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Chapitre 2

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Chapitre 2

Conséquences des

transformations de Lorentz :

simultanéité, transformations

des longueurs et des durées

2.1 Conséquences de la relativité du temps et in-


variant relativiste
Les transformations de Lorentz impliquent que la coordonnée temps t n'est
plus commune à tous les référentiels d'inertie. Chaque référentiel possède sa
propre échelle de temps. Cela peut potentiellement poser problème : si les
échelles de temps sont diérentes, on peut se retrouver avec des paradoxes où
deux événements dans un référentiel se retrouvent avec des ordres temporels
inversés par rapport à un autre référentiel. Si ces deux événements sont reliés
par relation de cause-à-eet, cela peut amener à des situations absurdes où la
conséquence a lieu avant la cause. On va dans cette partie vérier que cette
situation ne peut avoir lieu dans le cadre de la relativité restreinte.

2.1.1 Un exemple de problèmes de simultanéités


On va illustrer les problèmes de simultanéité en prenant un exemple. On
considère un train AB, animé dans le référentiel R(x, t) d'une vitesse constante
~
V vers les x positifs. On appelle R0 (x0 , t0 ) le référentiel du train. R et R0 sont deux
référentiels d'inertie : on pourra donc utiliser les transformations de Lorentz.
Soient deux observateurs : O immobile dans R à x = 0 et O' immobile dans
R0 au milieu du train (x
0
= 0). Dans R, au temps tA , une lampe s'allume à
l'extrémité A du train. Au temps tB , une autre lampe à l'extrémité B. Dans
R, tA = tB , et à ce moment là, O et O' sont confondus. On souhaite connaître
le point de vue de chaque observateur aux moments où il reçoit les signaux
lumineux des lampes.

ˆ Point de vue de O :

20
B O’ V A x’

O x

Figure 2.1  Schéma du problème dans R à t = tA = tB .

Les signaux lumineux dans R sont émis aux coordonnées (xA , tA ) et (xB , tB ).
Comme à tA = tB , O est au milieu du train dans R, on a que xB = −xA <
0 (cf. schéma).

O reçoit le signal lumineux de A à :

xA
tRA = tA +
c
O reçoit le signal lumineux de B à :

|xB | −xB
tRB = tB + = tB +
c c

Comme tA = tB , tRA = tRB et donc O reçoit les deux signaux lumineux


en même temps.

ˆ Point de vue de O' :

Pour déterminer les temps auxquels O' reçoit les signaux lumineux, on
peut utiliser les transformations de Lorentz pour passer des coordonnées
dans R aux coordonnées dans R0 :

x0A
 
V γ
t0RA = t0A+ = γ tA − 2 xA + (xA − V tA )
c c c
   
V V xA
t0RA = γ 1 − tA + γ 1 −
c c c
 
V
t0RA = γ 1 − tRA
c
De même, on peut montrer que :

−x0B
 
V
t0RB = t0B + =γ 1+ tRB
c c
ˆ Bilan :

Ainsi, si l'observateur O voit dans R que les deux lampes s'allument si-
multanément, cela n'est pas vrai pour O' pour qui t0RB > t0RA : O' voit la
lampe A s'allumer avant la lampe B dans son référentiel. Ses deux obser-
vations sont contradictoires, mais, il n'existe pas de point de vue meilleur
que l'autre car les deux référentiels R et R0 sont équivalents. C'est donc la
simultanéité entre l'allumage des lampes qui n'a plus de sens en relativité
restreinte car elle dépend du référentiel.

21
De plus, si on imagine un troisième observateur O qui se déplace à ~
−V
par rapport à O (c'est-à-dire vers les x négatifs), alors, par le même rai-
sonnement que celui employé pour O', on trouverait que O voit la lampe
B s'allumer avant la lampe A. On se retrouve alors avec deux événements
(la lampe A s'allume et la lampe B s'allume) dont l'ordre temporel dépend
du référentiel d'observation. L'ordre temporal n'a donc, dans ce cas là, pas
plus de sens que la simultanéité en relativité restreinte.

2.1.2 Simultanéité et ordre temporel entre deux événe-


ments

Soit deux événements simultanés E1 et E2 de coordonnées respectives (x1 , t1 )


et(x2 , t2 = t1 ) dans un référentiel R donné. Dans tout autre référentiel d'inertie
R0 se déplaçant à V ~ = V.~ux quelconque par rapport à R, ces deux événement
auront pour coordonnées temporelles, données par les transformations de Lo-
rentz :

   
V V
t01 = γ t1 − 2 x1 et t02 = γ t2 − 2 x2
c c
Ainsi, si t1 = t2 , alors obligatoirement t01 6= t02 (on notera que x1 6= x2 car
sinon E1 et E2 seraient le même événement).
On en déduit donc que la simultanéité entre deux événements dif-
férents n'est plus absolue en relativité restreinte, mais dépend du
référentiel d'inertie.
Dans le même esprit, si on exprime l'écart temporel entre E1 et E2 dans
tout référentiel R0 :

V
∆t0 = t02 − t01 = γ (x1 − x2 )
c2
Le signe de ∆t0 dépend donc du signe de (x1 − x2 ) mais surtout du signe de V,
et donc du choix que l'on a fait pour le référentiel R0 .
Si deux événements sont simultanées dans un référentiel donné,
on pourra toujours trouver deux référentiels d'inertie dans lesquels
l'ordre temporel entre ces deux événements est diérent.

2.1.3 Invariant relativiste ∆s2


Dans certains cas, on peut inverser l'ordre temporel de deux événements en
changeant de référentiel. On doit vérier que cela ne peut pas s'appliquer si les
deux événements en questions peuvent être reliés par relations de cause-à-eet.
Pour cela, on doit disposer d'outils qui permettent de comparer deux événements
entre eux et de tirer des conclusions vraies quelque soit le référentiel.
Pour comparer deux événements quelconques E1 (x1 , t1 ) et E2 (x2 , t2 ), on
peut utiliser, en mécanique classique, soit la durée ∆t = t2 − t1 les séparant,
soit la distance ∆x = x2 − x1 . Les conclusions que l'on tire des raisonnements
sur ces deux grandeurs sont vraies quelque soit le référentiel d'inertie car ∆t et
∆x sont des invariants par les transformations de Galilée.
En relativité restreinte, les transformations de Lorentz modiant à la fois les
coordonnées spatiales et temporelles, les distances et les durées ne sont plus des

22
invariants (cf. suite du Chapitre II). On va donc chercher une grandeur qui se
conserve par transformation de Lorentz et qui contient les informations sur les
coordonnées des événements 1 et 2.
Soit R(x, t) et R0 (x0 , t0 ) deux référentiels d'inertie en mouvement relatif avec
la vitesse V constante suivant x. Si on calcule ∆t0 et ∆x0 en fonction de ∆t et
∆x :

∆x0 = x02 − x01 = γ(x2 − V t2 ) − γ(x1 − V t1 ) = γ(∆x − V ∆t)


     
V V V
∆t0 = t02 − t01 = γ t2 − 2 x2 − t1 − 2 x1 = γ ∆t − 2 ∆x
c c c
On peut faire apparaître c an d'obtenir des relations similaires :



0 V
∆x = γ ∆x − c∆t
c
 
V
c∆t0 = γ c∆t − ∆x
c
Si on combine ∆x02 et c2 ∆t02 , on peut faire apparaître le facteur γ2 :

V2 V2
 
c2 ∆t02 − ∆x02 = γ 2 c2 ∆t2 + 2 ∆x2 − ∆x2 − 2 c2 ∆t2 +
c c

V2
 
c2 ∆t02 − ∆x02 = γ 2 1 − 2 c2 ∆t2 − ∆x2

c

c2 ∆t02 − ∆x02 = c2 ∆t2 − ∆x2


On appelle cette grandeur l'intervalle spatio-temporel (ou d'espace-
temps) entre les deux événements E1 (x1 , t1 ) et E2 (x2 , t2 ) et que l'on
note ∆s2 :
2 2
∆s2 = c2 (t2 − t1 ) − (x2 − x1 )

∆s2 est un invariant relativiste, c'est-à-dire que, quelque soient les référen-
0
tiels d'inertie R et R , on aura toujours :

∆s02 = ∆s2

A trois dimensions d'espace x,y , et z, on peut généraliser l'écriture de l'in-


tervalle spatio-temporel :

∆s2 = (c∆t)2 − (∆x)2 − (∆y)2 − (∆z)2

2.1.4 Signe de ∆s2 et causalité

L'intervalle spatio-temporel est un invariant relativiste : tout raisonnement


fondé sur la valeur de cet invariant est donc valide quelque soit le référentiel.
On verra dans la suite que, pour comparer deux événements E1 et E2 , on peut
se baser suivant le signe du ∆s2 qui les sépare.

23
ˆ ∆s2 < 0
Dans ce cas, c'est l'intervalle spatial ∆x2 qui donne le signe à l'expression :
on parle d'intervalle de type espace .
∆t2 peut être nul dans ce type d'intervalle. Ainsi, on peut trouver un
référentiel où les événements E1 et E2 peuvent être simultanés. On peut
de plus intervertir l'ordre temporel entre E1 et E2 par changement de
référentiel.

∆x2 , par contre, ne peut pas être nul sans changer le signe de ∆s2 . Les
deux événements E1 et E2 ne peuvent pas avoir lieu au même endroit dans
tout référentiel d'inertie.

Si E1 et E2 peuvent être reliés par lien de cause-à-eet, alors l'informa-


tion voyageant entre les deux événements doit se propager à la vitesse
moyenne :
∆x
v=
∆t
Comme ∆s2 < 0, cela implique que v > c, ce qui est interdit par les
postulats de la relativité restreinte. Ainsi, aucune information ne peut être
E1 et E2 et donc les deux événements
échangée entre les événements
ne peuvent pas être reliés par des relations de cause-à-eet. Il
n'y a donc aucun paradoxe au fait que les événements puissent avoir leur
ordre temporel inversé par changement de référentiel.

ˆ ∆s2 > 0
Cette fois, c'est l'intervalle temporel ∆t2 qui impose le signe de ∆s2 . On
parle d'intervalle de type temps .
∆x2 peut être nul dans ce type d'intervalle. Ainsi, on peut trouver un
référentiel où les événements E1 et E2 peuvent avoir lieu au même endroit.
2
∆t , par contre, ne peut pas être nul dans ce type d'intervalle. On ne peut
trouver aucun référentiel dans lequel les deux événements sont simultanés.
On peut également montrer qu'il est impossible de trouver un référentiel
d'inertie qui inverse l'ordre temporel de E1 et E2 .
En eet, si les deux événements sont séparés par un ∆s2 > 0, alors il existe un
référentiel R dans lequel ∆x=0 (avec ∆t 6= 0). Dans n'importe quel référentiel
R0 en mouvement par rapport à R, on peut écrire ∆t0 l'intervalle temporel entre
les deux événements, en fonction de ∆t grâce aux transformations de Lorentz :

 
0 V
∆t = γ ∆t − 2 ∆x = γ∆t
c

γ > 1, donc, quelque soient R et R0 , le signe de ∆t


Or ici, est le même que
∆t0 : les changements de référentiel ne peuvent donc
celui de pas, dans ce cas,
modier l'ordre temporel entre les événements E1 et E2 .

Dire que les événements E1 et E2 peuvent être reliés par relation de cause-
à-eet dans ce cas revient à estimer, comme précédemment, quelle vitesse
moyenne v devrait avoir une information pour passer de E1 à E2 . Dans le
cas où ∆s2 > 0 :
∆x
v= <c
∆t

24
Ceci est parfaitement autorisé par la relativité restreinte : les deux évé-
nements séparés par un intervalle ∆s2 > 0 peuvent être reliés
par cause-à-eet. Mais, comme on ne peut en aucune façon trouver un
référentiel dans lequel l'ordre temporel entre E1 et E2 s'inverse, alors, on
ne peut dans le cadre de la relativité restreinte se retrouver dans des cas
de paradoxe où la cause aurait lieu après la conséquence.

ˆ ∆s2 = 0
Le cas limite où ∆s2 = 0 correspond à deux événements qui pourraient être
∆x
uniquement par une information voyageant à la vitesse v =
reliés
∆t = c,
c'est-à-dire par un signal lumineux. On parle donc d'intervalle de type
"lumière".

2.1.5 Cônes de lumière


Si on xe, dans un référentiel R particulier, un événement E0 quelconque.
On peut alors délimiter des zones de l'espace-temps pouvant contenir tous les
événements E(x, y, z, t) susceptibles d'inuencer ou d'être inuencé par E0 (zone
où ∆s2 > 0) et une zone où l'ensemble des événements E ne peut inuencer
2
ou être inuencé par l'événement E0 (zone où ∆s < 0). Ces zones d'espace-
temps sont alors délimitées par les lignes de lumières, c'est-à-dire les lignes
correspondantes à ∆s2 = 0.
E0 comme l'origine du référentiel
Pour simplier la représentation, on va xer
( x0= y0 = z0 = 0 et t0 = 0). Si on ne considère qu'une seule dimension d'espace
x, dans un espace (x, t), les lignes de lumières auront l'équation :

∆s2 = 0

c2 (t − t0 )2 − (x − x0 )2 = 0
x 2 = c2 t 2
x = ±ct
On obtient alors la gure II.2.
On fait ainsi apparaître deux zones ∆s2 > 0, une vers les t positifs et une
vers les t négatifs. Ces zones sont appelées cône de lumière futur et cône de
lumière passé de l'événement E0 , et contiennent l'ensemble des passés et futurs
potentiels de E0 .
L'appellation "cône" se justie dans le cas où on ajoute des dimensions d'es-
pace. A deux dimensions d'espace, les zones limitrophes ∆s2 = 0 sont dénies
dans l'espace (x, y, t) par :

c2 (t − t0 )2 − (x − x0 )2 − (y − y0 )2 = 0
p
ct = ± x2 + y 2
On reconnait ici l'équation d'un cône. Une représentation graphique des cônes
de lumière passé et futur est donc possible dans l'espace (x, y, t) (cf. transparents
de cours).
A 3 dimensions d'espace, il n'est plus possible de représenter les cônes de
lumière : cela nécessiterait une représentation à 4 dimensions (x, y, z, t). On
parle cependant toujours, un peu abusivement, de "cône".

25
t
Evénements E futurs susceptibles
d’être influencé par E0

Δs² > 0

Evénements E ne pouvant pas Evénements E ne pouvant pas


influencer ou être influencé par influencer ou être influencé par
E0 E0
x
E0
Δs² < 0 Δs² < 0

Δs² > 0

Evénements E passés
susceptibles d’avoir
influencé E0

Figure 2.2  Cône de lumière à une dimension d'espace


.

2.2 Dilatation des durées et contraction des lon-


gueurs
On a vu dans la partie précédente que, a priori, les intervalles de temps
(durée) et de position (distance ou longueur) ne se conservaient pas par chan-
gement de référentiel d'inertie. On va dans cette partie mettre en évidence les
transformations de ces grandeurs.

2.2.1 Dilatation des durées


NB : On parle souvent abusivement de "temps" au lieu de "durée" dans beau-
coup d'ouvrage de relativité restreinte. Mais il s'agit bien ici d'intervalle de
temps à ne pas confondre avec la coordonnée temporelle t.

2.2.1.1 Horloges en mouvement relatif

Considérons deux horloges identiques, l'une immobile A dans son référentiel


R, et l'autre mobile B à la vitesse ~
V dans R. Ce sont des horloges un peu
particulières : il s'agit de deux miroirs parallèles espacés d'une distance d, et

26
entre lesquels un photon fait des aller-retours dans une direction orthogonale à
~.
V Les durées sont alors mesurées par le nombre d'aller-retour qu'aura fait le
photon. On appellera R0 le référentiel de l'horloge mobile.
Pour un observateur xe dans R, le temps d'un aller-retour pour l'horloge
A est τA = 2d c . Pour l'horloge B, les miroirs étant en déplacement constant
dans R, le photon doit parcourir une distance dB plus grande que d dans R (cf.
gure II.3). Or, sa vitesse est également c. L'observateur dans R mesure alors
2dB
un temps caractéristique τB =
c > τA .

Horloge A
Immobile dans R

Trajet des
d photons dans R

d Trajet des
photons dans R

Horloge B
En mouvement suivant x dans R

Figure 2.3  Horloges immobiles A et mobiles B dans R. Les trajets que les
photons doivent emprunter pour faire des aller-retours entre les miroirs sont
représentés.

R0 , cet observateur doit


Si maintenant on considère un observateur xe dans
0 0
donc mesurer un τA > τB car pour lui c'est l'horloge A qui est en mouvement.
Le problème est donc symétrique, et dépend de la vitesse de l'horloge dans le
référentiel de mesure. D'une façon générale, on trouvera toujours que la durée
mesurée par une horloge au repos dans le référentiel de mesure est toujours
inférieure à celle donnée par une horloge en mouvement. Si on mesure le temps
en comptant une succession de durée égales (principe de l'horloge), alors le
temps s'écoule plus vite dans le référentiel où l'horloge est au repos plutôt que
dans le référentiel où l'horloge est en mouvement : on parle de dilatation du
temps dans le référentiel en mouvement.

2.2.1.2 Durées propres et impropres

On peut formaliser le constat que l'on vient d'établir en utilisant les transfor-
durée propre (ou abusivement temps propre)
mations de Lorentz. On appelle
la durée entre deux événements telle que mesurée dans le référentiel
ou l'horloge est au repos. Cette même durée mesurée par un horloge
en mouvement dans ce même référentiel est alors qualiée de durée

27
impropre.
Soient deux événements EA (xA , tA ) et EB (xB , tB ), on peut dénir la durée
séparant ces deux événements par τ = tB − tA . Si dans R, l'horloge est au repos,
alors les positions xA et xB sont les mêmes. On peut alors dire que, dans R, τ
est une durée propre : τ = τpropre .
0
Dans tout autre référentiel d'inertie R en mouvement par rapport à R à la
~ , la durée τ entre EA et EB est obligatoirement impropre :
vitesse V
0

   
0 0 0 V V
τimpopre = τ = tB − tA = γ tB − 2 xB − tA − 2 xA
c c
Comme xB = xA dans R, on trouve la formule de dilatation des durées :

τimpopre = γτpropre

Comme γ > 1, on retrouve bien que, quelque soit le référentiel n'étant pas le
référentiel où l'horloge est au repos :

τimpopre > τpropre

NB : Le γ qui intervient ici contient la vitesse entre le référentiel dans lequel est
déni le temps impropre (ce qui dépend du problème) et le référentiel au repos
dans lequel est déni les temps propre.

2.2.2 Contraction des longueurs


2.2.2.1 Mesure d'une longueur en mouvement

En règle générale, la mesure d'une longueur entre deux points A et B se fait


par la mesure de la position des deux points par rapport à une échelle xe (par
exemple une règle). Ainsi, la mesure fait intervenir le fait que, si le point A est en
position xA sur la règle, simultanément le point B est en position xB . On mesure
donc naturellement une longueur dite longueur propre dans un référentiel où les
extrémités sont au repos. En mécanique classique, ce raisonnement est valable
quelque soit le référentiel de mesure, mais, en relativité restreinte, les événement
"point A" en xA et "point B" en xB ne peuvent être simultanés que dans un
référentiel unique : s'ils le sont dans le référentiel où la règle est au repos, ça ne
peut plus être vrai quand elle est en mouvement. La notion de mesure à l'aide
d'une règle dans un référentiel où l'objet est en mouvement est ainsi délicate à
formaliser intuitivement en relativité.
On imagine une autre façon de mesurer une distance : une règle de longueur
LAB passe devant un détecteur O à vitesse constante ~ = V ~ux .
V Le détecteur
mesure alors l'intervalle de temps entre les passages des points A et B, et,
connaissant la vitesse V , on en déduit la longueur de la règle. On considère les
deux événements EA (xA , tA ) où A passe devant O, et EB (xB , tB ) où B passe
devant O. On xe l'origine des temps et des positions où les points O et B sont
confondus.
Dans le référentiel R, O est xe. On a xB = xO = 0 et tB = 0, et ainsi
LAB
xA = xO = 0 et tA =
V .
0
Dans le référentiel R , c'est la règle AB qui est xe, et c'est donc le point
O qui se rapproche de la règle à la vitesse −V ~ . On a toujours x0 = x0 = 0 et
B O
L0
t0B = 0, mais cette fois x0A = −L0AB et t0A = VAB .

28
LAB Dans R
V
x
A B O

L’AB Dans R’
-V
x’
A B O

Figure 2.4  Principes de la mesure de AB dans les référentiels R et R'.

Pour comparer LAB et L0AB , il est pratique ici d'utiliser l'invariance de ∆s2
entre EA et EB :
∆s2 = ∆s02
2 2 2 2
c2 (tB − tA ) − (xB − xA ) = c2 (t0B − t0A ) − (x0B − x0A )
0 0
c2 t2A = c2 tA2 − xA2
0
L2AB 2 LAB
2 0
c2 2
= c 2
− LAB 2
V V
r
0 V2
LAB = LAB 1 − 2
c
Et donc :
L0AB
LAB =
γ
Comme γ > 1, alors on trouve que la longueur mesurée dans le référentiel
où la règle est en mouvement (LAB ) est plus courte que la longueur mesurée
0
dans le référentiel où la règle est au repos (LAB ).

2.2.2.2 Longueurs propres et impropres

De la même façon que pour les durées, on voit que les longueurs sont modi-
ées par transformations de Lorentz. Pour formaliser cette modication, on va
dénir de manière similaire la notion de longueur propre, et établir comment
cette longueur est modiée par changement de référentiel.
On dénit la longueur propre comme la distance entre deux points
mesurée dans le référentiel où ces deux points sont au repos. Pour un
objet, la longueur propre est donc la longueur de l'objet dans le référentiel où les
Dans toute autre référentiel, la
extrémités de ce même objet sont au repos.
longueur mesuré est obligatoirement une longueur impropre (il n'existe
qu'un référentiel dans lequel un objet puisse-t-être au repos).

29
Ainsi, si deux points sont immobiles dans le référentiel R, la distance les
séparant dans R est Lpropre . Dans tout autre référentiel R0 animé d'une vitesse

constante ~
V par rapport à R, cette distance sera Limpropre , et donnée par la
formule de contraction des longueurs :

Lpropre
Limpropre =
γ
Comme γ > 1, on retrouve bien que, quelque soit le référentiel n'étant pas
le référentiel où les points sont au repos :

Limpopre < Lpropre

2.2.2.3 Généralisation à 3 dimensions d'espace

Pour l'instant, nous n'avons raisonné que sur des longueurs qui était dénies
uniquement sur la coordonnée impliquée dans le changement de référentiel (c'est-
à-dire la coordonnée suivant ~,
V à savoir x dans les exemples précédents).
Si on généralise à 3 dimensions d'espace, on peut écrire que, soit une longueur
propre quelconque dans R(x, y, z, t) :
p
Lpropre = ∆x2 + ∆y 2 + ∆z 2
Dans tout autre référentiel R0 (x0 , y 0 , z 0 , t0 ) en mouvement suivant x par rap-
port à R, seul les coordonnées de la longueur suivant x est modiée. On ap-
pliquera donc la contraction des longueurs seulement à ∆x. La même longueur
mesurée dans R0 est donc :

s 2
p ∆x
Limpropre = ∆x02 + ∆y 02 + ∆z 02 = + ∆y 2 + ∆z 2
γ

2.2.3 Mise en évidence expérimentale : la détection au sol


des muons

30

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