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Droit Inter Part1 2023

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Droit international

Cours Magistral
Pr. Sanae Kasmi
Année universitaire : 2023-2024
Définition

 Le Droit international (public) est « l’ensemble des règles juridiques régissant les
rapports internationaux ».

 Cette définition est globalement juste, mais elle est insuffisante pour définir
précisément ce qu’est le Droit international (public). Et ce car le Droit
international régit certainement des rapports internationaux mais les rapports
internationaux ne sont pas régis exclusivement par le Droit international. Une
relation internationale est une relation entre deux sujets dont les éléments
constitutifs ne sont pas tous enfermés dans les frontières d’un même Etat. Les
rapports entre deux Etats sont de ce point de vue presque toujours
internationaux. Les rapports entre Etats et organisation internationales
intergouvernementales (ONU…) sont presque toujours des rapports internationaux,
régis de ce fait par le Droit international.
 Mais si le problème apparaît dans les rapports entre particuliers et les rapports
entre Etats et particuliers (ex : mariage entre 2 personnes de nationalités
différentes). Ces rapports ne sont par régis par le Droit international public
 Tout d’abord, il convient de distinguer le droit international public du droit
international privé:
 Le droit international public est l'ensemble des règles applicables aux Etats
et autres sujets de la société internationales, telles que les organisations
internationales (ex : les résolutions de l'ONU, traité sur la non prolifération
des armes, la guerre, les coutumes internationales etc.. .).
 Le droit international privé est l'ensemble des règles applicables aux
personnes privées et morales impliquées dans des relations juridiques
internationales.
L’objet du DIP

 sont étudiés les différents modes de formation du droit international. Les


traités et les instruments concertés non conventionnels. Sont
 ainsi étudiés la coutume, les principes généraux de droit et les actes
unilatéraux
 Le cours envisage également les principaux sujets de droit (à savoir l'Etat et
l'organisation internationale mais aussi la condition internationale des
particuliers) ; ainsi que la personnalité juridique et les mécanismes de la
responsabilité internationale et les modes de règlement pacifique des
différends.
L’objet du DIP

L’ensemble du droit se produit par deux techniques : celle de l’acte juridique et


celle du fait juridique.

a) Les faits juridiques.


- Peuvent être soit de purs événements et ils peuvent s’agir des événements
ou des comportements, des conduites, des faits qui résultent de l’agissement
ou du non agissement d’un Etat. Par exemple, envahir par l’armée d’un Etat
le territoire ou une partie du territoire d’un autre Etat est un fait juridique.
Ce comportement matériel est érigé en comportement juridique, en fait
juridique. Source de conséquences. D’où vient la qualification de fait
juridique : ce sont des faits matériels interprétés par des règles de droit qui
voient dans ces faits matériels des faits juridiques et qui attribuent à ces
éléments matériels des conséquences et des effets de droit.
b) les actes juridiques.
 Les actes juridiques sont différents des faits juridiques, en ce qu’ils
sont voulus pour produire un certain effet de droit

 le Droit international est le mécanisme qui conduit à l’appréciation d’un tiers


qui est idéalement un juge. On retrouve (on est confronté) les phénomènes
de puissance car il est, par exemple, plus simple de sanctionner un pays
pauvre que les USA ou la Russie.
 C’est l’absence de système de sanction centralisé avec un juge qui marque la
différence entre le système interne et international
L’origine du DIP
- Le Droit international, tel qu’il est aujourd’hui, est né avec la consécration de l’Etat moderne,
entre le XVe et le XVIIe ; notamment avec les traités de Westphalie conclus en 1648 qui ont
constitué la naissance du Droit international
Le droit issu du traité de Westphalie était basé sur deux idées :
 La paix et la tranquillité étaient assurées sur un juste équilibre des puissances entre les Etats.
 Le Droit international avait pour but de régler les différents avant qu’ils ne dégénèrent en
guerre.
>>> La vocation du Droit international contemporain n’est plus seulement d’assurer la coexistence
pacifique des Etats mais aussi de préserver et de promouvoir certaines valeurs communes aux
différents états et aux peuples qui les composent.
Caractéristiques du DIP

 Le Droit interne est construit sur un modèle hiérarchique reposant sur la


distinction des gouvernants et des gouvernés, au sommet duquel on retrouve
l’Etat qui dicte la conduite à suivre par les individus et sanctionne toute
transgression.

 A l’inverse, le Droit international est un modèle anarchique (pas de


hiérarchie) >>> seule la souveraineté importe.

 Les Etats sont égaux entre eux et les Etats ne peuvent se voir dicter leurs
conduite par d’autres Etats, chaque Etat est donc libre de déterminer les
règles qui le lient au Droit international. Ce fait a été modifié avec le temps
du fait du pouvoir important du Conseil de Sécurité en matière de maintien
de la paix
Réalisme/idéalisme

 Les réalistes s’intéressent principalement à l’Etat, aux Etats qui cherchent à protéger leurs
intérêts internationaux et à accroître leur puissance. La théorie réaliste répond à certains
principes :
- les Etats-nations et leurs décideurs sont les acteurs les plus importants de la scène
internationale
- La différence entre politiques interne et externe.
- Interne : monopole de la violence de l’Etat;
- externe : pas d’autorité supérieure légitime, anarchie, la puissance militaire est décisive + la
primauté du politique, de la hiérarchie des puissances militaires
Partie 1- Les acteurs des relations
internationales

Chapitre 1 : Des relations structurées par les Etats

 La société internationale est aujourd’hui composée de deux principaux acteurs. D’une


part, les États, sujets originaires qui détiennent une compétence générale et les
organisations internationales, sujets dérivés à la compétence spécialisée, d’autre part.

 Certains auteurs/ écrivains ajoutent les les firmes internationales/ entreprises


multinationales et les individus comme acteurs des relations internationales
 L’État est considéré comme un acteur originaire, traditionnel et dominant du système
international.
 L'État est le sujet originel du droit international.

>>> Le droit international s'est d'abord adressé à l'État. Le droit international définit les États, les
conditions de leur existence et les éléments nécessaires à leur création.
Section 1 : Les éléments constitutifs de l’Etat

Pargraphe 1 : Une population

Un État ne peut exister sans une population.


>>>> très rares sont les États dont la population est constituée d’une seule nation.
 En raison de sa forte connotation subjective et politique, le terme nation a donné
lieu à plusieurs définitions.
- Pour certains, une nation est « une communauté stable d’individus historiquement
constituée d’une langue, d’un territoire, d’une vie économique et d’une formation
psychique qui se traduit par une communauté de culture ». Pour d’autres, elle est
« une âme, un principe spirituel » ou « un riche legs de souvenirs, un désir de vivre
ensemble, une grande solidarité, un rêve d’avenir partagé ».
 La population d’un État, quel que soit le degré de son homogénéité ethnique, est
constituée de deux catégories d’individus : les nationaux et les étrangers.
 La nationalité, qui concerne non seulement les personnes physiques mais également
les personnes morales (les entreprises, les organisations et les moyens de transport
tels les navires et avions), est le lien juridique d’un individu ou d’une personne
morale à un État déterminé.
 Selon la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, « tout individu a
droit à une nationalité »
En fait, il arrive que certaines personnes n’aient pas de nationalité : ce sont les apatrides,
situation dans laquelle se trouvent plusieurs Roms ou gitans. Par contre, d’autres
personnes cumulent plus d’une nationalité.
 La très grande majorité des pays, dont le Maroc, permettent la double nationalité.
 Les nationaux jouissent des droits inclus dans le droit interne de l’État : droit de vote,
éligibilité, accès aux emplois publics et aux programmes sociaux, libre accès au
territoire national, droit d’y résider, etc. De même, ils sont soumis aux obligations
prévues par le droit national, par exemple le service militaire et le paiement de
l’impôt. En revanche, les étrangers sont soumis à un régime particulier moins
favorable.
 Du point de vue international, le principal intérêt de la nationalité est qu’elle
permet à son détenteur d’obtenir la protection diplomatique de son État lorsqu’il est
victime de la violation d’une loi internationale par le pays étranger où il se trouve.
Section 1 : Les éléments constitutifs de l’Etat
Paragraphe 2- Le territoire

Le territoire est la base de compétence de l’État et joue un rôle important dans le


sentiment d’unité nationale.

Un État ne peut exister sans territoire.

C’est pourquoi la sauvegarde du territoire a une importance suprême pour les États ;
la majorité des conflits internationaux dans l’histoire ont été motivés par la défense
ou la conquête d’un territoire.

L’existence d’un État implique qu’il exerce des droits souverains et exclusifs sur une
zone géographique déterminée qui est constituée par trois éléments : la terre, l’eau
et l’air.
L’idée du territoire telle qu’inspirée du traité Westphalien :

La construction stato-centrée de l’espace est fondée sur l’idée que la paix et la


sécurité internationales (finalités du droit international) seront d’autant mieux
assurées que chaque Etat assurera le gouvernement d’une partie définie du globe
terrestre (maitrise interne du territoire) sans se préoccuper de la façon dont ses
pairs en gouvernent leur propre partie (ce qui permet d’éviter les conflits
internationaux).
Ainsi, l’article 2 § 4 de la Charte des Nations Unies retranscrit explicitement
cette conception, qui dispose que :

« les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations


internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre
l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute
autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies ».
Mais le territoire, s’il permet une répartition spatiale des souverainetés étatiques, et
assure ainsi leur coexistence, il favorise de ce fait l’absence de contrôle extérieur sur ce
qu’il advient au sein des frontières étatiques.

Car, comme l’a affirmé la CIJ à plusieurs reprises « aucune règle de droit international
n’exige que l’Etat ait une structure déterminée », ni qu’il adopte une structure politique,
économique ou culturelle déterminée, sans quoi « le principe fondamental de la
souveraineté des Etats » serait « privé de sens ».
I – La composition du territoire

Le territoire comporte le sol, le sous-sol, l’espace et la mer territoriale.

A- Le territoire terrestre :
« Il n’y a pas d’Etat sans « assiette spatiale stable ». Cette assiette désigne le «
territoire ».

L’Etat exerce sur son territoire une « plénitude de compétence » ou une «


compétence territoriale »
> On peut concevoir le territoire comme le corps de l’Etat ou encore
comme une propriété de l’Etat.
> Le territoire peut également être perçu comme « La limite du pouvoir de l’Etat »
ou « qu’il peut être assimilé à un titre de compétence ».
Chez Kelsen, le territoire est « l’espace de validité des actes étatiques ».

B- L’espace maritime

Le droit des espaces maritimes comprend un ensemble complexe de règles :


- Règles coutumières internationales codifiées dans quatre conventions de 1958;
une convention sur la haute mer (1962); une sur la mer territoriale (1964), une sur le
plateau continental (1964) et une sur la pêche (1966).
 - Convention de Montego Bay entrée en vigueur en 1994…alors que signée en
1982 (il fallait 60 ratifications).
a)Un espace inclus dans le territoire : la mer territoriale

Mer territoriale : mer adjacente au territoire sur laquelle l’État exerce son autorité.

Dans la convention de Montego Bay, les États se sont enfin mis d’accord : 12 miles marins
L'État exerce donc sur cette mer territoriale les mêmes compétences que sur son espace terrestre
(pêche etc.)
 La mer territoriale est maintenant réellement assimilée au territoire terrestre. Les droits de
l’État côtier sont des droits de souveraineté donc l’État exerce sur sa mer territoriale les mêmes
compétences que sur son espace terrestre.
 L’Etat exerce sur cette partie de son territoire une souveraineté absolue
b) Des espaces maritimes non inclus dans le territoire mais sur lesquels l’État exerce certaines
compétences fonctionnelles

- Le plateau continental

La convention sur la mer ajoute que tout État qui possède un plateau continental se prolongeant
au-delà de 12 milles marins détient une souveraineté contiguë sur la zone comprise entre 12 milles
et 24 milles marins et une souveraineté exclusive sur la zone comprise entre 24 milles et 200 milles
marins. La souveraineté contiguë signifie que l’État peut exercer les contrôles nécessaires pour
prévenir et réprimer les infractions à ses lois et règlements douaniers, fiscaux, sanitaires ou
d’immigration dans sa mer territoriale.
La Zone économique exclusive (ZEE) :
 Il s'agit d’une notion ne touchant que le sol et le sous-sol.
 Il est apparu en 1945 dans une déclaration de Truman. Sol et sous-sol
prolongeant le territoire (pétrole)
 La question de la délimitation du plateau continental est très complexe. C’est à
l’article 76 de la convention de Montego Bay que se trouve la définition.

>>> On avait fixé un minimum et un maximum pour éviter d’importantes


disparités.
 Création de la zone économique exclusive : l’État peut y exercer toutes ses
compétences économiques, il s'agit du sol et de la mer >>> La souveraineté
exclusive
 Il a souveraineté exclusive signifie que « l’État a des droits souverains sur
l’exploration, l’exploitation, la conservation et la gestion des ressources
naturelles, biologiques et non biologiques » de cette zone.

 Mais les autres États « jouissent de la liberté de navigation et de survol, de la


liberté de poser des câbles et pipelines sous-marins et de la liberté d’exploiter
la mer à d’autres fins internationalement licites »

 La souveraineté exclusive dont jouissent plusieurs États sur leur zone


économique entre 24 et 200 milles marins ne les empêche pas de conclure des
ententes avec d’autres États relativement à l’exploration et l’exploitation des
ressources de cette zone.
c)- La Haute mer (Montego Bay, article 82) : ni ZEE, ni mer territoriale

 La haute mer est un espace sur lequel les États n’exercent aucune compétence.

 Elle est définie à l’article 82 de la convention de Montego Bay, on lui donne une
définition négative : l’espace maritime qui n’est compris ni dans la ZEE, ni dans les eaux
territoriales ni les eaux intérieures d’un État.

 Elle était considérée comme une res nullius, ce qui donnait une conception reposant sur
une internationalisation négative. On tend aujourd’hui vers un modèle différent et on a
tendance à considérer la mer comme une res communis, c'est-à-dire un modèle posé sur
l’idée d’internationalisation positive.
>>Quatre libertés traditionnelles (res nullius) entraient en œuvre : circulation et survol,
notamment.

S’y ajoutent des éléments moins traditionnels : liberté de construire des îles artificielles
et la liberté de recherche scientifique.

>>> La haute mer est donc régie par les libertés de tous les États mais aussi par le
principe de l’exclusivité du pavillon : Seul l’État dont un navire aborde le pavillon a le
droit de le contrôler et de vérifier ce qu’il transporte.

2 - Les limites du territoire : les frontières

1– Le concept de frontière
La liberté de chacun finit là où commence celle de l’autre. Il en va de même pour la
souveraineté territoriale de l’Etat.
La frontière est la ligne pouvant être tracée sur une carte, indiquant la limite de l’Etat, le
bord externe de l’Etat. Elle distingue l’intérieur de l’Etat et ce qui lui est extérieur.
 Le concept de frontière peut être utilisé de façon plus large pour marquer un
clivage, une séparation.

 Les droits internationaux attachés au territoire.

2– Le principe de l'intégrité territoriale

Ce principe protège le territoire de l'État. En gros, cela signifie qu'il ne peut y avoir
aucune interférence avec le territoire d'un autre État (que ce soit sous-sol, sol,
espace aérien, maritime).
> Le droit international est indifférent de certaines caractéristiques du territoire telles que le
taille ou encore la structure du territoire :

> Le territoire ne désigne pas seulement l’espace « terrestre ». Le territoire renvoie en droit
international aux : fleuves, lacs, eaux intérieurs et espaces aériens surjacents.

> La question de la délimitation des frontières détient une grande importance dans les
relations internationales et particulièrement dans « les contentieux relatifs à la délimitation
des espaces terrestres et maritimes entre les Etats ».

>>> Au cœur de l’importance de cette question on retrouve les enjeux économiques et


stratégiques liées aux ressources des territoires ou à l’emplacement géographique.
Les éléments constitutifs (suite):

Paragraphe 3- Un gouvernement effectif

>>> Le dernier critère constitutif de l'État est d'ordre juridique : l'existence d'un appareil
gouvernemental apte à exercer les compétences reconnues (territoriales et personnelles)
par le droit international.

>> Aucune condition n'est requise en ce qui concerne la nature (démocratique ou


autoritaire…) et la forme (centralisée ou fédérale…) de ce gouvernement, ce sont des
questions relevant exclusivement de la compétence nationale
 L'accomplissement des missions de service public sur le plan national et l'exercice des
compétences que le droit international reconnaît à l'État sur le plan international
représentent l'objet fonctionnel de l'État, à l'instar de la finalité fonctionnelle pour laquelle
est instituée toute personne morale. En pratique, et principalement au moment de la
formation d'un État, la réalité du gouvernement est une source de questions.

 La première mesure de l'effectivité d'un gouvernement est la disposition d'un minimum de


base territoriale sur laquelle s'exerce son autorité, la possession de la capitale ayant une
dimension symbolique.
 En revanche l'effectivité de la capacité de gouverner est plus difficile à établir en ce qui
concerne le maintien de l'ordre et de la sécurité et l'accomplissement des obligations
internationales. Seules des conditions minimales peuvent être raisonnablement envisagées : la
permanence et la continuité du fonctionnement des services publics, sans lesquels le
gouvernement ne serait pas à même d'exécuter ses obligations d'une part et l'exclusivité de
l'exercice de la compétence sur le territoire revendiqué.
Section 2- La souveraineté, caractéristique de l’Etat en droit international
 La souveraineté est le critère de l'État en droit international, dans la mesure où la réunion
des trois éléments constitutifs, en soi, est insuffisante pour attribuer à une telle personne la
qualité d'État au regard du droit international public.
La souveraineté de l'État reste la pierre angulaire du droit international public et signifie
l'indépendance dans les relations entre États.
Les relations internationales apparaissent ainsi comme des rapports de coopération ou
d'hostilité entre des États souverains.
>> Si la régulation de ces rapports relève du droit, le problème pour ce dernier réside dans sa
capacité à assurer simultanément le respect de la souveraineté à l’international et la prescription
de normes obligatoires en interne

>>> solution : le respect des obligations juridiques internationales ne porte pas atteinte à la
souveraineté
 Une fois défini et étudié avec ses différents éléments constitutifs, il faut s’intéresser aux
différents domaines de compétence reconnus exclusivement au seul Etat.
En effet, l'Etat possède une compétence territoriale objet de définition sans pour autant en oublier
les caractéristiques et l'étendue.
 Ainsi, la compétence territoriale est cette compétence de l'Etat à l'égard des hommes qui
vivent sur son territoire, des choses qui s'y trouvent et des faits qui s'y passent.
 A l'intérieur de l'Etat, celui-ci exerce toutes les fonctions relatives à l'organisation du pouvoir ou
de la société nationale. En d'autres termes, l'Etat a une compétence législative, judiciaire et
exécutive.
> La compétence territoriale présente trois caractéristiques en ce qu'elle est une compétence
plénière, une compétence s'exerçant exclusivement par l'Etat, une compétence autonome
 La plénitude de la compétence étatique signifie que l'Etat a une compétence illimitée, c'est-à-
dire l'Etat est à même de régler toutes matières à l'intérieur de son territoire contrairement par
exemple aux autres collectivités locales qui ont une compétence limitée, d'attribution leur est
déférée par l'Etat lui-même ; la compétence étatique reste indéterminée.
 la compétence étatique est exclusive en ce sens que sur le territoire d'un seul Etat s'exerce une
et une seule compétence de l'Etat. Aucune autre autorité interne ou encore externe ne peut
exercer cette compétence.

Charles Rousseau renseigne que cette exclusivité se manifeste surtout à trois niveaux : en ce qui
touche le monopole de la contrainte (exercice de la compétence coercitive), en ce qui touche le
monopole de l'exercice de la compétence juridictionnelle et ce qui touche le monopole de
l'organisation des services publics.
 il ne suffit pas de déclarer que l'Etat est indépendant et par conséquent peut
agir par lui-même en toute exclusivité et avec compétence pleine, mais est-il
que celui-ci ne doit être l’objet d'aucune injonction, d'aucune directive lui
étant imposée par un autre Etat. C'est l'autonomie de l'exercice des
compétences étatiques qui est aussi un élément important de l'indépendance
d'un Etat.
>>> Outre la compétence territoriale, l'Etat possède aussi la compétence
personnelle qui est celle dont un Etat est investi à l'égard de certaines
personnes, indépendamment du fait qu'elles se trouvent sur son territoire ou
qu'elles participent au fonctionnement d'un service public. De cette
compétence, l'Etat possède un large champ d'application.
 Le droit de légiférer à l'égard des nationaux est une application de la législation générale et des
actes individuels aux nationaux mêmes résidant à l'étranger.

En matière pénale, par exemple, il y a tendance à reconnaître une double compétence, celle active
et une autre passive.

La compétence personnelle est active lorsqu'elle est fondée sur la nationalité de l'auteur de
l'infraction commise à l'étranger.

La compétence personnelle passive, en revanche, est fondée sur la nationalité de la victime d'une
infraction commise à l'étranger.
>> Ces compétences constituent le contenu du domaine réservé
 le « domaine d’activités dans lequel l’État, n’étant pas lié par le droit international, jouit d’une
compétence totalement discrétionnaire et, en conséquence, ne doit subir aucune immixtion de
la part des autres États ou des organisations internationales »

 La conception du principe de non-ingérence trouve son essence dans l’interdiction de la


violation voire l'atteinte aux affaires relevant exclusivement de la compétence d'un Etat.
 La souveraineté confère directement à l'État la qualité d'auteur de la règle de droit ;
>> il peut, en effet, s'engager directement sur le plan international soit par la conclusion de
conventions internationales soit par l'adoption d'un fait opposable, toutes les deux créatrices
d'obligations juridiques internationales.
Par ailleurs, la souveraineté fait de l'État un sujet immédiat de droit international. En effet, la
violation par l'État d'une règle de droit international engage directement sa responsabilité
internationale sur la base de ce droit.
 Ce dédoublement fonctionnel de l'État, sur le plan international, est de principe dans la
mesure où la qualité d'État souverain est la condition nécessaire et suffisante pour accéder
directement à la sphère du droit international.
Les conséquences de la souveraineté : L'État n'est tenu d'obéir qu'aux seules décisions et règles
qu'il s'est imposées.
 Le droit à l'autonomie de décision illustre les inter-relations entre le droit international et le
droit constitutionnel interne. Il en résulte le principe d'une liberté absolue des États pour la
définition de leur régime constitutionnel, dans les domaines politique, économique, culturel et
social.
 Il appartient, dès lors, au droit interne d'aménager les normes et les institutions qui régissent la
jouissance par l'État de sa liberté d'action, interne et surtout internationale. L'État a une liberté
et un pouvoir originels sans une délégation quelconque de compétences de la part d'une autorité
souveraine ou supérieure.
 le problème de la compatibilité de la soumission au droit international avec la souveraineté de
l'État.

 La contradiction n'est plus possible dans la mesure où c'est le droit qui assure à l'État la
plénitude de la souveraineté ;
 l'absence d'autorité supérieure à l'État souverain en droit international implique l'égalité de
statut juridique des États de la société internationale : Deux conséquences en découlent : d'une
part la réciprocité dans les rapports internationaux et la non-discrimination.
Section 3- L’existence de l’Etat :
I- La reconnaissance d’un État

La reconnaissance est l’acte par lequel un État accepte de considérer juridiquement comme un État
une entité qui affirme l’être.
>>> On va alors tirer des conséquences juridiques d’une situation de fait.

>> C’est une institution importante dans le droit international


La logique juridique implique une codification rigoureuse du régime de la reconnaissance, en raison
de l'importance du fait étatique dans les relations internationales. Mais la reconnaissance demeure
un acte d’une nature politique par excellence
La reconnaissance, acte politique, est en droit un acte unilatéral de l'État auteur
de la reconnaissance.
Sur le plan politique, ce caractère s'explique par le fait que ce n'est pas la
reconnaissance qui fait l'État en droit. Elle simplifie et facilite les relations
juridiques entre l'auteur de la reconnaissance et l'État reconnu
Reconnaissance de facto (fait) ou reconnaissance de jure (droit)
 La reconnaissance de facto est provisoire et révocable ; la reconnaissance de jure est définitive
et irrévocable. Les États vont avoir le choix de reconnaître ou non et de choisir l’une ou l’autre
des reconnaissances.

 EX : La reconnaissance d’Israël : le 14 mai 1948, Israël a vu les USA lui accorder une
reconnaissance de facto le jour même, la reconnaissance de jure étant advenue quinze jours
plus tard.
– Le pouvoir de reconnaissance

Cette reconnaissance soulève trois questions.

- Est-elle constitutive de droit ou déclarative de droit ?


>> l’interprétation de sa portée juridique

Aujourd’hui, on considère qu’elle est déclarative de droit ; par la reconnaissance on accepte


simplement d’entrer en relation juridique avec un État qui existe.

- Est-on obligé de reconnaître un État qui détient les trois éléments d’existence d’un État ?

Non, le droit de reconnaissance est discrétionnaire et n’engage pas la responsabilité internationale


de l’État qui reconnaît l’existence de l’autre. On peut ainsi attendre (Cf. Ex d’Israël : l’Égypte ne
l’a reconnu qu’en 1978 avec les accords de Camp David).
>> Le caractère discrétionnaire de la reconnaissance est corroboré par le fait que
la qualification de l'accomplissement des conditions d'existence de l'État est
librement effectuée par l'État auteur de la reconnaissance.
Le caractère tardif ou prématuré de la reconnaissance ne porte pas atteinte aux
conséquences juridiques ; cette indifférence du droit écarte tout jugement de
valeur attaché à l'acte
- Est-il nécessaire, pour reconnaître une entité, qu’elle ait les trois éléments
constitutifs d’un État ?
 Puisque cette décision est discrétionnaire, il est possible de ne pas reconnaître un État qui possède
ces trois éléments, tout autant qu’il est possible de reconnaître un État qui ne possède pas ces trois
éléments

Nuance : La reconnaissance de gouvernement : la reconnaissance de gouvernement se pose en cas de


position de la question de continuité constitutionnelle dans un État donné : changement de régime
politique ou d'autorité au pouvoir

>> Le caractère irrévocable de la reconnaissance d’un État implique, dans les situations post-
révolutionnaires, l'application du principe de la continuité de l'État ;
mais le problème reste posé en ce qui concerne le statut juridique du nouveau gouvernement, tant au
regard du droit interne que du droit international.
 En l'absence de toute compétence internationale pour statuer sur l'application d'un droit interne
particulier, la contestation internationale de la légitimité d'un gouvernement constitue une
ingérence dans les affaires intérieures d'un État.
 Ainsi le caractère déclaratif de la reconnaissance de gouvernement exclut toute prise de
position sur la légalité du nouveau gouvernement et limite sa portée à la constatation du
changement d'autorité politique.

 Les considérations d'opportunité politique en cas de survenance de situations contestables


amènent les États à pratiquer la diplomatie de l'abstention en matière de reconnaissance de
gouvernement
 Reconnaissance d'insurgés ou de belligérance :
ce type de reconnaissance envisage l'hypothèse de la contestation suivie d'une tentative de
modification par la force d'une situation antérieure donnée.
>>>La reconnaissance d'insurgés est faite par l'État dont la souveraineté est remise en cause par
l'insurrection tandis que la reconnaissance de belligérance est effectuée par un État tiers qui
entend observer, face à une insurrection armée, les obligations liées à la neutralité.
>>> Ces deux types de reconnaissance confèrent aux insurgés et aux belligérants le bénéfice des
règles relevant du droit de la guerre.
Les limites du pouvoir de reconnaissance
Les États ont essayé eux-mêmes, dans le cadre de leur pouvoir de discrétion, de
se poser des limites.

En droit international, la reconnaissance serait illicite si le nouvel État était


créé par des voies illicites. (EX : EI)

II- La continuité de l’Etat et les problèmes de successions d’États.


 La définition des différentes situations
- L’Etat continuateur

 Normalement, un État ne change pas quand il y a un simple changement de gouvernement.


C’est le principe de continuité de l’État en cas de changement de gouvernement. Si l’on
considère qu’il y a un changement trop important, on pourra admettre la naissance d’un nouvel
État, on parlera alors de succession d’État.
- L’État successeur

A la place d’un État ancien naissent un ou plusieurs États. Cela implique deux sujets de droit au
moins : l’État prédécesseur et l’État nouveau.

- L’État successeur est-il lié par les obligations du prédécesseur ? Non.


 Un État successeur ne devient pas membre d’une organisation internationale ; ainsi la
Macédoine, la Bosnie et les autres ont dû demander leur adhésion à l’ONU.

On a considéré que la Turquie était l’État continuateur de l’Empire Ottoman, bien qu’il ait été
amputé d’importantes quantités de terres.

 En ce qui concerne l’URSS, on a considéré que la Russie était l’État continuateur, et les autres
successeurs. Dans un premier temps les quinze pays ont déclaré la fin de l’URSS, ce qui
supposait qu’aucun État ne soit continuateur, mais cela a évolué et les États ont considéré la
Russie comme l’État continuateur de l’URSS.
– Des conséquences au niveau de la transmission des dettes
– En situation de continuation

Le principe est simple, en cas de continuation (changement de gouvernement par


exemple), l’État doit continuer à honorer ses dettes.
 En matière de succession aux dettes, une convention a été signée à Vienne le
8 avril 1983, concernant la succession en matière de biens, archives et
dettes.
Le sort de l'ordre juridique de l'État prédécesseur
 Le régime juridique applicable ne peut être que celui de l'État nouveau en
raison de la plénitude de la compétence territoriale qui est de droit lors
de la réalisation de la succession d'États ;
 en matière de nationalité les ressortissants sont ipso facto et ipso jure,
soumis au droit de la nationalité du nouvel État tandis que ce dernier est
immédiatement habilité à exercer de manière discrétionnaire sa
compétence nationale.
 Il en résulte que l'ordre juridique interne est indifférent au droit
international car il constitue une matière de la compétence territoriale
de tout État souverain caractérisé par son exclusivité et sa suprématie
Chapitre 2 : La diversification des acteurs
des relations internationales
Section 1- L’organisation internationale, sujet dérivé du droit
international

Les organisations internationales, ne sont pas des super États mais ont, comme ces derniers,
une constitution, une personnalité juridique propre, un système de responsabilité qu’il faut
distinguer de celle de ses membres.

Leur membership est généralement constitué d’États mais les organisations internationales
peuvent aussi comprendre d’autres organisations internationales, voire des autorités
fédérées et des personnes privées.

L’accès des États aux organisations internationales et leur retrait est codifié par l’acte
constitutif, mais les règles d’accès ou de retrait peuvent donner lieu à des interprétations,
parfois discutables, qui résultent des options politiques de leurs membres.
 Un sujet « dérivé » est un sujet créé par les États. Il existe
aujourd’hui plus de 500 organisations internationales (OI), elles sont
crées par les États.

L’organisation internationale est une entité composée d’une multitude


d’États ayant une personnalité juridique distincte de celle de ses
membres et dotée de pouvoirs propres.
L'État et les OI se distinguent. L'État a la souveraineté, les OI ont des spécialités.
Historiquement, les premières ne sont apparues que dans la 2ème moitié du 19ème
mais c’est surtout à partir du début du 20ème siècle qu’elles se sont développées.
La SDN créée en 1919 n’existe plus, L’OIT en 1919 aussi ( organisation internationale
du travail )
existe toujours.
 Il existe un certain nombre d’organisations internationales régionales :
Elles sont la forme la plus répandue d’OI mais qui ne comprend qu’un nombre restreint
d’Etats
choisis selon un critère géographique.
On en trouve sur tous les continents ( Union africaine, Communauté européenne, OTAN …
).

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