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Cours Droit Administratif Local

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Cours

Droit Administratif local


**********

Introduction :
Aborder l’étude du droit administratif local suppose sa mise en parallèle avec le droit
administratif général qui est défini comme le droit applicable à l’administration, c’est-à-dire à
l’ensemble des règles juridiques relatives à son organisation, à son activité et au contrôle qui
s’exerce sur elle. De manière générale, le droit administratif est le corps de règle qui présente
la particularité d’être différente des règles applicables aux particuliers et soumises au contrôle
d’une juridiction administrative1. Ce corps de règles s’applique à l’administration qui est
regardée comme « un ensemble organisé de service destiné à satisfaire les besoins d’intérêt
général ».

Le terme administration recouvre une réalité juridique complexe. Elle est composée
d’un certain nombre de personnes publiques. Au sommet se trouve l’État qui n’est pas
seulement une personne administrative, mais assume une fonction législative et
juridictionnelle. En dessous de l’Etat, on trouve les personnes publiques à caractère territorial.
C’est le cas des communes et des départements. On trouve également des services possédant
une autonomie, spécialisés et rattachés : ce sont les établissements publics.

Aussi, le droit administratif général englobe le droit administratif local qui lui, est
regardé comme partie intégrante du premier. Il peut être défini comme un ensemble de règles
applicables à l’administration locale et cette dernière correspond à un ensemble composé de
personnes publiques à caractère territorial. Avec la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013
portant Code général des Collectivités locales, deux catégories de collectivités sont
consacrées : ce sont les départements et les communes.

Le droit administratif local présente un certain nombre de caractéristiques (Première


partie). C’est un droit qui organise et encadre les structures et les compétences des
collectivités locales (Deuxième Partie). C’est un droit relationnel (État, collectivités locales,
groupements etc…) (Troisième Partie).

1
Là, il faut nuancer en ce qui concerne le cas du Sénégal, car il n’existe pas une juridiction spécialisée dans le
contentieux administratif.
PARTIE I :
LES CARACTERISTIQUES DU DROIT ADMINISTRATIF LOCAL
Le droit administratif local présente un certain nombre de caractéristiques. La première est
que c’est un droit qui est né et a évolué avec la décentralisation (Chapitre I). C’est aussi un
droit dont l’autonomie est contestée (Chapitre II).

Chapitre I : Le droit administratif local, un droit évoluant avec la


décentralisation
Le droit administratif local est lié à la décentralisation qui a connu plusieurs étapes. Cette
décentralisation a pris deux directions (Section 1) et a connu un bond important à partir de
1996 et plus récemment en 2013 (Section 2).

Section I : D’une décentralisation urbaine à une décentralisation rurale


Depuis la naissance des quatre communes avec la loi du 1 er avril 1872, la décentralisation a
été expérimentée en milieu urbain (Paragraphe 1) et ensuite en milieu rural (Paragraphe 2).

Paragraphe II : La décentralisation urbaine


Le processus de décentralisation au Sénégal remonte à l’époque coloniale. Cette période était
caractérisée par une forte centralisation administrative liée à l’impératif de gestion très
difficile des territoires des peuples colonisés. La fin des résistances coloniales et l’émergence
des pôles urbains à la faveur de la culture de l’arachide, du développement des chemins de
fers ont conduit à l’administration coloniale à la création d’un certain nombre de communes.
C’est ainsi que le décret du 10 août 1872 consacre la création des communes de Saint-Louis et
de Gorée, suivie de celle de Rufisque en 1880 et finalement celle de Dakar en 1887. Le souci
de prudence et le constat de l’« immaturité des indigènes » dénature ce système de
décentralisation par l’avènement de la notion de commune mixte en 1891. A mi-chemin entre
ces deux systèmes, le régime de commune de moyen exercice renvoyait à un conseil
municipal élu au suffrage universel avec à sa tête un maire nommé par le gouverneur parmi
les fonctionnaires placés sous son autorité.

Cette décentralisation à plusieurs vitesses prend fin au moment des indépendances


avec la dotation de statuts de communes de plein exercice pour les 33 communes que
comptait le Sénégal indépendant. Un nouveau pas est franchi avec la loi 66-64 du 30 juin
1966 portant Code de l’administration communale. Avec cette loi, un effort de
systématisation des textes est entrepris mais il demeurait faible.

La décentralisation urbaine dans la première décennie qui a suivi l’indépendance n’est


donc que la poursuite du processus initié par les autorités coloniales. En revanche, la
décentralisation rurale est une véritable innovation de l’Etat du Sénégal.

Paragraphe II : La décentralisation rurale


L’extension de la politique de la décentralisation au monde rural ne débute qu’un siècle après
la création de la première commune au Sénégal, c'est-à-dire en 1972. Avec la loi 72-25 du 25
avril 1972, la décentralisation va donc pénétrer le milieu rural. L’institution des communautés
rurales s’est faite par étape, région par région avec toujours ce souci de prudence qui avait
animé le colon lors de la création des communes. En d’autres termes, la réforme est entrée
donc progressivement en vigueur : la région Thiès (1972), la région du Sine Saloum (1974), la
région de la Casamance (1978), la région du Fleuve (1980) et le Sénégal Oriental (1982).

Avec la loi de 1972, naissent les communautés rurales. Elles regroupent un « certain
nombre de villages appartenant au même terroir unis par une solidarité résultant notamment
du voisinage, possédant des intérêts communs et capables de trouver les ressources
nécessaires à leur développement ». Le pouvoir de l’époque en créant la communauté rurale
avait souhaité traduire son idéologie du socialisme par une démocratisation de l’usage du sol
(loi 64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national).

Cette volonté de faire entrer la décentralisation dans le monde rural était mise en échec
par le fait que la fonction d’administration de crédits et d’ordonnateur des budgets des
communautés rurales était confiée au sous-préfet. Il a fallu attendre une de 1990 (loi 90-73 du
8 octobre) pour que ce pouvoir, jadis confié au représentant de l’Etat, revienne aux autorités
rurales. Cette loi supprime aussi le statut spécial qui était conféré aux villes chef-lieu de
région. Le processus de décentralisation va faire un grand bond avec les lois de 1996 et de
2013.

SECTION II : LES REFORMES DE 1996 ET DE 2013


Il convient d’étudier d’abord les réformes de 96 (paragraphe 1) pour ensuite étudier celle de
2013 (paragraphe 2)

Paragraphe I : les réformes de 1996


Elles ont innové sur certains points et reposent sur des principes.

 D’abord sur les accords de la réforme :


1. Le premier apport de 1996 réside dans la suppression de la tutelle
administrative et financière. Ainsi à un régime d’approbation préalable assorti d’un pouvoir
d’annulation parfois motivé par de simples considérations d’opportunité, a succédé un
contrôle a posteriori fondé uniquement sur l’examen de la légalité des actes pris par les
collectivités locales. Pour autant, aussi paradoxale que cela puisse paraitre, la trilogie tutélaire
(pouvoir d’annulation, pouvoir d’approbation et pouvoir de substitution d’action) qui
charpentait le droit administratif d’avant 1996 n’avait pas entièrement disparu.
2. Le deuxième apport de 1996, c’est l’érection de la région en collectivités
locales. D’une simple circonscription administrative, la région va connaitre une importante
mutation avec cette réforme.
3. Le troisième apport réside dans le transfert des compétences de l’Etat vers les
collectivités locales.

Au total, la réforme a fait naitre au Sénégal 10 régions, 150 communes et 353


communautés rurales. En adoptant les lois de 1996, le législateur sénégalais visait un certain
nombre d’objectifs.

 Sur les buts de la réforme de 1996 :


Ils sont de trois ordres :
- une gestion plus efficace des affaires publiques ;
- le développement équilibré et harmonieux du territoire ;
- un approfondissement de la démocratie.

Pour atteindre ces buts, la réforme posait quelques principes majeurs :


1. Le premier, c’est d’abord l’égalité entre les différentes collectivités locales. Ce qui
signifie l’interdiction de la tutelle d’une collectivité locale sur une autre. En d’autres termes, il
n’est pas légalement admis d’hiérarchiser les collectivités locales entre elles. Sur ce point, le
droit sénégalais de 1996 s’est inspiré de l’article 2 de la loi française du 7 janvier 1983.
2. Le deuxième principe, c’est le maintien de la forme unitaire de l’État. Malgré
l’importance des compétences transférées, les Collectivités Locales ne doivent porter atteinte
à l’indivisibilité et la souveraineté de l’État.
3. Le Troisième principe, c’est que le législateur a prévu la mise en disposition pour les
Collectivités Locales de moyens en personnel et en patrimoine. Ces moyens appartenant à
l’Etat vont être mis à la disposition des collectivités locales par le biais de conventions-types.
4. Le quatrième principe, c’est que la décentralisation doit reposer sur un équilibre avec
la déconcentration.

Malgré l’importance de cette réforme, la pratique effective a révélé qu’elle n’a pas
permis de réaliser les souhaits escomptés d’où une nouvelle réforme de la décentralisation
intervenue en 2013.

Paragraphe II : la réforme de 2013


Les faiblesses structurelles et fonctionnelles notées dans les réformes antérieures nécessitaient
une correction pour assurer un véritable développement local. C’est dans ce cadre que
l’assemblée nationale a adopté le projet de loi portant Code général des Collectivités locales
qui est devenu la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités
locales.

Cette nouvelle phase que ses initiateurs ont baptisé faussement d’ailleurs « acte 3 de
la décentralisation » a apporté quelques innovations principalement sur le plan
institutionnel :
1. D’abord, c’est l’érection du département en collectivité locale.
Le département qui était jusque-là qu’une simple circonscription administrative est élevé au
rang de collectivité locale. Désormais, il est considéré comme un échelon intermédiaire
favorisant une gouvernance locale et un développement territorial.
2. Deuxième innovation de la loi de 2013, c’est l’érection des communautés rurales et des
communes d’arrondissement en communes.
L’acte 3 pose le principe de la communalisation intégrale en supprimant les communautés
rurales créées en 1972 et les communes d’arrondissement instituées en …. Selon le discours
officiel, le clivage urbain/rural est porteur d’une faiblesse structurelle et fonctionnelle de la
décentralisation en entrainant un déséquilibre dans la distribution des ressources. Aussi, dans
l’esprit des initiateurs de la réforme, la suppression des communautés rurales répond-elle à un
double impératif : favoriser l’équité dans le traitement entre les différentes collectivités
locales. En effet, eu égard à leur statut, les communautés rurales étaient marginalisées surtout
dans l’allocation des ressources. Le second impératif s’inscrit dans une perspective de
rééquilibrage des fonctions territoriales. Cet objectif devait passer par une politique
d’aménagement globale et intégrée faisant de la commune le levier de développement local.
3. Troisième innovation : la suppression de la région comme collectivité locale.
La région, créée en 1996 comme collectivité locale, devient avec la nouvelle loi une simple
circonscription administrative. Ce changement de statut de la région s’inscrit globalement
dans un échec relatif de la politique de la décentralisation initié en 1996. La suppression peut
se justifier par la persistance de la confusion des rôles entre la région et les collectivités de
base que sont la commune et la communauté rurale ; ensuite par l’impossibilité pour la région
d’assurer ses fonctions de coordination et d’action de développement ; enfin par l’absence de
maitrise du territoire régional et d’un pouvoir financier propre.

 Les objectifs de la loi de 2013


1. L’objectif principal de la nouvelle réforme est de simplifier l’architecture administrative
et institutionnelle dans l’optique de favoriser le développement des entités locales. Avec ce
nouveau texte, le Sénégal compte désormais deux ordres de collectivités locales : le
département, échelon intermédiaire favorisant une gouvernance locale et un développement
territorial, et la commune, échelon de gestion de proximité et de développement à la base.
2. Le deuxième objectif consistait à une clarification des compétences entre l’État et les
collectivités locales. Sur ce point, il faut relever que le législateur de 2013 s’est borné à
rappeler les 09 compétences fixées par le législateur de 1996.
3. Le troisième objectif consiste à favoriser le développement de la contractualisation entre
ces deux niveaux décisionnels que sont l’État et les collectivités territoriales. En effet, Par la
politique des contrats-plans, l’ambition était de favoriser le développement local.
4. Le quatrième objectif consiste, selon le législateur, à moderniser la gestion publique
territoriale avec une réforme des finances locales et une promotion soutenue de la qualité des
ressources humaines.

Le législateur de 2013 a maintenu le statu quo ante par rapport aux principes posés par
le législateur de 1996. Ces principes sont l’égalité entre les différentes collectivités locales, la
forme unitaire de l’Etat, le transfert des moyens en même temps que les compétences et
l’équilibre entre la décentralisation et la déconcentration. C’est la première phase de l’« Acte
3 » de la décentralisation. Une deuxième phase est prévue pour parachever ce processus : elle
consistera en la mise en place des pôles territoriaux économiques dont l’objectif est
l’harmonisation et la mutualisation des potentialités économiques des collectivités locales. En
effet, l’Acte III vise généralement le renforcement des responsabilités des collectivités locales
en consacrant la territorialisation des politiques publiques. La territorialisation signifie inscrire
ces politiques publiques de manière coordonnée et complémentaire au sein des territoires et
doit aboutir à une appropriation de celles-ci par les acteurs concernés au niveau local.
S’inscrivant dans une perspective de clarification, de rationalisation et de simplification,
l’Acte III doit faire émerger les collectivités locales vers des territoires viables, compétitifs et
porteurs de développement.

Le droit administratif local présente d’autres caractéristiques. C’est un droit dont


l’autonomie est contestée mais les auteurs sont d’avis qu’il présente certaines particularités.

Chapitre 2 : le droit Administratif local, un droit autonome ?


Le droit administratif local est un droit dont l’autonomie est contestée (Section 1) mais dont
les particularités sont reconnues (Section 2).

Section I : une autonomie contestée


L’analyse du droit administratif locale nous conduit à la conclusion qu’il ne remplit pas les
conditions d’autonomie (Paragraphe 1). L’explication de ce défaut d’autonomie réside dans
une forte dépendance au droit administratif général (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : l’absence de critère d’autonomie


L’autonomie est une notion imprécise. Elle peut être définit comme l’indépendance
conceptuelle et fonctionnelle d’une branche du droit par rapport à d’autres branches qui
renferment son champ d’intervention. Une branche du droit est regardée comme autonome
lorsqu’elle est constituée « d’un corps de règles propres ayant ses sources distinctes, animées
par des principes autonomes et se suffisant à lui-même pour son interprétation ».

L’autonomie du droit administratif local est contesté au plan formel. D’abord, le


critère formel qui consiste à loger une matière juridique à l’intérieur d’une loi, d’un code. En
d’autres termes, un droit est autonome s’il est matérialisé au plan juridique par la codification
à travers l’édiction d’une loi ou d’un code. La multitude de textes relatifs à la décentralisation
et surtout l’existence d’un code des collectivités locales donneraient à croire que cette
condition est satisfaite. En référence à ce critère, on peut déduire que le droit administratif
local est autonome. Ce critère est toutefois peu fiable et en croire Jean Pascal Chazal « une loi
ou un code peut renfermer des règles concernant des disciplines différentes […] IL est
illusoire d’enfermer l’autonomie d’un droit à l’existence d’un code ou d’une loi ». Le droit
administratif local fournit à ce titre un bel exemple. Par ailleurs, Le caractère essentiellement
prétorien du droit administratif général n’a pas été un obstacle pour son accès à l’autonomie et
d’ailleurs, c’est ce caractère qui constitue au contraire l’un de ses traits dominants.
Ensuite, le critère substantiel : il permet de déterminer le domaine d’un droit à partir
du contenu de ses règles. Le contenu des règles du droit administratif local n’offre aucune
originalité pour l’essentiel par rapport au droit administratif général. Ce sont les mêmes
principes qui régissent l’action des personnes publiques. Les sujets du droit administratif local
ne présentent en principe aucune particularité par rapport aux sujets du droit administratif
général.
Quand on interroge l’objet du droit administratif local, on arrive à la conclusion d’un
défaut d’autonomie. L’objet du droit administratif local étant l’administration locale, mais
aussi l’administration locale est aussi objet d’étude du droit administratif général. Si l’on doit
prendre en charge le critère finaliste, on arrive à la conclusion que le droit administratif local
ne diffère pas du droit administratif général. Il s’agit toujours d’encadrer l’action d’une
personne publique en conciliant deux principes contradictoires : permettre à la personne
publique de mener efficacement son action en lui donnant des Prérogatives de Puissance
Publiques en même temps protéger les administrés de l’arbitraire de l’administration.
Les collectivités locales sont des personnes morales de droit public et de nature
administrative et en tant que telles, elles sont soumises au droit administratif général.

Paragraphe 2 : la soumission du droit administratif local au droit


administratif général
Les collectivités locales, comme toute personne publique, ont en charge la satisfaction de
l’intérêt général, mais au niveau local. Cette satisfaction passe par deux missions essentielles :
le service public et la police municipale.

Le service public local est soumis aux règles de droit commun du droit administratif.
La distinction traditionnelle entre SPA et SPIC est applicable au niveau local. Le régime des
biens des collectivités locales est également régi par le droit commun de l’administration. Les
collectivités locales sont tenues au respect des principes d’inaliénabilité, d’imprescriptibilité
et l’obligation d’entretenir les biens de leur domaine.

L’influence du droit administratif général est encore plus perceptible dans le régime
juridique de la police municipale. Dans l’exercice de ses compétences comme toutes autres
autorités administratives, le maire est soumis aux mêmes règles que les autres autorités
administratives de police. Dans l’exercice de ses pouvoirs de police, le maire ne doit pas
porter atteinte aux libertés individuelles et publiques. Les décisions du maire doivent être
motivées ….

Les dommages résultant de l’activité des collectivités publiques sont soumis aux
mêmes conditions d’engagement de la responsabilité des autres personnes publiques. Dans le
même sens, la responsabilité des collectivités locales peut être engagée en cas de faute même
en l’absence de faute.
Les actes administratifs locaux sont soumis en principe aux mêmes modalités
d’élaboration ou d’édiction. Ils prennent aussi fin dans les mêmes conditions. L’élaboration
des actes locaux est subordonnée aux mêmes conditions de légalité externe et interne que les
actes pris par les autres personnes morales de droit public. L’acte pris par une autorité locale
est soumis aux règles relatives à la compétence de l’auteur de l’acte, aux procédures et aux
formes. Par ailleurs, il doit respecter les conditions de légalité interne (motifs, but et objet).
L’acte local a la même force juridique que les autres actes administratifs. Ils sont soumis au
principe de non-rétroactivité. L’acte local prend fin dans les mêmes conditions que les autres
actes administratifs unilatéraux c'est-à-dire par retrait, abrogation ou la modification de l’acte.

Au niveau du contrôle des actes administratifs unilatéraux locaux, ce sont les mêmes
règles juridiques qui président la formation et les conditions de recevabilité du recours pour
excès de pouvoir. En matière de contrat, les conventions locales sont soumises au Code des
Obligations de l’Administration dans leur formation, leur exécution et leur contentieux. Les
marchés passés par les collectivités locales sont soumis au Code des marchés publics.

Au total, il apparait que le droit administratif local est fortement imprégné du droit
administratif général dans tous ses domaines. Il n’en demeure pas moins que le droit
administratif local présente un certain nombre de particularités qui ne fondent pas son
autonomie mais lui confèrent un caractère spécifique.

Section 2 : les spécificités du droit administratif local


Le droit administratif local présente un certain nombre de particularités. Ce qui est spécifique,
c’est ce qui est particulier, unique, typique, caractéristique. Ce droit présente
incontestablement une particularité qui tient en deux points essentiellement : d’abord c’est son
caractère institutionnel (Paragraphe 1) et son caractère relationnel (Paragraphe 2).

Paragraphe II : Une spécificité liée au caractère institutionnel


Le droit administratif local étudie l’organisation de l’administration locale. L’originalité de
l’administration locale tient aussi à l’existence de règles de gestion qui peuvent être regardées
comme particulières. Les institutions locales tant du point de vue de leur organisation comme
de leur fonctionnement présentent une certaine originalité par rapport aux autres personnes
publiques administratives. Ceci trouve son fondement dans le principe de la libre
administration des collectivités locales posé par l’article 102 de la Constitution. Cet article
postule la reconnaissance d’une autonomie de gestion aux organes locaux et la mise à leur
disposition de moyens financiers. Les organes des collectivités locales sont des personnels
administratifs qui sont élus et non nommés. Le caractère électif de ces organes fonde
l’essence même de la décentralisation à travers la participation des populations dans le choix
de leurs dirigeants.
Comme au niveau central, il y a un exécutif local et une assemblée délibérante dans chaque
collectivité locale. Les exécutifs locaux exercent une double fonction. En tant qu’élus locaux,
ils sont chargés de l’exécution des délibérations des assemblées. En tant qu’agents de l’Etat,
ils sont chargés entre autres de l’exécution et de la publicité des lois et règlements, de
l’exécution des normes de sureté générales. Le maire par exemple est officier d’état-civil. Il
exerce cette fonction sous l’autorité du représentant de l’Etat. Quant à l’assemblée
délibérante, elle légifère sur toutes les affaires concernant la collectivité locale. C’est le
conseil départemental et le conseil municipal. Le droit organique ou institutionnel local
présente des traits qui lui sont spécifiques par rapport aux règles d’organisation habituelles
des autres organes administratifs. Cette particularité se retrouve également dans le cadre
relationnel des collectivités locales.

Paragraphe 2 : une spécificité liée au caractère relationnel


Du point de vue relationnel, on peut considérer qu’il existe une certaine originalité. Cet aspect
fait référence à l’existence de règles spécifiques qui régissent certains domaines d’activités de
l’administration locale. Il s’agit ici du droit relationnel. Le champ d’application de ce droit est
limité pour certains aux relations que les collectivités locales entretiennent avec leur
environnement. D’autres ont une vision élargie de ce droit et considèrent que tous les aspects
originaux de l’activité des collectivités locales doivent être intégrés. Les premiers donnent une
définition restrictive alors que les seconds donnent une définition extensive. En combinant ces
deux positions, des particularités peuvent être relevées dans les relations des collectivités
locales avec les autres personnes publiques d’une part, d’autre part dans tous les domaines
reflétant des règles spécifiques. Pour les rapports entre l’Etat et les collectivités locales, se
pose le problème de la dialectique entre autonomie et contrôle. La décentralisation implique
certes l’autonomie locale mais celle-ci ne doit pas remettre en cause l’unité et l’indivisibilité
de la République. Aussi, dans le contrôle de légalité, on réalise l’existence de trois acteurs :
les collectivités locales, le représentant de l’Etat et la Cour Suprême.
Dans le cadre de la coopération décentralisée, les collectivités locales peuvent nouer des
conventions de partenariat avec d’autres collectivités au niveau interne mais aussi externe. Par
ailleurs, il existe au Sénégal une fonction publique locale à côté de la fonction publique de
l’Etat.
Ceci étant, le droit administratif local doit être distingué du droit constitutionnel même s’il est
établi que c’est celui-ci qui lui donne le principe décentralisateur. Le droit communautaire
influence aussi le droit administratif local par l’obligation pour les collectivités locales des
Etats membres de réparer les dommages résultant de l’inapplicabilité ou de la mauvaise
application des règles communautaires.
Autonomie contestée certes mais existence de règles spécifiques se rapportant aux
administrations locales. La question posée au droit ne saura normalement prendre en charge
les problèmes soulevés par la pratique. Il nous faut donc étudier ce droit institutionnel avant
d’en venir au droit relationnel.

PARTIE II
Le droit administratif local : droit de l’organisation des
Collectivités Territoriales
L’aspect institutionnel renvoie aux compétences des collectivités locales (chapitre I) ainsi
qu’aux structures (chapitre 2).

Chapitre I : les compétences des collectivités territoriales


Le code général des collectivités Territoriales a repris pour l’essentiel les lois de 1996
notamment la loi 96-07 relative aux compétences (Section 1). Le débat sur la question de la
compétence renvoie à la question de l’existence ou non d’un pouvoir règlementaire local
(section 2).

Section I : Définition des compétences des CT


Pour définir les compétences des collectivités locales, le législateur fait recours à deux
approches. Il y a une approche qu’on peut considérer comme traditionnel qui pose une clause
générale de compétence (Paragraphe 1). Mais, Il y a une autre approche qui pose une liste de
compétences transférées du pouvoir central vers les collectivités locales par une clause
appelée clause attributive de compétences (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La clause générale de compétence


Cette clause se trouve pour le département à l’article 27 de la loi portant Code général des
collectivités locales qui énonce que « le conseil départemental règle par ses délibérations les
affaires du département ». Cette règle est reprise à l’article 81 pour la commune qui affirme
que « le conseil municipal règle par ses délibérations les affaires de la commune ». Cette
dernière disposition reprend l’article L2021-21 du code général des CT en France. Il faut juste
rappeler que cette formulation était contenue dans la loi française de 1884. La Clause
Générale de Compétence accorde « aux Collectivités une capacité étendue pour justifier leurs
décisions et leurs domaines d’intervention sans que ceux-ci soient limités dans une
énumération de compétence ». Elle signifie que le législateur a entendu confier aux
Collectivités Territoriales la gestion de leurs propres affaires.

La décentralisation repose donc sur deux idées essentielles : la première signifie que les
administrés sont liés par un destin commun. La seconde signifie que la gestion des affaires les
concernant ne peut être réussi que localement. Se pose alors un certain nombre de question :
qu’est-ce qu’une affaire locale ? qu’est-ce qu’une affaire propre ? mais la loi ne le précise pas.
Cette absence de définition introduit quelques difficultés pour la délimitation des compétences
dévolues aux Collectivités Territoriales. La formule « règle par ses délibérations les affaires »
appartient à la catégorie des notions floues et incertaines. A partir du moment où cette
compétence n’est pas donnée, il faudrait donc la construire.

Certains auteurs ont fait des propositions et ont mis en avant un certain nombre de
critère pour identifier une affaire locale.
1. Le critère de la territorialité : Les CT ne peuvent intervenir au-delà de leurs
compétences territoriales. C’est dans ce sens qu’il faut situer la décision du Conseil d’Etat
français du 11 juin 1997, Département de l’Oise. Dans cette affaire, le juge administratif a
estimé que le département ne pouvait légalement ou valablement subventionner la rénovation
d’une commune située dans un autre département.
2. Le critère de la finalité de l’acte : l’acte local doit viser un intérêt local. Ainsi, il a été
décidé que les actes des collectivités locales dont le but est un intérêt privé ne peuvent être
regardés comme des affaires locales. L’intérêt local est complexe parce qu’évolutif dans le
temps et l’espace. Il est comme l’intérêt général, une notion évolutive.

Au total, il existe une difficulté de donner un contenu précis à cette notion. Il existe une de
donné un à la notion d’affaire locale. Par exemple, il est difficile de distinguer une affaire
locale et une affaire nationale. Une affaire est dite nationale quand elle concerne toute entière,
l’État dans son ensemble. La sécurité des citoyens est une affaire nationale alors que le
ravitaillement en eau potable d’une localité sénégalaise est une affaire qui peut être regardée
comme une affaire locale. En réalité, sera considérée comme une affaire nationale ou locale
celle que le législateur qualifiera comme tel et cette qualification peut varier à l’image de
l’intérêt général.

Pour beaucoup d’auteurs en effet, le choix d’une clause générale de compétence ne


traduit rien d’autre qu’une volonté de neutralisation des velléités locales. C’est le point de vue
d’Alain Bockel quand il pose que : « libérale en apparence mais très fluctuante en réalité car
elle n’octroie aucune garantie à l’autonomie locale ». Quant à Jean Baguenard, il considère
que cette clause est un jeu des pouvoirs publics dont la finalité est de réduire l’autonomie des
instances tout en leur donnant l’impression d’exister. Pour cet auteur, la décentralisation se
présente comme l’exemple réussi de la fausse solution parce que l’Etat a la compétence des
compétences. Serge Velley parle de pseudo clause générale de compétence qui non seulement
reste obscure mais aussi est mise en œuvre par l’administration locale.

Paragraphe 2 : la clause attributive de compétence


Quelles sont les clauses ayant fait l’objet de transfert ? Existe-il des domaines spécifiques
transférés en fonction de la catégorie de collectivité locale ? Comment ce transfert de
compétence est-il organisé ?
La nouvelle loi a maintenu les neufs domaines de compétences fixés par le législateur de
1996. Ces compétences sont :
1. l’éducation, l’alphabétisation, la promotion des langues nationales et la formation
professionnelle ;
2. la santé et l’action sociale ;
3. la gestion et l’utilisation des sols ;
4. l’aménagement du territoire ;
5. la culture ;
6. l’environnement et la gestion des ressources naturelles ;
7. la jeunesse, les sports et les loisirs ;
8. l’urbanisme et l’habitat ;
9. la planification ;

Section 2 : le pouvoir règlementaire local

Ce pouvoir règlementaire est la manifestation et, en même temps, la conséquence au plan


administratif du transfert de compétences aux collectivités locales. En effet, en opérant des
transferts de matière des autorités Étatiques aux autorités locales, la décentralisation conduit
progressivement à l’émergence d’un pouvoir réglementaire local. Si la doctrine s’accorde
pour l’essentiel sur les contours de ce pouvoir réglementaire des CT (paragraphe 1) il faut
bien admettre que la controverse autour de son autonomie demeure relativement persistante
(paragraphe 2).

Paragraphe 1 : les contours du pouvoir règlementaire des CT


Il faut définir donc le pouvoir règlementaire locale (A) pour ensuite préciser ces fondements
(B).

A- Définition du pouvoir règlementaire local

Considéré comme une des conséquences de la reconnaissance de la libre administration aux


profits des collectivités territoriales, le pouvoir réglementaire local se présente sous la forme
d’une controverse doctrinale. Si aujourd’hui le paysage de la controverse a évolué, on reste
cependant saisi par l’éclatement des approches et des solutions. En réalité, l’autonomie local
constitue la toile de fond idéologique du débat et de la vieille querelle entre Jacobin et
Girondin ressuscité à travers le querelle du pouvoir réglementaire local. Celui-ci peut être
entendu comme un pouvoir reconnu à des autorités administratives locales de prendre des
mesures à caractère général et impersonnel. Autrement dit, ce pouvoir serait une aptitude
juridique a édicté des règles, des normes dont les destinataires ne sont pas nommément
désignés. Cette définition réuni deux éléments : d’abord le pouvoir réglementaire appartient à
des autorités administratives désignées pour la gestion des affaire locales ; ensuite, le
règlement peut être comparé à la loi car il édicte aussi une mesure générale et impersonnelle.
L’exercice d’un tel pouvoir réglementaire par les autorités locales ne manquent pas de
soulever des débats de doctrine et qui pour l’essentiel imposent de rechercher les fondements
juridiques de la reconnaissance d’un tel pouvoir aux autorités locales.

B- Les fondements du pouvoir réglementaire local

La question de savoir si le pouvoir règlementaire local peut s’exercer en lieu et place que
celui du premier ministre a fait l’objet de débat en France. Mais c’est une loi de 2003 relative
à la constitution qui précise que « dans les conditions prévues par les lois, les collectivités
s’administrent librement par des conseils élues et disposent d’un pouvoir réglementaire pour
l’exercice de leurs compétences ». L’article 102 de la constitution sénégalaise
s’emble s’inscrire dans ce même sens, il dispose que « les CT constituent le cadre
institutionnel de la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques. Elles
s’administrent librement par des assemblées élues au suffrage universel direct. Elles
participent à la territorialisation des politiques publiques, à la mise en œuvre de la politique
générale de l’État ainsi qu’à l’élaboration et au suivi des programmes de développement
spécifique à leur territoire ».

Bien que le constituant Sénégalais paraît moins spécifique au français, cette


disposition permet donc au législateur de confié à une catégorie de collectivités locales le soin
de définir dans les limites des compétences qui lui sont définies certaines modalités
d’application d’une loi. Ce pouvoir réglementaire local connait plusieurs limites qui nous
poussent à nous interroger si le Pouvoir Règlementaire des CT peut-il être regardé comme un
pouvoir initial et autonome par rapport à celui de l’État.

Paragraphe 2 : l’autonomie du pouvoir réglementaire local

La question de savoir si le réglementaire local peut s’exercer en lieu et place du Premier


Ministre a fait l’objet d’un débat doctrinal en France (A), la jurisprudence est venue pour
apporter une solution (B).

A- Les controverses doctrinales

A l’occasion des débats posées en France relatifs à la décentralisation, plusieurs auteurs ont
affirmé l’existence d’un authentique Pouvoir Règlementaire Local.

Maurice Bourgeon a estimé que les CT devraient bénéficier d’un Pouvoir


Règlementaire Autonome et Initiale de même rang que celui des Autorités centrales de l’État
en application du principe de la libre administration. Pour lui, les CT pourraient faire usage de
ce pouvoir à l’absence même de la loi, précisément sur le fondement direct de l’article 72 de
la constitution. Suivant la même inspiration, François Lichaire estime que les Collectivités
Territoriales seraient seules compétentes pour édicter des mesures d’application des lois
intéressant la libre administration par le moyen de leur pouvoir réglementaire local. Dans ce
domaine, poursuit-il, le pouvoir réglementaire du premier ministre serait exclus. Autrement
dit, le pouvoir réglementaire de l’exécution des lois serait partagés avec celui du Premier
Ministre et pour les questions relatives à la libre administration, les CT disposeraient d’un
domaine premier et réservé. En effet, l’article 72 pouvait être lu en deux parties distinctes :
« s’administrent librement » et « dans les conditions prévues ». Il y aurait ainsi une sorte de
concurrence entre la loi et le règlement mais le « ET » étant plus additionnel que séparatif.
Les CT pourraient donc disposer d’un pouvoir réglementaire direct d’exécution des lois sans
passer par le biais d’un pouvoir réglementaire national. Ce qui leur permet de prendre des
mesures d’application des lois au nom du principe constitutionnel de la libre administration.

Comme le note Jean Éric SCHOELT « les compétences des autorités décentralisées ne
se réduisent à la capacité d’effectuer des opérations matérielles, de passer des contrats ou de
prendre des décisions individuelles. L’exercice de la compétence transférée réside souvent
dans le pouvoir de fixer des règles générales. »

A l’occasion des débats de 2003, certains parlementaires ont repris à leurs comptes cette
conception en proposant une nouvelle rédaction de la constitution en son article 21 en
proposant la formule suivante : « sous réserve des dispositions de l’article 72, le PM exerce le
pouvoir réglementaire. » Certains amendements mettaient ainsi sur le même plan les deux
pouvoirs réglementaires (Premier Ministre – autorités locales) comme le relève le rapport
Garrec, la disposition du projet n’apportait rien au « droit existant si elle ne s’accompagnait
pas d’une modification de l’article 21 de la constitution » destiné à permettre au CT de se voir
confier un pouvoir réglementaire d’application des lois exclusif de celui du premier ministre.

Finalement, le problème est resté entière (on n’a pas tranché). Et la question est toujours de
savoir si les CT disposent d’une compétence réglementaire de principe (première thèse) ou
d’une compétence résiduelle (deuxième thèse). A cette question la jurisprudence a apporté
une réponse.

B- La solution jurisprudentielle : un pouvoir réglementaire subsidiaire

Le Conseil d’Etat a dégagé des solutions classiques reconnaissant la primauté de la loi et les
possibilités d’édicter des décrets sans restriction. Le Pouvoir Réglementaire Local existe, mais
il n’est ni initial ni autonome. Il est résiduel, subsidiaire par rapport à celui du Premier
Ministre. Il ne saurait donc entrer en concurrence avec celui du premier ministre. Les mesures
réglementaires locales sont régulières si elles respectent les critères et les prescriptions
énoncés par la loi et si l’édiction par les autorités de l’état d’un texte réglementaire n’est pas
nécessaire (voir à ce propos CE de Décembre 1994 commune de Guers, recueil 522 ; CE 05
octobre 1998 commune de Long jumeau, petite affiche 1999 nº94.

Lorsque la loi ne renvoie pas à un décret d’application, l’organe délibérant de la


Collectivité locale peut fixer les règles de la loi pour organiser les services de la collectivité
(voir à ce propos CE 13 février 1985 Syndicat communautaire d’aménagement de Cergy-
Pontoise, AJDA 1985, p271. Mais ces situations sont rares car il est exceptionnel que la loi ne
renvoie pas à des décrets d’application pris par le Premier Ministre. Mais la loi ne saurait
laisser aux Collectivités locales le pouvoir de prendre de mesures réglementaires qui mettent
en cause les conditions essentielles de l’exercice des libertés publiques.

A supposer que la loi confère aux Collectivités Territoriales une compétence


d’édiction des mesures d’application, le Premier Ministre peut toujours édicter des décrets
d’application en vertu de sa compétence générale qu’il tient de l’article 21 de la constitution
(voir à ce propos CE 9 octobre 2002 Fédération des personnelles des services des
départements et des régions CGT-FO confédération générale des travailleurs - Forces
ouvrières, AJDA 2002, p1404). La seule limite tient même à l’objet de la loi que le décret ne
saurait méconnaitre (voir à ce propos CE 1997 Département de la Loire).

La réforme constitutionnelle du 28 mars 2003 ne remet nullement en cause ces


solutions inspirées par la primauté de l’État en matière de décentralisation. Il convient
notamment de souligner que la subordination hiérarchique des règlements locaux aux
règlements de l’État est « court-circuitée » par une séparation horizontale des compétences.
Autrement dit, le juge administratif fait respecter l’aménagement légal des compétences en
sanctionnant les interventions du gouvernement dans les domaines que la loi réserve aux
autorités décentralisées.

Chapitre II : les structures des Collectivités territoriales


La libre administration renvoie à la possibilité pour les collectivités locales de gérer leurs
propres affaires grâce à des organes propres issus d’élection et qui disposent d’un pouvoir de
décision qui n’est pas subordonné à l’autorité hiérarchique de l’État. Les organes des
collectivités territoriales se subdivisent en organe délibérant (section I) et en organe exécutif
(section 2).

Section I : les organes délibérants des CL


Avec le nouveau code général des collectivités territoriales de 2013, ces organes sont le
Conseil départemental pour le département (Paragraphe 1) et le Conseil municipal pour la
commune (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Le conseil départemental


Il est composé de conseillers départementaux élus au suffrage universel direct pour une durée
de 5 ans. Il règle par ses délibérations les affaires du département. Il vote le budget et
coordonne en matière économique et sociale les actions de développement. Le conseil
départemental ne peut délibérer que si la majorité absolue de ses membres en exercice est
présente à l’ouverture de la session. Si ce quorum n’est pas atteint, la réunion est convoquée
de plein droit, 8 jours plus tard. Dans ce cas, les délibérations ne sont valables que si au moins
le quart des membres du Conseil sont présents. Il peut, à travers des sessions périodiques,
faire des recommandations, prendre des résolutions, émettre des vœux et donner des avis dans
les conditions prévues par la loi. Ces actes (recommandations, vœux, avis, etc.) ne sont pas
susceptibles de recours pour excès de pouvoir.
Le conseil départemental élit en son sein un bureau pour la même durée de 5 ans. Ce
bureau comprend un président (le président du conseil départemental est élu directement
depuis la réforme de 2021), un 1ier vice-président et un 2ième vice-président et deux secrétaires.
Les membres du bureau doivent savoir lire et écrire dans la langue officielle.

Le conseil départemental forme de droit 4 commissions :


 La commission des affaires administrative, juridiques et du règlement intérieur.
 La commission de l’éducation, de la santé et de la population et des affaires sociales et
culturelles, de la jeunesse et des sports …
 La commission des finances, du plan et du développement économique.
 La commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire, des domaines, de
l’urbanisme et de l’habitat.

Paragraphe 2 : le conseil municipal


Le conseil municipal est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Le bureau comprend le
Maire et ses adjoints élus.
Le conseil municipal a un champ d’intervention très large. Outre les compétences qu’elle
avait reçues de l’ancienne loi, la commune hérite désormais des compétences anciennement
dévolues aux communautés rurales notamment l’affectation et la désaffectation des terres du
domaine national. (Voir l’article 81 du nouveau code)
Le conseil municipal délibère notamment sur les budgets et les comptes administratifs
présentés annuellement par le maire et sur le compte de gestion établi par le maire. Il peut
donner un avis et émettre des vœux sur toutes les questions ayant un intérêt local.

Il a pour mission d’assurer à l’ensemble de la population sans discrimination les


meilleures conditions de vie possible. Il peut émettre des vœux sur les mesures réglementaires
dont il juge utile la mise en œuvre par son Président.

Les collectivités territoriales disposent d’organes exécutifs. Il s’agit du Président du


Conseil départemental et du maire.

Section II : les organes exécutifs des collectivités locales


Ces organes sont le président du conseil départemental pour le département (Paragraphe 1) et
le maire pour la commune (Paragraphe 2).

Paragraphe I : Le président du conseil départemental


Le président du conseil départemental est l’organe exécutif. Il est élu au suffrage universel
direct pour une durée de 5 ans. Le président du conseil départemental exerce les attributions et
pouvoirs fixés par les articles 34 à 35 du Code général des collectivités locales.

Il a pour mission de préparer et d’exécuter les délibérations du Conseil départemental,


ordonner les dépenses du département et prescrire l’exécution des recettes sous réserve des
dispositions particulières du Code général des Impôts, assurer la gestion du domaine du
département notamment en ce qui concerne la circulation sous réserve des attributions
dévolues aux représentants de l’Etat et aux maires. Organe exécutif du département, le
président du conseil départemental est aussi le chef des services décentralisés se trouvant dans
les limites territoriales de cette collectivité.
Paragraphe II : Le Maire
Il est élu au suffrage universel. Il est en vertu du dédoublement fonctionnel est à la fois
représentant de la collectivité locale et représentant du pouvoir central.

 Attributions du maire en tant que représentant de la collectivité locale :


En tant que représentant de la collectivité locale, le maire est chargé sous le contrôle du
conseil municipal de la préparation du budget de la commune et de l’ordonnancement des
dépenses. Il doit aussi veiller à l’exécution de programmes de développement financés par la
commune ou réalisés avec sa participation. Il est chargé de l’exécution des décisions du
conseil municipal. Il dispose aussi avec l’adoption de la nouvelle loi de 2011 sur la fonction
publique locale d’un pouvoir de nomination aux emplois communaux. Le maire représente la
commune en justice. Il doit aussi veiller à la protection de l’environnement et des espaces
verts.

 Attributions du maire en tant que représentant du pouvoir exécutif :


Le maire représente aussi le pouvoir central dans sa circonscription auprès des populations
locales. A ce titre, il doit s’assurer de l’application, de l’exécution des lois, des règlements et
des décisions du pouvoir exécutif. Dans l’exercice de ces fonctions, il est placé sous l’autorité
du représentant de l’Etat.

Le maire assure la protection des espaces verts et contribue à l’embellissement de sa


commune. Il doit apporter assistance aux lieux de culte. De manière générale, l’exécution des
décisions du conseil municipal relève de ses prérogatives.

Le maire est aussi le représentant du pouvoir exécutif auprès des populations dans sa
circonscription. Il est ainsi chargé sous l’autorité du représentant de l’Etat, de l’application et
de l’exécution des lois, des règlements et des décisions du pouvoir exécutif. Le maire est
assisté dans l’exécution de ses missions par le bureau municipal.

PARTIE III :
L’ASPECT RELATIONNEL DU DROIT ADMINISTRATIF
LOCAL
Les collectivités disposent chacune d’une administration qui assure la réalisation des missions
d’intérêt générale dont elles ont été investies. Cette action répond aux mêmes formes et
s’exerce dans le même cadre juridique que celui de l’action administrative étatique. L’activité
administrative locale obéit à une finalité (chapitre I). A cette fin, l’administration dispose de
moyens juridiques que sont les actes administratifs, les contrats administratifs dont la mise en
œuvre entraine un contentieux (chapitre II).
Chapitre I : les finalités de l’action administrative locale
Pour assurer les missions d’intérêt générale qui leurs incombent, les CT réalisent des activités
de prestation et prescription. On retrouve ici les caractéristiques du droit de l’action
administrative fondés sur la dichotomie prescription - prestation (service public - police
administrative). Le droit administratif local comporte cependant quelques particularités
relatives aux modalités de réalisations des activités …. Et des services publics des CT d’où
l’intérêt d’analyser successivement le service public local et la police administrative locale
(section 2).

Section I : le service public local


La notion de service public local est un particularisme du DAL et relève d’une série de
catégorie de service public qu’il faut circonscrire (P1) avant d’analyser son régime juridique
(P2)

P1 : la notion de service public


Le service public est une notion en débat. Le juge administratif a souvent recours a des
critères tel que l’existence d’une activité d’intérêt général, la présence d’une personne
publique ou encore la mise en œuvre de Prérogative PP. le service public est une forme de
l’activité administrative qui se manifeste de façon fonctionnelle ou structurelle. Plus
concrètement il s’agit d’une activité …. pour la satisfaction d’un besoin d’intérêt général
relevant directement ou indirectement d’une autorité publique. La notion de service public
local n’échappe à cette définition. Seulement son particularisme réside dans l’appréhension
des éléments organiques (A) et finaliste (B) de sa définition.

A- Le critère organique
La notion de service publique local est consubstantielle à la décentralisation. Elle est devenue
une notion autonome du droit des services publics qu’il faut définir. Relativement à l’élément
organique, le SP est généralement conçu comme une activité de prestation assurée ou assumée
par une autorité publique (René Chapus). Cette définition reste valable pour tout SP à la
nuance que les services publics locaux exigent une conception plus restreinte du critère
organique. Ainsi, ne peuvent être considéré comme relevant de la catégorie des SP locaux que
les SP assurée ou assumée par les autorités locales, les CT. Cela signifie que les SP gérés par
une administration centrale ou déconcentrée ne peuvent être considéré comme des services
publics locaux. Le critère de rattachement à une CT est une exigence.

B- Le critère finaliste
Il permet de définir le SP sous l’angle de sa finalité, la satisfaction de l’intérêt général local.
Dans le cadre de la décentralisation, une distinction doit être établie entre l’intérêt Général
garantit par l’Etat et l’intérêt local qui est du ressort des CT. Lorsque les CT mettent en place
des SP, elles doivent le faire en vue de satisfaire des intérêts propres de leurs localités.
Finalement, le SP local est une activité de prestation gérée par les CT en vue de satisfaire des
missions d’intérêt général.

Paragraphe II : le régime juridique des SP locaux


Lorsqu’on aborde la question de l’interventionnisme des CT au travers du régime juridique
des SPL, différentes théories s’affrontent. Certains estiment que les CT peuvent par leurs
actions exercées un effet bénéfique sur la société. A l’opposé, les tenants des théories libérales
estiment que ces interventions doivent être limitée en matière économique. Il n’est alors pas
étonnant que le droit applicable aux SPL reflètent l’évolution des idées politiques dominantes
en droit administratif. Du fait des régimes juridiques spécifique, cette question doit être
élucidé en appréhender la ……. (A)

A- La création des SP locaux


Il existe des SPL obligatoire en vertu de la loi. Ce qui signifie que les CT ont l’obligation
d’assurer l’application de ses missions. Il s’agit généralement de services Publics qui n’ont
pas vocation d’assurer la prise en charge d’activités à caractère industriel et commercial, mais
plutôt à prendre en charge des activités qui relèvent de la solidarité et de l’action sociale. On
trouve aussi des SP facultatif relevant de l’interventionnisme économique que les CT sont
libres de créer des lors que ces services relèvent de leurs compétences. C’est à propos de ces
derniers que des difficultés se sont posées. En effet au début du XXIème siècle, s’est
développé ce que l’on appelle le socialisme municipal. C’est-à-dire l’intervention des CT dans
les domaines industriels et commerciales. Or, ces activités relèvent de l’initiative privées. En
effet, il existe un principe fondamental en la matière : celui de la liberté du commerce et de
l’industrie qui interdit aux CT de concurrencer les entreprises privées. Dès lors, la question à
résoudre est celle de la conciliation entre ce principe et le droit pour les CT de créer des SP en
matière économique. Cette question a fait l’objet d’une appréciation évolutive de la part du
conseil d’État. Du fait de la crise des années 30, plus généralement de l’évolution des idées, le
juge administratif va interpréter de manière de plus en plus souple les conditions validant les
interventions économiques des CT. Ainsi, ces interventions ne sont possibles qu’à la réunion
de deux conditions : l’existence d’un besoin local et d’une carence de l’initiative privée.
(Voire à ce propos CE 1930, chambre syndicale de commerce en détail de Nevers). Ces deux
conditions vont être appréciées de manière de plus en plus souple par la haute juridiction
administrative.

S’agissant de la carence de l’initiative privée, il peut s’agir d’une absence pure et simple
mais aussi d’une insuffisance qualitative ou quantitative. Quant au besoin local, il peut
regrouper des activités aussi diverses que variées comme le logement, la distribution de l’eau,
les transports ou même les loisirs.
Si ces solutions sont toujours valables à l’heur actuel, l’appréciation de la question de
l’interventionnisme des … fera l’objet d’un renouveau (voire à ce propos 31 mai 2006 Ordre
des avocats au barreau de paris). Si la jurisprudence traditionnelle exige l’existence d’un
intérêt public pour justifier l’atteinte à la liberté de commerce et d’industrie, elle prend
désormais en compte les exigences tenant aux droits de la concurrence, le but étant de garantir
une égalité des conditions d’intervention entre les personnes publiques et les personnes
privées. CE 2 juin 1972 Fédération Française des syndicats professionnels de pilote maritime ;
CE 29 Avril 1970 Société Uni Pain)

B- Les modes de gestion des service publics locaux


Pour faire fonctionner un SP, les CT disposent d’une liberté de choix entre différentes
modalités. En fonction du choix de mode de gestion, l’administration centrale interférera plus
ou moins dans les conditions d’exécutions du service. Mais sur le principe, les CT disposent
d’une certaine liberté pour définir le mode de gestion de leurs choix pour exploiter les
services publics locaux. Cette liberté découle du principe de la libre administration des CT. La
loi a toutefois défini des missions que les Ct doivent gérer directement. Deux hypothèses sont
donc à distinguer : les cas de gestion direct et les cas de gestion indirect des SPL.

 Pour la gestion directe des services public locaux :


o les missions assurées au nom et pour le compte de l’État : Etat civil, etc.
o les missions de services qui relève même du pouvoir régalien des autorités
(pouvoir de police)
o les Missions relevant de l’exercice du pouvoir de règlementation et de
l’organisation des CT
La gestion directe peut se réaliser au moyen des régies directes ……. (article 16 et 19 et par
l’établissement public.
 La gestion indirecte des SP locaux :
Ce cas de figure ne présente pas de grande particularité. Les CT peuvent, conformément à
l’article 14 du CGCL, procéder à des PPP ou à des délégations de services dans les mêmes
conditions que l’État.

Section II : la police administrative locale

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