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Compagnon 6

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Houdhayfa b.

al-Yaman
,
Quand les habitants d'al-Madaïn sortirent en
groupes pour accueillir le nouveau gouverneur désigné
par le khalife Omar (r), ils pensaient voir un éminent
compagnon du Prophète (ç) qui avait participé
activement à la conquête de l'Irak.
Dans leur attente de la délégation du nouveau
gouverneur, ils virent arriver un homme radieux
monté sur un âne et mangeant de la galette qu'il
tenait à la main. Puis, ils se rendirent compte que
c'était Houdhayfa b. al-Yaman et ils en furent
désarçonnées. Ils ne s'attendaient à voir un tel
gouverneur: ils avaient l'habitude de voir autrement
leurs anciens gouverneurs perses.
***
Les habitants de la cité se rassemblèrent quand
même autour de lui, en attendant une intervention de sa
part. Alors, Houdhayfa leur dit: «Prenez garde des
lieux du trouble!» Ils dirent: «Et quels sont ces lieux,
adorateur de Dieu?» Il dit: «Ce sont les portes des
émirs. Lorsque l'un d'entre vous entre chez l'émir ou
le wali, i1le croit malgré le mensonge et il fait son éloge
par ce que ce dernier n'a pas.» Ce fut là pour eux un
lOS
106 Des hommes autour du Prophète

digne révélateur sur la personnalité de leur gouverneur.


En effet, Houdhayfa détestait l'hypocrisie comme
il avait le don de la reconnaître. Depuis qu'il s'était
converti avec son père et son frère Safouan, Houdhayfa
ne finissait pas de constater le développement et le
renforcement de ce don.
Ses jugements étaient tellement rigoureux que le
khalife Omar le consultait régulièrement sur le choix
des hommes aux postes de responsabilité.
En outre, il se consacrait beaucoup à l'étude du
mal et de l'hypocrisie, car il savait que la voie du bien
était claire à qui voulait le bien. Une fois, il dit: «Les
gens interrogeaient le Messager (ç) sur le bien. Mais
moi je l'interrogeais sur le mal de peur d'être rattrapé
par lui. Alors, je lui ai dit: «0 Messager de Dieu, après
l'ignorance et le mal où nous étions, Dieu nous a
apporté ce bien. Est-ce qu'il y aura du mal après ce
bien?» Il a dit: «Oui.» J'ai dit: «Est-ce qu'il y aura du
bien après ce mal?» Il a dit: «Oui, et il est accompagné
de dêgât.;.» J'ai dit: «Quel est?» Il a dit: «Des gens
adopteront une loi différente de ma Sunna, suivront
une voie différente de la mienne...» J'ai dit: «Est-ce
qu'il y aura du mal après ce bien-lâ?» Il a dit: «Oui.
Des partisans qui se tiennent près des portes de la
Géhenne. Ils y précipitent quiconque leur répond
positivernent.» J'ai dit: «0 Messager de Dieu, que
m'ordonnes-tu si je vis jusqu'à ce temps?», il a dit:
«Tu t'appliques à rester avec la communauté des
musulmans et de leur imam.» J'ai dit: «Et s'ils n'ont
ni communauté ni imam?» Il a dit: «Tu te mets à l'écart
Houdhayfab, al-Yaman 107

de la totalité de ces coteries-là, en t'aggripant à un


tronc d'arbre s'il le faut, et ce jusqu'à ce que la mort
te recouvre.»
Ainsi, Houdhayfa vécut toujours en alerte pour
prévenir les possibles troubles, donner l'alarme aux
gens contre ces troubles et s'en prémunir. Il
réfléchissait sur les questions à la façon d'un sage,
d'un philosophe. Donnant son, avis, par exemple, sur
la vie de guidance et celle de l'errance, il dit: «Il y a
quatre catégories de cœurs: un cœur hermétique, qui est
celui du dénégateur, un cœur laminé, qui est celui de
l'hypocrite; un cœur propre contenant une lumière
s'épanouissant: ce cœur est celui du croyant; un cœur
contenant hypocrisie et foi; la semblance de la foi. est
celle d'un arbre vivifié par une eau bonne, tandis que la
semblance de l'hypocrisie est celle d'un abcès alimenté
par le pus et le sang; si l'une ou l'autre prévaut, eh bien!
elle prévaut.» En outre, Houdhayfa était franc de sorte
qu'il ne maîtrisait pas d'exprimer ce qu'il avait dans le
cœur. Urie fois, il avait dit: «Je suis allé trouver le
Prophète (ç) et je lui ai dit: "0 Messager de Dieu, j'ai
une langue acérée avec nia famille et je crains que cela
me fera entrer au Feu." TI m'a répondu: "Et pourquoi
ne recours-tu pas la demande du pardon? Moi je
â

demande pardon à Dieu jusqu'à 100 fois par jour."

* * *
Houdhayfa était de la trempe des hommes ayant
une foi affermie et solide. Lors de la bataille d'Ouhoud,
il vit des musulmans tuer par erreur son père
108 Deshommesautour du Prophète

musulman: alors, il leur dit avec compassion: «Que


Dieu vous pardonne! Il est le plus midéricordieux des
midéricordieux,» Puis, il reprit son combat de plus belle
contre les polythéistes.
Lors du siège des Coalisés, il fut chargé par le
Prophète (ç) d'aller voir la situation dans les rangs
ennemis, Malgré le ·froicL la faim, la peur, la fatigue
due à un mois de siège, il répondit immédiatement à
l'appel du Prophète (ç), en allant au camp ennemi. Il
réussit à s'y infiltrer à la faveur des ténébres de la nuit,
prit place parmi les Qouraychites puis revint avec
l'heureuse nouvelle.
Houdhayfa dit à la fin de son récit: «(Abou
Soufyan a eu peur de l'infiltration des musulmans à la
faveur de la nuit). Alors, il a dit de toute sa voix:
«Qouraychitesl que chacun de vous vérifie qui est son
voisin, qu'il le prenne par la main et qu'il lui demande
son nom!» Immédiatement j'ai pris la main de mon
voisin et je lui ai dit: «Qui est-tu?» Il m'a donné son
nom. Après quoi, Abou Soufyan a dit: «Qouraychites!
Vous n'êtes pas dans un lieu de résidence, que je sache.
Nos chevaux et nos chameaux sont anéantis. Les
Banou Qouraydha nous ont trahis. Nous avons reçu
d'eux ce que nous détestons. Et puis, regadez ce vent
violent que nous subissons. Aucun récipient ne reste sur
place, aucun feu ne reste allumé, aucune tente ne reste
debout. Levez donc le camp! Moi je dècampe.» Puis il
est monté sur son chameau, suivi par tous les autres...»

* * *
Houdhayfa b. al-Yaman 109

Houdhayfa était également un combattant


déterminé. Il fut l'un des chefs qui avaient conduit
l'armée musulmance à la conquête de l'Irak. Quand à
la conquête de Hamadan, ar-Ray, ad-Daynawar, elle
fut réalisée sous son commandement.
Dans la bataille de Nahawand, il remplaça
intelligemment le commandant an-Naâman b.
Mouqaran qui était tombé en martyr puis dirigea les
opérations jusqu'à la défaite des 150.000 Perses. En
effet, à la mort d'an-Naâman, alors que la bataille
battait son plein, il prit rapidement l'étendard
musulman sans que l'ensemble des combattants le
sachent, ordonna aux combattants, qui étaient
proches, de taire la mort d'an-Naâman, convoqua
Naïm b. Mouqaran et, pour l'honorer, il le désigna au
poste de son frère. Après quoi, il conduisit les 30.000
combattants jusqu'à la victoire.

* '" *
Houdhayfa étant, en outre, pétri d'intelligence et
d'expérience, Il menait à bien toute mission dont on le
chargeait, entre autres celle du choix du site où les
musulmans devraient s'installer. En effet, lorsque le
khalife Omar ordonna par lettre à Saâd b. Abou
Waqas de quitter al-Madaïn pour un autre site, en
raison du climat qui ne convenait pas aux musulmans,
la mission fut confiée à Houdhayfa. Celui-ci sortit à cet
effet avec Salman b. Ziyad. Quand il arriva à al-Koufa
et qu'il trouva l'endroit convenable à la santé des
musulmans arabes, il dit à son compagnon: «C'est là
110 Deshommesautour du Prophète

où l'on s'installera, si Dieu veut.» Par la suite, le site fut


occupé jusqu'à ce qu'il devint une cité appelé al-Koufa.
***
Et en un certain jour de l'an 36, Houdhayfa b. al-
Yaman quitta ce monde, après avoir dit sur son lit de
mort: «Bienvenue à la mort.;.»

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