Notes
Notes
Notes
incompressibles
Charlotte Perrin
18 mars 2024
2
Chapitre 1
références : Boyer, Fabrie Mathematical tools for the study of the incompressible Navier-Stokes
equations and related models
Point de vue Lagrangien Le point de vue Lagrangien consiste lui à suivre les "particules de fluides"
au cours du temps. Dans ce cadre, on introduit X (t ; t 0 , a) la position à l’instant t de la particule qui
3
4 CHAPITRE 1. INTRODUCTION AUX ÉQUATIONS DE LA MÉCANIQUE DES FLUIDES
∂X (t ; t 0 , a) = v ¡t , X (t ; t , a)¢,
0
∂t (1.1)
X (t 0 ; t 0 , a) = a.
Point de vue Eulérien C’est en général selon ce point de vue qu’on exprime les équations de la
dynamique. On se place dans la position d’un observateur situé à l’instant t à la position x ∈ Rd (d est
la dimension d’espace). La bonne notion de dérivée en temps pour la quantité f (t , x) = f (t , X (t ; t 0 , a))
est donnée par la dérivée matérielle :
Df ∂f
:= + (v · ∇) f . (1.2)
Dt ∂t
Rappel : on a pour une fonction f (à valeurs scalaires ou vectorielles)
d
X ∂
(v · ∇) f = vi f
i =1 ∂x i
Dit autrement, regarder la dérivée matérielle consiste à étudier les variations en temps le long des
trajectoires du fluide.
Théorème de transport Soit Ω0 , le volume occupé par le fluide à l’instant 0, on définit le flot ϕt tel
que l’ensemble¡ Ωt = ϕ¢t (Ω0 ) contient les mêmes particules de fluides qu’à l’instant 0. Notons qu’on a
X (t ; t 0 , a) = ϕt ϕ−1
t 0 (a) .
On introduit l’opérateur de divergence, défini de manière générale comme la trace de la matrice
Jacobienne.
— La divergence d’un champ g = (g 1 , . . . , g d ) ∈ Rd est ainsi donnée par :
d ∂g
X i
div (g ) := . (1.3)
i =1 ∂x i
Proposition 1.1. On a
d
J (t , a) = div v (t , ϕt (a)).J (t , a).
¡ ¢
(1.5)
dt
Démonstration. En utilisant l’équation caractéristique (1.1) et la formule de la différentielle d’une
fonction composée, on a
de sorte que, en utilisant une nouvelle fois la formule de différentiation d’une fonction composée :
d
J (t , a) = Tr D v(t , ϕt (a)).Dϕt (a)(Dϕt (a))−1 .J (t , a)
¡ ¢
dt
= div v (t , ϕt (a)).J (t , a).
¡ ¢
de sorte que
d d ¡ d
Z Z Z
f (t , ϕt (a)) |J (t , a)|d a + f (t , ϕt (a)) |J (t , a)|d a
¢
f (t , x)d x =
dt Ωt dt dt
ZΩ0 ³ Ω0
´
= ∂t f (t , ϕt (a)) + (v(t , ϕt (a)) · ∇) f (t , ϕt (a)) |J (t , a)|d a
Ω0
J (t , a) d
Z
+ f (t , ϕt (a)) J (t , a)d a
Ω0 |J (t , a)| d t
Z ³
= ∂t f (t , ϕt (a)) + (v(t , ϕt (a)) · ∇) f (t , ϕt (a))
Ω0
´
+ f (t , ϕt (a)) div v (t , ϕt (a)) |J (t , a)|d a.
¡ ¢
Ceci étant vérifié pour tout élément Ωt , on a l’équation locale de conservation de la masse (aussi
appelée équation de continuité) :
∂t ρ + div (ρv) = 0 (1.9)
— et des forces surfaciques qui rendent comptent des forces exercées par les autres éléments
fluide de l’écoulement sur Ωt :
Z
σ(t , y).nd y, n = normale unit. sortante à la surface ∂Ωt ,
∂Ωt
Décomposition du tenseur des contraintes Tout d’abord, commençons par une propriété fonda-
mentale du tenseur des contraintes :
Proposition 1.3 (Thm I.3.4 Boyer & Fabrie). Supposons que, ρ, v et f sont régulières, alors le tenseur
des contraintes σ est symétrique.
On décompose alors le tenseur σ de la façon suivante :
σ = −pId + S (1.11)
où
— la composante −pId représente les contraintes subies quand le fluide est au repos, i.e. quand
v = 0. On appelle p = p(t , x) ∈ R la pression du fluide ;
— la composante S ∈ M d ,s ym (R) est appelée tenseur des contraintes visqueuses.
Loi d’état - Fluide barotrope On dit qu’un fluide est barotrope quand la pression est une fonction
de la seule densité :
p = P (ρ). (1.12)
Se donner une fonction P (via la thermodynamique), c’est se munir d’une loi d’état. On peut prendre
par exemple, la loi des gaz isentropiques : P (ρ) = aρ γ , avec a > 0, γ > 1.
∇v + (∇v)t
D(v) := ,
2
aussi appelé tenseur des taux de cisaillement (shear rate tensor).
Sous l’hypothèse d’un fluide newtonien, on écrit le tenseur des contraintes visqueuses sous la
forme :
S = 2µD(v) + λdiv v Id (1.13)
Les deux coefficients µ et λ sont deux coefficents réels (qui pourraient, en toute généralité, aussi
dépendre de ρ, p, ou de la température) :
— µ ≥ 0 est appelée viscosité de cisaillement (shear viscosity) ;
2
— λ + µ ≥ 0 (ou parfois juste λ) est appelée viscosité de volume (bulk viscosity).
d
appelé
2
— système de Navier-Stokes compressible quand µ > 0, λ + µ ≥ 0;
d
— système d’Euler compressible quand µ = λ = 0 (fluide non-visqueux).
On complète finalement le système avec une condition initiale (ρ 0 , (ρv)0 ) et des conditions au bord
du domaine Ω.
Remarque : d’un point de vue mathématique, les équations d’Euler expriment des phénomènes
de transport et se rattachent donc à la classe des systèmes hyperboliques, tandis que le système de
Navier-Stokes couple des phénomènes de transport et de diffusion (liée à la présence de viscosité).
d d
Z Z
|Ωt | = 1dx = div v d x;
dt dt Ωt Ωt
Dρ
— 2 ⇐⇒ 3 on écrit le bilan de masse sous la forme = −ρdiv v.
Dt
Dans le régime incompressible, si la densité initiale à t = 0 est constante, ρ 0 (x) ≡ ρ 0 > 0 alors,
comme ρ est constant le long des caractérisitques, on en déduit que ρ(t , x) ≡ ρ 0 pour tous t , x. Le
fluide est alors dit homogène.
où ν > 0 est appelée viscosité cinématique, et la "pression" p (qui n’est plus une fonction de la den-
sité) est comprise comme un multiplicateur de Lagrange associé à la contrainte d’incompressibilité
div v = 0.
1.5. VORTICITÉ 9
Remarque : On rappelle que l’équation de quantité de mouvement est une équation vectorielle,
on a pour tout i entre 1 et d :
d d
∂t v i + v j ∂x j v i + ∂x i p − ν ∂2x j v i = f i .
X X
j =1 j =1
Équations d’Euler incompressible homogène Dans le cas d’un fluide non-visqueux, incom-
pressible homogène (on dit parfois fluide parfait), on obtient le système
(
div v = 0,
(1.20)
∂t v + (v · ∇)v + ∇p = f .
Exercice : Montrer que pour une solution régulière (v, p) de (1.19) on a le bilan local d’énergie
suivant µ 2¶ µµ 2 ¶ ¶
|v| |v|
∂t + div + p v − ν(∇v) .v + νTr((∇v)t ∇v) = f · v.
t
(1.21)
2 2 | {z }
| {z } =|∇v|2
=energie cinétique loc.
1.5 Vorticité
La vorticité au sein de l’écoulement est définie comme suit :
ω = curl v (1.22)
où
— si d = 2
∂v 2 ∂v 1
curl v := ∇ ∧ v = − ∈ R,
∂x 1 ∂x 2
mais on peut également écrire ω = ∇⊥ · v où ∇⊥ := (−∂x2 , ∂x1 )t ;
— si d = 3
∂v 3 ∂v 2
−
∂x 2 ∂x 3
∂v
1 ∂v 3
curl v := ∇ ∧ v = − ∈ R3 ;
∂x 3 ∂x 1
∂v 2 ∂v 1
−
∂x 1 ∂x 2
Exercice : on considère b un champ scalaire, A un champ vectoriel, vérifier les formules suivantes
curl (∇b) = 0 (1.23)
div (curl A) = 0 (1.24)
curl (b A) = b(curl A) + (∇b) ∧ A (1.25)
1
(A · ∇)A = ∇|A|2 − A ∧ curl A (1.26)
2
curl (curl A) = ∇div A − ∆A (1.27)
Pour simplifier, on supposera dans toute la suite que f ≡ 0 et que les équations (1.19)-(1.20) sont
posées sur Rd tout entier.
Formulation vorticité-courant Comme div v = 0, il existe une fonction courant (unique à une constante
additive près), notée ψ(t , x), telle que
v = ∇⊥ ψ := (−∂x2 ψ, ∂x1 ψ)t . (1.29)
En appliquant alors l’opérateur curl obtient l’équation de Poisson :
ω = ∆ψ. (1.30)
On peut alors exprimer ψ comme la convolution du potentiel newtonien avec ω (ref : Evans (PDE,
Chap 2) ou Folland (1995)) :
1
Z
ψ(t , x) = ln |x − y|ω(t , y) d y, x ∈ R2 ,
2π R2
et en différentiant
x2 x1 t
µ ¶
1
Z
v(t , x) = K 2 (x − y)ω(t , y) d y, où K 2 (x) = − , . (1.31)
R2 2π |x|2 |x|2
On retrouve donc la vitesse à partir de la vorticité ω au moyen d’un opérateur nonlocal, la loi (1.31) ci-
dessous est appelée loi de Biot-Savart (utilisée en électromagnétisme) et on écrit v = B S[ω] = K 2 ∗ ω.
Proposition 1.5 (Formulation vorticité-courant 2D). Pour des écoulements bidimensionnnels décrois-
sant vers 0 suffisamment vite quand |x| → +∞, les équations de Navier-Stokes incompressible (1.19)
sont équivalentes à la formulation vorticité courant
∂t ω + v · ∇ω = ν∆ω,
∀ t ≥ 0, x ∈ R2 (1.32)
Z
v(t , x) = B S[ω](t , x) := K 2 (x − y)ω(t , y) d y,
R2
qui est sur-déterminé a priori car on a 4 équations pour seulement 3 inconnues (les trois composantes
du champ de vitesse).
Proposition 1.6. Soit ω ∈ L 2 (R3 ; R3 ), décroisssant vers 0 suffisamment vite à l’infini. Alors
1. Eq (1.35) admet une solution régulière v qui s’annule quand |x| → +∞ si et seulement si
div ω = 0;
v = −curl ψ,
∆ψ = ω.
1 x ∧h
Z
v(x) = B S[ω](x) := K 3 (x − y)ω(y)d y, où K 3 (x)h = , ∀ h ∈ R3 . (1.36)
R3 4π |x|3
Démonstration. — D’abord, si v est solution de (1.35) alors en particulier ω = curl v et donc par
l’identité (1.24) on a nécessairement div ω = 0.
— Dans l’autre sens, on suppose que div ω = 0 et on veut construire v solution de (1.35). On com-
mence par introduire ψ solution de l’équation de Poisson
1 ω(y)
Z
∆ψ = ω =⇒ ψ(x) = d y. (1.37)
4π R3 |x − y|
identité qu’on multiplie par ∇div ψ et qu’on intègre ensuite sur espace :
Z Z Z
2
|∇div ψ| d x = curl curl ψ · ∇div ψ d x − ω · ∇div ψ d x
R3 R3 R3
12 CHAPITRE 1. INTRODUCTION AUX ÉQUATIONS DE LA MÉCANIQUE DES FLUIDES
Par intégration par partie, en utilisant de nouveau l’identité div curl = 0 et le fait que div ω = 0,
on obtient en revenant à (1.38) :
Théorème 2.1. Soient ν ≥ 0, v 0 ∈ H m (Rd ), m > d2 + 2, avec div v 0 = 0. Alors il existe un temps T ,
1
T≤ ,
C kv 0 kH m
avec C = C (m) une constante positive dépendant de l’indice de régularité m, tel qu’il existe un unique
v ∈ C ([0, T ]; H m (Rd )) ∩ C 1 ([0, T ] ∩ H m−r (Rd )) solution du problème (2.1)-(2.2), avec r = 1 si ν = 0
(Équations d’Euler), r = 2 si ν > 0 (Équations de Navier-Stokes).
Méthodologie classique
référence principale du chapitre : livre de Bertozzi et Majda Vorticity and incompressible flow
13
14 CHAPITRE 2. SOLUTIONS FORTES
2.1 Préambule
2.1.1 Espaces de Sobolev
L’espace H m (Rd ), m ∈ N, est formé par les fonctions v ∈ L 2 (Rd ) qui sont telles que pour tout multi-
α α
indice α, 0 ≤ |α| ≤ m, on a D α v ∈ L 2 (Rd ), où D α := ∂x11 . . . ∂xdd est une dérivée partielle au sens des
distributions.
Il est muni du produit scalaire et de la norme suivants :
à !1/2
X Z
D α u D α v d x, kD α vk2L 2
X
〈u, v〉H m := kvkH m := .
0≤|α|≤m R
d
0≤|α|≤m
Rmq : de manière plus générale l’espace W m,p (Rd ) désigne l’ensemble des fonctions telles que D α v ∈
L p (Rd ).
On peut aussi introduire des espace de Sobolev pour des indices s ∈ R non entiers. On introduit
pour cela la fonctionnelle définie sur l’espace de Schwartz des fonctions régulières à décroissance
rapide, S (Rd ) :
k · kH s : S (Rd ) → R+ ,
µZ ¶1/2
2 s 2
v 7→ kvkH s := (1 + |ξ| ) |v̂(ξ)| d ξ .
Rd
L’espace H s (Rd ) est alors défini comme le complété de S (Rd ) pour la norme k · kH s . Bien sûr, si s =
m ∈ N, cette norme est équivalente à la précédente.
Nous listons ci-dessous des résultats utiles pour la suite du chapitre/cours.
d
Lemme 2.2. 1. Pour s > , l’espace H s+k (Rd ), k ∈ N, s’injecte continûment dans l’espace C k (Rd ).
2
Autrement dit, il existe une constante C > 0 telle que
Lemme 2.3. 1. Pour tout m ∈ N, il existe C > 0 tel que, pour tous u, v ∈ L ∞ (Rd ) ∩ H m (Rd ),
d
2. Pour tout s > , l’espace H s (Rd ) est une algèbre de Banach, c’est-à-dire qu’il existe C > 0 telle que
2
pour tous u, v ∈ H s (Rd ) :
kuvkH s ≤ C kukH s kvkH s .
Lemme 2.4 (Interpolation). Soit s > 0, il existe une constante positive C = C (s) telle pour tout v ∈
H s (Rd ) et r ∈ ]0, s[,
kvkH r ≤ C kvkL1−r
2
/s
kvkrH/ss . (2.8)
dp
W 1,p (U ) ⊂⊂ L q (U ), ∀ 1 ≤ q < p ∗ := .
d −p
Ainsi, pour tout ouvert borné U de Rd , m ∈ N, l’espace H m+1 (U ) s’injecte de manière compacte
dans H m (U ).
Proposition 2.6. Pour tout v ∈ L p (Rd ), 1 ≤ p ≤ ∞, J ε v est une fonction C ∞ . On a de plus les propriétés
suivantes :
1. kJ ε vkL p ≤ kvkL p et, pour p < +∞, J ε v converge vers v dans L p (Rd ) quand ε → 0.
2. si v ∈ C 0 (Rd ), J ε v → v uniformément sur tout compact K ⊂⊂ Rd , et
kJ ε vkL ∞ ≤ kvkL ∞ ;
D α J ε v = J ε D α v, ∀ |α| ≤ m;
1 1
4. soit q tel que + = 1, pour tout u ∈ L q (Rd ) :
p q
Z Z
(J ε v) · u d x = v · (J ε u) d x;
Rd Rd
16 CHAPITRE 2. SOLUTIONS FORTES
lim kJ ε v − vkH s = 0,
ε→0
6. si v ∈ H m (Rd ), m, k ∈ N :
C mk
kJ ε vkH m+k ≤ kvkH m ,
εk
Ck
kJ ε D k vkL ∞ ≤ kvkL 2 ,
εd /2+k
où C km ,C k sont deux constantes positives dépendant respectivement de m, k et de k.
voir preuves : Boyer & Fabrie (Prop II.2.25 p.62) ; Bertozzi & Majda P.131
et on utilise la contrainte d’incompressibilité div v = 0 pour en déduire que p satisfait une équation
de Poisson :
∂xi v j ∂x j v i + ∂2xi p = 0 −∆p = Tr (∇v)2
X X
i.e. (2.12)
i,j i
Proposition 2.7. Tout champ de vecteur u ∈ L 2 (Rd )∩C ∞ (Rd ) admet une unique décomposition ortho-
gonale
u = w + ∇q, avec div w = 0, (2.13)
et satisfaisant les propriétés suivantes :
1. w, ∇q ∈ L 2 (Rd ) ∩ C ∞ (Rd ) ;
2.1. PRÉAMBULE 17
Z
2. w(x) · ∇q(x) d x = 0 (i.e. w ⊥ ∇q dans L 2 ) ;
Rd
3. kD α uk2L 2 = kD α wk2L 2 + k∇D α qk2L 2 .
On peut alors définir l’opérateur de projection de Leray :
Démonstration. On renvoie à Bertozzi & Majda p.33. Pour déterminer q et w, on procède de manière
analogue à la discussion d’introduction : on applique l’opérateur divergence à l’équation (2.13) pour
trouver q comme solution de l’équation de Poisson −∆q = div u et on pose ensuite w = u − ∇q.
Remarque : Le projecteur de Leray est parfois défini grâce aux opérateurs "pseudo-différentiels"
(définis via l’analyse de Fourier) par la formule
voir par exemple le livre Bahouri, Chemin, Danchin Fourier Analysis and Nonlinear Partial Differen-
tial Equations (Chapitre 5).
On peut facilement étendre la proposition précédente aux cas des fonctions dans H m , comme
énoncé dans la proposition suivante.
Proposition 2.8. Pour tout champ de vecteur u ∈ H m (Rd ), m ∈ N, il existe une unique décomposition
orthogonale
u = w + ∇q,
telle que le projecteur de Leray P(u) = w satisfait les propriétés suivantes :
1. P(u), ∇q ∈ H m (Rd ),
Z
P(u) · ∇qd x = 0, div (Pu) = 0, kPuk2H m + k∇qk2H m = kuk2H m .
Rd
Lemme 2.9 (Lemme de Gronwall). Si a et b sont deux fonctions de R dans R localement intégrables,
alors pour tout fonction dérivable y : R → R+ vérifiant
on a l’inégalité
µZ t ¶ Z t µZ t ¶
y(t ) ≤ y(0) exp a(s)d s + exp a(τ)d τ b(s)d s.
0 0 s
Proposition 2.10. Soient T > 0 et v 1 , v 2 ∈ C ([0, T ]; L 2 (Rd )), deux solutions du problème (2.1)-(2.2). On
suppose de plus que ∇v 2 ∈ L 1 ([0, T ]; L ∞ (Rd )). Alors v 1 = v 2 .
d |δv|2 |δv|2
Z Z Z Z Z
dx + v1 · ∇ dx + (δv · ∇)v 2 · δv d x + ∇δp · δv d x − ν ∆δv · δv = 0.
dt Rd 2 Rd 2 Rd Rd Rd
En intégrant par parties et en utilisant la condition d’incompressibilité div v i = 0, cette équation de-
vient
d |δv|2
Z Z Z
dx + (δv · ∇)v 2 · δv d x + ν |∇δv|2 = 0,
dt Rd 2 Rd Rd
et ainsi
d
Z Z
2
|δv| d x ≤ 2k∇v 2 k L∞
x
|δv|2 d x.
dt Rd Rd
Le problème (P ε )ε que nous allons étudier est obtenu en appliquant la projecteur de Leray aux équa-
tions précédentes (on utilise en particulier le fait que Pv ε = v ε et P∇p ε = 0)
h i
∂ v + PJ (J v ) · ∇(J v ) = νJ (J ∆v ),
t ε ε ε ε ε ε ε ε ε
(2.17)
(v ) = v 0.
ε |t =0
kF (X 1 ) − F (X 2 )kB ≤ LkX 1 − X 2 kB , ∀ X 1, X 2 ∈ VX .
Alors, pour tout X 0 ∈ O, il existe un temps T > 0 tel que le problème de Cauchy
d X = F (X ),
dt (2.18)
X |t =0 = X 0 ,
Lemme 2.12. Sous les conditions du Lemme précédent, l’unique solution X ∈ C 1 ([0, T [;O) du problème
de Cauchy (2.18) soit existe globalement en temps, soit, si T < ∞, sort de l’ouvert O quand t → T − .
Théorème 2.13 (Existence globale et unicité de la solution de (P ε )). Soit v 0 ∈ V m , m ∈ N. Pour tout
ε > 0, ν ≥ 0, il existe une unique solution v ε ∈ C 1 ([0, +∞[;V m ) au problème régularisé (2.17).
Preuve du Théorème 2.13. — étape 1 (existence et unicité localement en temps). On réécrit le sys-
tème (2.17) sous la forme
d v ε = F (v ),
ε ε
h i
dt avec F ε (v) := νJ ε (J ε ∆v) − PJ ε (J ε v) · ∇(J ε v) . (2.19)
(v ε )|t =0 = v 0
On vérifie tout d’abord que F ε envoie V m dans V m , la régularité étant assurée par l’opérateur
de régularisation J ε et la propriété de divergence nulle par l’opérateur de projection.
20 CHAPITRE 2. SOLUTIONS FORTES
Par ailleurs, on peut faire une estimation d’énergie pour estimer kv ε kL ∞ L 2x . On multiplie pour
t
cela l’équation (2.17) par v ε et on intègre en espace, utilisant les propriétés de symétrie de J ε et
P:
1 d
Z Z Z
|v ε |2 d x = ν v ε · J ε2 ∆v ε d x − v ε · PJ ε [(J ε v ε · ∇)(J ε v ε )] d x
2 d t Rd Rd Rd
|J ε v ε |2
Z Z · ¸
=ν J ε v ε · J ε ∆v ε d x − Jεvε · ∇ dx
Rd Rd 2
1
Z Z
2
= −ν |∇J ε v ε | d x + div (J ε v ε ) |J ε v ε |2 d x.
R d 2 R | {z }
d
=0
2.4. ESTIMATIONS UNIFORMES PAR RAPPORT AU PARAMÈTRE ε 21
1 d
kv ε k2H m + νkJ ε ∇v ε k2H m ≤ C kv ε k3H m , (2.22)
2 dt
kv 0 kH m
sup kv ε (t , ·)kH m ≤ . (2.23)
t ∈[0,T ] 1 −C T kv 0 kH m
Ainsi, pour m > d2 +1, T < (C kv 0 kH m )−1 , la suite (v ε )ε est uniformément bornée dans C ([0, T ]; H m (Rd )).
1 d
Z Z
α 2
|D v ε | d x + ν |D α J ε ∇v ε |2 d x
2 d t Z Rd Rd Z h
α α
¢i
(J ε v ε ) · ∇D J ε v ε · PJ ε D v ε d x + J ε (J ε v ε · ∇)D α J ε v ε − D α J ε (J ε v ε · ∇)J ε v ε · PD α v ε d x
¡ ¢ ¡ ¢ ¡
=−
ZR Rd
d
1
Z h
α
¢i
2
J ε (J ε v ε · ∇)D J ε v ε − D J ε (J ε v ε · ∇)J ε v ε · PD α v ε d x
α α
¡ ¢ ¡
= div (J ε v ε ) |D J ε v ε | d x +
2 RZ d R d
h ¢i
(J ε v ε · ∇)D J ε v ε − D (J ε v ε · ∇)J ε v ε · PJ ε D α v ε d x.
α α
¡
= 0+
Rd
22 CHAPITRE 2. SOLUTIONS FORTES
On en déduit l’estimation
1 d
kv ε k2H m + νkJ ε ∇v ε k2H m ≤ C k∇J ε v ε kL ∞ kv ε k2H m . (2.24)
2 dt
On utilise ensuite l’injection de Sobolev (2.3) au membre de droite, k∇J ε v ε kL ∞ ≤ C kJ ε v ε kH m valide
pour m > d2 + 1, et on obtient :
1 d d
kv ε k2H m + νkJ ε ∇v ε k2H m ≤ C kv ε k3H m i.e. kv ε kH m ≤ C kv ε k2H m . (2.25)
2 dt dt
On conclut en intégrant cette EDO entre t = 0 et t = T :
0 −1 kv 0 kH m
kv ε (T )k−1
H m ≥ kv k H m −C T =⇒ kv ε (T )kH m ≤ .
1 −C T kv 0 kH m
d
Proposition 2.15. Supposons de plus que m > + 2, alors la suite (∂t v ε )ε est uniformément bornée
2
dans L ∞ (]0, T [ ; H m−2 (Rd )).
d
et comme H m−2 est une algèbre de Banach (on a supposé m − 2 > ) on en déduit l’estimation sou-
2
haitée :
k∂t v ε (t , ·)kH m−2 ≤ C νkv ε (t , ·)kH m +C kJ ε v ε (t , ·)kH m−2 k∇J ε v ε (t , ·)kH m−2
≤ C νkv ε (t , ·)kH m +C kv ε (t , ·)k2H m .
Théorème 2.17. — Soit E un espace de Banach réflexif et soit (u n )n une suite bornée dans E . Alors
il existe une sous-suite (u nk ) qui converge faiblement dans E ;
— Soit E un espace de Banach séparable, et soit ( f n )n une suite bornée dans l’espace dual E 0 . Alors
il existe une sous-suite ( f nk ) qui converge dans E 0 pour la topologie faible-*.
Corollaire 2.18. Soit E un espace de Banach, et (u n ) une suite d’éléments de E (resp. de E 0 ) qui converge
faiblement (resp. faible-*) vers u ∈ E (resp u ∈ E 0 ). Alors la suite (u n ) est bornée dans E (resp. dans E 0 ) et
on a
kukE ≤ lim inf ku n kE (resp. kukE 0 ≤ lim inf ku n kE 0 ).
n n
Proposition 2.19. Soit E un espace de Banach réflexif (resp. le dual d’un espace de Banach séparable) et
(u n ) une suite bornée dans E . On suppose qu’il existe u ∈ E telle que toute sous-suite de (u n ) faiblement
(faible-*) convergente a une limite égale à u, alors la suite entière (u n ) converge faiblement (resp. faible-
*) vers u.
Au-delà des résultats de convergence de Banach-Alaoglu, nous allons ici nous appuyer sur un
résultat de compacité forte, usuellement appelé lemme d’Aubin-Lions (étendu par Simon pour le cas
p = +∞ que nous allons utiliser).
dv
½ ¾
p r
E p,r := v ∈ L (]0, T [; B 0 ), ∈ L (]0, T [; B 2 ) .
dt
2.5.2 Application
Dans tout ce qui suit, sauf mention contraire, on suppose T < (C kv 0 kH m )−1 .
Pour tout compact K de Rd , on considère B 0 = H m (K ) qui s’injecte de manière compacte dans
B 1 = H m−1 (K ), qui lui-même qui s’injecte de façon continue dans B 2 = H m−2 (K ). Par les estima-
tions des propositions 2.14 et 2.14 on déduit grâce au théorème d’Aubin-Lions-Simon que, pour
tout compact K , il existe une sous-suite de (v ε ) dépendant a priori de K , qui converge fortement
dans C ([0, T ]; H m−1 (K )). Par un argument d’extraction diagonale, on peut choisir la même sous-suite
pour tous les compacts K n = [−n, n], on note cette sous-suite encore (v ε ). On a alors l’existence de
v ∈ C ([0, T ]; Hlm−1
oc
(Rd )) tel que
Nous montrons finalement dans la proposition suivante que la limite v est en fait plus régulière.
Par le théorème de Banach-Alaoglu, on a facilement que v ∈ L ∞ ([0, T ]; H m (Rd )), il nous faut donc
montrer que t 7→ kv(t )kH m est une fonction continue.
Definition 2.22. Soit Y un espace de Banach. On dit qu’une fonction f : [0, T ] → Y est faiblement
continue si pour tout ψ ∈ Y 0 , la fonction définie par t ∈ [0, T ] 7→ 〈ψ, f (t )〉Y 0 ,Y est continue. On note
C ([0, T ]; Y w ), l’ensemble des fonctions définies sur [0, T ] à valeurs dans Y qui sont faiblement conti-
nues.
m d
Montrons tout d’abord que v ∈ C ([0, T ]; H w (R )). Ceci repose sur une simple application du
lemme suivant (corollaire du théorème d’Arzelà-Ascoli, dont on trouvera la preuve dans [Lions Math.
Topics in Fluid Machanics T1 - Appendix C]) :
Lemme 2.23. Soit X un espace de Banach réflexif séparable, ( f n )n une suite bornée dans L ∞ (]0, T [; X )
pour un T ∈]0, +∞[. On suppose que f n ∈ C ([0, T ]; Y ) où Y est un espace de Banach tel que X ,→ Y ,
Y 0 est séparable et dense dans X 0 . De plus on suppose que ∀ϕ ∈ Y 0 , < ϕ, f n (t ) >Y 0 ,Y est uniformément
continue en t , uniformément en n, i.e.
Nous devons à partir de maintenant séparer la preuve selon que ν = 0 (Euler) ou ν > 0 (Navier-
Stokes).
2.5. PASSAGE À LA LIMITE ε → 0 25
kv 0 kH m
sup kv ε (t , ·)kH m ≤ ,
t ∈[0,T ] 1 −C T kv 0 kH m
kv 0 kH m
sup kv(t , ·)kH m ≤ ,
t ∈[0,T ] 1 −C T kv 0 kH m
m d
D’autre part, comme v ∈ C ([0, T ]; H w (R )) on a l’inégalité
lim inf
+
kv(t , ·)kH m ≥ kv 0 kH m ,
t →0
et donc
lim kv(t , ·)kH m = kv 0 kH m .
t →0+
On faisant le même raisonnement en remplaçant t en −t , les équations d’Euler étant réver-
sibles, on obtient de la même manière limt →0− kv(t , ·)kH m = kv 0 kH m .
— Continuité à t = t 1 > 0. À t 1 , la fonction v(t 1 , ·) := v 1 satisfait l’estimation
kv 0 kH m
kv 1 kH m ≤ ,
1 −C t 1 kv 0 kH m
donc regarder le problème de Cauchy autour de t = t 1 . On construit une suite de solutions
approchées ṽ ε pour laquelle on contrôle (unif. en ε) la norme H xm sur un petit intervalle de
temps [t 1 − T̃ , t 1 + T̃ ]. Par unicité de la solution du problème (P ε ), la limite quand ε → 0, ṽ doit
coïncider avec v sur [t 1 − T̃ , t 1 + T̃ ]∩[0, T ]. On reproduit alors les arguments du point précédent
pour montrer que t 7→ kṽkH m est continue en t = t 1 , et donc v ∈ C ([0, T ]; H m (Rd )).
— Enfin, pour obtenir la régularité C 1 [0, T ]; H m−1 (Rd ) , on revient à l’équation satisfaite par v :
¡ ¢
³ ´
∂t v = −Pdiv v ⊗ v ,
La régularité v ∈ C ([0, T ]; H m (Rd )) assure que le second membre est dans C ([0, T ]; H m−1 (Rd )),
et ainsi ∂t v ∈ C ([0, T ]; H m−1 (Rd )).
Démonstration dans le cas ν > 0. De la même manière que pour le cas des équations d’Euler (ν = 0),
on assure la continuité à forte de t 7→ kv(t , ·)kH m en t = 0+ . Les équations de Navier-Stokes n’étant pas
réversible en temps du fait de la viscosité ν > 0, nous ne pouvons pas montrer de manière analogue à
continuité en t = 0− . Nous procédons autrement ici en utilisant les effets régularisant justement liés
à la dissipation visqueuse. En effet, en revenant à l’estimation (2.25), on a
p
νkJ ε ∇v ε kL 2 L 2x ≤ C ,
t
26 CHAPITRE 2. SOLUTIONS FORTES
et pour presque tout temps t ∈ [0, T ], v(t , ·) ∈ H m+1 (Rd ). En particulier, pour tout δ > 0, il existe
t 1 ∈]0, δ[ tel que v(t 1 , ·) ∈ H m+1 (Rd ) et prenons alors v 1 := v(t 1 , ·) comme nouvelle condition ini-
tiale. En appliquant les mêmes arguments que précédemment (en remplaçant m par m + 1), on
construit une solution v̂ sur un intervalle de temps [t 1 , T̂ ] qui satisfait v̂ ∈ C ([t 1 , T̂ ]; H m (Rd )) avec
T < T̂ < (C kv 0 kH m )−1 . Par unicité de la solution, v̂ coïncide avec v sur [0, T ] ∩ [t 1 , T̂ ]. Comme de plus
δ > 0 est choisi arbitrairement, on en déduit que v ∈ C (]0, T ]; H m (Rd )). On conclut en rappelant la
continuité à forte de t 7→ kv(t , ·)kH m en t = 0+ .
Théorème 2.24 (Beale-Kato-Majda, 1984). On suppose que d = 3. Soient ν ≥ 0, v 0 ∈ V m avec m > d2 +2,
et v la solution de (2.1)-(2.2). Alors on a l’équivalence suivante
Z T
lim sup kv(t , ·)kH m < +∞ ⇐⇒ kω(t , ·)kL ∞ d t < +∞, (2.29)
t →T − 0
où ω = curl v.
Ce résultat s’appuie sur les estimations suivantes (admises dans ce cours) qui permettent d’obte-
nir des estimation sur v = B S[ω] (voir notations Chapitre 1).
Lemme 2.26. On suppose que v = B S[ω] est une fonction très régulière, on a alors l’estimation suivante
Ce lemme est admis ici, on pourra trouver une démonstration dans [BertozziMajda, Chap.3, p.118].
2.6. EXISTENCE GLOBALE - CRITÈRE DE BEALE-KATO-MAJDA 27
Démonstration du Théorème 2.24. Le sens direct se démontre facilement grâce à l’estimation (2.3) :
le contrôle de la norme H xm , permet de contrôler la norme L ∞x de ∇v et donc la norme L x de ω.
∞
On souhaite démontrer l’autre sens, i.e. on veut montrer que le contrôle de kωkL 1 L ∞ permet de
contrôler kvkL ∞ H m . En reproduisant l’estimation (2.24) en norme H m des sections précédentes pour
v (justifié car on a montré que v était suffisamment régulière), on a
d
kvkH m ≤ C k∇vkL ∞ kvkH m . (2.32)
dt
Pour d = 3, la formulation vorticité-courant des équations s’écrit
(
∂t ω + (v · ∇)ω − ν∆ω = (ω · ∇)v,
(2.33)
ω|t =0 = ω0 .
d |ω|2 |ω|2
Z Z Z Z
2
dx +ν (ω · ∇)v · ω d x
¡ ¢
|∇ω| d x = − v ·∇ dx +
dt R3 2 R3 Z R
3 2 R3
(ω · ∇)v · ω d x,
¡ ¢
=
R3
d ¡ ¢ ¡ ¢
kv(t , ·)kH m + 1 ≤ C kv(t , ·)kH m + 1 k∇v(t , ·)kL ∞ ,
dt
et donc
d ¡
kv(t , ·)kH m + 1 ≤ C kv(t , ·)kH m + 1 1 + k ln+ (v(t , ·))kH 3 kω(t , ·)kL ∞ + 1 .
¢ ¡ ¢¡ ¢¡ ¢
dt | ¡ {z }¢
≤ln kv(t ,·)kH m +1
z 0 (t ) ≤ C z(t )(1 + ln z(t ))kω(t , ·)kL ∞ =⇒ (ln z)0 (t ) ≤ C (1 + ln z(t ))kω(t , ·)kL ∞ ,
c’est-à-dire ¡ ¢0
ln(1 + ln z) (t ) ≤ C kω(t , ·)kL ∞ .
28 CHAPITRE 2. SOLUTIONS FORTES
On en déduit que µ Z t ¶
1 + ln z(t ) ≤ (1 + ln z(0)) exp C kω(s, ·)kL ∞ d s .
0
Ainsi,
Z T
kω(t , ·)kL ∞ d t < +∞ =⇒ lim sup z(t ) < +∞ i.e. lim sup kv(t )kH m < +∞.
0 t →T − t →T −
Existence globale dans le cas de la dimension 2 En dimension 2, l’équation de la vorticité est don-
née par l’équation scalaire
∂t ω + (v · ∇)ω − ν∆ω = 0,
qui ne contient donc pas de terme d’élongation (/streching ω∇v) présent les équations 3d (2.33).
— Dans le cas des équations d’Euler ν = 0, ω est donc simplement transporté par le champ de
vitesse v. On assure d’une part par des estimations d’énergie kω(t , ·)kL 2 ≤ kω0 kL 2 , et d’autre
part via les caractéristiques
kω(t , ·)kL ∞ = kω0 kL ∞ .
— Dans le cas Navier-Stokes ν > 0, on a de la même façon kω(t , ·)kL 2 ≤ kω0 kL 2 , tandis que la borne
L ∞ est assurée par le principe du maximum
d
kvkH m ≤ C (1 + ln+ kvkH m )kvkH m , (2.35)
dt
et en posant z(t ) = 1 + kv(t , ·)kH m
¡ ¢ ¡ ¢
ln 1 + ln z(T ) ≤ ln 1 + ln z(0) +C T.
Ainsi, lim supt →T − kv(t , ·)kH m ≤ C T < +∞, et donc la solution existe globalement en temps.
Remarques de conclusion sur le cas 3D La question de l’existence globale des solutions fortes pour
les équations d’Euler et Navier-Stokes 3D est a priori toujours ouverte. Il s’agit d’un des problèmes du
millénaire identifié par l’institut Clay, voir
https://www.claymath.org/millennium/navier-stokes-equation/
et l’article de description de Fefferman. On peut néanmoins citer des travaux récents (encore à
l’état de preprints) de Chen et Hou qui semblent montrer, au moyen d’une preuve assistée par ordi-
nateur, l’apparition de singularité en temps fini pour les équations d’Euler 3D (on pourra par exemple
consulter l’article de vulgarisation correspondant sur le site Quanta Magazine).
Chapitre 3
Solutions faibles
Nous avons vu dans le chapitre précédent que les solutions fortes des équations de Navier-Stokes
et d’Euler (3D) étaient a priori définies sur un intervalle de temps fini. Nous nous intéressons dans
cette section à des classes de solutions à régularité plus faible où les équations ne seront définies
qu’au sens des distributions, mais dans lesquelles les solutions sont définies globalement en temps.
L’inconvénient étant qu’a priori l’unicité de ces solutions n’est plus garantie.
Nous présentons des classes de solutions faibles des équations de Navier-Stokes (solutions de
Leray) et d’Euler (solutions de Yudovich) pour lesquelles l’unicité est assurée dans le cas de la dimen-
sion 2.
Nous introduisons maintenant la notion de solution faible (introduite par Yudovich) pour la for-
mulation vorticité-courant.
Definition 3.1. Soit ω0 ∈ L 1 (R2 ) ∩ L ∞ (R2 ). On dit que ω ∈ L ∞ (R+ ; L 1 (R2 ) ∩ L ∞ (R2 )) est une solution
faible de (3.1)-(3.2) si, pour tout ϕ ∈ C c∞ (R+ × R2 ) :
Z Z h i Z
ω ∂t φ + ω B S[ω] · ∇φ d xd t + ω0 (x) φ(0, x)d x = 0 (3.3)
R+ R2 R2
Théorème 3.2 (Yudovich (1963)). Soit ω0 ∈ L 1 (R2 ) ∩ L ∞ (R2 ). Il existe une unique solution faible au
système (3.1)-(3.2).
29
30 CHAPITRE 3. SOLUTIONS FAIBLES
3.1.1 Existence
Problème approché Notre problème approché se base sur un schéma d’Euler (explicite) couplé à
une régularisation de la donnée initiale.
Soit ε > 0, on pose initialement
ωε,n (0, x) = J ε ω0 . (3.4)
h i
On construit alors la solution approchée ωε,n sur les intervalles de temps successifs nk , k+1
n pour
k ∈ N. Supposons la solution ωε,n construite jusqu’au temps t n = nk , et posons ω̄ε,n (x) := ωε,n ( nk , x)
h i
pour tout x ∈ R2 . On définit alors ωε,n sur l’intervalle nk , k+1
n
comme la solution de l’équation de
transport linéaire (
∂t ωε,n + B S[ω̄ε,n ] · ∇ωε,n = 0, x ∈ R2 , nk < t ≤ k+1
n ,
k
(3.5)
ωε,n ( n , x) = ω̄ε,n (x).
C’est donc directement la méthode des caractéristiques
h i qui nous assure l’existence et l’unicité d’une
k k+1
solution ωε,n globale en temps. Sur l’intervalle n , n , on a
k ¢
µ ¶
−1
ωε,n (t , x) = ω̄ε,n (X ε,n )
¡
t − ,x , (3.6)
n
d X (t , a) = B S £ω̄ (X (t , a))¤,
ε,n ε,n ε,n
dt
X ε,n (0, a) = a.
Par récurrence sur l’indice k, on montre que ωε,n est dans Liploc (R+ ; C ∞ (R2 )) pour ε > 0, n ∈ N∗ fixés.
Estimations uniformes La construction de notre solution approchée nous assure directement les
estimations uniformes suivantes
de sorte que
≤ C (q)kωε,n kL ∞
t ,x
kB S[ω̄ε,n ]kL ∞ L q ∀ q ∈ ]2, +∞[ . (3.11)
t x
ε j → 0, n j → +∞ quand j → +∞.
B S[ωε j ,n j ] * B S[ω] faible-* dans L ∞ (R+ ;W 1,q (R2 )), ∀ q ∈ ]2, +∞[ . (3.13)
On utilise maintenant le contrôle de la dérivée en temps (3.11) pour conclure à la convergence forte
1,q q
de B S[ωε j ,n j ] grâce au lemme d’Aubin-Lions-Simon 2.20 (avec B 0 = Wl oc (R2 ) ⊂⊂ B 1 = B 2 = L l oc (R2 )) :
pour tout T > 0
q
B S[ωε j ,n j ] → B S[ω] dans C ([0, T ]; L l oc (R2 )), ∀ q ∈ ]2, +∞[ . (3.14)
Enfin, avant de passer à la limite dans la formulation faible, on remarque que l’estimation (3.11)
donne
Z k+1
n
kB S[ωε,n ] − B S[ω̄ε,n ]kL L ≤ sup
∞ q k∂t B S[ωε,n (t , ·)]kL q d t
k
k=0,...,n n
C
≤ ,
n
ce qui nous permet de conclure à la convergence forte de B S[ω̄ε j ,n j ] :
q
B S[ω̄ε j ,n j ] → B S[ω] in C ([0, T ]; L l oc (R2 )), ∀ q ∈ ]2, +∞[ . (3.15)
On peut alors passer à la limite dans la formulation faible, pour tout φ ∈ C c∞ (R+ × R2 ) :
Z Z h i Z
ωε j ,n j ∂t φ + ωε j ,n j B S[ω̄ε j ,n j ] · ∇φ d xd t + ω0ε j (x) φ(0, x)d x = 0
R+ R2 R2
Z Z h i Z
=⇒ ω ∂t φ + ωB S[ω] · ∇φ d xd t + ω0 (x) φ(0, x)d x = 0. (3.16)
R+ R2 R2
Il reste à montrer que la limite ω ∈ L ∞ (R+ ; L 1 (R2 ) ∩ L ∞ (R2 )), i.e. ω(t , ·) ∈ L 1 (R2 ).
32 CHAPITRE 3. SOLUTIONS FAIBLES
Lemme 3.4 (Variante du résultat de Dunford-Pettis). Soit ( f n ) une suite bornée dans L 1 (Rd ), unifor-
mément intégrable c’est-à-dire
Z
lim f n 1{| f n |>R} d x = 0 uniformément en n,
R→+∞ Rd
Nous commençons par montrer que la suite (ω0ε j ) j est uniformément intégrable. On rappelle que
ω0ε = J ε ω0 converge fortement vers ω0 dans L 1 (R2 ) et donc, pour tout ε ≤ ε̄
kω0ε kL 1 ≤ 2kω0 kL 1 .
Par ailleurs on peut montrer qu’il existe une fonction g ∈ L 1 (Rd ) telle que
|ω0ε | ≤ g ,
La suite (ω0ε j ) j est donc uniformément intégrable, ce qui permet de conclure à l’uniforme intégrabi-
lité de la suite (ωε j ,n j ) j . En effet, par la méthode des caractéristiques, on a sur l’intervalle de temps
]k/n, (k + 1)/n]
ωε j ,n j (t , x) = ω̄ε j ,n j (a),
3.1. CAS EULER 2D - YUDOVICH 33
où a est la pied de la caractéristique au temps k/n et donc par changement de variable sous l’intégrale
(la divergence du champs de vitesse étant nulle)
Z Z
|ωε j ,n j (t , x)|d x = |ω̄ε j ,n j (a)| d a.
|ωε j ,n j |>R |ω̄ε j ,n j |>R
Ceci achève la preuve de l’existence d’une solution faible ω ∈ L ∞ (R+ ; L 1 (R2 ) ∩ L ∞ (R2 )).
3.1.2 Unicité
Preuve de l’unicité
Soient ω1 , ω2 ∈ L ∞ (R+ ; L 1 ∩ L ∞ (R2 )) deux solutions faibles émanant de la même donnée initiale
ω0 . On définit v i = B S[ωi ] les vitesses associées. Nous allons montrer que pour tout t ≥ 0 on a k(v 1 −
v 2 )(t , ·)kL 2 = 0.
On a l’équation
∂t v i + (v i · ∇)v i + ∇p i = 0, div v i = 0
satisfaite au sens des distributions. Par le théorème de Caldéron-Zygmund, on a ∇v(t ) ∈ L p (R2 ) pour
tout p ∈]1, +∞[. Par injection de Sobolev on en déduit pour p ∈ ]1, 2[ que :
k∂t v i (t , ·)kL 2 ≤ kP(v i · ∇v i )(t , ·)kL 2 ≤ k(v i · ∇v i )(t , ·)kL 2 ≤ kv i (t , ·)kL 4 k∇v i (t , ·)kL 4 ≤ C .
d
Z
2
P (δv · ∇)v 1 + (v 2 · ∇)δv · δvd x
£ ¤
kδv(t , ·)kL 2 = −2
dt ZR
2
d 1
Z
2
(δv · ∇)v 1 · δv + v 2 · ∇|δv|2 d x
£ ¤
kδv(t , ·)kL 2 = −2
dt ZR
2 2
= −2 (δv · ∇)v 1 · δv d x.
R2
34 CHAPITRE 3. SOLUTIONS FAIBLES
d
kδv(t , ·)k2L 2 ≤ 2kδv(t , ·)kL 2 kδv(t , ·)kL q k∇v 1 (t , ·)kL p
dt
≤ C pkδv(t , ·)kL 2 kδv(t , ·)kL q kv 1 (t , ·)kL p
| {z }
≤C par (3.17)
1
avec p > 2 et p
+ q1 = 12 . On rappelle maintenant l’inégalité d’interpolation entre les espaces de Le-
besgue :
1 α 1−α
k f kL q ≤ k f kα
L2
k f k1−α
L4
avec α ∈ ]0, 1[ tel que = + ,
q 2 4
c’est-à-dire α = 1 − p4 . En majorant kδv(t , ·)kL 4 ≤ kv 1 (t , ·)kL 4 + kv 2 (t , ·)kL 4 ≤ C , nous obtenons alors
d ¢ 1+α ¢1− p2
kδv(t , ·)k2L 2 ≤ C pkδv(t , ·)kL1+α = C p kδv(t , ·)k2L 2 2 = C p kδv(t , ·)k2L 2
¡ ¡
2 .
dt
Ainsi, comme δv(0, ·) = 0, p
kδv(t , ·)k2L 2 ≤ (2C t ) 2 .
Pourvu que t < T1 = (2C )−1 , en faisant tendre p → +∞, on en déduit que
kδv(t , ·)k2L 2 = 0,
et donc l’unicité sur le petit intervalle de temps [0, T1 ]. On peut répéter l’argument sur l’intervalle de
temps [T1 , 2T1 ] et ainsi de suite. D’où l’unicité globale.
Vitesse et caractéristiques
Nous prouvons cette proposition dans la sous-section suivante, nous avons besoin au préalable
de donner des généralisations du lemme de Gronwall et du théorème de Cauchy-Lipschitz.
où A > 0, θ est une fonction croissante, positive tendant vers 0 en 0 et satisfaisant l’hypothèse
Z 1
1
d z = +∞.
0 θ(z)
3.1. CAS EULER 2D - YUDOVICH 35
Alors
Θ( f (t )) ≤ Θ(A) + t , ∀ t ≥ 0, (3.18)
où z 1
Z
Θ(z) = d u, Θ(0) = −∞.
1 θ(u)
Corollaire 3.7. Sous les hypothèses du lemme précédent, en supposant cette fois que A = 0, alors f est
nulle sur [0, +∞[.
Démonstration. On prend A = η > 0 et on fait tendre η vers 0, on a alors Θ(η) + t → −∞ pour tout
t ≥ 0. Nécessairement f (t ) = 0 car sinon Θ( f (t )) aurait une valeur finie.
Alors, pour tout y 0 ∈ Rd , il existe une unique solution globale au problème de Cauchy
(
y 0 (t ) = f (y(t )),
y(0) = y 0 .
— pour montrer l’unicité locale, on considère deux solutions y 1,2 définies sur un intervalle com-
mun J . On a pour tout t ∈ J
Z t Z t
µ |y 1 (s) − y 2 (s)| d s.
¯ ¯ ¡ ¢
|y 1 (t ) − y 2 (t )| ≤ ¯ f (y 1 (s)) − f (y 2 (s))¯ d s ≤
0 0
Le lemme d’Osgood nous assure alors que y 1 = y 2 sur l’intervalle J car µ est bien une fonction
positive, croissante satisfaisant la condition de dégénerescence en 0.
— caractère global en temps : comme f est uniformément continue, il existe δ0 tel que µ(δ0 ) ≤ 1.
|x−y|
Soient x, y ∈ Rd , on introduit N ∈ N tel que N = b δ0 c. On a alors
N ¯ µ
¯
y x y x
¶ µ ¶¯
X − − ¯
| f (x) − f (y)| ≤ ¯ f x + kδ − f x + (k + 1)δ ¯
¯
k=0 |y − x| |y − x| ¯
N
µ(δ)
X
≤
k=0
|x − y|
≤ N +1 ≤ + 1,
δ
et donc pour y = 0
|x|
| f (x)| ≤
+ 1 + | f (0)|,
δ
ce qui signifie que f est sous-linéaire. On peut alors utiliser le lemme standard de Gronwall
dans l’inégalité
|y(t )|
|y 0 (t )| ≤ + 1 + | f (0)|
δ0
pour conclure qu’il ne peut pas se produire d’explosion en temps fini.
Preuve de la Proposition 3.5. Pour montrer le résultat il nous faut obtenir l’existence et l’unicité d’une
vitesse log-lipschitz, le résultat sur les caractéristiques découlant alors directement de la Proposi-
tion 3.8 appliquée à la fonction µ(z) = z| ln z|.
D’après la loi de Biot-Savart, on a pour tout x, y ∈ R2 , avec δ := |x − y| < 1/2 :
Z
K 2 (x − z) − K 2 (y − z) ω(t , z) d z
¡ ¢
v(t , x) − v(t , y) =
ZR
2
K 2 (x − z) − K 2 (y − z) ω(t , z)1{|x−z|>2} d z
¡ ¢
=
RZ2
K 2 (x − z) − K 2 (y − z) ω(t , z)1{2δ<|x−z|<2} d z
¡ ¢
+
ZR
2
K 2 (x − z) − K 2 (y − z) ω(t , z)1{|x−z|<2δ} d z
¡ ¢
+
R2
=: I 1 + I 2 + I 3 .
|x − y|
|K 2 (x − z) − K 2 (y − z)| = .
2π|x − z||y − z|
3.1. CAS EULER 2D - YUDOVICH 37
Pour I 1 , on intègre sur un domaine où la quantité ci-dessus est bien contrôlée car |x −z| > 2, et d’après
l’hypothèse sur δ : |y − z| > 3/2. Ainsi
1
|I 1 | ≤ |x − y|kω(t , ·)kL 1 ,
6π
et comme on suppose δ := |x − y| < 1/2, on peut majorer grossièrement par
¯ ¯
|I 1 | ≤ C (kω(t , ·)kL 1 ) |x − y| ¯ log |x − y|¯.
dz
Z
|I 2 | ≤ C kω(t , ·)kL ∞ δ
2δ<|x−z|<2 |x − z||y − z|
dz
Z
≤ C kω(t , ·)kL ∞ δ
2δ<|x−z|<2 |x − z| |x − z| − δ
¡ ¢
Z 2
2πd r
≤ C kω(t , ·)kL ∞ δ
2δ r − δ
i
≤ C kω(t , ·)kL ∞ δ log(2 − δ) − log δ
£
Enfin pour I 3 , on est dans la région où |x − z| ≤ 2δ et |y − z| ≤ 3δ. On majore alors l’intégrande comme
suit µ ¶
1 1 1
|K 2 (x − z) − K 2 (y − z)| ≤ |K 2 (x, y)| + |K 2 (y, z)| ≤ + ,
2 |x − z| |y − z|
et
µZ ¶
1 1
Z
|I 3 | ≤ C kω(t , ·)kL ∞ dz + dz
|x−z|≤2δ |x − z| |x−z|≤2δ |y − z|
µZ ¶
1 1
Z
≤ C kω(t , ·)kL ∞ dz + dz
|x−z|≤2δ |x − z| |y−z|≤3δ |y − z|
µZ 2δ Z 3δ ¶
≤ C kω(t , ·)kL ∞ 2πd r + 2πd r
0 0
≤ C kω(t , ·)kL ∞ δ = C kωkL ∞ |x − y|.
3. l’équation de quantité de mouvement est satisfaite au sens des distributions : pour toute fonction
test ϕ ∈ C c∞ ([0, T [×R3 ; R3 ) telle que div ϕ = 0
Z TZ h i Z
v · ∂t ϕ − v · (∇ϕ.v) − νv · ∆ϕ d xd t − v 0 · ϕ(0, ·)d x = 0; (3.23)
0 Rd Rd
Proposition 3.11. Soit ε > 0, il existe une unique solution v ε du problème (3.26).
X Tε := L ∞ 0, Tε ; B̄V 0 (2kv 0 kL 2 ) .
¡ ¢
On prolonge ensuite la solution v ε sur l’intervalle de temps R+ tout entier en utilisant le contrôle de
l’énergie
Z t
sup kv ε (s, ·)k2L 2 + 2ν k∇v ε (s, ·)k2L 2 = kv ε0 k2L 2 ≤ C kv 0 k2L 2 . (3.27)
s∈[0,t ] 0
Estimations uniformes
Proposition 3.12 (Bornes). — Pour tout T > 0, la suite (v ε )ε est bornée dans L ∞ (0, T ; L 2 (Rd )) ∩
L 2 (0, T ; Ḣ 1 (Rd )) ;
4
— Pour tout T > 0, la suite (∂t v ε )ε est bornée dans L d (0, T ; Ḣ −1 (Rd )).
pour obtenir
On rappelle l’inégalité de Ladyzhenskaya (2.5) (qui est un cas particulier de l’inégalité de Gagliardo-
Niremberg)
1− d d
kvkL 4 ≤ C kvkL 2 4 k∇vkL42 . (3.28)
Ainsi
2− d d
k∂t v ε (t , ·)kH −1 ≤ νk∇v ε (t , ·)kL 2 + kv ε (t , ·)kL 2 2 k∇v ε (t , ·)kL22 .
| {z } | {z }
∈L 2t ∈L 4/d
t
40 CHAPITRE 3. SOLUTIONS FAIBLES
Par ailleurs, on peut appliquer le Lemme 2.23 aux espaces X = L 2 (K ), Y = H −1 (K ) pour déduire que
On passe alors facilement à la limite dans la formulation faible. En effet, on a pour toute fonction
test ϕ ∈ C c∞ ([0, T [×R3 ; R3 ) telle que div ϕ = 0
Z TZ Z TZ
v ε · ∂t ϕ d xd t −→ v · ∂t ϕ d xd t ,
0 Rd ε→0 0 Rd
Z T Z Z T Z
ν v ε · ∆ϕ d xd t −→ ν v · ∆ϕ d xd t ,
0 Rd ε→0 0 Rd
Z Z
0
J ε v · ϕ(0, ·)d x −→ v 0 · ϕ(0, ·)d x,
Rd ε→0 Rd
En ce qui concerne l’inégalité d’énergie, on utilise la convergence faible (3.30) pour avoir (cf
lemme semi-continuité inférieure de la norme)
Z t Z t
k∇v(s, ·)k2L 2 d s ≤ lim inf k∇v ε (s, ·)k2L 2 d s. (3.33)
0 ε 0
Pour le terme associé à l’énergie cinétique nous ne pouvons pas conclure directement car la conver-
gence de v ε a lieu dans L 2t L 2x (et pas dans C ([0, T ]; L 2 (Rd )). On introduit donc une fonction test α =
α(t ) ∈ C ([0, T [) de sorte que par les convergences faibles de αv ε , α∇v ε on a
Z TZ Z T µZ t Z ¶
2 2 2 2
|α(t )| |v(t , x)| d xd t + 2µ |α(t )| |∇v(s, x)| d xd s d t
0 Rd 0 0 Rd
·Z T Z Z T µZ t Z ¶ ¸
2 2 2 2
≤ lim inf |α(t )| |v ε (t , x)| d xd t + 2µ |α(t )| |∇v ε (s, x)| d xd s d t
ε→0+ 0 Rd 0 0 Rd
Z TZ Z T
2 0 2 0 2
= |α(t )| |J ε v | d xd t ≤ kv kL 2 |α(t )|2 d t .
0 Rd 0
RT
Soient t 0 ∈ ]0, T [, η > 0 fixés, θ ∈ C c∞ ([0, T [) telle que |θ(t )|2 d t = 1. On pose
0
t − t0
µ ¶
1
α(t ) := 1/2 θ .
η η
3.2. CAS NAVIER-STOKES - LERAY 41
Soit f une fonction intégrable sur ]0, T [, on rappelle que t 0 ∈ ]0, T [ est un point de Lebesgue de f si
1
Z
sup | f (t ) − f (t 0 )|d t −→ 0,
ω∈Vη (t 0 ) |ω| ω η→0
On étend le résultat à tout point t 0 ∈ [0, T ] en choisissant une suite t n de points de Lebesgue de t 7→
kv(t , ·)k2L 2 qui converge vers t 0 (l’ensemble des points de Lebesgue d’une fonction intégrable sur ]0, T [,
est dense dans [0, T ]), ainsi
Z t0 · Z tn ¸
2 2 2
kv(t 0 , ·)kL 2 + 2ν k∇v(t , ·)kL 2 d s ≤ lim inf kv(t n , ·)kL 2 + 2ν k∇v(t , ·)kL 2 d s ≤ kv 0 k2L 2 . (3.34)
2
0 n 0
On vérifie enfin que la donnée initiale est atteinte dans L 2x . En effet comme v ∈ C ([0, T ]; L 2w,l oc (Rd ))
on a d’une part kv 0 kL 2 ≤ lim inft →0+ kv(t , ·)kL 2 . D’autre part, l’inégalité d’énergie précédemment dé-
montrée nous donne lim supt →0+ kv(t , ·)kL 2 ≤ kv 0 kL 2 . Ainsi on a la convergence en norme kv(t , ·)kL 2 →
kv 0 kL 2 et par la continuité faible en temps on conclut que kv(t , ·) − v 0 kL 2 → 0 quand t → 0+ .
Commentaires D’autres constructions sont possibles, notamment dans le cas d’un domaine borné
— approximation de Faedo-Galerkin
— approximation schéma d’Euler
1 ν t
Z
kδv(t , ·)k2L 2 + k∇δv(s, ·)k2L 2 d s ≤ C ν kδv(t , ·)k2L 2 kv 2 (t , ·)k2L 2 k∇v 2 (t , ·)k2L 2 ,
2 2 0
≤ kδv(0, ·)k2L 2 0 4
¡ ¢
exp C ν kv kL 2 = 0.
Commentaires dans le cas d = 3 non-unicité en présence d’une force extérieure résultat d’Albrit-
ton, Brué, Colombo 2022 on renvoie à un article de vulgarisation sur Quanta Magazine, et au sémi-
naire Bourbaki d’A.-L. Dalibard (juin 2023).