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REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE

Union-Discipline-Travail

Ministère de l’Enseignement Supérieur


Et de la Recherche Scientifique

LABORATOIRE D’ HYDROBIOLOGIE
ET ECOTECHNOLOGIE des Eaux

Année MEMOIRE
Universitaire
2020-2021

LICENCE 3 : SCIENCE DE LA TERRE ET DE LA


TERRE

Ecue : TECHNIQUE DE REDACTION DE


Polynôme 16
RAPPORT SCIENTIFIQUE

THEME :
LES REPERCUTIONS DU
CHANGEMENT CLIMATIQUE
SUR L’AGRICULTURE
IVOIRIENNE
Fait le 27/10/2021

ETUDIANTS : ENSEIGNANT:

Kouakou Kouadio Cedric Dr LOZO


Anoh Oi Anoh Ghislain
Gohotre Jean
Kouamé Koffi Yaya
Kouadio Amoin Rebecca

0
REMERCIEMENTS

Au moment de présenter ce travail, je tiens à remercier tous ceux qui, de près ou de loin,
ont bien voulu participer matériellement et spirituellement à cette étude.

Je me fais le devoir, en premier lieu d’exprimer ma gratitude au Professeur


KOUAMELAN ESSETCHI PAUL pour avoir assuré la direction de l’UFR
BIOSCIENCE, pour tous les encouragements qu’il nous a prodigués.

Grands remerciements à tous les Docteurs de l’UPR Hydrobiologie et Ecotechnologie des


Eaux pour leurs disponibilités, leurs aides, leurs conseils et leurs assistances dans
l’exécution de ce travail tels que Dr KONAN et Dr YAO SYLVAIN.

Nos remerciements vont à l’égard de Dr LOZO, notre examinateur, pour toutes les
remarques et les critiques qu’il apportera à notre document.

Enfin, je ne saurai oublier dans mes remerciements :

- tous nos amis de la License de SVT

- tous les membres de nos familles

Que tous ceux qui ont contribué à la réalisation du présent mémoire trouvent ici
l’expression de ma gratitude.

1
LISTES DES FIGURES ET TABLEAUX

Figure 1 : Localisation géographique du département de Dimbokro………..………….9

Figure 2 : Schéma conceptuel de l’étude…………………………………………….....10

Figure 3 : Fluctuation du coefficient de variation des précipitations de Dimbokro.…..15

Figure 4 : Évolution des hauteurs annuelles de pluie du département de Dimbokro


……………………………………………………………………………....16

Figure 5 : Evolution des valeurs décadaires des variables climatiques (pluie et ETP) ..17

Tableau 1 : Test Wald-Wolfowitz appliqué à la pluviométrie mensuelle de Dimbokro.14

Tableau 2 : Exigences écologiques des principales spéculations agricoles cultivées dans la


région de Dimbokro…………………………………………………………………….18

2
TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS.........................................................................................................................1
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX…………………………………………………………………………………………………2
Introduction.......................................................................................................................................4
CHAPITRE 1 : GENERALITE.........................................................................................................5
1. Historiques des variations climatiques...................................................................................6
2 Les impacts des variations climatiques en Afrique.....................................................................7
3. Impacts sur les agriculteurs en Côte d’Ivoire.........................................................................8
CHAPITRE 2 : MATERIEL ET METHODES.................................................................................8
1. Zone d’étude..........................................................................................................................9
2. Méthodologie.......................................................................................................................10
CHAPITRE 3 : RESULTAT ET DISCUSSION.............................................................................12
1.Résultat.....................................................................................................................................13
1.2.Analyse de la pluviométrie................................................................................................15
1.3. Régime pluviométrique de Dimbokro..........................................................................15
2. Discussion et conclusion......................................................................................................18
CONCLUSION ET PERSPECTIVES.............................................................................................20
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUE...........................................................................................21
Résumé………………………………………………………………………………………………………………………………….23

3
Introduction
Les études sur l’évolution du climat confirment la tendance globale du réchauffement de la
planète (Salinger, 2005; Garcia, 2006). En Afrique de l’Ouest, la situation synoptique se
présente à travers des phénomènes tels que les sécheresses récurrentes et irrégulières, les
perturbations des régimes pluviométriques avec des déficits pluviométriques de l'ordre de
20% à 30% et les baisses des débits des cours d'eau. Ces constats renforcent les craintes
énoncées lors du Sommet de la Terre en juin 1992 à Rio de Janeiro (Brésil) relativement à
la variabilité du climat et son impact sur l'environnement.
En Côte d’Ivoire, notamment dans la communauté rurale, les activités sont en majorité
agricoles et dépendent étroitement des ressources naturelles renouvelables. Dans un tel
contexte, la gestion de la perturbation des régimes pluviométriques présente deux enjeux
majeurs de développement qui peuvent être déclinés en hypothèses.
Le premier enjeu est d’ordre écologique. Il s’implémente autour de l’hypothèse de la
savanisation progressive et de l’appauvrissement des sols. L’enjeu socio-économique est
lié à la transformation des systèmes de production agro-pastoraux qui impliquent la
transformation des connaissances, des aptitudes et des pratiques. À travers une démarche
transdisciplinaire intégrant les approches agro-climatiques et socio anthropologiques, La
présente étude vise à analyser la vulnérabilité de l’agriculture pluviale à la récession
pluviométrique dans le milieu rural du « V-Baoulé » en Côte d’Ivoire. Spécifiquement, elle
analyse : (i) la dynamique de la pluviosité avant et après la période charnière de 1968, (ii)
les risques auxquels est exposé l’agriculture pluviale et (iii) les adaptations endogènes en
vigueur. L’approche agro-climatique basée sur l’analyse du bilan hydrique montre que le
régime pluviométrique traditionnellement caractérisé par quatre saisons avant 1968,
s’organise progressivement en un régime à deux saisons. Contrairement à l’hypothèse
d’une meilleure répartition annuelle de la pluviométrie, le changement de régime
pluviométrique accroît le risque de déficit hydrique pour les cultures pluviales, notamment
pour la grande saison de pluie. En effet, l’étude montre que la véritable durée de culture
était de 9 décades (2eme décade d’avril à la 2eme décade de juillet) avant 1968, dans
l’hypothèse de l’humidité résiduelle nulle du sol. Après 1968, la durée de culture est passée
à 7 décades (3eme d’avril à la 3eme de juin) avec un risque d’interruption de pluie tous les

4
4 ans pendant les mois de mai. Par ailleurs, l’étude révèle une régularité d’interruption
passagère de la grande saison humide entre 1968 et 2000 avec 36% des années (soit 12
années sur 32) qui enregistrent 20 jours successifs sans pluies pendant cette période. Les
risques auxquels s’expose l’agriculture pluviale en rapport avec les nouvelles conditions
pluviométriques sont : la perturbation du cycle agricole, les pertes de semences, la
réduction de rendement

CHAPITRE 1 : GENERALITE
1. Historiques des variations climatiques
Le climat varie et variera toujours pour des raisons naturel/es, c'est ce que l'on qualifie de
changement climatique. Dans son histoire, la Terre a connu des périodes glaciaires et des
périodes chaudes - aussi appelées interglaciaires - qui comprennent des variations de plus
courte durée - conditions climatiques plus douces, plus fraîches, plus humides et plus
sèches (Warren, Barrow et al. 2004). Ces variations s'expliquent par [les changements de
l'orbite terrestre et de la production solaire, les cycles des taches solaires, les éruptions
volcaniques et les fluctuations des concentrations de gaz à effet de serre et d'aérosols]
(Warren, Barrow et al. 2004: 3 - Traduction libre). En revanche, l'accroissement de certains
gaz dans l'atmosphère, tels que les gaz à effet de serre (GES) - dont le CO2 -, a le potentiel
de réchauffer le climat de la surface de la terre (Fauchereau, Trzaska et al., 2003 ; GIEC,
2001 b; Malhan, 1997; Ouranos, 2004; Schipper et Pelling, 2006) à un rythme sans
précédent. Et selon le GIEC (2001 b), la planète se réchauffe (G IEC, 2001 b). Quoique ces
conclusions ne soient pas acceptées par toute la communauté scientifique, nombreux
s'entendent, malgré tout, sur le fait que les activités humaines, telles que la combustion de
carburant fossile, la déforestation et les activités industrielles ont favorisé J'augmentation
de concentration de gaz à effets de serre et ont contribué au réchauffement de la planète.
Les carburants fossiles - charbon, pétrole et gaz naturel -, participent à soixante-quinze
pour cent de la croissance des émissions (Ouranos, 2004). Ces activités entraînent des
impacts sur le climat planétaire qui change, et continuera de changer, mais désormais à des
taux projetés sans précédent. Les risques associés à ces changements sont réels, mais
incertains (Adger, Huq et al., 2003 ; Doheliy et al. 2001; GIEC, 2001 b; Hansen, Dilley et
al.. 2004; Hulme, Peterson, De Leo et al., 1997; Pielke Jr, 2005). Il est à noter que même si
des mesures de contrôle très sévères sur les émissions de gaz à effet de serre étaient
appliquées aujourd'hui (mitigation?), il y aurait tout de même une augmentation de la

5
concentration des GES et une hausse de la température et du niveau de la mer (Smit, Klein
et Huq, 2003).

La variation du climat a une incidence directe sur l'environnement qui, par la suite, modifie
les ressources disponibles pour les populations humaines. Par exemple, le réchauffement
climatique global entraîne une modification de la fréquence et de l'intensité des
événements météorologiques extrêmes. Le réchauffement climatique global affecte
l'Afrique (Easterling, Alexander et al., 2003 ; Hulme, Doherty et al., 2001). Au Sahel, ce
sont les précipitations qui sont les plus touchées (Hulme, 1992), la variabilité interannuelle
étant déjà très élevée (Mohamed, Duivenbooden et al., 2002). Entre autres, notons les
grandes sécheresses subies en Afrique de l'Ouest en raison de la diminution des
précipitations entre les années 1970 et 1990 (Nicholson, 1993; Reij, Tappan et al., 2005).
Le déclin fut d'environ 25% plus sec que lors des décennies précédentes, avec des
conséquences dramatiques sur les écoulements des fleuves de la région (Adger, Huq et al.,
2003) et sur le sol, étant reconnu pour son imperméabilité (Dam, 1999). En plus de la
variabilité des précipitations, les activités anthropiques au Sahel accentuent la sécheresse.
En effet, la désertification est amplifiée par

2. Les impacts des variations climatiques en Afrique


La variation du climat a une incidence directe sur l'environnement qui, par la suite, modifie
les ressources disponibles pour les populations humaines. Par exemple, le réchauffement
climatique global entraîne une modification de la fréquence et de l'intensité des
événements météorologiques extrêmes. Le réchauffement climatique global affecte
l'Afrique (Easterling, Alexander et al. 2003 ; Hulme, Doherty et al. 2001). Au Sahel, ce
sont les précipitations qui sont les plus touchées (Hulme, 1992), la variabilité interannuelle
étant déjà très élevée (Mohamed, Duivenbooden et al. 2002). Entre autres, notons les
grandes sécheresses subies en Afrique de l'Ouest en raison de la diminution des
précipitations entre les années 1970 et 1990 (Nicholson, 1993; Reij, Tappan et al. 2005).
Le déclin fut d'environ 25% plus sec que lors des décennies précédentes, avec des
conséquences dramatiques sur les écoulements des fleuves de la région (Adger, Huq et al.
2003) et sur le sol, étant reconnu pour son imperméabilité (Dam, 1999). En plus de la
variabilité des précipitations, les activités anthropiques au Sahel accentuent la sécheresse.
En effet, la désertification est amplifiée par J'activité humaine de défrichage, de coupe de
bois, d'élevage extensif et d'agriculture intensive qui dégradent la qualité des terres. Le

6
Sahel, qui signifie 'rivage' en arabe (McMillan, 1995), est une vaste région africaine. Ce
territoire est la transition entre le désert du Sahara au nord, et les zones plus arrosées et
luxuriantes de la savane au sud. Cette zone, qui regroupe neuf États africains (Cap vert,
Sénégal, Gambie, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Soudan) débute au
Sénégal, à l'Ouest et s'étend jusqu'au Soudan à l'Est. La région du Sahel est comprise entre
le 1Oe et le 20e degré de latitude Nord et le 20e et le 40e degré de longitude Est (GIEC,
2001 a). Le problème des précipitations au Sahel est à deux niveaux. D'abord, sa
concentration en une brève période ayant pour conséquence de réduire considérablement la
possibilité de croissance des espèces cultivées. Deuxièmement, la majorité des
précipitations surviennent en pluies intenses. Par conséquent, une grande partie de l'eau est
perdue pour les plantes et une faible quantité est absorbée par le sol (Nicholson, 1995).

3. Impacts sur les agriculteurs en Côte d’Ivoire


Les rivières, les affluents, les précipitations et les points d'eau de la région sont
indispensables pour les activités socio-économiques des populations. En effet, les
ressources en eau disponibles et la quantité de précipitations de cette région sont
nécessaires pour l'agriculture, l'élevage et les activités domestiques (Lacoste, 2003).
Puisque la variation des précipitations affecte l'agriculture, qui est la base de l'économie
nationale, toute l'économie du pays est affectée. De plus, l'agriculture, à majorité non
irriguée, est pratiquée sur un sol faible et peu productif (Zeba, 1995), est d'autant plus
sensible aux aléas climatiques. À un niveau plus local, les agriculteurs dépendent du climat
pour leur alimentation. En effet, au Burkina Faso, les cycles agricoles et climatiques sont
directement reliés à ce qui se retrouvera, ou non, dans l'assiette des paysans. Une réduction
des précipitations en Côte d’Ivoire, accompagnée d'une variabilité interannuelle élevée,
pourrait provoquer:

 Au niveau socio-économique
 Une gestion difficile de la ressource eau, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur
des pays (conflits d'usages);
 Une augmentation du déplacement des populations (conflits d'usages) ;
 Une planification agricole difficile, par l'incertitude climatique, causant une
plus grande insécurité al imentaire;
 Une dégradation de la santé de la population (Ikeme, 2003; Simms, 2005);
 Une augmentation du prix des produits des récoltes (Zimmerman et Carter,
2003);

7
 Un appauvrissement de toutes les couches de la société
 Au niveau écologique
 Une baisse des niveaux de l'eau de la nappe phréatique, des barrages ou une
diminution du débit des rivières (Simms, 2005). Parallèlement, cela pourrait
affecter défavorablement la qualité de l'eau par un tarissement plus rapide
des puits, une augmentation de la concentration des eaux usées et des
déchets industriels (Ministère de l'environnement du Burkina Faso, 1999).
Cela ferait croître les maladies et réduit la qualité et la quantité d'eau
potable pour l'usage domestique et agricole (GIEC, 2001a) ;
 Une désertification par l'assèchement des terres et de la végétation
(Mohamed, Duivenbooden et al., 2002; Simms, 2005); Une dégradation de
la qualité des sols

CHAPITRE 2 : MATERIEL ET METHODES


1. Zone d’étude
L’étude porte sur la zone agro-écologique dénommée « V Baoulé ». Cette région est
localisée à l’interface forêt-savane entre les longitudes 4° et 5° Ouest et les latitudes 6° et
8° Nord. C’est un vaste ensemble pénéplaine (les altitudes varient peu de 80m à 120m)
dont la monotonie est interrompue à l’Est par les collines de Bongouanou dont le point
culminant est à 615 m (Kadio et al., 2008). Il est caractérisé par un paysage de savane,
cloisonné par des forêts-galeries, et fait partie du domaine guinéen, secteur mésophile
(Bonvallot et al. 1972). Le régime climatique du département de Dimbokro appartient au
groupe équatorial de transition du type atténué (climat baouléen) caractérisé par deux
saisons pluvieuses et deux saisons sèches. La moyenne pluviométrique interannuelle
établie entre 1922 et 2000 est de 1106 mm. La réserve en eau dans cette zone est à 60 mm.
Spécifiquement, l’étude concerne trois villages retenus appartenant à des zones agro-
écologiques différentes du département de Dimbokro (figure1) : Soungassou
(zone forestière), Kangrasou-Aluibo (limite forêt-savane) et Pokoukro (zone de savane).
Cette
Configuration permet d’assurer le recoupement des contrastes internes liés au gradient de
couverture végétale.

8
Figure 1: Localisation géographique du département de Dimbokro

2. Méthodologie
En raison de la complexité de la problématique abordée, l’étude repose sur l’intégration
des démarches
des sciences agro-climatiques et des approches transversales des sciences socio-
anthropologiques

Figure 2: Schéma conceptuel de l’étude


9
 Démarche agro-climatologique
La démarche agro-climatique a été utilisée pour appréhender les questions liées à la
dynamique de la pluviosité et les risques d’ordre climatique auxquels est exposée
l’agriculture pluviale. L’approche a été construite autour de la notion de modélisation et de
déficit hydrique théorique en rapport avec l’agriculture pluviale.
La modélisation des séries pluviométriques mensuelles a été utilisée dans cette étude dans
le but de la prédétermination du régime pluviométrique. Les données utilisées sont les
séries pluviométriques mensuelles collectées à la station synoptique de l’aérodrome de
Dimbokro par les services de la météorologie nationale de Côte d’Ivoire entre 1922 et
2000.
Trois tests ont été utilisés pour vérifier si les données de l’échantillon sont indépendantes
et identiquement distribuées. Les tests suivants ont été appliqués au seuil de 0,05: le test
d’indépendance de Wald–Wolfowitz (1943) et la procédure de segmentation d’Hubert
(1987) pour les tests de stationnarité et d’homogénéité.
Pour l’ajustement des séries pluviométriques, l'approche classique utilisée dans l'analyse
des fréquences a consisté en l’application de la formule empirique de Chegodayev en
partant d'une réalisation x = (xx, x2, -.., xn) d'un échantillon (X{, X2, ..., Xn) de taille N
obtenu à partir d'une variable aléatoire X par une suite indépendante de tirages successifs et
au hasard.
Où n est la taille de l'échantillon, et i le rang de l'observation dans une classification en
ordre croissant, F(xi) étant alors la probabilité au non-dépassement de la variable X. Les
quantiles obtenus ont permis d’élaborer les profils annuels de pluie aux fréquences de 80%,
50% et 20%. La construction dans un même graphique des pluies décadaires obtenues et
l’ETo estimé par la formule de Penman ont permis d’obtenir des informations sur le risque
des périodes sèches, sur les dates de plantation ou de semis, et sur les périodes optimales
de maturité des cultures ou des variétés. En effet, la médiane et les quartiles de la
pluviométrie sont comparés aux valeurs de l’évapotranspiration (ETo). Alors que l’on peut
considérer 0,8 ETo la quantité d’eau nécessaire pour une croissance optimale des plantes,
0,4 ETo est la quantité minimale nécessaire aux cultures (Stessens, 1996).
 Démarche socio-anthropologique
Le travail de terrain mené auprès des paysans s’est voulu du type quantitatif. L’enquête
s’est résumée à cet effet, à l’administration de questionnaires et des focus group. Trois
villages du département de Dimbokro représentant des situations agro-écologiques
différentes ont été choisis. Dans chacun des trois villages, 50 paysans soit 25 agriculteurs

10
et 25 agro-éleveurs ont été choisis au hasard. Le questionnaire de collecte des données
structuré semi-ouvert a porté sur les points suivants : la taille des parcelles cultivées, les
types de cultures pratiquées, les pratiques culturales, la connaissance des populations sur le
nombre de saison de pluie et de saison sèche dans leur localité, les signes annonciateurs
des saisons et les différentes incidences socio-économiques du climat.
Pour l’analyse des données, les informations collectées ont été traitées avec le logiciel
XLSTAT. Les différentes réponses ont été recodées en vue de permettre leur regroupement.
L’Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM) a été utilisée pour suivre la
dynamique spatio-temporelle des options d’adaptation

CHAPITRE 3 : RESULTAT ET DISCUSSION

1. Résultat
 Principales spéculations agricoles
La population rurale enquêtée est composée de petits exploitants individuels. Les
superficies cultivées varient entre 0,25 ha et 20 ha. Quatre classes de producteurs ont été
définies sur la base de la taille des parcelles cultivées annuellement. La première catégorie
concerne les agriculteurs qui cultivent des parcelles comprises entre 0,25 ha et 2 ha. Elle
comporte la majorité des agriculteurs (59%, n=150). Constituée de 33% des personnes
enquêtées, la seconde catégorie des agriculteurs possèdent 2 ha à 5 ha par an. La troisième
et la quatrième tranche de producteurs sont consacrées aux personnes cultivant
annuellement respectivement 5 à 10 ha (5% n=150) et 10 à 20 ha (1% n=150). Les

11
systèmes de production pratiqués par tous les exploitants sont fondés sur la culture
manuelle, extensive et itinérante.
Plusieurs spéculations agricoles sont produites dans des systèmes de cultures
traditionnelles marquées par la défriche-brûlis et la mise en jachère prolongée des terres
pour en améliorer la fertilité. Les productions végétales sont constituées de cultures
pérennes (café, anacarde, hévéa, cacao), de cultures vivrières (igname, manioc, maïs,
banane, riz et arachide...) et de cultures maraîchères (tomate, gombo, piment, pistache).
Dans le système de production local, l’igname occupe une place de premier choix. En
effet, chaque paysan enquêté possède une parcelle d’igname dont la taille varie entre 0,25
ha et 1 ha par an.
Viennent en second plan, les cultures d’exportation dont l’importance évolue selon la zone
écologique. La zone de forêt (ZF) est marquée par les binômes café-cacao (92%) et café-
hévéa (8%). La zone de contact forêt-savane (ZFS) est gouvernée par le café (80%) et le
couple café-cacao (20%). Enfin, l’anacarde est en pleine expansion dans la zone de savane
(ZS). Dans cette localité, la situation se présente comme suit :
Café-Cacao (43%), Anacarde (33%), Cacao (13%), Café (8%), Cacao-Anacarde (4%).
En outre, la production animale connaît un essor dans le département de Dimbokro.
Le bovin, l’ovin, la volaille et le porcin sont produits dans la zone de savane et le caprin
dans la zone de forêt. La production de bovin essentiellement constituée de taurins et de
zébus est localisée à proximité des cours d’eau, mais inégalement répartie sur le territoire
du département de Dimbokro. La partie sud de la zone ZF abrite majoritairement le cheptel
bovin.
Dans le milieu rural de Dimbokro, deux types de perception du régime climatique se
distinguent. La première catégorie (144 personnes soit 96%) estime que le climat de
Dimbokro est gouverné par deux saisons : une saison de pluie (mougou) et une saison
sèche (waha). Seulement 6 personnes (soit 4%) indiquent 2 saisons sèches et 2 saisons de
pluie évoluant en alternance. Les principaux signes annonciateurs de la saison de pluie
indiqués par les habitants des villages étudiés, sont entre autres : la prépondérance de vents
de direction Sud-Nord, l’éclosion des fleurs de fromager et l’abondance de nuages suivis
de grondement de tonnerre. Elle débute en mars ou en avril et se caractérise au plan
physique par la régularité des pluies, une température clémente. Au plan économique, elle
est marquée par les activités champêtres (défrichement et buttage) puis au plan social par la
famine (due à l'épuisement des réserves d'ignames). Le nombre de jours secs successifs

12
récurrents et le début tardif et instable de la grande saison de pluie sont des traits qui
perturbent cette saison au fil des années. Deux
grands traits caractérisent la saison sèche. La floraison des kapokiers et les vents violents
circulant du Nord au Sud.

1.2. Analyse de la pluviométrie


La segmentation d’Hubert menée au niveau de signification 0,01 du test de Scheffé sur les
hauteurs annuelles entre 1922 et 2000, rejette l’hypothèse d’absence de rupture. Et détecte
deux séries homogènes : 1922-1968 et 1969-2000. On ne dénombre cependant aucune
cassure dans les séries mensuelles paradoxalement sur la totalité de la période 1922-2000.
L’application du test de Wald-Wolfowitz sur les résidus de segmentation des séries
mensuelles révèle que les valeurs observées Z│varient entre 0,00 et 0,88 pour la période
1922-1968 et entre 0,00 et 1,29 pour la période 1969-2000 (tableau 1). En somme, il n’y a
pas d’autocorrélation entre les observations de chaque segment, car la région critique de
Wald-Wolfowitz au niveau de significativité de 0,05 est de 1,6

Tableau 1 : Test Wald-Wolfowitz appliqué à la pluviométrie mensuelle de Dimbokro

13
1.3. Régime pluviométrique de Dimbokro
L’étude des précipitations montre que le département de Dimbokro reste gouverné par un
climat équatorial de transition caractérisé par quatre saisons ; dont deux saisons de pluie et
deux saisons sèches d’inégale importance (figure 3). La première saison (pluie longue)
couvre de mars à juillet et la deuxième, les mois de septembre et octobre. La moyenne
interannuelle des précipitations (1922-2000) est de 1149 mm. Le régime pluviométrique de
Dimbokro est caractérisé par une alternance des années à quatre saisons (2 saisons de pluie
et 2 saisons sèches) et des années deux saisons (1 saison de pluie et 1 saison sèche). Les
coefficients de variation (CV) présentent une forte disparité d’un mois à l’autre et d’une
année à l’autre. En effet, les valeurs calculées oscillent entre 1,3 et 0,35 (figure 4). Au
cours des mois écologiquement secs (novembre, décembre, janvier, février et août)
l’hétérogénéité est plus importante que celle des mois humides (mars, avril, mai, juin,
juillet, septembre et octobre) qui présentent une homogénéité relativement forte.

14
Figure 3 : Fluctuation du coefficient de variation des précipitations de Dimbokro

La comparaison des moyennes des sous-séries pluviométriques homogènes avant et après


le point de rupture de 1968 met en exergue l’ampleur de la transition brutale qui caractérise
la modification de la pluviosité. La période 1922-1968 présente la particularité d’avoir une
pluviométrie abondante : 1222 mm d’eau en moyenne par an avant 1968 (figure 4). Cette
période est également marquée par une dispersion importante (σ= 255,21) entre les
hauteurs annuelles de précipitation. L’analyse montre également que 7 mois sur 12 (dont 5
mois pour la grande saison de pluie et 2 mois pour petite saison de pluie) ont une pluviosité
supérieure à 100 mm. L’après 1969 enregistre une pluviométrie interannuelle moyenne de
1073 mm et une dispersion moins marquée (σ= 128,85). Le nombre de mois à pluviosité
supérieure à 100 mm
est réduit à 4 pour la grande saison de pluie. Près de 152 mm de pluie séparent les
moyennes annuelles pluviométriques des périodes 1922-1968 et 1969-2000 dont les
quantités moyennes annuelles sont respectivement 1225 mm et 1073 mm. Cela représente
une baisse pluviométrique annuelle de 12%. Cette baisse se répartit entre la première et la
deuxième saison. Si la première saison pluvieuse (MAMJJ) accuse une baisse moyenne de
7%, les débuts de saison ressentent assez fortement cette baisse avec respectivement 14%
et 16% en avril et mai.

15
Figure 4 : Évolution des hauteurs annuelles de pluie du département de Dimbokro

Quant à la deuxième saison pluvieuse centrée sur les mois de septembre à novembre
(SON), la baisse saisonnière atteint 16% avec un renforcement en novembre avec 24% de
baisse pluviométrique. Les mois de septembre et d’octobre ont enregistré des baisses
respectives de 13 et 11%. Les profils des pluies décadaires selon les probabilités
d’occurrence 20%, 50% et 80% (figure 5) montrent que le régime pluviométrique est
bimodal, avec une baisse des quantités d’eau tombées pendant les mois d’avril, mai, juin,
juillet, septembre, octobre et décembre. Pour la période 1922-1968, même si les pluies de
première saison de pluie commencent en mars, la probabilité de pluies précoces est faible
(15%). Les pluies de la grande saison de pluie deviennent incertaines à la fin du mois de
juillet (figure 5a). Les pluies ne s’installent qu’au début d’avril et prennent fin
en mi-juillet, soit 9 décades. L’installation réelle de la petite saison pluvieuse a lieu en
début septembre et les pluies deviennent rares dès la fin d’octobre. Cette saison s’étend sur
5 décades. Il ressort en définitive que si on ne tient pas compte de l’humidité résiduelle du
sol, la véritable période de culture s’entend sur la période allant du mois d’avril à au mois

16
de juin pour la grande saison de pluie. Elle couvre les mois de septembre et d’octobre pour
la petite saison de pluie.
La figue 5b montre que la période 1968-2000 est marquée par une humidification du mois
d’août. Le découpage des saisons semble être respecté mais pendant cette période.
Cependant, il y a une forte probabilité de présence de séquences sèches pendant les saisons
de pluie. En effet, pendant la période 1968-2000 (soit 32 années) 12 années (soit 36%)
enregistrent 20 jours secs (P<0,85mm). Les mois les plus affectés sont ceux d’avril, de mai
et de septembre. Il faut s’attendre à une grave pénurie d’eau tous les quatre ans pendant la
2ème décade d’avril et la 3ème décade de mai. Les pluies en août entrainant un
rallongement de la grande saison de pluie peuvent poser le problème de conservation des
semences.

Figure 5: Evolution des valeurs décadaires des variables climatiques (pluie et ETP)

2. Discussion et conclusion
L’alternance des années à 4 saisons et des années à 2 saisons est liée à la situation du
département qui se trouve entre deux types de climat : un climat à 4 saisons au Sud et un
climat à 2 saisons au Nord.
Cependant, la tendance à une égalité entre les proportions des régimes bimodal et
monomodal traduit la manifestation de la migration du régime soudanien I du Nord vers le
sud. Une telle progression a été mise évidence par plusieurs études au niveau national
(Brou et al, 2005) et à l’échelle régionale (Paturel et al.,
1996). Tous les auteurs s’accordent à rattacher ce phénomène à la baisse de la pluviosité
amorcée dès la fin des années 1960. Il serait beaucoup utile de trouver un lien entre
l’occurrence des régimes monomodaux et la baisse de la pluviosité. Cela permettrait une
meilleure lecture des événements pluviométriques dans la zone de Dimbokro. La faible

17
corrélation entre les hauteurs mensuelles rend assez difficiles la gestion des ressources en
eau des mois secs et la planification des activités agricoles. Les différents risques
notamment, interruption des pluies une année sur quatre pendant le mois de mai,
l’occurrence élevée des séquences sèches (20 jours) pendant les périodes humides, sont des
menaces réelles pour le cycle des plantes, la production agricole et les semences. En effet,
en faisant référence aux exigences pluviométriques des principales cultures produites par
les paysans, il ressort que l’hévéa et le cacao sont très exposés aux incertitudes
pluviométriques, ensuite vient l’igname (tableau 1). Les autres spéculations (maïs, manioc,
arachides, riz, anacarde, café) semblent être adaptées aux nouvelles conditions de la
pluviosité actuelle qui prévalent à Dimbokro. En conséquence, la tolérance à la
pluviométrie actuelle est comprise comme la première cause de l’adoption de l’anacarde,
du maintien du café et de l’abandon du cacao par les paysans. La faible proportion de
paysans impliqués dans la culture du riz pluvial et du maïs, le maintien de l’igname et
l’apparition de l’hévéa pourraient être reliés aux causes socio-économiques. En effet, dans
les villages enquêtés de Dimbokro, l’igname et le manioc relèvent des contraintes
culturelles et répondent sauf exception à un objectif d’autoconsommation alimentaire.
L’igname est la principale culture de base de l’alimentation en pays baoulé, mais le manioc
est cultivé depuis longtemps (Chaléard, 1988). Le risque de dégradation de l’igname en cas
de longue conservation incite le paysan à vendre le surplus.

Tableau 2 : Exigences écologiques des principales spéculations agricoles cultivées


dans la région de Dimbokro

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Le maïs est originaire du nord de la Côte d’Ivoire et occupe une place marginale dans
l’alimentation des baoulé (Biarnes et al., 1987). En effet, à l’instar des autres régions
ivoiriennes, le développement de la culture du maïs comme production
d’autoconsommation à Dimbokro est directement imputable à l’arrivée, depuis les années
50, de producteurs originaires du Nord de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Mali. La
faible présence de ressortissants de ces localités dans les villages investigués contribue à
éclairer le faible niveau d’implication des paysans locaux dans cette spéculation. Le risque
de pénurie d’eau tous les quatre ans pendant la 2ème décade d’avril et la 3ème décade de
mai constitue un facteur qui décourage les paysans à cultiver le maïs par ailleurs, malgré la
satisfaction des exigences annuelles en eau.
La présence de l’hévéa dont l’exigence en eau n’est pas satisfaite trouverait sa justification
dans le besoin de diversification de ressources financières. Le manque à gagner des
producteurs de cacao, qui n’arrivent plus à maintenir leurs plantations, est la première
explication de cette évolution.
Le développement d’un élevage centré sur les bovins, les ovins notamment dans la zone
savanicole est corrélé aux conditions écologiques qui s’apparentent de plus en plus au
climat soudanien de type I. Au stade actuel de l’étude, les hypothèses sur les causes de
l’adoption des cultures peuvent être synthétisées comme l’indique la figure 5.
L’intégration de l’analyse du marché et des sols permettrait de confirmer ou d’infirmer
cette diversification mise en évidence dans la présente étude à l’actif des changements
climatiques. Par ailleurs, l’analyse des transformations des pratiques en relation avec les
principaux changements de pluviosité (séquences sèches, réduction de la longueur des
saisons de pluie ou la tendance à un régime de pluie monomodal) permettra d’enrichir
l’étude.

CONCLUSION ET PERSPECTIVES
En s'engageant à l'intérieur d'un projet visant à renforcer les capacités d'adaptation des
populations sahéliennes face aux changements climatiques, notre sensibilité
anthropologique et sociologique de l'environnement nous a menés vers une compréhension
et une description des processus sociaux dans un contexte de changements climatiques.
Mais afin d'être exhaustive, l'analyse devait être intégrante et dépasser les sciences
humaines. La démarche de recherche se voulait donc interdisciplinaire, conciliant les
sciences humaines et les sciences naturelles. C'est par l’interdisciplinarité qu'il a été
possible d'obtenir une compréhension globalisante, et non sectorielle, de la réalité des

19
agriculteurs de la population de Dimbokro. Cette approche englobante a aussi empêché
d'établir une analyse unidimensionnelle et réductionniste de la réalité.

20
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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22
Résumé :
Dans la région de Dimbokro, zone de transition forêt-savane « V-Baoulé », la perception et
la prise en compte des perturbations du régime pluviométrique en rapport avec
l’agriculture pluviale constituent des enjeux majeurs pour l’économie rurale. Le V-Baoulé
connaît une rupture avec la stationnarité dans la distribution pluviométrique depuis 1968.
Cependant, les formes et les conséquences de ce changement en milieu rural sont peu
connues des acteurs.
À travers une démarche intégrant les approches agro-climatologique et socio-
anthropologiques, la présente étude analyse : (i) la dynamique de la pluviosité avant et
après la période charnière de 1968, (ii) les risques auxquels est exposée l’agriculture
pluviale et (iii) les adaptations endogènes en vigueur.
L’approche agro-climatique basée sur l’analyse du bilan hydrique montre que le régime
pluviométrique traditionnellement caractérisé par quatre saisons avant 1968, s’organise
progressivement en un régime à deux saisons. Contrairement à l’hypothèse d’une meilleure
répartition annuelle de la pluviométrie, le changement de régime pluviométrique accroît le
risque de déficit hydrique pour les cultures pluviales, notamment pour la grande saison de
pluie. En effet, l’étude montre que la véritable durée de culture était de 9 décades (2eme
décade d’avril à la 2eme décade de juillet) avant 1968, dans l’hypothèse de l’humidité
résiduelle nulle du sol. Après 1968, la durée de culture est passée à 7 décades (3eme d’avril
à la 3eme de juin) avec un risque d’interruption de pluie tous les 4 ans pendant les mois de
mai. Par ailleurs, l’étude révèle une régularité d’interruption passagère de la grande saison
humide entre 1968 et 2000 avec 36% des années (soit 12 années sur 32) qui enregistrent 20
jours successifs sans pluies pendant cette période. Les risques auxquels s’expose
l’agriculture pluviale en rapport avec les nouvelles conditions pluviométriques sont : la
perturbation du cycle agricole, les pertes de semences, la réduction de rendement.
L’approche anthropologique révèle que les populations du « V-Baoulé » ont une bonne
lecture des changements intervenus dans le régime pluviométrique au regard de leur bonne
appréciation du climat. En termes de mécanisme d’adaptation, cette étude révèle que
l’anacarde et l’hévéa (cultures de rente) remplacent progressivement le cacao en zone
forestière. Dans la partie savanicole, l’arachide et le manioc émergent au détriment du riz
pluvial et du maïs. L’intégration de l’analyse du marché et des sols permettrait de

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confirmer ou d’infirmer cette diversification mise en évidence dans la présente étude à
l’actif des changements climatiques.
Mots-clés : Changement de régime pluviométrique, agriculture pluviale, Dimbokro, Côte
d’Ivoire.

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