Appel À Soumission TEM
Appel À Soumission TEM
Appel À Soumission TEM
Territoire en mouvement
Revue de géographie et
aménagement
Territory in movement Journal of geography and planning
L’automne et l’hiver 2023 ont été marqués par les inondations longues et répétitives
dans le Pas-de-Calais ; le début de l’été 2024 a mis en lumière d’autres phénomènes
hydrogéomorphologiques ; dans le même temps, la vallée de la Roya a connu de
nouvelles inondations quatre ans après les conséquences désastreuses subies en 2020.
La fréquence des inondations, leur localisation, leur forme interrogent sur les stratégies
de prévention qui sont largement déployées ces deux dernières décennies. Les
dommages matériels en augmentation, la médiatisation des événements, le renvoi à la
responsabilité du changement climatique brouillent les pistes de l’efficacité de certaines
mesures (concernant la mortalité, par exemple, en recul sur le siècle dernier). Mais les
inondations multiformes, l’évolution des territoires, les modes de vie et les pratiques du
territoire partagent la responsabilité des impacts des événements majeurs ou des petits
événements.
Les épisodes de crues et inondations ont été fortement médiatisés ces derniers temps,
en France (Pas-de-Calais, Charentes, Touraine, Alpes, arrière-pays niçois), en Europe
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14/10/2024 10:29 Appel à publication TEM territoires en mouvements. Numéro spécial Inondations et submersion marine : risques croissants, pr…
(Belgique, Madrid), dans de grandes villes d’Asie (Bangkok, Jakarta) et jusque dans des
lieux désertiques où ils apparaissent incongrus (Dubaï, Derna en Lybie). Même s’ils font
partie de la variabilité intrinsèque aux climats, leur récurrence pose question à plusieurs
titres : crues et inondations sont-elles en recrudescence ? Pourquoi la prévention ne
parvient-elle pas à juguler l’augmentation des dommages ? Quels sont les leviers
efficaces pour diminuer les impacts à long terme de ces phénomènes ?
L’appel s’articule autour de quatre thématiques majeures : l’aléa “inondation” dans sa
diversité et sa complexité ; les impacts des inondations ; l’évolution du risque sous
l’effet du changement climatique et des nouvelles vulnérabilités ; enfin la gestion du
risque au sens large du terme.
La nature des inondations, leur origine (météorologique et non météorologique),
leurs caractéristiques (durée, intensité, impacts) offrent une gamme très large de
phénomènes. Ce numéro est consacré aux inondations d’origine météorologique (crues
dites fluviales ou pluviales, ruissellement…) en incluant la submersion marine mais
sans couvrir les tsunamis qui relèvent d’autres causes. A côté des inondations liées à des
crues fluviales “naturelles”, des inondations ont eu lieu récemment en Ukraine, dans
l’Himalaya, au Brésil suite à des ruptures de barrage ou de digue, elles-mêmes liées à
des causes très diverses comme la malveillance, le manque d’entretien des ouvrages ou
le dépassement des crues de projet. De même, les pouvoirs publics s'interrogent sur la
prise en compte des effets du ruissellement pluvial parfois favorisé par une évolution du
milieu ou sur la façon de traiter des crues qui relèvent plus de phénomènes
hydrogéomorphologiques que de l’inondation “pure” (inondations de la Vésubie en
2020 ou de la Bérarde en juin 2024). La pluralité des mécanismes conduisant aux
inondations mérite d’étendre la réflexion à la temporalité de ces événements (crues
éclairs, épisodes longs comme dans le nord de la France à l’hiver 2023-24, événements
répétés, etc.) et aux événements combinés (crue fluviale et submersion marine). On
interrogera aussi la complexité des phénomènes Natech (événements naturels
entraînant des accidents technologiques) ou l'occurrence d’une inondation dans un
contexte sanitaire tendu comme les crues de la Vésubie et de la Roya s'invitant dans le
contexte Covid en octobre 2020 (événement NatSan). Mieux appréhender la complexité
des phénomènes, c’est faire un pas vers une prévention adaptée. On ne peut traiter de la
même manière les crues de l’Aa à l’hiver 2023-2024 et celles de la Vésubie en octobre
2020 qui s’apparentaient à un événement hydrogéomorphologique plus complexe qu’un
“simple” débordement de cours d’eau.
Les impacts des inondations sont très divers : directs, indirects, immédiats, différés,
tangibles, intangibles… (Parker, 2001). Au-delà d’une approche sectorielle des
dommages humains et matériels - bilan humain et coût par filière socio-économique
(transports, agriculture, industrie) -, certains impacts peinent à être pris en
considération comme tels. Les aspects sociaux, immatériels, ou encore
psychosociologiques prennent peu de place dans les bilans des événements. L’approche
assurantielle des bilans des inondations l’explique en partie. En effet, les bilans affichés
au niveau national comme international émanent souvent des assureurs. Or, de
nombreux dommages n’entrent pas dans le champ de l'assurance comme la plupart des
dommages dans les pays à faible revenus, les dommages sur la santé, les pollutions
induites, les effets sur la qualité de l’eau, les conséquences indirectes comme la perte
d'activités économique, ou encore les conséquences psychosociologiques à moyen et
long terme. La couverture médiatique participe également à masquer ces impacts, en
insistant surtout sur les bilans matériels et humains, sur du court terme. A l’inverse, on
peut aussi imaginer des conséquences positives aux inondations (biodiversité, recharge
des nappes souterraines…).
Les impacts des inondations se conçoivent à plusieurs échelles temporelles et
spatiales, du court au long terme ; de l’individu au territoire. La connaissance,
l’évaluation voire la modélisation des impacts potentiels des inondations servent de
base aux représentations du risque, à la construction de scénarios et à la préparation de
la gestion de crise. De manière plus systémique, se pose la question des impacts d’une
inondation majeure sur un territoire. Quelles transformations ou mutations (sociales,
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économiques, politiques, etc.) un événement majeur peut-il engendrer : précipiter le
déclin d’un territoire ou au contraire susciter une réaction résiliente (Metzger, 2021) ?
On renverra à ce sujet à l’exemple des inondations causées par le cyclone Katrina en
2005 dans le sud des Etats-Unis, dont les conséquences ont été très contrastées entre le
déclin de certains quartiers et la reprise d’activités autour du tourisme de catastrophe
(Hernandez, 2008).
La récurrence des inondations et leur gestion toujours plus problématique appellent
une réflexion sur l’évolution moyen et long terme du risque. Bien sûr, la question du
réchauffement atmosphérique et de ses conséquences sur les précipitations et
l’écoulement est cruciale. Les recherches sur les tendances pluviométriques et
hydrologiques observées dans plusieurs régions du monde sont prudentes quant à
l’impact du changement climatique sur l’aléa inondation malgré les mises en garde du
GIEC qui souligne une augmentation des extrêmes hydrologiques dans de nombreuses
zones climatiques d’ici la fin du siècle (Tramblay et al., 2019 ; GIEC, 2021). Quelles
conséquences futures sur le territoire, notamment en termes d’emprise spatiale des
événements ? De nouvelles zones exposées pourraient-elles apparaître ? Dans quelle
mesure la prévention doit-elle s’adapter à ces nouveaux horizons climatiques ?
Parallèlement d’autres déterminants (sociodémographiques…) engendrent par leur
évolution une modification du risque déjà constatée ou probable. Les effets de
l’urbanisation et de l'imperméabilisation des surfaces sont avérés et posent le problème
réglementaire et territorial de la limite entre ruissellement dit pluvial et crue par
débordement de cours d’eau. Par ailleurs, le vieillissement de la population, la
littoralisation des activités et des populations, l’augmentation des mobilités, ou encore
la précarisation de l’habitat sont autant d’évolutions économiques et sociales à bas bruit
qui auront un impact sur les vulnérabilités face au risque inondation. Le lien entre
évolution des territoires et évolution des risques interroge. En quoi les épisodes répétés
d’inondations sont-ils liés au changement climatique global avec ses effets
d’intensification des phénomènes météorologiques ? Quel est le rôle de
l'imperméabilisation des sols et de l'urbanisation dans la fréquence accrue et l'intensité
grandissante des inondations en ville ?
Outre la nature des inondations, se pose la question des tendances observées face au
changement climatique. Si le réchauffement atmosphérique est indéniable et dûment
constaté, ses effets sur la pluviométrie et l’hydrologie sont encore incertains. Ils sont
surtout très contrastés selon les différents climats, entre une augmentation des
précipitations d’hiver aux latitudes moyennes et une augmentation de la sécheresse en
Méditerranée pour ne prendre que ces deux exemples proches.
Les territoires s’inscrivent dans une dimension dynamique ou évolutive avec, ces
dernières décennies, une croissance des enjeux et l’apparition de nouvelles
vulnérabilités. L’exposition aux inondations (quel que soit leur type) s’accroît et pose la
question plus large de l’aménagement du territoire. Des enjeux parfois stratégiques, des
quartiers entiers implantés en zone inondable ou sur un cône de déjection (exemple de
la Bérarde dans les Alpes en juin 2024) conduisent inévitablement à des impacts lourds
sur les territoires et les sociétés.
Petits ou grands événements, certains marquent la mémoire collective et la
prévention a vocation à conserver cette mémoire du risque. Garder à l’esprit l'exposition
aux risques, à travers des événements marquants, engage société civile et institutions et
devrait être le gage d’une inclusion du risque dans la dynamique territoriale. Inscrite
dans la réglementation (loi Bachelot) ou de façon plus informelle, comment conserver la
mémoire des événements ? Les médias participent à ancrer des événements dans la
mémoire collective sans toutefois favoriser une hiérarchisation entre événements banals
et majeurs. D’autres marqueurs sont nécessaires comme les repères de crue officiels, ou
d’autres officieux (trace de peinture) ; cela se fait également plus largement à travers la
patrimonialisation des lieux d’observation et de mémoire, comme les postes
d'observations sur les quais, les berges, les ponts, nommés Hubs mémoriels (Meschinet
de Richemond et al., 2024).
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À l’heure où le coût des dommages d’événements répétés croît inexorablement, il
convient d’interroger la pertinence et l'efficacité des stratégies de gestion des
inondations. Les modes de gestion du risque sont nombreux et ont subi un
renouvellement depuis une trentaine d'années, d’une gestion purement hydraulique des
phénomènes par des ouvrages de génie civil vers une gestion préventive intégrant la
réduction de vulnérabilité et la préparation à la gestion de crise pour les groupes
sociaux et les territoires potentiellement concernés. Cependant, la mise en œuvre et
l’appropriation de ces différentes modalités de gestion des inondations peuvent s’avérer
très contrastées selon les territoires, à la fois à l’échelle des États - en fonction de leurs
choix en matière de politiques publiques -, mais aussi plus finement aux échelles locales
- en fonction de la manière dont ces politiques publiques sont territorialisées c’est-à-
dire déclinées localement. Les propositions d’articles pourront ainsi interroger les choix
politiques et techniques opérés à différentes échelles en matière de gestion des
inondations, afin d’en saisir les conséquences sur les territoires. Elles pourront aussi se
demander s’il convient - et si oui, comment - de prendre en compte les effets du
changement climatique dans la gestion du risque inondation, avec le lot d’incertitudes
que cela induit vis-à-vis du zonage et de l’appréhension des risques.
En matière de protection, comment adapter et gérer les dispositifs de défense contre
les crues, dont on sait les limites (Vinet, 2018) ? Faut-il réhausser les digues encadrant
les cours d’eau, renforcer les défenses contre la mer ? Ou faut-il à l’inverse privilégier de
nouvelles solutions plus douces, s’inspirant notamment des Solutions Fondées sur la
Nature (Guerrin et al., 2023) ? La préservation ou la reconstitution de zones
d’expansion des crues - qui permet de laisser de la place à l’eau et correspond au
passage d’une logique de gestion verticale à une logique de gestion horizontale des
inondations (Fournier et al., 2021) - peut-elle être une alternative efficace ? À quelles
conditions ? La reconstitution de zones d’expansion des crues peut parfois nécessiter le
rachat et la déconstruction d’habitations (Rode et al., 2022). Comment, dans ces cas-là,
mener les opérations de relogement des habitants de zones inondables, qui sont le plus
souvent des personnes socialement vulnérables ? En matière préventive, les mesures
d’encadrement de l’usage des sols en zone inondable et leurs effets socio-spatiaux
pourront être analysés, de même que leur efficacité en termes de réduction de la
vulnérabilité. Les récentes inondations dans le nord de la France posent la question de
l’adaptation post-catastrophe. Les propositions d’articles sont invitées à interroger la
reconstruction post-inondation comme une fenêtre d’opportunité préventive (Moatty et
al., 2017) permettant de recomposer des territoires, de les repenser globalement (Rode,
2024). Elles pourront également questionner l’appropriation par les acteurs locaux du
paradigme de l’adaptation et de la résilience pour mettre en œuvre de nouvelles formes
d’aménagement de leurs territoires face aux risques d’inondation (Rode et al., 2022)
tout comme les perspectives de l’urbanisme résilient (Lenouvel, 2020).
Les communications attendues pour ce numéro thématique de la revue pourront
aborder une ou plusieurs de ces thématiques, à partir d’approches croisées relevant de
la climatologie et de l’hydrologie aussi bien que de l'aménagement et de l’urbanisme, de
la géographie, de la sociologie ou des sciences politiques. Les études de cas pourront
porter sur le monde entier. L’appel à articles accepte les propositions en français et en
anglais.
Les articles devront ensuite être transmis aux coordinateurs du numéro, selon les
normes éditoriales de la revue Territoire en Mouvement
(https://journals.openedition.org/tem/1379), avant le 15 mars 2025 pour une
évaluation double et anonyme. Les auteur.e.s envisageant de proposer un article sont
invité.e.s à l’indiquer par un courriel aux coordinateurs dès que possible.
À la suite du processus de sélection, les articles retenus seront publiés au fil de l’eau
sur le site de la revue. Le numéro spécial est prévu pour le second semestre 2025.
Bibliographie
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Fournier M., Bonnefond M. et Debray A., 2021, « La servitude de sur-inondation : un mécanisme
capable de penser les solidarités entre espaces ruraux de fonds de vallées et espaces urbains
inondables ? Le cas du bassin-versant de l’Oudon », Géographie, économie, société, 23, 489-506.
https://doi.org/10.3166/ges.2021.0018
GIEC, 2021, Sixième rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat. WG1.
Guerrin J., Fernandez S., Drapier L., Serra-Llobet A. et Roche C., 2023, « Que font les solutions
fondées sur la nature aux politiques de gestion des risques liés à l’eau ? », Développement
durable et territoires [En ligne], vol. 14, n° 2 | Octobre 2023, mis en ligne le 30 octobre 2023,
consulté le 25 juin 2024. URL : http://journals.openedition.org/developpementdurable/22788 ;
DOI : https://doi.org/10.4000/developpementdurable.22788
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co-construction d'un système spatial à la décision pour contribuer à l'opérationnalisation du
concept de résilience, Thèse de doctorat, Université d'Avignon & Université de Mons, 265 p.
Hernandez J., 2008, « Le tourisme macabre à La Nouvelle-Orléans après Katrina : résilience et
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Chronique, en ligne.
Meschinet de Richemond N., Defossez S., Moscarelli F., 2024, « Le hub mémoriel inondation :
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https://doi.org/10.1051/lhb/2018046
Parker D.J., 2000, Introduction to floods and to flood management in Floods. Routledge :
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sur : https://www.revues.armand-colin.com/geographie/annales-geographie/annales-
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nouvelles-pratiques
Rode S., 2024, « Recomposer les territoires pour les adapter aux effets de la crise climatique :
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Tramblay Y., Mimeau L., Neppel L., Vinet F. and Sauquet E., 2019, « Detection and attribution of
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https://doi.org/10.5194/hess-23-4419-2019
Vinet F. (ed.), 2018, Inondations T. 1 : la connaissance du risque, T. 2 : la gestion du risque.
ISTE Press Elsevier https://www.elsevier.com/books/floods/vinet/978-1-78548-268-7
https://journals.openedition.org/tem/11882 5/5