Droit administratif Partie 3
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TITRE III.
L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE DECENTRALISEE :
LA COMMUNE
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Tarik ZAIR Introduction au droit administratif et organisation administrative 2023/24
CHAPITRE I.
LE STATUT DE DROIT COMMUN
L’organisation des communes est façonnée autour d’une variété d’organes qui ont pour
mission de générer les affaires de la commune (SECTION 1). Dans le cadre des compétences
qui leur sont conférées par la loi organique n° 113-14, ces organes exercent des attributions
variées (SECTION 2).
La liberté dont dispose les communes n’a pas pour vocation d’empêcher le contrôle qui
s’exerce à leur égard par l’intermédiaire du représentant de l’Etat sous la surveillance du juge
administratif (SECTION 3). Néanmoins cette liberté se traduit par la possibilité d’engager la
collectivité commune dans le cadre des mécanismes de coopération décentralisée (SECTION 4).
Le conseil communal est un organe collégial élu. Son étude impose de traiter sa
composition et ses organes. Une attention particulière doit être accordée au statut de l’élu.
1. LA COMPOSITION DU CONSEIL
Les membres du conseil communal sont pour une durée de 6 ans. Depuis 2002 le mode
de scrutin pour le choix des membres du conseil communal est différent suivant le nombre des
habitants de la commune concernée. Cette règle a été consacrée par la loi organique n° 59-11 qui
lui a apporté quelques correctifs. En effet, les membres des communes dont la population ne
dépasse pas 35.000 habitants sont élus au suffrage universel direct, au scrutin uninominal à la
majorité relative à un tour. Pour les autres communes (dont la population dépasse 35.000
habitants), la LO n° 59-11 prévoit l’élection de leurs membres au scrutin de liste proportionnel,
au plus fort reste sans panachage ni vote préférentiel. Si le siège d’un conseiller devient vacant,
pour quelque cause que ce soit, il est procédé à son remplacement par le suivant de la liste s’il
s’agit des communes dont les membres sont élus au scrutin de liste. Pour les communes dont les
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membres sont élus de scrutin uninominal, le remplacement des sièges vacants se fait par de
nouvelles élections qui doivent être organisées dans les 3 mois Le nombre des conseillers à élire
est fixé par la LO n° 59-11. Ainsi pour les communes qui ne sont pas divisées en
arrondissements, le nombre des conseillers à élire est entre 11 (communes de moins de 7.500
habitants) et 61 (communes de plus de 400.000 habitants). Pour les communes divisées en
arrondissements, le nombre des conseillers à élire est de 81 pour les communes de moins de
750.000 habitants avec 10 membres de plus pour chaque tranche de 250.000 habitants
supplémentaire à conditions que le nombre global des conseillers à élire ne soit supérieur à 131
(art 128).
Le corps électoral est composé des personnes de nationalité marocaine âgées de 18 ans.
Ces personnes doivent résider au moins trois mois la commune en question. Toutefois, toute
personne peut s’inscrire à titre exceptionnel dans la commune de sa naissance. Certaines
personnes sont exclues du corps électoral comme les militaires, les membres des forces de police,
les naturalisés pendant 5 ans suivant la naturalisation et les personnes incapables en vertu d’un
jugement.
Pour un exercice meilleur de ses compétences, le conseil communal est composé d’une
variété d’organes. On y trouve ainsi le bureau et certains organes auxiliaires.
2.1. LE BUREAU
Le bureau du conseil communal est composé d’un président et des vice-présidents qui
sont élus pour le même mandat du conseil. L’élection du bureau a lieu dans les 15 jours qui
suivent l’élection du conseil communal. Cette réunion est convoquée par l’autorité administrative
et présidée par le plus jeune parmi les membres présents du conseil.
L’élection du président du conseil communal et ses vice-présidents a lieu au vote public.
Le nombre des vice-présidents varie en fonction du nombre des membres du conseil communal.
En effet, il est de 3 vice-présidents pour les communes dont le nombre des membres est inférieur
à 13. Ce nombre atteint 10 vice-présidents pour les communes dont le nombre de membres est
supérieur à 61 membres. La cessation de fonction du président du conseil communal, pour
quelque cause que ce soit, entraîne la dissolution de plein droit du bureau.
Le conseil communal élit parmi ses membres, en dehors des membres du bureau, un
secrétaire chargé de la rédaction et de la conservation des procès-verbaux des séances. Le conseil
de la commune élit également un secrétaire adjoint chargé d’assister le secrétaire et de le
remplacer en cas d’absence ou d’empêchement.
Le conseil communal doit constituer également des commissions permanentes lors de la
première session qui suit l’approbation de son règlement intérieur. Le nombre des commissions
permanentes est fixé à 2 commissions permanentes au moins et (5) cinq au plus, chargées
respectivement d’examiner :
- le budget, les affaires financières et la programmation ;
- les services publics et les prestations.
Au-delà des commissions permanentes, le conseil communal peut constituer des
commissions thématiques provisoires. Ces dernières ont pour mission d’examiner des questions
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déterminées. Les travaux de ces commissions prennent fin par le dépôt de leur rapport auprès du
président du conseil pour les soumettre au conseil pour délibération. Il est à noter que ces
commissions ne peuvent remplacer les commissions permanentes.
Le conseil communal dispose d’un règlement intérieur élaboré par le président en accord
avec les membres du bureau. Ce règlement intérieur est voté par le conseil communal.
Les sessions :
L’ordre du jour :
Le conseil communal ne peut délibérer que concernant les questions inscrites à l’ordre du
jour. Ce dernier est établi le président du conseil en collaboration avec les membres du bureau. Le
président du conseil est dans l’obligation de communiquer le dit ordre du jour au gouverneur de
la préfecture ou de la province vingt jours au moins avant la date de la tenue de la session.
Certaines questions doivent être obligatoirement inscrites à l’ordre du jour. C’est le cas
des questions supplémentaires proposées par le gouverneur de la préfecture ou de la province ou
son intérimaire, notamment celles qui revêtent un caractère urgent. Cette obligation est liée à la
condition d’aviser le président dans un délai de huit jours à compter de la date de réception de
l’ordre du jour par le gouverneur. Les membres du conseil exercent le droit de demander
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l’inscription de question particulière à l’ordre du jour à titre individuel ou par le biais du groupe
auquel ils appartiennent. Cette demande doit être faite par écrit et concerner une question faisant
partie des attributions du conseil. Le refus d’inscription de toute question ainsi proposée doit être
motivé et notifié au membre ou membres qui ont présenté la demande.
Le quorum :
Pour les règles du quorum, la loi impose la présence de plus de la moitié des membres en
exercice à l’ouverture de la session pour considérer les délibérations comme valables. Si le
quorum n’est pas atteint après une première convocation, une deuxième convocation est
adressée, dans un délai de trois jours au moins et de cinq jours au plus après le jour fixé pour la
première réunion. Le conseil délibère valablement en présence de plus de la moitié des membres
en exercice à l’ouverture de la session. Si cette deuxième réunion ne réunit pas le quorum prévu
ci-dessus, le conseil se réunit, dans le même lieu et à la même heure, après le troisième jour
ouvrable, et ses délibérations sont alors valables quel que soit le nombre des membres présents.
Le quorum est apprécié à l’ouverture de chaque session. Tout absence ou retrait de
membres en cours des séances de la session, pour quelque cause que ce soit, durant leur tenue est
sans effet sur la validité du quorum jusqu’à la fin desdites séances.
B. LE STATUT DE L’ELU
Il s’agit de plusieurs règles introduites par la loi n° 78-00 et la loi n° 79-00 et généralisées
suite aux lois organiques de 2015 pour les trois catégories de collectivités territoriales.
Aujourd’hui le statut des élus connait l’existence de règles similaires pour toutes les
collectivités territoriales. Il s’agit en réalité du statut de l’élu local, abstraction faite de la
collectivité concernée.
Le statut de l’élu local se traduit par des dispositions particulières qui tracent les conditions
juridiques de l’exercice du mandat électoral. Il demeure dominé par le régime des droits et
obligations.
Le président est élu par le conseil au même titre que les vice-présidents dans la même
séance dans les 15 jours qui suivent l’élection des membres du conseil. Lors de cette séance, le
conseil ne peut délibérer valablement qu’en présence de la majorité absolue des membres en
exercice. Ces derniers perdent cette qualité dans certains cas. Il s’agit du cas de décès, démission
volontaire, la démission de plein droit, révocation, annulation définitive de l’élection, suspension
en cas de commission d’actes contraires aux lois et règlements en vigueur portant atteinte à
l’éthique du service public et aux intérêts de la commune, condamnation en vertu d’un jugement
définitif ayant conduit à l’inéligibilité ou démission pour des motifs légaux.
Immédiatement après la séance de l’élection du président, est tenue sous la présidence de
ce dernier une séance consacrée à l’élection des vice-présidents. Le gouverneur de la préfecture
ou de la province ou son représentant assiste à cette séance. Pour ce qui est du mode de scrutin,
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les vice-présidents sont élus au scrutin de liste. Dans ce cadre, le président présente la liste des
vice-présidents qu’il propose. Les autres membres du conseil peuvent présenter d’autres listes.
Dans ce cas, chaque liste est présentée par le membre classé en tête de liste. Chaque liste
comporte un nombre de candidats égal au nombre de vice-présidents, avec mention de leur
classement.
Il est à noter que le président et les vice-présidents sont élus pour la durée du mandat du
conseil. Toutefois, un régime de responsabilité du président devant le conseil est établi. Ainsi, les
deux tiers (2/3) des membres du conseil de la commune en exercice peuvent, à l’expiration d’un
délai de trois années du mandat du conseil, présenter une requête demandant au président de
présenter sa démission. Cette requête ne peut être présentée qu’une seule fois durant le mandat
du conseil. Cette requête doit être inscrite obligatoirement à l’ordre du jour de la première session
ordinaire tenue par le conseil lors de la quatrième année de son mandat.
Si le président refuse de présenter sa démission, le conseil peut lors de la même séance
demander par une délibération, approuvée par les trois quarts (3/4) des membres en exercice, au
gouverneur de la préfecture ou de la province de saisir le tribunal administratif compétent pour
demander la révocation du président. Le tribunal statue sur la demande dans un délai de trente
(30) jours à compter de sa saisine.
Il est à noter que la démission du président de ses fonctions, sa révocation ou sa
démission volontaire emporte son inéligibilité à se porter candidat à la présidence du conseil
pendant la durée restant à courir du mandat du conseil. Dans ce cas, le bureau du conseil est
dissous. Un nouveau bureau du conseil est.
Le président est le titulaire des pouvoirs de la police administrative. Ce pouvoir lui permet
de prendre les actes (juridique et matériel) afin de prévenir les troubles à l’ordre public. Ces
missions s’étendent sur le domaine de la sécurité, tranquillité et salubrité publiques.
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Parce qu’il est office de l’état civil, le président du conseil communal a la charge de la
conservation des registres de l’Etat civil. Il en délivre également pour les personnes concernées
des extraits ou encore des copies intégrales. Il a, par ailleurs, qualité pour légaliser les signatures et
attester de la conformité des copies aux originaux.
Une distinction est à établir entre le champ d’intervention de la commune fixé par rapport
aux affaires de proximité et aménagé par l’exercice de compétences précises et les attributions des
principaux organes de la commune pour la mise en œuvre de ces compétences, le conseil et son
président en l’occurrence.
En précisant la nature des compétences propres, la LO fait référence aux compétences
dévolues à la commune dans un domaine déterminé de manière à lui permettre d’accomplir, dans
la limite de ses ressources et à l’intérieur de son ressort territorial, les actes relatifs à ce domaine,
notamment la planification, la programmation, la réalisation, la gestion et l’entretien.
Les compétences propres de la commune couvrent les domaines suivants :
1. L’adoption du Plan d’Action de la Commune
2. Les services et équipements publics communaux
3. L’urbanisme et l’aménagement du territoire
4. La coopération internationale
Les compétences partagées entre l’Etat et la commune concernent celles dont l’exercice
s’avère efficace lorsqu’elles sont partagées. L’exercice de ces compétences partagées peut se faire
sur la base des principes de progressivité et de différenciation. Les compétences transférées
concernent celles qui pourraient être transférées de l’Etat à la commune de manière à permettre
l’élargissement progressif des compétences propres.
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A. LA DEMISSION VONTAIRE
Elle peut concerner le président et ses adjoints comme elle est ouverte aux autres
membres du conseil communal. Le président du conseil de la commune souhaitant renoncer aux
fonctions de présidence du conseil, adresse sa démission au gouverneur de la préfecture ou de la
province ou son intérimaire. Cette démission prend effet à l’expiration d’un délai de quinze jours
à compter de la date de réception de la démission.
Les vice-présidents et les membres du conseil souhaitant renoncer à leurs fonctions
adressent leur démission au président du conseil qui en informe aussitôt par écrit le gouverneur
de la préfecture ou de la province ou son intérimaire. Cette démission prend effet à l’expiration
d’un délai de quinze (15) jours à compter de la date de réception de la démission par le président
du conseil.
B. LA REVOCATION
C. LA SUBSTITUTION AU PRESIDENT
Lorsque le président s’abstient de prendre les actes qui lui sont impartis par la présente loi
organique et que cette abstention nuit au fonctionnement normal des services de la commune, le
gouverneur de la préfecture ou de la province demande au président d’exercer les fonctions qui
lui sont dévolues. A l’expiration d’un délai de sept (7) jours à compter de la date d’envoi de la
demande sans que le président n’y donne suite, le gouverneur de la préfecture ou de la province
saisi la juridiction des référés près le tribunal administratif en vue de statuer sur l’existence de
l’état d’abstention. Lorsque la décision de justice constate ledit état d’abstention, le gouverneur
peut se substituer au président dans l’exercice des actes que ce dernier s’est abstenu d’exercer.
Seule la justice est compétente pour dissoudre le conseil de la commune. Cette possibilité
est ouverte dans certains cas strictement encadrés par la LO.
Ce type de contrôle s’étend sur l’ensemble des actes de la commune, notamment ceux du
président et les délibérations du conseil.
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Sont nulles de plein droit, les délibérations et les arrêtés ne faisant pas partie des
attributions du conseil de la commune ou de son président, ou ceux pris en violation des
dispositions de la présente loi organique et des textes législatifs et réglementaires en vigueur. Le
tribunal administratif statue sur la demande de nullité après sa saisine, à tout moment, par le
gouverneur de la préfecture ou de la province ou son intérimaire dans un délai maximum de cinq
jours à compter de leur délivrance au concerné.
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Il peut être constitué entre des communes liées territorialement, à leur initiative, des «
établissements de coopération intercommunale », dotés de la personnalité morale et de
l’autonomie financière. Ces établissements sont créés en vertu de conventions approuvées par les
conseils des communes concernées. Sont fixés dans ces conventions, l’objet de l’établissement, sa
dénomination, son siège, la nature ou le montant des apports et la durée de l’établissement.
Une ou plusieurs communes peuvent constituer avec une ou plusieurs régions, une ou
plusieurs préfectures ou provinces, un groupement dénommé «groupement de collectivités
territoriales» doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière et ayant pour objet la
réalisation d’une œuvre commune ou la gestion d’un service d’intérêt général pour le groupement.
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CHAPITRE II.
LES STATUTS SPECIFIQUES
La charte communale a prévu quelques statuts pacifiques qui constituent l’exception par
rapport au statut de droit commun qu’on vient de voir. L’existence de ce statut spécifique répond
à la nécessité de prendre en considération la nature territoriale de certaines communes ou leur
importance.
Trois sortes de statuts spécifiques existent aujourd’hui. Il s’agit en l’occurrence du statut
des communes urbaines soumises au régime d’arrondissement (SECTION 1), le statut spécifique
de la ville de Rabat (SECTION 2) et les statuts particuliers qui concernent les communes des
“méchouares”.
Les communes des “méchouares” sont les communes qui abritent des demeures royales.
Elles ont un statut spécifique. Dans ces communes, les attributions reconnues aux présidents des
conseils communaux sont exercées par un Pacha assisté d’un adjoint à qui il peut déléguer partie
de ses attributions et qui le remplace en cas d’absence ou d’empêchement. Les délibérations des
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communes des “méchouares”, quel que soit leur objet, ne sont exécutoires qu’après approbation
du ministre de l’intérieur ou de son délégué.
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