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Droit administratif Partie 3

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Tarik ZAIR Introduction au droit administratif et organisation administrative 2023/24

TITRE III.
L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE DECENTRALISEE :
LA COMMUNE

Les collectivités décentralisées ou Collectivités Territoriales sont consacrée au Maroc


depuis 1962. Depuis toutes les constitutions ultérieures ont consacré ce principe (art 93 de la
constitution de 1962, art 87 de la constitution de 1970, etc). L’article 135 de la constitution de
2011, actuellement en vigueur, précise que « les Collectivités Territoriales du Royaume sont les
régions, les préfectures, les provinces et les communes ».
La décentralisation au Maroc indépendant est l’aboutissement d’un vieux processus qui a
débuté avec le dahir du 23 juin 1960 qui a institué des communes. Certes l’autonomie communal
était limitée par ce texte mais il avait le mérite de poser les germes de la décentralisation telle que
pratiquée aujourd’hui.
Le dahir du 12 septembre 1963 relatif à l’organisation préfectorale et provincial était une
deuxième étape dans ce long processus. Le 16 juin 1971, sept (7) régions économiques ont été
crées dans la perspective de reconfigurer la politique de développement économique du pays.
Le texte le plus important demeure la charte communale de 1976 qui a consacré une large
autonomie des pouvoirs communaux en mettant terme à la situation de co-administration qui a
prévalue depuis le statut de 1960. Cette orientation vers une véritable démocratie locale fut
consacrée par la révision constitutionnelle de 1992 qui a hissé la région au rang de collectivité
locale. Le nouveau statut de la région est intervenu le 2 avril 1997.
En 2002 un nouvel élan est donné au processus de décentralisation à travers l’adoption de
la nouvelle charte communale ainsi qu’une nouvelle organisation des préfectures et provinces. La
charte communale du 3 octobre 2002 a été modifiée le 18 février 2009.
Suite à la constitution de 2011, le régime consacré à la décentralisation a été
profondément remanié. Désormais, les règles relatives à l’administration décentralisée relèvent de
la loi organique et non la loi ordinaire. Le titre IX de la constitution intitulé “De la région et des
autres collectivités territoriales” reconnait au bénéfice des collectivités territoriales d’un régime
assez détaillé et connaissant à leur bénéfice une variété de droits (art 135 à 146). La mise en
œuvre des dispositions constitutionnelles en la matière s’est déroulée en deux étapes. La première
à travers l’adoption des règles consacrées à l’élection des membres des conseils des collectivités
territoriales par la loi organique n° 59-11 du 21 novembre 2011. La seconde étape é été
matérialisée par l’adoption de trois lois organiques relatives à l’organisation des trois collectivités
territoriales le 7 juillet 2015. Il s’agit respectivement de la loi organique n° 111 -1R relative aux
communes, la loi organique n° 112-14 relative aux provinces et préfectures et la loi organique n°
113-14 relative aux communes.
L’édifice d’aujourd’hui se caractérise par l’existence de trois catégories de collectivités qu’il
s’avère important de voir de plus près. Il s’agit, en l’occurrence, de la commune, la préfecture et la
province et la région.
Le statut de la commune est le fait de la loi organique n° 113-14 du 7 juillet 2015. Le
régime juridique issu de cette loi prévoit un régime de droit commun (CHAPITRE I) et des
régimes particuliers (CHAPITRE II).

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CHAPITRE I.
LE STATUT DE DROIT COMMUN

L’organisation des communes est façonnée autour d’une variété d’organes qui ont pour
mission de générer les affaires de la commune (SECTION 1). Dans le cadre des compétences
qui leur sont conférées par la loi organique n° 113-14, ces organes exercent des attributions
variées (SECTION 2).
La liberté dont dispose les communes n’a pas pour vocation d’empêcher le contrôle qui
s’exerce à leur égard par l’intermédiaire du représentant de l’Etat sous la surveillance du juge
administratif (SECTION 3). Néanmoins cette liberté se traduit par la possibilité d’engager la
collectivité commune dans le cadre des mécanismes de coopération décentralisée (SECTION 4).

SECTION 1. LES INSTITUTIONS DE LA COMMUNE

L’organisation communale s’articule autour de deux types d’institutions : le conseil et le


président du conseil. Ces deux institutions disposent d’origines électorales différentes.

§1. LE CONSEIL COMMUNAL

Le conseil communal est un organe collégial élu. Son étude impose de traiter sa
composition et ses organes. Une attention particulière doit être accordée au statut de l’élu.

A. LA COMPOSITION ET ORGANES DU CONSEIL COMMUNAL

Le conseil communal est composé de catégories particulières de membres et dispose


d’organes spécifiques.

1. LA COMPOSITION DU CONSEIL

Les membres du conseil communal sont pour une durée de 6 ans. Depuis 2002 le mode
de scrutin pour le choix des membres du conseil communal est différent suivant le nombre des
habitants de la commune concernée. Cette règle a été consacrée par la loi organique n° 59-11 qui
lui a apporté quelques correctifs. En effet, les membres des communes dont la population ne
dépasse pas 35.000 habitants sont élus au suffrage universel direct, au scrutin uninominal à la
majorité relative à un tour. Pour les autres communes (dont la population dépasse 35.000
habitants), la LO n° 59-11 prévoit l’élection de leurs membres au scrutin de liste proportionnel,
au plus fort reste sans panachage ni vote préférentiel. Si le siège d’un conseiller devient vacant,
pour quelque cause que ce soit, il est procédé à son remplacement par le suivant de la liste s’il
s’agit des communes dont les membres sont élus au scrutin de liste. Pour les communes dont les

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membres sont élus de scrutin uninominal, le remplacement des sièges vacants se fait par de
nouvelles élections qui doivent être organisées dans les 3 mois Le nombre des conseillers à élire
est fixé par la LO n° 59-11. Ainsi pour les communes qui ne sont pas divisées en
arrondissements, le nombre des conseillers à élire est entre 11 (communes de moins de 7.500
habitants) et 61 (communes de plus de 400.000 habitants). Pour les communes divisées en
arrondissements, le nombre des conseillers à élire est de 81 pour les communes de moins de
750.000 habitants avec 10 membres de plus pour chaque tranche de 250.000 habitants
supplémentaire à conditions que le nombre global des conseillers à élire ne soit supérieur à 131
(art 128).
Le corps électoral est composé des personnes de nationalité marocaine âgées de 18 ans.
Ces personnes doivent résider au moins trois mois la commune en question. Toutefois, toute
personne peut s’inscrire à titre exceptionnel dans la commune de sa naissance. Certaines
personnes sont exclues du corps électoral comme les militaires, les membres des forces de police,
les naturalisés pendant 5 ans suivant la naturalisation et les personnes incapables en vertu d’un
jugement.

2. LES ORGANES DU CONSEIL

Pour un exercice meilleur de ses compétences, le conseil communal est composé d’une
variété d’organes. On y trouve ainsi le bureau et certains organes auxiliaires.

2.1. LE BUREAU

Le bureau du conseil communal est composé d’un président et des vice-présidents qui
sont élus pour le même mandat du conseil. L’élection du bureau a lieu dans les 15 jours qui
suivent l’élection du conseil communal. Cette réunion est convoquée par l’autorité administrative
et présidée par le plus jeune parmi les membres présents du conseil.
L’élection du président du conseil communal et ses vice-présidents a lieu au vote public.
Le nombre des vice-présidents varie en fonction du nombre des membres du conseil communal.
En effet, il est de 3 vice-présidents pour les communes dont le nombre des membres est inférieur
à 13. Ce nombre atteint 10 vice-présidents pour les communes dont le nombre de membres est
supérieur à 61 membres. La cessation de fonction du président du conseil communal, pour
quelque cause que ce soit, entraîne la dissolution de plein droit du bureau.

2.2. LES ORGANES AUXILIARES

Le conseil communal élit parmi ses membres, en dehors des membres du bureau, un
secrétaire chargé de la rédaction et de la conservation des procès-verbaux des séances. Le conseil
de la commune élit également un secrétaire adjoint chargé d’assister le secrétaire et de le
remplacer en cas d’absence ou d’empêchement.
Le conseil communal doit constituer également des commissions permanentes lors de la
première session qui suit l’approbation de son règlement intérieur. Le nombre des commissions
permanentes est fixé à 2 commissions permanentes au moins et (5) cinq au plus, chargées
respectivement d’examiner :
- le budget, les affaires financières et la programmation ;
- les services publics et les prestations.
Au-delà des commissions permanentes, le conseil communal peut constituer des
commissions thématiques provisoires. Ces dernières ont pour mission d’examiner des questions

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déterminées. Les travaux de ces commissions prennent fin par le dépôt de leur rapport auprès du
président du conseil pour les soumettre au conseil pour délibération. Il est à noter que ces
commissions ne peuvent remplacer les commissions permanentes.

3. Le fonctionnement du conseil communal

Le conseil communal dispose d’un règlement intérieur élaboré par le président en accord
avec les membres du bureau. Ce règlement intérieur est voté par le conseil communal.

Les sessions :

Sur convocation écrite de son président, le conseil communal se réunit obligatoirement


trois fois par an en sessions ordinaires. Ces sessions ordinaires ont lieu au cours des mois de
février, mai et octobre. Le conseil se réunit au cours de la première semaine du mois fixé pour la
tenue de la session ordinaire. Pour ce qui est de ses modalités, la session est constituée d’une ou
de plusieurs séances pour lesquelles sont un calendrier de la ou des séances et les questions à
soumettre aux délibérations du conseil durant chaque séance. La durée de chaque séance et
l’heure de sa tenue sont fixées dans le règlement intérieur du conseil.
Pour ce qui est de sa durée, chaque session ordinaire ne peut excéder quinze (15) jours
consécutifs. Toutefois, cette durée peut être prorogée une seule fois par arrêté du président du
conseil, sans que cette prorogation ne dépasse sept (7) jours ouvrables consécutifs. Le président
du conseil transmet l’arrêté de prorogation au gouverneur de la préfecture ou de la province ou
intérimaire dès sa prise. Le président informe les membres du conseil de la date, de l’heure et du
lieu de la tenue de la session par un avis écrit qui leur est transmis dix (10) jours au moins avant la
date de la tenue de la session à l’adresse déclarée auprès du conseil concerné. Cet avis est
accompagné de l’ordre du jour, du calendrier de la ou des séances de la session et des questions
soumises à la délibération du conseil durant chaque séance, ainsi que des documents y afférents.
En cas de besoin, le conseil communal peut tenir des sessions extraordinaires convoquées
par le président soit à son initiative, soit à la demande du tiers au moins des membres du conseil
en exercice. Cette demande doit être accompagnée des questions à soumettre au conseil pour
délibération. Au cas où le président refuse de satisfaire à la demande du tiers des membres du
conseil pour tenir une session extraordinaire, il doit motiver son refus par un arrêté qu’il notifie
aux intéressés dans un délai maximum de 10 jours à compter de la date de la réception de la
demande. Si la demande est présentée par la majorité absolue des membres du conseil, une
session extraordinaire se tient obligatoirement, avec un ordre du jour déterminé, dans les quinze
(15) jours à compter de la date de la présentation de la demande. La session extraordinaire est
close dès épuisement de son ordre du jour et, dans tous les cas, dans un délai maximum de sept
(7) jours ouvrables consécutifs, sans que cette durée ne puisse être prorogée.

L’ordre du jour :

Le conseil communal ne peut délibérer que concernant les questions inscrites à l’ordre du
jour. Ce dernier est établi le président du conseil en collaboration avec les membres du bureau. Le
président du conseil est dans l’obligation de communiquer le dit ordre du jour au gouverneur de
la préfecture ou de la province vingt jours au moins avant la date de la tenue de la session.
Certaines questions doivent être obligatoirement inscrites à l’ordre du jour. C’est le cas
des questions supplémentaires proposées par le gouverneur de la préfecture ou de la province ou
son intérimaire, notamment celles qui revêtent un caractère urgent. Cette obligation est liée à la
condition d’aviser le président dans un délai de huit jours à compter de la date de réception de
l’ordre du jour par le gouverneur. Les membres du conseil exercent le droit de demander

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l’inscription de question particulière à l’ordre du jour à titre individuel ou par le biais du groupe
auquel ils appartiennent. Cette demande doit être faite par écrit et concerner une question faisant
partie des attributions du conseil. Le refus d’inscription de toute question ainsi proposée doit être
motivé et notifié au membre ou membres qui ont présenté la demande.

Le quorum :

Pour les règles du quorum, la loi impose la présence de plus de la moitié des membres en
exercice à l’ouverture de la session pour considérer les délibérations comme valables. Si le
quorum n’est pas atteint après une première convocation, une deuxième convocation est
adressée, dans un délai de trois jours au moins et de cinq jours au plus après le jour fixé pour la
première réunion. Le conseil délibère valablement en présence de plus de la moitié des membres
en exercice à l’ouverture de la session. Si cette deuxième réunion ne réunit pas le quorum prévu
ci-dessus, le conseil se réunit, dans le même lieu et à la même heure, après le troisième jour
ouvrable, et ses délibérations sont alors valables quel que soit le nombre des membres présents.
Le quorum est apprécié à l’ouverture de chaque session. Tout absence ou retrait de
membres en cours des séances de la session, pour quelque cause que ce soit, durant leur tenue est
sans effet sur la validité du quorum jusqu’à la fin desdites séances.

B. LE STATUT DE L’ELU

Il s’agit de plusieurs règles introduites par la loi n° 78-00 et la loi n° 79-00 et généralisées
suite aux lois organiques de 2015 pour les trois catégories de collectivités territoriales.
Aujourd’hui le statut des élus connait l’existence de règles similaires pour toutes les
collectivités territoriales. Il s’agit en réalité du statut de l’élu local, abstraction faite de la
collectivité concernée.
Le statut de l’élu local se traduit par des dispositions particulières qui tracent les conditions
juridiques de l’exercice du mandat électoral. Il demeure dominé par le régime des droits et
obligations.

§2. LE PRESIDENT DU CONSEIL COMMUNAL

L’élection du président du conseil communal répond à des règles particulières. En cette


qualité, il exerce des attributions variées.

A. LES MODALITES DE L’ELECTION DU PRESIDENT DU CONSEIL

Le président est élu par le conseil au même titre que les vice-présidents dans la même
séance dans les 15 jours qui suivent l’élection des membres du conseil. Lors de cette séance, le
conseil ne peut délibérer valablement qu’en présence de la majorité absolue des membres en
exercice. Ces derniers perdent cette qualité dans certains cas. Il s’agit du cas de décès, démission
volontaire, la démission de plein droit, révocation, annulation définitive de l’élection, suspension
en cas de commission d’actes contraires aux lois et règlements en vigueur portant atteinte à
l’éthique du service public et aux intérêts de la commune, condamnation en vertu d’un jugement
définitif ayant conduit à l’inéligibilité ou démission pour des motifs légaux.
Immédiatement après la séance de l’élection du président, est tenue sous la présidence de
ce dernier une séance consacrée à l’élection des vice-présidents. Le gouverneur de la préfecture
ou de la province ou son représentant assiste à cette séance. Pour ce qui est du mode de scrutin,

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les vice-présidents sont élus au scrutin de liste. Dans ce cadre, le président présente la liste des
vice-présidents qu’il propose. Les autres membres du conseil peuvent présenter d’autres listes.
Dans ce cas, chaque liste est présentée par le membre classé en tête de liste. Chaque liste
comporte un nombre de candidats égal au nombre de vice-présidents, avec mention de leur
classement.
Il est à noter que le président et les vice-présidents sont élus pour la durée du mandat du
conseil. Toutefois, un régime de responsabilité du président devant le conseil est établi. Ainsi, les
deux tiers (2/3) des membres du conseil de la commune en exercice peuvent, à l’expiration d’un
délai de trois années du mandat du conseil, présenter une requête demandant au président de
présenter sa démission. Cette requête ne peut être présentée qu’une seule fois durant le mandat
du conseil. Cette requête doit être inscrite obligatoirement à l’ordre du jour de la première session
ordinaire tenue par le conseil lors de la quatrième année de son mandat.
Si le président refuse de présenter sa démission, le conseil peut lors de la même séance
demander par une délibération, approuvée par les trois quarts (3/4) des membres en exercice, au
gouverneur de la préfecture ou de la province de saisir le tribunal administratif compétent pour
demander la révocation du président. Le tribunal statue sur la demande dans un délai de trente
(30) jours à compter de sa saisine.
Il est à noter que la démission du président de ses fonctions, sa révocation ou sa
démission volontaire emporte son inéligibilité à se porter candidat à la présidence du conseil
pendant la durée restant à courir du mandat du conseil. Dans ce cas, le bureau du conseil est
dissous. Un nouveau bureau du conseil est.

B. LES ATTRIBUTIONS DU PRESIDENT DU CONSEIL

Le président du conseil communal exerce un certain nombre d’attributions dont


l’importance est extrême. Ces missions lui permettent d’agir au nom de commune.

1. LE PRESIDENT EST L’EXECUTIF COMMUNAL

En cette qualité, le président est l’ordonnateur du budget de la collectivité communale. Il


encaisse, en effet, les recettes et ordonne les dépenses. Il passe les marchés et contrats au nom de
la commune comme il est habilité à ester en justice pour défendre les intérêts de la commune.

2. LE PRESIDENT DIRIGE L’ADMINISTRATION COMMUNALE

Il est le supérieur hiérarchique de l’ensemble des fonctionnaires communaux. Il recrute les


fonctionnaires de la commune et exerce à leur égard un pouvoir disciplinaire. Il prend les arrêtés
relatifs à l’organisation de l’administration communale.

3. LE PRESIDENT EST LE TITUALIARE DU POUVOIR DE POLICE


ADMINISTRATIVE

Le président est le titulaire des pouvoirs de la police administrative. Ce pouvoir lui permet
de prendre les actes (juridique et matériel) afin de prévenir les troubles à l’ordre public. Ces
missions s’étendent sur le domaine de la sécurité, tranquillité et salubrité publiques.

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4. LE PRESIDENT EST L’OFFICIER DE L’ETAT CIVIL

Parce qu’il est office de l’état civil, le président du conseil communal a la charge de la
conservation des registres de l’Etat civil. Il en délivre également pour les personnes concernées
des extraits ou encore des copies intégrales. Il a, par ailleurs, qualité pour légaliser les signatures et
attester de la conformité des copies aux originaux.

5. LE PRESIDENT EXERCE DES POUVOIRS EN MATIERE D’URBANISME

Les pouvoirs du président du conseil en matière d’urbanise sont nombreux. Il assure le


respect des différents documents d’urbanisme. Il accorde pour le faire les permis d’urbanisme
(permis de construire, permis de lotir, etc).

6. LE PRESIDENT EXERCE LE POUVOIR REGLEMENTAIRE LOCAL

Le président du conseil est titulaire du pouvoir règlementaire local. Il l’exercice au moyen


d’arrêtés qui peuvent être règlementaires ou individuels.

SECTION 2. LES COMPETENCES DE LA COMMUNE

Une distinction est à établir entre le champ d’intervention de la commune fixé par rapport
aux affaires de proximité et aménagé par l’exercice de compétences précises et les attributions des
principaux organes de la commune pour la mise en œuvre de ces compétences, le conseil et son
président en l’occurrence.
En précisant la nature des compétences propres, la LO fait référence aux compétences
dévolues à la commune dans un domaine déterminé de manière à lui permettre d’accomplir, dans
la limite de ses ressources et à l’intérieur de son ressort territorial, les actes relatifs à ce domaine,
notamment la planification, la programmation, la réalisation, la gestion et l’entretien.
Les compétences propres de la commune couvrent les domaines suivants :
1. L’adoption du Plan d’Action de la Commune
2. Les services et équipements publics communaux
3. L’urbanisme et l’aménagement du territoire
4. La coopération internationale
Les compétences partagées entre l’Etat et la commune concernent celles dont l’exercice
s’avère efficace lorsqu’elles sont partagées. L’exercice de ces compétences partagées peut se faire
sur la base des principes de progressivité et de différenciation. Les compétences transférées
concernent celles qui pourraient être transférées de l’Etat à la commune de manière à permettre
l’élargissement progressif des compétences propres.

SECTION 3. LE CONTRÔLE ADMINISTRATIF SUR LA COMMUNE

Le contrôle administratif sur la commune est exercé par le gouverneur de la province ou


la préfecture concernée. Par respect du principe de libre administration, les contrôles passibles
sont uniquement des contrôles de légalité et donne lieu toujours à l’intervention du juge
administratif. Cela concerne aussi bien contrôle sur les personnes que celui sur les actes.

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§1. LE CONTRÔLE DES PERSONNES

Il se matérialise à travers des pouvoirs variés et concerne des situations particulières.

A. LA DEMISSION VONTAIRE

Elle peut concerner le président et ses adjoints comme elle est ouverte aux autres
membres du conseil communal. Le président du conseil de la commune souhaitant renoncer aux
fonctions de présidence du conseil, adresse sa démission au gouverneur de la préfecture ou de la
province ou son intérimaire. Cette démission prend effet à l’expiration d’un délai de quinze jours
à compter de la date de réception de la démission.
Les vice-présidents et les membres du conseil souhaitant renoncer à leurs fonctions
adressent leur démission au président du conseil qui en informe aussitôt par écrit le gouverneur
de la préfecture ou de la province ou son intérimaire. Cette démission prend effet à l’expiration
d’un délai de quinze (15) jours à compter de la date de réception de la démission par le président
du conseil.

B. LA REVOCATION

Elle concerne à la fois le président, les vice-présidents ou les membres du conseil. En


effet, il est admis que les conseillers doivent faire preuve de disponibilité. Ainsi ne peuvent être
élus président ou vice-présidents, les membres du conseil de la commune qui résident à l’étranger
pour quelque cause que ce soit. Lorsqu’il est prouvé postérieurement à son élection que le
président ou l’un des vice-présidents réside à l’étranger, il est immédiatement déclaré démis de ses
fonctions par arrêté de l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur, après sa saisine par le
gouverneur de la préfecture ou de la province.

C. LA SUBSTITUTION AU PRESIDENT

Lorsque le président s’abstient de prendre les actes qui lui sont impartis par la présente loi
organique et que cette abstention nuit au fonctionnement normal des services de la commune, le
gouverneur de la préfecture ou de la province demande au président d’exercer les fonctions qui
lui sont dévolues. A l’expiration d’un délai de sept (7) jours à compter de la date d’envoi de la
demande sans que le président n’y donne suite, le gouverneur de la préfecture ou de la province
saisi la juridiction des référés près le tribunal administratif en vue de statuer sur l’existence de
l’état d’abstention. Lorsque la décision de justice constate ledit état d’abstention, le gouverneur
peut se substituer au président dans l’exercice des actes que ce dernier s’est abstenu d’exercer.

D. LA DISSOLUTION DU CONSEIL COMUNAL

Seule la justice est compétente pour dissoudre le conseil de la commune. Cette possibilité
est ouverte dans certains cas strictement encadrés par la LO.

§2. LE CONTRÔLE DES ACTES

Ce type de contrôle s’étend sur l’ensemble des actes de la commune, notamment ceux du
président et les délibérations du conseil.

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A. NATURE DU CONTRÔLE ADMINISTRATIF

Il est exécré conformément à de l’article 145 de la Constitution par le gouverneur de la


préfecture ou de la province. Il s’agit d’un contrôle administratif sur la légalité des arrêtés du
président du conseil et sur les délibérations du conseil de commune. Tout litige à ce sujet est
examiné par le tribunal administratif.

B. LA NULLITE DE DROIT DES ARRETES ET DELIBERATIONS

Sont nulles de plein droit, les délibérations et les arrêtés ne faisant pas partie des
attributions du conseil de la commune ou de son président, ou ceux pris en violation des
dispositions de la présente loi organique et des textes législatifs et réglementaires en vigueur. Le
tribunal administratif statue sur la demande de nullité après sa saisine, à tout moment, par le
gouverneur de la préfecture ou de la province ou son intérimaire dans un délai maximum de cinq
jours à compter de leur délivrance au concerné.

C. LE PROCEDE DU VISA PREALABLE

Ne sont exécutoires qu’après visa du gouverneur de la préfecture ou de la province ou de


son intérimaire, dans un délai de vingt (20) jours à compter de la date de leur réception de la part
du président du conseil, les délibérations du conseil relatives au plan d’action de la commune, au
budget, à l’organisation de l’administration de la commune et fixant ses attributions, etc. La liste
de ces délibérations est fixée par la LO.

SECTION 4. LA COOPERATION INTERCOMMUNALE

Les communes ont la possibilité d’adhérer à diverses formes de coopération dans la


perspective de mutualiser leurs moyens afin de réaliser des infrastructures ou la gestion de
certains services publics. Elles ont, à ce titre, le choix entre la convention de coopération et de
partenariat (§1), l’établissement de coopération intercommunale (§2) le groupement des
collectivités territoriales (§3).

§1. LA CONVENTION DE COOPERATION ET DE PARTENARIAT

Les communes disposent de la possibilité de conclure entre elles ou avec d’autres


collectivités territoriales, avec les administrations publiques, les établissements publics ou les
instances non gouvernementales étrangères ou les autres instances publiques ou les associations
reconnues d’utilité publique des conventions de coopération ou de partenariat pour la réalisation
d’un projet ou d’une activité d’intérêt commun, ne justifiant pas la création d’une personne
morale de droit public ou privé.
La convention détermine les détails de l’accord notamment les ressources humaines et
financières que les parties décident de mobiliser pour la réalisation des projets ou de l’activité
d’intérêt commun. Elle fixe également l’objet du projet, son coût, sa durée, le montant ou la
nature des apports et les modalités financières et comptables.

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La convention de coopération est conclue sur le vu des délibérations des assemblées


concernées et approuvée par le ministre de l’intérieur ou son délégué. Son support budgétaire et
comptable est constitué par le budget ou un compte d’affectation spéciale de l’une des
collectivités associées.

§2. LES ETABLISSEMENTS DE COOPERATION INTERCOMMUNALE

Il peut être constitué entre des communes liées territorialement, à leur initiative, des «
établissements de coopération intercommunale », dotés de la personnalité morale et de
l’autonomie financière. Ces établissements sont créés en vertu de conventions approuvées par les
conseils des communes concernées. Sont fixés dans ces conventions, l’objet de l’établissement, sa
dénomination, son siège, la nature ou le montant des apports et la durée de l’établissement.

§3. LE GROUPEMENT DE COLLECTIVITES TERRITORIALES

Une ou plusieurs communes peuvent constituer avec une ou plusieurs régions, une ou
plusieurs préfectures ou provinces, un groupement dénommé «groupement de collectivités
territoriales» doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière et ayant pour objet la
réalisation d’une œuvre commune ou la gestion d’un service d’intérêt général pour le groupement.

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CHAPITRE II.
LES STATUTS SPECIFIQUES

La charte communale a prévu quelques statuts pacifiques qui constituent l’exception par
rapport au statut de droit commun qu’on vient de voir. L’existence de ce statut spécifique répond
à la nécessité de prendre en considération la nature territoriale de certaines communes ou leur
importance.
Trois sortes de statuts spécifiques existent aujourd’hui. Il s’agit en l’occurrence du statut
des communes urbaines soumises au régime d’arrondissement (SECTION 1), le statut spécifique
de la ville de Rabat (SECTION 2) et les statuts particuliers qui concernent les communes des
“méchouares”.

SECTION 1. LE STATUT DES COMMUNES URBAINES SOUMISES AU REGIME


D’ARRONDISSEMENT

Dans les grandes agglomérations, la gestion communale présentait diverses défaillances


liées en particulier à la multiplicité des communes au sein d’une même ville ainsi que la difficulté à
synchroniser l’action des divers intervenants. Le mécanisme de la communauté urbaine prévu par
la charte de 1976 a déclaré ses limites.
Pour mettre un terme à cette situation, la LO n° 113-14 a prévu un mécanisme de l’unité
de la ville pour les grandes communes. Il s’agit des communes urbaines de Casablanca, Rabat,
Tanger, Marrakech, Fès et Salé. Dans ces communes, des arrondissements, dépourvus de la
personnalité juridique mais jouissant d’une autonomie administrative et financière, sont prévus.
Leur nombre est fixé par décret.

SECTION 2. LA VILLE DE RABAT

La ville de Rabat, en tant que capital du royaume, nécessite un trainement spécifique.


Ainsi, dans la commune de Rabat, un certain nombre de compétence qui reviennent au président
du conseil communal sont exercées par le wali, gouverneur de la préfecture de Rabat. En effet, le
gouverneur de la préfecture de Rabat ou son intérimaire exerce, dans un ressort territorial fixé par
décret pris sur proposition de l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur, les attributions du
président du conseil de la commune de Rabat dans les domaines de l’organisation de la
circulation, du roulage, du stationnement et de la sûreté de passage dans les voies à usage public
ainsi que dans l’organisation et le contrôle des activités commerciales, industrielles et artisanales
informelles et dans les autorisations d’occupation temporaire du domaine public sans emprises.

SECTION 3. LES COMMUNES DES “MECHOUARES”

Les communes des “méchouares” sont les communes qui abritent des demeures royales.
Elles ont un statut spécifique. Dans ces communes, les attributions reconnues aux présidents des
conseils communaux sont exercées par un Pacha assisté d’un adjoint à qui il peut déléguer partie
de ses attributions et qui le remplace en cas d’absence ou d’empêchement. Les délibérations des

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communes des “méchouares”, quel que soit leur objet, ne sont exécutoires qu’après approbation
du ministre de l’intérieur ou de son délégué.

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