Jeunes Agros
Jeunes Agros
Jeunes Agros
ALIMENTAIRE
RÉSUMÉ
J
agros, «Jeunes Agros & Souveraineté alimentaire», est un programme
d’éducation au développement, qui rassemble 5 Hautes Ecoles wallonnes
section agronomique (Haute Ecole Charlemagne, Haute Ecole Condorcet,
Haute Ecole de la Province de Namur, Haute Ecole Louvain en Hainaut, Haute Ecole de la
Province de Liège) et 3 ONG (Aide au Développement Gembloux, SOS Faim et Vétérinaire
Sans Frontières) depuis 2011.
Le but de ce programme est de conscientiser et informer les « Jeunes AGROS » sur les
potentialités que représentent les agricultures familiales, au Nord comme au Sud, et au
droit à la souveraineté alimentaire.
Les étudiants des Hautes Écoles en agronomie sont des acteurs clés du monde rural
de demain. Conscientisés à ces enjeux, ils seront mieux outillés pour revendiquer des
politiques agricoles durables et prometteuses d’avenir et développer des pratiques
agricoles et des habitudes de consommation respectueuses des producteurs ainsi que
de l’environnement.
Pour les partenaires du projet, la pérennité de ce programme passe aussi par l’implication
des enseignants. Or, pour pouvoir traiter de la problématique et aborder les questions
de politiques agricoles avec les étudiants, il est essentiel de disposer d’informations
pertinentes et actualisées.
En 2013, nous avons alors décidé de créer un syllabus détaillé, rassemblant des
informations utiles sur la problématique de la souveraineté alimentaire. Réalisé de
manière concertée avec l’ensemble des partenaires, ce syllabus (version longue et version
courte) devrait permettre aux enseignants de parler de la souveraineté alimentaire de
manière autonome au sein de leur cours. Les ONG restent à leur disposition pour venir
illustrer, de manière ponctuelle, certaines thématiques plus précises.
LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE
Il s’agit du droit des populations et des pays de définir leurs propres politiques
alimentaires et agricoles. Ces politiques doivent être écologiquement,
socialement, économiquement et culturellement adaptées à chaque contexte
spécifique et ne pas menacer la souveraineté alimentaire d’autres pays.
Cette version courte est une version allégée du syllabus qui propose un résumé de chaque
thématique. Comme le syllabus complet, ce document est organisé en 6 chapitres :
6 CHAPITRES
• État des lieux de l’agriculture et de l’élevage mondial
• La souveraineté alimentaire, c’est quoi ?
• Les apports de la souveraineté alimentaire face aux grands thèmes de société :
économie, consommation, environnement, etc.
• Agricultures en crise, facteurs politiques
• Menaces sur la souveraineté alimentaire
• Résistances et Alternatives au modèle agricole industriel
Chaque chapitre comprend une table des matières détaillée, un résumé et un canevas
pédagogique proposant des animations, jeux et/ou exercices afin de rendre le cours plus
ludique. Ce canevas peut être aisément adapté par l’enseignant.
Cette version allégée du syllabus permet d’avoir un aperçu rapide de la problématique, sans
rentrer dans les détails. Elle peut constituer une base de travail pour les enseignants qui
peuvent ensuite faire eux-mêmes une recherche bibliographique plus approfondie. Pour une
information plus complète, le syllabus complet est mis à disposition des enseignants sur ce
site : www.jagros.be. Cette version est plus détaillée et donc plus riche en données, exemples,
informations.
Pour plus d’information, les ONG sont également à la disposition des enseignants. Elles peuvent
également illustrer l’un ou l’autre chapitre par la présentation d’un exemple de terrain ou le
témoignage d’un de leur partenaire du Sud.
CONTACTS
SOS Faim : Clémentine Rasquin – cra@sosfaim.org - 02/548.06.85
Vétérinaires Sans Frontières : Florence Burette – f.burette@vsf-belgium.org – 02/539.09.89
Aide au Développement Gembloux : Gwenaëlle Ninane - gwenaelle.ninane@ong-adg.be
- 081/62.25.75
www.jagros.be
CHAPITRE 1
ÉTATS DES LIEUX DE L’AGRICULTURE
ET DE L’ÉLEVAGE MONDIAL
ÉVOLUTION DE L’AGRICULTURE ET DE
RÉSUMÉ L’ÉLEVAGE AU XXe SIECLE
QUELLES LA FRACTURE
PERSPECTIVES AGRICOLE
POUR L’AGRICULTURE INDUSTRIELLE ?
UNE AUTRE AGRICULTURE
Introduction
AGRICULTURE PAYSANNE
EST-ELLE POSSIBLE ?
Au début du 19ème siècle nous étions à
ÉLEVAGE PAYSAN
peine un milliard sur la planète. Aujourd’hui,
nous sommes près de 7 milliards ! Quelles
sont les raisons de cette croissance
démographique soudaine ?
Nous pouvons expliquer cette augmentation de la population notamment par l’apparition de nombreuses
révolutions agricoles. En 50 ans, la production agricole mondiale a ainsi été 1,6 fois plus importante que
la production totale atteinte en 1950, après 10 000 ans d’histoire agraire. Cela a permis de répondre aux
besoins de plus en plus importants d’une population mondiale grandissante.
Néanmoins, même si en un demi-siècle la croissance de la production agricole a été supérieure d’environ
8 % à celle de la population, elle fut trop inégale pour subvenir convenablement aux besoins de toute
l’humanité.
Dans les pays développés, un nombre toujours plus réduit d’exploitations familiales a réussi à franchir
toutes les étapes de cette révolution agricole. En fin de compte, on retrouve des agriculteurs hyper
équipés et les plus productifs du monde. Ils peuvent produire jusqu’à 2 000 tonnes brutes d’équivalent
céréales par travailleur et par an (200 ha/travailleur × 10 t/ha).
1
En céréaliculture par exemple, la puissance des tracteurs et la superficie maximum
cultivable par un travailleur ont presque doublé tous les dix ans, pour dépasser
aujourd’hui les 200 hectares par travailleur.
Après 50 ans de modernisation, la production agricole mondiale possède une capacité productive
qui devrait être plus que suffisante pour nourrir convenablement les 7 milliards d’humains. Pourtant,
on constate que ce n’est pas le cas. Quel est le prix à payer pour ce type de révolutions ? Quelles en
sont les conséquences ? Et pourquoi n’arrive-t-on pas réellement à nourrir toute l’humanité ?
La fracture agricole
Dans les pays en voie de développement, la révolution agricole contemporaine dotée de tous
ses attributs (en particulier d’une motomécanisation lourde, complexe et très coûteuse) ne s’est
répandue, que dans quelques régions peu étendues d’Amérique latine, d’Afrique du Nord et du Sud,
et d’Asie. Elle n’a d’ailleurs pu être adoptée que par de grandes exploitations privées ou publiques,
nationales ou étrangères qui disposent des capitaux nécessaires, laissant la grande majorité de la
paysannerie sur le côté.
Ainsi, en 50 ans, le rapport de productivité entre les systèmes de culture manuelle les moins performants
du monde et les systèmes motomécanisés les plus performants a été multiplié par près de 60. Un écart
de plus en plus grand se creuse alors entre les différents types d’agriculture.
De plus, cette masse de paysans à la « culture manuelle » est désormais soumise à une concurrence
mondialisée. La majorité d’entre eux voient ainsi progressivement leurs revenus agricoles baisser et se
retrouvent dans l’incapacité d’investir et de se développer. Autrement dit, la baisse des prix agricoles
va d’abord se traduire par un véritable blocage du développement des paysans les moins bien
équipés et les moins bien situés.
Ceci explique pourquoi la paysannerie démunie des régions agricoles pauvres constitue la part la plus
importante des plus de 800 millions de sous-alimentés du monde d’aujourd’hui.
Dans les pays développés, la révolution agricole se heurte aussi à certaines limites et inconvénients.
Les rendements actuels en grains par hectare, ou en litre de lait par vache et par an, semblent aujourd’hui
difficilement dépassables. Les atteintes à l’environnement et à la qualité des produits se multiplient à
cause de différents excès (engrais et produits de traitement, concentration des productions animales,
recyclage d’éventuels déchets organiques malsains dans les aliments composés pour le bétail). Par
ailleurs, l’hypermécanisation, l’exode rural et le rejet du secteur agricole par les jeunes posent des
problèmes en termes d’emploi et d’entretien des territoires.
2
Avec un peu de recul, on se rend aujourd’hui compte que le modèle agricole industriel qui semblait si
prometteur ne pourra pas résoudre les problèmes de la faim et la pauvreté à travers le monde. En
réalité, la production alimentaire industrielle à grande échelle est même nuisible pour la santé humaine.
Elle pollue les sols, l’eau et l’air, contribue au changement climatique, tue la faune et la flore et réduit la
diversité biologique et la fertilité des sols. L’agriculture industrielle a, en outre, contraint des millions de
petits paysans à l’exil entraînant des conséquences sociales désastreuses.
En réponse à ces excès, des formes d’agricultures alternatives (agriculture écologiquement raisonnée,
agriculture biologique, agriculture participant à l’amélioration de l’environnement) se développent ici
et là dans les pays moins industrialisés. Elles sont moins spécialisées mais présentent de nombreuses
qualités. Elles sont plus économes en ressources non renouvelables et soucieuses de l’environnement,
de la qualité des produits et du bon emploi des territoires et des hommes.
Il est donc possible de prendre un chemin différent. Celui d’un développement plus durable qui
renverse la tendance actuelle d’une agriculture industrielle et qui respecte les sociétés et communautés
existantes.
Face à cette agriculture industrielle mondiale, la petite paysannerie des pays du Sud, elle, s’adapte
en permanence. Face aux conditions économiques, écologiques et démographiques changeantes et
souvent difficiles, elle combine sans cesse cultures et variétés, élevages et races, outils, anciens ou
nouveaux. Ceci afin de conduire de nouveaux systèmes de production d’autant plus appropriés que leurs
conditions de production sont peu favorables. Des alternatives sont donc possibles et rentables !
L’agriculture paysanne
Dans les pays en développement, les gouvernements et les bailleurs continuent de porter leurs efforts
vers l’essor d’exploitations qu’ils considèrent comme « modernes », c’est-à-dire souvent capitalistes
(grandes superficies, efficacité, forte maîtrise technique). D’après eux, ce type d’exploitations serait un
bon moteur pour le développement économique de la région ou du pays. A terme, il devrait permettre
de réduire la pauvreté.
Mais les inégalités inhérentes à ce type de développement ne peuvent compenser les bénéfices
éventuels apportés par ces grandes exploitations. En effet, dans ce genre de système agricole, les
bénéfices issus des gains de productivité fournis par les techniques modernes sont réservés au seul
propriétaire terrien, la main-d’œuvre locale étant de facto écartée de ce système de production
agricole. Cela accentue donc les inégalités de revenus à l’intérieur de ces sociétés rurales, entre petites
exploitations familiales et grandes exploitations industrielles. Il apparaît donc primordial, si l’on veut
endiguer la pauvreté rurale, de repenser les politiques d’aide au développement agricole et de les
recentrer sur le soutien aux agricultures paysannes.
3
Les spécificités de l’agriculture familiale font qu’elle est à la fois capable d’assurer la sécurité alimentaire
des personnes qui en dépendent directement, de fournir des marchés locaux et nationaux en forte
croissance et de rapporter des devises internationales en produisant des cultures d’exportation.
Selon des études, la croissance PIB agricole a en effet, en moyenne, quatre fois plus
d’effet sur l’augmentation des dépenses des ménages les plus pauvres que la croissance
non agricole.
L’élevage paysan
L’élevage est une forme de capital naturel qui, pendant des millénaires, a façonné les modes de vie
et les cultures de nombreuses communautés humaines dans le monde. De tout temps l’animal a
accompagné l’homme et aujourd’hui, l’élevage est fondamental pour 1,3 milliard de personnes.
Ces relations de complémentarité sont primordiales. Elles sont d’ailleurs régulièrement évoquées par les
paysans pour justifier la coexistence si fréquente de l’agriculture et de l’élevage. Et ce, malgré certains
problèmes qui peuvent en résulter pour les systèmes de culture et la conduite des animaux.
4
CANEVAS PÉDAGOGIQUE
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
JEUX QUIZZ SUR LA FAIM DANS LE MONDE - OUTIL DÉVELOPPÉ PAR AVSF
5
CHAPITRE 2
LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE,
C’EST QUOI ?
LA SOUVERAINETÉ
RÉSUMÉ ALIMENTAIRE :
DÉFINITIONS
QUELS SONT LES
DIFFÉRENTS PILIERS ?
Évolution de la définition de Y A-T-IL UNE SEULE
souveraineté alimentaire de 1996 à MANIÈRE D’APPLIQUER
2007 : La souveraineté alimentaire, CE CONCEPT?
qu’est-ce que c’est ? EST-ELLE UNE SOLUTION
RÉALISTE ?
La définition du concept de souveraineté
alimentaire a été élaborée pour la première
fois en 1996 par la Via Campesina,
mouvement qui défend le droit des paysans
et des paysannes. Dès lors, elle a été reprise,
modifiée et élargie lors de différents rendez-
2
vous internationaux.
« La souveraineté alimentaire est le droit des peuples à une alimentation saine, dans le respect
des cultures, produite à l’aide de méthodes durables et respectueuses de l’environnement, ainsi
que leur droit à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Elle place les producteurs,
distributeurs et consommateurs des aliments au cœur des systèmes et politiques alimentaires
en lieu et place des exigences des marchés et des transnationales. Elle défend les intérêts et
l’intégration de la prochaine génération ... La souveraineté alimentaire donne la priorité aux
économies et aux marchés locaux et nationaux et fait primer une agriculture paysanne et
familiale, une pêche artisanale traditionnelle, un élevage de pasteurs, ainsi qu’une production,
distribution et consommation alimentaires basées sur la durabilité environnementale, sociale et
économique ... La souveraineté alimentaire implique de nouvelles relations sociales libérées de
toute oppression et inégalité entre hommes et femmes, entre les peuples, les groupes raciaux,
les classes sociales et les générations. »
Ils sont au nombre de six et ont été élaborés lors du forum de Nyéléni, d’un commun accord entre les
différents acteurs présents. Chaque pilier doit être intégré afin d’atteindre une situation de souveraineté
alimentaire.
Non. Au sein même des différents organismes actifs dans la souveraineté alimentaire on observe différents
courants, certains plus radicaux et d’autres plus souples.
Par ailleurs, certains acteurs ont ajouté leurs propres apports à l’interprétation du concept, comme la PFSA
(Plate-Forme Souveraineté Alimentaire) qui a décliné la souveraineté alimentaire en une série de droits
ou encore le COEECI (entité coordinatrice des organisations étrangères de coopération internationale
actives au Pérou) qui perçoit la souveraineté alimentaire comme étant une triangulation Droits-Devoirs-
Compétences.
7
Qu’est-ce que la souveraineté alimentaire n’est pas ?
Oui. Le choix politique relève avant tout de choix politiques. En effet, de plus en plus de pays se
retrouvent en situation de dépendance alimentaire après avoir appliqué la stratégie des avantages
comparatifs prônée par le FMI et la Banque mondiale (voir Chapitre 3). Or, la dépendance accrue aux
fluctuations des prix des matières premières au niveau international maintient ces pays dans une
condition de vulnérabilité et ne leur permet pas de se prémunir des crises internationales. Cependant,
des alternatives au modèle économique dominant existent. La souveraineté alimentaire est atteinte
au niveau étatique dans plusieurs pays mais aussi et surtout au niveau régional ou local. Il n’est plus rare
de rencontrer des exemples de réussite permettant une plus grande autonomie des organisations de
paysans dans la production, la transformation et la commercialisation des denrées alimentaires. Cette
autonomie étant traduite par le recul de la faim, une amélioration des conditions de vie en milieu rural
et un plus grand respect des ressources naturelles.
8
CANEVAS PÉDAGOGIQUE
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
INTRODUCTION
Expliquer brièvement le 2’
déroulement de la séance
et exposer les consignes.
Demander aux étudiants
de prendre note pendant
le film de tous les chiffres
et /ou informations qui les
interpellent.
DIFFUSION DU FILM
9
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
POWERPOINT
DÉBAT
70% de la population qui souffre de la faim sont des petits exploitants et des ouvriers agricoles.
C’est ce que l’on appelle le paradoxe de la faim.
Pour plus d’information voir : http://www.ong-adg.be/spip/IMG/pdf/ra2011v14vf-print.pdf
Plus d’un million de paysans quittent leur exploitation dans le monde chaque semaine.
RÉSUMÉ SOUVERAINETÉ
ALIMENTAIRE ENVIRONNEMENT
COMMERCE INTERNATIONAL
ACCORDS DÉVELOPPEMENT DURABLE
COMMERCIAUX CONSOMMATION LOCALE
PARTIE 1 : LA SOUVERAINETÉ
MODES DE ET DE SAISON
ALIMENTAIRE ET L’ÉCONOMIE
CONSOMMATION
Or, une population rurale mieux nourrie et un redressement économique permettent de relancer
la machine économique interne, remettre le pays à flot et le rendre moins dépendant du marché
international et de ses crises.
1 The High Level Panel of Expert on security food, and nutrition, «Investing in smallholder for food security », Food and Agricultural
Organization, 2012. URL: http://www.fao.org/fileadmin/user_upload/hlpe/hlpe_documents/HLPE_Reports/HLPE-Report-6_Investing_
in_smallholder_agriculture.pdf 11
Quelles sont les différentes phases historiques qui illustrent le rapport entre
souveraineté alimentaire et règles du commerce international ?
1975- Suite aux chocs pétroliers des années 70 et de la crise de la dette qui en a découlé, les
aujourd’hui institutions internationales ont mis en place les programmes d’ajustement structurel
prônant la poursuite de la libéralisation des secteurs agricoles et l’ouverture libre des
marchés, la spécialisation et l’austérité (réduction des aides à l’agriculture). Enfin, la
chute de l’Union soviétique a marqué la victoire du néolibéralisme et la création de
l’OMC dont l’objectif majeur est la dérégulation des marchés (libre concurrence).
Oui, il existe en effet des accords bilatéraux entre pays ou groupes de pays qui ont été négociés en
dehors du cadre de l’OMC. Il existe différents accords tels que les Accords de Partenariat Économique
(APE) ou les Accords de Libre Échange (ALE) liant l’Union européenne à ses partenaires ACP (Afrique-
Caraîbe-Pacifique) ou encore l’Accord de Libre Échange Nord-Américain (ALENA) liant le Canada, les
États-Unis et le Mexique. Ces accords visent l’intégration progressive des pays ACP dans l’économie
mondiale, encouragent le développement durable et la lutte contre la pauvreté. Cependant, ils vont
parfois plus loin dans la libéralisation que l’OMC, ne garantissent pas une diminution de la pauvreté et
sont parfois plus néfastes que bénéfiques aux pays du Sud.
12
Le commerce équitable
« Le commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le
respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial […] ». Le
commerce équitable se base sur 10 normes :
Bien que la souveraineté alimentaire et le commerce équitable aient des objectifs en commun,
tels que l’équité de genre et le droit à des revenus dignes, trois critiques qui remettent leur lien
en question ont été formulées :
• L’ensemble des critères ne peut pas être vérifié.
• Tous les critères ne s’adaptent pas nécessairement à l’ensemble des situations de vie des
acteurs des pays du Sud.
• Les normes du commerce équitable ne favorisent pas nécessairement l’émergence d’un
commerce réellement équitable.
Depuis quelques années et avec l’ère de la consommation de masse, le marché alimentaire s’est fortement
standardisé, déterritorialisé et dé-temporalisé. Ces changements ont ainsi marqué le passage de l’âge
de l’agriculture à l’âge de l’agro-industriel, ce qui a eu des implications autant au niveau environnemental
et social qu’au niveau de la santé. Cependant, il existe à l’heure actuelle différentes alternatives pour une
consommation plus responsable.
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Y a-t-il un lien entre développement durable et consommation alimentaire ?
1. Environnementale
2. Economique
3. Sociale
4. Transparence
Par ailleurs, ces quatre critères sont en phase avec la souveraineté alimentaire et le droit qu’elle véhicule.
Oui et Non. Les principes de respect de l’environnement et de la santé humaine, promus par l’agriculture
biologique sont certainement en phase avec la souveraineté alimentaire. Cependant, les règlements
régissant l’agriculture biologique se concentrent essentiellement sur les techniques de production et
n’englobent pas les questions de savoirs et savoir-faire traditionnels, ainsi que sur les questions de
respect de la main-d’œuvre. Cela permet donc l’existence de systèmes de production alimentaire qui
socialement ne satisfont pas aux droits liés à la souveraineté alimentaire (particulièrement le droit à un
revenu décent et le droit d’accès aux moyens de production). Ainsi, l’agroécologie serait plus en phase
avec les principes de souveraineté alimentaire.
Oui, si les détracteurs de l’AOG (Appellation d’Origine Géographique) la considèrent comme une forme
détournée de protectionnisme, ses défenseurs au contraire, assurent que l’AOG participe avant tout à
la promotion de l´agriculture familiale et au respect de l´environnement afin de mieux répondre aux
attentes des consommateurs d´aliments. Ces principes sont en phase avec la souveraineté alimentaire.
La consommation locale et de saison constitue une alternative concrète qui respecte les principes de la
souveraineté alimentaire car :
Elle favorise une meilleure connaissance quant à l´origine et la qualité des aliments
2 Durable – prenons le temps, « Le PNUD pour un développement durable et équitable ». URL : http://www.durable.com/actualite/
article_le-pnud-pour-un-developpement-durable-et-equitable_1625 14
Elle répond à la logique de disponibilité et d’accessibilité des aliments
Elle assure la réduction du stockage et du transport (avantages économiques et
environnementaux)
Elle limite l’utilisation d’intrants chimiques (production d’aliments adaptés au contexte local
agroclimatologique)
Elle évite que la production vivrière d’un État ne soit consacrée qu’à l’exportation
2. La consommation via les nouvelles formes du commerce local, circuits courts dont les
objectifs sont de :
• Consommer des produits frais, de saison et locaux.
• Utiliser des circuits courts et locaux de commercialisation
• Rapprocher et favoriser les relations de confiance entre les producteurs et les
consommateurs
• Favoriser la consommation de produits issus d´une agriculture mieux
contrôlée au niveau environnemental et sanitaire
• Permettre au petit producteur de planifier les rentrées financières
Non. En effet, bien que les abus et les effets néfastes liés à la surconsommation de viande soient réels,
ceux-ci ne doivent pas cacher qu´un régime alimentaire mixte peut être durable, respecter la nature,
les ressources naturelles et la santé des populations. Une consommation de viande plus en phase avec
la souveraineté alimentaire doit s’inscrire dans la préférence pour une production biologique ainsi que
dans la mobilisation de circuits courts de commercialisation. Elle doit également promouvoir davantage
les systèmes intégrés agriculture-élevage et l’élevage traditionnel.
15
Quel est le rôle de la souveraineté alimentaire dans le domaine socioculturel ?
Par ailleurs, les chaînes de production alimentaire - de la transformation jusqu´au transport, en passant par
la conservation des aliments - deviennent de plus en plus gourmandes en énergie car elles tendent à être
allongées. En outre, le suremballage est un problème supplémentaire, car il favorise une augmentation
des déchets polluants et non renouvelables.
L’agroécologie semble être une alternative cohérente à l’agro-industrie et reste un moyen privilégié pour
atteindre la souveraineté alimentaire car :
Elle promeut une agriculture qui imite le fonctionnement naturel des écosystèmes
Elle favorise le recours à des intrants locaux notamment issus du recyclage des sous-produits
de la ferme
Elle utilise des pratiques permettant de limiter les modifications de la structure naturelle du sol
17
CANEVAS PÉDAGOGIQUE FICHE 1
18
FICHE 2
,, JE SUIS L’OMC
,,
Je suis Pascal Lamy directeur de l’OMC. L’organisation à la tête de laquelle je suis
a été créée en 1994 lors de l’accord de Marrakech. Grâce à mon organisation,
les échanges commerciaux internationaux ont été multipliés par 22 depuis ma
création. Ses deux fonctions principales sont de veiller à la promotion de la
libéralisation du commerce dans le monde et d’arbitrer les conflits commerciaux
entre les différents États. À travers le Cycle d’Uruguay en 1986 mon organisation
s’est finalement intéressée au secteur agricole afin d’apporter un minimum
de règles dans les échanges et les politiques de soutien de chaque État. Mais
mon organisation a introduit des règles différentes pour les pays en voie de
développement. En effet, les accords qui concernent l’agriculture leur assurent
un traitement spécial et différencié qui leur confère des avantages spéciaux et
des exceptions à certaines règles, ainsi que des clauses d’aide. Malgré cela, mon
organisation reste très critiquée et on reproche à ses accords de ne pas profiter aux
pays en voie de développement voire même de leur être néfastes. Les principales
raisons de ces critiques sont que les exportations agricoles des pays du Sud ne
semblent pas avoir évolué. Les accords auraient davantage bénéficié aux pays
industrialisés. Par ailleurs, l’instabilité des marchés internationaux n’ayant pas été
corrigée par la mise en œuvre de l’Accord, la forte hausse des prix a surtout eu des
répercussions sur la facture alimentaire des populations pauvres des pays du Sud.
19
FICHE 3
20
FICHE 4
,,
JE SUIS UN EXPLOITANT BIO EN BELGIQUE
,,
Je suis Pierre, un agriculteur qui se soucie de produire des aliments respectueux de
l’environnement et de la santé humaine. Les denrées que je produis sont certifiées
BIO car je n’utilise ni OGM, ni engrais chimiques. Mes vaches et mes poules sont
élevées en plein air et sont nourries d’aliments essentiellement biologiques.
J’utilise également la pratique de rotation des cultures pour une utilisation plus
durable des ressources du sol. Ainsi, mon mode de production promeut le respect
de l’environnement, le bien-être de l’animal et la confiance des consommateurs.
Nous, les producteurs bio, sommes de plus en plus connus et reconnus dans notre
société. C’est pourquoi les études estiment que le marché des produits issus de
l’agriculture biologique croît de 10 à 15% par an. Bien que la consommation de
produits « bio » évolue significativement, notre mode de production reste tout de
même sujet à questionnement et critiques. Ce qu’on lui reproche surtout, c’est de
ne pas prendre en compte les questions d’importations et d’exportations de nos
produits. Ainsi en Belgique, il est possible d’acheter du « bio » d’Espagne ou de
plus loin encore, ce qui contredit le principe de préservation de l’environnement.
21
FICHE 5
22
FICHE 6
,,
JE SUIS UNE CONSOMMATRICE RESPONSABLE
,,
Je suis Linda, consommatrice responsable. Je choisis les produits que j’achète
en fonction de la saison et de leur origine. Je préfère aller acheter mes aliments
directement à la ferme. Ainsi, je privilégie les aliments produits localement car cela
me permet d’avoir une meilleure connaissance quant à l’origine et la qualité des
aliments que j’achète. Je me sens donc plus proche de mon producteur. Mon mode
de consommation répond à une logique de disponibilité et d´accessibilité des
aliments. Cela comporte aussi des avantages environnementaux et économiques
puisque les étapes de stockage et de transport sont fortement réduites.
En préférant ce mode de consommation, j’encourage la commercialisation
en circuits courts ce qui assure un revenu plus digne pour les producteurs.
23
FICHE 7
24
FICHE 8
,,
JE SUIS UN CONSOMMATEUR DE VIANDE
,,
Je suis Gilles, consommateur de viande. On me dit que la production de viande
a été multipliée par quatre ces dernières années, et que cela est mauvais pour
l’environnement. On m’a également raconté que la production de viande
demande toujours plus de surface, de nourriture pour les bêtes, d’eau et
produit une grande quantité de gaz à effet de serre. Faut-il que je devienne
végétarien pour autant ? Je ne pourrais pas arrêter tout à fait de consommer de
la viande, car celle-ci m’apporte d’importants nutriments tels que les protéines
et des acides aminés, ainsi que du fer. Mais depuis peu, j’ai décidé de réduire
ma consommation de viande à une quantité plus raisonnable, afin de ne pas
contribuer à sa production abusive qui ne fait qu’augmenter au niveau mondial.
25
FICHE 9
26
FICHE 10
,,
JE SUIS UNE AGRICULTRICE SÉNÉGALAISE
,,
Je suis Mariam, productrice de Sorgho (une céréale) au Sénégal. Comme la
plupart des femmes en Afrique, je suis responsable de la sécurité alimentaire
de ma famille et de ma communauté. Ainsi, je suis responsable de la production
de 60 à 80% de la nourriture consommée par les ménages, j’approvisionne
ma communauté à 90% en eau et je participe à près de 60% des récoltes et
de la commercialisation. Malgré ma participation centrale et active dans
l’agriculture, les conditions sociales et juridiques me sont souvent défavorables.
En effet, mon accès aux différentes ressources nécessaires à la production
agricole est souvent limité. L’un des plus grands obstacles auquel je dois
faire face est l’accès à la terre. Le 2ème obstacle est l’accès au crédit, car je
n’ai rien d’intéressant à offrir comme garantie aux banques. Parfois, je n’ai
pas non plus accès à une quantité ou une qualité de nourriture égale à celle
des hommes. De plus, je suis fortement concurrencée par la libéralisation
des marchés car je suis active dans la culture de denrées vivrières. À côté de
l’agriculture, j’assume ce qu’on appelle une double journée, car je suis également
responsable de toutes les tâches reproductives au sein de mon ménage. Je
m’occupe des enfants et des tâches ménagères. Ma participation est centrale
dans la société mais elle n’est souvent pas suffisamment prise en compte.
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FICHE 11
28
FICHE 12
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CHAPITRE 4
AGRICULTURES EN CRISE, FACTEURS
POLITIQUES
La dette est aujourd’hui un obstacle au développement pour les pays les plus pauvres. Plus qu’un
problème financier, c’est un obstacle à la souveraineté des pays concernés. Très faible au début des
années 1960, elle n’a cessé d’augmenter depuis. Or, le montant dû en 1980 a été déjà remboursé 12
fois par les pays en voie de développement (PED). La dette représente une ponction importante de
leurs économies et a des impacts considérables en matière de dépendances vis-à-vis des pays du Nord.
Coloniale : Ce sont les dettes contractées par les anciennes métropoles auprès de la Banque Mondiale
et transférées lors des indépendances à leurs anciennes colonies.
Extérieure publique commerciale : Elle consiste en des prêts financiers privés accordés par les
banques occidentales aux PED.
Extérieure publique bilatérale : C’est-à-dire la dette qu’un pays contracte auprès d’un autre état. Par
exemple à travers les aides liées.
Extérieure publique multilatérale : C’est-à-dire les prêts accordés à des pays par les institutions
financières internationales (IFI) représentant plusieurs pays. Ex : FMI ou Banque Mondiale.
Et plusieurs types de créanciers : des IFI (Institutions Financières Internationales), États, banques
occidentales, fonds spéculatifs.
En 2010, elle représente 1 647 milliards de dollars et ne cesse d’augmenter. Depuis 1980, elle a été
multipliée presque par 5.
30
Pourquoi la crise de la dette apparaît-elle dans les années 80 ?
Avant 1980 Les prêts accordés bénéficient de faible taux d’intérêt. Les pays du Sud utilisaient ces
prêts dans une logique productiviste, afin d’exporter plus et pouvaient ainsi récupérer
des devises pour rembourser et investir.
Après 1980 Augmentation brutale des taux d’intérêt et baisse du prix des matières premières.
Difficultés pour les pays du Sud d’exporter à bon prix. Ils ne récupèrent plus
suffisamment de devises leur permettant de rembourser les prêts contractés. Certains
pays ne peuvent plus rembourser
Elle est un obstacle au développement. Les pays débiteurs utilisent leurs ressources à
rembourser cette dette.
Certains considèrent qu’il s’agit d’une dette « injuste ».
• Certains prêts ont été accordés par les pays occidentaux en servant leurs
intérêts politiques et commerciaux (aide liée: « je te prête de l’argent, à
condition que tu achètes mes produits »).
• Elle est qualifiée d’ « inéquitable » par certaines organisations qui
mentionnent que les populations des pays concernés n’ont jamais profité
des prêts accordés (détournements). Il est injuste de les tenir responsables de
l’action de leurs gouvernements (compte tenu du faible niveau de démocratie
interne).
À cause des taux d’intérêt élevés et des nouveaux prêts contractés pour rembourser les anciens
(effet boule de neige et cercle vicieux de la dette), la dette des PED est aujourd’hui supérieure aux
prêts réellement reçus. La dette est par conséquent un important bénéfice pour les créanciers.
De quelles façons les prêts sont-ils utilisés par les pays du Sud ?
Les prêts ont principalement servi les intérêts d’un petit nombre d’entreprises et d’États occidentaux qui
y ont trouvé des débouchés. Ils ont été utilisés dans beaucoup de cas :
31
Est-ce que les prêts sont exempts de conditions ?
Non. Depuis le début de la crise de la dette dans les années 80, les prêts accordés par les IFI sont
conditionnés par des taux d’intérêt forts et des Plans d’Ajustement Structurel (PAS). Il s’agit de
réformes économiques que les PED doivent engager dans leur pays pour pouvoir obtenir de nouveaux
prêts. On parle de « recette ultralibérale » car ces plans correspondent toujours au même schéma.
Ils ont pour objet l’intégration des pays en développement dans l’économie du marché mondialisé.
L’endettement permet d’obliger des pays à engager des réformes libérales dans leurs économies, sous
couvert de prêts.
Quels sont les impacts des PAS sur les pays concernés ?
Ils ont des effets sociaux considérables, fruits du démantèlement des structures économiques locales
et de l’affaiblissement de l’État et se traduisent par une réduction des politiques sociales, sanitaires et
éducatives.
La dette et les politiques économiques des PAS vont à l’encontre de mise en place de politiques agricoles
adaptées dans les PED. Cela affecte leur souveraineté alimentaire. On observe notamment les effets
négatifs suivants :
Réduction des cultures vivrières. Pour répondre aux exigences des PAS et faire rentrer des
devises, les PED vont mettre en place des cultures de rente, c’est-à-dire vouées à l’exportation
(exemple : coton, café, cacao, sucre). Ces produits vont être ensuite transformés dans les pays
occidentaux et parfois exportés de nouveau dans les PED (ou ailleurs) à un prix plus élevé.
32
Abandon des subventions aux produits et services de première nécessité (pain, riz, lait, sucre,
combustible) mentionnée dans la clause des PAS.
Réduction des dépenses des services publics d’appui au développement agricole et rural
(vulgarisation, recherche, fourniture d’intrants, commercialisation…)
La dette fonctionne comme un mécanisme auto-entretenu d’aggravation de la pauvreté, elle place les
pays du Sud dans une dépendance perpétuelle à l’égard des pays du Nord.
PARTIE 2 : OMC
L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a été créée lors de l’accord de Marrakech le 15 avril
1994. Héritière du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ou General Agreement
on Tariffs and Trade), elle s’est imposée comme une organisation clé dans l’architecture économique
internationale. Elle est au cœur des débats, que ce soit dans les relations Nord-Sud ou au sein de la
société civile. Depuis la création du GATT et de l’OMC, entre 1950 et 2000, le total des échanges dans
le monde a été multiplié par 22.
L’organisation compte 159 États membres, plus une trentaine de pays et sept organisations
internationales avec le statut d’observateur.
L’OMC comme le GATT a été développé à travers plusieurs cycles de négociations commerciales.
Les décisions peuvent être prises soit au niveau des ministres, soit au niveau des ambassadeurs ou des
délégués.
Les accords de l’OMC constituent des règles juridiques de base du commerce international. Ils sont
au cœur d’un système commercial multilatéral. Ils énoncent les principes de libéralisation et les
exceptions autorisées.
33
Ils obligent d’un côté les gouvernements à maintenir leur politique commerciale à l’intérieur de limites
convenues et d’un autre à garantir aux pays membres des droits commerciaux.
Ils sont négociés et signés par la majeure partie des puissances commerciales du monde et ratifiés par
leurs parlements.
Jusqu’alors, on considérait que ce secteur faisait état d’exception et pouvait bénéficier de protections
importantes et de politiques intérieures fortes.
En 1986, l’agriculture est intégrée dans les négociations du Cycle d’Uruguay (1986-1994). Ce changement
fait suite à des tensions entre plusieurs pays exportateurs agricoles concernant les subventions aux
exportations. Il s’agit d’apporter un minimum de règles dans les échanges et les politiques de soutien
de chaque État. Cette inclusion de l’agriculture est officialisée par l’Accord sur l’agriculture le 1er juillet
1995.
Il vise à limiter les recours à des politiques agricoles qui freineraient les échanges internationaux de
produits agricoles.
Il est construit autour de trois piliers, principaux domaines visés par les négociations sur l’agriculture :
Oui. Dans le cadre de cet accord, l’OMC prévoit en faveur des PED :
34
Accords sur l’agriculture : quels résultats pour les PED ?
Les soutiens les plus accessibles aux PED (ceux qui ne sollicitent pas le budget de l’État) sont
fortement réduits à cause de cet accord qui impose des contraintes budgétaires importantes.
Les exportations de produits agricoles des PED et PMA n’ont pas progressé.
Cet accord semble avoir profité davantage aux exportations agricoles des États-Unis et de
l’Union européenne. Leurs exportations vers les PMA se sont accrues. Il s’agit d’un bénéfice à
sens unique.
Oui. Les économies agricoles des PED sont plus vulnérables car elles sont dépendantes d’importations
nettes de produits alimentaires. Or, l’instabilité des marchés internationaux n’a pas été corrigée par la
mise en œuvre de l’Accord. La forte hausse des prix a eu des répercussions sur la facture alimentaire des
populations de ces pays. Les consommateurs des PED n’ont pas eu les moyens de s’adapter à une telle
fluctuation de prix.
Le traitement spécial et différencié s’est avéré inefficace pour répondre aux besoins
des PED.
Ces nouvelles négociations intégrées au sein du nouveau cycle de négociations de Doha (depuis 2001),
consacrent une grande part au secteur agricole. Elles en rappellent les trois piliers évoqués précédemment
et se posent trois questions :
Oui et Non. Il existe un clivage Nord-Sud, mais de nature plus politique (au niveau des moyens alloués
à l’agriculture). Dans la réalité les clivages sont plus subtils que ça. Chaque pays ou bloc peut être classé
selon trois axes :
1. Le degré de développement
2. Le recours ou non aux subventions internes
3. L’ouverture douanière
35
Conclusion
• Il s’agit plus d’un clivage entre importateurs / exportateurs que Nord / Sud.
• Les PED ne forment pas un bloc. Des intérêts divergents existent aussi au Sud.
• Les flux commerciaux existent aussi dans un axe Sud-Sud et tendent même à croître
davantage que les exportations Sud-Nord.
• Les pays du Sud protègent davantage leurs agricultures que les pays du Nord (protections
tarifaires, politiques agricoles).
PARTIE 3 : La PAC
Figurant dès 1957 dans le traité de Rome, la Politique Agricole Commune (PAC) n’a été mise en place qu’en
1962 et reflète, à cette époque, la nécessité d’augmenter la production alimentaire en Europe. Très
rapidement, elle atteint l’objectif principal qui lui était assigné : garantir l’autosuffisance alimentaire
de la Communauté européenne.
Les États de l’UE présentent des intérêts distincts concernant le secteur agricole. Ces divergences
rendent les négociations difficiles lors des réformes de cette politique. L’élargissement de l’UE en 2004
a accentué ces différences par le doublement de la surface agricole et la hausse de 70% du nombre
d’agriculteurs. Une nouvelle réforme de la PAC a été adoptée en 2013, qui entrera en vigueur à partir du
1er janvier 2014.
Aujourd’hui, ce secteur représente environ 39 % du budget. Les fonds de l’UE alloués à l’agriculture sont
en baisse, puisqu’en 1985, ils atteignaient 70% du budget !
36
Quels sont les trois grands principes qui régissent cette politique ?
Une Organisation Commune des Marchés agricoles (OCM) qui a pour fonction d’établir des
règles et réglementations communes afin de garantir la stabilité des marchés sur les différents
produits.
Des mesures de soutien au marché pour certains secteurs ou en cas de crises économiques
(« filet de sécurité ») : subventions, quotas, aides…
Non, car il existe des liens financiers entre ces deux secteurs et des possibilités de transferts de
financement du premier pilier (budget le plus important) vers le second.
37
Quelles sont les grandes orientations pour la PAC après 2013 ?
La nouvelle réforme réaffirme les objectifs initiaux de la PAC, notamment à travers ses deux piliers. Elle
entend mettre en place des instruments pour :
Garantir un cadre stable pour aider les agriculteurs à faire face à la volatilité des prix et leur
assurer un revenu équitable ;
Rendre la PAC plus efficace et simplifier les mécanismes de gestion des marchés ;
Mettre l’accent sur les aides dans les régions aux conditions difficiles ;
Encourager les jeunes agriculteurs à s’investir dans le secteur agricole. Il s’agit de rendre
la profession plus attractive, avec davantage de perspectives à long terme pour attirer de
nouvelles générations vers les professions agricoles.
Au préalable, la réforme de la PAC avait pour ambition d’être plus verte. D’un côté une des mesures phares
concerne l’allocation de 30% du budget du second pilier vers des mesures agroenvironnementales.
Mais d’un autre côté, face aux divergences des différents États et après négociations, certaines
mesures sont devenues facultatives et laissées à l’appréciation de chaque État membre.
La PAC a choisi de favoriser une agriculture intensive, industrielle à travers de grandes exploitations
et se veut dans le même temps « plus verte ». Or, cette ligne d’orientation productiviste a des impacts
sociaux et environnementaux :
• Réduction du nombre d’exploitations ;
• Inégalité de revenus des agriculteurs ;
• Difficulté d’accès aux moyens de production (foncier, ressources naturelles, outils…) ;
• Sur l’environnement et les ressources naturelles (assèchement des nappes phréatiques,
inondations provoquées par le ruissellement des eaux que plus rien ne retient, pollution par
les nitrates, contamination des aliments ...) ;
• Sur les systèmes de production.
38
La mise en place d’un modèle de production intensif a permis :
• une hausse rapide de la production alimentaire
• mais a contribué à la marginalisation du modèle agricole paysan et contrecarre les
efforts en faveur de l’environnement.
• Une surproduction de certains produits, qui implique le recours à des politiques de soutien à
l’exportation et d’aides alimentaires afin de gérer l’écoulement des excédents.
• L’absence d’instruments de protection; l’écoulement de cette surproduction a un impact
important et non maîtrisé sur les autres producteurs dans le monde.
• Des problèmes sociaux et environnementaux, qui conditionnent la durabilité de la
production agricole.
• La promotion d’une agriculture productiviste non durable.
PARTIE 4 :
CRISES ALIMENTAIRES
La flambée des prix alimentaires de 2008 et 2012 a engendré une augmentation du nombre de
personnes souffrant de malnutrition à travers le monde. Ces crises alimentaires sont d’autant plus
interpellantes qu’elles touchent en premier lieu les paysans, à savoir des personnes qui sont
en lien direct avec la nourriture. La hausse des prix des denrées de base affecte directement les
populations du Sud qui sont devenues de plus en plus dépendantes des produits d’importation à cause
du désinvestissement de leur État dans le secteur agricole. Revenir sur les causes de ces crises, c’est
tenter de comprendre l’engrenage dans lequel de nombreuses populations du Sud sont prises; avec
des producteurs qui se détournent de leur activité agricole car elle n’est pas assez rémunératrice et
deviennent ainsi des consommateurs nets de denrées alimentaires. À l’échelle du pays, cela engendre
une très forte dépendance aux produits d’importation et donc une vulnérabilité par rapport aux
fluctuations des prix de ces produits.
39
Pourquoi existe-t-il un déséquilibre entre l’offre et la demande ?
La perspective d’une pénurie de pétrole a des répercussions sur la production agricole sur deux points.
Certaines entreprises d’agrobusiness ont perçu la manne économique que représentait la production
de carburant à partir de certaines denrées alimentaires. Elles ont obtenu de certains États qu’ils
subventionnent l’industrie des agrocarburants.
Conséquences :
• Production agricole destinée à la fabrication de carburants et non à la production
alimentaire
• Part croissante des terres destinées à la production d’agrocombustibles
• Des produits agricoles essentiels pour l’alimentation sont exclus du secteur
alimentaire au profit de productions destinées aux agrocarburants ;
• Baisse de l’offre
• Hausse des prix ;
La hausse du prix du baril a des répercussions sur le coût des intrants. En effet, l’agriculture intensive
est fortement dépendante d’intrants fabriqués à partir du pétrole. Cela induit une augmentation
des coûts de production agricole qui se reflète dans les prix des produits agricoles finaux.
40
Quelles sont les contraintes qui pèsent sur la production agricole dans les PED ?
Le peu d’intérêt porté au secteur agricole dans les PED (carence en matière d’investissements et de
soutien aux agriculteurs) affecte directement les agricultures de ces pays.
Le soutien au secteur agricole suppose aussi de disposer de recettes publiques. Or, l’aide publique au
développement (APD) apportée aux PED pour l’agriculture est en recul. Elle était de 16 % en 1980 et de 3 %
en 2006.
Dans un monde globalisé, les politiques agricoles des pays industrialisés ont des impacts sur les
agricultures des PED. La mise en concurrence sur le marché mondial de l’agriculture locale des PED
avec l’agriculture subventionnée des pays les plus riches engendre un décalage sur le marché mondial
entre ces deux agricultures.
En une vingtaine d’années, des PED qui étaient traditionnellement des exportateurs de produits
alimentaires sont devenus des importateurs nets de produits alimentaires. Ce phénomène est le
résultat d’une libéralisation rapide de leurs agricultures, causée notamment par les plans d’ajustement
structurel (PAS) imposés par les institutions internationales en échange de prêts. La politique du libre-
échange et d’ouverture des marchés met en concurrence des produits agricoles issus de contextes de
production très différents. Plus encore, certains produits bénéficient de subvention à l’exportation et
sont ainsi moins chers sur des marchés extérieurs que les produits locaux de ces marchés. Cette pratique
1
de concurrence déloyale est appelée « dumping ».
Le phénomène spéculatif n’est pas nouveau dans le monde agricole. Les acteurs de la filière agricole
spéculent depuis toujours. Cependant depuis une dizaine d’années, de nouveaux acteurs sont apparus.
Il s’agit d’acteurs financiers qui ne sont pas liés au secteur agroalimentaire et jouent pourtant sur les cours
des matières premières (y compris agricoles) en vue d’en tirer profit. Ces acteurs financiers sont des
banques, fonds de placement, caisses de retraite. Ces derniers ne voient dans la production agricole que
de simples actifs financiers. Cela déstabilise les marchés et impacte directement le cours des matières
premières agricoles.
Si l’on prend les crises de 2008 et 2012, on s’aperçoit que les facteurs sont toujours les mêmes, mais
qu’ils jouent un rôle plus ou moins important en fonction de chaque crise (agrocarburants, spéculation
financière, influence du prix du pétrole).
Par exemple en 2012, à la différence de 2008, les effets négatifs du changement climatique se sont
fait plus sentir, notamment par une sécheresse importante aux USA (plus grand exportateur de soja et
blé). Cet aléa climatique couplé à un dollar fort a eu un impact sur la hausse du prix des aliments à
l’importation.
L’instabilité des prix agricoles a des conséquences sur les revenus des paysans. Ils sont touchés d’une
double façon :
L’aide alimentaire d’urgence en tant que moyen à court terme, répondant à une demande
précise. Et ce, afin de ne pas porter préjudice à la production intérieure et ne pas fausser les
échanges.
L’installation de stocks agricoles et alimentaires. Ils ont un rôle majeur à jouer pour stabiliser les
prix des matières premières agricoles et lutter contre l’insécurité alimentaire internationale et
la famine.
L’instauration de droits de douane et de mesures protectionnistes pour rendre la compétition
des produits importés moins défavorables pour les produits locaux;
Instaurer une véritable politique de prix pour garantir des prix stables;
Renforcer le soutien au secteur agricole dans les PED
• Adopter des mesures appropriées respectant la souveraineté alimentaire de chaque
État aux niveaux national et international;
• Développer des mécanismes de coopération au sein des pays;
• Favoriser l’agriculture durable et biologique.
Favoriser des politiques de coopération de développement Sud-Sud (organisations régionales
ou sous-régionales, accords bilatéraux), afin d’offrir un espace d’échange avec des conditions
mutuellement avantageuses pour tous les acteurs.
Appliquer les principes défendus par la souveraineté alimentaire afin de permettre à chaque
pays de pratiquer la politique agricole et alimentaire adaptée à son contexte en soutenant
mieux ses producteurs.
42
En quoi la souveraineté alimentaire peut-elle être une solution à ces crises ?
Nous l’avons vu, les crises alimentaires mondiales pourraient être évitées par des politiques adaptées en
soutien au secteur agricole. Le problème n’est pas la production mais l’accès à ces produits agricoles
pour ceux qui en ont besoin. Cet accès est difficile lorsque les prix des denrées alimentaires grimpent et
deviennent donc inabordables pour une large part de la population.
La souveraineté alimentaire revendique le droit pour un pays ou une population de choisir sa politique
agricole et alimentaire. Dans ce sens, un pays pourrait choisir d’instaurer des taxes aux produits importés
afin de mieux soutenir les produits locaux. Ce soutien aux produits locaux, permet aux producteurs de
gagner leur vie et donc de bénéficier d’un certain pouvoir d’achat. Autre mesure possible que pourrait
prendre un État est de garantir des prix stables afin de sécuriser l’accès à l’alimentation de sa population.
Ces mesures de soutien sont liées à la politique agricole et alimentaire et en accord avec le droit à
l’alimentation dont bénéficie chaque personne.
Le lait qui était proche de 30 euros la tonne en 2006, a grimpé fin 2007 jusqu’à 42 euros. Peu à peu la
conjoncture a changé et si on parlait autrefois « d’euphorie » aujourd’hui on peut considérer que le cours
du lait est en pleine déprime.
Ainsi, 2009 a été marquée par une crise laitière, suivie par une grève du lait des producteurs de cette
filière. Dans la filière laitière, il existe toujours une crise saisonnière au printemps puisque le lait y
est généralement payé moins cher. Cependant la particularité de cette crise réside dans son aspect
structurel. Il s’agit d’une véritable crise de fond provoquée par la forte baisse des prix du lait impactant
particulièrement les petits et moyens éleveurs qui, devant ces difficultés, abandonnent petit à petit
leurs exploitations. Ainsi, la crise du lait n’est pas seulement une “crise des prix” mais aussi une crise du
modèle agricole résultat des politiques gouvernementales poussant à une agriculture et à une production
intensive et insoutenable dans la durée.
Quelles sont les causes macroéconomiques des variations des cours du lait ?
Une réforme de la PAC en 2003 qui prévoyait une baisse du prix d’intervention de la poudre de
lait de 15 % et du beurre de 25 % sur les cinq années suivantes. L’objectif était de rapprocher
les cours européens des cours mondiaux. Mais cela a surtout contribué à condamner les
exploitations les plus fragiles.
Une fluctuation des prix due à :
• Une demande croissante de cultures destinées aux agrocarburants, qui a fait
monter le cours de plusieurs denrées : maïs, blé, orge ...
43
• La spéculation sur les cours des matières premières qui a tendance à amplifier les
mouvements à la baisse et à la hausse. (On peut désormais acheter des produits
dérivés qui permettent de « jouer » sur la hausse ou la baisse du pétrole, blé, or).
Une croissance de la demande mondiale, due à la montée en puissance des pays émergents
et à la croissance démographique.
Des aléas climatiques : incendies en Australie, sécheresses en Russie et aux États-Unis ...
Non. Il s’agit également de choix politiques, à savoir l’abandon progressif des régulations publiques.
Jusqu’au début des années 2000, le secteur laitier fut le secteur agricole le plus régulé. Tous les leviers
de l’action communautaire étaient sollicités, à savoir :
On a assisté à un emballement du système suite à une crise des quotas pour deux raisons :
Les crises des années 80 (un million de tonnes de beurre stocké finalement livré presque gratuitement à
l’URSS) ont conduit à une refonte totale du système et à l’abandon des régulations publiques.
2 C’est-à-dire un encadrement, des limites de quantités de lait fixées par an et par État membre. Le dépassement des quotas donnait
lieu au paiement de pénalités financières. 44
En quoi a consisté cette transformation radicale ?
Conséquences :
La baisse de revenus des éleveurs qui en a résulté a été compensée par des aides directes aux
revenus, transformées en 2003 en droit de paiement unique (DPU);
La PAC en diminuant les aides aux agriculteurs a rapproché les cours européens aux cours mondiaux.
Conséquence : de 2001 à 2006 le prix du lait au producteur a diminué de 13.7%. Cette politique a :
• condamné les exploitations les plus fragiles
• et de fait engendré une diminution de la production européenne dans son ensemble.
Quelles ont été les conséquences du passage d’un système réglementé au libre
marché ?
Le passage d’un système à un autre a été brutal. Deux phénomènes sont apparus.
45
Quelles sont les solutions envisageables, les alternatives possibles à cette
crise ?
• Maintenir et développer dans toutes les régions laitières une production paysanne durable,
basée sur des fourrages locaux ;
• Les prix du lait à la production doivent couvrir les coûts de production, en incluant la
rémunération du travail ;
• Interdire toute aide à l’exportation et autoriser chaque pays ou union à introduire des droits
de douane pour protéger leur propre production laitière ;
• Maintenir des normes élevées d’identité pour les produits laitiers afin de garantir l’intégrité
de la définition du lait et empêcher le dumping de produits de substitution bas de gamme.
En Belgique ?
Environ 500 agriculteurs issus de toute la Belgique sont actuellement membres de Faircoop, une
coopérative qui a vu le jour fin 2009 dans l’Est du pays dans le but de commercialiser des produits laitiers
à un prix équitable sous la marque Fairebel. C’est une des réponses que les producteurs laitiers apportent
face à la baisse des prix du marché du lait contre laquelle ils protestent.
46
CANEVAS PÉDAGOGIQUE
PARTIE 1 :
« DETTE ET DÉPENDANCES »
47
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
Etablir des liens entre la Illustrer la vidéo par deux Feuilles en annexe
crise argentine et la crise en témoignages d’Argentins à photocopiées en fonction
10’
Europe. faire lire aux étudiants (voir en du nombre d’élèves.
annexes)
APPROFONDISSEMENT
Comparer avec l’austérité en Vidéo du film Debtocracy sur Capsule vidéo : 3’27
Europe. la crise en Grèce. www.youtube.com/
Établir un lien avec la watch?v=uIYm1xeejvo
souveraineté et la perte (27 :18 à 30 :45)
d’indépendance.
RESTITUTION / DÉBAT
Ouverture et présentation
du CADTM et de ses
revendications.
• A l’issue de l’audit,
annulation des dettes
reconnues illégitimes, illégales
ou odieuses de la dette.
48
ANNEXE CANEVAS PÉDAGOGIQUE PARTIE I
TÉMOIGNAGES
Avec les restrictions de retraits bancaires, il a fallu se serrer la ceinture. Moi je touchais
mon salaire en pesos, mais en province, les salaires étaient versés dans des monnaies de
substitutions, des pseudo monnaies qui valaient moitié moins et dont personne ne voulait. Le troc
s’est développé. Beaucoup de personnes ont été exclues du système parce que les entreprises
où elles travaillaient fermaient.
Ce qui se passe en Grèce est douloureux car une partie importante de la population est
marginalisée. Cette crise est aussi européenne et elle repose sur des politiques utilisant l’emploi
comme variable d’ajustement.
Ma vision du monde n’a pas changé depuis 2001 : l’Argentine est un pays du tiers monde qui doit
avancer sur le chemin de l’unité latino-américaine. L’Europe et les États-Unis veulent acheter
,,
nos matières premières bon marché et nous vendre leurs biens manufacturés, sans se soucier
,,
de l’endettement que cela provoque chez nous ».
49
on y fabriquait aussi des bons qui servaient de monnaie.
J’ai toujours pensé que l’Argentine allait se remettre de cette crise et c’est ce qui s’est passé.
Il est vrai aussi que beaucoup d’Argentins ont basculé, certains en sont morts. Il y a eu de
nombreux cas d’infarctus, d’accidents vasculaires cérébraux et même de suicides. Mais dans ce
pays, la confiance dans les banques est faible et nous étions nombreux à avoir gardé de l’argent
sous le matelas. J’en suis et c’est ce qui m’a permis de m’en sortir.
En tant qu’avocat, j’avais aussi beaucoup de travail car il a fallu changer toutes les transactions
en cours ou à venir qui étaient libellées en dollars. Aujourd’hui, je pense que l’Argentine est plus
solide et les Argentins sont mieux préparés en cas de crise, même si l’organisation politique du
pays est restée identique et que les dirigeants politiques sont les mêmes.
2001 nous a laissé les « piqueteros », à l’origine des chômeurs qui bloquent les routes pour
protester. Aujourd’hui, d’autres mouvements sociaux utilisent la technique du barrage. A
Buenos Aires, il y a au moins cinq barrages par jour ! »
,,
,,
« Depuis, je ne dépose plus
d’argent à la banque »
PARTIE 2 : OMC
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MISE EN PRATIQUE MATÉRIEL
INTRODUCTION
APPROFONDISSEMENT
50
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
MISE EN PRATIQUE
• Analyser les enjeux des La vidéo précédente datant Articles en Annexes 40’
négociations. de 2011 et évoquant 2013 sur l’OMC.
comme date butoir, l’étude Mis à jour janvier 2014.
• Percevoir les raisons qui
de l’actualité permet de se
font que le cycle de Doha est
concentrer sur une étude de Possibilité aussi d’extraits
considéré comme un échec.
cas plus précis. de débats.
• Pouvoir effectuer des liens Voir « aller plus loin » dans
1. Distribuer des articles
entre l’OMC et souveraineté le cours.
d’actualité variés sur
alimentaire.
l’OMC. De préférence en
rapport avec l’agriculture
et / ou les PED.
2. Travail en sous-groupe.
Chaque groupe doit
effectuer un résumé,
dégager les idées clés de
l’article et préparer une
petite présentation.
RESTITUTION / DÉBAT
CONCLUSION
51
?
ANNEXE CANEVAS PÉDAGOGIQUE PARTIE 2
1
Articles d’actualité sur l’OMC
52
douane et de quotas, tous les produits dont 25 % de la valeur ajoutée aura été générée sur leur
territoire.
Enfin, le dossier agricole a fait l’objet de plus âpres marchandages. New Delhi est sorti vainqueur
du bras de fer avec Washington. Celui-ci ne voulait pas entendre parler de la demande de l’Inde de
constituer des stocks de denrées de base, pour des motifs de sécurité alimentaire, en les achetant
à ses agriculteurs à des prix supérieurs à ceux du marché, et bien au-dessus des 10 % autorisés par
l’OMC, pour ensuite les revendre à perte. Les États-Unis et le Pakistan ont fini par accepter cette
entorse au principe de la disparition des subventions agricoles, à condition qu’elle ne dure pas plus
de quatre ans et, surtout, qu’elle ne serve pas à déstabiliser les marchés mondiaux.
Un bémol cependant : l’accord ne couvre que 10 % des sujets inscrits au programme du cycle
de Doha. Par exemple, les subventions américaines et européennes à la culture du coton, qui
perturbent les producteurs africains, feront l’objet de discussions deux fois par an, mais aucune
date n’a été fixée pour boucler cette négociation. Et ni les produits industriels ni les services n’ont
été abordés.
Léthargie
Cet accord était néanmoins indispensable pour tirer l’OMC de sa léthargie, après cinq échecs
depuis 2001. Si la conférence de Bali avait été incapable de publier un texte, la crédibilité de
l’organisation et sa capacité à réglementer le commerce mondial en auraient été sérieusement
affectées.
S’ils veulent que l’OMC retrouve son dynamisme, ses membres devront procéder à un véritable
aggiornamento. De nombreux sujets doivent rejoindre les préoccupations de l’organisation ;
car le respect des droits sociaux, la protection de l’environnement, les embargos à l’exportation,
les normes techniques ou les fluctuations des cours des devises perturbent les règles de la
concurrence plus gravement que les droits de douane ou les subventions.
Source : Alain Faujas in Jeune Afrique - Jeudi, 26 décembre 2013 – en ligne : http://economie.jeuneafrique.com/regions/
international-panafricain/20957-un-petit-pas-pour-lomc.html
53
des échanges entre pays développés et pays émergents, relancées le 21 juillet dernier, sont
retombées, dimanche, sur leur éternelle pomme de discorde : l’agriculture.
Proposant de réduire leurs subventions dans le secteur de 70% et 80% respectivement, les États-
Unis et l’Union européenne exigeaient en retour l’adoption d’un « mécanisme spécial de garantie
», en anglais Special Safeguard Mechanism (SSM) par les pays émergents.
Celui-ci permettrait à ces derniers d’augmenter les tarifs douaniers de 15% sur les produits
agricoles, dès lors que leurs importations dépasseraient les 40%. Un taux jugé beaucoup trop
élevé pour les représentants indiens qui ont exigé qu’il soit ramené à 10% afin que leurs petits
agriculteurs puissent survivre. En adoptant cette position, l’Inde a entraîné avec elle de nombreux
pays –dont la Chine- ce qui lui a attiré les foudres de plusieurs pays développés de l’OMC, dont les
États-Unis. Le ministre indien du Commerce Kamal Nath a cependant assuré que s’il ne souhaitait
pas « bloquer l’accord », il était hors de question de « négocier la survie d’agriculteurs pauvres ».
Le secteur agricole indien, qui concerne 60% de la population active, est en effet constitué à
80% d’agriculteurs possédant moins d’un hectare de terre. Encore largement traditionnelle,
l’agriculture indienne souffre d’un retard cruel en matière de mécanisation et reste peu productive
par rapport aux autres pays.
A titre de comparaison, l’Inde ne produit que 2,9 tonnes de riz par hectare, alors que la Chine
et la Corée du Sud en produisent 6,3 tonnes et 6,8 tonnes respectivement. Plusieurs problèmes
majeurs subsistent. La plupart des canaux d’irrigation du pays sont bouchés et 60% du territoire
cultivable est à la merci de la mousson. L’offre alimentaire stagnante ne subvient désormais plus à
une demande qui augmente.
Selon le gouvernement indien, la production agricole indienne croît de 1,2% par an, alors que la
population, elle, a atteint un taux annuel de 1,9%. Ce décalage a entraîné une inflation des prix de
près de 6%. L’endettement touche un agriculteur indien sur deux et en aurait poussé plus de 85
000 au suicide entre 2001 et 2005.
Si l’Inde venait à favoriser les importations et abaisser ses barrières douanières sur les produits
agricoles, il y a fort à parier que la vaste majorité de ses agriculteurs verrait ses revenus chuter. Il
est en effet douteux que l’Inde puisse rattraper son retard et concurrencer des pays bénéficiant
d’économie d’échelle, d’une agriculture mécanisée, de subventions d’État plus importantes et
d’un climat plus clément.
La fin subite du protectionnisme aurait donc certainement des conséquences désastreuses
pour les petits agriculteurs indiens qui, à court et moyen terme tout du moins, ne pourront être
absorbés dans d’autres secteurs de l’économie.
Dans ce contexte, il est plus facile de comprendre l’intransigeance de l’Inde et d’autres pays
émergents sur l’agriculture, devenue la clé de voûte de ce cycle de négociations de Doha, qui
stagne depuis maintenant sept ans.
54
PARTIE 3 : La PAC
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
ACCROCHE
55
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
RESTITUTION
Débat et rebondissement
du professeur sur les piliers,
mécanismes et objectifs de
la PAC. Interactions avec ce
que les élèves ont retenu de la
mise en pratique précédente.
Etablir des liens entre cette Projection d’un entretien avec Capsule vidéo : www.
sous-partie et le reste du Stéphane DESGAIN du CNCD, youtube.com/watch?v=_
7’34
chapitre, notamment la sur le lien de la PAC avec la dz3axetsjY
souveraineté alimentaire et souveraineté alimentaire et le
les enjeux mondiaux. Sud (en ligne)
CONCLUSION
56
ANNEXE CANEVAS PÉDAGOGIQUE PARTIE 2
Ligne du temps
Disponible en ligne : http://agriculture.gouv.fr/Infographie-Chronologie-de-la,2426
• Charline Cauchie, « La PAC au cœur des enjeux », in Défis Sud, SOS Faim, octobre/novembre
2010
En ligne : www.sosfaim.org/be/publication/les-laisses-pour-compte-de-la-politique-agricole-
commune/
• Emmanuel Juste, « Quels effets sur le Sud ? », interview de Gérard Choplin et Tomás García
Azcárate sur les effets de la PAC sur les pays « tiers », in Défis Sud, SOS Faim, octobre / no
vembre 2013
En ligne : www.sosfaim.org/be/publication/les-laisses-pour-compte-de-la-politique-agricole-
commune/
57
l’emploi dans les zones rurales. La PAC va contribuer fortement à l’objectif global de promouvoir une
croissance durable, intelligente et inclusive », a indiqué Dacian Cioloş, le Commissaire européen à
l’Agriculture et au Développement rural.
Les paiements directs seront distribués de façon plus équitable entre les États membres, entre les
régions et entre les agriculteurs, avec la fin des « références historiques » :
• Seuls les agriculteurs actifs pourront bénéficier d’une aide aux revenus (liste d’activités
exclues).
• Jeunes agriculteurs : l’installation des jeunes sera fortement encouragée, avec la mise en place
d’un supplément d’aide de 25% pendant les 5 premières années, qui s’appliquera dans tous les
États membres. Ces aides viendront s’ajouter aux mesures d’investissement en faveur des
jeunes déjà disponibles.
• Les États membres pourront également attribuer des soutiens renforcés aux zones
défavorisées. Des paiements couplés pourront être alloués pour un nombre limité de
productions, avec un couplage spécifique de 2% pour les protéines végétales en vue de réduire
le niveau de dépendance de l’UE aux importations dans ce domaine.
Une PAC qui renforce la position des agriculteurs au sein de la chaîne alimentaire
• Les quotas de sucre seront supprimés en 2017, tout en renforçant l’organisation du secteur sur
la base de contrats et d’accords interprofessionnels obligatoires.
• Le régime des droits de plantation dans le secteur vitivinicole sera remplacé, à partir de 2016,
par un mécanisme dynamique de gestion des autorisations de plantation impliquant
davantage les professionnels, applicable jusqu’en 2030, avec une limite de plantation fixée à
1% du vignoble par an.
58
De plus, de nouveaux outils de gestion des crises seront mis en place :
• La Commission pourra autoriser temporairement les producteurs à gérer les volumes mis sur
le marché.
• Mise en place d’une réserve de crise (assortie d’une clause d’urgence généralisée).
• Dans le cadre des programmes de développement rural, les États membres pourront
encourager les agriculteurs à participer à des mécanismes de prévention des risques
(assurances revenus ou fonds mutuels) et élaborer des sous-programmes pour les filières
confrontées à des difficultés spécifiques.
Chaque État membre, chaque territoire, chaque agriculteur va contribuer au défi de la durabilité
et de la lutte contre le changement climatique, avec des mesures simples, à l’impact positif avéré.
Plus de 100 milliards d’euros seront investis entre 2014 et 2020 pour aider l’agriculture à faire face
au défi de la qualité des sols, de l’eau, de la biodiversité et du changement climatique :
• « Verdissement »: 30% des paiements directs seront liés au respect de trois pratiques agricoles
bénéfiques pour l’environnement: diversification des cultures, maintien de prairies
permanentes et préservation de 5% puis 7% de zones d’intérêt écologique à partir de 2018, ou
de mesures jugées au moins équivalentes en termes de bénéfices pour l’environnement.
• Au minimum 30% du budget des programmes de développement rural devront être alloués à
des mesures agroenvironnementales, à des soutiens à l’agriculture biologique ou à des projets
liés à des investissements ou des mesures d’innovation favorables à l’environnement.
• Les mesures agroenvironnementales seront renforcées. Elles devront être complémentaires
aux pratiques soutenues dans le cadre du verdissement. Ces programmes devront être plus
ambitieux et donc plus efficaces en termes de protection de l’environnement (garantie de non
double financement).
Les outils de la PAC permettront à chaque État membre de l’UE de remplir les objectifs communs,
de façon efficace et flexible, pour tenir compte de la diversité des 27 et bientôt 28 États membres :
• Les moyens pour soutenir la recherche, l’innovation et le partage des connaissances seront
doublés.
• Les programmes de développement rural seront mieux coordonnés avec les autres fonds
européens et l’approche en axes sera remplacée par une approche stratégique nationale ou
régionale plus souple.
• Un schéma simplifié d’aides pour les petits agriculteurs sera à la disposition des États
membres qui le souhaitent.
• Toutes les aides de la PAC seront rendues publiques, à l’exception des montants très faibles
attribués aux petits agriculteurs.
L’ensemble des éléments de la réforme seront applicables au 1er janvier 2014, à l’exception de
la nouvelle structure des paiements directs (paiements « verts », soutiens additionnels pour les
jeunes, etc.) qui se fera à partir de 2015 pour donner le temps aux États membres d’informer les
agriculteurs sur la nouvelle PAC et d’adapter les systèmes informatiques de gestion de la PAC.
59
PARTIE 4 :
CRISES ALIMENTAIRES
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
INTRODUCTION
PECHA KUCHA
Avoir une meilleure Approfondir les éléments clés Power Point de 10’
compréhension des enjeux abordés dans la vidéo à partir contextualisation du film
de la PAC et de sa réforme d’une présentation imagée « Je mange donc je suis »
Prendre conscience de la
réalité des agriculteurs (cf.
Témoignages)
APPROFONDISSEMENT / DÉBAT
60
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
RESTITUTION
61
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
RESTITUTION / DÉBAT
• Souveraineté alimentaire
• Augmenter l’aide à
l’agriculture
• Évocation de la coopération
entre pays d’Afrique de l’Ouest
dans la dernière phrase.
Rebondissement du
professeur sur la
coopération sud-sud.
CONCLUSION
62
PARTIE 5 : CRISE DU LAIT
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
INTRODUCTION (15’)
63
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
CONCLUSION (30’)
64
CHAPITRE 5
MENACES SUR LA SOUVERAINETÉ
ALIMENTAIRE
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
RÉSUMÉ SPÉCULATION FINANCIÈRE SUR
LES MATIÈRES PREMIÈRES BREVETAGE
ACCAPAREMENT DES DU VIVANT
TERRES AGROCARBURANTS
PARTIE 1 :
CHANGEMENTS CLIMATIQUES PRIVATISATION DE L’EAU
65
Quelle est l’ampleur du phénomène aujourd’hui (chiffres clés)?
Prévisions scientifiques
Aujourd’hui du GIEC (Groupe d’experts
intergouvernemental sur
l’évolution du climat)
Hausse du niveau
moyen des océans + 10 à 20 cm + 18 à 59 cm.
Le lien entre les émissions de CO2 et les variations des températures est établi en 1987 par l’étude des
carottes de glace extraites de la station antarctique de Vostok. Il s’agit de forages sous la forme d’un
tube allongé qu’on extrait de la calotte glaciaire (c’est-à-dire la masse de glace qui recouvre le continent
antarctique, fruit de l’accumulation des neiges).
L’équipe franco-russe a prouvé, en analysant les blocs de glace restés isolés de la surface depuis 400
000 ans, que la courbe des températures et celle de la concentration atmosphérique de CO2 se suivent
étroitement.
66
Quels sont les principaux secteurs responsables des émissions de GES ?
3%
Déchets et eaux usées
17 % Fourniture d’énergie
Transport
26 %
Constructions résidentielles et commerciales
14 %
Industrie
Agriculture
13 %
19 % Exploitation forestière
8%
On estime que l’agriculture représente entre 17 et 32% des émissions mondiales de GES en tenant
compte des émissions directes (émanant du sol et du bétail) et indirectes (utilisation des combustibles
fossiles, production agrochimique d’engrais, pesticides, conversion des terres non cultivées à des fins
agricoles).
Ces émissions sont principalement liées à l’industrialisation de l’agriculture qui depuis la Seconde Guerre
mondiale recourt beaucoup plus aux machines et intrants, se spécialise sur un nombre de cultures réduit.
Les mesures politiques jouent aussi un rôle puisque depuis 1994, l’agriculture est entrée dans l’OMC,
ce qui signifie que les produits agricoles sont échangés sur un marché mondial. Les émissions indirectes
liées au transport de ces produits sont donc beaucoup plus importantes depuis.
La politique agricole commune (PAC) a aussi une responsabilité dans le poids croissant de GES du
secteur agricole. En effet, les mesures et aides incitent les agriculteurs à augmenter la taille de leur
exploitation et à produire plus pour in fine exporter les surplus. Pour s’en sortir, une exploitation doit
grandir et produire plus afin de pouvoir compter sur les économies d’échelle pour rentrer dans ses frais,
sans quoi, elle meurt. En 50 ans, l’Europe a perdu 75% de ses producteurs mais sur la même période,
la taille des exploitations a triplé. Cette logique de surproduction engendre d’importantes émissions
de GES.
67
En quoi l’agriculture paysanne représente-t-elle une alternative ?
Sur 1,35 milliard de personnes qui travaillent dans l’agriculture, 1 milliard le fait à la main. Parmi ce
milliard, 500 millions travaillent sans engrais ni semences.
L’agriculture paysanne a pour premier objectif l’autoconsommation des produits cultivés. Seuls les
surplus sont vendus sur des marchés locaux. Le poids du transport des produits agricoles issus de cette
agriculture est donc nettement moindre.
Ce mode de production repose plus sur des savoir-faire et connaissances traditionnels que sur l’ingénierie
chimique. Les pratiques agricoles paysannes recourent au recyclage ce qui permet une fertilisation
naturelle des sols. Elles associent aussi les cultures ce qui maintient une meilleure richesse et biodiversité
des sols.
PARTIE 2 :
BREVETAGE DU VIVANT
En 16 ans, les cultures OGM dans le monde ont augmenté de plus de 100 fois en superficie, atteignant
55,6 fois la Belgique en 2012. Mais le danger va plus loin que des manipulations génétiques. Le
monopole des brevets de graines par des grosses industries semencières est un enjeu primordial.
Cela a un impact direct sur les prix des semences qui n’ont pas cessé d’augmenter ces dernières années.
Derrière tout ça, se pose le problème du brevetage du vivant qui permet à des agrobusiness de
détenir des droits de propriété sur des semences jusqu’alors considérées comme bien commun
de l’humanité. Pour mieux comprendre ce procédé et les questions éthiques et économiques
qu’il soulève, il faut revenir sur les évolutions entourant la notion de propriété intellectuelle.
68
Quelle est la différence entre les anciens brevets et ceux d’aujourd’hui ?
Les brevets classiques s’appliquaient non pas aux produits mais aux procédés qui permettaient de
l’obtenir.
Avec la création de l’OMC en 1995, un accord est signé sur les aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Celui-ci fait entrer les droits de propriété
intellectuelle dans les négociations commerciales. Cet accord est très controversé dans la mesure où
il entérine le vivant comme un objet commercial et calque les brevets sur le modèle états-unien.
Jusque dans les années 1980, les organismes vivants étaient exclus des brevets. Ils constituaient un
interdit tacite, toute chose de la nature étant considérée comme res communis (du bien commun).
L’arrêt Diamond v Chakrabarty de la Cour suprême des États-Unis entérine la brevetabilité du vivant, en
l’espèce d’une bactérie génétiquement modifiée.
Il s’agit d’un tournant dans la définition juridique du vivant, dans le sens où un organisme vivant modifié
est considéré comme le produit de l’ingéniosité humaine. Désormais, les brevets peuvent s’appliquer
aussi bien aux choses inanimées qu’aux organismes vivants.
Le brevetage du vivant introduit une logique économique dans un domaine jusque-là non
marchand et considéré comme « bien commun ». Dès lors des intérêts économiques et
financiers entrent en jeu.
Cette commercialisation du vivant peut représenter un danger de piratage du patrimoine mondial
de l’humanité par les entreprises multinationales. C’est ce qu’on appelle « la biopiraterie ». Il s’agit de
l’usage illégitime des connaissances acquises par l’inventaire et l’évaluation des éléments constitutifs de
la diversité biologique (ou bioprospection).
Bien souvent, cet usage est effectué sans le consentement des populations autochtones qui utilisent
cet organisme vivant. Par exemple, le fait de breveter le principe actif d’une plante est dénoncé par ceux
qui visent à défendre les cultures et savoirs traditionnels.
Selon eux, il s’agit d’un « pillage » particulièrement des pays du Sud. La biopiraterie engendre des
inégalités d’accès aux ressources naturelles et des échanges inéquitables entre le Nord et le Sud.
69
En quoi le brevetage du vivant est-il une menace pour la souveraineté alimentaire ?
De par sa logique marchande, le brevetage du vivant impose la primauté des intérêts commerciaux
avant les droits à se nourrir et à la santé.
Pour ses détracteurs, privatiser des semences équivaut à privatiser la base même de l’alimentation.
Emettre des brevets sur le vivant entraine une limitation d’accès aux semences et une agriculture
tournée vers une production industrielle intensive au détriment d’une agriculture familiale et paysanne.
En outre, cela crée une dépendance des agriculteurs face au marché mondial. Le brevetage du vivant
va donc à l’encontre des principes de souveraineté alimentaire.
Il s’agit d’un outil spécifique à l’industrie semencière européenne. Il assure un droit exclusif de
commercialisation à ses obtenteurs et tend à protéger le matériel de la multiplication de la plante, c’est-
à-dire la semence. En Europe, pour pouvoir déposer un brevet et commercialiser ses semences, il faut
obligatoirement être inscrit au catalogue de semences et avoir obtenu ce certificat. A la différence des
États-Unis où seul le brevet est obligatoire.
Il offre plus de souplesse. Il met le savoir à disposition de tous, permettant aux chercheurs d’utiliser
gratuitement la variété protégée dans leurs travaux. Néanmoins, concernant le monopole des semences
modifiées, le COV présente les mêmes enjeux en termes de « biopiraterie ». Il impose des critères
d’homogénéité et de stabilité auxquels aucune variété paysanne ne peut prétendre. Beaucoup de
variétés paysannes ne peuvent pas être inscrites sur le catalogue officiel des semences et sont facilement
récupérables par l’industrie semencière.
POUR CONTRE
Les brevets favorisent l’innovation et L’appropriation du vivant, bien commun
stimulent la recherche ; de l’humanité ;
Il est normal que des pays ou des La privatisation des semences rend
entreprises qui investissent dans la les agriculteurs dépendants des
recherche profitent d’un avantage multinationales pour leurs achats ;
concurrentiel et en tirent profit ; Négation de la valeur non marchande
Ce n’est pas l’être vivant qui est des êtres vivants ;
directement l’objet du brevet, mais un Abolition du statut de « res communis »
enseignement technique ; de la nature (chose commune) ;
70
Concernant les OGM : les manipulations Menace sur la souveraineté alimentaire
génétiques ont toujours existé. Depuis et sur les droits des agriculteurs ;
toujours, l’homme sélectionne les
Concurrence déloyale entre les pays
meilleures semences.
les plus défavorisés et ceux les plus
riches en termes de recherches pour des
nouveaux produits brevetés ;
Impact sur la biodiversité et
l’environnement ;
Les brevets s’appliquent désormais aux
produits et non plus aux procédés
blocage de la recherche.
En quoi les semences paysannes peuvent-elles être une solution pour lutter
contre le monopole de l’agrobusiness ?
Jusqu’à la fin du XXe siècle, la spéculation sur les matières premières agricoles était principalement
réalisée par des acteurs du secteur agroalimentaire. Sous la pression des lobbys financiers, les marchés
agricoles se sont libéralisés et des acteurs tout à fait étrangers au secteur spéculent également sur les
matières premières agricoles.
Très actifs sur les marchés à terme, ces nouveaux acteurs créent une demande artificielle puisqu’ils
n’ont aucun intérêt réel pour les denrées alimentaires sur lesquelles ils parient. Cette demande fictive
fait grimper les prix jusqu’à ce qu’ils explosent, c’est ce qu’on appelle une bulle spéculative. Elle est
notamment responsable de l’extrême volatilité des prix observée depuis 2008.
71
Que signifie spéculer ?
Spéculer signifie faire des opérations financières ou commerciales en anticipant les fluctuations du
marché, en vue de maximiser ses bénéfices.
Etant donné le caractère incertain de l’offre et la demande agricole, la spéculation a toujours existé.
Traditionnellement, il s’agissait pour celui qui peut stocker sa production d’attendre le moment le plus
opportun pour la revendre.
Depuis le XIXe siècle, les agriculteurs ont également la possibilité de vendre leur récolte sur des
marchés à terme. Vu l’imprévisibilité des prix agricoles, des intermédiaires sont prêts à garantir le prix
des récoltes à venir aux producteurs et aux acheteurs, moyennant le paiement d’une commission. On
parle dans ce cas de « Contrat à terme » ou « Futures » pratiqués par des spéculateurs traditionnels, les
Bona Fide Hedgers.
Les experts reconnaissent l’intérêt des intermédiaires. Ils permettent de prévoir les prix (et donc de
limiter leur volatilité) et apportent des liquidités au marché. Qui sont-ils ? À l’origine, il s’agit surtout
d’investisseurs qui connaissent le secteur agricole (appelés hedgers) et dans une faible proportion de
spéculateurs financiers.
Par exemple, le hedger achète le 12 juillet 2012, 10 000 tonnes de blé sur la bourse de
Chicago, pour une livraison en juin 2013, au prix de 2 000 000€.
À la fin du XXe siècle, les marchés à terme sur des produits agricoles ont été libéralisés et ouverts à de
nouveaux investisseurs. Dans un contexte de faillite des marchés d’investissement (chute des cours sur
les NTIC, bons d’État, immobilier), ces acteurs financiers se tournent massivement vers le marché des
Futures agricoles.
Ces acteurs sont des Hedge funds (fonds d’investissement dont les stratégies ne sont soumises à aucune
restriction juridique, généralement ouverts dans des paradis fiscaux et réservés aux plus fortunés), fonds
de pension, fonds souverains et certaines banques, qui voient dans les Futures agricoles des valeurs
refuge et d’investissement.
En l’espace de quelques années, les nouveaux spéculateurs vont complètement dominer le marché et
créer des contrats Futures complexes sur des matières premières.
Suivant l’exemple de la Goldman Sachs, des fonds indiciels (fonds dont le rendement est indexé sur
l’évolution du prix des matières premières) sur les matières premières agricoles se sont multipliés.
72
Ceux-ci misent sur la hausse des prix sur le long terme, en partant du postulat suivant : le prix des
matières agricoles va nécessairement augmenter vu la loi de l’offre et de la demande.
On parle de « Long position » pour les contrats d’achat à terme et de « Short position » pour les contrats
de vente.
Avant l’échéance du terme, l’investisseur a l’obligation soit d’honorer son contrat soit de dénouer le
contrat, c’est-à-dire de racheter un nouveau Future à une date ultérieure.
Ces contrats sans cesse renouvelés à travers ces Futures génèrent une demande complètement
artificielle de matières premières.
L’afflux des Futures va accentuer la hausse des prix des matières agricoles non seulement sur les
marchés à terme, mais également sur les marchés immédiats (Spot) qui influencent forcément le prix des
contrats à terme. Cela crée une bulle spéculative. Cette bulle spéculative éclate quand les investisseurs
vendent parce qu’ils ont de meilleures opportunités de placement ou un besoin de liquidités pour
satisfaire leurs actionnaires.
Quand ils « shortent » (vendent), les spéculateurs peuvent aggraver une tendance momentanée des
cours à la baisse ou même aller jusqu’à provoquer leur effondrement, si leurs positions sont significatives
sur le marché. Ce sera alors le moment de racheter de nouveaux contrats à terme et ainsi de suite…
Si à l’origine les Futures visaient à limiter les fluctuations de prix, l’explosion des Futures créés
et manipulés par des acteurs financiers complètement étrangers au secteur agroalimentaire
déstabilise clairement les prix.
Exemple
En juillet 2010, le hedge fund anglais Armajaro a acheté 240 100 tonnes de fèves de cacao
à Londres, en contrat à terme, presque la quasi-totalité des stocks européens et 7 % de la
production annuelle mondiale.
Cet achat a créé une pénurie artificielle qui a provoqué une flambée des prix. Cet
exemple illustre bien l’idée que le produit fictif détermine désormais le prix du produit
réel, par l’abus de position de marché des nouveaux spéculateurs. En accumulant une
grande partie des contrats à termes de cacao, Armajaro a créé une pénurie artificielle
qui a dicté une augmentation du prix du cacao sur les marchés physiques.
Propositions/recommandations/alternatives
Afin de répondre à l’impérieuse nécessité de stopper la spéculation excessive sur les marchés agricoles,
il est nécessaire d’agir sur trois fronts :
73
• Prendre des mesures de régulation des marchés dérivés,
• Revoir le cadre de (dé)régulation des services financiers,
• Résoudre les causes structurelles de la volatilité des prix des marchés agricoles.
Dans ce sens, la société civile réclame la mise en œuvre des dispositions suivantes :
1. Réguler la spéculation :
• garantir la transparence des transactions financières,
• imposer des limites de position
• s’assurer d’un contrôle efficace
2. Interdire l’accès aux marchés à terme aux acteurs purement financiers
3. S’attaquer aux causes de la volatilité des prix
• politiques de stabilisation de prix
• interdiction des soutiens à la production d’agrocarburants
• réduction des émissions de gaz à effet de serre
• augmentation de l’aide publique au développement destinée à la production
alimentaire
• révision des accords régionaux de l’UE
• réformer la politique agricole commune
• renforcer le Comité de la sécurité alimentaire mondial
PARTIE 4 :
ACCAPAREMENT DES TERRES
Il s’agit du processus par lequel des investisseurs privés ou publics, étrangers ou nationaux, acquièrent
de vastes étendues de terres par le biais de contrats de location, de concession ou d’achat.
L’accaparement des terres fait l’objet d’une attention générale depuis 2008 suite à des acquisitions
foncières de grande envergure très médiatisées. Cependant, ce n’est pas un phénomène récent. Il
existait déjà du temps de la colonisation.
Aujourd’hui, ce phénomène est inquiétant, car l’offensive massive d’acquisition des terres est
effectuée par des firmes et des États pour de longues périodes, sur de vastes zones cultivables
à l’étranger afin de produire des denrées de base destinées à l’exportation. De ce fait, il touche
au moyen de subsistance et de survie des populations rurales des pays en développement, frein
indéniable à l’atteinte d’une sécurité et souveraineté alimentaire.
74
Quelle est l’ampleur du phénomène ?
Entre 2000 et 2010, des transactions concernant 203 millions d’hectares ont été répertoriées, soit 65 fois
la taille de la Belgique. Parmi ces superficies :
• 78% des terres acquises le sont pour la production agricole
• Les 22% restants se répartissent entre l’industrie minière, le tourisme et a reconversion
forestière.
Le continent africain est le plus touché par les accaparements car la terre y est fertile et bon marché
et les titres de propriété souvent inexistants. Mais des accaparements ont également lieu en Asie, en
Amérique du Sud et en Europe de l’Est ! Ils visent surtout les meilleures terres, c’est-à-dire celles qui
bénéficient d’un bon accès à l’eau et / ou sont situées à proximité des infrastructures.
Les principaux acteurs des accaparements sont les États (principalement les pays du golfe, la Corée
du Sud, la Chine, le Japon et la Libye qui mettent en place une législation favorable aux investisseurs),
les entreprises privées et les agences multilatérales (la Banque Mondiale, les banques de
développement...).
Ces dernières années de nouveaux acteurs sont apparus qui n’ont plus grand-chose à voir avec le monde
agricole : banques, assureurs, fonds de pension et fonds d’investissements.
Facteurs structurels
75
Et les conséquences ?
Stratégie « gagnant-gagnant » :
arguments des promoteurs en Constats
faveur des accaparements
76
En quoi l’accaparement des terres nuit-il à la sécurité alimentaire ?
Les populations locales ne profitent que rarement de la production issue des terres accaparées. Deux tiers
des transactions foncières agricoles avec des investisseurs étrangers ont lieu dans des pays où la faim
est un grave problème et plus de 60% de la production issue de ces terres sont destinés à l’exportation.
Quelles sont les solutions pour lutter contre l’accaparement des terres ?
La lutte contre l’accaparement des terres suppose des mesures à plusieurs niveaux :
Au niveau des États et de l’UE, par (1) le respect de traités signés par les États membres qui
contiennent des références explicitées au droit à la terre ; (2) la réorientation des politiques
contribuant indirectement aux accaparements de terres et l’alignement de celles-ci sur les
obligations en matière de droits humains ; (3) l’adoption de mesures contraignantes et
cohérentes nécessaires.
Au niveau des institutions internationales, par le respect des obligations en matière de
droits humains.
Au niveau des entreprises transnationales, par une réforme des politiques des institutions
internationales favorisant les accaparements de terres.
Une mobilisation se met en place par des organisations non gouvernementales et des organisations
paysannes (notamment la Via Campesina). Ces initiatives peuvent prendre plusieurs formes :
Le 11 mars 2012, des Directives volontaires sur le foncier ont été adoptées et signées par 125 États.
Cette initiative constitue le premier cadre international formulant un ensemble de recommandations.
Mais ces directives restent facultatives et non contraignantes. Chaque État est libre de décider de la
mise en place de ces dispositions.
77
PARTIE 5 : AGROCARBURANTS
Les changements climatiques dont les conséquences frappent déjà les plus vulnérables et la perspective
de l’épuisement des ressources fossiles nous obligent à réviser en profondeur notre modèle de
consommation énergétique.
Les agrocarburants apparaissent comme une alternative aux sources d’énergie fossile et nucléaire
mais représentent-ils pour autant une solution idéale ? En effet, ils comportent également de
nombreux enjeux d’ordre environnemental et social.
Qu’appelle-t-on Agrocarburants ?
Les agrocarburants regroupent toutes les formes de carburants de substitution produits à partir de
matériaux organiques non fossiles (biomasse) et renouvelables, comme le bois, les déchets et les
alcools, qui sont brûlés pour fournir de l’énergie.
Agrocarburants ou biocarburants ?
Le terme agrocarburant est utilisé pour éviter la confusion entre les produits de l’agriculture biologique
et les carburants d’origine agricole (à partir de cultures dédiées ou de déchets agricoles). Un biocarburant
d’origine agricole n’est en effet pas forcément issu de l’agriculture biologique.
En fonction de la matière première utilisée pour leur production, il existe plusieurs générations
d’agrocarburants :
Oui, si et seulement si, l’agrocarburant a un bilan carbone positif. Pour cela, il faut qu’il y ait peu d’énergie
78
utilisée pour cultiver son produit d’origine, que la culture en question n’occasionne pas directement ou
indirectement de déforestation et que sa production nécessite peu d’énergie. Aujourd’hui, on considère
que 80% des agrocarburants utilisés accélèrent le phénomène de changement climatique compte
tenu de ce que l’on appelle les changements directs et indirects d’affectation des sols : déforestation
et défrichement de nouveaux espaces qui sont des zones de stockage de carbone. Des millions de
tonnes de gaz à effet de serre sont ainsi rejetés, soit souvent encore plus que les émissions produites par
le diesel fossile.
Les agrocarburants sont présentés comme une solution de remplacement aux énergies fossiles
utilisées jusque-là. Mais il s’agit d’une fausse bonne solution. Ce n’est pas parce qu’on utilise plus
d’agrocarburants que notre dépendance au pétrole diminue. Par exemple, la consommation européenne
de carburant augmente beaucoup plus vite que la production d’agrocarburants. De plus, l’utilisation
d’agrocarburants renforce fortement la dépendance aux importations agricoles, qui sont très
consommatrices en pétrole.
Les agrocarburants ont un bilan désastreux sur les droits humains dans les pays du Sud. On estime
qu’entre 2001 et 2011, la production d’agrocarburants est responsable de près de deux tiers des cas
d’accaparements de terres identifiés. Dans la plupart des cas, ces accaparements de terres fertiles
ont été réalisés dans des pays souffrant de la faim et ont aggravé leur dépendance alimentaire. Les
agrocarburants produits à grande échelle épuisent les sols, gaspillent l’eau et renforcent la volatilité des
prix et la spéculation sur les produits agricoles.
Dans la majorité des pays du Sud, les agrocarburants ne sont pas une bonne piste pour réduire leur
dépendance énergétique parce qu’ils entrent en concurrence avec la sécurité alimentaire. À défaut de
résoudre la crise climatique et pétrolière, ces politiques contribuent à l’émergence d’une troisième crise : la
crise alimentaire. Ils sont un élément clé des crises de 2002 et 2008.
79
Quelles sont les solutions alternatives pour lutter contre les crises énergétiques
et climatiques ?
Tous les agrocarburants ne sont pas à proscrire. Le problème des carburants issus de végétaux reste le mode
de production attenant. Il n’y a rien à redire aux agrocarburants issus d’excédents agricoles temporaires,
produits avec des pratiques agricoles durables, sans augmenter la dépendance alimentaire et sans effet
indirect.
Une autre possibilité explorée est la production de biocarburant à partir d’algues. Ces agrocarburants sont
parfois qualifiés d’agrocarburants de troisième génération.
À l’échelle locale, une des premières solutions reste une politique de mobilité durable : usage plus
généralisé des transports publics et d’autres sources d’énergie propre. Par exemple, un des objectifs de l’UE
prévoit que les 27 seront tenus de consommer 10 % d’énergies renouvelables dans le secteur des transports
en 2020 et 5, 75 % en 2010. Mais cette directive ne précise ni de quelles sources d’énergies renouvelables il
s’agit, ni quel en sera l’impact sur l’affectation des sols dans les pays producteurs.
POUR CONTRE
Ils contribuent à la réduction des Impacts sociaux
émissions de gaz à effet de serre ;
Concentration des terres et des
Pour les pays dépendants du pétrole, ils ressources ;
peuvent permettre une indépendance
Problème de la sécurité d’accès à la
énergétique ;
terre pour des communautés rurales
Les agrocarburants de première et vulnérables (expropriations) ;
seconde génération sont considérés
Contrainte au niveau des budgets
pour certains comme une solution
des pays en développement. Les
« transitoire », en attendant la mise en
programmes agrocarburants sont très
place de nouveaux modes de transport ;
coûteux et demandent un soutien
continu ;
80
Impacts environnementaux - effets
directs et indirects d’affection des sols :
• Conséquences écologiques de la
déforestation ;
• Conversion de prairie en monoculture et
assèchement des tourbières ;
• Destruction de la biodiversité ;
• Contribution au réchauffement
climatique ;
• Conséquences écologiques de l’utilisation
de pesticides et d’engrais.
PARTIE 6 :
PRIVATISATION DE L’EAU
Bien que la terre soit couverte à 97% d’eau, seuls 3% de cette eau est douce, dont 99% se trouvent enfouis
dans les glaciers ou dans les couches profondes de la terre. Nous n’avons donc accès qu’à 1% des ressources
aquatiques douces de surface. De plus, l’eau est répartie de manière inéquitable sur le globe : abondante
dans certaines régions, elle est extrêmement rare dans des zones arides.
De nos jours, la sauvegarde et le contrôle de l’eau sont des enjeux qui donnent lieu à de multiples débats
à l’échelle planétaire.
Les prélèvements d’eau sont aujourd’hui six fois plus importants qu’au siècle dernier. Mais le problème en
soi n’est pas le manque d’eau mais :
Son accès ;
Sa qualité. L’eau ne parvient plus à éliminer elle-même sa pollution par autoépuration naturelle.
Elle doit être traitée et les eaux usées recyclées. L’eau nécessaire à l’être humain doit être douce et
potable pour ne pas altérer sa santé. Ce problème est particulièrement important dans les zones
urbaines, car aujourd’hui plus de la moitié de la population mondiale vit en ville.
L’eau peut être considérée comme un bien illimité. Il a toujours autant d’eau dans le cycle hydrologique et
il y aurait assez d’eau sur terre pour faire vivre 10 milliards d’habitants. Le défi réside dans la capacité (entre
autres financière) des États pour mobiliser et gérer cette ressource (assainissement).
81
Quels sont les facteurs de cette crise ?
Quelles sont les deux visions sur le statut de l’eau qui s’affrontent ?
82
Qu’entend-on par privatisation de l’eau ?
C’est l’action de transférer au domaine de l’entreprise privée ce qui était du ressort de l’État. En d’autres
mots, privatiser, c’est donner à des compagnies privées la gestion de services ou de biens publics.
• Un allégement de la dette dans le cas d’une privatisation des services lors de plans
d’ajustement structurels.
• L’aspect lucratif de la privatisation de l’eau ;
• Remplir les coffres de l’État en déléguant au secteur privé la gestion et l’entretien des
services d’eau.
L’eau est une ressource qui doit être considérée comme un bien commun et doit être gérée de manière
83
publique, comme un bien de tou(te)s. L’accès à l’eau pour toute la population est un droit social et humain
(et de tous les autres êtres vivants) de base, indispensable à la vie et l’identité des communautés. L’eau
n’est ni un bien privatisable ni un outil de spéculation sur les marchés.
Le droit d’accès à l’eau est une des conditions préalables à la réalisation de la souveraineté alimentaire,
au même titre que le droit d’accès à la terre et le droit d’accès à des semences adaptées. Ce sont des droits
collectifs inaliénables, pourtant soumis à de graves atteintes.
Ces dernières années, de nouveaux modèles publics et participatifs se développent dans des villes comme
Dhaka au Bangladesh, Cochabamba en Bolivie, Savelugu au Ghana, ou Recife au Brésil. En effet, dans
toutes ces villes, la distribution d’eau par les services publics a été améliorée grâce à un contrôle populaire
et à des réformes démocratiques. Ces modèles très divers (aqueduc communautaire, coopératives,
partenariats) représentent une véritable source d’inspiration et d’alternatives viables.
84
CANEVAS PÉDAGOGIQUE
PARTIE 1 :
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MISE EN PRATIQUE MATÉRIEL
Sensibiliser les participants Voir la fiche pédagogique et • Affichettes avec le nom 90’
aux enjeux climatiques les fiches ressources du SCI des 5 continents
actuels et aux inégalités • Autant de chaises que
Nord-Sud (en montrant de participants
le lien entre les deux
• Feuilles vertes
problématiques) ;
représentant l’empreinte
écologique (autant de
Visualiser les inégalités en
feuilles que de
termes de répartition des
participants). Elles ne
richesses et de répartition
sont pas fournies ici :
de l’empreinte écologique ;
utilisez de simples feuilles
vertes.
Mieux connaître les
• Tableau avec les
enjeux des négociations
répartitions des
climatiques, la position et
personnes, chaises et
les arguments des différents
feuilles vertes
acteurs ;
• Cartes des négociations
Développer ses capacités (1 carte par équipe)
à défendre sa position, à • Une déclaration
négocier ; gouvernementale (1
déclaration par équipe)
Formuler des pistes d’action • Une déclaration de
pour lutter contre le classe (1 déclaration pour
réchauffement climatique et tout le groupe)
les inégalités mondiales. • Des grandes feuilles
ou un tableau pour noter
les propositions faites
pendant
les négociations
85
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
Préparation du local
L’animateur répartit
les affichettes des cinq
continents sur les murs de
la salle.
Le centre de la classe
est vide (les tables sont
rangées).
L’animateur a préparé
une chaise par participant
(en pile et rangées sur le
côté).
PARTIE 2 :
BREVETAGE DU VIVANT
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
INTRODUCTION
Se familiariser avec la notion Introduire la notion de brevet Capsule vidéo : Qui parle 2’
de brevet et du brevetage et de brevetage du vivant. de breveter le vivant ?
sur le vivant. http://www.canal-u.
tv/video/cerimes/qui_
parle_de_breveter_le_
Suivie d’une question :
vivant.9440
D’après vous pourquoi parle-t-
on de « pirates du vivant » ?
86
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
APPROFONDISSEMENT
Introduction à un cas concret Distribuer l’étude de cas sur Documents reprenant les 10’
de bataille juridique sur le le procès entre Kokopelli et détails du procès entre
droit pour les agriculteurs de l’entreprise Baumaux avec Kokopelli et l’entreprise
produire et échanger leurs les définitions des notions Baumaux
semences paysannes. de brevet et de certificat
d’obtention végétale à la suite.
Laisser les étudiants en
prendre connaissance.
87
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
RESTITUTION
CONCLUSION
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
INTRODUCTION
88
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
PECHA KUCHA
PRÉSENTATION
89
ANNEXE CANEVAS PÉDAGOGIQUE
Powerpoint « Pecha Kucha » qui reprend les informations de la capsule vidéo en 10 images
3
[ 2006 - 2008 ] :
+ 71 % des produits de base
+ 126 % pour le riz et les céréales
5
Et en 2011 ?
90
6
Fonctionnement des marchés à terme
Spéculation traditionnelle
7
Spéculation financière : arrivée en
masse d’acteurs financiers
10
Position des États-Unis et de l’Europe
91
PARTIE 4 :
ACCAPAREMENT DES TERRES
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
Feuilles A4
• Conscientiser les
Marqueurs
étudiants sur les réalités
vécues et difficultés Papier collant ou des
rencontrées par les gommettes (matériel
agriculteurs wallons de fixation des grandes
et des pays en voie de feuilles sur un tableau ou
développement. un mur)
92
PARTIE 5 : AGROCARBURANTS
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MISE EN PRATIQUE MATÉRIEL
INTRODUCTION
Découvrir les enjeux liés aux 1. L’animation se déroule en En fonction du nombre 50-60’
agrocarburants ; sous-groupes. Chaque groupe de groupe :
dispose de 15 minutes pour Feuilles avec soit :
prendre connaissance du texte
• Étude de cas
de fond qui lui a été distribué
• Texte : FBI (Fausse
et se l’approprier.
bonne idée) – Voir en
2. Les participants ont Annexes.
ensuite 5 minutes pour poser .
d’éventuelles questions
d’éclaircissement par rapport
aux éléments qu’ils ne
comprendraient pas dans le
texte (mais pas pour ouvrir un
débat).
3. Chaque sous-groupe doit
alors présenter son texte
et restituer les principaux
éléments clés au reste de la
classe.
93
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
RESTITUTION / DÉBAT
Dégager des pistes de 5. Le quiz leur est alors Feuilles avec les questions 20-30’
réflexion concernant des distribué. Les participants ont du quiz
alternatives possibles aux 20 minutes pour y répondre.
agrocarburants. Ils peuvent se servir du texte
qui reste à leur disposition
6. Les questions du quiz sont
ensuite passées en revue
par l’intervenant qui amène
les participants à trouver les
réponses exactes et à corriger
individuellement leur épreuve.
ÉTUDE DE CAS
94
ANNEXE CANEVAS PÉDAGOGIQUE PARTIE 5
1. Agrocarburants : quésako ?
La première filière est celle de la production d’huiles végétales à partir desquelles est produit le
biodiesel et qui utilise les graines de plantes comme le colza, le tournesol, le soja ou le palmier à
huile. Ces graines sont pressées. L’huile recueillie subit des transformations chimiques, donnant
des esters méthyliques que l’on mélange ensuite au diesel.
La seconde filière consiste à utiliser des sucres tels que le saccharose issu de certaines cultures
comme la betterave, la canne à sucre ou encore l’amidon provenant du blé ou du maïs. Ces sucres
sont transformés en éthanol, ensuite mélangés à l’essence. C’est ce qu’on appelle couramment le
bioéthanol.
Le bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES) des agrocarburants varie en fonction des
filières et, par conséquent aussi, leur impact sur l’environnement. Il faut savoir que la production
mondiale d’agrocarburants a plus que triplé entre 2000 et 2008 et correspond à plus de 2 % de la
consommation mondiale de combustibles pour le transport.
« En moyenne, il faut 200 kg de céréales pour nourrir un individu pendant un an. Avec cette même
quantité de céréales, on produit entre 50 et 75 litres de bioéthanol, selon les filières. »
Le principal reproche fait aux agrocarburants est qu’ils nécessitent de l’espace généralement
prélevé sur les cultures alimentaires ou sur les forêts. Dans un cas, cela contribue à pousser les
prix alimentaires internationaux à la hausse, dans l’autre, à augmenter les émissions de CO2, à
détruire la biodiversité et à fragiliser la situation économique et sociale des populations locales.
Aux émissions de GES liées à la production, au transport et à la combustion des agrocarburants,
il faut ajouter celles provenant de la conversion des prairies ou des forêts en terres de culture à
vocation énergétique. En effet, les prairies et les forêts sont de véritables réservoirs à carbone.
Or, celui-ci n’est plus capté lorsqu’elles sont transformées en cultures énergétiques. Il est
donc important de prendre en compte l’ensemble des émissions de GES liées à la production
d’agrocarburants pour en dresser le bilan. Et ce dernier peut être très négatif.
95
technologies de production ne sont pas au point. Mais il est trop tôt pour connaître l’ensemble
des impacts de ces filières. Il apparaît néanmoins que les agrocarburants de deuxième génération
basés sur la valorisation de la biomasse permettraient une production locale plus importante
et, par conséquent, une création d’emplois liés au développement de cette nouvelle filière,
notamment en Belgique. Sont aussi au stade de prototypes, des troisième et quatrième
génération d’agrocarburants, à partir d’algues ou de plancton. Mais leur développement industriel
ne peut être envisagé avant au moins une décennie.
En mars 2007, lors du Conseil des ministres européen, l’Union européenne s’est engagée à ce
que les énergies renouvelables représentent 20 % de la consommation d’énergie en 2020. Dans
le même temps, une directive européenne prévoit que les 27 seront tenus de consommer 10 %
d’énergies renouvelables dans le secteur des transports en 2020 et 5,75 % en 2010. Mais ce texte
ne précise ni de quelles sources d’énergies renouvelables il s’agit, ni quel en sera l’impact sur
l’affectation des sols dans les pays producteurs.
C’est ainsi que 90 % des agrocarburants qui devraient être intégrés dans les carburants classiques
prendraient la place des cultures alimentaires. Celles-ci seraient déplacées sur des terres prises,
elles, sur les forêts. Les agrocarburants sont ainsi directement responsables de problèmes de
famine et d’accès aux denrées alimentaires de base et indirectement de la déforestation qui figure
parmi les principaux facteurs d’émissions de GES.
Selon les politiques actuelles, une superficie supérieure à deux fois celle de la Belgique sera
convertie dans le monde pour les cultures énergétiques en raison de l’accroissement de la
consommation d’agrocarburants d’ici 2020. Ceci causera des émissions supplémentaires de 27
à 56 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an, soit l’équivalent de 12 à 26 millions de
voitures supplémentaires sur les routes européennes. À moins que les politiques ne changent,
les agrocarburants qui arriveront sur le marché européen seront en moyenne entre 81 % et 167 %
96
plus dévastateurs pour le climat que les combustibles fossiles qu’ils sont censés remplacer, et ce
en raison des impacts du changement d’affectation des sols sur le bilan carbone.
Une telle proposition législative émanant de l’Union européenne enverrait ainsi un signal clair
aux marchés mondiaux et aux investisseurs internationaux, tout en stimulant le développement
d’agrocarburants soutenables sur le plan environnemental et qui, par ailleurs, ne prendraient pas
la place de terres agricoles.
La flambée des prix des denrées alimentaires est provoquée par la convergence de différents
facteurs : phénomènes climatiques extrêmes, envolée des prix du pétrole et de l’énergie, qui
majore le coût des intrants tels que les engrais et l’irrigation, la spéculation et la production
subventionnée des agrocarburants.
L’envolée des prix alimentaires touche plus particulièrement les plus pauvres de la population qui
consacrent une grande partie de leurs revenus à l’alimentation. Les citadins et les ruraux pauvres
sont tous affectés par les prix élevés des denrées alimentaires car la majorité des ménages ruraux
les plus pauvres achètent plus d’aliments qu’ils n’en produisent.
Selon l’IFPRI (International Food Policy Research Institute), un institut spécialisé sur les
questions d’alimentation et d’agriculture, on peut s’attendre à des hausses significatives de
nombreuses denrées alimentaires à l’horizon 2020, par exemple, de 16 à 30 % pour le blé selon les
scénarios, ou encore de 54 % à 135 % pour le manioc, et de 23 à 41 % pour le maïs, en raison du
développement des agrocarburants. La diminution des réserves en eau ou encore le déplacement
des activités agricoles vers des zones plus fragiles comme les forêts pluviales et les savanes font
également partie des conséquences du développement des agrocarburants.
97
être affectée par les pratiques de monoculture à grande échelle et par l’introduction de matériaux
génétiquement modifiés.
Toutefois, les agrocarburants offrent aussi l’occasion d’augmenter les revenus et l’emploi
dans les zones rurales, à condition que des mesures et des investissements spécifiques soient
mis en œuvre pour permettre aux petits agriculteurs de tirer pleinement parti des marchés
bioénergétiques naissants.
Source : RISE, le Réseau Intersyndical de Sensibilisation à l’Environnement « Les agrocarburants FBI (Fausse Bonne Idée)
? » En ligne : http://www.rise.be/files/library/Documentation/outils-cncd/Agrocrburants___.pdf
QUIZ
16
questions sur l’impact du développement des agrocarburants comme élément de
réponse valable ou non au changement climatique, les conséquences du développement
des agrocarburants pour les populations du Sud (réquisition de terres agricoles, hausse des prix de
l’alimentation…), ainsi que pour les travailleurs du Sud actifs dans ce secteur (problématique du
travail décent).
Les impacts au Nord sont également évoqués : la rareté des ressources (alimentaires et autres)
et les dérives spéculatives frappant les marchés mondiaux des denrées alimentaires et ayant une
influence négative sur le pouvoir d’achat, en particulier sur celui des populations les plus précaires.
L’outil fait aussi le lien avec la mobilité durable et questionne des pistes alternatives comme la «
mobilité électronique » (en vue de créer un pont supplémentaire avec l’outil développé par la CSC).
Consigne : pour chacune des questions numérotées de 1 à 16, veuillez choisir la bonne réponse
parmi les trois propositions.
98
3. À partir de quels types de 4. Quelles sont les principales espèces
matières premières sont produits les de végétaux à partir desquels
agrocarburants actuels ? sont fabriqués les agrocarburants de
première génération ?
a. Les protéines végétales
b. Les protéines végétales et les a. Les fougères, les algues, les plantes
effluents d’élevage tropicales…
c. Les huiles végétales et les sucres b. Le colza, le tournesol, la betterave, le
maïs…
c. L’olivier, le figuier, la noix de coco, le
dattier…
5. Quelle quantité d’éthanol produit-
on à partir de la quantité de céréales
nécessaire pour nourrir une personne
pendant un an ? 6. Quels étaient en 2007 les trois
a. 5 à 10 litres principaux producteurs
b. 50 à 75 litres d’agrocarburants dans le monde ?
c. 100 à 125 litres a. Les États-Unis, l’Union européenne, le
Brésil
b. Les États-Unis, le Brésil, l’Inde
7. À partir de quelles matières premières c. L’Union européenne, le Brésil, l’Inde
sont fabriqués les agrocarburants de
deuxième génération ?
a. Le plancton et les algues 8. Quelles sont les principales causes de
b. Les déchets ménagers alimentaires la déforestation dans le monde ?
c. L’ensemble de la plante et non plus a. Les incendies
seulement une partie b. L’exploitation forestière, l’agriculture,
l’élevage
c. Les phénomènes météorologiques
extrêmes
99
11. À politique inchangée d’ici 2020,
quelle superficie sera convertie aux
cultures nécessaires à la production 12. À politique inchangée d’ici 2020, à
d’agrocarburants d’ici 2020 ? combien de voitures supplémentaires
sur les routes européennes
a. Une superficie équivalente à deux fois
correspondrait l’accroissement de la
la Belgique
consommation d’agrocarburants ?
b. Une superficie de 40 000 km²
c. Une superficie supérieure à la France a. Aucune
b. Entre 12 à 26 millions de voitures
supplémentaires
c. Entre 5 et 10 millions de voitures en
13. Quelle est la première cause de la moins
flambée des prix alimentaires que
nous connaissons depuis 2008 ?
a. La spéculation sur les denrées 14. Quelles sont les franges de la société
alimentaires et le pétrole, les plus touchées par l’envolée des
la production subventionnée des prix alimentaires ?
agrocarburants qui prennent la place
a. Les spéculateurs qui ne peuvent
des cultures vivrières
plus dégager de profits sur les
b. L’augmentation de la population
opérations boursières
mondiale et les marges bénéficiaires
b. Les habitants des villes et les ruraux
prises par les intermédiaires
pauvres au Sud
c. Les mauvaises récoltes et les
c. Les grandes enseignes de distribution
conséquences des phénomènes
alimentaire
climatiques extrêmes
Sources : « les agrocarburants : FBI (Fausse Bonne Idée) ? / Outil mallette pédagogique « Justice climatique »,
CNCD 11.11.11.
Instructions en ligne : www.cncd.be/IMG/pdf/2011_mp/2011mp_fiches_papier06.pdf
Questions en ligne : www.rise.be/files/library/Documentation/outils-cncd/Agrocarburants_quizz___.pdf
100
PARTIE 6 :
PRIVATISATION DE L’EAU
INTRODUCTION
APPROFONDISSEMENT / CONTEXTUALISATION
Favoriser la réflexion sur les • Diviser la classe en sous- Photocopies de photos et 12’07
enjeux liés à la privatisation groupes. d’images sur l’eau
de l’eau.
• Distribuer des photos à Feuilles
chaque groupe
• Chaque participant dans
chaque groupe explique ce
qu’il déduit de la photo ou
de la caricature : lieu (pays,
ville, région), caractéristiques
principales, personnages :
métier, âge, origine, état d’esprit
(heureux ou malheureux,
fatigués, ont-ils de l’espoir, ont-
ils peur ? …).
DÉBAT
101
OBJECTIFS DÉROULEMENT / MATÉRIEL
MISE EN PRATIQUE
RESTITUTION
ÉTUDE DE CAS
102
ANNEXE CANEVAS PÉDAGOGIQUE PARTIE 6
Texte - alternatives à la privatisation de l’eau : la gestion communautaire.
Un bon exemple d’exploits accomplis par une gestion communautaire est celui de Port-au-Prince
en Haïti, où l’ONG française GRET est à l’origine d’un partenariat regroupant le service public
(CAMEP), les comités locaux de l’eau de 37 bidonvilles et les communautés elles-mêmes. Ce
projet, soutenu par l’aide européenne au développement, fournit de l’eau grâce à des bornes-
fontaines construites par le service public CAMEP et la communauté locale. La gestion se fait
par les comités de l’eau qui engagent un gérant pour chaque borne-fontaine afin de s’occuper du
bon fonctionnement du système. Les comités de l’eau achètent de l’eau en grande quantité à la
CAMEP et récoltent les paiements des utilisateurs. Environ 600.000 habitants des 37 bidonvilles
ont bénéficié de ce projet, qui propose de l’eau moins chère et de meilleure qualité. Ce projet leur
évite ainsi d’être dépendants des vendeurs privés qui représentent sinon l’unique moyen d’avoir
de l’eau.
Un autre exemple positif est celui émanant du Orangi Pilot Project (OPP) à Karachi (Pakistan),
soutenu par l’ONG Water Aid (GB). Ce projet qui a été développé dans la commune de Orangi -une
zone sans réelles installations sanitaires- permet aux ménages à faibles revenus de construire et
d’entretenir eux-mêmes leurs systèmes sanitaires. Cette initiative émane d’une ONG pakistanaise
qui promeut la gestion et l’organisation des communautés par elles-mêmes afin de réduire les
problèmes liés à la Pauvreté.
L’ONG a d’abord élaboré un système sanitaire simplifié, abordable et techniquement faisable qui
puisse être construit et maintenu par une population avec de faibles revenus. L’ONG a également
apporté son savoir-faire et des conseils, des formations pour les petits constructeurs locaux et
surtout elle a formé la population à prendre la responsabilité du maintien de ses propres systèmes
sanitaires. Des groupes de 20 à 40 ménages coopèrent afin de construire et d’entretenir un
système commun d’égout. Comme chacun a participé à l’élaboration de ce système, il y a une
réelle motivation pour le maintenir en état. Grâce à l’utilisation de technologies peu coûteuses et
le remplacement des contractants plus chers par des compétences locales, le recours à des crédits
extérieurs n’est pas nécessaire. Le modèle Orangi a déjà été transféré dans 42 villages à Karachi
et ce programme va être développé dans d’autres villes du Pakistan. Le plus gros problème a sans
doute été l’incapacité du gouvernement municipal de Karachi de construire les principaux égouts
et installations de traitement indispensables, malgré une pression de la part de l’OPP. Ainsi,
comme le gouvernement municipal ne prend pas ses responsabilités, les eaux usées se déversent
dans la rivière au moment des fortes pluies.
Source : http://www.oxfamsol.be/fr/IMG/pdf/eau_publique_.pdf
103
CHAPITRE 6
RÉSISTANCES ET ALTERNATIVES AU
MODÈLE AGRICOLE INDUSTRIEL
MOUVEMENTS ET RÉSISTANCES
RÉSUMÉ PAYSANNES VIA CAMPESINA
RÉSISTANCE RÉSISTANCES DANS
EUROPÉENNE LE SUD
ALTERNATIVES AU MODELE
Introduction AGRICOLE INDUSTRIEL AGROÉCOLOGIE
RÉSEAUX URBAINS-RURAUX
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement PRODUCTEURS CITOYEN
établis en 2000 dans la Déclaration du Millénaire CONSOMMATEURS
signée par 189 États ont pour but de réduire de moitié
la pauvreté dans le monde d’ici à 2015. Seulement
aujourd’hui il y a toujours un milliard de personnes
qui souffrent de la faim sur notre planète...
Aujourd’hui plus que jamais, nous nous devons de réfléchir et de prêter une attention plus particulière
aux discours, ressassés depuis des décennies par les pouvoirs politiques et économiques, sur les modèles
agricoles les plus aptes à subvenir aux besoins d’une population mondiale toujours plus nombreuse.
Ces derniers ne constitueraient-ils en effet pas, au contraire, un des principaux facteurs de cette crise
globale auquel nous sommes aujourd’hui confrontés ? Une menace pour la planète et un obstacle au
bien-être de nombreuses populations mondiales ? Dans cette perspective, il apparaît important de se
questionner sur les alternatives possibles qui s’offrent aujourd’hui à nous.
Depuis 1993, des millions de paysans à travers le monde ont décidé de créer un mouvement
transnational – La Via Campesina – pour porter leur message à l’échelle internationale.1 Rapidement, La
Vía Campesina est ainsi devenue l’une des principales voix de la résistance radicale à la mondialisation
de ce modèle néolibéral et corporatif d’agriculture et va revendiquer un changement des modèles
agricoles.
Le but principal de La Vía Campesina est ainsi de construire un modèle de développement rural basé sur
le principe de la souveraineté alimentaire. Et ceci implique des changements politiques et structurels
majeurs dans les campagnes.
1 Le mouvement La Vía Campesina représente aujourd’hui 148 organisations de 69 pays de l’Asie, des Amériques, de l’Europe et de
104
l’Afrique.
Exemple de résistance européenne
En Europe, au début des années 2000, plusieurs rencontres ont permis de formaliser et ont défendu
les revendications des droits d’accès à la terre et la paysannerie. Plus tard, un rassemblement de
militants autour d’une idée centrale d’appropriation / réappropriation des moyens d’existence va
permettre la création d’un réseau de syndicats paysans, d’associations actives dans le droit au
logement et d’autres collectifs divers, unis autour de l’envie de repenser les modèles agricoles
et de consommation.
Exemples concrets de résistance européenne : les écovillages et la grève du lait de 2009.
Au sud, sur l’ensemble des continents africain, asiatique et sud-américain, les organisations paysannes
et les populations locales s’organisent de plus en plus pour lutter contre les accaparements de terres.
Cela va fréquemment de pair avec les investissements agricoles à grande échelle et dans le cadre
desquels les pouvoirs publics et le capital sont souvent les complices des investisseurs étrangers.
Ils militent ainsi de différentes manières pour des politiques agricoles nationales, des programmes
d’investissements et des lois foncières qui défendent les droits et les moyens d’existence des
populations et des producteurs vivant en milieu rural. Elles prennent une importance capitale pour
les agriculteurs paysans dans la défense de leurs droits face à des multinationales agroalimentaires
avides de nouveaux marchés.
La souveraineté alimentaire revêt, de nos jours, une importance particulière parce qu’elle se
pose en alternative face au modèle qui a généré de graves problèmes affectant l’alimentation et
l’agriculture à l’échelle mondiale. Elle propose un avenir fondé sur des principes tels que l’autonomie
et l’autodétermination des peuples. Cette option de la souveraineté alimentaire entraîne d’importantes
conséquences à différents niveaux. Elle implique un changement radical des politiques productivistes
et mercantilistes actuelles mais aussi une transition d’une production industrielle axée sur l’exportation
vers la petite agriculture paysanne qui encourage des modes de vie en cohérence avec la durabilité, la
redistribution, la justice et l’équité.
L’agriculture paysanne, l’agroécologie, les réseaux urbains-ruraux, tels sont les exemples que nous
développerons au cours de ce chapitre en tant qu’alternative au modèle agricole industrielle.
105
L’agroécologie
Les réseaux urbains-ruraux
L’agroécologie associe la science et
la pratique de l’agronomie à celles de Ces Associations Pour le Maintien d’une
l’écologie, tout en s’adaptant au contexte Agriculture Paysanne (AMAP)2 sont des
de chaque exploitation ou région. regroupements d’individus ou des réseaux
Ses méthodes visent à augmenter engagés à soutenir une ou plusieurs
la productivité en développant des exploitations agricoles locales. Bien qu’elles
processus naturels et durables, à puissent prendre plusieurs formes, elles
partir des connaissances locales et reposent toutes sur un partenariat solidaire
de l’expérimentation. Elle favorise entre producteurs et consommateurs et
un système de production circulaire, l’engagement de partager aussi bien les
stimulant le recyclage de la biomasse risques que les résultats de chaque récolte.
pour optimiser la décomposition
organique et augmenter la quantité
d’éléments nutritifs au fil du temps.
LES PISTES
DÉROULEMENT /
OBJECTIFS MISE EN PRATIQUE MATÉRIEL
Cet outil a pour objectif Les élèves sont au centre de la 11 actions pour le droit à Entre 15 et
de susciter la réflexion pièce et doivent se positionner l’alimentation. 50 minutes
des jeunes en matière en fonction de leur degré Malette du CNCD 11.11.11
de changement de d’accord par rapport à des http://www.cncd.be/-Outils-
comportement pour le questions que l’enseignent pedagogiques
droit à l’alimentation et leur leur pose. Ensuite, un
donner des pistes d’action débat entre les participants
concrètes déjà réalisées par s’engage. Ils peuvent changer
d’autres groupes. de place s’ils ont changé
d’avis.
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Jagros, «Jeunes Agros & Souveraineté alimentaire», est un programme
d’éducation au développement, qui rassemble 5 Hautes Ecoles wallonnes
section agronomique (Haute Ecole Charlemagne, Haute Ecole Condorcet,
Haute Ecole de la Province de Namur, Haute Ecole Louvain en Hainaut, Haute
Ecole de la Province de Liège) et 3 ONG (Aide au Développement Gembloux,
SOS Faim et Vétérinaire Sans Frontières) depuis 2011.