Droit Inter Part1 2023
Droit Inter Part1 2023
Droit Inter Part1 2023
Cours Magistral
Pr. Sanae Kasmi
Année universitaire : 2023-2024
Définition
Le Droit international (public) est « l’ensemble des règles juridiques régissant les
rapports internationaux ».
Cette définition est globalement juste, mais elle est insuffisante pour définir
précisément ce qu’est le Droit international (public). Et ce car le Droit
international régit certainement des rapports internationaux mais les rapports
internationaux ne sont pas régis exclusivement par le Droit international. Une
relation internationale est une relation entre deux sujets dont les éléments
constitutifs ne sont pas tous enfermés dans les frontières d’un même Etat. Les
rapports entre deux Etats sont de ce point de vue presque toujours
internationaux. Les rapports entre Etats et organisation internationales
intergouvernementales (ONU…) sont presque toujours des rapports internationaux,
régis de ce fait par le Droit international.
Mais si le problème apparaît dans les rapports entre particuliers et les rapports
entre Etats et particuliers (ex : mariage entre 2 personnes de nationalités
différentes). Ces rapports ne sont par régis par le Droit international public
Tout d’abord, il convient de distinguer le droit international public du droit
international privé:
Le droit international public est l'ensemble des règles applicables aux Etats
et autres sujets de la société internationales, telles que les organisations
internationales (ex : les résolutions de l'ONU, traité sur la non prolifération
des armes, la guerre, les coutumes internationales etc.. .).
Le droit international privé est l'ensemble des règles applicables aux
personnes privées et morales impliquées dans des relations juridiques
internationales.
L’objet du DIP
Les Etats sont égaux entre eux et les Etats ne peuvent se voir dicter leurs
conduite par d’autres Etats, chaque Etat est donc libre de déterminer les
règles qui le lient au Droit international. Ce fait a été modifié avec le temps
du fait du pouvoir important du Conseil de Sécurité en matière de maintien
de la paix
Réalisme/idéalisme
Les réalistes s’intéressent principalement à l’Etat, aux Etats qui cherchent à protéger leurs
intérêts internationaux et à accroître leur puissance. La théorie réaliste répond à certains
principes :
- les Etats-nations et leurs décideurs sont les acteurs les plus importants de la scène
internationale
- La différence entre politiques interne et externe.
- Interne : monopole de la violence de l’Etat;
- externe : pas d’autorité supérieure légitime, anarchie, la puissance militaire est décisive + la
primauté du politique, de la hiérarchie des puissances militaires
Partie 1- Les acteurs des relations
internationales
>>> Le droit international s'est d'abord adressé à l'État. Le droit international définit les États, les
conditions de leur existence et les éléments nécessaires à leur création.
Section 1 : Les éléments constitutifs de l’Etat
C’est pourquoi la sauvegarde du territoire a une importance suprême pour les États ;
la majorité des conflits internationaux dans l’histoire ont été motivés par la défense
ou la conquête d’un territoire.
L’existence d’un État implique qu’il exerce des droits souverains et exclusifs sur une
zone géographique déterminée qui est constituée par trois éléments : la terre, l’eau
et l’air.
L’idée du territoire telle qu’inspirée du traité Westphalien :
Car, comme l’a affirmé la CIJ à plusieurs reprises « aucune règle de droit international
n’exige que l’Etat ait une structure déterminée », ni qu’il adopte une structure politique,
économique ou culturelle déterminée, sans quoi « le principe fondamental de la
souveraineté des Etats » serait « privé de sens ».
I – La composition du territoire
A- Le territoire terrestre :
« Il n’y a pas d’Etat sans « assiette spatiale stable ». Cette assiette désigne le «
territoire ».
B- L’espace maritime
Mer territoriale : mer adjacente au territoire sur laquelle l’État exerce son autorité.
Dans la convention de Montego Bay, les États se sont enfin mis d’accord : 12 miles marins
L'État exerce donc sur cette mer territoriale les mêmes compétences que sur son espace terrestre
(pêche etc.)
La mer territoriale est maintenant réellement assimilée au territoire terrestre. Les droits de
l’État côtier sont des droits de souveraineté donc l’État exerce sur sa mer territoriale les mêmes
compétences que sur son espace terrestre.
L’Etat exerce sur cette partie de son territoire une souveraineté absolue
b) Des espaces maritimes non inclus dans le territoire mais sur lesquels l’État exerce certaines
compétences fonctionnelles
- Le plateau continental
La convention sur la mer ajoute que tout État qui possède un plateau continental se prolongeant
au-delà de 12 milles marins détient une souveraineté contiguë sur la zone comprise entre 12 milles
et 24 milles marins et une souveraineté exclusive sur la zone comprise entre 24 milles et 200 milles
marins. La souveraineté contiguë signifie que l’État peut exercer les contrôles nécessaires pour
prévenir et réprimer les infractions à ses lois et règlements douaniers, fiscaux, sanitaires ou
d’immigration dans sa mer territoriale.
La Zone économique exclusive (ZEE) :
Il s'agit d’une notion ne touchant que le sol et le sous-sol.
Il est apparu en 1945 dans une déclaration de Truman. Sol et sous-sol
prolongeant le territoire (pétrole)
La question de la délimitation du plateau continental est très complexe. C’est à
l’article 76 de la convention de Montego Bay que se trouve la définition.
La haute mer est un espace sur lequel les États n’exercent aucune compétence.
Elle est définie à l’article 82 de la convention de Montego Bay, on lui donne une
définition négative : l’espace maritime qui n’est compris ni dans la ZEE, ni dans les eaux
territoriales ni les eaux intérieures d’un État.
Elle était considérée comme une res nullius, ce qui donnait une conception reposant sur
une internationalisation négative. On tend aujourd’hui vers un modèle différent et on a
tendance à considérer la mer comme une res communis, c'est-à-dire un modèle posé sur
l’idée d’internationalisation positive.
>>Quatre libertés traditionnelles (res nullius) entraient en œuvre : circulation et survol,
notamment.
S’y ajoutent des éléments moins traditionnels : liberté de construire des îles artificielles
et la liberté de recherche scientifique.
>>> La haute mer est donc régie par les libertés de tous les États mais aussi par le
principe de l’exclusivité du pavillon : Seul l’État dont un navire aborde le pavillon a le
droit de le contrôler et de vérifier ce qu’il transporte.
1– Le concept de frontière
La liberté de chacun finit là où commence celle de l’autre. Il en va de même pour la
souveraineté territoriale de l’Etat.
La frontière est la ligne pouvant être tracée sur une carte, indiquant la limite de l’Etat, le
bord externe de l’Etat. Elle distingue l’intérieur de l’Etat et ce qui lui est extérieur.
Le concept de frontière peut être utilisé de façon plus large pour marquer un
clivage, une séparation.
Ce principe protège le territoire de l'État. En gros, cela signifie qu'il ne peut y avoir
aucune interférence avec le territoire d'un autre État (que ce soit sous-sol, sol,
espace aérien, maritime).
> Le droit international est indifférent de certaines caractéristiques du territoire telles que le
taille ou encore la structure du territoire :
> Le territoire ne désigne pas seulement l’espace « terrestre ». Le territoire renvoie en droit
international aux : fleuves, lacs, eaux intérieurs et espaces aériens surjacents.
> La question de la délimitation des frontières détient une grande importance dans les
relations internationales et particulièrement dans « les contentieux relatifs à la délimitation
des espaces terrestres et maritimes entre les Etats ».
>>> Le dernier critère constitutif de l'État est d'ordre juridique : l'existence d'un appareil
gouvernemental apte à exercer les compétences reconnues (territoriales et personnelles)
par le droit international.
>>> solution : le respect des obligations juridiques internationales ne porte pas atteinte à la
souveraineté
Une fois défini et étudié avec ses différents éléments constitutifs, il faut s’intéresser aux
différents domaines de compétence reconnus exclusivement au seul Etat.
En effet, l'Etat possède une compétence territoriale objet de définition sans pour autant en oublier
les caractéristiques et l'étendue.
Ainsi, la compétence territoriale est cette compétence de l'Etat à l'égard des hommes qui
vivent sur son territoire, des choses qui s'y trouvent et des faits qui s'y passent.
A l'intérieur de l'Etat, celui-ci exerce toutes les fonctions relatives à l'organisation du pouvoir ou
de la société nationale. En d'autres termes, l'Etat a une compétence législative, judiciaire et
exécutive.
> La compétence territoriale présente trois caractéristiques en ce qu'elle est une compétence
plénière, une compétence s'exerçant exclusivement par l'Etat, une compétence autonome
La plénitude de la compétence étatique signifie que l'Etat a une compétence illimitée, c'est-à-
dire l'Etat est à même de régler toutes matières à l'intérieur de son territoire contrairement par
exemple aux autres collectivités locales qui ont une compétence limitée, d'attribution leur est
déférée par l'Etat lui-même ; la compétence étatique reste indéterminée.
la compétence étatique est exclusive en ce sens que sur le territoire d'un seul Etat s'exerce une
et une seule compétence de l'Etat. Aucune autre autorité interne ou encore externe ne peut
exercer cette compétence.
Charles Rousseau renseigne que cette exclusivité se manifeste surtout à trois niveaux : en ce qui
touche le monopole de la contrainte (exercice de la compétence coercitive), en ce qui touche le
monopole de l'exercice de la compétence juridictionnelle et ce qui touche le monopole de
l'organisation des services publics.
il ne suffit pas de déclarer que l'Etat est indépendant et par conséquent peut
agir par lui-même en toute exclusivité et avec compétence pleine, mais est-il
que celui-ci ne doit être l’objet d'aucune injonction, d'aucune directive lui
étant imposée par un autre Etat. C'est l'autonomie de l'exercice des
compétences étatiques qui est aussi un élément important de l'indépendance
d'un Etat.
>>> Outre la compétence territoriale, l'Etat possède aussi la compétence
personnelle qui est celle dont un Etat est investi à l'égard de certaines
personnes, indépendamment du fait qu'elles se trouvent sur son territoire ou
qu'elles participent au fonctionnement d'un service public. De cette
compétence, l'Etat possède un large champ d'application.
Le droit de légiférer à l'égard des nationaux est une application de la législation générale et des
actes individuels aux nationaux mêmes résidant à l'étranger.
En matière pénale, par exemple, il y a tendance à reconnaître une double compétence, celle active
et une autre passive.
La compétence personnelle est active lorsqu'elle est fondée sur la nationalité de l'auteur de
l'infraction commise à l'étranger.
La compétence personnelle passive, en revanche, est fondée sur la nationalité de la victime d'une
infraction commise à l'étranger.
>> Ces compétences constituent le contenu du domaine réservé
le « domaine d’activités dans lequel l’État, n’étant pas lié par le droit international, jouit d’une
compétence totalement discrétionnaire et, en conséquence, ne doit subir aucune immixtion de
la part des autres États ou des organisations internationales »
La contradiction n'est plus possible dans la mesure où c'est le droit qui assure à l'État la
plénitude de la souveraineté ;
l'absence d'autorité supérieure à l'État souverain en droit international implique l'égalité de
statut juridique des États de la société internationale : Deux conséquences en découlent : d'une
part la réciprocité dans les rapports internationaux et la non-discrimination.
Section 3- L’existence de l’Etat :
I- La reconnaissance d’un État
La reconnaissance est l’acte par lequel un État accepte de considérer juridiquement comme un État
une entité qui affirme l’être.
>>> On va alors tirer des conséquences juridiques d’une situation de fait.
EX : La reconnaissance d’Israël : le 14 mai 1948, Israël a vu les USA lui accorder une
reconnaissance de facto le jour même, la reconnaissance de jure étant advenue quinze jours
plus tard.
– Le pouvoir de reconnaissance
- Est-on obligé de reconnaître un État qui détient les trois éléments d’existence d’un État ?
>> Le caractère irrévocable de la reconnaissance d’un État implique, dans les situations post-
révolutionnaires, l'application du principe de la continuité de l'État ;
mais le problème reste posé en ce qui concerne le statut juridique du nouveau gouvernement, tant au
regard du droit interne que du droit international.
En l'absence de toute compétence internationale pour statuer sur l'application d'un droit interne
particulier, la contestation internationale de la légitimité d'un gouvernement constitue une
ingérence dans les affaires intérieures d'un État.
Ainsi le caractère déclaratif de la reconnaissance de gouvernement exclut toute prise de
position sur la légalité du nouveau gouvernement et limite sa portée à la constatation du
changement d'autorité politique.
A la place d’un État ancien naissent un ou plusieurs États. Cela implique deux sujets de droit au
moins : l’État prédécesseur et l’État nouveau.
On a considéré que la Turquie était l’État continuateur de l’Empire Ottoman, bien qu’il ait été
amputé d’importantes quantités de terres.
En ce qui concerne l’URSS, on a considéré que la Russie était l’État continuateur, et les autres
successeurs. Dans un premier temps les quinze pays ont déclaré la fin de l’URSS, ce qui
supposait qu’aucun État ne soit continuateur, mais cela a évolué et les États ont considéré la
Russie comme l’État continuateur de l’URSS.
– Des conséquences au niveau de la transmission des dettes
– En situation de continuation
Les organisations internationales, ne sont pas des super États mais ont, comme ces derniers,
une constitution, une personnalité juridique propre, un système de responsabilité qu’il faut
distinguer de celle de ses membres.
Leur membership est généralement constitué d’États mais les organisations internationales
peuvent aussi comprendre d’autres organisations internationales, voire des autorités
fédérées et des personnes privées.
L’accès des États aux organisations internationales et leur retrait est codifié par l’acte
constitutif, mais les règles d’accès ou de retrait peuvent donner lieu à des interprétations,
parfois discutables, qui résultent des options politiques de leurs membres.
Un sujet « dérivé » est un sujet créé par les États. Il existe
aujourd’hui plus de 500 organisations internationales (OI), elles sont
crées par les États.