
0
LIN
CHANVRE
Cette implantation équivaut à 65% de moins qu’en 1860 où plus de 200 000 hectares de plantes à
fibres était alors implantées (cf. figure 23). Concernant leur répartition géographique étendue de
l’époque, un recentrage territorial important a eu lieu au cours des 150 dernières années.
En incluant l’ensemble des plantes à fibres retenues dans le cadre de cette étude, la France totalise
donc une surface actuelle d’environ 96 000 hectares chaque année (2001-2008). Cependant, il est
nécessaire de repositionner cette production parmi l’ensemble des productions agricoles françaises
afin de voir la part qu’elle représente.
Céréales Céréales
49,5% 51,1%
Fourrages
Jachères
annuels
8,1%
8,5%
Protéagineux Protéagineux
2,9% Oléagineux 1,8%
10,5% Oléagineux
7,5%
EN FRANCE EN EUROPE
Figure 26 - Répartition de l'utilisation des surfaces arables en France et en Europe [55, 56]
La surface totale des cultures dédiées aux fibres végétales n’occupe que 0,3% de la SAU française et
0,05% de la SAU européenne (cf. figure 26). Les plantes à fibres représentent donc des surfaces
marginales en comparaison avec les autres productions agricoles.
Rendements de paille :
Un premier constat peut être dressé concernant les rendements annuels de paille et leur variabilité,
obtenus pour chaque plante à fibres. En moyenne sur 19 ans, le rendement paille pour les plantes à
fibres (lin textile et chanvre) est proche de 7 t/ha. Une variabilité interannuelle de l’ordre de 13% (soit
± 0,8 t/ha par an) et une tendancew annuelle de +4% sur cette période donnée sont observées.
Les travaux des créateurs variétaux et des instituts techniques ont permis d’augmenter le rendement
paille de 20 à 30% au cours des 20 dernières années.
T/ha
10 MOYENNE
CHANVRE
7,0 t/ha
8 MOYENNE
LIN TEXTILE
6,9 t/ha
6
Chanvre
2
Lin fibre
0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008
Figure 27 - Variation annuelle des rendements paille (lin fibre et chanvre) [55]
Nota : Les rendements paille présentés ci-dessus (cf. figure 27) ne prennent en compte que les deux
plantes à fibres majoritairement produites en France (lin fibre de printemps et chanvre). A titre
indicatif : les rendements paille de lin oléagineux sont compris entre 1,5 et 2 tonnes/ha [42], les
rendements paille de lin fibre d’hiver sont de l’ordre de 10 tonnes/ha [57] et les rendements paille de
miscanthus sont compris entre 10 et 15 t/ha [29, 47].
Volumes de paille :
Dans un second temps, l’observation des volumes de paille de plantes à fibres annuellement récoltés
est intéressante. La France totalise sur 19 ans en moyenne 430 000 tonnes/an de paille de plantes à
fibres (cf. figure 28).
Lin fibre
Chanvre
Nota : Les rendements paille présentés ci-dessus (cf. figure 28) ne prennent en compte que les deux
plantes à fibres majoritairement produites en France (lin fibre et chanvre).
Les volumes totaux de paille pour le lin fibre et le chanvre sont respectivement de 380 000 et de
50 000 tonnes (en moyenne sur la période 1990-2008). Des variabilités interannuelles de l’ordre de
20% pour le lin fibre (soit ± 60 000 tonnes/an) et de l’ordre de 22% pour le chanvre (soit ± 10 000
tonnes/an) sont constatées.
A plus court terme, sur la période 2001-2008, la France totalise un volume de 619 000 tonnes par an
de paille de plantes à fibres (incluant le lin fibre, le chanvre, le lin oléagineux et le miscanthus).
Les volumes de fibres végétales présentés dans cette étude sont basés sur des données statistiques
(surfaces, rendements paille, volumes récoltés, volumes transformés, etc.) et des hypothèses de
calcul (rendement fibre, rendement granulat, etc.). Ces hypothèses de calcul sont présentées ci-après
(cf. figure 29).
Paille Fibres [dm] Fibres [dm-cm] Granulats Poudres
29-32% 55% 10-15%
Chanvre 7 t/ha -
2,0 à 2,2 t/ha 3,9 t/ha 0,7 à 1,0 t/ha
15-25% 10-15% 45-50% 10%
Lin fibre 6,9 t/ha
1,0 à 1,7 t/ha 0,7 à 1,0 t/ha 3,1 à 3,5 t/ha 0,7 t/ha
25% 65% 10%
Lin oléagineux 2 t/ha -
0,5 t/ha 1,3 t/ha 0,2 t/ha
Miscanthus 10 t/ha - - 100% -
Après décortication des 619 000 tonnes de paille, 93 000 tonnes de fibres [dm], 76 000 tonnes de
fibres [dm-cm], 330 000 tonnes de granulats et 60 000 tonnes de poudres sont obtenus. La part
restante correspond aux graines (cas du lin fibre), aux déchets, aux paillettes et aux pertes.
Les données statistiques obtenues ont été traitées selon la sémantique proposée dans cette étude :
Tonnes
350 000
300 000
250 000
Chanvre
200 000
Miscanthus
150 000 Lin oléagineux
50 000
0
Fibres [dm] Fibres [cm-mm] Granulats Poudres
Figure 30 - Volumes par type de fibres et par type de plantes [source FRD]
Avec une production annuelle de fibres végétales avoisinant les 200 000 tonnes, cette filière est loin
d’être insignifiante en comparaison avec la production française de fibres de verre (près de 250 000
tonnes/an). Le lin fibre étant la plante à fibres la plus implantée en France et en Europe, les volumes
de fibres de lin obtenus sont bien plus importants que les volumes de fibres de chanvre.
L’ensemble des plantes à fibres permet de fournir des granulats végétaux, ce qui implique des
volumes importants. Le gisement de granulats végétaux – post-décorticage – pèse 330 000 tonnes et
provient à 77% du défibrage du lin fibre. La production annuelle de 60 000 tonnes de poudres est
historiquement utilisée comme fertilisant ou comme litière animale. Depuis quelques années, de
nouvelles valorisations sont envisagées : les poudres végétales sont utilisées comme combustibles
sur le marché de l’énergie.
Tonnes
300 000
250 000
200 000
150 000
CHANVRE
50 000
0
FIBRES [dm] FIBRES [dm-cm] FIBRES DE VERRE FIBRES DE CARBONE
D’après la répartition spatiale des volumes de fibres végétales produits sur le territoire français, il
apparait que la production se situe nettement dans les régions du nord de la France (cf. figure 32).
Certes, la part importante du lin dans la production de fibres végétales influe sur ce constat,
néanmoins en observant les autres plantes à fibres une à une, il apparait que le nord de la France est
bien une zone de production privilégiée. Les raisons de cette localisation sont multiples : l’histoire, les
accès maritimes, le climat, la productivité, les utilisateurs, les producteurs, les valorisations, etc.
Paille de plante
à fibres
Graines
Déchets
Pertes
1ère transformation
Fibre [dm] Fibre [dm-cm] Granulat Poudre
Décortication
Séparation
Fibre [dm] Fibre [dm-cm] Fibre [cm]
Fibre [mm] Farine
peignée de peignage retravaillée
Affinage
ère
Figure 33 – Schéma synthétique de la 1 transformation [source FRD]
Les fibres [dm] peuvent être affinées pour obtenir des fibres [dm] peignées et des fibres [dm-cm] de
peignage avec un ratio de 60 à 70 % de fibres [dm] peignées [60]. Ensuite, les fibres [cm-mm]
peuvent soit être affinées pour obtenir des fibres [cm] retravaillées, des fibres [mm] et des granulats,
soit être broyées pour obtenir de la farine. Les granulats obtenus lors du décorticage peuvent
également être broyés pour obtenir de la farine.
Figure 34 – Principaux acteurs de la 1ère transformation des fibres végétales [source FRD]
La filière lin est très implantée en Normandie en termes de surfaces, mais également en termes
d’acteurs de la 1ère transformation des fibres. Sur l’ensemble de la France, ces unités sont à 50 % des
coopératives agricoles de teillage et à 50% des teilleurs privés. En moyenne, le chiffre d’affaires de
ces structures est de 7 millions d’euros. Les 5 principales entreprises françaises représentent 40 % de
l’ensemble des surfaces implantées en moyenne.
La filière chanvre dispose de 5 bassins principaux de production regroupés autour des principales
unités de 1ère transformation. En moyenne, le chiffre d’affaires de ces structures est de 3 millions
d’euros. Les 5 principales entreprises françaises représentent 85 % de l’ensemble des surfaces
implantées en moyenne.
La « filière miscanthus » regroupe 2 types de producteurs : les usines de déshydratation de luzerne
qui souhaitent substituer l’énergie fossile qu’elles utilisent et les agriculteurs (indépendants ou
regroupés au sein d’une même structure) qui souhaitent diversifier leurs activités. Le chiffre d’affaires
moyen de ces structures est de l’ordre de 15 millions d’euros car il s’agit essentiellement d’usines de
déshydration où le miscanthus représente une part marginale. Les 5 principales structures françaises
qui produisent du miscanthus représentent près de 50% de l’ensemble des surfaces implantées en
2010.
FIBRES [cm]
12,6%
GRANULATS
15,2%
Chiffre d’Affaires
~ 200 M€
FIBRES [dm]
72% POUDRES
POUSSSIERE
0,2%
Interprofession
Fonction :
Orientation / Promotion
Institut technique
Filières organisées
CELC
La filière lin fibre :
Les producteurs de lin fibre sont représentés par l’Association
Générale des Producteurs de Lin (AGPL) qui est en lien direct avec le CIPALIN
La filière chanvre :
Les producteurs de chanvre sont représentés au sein de la Fédération
Nationale des Producteurs de Chanvre (FNPC), centralisant ainsi les
syndicats régionaux de producteurs. Le Centre Technique
Interprofessionnel des Oléagineux Métropolitains (CETIOM), crée en
1957, est l'organisme national chargé de coordonner et de piloter le
développement agronomique de la filière chanvre française. Il constitue
un pôle de liaison et d'échange technique entre les différents acteurs
de la filière. L’interprofession du Chanvre (INTERCHANVRE) gère
quant à elle la politique de la filière et a un rôle de représentation
auprès de l’Etat. L’Union des Transformateurs de Chanvre (UTC)
regroupe les principaux transformateurs de chanvre afin qu’ils
puissent exprimer leurs besoins et leurs attentes. Figure 38 - Schéma de synthèse de
l'organisation de la filière chanvre
[source FRD]
D’un point de vue technique, le CETIOM est l'organisme technique de recherche et de développement
au service des productions oléagineuses françaises. Les principales productions concernées sont : le
colza, le tournesol, le soja et le lin. Concernant cette culture, le CETIOM travaille en collaboration
avec l’ITL.
La filière miscanthus :
La production importante de biomasse du miscanthus a fortement contribué à son implantation en
Europe dans les années 1980 dans le cadre des recherches sur les bioénergies [62]. Ce sont l’INRA
et la société NovaBiom (anciennement Bical) qui ont initié ce mouvement.
Il n’est pas encore possible de parler de filière nationale cependant il existe de nombreuses filières
locales de production et de valorisation. En 2009, un premier pas a été franchi avec la création de
France Miscanthus sous l’impulsion de la CGB (Confédération Générale des Planteurs de
Betteraves). L’objectif de cette association est d’accompagner la filière miscanthus à se structurer et à
se développer : en assurant la promotion du miscanthus, en fédérant les acteurs de la filière tout en
défendant leurs intérêts, en favorisant les échanges d’informations sur le miscanthus et ses
débouchés et en promouvant des méthodes de production respectueuses de l’environnement [47].
Concernant l’implantation globale des unités de 2ème transformation, elle est plus élargie et moins
concentrée dans les zones de productions du Nord de la France que pour les unités de 1ère
transformation (cf. figure 43).
Cette répartition géographique élargie est due à un critère déterminant : l’importance des fibres
végétales dans l’activité de l’entreprise. En effet, généralement plus l’entreprise est spécialisée dans
la production de produits à base de fibres végétales et plus elle en consomme, plus cette entreprise
va être implantée à proximité du bassin de production de la matière première.
Concernant la mise en forme des fibres végétales, plusieurs processus technologiques peuvent être
recensés : la filature, le tissage (textile ou technique) et les traitements spécifiques. La filature permet
de mélanger des fibres de propriétés différentes et/ou complémentaires dans le but de fabriquer un fil
hybride. Le tissage est une technique d’entrecroisement de fils aboutissant à la fabrication d’un tissu
pouvant être textile ou technique.
Les tissus (ou textiles) techniques peuvent se définir comme tout produit ou matériau textile dont les
performances techniques et les propriétés fonctionnelles prévalent sur les caractéristiques esthétiques
ou décoratives [14, 63]. Les textiles techniques se caractérisent et sont conçus pour et en fonction des
usages finaux.
Les textiles 3D sont composés de fibres discontinues ou de fils continus disposées spatialement pour
réaliser des volumes dont les parois épaisses sont structurées en 3 dimensions. Différentes
technologies 3D ont été développées afin d’obtenir la forme finale attendue : le tissage, le tressage, le
tricotage, la fabrication de non-tissés. [14, 63]
Des traitements spécifiques ont également été développés comme l’ennoblissement, l’enduction, la
pré-imprégnation, le complexage, l’adhérisation, la teinture, l’impression, les apprêts, etc. [14, 63]
2 ème transformation
Non tissé
Ruban continu
Mise en forme
Roving
Fil
3ème transformation
3.5 Conclusion
La filière fibres végétales est une filière agro-industrielle qui est composée, d’amont en aval, de quatre
segments distincts :
La production de plantes à fibres qui fournit de la paille.
La 1ère transformation plus communément appelé « défibrage » ou « teillage » qui comprend 3
étapes : la décortication, la séparation et l’affinage.
La 2ème et la 3ème transformation, qui s’occupe de la mise en forme des produits issus du
processus d’extraction des fibres et propose des produits semi-finis et finis.
L’ensemble des utilisateurs de ces produits finis et semi-finis à base de fibres végétales.
La filière française des fibres végétales est composée de filières agricoles organisées (lin fibre et
chanvre) et de filières agricoles en cours d’organisation (lin oléagineux et miscanthus).
La France, 1er producteur européen de fibres végétales, cultive chaque année 96 000 hectares de
plantes à fibres en moyenne sur la période 2001-2008, soit plus de 600 000 tonnes de paille par an.
Cette production est principalement obtenue avec les cultures de lin fibre et de chanvre dont le bassin
de production se situe dans le nord de la France.
Après 1ère transformation des fibres végétales, 4 grands types de fractions sont obtenues :
Les fibres décimétriques : 93 000 tonnes/an en moyenne
Les fibres décimétriques/centimétriques : 76 000 tonnes/an en moyenne
Les granulats : 330 000 tonnes/an en moyenne
Les poudres : 60 000 tonnes/an en moyenne
Les fibres végétales obtenues après extraction peuvent être affinées et de nouvelles fractions
végétales sont alors obtenues :
Paille de plante
à fibres
619 000 T Graines
Déchets
Pertes
1ère transformation Fibre [dm] Fibre [dm-cm] Granulat Poudre
93 000 T 76 000 T 364 000 T 60 000 T
Décortication
+34 000 T
Séparation
Fibre [dm] Fibre [dm-cm] Fibre [cm]
Fibre [mm] Farine
peignée de peignage retravaillée
Affinage NC NC
65 000 T 28 000 T 42 000 T
2ème transformation
Non tissé
Ruban continu 5 000 T
Mise en forme
Fil Roving
5 000 T
3ème transformation
Figure 42 – Schéma synthétique de la filière des fibres végétales (2001-2008) [source : FRD]
Sacs postaux,
Selleries, Toiles
Laines d’isolation à voile
Decking, Siding
Thermocompression (automobile)
Géotextiles
Injection (automobile)
Emballages et Bétons et mortiers
conditionnements
Sports et loisirs
Figure 43 – Cycle de vie des débouchés des fibres végétales et des granulats végétaux [source : FRD]
Le cycle de vie d’un produit à base fibres végétales comporte 4 phases principales :
Emergence : phase acquise dès la présence de 1 à 2 produit(s) et/ou acteur(s).
Croissance : phase où l’offre est supérieure à la demande.
Maturité : phase où la demande s’accroit (voire la demande est égale à l’offre).
Déclin : phase où la demande décroit fortement et de manière continue.
Les futurs débouchés des fibres végétales se situent, pour l’essentiel, dans la phase de croissance et
d’émergence de leur cycle de vie (cf. figure 46).
Les secteurs du bâtiment (isolation, construction, etc.) et des transports (automobile) sont les secteurs
les plus dynamiques actuellement. D’autres marchés émergents (sports et loisirs, etc.) peuvent, à plus
long terme, offrir de nouveaux débouchés et de nouveaux usages aux fibres végétales.
2 Compounds pour usage automobile AFT PLASTURGIE Actionnaires 9 ans 0,5 % (F)
ou bâtiment
5 Fibres végétales pour l'étanchéité SOPREMA Co-développement 3 ans < 0,01 % (F)
bâtiment
6 Fibres de lin pour usage textile SAFILIN Contractualisation et 232 ans 5 % (F)
stockage
L’ensemble des cas-types sont disponibles en annexe sous forme de fiche de synthèse (cf.
Annexe 2 : Fiches de présentation simplifiée des entreprises retenues pour les cas-types).
L’ensemble des entreprises interviewées utilise près de 7 % de la production française de fibres
végétales et plus de 15 % de la production française des granulats végétaux. Ces entreprises n’ont
jusqu’alors connu aucun problème concernant leur approvisionnement en fibres végétales. En plus
des relations de confiance existantes avec leur(s) fournisseur(s), ces structures ont mis en place des
moyens pour sécuriser leur approvisionnement. Quatre techniques opérationnelles bien
distinctes peuvent être appliquées :
La contractualisation : Les acteurs s’engagent sur des volumes, des prix et des qualités bien
déterminés.
Exemple : « L’entreprise a connaissance plusieurs mois à l’avance des quantités récoltées, du
niveau des stocks (les producteurs de fibres végétales réalisant le stockage) et de la capacité de
transformation de ses fournisseurs, ce qui permet de gérer sereinement l’approvisionnement » V.
DE SUTTER
Intermédiaires
chimiques
250
Croissance des filières en % (S3 2030 vs. 2005)
Biopolymères
200
1
150
100
3
Composites
Biolubrifiants
50
Agro-matériaux
2
4 Biocarburants
50 100 150 200 250 1 000 2 000 6 000 10 000 Volumes S3 2030
(Ktonnes)
ALCIMED
Figure 45 – Évolutions prévisibles des marchés des bioproduits à 25 ans en France [2]
Le niveau actuel des utilisations de fibres végétales pour des usages matériaux, qui est inférieur aux
prévisions 2015 évoquée dans l’étude Ademe/Alcimed, peut être assimilé à la situation 2005 au vu
des niveaux de surface évoqués. Par conséquent, les prévisions à l’horizon 2015 et à l’horizon 2030
peuvent être substituées par deux nouveaux pas de temps : un horizon à 10 ans et un horizon à 25
ans.
Le tableau ci-dessous (cf. figure 49) présente les besoins de l’industrie des matériaux en fibres
végétales à l’horizon 10 ans et à l’horizon 25 ans. Ces besoins sont exprimés en kilotonnes (KT) et
une correspondance en surface de plantes à fibres (en hectares) a été réalisée.
Nota : Le choix de regrouper les résultats de l’étude ADEME/ALCIMED en 3 grands secteurs a été réalisé :
ISOLATION (correspondant à la terminologie « laines » de l’étude ADEME/ALCIMED), BETON (correspondant à
la terminologie « construction ») et COMPOSITES THERMOPLASTIQUES-THERMODURS (correspondant aux
terminologies « bâtiment », « emballage/manutention », « automobile/transport » et « nouveaux marchés »).
Figure 47 - Besoins totaux en fibres végétales pour des utilisations matériaux [29, 60]
En comparaison avec les consommations de fibres constatées en 2005, il s’agirait d’un véritable essor
de l’utilisation des fibres végétales. Cela impliquerait à moyen et long terme une modification durable
et importante des surfaces implantées.
Ha
350 000
Niveau des besoins
250 000
A 15 ans
205 000 ha
0,7 % SAU* 200 000
A 10 ans
157 000 ha
0,6 % SAU* 150 000 Evolution
historique
En 2010
96 000 ha 100 000 Prospective
0,3 % SAU* Ademe/Alcimed
50 000
0
* SAU moyenne
(1989-2008) 1860 1890 1920 1950 1980 2010 2020 2035
L’ensemble de ces leviers est résumé dans le schéma de principe ci-après (cf. figure 52). Ils vont être
illustrés par des exemples concrets permettant de mieux témoigner de la réalité de leur potentiel
d’application.
Rémunération
Augmenter les
capacités de
attractive
production
Gestion d’un
bassin de Utiliser de
Implanter de Sélection
production déjà nouvelles
nouveaux bassins génétique
implanté ressources
Perspectives de
Nouveau bassin /
Surfaces Rendements marché Sous-produits Plantes dédiées
Nouvelle usine
intéressantes
Figure 49 – Les principaux leviers mobilisables pour augmenter la production [source FRD]
70 000
100
60 000
80
50 000
40 000 60
30 000
40
20 000
20
10 000
0 0
Cette estimation est également fortement dépendante du contexte agricole global. Par exemple, en
prenant un prix fixe pour le miscanthus de 80 euros par tonne de matière sèche, l’intérêt d’implanter
cette culture pérenne varie en fonction de la conjoncture agricole de l’année :
Ces questions de prix et de volatilité des cours soulèvent le problème de la fidélisation des
producteurs de plante à fibres qui reste un enjeu fort.
En effet, les producteurs cherchent avant tout à rentabiliser leurs terres agricoles de manière efficiente
et rapide. Il est donc nécessaire d’apporter des éléments de garantie à la fois aux producteurs, mais
également aux transformateurs et aux industriels. Comme vu précédemment (cf. paragraphe 3.5) la
contractualisation en surface, en volume et/ou qualité permet d’apporter de bonnes garanties à
l’ensemble des parties prenantes.
300
250
200 Surface
LCDA
150
Nombre
producteurs
100
50
0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
Figure 52 – Évolution des surfaces et des producteurs sur le bassin de LCDA [33]
Dans cet exemple, la production est ainsi ajustée annuellement en fonction de la surface totale mise
en culture par agriculteurs, et du nombre total d’agriculteurs impliqués dans la production de chanvre.
C’est grâce à ces mécanismes de régulation que cette chanvrière possède la capacité de
s’adapter aux demandes de ces clients en volume et en qualité depuis 1973.
ha
12000
10000
PDM Industries
CAVAC Matériaux
8000
Terrachanvre
Est Chanvre
6000
Eurochanvre
Agrochanvre
4000
Agrofibre
LCDA
2000
Le chanvre pouvant être implanté sur une aire géographique large, au contraire du lin, la
question du potentiel théorique de développement du chanvre est posée. Une étude
prospective a été réalisée dans ce cadre en 2008 par FRD, pour estimer le gisement potentiel
de chanvre en France, pouvant être mis à disposition d’une éventuelle augmentation des
marchés des matériaux.
La question centrale est d’estimer le potentiel d’introduction d’une nouvelle culture sur les
exploitations agricoles, la culture du chanvre étant actuellement « marginale » au niveau national avec
1 000 producteurs et 7 700 ha en moyenne depuis 10 ans.
Les hypothèses retenues sont détaillées dans la figure 57 :
Développement du chanvre uniquement sur les exploitations de polyculture et polyculture
élevage (hors maraîchage, arboriculture et viticulture).
Remplacement d’une des principales têtes de rotation présentes sur l’exploitation (colza,
tournesol…) par le chanvre.
Développement du chanvre en tant que culture de diversification dans les exploitations. 2
approches sont possibles : (1) en général un producteur de chanvre produit 5 à 15 ha de
chanvre soit 5 à 10 % des surfaces de son exploitation. (2) Une nouvelle culture de
diversification représente au mieux 5 % des surfaces d’une exploitation agricole.
Développement du chanvre dans les zones où le rendement potentiel permet de dégager un
revenu suffisant pour les agriculteurs. Ce qui exclut certains usages potentiels du chanvre
dans le sud est de la France du fait de rendements limités dans un contexte de déficit
hydrique à certaines périodes de l’année.
Si l’on s’arrêtait à ces hypothèses, le potentiel agronomique d’implantation du chanvre en
France pourrait alors être estimé de manière théorique à environ 200 000 hectares, soit 25 fois
les surfaces actuellement cultivées.
Pourquoi un tel écart ?
Ce gisement potentiel n’est encore qu’un calcul théorique reposant sur des données
nationales. Il demande à être affiné et précisé en intégrant tout particulièrement l’acceptabilité
des agriculteurs à produire du chanvre. Le projet Cartopaille en Picardie visant à définir le
gisement potentiel de paille de céréales valorisable en énergie, illustre bien cette
problématique. En effets pour des raisons culturelles et sociologiques seuls 2/3 des
agriculteurs pouvant exporter leur paille selon des critères agronomiques, seraient prêts à le
faire.
Cette acceptabilité repose, dans le cas du chanvre et des cultures agricoles, sur des critères
économiques (niveau de rémunération), technique (disposer des matériels de récolte,
disposer du temps de travail nécessaire aux périodes de pointe d’activité sur l’exploitation) et
culturels (volonté de se diversifier).
La capacité pour un agriculteur de produire du chanvre est enfin limitée par le nombre et la
taille des outils de première transformation (défibrage) présents à proximité.
Mais c’est avant tout la question du prix d’achat des matières végétales et du niveau de
rémunération des acteurs de la filière qui est centrale dans cette analyse. Agronomiquement
les conditions de sols et de climats en France permettraient une large production du chanvre,
pour autant que les conditions de rémunération et de prix soient réunies en adéquation avec
les prix acceptables par les industriels des matériaux.
Surfaces potentielles
5%
Nettes
230 000 ha 200 000 ha
Après ces 20 dernières années de recherche sur le lin fibre et le chanvre, une augmentation
moyenne du rendement paille de 5 à 10 % et une augmentation du taux fibres de 20 à 30 % ont
pu être constatées.
En considérant un progrès génétique similaire et constant sur les 20 prochaines années, le rendement
paille moyen des principales plantes à fibres (lin fibre et chanvre) pourrait être d’environ 7,7 tonnes
par hectare dans 20 ans (soit +10% par rapport aux rendements moyens actuels). En considérant les
niveaux actuels de surfaces, cela représenterait une augmentation de près de 60 000 tonnes de paille
de plantes à fibres par rapport aux volumes actuels : soit 51 500 tonnes de paille de lin fibre et 6 000
tonnes de paille de chanvre (cf. figure 58).
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Figure 55 – Évolution du rendement paille moyen des plantes à fibres (lin fibre et chanvre)[33, 55, 58]
En considérant toujours un progrès génétique similaire et constant sur les 20 prochaines années, le
rendement fibre moyen des principales plantes à fibres (lin fibre et chanvre) pourrait être amené, dans
20 ans, à environ 2,5 tonnes par hectare (soit +25% par rapport aux rendements moyens actuels). En
considérant les niveaux actuels de surfaces et les évolutions du rendement fibre d’ici à 20 ans, cela
représenterait une augmentation de plus de 40 000 tonnes de fibres végétales (lin fibre et chanvre) :
37 000 tonnes de fibres de lin et 4 000 tonnes de fibres de chanvre.
lin fibre
lin oléagineux
sorgho miscanthus
canne de tournesol
switchgrass Degré de
paille de colza connaissance et de
recherche
Figure 56 - Degré de maturité de l’utilisation des fibres végétales en matériaux en France [source FRD]
A court terme :
o Proposer un prix rémunérateur au producteur et des perspectives de marché
durables
o Optimiser les bassins de production déjà implantés (surfaces, nombre producteurs,
techniques culturales….)
A moyen terme :
o Etendre les bassins de production actuels
o Créer de nouveaux bassins de production
A long terme :
o Favoriser le progrès génétique pour augmenter la productivité (rendement paille, taux de
fibre)
o Etudier le potentiel de valorisation de nouvelles ressources (sous-produits,
nouvelles cultures dédiées)
4.6 Alimentaire / Non alimentaire : niveau d’enjeu pour les plantes à fibres
La Terre compte à sa surface 275 000 végétaux dont seulement 600 d’entre eux sont comestibles –
hors plantes médicinales. Notre système alimentaire est très spécifique puisqu’il repose sur 3 espèces
végétales qui assurent 60% de notre alimentation (riz, blé et maïs). [65]
A l’horizon 2050, les experts mondiaux s’accordent à dire que nous serons 9 milliards d’individus sur
Terre [31]. Il est alors légitime de se demander si l’on dispose d’assez de terres et d’eau pour subvenir
aux besoins alimentaires de l’ensemble des populations. D’autant plus qu’une telle augmentation des
besoins alimentaires signifie plus de concurrence pour l'utilisation des terres. Une étude détaillée de la
FAO (2002) montre que, globalement, il y a suffisamment de terres cultivables, d’eau et de potentiel
d’amélioration des rendements de production pour faire face à ce grand défi. [66, 67]
En 2008 le débat de l’impact des cultures non-alimentaires sur la production alimentaire mondiale a vu
le jour autour de la production des biocarburants qui représentait au niveau mondial environ 43 Mtep.
Il s’agit à la base d’un impact « prix » avec la hausse des prix des matières premières alimentaires
d’origine agricole. Cette hausse est due à 2 facteurs principaux : les nombreux aléas climatiques au
niveau mondial (conditionnant les faibles niveaux de production et entrainant une raréfaction de ces
matières premières alimentaires sur le marché mondial) et le comportement spéculatif de certains
acteurs. Les mois suivants, malgré une augmentation des cultures non alimentaires, l’abondance des
matières premières sur le marché mondial a entrainé une diminution des prix de ces matières. [64, 68]
Les besoins alimentaires devenant de plus en plus importants à moyen/long terme, il apparait
essentiel de savoir si la culture de plantes à fibres destinées à la fabrication de matériaux est
une menace vis-à-vis de ces enjeux alimentaires.
Il est important de noter dans ce cadre qu’il existe un amalgame fort entre les enjeux liés aux
bioproduits / biocarburants et les enjeux liés aux biomatériaux / matériaux composites, alors
que les surfaces potentiellement concernées sont globalement 10 fois inférieures pour les
usages matériaux relativement aux biocarburants.
Un accroissement annuel et continu des surfaces forestières françaises est observé depuis le
19ème siècle. En 180 ans, il y a eu une augmentation de 65% de ces surfaces, soit plus de 6 millions
d’hectares. Parmi les nombreux facteurs explicatifs, quatre semblent majeurs [70] :
L’utilisation des énergies alternatives en remplacement du bois qui depuis la révolution
industrielle est croissante.
D’une manière générale, la déprise agricole qui a conduit à transformer une partie des terres
agricoles en forêt, par boisement naturel ou plantation. La diminution des surfaces agricoles est
imputable à l’augmentation des rendements et à l’abandon des exploitations non rentables.
La protection des milieux naturels par reboisement permettant de limiter l’érosion des sols, les
risques de crues, d’avalanches.
La subvention des boisements dédiés à la production durant la deuxième moitié du 20ème siècle.
A la vue de cette perte annuelle importante de surfaces cultivées, il est légitime de s’interroger sur
l’impact de l’utilisation des terres pour des cultures non alimentaires.
Pour connaitre le niveau de la concurrence indirecte des plantes à fibres par rapport aux cultures
alimentaires, il faut regarder les cultures que les plantes à fibres seraient en mesure de substituer. Les
plantes à fibres étudiées étant implantées en tant que tête de rotation, elles ne peuvent se substituer
qu’à des cultures jouant ce rôle dans les rotations, et tout particulièrement les cultures de printemps
(cf. figure 62).
Les cultures de printemps considérées comme de bonnes têtes de rotation ont une variabilité
interannuelle de 4%, soit ± 140 000 ha/an. Cela veut dire que d’une année sur l’autre, il y a des
échanges d’implantation de culture et d’allocations des terres qui représentent ± 140 000 ha pour ces
cultures.
ha
2 000 000
1 600 000
Tournesol
1 400 000
800 000
Pois protéagineux
600 000
200 000
Soja
0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008
9 500 000
9 000 000
8 500 000
Céréales
8 000 000
7 500 000
7 000 000
1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008
Le gisement français de fibres végétales s’appuie sur trois leviers majeurs qui conditionnent le niveau
de production : les surfaces, les volumes et les prix. Le gisement moyen actuel de 96 000 hectares
par an – soit plus de 600 000 tonnes de paille de plantes à fibres – est important et suffisant pour les
utilisations matériaux actuelles. Le tissu industriel de 1ère transformation est bien structuré pour la
filière lin fibre et chanvre. De manière générale, aucun problème d’approvisionnement majeur n’a été
constaté jusqu’alors au sein de ces deux filières.
D’ici 25 ans, des prospectives montrent que les besoins théoriques en fibres végétales et en
granulats, pour des usages matériaux, pourraient représenter à moyen et long terme ± 300 000 ha.
Ces développements alimentent le débat général sur les risques de concurrence entre usage
alimentaire et non alimentaire. Dans l’absolu, il reste néanmoins modéré au vu des surfaces
marginales nécessaires.
Annexe 1 :
1. Exigences pédoclimatiques
Le lin textile ayant un cycle court (90 à 120 jours), il est particulièrement sensible aux conditions de
climat et de sol. Un climat doux et humide avec plus de 700 mm de précipitations (bien répartis sur
l’ensemble du cycle végétatif) est idéal. Concernant les exigences de sol, le lin est plus tolérant.
L’optimum en termes de rendement potentiel est un limon profond et fertile, ayant un pH légèrement
acide et étant bien structuré.
2. Stades de développement
Le lin textile a une croissance rapide. Une centaine de jour sépare la levée de la maturité de la plante.
Il existe cinq stades essentiels du développement du lin textile : la levée, le stade 2-3 cm (début de la
phase de croissance), le stade 10-15 cm (mi-croissance), la floraison et la maturité.
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre
90 à 120 jours
3. Implantation
On dénombre une vingtaine de variétés de lin fibre actuellement produites en France, dont les 4
principales représentent 90% des surfaces implantées.
Le semis a lieu au printemps, le plus tôt possible pour permettre un bon enracinement de la plante.
Généralement, il intervient entre le 1er mars et le 15 avril. Le liniculteur doit assurer une répartition
très régulière des graines de façon à obtenir une culture homogène.
Avec un PMG moyen de 4 à 7 grammes, les graines de lin fibre sont de petites tailles et disposent de
peu de réserves nutritives. Afin de réussir l’implantation, il est essentiel de bien préparer le sol
(finement émietté et retassé en profondeur) et d’opter pour une densité de semis assez élevée. Cela
permettra d’obtenir une germination rapide, dans de bonnes conditions et un bon développement des
racines.
4. Fertilisation
Les besoins en intrants du lin textile sont globalement faibles. Concernant la fertilisation azotée, les
besoins sont estimés à 10 unités d’azote par tonne de matière sèche. Il est indispensable de tenir
compte de la nature et des réserves du sol, d’autant plus que le lin textile est très sensible à la verse
par excès d’azote.
Concernant la potasse et le phosphore, ces éléments sont en grande partie restitués au cours du
rouissage. Généralement, une fumure d’entretien raisonnée sur l’ensemble de la rotation est
suffisante.
5. Protection
Les semences de lin textile sont généralement traitées afin de minimiser le phénomène de fonte des
semis. Le deuxième cas justifiant un traitement chimique est le dessèchement des tiges pouvant être
dû soit à la phytotoxicité d’un herbicide, soit à une maladie cryptogamique (Fusarium oxysporum lini,
Phoma linicola, Polyspora lini, etc.).
Le lin textile reste peu attaqué par les ravageurs. Les plus fréquents et plus dangereux sont les Altises
et les Thrips. Si le seuil de nuisibilité est dépassé, un traitement insecticide peut alors être réalisé.
Cette plante est très sensible à la concurrence des adventices qui peuvent nuire à son
développement. De plus, ces adventices peuvent se retrouver dans la paille et altérer la qualité du
défibrage et des fibres obtenues. Il faut être vigilant et surveiller la pression d’adventices de
l’implantation au stade 10-15 cm. Il existe de nombreux produits homologués et utilisables aussi bien
en pré-levée qu’en post-levée.
Enfin, la verse est le phénomène le plus préjudiciable pour la production et la qualité des fibres. Trois
facteurs majeurs peuvent être à l’origine : un excès d’eau, une alimentation azotée excessive et/ou un
faible peuplement. Cependant, il existe des moyens de lutte préventive (choix de la variété,
optimisation du peuplement, raisonnement de la fertilisation azotée) et chimique (régulateur de
croissance).
6. Récolte
La récolte du lin textile, qui débute vers mi-juillet, demande beaucoup de savoir-faire et d’équipements
spécifiques. Elle se déroule en 4 à 5 grandes étapes :
• Arrachage : Les plantes entières sont arrachées avec des matériels spécifiques. Les tiges sont
remises au sol sous forme d’andains tout en étant maintenues parallèles. Cette opération intervient
quand la partie inférieure de la tige est défoliée et que les capsules ont une couleur caractéristique
jaune-brun.
• Rouissage : Il s’agit de la dégradation des tiges de lin textile (plus particulièrement de la pectine)
sous l’action enzymatique des microorganismes du sol. L’objectif de cette dégradation est de
faciliter la phase d’extraction des fibres. Cette étape peut durer de 2 semaines à 3 mois en fonction
des conditions climatiques et des exigences industrielles.
• Retournage : Pour obtenir un rouissage homogène les andains de paille sont retournés
mécaniquement afin d’exposer à la lumière la face étant jusqu’alors contre la terre.
• Ecapsulage : Réalisée pendant le rouissage, cette opération (arrachage puis battage des
capsules) permet de récolter les graines pour la production de semences.
• Enroulage : Le degré de rouissage atteint, la paille de lin doit être stockée hors du champ. Afin de
réunir de bonnes conditions de conservation, le taux d’humidité doit être inférieur à 15%. Si
l’ensemble de ces conditions sont réunies, la paille de lin textile peut être pressée en balles rondes
ou rectangulaires.
7. Transport/Stockage
La paille est conditionnée sous forme de balles dès la sortie du champ et jusqu’à l’extraction des
fibres végétales. Les balles de paille, de forme parallélépipédique ou cylindre, sont stockées à plat. Le
lieu de stockage ne doit pas être exposé à l’humidité et les balles doivent être isolées du sol pour
éviter tout risque d’altération.
Si la paille est stockée dans de bonnes conditions, la conservation peut se faire sur une très longue
période sans dégradation.
8. Première transformation
Les fibres de lin sont situées dans la tige de la plante (plus communément appelée « paille »). Le
teillage est le terme désignant l’opération de 1ère transformation industrielle de la paille rouie de lin. Il
s’agit d’une extraction mécanique des fibres réalisée par battage de la matière (étape de
décortication) puis séparation des différents produits obtenus. Le peignage correspond quant à lui à
une étape d’affinage de la matière. Les étapes successives du processus de défibrage du lin fibre
sont détaillées ci-après.
ALIMENTATION EN
PAILLE
PREPARATION
La dérouleuse forme une nappe de tiges de
lin à une charge de 2 kg / mètre linéaire.
GRAINES
DECHETS EGRENAGE Ecapsulage et élimination des déchets.
POUSSIERES Alignement des fibres de façon parallèle.
ETIRAGE
Diminution de l’épaisseur de la nappe et
augmentation de la vitesse par 4
LIN TEILLE
ETOUPES PEIGNAGE
Réalignement des fibres et création d’un
DE PEIGNAGE ruban à destination des filatures.
LIN PEIGNE
9. Intérêts environnementaux
Parmi les nombreux intérêts liés à la culture du lin fibre, des intérêts environnementaux sont
identifiables dont :
Les besoins en fertilisation sont peu élevés d’où un faible risque de lessivage des nitrates.
Le lin fibre de printemps est une tête de rotation qui favorise une lutte culturale contre les
maladies et les ravageurs des cultures automnales.
1. Exigences pédoclimatiques
Couvrant le sol en automne et en hiver, la culture limite l’érosion grâce à un système racinaire
puissant et invasif. Grâce à son développement racinaire superficiel, le lin fibre d’hiver utilise
efficacement les ressources du sol et peut notamment piéger les nitrates. Cela procure l’avantage
d’élargir le choix du type de sol à utiliser. Il est donc très important de favoriser le bon développement
des racines, d’autant plus que cela influence pour beaucoup la résistance des plantes aux conditions
hivernales.
2. Stades de développement
Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août
3. Implantation
Les recherches en termes de sélection variétale sont encore à leurs débuts. En 2010, 3 variétés
étaient présentes sur le marché.
Le semis a lieu de septembre à octobre en fonction des régions et des prévisions de froid. Il est
conseillé de ne pas semer trop tardivement afin de favoriser l’enracinement de la plantule et d’éviter
qu’elle ne dépasse 10cm avant l’entrée de l’hiver. En cas de semis trop précoce, le développement
aérien peut être limité grâce à l’application d’un régulateur de croissance en hiver.
Il est préférable d’implanter le lin fibre d’hiver derrière une céréale à paille mais il est important
d’enlever les résidus afin d’éviter tout frein au développement racinaire. Les techniques culturales
simplifiées (TCS) permettent de réduire le risque de battance qui est présent : cet incident peut
perturber la mise en place de la culture et la rendre plus vulnérable vis-à-vis des bio-agresseurs.
Nota : Il est important de rappeler que la texture et la structure du sol sont des aspects primordiaux
pour obtenir une bonne implantation.
4. Fertilisation
Les besoins en fertilisation azotée sont faibles. Il est inutile d’effectuer un apport azoté en automne.
L’apport printanier peut être diminué de 10 unités d’azote par tonne de matière sèche par rapport à un
lin fibre de printemps.
Contrairement aux cultivars de printemps, l’apport de zinc n’est pas primordial cependant un
traitement doit être effectué dans les zones à risque (les sols à pH élevés et les sols ayant reçu un
amendement calcaire récent).
5. Protection
Etant donné la longueur du cycle cultural et les conditions de culture plus rudes, le lin fibre d’hiver fait
face à de nombreuses attaques de bio-agresseurs.
Le Phoma et l’Oïdium sont peu présents, cependant si les symptômes apparaissent, ils doivent être
rapidement maîtrisés.
Tout comme pour le lin fibre de printemps, les attaques d’Altises sur jeunes semis sont possibles et il
faudra alors réagir de la même manière. Une surveillance des Thrips est également à effectuer dès
les premiers vols au printemps jusqu’à la fin de la floraison. Des dégâts très importants peuvent être
dus à d’autres prédateurs tels que les campagnols, mulots, lièvres et limaces.
Les conditions automnales de culture forcent à changer de stratégie en matière de désherbage. En
effet, les adventices sont parfois présents sous des formes plus adaptées à l’hiver ou ne sont tout
simplement pas celles rencontrées habituellement pour un lin fibre de printemps. Les températures
plus fraîches et la forte humidité modifient également le comportement de certaines molécules qui
sont alors moins sélectives et moins efficaces.
Il est fortement recommandé d’appliquer un traitement systématique post-semis / pré-levée. A partir
de la reprise de la végétation et hors période de gel, il est possible de traiter avec un graminicide. Un
traitement effectué plus précocement pourrait sensibiliser la culture au froid.
6. Récolte
Les opérations de récolte sont similaires à celles du lin fibre de printemps. L’arrachage s’effectue
entre juin et juillet, soit un mois avant celle du lin fibre de printemps. Cela permet de s’affranchir des
conditions chaudes de croissance. Concernant le rouissage, un écraseur de pied est recommandé
pour améliorer l’homogénéité. La seule contrainte réside dans le fait que le matériel doit être à
disposition et prêt à l’emploi plus tôt dans la saison.
7. Transport/stockage
Ces opérations sont similaires à celles du lin fibre de printemps (cf. 2.1.1.2.2).
8. Première transformation
Les techniques de transformation des pailles de lin fibre d’hiver sont sensiblement les mêmes que
pour le lin fibre de printemps (cf. Fiche 1 : Conduite de la culture du lin fibre de printemps). Les
propriétés des deux types de lin fibre étant très proches, il n’est pas nécessaire de modifier les
chaînes de transformation.
9. Intérêts environnementaux
Parmi les nombreux intérêts liés à la culture du lin fibre, des intérêts environnementaux sont
identifiables dont :
Le lin fibre d’hiver permet de limiter l’érosion hivernale et de piéger des nitrates.
La récolte plus précoce du lin fibre d’hiver permet une utilisation plus étalée du matériel et un
contournement des conditions chaudes de croissance.
1. Exigences pédoclimatiques
Le chanvre est une plante qui pousse bien, à condition qu’elle ait une croissance normale, de bonnes
conditions de sol et de climat doivent être réunies. Les conditions optimales de développement du
potentiel génétique sont les sols humiques, profonds avec une bonne réserve utile. Il convient donc
d’éviter les sols hydromorphes et les sols n’ayant pas un pH compris entre 6 et 8 (une correction de
pH étant toutefois réalisable). Le chanvre est particulièrement sensible à la compaction des sols qui
limite fortement son développement racinaire. Concernant les températures, le zéro de végétation se
situe vers 1 à 2°C, l’optimum de végétation se situ e entre 19 et 25°C et la sensibilité au gel débute à
partir de -5°C. Enfin, 1 tonne de matière sèche pro duite nécessite une pluviométrie de 30 à 50 mm.
2. Stades de développement
Le cycle végétatif du chanvre, de la levée à la floraison, est compris entre 100 et 120 jours (pour les
variétés cultivées en France) avec des besoins allant de 1750°C à 2000°C.
Le cycle complet, de la levée à la maturité des graines, est quant à lui compris entre 120 et 150 jours
avec des besoins allant jusqu’à 3000°C.
3. Implantation
La variété est choisie en fonction du mode de culture : récolte battue (variétés précoces à demi-
précoces) ou récolte non-battue (variétés tardives). En France, ce sont les variétés de la Fédération
Nationale des Producteurs de Chanvre (FNPC) qui sont largement implantées et diffusées par la
Coopérative Centrale des Producteurs de Semences de Chanvre (CCPSC). D’autres variétés peuvent
être utilisées en France du moment qu’elles sont inscrites au catalogue européen et qu’elles
contiennent moins de 0,2% de THC (delta-9-tétrahydrocannabinol).
Le chanvre peut être implanté dans quasiment tous les types de sols. Cependant, les sols ayant des
réserves organiques et minérales importantes ont une productivité plus importante. Le semis est en
général réalisé de mars à mai, dans un sol bien préparé (absence d’obstacles au développement et
présence d’un lit de semence fin permettant un contact sol/graine optimal), ressuyé et suffisamment
réchauffé (10 à 12 °C).
4. Fertilisation
Les besoins en azote de cette culture sont estimés entre 13 et 15 unités d’azote par tonne de matière
sèche. C’est pendant la phase de croissance active, entre le stade 3 paires de feuilles et fin floraison,
que la plante l’absorbe. En général, la totalité des apports se fait au semis et vise à compléter les
fournitures d’azote déjà présentes dans le sol.
Concernant les besoins en autres éléments minéraux, le chanvre est peu exigent vis-à-vis du
phosphore (100u/ha) et très exigeant en ce qui concerne le potassium (300u/ha) et le calcium
(320u/ha). La règle veut qu’au minimum les exportations soient couvertes : respectivement 50u/ha et
150u/ha pour le phosphore et le potassium. Globalement, les fournitures du sol suffisent à couvrir les
besoins en potassium et en phosphore de la culture.
5. Protection
Les variétés proposées aux producteurs étant des populations hétérogènes, et non des lignées pures
ou hydrides, les cultures de chanvre sont dites « insensibles » à la plupart des maladies virales,
bactériennes et fongiques. Les principales maladies observées sur le chanvre sont le Botrytis, le
Sclérotinia et le Rhizoctone. Ces maladies n’impactant pas le développement du chanvre ni son
rendement, aucun traitement fongique n’est réalisé.
Le chanvre ne connait aussi quasiment pas de dégâts dus aux ravageurs. Les principaux nuisibles
observés sur cette culture sont les noctuelles défoliatrices pouvant provoquer d’importants dégâts lors
d’attaques sévères, les mouches mineuses, les tipules, les limaces et les altises. Généralement,
aucun traitement insecticide n’est réalisé sur les cultures de chanvre industriel.
Concernant les adventices, la culture du chanvre ne nécessite pas l’usage d’un herbicide car c’est une
plante qui couvre le sol rapidement limitant ainsi le développement des adventices présentes. Il est
néanmoins conseillé de pratiquer des faux semis juste avant l’implantation et de surveiller les
conditions de levée des plantules.
Enfin, l’orobanche rameuse (Orobanche ramosa) est le principal parasite du chanvre. Cette plante
parasite non chlorophyllienne, de la famille des Orobanchacées, se développe sur les racines de ses
plantes hôtes et peut provoquer des dégâts relativement importants sur les cultures de colza, tabac et
chanvre. Actuellement il n’existe aucun moyen de lutte curative, seule l’observation et quelques
précautions agronomiques peuvent limiter son développement.
Nota : Aucun produit herbicide, insecticide et fongicide n’est actuellement homologué sur cette culture
en production industrielle (hormis certains pour la production de semences).
6. Récolte
La récolte a lieu à maturité de la plante sur une période allant de fin août pour les cultures non battues
(récolte de la paille seule) à fin septembre pour les cultures battues (récolte des graines et de la
paille). Le contrat signé entre le producteur et l’industriel peut comporter des critères de qualité
(couleur des pailles, taux d’humidité des pailles et des graines, taux de cailloux, etc.) qui peuvent
influencer la date et les conditions de récolte.
Il existe plusieurs systèmes de récolte en France. Le fauchage des tiges de chanvre est réalisé par
des faucheuses à section et doit être suivi par une phase d’andainage qui permet de réduire le temps
de rouissage, de séchage et d’optimiser le pressage. Les balles de paille, parallélépipédiques ou
cylindre, ont un poids compris entre 200 et 500 kg.
7. Transport/Stockage
Les balles de paille sont stockées à l’abri et en colonnes afin d’en préserver les qualités. Bien
souvent, le site de stockage est sous la responsabilité du producteur (accès camion, risque incendie,
présence d’humidité, etc.).
Le diamètre des balles de paille est en général fixé par le transformateur dans le but d’optimiser le
transport et les premières étapes de défibrage.
8. Première transformation
Les fibres végétales sont situées dans la tige du chanvre (plus communément appelée « paille »). Le
chanvre est acheminé sur le lieu de 1ère transformation industrielle sous forme de balles de paille. Il
subit alors successivement les 3 étapes classiques du défibrage : la décortication, la séparation et
l’affinage. L’ensemble du processus d’extraction des fibres de chanvre est détaillé ci-après (cf. figure
67).
ALIMENTATION EN
BALLES DE PAILLE
EPURATION
Elimination de la chènevotte encore attachée
CHENEVOTTE aux fibres.
HOMOGENEISATION
A l’aide d’une ouvreuse cardeuse on
homogénéise le lit de fibres nettoyées.
FIBRES
Figure 64 – Processus général de défibrage de la paille de chanvre [39]
Nota : Les poudress de chanvre est récupérée tout au long du processus de défibrage. Les déchets
(cailloux, bois, métal, etc.) sont éliminés autant que possible car ils peuvent altérer le matériel de
défibrage et la qualité des fibres. Des pertes de matières sont également recensées au cours de ce
processus : vapeur d’eau, poussières, etc.
9. Intérêts environnementaux
On peut recenser de nombreux intérêts environnementaux liés à la culture du chanvre dont :
Faible utilisation d’intrants.
Aucune utilisation de produits phytosanitaires durant le cycle végétatif.
Rupture du cycle de développement de maladies et de parasites.
Un système racinaire, pivotant et fasciculé, performant (si bonne implantation) pouvant subvenir
aux besoins en eau et étant bénéfique pour la structure du sol.
Augmentation de la biodiversité.
1. Exigences pédoclimatiques
L’implantation du système racinaire doit se faire en profondeur afin de favoriser l’accès aux réserves
hydriques et nutritives du sol. En effet, qu’il soit d’hiver ou de printemps le lin oléagineux a des
besoins hydriques importants à la floraison. La précocité du lin oléagineux d’hiver positionne la
floraison dans une période plus abondante en eau.
Il n’est pas nécessaire d’effectuer un travail du sol profond du moment que celui-ci est structuré. En
revanche, il est impératif de broyer finement les pailles résiduelles du précédent cultural avant de les
enfouir pour obtenir un sol finement émietté en surface.
2. Stades de développement
Le lin oléagineux de printemps est une tête de rotation à cycle court (120 à 150 jours) :
Semis Croissance
3. Implantation
Les progrès génétiques réguliers permettent de disposer d’un large choix de variétés.
Il est conseillé de ne pas semer trop tardivement et d’adapter les dates de semis en fonction des
régions. Le lin oléagineux de printemps est semé de février à mars lorsque tout risque de gel est
écarté. Pour les types hiver, les dates s’étendent de mi-septembre à fin octobre.
Il est recommandé d’utiliser un semoir à céréales avec un entre-rang faible pour limiter l’apparition
d’adventices. La densité dépend du type de lin semé mais il faut savoir que les pertes à la levée
peuvent atteindre 20 à 25%.
4. Fertilisation
Concernant l’apport en azote, les besoins s’élèvent de 4 à 5kg par quintal de grain produits. Cela est
inutile avant la reprise du printemps pour le lin oléagineux d’hiver et il est conseillé de fractionner les
apports sur deux passages. Pour le lin oléagineux de printemps, l’amendement se fait en général
avant le semis sous forme liquide ou solide. Il est important de bannir l’azote liquide en période de gel
ou en cas de brûlures.
Le lin oléagineux est peu exigeant en phosphore et en potasse. Une fumure de fond de 60-80 unités
est en général suffisante.
Le zinc ne pose normalement pas de problème au lin d’hiver. Cependant, il est nécessaire de faire
particulièrement attention. En effet, les lins oléagineux d’hiver ou de printemps exportent beaucoup de
zinc et sont sujets aux carences. Il est d’ailleurs conseillé d’utiliser des semences traitées avec du
zinc.
5. Protection
Le lin oléagineux est peu sensible aux maladies. Celles qui l’affectent le plus souvent sont le botrytis
et la septoriose. Il est parfois remarqué du Kabatellia et de l’Alternaria. Le Phoma et l’Oïdium sont peu
présents.
Concernant les ravageurs, les plus gros dégâts sont provoqués par les thrips (avortement des fleurs)
et les altises adultes (fragilisation de la tige).
Les plantes adventices ne constituent pas une concurrence importante vis-à-vis du lin oléagineux. La
surveillance et la bonne conduite adaptée du désherbage en fonction des adventices attendus sont
donc de mise afin d’atteindre les objectifs de rendement.
6. Récolte
La récolte du lin oléagineux de printemps s’échelonne selon les régions de mi-juillet dans le Sud à
début septembre dans le Nord. Pour le lin oléagineux d’hiver, elle se déroule généralement un mois
plus tôt que le type printemps. La culture doit être sèche avec des graines libres dans les capsules.
Elle s’effectue par temps sec, chaud et ensoleillé. Si les parcelles sont enherbées et au-delà du 20
août, le passage d’un dessicant est possible. La récolte ne nécessite pas de matériel coûteux, il suffit
simplement d’effectuer quelques aménagements au niveau de la moissonneuse-batteuse.
7. Transport/Stockage
Après la récolte du lin, le pressage permet d’enlever les pailles afin de libérer le sol pour la culture
suivante.
8. Première transformation
Comme vu dans le paragraphe suivant (cf. 3.1.4.5), les pailles de lin oléagineux font encore très peu
l’objet de valorisations. Jusqu’alors la paille entière était valorisée en paillage horticole ou animal. De
nouvelles valorisations utilisent des fibres de lin oléagineux issues de lignes de défibrages conçues
spécialement (cf. 3.1.2.4).
1. Exigences pédoclimatiques
La culture de miscanthus est peu contraignante car cette plante a peu de besoins et elle est capable
de s’adapter sur tous les types de sols. Toutefois des sols lourds, profonds, bien pourvus en eau et
riches en humus sont préférables.
De plus, cette plante est très tolérante vis-à-vis des teneurs en pH des sols (idéalement compris entre
5,5 et 7,5) et assez tolérante vis-à-vis des températures (bonne croissance à 8°C). Cependant, les
rhizomes, en particulier les plus jeunes, sont sensibles aux températures basses (températures
inférieures à -3,5°C).
L’eau est un des principaux facteurs climatiques déterminant pour le rendement final. Les besoins
sont importants d’avril à novembre : de 500 à 600 mm de précipitations nécessaires. De plus, le
miscanthus est sensible aux différents stress hydriques : manque ou excès d’eau.
Nota : L’irrigation permet d’obtenir de meilleurs rendements (tant sur un plan qualitatif que quantitatif).
2. Stades de développement
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier Février Mars
Croissance
3. Implantation
Cette culture ne nécessite qu’une seule phase d’implantation pour plus de 10 ans de production. C’est
une étape importante car elle conditionne le délai d’entrée en production de la culture.
La plantation des rhizomes a lieu vers mars-avril sur un sol ressuyé et réchauffé (10°C), une fois les
fortes gelées terminées. La préparation du sol est similaire à celle effectuée sur les cultures de
pommes de terre. Le sol doit être meuble et aéré sur une grande profondeur (15 à 20 cm). Il doit
également être propre afin de limiter la concurrence avec les adventices.
La densité d’implantation est de 10 000 à 20 000 rhizomes/ha avec un espacement de 80 cm, dans le
but d’atteindre un objectif de peuplement de 10 000 à 15 000 pieds/ha (taux de reprise de 50 à 80 %).
4. Fertilisation
Une fertilisation azotée ne semble pas nécessaire pour les 2 à 3 premières années d’implantation de
cette culture. Concernant les années suivantes, les besoins en azote restent faibles. Un apport (50
unités) tenant compte des exportations et des réserves du sol est néanmoins envisageable au
printemps.
Les besoins en phosphore et en potassium sont également faibles. Ils sont à raisonner en fonction de
la parcelle. Cette culture exporte plus de potassium que de phosphore.
Nota : Les études réalisées mettent en évidence une absence de réponse de la culture à la
fertilisation azotée. Cette fertilisation favorise au contraire le développement et la croissance des
plantes adventices présentes qui peuvent concurrencer la culture implantée.
5. Protection
Le miscanthus est une plante globalement peu sensible aux maladies et aux ravageurs.
En revanche, la concurrence des adventices peut avoir un impact important sur cette culture et sa
production lors des 2 premières années. En effet, lors de cette période la végétation est peu
abondante et le sol n’est pas couvert. Plusieurs désherbages mécaniques et/ou chimiques sont donc
nécessaires.
Les années suivantes la végétation est plus abondante, le rang « se ferme » progressivement et les
feuilles qui tombent d’années en années forment un couvert végétal intéressant permettant de lutter
contre le développement des adventices.
Nota : L’arrêté du 12 juin 2009 relatif aux modalités d’extension-extrapolation des autorisations de
mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques à certaines cultures présentant un caractère
mineur, les produits phytosanitaires autorisés sur le miscanthus sont ceux autorisés pour la culture de
maïs.
6. Récolte
On dénombre 2 modes de récolte : en vert ou en sec.
La récolte en vert consiste à récolter la culture de miscanthus à l’automne (de septembre à
octobre) avec un taux de matière sèche faible (40% environ) et un fort rendement (25 à 35
tonnes de matière sèche par hectare).
La récolte en sec est le mode de récolte privilégié. Il s’agit de récolter le miscanthus à la sortie de
l’hiver (de février à mars) avec un taux de matière sèche élevé (80% environ) d’où un rendement
moindre (10 à 15 tonnes de matière sèche par hectare). Néanmoins, avec ce mode de récolte,
les exportations d’éléments minéraux sont minimisées.
Différents modes et matériels de récolte sont observés :
soit avec une ensileuse équipée d’un bec de type Kemper qui ensile en vrac le miscanthus. Ce
système permet d’obtenir des chips de miscanthus mesurant de 11 à 44 mm pour une densité
respective de 97 kg/m3 à 70 kg/m3. Le débit de récolte est d’environ 1 hectare par heure avec un
taux de perte de 5 à 10 % ;
soit avec une faucheuse qui associée à une botteleuse permet d’obtenir des produits plus
denses : des balles de 140 kg/m3 à 300 kg/m3 avec un taux de perte de 10 à 30%.
Nota : Il existe un autre mode de récolte plus anecdotique qui utilise une faucheuse-fagotteuse
permettant de récolter la plante entière (fagots de 9kgs avec un débit de chantier de 3,35 hectares par
heure).
7. Transport/Stockage
Malgré les différents modes et matériels de récolte, le miscanthus reste un produit végétal à faible
densité. Ainsi, afin de minimiser les coûts et l’impact environnemental, il est essentiel d’apporter une
attention toute particulière à la distance séparant le lieu de production du lieu d’utilisation.
Pour être stocké durablement, le miscanthus doit être à un taux d’humidité inférieur à 15%. Si ce taux
est compris entre 15 et 25%, une ventilation dans le lieu de stockage est préconisée [72].
8. Première transformation
Les fractions végétales de miscanthus peuvent être obtenues avec différents modes de transformation
ou d’extraction :
par voie mécanique (broyeur à tambour, à couteaux ou à marteaux)
par voie chimique (processus papetier)
par traitement thermomécanique (technique de l’explosion vapeur)
PARCELLE
DE
MISCANTHUS
PRESSAGE
9. Intérêts environnementaux
On peut recenser de nombreux intérêts environnementaux liés à cette culture dont :
peu d’intrants chimiques sont nécessaires (cf. 3.1.5.2) ;
il protège le sol contre l’érosion ;
il entretient une biodiversité très riche en jouant le rôle d’abri pour la faune sauvage ;
il possède une meilleure efficience pour l’utilisation de l’azote, la valorisation de l’eau et la
conversion de l’énergie lumineuse que d’autres cultures.
Annexe 2 :
Chiffres clés :
Cas n°1
1 000 tonnes/an de fibres végétales
5 000 tonnes/an de non-tissés
ECO TECHNILIN
5,4 M€ de chiffre d’affaires moyen
Interview de Karim BEHLOULI, dont une part des fibres végétales de
Directeur général France l’ordre de 45 % du chiffre d’affaires
Activités de l’entreprise
La société EcoTechnilin a un savoir-faire de 15 ans dans la fabrication de produits non-tissés à base de
fibres naturelles. L’activité principale est la fabrication d’équipements pour le secteur automobile avec une
attention toute particulière à la traçabilité des produits et au management de la qualité.
Ces dernières années d’autres activités de production ont vu le jour, notamment avec la fabrication de
composites thermodurs, d’isolants acoustiques et de géotextiles pour paillage horticole.
Perspectives de développement
Pour Karim BEHLOULI, directeur France d’EcoTechnilin, les fibres végétales sont des matières vivantes
qui chaque jour offrent de nouvelles possibilités d’utilisation. C’est pour cela qu’Ecotechnilin possède 2
centres européens de R&D dont le but est d’exploiter au mieux ces ressources végétales.
Concernant la disponibilité en fibres végétales, la diminution des besoins en fibres de lin pour la papeterie
peut être une opportunité d’obtenir plus de fibres végétales à valoriser dans d’autres utilisations.
Chiffres clés :
Cas n°2
800 tonnes/an de fibres végétales
2 000 tonnes/an de compounds
AFT PLASTURGIE
2 M€ de chiffre d’affaires moyen
Interview de Gérard MOUGIN, dont une part des fibres végétales de
Directeur général l’ordre de 100 % du chiffre d’affaires
Activités de l’entreprise
Cette entreprise produit de la matière première bio sourcée à destination des industriels de la plasturgie.
Dans cette structure on recense des activités de production et de commercialisation mais également des
activités de recherche (qui débouchent notamment sur des formulations matériaux).
Il s’agit d’une entreprise en phase de démarrage avec une production annuelle de l’ordre de 2 000 tonnes.
Sécurité de l’approvisionnement
AFT PLASTURGIE n’a aucune inquiétude en ce qui concerne l’approvisionnement en fibres végétales
d’origine agricole car elle compte dans son réseau et parmi ses actionnaires des producteurs de fibres
végétales.
Pourtant, la plupart de ses clients ont de fortes inquiétudes au sujet de l’approvisionnement en fibres
végétales. Ils s’interrogent d’une part sur la variabilité induite par le côté naturel du produit et d’autre part
sur les faibles superficies françaises cultivées en plantes à fibres. Concernant ce dernier point, Gérard
MOUGIN est optimiste car pour lui il existe un fort potentiel d’augmentation des surfaces de plantes à
fibres qui n’empiéteraient pas sur les surfaces de cultures alimentaires.
Perspectives de développement
Etant donné les objectifs fixés par le Grenelle de l’Environnement et l’accent mis sur le développement
durable, les matériaux à base de fibres végétales vont se développer et se répandre.
Les prévisions de production pour 2015 dans le secteur de la plasturgie sont d’une centaine de milliers de
tonnes de compounds. Des volumes en fibres végétales de l’ordre de 30 000 tonnes seraient alors
nécessaires et pourraient être mobilisées via l’augmentation des surfaces françaises de plantes à fibres.
Type de production : Compounds fibres naturelles Chiffre d’affaires moyen : 2 millions d’euros /an
Chiffres clés :
Cas n°3
45 000 t/an de granulats végétaux
125 000 m3/an de panneaux
DE SUTTER FRERES
15 M€ de chiffre d’affaires moyen
Interview de Vincent DE SUTTER, dont une part des fibres végétales de
PDG l’ordre de 100 % du chiffre d’affaires
Activités de l’entreprise
Depuis 1962, cette entreprise familiale produit des panneaux de particules à base de ressources végétales
à destination des marchés du bâtiment et de l’emballage.
Elle a une production annuelle de l’ordre de 125 000 m3 et un rayon d’influence mondial (Europe,
Amérique du nord, Océanie, etc.).
Sécurité de l’approvisionnement
Depuis 50 ans, cette entreprise n’a jamais eu de problèmes concernant l’approvisionnement en ressources
végétales Elle utilise annuellement 45 000 tonnes de granulats végétaux provenant de 3 coopératives
linières normandes dans un rayon de 50 kilomètres autour de l’usine.
Pour Vincent DE SUTTER l’approvisionnement n’est pas un problème car la ressource est présente et
disponible. De plus, même si cette matière première est naturelle, son entreprise a connaissance plusieurs
mois à l’avance des quantités récoltées, du niveau des stocks (les producteurs de fibres végétales réalisant
le stockage) et de la capacité de transformation de ses fournisseurs, ce qui lui permet de gérer
sereinement son approvisionnement.
Perspectives de développement
La recherche sera le levier majeur du développement du lin et de ses applications. Les axes de recherche
doivent permettre de valoriser le produit au mieux en lui apportant de la valeur ajoutée afin d’obtenir un
meilleur prix tout en restant compétitif.
Bien évidemment, la demande en fibres végétales ira de paire avec le développement des cultures de
plantes à fibres, tant sur le plan qualitatif que quantitatif.
Activités de l’entreprise
Depuis 2004, la société CHANVRIBLOC produit des blocs de béton fabriqués à partir de ressources
végétales. Ces blocs de béton sont à destination des secteurs de la construction et de la rénovation pour
un usage isolant principalement. Cette société commercialise ses produits via des distributeurs nationaux
de matériaux (pour professionnels et particuliers).
Sécurité de l’approvisionnement
Cette entreprise utilise jusqu’à 1000 tonnes de chènevottes par an qui proviennent des différentes
chanvrières françaises. Selon son dirigeant, l’approvisionnement en fibres végétales n’est pas un problème,
car il y a des volumes de production suffisants pour couvrir l’ensemble des besoins actuels et des quelques
années à venir.
Perspectives de développement
Pour Fabien MOREL, les recherches devraient se concentrer sur 2 axes principaux : sur la fibre végétale
(ses caractéristiques, ses qualités, etc.) et sur ses nouvelles valorisations possibles afin de développer son
utilisation. Pour que les agro-matériaux se développent, il est primordial qu’ils présentent des
performances égales ou supérieures à celles des matériaux traditionnels. Ils doivent également avoir un
impact environnemental le plus faible possible.
Les produits de cette entreprise à performances égales se placent dans la même gamme de prix que les
matériaux traditionnels, cependant le développement de ce type de matériaux est plus un travail
d’éducation que de prix.
CHANVRIBLOC en bref
Activités de l’entreprise
SOPREMA est une entreprise centenaire spécialisée dans la fabrication de matériaux de construction et
dans l’entreprenariat.
Issue d’une structure familiale, cette entreprise est aujourd’hui l’un des principaux leaders mondiaux du
domaine de l’étanchéité mais également un spécialiste de la couverture, des sous-couches phoniques et de
l’isolation.
Sécurité de l’approvisionnement
Les besoins annuels en fibres végétales s’élèvent à 7 tonnes, ce qui permet de produire 50 000 m² d’écran
de sous-toiture par an. A l’heure actuelle, SOPREMA se fournit auprès de teilleurs privés.
Dans le cas où cette entreprise tendrait vers son potentiel de production (consommation de 5 000 tonnes
de fibres végétales par an), elle mettrait alors en place un service d’achat qui serait chargé de trouver des
fournisseurs de matières premières végétales via des appels d’offres.
Perspectives de développement
Pour cette entreprise, le développement des agromatériaux est positif d’un point de vue sociétal et
environnemental. Cependant, un produit ne se développe que s’il est compétitif par rapport aux produits
existants qui sont bien souvent issus de la pétrochimie et donc plus économique.
Afin de développer ces agromatériaux, SOPREMA travaille sur l’intégration des produits, l’optimisation
économique et l’optimisation des procédés.
SOPREMA en bref
Activités de l’entreprise
Fondée en 1778, SAFILIN est devenue au cours du temps une filature d’envergure internationale.
Positionnée au cœur du principal bassin européen de production de lin fibre, cette entreprise a su
construire une solide réputation dans la production et la commercialisation de fils de lin ou de chanvre, en
pur ou en mélange.
Sécurité de l’approvisionnement
Grâce à son histoire et à sa connaissance parfaite de la filière, cette entreprise gère parfaitement son
approvisionnement. Elle possède une dizaine de fournisseurs de fibres de lin dans un rayon de 250 km.
SAFILIN réalise des achats de sécurité en fonction des années, de la région et de la qualité des récoltes et
du teillage. Elle possède un stock de matière première d’un an (plusieurs récoltes) permettant de garantir
l’approvisionnement et la qualité.
Pour cette entreprise, la question de l’approvisionnement en fibres végétales n’est pas un problème à
condition que les prix soit suffisamment rémunérateurs.
Perspectives de développement
Le potentiel de développement concernant les matériaux biosourcés fibres végétales est immense.
SAFILIN travaille d’ailleurs en partenariat avec la filière amont sur des projets de composite et de maille
de lin.
SAFILIN en bref
Activités de l’entreprise
BUITEX est une entreprise familiale créée en 1958 et spécialisée dans la transformation de tous types de
fibres de toutes structures. L’entreprise est présente dans les secteurs de l’automobile, de la literie et du
bâtiment. Sa fabrication journalière est de l’ordre de 70 000 m2.
Sécurité de l’approvisionnement
BUITEX a structuré une filière pour l’approvisionnement de fibres de bois et travaille étroitement avec
ses partenaires pour la fourniture de fibres de chanvre. L’augmentation de la mise en culture et les
différentes structurations des filières autorisent un développement constant et pérenne.
Perspectives de développement
BUITEX est en recherche perpétuelle pour l’utilisation et la substitution de fibres synthétiques par des
fibres végétales. L’apparition de nouveaux concepts mêlant technologie et fibres naturelles verra naître
dans les prochaines années de nouveaux produits particulièrement innovants.
BUITEX en bref
Lexique
a
Variabilité interannuelle : Variation moyenne non-orientée (pouvant être aussi bien positive que
négative) entre une année n-1 et une année n. [3]
b
Cellulose : Le taux de cellulose s’apparente au taux de renfort contenu dans un composite, ce renfort
contribuant à améliorer la résistance mécanique et la rigidité du matériau. Plus le taux de
microfibrilles de cellulose est important, plus la fibre est rigide (augmentation du module d’Young) et
résistante (augmentation de la contrainte de rupture). [3,15]
c
Hémicelluloses : Les hémicelluloses permettent de lier les microfibrilles de cellulose entre elles. Plus
le taux d’d’hémicellulose est élevé, plus la cohésion entre les microfibrilles de cellulose est bonne.
La quantité d’hémicellulose joue un rôle important lorsqu’on sollicite la fibre dans le sens transversal.
[4]
d
Lignine : La lignine permet de répartir les contraintes, d’apporter la tenue chimique de la fibre et de
lui donner sa forme. La lignification des fibres conduit à l’imperméabilisation et à la rigidité de la
structure [3]. Certaines études [4] semblent indiquer que la lignine joue également un rôle de
cohésion entre les fibres unitaires. Ainsi, plus le taux de lignine est important, plus la cohésion des
faisceaux est bonne.
e
Pectines : Le taux de pectine n’influe pas directement les propriétés intrinsèques de la fibre unitaire,
mais plutôt celles des faisceaux de fibres. En étant le principal constituant du ciment interstitiel
(lamelle mitoyenne et paroi primaire), les pectines assurent la cohésion entre les fibres unitaires. [5]
f
Filature : La filature permet de mélanger des fibres de propriétés complémentaires pour la
fabrication de fils hybrides. [14]
g
Tissage : Technique d'entrecroisement de fils qui permet de réaliser un tissu. Le tissage se réalise
sur des métiers à tisser sur lesquels sont tendus dans le sens de la longueur une série de fils dits
"fils de chaine" et dans le sens de la largeur, perpendiculairement aux précédents un ensemble de
fils dits "fils de trame". [source : eurotexnord]
h
Tressage : Le tressage consiste à réaliser une structure textile, plate ou tubulaire, dans laquelle les
fils la composant sont entrecroisés suivant un angle déterminé par rapport au sens longitudinal du
produit, avec des fils longitudinaux. [14]
i
Tricotage : Les tricots ou mailles sont caractérisés soit par une grande élasticité et sont démaillables,
soit par une faible déformabilité et sont indémaillables. [14]
j
Non-tissé : Un non-tissé ou mat ou feutre est composé de fibres naturelles ou chimiques dont le liage
est assuré par entremêlement mécanique (aiguilletage) ou hydraulique, fibres thermofusibles ou
adjonction d’un liant chimique. [14]
k
Ennoblissement : Les traitements d’ennoblissement sont essentiellement l’impression, l’ensimage et
les traitements thermique, ignifugeant, hydrophobe, antistatique et microbien. [14]
l
Enduction : Un textile enduit est un support textile additionné d’une résine polymère en quantité
variant d’une fraction du poids du textile à plusieurs fois son poids. [14]
m
Pré-imprégné : un pré-imprégné est une structure textile traitée avec une résine thermodurcissable
non réticulée ou une résine thermoplastique. Il existe plusieurs procédés de pré-imprégnation : en
solution, en voie fondue, le poudrage, l’hybridation et le transfert. [14]
n
Complexage : Le complexage se réalise par contre collage (ou laminage) sur un support textile de
films ou de mousses ou de membranes conférant des fonctions barrières (respirabilité ou étanchéité)
au complexe. [14]
o
L’adhérisation : L’adhérisation est un traitement spécifique des fils ou des textiles destinés au renfort
de caoutchouc afin d’avoir une bonne adhésion entre les fibres et l’élastomère. [14]
p
Teinture : Technique de coloration qui consiste à fixer, par pénétration, de manière uniforme, des
colorants (solubles, solubilisés ou dispersés) dans des fibres, fils, tissus ou tricots. Les procédés mis
Bibliographie
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2005, Ademe.
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