Droit International Public
Droit International Public
Droit International Public
Islam Loueti
SOMMAIRE
FICHE N° 5 – LA COUTUME
FICHE N° 12 – LA DÉCOLONISATION
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FICHE N° 20 – LES USAGES LICITES DE LA FORCE
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INTRODUCTION GENERALE
– L’essentiel
– Les connaissances
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La notion de jus gentium (droit des gens) – qui précède celle de « droit
international public » – est apparue au cours de la Rome antique et est
initialement considéré comme un droit commun au genre humain mais il
s’imposera ultérieurement comme un droit que toutes les nations doivent suivre.
Le droit international tel que nous le connaissons aujourd’hui tire son origine
des éléments susmentionnés mais a continué son évolution partir du XIXe
siècle. Après la défaite et l’abdication de Napoléon Bonaparte et la chute de son
empire, les frontières territoriales françaises ont été rétablies et huit États
européens se sont réunis au Congrès de Vienne, entre septembre 1814 et juin
1815, afin de maintenir une paix durable. Ce congrès a jeté les bases des traités
multilatéraux et de leur suivi par un cycle de conférences qui permettra la
création ultérieure d’institutions permanentes à l’instar de la Commission
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centrale du Rhin (en matière de navigation), renforcée par la Convention de
Mayence, signée le 31 mars 1831. Le développement des différentes branches
du droit international va dès lors rapidement s’accélérer.
Si les aspects militaires ont été pris en compte depuis l’antiquité par le droit
international, on considère que c’est la Convention de Genève (1864 –
inviolabilité des formations sanitaires sur le champ de bataille) et la Déclaration
de Saint-Pétersbourg (1868 – interdiction de l’usage de certains projectiles) qui
fondent le droit humanitaire, soit l’ensemble de règles qui cherchent à limiter les
effets des conflits armés. C’est ce que l’on appellera le jus ad bellum (droit de
faire la guerre), le jus in bello (le droit dans la guerre) et plus tard le jus contra
bellum (droit de prévention de la guerre). Ces tentatives de réduction des
conséquences de la guerre vont s’accompagner d’efforts pour limiter les conflits
armés par l’intermédiaire du principe de règlement pacifique des différends.
Ainsi, le 15 Septembre 1872, l'arbitrage en Alabama est prononcé à Genève et
pour la première fois, un différend entre deux États (les États-Unis d’Amérique
et le Royaume-Uni à propos de la guerre de sécession) est réglé par un tribunal
arbitral international. Cette expérience sera confortée grâce à la première
Conférence de la paix réunit à La Haye (1899) qui permettra aux représentants
de 26 pays de débattre de la paix et du droit international.
Une importante étape est franchie avec la fin de la Première Guerre mondiale.
La Société des Nations (SDN) est ainsi créée par l’intermédiaire du traité de
Versailles, signé le 28 juin 1919 par 32 États (à l’instar de l’Organisation
Internationale du Travail). La tentative de mise en place d’une sécurité
collective pour la société internationale a malheureusement échoué et n’a pas
empêchée la survenance de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, l’ébauche
de la SDN allait permettre la création de l’organisation des Nations unies, créée
par une charte signée lors de la conférence de San Francisco le 26 juin 1945 et
entrée en vigueur le 24 octobre 1945. Cette Charte pose les principes d’un
système fondé sur l’égalité et la souveraineté des États. En parallèle de l’ONU,
de nombreuses autres organisations régionales ou internationales continueront à
se développer et favoriseront l’adoption d’accords inter-étatiques pour la plupart
sectoriels.
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I Les doctrines volontaristes
Les doctrines volontaristes reposent sur le fait que le droit international repose
nécessaire sur la volonté de l’État. Cette idée été proposée pour la première fois
par Rudolf Von Jehring (1818-1892), puis perfectionnée par Georg Jellinek
(1851-1911). La conception de ces auteurs est qualifiée de théorie de
l’autolimitation. En effet, à l’instar du droit interne, l’État consent
volontairement au droit international car il est obligé d'entrer en rapports avec
ses pairs.
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doivent être respectées) suprême s’imposant aux État. Ainsi, il y a au-dessus de
tous les Etats un ordre juridique qui délimite leurs rapports et qui empêche
n'importe lequel d'entre eux de se reconnaître une supériorité de droit à l'égard
des autres.
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FICHE N° 2 – Les caractéristiques du droit international
– L’essentiel
– Les connaissances
Le droit international public, qui peut se définir comme l’ensemble des règles
applicables aux relations entre les sujets de la société internationale, est un droit
fragmenté et flexible.
§ 1 Un droit fragmenté
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situation est logique étant entendu que le principal sujet de droit international est
l’État et que les principes relatifs à son indépendance et à sa souveraineté
s’opposent à l’existence d’un commandement souverain au niveau mondial. En
effet, l’État dispose en théorie d’un pouvoir absolu (dont tous dépendent) et
inconditionné (qui ne dépend de qui que ce soit) que Georg Jellinek a pu
qualifier de « Kompétenz kompétenz » (compétence de la compétence).
Cette liste n’est pas hiérarchisée et est manifestement incomplète car elle ne
comprend pas les actes unilatéraux.
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L’expansion du droit international public n’a justement cessé de s’accélérer dans
de nombreux domaines (droit de l’environnement, droit économique, droits de
l’homme, droit au développement, etc.) et certains auteurs comme Prosper Weil
qualifient le droit international comme étant naturellement fragmenté, car il se
fonde principalement sur des relations étatiques bilatérales dominées par les
intérêts nationaux. Évidemment le rôle de plus en plus prononcé des
organisations internationales est à prendre en compte aujourd’hui.
La Soft law est ainsi très importante et constitue pour Alain Pellet un processus
à finalité normative. De nombreux textes symboliques et déclaratoire ont ainsi
pu avoir des effets non négligeables sur le développement du droit international
public à l’instar de la déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement de 1992.
§ 2 Un droit consenti
I L’importance du consentement
les États sont juridiquement égaux ; chaque État jouit des droits inhérents à la
pleine souveraineté ; chaque État a le devoir de respecter la personnalité des
autres États, l'intégrité territoriale et l'indépendance politique de l'État sont
inviolables ; chaque État a le droit de choisir et de développer librement son
système politique, social, économique et culturel ; chaque État a le droit de
s'acquitter pleinement et de bonne foi de ses obligations internationales et de
vivre en paix avec les autres États.
Pourtant, si le consentement semble être l’une des plus importantes bases pour
établir le caractère obligatoire des règles du droit international, il existe des
notions pouvant théoriquement y déroger, telle que celle du Jus Cogens. Ainsi,
selon l’article 53 de la Convention de Vienne de 1969 susmentionnée :
est nul tout traité qui, au moment de sa conclusion, est en conflit avec une norme
impérative du droit international général. Aux fins de la présente Convention,
une norme impérative du droit international général est une norme acceptée et
reconnue par la communauté internationale des États dans son ensemble en tant
que norme à laquelle aucune dérogation n’est permise et qui ne peut être
modifiée que par une nouvelle norme du droit international général ayant le
même caractère.
Le Jus Cogens est cependant très fortement critiqué à cause de son imprécision
et de son étrange nature de super-norme internationale.
Selon Pierre-Marie Dupuy, chaque État reste libre de décider des conséquences
qu’il entend donner à l’atteinte portée à ce qu’il estime être ses droits dans une
situation donnée. Il peut ainsi décider d’engager la responsabilité du sujet de
droit international qui lui a porté préjudice. En outre, il arrive très souvent que la
violation du droit international public ne se concrétise pas par des décisions
juridiquement contraignantes, mais par de simples déclarations qualifiées de
recommandation ou suggestions, adressées directement par un État ou par
l’intermédiaire d’un organe d’une organisation internationale à l'État défaillant.
L’effet de ces déclarations est aléatoire mais certainement pas inexistant. En
effet, l'État mis en cause, même s’il ne consent pas à appliquer ces déclarations,
reste soucieux de son image sur la scène internationale et est régulièrement
conduit à les prendre en considération.
Les effets du droit international public sont donc équivoques en fonction des
situations et du consentement des États. Cette situation étant aggravée par
l’adoption de textes au caractère obligatoire de plus en plus douteux. Le fort
développement de la Soft law n’y est pas étranger, mais il faut toutefois préciser
comme Julien Cazala que si les États refusent, en recourant à un énoncé Soft
law, un engagement juridique contraignant, ils ne renoncent toutefois pas à toute
forme d’engagement. Au fond, le questionnement des effets normatifs du droit
international public, touche aussi ses sources les plus traditionnelles, telles que
les traités.
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FICHE N° 3 – L’application du droit international en droit interne
– L’essentiel
Il existe deux principales théories sur les rapports entre le droit international et
le droit interne. Selon la doctrine dualiste, l’ordre juridique national et l’ordre
juridique international forment des ensembles distincts et étanches l’un de
l’autre, alors que dans la théorie moniste les deux ordres se confondent et
interagissent entre eux. S’opposent donc un système cloisonné (le dualisme) à
un système unitaire (le monisme). Cette opposition théorique est importante
pour les États car elle déterminera en pratique leur relation avec le droit
international.
L’école dualiste est la plus ancienne car elle se fonde en partie sur la
souveraineté des États et la primauté du droit interne. Le cloisonnement de ce
système – théorisé par Heinrich Triepel, Dionisio Anzilotti et Alfred Verdross –
repose notamment sur l’idée que les normes internes s’adressent principalement
aux citoyens tandis que les normes internationales visent uniquement les États.
La technique dualiste est un procédé de réception classique du droit
international, qui opère une transformation de la norme internationale devenant
alors une norme interne parmi d'autres (la naturalisation).
Ainsi, les normes internationales ne s’appliquent pas dans l’ordre interne. Pour
qu’elles puissent produire des effets, elles devront être intégralement reprise par
un texte normatif interne (une loi par exemple). Elles seront alors considérées
comme des faits et non des normes.
L’idée que l’on pourrait se faire selon laquelle le système dualiste est moins
favorable que le système moniste pour le droit international doit toutefois être
relativisée. En effet, les deux théories ne sont pas forcément antinomiques, mais
plutôt à géométrie variable. Ainsi, dans les deux systèmes, la norme
internationale reste de toute façon soumise à certaines formalités pour être
opposable en droit interne : la naturalisation pour le dualisme et au moins la
ratification (pour les traités uniquement) pour le monisme. Ainsi, aucun État
n’accorde sans restriction la primauté au droit international sur le droit national.
Dans le silence (ou le flou) de certaines constitutions, il est parfois même
difficile de savoir si le système d’un État penche clairement du côté d’une
théorie plutôt que de l’autre.
Avec une interdépendance entre États de plus en plus développée dans le monde
contemporain, il serait possible de penser que la théorie moniste ait
complètement supplanté le dualisme. Or, il n’en est rien et il existe globalement
un panachage des deux systèmes. Il serait d’ailleurs plus justifié de parler de
monismes et de dualismes, tant l’application concrète des deux théories
précitées varient selon les acteurs concernés.
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Le Royaume-Uni est souvent présenté comme l’exemple type du système
dualiste. En effet, cet État refuse généralement l’application directe des traités
internationaux qui n’ont pas été naturalisés par une norme interne. Ce système
découle du principe traditionnel de la souveraineté absolue du Parlement
britannique. Une loi doit donc permettre l’intégration du traité, qui obtiendra
ainsi la même valeur que la législation nationale. Toutefois, le postulat
précédemment énoncé n’est pas absolu et doit être relativisé. En effet, le
principe dégagé par William Blackstone : « International Law is part of the Law
of the Land » permet à la coutume internationale d’être automatiquement
intégrée en droit britannique, sans passer par une loi de transposition. En outre,
certaines conventions internationales peuvent relever de la compétence
exclusive de la couronne et ainsi échapper à l’obligation d’une naturalisation
parlementaire du traité.
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TITRE 1 – LES SOURCES DU DROIT INTERNATIONAL
– L’essentiel
Le traité est la source la plus connue du droit international public. Ces accords
internationaux sont globalement définis par la Convention de Vienne du 23 mai
1969 sur le droit des traités. Soumis à la volonté des États, les règles relatives à
l’adoption et la validité des traités ont peu évoluées. Il est possible de constater
aujourd’hui que les effets produit par ces accords ne se limitent désormais plus
aux seuls signataires.
– Les connaissances
I La définition du traité
(…) l'expression « traité » s'entend d'un accord international conclu par écrit
entre États et régi par le droit international, qu'il soit consigné dans un
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instrument unique ou dans deux ou plusieurs instruments connexes, et quelle
que soit sa dénomination particulière ; (…) .
3° Un traité est conclu « entre États ». Les accords entre un État et une autre
entité – comme une société privée ou une organisation intergouvernementale –
ne sont donc pas considérés comme des traités par la Convention de Vienne de
1969 mais ce sera le cas par la Convention de Vienne de 1986 ;
4° Un traité est « régi par le droit international ». C’est un acte international dont
les conditions de validité, dans l’ordre international, sont déterminées par le
droit international ;
3° La ratification.
Jusqu'à ce que l'État exprime son consentement à être lié, le traité n'est qu'un
texte sans plus d'effets que ceux affectés à son élaboration par le droit
international général. Il appartient désormais à l'État de s'y assujettir de façon à
ce que s'établisse un lien conventionnel avec tout autre État acceptant le même
instrument. Les États ne pourront ainsi être liés par le traité qu’à la condition de
l’accomplissement d’une procédure interne impliquant généralement l’accord du
pouvoir exécutif ou du pouvoir législatif. Il est reconnu que les accords
internationaux ne lient qu’en vertu de cette ratification (CPJI, 10 septembre
1929, Compétence de la Commission internationale de l'Oder), d’autant plus si
cette condition est inscrite au traité. En France, le Président de la République
négocie et ratifie les traités, parfois sous réserve d’une habilitation parlementaire
(art. 52 et 53 de la Constitution). Il existe d’autres formes de validation des
accords internationaux à l’instar de l’approbation, un processus qui implique
simplement la signature d’un accord par les représentants autorisés d’un État,
suivi de l’approbation formelle de cet accord par le pouvoir exécutif. En outre,
les accords en forme simplifié qui sont souvent utilisés pour régler des questions
techniques ou administratives ne nécessitent pas de ratification ;
4° L’entrée en vigueur.
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Elle correspond au moment où la convention s’insère dans l’ordre juridique
international. Les États, de contractants, deviennent parties à l’instrument.
Désormais, celui-ci trouve à s’appliquer entre eux moyennant la réalisation de
conditions prévues dans les clauses finales. Le plus souvent c’est donc le traité
qui règle ses propres modalités d’entrée en vigueur et lorsque de telles
dispositions font défaut, il faut s’en référer à la Convention de Vienne. Pour un
accord bilatéral, le traité peut potentiellement entrer en vigueur et produire tous
les effets de droit qui lui sont attachés une fois que les instruments de
ratification ont été échangés. Pour un accord multilatéral, l'entrée en vigueur du
traité dépend de la ratification d'un nombre suffisant d’États (qui varie en
fonction du texte). A titre d’exemple la Convention de Vienne du 23 mai 1969
sur le droit des traités a nécessité 35 ratifications pour son entrée en vigueur (27
janvier 1980). Les délais d’attentes peuvent donc être longs ;
§2 La vie des traités Après l’examen des conditions de validité des traités, nous
aborderons leurs effets.
I Les conditions de validité des traités Les conditions de validités des traités sont
relativement proches de celle des contrats. Il est possible de distinguer les vices
du consentement et l’illicéité du but ou de l’objet du traité :
2° Le but et l’objet du traité. Il ne doit pas être contraire à une norme impérative
du droit international général : le jus cogens (encore faut-il pouvoir identifier ce
principe). Si le traité est contraire à une norme impérative préexistante, il peut
être rétroactivement supprimé, alors que si la norme de jus cogens est
postérieure, le traité risque uniquement l’abrogation (art. 53 et 64 de la
Convention de Vienne du 23 mai 1969).
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Les conséquences des éventuelles invalidités susmentionnées sont variables.
Elle peut conduire à la nullité de certaines dispositions, détachables du reste du
traité, ou une nullité absolue dans les cas les plus grave pour la totalité du traité
et de façon rétroactive (ab initio). Cette hypothèse reste néanmoins très
controversée.
Le traité approuvé possède une force obligatoire pour les États qui y sont
parties, selon le principe pacta sunt servanda. L’article 26 de la Convention de
Vienne du 23 mai 1969 dispose à ce titre que : « Tout traité en vigueur lie les
parties et doit être exécuté par elles de bonne foi ». Les parties ne peuvent donc
ni modifier unilatéralement le traité, ni refuser de l’appliquer, le principe pacta
sunt servanda étant le socle de la coopération internationale (CIJ, 27 août 1952,
Droits des ressortissants des États-Unis d’Amérique au Maroc ; CIJ, 27 juin
1986, Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre
celui-ci).
C’est le principe de l’effet relatif des traités. Une obligation d’un traité ou un
droit consacré par celui-ci ne peut donc logiquement pas être appliqué à un État
qui n'est pas une partie, du moins s’il n’y a pas consenti. Cette manifestation de
volonté doit être expresse pour les obligations mais peut être tacite pour les
éventuels droits octroyés par un traité (art. 35 de la Convention de Vienne).
Certaines dispositions de traités sont parfois applicables aux États tiers sans leur
consentement. C’est le cas si les règles susmentionnées avaient déjà un caractère
coutumier en droit international (CIJ, 20 février 1969, plateau continental de la
mer du Nord). Si le traité est qualifié « d’objectif », il peut aussi s’appliquer
directement aux États tiers. Un traité objectif est un accord créant des droits ou
imposant des obligations à l'égard de tous les États, y compris les États
demeurés à l'extérieur du cercle conventionnel : c'est une convention opposable
erga omnes.
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FICHE N° 5 – La coutume
– L’essentiel
La coutume est l’une des sources les plus ancienne du droit international public.
A défaut d’un formalisme comme pour les traités, la coutume ne se forme que si
deux éléments sont réunis : l’élément matériel (la pratique répétée) et moral
(l’opinio juris).
– Les connaissances
I La notion de coutume
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un caractère impératif. Pour Pierre Couturier et Tiphaine Demaria, la coutume
est ainsi tout à la fois une source et une norme du droit international et est d’une
importance décisive dans l’ordre juridique international.
II La formation de la coutume
En ce qui concerne l’élément moral, aussi connu sous le nom d’opinio juris ou
opinio juris sive necessitatis (littéralement l’opinion du droit ou de la nécessité),
il s’agit du comportement adopté par les auteurs et les destinataires de la
coutume et plus particulièrement par le sentiment de se conformer à ce qui
équivaut à une obligation juridique (CIJ, 20 février 1969, Délimitation du
plateau continental de la mer du Nord). C’est la pratique : « acceptée comme
étant le droit » de l’article 38 (1° b.) du statut de la Cour internationale de
justice. L'opinio juris – qui atteste du caractère obligatoire de la règle – est une
notion dont l’existence est débattue par la doctrine, tant sur sa définition même
que sur la difficulté à prouver que l’élément matériel. La recherche de cet
élément moral relève donc principalement du juge et plus particulièrement de la
Cour internationale de justice. À titre d’exemple, à la question de savoir si une
règle coutumière proscrivant l’interdiction de l’arme nucléaire s’était formée, la
Cour internationale de justice va estimer que du fait des divisions
internationales, elle ne pouvait conclure à l’existence d’une telle opinio juris
(CIJ, avis, 8 juill. 1996, Licéité de la menace ou de l’emploi d’armes
nucléaires).
§ 2 L’autorité de la coutume
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L’examen de l’opposabilité de la coutume précèdera l’étude de son articulation
avec les traités.
I L’opposabilité de la coutume
A l’exception du jus cogens, il est reconnu qu’il n’existe pas de hiérarchie des
normes en droit international. L’articulation de la coutume avec les autres
sources internationales peut se révéler problématique dès lors que ces conditions
de formation et d’identification ne sont pas aussi claires que pour d’autres
normes à l’instar du traité.
Les liens entre les traités et les coutumes sont nombreux. Cela semble logique
dès lors qu’indépendamment de la Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le
droit des traités, le régime juridique des normes conventionnelles est
principalement coutumier. Par ailleurs les traités se sont progressivement
imposés comme des instruments de codification de la coutume internationale. Il
est possible de constater que si les traités sont souvent plus récents, ils peuvent
cependant être parfois moins précis que la coutume et dès lors être écartés à son
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profit (CIJ, 27 juin 1986, Activités militaires et paramilitaires). Ainsi dans
l’hypothèse d’un conflit entre un traité et une coutume, ce n’est ni
nécessairement la coutume , ni nécessairement le traité qui prévaut. Il est ainsi
nécessaire de démontrer qu’une norme par rapport à l’autre est plus précise et
qu’il doit être fait application du principe de lex specialis (CIJ, 25 sept. 1997,
Projet Gabčikovo-Nagymaros).
La codification d’une coutume par un traité ne conduit pas à son abrogation. Son
abrogation ne peut être opérée que par une autre coutume. La coutume
internationale existe donc en parallèle des traités, même pour des règles
similaires à l’instar de la Convention de Vienne susmentionnée, qui dispose
dans l’avant dernier alinéa de son préambule que : « les règles du droit
international coutumier continueront à régir les questions non réglées dans les
dispositions de la présente Convention ».
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