ГПА_45.04.01_М_2020_ММ1
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DRONYAKINA
LE COURS THEORIQUE
DE LA LANGUE FRANÇAISE
УДК82–1=111.09
ББК83.3(0)6:81.432.1
Д75
Рецензенты:
Зотова И. В., кандидат педагогических наук, доцент
Пономарёва Е. В., кандидат филологических наук, доцент кафедры
иностранной филологии и методики преподавания Гуманитарно-
педагогической академии (филиал) ФГАОУ ВО «Крымский федеральный
университет им. В. И. Вернадского» в г. Ялте
2
CONTENU
Préface………………………………………………………………………
1. Introduction……………………………………………………………… 14
1.1. Objet de l’histoire de la langue française……………………………… 14
1.2. L’histoire de la langue et l’histoire du peuple…………………………. 15
1.3. L’histoire interne de la langue et ses parties…………………………… 16
1.4. La chronologie de l’histoire de la langue française……………………. 16
2. Histoire externe…………………………………………………………. 17
2.1. La préhistoire de la langue française…………………………………… 17
2.2. Les invasions germaniques…………………………………………….. 22
2.3. Le problème du bilinguisme…………………………………………… 22
2.4. Le morcellement féodal………………………………………………… 23
2.5. Le morcellement dialectal……………………………………………… 24
2.6. La formation de la langue littéraire prénationale……………………… 25
2.7. Les plus anciens textes en français littéraire…………………………… 26
3. Histoire interne. Phonétique historique……………………………… 27
3.1. Tendances capitales de l’évolution phonétique………………………. 27
3.2. Les tendances de l’évolution phonétique en afr………………………. 28
3.3. Les modifications syntagmatiques en vocalisme……………………… 28
3.4. Système vocalique de l’afr. primitif au IX s…………………………… 29
3.5. L’évolution du vocalisme………………………………………............. 29
3.6. L’évolution des diphtongues…………………………………………… 30
3.7. Consonantisme. Changements syntagmatiques……………………….. 31
3.8. Consonantisme. Changements paradigmatiques………………………. 33
4. Histoire interne. Evolution de l’orthographe………………………….. 33
4.1. Principes capitaux de l’orthographe française………………………… 33
4.2. Tentatives visant aux réformes de l’orthographe……………………… 35
4.3. Particularités de la graphie française…………………………………… 35
5. Histoire interne. Morphologie historique……………………………… 36
5.1. Tendances de l’évolution de la structure grammaticale………………. 36
5.1.1. Le nom. Catégories grammaticales du nom………………………… 37
5.1.2. Types de la déclinaison…………………………………………… 37
5.1.3. Fonctions du substantif…………………………………………… 38
5.1.4. Evolution du système casuel……………………………………… 39
5.2. L’article………………………………………………………………… 39
5.2.1. L’origine de l’article et ses formes………………………………… 39
5.2.2. Fonctions de l’article……………………………………………… 40
5.3. L’adjectif……………………………………………………………….. 41
5.3.1. Catégories grammaticales de l’adjectif…………………………… 41
3
5.3.2. Degrés de comparaison……………………………………………… 41
5.4. Les pronoms. Tendances de l’évolution……………………………….. 42
5.4.1. Les pronoms personnels…………………………………………… 42
5.4.2. Les pronoms possessifs…………………………………………… 42
5.4.3. Les pronoms démonstratifs………………………………………… 43
5.5. Verbe. Tendances de l’évolution………………………………………. 45
5.5.1. Les formes non-personnelles……………………………………… 45
5.5.2. Les formes personnelles…………………………………………… 46
5.5.3. Les temps composés………………………………………………… 47
5.5.4. Les valeurs et les emplois des catégories grammaticales en ancient
français………………………………………………………………………… 47
5.5.4.1. Les temps……………………………………………………… 47
5.5.4.2. Les modes……………………………………………………… 48
5.5.4.3. La voix………………………………………………………… 49
5.5.4.4. L’aspect……………………………………………………….. 49
6. Histoire interne. Syntaxe historique……………………………………… 50
6.1. L’ordre des mots………………………………………………………... 50
6.2. L’interrogation………………………………………………………….. 51
6.3. La negation……………………………………………………………… 51
6.4. Structure grammaticale de la phrase……………………………………. 51
6.5. La fréquence des prepositions………………………………………….. 52
6.6. La parataxe……………………………………………………………… 52
6.7. L’hypotaxe……………………………………………………………… 53
6.8. L’évolution de la syntaxe aux XIV–XVI ss…………………………… 54
7. Histoire interne. Vocabulaire…………………………………………….. 54
7.1. Le fonds primitif du vocabulaire………………………………………. 54
7.2. L’enrichissement du lexique…………………………………………… 55
8. Histoire externe. Varia……………………………………………………. 57
8.1. Le problème de la standardisation du français…………………………. 57
8.2. Tendances d’évolution du français moderne…………………………… 57
BIBLIOGRAPHIE…………………………………................................. 325
12
PRÉFACE
13
THÈME I. HISTOIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE
Plan :
1. Objet de l’histoire de la langue française. L’histoire de la langue et l’histoire du peuple.
L’histoire interne de la langue et ses parties. La chronologie de l’histoire de la langue française.
2. Histoire externe. La préhistoire de la langue française. Les invasions germaniques. Le problème
du bilinguisme. Le morcellement féodal. Le morcellement dialectal. La formation de la langue
littéraire prénationale. Les plus anciens textes en français littéraire.
3. Histoire interne. Phonétique historique. Tendances capitales de l’évolution phonétique. Les
tendances de l’évolution phonétique en afr. Les modifications syntagmatiques en vocalisme.
Système vocalique de l’afr. primitif au IX s. L’évolution du vocalisme. L’évolution des
diphtongues. Consonantisme. Changements syntagmatiques. Consonantisme. Changements
paradigmatiques.
4. Histoire interne. Evolution de l’orthographe. Principes capitaux de l’orthographe française.
Tentatives visant aux réformes de l’orthographe. Particularités de la graphie française.
5. Histoire interne. Morphologie historique. Tendances de l’évolution de la structure grammaticale.
Le nom. Catégories grammaticales du nom. Types de la déclinaison. Fonctions du substantif.
Evolution du système casuel. L’article. L’origine de l’article et ses formes. Fonctions de l’article.
L’adjectif. Catégories grammaticales de l’adjectif. Degrés de comparaison. Les pronoms.
Tendances de l’évolution. Les pronoms personnels. Les pronoms possessifs. Les pronoms
démonstratifs. Verbe. Tendances de l’évolution. Les formes non-personnelles. Les formes
personnelles. Les temps composés. Les valeurs et les emplois des catégories grammaticales en afr.
Les temps. Les modes. La voix. L’aspect.
6. Histoire interne. Syntaxe historique. L’ordre des mots. L’interrogation. La négation. Structure
grammaticale de la phrase. La fréquence des prépositions. La parataxe. L’hypotaxe. L’évolution de
la syntaxe aux XIV–XVI ss.
7. Histoire interne. Vocabulaire. Le fonds primitif du vocabulaire. L’enrichissement du lexique.
8. Histoire externe. Varia. Le problème de la standardisation du français. Tendances d’évolution du
français moderne.
Bibliographie:
1.История французского языка : Курс лекций / Сост. В.П. Данилова. – Волгоград :
Издательство Волгоградского государственного университета, 2001. – 52 с.
2.Катагощина, Н. А. История французского языка / Катагощина Н. А., Гурычева М. С.,
Аллендорф К. А. – М. : Издательство литературы на иностранных языках, 1963. – 448 с.
3.Денисов, Ю. С. Краткий теоретический курс французского языка как второго иностранного
/ Ю. С. Денисов. – Симферополь, 2005. – 63 с.
4.Томашпольский, В. И. Старофранцузский язык : учеб. пособие / В. И. Томашпольский. – 3-
е изд., стер. – М. : ФЛИНТА : Наука, 2016. – 376 с.
1. Introduction
L’histoire d’une langue désigne toute la vie de cette langue. Elle étudie le
développement de la langue de ses origines jusqu’à sa mort, si c’est une langue
morte, ou bien jusqu’à son état actuel, si c’est une langue vivante.
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Chaque langue existe plusieurs siècles et survit des changements dans sa
structure. L’histoire de la langue c’est une science linguistique qui s’intéresse à la vie
d’une langue donnée et fait partie de la linguistique générale.
La langue est un fait social, car ce sont des gens qui vivent dans la société et
qui parlent. La langue c’est un instrument de communication des gens dans la société.
La langue change avec le temps et elle change d’une manière régulière, très
lentement, sans changements rapides, brusques. Il n’y a pas de sauts inattendus dans
la langue, elle reste longtemps invariable, c’est-à-dire, le changement de la langue
n’est pas évident pour les comtamporains. La langue est relativement stable, elle se
développe graduellement.
Ce qui influence le développement da la langue, ce sont les lois éternelles du
développement de la langue et aussi le développement de la société humaine.
C’est-à-dire, qu’en étudiant le développement d’une langue il est absolument
nécessaire à étudier sussi l’histoire de la société humaine, l’histoire des peuples qui
parlent ou parlaient cette langue et l’étude de l’histoire de la langue permet de mieux
comprendre l’état actuel de cette langue.
Les changements qui se passent dans la société trouvent bien sûr leur reflet
dans la langue. Tous les nouveaux termes, qui sont apparus dans une langue, sont
apparus également dans toutes les autres langues.
L’histoire de la langue est liée bien étroitement avec la linguistique générale, la
science archéologique, l’ethnographie, la littérature et l’histoire du même peuple.
L’histoire d’une langue est l’étude de son évolution. Par exemple, le français
de nos jours n’est plus le même qu’il était au début du siècle. Il diffère beaucoup de la
langue parlée en France il y a 200–300 ans. Si on compare deux textes des époques
différentes, p.ex. l’ancien français (l’afr.) des IX–XII ss. et le français moderne (frm.)
des XIX–XX ss., on trouve les mots dont la forme ancienne diffère beaucoup de celle
moderne. La comparaison nous fait comprendre que changements subis par les mots
comparés ont touché non seulement leur graphie, mais aussi leur morphologie et leur
prononciation. Le vieux texte contient aussi les mots qui ne sont pas conservés
jusqu’à nos jours. La construction des propositions diffère aussi de celle du texte
moderne. L’histoire de la langue met en évidence (met en relief) les tendances
générales de l’évolution. La tendance la plus importante de l’évolution de la langue
française – c’est la transformation du système synthétique latin en système analytique
français qui a touché toutes les parties du système linguistique: le phonétisme, la
grammaire, le lexique, la syntaxe. Les transformations radicales du caractère du
système linguistique se produisaient graduellement. Et les modifications de la langue
peuvent être observées à l’aide de la comparaison de deux textes des époques
différentes.
15
Le caractère social de la langue met en évidence les rapports qui existent entre
la vie d’un peuple qui parle langue donnée et la vie de cette langue. La destinée d’une
langue reflète fidèlement la destinée d’un peuple. P.ex. le latin devient langue morte
en absence du peuple qui la parle. Les dialectes picard, normand, lorrain et d’autres
deviennent patois (ãîâîðû) tandis que le francien devient langue littéraire après la
prise du pouvoir royal. On ne peut pas comprendre différentes voies du
développement de dialectes sans étudier la destinée historique de chaque province.
Les événements politiques, le développement économique et culturel du pays ont des
répercussions sur la langue et surtout sur le vocabulaire. P.ex. l’épanouissement des
sciences, des arts et des métiers amène aux XVII— XVIII ss. la formation de la
terminologie scientifique. La Grande Révolution française de 1789 apporte la
formation de la terminologie politique. Les campagnes militaires en Italie qui durent
de 1494 à 1558 ont apporté au français beaucoup de termes de guerre (attaquer,
bastion, soldat). 4 Les termes de musique et de peinture (sérénade, pittoresque,
aquarelle) sont venus de l’italien grâce à l’influence italienne au XV et au XVIII ss. Il
est assez facile de tracer les liens entre les changements lexicaux et l’histoire sociale.
Mais il existe beaucoup d’autres changements qu’on ne peut pas expliquer
directement à l’aide des changements sociaux concrets. Tels sont les rapports entre
les changements phonétiques et morphologiques et les événements historiques. Mais
quand même plusieurs phénomènes de la phonétique, de la morphologie peuvent être
expliqués par les contacts des peuples, par la coexistence des langues, par le
bilinguisme, par l’influence réciproque des langues qui existent en voisinage. Les
exemples cités montrent que la vie de la langue et la vie du peuple sont étroitement
liées. Voilà pourquoi on distingue deux côtés dans l’histoire d’une langue: a)
l’histoire externe qui cherche d’établir le conditionnement des changements
linguistiques par les changements sociaux; b) l’histoire interne qui étudie les
causatités linguistiques.
16
vie des mots, elle explique les causes de disparition ou d’apparition des mots, les
changements de sens des mots, le développement du vocabulaire.
2. Histoire externe
Tous les hommes parlent. C’est la langue des sons. Il existe une grande
quantité de langues dans le monde, et elles sont toutes sonores. Leurs systèmes sont
différents, mais il existe des groupes de langues qui ont des liens, des traits communs.
Toutes les langues du monde sont divisées en familles de langues. Il existe, par
exemple, les langues slaves, romanes, germaniques etc. Toutes ces langues sont des
langues indo-européennes.
On parle les langues indo-européennes sur le territoire de l’Europe et d’Asie.
Cette famille compte plus de 3 mille ans et se soubdivise en II principaux groupes,
dont l’un est celui qui nous intéresse le plus, c’est le groupe de langues romanes. Ce
sont: le français, le provençal, l’espagnol, le portugais, le catalon, le réto-roman,
l’italien, le dalmate (existait jusqu’à la fin du XIX siècle), le sarde, le roumain, le
moldave.
Toutes ces langues s’appelent néo-latines et ont beaucoup de traits communs.
Comparez, par exemple: chevalier (fr), cabaliero (it), caballarius (lat), cavaler
(roum).
Ou bien:
N. G.
en latin filia regis
en français fille de roi
en roumain Figlia del re
en espagnol hija del rey
Le latin est père des langues romanes et toutes ces langues sont des langues-
soeurs.
Le latin lui-même est une des langues indo-européennes.
On parlait latin en Italie, sur la péninsule d’Apennins.
A l’époque ancienne, avant Jésus-Christ (av.J.C.), c’est-à-dire, avant notre ère
(av.n.è), la péninsule d’Apennins était habitée par des peuples qui parlaient les
langues indo-européennes. C’étaient les tribus des Osques, Ombriens, Orecs (au
Sud), Celtes (au Nord). Le centre de la péninsule, la région appelée Latium, était
habitée par un peuple qui parlait latin. Les habitants de cette région s’appelaient les
Latins. C’était aux X-IX siècles av. J.C. Ce peuple commence à conquérir les
territoires voisins, à fonder des villes commerciales. Au VIIIe siècle av.n.è. la plus
grande ville de cette nation devient Rome (Roma en latin). Depuis ce temps-là les
Latins commencèrent à s’appeler les Romains.
18
La puissance des Romains grandissait de siècles en siècle. Au IIIe s. les
Romains occupaient presque tout le territoire des Apennins.
Le processus pendant lequel l’influence des Latins se répandait sur la péninsule
et les îles voisines s’appelle l’époque de la latinisation.
Après avoir convaincu la péninsule les Romains commencent à envahir le
territoire de l’Europe, ainsi que le Nord de l’Afrique, et les romaniser. Cette
romanisation commence après le IIIe siècle av.J.C. On l’appelle encore expansion.
Les Romains viennent en Ibérie (vieux nom de l’Espagne), en Gaule (la France
d’aujourd’hui), dans les Nord des Balcanes, en Afrique.
Les peuples vaincus assimilaient peu à peu la culture et la langue des
vainqueurs, c’est à dire, la langue latine.
Il ne faut pas croire pourtant que toutes les langues des pays vaincus diparurent
d’un coup.
Les langues des peuples, des tribus existaient des siècles et des siècles
parallèlement au latin. La disparition de n’importe quelle langue est un processus très
lent et long. En disparaissant peu à peu les langues vaincues influencaient à leur tour
le latin, chaque langue à sa propre manière. C’est pourquoi, une langue latine donna,
par suite de l’influence des langues vaincues 11 nouvelles langues différentes, dites
romanes.
La romanisation de la Gaule. Les premiers habitants de la France étaient les
Gaulois qui parlaient une langue celtique.
Avant la romanisation, la Gaule était peuplée par beaucoup de peuplades dont
la plupart des noms demeurent inconnus maintenant. Nous savons seulement que
dans le Sud-Est du pays il y avait les Ligures, au Sud-Ouest – les Ibères et les
Aquitains. Marseille, Nice, Narbonne étaient des colonies grecques commerciales et
les Grecs influençaient la culture et la langue du Sud de la Gaule.
Le reste du pays était pueplé par les tribus gauloises ou celtiques. La plus
grande partie du pays était peuplée par des Gaulois, d’où vient son nom – la Gaule.
De mos jours, il y a des peuples qui ont pris leur origine des Celtes, ce sont, par
ex., les Irlandais. Il y avait des Celtes en Ibérie, dans la vallée du Danube, dans les
îles irlandes.
En Gaule, les Celtes étaient mal unifiés, il y avait une grande quantité de
peuples indépendants. Vers le commencement de la romanisation on comptait en
Gaule 330 peuples celtiques environ. Il existait également beaucoup de langues
celtiques qui étaient un peu différentes les unes des autres. Car il y avait beaucoup de
tribus indépendantes, il y avait beaucoup de dialectes. Les tribus vivaient dans des
clans. Il n’y avait presque pas de grands peuples, c’était, par excellance, de petites
tribus qui avaient des noms particuliers. (Le plus souvent elles se battaient).
Le territoire de la Gaule était riche. Il y avait beaucoup de bêtes sauvages, de
poissons, de grandes forêts. Bien souvent les tribus coupaient la forêt, faisaient des
routes où elles voyageaient à pied, à cheval ou sur de beaux chars. Les chars étaient
employées souvent pendant les guerres. Il y avait des villes, mais elles n’étaient pas
nombreuses. Presque tous les Gaulois vivaient dans les villages. Ils habitaient des
19
huttes ou des cabanes de bois ou de terre. Leurs toits étaient en paille. Pas de fenêtres
dans les maisons, pas de cheminées. L’air et la lumière n’entraient que par la porte.
On chauffait les maisons, et la fumée sortait par un trou, pratiqué dans le toit. Les
villes n’étaient pas grandes. La plupart étaient fondées là où il y avait des
communications (les belles routes, les fleuves etc). Beaucoup de villes d’autrefois
sont des villes modernes. Par exemple, Paris, c’était Lutèce, capitale de la tribus
celtique Parisii. La construction des maisons en villes était la même que dans les
villages. Mais les villes étaient plus fortifiées, c’étaient la seule différence entre les
villes et les villages. Beaucoup de tribus gauloises étaient nomades. Quand on ne se
battait pas on chassait. Il y avait très peu de tribus qui faisaient l’élevage et
cultivaient la terre. Les gens étaient habillés en peaux d’animaux tués à la chasse. Ils
faisaient des objets domestiques, de la poterie. Il y avait même des spécialistes en
bijouterie. Les archéologues ont trouvé des monnaies métalliques fabriquées à cette
époque. Les Gaulois avaient des haches et des pieux. La culture des Gaulois était
basse, ils n’avaient pas d’écriture. Après les Celtes sur le territoire de la France on
trouve beaucoup de monuments en pierre – des dolmens et des menhirs. On les
appelle des monuments mégalithiques (du grec: megas- grand et lithos- pierre ;
menhir- du celt.: men- pierre, hir- long; dol- table). On suppose qu’ils servaient de
tombeaux, de sépultures. Les Gaulois croyaient que le mort continuait à vivre dans un
autre monde et qu’il fallait l’ensevelir avec ses armes, son char, ses bijoux. A
l’époque ancienne, ses ambactes (esclaves, valets) et ses femmes se donnaient la mort
pour l’accompagner dans l’autre monde. Les Gaulois étaient braves, ils se battaient
acharnement.
Surtout, ils n’aimaient pas les Grecs qui occupaient le Sud de la Gaule, et les
attaquaient souvent en voulant les chasser du pays.
Au deuxième siécle av. J.C. ces attaques deviennent très acharnées. Les Grecs
ne purent plus résister eux-mêmes et appelèrent au secours les Romains. Les Romains
vinrent, vaincurent et s’installèrent là-bas eux-mêmes.
Après avoir vaincu une partie du territoire de la Gaule, les Romains sentirent
leur appetit grandir. Ils appellèrent ce territoire Provance. C’était ce qui n’appartenait
pas à la Métropole. L’origine de ce mot est greque. D’autres territoires vaincus,
d’autres «provinces» ont reçu leur nom, mais la première province a gardé le nom de
Provence jusqu’à nos jours.
Les Gaulois ne résistaient pas aux Romains. Et à partir du deuxième siècle les
Romains commencent à pénétrer dans le reste du pays. D’abord c’était la pénétration
pacifique (au Sud).
Au deuxième et au premier siècle av. n.è. l’empire Romain était au comble de
sa puissance. Les Romains établissaient leur commerce dans le Sud de la Gaule,
créent des Théatres et des bains (qui étaient bien répandus à Rome). Ils construisent
des écoles et des églises pour installer partout leur culture et leur religion. Les
Romains n’oublient aussi de fonder dans les villes gauloises leurs garnisons
militaires. La pénétration pacifique consistait donc en instauration de la culture dans
le pays et aussi de l’armée.
20
Les nobles Gaulois changèrent leurs costumes. Ils portaient des toges (des
tuniques) comme les Romains. Ils adaptèrent l’écriture des Romains.
Comme pays, la Gaule était riche. Ses terres étaient fécondes. Des marchands,
des négociants, des horticulteurs étaient les colons.
Par l’intermédiaire des soldats la langue latine commence à pénétrer peu à peu
la population urbaine (des villes) au Sud.
Les Romains organisaient des expéditions militaires pour faire obéir le reste du
pays. Les Gaulois du Nord résistaient longtemps, mais cette résistance n’était pas
opiniâtre. Les tribus n’étaient pas unifiées, l’armée romaine était mieux organisée,
plus forte. Les forces n’étaient pas égales. Mais quand-même il y avait des tentatives
de résistance des Gaulois. En année 54 av. J.C. eut lieu un grand massacre au Nord de
la Gaule. C’était une des dernières tentatives des Gaulois de se libérer. Après ce
massacre les Romains commencèrent une guerre régulière pour conquérir le pays. En
53 eut lieu une des dernières batailles entre las Romains et les Gaulois près de la ville
Tongres (Belgique actuelle). Le chef des Gaulois, Ambiorix, fut vaincu par César,
mais put lui échapper. Pour commémorer cet évènement, à la place centrale de
Tongres fut érigé plus tard un imposant monument à ce brave chef des Gaulois.
Il est largement connu aussi le nom d’un autre chef gaulois, Vercingétorix. Issu
d’une noble famille arverne, il fut un moment l’ami de César. Mais, quand éclate en
52 la grande révolte de la Gaule, Vercingétorix, malgré l’opposition de nombreux
chefs, convainc les Gaulois de réaliser leur union. Il défend avec succès Gergovie,
mais est enfermé par César dans Alésia. Une armée gauloise venue à son secours ne
peut le délivrer, et il se rend à son vainqueur. Conduit à Rome, il est executé au terme
d’une captivité de six années, après avoir figuré dans le triomphe de César. Vers
l’année 51 av. J.C. la Gaule fut conquérie toute entière.
Etant venu dans la Gaule César remarquait bien tout ce qui l’entourait dans ce
pays. Plus tard il écrivit ses notes: «Commentaires sur la guerre en Gaule». Et grâce
à lui, en lisant ses notes nous apprenons aujourd’hui comment vivaient les Gaulois
auparavant.
César nous parle de la nature de la Gaule, il décrit en menus détail les moeurs
de ses habitants. Pour nous donc, César n’est pas seulement conquérant du pays, mais
aussi son historien. Il nous donne une idée plus ou moins précise sur la vie des
Gaulois.
Pendant un siècle encore les Gaulois se révoltent de temps en temps, mais ces
tentatives sont assez faibles et peu efficaces.
Depuis l’année 51 av. J.C. la Gaule est de plus en plus romanisée.
Au 1er s. avant notre ère après la conquête de la Gaule les Romains y
introduisent le latin. D’ici commence l’époque du bilinguisme. ‘Bilinguisme – c’est le
terme d’origine latine et désigne la situation d’un individu isolé ou de la société qui
maîtrisent également deux langues, et cellesci ont un statut égal’. On parle deux
idiomes: le celtique et le latin populaire ou bien le latin vulgaire. D’abord le latin
s’implante dans les hautes classes et dans les villes: il supplante peu à peu le celtique.
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Les traces du celtique en vocabulaire français témoignent du fait que les
paysans étaient les derniers qui abandonnaient la langue maternelle. Les mots
d’origine celtique signifient les choses familières au paysan: p.ex. alouette, mouton,
chemin, chemise, tonneau, lande, bouleau, charrue sont les mots d’origine celtique.
En général le français possède plus de 300 mots celtiques. Plusieurs noms de lieux
sont d’origine celtique: Paris, Lyon, Verdun etc.
On suppose qu’il y a quelques traces du celtique en morphologie et dans la
prononciation. En morphologie c’est, peut être, l’ancien mode de numération par 20
(en frm. quatre-vingts, en afr. six-vingts, sept-vingts etc.). L’apparition des voyelles
nasales, de la voyelle [ü] peut être aussi expliquée par l’influence celtique.
La romanisation de la Gaule commence par la conquête du Sud-Est au II s.
a.n.è. Le développement du commerce et la création des villes contribuent à
l’assimilation de la culture et de la langue des conquérants. Le latin y pénètre sous sa
forme parlée ainsi que sous sa forme officielle par voie de l’administration et de
l’enseignement. Au IV s. la première université française est fondée à Bordeau.
Le centre de la Gaule, par contre, oppose une vive résistance à Jules César. Les
peuples celtiques du centre livrent des batailles acharnées aux armées romaines. Les
conquérants s’y installent définitivement entre les années 58–51 a.n.è. La région entre
la Seine et la Loire, les régions belgiques deviennent romaines sous l’empereur
Auguste, vers la fin du I s. a.n.è. Dans les régions montagnardes la langue celtique a
été supplantée totalement par le latin vers le IV s.
On peut voir que la romanisation de la Gaule a été inégale. A cause de cette
romanisation inégale il y a des divergences dans le développement ultérieur du latin:
au Midi se forme langue d’oc et au Nord se forme langue d’oïl.
Aux IV–V ss. les invasions germaniques ont apporté en Gaule romanisée
l’influence germanique. D’abord les peuples germaniques se sont localisés en
Scandinavie. Leur dispersion commence au IIIème s. a.n.è. Les historiens les divisent
en trois groupes: les Germains du Nord, qui restent dans leur zone d’origine, les
Germains occidentaux et les Germains orientaux. Les Germains occidentaux se
déplacent en direction du Rhin où ils entrent en contact avec les Celtes. Les Germains
orientaux se dirigent vers le Sud-Est (Carpathes, Mer Noire).
Les tribus occidentaux se subdivisent en groupes divers: Alamans, Saxons,
Francs, Thuringiens etc. Leur expansion en direction de l’Empire Romain connaît
deux grands moments: une agression relativement lente au milieu du IIIème s. a.n.è.
et les mouvements plus rapides aux IV–V ss. Parmi toutes les peuplades germaniques
les Francs sont les plus braves et peu à peu ils soumettent les autres tribus. Après la
chute de l’Empire Romain au Vème s. les pays de l’Europe occidentale forment le
royaume des Francs. Les Normands qui sont les représentants des Germains du Nord
s’installent plus tard au Nord de la Gaule et en 911 ils forment un duché. Cette
expansion nordique continue aux X–XI ss. en Italie et en Angleterre. Aux IV–V ss.
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en Gaule on commence la deuxième période du bilinguisme. Les peuplades
germaniques conservent assez longtemps leurs langues maternelles. Les vaincus
continuent à parler le latin, sa variante galloromane. Cette deuxième période du
bilinguisme dure quatre siècles du V s. au VIII s. Elle s’achève par adoption d’un
parler commun, mais cette fois c’est le gallo-roman qui a vaincu.
Beaucoup d’éléments germaniques ont pénétré dans le lexique français, p.ex.
les noms propres tels que Charles, Louis, Gérard, Renard; les termes militaires tels
que hache, épieu, épéron. Il y a des adjectifs d’origine germanique: frais, gai, riche,
etc. Les suffixes -ard, -ald, -and d’origine germanique enrichissent les possibilités de
composer des mots nouveaux.
On peut faire la conclusion: durant dix siècles la formation de la langue
française passait par deux périodes du bilinguisme: la première période celtolatine
qui s’achève par la domination de la langue des vainqueurs; la seconde période
franco-romane qui s’achève par la domination de la langue des vaincus.
25
communication orale). En France féodale, comme dans les autres Etats de l’Europe,
les fonctions de la langue d’état accomplissait le latin, qui était la langue d’affaire, de
science, de culture et d’église.
On a commencé à employer l’ancien français assez tôt dans la littérature
cléricale. C’étaient des vies des saints, des calendriers, des traductions de l’Ecriture
sainte etc.
Les monuments les plus anciens de ce genre sont: “Cantilène de Sainte Eulalie”
– (884), “Passions du Christ” (Xs.), “Vie de Saint Léger” (Xs.), “Fragment de
Ionas” (Xs.). Le clergé employait l’ancien français pour la propagande religieuse
dans la population qui ne comprenait plus le latin.
La lutte entre différents dialectes continue jusqu’au XV s. D’abord aux XI–XII
ss. ce sont les dialectes français de l’ouest, surtout le normand qui prétendent à un
rôle prédominant. Ensuite cette place revient au dialecte picard. A partir du XIII s.
commence l’expansion du dialecte francien qui devient langue française nationale au
XVI s. La séparation définitive entre le français littéraire et les dialectes se produit à
la période du français moderne. De nos jours les dialectes ne se développent que très
peu, tandis que le français littéraire a évolué considérablement du XVI s. jusqu’à nos
jours.
Les dialectes français offrent plus de traits communs que de divergences. Cela
permet de supposer qu’il existe en Haut Moyen Age (X–XIII ss.) une langue
commune, nuancée de particularités dialectales dans différents contrées de la France.
Le fonctionnement de cette langue commune est restreint: ce n’est pas langue
officielle de l’état ni des provinces. Le latin continue d’être langue des sciences, des
documents juridiciaires et actes administratifs, de l’enseignement, de l’église.
Et quand même pendant le X s. il y a plusieurs oeuvres sur les sujets réligieux
(‘Passion du Christ’, ‘Vie de St. Léger’). Ensuite les XI–XII ss. c’est la période des
chansons de geste, c’est-à-dire des poèmes épiques; à partir du XII s. se fait voir la
littérature courtoise. On peut dire qu’à partir du X s. la langue littéraire prénationale
commence à se former.
La langue littéraire se présente sous plusieurs aspects. Il en existe beaucoup de
définitions.
a) Tout d’abord c’est une catégorie historique et sociale. L’évolution de la
langue littéraire peut avoir deux étapes importantes: langue littéraire prénationale et
langue littéraire nationale. Cette division correspond aux époques historiques
distinctes: celle de la nation et celle qui la précède. La période de la formation de la
nation française se situe au XVI s., époque de la Renaissance.
b) La langue littéraire est une forme de la langue commune, mais elle en diffère
par sa fonction et son état. En général la langue commune et la langue littéraire ont
beaucoup de traits communs. On ne peut pas les imaginer sans société qui les utilise
et hors du temps et du lieu de leur fonctionnement. Mais il existe encore quelques
26
différences fonctionnelles et qualitatives. La langue commune est utilisée dans toutes
les sphères d’activité comme instrument principal de communication verbale et
comporte plusieurs réalisations linguistiques parmi lesquelles les dialectes sociaux et
territoriaux. La langue littéraire, par contre, se caractérise par une tendance à
l’unification des moyens et des catégories linguistiques. C’est la forme travaillée de
toute langue.
c) La langue littéraire se forme sur la base de la langue du peuple. Le français
commun fonctionne depuis le milieu du IX s., époque du premier monument écrit (c.-
à-d. le premier texte écrit en français) jusqu’à nos jours.
En histoire de la langue française on pose une question: quel dialecte a servi de
base au français littéraire?
Il existe plusieurs hypothèses sur l’origine du français littéraire.
a) H. Suchier, W. von Wartburg affirment que le français littéraire s’est formé
à la base du dialecte francien. Cette théorie est adopté par la majorité des linguistes.
b) K. Vossler estime que plusieurs dialectes sont à la base du français littéraire.
c) N. A. Katagochtchina qui a fait la recherche du problème mentionne que
jusqu’au milieu du XIIIs. il n’existe aucun texte ni officiel ni littéraire qui soit écrit en
francien. Elle estime que les dialectes de l’Ouest forment la base de la langue
commune littéraire à l’époque. A partir du XIII s. le rôle économique et politique de
l’Ile de France s’accroît et alors la priorité appartient au francien.
27
Le plus grand monument de la littérature afr. de cette époque est la ‘Chanson
de Roland’ qui conte la bataille de Roncevaux de 788. C’est une ‘chanson de geste’,
c.-à-d. un poème épique destiné à être chanté, qui est fait à la base des chants épiques
de la Bretagne. La ‘Chanson’ est composée pendant la seconde moitié du XI s. Elle
existe en plusieurs variantes. La plus belle variante de ce poème se trouve à Oxford
en Angleterre, écrite dans la seconde moitié du XII s.; il y a encore un manuscrit de
Venise, écrit au XIV s. etc.
‘Chanson de Roland’ chante les sentiments du patriotisme, du devoir, de
l’honneur, la conscience de l’unité nationale. G.Paris caractérise ce poéme comme ‘le
premier et le plus national des monuments de la littérature française’. ‘Chanson de
Roland’ développe une légende qui prend sa source dans un fait historique. En 788
Charlemagne franchit les Pyrénées pour la lutte contre les guerriers musulmans, mais
il ne réussit qu’à prendre Pampelune et ne peut pas enlever Saragosse. En remontant
vers la France son arrière-garde est attaquée par les Basques. Le conte Roland, chef
de l’arrière-garde française, périt dans la bataille. C’est une oeuvre anonyme, mais
écrite d’une main de maître. Le thème central de la ‘Chanson’ est donc la guerre
sainte, la glorification de Charlemagne et de ses conquêtes.
28
3.2. Les tendances de l’évolution phonétique en afr.
29
o+l+consonne > ou > [u]: colpu > coup > frm. coup; óu > éu > [œ]: flore > flóur >
fléur > frm. fleur; éu > [œ]: els > éus > frm. eux.
Les triphtongues commencent par se soudir en diphtongues pour passer plus tard
aux monophtongues.
Il y a quelques diphtongues et triphtongues qui subsistent jusqu’au XVI s. P.ex.
áu ˂ a+l+consonne, ie après les anciennes affriquées: affr. bel + s > beaus, lat.
caelu > ciel (tsiel) > frm. ciel, lat. calidu > caldu > cháut > frm. chaud.
En dehors des voyelles simples l’afr. possède une riche série de diphtongues et
triphtongues dont le nombre varie à l’époque. La plupart des diphtongues sont
descendantes (décroissantes – нисходящие): ái, éi, ói, ýi, áu, éu, óu. Il y en a encore
deux diphtongues ascendantes (croissantes – восходящие): ié, uó > ué. Les
triphtongues sont au nombre de trois: eáu, iéu, uéu.
Cette opinion sur les diphtongues, que nous venons d’exposer, est acceptée par
tous les linguistes.
La langue continue à développer la tendance à la diphtongaison qui est
commencée en latin populaire et en gallo-roman. La première et la deuxième
diphtongaison consiste en allongement et dédoublement des voyelles accentuées.
La première diphtongaison a eu lieu au VI s. Les voyelles e, o accentuées libres
deviennent diphtongues spontannées ascendantes. P. ex. lat. pop. péde >VI s. piede;
lat.pop. mele > VI s. miel; lat.pop. bove > VI s. buef.
31
La deuxième diphtongaison a eu lieu au VII s. Les voyelles e, o accentuées
libres deviennent diphtongues spontannées descendantes. P. ex. lat. tela > VII s. téila;
lat. flore > VII s. fléur.
Pendant le VII s. [a] libre accentuée devient diphtongue ái: p.ex. clara > VII s.
cláire.
En position ‘c+a, g+a’ la voyelle [a] est devenu -ié-. P. ex. lat. cane > VII s.
chien; lat. carricare > VII s. chargier.
D’autres diphtongues et triphtongues se constituent à la suite de la vocalisation
de ‘l’ dur devant une consonne: p.ex. lat. filtru > afr. feltro > afr. féutre; lat. alba >
afr. áube.
Il y a encore des diphtongues qui proviennent des combinaisons d’une origine
différente. Le iotacisme a enrichi le système vocalique de diphtongues: p. ex. fructu
> frúit > fruit; nigru > néir > noir; plaga > plaie; pacat > paiet; audio > oi; gaudia
> joie;
La nasalisation des voyelles libres est accompagnée de la diphtongaison: p.ex.
lat. manu > afr. main; lat. plena > afr. pleine; lat. cane > afr. chien; lat. paganu > afr.
payen.
Les diphtongues se trouvent en perpétuelle évolution pendant la période
ancienne française par suite des changements aussi bien spontanés (óu > éu, uó > ué,
éi > ói), que conditionnés (voir les exemples ci-dessus — vocalisation, nasalisation,
iotacisme).
Il existe encore un exemple de l’épenthèse vocalique en position ‘e + l +
consonne’: p. ex. mantels > manteaus.
Dans les vers les diphtongues assonnent entre elles et aussi avec les
monophtongues correspondantes (a/ai, o/oi). La diphtongue ‘ai’ assone régulièrement
avec elle-même ou plus souvent avec la voyelle [a].
Dans la ‘Chanson de Roland’ on trouve les assonances ai/e ce qui caractérise
l’époque ultérieure marquée par une nouvelle tendance à la monophtongaison.
La monophtongaison commence à la fin du XI s. Elle apporte l’apparition de
deux phonèmes nouveaux [ö] et [u] vers la fin du XIII s.
32
insula > IX s. isle > XIII s. ile > frm. île; lat. spasmare > IX s. se pasmer > XIII s. se
pamer > frm. se pâmer.
b) La vocalisation de ‘l dur, g,b,v + consonne’ a pour résultat le même
changement, c.-à-d. la réduction des groupes consonantiques. La réduction se réalise
au détriment de la sonante ou d’une autre consonne qui se vocalise en [u]: p. ex. lat.
calidus > lat. pop. caldu > IX s. chalt > XIII s. chaut > frm. chaud; lat. válet > IX s.
valt > XIII s. vaut. Par suite [u] se combine avec la voyelle précédente pour constituer
une diphtongue ou une triphtongue, ce qui enrichit considérablement le vocalisme de
l’afr.
Les groupes ‘ę+l+consonne’, ‘ę,i+l+consonne’ présentent un développement
spécifique: e+l+consonne > eau: IX s. mantels > XIII s. manteáus; IX s. chastels >
XIII s. chateáus; i + l = consonne > eu: lat. capillos > afr. cheveux.
Il existe encore les cas de vocalisation des consonnes qui sont plus rares: p. ex.
g+cons > u: lat. smaragdus > IX s. esmeragde > frm. émeraude; b+ cons >u: tabula
> IX s. dialect. taule > frm. tôle.
Il y a des exceptions ou ‘l’ s’amuit: lat. filius > afr. fils > frm. fils [fis].
A la suite de ces modifications syntagmatiques, il ne reste que trois sonantes m,
n, r qui puissent former groupe avec une autre consonne. Cependant, il convient
d’ajouter que le groupe de deux consonnes nasales constitue la position faible.
c) la tendance des affriqués à se réduire en constrictives (les consonnes perdent
leur élément occlusif) constitue un des faits les plus importants de l’évolution
phonologique des consonnes: c+e, i>ts > s: lat. caelum > IX s. ciel > XIII s. ciel
[siel]; c+a > tš >š; lat. cantare > afr. chanter > frm. [šate]; d+e, i > dz > z: lat.
undecim >afr. onze > frm. onze ; g+e, i> dž > ž: lat. gelu > afr. gel > frm. gel ; g+a >
dz >z: mot lat. d’origine germanique gamba > afr. jambe > frm. jambe; j+voyelle >
dž > ž: lat. ego > lat. pop. io > afr. jó > frm. je; lat. diurnus > afr. jorn > frm. jour.
2) Les variantes [ð, θ, γ ] qui représentaient les phonèmes d, g, t en position
intervocalique et à la fin du mot disparaissent, tandis que la variante bilabiale [ß] qui
correspond à p,b intervocalique se résout en constrictive labiodentale [ v ], ce qui
augmente le rendement de cette consonne: lat. vita > g.-r. *viðe > afr. vie >frm. vie ;
lat. ruga > g.-r. *ruγe > afr. rue > frm. rue; g.-r. ajudha > afr. aie; lat. ripa > g.-r.
*riße > afr. rive > frm. rive; lat. saponem >frm savon.
3) Les consonnes postlinguales labialisées kw, gw perdent leur articulation
labiale et passent à k, g au XIII s. Cette évolution des kw, gw est mentionnée par la
majorité des linguistes (N. A. Chigarevskaia, L. M. Skrélina, M. Gourytchéva,
N. A. Katagochtchina, K. Allendorf, G. Paris), tandis que V. E. Chtchétinkine estime
que ce changement s’est produit auparavant: p.ex. lat. quant > afr. XII qant; germ.
werra > afr. guerre > frm. guerre.
Grâce à ces changements le rendement des occlusives postlinguales k, g
augmente visiblement.
4) D’autres modifications causées par l’entourage sont l’assimilation, la
dissimilation, la métathèse, l’épenthèse: p.ex. l’assimilation dans le mot cherchier qui
devient chercher; la dissimilation dans les mots huller, ensorcerer qui sont devenus
33
hurler, ensorceler; métathèse: groumet est devenu gourmet, beuverage est devenu
breuvage; épenthèse: calendier > calendrier, camra > chambre.
Pour les voyelles il est encore plus difficile, parce que les signes diacritiques
n’existent pas. Les phonèmes [ę] et [e] sont présentés par la lettre ‘e’. Pour rendre des
phonèmes nouveaux l’afr. a créé des combinaisons de lettres: ch = [tš], ign, gn = [ր ],
ou = [u]. La terminaison -us est transcrite à l’aide d’un seul graphème -x: p. ex. deus
= dix, cheveáus = chevax.
Certaines notations graphiques s’expliquent par l’influence de l’étymologie: p.
ex. le phonème [k] peut être rendu soit par la lettre ‘c’, p. ex. cor, soit par ‘q, qu’:
p. ex. quant, qar, qi. En afr. l’orthographe tend à évoluer avec la prononciation ce qui
permet de définir la chronologie de certains changements phonétiques: p.ex. la
diphtongue ‘éi’ ayant passé à ‘ói’, la notation en est changée: léi > lói. Les notations
‘fere’ et ‘feire’ pour ‘faire’ reflètent la monophtongaison de la diphtongue ‘ái’.
b) Au Moyen Age l’orthographe perd peu à peu son caractère phonétique pour
devenir traditionnelle ou historique.
L’orthographe demeure en grande partie telle qu’elle a été en afr., tandis que la
prononciation évolue toujours. Donc, l’orthographe retarde sur la prononciation, p.
ex. loi [lwe] et [lwa], asne [ane].
c) La notation elle-même ne reste pas toujours intacte. Les scribes, les
grammariens veulent rapprocher la graphie du français de la graphie latine,
l’orthographe devient étymologique: p.ex. cors s’écrit corps, tens s’écrit temps, set
s’écrit sept.
On rétablit beaucoup de consonnes disparues: doubter < lat. dubitare, temps <
lat. tempus, compter < lat. computare. On rétablit la lettre ‘c’ qui a passé à [j]: lactu >
afr. lait > XIV s. laict; factu > afr. fait > XIV s. faict. On rétablit le ‘l’ dur qui s’est
vocalisé: p.ex. chevauls, fault, comparez les noms propres d’aujourd’hui – Renault,
Thibault, Perrault.
Pour marquer l’initiale vocalique, on introduit ‘h’ dans les mots qui commencent
par ‘u’, parce que cette lettre représente à l’époque deux phonèmes – [u] et [v]: p. ex.
oleu > afr. uile> huile, octem > afr. uit> huit. Dans la terminaison ‘x’ = ‘us’, on
rétablie la lettre ‘u’: chevax > chevaux.
En mfr. on introduit des notations erronées: p.ex. je sçay (je sais) est refait sur le
verbe latin ‘scire’ – c’est la fausse étymologie. Pendant le Moyen Age on introduit
‘y’ à la place de ‘i’, surtout à la finale et à l’initiale des mots: p.ex. mercy, roy, ay,
ydoles.
35
L’introduction des lettres étymologiques a accentué les divergences entre la
prononciation et la graphie. À l’époque l’orthographe française n’est pas encore
constituée, la graphie est compliquée et souvent arbitraire.
d) Pendant la période mfr. plusieurs mots ont changé leur orthographe grâce à
l’analogie morphologique, p.ex. regart devient regard, parce qu’il y a le verbe
regarder, grant devient grand parce qu’il y a la forme du féminin grande, je preuve
devient je prouve parce qu’il y a l’infinitif prouver.
A l’époque de la Renaissance il y a un grand intérêt pour les langues classiques
– le latin, le grec, l’hebreu, et cela apporte plusieurs notations étymologiques et
parfois ce soit des étymologies fausses: scavoir, avecq, avecques, escripre (pour
savoir, avec, écrire).
e) Le XV s. est le premier siècle de l’imprimerie. L’imprimerie pose le problème
d’une orthographe rationnelle et unifiée. Pendant le XVI s. il y a plusieurs tentatives
d’améliorer l’orthographe. En 1529 l’imprimeur Geoffroy Tory propose une réforme
qui recommande l’emploi des signes différentiels ou hiéroglyphiques: des accents, de
la cédille, de l’apostrophe. Les imprimeurs utilisent les signes diacritiques
irrégulièrement.
En 1562 Pierre de la Ramée (Ramus) introduit les lettres ‘ramistes’: ‘v’ pour
‘u’ (uin=vin); ‘j’ pour ‘i’ consonantique. On introduit à côté de ‘s’ ordinaire un [z]
long au début du mot et en position intervocalique. On fait le trait d’union dans les
mots ‘tres-bon’, ‘long-temps’ et autres.
Le grammairien Louis Meigret propose en 1542 et ensuite en1550 (‘Trétté de
la gramere françoeze’) de supprimer les lettres qui ne se prononcent pas, de
substituer une lettre à une autre, p.ex. j [ž] au lieu de ‘ge, gi’: p.ex. manjer; ‘z’ au lieu
de ‘s’ en position intervocalique: dizons. Il propose de distinguer le timbre ouvert et
fermé des voyelles ‘e’ et ‘o’ et la longueur.
Les défauts de de la réforme de L.Meigret: il garde deux lettres ‘k’ et ‘c’ pour
un phonème, ne distingue pas ‘u’ et ‘v’, ne touche pas à [h] aspiré.
De toutes les propositions à simplifier et à unifier l’orthographe française le
XVI s. a retenu quelques signes diacritiques, mais on les emploie d’une manière
irrégulière. L’orthographe reste essentiellement historique et étymologique.
Parmi les imprimeurs du XVII s. il existe une grande variété de notations. En
1682 pour imprimer ses oeuvres Corneille imposait une orthographe relativement
moderne.
Pendant XVII–XVIII ss. les ‘Dictionnaires de l’Académie française’
n’apportent aucun changement important.
Seule édition du ‘Dictionnaire de l’Académie française’ en 1835 apporte
l’orthographe moderne.
L’afr. est une langue synthétique qui est marquée de fortes tendances à
l’analyse. L’afr. diffère du latin, c’est une nouvelle langue toute particulière qui
possède ses propres valeurs grammaticales et son système de formes morphologiques
et syntaxiques. Seul l’étude étymologique puisse rapprocher cette nouvelle langue du
latin. Même les formes et les valeurs héritées du latin ont subi des transformations
importantes.
37
Pendant la période ancienne française la langue nous présente une nouvelle
structure grammaticale bien qu’elle soit du type synthétique comme le latin. La
synthèse a des marques souvent différentes de celles du latin et fait largement place à
l’analyse.
Ce qui caractérise le moyen français (XIV–XV ss.) c’est la tendance à réduire
par voie analogique les irrégularités de la langue, c.-a.-d. à éliminer les oppositions
vides de sens et préciser et délimiter les fonctions des formes grammaticales. Ces
changements constituent un procès durable, et le moyen français connaît la
coexistence des formes et emplois anciens et modernes.
Pendant la période du haut français modern (XVI s.) la tendance à l’analyse et
à la régularisation continue d’être prépondérante. Le XV s. se caractérise par la
coexistence de plusieurs formes et valeurs différentes, par maintes contradictions
dans leur emploi.
La tendance à la normalisation marque le français du XVII s. Les tendances
analytiques qui avaient agi durant les siècles précédents aboutissent à la création d’un
système de formes modernes. Les valeurs et l’emploi des temps et des modes se
précisent. Le mot devient de préférence porteur du sens lexical, les valeurs
grammaticales étant exprimées par des particules ou des mots grammaticalisés, tels
l’article, les déterminatifs, les pronoms, les prépositions, etc. Il s’établit un ordre
rigoureux pour la disposition réciproque des mots significatifs et les mots outils: les
mots outils précèdent les mots à valeur lexicale qui portent l’accent du groupe
réunissant les deux valeurs en unité phonétique.
38
5.1.2. Types de la déclinaison. Les substantifs du masculin connaissent trois
types de déclinaison, cette répartition se diffère de celle du latin.
Le premier groupe est le plus régulier, il oppose les deux cas au singulier et au
pluriel, il continue la deuxième déclinaison latine.
P.ex. c.s. sg. murs c.s. pl. mur
c.r. mur c.r. murs
Le caractère caduc de la déclinaison consiste en fait qu’une même forme revêt
deux valeurs dans le cadre d’un paradigme: p. ex. murs c.s. sg. = c.r. pl.
Parfois l’article sert à préciser la valeur de la flexion.
sg. pl.
c.s. li murs li mur
c.r. le mur les murs
La fonction d’une forme sans article est déterminée par le contexte.
Le deuxième groupe comprend les substantifs à flexion zéro au singulier qui
proviennent du nominatif latin asigmatique:
sg. pl.
c.s. li pere li pere
c.r. le pere les peres
Le c.s. ne se distingue pas au singulier et au pluriel. L’afr. fait un certain effort
pour régulariser la déclinaison. Au XII s. les noms masculins en ‘e’ reçoivent par
analogie la flexion ‘s’ pour le c.s. du singulier: li peres, li empereres.
Le troisième groupe présente plusieurs substantifs où le c.s. du singulier est
toujours opposé à tous les autres. Ce sont les substantifs imparisyllabiques:
sg. pl. sg. pl. sg. pl.
c.s. gars garçon ber baron om ome
c.r. garçon garçons baron barons ome omes
Il y a aussi les substantifs à l’accentuation différente: les oxytons sont opposés
aux paroxytons.
sg. pl. sg. pl.
c.s. cuens conte emperere empereur
c.r. conte contes empereur empereurs
La troisième déclinaison est archaïque, elle ne s’enrichit pas en afr.
Grâce à la réduction des groupes consonantiques au c.s. sg. se sont formés les
alternances: jors (c.s) – jorn (c.r.), dras (c.s.) – drap (c.r.), bues (c.s.) – buef (c.r.).
Il y a d’autres divergences entre les formes d’un même substantif à la suite de la
vocalisation de ‘l dure + s’ et de l’affricatisation du groupe ‘t+s > z[ts]’: p.ex. c.s.
travaus, c.r. travail; c.s. cheveus, c.r. chevel; c.s. monz (ts) , c.r. mont.
A la différence des noms masculins, les substantifs féminins sont indéclinables à
quelques rares exceptions. Ce sont quelques noms propres: p. ex. Berte (c.s.) –
Bertain (c.r.), Eve – Evain et quelques noms communs: ante (c.s.) –antain (c.r.).
Certains substantifs qui proviennent de la troisième déclinaison latine opposent aussi
le c.s. et le c.r.: c.s. suer – c.r. serour, c.s. flours – c.r. flour, c.s. faims – c.r. faim, c.s.
nes – c.r. nef.
39
5.1.3. Fonctions du substantif. Le cas sujet assume les fonctions du sujet, de
l’apposition au sujet et de l’attribut. Le c.r. sans préposition joue le rôle du
complément direct, de l’apposition au complément direct et du complément de nom
désignant les personnes, p. ex. la tere lur seignur – земля их господина.
Le complément de nom désignant les objets, le complément indirect et les
circonctanciels sont rendus par le c.r. accompagné de la préposition. Dans les cas plus
rares le complément indirect et le complément circonstanciel sont rendus par le c.r.
sans préposition.
P. ex. Se Dieu plaist (Rol) – Если богу угодно...
Une simple juxtaposition des substantifs dont le deuxième désigne une personne
ou un être personnifié traduit la subordination, p.ex. hôtel-Dieu, Bourg-la-Reine.
5.2. L’article
40
première syllabe: illi>li, illa>la. L’article du masculin est riche en formes. A part les
formes casuelles, il existe plusieurs formes contractées.
La déclinaison de l’article du masculin:
sg. pl.
c.s. li li
c.r. lo>le,l’ les
En ancien français l’article contracté possède les formes suivantes.
sg. pl.
de+le > del > du de+les>dels>des
a+le > al > au a+les > als> aus>aux
en+le > el, enl en+les > els >es
L’article du genre féminin a deux formes: la pour le sg., les pour le pl. Au
pluriel il a les mêmes formes contractées que pour l’article du genre masculin.
Dans quelques dialectes tels le picard, le wallon, le lorrain, le bourguignon le
c.s. masculin et féminin est ‘li’, en lorrain et en bourguignon le c.r. du féminin
singulier est aussi ‘li’.
Les formes du futur article indéfini proviennent de l’adjectif numéral ‘unus,
unum (m), una, unam (f)’ qui assume en latin encore une fonction – celle du pronom
indéfini. Le masculin connaît la déclinaison à deux cas et les deux nombres:
sg. pl.
c.s. uns un
c.r. un uns
Le féminin oppose le singulier au pluriel: une (sg.) – unes (pl.).
5.2.2. Fonctions de l’article. Par son sens démonstratif l’article défini sert à
individualiser un objet concret. Il se combine avec les noms concrets. Les noms
abstraits et collectifs ne reçoivent pas d’article en afr. Les valeurs de l’article défini
en afr. sont les suivantes:
a) valeur déïctique – c.-à.-d. l’objet est déterminé par la situation ellemême du
point de vue du sujet parlant: p. ex. Halt sunt li pui e halt sunt li arbre (Rol.);
b) valeur anaphorique – c.-à.-d. l’objet est déterminé par la situation précédente:
p. ex. Bon sunt li cunte (Rol.).
c) valeur démonstrative, c.-à.-d. valeur primitive: p. ex. Le jur passerent
Franceis a grant dulur (Rol.).
d) valeur possessive: p. ex. Nicolete fu d’autre part en le canbre (Auc.).
Pendant la période mfr. (XIV–XV ss.) l’article défini évolue et développe une
nouvelle fonction – celle généralisante, il se combine avec les noms de peuples, de
provinces, de pays, avec les noms abstraits. Il perd la déclinaison, c.-à.-d. les formes
du c.s. sg. et pl.
On voit apparaître en mfr. l’article partitif, mais il s’emploie irrégulièrement
devant les noms de matière. La valeur de l’article partitif est étroitement liée à celle
de l’article défini – il marque une fraction indéterminée d’une quantité déterminée.
Son emploi devient général au XV s.
41
L’article indéfini fonctionne dans la plupart des cas comme adjectif numéral ou
indéfini. Pendant la période afr. (IX–XIII ss.) son emploi est rare. Pendant la période
mfr. (XIV–XV ss.) l’article indéfini s’enrichit d’une nouvelle forme ‘des’ qui est
pourtant rare. Sa valeur de l’individualisation indéterminée se précise, mais elle est
loin d’être commune.
D’une manière irrégulière l’article commence à apparaître surtout au XV s.
devant les substantifs précédés d’un adjectif, dans les comparaisons, avec les
substantifs en fonction attributive.
Le système de l’article s’est constitué définitivement aux XVII–XVIII ss.
L’article défini a ses deux valeurs d’individualisation déterminée et de
généralisation; l’article indéfini reçoit sa valeur d’individualisation indéterminée; le
partitif apparait devant les substantifs non-nombrables en fonction d’indétermination.
La catégorie ‘détermination/non-détermination’ devient commune pour tous les noms
en toutes fonctions syntaxiques.
Le non-emploi de l’article caractérise d’une part une forme archaïque ou
archaïsante. D’autre part l’omission de l’article caractérise une fonction syntaxique
secondaire.
5.3. L’adjectif
Les pronoms issus du latin présentent trois traits particuliers dont deux sont le
vestige de l’état antérieur de la langue, tandis que la troisième prépare une évolution
importante dans le fonctionnement ultérieur des pronoms.
1) Certaines classes de pronoms gardent en afr. la forme de neutre (lo >le, ce).
2) A la différence des noms la déclinaison de certains pronoms personnels et
démonstratifs est plus riche, c’est la déclinaison à trois cas: cas sujet, cas régime
direct, cas régime indirect qui est égal à l’ancien datif latin ou au génétif pluriel à
valeur de datif: p. ex. illorum > leur.
3) Il se produit un dédoublement des formes grâce à deux dévellopements
différents suivant que les pronoms étaient toniques ou atones. En afr. les formes
dédoublées commencent à remplir des fonctions différentes qui vont se préciser en
mfr. (pronoms personnels, pronoms possessifs, pronoms relatifs).
45
Le neutre connait une seule forme pour le cas sujet et cas régime: icest, cest et
icel, cel.
Les deux formes fonctionnent à la fois comme pronom et comme adjectif.
Cependant la forme icist, cist est beaucoup plus fréquente en fonction de l’adjectif
qu’en celle de pronom. Le pronom démonstratif cil sert de synonyme tonique au
pronom personnel de la troisième personne il. Pour renforcer l’opposition sémantique
‘proximité – éloignement’ depuis la fin du XII s. on ajoute une marque adverbiale ci,
la.
Le neutre qui provient de la combinaison ecce + hoc > ço est utilisé comme
sujet avec les verbes impersonnels et comme régime. Il présente les notions abstraites
et les objets inanimés.
Le pronom relatif provient du pronom latin qui, quae, quod.
c.s. qui (ki, qi)
c.r.dir. que (quet)
c.r.indir. cui
Le neutre possède deux formes: atone que et tonique quoi, il est indéclinable.
Dès ses origines le français fait une forme spéciale pour le complément du nom:
de + unde > dont. En tant que pronoms interrogatifs on emploie les relatifs, sauf dont
et que.
Le verbe conserve mieux que le nom le caractère synthétique bien qu’il fait une
large place à l’analyse. Les formes synthétiques latines sont doublées en afr. de
formations analytiques à toutes les cathégories grammaticales: temps, mode, voix,
aspect. A la suite des modifications phonétiques la structure morphologique du verbe
perd sa netteté et présente une grande variété de formes parfois vides de sens, p.ex.
l’alternance des radicaux.
46
A la différence du français moderne l’infinitif comporte les caractéristiques du
nom héritées du latin: il se décline et reçoit l’article du masculin. Tout infinitif peut
se substantiver, mais ne reçoit guère de déterminant – adjectif.
P. ex. La buche mustre le penser.
Le participe présent a les mêmes catégories: le nombre et le cas et les mêmes
fonctions que les adjectifs à une forme pour les deux genres.
P. ex. Ja avez vos ambsdous les braz sanglanz (Rol.)
У вас обоих уже руки в крови.
En tant que forme verbale il se combine avec le verbe estre et traduit la durée: la
construction marque une action simultanée à une autre qui dure.
P. ex. Si l’orrat Carles qi est as porz passant (Rol.).
Так его услышит Карл, который проходит по ущелью.
Le participe passé connaît le genre, le nombre et la déclinaison au masculin (c.s.
portez, c.r. portet). Il prend souvent un emploi adjectif: il sert de déterminant et
d’attribut.
P. ex. L’espee prent com’home iriez (Trist.).
Он меч берёт как разгневанный человек.
Il fait partie des formes analytiques de la voix passive et avec les verbes
auxiliaires aveir et estre il forme les temps composés.
P. ex. Et s’en est entré (Trist.). И он туда вошёл.
Le gérondif – la désinence du gérondif coïncide avec celle du participe présent,
mais à la différence de celui-ci le gérondif est une forme invariable. Il garde son
caractère nominal:
p. ex. ...de sun vivant... (Rol) ... при его жизни.
L’emploi verbal se présente dans les constructions suivantes:
a) en combinaison avec le verbe aller (aler, s’en aller) pour traduire la durée et
la progression d’une action: p. ex. Parlé as a ton amant qui por toi se va morant
(Auc.). Ты говорила со своим любимым, который ради тебя умирает...
b) en combinaison avec un pronom possessif il est employé isolement, le plus
souvent avec les verbes oïr (слышать) et veir (видеть). Au début le gérondif n’est
pas précédé de la préposition ‘en’. L’ancien usage se fait voir dans les locutions
figées. P.ex. chemin faisant, tambour battant.
5.5.3. Les temps composés. Les temps composés ont remplacé en afr. la série
du perfectum latin, qui ne subsiste qu’en passé simple et l’imparfait du subjonctif. A
l’aide des auxiliaires aveir et estre se sont formés le passé composé, le passé
antérieur, le plus-que-parfait, le futur antérieur de l’indicatif, le passé et le plus-que-
parfait du subjonctif et le passé du conditionnel. La valeur temporelle des temps est
marquée par la forme de l’auxiliaire, le participe passé du verbe conjugué traduit la
valeur lexicale. Les formes remontent aux constructions périphrastiques marcant la
conséquence d’une action précédente (‘j’ai écrit une lettre’ veut dire ‘je possède une
lettre qui a été écrite’). Par la suite, la périphrase insiste sur l’aspect, sur un fait
accompli. Ce sont les participes passés des verbes perfectifs ou terminatifs (c.-à-d.
qui désignent le terme d’une action) qui se prêtent facilement à la formation des
temps composés. La valeur temporelle s’accentue de plus en plus et se substitue petit
à petit à la valeur d’aspect. Les verbes imperfectifs ou cursifs sont aussi introduits
48
dans les tours périphrastiques. A partir du XI s. on rencontre ces combinaisons non
seulement avec les verbes transitifs, mais aussi avec les verbes intransitifs.
Le choix du verbe auxiliaire dépend du caractère transitif ou intransitif du verbe.
Les verbes transitifs se combinent avec aveir, les verbes intransitifs préfèrent estre.
Cependant le verbe auxiliaire aveir remplace souvent estre dans la conjugaison d’un
grand nombre de verbes intransitifs.
Le verbe estre se conjugue en afr. avec lui-même d’abord et ensuite après le XIII
s. il se conjugue avec le verbe auxiliaire avoir.
Les temps surcomposés n’existent pas en afr., ils se forment pendant les XIV—
XV ss.
5.5.4.1. Les temps. L’emploi des temps est différent de celui du français
moderne (frm.). Dans la narration au passé on utilise indifféremment et côte à côte le
présent, le passé simple et le passé composé pour désigner les actions successives.
P. ex. Li reis li dunet (près.) e Rollant l’a reçut (passé composé).
Le passé simple désigne une action accomplie sans aucun rapport avec le
présent. A la différence du frm. il est employé non seulement dans la narration, mais
aussi dans la conversation.
P. ex. Qu’as tu dunc fet? Jeo chantai (Auc.).
Le passé simple sert également à exprimer un état et une action qui dure. En très
ancien français (IX s.) toutes les descriptions sont au passé simple. Les premiers
textes ne connaissent pas l’imparfait.
P. ex. Buona pulcella fut Eulalia (‘Ste Eulalie’).
Ço fut citet mult bele (‘St Alexis’).
Le passé composé exprime le temps et l’aspect. L’action qu’il traduit se passe au
passé, mais de par son résultat elle liée au présent.
P. ex. As porz d’Espagne ad lesset sun nevold (Rol.).
L’imparfait et le plus-que-parfait sont rarement employés avant la fin du XII s.
P. ex. Meillor vassal n’aveit en la curt nul (Rol.).
Les temps composés ne sont pas à l’époque des temps relatifs, c.-à-d. ils
n’expriment pas l’antériorité par rapport à un autre temps. Ces temps s’emploient
dans des propositions indépendantes ainsi que dans des propositions subordonnées.
Le plus-que-parfait et le passé antérieur expriment le temps passé et l’aspect
achevé de l’action.
P. ex. Ço dit li reis que sa guerre out finie (Rol.).
Le futur antérieur dans les propositions indépendantes est l’équivalent du futur
simple.
P.ex. Mult larges teres de vus avrai cunquisses (Rol.)
49
Au XIII s. les valeurs des temps subissent des modifications très nettes qui
approchent leur usage du frm. L’imparfait désigne l’état et une action simultanée à
une autre.
P. ex. Ele senti que li vielle dormoit qui aveuc li estoit (Auc.).
Les temps composés expriment de plus en plus souvent l’antériorité (passé
antérieur, plus-que-parfait, futur antérieur) et figurent dans les propositions
subordonnées.
P. ex. Et quant ele l’at asses escouté si comença à dire (Auc.).
5.5.4.4. L’aspect. Plusieurs linguistes sont d’accord que le verbe en afr. exprime
les nuances d’achèvement ou d’inachèvement de l’action; il peut exprimer le
commencement, la fin de l’action, la répétition etc. L’afr. forme plusieurs
constructions périphrastiques à ces fins.
P.ex. estre + participe présent exprime une action simultanée à une autre; aller
+ gérondif exprime la progression de l’action.
P. ex. Parlé as a ton amant qui por toi se va morant (Auc.)?
Говорила ли ты со своим возлюбленным, который ради тебя готов идти
на смерть?
En guise de conclusion on peut dire:
1) Les changements morphologiques du verbe français étaient précédés par les
transformations du système latin sur le sol gaulois romanisé et germanisé dans la
situation de bilinguisme.
2) La dégradation phonétique et sémantique de certains formes du verbe latin a
amené la réfection du système verbale. Cette réfection s’effectuait par transfert de
traits pertinents des formes disparaissant aux périphrases synonimiques.
3) La transformation de la structure formelle et sémantique du verbe
correspondait à la tendance qui s’est manifestée dans la langue: la tendance aux
formes analytiques.
La syntaxe de la phrase française est très mobile jusqu’au XIV s. C’est la forme
du mot qui indique sa fonction syntaxique et ses relations avec les autres termes de la
proposition. Le pronom-sujet n’est pas obligatoire. L’ordre des mots est libre, c’est
l’opinion de plusieurs romanistes (W.v. Wartburg, J. le Coulatre).
Mais il faut mentionner que les fonctions de l’ordre des mots sont différentes à
chaque époque du développement du français. La liberté relative des termes dans la
51
proposition afr. veut dire que l’ordre des mots n’est pas utilisé à l’époque pour
marquer la fonction syntaxique des mots.
Il y a deux règles fondamentales qui régissent l’ordre des mots en afr. dans la
proposition indépendante:
a) à la différence du latin le prédicat verbal se rapproche du début de la
proposition. Le verbe occupe de préférence la deuxième place dans les propositions
énonciatives en prose. Par contre dans les vers la forme personnelle du verbe se
trouve souvent au début de la phrase;
b) la deuxième règle veut que le sujet se pose après le verbe quand la proposition
commence par quelque complément.
P. ex. Par le bois vint uns forestiers. Лесом (по лесу) шёл лесник.
L’afr. connaît six variétés de la disposition réciproque des termes essentiels, ce
qui est décrit par L. Foulet. Les voici:
S-V-C (sujet-verbe-complément);
C-V-S (complément-verbe-sujet);
S-C-V (sujet-complément-verbe);
V-S-C (verbe-sujet-complément);
C-S-V (complément-sujet-verbe);
V-C-S (verbe-complément-sujet).
P.ex. Orras me tu?
Les dernières variétés C-S-V et V-C-S sont assez rares. S-V-C – cet ordre des
mots est le plus fréquent. La déchéance progressive de la déclinaison et l’invariabilité
du nom féminin contribuent à l’établissement de l’ordre des mots direct.
P. ex. Rollant ad mis l’olifan a sa bouche. (Rol.).
Les variétés V-S-C et C-V-S assument la fonction de l’interrogation. La variété
réduite V-S introduit une incise au début, au milieu ou à la fin du discours direct.
P. ex. Respunt Rollant: ... (Rol.)
L’ordre des mots V-S-C est familier aux propositions qui commencent par un
complément indirect ou circonstantiel (C-V-S-C). Cela veut dire que la liberté de
l’ordre des mots en afr. est conditionnée et dépend de plusieurs facteurs: cela dépend
de la nature de la proposition (énonciative ou bien interrogative, incise, etc.)
L’afr. a une particularité: le prédicat nominal (copule+attribut) ou les formes
composées du verbe peuvent renfermer entre ces deux parties du prédicat divers
termes de la proposition.
P. ex. Est par matin levet.
Dans le groupe nominal le très ancien français (IX s.) n’a pas de préférence pour
un ordre fixe. Il semble que l’afr. préfère la postposition au nom pour les participes et
les adjectifs de relation. Les adjectifs qualificatifs se trouvent plus souvent devant le
nom. L’adjectif et le nom en apposition suivent toujours le nom qu’ils déterminent.
La place de l’adverbe n’est pas fixe, bien qu’il tend à se rapprocher du verbe.
P. ex. Ne ben, ne mal ne respunt sun nevuld (Rol.).
6.2. L’interrogation
52
L’interrogation s’exprime tantôt par le ton quand l’ordre est directe. Mais le cas
le plus fréquent c’est l’inversion du sujet. L’inversion a lieu dans toutes sortes de
questions avec ou sans mot interrogatif. Il existe les cas de l’inversion complexe qui
va s’implanter dans la langue au XVI s.
P. ex. Quelle beste est che sour vo main? Какой зверь/животное, которое в
ваших руках?
6.3. La négation
6.6. La parataxe.
6.7. L’hypotaxe.
55
2) de même qu’aux propositions complexes subordonnées employant des
conjonctions simples et composées.
En guise de conclusion notons une tendance qui caractérise le développement de
la phrase complexe en afr. – c’est le progrès de l’hypotaxe au dépense de la parataxe
et l’enrichissement continu des conjonctions composées ce qui diminue le rôle des
moyens morphologiques. Une autre tendance – les conjonctions polyvalentes tendent
à restreindre leur emploi et à spécifier leur valeur.
Pendant les XIV– XVI ss. c’est la fixation progressive de l’ordre direct des
mots qui va de front avec l’élimination de formes casuelles du nom et l’amuïssement
et le nivellement des désinences dans le verbe. L’ordre des mots devient régulier dans
les groupes syntaxiques:sujet – prédicat, déterminé –déterminant, prédicat –
complément du nom. La morphologie devient plus simple, la syntaxe doit exprimer
les valeurs de différentes formes. Ce qui oppose le mfr. à l’afr. c’est le progrès
notable de la phrase complexe, basée sur la subordination, surtout dans les ouvrages
savants. Il apparaît des périodes de plusieurs subordonnées et de tours infinitifs et
participes, sous l’influence du latin. Le latin continue à influencer le français grâce au
développement des sciences. Le mfr. crée un grand inventaire de conjonctions
composées. L’usage de l’infinitif et du participe absolu se répand. Pendant le XIV s.
la subordination prend le dessus sur la coordination.
Au XVII s. grâce à l’activité des grammairiens et écrivains la normalisation
établit définitivement la structure de la proposition indépendante et de la phrase
complexe, qui sont utilisées en français moderne.
Le fonds primitif du vocabulaire afr. est celui du latin populaire. Il est constitué
de différentes couches lexicales (le fonds latin, le substrat celtique et le superstrat
germanique). Le substrat latin constitue l’essentiel du lexique français: les mots
d’origine latine présentent la majorité écrasante du vocabulaire. Ils désignent les
objets, les actes et les notions indispensables à la vie commune. Ils servent de base à
la formation des dérivés. Le lexique celtique et germanique n’est pas nombreux. Il est
d’un rendement restreint et spécialisé. Les mots d’origine celtique se rapportent à
l’activité des paysans, à la campagne (benne, charrue, bouge, alouette etc.). Le
superstrat germanique a fourni surtout le lexique militaire (garder, hache, flèche,
healme). Les mots relatifs à l’esprit guerrier des peuplades germaniques (afr. orgoil,
honte, hardi) sont aussi d’origine germanique. Il y a des mots de la vie de tous les
jours (blé, trop, blanc, jarbe – “gerbe”), plusieurs noms propres (Charles, Rolant,
56
Louis etc.). Le mode de vie de l’époque féodale, la vie économique, politique et
culturelle de la société demandent la création de nouveaux mots et expressions.
58
Les contacts avec les peuples scandinaves apportent les termes marins: bateau,
est, ouest, nord, crique, vague.
60
THÈME II. PHONETIQUE FRANÇAISE
Plan:
1. Objet d’étude de la phonétique et les tâches que la phonétique accomplit en tant que science
linguistique. Phonétique en tant que matière linguistique: son objet et ses méthodes. La forme
matérielle du son. Phonétique théorique.
2. Formation des sons. Aspect triple de l’étude des sons du langage (anatomique/physiologique,
acoustique, linguistique). Base articulatoire. Méthodes phonétiques.
3. Principes et classification des sons du langage. Phonétisme du français (principes de
classification). Voyelles et consonnes. La classification des consonnes. Les traits particuliers et
essentiels du consonantisme français. La transcription en tant qu’un moyen spécial pour la
représentation écrite des sons du langage. Types de transcription. La transcription propre aux sons
du français. Classification des voyelles. La dynamique des tendances contemporaines en voyelles et
consonnes.
4. Phonologie et son apparition. phonétique et phonologie. Notion de phonème. Phonologie.
L’apparition de la phonologie. Phonétique et Phonologie. Notion d’un phonème. Variantes de
phonème.
5. Notion de système phonologique. Problèmes d’analyse phonologique.
6. Indices des phonèmes. Identification des phonèmes dans un mot. Méthodes d’analyse sémantique
et par distribution, leur rôle dans l’identification des phonèmes dans une langue.
7. Modifications et alternances des phonemes. Modification des phonèmes dans la chaîne parlée.
Assimilation. Dissimilation. Accomodation
8. Modifications positionnelles des sons. Modifications positionnelles (quantitatives). Alternances
phonétiques et historiques.
9. Le son [ә] instable. La liaison et l’enchaînement. Le son [ә] instable. La liaison. La liaison
vocalique. L’enchaînement.
10. Notion de syllabe. Notion de syllabe. Définitions différentes de la syllabe. Constitution de la
syllabe en français.
11. Règles de syllabation. Caractéristiques des syllabes françaises. Règles de syllabation.
12. Niveau suprasegmental de la phonétique. Phonétique syntactique ou suprasegmentale. Prosodie
et ses composantes. Intonation. Ses fonctions. Dix intonations de P. Delattre. Intonème
(prosodème).
13. Accentuation du français. Accentuation du français. Groupe rythmique ou accentuel. Les
accents.
14. Mélodie.
15. L’intonation dans les propositions.
16. Types de phrase affectives.
17. Aspect stylistique de la phonétique. Phonostylistique. Histoire. Notion de situation de
communication. Styles. Culture de la parole.
18. Orthoépie du français. Orthoépie. Norme orthoépique. Dialectes. Styles.
Bibliographie :
1.Фёдоров, В. А. Теоретическая фонетика французского языка : учебно-методическое
пособие для вузов / В. А. Фёдоров. – Воронеж : Издательско-полиграфический центр
Воронежского государственного университета, 2008. – 63 с.
2.Бурчинский, В. Н. Теоретическая фонетика французского языка : учебное пособие /
В. Н. Бурчинский. – М. : Восток-Запад, 2006. – 181 с.
3.Рапанович, А. Н. Фонетика французского языка. Курс нормативной фонетики и дикции /
А. Н. Рапанович. – М. : Альянс, 2014. – 288 с.
61
4.Щерба, Л. В. Фонетика французского языка / Л. В. Щерба. – М., 1963. – 380 с.
5.Shigarevskaïa, N. Traité de phonétique française. Cours théorique / N. Shigarevskaïa. – Moscou :
Vysšaja škola, 1982. – 271 p.
1.1. Phonétique en tant que matière linguistique: son objet et ses méthodes.
63
La similarité des sons n’est pas un facteur déterminant, l’essentiel pour la
compréhension du système phonique d’une langue est comment ces sons
fonctionnent dans la langue. C’est la phonétique théorique qui s’en occupe.
La phonétique théorique a pour but de mettre en valeur les caractéristiques
essentielles du système phonétique, son fonctionnement en tant que système, de
préciser la place qu’occupe chaque forme dans le système étudié et si possible de
l’expliquer.
Ainsi, par exemple, il ne suffit pas de constater l’existence de la loi de position
qui régit en partie le vocalisme français; il importe de préciser les conditions qui
déterminent son application et les causes de son apparition en français.
Bien que la phonétique forme une discipline à part, elle est étroitement liée aux
autres branches de la linguistique telles que la grammaire et la lexicologie anciennes
et modernes. C’est que les sons, les accents et les tons constituent la forme phonique
des morphèmes, des mots et des phrases et n’existent pas en dehors de ces derniers.
La phonétique fournit à l’histoire de la langue et surtout à l’étymologie des
explications indispensables. Elle est à la base de la linguistique comparative qui
établit la parenté des langues et explique l’origine commune des mots qui paraîssent
différents: octo (latin), huit (français), otto (italien), ocho (espagnol).
Les liens les plus étroits unissent la phonétique et la grammaire du fait que
cette dernière utilise, à ses propres fins, maints phénomènes d’ordre phonétique.
Plusieurs de ceux-ci assument des fonctions grammaticales, telles les alternances (il
met – ils mettent; il a – il avait; neuf – neuve; le ton (phrase énonciative – phrase
interrogative); interjections, etc. Les rapports sont d’ailleurs mutuels: pour
comprendre le caractère particulier de l’accentuation française qui ne porte pas sur le
mot, mais sur un groupe rythmique, il faut tenir compte de la structure
morphologique du mot français, etc.
La phonétique est aussi liée à plusieurs sciences non linguistiques, telles que la
psychologie, les mathématiques, etc. A la différence des autres disciplines
linguistiques, la phonétique a des rapports étroits avec la physique et la physiologie.
Il est à noter que la phonétique comporte plusieurs branches: la phonétique
générale, la phonétique descriptive, la phonétique comparée.
La phonétique descriptive est l’étude du système phonétique d’une langue
donnée (ou d’un dialecte), l’analyse de ses particularités. Elle constitue l’objet de
notre cours en phonétique théorique.
66
La phonétique auditive (ou perceptive) étudie la réception des sons par le
destinataire. Elle est historiquement à l’origine des travaux de phonétique, mais elle
est aujourd’hui abandonnée, à cause de son caractère subjectif.
Dans le cas des phonétiqes articulatoires et acoustiques on se sert de la
méthode dite objective. La méthode de la phonétique auditive est considérée comme
subjective.
Il y a des correspondances entre les résultats obtenus par ces différentes
méthodes. Mais toute analyse aboutit toujours à une interprétation linguistique.
68
sourdes et de sonores, sans tenir compte du rôle particulier des sonnantes, qui les
oppose aux autres consonnes sonores.
Les traits particuliers et essentiels du consonantisme français. Tendances.
1. La plupart des consonnes sont formées dans la partie antérieure de la
bouche. Les consonnes sont fortes et douces. Toutes les consonnes sont susceptibles
d’apparaître dans toutes les positions (initiale, intérieure, finale).
2. En règle générale, les consonnes graphiques initiales se prononcent toujours;
les consonnes graphiques intérieures se prononcent presque toujours, avec quelques
exceptions (aptitude, mais compter); les consonnes graphiques finales se prononcent
rarement.
La liaison fait apparaître une consonne sous-jacente. L’opposition
phonologique “sourde-sonore” est de première importance pour les consonnes du
français: honte – onde, vif – vive, bac – bague.
3. Tous les sons du système consonantique se maintiennent fort bien en
français. Il n’y a pas, comme pour les voyelles, remaniement en cours. Un seul cas de
disparition possible est à signaler: [ɲ] est en train de se transformer pour beaucoup de
locuteurs en [n + j] – oignon:[ɔɲõ] est de plus en plus prononcé [ɔnjõ], prononciation
plus antérieure.
4. Une nasale vélaire [ŋ] est en train de s’implanter dans le système français à
la finale des mots empruntés à l’anglais: parking, camping [paʁkiŋ], [kãpiŋ]. Elle
acquiert statut de phonème, car elle entre dans des oppositions:[ ʁim] / [ʁiŋ], et cela
d’autant plus naturellement qu’elle trouve place dans le système.
5. La tendance à la gémination des consonnes due à l’influence de la graphie.
Les géminées sont importantes au contact de deux morphèmes (un préfixe et un
radical) immoral, illégal, irresponsable [immɔʁal, illegal, iʁʁespõsabl]. Dans les
autres cas, leur conservation , très répandue, passe par affectation; belliqueux, à
l’occasion [bεllikø], [allɔkasjõ].
6. La tendance à l’assimilation des consonnes-bruits: abcès [ap-sɛ],une page
charmante [yn-paʃ-ʃaʁmãt], disgrâce [diz-gʁɑ:s].
A la différence du russe, et aussi du latin, toutes les consonnes françaises sont
dures, le français ne connaissant pas l’opposition phonologique “dure-mouillée”).
Nous en avons la preuve dans la transcription des mots russes par les Français, qui
marquent le caractère palatalisé des consonnes russes en ajoutant un [j] derrière:
saliout. Il convient de noter que les constrictives [ ∫/Ʒ ] sont un peu plus mouillées
que les sons correspondants russes, ceux-ci étant toujours dures. Mais cela au point
de vue phonétique et non phonématique.
70
3. Les voyelles labiales jouent un rôle important dans le système phonétique du
français constituant la moitié des voyelles françaises (8 sur 15) dont 3 de la série
antérieure [ y ], [ ø ], [ oe ] ne sont pas fréquentes dans 13 d’autres langues.
Tendances: - la débialisation de [ ] nasal et l’élimination de l’opposition nasale [
- ]: brun – brin, emprunt – empreint, alun – Alain.
4. Les nasales (4) sont tres usitées en français et lui communiquent par leur
caractère fort rare un aspect particulier et spécifique.
5. Les voyelles françaises sont très nettes et tendues. Leur articulation se
ressent de la position accentuée ou non accentuée de son.
Depuis longtemps les linguistes se sont aperçus que la multiplicité des sons du
langage humain pouvait être ramenée à un nombre restreint d’unités phoniques
nécessaires à la communication entre les sujets parlants une même langue –
phonèmes. La notion de phonème a été introduite par Baudouin de Courtenay (1845 –
1929), professeur à l’Université de Kazan.
Le même problème est abordé dans un esprit très différent par L. Ščerba (1880
– 1944), professeur à l’Université de Léningrad. Il était le premier à dire que les
phonèmes servent à différencier et à reconnaître les mots.
Différentes théories du phonème, à l’étranger, ont pour point de départ les
principes linguistiques établis par le célèbre linguiste suisse F. de Saussure exposés
dans son “Cours de linguistique générale” édité en 1916 par ses élèves Ch. Bally et
A. Séchaye.
Des linguistes représentant différentes écoles dans la théorie du phonème se
réclament de F. de Saussure. C’est N. Troubetskoy, fondateur de l’école de
phonologie de Prague, qui a proclamé après F.de Saussure le besoin d’analyser les
faits du langage humain dans un système, la langue représentant une structure qu’on
peut examiner seulement à l’état statique, syncroniquement – l’école structurale. Ses
représentants se sont attachés à l’analyse des traits pertinents du phonème. On trouve
les adeptes de N. Troubetskoy dans plusieurs pays (R. Jakobson, G. Gougenheim, A.
Martinet, K. Togeby).
Il importe de noter que la phonétique fonctionnelle et structurale a reçu le nom
de “phonologie” qui est opposée à la “phonétique”, cette dernière s’occupant de
l’aspect matériel des sons. Plusieurs disciples de N.Troubetskoy estiment que les
deux disciplines sont absolument différentes et sans traits communs. L. Sčerba s’est
prononcé à juste titre contre cette démarcation vu l’impossibilité de déterminer la
valeur fonctionnelle du phonème, abstraction faite de ses caractéristiques physiques
et physiologiques. La phonétique fonctionnelle (dite phonologie) établit les
71
oppositions utilisées à des fins distinctives et leurs rapports mutuels. La phonétique
acoustique et physiologique n’est nullement une science naturelle du fait qu’elle
détermine la nature matérielle des distinctions phonématiques. L’une n’existe pas
sans l’autre. Les deux disciplines sont interdépendantes et de ce fait se complètent
l’une l’autre.
Tout de même, en comparant la phonétique et la phonologie, on voit qu’elles
n’ont pas les mêmes buts. Si la réflexion phonologique est indispensable pour l’étude
d’une langue comme système, c’est plutôt à la phonétique qu’il faut faire appel pour
l’apprentissage d’une langue étrangère, la correction des fautes de prononciation,
dans le cas surtout où l’on a besoin de connaître toutes les caractéristiques d’une
prononciation, et non les seules pertinentes.:
Finalement, la phonétique (au sens large du terme) comporte deux disciplines
interdépendantes et qui se complètent:
1. La phonétique acoustique et physiologique étudie la nature matérielle des
éléments phoniques indépendamment de leur fonction dans la communication,
indépendamment de la langue à laquelle ils apartiennent.
2. La phonétique fonctionnelle ou phonologie étudie les éléments phoniques du
point de vue de leur fonction dans le système linguistique. Elle étudie les éléments
phoniques qui distinguent dans une même langue deux messages de sens différent.
Le but premier dans une analyse physiologique est d’identifier les sons qui
créent des distinctions de sens. Pour ce faire, il faut mettre en relation la forme et le
signifié des formes. En d’autres mots, nous cherchons à determiner si différences
sémantiques sont causées par des différences phonétiques. Par exemple, en français,
nous pouvons mettre en opposition les formes “pont” et “bon”. Nous savons que les
deux mots ont une définition différente et que leur transcription phonique diffère par
un seul son (un [p] et un [b] respectivement): pont [põ], bon [bõ].
En conséquence nous pouvons affirmer que ces deux sons, [p] et [b] sont des
phonèmes distinctes.
[u :] [u ] [כֿ:] [] כֿ
rouge – roux ; longue – long ;
même phonème-
(p) [b] ses variantes.
abstrait - abominable ; клуб- клуба
Le phonème sera donc défini comme étant une unité minimale distinctive. Il
représente l’unité d’analyse en phonologie. Il s’agit en fait d’un son qui a une réalité
psychologique, qui est reconnu comme appartenant à une catégorie renfermant toute
une série de sons prononcés avec de petites variations acoustiques qui sont
considérées comme négligeables. Par exemple, nous pouvons imaginer de prononcer
le mot “phonologie” 50 fois. Durant toutes ces répétitions, les [p] que nous
produirons en début de mot ne seront jamais complètement identiques
acoustiquement. Ils diffèrent en terme de durée et d’intensité, par exemple, (et en
termes d’autres indices acoustiques aussi). Néanmoins, toutes ces variations sont
minimes et tous les locuteurs de français reconnaîteront un [p] tel que nous les
produisons en français. En d’autres mots, nous entendrons le phonème [p] malgré les
différences acoustiques.
Les oppositions par paires minimales permettent d’affirmer qu’une paire de
sons est significative, ou qu’elle crée des différences de sens. En conséquence, elle
doit faire partie du système des sons de cette langue.
Les traits distinctifs sont utilisés pour opposer soit une suite de sons à une
autre, soit un son à un autre . Ils sont basés sur les traits articulatoires .
76
Prenons, par exemple le système des consonnes occlusives du français. Nous
observons que la série des occlusives sourdes [p,t,k] s’oppose à celle des occlusives
sonores [b,d,g] par le trait de sonorité. De même la série des consonnes nasales
s’oppose aux autres occlusives voisées par le trait de nasalité. Elles s’opposent aux
consonnes occlusives non voisées par deux traits distincts, soit sonorité et nasalité.
Les phonèmes de la série des constrictives (щелевые) ou fricatives sourdes
s’opposent aux constrictives (fricatives) sonores par le trait de sonorité (seule
corrélation).
Le phonème [R] est en hors corrélation, ne s’opposant à aucun autre phonème
non voisé. Le problème général en phonologie consiste à définir s’il s’agit des
phonèmes distincts ou non (voir supplément, schéma général de la résolution d’un
problème en phonologie)
De ces comparaisons des diverses séries et ordres dans le système
consonantique français, retenons que
• plus le système a de corrélations
• moins le système a de phonèmes non intégrés (dans les corrélations)
• moins nous avons besoin de traits pertinents pour décrire le système.
Plus un système est stable et, par ce fait même, il a moins de chances de perdre
des oppositions. A noter: distinctions des ordres et séries pour les systèmes
vocaliques et consonantiques:
VOYELLES
Ordre: groupement de phonèmes selon leur degré d’aperture
Série: groupement de phonèmes selon leur point d’articulation
CONSONNES
Ordre: groupement de phonèmes selon leur point d’articulation
Série: groupement de phonèmes selon leur mode d’articulation
Le phonème est la plus petite unité phonique du langage ayant une valeur
fonctionnelle. Nous distingons le mot tête du mot bête parce que le premier mot à la
consonne [t] et le deuxième – [b]. Dans ce sens nous parlons de la fonction de
distinction (distinctive ou différentiative) qui se présente comme capitale pour le
phonème en tant qu’unité de la langue. Pourtant le phonème n’a pas de sens en lui-
même. Nous pouvons identifier les phonèmes de n’importe quel mot isolé: parler [ p-
a-r-l-e] – la fonction d’identification.
De plus, les phonèmes constituent la forme sonore d’un mot – fonction de
constitution.
Deux phonèmes d’une langue, quelqu’ils soient, comparés l’un avec l’autre,
forment une opposition. La distinction des phonèmes s’effectue par des traits
différentiels (distinctifs) qui ont reçu en phonologie le nom de traits pertinents. Ainsi,
77
la sonorité dans les constrictives est un trait pertinent pour le français et l’italien. Le
dégré d’aperture est utilisé comme un trait pertinent en français pour les [e] et [ɛ].
En russe, les voyelles ouvertes et fermées constituent des variantes du
phonème [e], déterminées par sa position dans le mot: e entre deux consonnes
mouillées est très fermé – петь. Entre deux consonnes dures il est très ouvert – цепь.
Ce qui est pertinent dans un système linguistique peut ne pas l’être dans un
autre (par exemple, la mouillure des consonnes). Les traits pertinents des phonèmes
ne se dégagent que par leur opposition aux autres phonèmes d’une même langue.
L’importance des caractéristiques permanentes pour l’identification des phonèmes a
permis à R. Jakobson de définir le phonème en tant que faisceau de traits distinctifs,
par exemple, [p] – une consonne occlusive, bruit, bilabiale, sourde.
Les différences phonématiques, par contre, ne sont pas déterminées par la
position du phonème, deux différents phonèmes pouvant fonctionner dans les mêmes
conditions phonétiques. Ce critère dans la définition du phonème est capital. En effet
l’emploi de certains phonèmes se trouve très limité en français,
par exemple, le [ø] et le [oe], les sonnantes [ɥ], [w]. Quels procédés utiliser pour
établir leur valeur phonologique, les quasi-omophones étant rares je dis [joe´di], jeudi
[jø´di]. On rapproche alors deux mots de forme phonique différente, mais qui
présentent des conditions identiques du foctionnement de deux sons: peut-être
[poe´tɛtʁ] – ameuter [amø´te] dans une position identique entre une occlusive
bilabiale [p] ou [m] et une occlusive prélinguale [t].
7.2. Assimilation.
Modifications qualitatives.
L’assimilation. L’assimilation se fait entre deux sons du même ordre, soit entre
consonnes, soit entre voyelles. L’assimilation c’est l’extension d’un ou de plusieurs
caractères d’un phonème contigu du même ordre.
Absent, observer, je pense, médecin – assimilation régressive avec
assourdissemnt de b, j, d. La plus fréquente parmi les modifications que subissent les
phonèmes dans la langue française. L’assimilation régressive se fait d’avant en
arrière, le premier son étant assimilé, le deuxieme assimilant.
Subsister – assimilation progressive avec sonorisation de [s].
L’assimilation progressive se fait d’arrière en avant: le premier son est
assimilant, le deuxième assimilé. C’est l’unique exemple d’assimilation progressive
en français moderne.
79
D’après le dégré de l’assimilation on distingue l’assimilation partielle et
l’assimilation totale. C’est la première qui est familière à la langue française.
L’assimilation partielle affecte l’une des caractéristiques du phonème, le plus souvent
c’est la sonorité. Ce phénomène articulatoire se manifeste ordinairement:
1. A l’intérieur des mots, à la frontière des anciens préfixes latins ob-, ab-, sub-
, sortis de l’usage en latin vulgaire, et du radical: observer, absoudre, subconscient.
La première consonne s’est assimilée à la seconde du point de vue de la sonorité et de
la force articulatoire: consonne sonore douce [b] a passé à [p] – consonne sourde
forte.
2. A la rencontre des mots dans la chaîne parlée: une page charmante, une robe
sale, une cave profonde. Devant une consonne initiale “sourde-forte” du deuxième
mot, la consonne finale “sonore-douce” du mot précédent devient sourde sans cesser
d’être une douce. Un Français distingue nettement les deux groupes accentuels
suivants: Je viens t(e) parler – Je viens d(e) parler.
Devant une consonne initiale “sonore-douce”, la consonne finale “sourdeforte”
du mot précédent devient sonore tout en restant une consonne forte: deux nattes
blanches, un sac déchiré, un oeuf dur, une cape blanche.
L’assimilation totale modifie le point d’articulation de la première consonne
l’identifiant avec celle qui suit. Elle affecte toutes les caractéristiques du phonème:
сжечь, cшить. Cette espèce de modification n’existe pas en français littéraire, mais
elle a lieu en français populaire: je sais pas [ʃ:e´pɑ]. L’exemple présente un cas
particulier de l’assimilation complexe régressive et partielle au début, et progressive
et totale par la suite.
L’assimilation vocalique (ou distante) ou la dilation s’effectue à distance,
d’une syllabe à une autre, même par-dessus les sons intermédiaires entre deux
voyelles.
Le français moderne est riche en exemples de dilation vocalique régressive,
elle se fait d’une syllabe accentuée à une syllabe inaccentuée.
D’habitude, c’est une assimilation de dégré d’aperture. La syllabe inaccentuée
est toujours ouverte: j’aime [jɛm] – aimer [e´me], bête [bɛt] – bêtise [be´ti z], tête
[tɛt] – têtue [te´ty]. Dans les manuels on appelle ce phénomène harmonie ou
harmonisation vocalique. La dilation vocalique est extrêmement fréquente en style
familier.
Le passage du [o] au [ɔ] en syllabe inaccentuée dans les mots hôtel, côtelette,
automne, mauvais, etc. peut s’expliquer également par la dilation vocalique.
7.3. Dissimilation.
83
9. Le son [ә] instable. La liaison et l’enchaînement.
Même une personne sans formation spéciale a l’idée bien claire du nombre des
syllabes. Les enfants divisent aisément la chaîne parlée en syllabes.
La syllabe dans une langue se définit par trois caractéristqiues essentielles: le
son qui forme le sommet syllabique, la finale de la syllabe, et les combinaisons de
consonnes et de voyelles qui constituent la syllabe-type.
La syllabe française est une syllabe vocalique: en français moderne seules les
voyelles sont susceptibles de former les syllabes. Autant de voyelles, autant de
syllabes, telle est la règle qui régit la répartition du mot et du groupe accentuel en
syllabes dans la langue française: partir – par-tir, dater – da-ter, porter – por-ter,
typique – ty -pique. La répartition peut varier légèrement selon les registres, selon le
dégré de maintien des [ә] instables. La syllabe orale est donc loin de toujours
reproduire la syllabe graphique.
La deuxième caractéristique concerne la fin de la syllabe. La syllabe qui se
termine par une voyelle est appelée ouverte éléphant [e-l-e-fa], et celle qui se termine
par une ou plusieurs consonnes est appelée fermée secteur [sektoeʁ].
La syllabe-type du français est la syllabe ouverte, celle qui a une voyelle pour
finale. Par exemple, dans la phrase :i-la-bien-vou-lu-à-par-ler, on constate qu’il y a
sept syllabes ouvertes pour une seule syllabe fermée.
93
Les variations de timbre sont très importantes pour l’intonation des phrases
émotives. Or, le timbre n’est pas encore assez étudié, on connaît peu de rapports qui
existent entre le timbre et les divers sentiments.
L’ensemble de ces traits suprasegmentaux caractérisant une unité de parole a
reçu dans la phonétique soviétique le terme d’intonème. Le sens de celui-ci diffère du
même terme utilisé par P. Delattre qui lui donne l’acception suivante:”dessin
mélodique d’une unité prononcée”.
L’ensemble sonore et la structure lexico-grammaticale des phrases constituent
leur organisation rythmo-mélodique.
L’emploi des moyens intonatoires dépend du sens de l’énoncé, de la structure
syntaxique de la proposition et du style.
13.1.Accentuation du français.
L’accent sert à mettre en relief une des syllabes de la chaîne parlée. Il contribue
à la création d’un rythme particulier à chaque langue. L’accent peut avoir les
caractéristiques suivantes: intensité, ton et durée.
Si c’est l’intensité qui est sa caractéristique essentielle, la syllabe accentuée est
plus forte grâce à la tension musculaire renforcée. C’est un accent dynamique ou
95
d’intensité (par exemple, en allemand). Si l’accentuation se fait à l’aide des variations
de la hauteur du ton, il s’agit de l’accent musical ou tonique (le suédois, le
lithuanien). L’accent peut affecter la qualité de la voyelle, la voyelle accentuée
devient plus longue et plus nette (le russe).
L’accent français est musical, quantitatif, dynamique. N. Chigarevskaïa estime
qu’il a pour caractéristique essentielle le ton dont la hauteur varie de la syllabe
inaccentuée à la syllabe accentuée.Certains prétendent que l’accent normal du
français est à la fois musical et dynamique (P.Fouche, L.Ščerba).
Dans les ouvrages récents l’accent français est considéré du point de vue de sa
durée, et à titre secondaire, par la hauteur, l’intensité et accessoirement la pause.
D’après Pierre Delattre, c’est un accent essentiellement quantitatif.
L’accent du mot francais isolé a une place fixe. (L’accent russe est libre et
mobile) Il porte toujours sur la dernière syllabe prononcée. Dans la chaîne parlée,
l’accent de mot n’est qu’une virtualité, qui disparaît au profit de l’accent de groupe.
En français, dit M. Grammont ,”l’accent n’appartient pas au mot, mais au groupe”. Il
est mobile dans la chaîne parlée. C’est également l’intonation (ou l’ensemble de
moyens intonatoires) qui délimite les différentes parties de la phrase – le groupe
accentuel et le syntagme.
Le mot accentué forme avec ceux qui le précèdent un seul groupe phonique
appelé groupe accentuel (ou groupe rythmique). On donne également au groupe
accentuel le nom de mot phonétique, et ceci parce que le mot français ne possède pas
de physionomie phonique. Le groupe accentuel n’est pas nécessairement suivi d’un
silence (ou pause). Généralement la pause n’intervient qu’après une série interrompue
de quelques groupes accentuels qui constituent ce qu’on appelle un groupe de souffle.
Cependant, la pause joue un rôle démarcatif, puisqu’elles sont exclues à l’intérieur
d’un groupe.
Leur nombre et leur durée dépendent en grande partie du rythme de l’énoncé:
plus le rythme est rapide, moins les pauses sont longues. Le rythme de la phrase est
constitué par le retour à intervales plus ou moins réguliers de syllabes accentuées
finales de groupes sémantique et syntaxique – le groupe rythmique. Les constituants
du groupe rythmique sont les suivants:
1. Tous les déterminants constituent un groupe rythmique avec les mots
auquels ils se rapportent. Comparez: je le lui donne / donne-le-moi. Il n’y a que la
syllabe finale du groupe qui garde l’accent. Les autres sont désaccentuées. Comparez:
le jardin / le jardin de plantes. Mets-le moi là / mets-le moi donc là / mets-le moi
donc là-bas.
2. Les déterminants polysyllabiques placés après le déterminé forment un
groupe rythmique différent de ce dernier en changeant le sens de l’énoncé.
Comparez: Il a parfaitement chanté // il a chanté / parfaitement. C’est une bonne
96
femme // c’est une femme / bonne. Il est vraiment malade? // il est malade?
Vraiment?
3. Les groupes rythmiques peuvent être divisibles et indivisibles. Comparez:
Vous prenez / du cafe au lait? // Prenez-vous / du cafe au lait? // prenez-en/ si le
coeur vous en dit.
Il faut au moins deux accents pour constituer le rythme de la phrase. Par
exemple: Prens-le / fais vite – rythme binaire (deux syllabes). Prenez-le / derrière
vous – rythme tertiaire (trois syllabes). C’est un dîner / il est exquis – rythme
quaternaire (quatre syllabes).
Il a dejeuné / avec sa famille – rythme quinaire (cinq syllabes). Le rythme est
un fait prosodique. La périodicité rythmique est perçue grâce à la syllabe mise en
valeur, proéminente. Cette proéminence, ou accent est dû à un allongement de durée.
Le rythme est étroitement lié avec l’accent.
Le rythme d’un énoncé oral (ou écrit oralisé) tient essentiellement à la
répartition du discours en groupes accentuels, d’où le nom de groupe rythmique qui
leur est souvent donné, en particulier, dans l’analyse des textes littéraires.
Le syntagme selon L. Ščerba, que nous acceptons entièrement, “c’est une unité
phonetique, qui exprime un tout sémantique, se formant au cours même de la parole
(alias pensée) et pouvant comprendre soit un seul, soit plusieurs groupes rythmiques
(«Это фонетическое единство, выражающее единое смысловое целое в процессе
речи-мысли и могущее состоять как из одной ритмической группы, так и из
целого ряда их…»).
Toute proposition constitue une unité syntaxique, sémantique et phonétique.
Du point de vue syntaxique elle est répartie en termes de proposition. Ainsi dans la
phrase qui suit il y a six termes de proposition: chaque – seconde – faisait – d’elle –
un nouvel – univers. Du point de vue phonétique, une proposition peut être répartie
en plusieurs syntagmes différents. Voyons le même contexte: chaque seconde –
faisait d’elle un nouvel univers.
Il se peut toutefois que la proposition coïncide avec le syntagme, par exemple:
Nous partons. La répartition de l’énoncé en syntagmes, unités phonétiques, relève
donc en premier lieu du sens de l’énoncé et repose sur la syntaxe de la phrase. Soit
cette proposition – C’est moi, | Merlin ║ La phrase est répartie en deux syntagmes
aux tons différents, elle renferme une apposition exprimée par le nom propre Merlin
déterminant le pronom moi de la première partie. L’équivalent de cette phrase: C’est
moi, ici Merlin. Par contre, la même combinaison de mots peut constituer un seul
syntagme vu sa fonction syntaxique de prédicat nominal: C’est moi Merlin. Son
équivalent sémantique: Merlin, c’est moi.
97
Les accents réguliers sont ceux qui frappent la dernière syllabe du groupe
rythmique de la phrase: regardez! Regardez par là! Regardez par là et réfléchissez!
C’est l’accent normal ou du groupe rythmique, l’accent syntagmatique. Les accents
par lesquels sont marqués les limites des syntagmes d’après leur nature sont
semblables aux accents rythmiques.
Les accents irréguliers remplissent la fonction contrastive dans la chaîne
parlée. On distingue les accents secondaires, les accents d’insistance intellectuelle
(logique) et affective, les accents supplémentaires.
On a souvent besoin, dans la conversation, de mettre en relief une idée, de
souligner un mot soit pour des causes logiques, soit pour des raisons affectives. Cet
accent de mise en relief porte le nom d’accent d’insistance. Il est de deux types:
l’accent d’insistance logique et l’accent d’insistance affective.
L’accent d’insistance logique frappe la première syllabe du mot mis en relief
lorsqu’il est nécessaire d’opposer ou de caractériser certaines sections: faut-il
décrocher ou accrocher? C’est très important.
L’accent d’insistance affective s’emploie dans les phrases exprimant
l’affectivité en allongeant sensiblement la consonne initiale du mot sémantiquement
expressif: c’est formidable. Ils ont accueilli nos camarades avec une joie, une
gentillesse, une gaîté!
14. Mélodie.
Comme on a établi des atlas linguistiques on devrait pouvoir établir des limites
phonostylistiques des groupes et des milieux sociaux. Dans l’immédiat la
phonostylistique appliquée aux auteurs modernes peut apporter une contribution
appréciable à l’étude du style littéraire. Le stade de la correction du matériel phonique
doit être dépassé et l’étude de la phonostylistique permet d’introduire au laboratoire
une esthétique de valeurs audio-orales.
La quantité de ces valeurs et de variations possibles est presque illimitée. L.
Ščerba distingue deux styles de prononciation: style plein (ou soutenu) et style parlé
(familier). Il existe beaucoup d’autres classements différents. Il y a plusieurs tableaux
proposé pour l’analyse phonostylistique. Des savants proposent de se concentrer sur
l’étude de particularités phonostylistique liées à l’articulation, au rythme, à
l’intonation.
18.1. Orthoépie.
101
Il est impossible d’apprendre la structure grammaticale d’une langue sans
connaître les lois du développement et les particularités de son système phonique. La
prononciation anglaise est considerée comme difficile contrairement à la pronociation
allemande qui est crue être facile.D’autre part, quand on parle de prononciation on
met en valeur la différence en orthographe et en prononciation. Par exemple, on dit
пишы, чижы (c’est conditionné historiquement) nous écrivons пиши, чижи – nous
disons щастье, жжечь, визк, лотка, mais nous écrivons счастье, сжечь, визг,
лодка (c’est conditionné éthymologiquement). Le problème ne concerne pas les sons
qui n’existent en langue maternelle mais les sons qui sont pareils en langues
maternelle et étrangère. En fait, nous percevons les arbres de forme et de taille
différentes comme étant pareils s’ils se rapportent au même type. La même chose est
pour les sons étrangers qui sont pareils aux russes; nous les percevons comme
connus, par exemple, а, э, с, в, etc., n’mporte s’ils diffèrent trop. C’est pourquoi en
apprenant une langue étrangère nous substituons les sons de la langue maternelle à
ceux de la langue étrangère et par conséquent nous obtenons cette prononciation
qu’on appelle mauvaise. La même mauvaise prononciation nous entendons de la part
des étrangers qui essayent de parler russe.
Il est à noter que cette altération de prononciation n’est pas seulement comique
mais il provoque parfois la non compréhension ou retarde la compréhension: saute –
sotte, cage-cache. Analogiquement les Anglais prononcent пыл, пыль. Ainsi, les
fautes de cette espèce sont aussi mauvaises que les fautes de grammaire, par exemple,
en genre, dans les cas, etc. Si un étranger prononce шяр, Шюра, Машя cela n’ aura
qu’un effet comique. Mais s’il dit колья au lieu de Коля cela sera destruction de sens.
En fin de comptes pour parler français correctement il faut assimiler une série de
nouvelles habitudes jusqu’à ce qu’elles deviennent automatiques, au niveau des
réflexes, sans le contrôle de la conscience. C’est comme si vous apprenez à danser,
chanter, jouer d’un instrument de musique. Travailler les sons cela veut dire avant
tout apprendre les règles de pononciation plus ou moins strictes. Sans cela on ne
pourrait pas communiquer. D’ailleurs il en est de même pour la grammaire et le
vocabulaire. C’est-a-dire, nous aspirons à nous initier à la norme littéraire de
l’écriture et de la prononciation.
L’ensemble des règles de la prononciation standardisée dite littéraire à une
époque donnée est étudié par une des branches de la phonétique nommée orthoépie
(du mot grec ortos- correct + epos- discours.
Le français comme langue littéraire est utilisée non seulement en France mais
aussi en Belgique, Suisse, Canada et dans certains états d’Afrique – Algérie, Maroc,
Mali, etc. Les différences de prononciation dans ces pays sont assez importantes.
Nous allons parler avec vous de la norme orthoépique du français tel qu’on le parle
en France.
102
La norme orthoépique du français moderne a pour base la prononciation
standardisée du Nord de la France dont le centre est Paris. Cela s’explique par le rôle
que le dialecte de l’Ile-de France, le francien, a joué dans la formation du français,
langue nationale.
Actuellement, la norme de prononciation ’est pas le privilège de la capitale. En
plus, le francais parisien se retrouve parfois en dehors de la norme et peut être
ridiculisée. C’est pourquoi on comprend sous la norme la prononciation qui est
libérée de toutes particulartés locales. Ces dernières décennies en parlant de la norme
de prononciation les linguistes français se servent du terme francais
standard/standardisée, le dernier admet une norme moins rigide permettant des
variétés de phonèmes et de qualités de sons.
L.Ščerba disait que les linguistes devaient révéler les limites des hésitations en
prononciation qui seraient mises en valeur en tant que norme.
Pour certains mots il n’existe pas de norme orthoépique stricte, par exemple,
dans la prononciation des phonèmes [ɔ] et [o] - augmenter. Le mot but se prononce
by et byt. Cette dernière décennie on assiste au changement de pronociation du mot
club. Auparavant on pouvait prononcer ce mot comme clyb et cloeb, actuellement ce
n’est que le cloeb. Encore dans les années trente du dernier millénaire on blâmait la
prononciation du t dans les mots sept cahiers, on ne prononçait que [sɛ] maintenant la
[t] prononcée est la norme.
La norme orthoépique peut varier sous l’influence de l’orthographe: le mot gril
on prononce comme gril avec [l] à la fin.
Les règles orthoépiques d’une langue se forment petit à petit avec le
développement de la langue même et changent plus ou moins lentement au cours des
siècles.
18.3. Dialectes
103
toutes les voyelles non accentuées. Le Midi a une prédilection bien marquée pour la
voyelle [ɔ] au détriment du [o]: chose, autrement, côte, gauche, etc.
18.4. Styles
104
THÈME III. GRAMMAIRE
Plan
1. Morphologie. Les parties du discours.
2. Substantif.
3. Déterminatifs.
4. Article.
5. Adjectifs.
6. Numéraux.
7. Pronom.
8. Verbe.
9. Adverbe. Conjonction.
10. Prépositions. Particules. Mots-phrases. Interjections.
11. Syntaxe. Groupe de mots. Types de propositions.
Bibliographie:
1. Васильева, Н. М. Французский язык. Теоретическая грамматика, морфология, синтаксис
[Текст] : учебник для вузов по гуманитарным направлениям и специальностям /
Н. М. Васильева, Л. П. Пицкова. – 3-е изд., перераб. и доп. – М. : Юрайт, 2015. – 473 с. : табл.
– (Бакалавр. Углубленный курс).
2.Аврамов, Г. Г. Курс лекций (на французском языке) по теоретической грамматике
французского языка для студентов 4 курса факультета иностранных языков : в 2 ч. /
Г. Г. Аврамов. – Ростов-на-Дону: РГПУ, 2006.
105
a) des formes synthétiques ou simples : le changement du sens grammatical se
manifeste dans le changement de la forme du mot :
(je) lis – (nous) lisons – (il) lisait
b) des formes analytiques ou composées, formées de deux éléments dont l’un
est porteur du sens lexical, alors que l’autre élément n’exprime qu’un sens
grammatical. Ces deux éléments forment un tout qui constitue le sens de la forme
analytique :
(j’) ai lu – (il) avait lu – (le livre) est lu
Ainsi, parmi les moyens formels, contribuant à exprimer le sens grammatical,
il faut distinguer les moyens synthétiques et les moyens analytiques.
A. Moyens synthétiques. Les moyens synthétiques sont propres en premier
lieu aux langues synthétiques, mais ils se rencontrent également dans les langues
analytiques auxquelles se rapporte le français.
1. La flexion. En français, on retrouve la flexion dans les désinences verbales,
dans les formes du féminin et du pluriel de certains noms et adjectifs :
chantai, chantais, chanterai, chanterais, etc
étudiant – étudiante,
canal - canaux
vert – verte, etc
2. La modification de la forme du radical. On recontre la modification de la
forme du radical dans la conjugaison verbale et les formes du pluriel de certains
noms :
(il) boit, (nous) buvons, (qu’il) boive
(il) fait, (nous) faisons, (qu’il) fasse, (il) fera
œil – yeux, ciel – cieux, etc
3. Les suffixes. Certains suffixes peuvent contribuer à exprimer la catégorie du
genre des substantifs et des adjectifs :
acheteur – acheteuse,
admirateur – admiratrice,
poète – poétesse
Б. Moyens analytiques. Les moyens analytiques consistent en un large emploi
de mots auxiliaires: articles, adjectifs pronominaux, verbes auxiliaires, pronoms
conjoints.
a) Les articles marquent le genre, le nombre, la détermination des
substantifs qu’ils introduisent :
la chambre – le membre, le livre – un livre – des livres, etc
Les adjectifs pronominaux remplissent auprès du substantif les mêmes
fonctions que l’article :
ce livre, mon livre, nos livres, etc.
106
j’ai parlé, j’avais parlé, j’eus parlé
Il est parti. Le livre sera édité.
c) Les pronoms conjoints marquent la personne et le nombre du verbe: je
chante, tu chantes, il (elle) chante, nous chantons, on chante ; c’est beau
La syntaxe du français utilise pour exprimer les notions syntaxiques des procédés
formels tout autres. Ce sont les prépositions, les conjonctions, l’ordre des mots, la
possibilité combinatoire des mots :
1. Les prépositions servent à lier les mots à l’intérieur d’un groupe de mots
et à marquer les rapports qui les unissent :
un verre de vin, un verre à vin, un verre de cristal, etc.
parler à un ami, parler d’ un ami, etc.
2. Les conjonctions lient les propositions ou les termes de la proposition de
la même nature :
La mère de Paul et sa sœur ont dit qu’il se rétablissait.
3. L’ordre des mots est grammaticalisé pour certains termes de la
proposition et certaines constructions syntaxiques :
La place du sujet et du complément d’objet direct est grammaticalisée et sert à
différencier formellement ces deux termes de la proposition :
Sujet Compl. direct Sujet Compl. direct
107
de longues rues
Tous les mots d’une langue constituent son lexique. Chaque mot, comme il a
été montré, est porteur d’un sens lexicale particulier et d’un sens grammatical. Grace
à leur sens grammatical, ces mots disparates et variés peuvent être classés et
organisés.
D’après leur sens grammatical, tous les mots d’une langue peuvent être répartis :
1. En mots ayant une fonction nominative, et qui évoquent l’idée d’un
objet, d’une action, d’une qualité et d’une propriété :
eau, couler, limpide, calmement
2. En mots privés de cette fonction nominative, et n’évoquant que l’idée d’un
rapport :
à, de, mon, ce, le, etc
D’après leur fonction dans la proposition, les mots d’une langue se
répartissent :
1. En mots indépendants (самостоятельные) pouvant remplir la fonction d’un
terme de la proposition et former à eux seuls une proposition (substantifs, verbes,
adjectifs, pronoms, etc) :
Du courage ! Partez ! Magnifique ! Vous autres.
2. En mots-outils (служебные) qui, dans la plupart des cas, n’ont pas de
fonction syntaxique et ne font que marquer les rapports existant entre les mots
indépendants (prépositions, conjonctions), ou bien expriment les indices
grammaticaux des mots indépendants (articles, adjectifs pronominaux, pronoms
conjonts).
Remarque. – Les pronoms conjoints, bien que mots-outils, remplissent une
fonction syntaxique, ce qui constitue un trait particulier du français en tant que langue
analytique.
Pourtant, cette classification en mots indépendants et mots-outils est
difficilement applicable au français.
D’une part, les mots indépendants peuvent remplir la fonction de mots-outils.
Cf. : Mots indépendants : Mots-outils :
108
Une partie du discours est une classe de mots ayant les mêmes caractères
morphologiques et syntaxiques, les mêmes possibilités combinatoires.
On relève dans la grammaire traditionelle dix classes formelles de mots ou
parties du discours, qui se distinguent nettement les unes des autres. Ce sont : le nom,
le pronom, l’adjectif, le nom de nombre, l’adverbe, le verbe, la conjonction, la
préposition, l’article, l’interjection.
Morphologie. Structure du mot. Un mot est constitué de morphèmes. Un
morphème est le plus petit élément de la langue porteur d’une signification. Les
morphèmes, entrant dans le mot, sont de différentes natures. Les uns sont porteurs
d’un sens lexical, les autres d’un sens grammatical. Parfois, le même morphème
exprime les deux sens.
Morphèmes lexicaux :
1. La racine, le morphème lexical le plus simple est l’élément constitutif de
chaque mot qui ne peut être décomposé :
fleur–ir , bord-er, com-porte-ment
Parfois le mot n’est constitué que par sa racine :
fleur, bord, porte
2. Les affixes (suffixes et préfixes), morphèmes lexicaux servant à former des
mots nouveaux :
fleur – ir, fleur – iste, ef – fleur – er
bord – er, a – bord – age, a- bord – able, in - a- bord – able
3. On distingue encore le radical, unité plus complexe que la racine, des
préfixes et des suffxes :
effleur – er, abord – er
Le radical, porteur du sens lexical du mot, s’oppose à la désinence, porteur du
sens grammatical :
(nous) abord – ons, (vous) abord – iez
La racine et le radical servent à former des mots nouveaux :
terre, terrassier, terrassement, terrassé, atterrir,
atterrissage, terrasse
Morphèmes grammaticaux :
1. Les suffixes. Ils servent à former de nouvelles formes grammaticales
(формообразующие суффиксы), sans changer le sens du radical:
achet – er, achet – ant, achet – é, achet – eur, achet - euse
Certains suffixes verbaux, tels que –er, -ier ainsi que les suffixes nominaux –
eur, -euse, -teur, -trice et d’autres ont une double fonction. D’une part, ils servent à
distinguer les différentes formes grammaticales : acheter – infinitif, achteé – participe
passé, achetant – participe présent ; acheteur – nom masculin, acheteuse – nom
féminin, et d’autre part, ils servent à former des mots nouveaux.
2. Les flexions. Elles servent à exprimer différentes nuances grammaticales,
sans former toutefois un mot nouveau :
(je) parlais, (nous) parlions, (il) parla, (il) parlera,
(il) parlerait, etc.
109
Les flexions : -ais, -ions, -a, -ra, -rait, etc. ajoutent au sens du verbe parler des
indications précises de temps, de personne, de nombre, de mode, de voix.
110
La discussion sur les PdD dans la grammaire française porte sur les questions
suivantes:
nécessité de la distinction des PdD;
inventaire des PdD;
hiérarchie des PdD;
principes de la distinction des PdD.
Les discussions sont en grande partie causées par des faits objectifs et avant
tout par le fait que les PdD ne forment pas un système rigide des classes des mots
mais se caractérisent par :
a) présence des formes intermédiaires (p. ex. le participe unit
les marques du V. et de l’Adj., le déterminatif - de l’Adj. et du Pronom) ;
b) passage permanent des mots d’une PdD à une autre et on peut très
souvent les classer différemment ;
c) neutralisation des marques des PdD dans certaines constructions (p. ex.
auprès le verbe-copule est neutralisée la différence entre l’Adj. et le N : Il est
comédien ou l’Adj. et l’Adv. : Il est bien). Les hésitations dans la définition de
l’appartenance des mots aux PdD se manifestent aussi dans les dictionnaires : p. ex.
froid dans Il fait froid est rapporté ou bien au N, ou bien à l’Adj. (par analogie avec
Il fait beau), ou bien à l’Adv.
1. Sur la nécessité de la distinction des PdD. Les difficultés de la distinction
des PdD citées ci-dessus, ont causé le refus de certains linguistes de la notion même
des PdD (p. ex. F. Brunot). Sans nous arrêter sur différentes théories niant la nécessité
de la distinction des PdD remarquons que les PdD reflètent des différences réelles
entre les mots dans langue, et même les linguistes qui les nient, reproduisent dans
leurs classifications à quelques détails près et en d’autres termes le système
traditionnel des PdD. Tout cela prouve la nécessité de la distinction des PdD.
2. Inventaire des PdD. Les linguistes différents distinguent la quantité
différente de PdD dont le nombre hésite entre 7 et 12. Dans toutes les classifications
sont représentées (bien que de façon différente) 7 PdD : N, Adj., V, Adv., Prép.,
Conj., Interj. Dans toutes les classifications seuls N et V restent invariables. Les
autres PdD ou bien s’unissent entre elles ou bien reçoivent des limites différentes. Les
divergences essentielles touchent :
les numéraux : a) on les envisage comme une PdD à part (surtout les
cardinaux) ; b) on les unit avec les déterminatifs ; c) on les unit avec les adjectifs ;
les déterminatifs : a) on les envisage comme une PdD à part ; b) on les
unit avec les pronoms; c) on les traite comme actualisateurs des N ;
l’article : a) on l’envisage comme une PdD à part ; b) on
l’inclut dans la classe de déterminatifs ; c) on le traite comme morphème auprès le
substantif ; d) on l’unit avec les pronoms (chez J. Dubois);
les particules : a) on les envisage comme une PdD à part ; b) on les
distribue entre les interjections et les adverbes ;
111
les mots-phrases (oui, non etc.) : a) on les envisage comme une PdD à
part ; b) on les envisage comme un groupe d’adverbes ; c) on les unit en une classe de
mots-phrases avec les interjections (chez L. Tesnière).
Selon la classification changent aussi les limites des autres PdD :
les adjectifs : élargissent leurs limites si on y inclut les déterminatifs et
les numéraux ;
les pronoms : élargissent leurs limites si on y inclut les
déterminatifs. Encore y a-t-il des linguistes dont F. Brunot qui envisagent les
éléments je, tu, il … comme flexions verbales et les incluent dans les verbes ;
les adverbes : on les unit avec d’autres mots inchangeables (particules et
même prépositions (chez Le Bidois) .
3. Hiérarchie des PdD Avant tout on distingue des PdD autonomes et outils.
En ce qui concerne les PdD essentielles (N, V, Adj, Adv), trois types de hiérarchie y
sont possibles :
I. N V II. N III. V
Adj V N Adv
Adj Adv
Adv
Adv Adj
113
Pronoms + - +
mots outils + + -
114
proposition. Mais elles sont des mots autonomes puisqu’elles peuvent former une
proposition autonome.
Les pronoms. Les éléments de la réalité peuvent être dénotés directement à
l’aide de mots existant spécialement pour cela dans la langue (Le garçon lit ce livre ;
Jeanne est à la maison), ou bien de la façon non-directe par la substitution de la
nomination déjà employée ou par le rapport avec la situation de la communication (Il
le lit ; Elle est là ; Je te parle). De tels mots s’appellent respectivement anaphoriques
et déictiques.
Les mots outils. Ne possédant pas de fonction autonome nominative ils ne
peuvent pas former une proposition ni, à quelques exceptions près, ne peuvent non
plus former un terme de proposition à part. Ils occupent une place intermédiaire entre
des morphèmes grammaticaux et des mots. A ceux-ci les rapprochent : a) le
détachement (обособленность) structural ; b) la présence de la signification lexicale
(venir à Paris et venir de Paris prouve que les prépositions possèdent leur propre
signification) ; c) souvent ils se rapprochent des mots autonomes, en sont dérivés (les
déterminatifs) et conservent des formes modificatoires. En français il y a six groupes
de mots outils : déterminatifs (dont l’article), pronoms outils, verbes-copules,
prépositions, conjonctions, particules. Ils exercent les fonctions suivantes :
ils servent à créer une forme syntaxique du mot, à son actualisation dans
la proposition, donnent à un mot autonome la possibilité d’être terme de proposition.
Dans ce cas ils se rapprochent des morphèmes grammaticaux. Telle est la fonction
des déterminatifs, des verbes-copules, des prépositions ;
ils remplacent ou restituent un mot autonome comme terme de
proposition. Dans ce cas un mot outil se manifeste comme terme de proposition. Telle
est la fonction des pronoms outils je, ce, celui etc. ;
ils relient des termes de proposition et des propositions. Telle est la
fonction des prépositions et des conjonctions ;
ils servent à exprimer les significations se rapportant à
toute la proposition (p. ex. interrogation, négation, mise en relief etc). Telle est la
fonction des particules.
A la suite de l’affinité sémantique des pronoms autonomes (moi) et outils (je)
et de la présence des formes homonymes (nous, vous, elle etc.) ces deux groupes
s’unissent dans une partie du discours.
Le système des partie du discours basé sur le moyen de la nomination peut être
présenté de la façon suivante :
Parties du discours
essentielles subsidiaires
117
mais le mot miracle dans un produit miracle -comme l’emploi adjectivisé de N
(transposition syntaxique).
Toute transposition commence par la fonction syntaxique et s’achève dans la
morphologie. L’appropriation par un mot de toutes les marques morphologiques
d’une nouvelle PdD est l’achèvement de ce processus.
Types de transposition. En principe le mot de toute PdD peut passer en toute
autre PdD. Les possibilités transpositionnelles théoriquement possibles sont
présentées dans le tableau suivant (R – mot outil : préposition, conjonction, particule)
:
N A V D Pron R
N N A N V ND NPr NR
A AN AV AD APr AR
V VN V A VD VPr VR
D DN D A D V DPr DR
Pron PrN PrA Pr V PrD PrR
R RN R A R V RD RPr
1.1. Substantif
120
au point de vue de la dimension (deux arbres, un grand arbre, beaucoup de
voyageurs) ; les N abstraits peuvent se caractériser au point de vue de l’intensité, de
la plénitude , de la durabilité (une grande beauté, une longue attente).
Les N concrets peuvent dénoter des objets de la façon autonome : C’est un
chat; Voilà un arbre. Les noms abstraits sont d’habitude dépourvus de cette
capacité. Ils remontent aux Adj et aux V dépendant d’un N (Le ministre arrive
L’arrivée du ministre ; La peau est blanche La blancheur de la peau) et ne
peuvent pas à eux seuls, sans indication du porteur de la propriété, dénoter des
objets. On ne peut pas 33 dire: C’était une arrivée mais : l’arrivée de qn. Les
particularités grammaticales des N abstraits se manifestent dans la tendance à
l’invariabilité de la catégorie du nombre et leur emploi par préférence dans les
fonctions syntaxiques secondaires.
3. Noms discontinus / continus. Les N discontinus dénotent des objets
discrets qui se caractérisent par leur totalité (целостность) et isolement
(обособленность). Tels sont tous les êtres vivants (homme, chien, voyageur) et les
objets (table, ballon, plume). Ils ne peuvent pas être divisés sans rupture de leur
spécificité. Les N continus (noms de matière, noms massifs) dénotent des matières,
des objets non-discrets qui ne possèdent ni totalité ni isolement. A la rupture de
leur totalité ces objets ne perdent pas leur spécificité ; ils ne peuvent pas être
comptés, mais ils peuvent être mesurés par leur volume, masse, longueur etc. P. ex.:
cinq chaises, mais un kilo de pain, un hectare de terre, un m3 de sable. De cette
façon les objets discontinus et continus se caractérisent par différents rapports
quantitatifs : pour les discontinus est très importante la différence entre l’unicité et la
pluralité, pour les continus - la différence entre la totalité et la partie. Dans le plan
grammatical les N continus se caractérisent par l’invariabilité de la catégorie du
nombre, leur agencement avec les articles le/du, leur fonction syntaxique la plus
caractéristique est celle du complément d’objet direct (Cod).
Une position intermédiaire entre ces deux sous-classes est occupée par des N
collectifs qui représentent une pluralité d’objets discontinus comme une masse
homogène : feuillage, branchage, pierraille, paysannerie etc.
4. Noms numériques et anumériques. Aux N numériques se rapportent
les N concrets, discontinues, animés et non-animés (chien, table), et les N propres
non-uniques. Aux N anumériques se rapportent :
N dénotant des objets uniques dans leur genre (les N uniques
communs et propres) ;
N dénotant des objets continus (N de matière, collectifs et N
abstraits) ;
Les N numériques à la différence des anumériques peuvent avoir la forme
du pluriel (sans changement de la signification), s’agencer avec tous les types
d’article (à l’exception du partitif) et se combiner avec tous les types d’adjectifs.
5 . Noms animés / inanimés. Les N animés dénotent des êtres vivants
pourvus de la capacité de se mouvoir de la façon autonome, accomplir des actions,
sentir. Les êtres vivants se caractérisent par leur activité ou non-activité sociale,
121
état adulte ou non, le sexe. Les N animés possèdent les caractéristiques
grammaticales suivantes:
la catégorie du genre y est sémantique et indique le sexe d’un être
animé : ils peuvent varier selon le genre sans changement de la signification
commune du mot : ouvrier, -ère ; acteur, -trice ;
Ils sont substitués par les formes des pronoms appropriées :
interrogatifs (qui ?), relatifs (de qui), personnels (à lui, de lui) ;
ils accomplissent la fonction du sujet auprès le verbe transitif ; les N
inanimés l’accomplissent très rarement et le verbe dans ce cas reçoit un caractère
métaphorique ;
ils s’agencent avec les V et les Adj. dénotant des actions, des états
et des propriétés des objets animés, p. ex. dire, manger, dormir, décider, mort,
vivant, fatigué etc. Leur emploi avec les N inanimés est lié avec le changement de
leur signification. De même avec les prépositions: avec Pierre exprime la
collaboration; avec une pierre - la signification d’instrument.
6. Noms indépendants (autosémantiques) relatifs (synsémantiques).
Les premiers dénotent un objet indépendamment d’un autre objet, tandis que les
seconds – dans leur lien avec un autre objet. P. ex., le mot garçon est
autosémantique parce qu’il peut dénoter dans la parole de la façon autonome une
personne d’un certain âge et du sexe masculin (Je vois un garçon. Quel est ce
garçon ?). Le mot fils est synsémantique, relatif parce qu’il dénote cette
personne en se basant sur son lien avec une autre personne (on ne peut pas dire Je
vois un fils mais seulement Je vois le fils de qn). Aux noms synsémantiques se
rapportent les noms dénotant :
a) les rapports de parenté ou d’autres rapports interpersonnels (père, mère,
voisin, sosie) ;
b) les parties du corps humain (tête, bras) ;
c) les parties d’un objet (le toit d’une maison) ;
d) les N généralisants (catégorie, type, exemple de qch) ;
e) les mots paramétriques (caractère, longueur, poids) ;
f) la plupart des mots abstraits (possibilité, blancheur).
Ils manifestent leurs particularités surtout dans le plan syntaxique parce
qu’ils exigent plus souvent que les autres N la présence des mots dépendants ou, à
l’absence de ces derniers – la présence des déterminatifs possessifs ou
démonstratifs : C’est le père de Louis ; C’est son père. L’emploi de ces mots
isolément peut témoigner la modification de sa signification, p. ex. :C’est un
père (= отец семейства ).
7. Les oppositions décrites forment les sèmes dont l’ensemble caractérise
la sémantique du nom. P. ex. : garçon = (+ com.; + concr. ; + an. ; + pers. ; +
masc. etc.) ; du pain = (+ com. ; + concr.;- num . etc.). La signification concrète
d’un N se manifeste dans le contexte par son accord avec les autres éléments de
l’énoncé tels que:
a) marques grammaticales (surtout celles du nombre) ;
122
b) déterminatifs (surtout l’article) ;
c) adjectifs et verbes se rapportant au substantif.
De cette façon le groupe nominal syntaxique inclut au maximum 4 éléments :
Prép + Det + N + Ep (épithète) qui indiquent :
a) caractéristiques sémantiques du N ;
b) fonction syntaxique, détermination et caractérisation du N ;
c) s’il le faut le genre et le nombre du N.
8. Un nom peut passer d’une classe à une autre : abstrait concret (beauté
красота - красавица ) ; continu discontinu (fromage сыр – головка сыра) ;
animé inanimé (Corot – un Corot ) etc. Ce phénomène de l’acquisition par un N
des marques d’une autre classes’appelle transposition sémantique ou
récatégorisation.
123
complément du nom exprimant une relation (appartenance etc.) : le
livre de Pierre ;
attribut à signification d’identification : Il est le directeur de cette
usine ; ou de classification : Mouron fut nommé président ;
apposition à signification d’identification ou de classification : Son
père, Philippe Mouron, professeur de chimie à l’Ecole Normale était mort
jeune ;
complément circonstanciel de lieu à signification substantivale :
marcher dans la rue ; complément circonstanciel de temps exprimant le temps absolu
(un N temporel) : La nuit l’aspect change ;
apostrophe : Est-ce vous, mon colonel ?
127
dans l’emploi: dans le vocabulaire et dans le texte les N inanimés
masculins comptent 60%; dans l’accord : auprès les N similaires du masculin et du
féminin l’adjectif commun prend la forme du masc. : un chapeau et une robe
démodés ;
à la substantivation : un N formé par la substantivation à l’aide de
l’ellipse du N déterminé c’est le genre du N omis qui reste: une station centrale -
une centrale ; un animal quadrupède – un quadrupède. Pourtant si le N est reçu par
la transposition directe (conversion ou dérivation impropre), il reçoit la forme du
masculin, p. ex.: Adj. N abstrait : le beau ; V N: le dîner, le toucher etc.
Fonction distinctive. La forme du genre chez les N inanimés peut être
liée à la distinction de la signification lexicale du mot :
le genre classifie les N dans le plan sémantique; p. ex. les
dénominations des arbres fruitiers sont du masculin: un pommier ; des types d’autos
sont du féminin: une Renault ; des machines - du féminin : découpeuse (резальная
машина); des mécanismes – du masculin: découpeur (прерыватель);
le genre distingue les homonymes (plus de 100 paires):le/la livre, le/la
page etc.
130
fonction primaire, conversion, modification sémantique des N d'agent ou des N
d'actions.
Le N d'agent est formé à l'aide d'un nombre de suffixes dont le plus répandu –
eur (travailleur) et par la substantivation des participes (un militant, un employé).
La nomination des objets est formée par les mêmes suffixes que celle des N
d'action ou par la modification sémantique de ces suffixes : construction, brochure (<
brocher).
Les N d'adresse sont formés à l'aide du suffixe -aire: donataire, destinataire
etc.
Le N d'instrument est formé par un suffixe spécial –oir (e) ; passoire, séchoir
ou bien par la modification sémantique des suffixes diminutifs : éprouvette et les
suffixes des N d'agent : calculateur, semeuse.
La nomination du lieu est formée par les suffixes (-t)oire, -oir: observatoire,
dortoir ou bien par la modification sémantique des N d'action : entrée, passage
(action et lieu).
Certains Nv forment les nominations du mode d'action : allure (de aller).
La nomination d'un laps de temps est formée par la modification sémantique
des N d'action : le déjeuner – время обеда.
1.1.6.2. La substantivation directe de
l'adjectif. A N. Dans ce cas la substantivation peut être aussi directe et
sémantiquement complexifiée. La substantivation directe de
l'adjectif est formée par l'affixatiоn (les suffixes les plus
répandus sont : -(i)té, -ie, -esse, -eur, -ude, -ise, -ance) et par la
conversion: le beau, le bleu du ciel.
A la transposition sémantiquement complexifiée, réalisant les mêmes moyens,
le N dénote la manifestation concrète de la propriété des gens (dire des bêtises) et les
objets - porteurs de cette propriété (les jeunes, un bleu, un malade, du rouge à lèvres,
un bleu de travail).
La substantivation des autres PdD - adverbes, conjonctions, prépositions se
réalise à l'aide de la conversion : le bien, le dessus, le pour, le contre, des mais et des
si. Parfois le N ne reçoit pas la marque formelle du pluriel ce qui prouve sa
substantivation incomplète.
1.2. Determinatifs
131
1.2.1. Déterminatifs en tant que partie du discours. Les déterminatifs
(Det.) sont des mots outils accompagnant le N dans la proposition et exprimant les
propriétés communes de l’objet telles que : détermination, appartenance, quantité etc.
Ils forment une PdD à part à la base de leur propriétés sémantiques, morphologiques
et syntaxiques. Ils sont pourvus de trois fonctions :
syntaxique – la formation du groupe substantival dans la proposition.
Sans les Dét., qui sont des actualisateurs du N, ce dernier ne peut pas accomplir ses
fonctions syntaxiques essentielles, p. ex. Le garçon lit un livre (on ne peut pas dire
*Garçon lit livre).
morphologique – la précision des catégories du N : du nombre et du
genre au cas où elles ne sont pas exprimées par des flexions du N, p. ex. un livre et
une livre, ce livre et ces livres.
sémantique – l’expression de la détermination qui représente une
catégorie grammaticale syntaxique. Le Dét. essentiel – article - dénote cette catégorie
«à l’état pure». Les autres Dét. y ajoutent dés significations complémentaires.
Les Dét. incluent cinq classes sémantico-grammaticales : articles, Dét.
possessifs (mon, ton, son etc.), Dét. démonstratifs (ce, cette, ces), Dét. interrogatif
(quel, quels etc.) et Dét. indéfinis dont la nomenclature suscite des discussions et qui
compte 13 mots au maximum: aucun, divers, différents, même, tel, autre, maint, tout,
chaque, plusieurs, nul, certain, quelque(s) – et deux unités complexes : n’importe
que, je ne sais quel. Le noyau est représenté par quatre premiers – ce sont les Dét.
essentiels. Les Det. indéfinis se rapportent à la périphérie de la PdD puisqu’ils ou
bien précisent les significations des essentiels (certains, divers, plusieurs = des ;
quelque = un, du ; tous les = les), ou bien expriment des nuances significatives. Vu la
similitude fonctionnelle, aux Det. sont proches les locutions complexes du type : une
espèce de, une sorte de (= un) ; un certain nombre, un tas de (= des) et autres.
Le problème des Dét. comme PdD inclut deux questions :
le bien-fondé de la distinction des Dét. des adjectifs ou des pronoms ;
le bien-fondé de leur union avec l’article.
Sans nous y arrêter de façon détaillée soulignons tout de même que par leur
sémantique les déterminatifs sont semblables aux pronoms; du point de vue de la
syntaxe, se rapportant aux noms, ils sont proches des adjectifs, mais, à la différence
de ceux-ci, ce sont des mots outils qui ne peuvent s'employer indépendamment. La
nature contradictoire des déterminatifs pose le problème de leur classement. Alors
que la grammaire traditionnelle les qualifiait d'adjectifs pronominaux, certains
linguistes les réunissaient avec les pronoms, d'autres en faisaient une classe à part. En
tant qu’ actualisateurs du N et porteurs de sa détermination les mots outils mon, ce,
chaque etc. ne se distinguent en principe de l’article en l’enrichissant seulement des
significations complémentaires qui reflètent la situation. Tout cela permet à la plupart
des linguistes de les unir avec l’article et de les inclure dans la seule classe des
déterminatifs.
132
1.2.2. Sémantique des déterminatifs. La propriété commune des Dét. est
l’expression de la détermination du N dans la proposition. C’est une catégorie
sémantique puisqu’elle reflète les connaissances du locuteur sur le monde
extralinguistique, mais en même temps c’est une catégorie syntaxique puisqu’elle
participe à l’organisation de la proposition.
La détermination est le cas particulier d’un phénomène plus large nommé
actualisation qui représente le transfert du mot du système linguistique dans la
parole. Elle est liée à la limitation du volume de la notion, au choix entre l’universel,
le particulier et l’individuel, p. ex. : Le cheval est un animal et Je vois un (son)
cheval. Voilà pourquoi aux Dét. sont propres deux significations : généralisante et
individualisante. Mais cette fonction n’est pas la seule puisque le même Dét. peut les
exprimer toutes les deux, p. ex. : Le chien est carnivore et Je vois le chien de notre
voisin ; Il faut aimer ses parents et Il est très attaché à ses parents. Mais
l’individualisation prévoit la définition de l’objet dans une situation donnée. Tout
énoncé est porteur de l’information. L’information est l’abolition de
l’indétermination. La fonction des Dét. est de montrer le degré de la
détermination/indétermination de l’objet pour les interlocuteurs.
133
et indéfinis : Art. Indéfini, Art. partitif, Dét. indéfinis : tout, chaque, divers, certains
etc.
La différence se manifeste en commutation avec les pronoms le, la, les ou en :
134
Plusieurs théories de l’article ont été proposées dont la plus importante est celle de G.
Guillaume. On peut nommer les théories de l’article suivantes :
théorie d’actualisation (article en tant qu’actualisateur du N – Ch. Bally;
G. Guillaume; Damourette et Pichon);
théorie de généralisation / individualisation (article en
tant que moyen d’exprimer le général et le particulier – G. Guillaume) ;
théories logiques qui lient l’emploi de l’article à la référence du N -
Grevisse ;
théorie d’assiette (установки) (article en tant que moyen d’exprimer
la détermination - Damourette et Pichon) ;
théorie quantitative (article en tant que moyen d’exprimer ou non
l’unicité de l’objet ou d’un groupe d’objets et comme suite – l’absence/présence de
choix) ;
théorie communicative (le rôle de l’article dans la structure
informative de l’énoncé : article défini dénote le thème, la partie connue de l’énoncé,
article indéfini est lié au rhème, à la partie nouvelle de l’énoncé ) ;
théorie contextuelle (article en tant que moyen d’assurer les liens
entre les fragments du texte – H. Weinrich).
Ces théories, comme cela arrive souvent ne s’opposent pas l’une à l’autre, mais
complètent l’une l’autre soulignant différents côtés réels du fonctionnement de
l’article dans la langue.
1.2.5. Fonctions des formes d’article. Dans les formes des articles français
sont exprimées les oppositions essentielles suivantes :
substantivité/non-substantivité (présence/absence de l’article) ;
détermination qualitative (article défini/art. indéfini) ;
détermination quantitative (article défini/art. partitif) ;
nombre (le/les) ;
genre (le/la).
Dans trois premières oppositions se manifestent les propres significations de
l’article, tandis que les formes du nombre et du genre de l’article reproduisent les
catégories du N que les articles déterminent.
Rapports symétriques.
1. A A1. L’absence de l’article montre que le N se caractérise par la non-
substantivité et accomplit la fonction d’une autre PdD. Ce sont les cas suivants :
Les locutions verbales du type : avoir faim, prendre part, mettre en oeuvre. La
perte de la substantivité par le N se manifeste dans : a) l’impossibilité de la
substitution pronominale (on ne peut pas dire As-tu faim ? – * Oui, je l’ai) ; b) la
présence des marques d’intensité accompagnant d’habitude un V ou un Adj : J’avais
un peu faim et très sommeil.
2. Les constructions existentielles avec il y a : Au salon il y avait foule ; il y a
but où sont décrits des événements et non pas des objets. Les N sont employés dans
le sens non référentiel (ils y expriment la qualité) dans les locutions du type Il y a
livres et livres ; Il est rentré de soldat ; Après six mois de président.
3. Le N dans la fonction d’attribut caractérisant. D’habitude c’est la fonction
de l’Adj. et le N dans cette fonction modifie son sens. P. ex. : Ils sont devenus
marteaux (marteau signifie ici чокнутый). Jean grelottais plus dans l’eau de
l’Atlantique en criant à mes enfants, pour faire plus homme qu’elle est très bonne.
4. Le N sans préposition en fonction d’épithète : messages météo, poste radio,
recette miracle etc. Dans cette fonction le N peut joindre les déterminatifs de l’Adj. :
J’ai mis mon chapeau, j’ai pris mon air le plus dame.
5. Le N avec préposition en fonction d’épithète ou de circonstance : une table
de bois, écouter avec attention.
6. Dans l’emploi autonome, à la détermination des mots mêmes ou de leur
significations : Chien a cinq lettres. Le mot table est du féminin.
Rapports asymétriques.
1. B A1 . Malgré la présence de l’article la substantivité du N est
affaiblie. C’est le cas des phraséologismes
51 du type prendre la fuite ; l’impossibilité
de la substitution pronominale (*Il l’a prise) témoigne la perte de la substantivité par
136
le N. Ch. Bally y joint les locutions du type boîte aux lettres, pêcher à la ligne,
(écouter) avec une grande attention.
2. A B1. Le N conserve la substantivité malgré l’absence de l’article. Ici on
distingue les cas suivants :
Actualisation directe dans la situation. L’article
est absent quand le mot dénomme directement l’objet ou la personne. Ce sont : a) N
propres (Pierre) ; b) N communs dans la fonction des N propres (Père m’a dit
que…) ; c) titres (Grammaire française) ; d) enseignes (« Laiterie »), annonces
(« Réunion à 17 heures ») ; e) apostrophes (Bonjour, docteur !)
Nomination généralisante qui remonte aux normes de l’ancien français où
l’absence de l’article signifiait la neutralisation de la détermination/indétermination et
aussi était propre aux N abstraits, celle-ci s’est conservée dans les dictons et
sentences : Pauvreté n’est pas vice ; Mauvaise herbe croît toujours.
3. En français moderne l’absence de l’article est utilisée à des fins
grammaticales pour dénoter la substance dans le sens généralisant :
dans les constructions à valeur classificatoire du sujet
(Pierre est étudiant ) ou de l’objet (élire qn député ; nommer qn ministre), et aussi
dans les appositions (M. Dubois, docteur ès lettres) ;
dans les énumérations où les N dénotent ensemble une notion plus large
perdant partiellement leur propre substantivité : Femmes, vieillards, bourgeois,
artisans couraient tous. Les N similaires dénotent ensemble « tous les habitants de la
ville».
138
d’une notion plus large – celle de l’indétermination quantitative qui représente une
signification grammaticale à la différence du caractère continu (недискретность) qui
est une signification lexicale. De cette façon, du indique la détermination qualitative
et l’indétermination quantitative, tandis que un - au contraire : la détermination
quantitative et l’indétermination qualitative, p. ex. un chien. La difficulté de la
définition de la place de l’article du s’explique par le fait qu’en français les
significations du nombre, de la détermination/indétermination et de la discontinuité/
continuité sont si étroitement liées qu’elles forment une sorte de « sur-catégorie» [ 11,
192-193 ].
1.2.5.5. Article et fonction syntaxique. L’emploi des formes d’article est lié à
la fonction syntaxique du N. Il est naturel que l’omission de l’article se manifeste
dans les fonctions où le N se désubstantivise : celle d’épithète (chien de garde) de
Ccirc. (avec regret) et d’attribut (Il est médecin). Mais dans leurs fonctions primaires
l’emploi des articles est lié à la fonction syntaxique du N. Ainsi, l’article défini est
relativement plus fréquent avec un N –sujet, l’article indéfini – avec des
139
compléments. Cela s’explique par le fait qu’un N avec l’article défini fait partie du
thème de l’énoncé exprimé par le sujet, et l’article indéfini fait partie du rhème
exprimé par le complément ou le prédicat nominal. L’article partitif est employé de
préférence avec un Cod puisque c’est la fonction essentielle des N de matière. La
structure du type Du pain est sur la table est très peu fréquente.
impossible possible
le
se fait ne se fait pas
ce un
La phrase Prenez le livre rouge montre que les deux interlocuteurs
connaissent qu’il y a un seul livre rouge. La phrase Prenez ce livre rouge montre
qu’il faut prendre le livre donné bien que la présence d’autres livres pareils ne soit
140
pas exclue. La phrase Prenez un livre rouge montre qu’il y a plusieurs livre rouges
dont on peut prendre n’importe quel.
L’emploi de le dans la situation du choix est possible s’il s’agit d’objets
différents. P. ex. s’il y a un livre et un journal, on peut dire Prenez le livre, mais si le
choix se fait entre les objets de la même classe, il faut employer ce: Prenez ce livre.
Cette règle détermine l’emploi des déterminatifs à la seconde nomination (повторная
номинация) d’un objet. A la répétition simple le démonstratif est préférable : Elle a
un chien. Ce chien (non pas le) est grand et noir. L’article, au contraire, est préférable
au choix de la classe d’objets : Elle a un chien et un chat. Le chien est grand et noir,
le chat est blanc et petit. Le démonstratif est employé si tout le groupe est référé :
Elle a un chien et un chat. Ces animaux lui donnent beaucoup de soucis.
Pour employer ce, il suffit aux interlocuteurs de le voir, pour employer le il
n’est pas obligatoire de voir l’objet au moment de la parole, mais il faut le connaître
d’avance. Voilà pourquoi si un mot est lié aux mots précédents par des associations
logiques c’est l’article qu’on emploie et non le démonstratif : Il n’a pas pu entrer
parce qu’il a perdu la clé (et non *cette clé).
Le démonstratif est largement employé avec les N synsémantiques du type :
phénomène, circonstances, domaine, tendance, proposition, prétexte, état, geste, air
exigeant une épithète: Le malheur est que, dans ce domaine, rien n’est jamais acquis.
Sous ce prétexte, dans cet état etc.
Le démonstratif enrichit l’objet par la prédication de la phrase précédente
surtout avec des Nv qui résument implicitement la situation précédente : Denis se
demandait si cette démarche insolite de Landin n’éveillait pas aucun trouble chez sa
mère.
142
parenté et d’autres liens sociaux : mon père, votre soeur, notre professeur, son ami,
mon médecin, ton chef etc. ou l’emploi du possessif est très souvent superflu.
B. Pourvus de la catégorie de la personne les possessifs peuvent
remplacer le sujet auprès le verbe et au cas de l‘omission du verbe ils deviennent
déterminants du N. Les rapports exprimés dans ce cas peuvent être très variés et
définis par la reconstitution du verbe. P. ex. son livre outre la signification directe de
la possession (le livre qu’il possède), peut exprimer d’autres rapports : le livre qu’il
lit ; le livre qu’il a écrit ; le livre qu’il a choisi etc.
C. Auprès les N abstraits (dénominations des qualités et des actions) les
possessifs indiquent un 58 actant participant à la situation. La combinaison d’un
possessif avec un tel N peut être transformée en locution verbale. Le possessif peut
exprimer le sujet de l’action : son arrivée (= il arrive), le porteur de l’état : sa beauté
(=elle est belle). L’emploi du possessif permet de transformer une proposition en un
terme d’une autre proposition: Je me demandais ce qui était arrivé en mon absence
(= pendant que j’étais absent).
D. Les rapports de possession portant un caractère stable, les possessifs
peuvent dénoter des phénomènes ou des actions habituels : Il a acheté son journal (=
qu’il achète toujours).
E. Les possessifs peuvent dénoter une qualité liée à un objet : Tu as de la
chance d’être la fille de tes parents. Ici tes est superflu (puisque toute personne est
fille de ses parents) et sert à la caractérisation d’un objet (de tels parents).
Emploi formel des possessifs. Assez souvent les possessifs sont superflus
surtout auprès les N désignant une partie du tout ou bien si les rapports entre les
objets sont clairement déterminés par la situation : L’arbre a perdu ses feuilles.
L’emploi formel du possessif est confirmé par son absence dans les traductions
russes : Деревья теряют листья. Жена сказала (врач сказал) ему; Sa femme
(son médecin) lui a dit…L’emploi du possessif se lexicalise dans les apostrophes du
type : mon vieux, mon Général aussi bien que dans les phraséologismes: Il fait son
malin ; Cela sent son parvenu.
143
Quel est un adjectif en fonction d’attribut : Quelle a été la cause de cet
accident ?
1.2.8.1. Déterminatifs indéfinis (quantitatifs). Les déterminatifs indéfinis
sont des mots outils dans la fonction du déterminatif d’un nom capables d’être
employés sans autre déterminatifs. Voila pourquoi en sont exclus tout, aucun,
plusieurs, certains, nul dans l’emploi autonome. Dans cet emploi ils sont traités
comme pronoms. En sont exclus aussi certain(s), différent, divers dans la position
d’attribut où ils sont envisagés comme adjectifs : C’est certain ; Ils sont différents.
Même, tel, autre certain (au singulier) en sont exclus parce que, pareils aux adjectifs,
ils s’emploient avec un autre déterminatif. Outre cela même, tel, autre se distinguent
sémantiquement exprimant le caractère identique ou non d’un objet. De vrais
déterminatifs indéfinis expriment différents aspects de la détermination quantitative
et forment un groupe de mots outils appelé quantitatifs (ou quantifiants). Ils
représentent une série asymétrique. D’un côté, ils incluent des unités doublant l’une
l’autre : nul (=aucun), maint (=beaucoup de), d’autre côté, plusieurs marques
quantitatives se rapportent formellement à d’autres PdD (p. ex. articles un, des ;
beaucoup de et autres adverbes quantificatifs). Leur rôle dans la langue est assez
importante : ils expriment la corrélation de l’énoncé avec la réalité soulignant le
caractère générique ou particulier de ce jugement. Leur signification essentielle est
l’idée de la quantité qui, pourtant, est complétée par d’autres : universalité/non
universalité, globalité/non globalité, unicité/pluralité, homogénéité/diversité. La
dernière opposition indique que la détermination quantitative se marie avec la
détermination quantitative basée sur la diversité des qualités d’un objet. La
corrélation sémantique des quantitatifs essentiels (y compris le quantifiant composé
n’importe quel) peut être représentée de la façon suivante :
quantitatifs
existence non-existence
aucun, nul, pas un
universalité non universalité
144
A. Quantitatifs d’universalité. Tous les, tout le expriment l’universalité
globale, non divisée : dépenser tout son argent ; Tous les hommes sont mortels.
Tout, n’importe quel, chaque indiquent toute la classe d’objets représentée
comme une multitude divisée. Actuellement tout n’est employé que dans des
sentences (Tout homme est mortel) et dans des locutions figées (à tout moment).
Dans la langue parlée il est substitué par n’importe quel.
Chaque n’indique pas la homogénéité des éléments de la classe : pour
envelopper toute la classe il faut « passer en revue» («перебрать») tous ces éléments.
D’ici – la signification distributive de chaque.
A l’expression de l’universalité 4 déterminatifs peuvent être synonymiques :
tous les élèves peuvent (chaque, n’importe quel, tout élève peut) résoudre ce
problème. Avec les numéraux tout le peut acquérir la signification distributive
proche de chaque : toutes les deux heures.
145
Parmi les quantitatifs d’unicité la forme quelque (sing.) dénote une plus
grande indétermination que un. Elle s’emploie souvent avec une signification
quantitative (= du, un certain), p. ex. : à quelque distance, avec quelque retard (=avec
du retard).
147
les relationnels suivent toujours le N, tandis que les qualificatifs peuvent
le précéder ;
les relationnels sont peu utilisables en fonction d’attribut. Il faut dire
C’est une boîte métallique ou Cette boîte est en métal et non *Cette boîte est
métallique. Pourtant cela ne revêt pas un caractère absolu : les relationnels peuvent
avoir la fonction d’attribut au cas de la présence d’un adverbe limitatif ou
identifiant : si on ne peut pas dire *Ces problèmes sont scolaires, la phrase Ces
problèmes sont strictement scolaires devient possible ;
chacune de ces deux classes d’Adj. se forme à l’aide des affixes
différentes. Pour la formation des relationnels le français emploie les suffixes
suivants : -aire (bancaire), -al (hormonal), -el (culturel), -é, -u (cacaoté, barbu),-
ique (atomique), - ais, -ois, -ien, -ain, -éen (anglais, chinois, tibétain, africain,
malien, coréen) et autres, ou bien les préfixes à valeur temporelle, spatiale et
négative: souterrain, préscolaire, postclassique, antialcoolique, subtropical,
extraparlementaire, analphabète etc. Les Adj. qualificatifs se forment à l’aide des
suffixes -eux (paresseux), -if (craintif) et des préfixes exprimant le degré de la
qualité : archicélèbre, extrafin, superfin, ultracourt. Seuls les qualificatifs reçoivent
les suffixes de l’appréciation subjective : savantasse, richissime, jaunâtre, lourdaud,
propret, maigrichon, pâlot.
De cette façon, entre ces deux groupes d’Adj. il n’y a pas de cloisons étanches,
et très souvent un adjectif relationnel passe à la classe opposée recevant toutes les
caractéristiques de cette dernière.
Réalisation de la signification de l’adjectif. L’adjectif, pareil au verbe, est la
partie du discours la plus dynamique. Sa signification concrète se réalise avant tout en
combinaison avec le N et en grande partie est déterminée par la sémantique de ce
dernier. La loi fondamentale de la combinaison d’un Adj. avec un N réside en
présence d’un sème commun dans ces deux éléments. Avant tout ce sont les
significations communes de animé/inanimé, abstrait/concret, action/agent. P. ex.
fidèle signifie «преданный » avec des N animés (un ami, un chien fidèle) et
«точный» avec des N inanimés (schéma, récit, mémoire fidèle). Cela touche aussi les
significations plus concrètes (étroites) telles que couleur, dimension etc. P. ex. si un
Adj. de couleur est lié à un nom dénotant un objet capable d’être caractérisé du côté
de la couleur, il conserve sa signification primaire : du papier blanc, des feuilles
vertes. Si l’Adj. est agencé avec un N dénotant un objet incapable d’être caractérisé
du côté de la couleur, le sème « couleur» disparaît et l’adjectif modifie sensiblement
sa signification (переосмысляется) : la verte vieillesse ( бодрая, активная
старость), un coup blanc (промах). Gros indique l’épaisseur à la dénomination des
objets possédant cette caractéristique : un gros arbre, un gros homme, mais exprime
l’intensité auprès les N d’action, d’état ou d’agent: de gros dégâts, un gros rhume, de
grosses difficultés, un gros mangeur.
Assez souvent les relationnels passent à la classe opposée : le système nerveux
(relationnel) un enfant nerveux (qualificatif); le système économique (relationnel)
un chaffage économique (qualificatif). Un qualificatif à signification modifiée
148
(переосмысленное) peut recevoir une signification relationnelle : examen blanc –
экзамен без оценки, film noir - фильм ужасов.
Souvent c’est la situation seule qui détermine la signification de l’Adj.: p. ex.,
dans chaleur tropicale l’Adj. est relationnel s’il s’agit da la chaleur des pays
tropicaux, mais il est qualificatif s’il s’agit de la grande chaleur dans une zone
tempérée. Le changement de la signification de l’Adj. est lié parfois aux diverses
conditions syntaxiques (sa position par rapport au N, ou sa transitivité).
1.3.2.1. Catégorie du genre. A la différence des N, chez les Adj. elle est
toujours asémantique puisqu’elle n’indique pas directement l’appartenance de la
caractéristique à une personne du sexe masculin ou féminin. Dans certains cas l’Adj.
indique le sexe de la personne de la façon autonome :
avec des pronoms ne distinguant pas le genre : Je suis heureuse ; On est
belle aujourd’hui ; Cela vous rend malheureuse ;
avec des N ne distinguant pas le genre: notre nouvelle élève;
avec des formes verbales : Pour être belle, il faut souffrir ; Soyez
attentives, mesdemoiselles !
Les moyens de formation du féminin des Adj. sont pareils à ceux de la
formation des N. L’expression du genre devient moins nette au passage du code écrit
au code parlé ce qui peut être représenté par le tableau suivant (entre parenthèses est
indiquée la quantité de formes) :
Typ Langue écrite Langage parlé
e masculin fémi- masculin fé-
d’A 1- 2-e nin 1-ère 2-e mi
dj ère for- form for- -
for- me e me ni
me n
149
Dans le code écrit la terminaison du féminin est plus généralisée : elle a
partout la forme -e. Dans le code parlé les Adj. au féminin ont les terminaisons
différentes : vocaliques aussi bien que consonantiques. L’opposition caractéristique
est du type 4 : vocalique (masc.) / consonantique (fém.) – [grã] / [grãd].
Dans le code écrit il y a des Adj. à une forme, ne distinguant pas le genre
(triste), à deux formes, distinguant le genre et quelques Adj. à trois formes ayant une
forme spéciale pour le masculin devant la voyelle (fou-fol-folle ; vieux-vieil-vieux).
Dans le code parlé :
plusieurs Adj. à deux formes dans le code écrit en ont une dans le
code oral (Adj. terminés par la voyelle, par [l],[r],[j] et autres: touffu, vil, réel,
national, amer, pareil etc.) ;
la distinction de la forme ne coïncide pas toujours avec la différence
du genre : si les Adj. du type petit-petite, heureux-heureuse dans le code écrit
distinguent le genre, dans le code parlé les formes [p∂tit] ou [œrøz] peut se rapporter
aux deux genres. Plusieurs néologismes dans la langue parlée ou populaire ne
distinguent pas le genre : snob, chic, record, bath aussi bien que les couleurs : kaki,
marron. Plusieurs Adj. formés par la conversion des Adv. et parfois des N n’ont pas
de forme de genre ni de nombre. Tout cela témoigne l’irrégularité de la catégorie du
genre en français moderne.
151
Les enfants dormaient. Ils étaient tranquilles (au moment de leur sommeil). L’accord
de l’Adj. témoigne que nous avons affaire à un adjectif.
C. Attribut à l’objet : Cette nouvelle l’a rendue heureuse. C’est aussi la
jonction de deux propositions, et avec cela deux interprétations sont possibles, si
l’Adj. se rapporte à un N. P. ex. : Le médecin a trouvé l’enfant malade peut être
interprété de deux manières : Врач нашел этого больного ребенка et Врач нашел
этoго ребенка больным ; Je veux ma robe rouge - Я хочу мое красное платье et
Я хочу, чтобы мое платье было красным. Les marques de la fonction prédicative :
pause devant l’Adj. ;
possibilité de la substitution pronominale du N seul (Le médecin l’a
trouvé malade ; dans Le médecin l’a trouvé l’ remplace tout le groupe l’enfant
malade avec un Adj. à fonction non prédicative (=attributive) ;
la possibilité de la transposition de l’Adj. (Le médecin a trouvé
malade cet enfant). La préposition de introduit un Adj. prédicatif : Je n’ai pas un
moment de libre (=qui soit libre).
152
occuper toutes les deux. C’est dans ce dernier cas que cette catégorie se manifeste de
la façon la plus nette.
La postposition est le membre non-marqué de l’opposition, c’est la position
essentielle de l’Adj. en tant que partie du discours en français moderne. Cela se
manifeste en ce que :
en postposition peuvent se trouver tous les Adj., tandis qu’en
préposition – seuls les Adj. qualificatifs ;
seul un Adj. postposé peut être élément régissant d’un syntagme : une
vieille amitié, mais une amitié vieille de dix ans ; un long voyage, mais un voyage
extrêmement long ;
tout mot en postposition à un N reçoit le statut d’Adj. : une place
debout, un chapeau paille ;
à la polarisation des significations d’habitude c’est en postposition que
se conserve le sens direct, tandis qu’en préposition – le sens figuré (un homme triste –
un triste personnage).
Mode de caractérisation. L’opposition essentielle inclut deux significations :
spécification et qualification (au sens étroit du terme). La spécification exprime une
caractérisation limitative et se réalise d’habitude en postposition. La qualification est
une caractérisation non spécifique de l’objet, c’est sa caractéristique à valeur
subjective et appréciative qui se réalise d’habitude en préposition. La préposition,
étant une forme marquée, analysons les types de significations réalisées dans cette
forme. Si la caractéristique est énoncée non pour souligner des propriétés spécifiques
de l’objet, elle peut être ou bien très générale, ou bien connue et, par conséquent, elle
peut avoir ou bien une valeur semi-auxiliaire, ou bien une valeur appréciative.
1. Une épithète préposée dénote la propriété la plus commune de l’objet
exprimée par les oppositions : grand/petit ; bon /mauvais ; jeune/vieux etc. Ce
peuvent être ses dimensions (une grande maison ; une petite ville), son âge (une
vieille femme ; un jeune avocat), l’appréciation commune subjective (bon, beau,
mauvais ; petit, vieux, pauvre dans le sens figuré), correspondance/non
correspondance à la représentation idéale sur l’objet (un vrai savant, de la fausse
monnaie, du pur coton). Avec des Nv l’Adj. exprime l’intensité, la durée (une grande
surprise, un gros buveur, une vieille querelle), une caractéristique temporelle (un
ancien député, son futur gendre) et aussi l’ordre (premier pas, dernier effort) et tous
les numéraux ordinaux.
Les Adj. faisant partie du même champ sémantique que les Adj. ci-dessus
peuvent aussi être en préposition. Voilà, p. ex. les synonymes de grand : Il prit sa
canne, un formidable bâton de chêne … Et il regarda l’énorme gourdin qu’il faisait
tourner. D’autres Adj. dont les significations peuvent être ramenées à l’opposition
grand/petit (intensité) ou bon/mauvais (appréciation) se trouve souvent en
préposition. Tels sont : affreux, agréable, amical, ardent, brusque, charitable,
colossal, cruel, extrême etc.
2. Exprimant la caractéristique la plus commune de l’objet, un Adj. en
préposition acquiert la fonction semi- auxiliaire s’approchant des déterminatifs ou
153
des affixes par leurs significations. Il exprime : a) la notion de quantité (pareil aux
Dét. quantitatifs) : les nombreux adhérents, l’unique espoir ; b) l’appartenance (pareil
aux Dét. possessifs) : son propre fils ; c) la connaissance ou non de l’objet : le
nouveau sujet (=encore un) ; l’étrange conduite (=inconnue d’avance) ; la vieille
histoire (=connue) ; d) les significations comparables à celles des affixes : une petite
maison (=une maisonnette) ; ancien député (=ex-député).
3. A la différence de l’Adj. en postposition exprimant une information
complémentaire et faisant partie du rhème, un Adj. en préposition peut faire partie du
thème exprimant une caractéristique connue d’avance aux interlocuteurs. Dans ce cas
un adjectif accompagnant un N avec l’article défini, souligne le lien avec le contexte
précédent et exprime l’impression de cet objet que les interlocuteurs ont reçue ou
reçoivent au moment du déroulent de la situation décrite par cette phrase. P. ex. : Il
ouvrit la porte pour sortir ; mais il s’arrêta sur le seuil, surpris par une splendeur de
clair de lune telle que l’on n’en voyait presque jamais … Il se sentit soudain distrait,
ému par la grandiose et sereine beauté de la nuit pâle. Les Adj., sans apporter de
nouvelle information (la signification commune est exprimée par le N – la beauté de
la nuit), souligne l’état psychologique du personnage. Аvec l’article défini la
séquence (последовательность) Adj.+N est plus fréquente que N+ Adj. En position
du sujet (thème) la séquence Adj.+N est plus fréquente qu’en position d’attribut
(rhème), où est plus fréquente la séquence N+ Adj.
4. l’Adj. en préposition n’a pas de fonction purement informative, mais
exprime une appréciation. Voilà pourquoi les Adj. relationnels aussi bien que les
qualitatifs, exprimant les qualités objectives des substances, en préposition revêtent
une nuance affective et peuvent recevoir la caractéristique de l’intensité. P. ex. : une
forêt sombre et une sombre forêt ; ou encore: Il est bien invraisemblable que je revoie
ma désormais sédentaire et forcément parisienne chienne de vie.
De cette façon, en préposition l’Adj. tend souvent à une signification
appréciative, tandis qu’en postposition – à une signification neutre.
5. Neutralisation. L’indifférence à la position est propre de préférence aux
Adj. à valeur appréciative qui conservent leur signification dans les deux positions :
une terrible nouvelle – une nouvelle terrible ; une splendide maison – une maison
splendide ; un éminent savant – un savant éminent.
Certains Adj. employés habituellement en préposition peuvent être employés
en postposition et inversement sans changement de leur signification. D’habitude cela
est lié à l’emploi des Adv. d’intensité ou de plénitude de la caractérisation. P. ex. : un
grand appartement et un appartement très grand ; un livre intéressant et un très
intéressant livre (dire * un intéressant livre est impossible).
6. Fonction asémantique. Lexicalisation. Il y a des cas où la position de
l’Adj. est déterminée non par des particularités sémantiques, mais par une tradition
ou bien par des facteurs prosodiques. Assez souvent dans une position donnée l’Adj.
forme un tout sémantique avec un N (un jeune homme, la blanche neige, les vertes
prairies) ou représente une épithète traditionnelle : la douce France, la perfide
Albion. Le même Adj. peut se lexicaliser dans différentes positions : un coup bas et
154
les bas morceaux ; la Haute Cour – Верховный суд et la Chambre Haute –
Верхняя палата. La position de l’Adj. peut être fixée dans les phraséologismes :
pleurer à chaudes larmes.
7. Fonction distinctive. Dans ce cas le changement de la position de l’Adj.
témoigne du changement de sa signification. D’habitude c’est en préposition qu’il
acquiert un sens figuré : un grand homme et un homme grand ; un méchant livre et
un livre méchant ; des cheveux noirs et de noirs desseins.
Degrés de Aspects
comparaiso degré degré degré de
n d’infériorité d’égalité supériori
té
Positif - - -
Comparatif moins aussi plus
Superlatif le moins - le plus
155
une autre caractérisation du même porteur : Paul est plus bête que
méchant ;
un autre temps (une autre situation) : Il est plus content qu’il n’était
autrefois.
Le degré superlatif se manifeste dans des constructions différentes à l’omission
de la répétition de différents éléments de comparaison. La construction complète du
superlatif est : Cette chambre (A) est la plus petite chambre (B) de toutes les
chambres (C) de l’hôtel. A la transparence de la situation on peut omettre un ou deux
membres de comparaison et on reçoit les constructions suivantes : a) Cette chambre
(A) est la plus petite de l’hôtel ; b) C’est la plus petite chambre (B) de l’hôtel ; c)
C’est la plus petite des chambres (C). La classe d’objets où entre l’objet comparé
peut être exprimé par l’élément pronominal : C’est mon meilleur élève (mon
détermine la totalité des élèves).
Certains Adj. ne s’emploient que dans les constructions transitives : Il est apte
à ce travail.
Dans ses fonctions secondaires l’emploi transitif du l’Adj. peut :
participer à l’expression d’intensité : triste à mourir ; plein à
craquer. L’Adj. étant formellement élément régissant peut se trouver élément
dépendant dans le plan sémantique. Dans ce cas il exprime aussi l’intensité ou bien
la caractéristique d’un objet ou d’une action exprimés par l’extension de l’Adj. :
Il est ivre de bonheur (= très heureux) ; large d’épaules (=aux épaules larges) ; La
douleur est lente à disparaître (=disparaît lentement). Hors de la construction
transitive un tel Adj. a une autre signification (comparez : il est ivre) ou bien ne
s’agence pas avec ce N (*La douleur est lente) ;
acquérir une nuance prédicative pareille à un prédicat et exprimant
les rapports ou les significations différents : présence (plein de, riche en) ; absence
(vide de, libre de) ; mesure (lourd de, large de, vieux de) ; conformité, égalité (égal à,
identique à, pareil à) ; non-conformité (supérieur à, inférieur à) ; possibilité (capable
de, apte de, propre à, impuissant à) ; possibilité passive (bon pour, propre à, facile
à) ; volonté, désir/mauvaise volonté (нежелание) (désireux de, opiniâtre de, prêt à,
docile à); attitude subjective (favorable à, hostile à) ; conséquence (lourd de,
consécutif à) ; la liaison (relatif à, étranger à) ;
être employé dans une fonction distinctive distinguant des
significations de l’Adj.: comparez : Cela est bon et Cela est bon à jeter ; Il est
gros et Cet événement est gros de conséquences ;
être soumis à la lexicalisation où l’Adj. et son extension forment un
tout sémantique : faible d’esprit ;
se désémantiser formant une sorte de préposition composée ; p. ex.
plein de indique la présence dans la forme généralisée et est égal à un affixe : un ciel
plein d’étoiles (=un ciel étoilé).
Parfois l’extension de l’Adj. se trouve sémantiquement superflue et sert à
souligner la caractérisation : un homme laid (à voir) ; une femme belle (de visage).
1.3.6. Adjectivation et désadjéctivation.
1.3.6.1. Formation affixale des adjectifs. A l'aide des affixes
les adjectifs se forment des noms, les verbes : suffixes -ble (lisible), -ard (vantard), -
if (portatif), et autres, y compris le moyen parasynthétique : in-... -ble (invincible,
157
sans in- ces adjectifs ne s'emploient pas) ; des autres adjectifs pour exprimer le degré
de la propriété : -ot (pâlot), -et (propret), -âtre (verdâtre). On voit assez souvent la
formation de l'adjectif du caractère suppléé à la base du radical de l'origine «
savante» : lieu - local ; dire - indicible.
159
1.3.7.2. Particularités morphologiques. Le numéral n’a ni catégorie du
genre (à l’exception de un, une) ni celle du nombre. Seuls vingt et cent reçoivent -s
dans certains cas : quatre-vingts pages , mais quatre-vingt-deux ou page quatre-
vingt.
160
1.4. Pronom
1.4.1. Pronom en tant que partie du discours. Les pronoms représentent une
partie du discours à part en raison de leur sémantique, leurs formes syntaxiques et
leurs catégories grammaticales exprimées. En français les pronoms possèdent des
particularités spécifiques. Les problèmes théoriques liés aux pronoms sont :
le bien-fondé du détachement des pronoms en une partie du discours à
part;
division des pronoms en éléments nominaux (именные) et représentants
(заместители) et le statut de ces deux groupes au sein des pronoms;
inclusion dans la classe des pronoms des déterminatifs possessifs et
démonstratifs (mon, ton, ce etc.);
nature des pronoms conjoints (je, tu etc.).
Sans nous arrêter en détails sur différents points de vue concernant la
nomenclature des pronoms, constatons que leurs caractéristiques sémantiques,
grammaticales et communicatives communes permettent de distinguer 6 classes
lexico-grammaticales de pronoms : personnels (y compris réfléchi), possessifs,
démonstratifs, interrogatifs, relatifs et indéfinis. Elles (les classes) se distinguent
avant tout par le moyen de la détermination - implication de la référence (указание
на референт), à quoi sont liées leurs particularités sémantico-grammaticales. Les
trois premières classes dénotent un objet en le référant aux interlocuteurs ce qui se
manifeste par la catégorie de la personne (personnels et possessifs) ou par la catégorie
de démonstration (указательности) - référence spatiale ou temporelle aux
interlocuteurs. Les trois dernières ne possèdent pas cette signification de la référence
aux interlocuteurs : les interrogatifs et les relatifs trouvent leur référence par le lien
avec sa source sémantique exclusivement, et les indéfinis ont une référence indéfinie.
Puisque les pronoms en leur ensemble reflètent la situation de la parole et
servent «à faire passer la langue dans la parole», la classe centrale est représentée par
les pronoms personnels exprimant la référence aux interlocuteurs à l’état pur et, en
même temps, de la façon la plus différenciée.
161
phrase Je prends celui-ci le mot je renvoie au sujet parlant prononçant cette phrase et
celui-ci renvoie à l’objet qu’il indique ;
anaphore – l’indication de l’objet par le renvoi à sa dénomination
précédente ou (plus rarement) suivante dans le texte. Voyez cet homme bizarre ! Le
connaissez-vous ? Le mot le dénote le même objet que cet homme bizarre. La
fonction anaphorique est propre surtout aux pronoms à la IIIème personne, possessifs,
interrogatifs et relatifs. La substitution de la dénomination directe par le pronom
s’appelle représentation, et les pronoms correspondants – substituts ou
représentants.
Souvent les pronoms peuvent unir ces deux types de référence. Dans la phrase
Appelle ton frère, Pierre. Je vous demande de m’aider dans mon travail le pronom
vous a en même temps la fonction déictique indiquant le participant de l‘acte de la
parole (Pierre), et la fonction anaphorique renvoyant à la personne nommée
précédemment (ton frè-re). Les possessifs et les démonstratifs aussi unissent ces deux
fonctions.
De cette façon, anaphore est le rapport entre un pronom et le mot ou le
groupement de mot que le pronom remplace. Le mot remplacé s’appelle antécédent
(F. Brunot) ou source sémantique (L. Tesnière). L’antécédent et le pronom, se
rapportant au même objet de la réalité (à la même référence), on les appelle
coréférentiels. La coréférence est la corrélation des dénominations différentes avec la
même référence au sein du texte.
La substitution d’un N par un pronom est soumise aux règles spéciales. Tout
d’abord il faut souligner que le pronom substitue non un N seul, mais tout le groupe
nominal : le N avec ses caractéristiques : C’est du lait bouillant qu’il te faudrait.
Mais je n’en ai pas (en =du lait bouillant). D’autre part, le pronom ne peut pas
remplacer un N ayant perdu 81 sa substantivité : p. ex. : Il a eu peur * Il l’a eu ;
Prendre la fuite * La fuite qu’il a prise. Mais un N sans article peut être substitué
par un pronom quand il ne perd pas sa substantivité, p. ex., après les mots quantitatifs
avec la préposition de : On alla chercher un paquet de lattes. Charles en choisit une.
La règle générale de l’anaphore se manifeste en ce que le N et le pronom
s’excluent l’un l’autre dans la même position : * Pierre il parle. A l’écart de cette
règle l’anaphore reçoit une des deux fonctions secondaires : structurale ou
stylistique:
la fonction structurale se manifeste en inversion complexe dans
l’interrogation : Pierre viendra-t-il ?
la fonction stylistique se manifeste dans les moyens de la mise en
relief : Pierre, lui, sait tout ; Pierre, il est venu.
Types d’anaphore. Il existe différents types structuraux et sémantiques
d’anaphore.
Types structuraux se distinguent en fonction de la position mutuelle du
pronom et de la source sémantique. Il y en a deux :
reprise (anaphore dans le sens étroit du mot) – le pronom suit la source
sémantique : Nous avons fait un bon voyage, on s’en souviendra ;
162
anticipation (cataphore) – le pronom précède la source sémantique :
On s’en souviendra, de ce voyage.
Types sémantiques dépendent de la corrélation des significations de la
source sémantique et du pronom. On en distingue deux :
anaphore adéquate où le pronom reproduit tout le volume notionnel de
l’antécédent : J’aurais voulu appeler l’infirmière ; j’essayai plusieurs fois ; elle ne
venait pas ;
anaphore non adéquate où le pronom, ayant la même
référence que l’antécédent, ne reproduit pas le même volume notionnel. P. ex. dans :
On alla chercher un paquet de lattes. Charles en choisit une (unicité/pluralité) ; Ce
livre n’est pas le mien (+appartenance) ; J’ai acheté une Toyota. Elles sont robustes
(élément/classe) ; La voiture du directeur est plus commode, mais celles de ses
adjoints sont plus rapides (est répétée une voiture seule, mais d’autre part unicité/
pluralité) ; Dans le Midi il fait beau depuis deux mois. Eh bien ! Ils en ont, de la
chance (Riegel et al.). (anaphore basée sur les rapports métaphoriques lieu
d’habitation/habitants).
164
les prépositions : Personne ne le sait ; Je ne connais personne ici ; Il ne pense à
personne ;
avec une forme corrélée avec une fonction donnée et n’ayant pas
d’autres formes ni fonctions : on (sujet), soi, autrui (objet) ;
avec deux formes distinguant sujet/objet : je/me ; tu/te ; qu’ est-ce
qui/qu’est-ce que (que);
avec trois formes et plus distinguant le sujet et différents types
d’objets: il (elle)/le (la, les)/ lui (leur)/y/en ; qui/que/ dont ; lequel / duquel/auquel.
1.4.4.5. Indépendance/non-indépendance. Cette catégorie est propre aux
pronoms français et à la différence du russe elle se manifeste en présence de deux
formes différentes dont une est employéé de la façon autonome et peut même former
toute une proposition (Qui 84 a fait cela ? – Moi.) et l’autre ne peut être employée
qu’avec d’autres termes de proposition. Chez les personnels cette catégorie est
exprimée par les oppositions : moi/je ; toi/tu ; lui/il ; eux/ils. Chez les démonstratifs :
cela, ceci, celui-ci, celui-là/ce, celui, celle. Tous les relatifs sont non autonomes et
tous les interrogatifs (à l’exception de qui) sont autonomes. Les possessifs et les
indéfinis sont tous autonomes parce que les formes non autonomes correspondantes
se rapportent à une autre PdD – déterminatifs : le mien/mon ; chacun/chaque ;
quelqu’un, quelque chose/ quelque.
165
85
la discussion sur la nature des pronoms conjoints, soulignons simplement qu’à la
différence des prépositions ou de l’article qui forment un seul terme de proposition
avec un mot autonome (N), les pronoms conjoints sont des termes de proposition de
caractère outil isolés du verbe et substituant les termes de propositions essentiels.
Catégorie de la personne. C’est la catégorie essentielle de cette classe de
pronoms. Les trois personnes occupent des positions différentes dans le système de la
langue et dans la parole. La Ière et IIème personne sont opposées à la troisième comme
participants/non participants de l’acte de la parole ; ils indiquent les êtres animés
pourvus du don de la parole et sont déterminés directement dans la situation. Les
pronoms à la III-ème personne dénotent tout objet – animé aussi bien qu’inanimé par
l’indication directe (la deixis) ou par la substitution de sa nomination directe
(anaphore).
Fonctions primaires des pronoms personnels. Les pronoms personnels
dénotent un objet avec différent degré de détermination. On distingue la personne
déterminée, indéterminée (avec la variante de la personne écartée (устраненный)) et
absente (impersonnalité).
Personne déterminée est exprimée par les formes des trois personnes. Le
pronom le plus déterminé est celui à la Ière personne (je) qui dans tout acte concret ne
peut dénoter qu’une seule personne. La IIème personne (tu) se trouve moins
déterminée parce qu’une multitude d’interlocuteurs est possible. Encore moins
déterminés sont les pronoms à la I-IIème personnes pluriel qui sémantiquement se
distinguent du pluriel de N. Si tables = table + table + table + … (groupe d’objets
similaires), nous = moi + toi (vous) ou moi + lui (eux) ; vous = toi + toi ou toi + lui
(eux).
Personne indéterminée est exprimée par le pronom on. Il peut
dénoter une personne complètement inconnue : On sonne à la porte (=quelqu’un
sonne); une personne qu’on a vue mais qu’on ne peut nommer : On est venu vous
voir et, enfin, une personne qu’on ne précise pas sciemment (намеренно) suite au
caractère habituel de la situation : On vous a apporté une lettre (on = facteur). On
conserve une part de détermination désignant toujours un sujet animé.
Personne écartée est exprimée par le pronom ça. Il est employé
quand il s’agit d’une source encore moins déterminée, plutôt inanimée, de l’action ou
de l’état : Là aussi, ça sentait la genièvre ; Ça barde ; Ça mord bien le soir (=
клюет).
Personne absente ou impersonnalité est exprimée par le pronom il : Il
pleut ; Il fait beau. Il renvoie aux phénomènes de la nature, à toute la situation. Il
témoigne l’absence du sujet, p. ex. : Pour y aboutir, existe une autre voie (voie -
sujet) et Pour y aboutir, il existe une autre voie (voie – Cod, la position du sujet étant
occupée par il impersonnel). Il et on se répètent toujours auprès les verbes voisins .
Cela s’explique par le fait qu’avec un sujet indéterminé ou absent chaque verbe
représente une proposition isolée et exige, par conséquent, son sujet-pronom : On se
sauvait, on s’échappait, on était brutalement gai.
166
Fonctions secondaires. La fonction de neutralisation n’est propre qu’aux
pronoms dénotant une personne animée.
Une personne généralisée implique que l’action se rapporte à toute personne
possible. En russe c’est la IIème personne du singulier (Что посеешь, то и
пожнешь). En français cette signification est exprimée par la forme pronominale non
marquée on : On récolte ce qu’on a semé. On n’a pas de forme d’objet et dans la
fonction du complément ici on emploie les pronoms nous, vous : Quand on est
inquiet, rien ne peut nous (vous) distraire.
Les significations indéterminée et généralisante de on peuvent être distinguées
à l’aide de la commutation. Dans la fonction indéterminée il peut être substitué par un
autre pronom indéfini : quelqu’un, je ne sais qui etc. : On frappe à la porte –
Quelqu’un frappe à la porte. Dans la fonction généralisante il est commuté avec la
dénomination généralisante des gens : les hommes, tout le monde, personne (à la
négation) : On est volontiers indulgent pour soi-même (= chacun, tout le monde).
Dans la fonction de neutralisation peuvent être employés aussi les pronoms à
d’autres personnes : Je pense donc je suis ; Aide-toi et le ciel t’aidera ; Nous avons
tous assez de force pour supporter les maux d’autrui.
1.4.6. Pronoms possessifs. Ils sont toujours autonomes. La détermination de
la référence y est réalisée dans la catégorie de la possession - rapport entre le
possesseur et l’objet de possession. Ce rapport est exprimé formellement par ce que
certaines catégories les possessifs les prennent au possesseur, d’autres – à l’objet de
possession :
en représentant le possesseur, les possessifs manifestent les catégories
propres aux pronoms personnels et aux verbes : personne: le mien – le tien – le sien
etc. ; nombre: le mien – le nôtre, le tien – le vôtre etc. ;
en représentant l’objet de possession ils expriment les catégories
propres aux N : genre : le tien – la tienne etc. ; nombre : le mien – les miens, le tien –
les tiens etc.
Pareils aux autres pronoms les possessifs peuvent recevoir la signification
généralisante: distinguer le mien et le tien.
1.4.7. Pronoms démonstratifs. Dans les formes différentes de ses pronoms
sont exprimées les catégories suivantes :
I n d é p e n d a n c e/d é p e n d a n c e. Par rapport à cette catégorie on
distingue trois types de démonstratifs :
indépendants (autonomes) : J’aime mieux ceci que cela ; Ce livre est
beaucoup mieux que celui-là ; Ça ne me plaît pas. Ils n’exigent pas d’extension à la
différence des pronoms dépendants ;
dépendants (non autonomes) dans un groupe verbal. Tel est ce
en fonction du sujet auprès le V. être : C’est bon ; et les V. modaux devoir et
pouvoir : Ce doit être lui. Dans des locutions du style livresque est conservé ce
en fonction du Cod : ce faisant, ce disant, pour ce faire et la locution sur ce (sur ce
je vous quitte) ; 87
167
dépendants dans un groupe nominal : celui de ; celle qui ; ce qui, ce
dont.
S u b s t a n t i v i t é / n o n s u b s t a n t i v i t é, a n i m é / n o n a n i m é.
Ceci, cela, ça peuvent avoir une référence non substantivale et substantivale non
animée. Les formes composées celui-ci, celui-là peuvent avoir une référence
substantivale animée aussi bien que non animée: Sais-tu que Jean est malade ? –
Oui, je sais cela // As-tu vu ce dessin ? – Oui, j’ai vu cela // As-tu vu ce dessin ? –
Non, mais j’ai vu celui-là // De ces deux auteurs je préfère celui-ci.
Ce préverbal est le plus abstrait et peut se corréler avec toute référence
indiquant une partie de la réalité objective qui est concrétisée par la situation ou par le
contexte. Voilà pourquoi il est employé dans les énoncés d’identification : Qui t’a fait
ça ? // C’est ton père ? // Ça, c’est la piste qui traverse le coteau.
D é m o n s t r a t i o n. Cette catégorie reflète le moyen de la détermination
propre aux pronoms démonstratifs seuls. Elle exprime la signification de la proximité
/éloignement (dans l’espace ou dans le temps) de l’objet vis à vis du sujet parlant.
Cette signification est celle de base, c’est la raison d’être des démonstratifs. Elle
n’est propre qu’aux formes autonomes.
L’opposition essentielle est l’expression de la proximité (ci) et de
l’éloignement (la, là) : ceci, celui-ci, cela, celui-là : Ceci tuera cela. Dans la fonction
de neutralisation si l’opposition spatiale ou temporelle n’est pas soulignée on emploie
la forme de l’éloignement (cela, celui-là).
168
pronoms exprimant l’indétermination quantitative : quelques-uns,
certains, plusieurs : ils ajoutent à l’indétermination qualitative propre au groupe
précédent l’indétermination quantitative indiquant la pluralité indéterminée d’objets ;
pronoms exprimant l’indétermination qualitative avec la limitation
quantitative d’objets. Ici on distingue les significations: a) d’unicité: un de (un de
mes amis); b) de distribution: chacun, un à un, l’un … l’autre ; c) de totalité: tout,
tous, tout le monde ;
pronoms déterminant la qualité par rapport à un autre élément de la
pluralité : a) identifiants : le même ; b) opposants : autrui, un autre, les autres.
pronoms négatifs exprimant l’absence de l’objet avec les nuances
marquées ci-dessus : personne (ant. quelqu’un), rien (ant . quelque chose), aucun
(ant. chacun), pas un (ant. un de).
Cette communauté des significations incite certains linguistes à les unir dans
un même groupe (Moignet). Ce point de vue est correct pour l’ancien français et pour
le russe contemporain où il n’y a pas de différence entre ces deux formes et qui se
manifestent comme fonctions différentes de mêmes mots et non pas comme mots
différents. Mais le français a vu la distinction des formes selon les trois fonctions ci-
dessus. La signification indéfinie ne s’est conservée que dans les locutions figées du
type Qui que vous soyez ou bien dans les emplois très rares, p. ex. l’emploi
distributif: Tous prenaient pour arme l’objet qui lui tombait sous la main : qui une
fourche, qui une bêche, qui un râteau. On a vu apparaître aussi les relatifs qui ne
peuvent pas avoir la signification interrogative (dont). Et même les formes communes
qui, que, quoi ont sensiblement divergé dans les deux fonctions. Les oppositions
essentielles (dépendance, caractère animé/inanimé, la fonction syntaxique) se
manifestent différemment chez les formes relatives et interrogatives. Les relatifs sont
169
dépourvus de la fonction nominative indépendante, ils ne font que reprendre
l’antécédent et l’emploi indépendant y représente une exception. Les interrogatifs
indiquent directement (avant sa nomination concrète) l’objet dont l’information est
demandée. Voilà pourquoi pour eux c’est l’emploi indépendant qui est surtout
caractéristique, tandis que l’emploi dépendant est plutôt une exception. De cela
découle encore une différence très importante: pour les relatifs la plus importante est
l’opposition de la fonction syntaxique (sujet/complément), tandis que pour les
interrogatifs – l’opposition animé /inanimé. De cette façon, en français moderne les
relatifs et interrogatifs représentent deux groupes différents bien qu’il y ait beaucoup
de phénomènes intermédiaires et de vestiges de l’ancien système.
Pronoms interrogatifs. Les formes et oppositions essentielles peuvent être
représentées de la façon suivante :
173
les pronoms possessifs (y mettre du sien), les relatifs (avoir de quoi), les indéfinis
(c'est quelqu'un), les interrogatifs (qui vive).
La troisième voie de la dépronominalisation est l'emploi des pronoms en
position de redondance ou bien dans des constructions où ils ne sont corrélés à
aucune référence. C'est le cas du pléonasme des pronoms dans le langage parlé
(Pierre il est parti) et dans les construction de la mise en relief avec ce : Ce qu'elle
est belle!
1.5. Verbe
1.5.1. Verbe comme partie du discours. Le verbe représente une des deux
parties du discours essentielles. Il se caractérise du côté de la signification, des
formes grammaticales et des fonctions syntaxiques.
Au point de vue de la sémantique le verbe dénote une action (Il lit, Il marche),
un état (Il dort), une relation (Elle aime les fleurs) sous forme du procès corrélé avec
un sujet et se développant dans le temps. C’est par cela que le verbe se distingue d’un
N verbal qui aussi peut exprimer une action ou un état mais dans la forme la plus
commune sans aucun rapport au temps de l’action ni à un sujet, comparez : Il arrive
et l’arrivée.
La fonction essentielle syntaxique du verbe est celle du prédicat propre à la
forme personnelle du verbe.
Les catégories morphologiques du verbe sont liées à sa signification commune
et à sa fonction syntaxique. Ce sont le mode, le temps, la voix, la personne (avec le
nombre et le genre ).
Parmi les termes liés directement au verbe on distingue les éléments
substantivaux appelés a c t a n t s (sujet, objet, instrument etc., exprimés par des N),
c i r c o n s t a n t s (circonstances exprimés par des adverbes) et a t t r i b u t s
(éléments du prédicat nominal).
Dans les rapports avec les substances et les circonstances différentes se
manifestent les p r o p r i é t é s d u p r o c è s qui, à leur tour, se reflètent ou bien
dans le lexique du verbe, ou bien dans ses catégories grammaticales. On distingue
trois groupes de propriétés d’une action :
particularités intrinsèques quantitatives et qualitatives
de l’action telles que : caractère statique ou dynamique, intensité, caractère itératif ou
non, durabilité ou achèvement, le rapport au résultat etc. Ces propriétés de l’action
sont reflétées dans le lexique du verbe et dans certaines langues (dont le russe) dans
les catégories du mode d’action et de l’aspect ;
propriétés intrinsèques relatives de l’action se manifestant dans ses
liens avec les actants. Elles sont reflétées dans la sémantique du verbe, dans les
catégories lexico-grammaticales de la personnalité /impersonnalité et de la transitivité
et dans les catégories grammaticales de la personne et de la voix ;
95
174
propriétés extérieures relatives reflétant l’attitude des interlocuteurs au
procès (catégorie du mode) ou le rapport temporel de l’action au moment de la parole
et à une autre action (catégorie du temps) ;
Les propriétés s’entrecroisent entre elles, p. ex. le mode d’action et la
transitivité, l’aspect et le temps. En français on distingue d’habitude 4 catégories
morphologiques verbales : mode, temps, personne (avec le nombre et le genre), voix.
L’existence de la catégorie de l’aspect est discutable.
1.5.2. Principes de la classification des verbes. Pareils aux N et aux Adj, les
verbes forment des groupes (sub-catégories) qui se distinguent à la base de la
réflexion dans les verbes des propriétés du procès décrites ci-dessus :
d’après l’indépendance sémantico-grammaticale on distingue verbes
outils / semi-outils / pleins (autonomes) ; verbes à prédication
complète/incomplète ;verbes anaphoriques;
d’après le rapport au sujet on distingue verbes personnels
/impersonnels ; selon le rapport au sujet et à l’objet - groupes de valence, y compris
verbes transitifs/intransitifs ;
d’après les propriétés intrinsèques du procès décrites on distingue
verbes perfectifs/imperfectifs ; verbes statiques/ dynamiques.
La sémantique des verbes dépend de leur distribution ; très souvent on voit le
passage du verbe d’un groupe sémantico-grammaticale à une autre
(récatégorisation) : le V personnel est employé comme impersonnel et inversement ;
transitif comme intransitif etc. Très souvent dans les acceptions et emplois différents
le même verbe se rapporte aux groupes différents.
1.5.2.1. Verbes outils / verbes pleins. Les V outils se distinguent des V pleins
par leur désémantisation (perte - complète ou partielle – de la signification) et
l’incapacité de former un terme de proposition isolé. En français il n’y a pas de V
outils qui se distingueraient formellement des V pleins (comme chez les pronoms ils
et eux ; ce et cela). Les V outils y sont des variantes sémantico-fonctionnelles des V
pleins : bien des verbes pleins dans des conditions appropriées acquièrent la fonction
des V outils. On distingue quelques types fonctionnels de V outils :
verbes auxiliaires faisant partie de la forme morphologique du V
plein (morphèmes détachés). Cette fonction est propre à être (aux temps composés
et au passif), avoir, et aussi aller et venir de (si l’on envisage Futur et Passé
immédiats comme formes morphologiques composées) ;
verbes outils proprement dits qui, ne faisant pas partie de la forme
morphologique du verbe, constituent avec celle-ci un seul terme de proposition
(paraphrase, construction) ; les grammairiens français les appellent parfois V semi-
auxiliaires. Ici on distingue deux cas :
175
- le verbe a la fonction copulative introduisant l’attribut du sujet :
devenir, paraître, se faire, se montrer ou de l’objet : faire, rendre, trouver (Ceci l’a
rendu malheureux) ;
- le verbe forme un prédicat composé avec l’infinitif exprimant des
significations aspectuelles, diathésiques, modales : faire, laisser, être en train de,
être à etc.
Etre et avoir. Le V être peut être V plein dans la signification d’existence
(Cela est = Cela existe) ou de localisation (Il est là). Il est un V outil (semi-auxiliaire)
dans la fonction copulative : Il est ingénieur ; Elle est belle ; dans des périphrases du
caractère aspectuel ou temporel : Il est en train de (sur le point de, en passe de, près
de, loin de) faire qch . Et enfin il est un V auxiliaire dans les formes analytiques :
temporelle (Il est venu) et diathésique (Il est aimé).
Le V avoir conserve sa signification autonome dans le sens de la possession :
Il a un frère, reçoit la fonction semi-auxiliaire dans la périphrase à sens modal : Il a à
vous parler et se manifeste comme un V auxiliaire dans les formes analytiques
temporelles : Il a fait son devoir.
Les V avoir et être se désémantisent dans des combinaisons avec des Nv, N de
qualité et autres avec lesquels ils forment un seul terme de proposition : Il est en
marche ; Elle est au désespoir ; Il a peur ; Il eut un cri. Ici l’action est exprimée par
le N et le verbe est porteur des catégories du temps, du mode, de la personne, de la
voix.
Très souvent les propositions avec avoir et être sont synonymiques et leur
choix est soumis aux règles suivantes :
opposition sémantique : avoir souligne le caractère processif , être –
le résultat de l’action : L’enfant a grandi et L’enfant est grandi. Cette opposition peut
se neutraliser car les deux significations s’entrecroisent : la première passe à la
seconde. D’ici on voit des hésitations dans l’emploi de être et avoir (p. ex. chez le
verbe passer) ;
fonction formelle : être est employé comme V auxiliaire avec les V
pronominaux et certains V intransitifs : Il s’est levé ; Il est allé etc.
Souvent ses verbes reçoivent une fonction distinctive distinguant ou bien les
significations transitive/intransitive (Il est descendu en bas (au premier étage) et Il a
descendu sa valise), ou bien deux significations intransitives : demeurer dans le sens
de «оставаться» se conjugue avec être, et dans le sens de «проживать» - avec avoir.
Verbes à prédication complète et incomplète. Parmi les V pleins on
distingue les V à prédication complète, capables de former une proposition de la
façon autonome (Il marche ; Il dort ; Elle lit), et les V à prédication incomplète, qui,
sans perdre la plénitude de leur signification, ne peuvent pas être employés sans
compléments et/ou circonstances exigés par leur sens : Il fait ses devoirs ; Il se
comporte bien ; Il met son livre ici (on ne peut pas dire : * Il fait ; *Il se comporte ;
*Il met [son livre] ). A ses derniers se rapportent la plupart des V exprimant des
actions ou des relations du caractère abstrait : donner, prendre, appartenir etc. Les V
à prédication incomplète sémantiquement ne sont pas des V outils, mais à force de
176
leur signification abstraite et de leur agencement non isolé dans la proposition, ils
reçoivent assez souvent une fonction semi-auxiliaire et forment, p. ex ., avec un N
abstrait un prédicat analytique : donner la permission (= permettre) ; se mettre en
branle (= se branler). Tous les V outils se caractérisent par la prédication incomplète.
Verbes anaphoriques. Dans la fonction anaphorique les verbes, pareils aux
pronoms, dénotent une action non de la façon directe, mais en corrélation avec un
autre verbe. Le verbe outil anaphorique par excellence est le V faire qu’on appelle
parfois pro-verbe (analogue à pronom) : Il travaille plus qu’il ne faisait l’an dernier.
Ne t’agite pas comme tu le fais. En fonction cataphorique le verbe faire se manifeste
à l’interrogation : Que fais-tu ? – Je lis, ou dans les phrases du type : Le dernier
temps elle ne fait que pleurer.
Dans la fonction anaphorique sont employés les verbes dénotant différents
aspects de l’action, tels que :
phases : commencer, finir ;
faisabilité (осуществимость) : parvenir, éviter ;
identité de l’action : imiter, reprendre ;
attitude des interlocuteurs envers l’action : accepter, obéir,refuser.
P . ex. : - Ne toussez pas ! – J’essaierai (=de ne pas tousser) // Grand offrit au
docteur de monter un moment. Rieux accepta (=de monter). Les verbes essayer,
accepter ne montrent pas à eux-seuls de quelle action il s’agit (à la différence
de tousser, monter), celle-ci se concrétise seulement par son lien avec les verbes
employés antérieurement.
178
de le voir ; c) une subordonnée : Je m’étonne de ce que tu mes dis ; d) un adverbe :
aller là-bas ; e) un adjectif : rendre qn heureux ;
type d’adjonction de l’extension verbale au verbe :direct ou
prépositionnel : aider qn mais nuire à qn ; je lui parle mais je pense à lui.
sémantique de l’extension verbale. Chez les N sont très importantes
les caractéristiques suivantes du sujet ou de l’objet : animé /inanimé, abstrait/concret,
unicité/pluralité. P.ex., le verbe abonder exige un sujet ou un complément au pluriel
ou anumérique : Le poisson abonde dans
cette rivière ; Cette rivière abonde en poisson ; le verbe éprouver dans l’acception
de ‘чувствовать’ s’agence avec un complément abstrait : éprouver une grande joie,
des difficultés ; le verbe manger - avec un sujet animé ;
en fonction de la présence des valences, de leurs particularités et de la
sémantique de l’extension verbale un verbe peut souffrir des glissements de sens
plus ou moins sensibles, p. ex. : Il me donne des conseils et la porte donne sur la rue.
Groupes de valence. Dans le plan grammatical les valences les plus
importantes sont celle de sujet et celle d’objet. En ce qui concerne le sujet, pour le V
français il est très important de distinguer les V personnels qui peuvent être
employés dans les formes de différents personnes et nombres et les V impersonnels
qui ne sont employés qu’à la IIIème personne singulier (Il pleut). On les appelle parfois
unipersonnels).
1. Verbes impersonnels décrivent un processus indivisible de sa source. Les
V. impersonnels primaires dénotent l’état de l’environnement : le temps, les
phénomènes atmosphériques (il pleut, il bruine) ou ils ont une signification modale (il
faut) .En qualité d’impersonnels peuvent être employés les V. personnels dénotant
l’existence (il existe), l’apparition (Il surgit des nuages dans le ciel), le mouvement
(Il arrive un train) et d’autres processus. Les V. impersonnels peuvent être
intransitifs (Il pleut), transitifs (Il arrive un train) et bitransitifs (Il me faut ce
dictionnaire)
2. Verbes personnels en fonction de la valence d’objet se divisent en quatre
types.
verbes monovalents (intransitifs) avec la valence de sujet obligatoire
mais sans celle d’objet (S + V) dénotent d’habitude : a) l’existence (Cela n’existe
pas) ; b) l’apparition ou la disparition (L’enfant naît ; la douleur a disparu) ; c) un
état et son changement (Il dort ; Il s’endormit), d) un mouvement (Le train
marche) ; e) une action concentrée dans le sujet et ne passant pas sur l’objet (La
terre tourne) ;
verbes bivalents dénotent : a) des actions liées à un objet (Elle
prépare le repas ), b) des rapports entre le sujet et l’objet (Pierre a une soeur ; Il
aime sa soeur), c) un mouvement par rapport à l’objet (Pierre va à Paris). Ces
verbes peuvent avoir deux types de constructions : transitive, sans préposition (S +
Vt + Cod) : (Il écrit une lettre ;Il a atteint le sommet) et intransitive ou
179
prépositionnelle (S + Vi + Coi) où le N est joint au verbe à l’aide d’une préposition :
(Il obéit à son père ; Il est arrivé au sommet) ;
verbes trivalents (bitransitifs) (S + Vi + Cod + Coi) sont accompagnés
de deux compléments : direct dénotant l’objet subissant l’action du sujet et indirect
dénotant une personne ou un autre objet en faveur desquels on produit cette action.
Ces verbes peuvent exprimer : a) le transfert des objets matériels – les verbes de
donation : donner (Il donne un livre à son ami), fournir, vendre, envoyer etc. et
d’«enlèvement» : acheter (une voiture à un voisin), prendre etc. ; b) le transfert de
l’information - les verbes de la parole : dire , raconter, expliquer, enseigner,
apprendre etc. et de présentation : montrer, présenter ; c) les verbes de
déplacement des objets : mettre, placer, attacher etc.
verbes quadrivalents où le quatrième actant est facultatif (S + Vt +
Coi1 + Coi2) : Il traduit un livre du français en russe ; Il apporte à Marie ce cadeau
de Paris.
Transitivité Transitivité
sémantique syntaxique
(présence (présence du
obligatoire du Cod)
complément)
(1) Il marche dans - -
la rue
(2) Il travaille la - +
nuit
(3) Il obéit à son + -
père
(4) Il prend le + +
livre
Les deux premières structures sont intransitifs : dans l’exemple (2) l’élément la
nuit, bien qu’il soit joint au V sans aide de la préposition, représente un Ccirc. de
temps et non un complément d’objet. Dans le (4) le verbe est transitif des deux points
de vue. C’est le (3) qui est discutable. La tradition grammaticale française rapporte
180
ces verbes aux transitifs distinguant les V. transitifs indirects (ex . (3)) et les V.
transitifs directs (ex. (4)).
Suivant la tradition grammaticale russe, en nous basant sur des critères
grammaticaux, nous allons envisager les V. transitifs indirects comme intransitifs et
nous allons rapporter aux transitifs les V. transitifs directs seuls.
181
aux V inactifs se rapportent les V dénotant une action involontaire,
spontanée : rougir, apercevoir, voir, entendre etc. Comparez : Il regarde
attentivement le tableau et *Il voit attentivement le tableau.
Le plus grand degré d’activité du sujet se manifeste chez les verbes c a u s a t i
f s (ou factitifs) qui indiquent la cause ou expriment l’incitation du sujet à l’action.
Les verbes de chacun des six groupes structuro-grammaticaux décrits ci-dessus
peuvent avoir leur variantes factitifs : lexicales (voir - montrer) ou analytiques
(constructions causatives : voir – faire voir). Les V causatifs ont une valence de plus
que les V décausatifs correspondants. P. ex., V décausatif V causatif : être
créer; se trouver tenir (Mes papiers se trouvent dans ce tiroir Je tiens mes
papiers dans ce tiroir); aller envoyer; périr tuer; tomber renverser; ne pas
pouvoir empêcher; sortir chasser; avoir donner (= faire avoir); savoir
apprendre qch à qn.
Toute propriété grammaticale liée au verbe incite à distinguer d’autres groupes
lexico-grammaticaux. Ce sont, p. ex. les V de phase ayant une signification
aspectuelle et indiquant le commencement, le déroulement et la fin de l’action
(commencer, continuer, finir) et qui peuvent s’agencer avec l’infinitif. Les V
modaux sont étroitement corrélés avec la catégorie morphologique du mode et
peuvent aussi s’agencer avec l’infinitif. Ils entrent dans le groupe plus large de V de
modus qui dénotent la parole (dire), la connaissance (savoir, apprendre), la
perception (voir), le désir (vouloir), l’attitude subjective (regretter) et peuvent se
joindre une subordonnée complétive. Il y a encore les V prospectifs (vouloir, décider
– dirigés vers l’avenir), les V rétrospectifs (oublier – dirigés vers le passé) et les V
performatifs (ordonner, promettre – expriment l’action réalisée par l’acte même de la
parole).
185
3. Conditionnel. Les discussions sur la position du conditionnel dans le
système verbal sont dues au fait qu’il représente un exemple frappant d’asymétrie
entre la forme et le contenu. Dans le plan de la forme le conditionnel à la différence
des trois autres modes n’est pas le résultat du développement des formes
correspondantes latines, mais une nouvelle formation romane. Ses marques
morphologiques appartiennent à l’indicatif puisque comme le futur il est formé de
l’infinitif mais à l’aide des désinences de l’imparfait.
Dans le plan du contenu la forme en –rait a deux emplois essentiels :
modal: l’expression de supposition (Il le ferait volontiers)ou d’une
action dépendant d’une condition (S’il faisait beau, on irait se promener). Voilà
pourquoi le terme «условное наклонение » n’est pas exact, puisque le conditionnel
exprime non une condition, mais une action conditionnée (sa conséquence);
temporel : l’expression de l’antériorité par rapport au passé (futur
dans le passé) : Il a dit qu’il viendrait.
La difficulté de l’interprétation du conditionnel est due à l’installation de la
proportion entre ces deux significations.
Fonctions du conditionnel. Il s’emploie dans des propositions indépendantes
et dans différents types de subordonnées, avant tout – complétives, relatives, plus
rarement – dans les subordonnées de condition.
La fonction essentielle du conditionnel est d’exprimer une action éventuelle.
Une action éventuelle est une action p o t e n t i e l l e, supposée, liée à des
conditions appropriées. Dans la signification du conditionnel s’unissent les sèmes
«possibilité» + «prospectivité» (tendance à l’étape postérieure) + « condition». Dans
les significations différentes du conditionnel les proportions entre ces trois sèmes
peuvent changer. P. ex. le sème «prospectivité» peut s’effacer . La condition est
exprimé de la façon la plus explicite dans une subordonnée de condition : Si je te
demandais de partir avec nous, tu le ferais. Mais elle peut être exprimée par un
terme de proposition qui de la façon implicite ou plutôt réduite représente une
condition : Demain, il aurait été trop tard (= si on faisait cela demain …). Le sème
« possibilité» est exprimé dans la proposition relative : Je cherche quelqu’un qui
pourrait l’aider.
Les fonctions secondaires se manifestent très souvent dans la distribution
particulière du conditionnel. Dans le plan sémantique elles sont liées à
l’affaiblissement du sème «condition», parfois – du sème « prospectivité» ou du sème
«possibilité» :
à l’affaiblissement du sème «condition» le conditionnel peut exprimer
une s u p p o s i t i o n : Elle serait malade, pensa-t-il ;
la supposition se trouvant à la base d’une autre action peut recevoir
la nuance de c o n d i t i o n - c o n c e s s i o n. Le conditionnel reçoit cette
signification dans la proposition principale (la signification concessive - даже если
бы … - est conditionnée par la négation dans subordonnée) : D’ailleurs, on le
voudrait qu’on ne retrouverait le bracelet semblable ; // Les aurait-il lus (= ces
papiers), qu’il n’aurait pas su y déceler les pièges dont ils étaient semés ;
186
une action éventuelle est une action moins déterminée, moins réelle
et catégorique qu’une action exprimée par l’indicatif. Le conditionnel employé à la
place de l’indicatif exprime l’a f f a i b l i s s e m e n t d e l a r é a l i t é de
l’action et comme suite se forment les significations modales suivantes :
a) affirmation non catégorique (souvent dans des propositions
interrogatives) : Tu voudrais t’en aller, Frank ?
b) expression atténuée d’une incitation, d’une prière, d’un conseil :
Voudriez-vous fermer la fenêtre? Vous devriez acheter ce livre;
c) affirmation sans garantie d’authenticité au transfert de l’information
issue d’une autre personne. Dans ce cas l’énoncé est conditionné non par un autre
événement, mais par une opinion, dans ce cas par l’opinion issue d’une source
étrangère : La catastrophe aurait fait dix morts (=selon les informations) ;
d) action imaginaire : Jouons avec le chat. Ce serait ma fille. Je serais une
dame ;
e) prédisposition à une action : Je passerais un mois au Caucase.
f) négation catégorique d’une action comme impossible (à
l’interrogation) : J’aurais fait cela ? - Чтобы я сделал такое?!
Au transfert de l’action dans le plan du passé l’éventualité de l’action se réduit
car le plan du passé se présente comme plus déterminé que le plan du futur. Comme
suite le sème « prospectivité» efface toutes les autres sèmes et le conditionnel reçoit
une s i g n i f i c a t i o n t e m p o r e l l e exprimant la postériorité de l’action
par rapport au passé (futur dans le passé) : Il dit qu’il viendrait dimanche. De cette
façon le futur dans le passé représente une des variantes sémantico-fonctionnelles du
conditionnel. Ce qui le distingue de l’indicatif c’est que :
il n’exprime pas toujours une action complètement actualisée,
déterminée;
cette signification s’y réalise dans des conditions spécifiques – dans
les subordonnées seulement, 109 tandis que les autres formes relatives au passé (plus-que-
parfait) conservent cette signification dans tous ces emplois.
Le conditionnel est employé dans des locutions figées exprimant la similitude :
On dirait qu’il va pleuvoir // Je sens comme qui dirait une brûlure et dans la
conjonction composée ne serait-ce que.
189
proche l’opposition temps linéaires/ponctuels du français. Analysons les deux
oppositions grammaticales auxquelles on attribue la signification de l’aspect.
1. Temps simples/temps composés. Cette opposition est traitée : a) ou bien
comme temporelle (les temps composés expriment la corrélation temporelle,
l’antériorité), C’est le point de vue de la grammaire traditionnelle ; b) ou bien comme
opposition aspectuelle : non achèvement/achèvement. C’est le point de vue de G.
Guillaume qui envisageait les formes simples comme décrivant une action dans son
déroulement (aspect tensif), les formes composées indiquant l’état postérieur à
l’achèvement de l’action (aspect extensif).
Ce double caractère des formes composées s’explique par le fait que l’idée de
l’antériorité est étroitement liée à la notion de l’achèvement de l’action : une action
achevée à un moment donné se trouve souvent accomplie au point de vue de
l’atteinte par l’action de sa limite intérieure. E. Benveniste souligne le statut double
des formes composées qui forment avec les temps simples deux types de rapports.
Elles expriment la perfectivité (accomplissement de l’action + le caractère actuel de
la situation comme résultat de l’action pour le moment donné) et antériorité – par
rapport au présent - action au passé, prétérit. Dans les conditions concrètes l’une ou
l’autre signification prédomine. Dans la proposition Je ne le vois pas, il est parti
c’est la perfectivité (résultat de l’action) qui est soulignée (=Maintenant il n’est pas
là). Dans Hier, il est parti à 5 heures c’est la signification temporelle du prétérit qui
est accentuée (=Il est parti à un moment concret). A l’avis de V.G.Gak dans les
formes composées c’est la signification de l’antériorité qui prédomine. Les causes en
sont suivantes:
l’antériorité est une notion plus large que la perfectivité
(achèvement) aspectuelle. Toute action achevée se trouve antérieure par rapport à
l’action postérieure, mais pas toute action antérieure se trouve achevée dans le sens
de l’atteinte de sa limite intérieure. Très souvent un temps composé dénote une
action antérieure sans nuance d’achèvement : Trois mois auparavant, c’est-à-dire à
l’époque où sa mère vivait encore, on l’avait appelé le prince de Bearn. Le contexte
indique qu’il s’agit non pas de ce qu’on l’a nommé ainsi, mais qu’il portait ce titre à
la période précédente. Le processus même est imperfectif. La signification dépend de
la sémantique du verbe et de la construction de la proposition. Avec un V perfectif se
réalise la signification de l’achèvement ; avec un V imperfectif – l’antériorité
temporelle ;
la signification de l’achèvement est représentée de la façon différente
dans différentes formes composées : elle se réalise presque toujours aux temps
antérieurs, mais elle est moins obligatoire pour les temps composés les plus usités -
le plus-que-parfait et surtout le passé composé ;
l’insuffisance de la nuance perfective chez les formes composées a
contribué au développement des formes surcomposées qui expriment toujours
l’achèvement, et avec cela les formes surcomposées les plus usitées – passé
surcomposé (il a eu fait) et plus-que-parfait surcomposé (il avait eu fait)
190
correspondent justement aux formes composées où la perfectivité se manifeste de la
façon la moins régulière ;
comme moyens d’expression de la corrélation
temporelle les formes composées font partie d’un système plus large de formes
verbales indiquant non seulement l’antériorité, mais aussi la simultanéité et la
postériorité. De cette façon, malgré les hésitations possibles, la nature double des
formes composées, on peut conclure que la signification essentielle de ces formes est
celle de la corrélation temporelle et avec cela assez souvent simultanément se réalise
la signification aspectuelle de l’achèvement de l’action, surtout avec des V perfectifs.
2. Temps surcomposés. Les plus usités sont le passé et imparfait
surcomposés (Il a eu fait ; il avait eu fait), plus rarement se rencontrent futur et
conditionnel surcomposés (Il aura eu fait ; Il aurait eu fait). Ils ne s’emploient que
dans la langue parlée. Ils dénotent une action antérieure à celle exprimée par une
forme composée : Quand j’ai eu lu mon livre, je suis sorti ; // Quand il a eu fini de
déjeuner, il s’est endormi. On suppose que ces formes ont apparu pour exprimer une
action achevée antérieure, puisque les formes composées ont commencé à perdre
cette capacité. On peut conclure que si les formes composées expriment avant tout la
corrélation temporelle (antériorité), la fonction essentielle des formes surcomposées
est l’expression de l’aspect perfectif.
3. Temps linéaires/temps ponctuels. En français il y a des formes verbales
qui n’indiquent pas les limites temporelles de l’action (présent, imparfait, parfois on y
inclut futur simple) et celles qui
indiquent la limitation de cadre temporel de l’action (PS, PC). Les premières
s’appellent duratives ou linéaires, les seconds – limitées ou ponctuelles. Certains
linguistes envisagent l’opposition de ces formes dans le plan du passé :
imparfait/PS,PC comme une opposition aspectuelle exprimant non
achèvement/achèvement, caractère duratif/ non duratif de l’action. H. Bonnard
explique la différence entre PS et imparfait de la façon suivante : le premier exprime
un laps de temps embrassé par l’action en sa totalité (Henri IV régna de 1589 à
1610), le second exprime un point sur ce laps de temps (Henri IV régnait en 1604). Il
illustre cela par le schéma suivant:
X
1589 - 1592 - 1595 - 1600 - 1604 - 1608 - 1610
191
à la différence de l’aspect perfectif russe PS et PC peuvent dénoter une
totalité divisée, c’est-à-dire, un procès composé d’une série de procès analogues.
C’est pourquoi ils sont employés à la dénomination d’une action itérative : Plusieurs
jours il revint pour le voir ;
l’action exprimée par les formes ponctuelles françaises n’est pas
toujours achevée intérieurieurement ; la raison essentielle de leur emploi est
l’achèvement de la limite temporelle au cours de laquelle se déroule l’action. C’est
pourquoi PS et PC peuvent correspondre à l’aspect imperfectif russe. Quand l’action
a un cadre temporel (circonstances du type dix minutes, deux jours, de 4 à 7 heures,
longtemps) ou une limite (jusqu’à minuit), en français s’il s’agit d’un verbe
imperfectif est employé un temps ponctuel, tandis que en russe on emploie l’aspect
imperfectif, puisqu’il s’agit d’une action qui continue (l’aspect perfectif est possible à
la transposition du verbe dans le mode d’action limitatif avec es préfixes по-, про-).
P. ex. : J’ai dormi jusqu’à dix heures - Я (про)спал до десяти часов; J’ai travaillé
hier soir très tard - Я (по)работал вчера допоздна.
De cette façon la totalité de l’action exprimée par les temps linéaires français
touche non l’achèvement intrinsèque du procès, c’est-à-dire, l’atteinte par le procès
de sa limite naturelle, mais plutôt les conditions extérieurs de son déroulement, sa
limitation dans le temps. La signification de cadre temporel (commencement, fin,
commencement et fin ensemble) y est représentée toujours, tandis que celle de
l’achèvement – pas toujours. Tout cela permet de conclure que l’opposition
imparfait/PS,PC exprime de préférence et avant tout une signification temporelle.
192
corrélation temporelle se composant de trois oppositions :
antériorité, simultanéité, postériorité ; elle est exprimée par des formes composées et
autres formes ;
temps limité/illimité dans le passé; elle est exprimée par l’opposition
passé simple (passé composé)/imparfait. (Imp/ PS [PC]) ;
action actuelle/non actuelle dans le passé ; elle est exprimée par
l’opposition passé composé/passé simple (PC/PS) ;
intervalle temporel : une action proche/éloignée ; il est exprimé par des
formes immédiates.
193
As- Mo
Passé Prése Futur opposition pect da-
nt lité
neutralisati
on
194
conjonctions et types de propositions. P. ex. dans les deux parties de la
proposition de condition le présent peut exprimer une action se rapportant au plan du
futur : Si tu bouges, je t’assomme et jette par la fenêtre.
195
il y a des formes spéciales seulement pour la dénomination de
l’antériorité ; pour l’expression de la simultanéité et de la postériorité on emploie
d’autres formes dans leurs fonctions secondaires (imparfait, conditionnel) ;
la catégorie de la corrélation temporelle englobe non seulement les
formes verbales composées, mais aussi autres formes.
Problème de la concordance des temps. La catégorie de la corrélation
temporelle se manifeste de la façon la plus claire dans la concordance des temps,
c’est-à-dire, l’emploi des formes temporelles dans la subordonnée en fonction du
temps dans la principale. En nous rendant compte des règles de la concordance des
temps comme faits de
la langue, il faut remarquer que dans la langue moderne, surtout dans le
langage parlé on voit bien des écarts des règles classiques de la concordance qu’on
peut réunir en deux groupes :
les écarts dus au contenu de la subordonnée. Si elle exprime une
vérité commune, atemporelle, elle conserve le présent même si dans la principale il y
a le passé : Madame d’Espard … savait qu’on ne laisse pas ignorer longtemps une
médisance à ceux qu’elle blesse.
les écarts dus à la forme de la principale. La concordance ne se fait pas
souvent avec le PC dans la principale : Il a dit qu’il est en train de lire (a lu, lira) ce
livre. Cela est lié aux particularités du PC : sémantique (lien avec le moment de la
parole) et morphologique (le forme du présent de l’auxiliaire). Voilà pourquoi assez
souvent la concordance avec le PC se fait comme avec le plan du présent et non du
passé.
Ces écarts montrent que la concordance des temps n’est pas seulement une
assimilation formelle, mais aussi l’accord des significations des formes temporelles
dans une phrase complexe.
3. Limitation du temps de l’action. La forme temporelle peut représenter une
action ou bien comme limitée ou bien comme non limitée dans le temps. Cette
distinction rapproche de la distinction aspectuelle mais ne coïncide pas
complètement avec cette dernière. Le présent est un temps non limité, futur est neutre
à l’expression de cette signification : ici le caractère du déroulement de l’action est
déterminé en grande partie par la sémantique du verbe : les V perfectifs montrent la
limitation de l’action dans le temps, les V imperfectifs - sa non limitation. P. ex. : Il
viendra à deux heures (action limitée dans le temps) ; Après le déjeuner, il dormira
(une action prolongée). Il en est autrement dans le plan du passé où ces significations
sont exprimées par des formes différentes.
La non limitation de l’action dans le temps est exprimée par le temps linéaire
imparfait, la limitation – par les temps ponctuels PS ou PC. P.ex. : Il travaillait quand
je suis entré et Il a travaillé deux heures avant de s’en aller.
Cette opposition : temps limité/non limité de l’action se manifeste de la façon la
plus claire si elle coïncide avec l’opposition des V imperfectifs/perfectifs:
199
La particularité du français se manifeste en ce que la première fonction (a)
n’est propre qu’à l’impératif. Dans tous les autres cas cette catégorie est de préférence
formelle et modificatoire.
1.6.3.2. Catégories du nombre et du genre. La sémantique de la catégorie du
nombre verbal ne se distingue pas de celle des pronoms.
La catégorie du genre chez le verbe a un caractère asémantique. Elle se
manifeste :
a) dans les temps composés conjugués avec être : Elles sont venues ; Elle s’est
repentie ;
b) dans la voix passive : Elle a été invitée ;
c) dans les temps composés avec avoir à la préposition du Cod : La lettre qu’il
a écrite n’est pas arrivée. Dans ce dernier cas le nombre et le genre ont une fonction
purement formelle et ne sont pas marqués dans le prédicat verbal composé : les
lectures que j’ai commencé à faire.
200
corrélées et reversibles entre elles. La voix active peut être transformée en voix
passive et réfléchie : La mère lave son enfant L’enfant est lavé par sa mère
L’enfant se lave. La voix impersonnelle est corrélée avec la voix moyenne et ne peut
être formée que des verbes intransitifs.
Les significations diathésiques s’entrecroisent entre elles ; parfois il est assez
difficile de les distinguer. Ainsi toute absence de l’objet déplace le verbe du côté de la
signification moyenne (= intransitive). C’est pourquoi très souvent une forme
pronominale exprime la voix moyenne. Par exemple : Cet enfant peut s’habiller seul
(voix réfléchie); Cette femme sait s’habiller (voix moyenne). La voix passive aussi à
l’absence du complément d’agent reçoit la signification moyenne. Par exemple : La
porte sera ouverte par la concierge (voix passive) ; A 8 heures la porte sera ouverte
(signification moyenne, l’état).
1.6.4.1. Problèmes théoriques des voix. Le système des voix est caractérisé
par l’asymétrie, puisque, d’un côté, la même signification peut être exprimée par des
formes différentes et de l’autre, la même forme peut avoir des significations
différentes. Par exemple, en français il n’y a pas de marques spéciales des
significations active et moyenne. La distinction des voix est donc déterminée par la
présence des formes correspondantes. En français il y a cinq formes auxquelles on
pourrait attribuer des significations diathésiques : forme active (il lave), forme
passive (il est lavé), forme pronominale (il se lave), forme causative (il fait laver),
forme impersonnelle (il arrive un train). Le problème consiste en leur interprétation
ou bien comme des formes morphologiques du verbe ou bien comme des formations
syntaxiques. C’est seulement dans le premier cas qu’on peut parler de la voix comme
d’une catégorie grammaticale. Il y a au moins 4 interprétations différentes des
formes de voix :
opposition de trois formes: (lave/est lavé/se lave) exprimant les voix
active, passive et réfléchie (Bogomolova);
opposition de deux formes : active/passive ; la forme réfléchie n’est
pas envisagée comme une forme spécifique de voix et est distribuée entre active /
passive ( Wagner–Pinchon);
opposition des formes: active/pronominale (Stéfanini);
opposition de quatre formes : active/passive/ pronominale /factitive.
Dans ce cas le syntagme faire laver est envisagé comme la forme morphologique du
verbe (Référovskaïa –Vassiliéva);
ni forme passive ni forme pronominale ne sont envisagées comme des
formes spécifiques de la voix ce qui mène à la négation de l’existence de la voix
comme catégorie morphologique. Dans ce cas on avance le point de vue que les
rapports diathésiques doivent être examinés dans la sphère de la syntaxe et non de
la morphologie verbale (F. Brunot; Sauvageot; Riegel et al. ; Wilmet).
L’essence des significations diathésiques se manifeste en ce qu’à la voix active
le sujet grammatical et le sujet sémantique (source de l’action) coïncident (Les
201
ouvriers construisent une maison), tandis que à la voix passive le sujet grammatical
dénote l’objet de l’action (La maison est construite par les ouvriers) et qu’aux voix
réfléchie et réciproque le sujet grammatical inclut en même temps le sujet et l’objet
sémantiques. Ces significations peuvent être exprimées de façons différentes :
syntaxiquement, morphologiquement, lexicalement. Le changement de la corrélation
entre les actants sémantiques (sujet, objet) et syntaxiques (sujet grammatical,
compléments) indifféremment aux moyens d’expression s’appelle diathèse. Ce
phénomène est étudié dans la syntaxe. La voix dans la linguistique est traitée de deux
manières : de façon large et étroite : dans le premier cas il coïncide avec la notion de
la diathèse, dans le second la voix ne représente que les moyens morphologiques de
transformations ; dans ce cas elle fait partie de la diathèse. En grammaire française on
ne distingue pas toujours nettement la voix morphologique et la diathèse et on appelle
voix tout moyen de transformation des rapports sujet-objet. Par exemple, J. Dubois
décrit deux types de transformation passive de la proposition Le soleil jaunit les
papiers: a) les papiers sont jaunis par le soleil ; b) les papiers jaunissent au soleil.
Dans les deux cas nous sommes en présence d’une diathèse, mais dans a) cette
transformation est accompagnée de transformation formelle du prédicat (jaunit
sont jaunis), dans b) – il n’y a pas de transformation (à l’exclusion de la signification
du nombre). La seconde transformation est du caractère sémantico-syntaxique, tandis
que la première – du caractère morphologique. Ainsi tout le problème de la catégorie
de la voix se réduit à la détermination de la nature des formations analytiques : être
lavé, se laver, faire laver. Enterprêtant faire laver comme une formation syntaxique,
analysons les structures être lavé (le soi-disant passif analytique) et se laver (la
forme pronominale).
205
la possibilité de la substitution des pronoms me, te, se par les formes
moi, toi, lui (-même) : Pierre s’admire Pierre n‘admire que lui ;
la possibilité de l’emploi de l’adverbe du type volontairement, qui
souligne l’activité du sujet. Par cela la voix réfléchie se distingue de la moyenne : Il
s’est blessé en tombant (moyenne) ; Il s’est blessé volontairement (réfléchie).
Il en y a deux constructions : directe (Il se lave) et indirecte (Il se lave les
mains ; Il se nuit).
La voix réciproque se forme presque des mêmes verbes que la voix réfléchie,
mais le sujet grammatical 130
y est toujours au pluriel. Elle peut être complétée par les
éléments l’un (à) l’autre, mutuellement etc : Ils se regardent (l’un l’autre). La voix
réciproque a aussi deux constructions : directe (Ils s’admirent) et indirecte : (Ils se
nuisent).
2. Fonctions secondaires de la forme pronominale. Elles se manifestent en
ce que cette forme reçoit la signification des catégories opposées : du passif ou de
l’actif :
le passif pronominal a comme marque la transformabilité en
construction active. Il peut avoir deux types de constructions :
- à t r o i s t e r m e s avec un agent exprimé. Ici l’agent joue un
rôle moins actif qu’au passif analytique ; il ne peut pas être exprimé par un nom
animé et il est lié non par la préposition par, mais par d’autres prépositions : à, avec,
de, ayant plutôt la signification circonstancielle ou instrumentive qu’agentive :
L’humidité gâte les fruits Les fruits se gâtent à l’humidité. Tout amuse les enfants
Les enfants s’amusent de tout ;
- à d e u x t e r m e s qui se caractérise par :
a) l’absence du sujet puisque le sujet réel est indéfini (on) : Ce journal se
vend partout On vend ce journal partout ;
b) un sujet non-animé puisque un sujet animé auprès le verbe pronominal
forme la voix réfléchie : Cette étoffe se lave bien (passif) et Cet enfant se lave bien
(réflexif).
Le passif pronominal rend le sujet grammatical plus actif que le passif
analytique. Dans la forme du présent il s’emploie très souvent pour exprimer une
action ou une propriété généralisée et par cela il reçoit une nuance modale déontique
(необходимость) ou de possibilité : Les erreurs, ça se paie ; Ce livre se lit
difficilement ; Ça se voit rarement.
Les deux types du passif se trouvent dans les rapports de la distribution
complémentaire : chez les V. perfectifs la signification du présent est exprimée par un
passif pronominal (La maison se construit), la signification du passé – par un passif
analytique (La maison est construite) ;
la forme pronominale peut avoir la fonction de la voix active. Dans ce
cas-là elle exprime une action « moyenne ». Cette signification se forme chez les V.
transitifs : rendre se rendre ; lever se lever; avancer s’avancer. On les
appelle de pseudoréflexifs ou de réfléchis-moyens. Le pronom se ici est le signe de
l’intransitivité, il marque l’absence de l’objet, la concentration de l’action dans le
206
sujet. Cela les rapproche sémantiquement des V. intransitifs à la forme active. Les
particularités des V. réfléchis-moyens:
a) ils peuvent s’employer avec un sujet grammatical animé aussi bien que
non-animé: Je me lève; Le brouillard se lève (à la différence de la voix réfléchie
qui se réalise auprès un sujet grammatical animé: Je me lave et de la voix passive qui
se réalise auprès un sujet 131
grammaitical non-animé: Ça se vend);
b) ils ne se transforment pas à la voix active parce qu’ils y appartiennent
eux-mêmes ; à la différence du passif ils ne présupposent pas d’’omission du sujet
sémantique ; p. ex. L’équipe s’est réunie n’est pas la même chose que On a réuni
l’équipe ;
c) à la différence du passif ils n’ont pas de limitation temporelle ; on
peut dire : La branche s’est cassée (pseudo-réflexif), mais on ne peut pas dire: *Ce
plat s’est mangé froid (passif).
Fonction asémantique. Le morphème se se désémantise perdant le lien avec
l’expression des rapports sujet-objet, parce que le verbe pronominal n’est pas corrélé
avec un verbe transitif. On y distingue trois cas :
a) se est joint à des verbes intransitifs : s’en aller ; se mourir ;
b) le verbe simple n’existe pas, se représente la partie intégrante de la
forme verbale : s’évanouir ; s’efforcer ; s’envoler ; se repentir ; se désister. De tels
verbes s’appellent essentiellement pronominaux ou réfléxiva tantum ;
c) la forme pronominale, enfin, peut avoir la fonction distinctive distinguant
la signification des verbes : rendre – se rendre ; apercevoir – s’apercevoir de ;
douter – se douter de.
3. Transposition des formes diathésiques. Les trois formes diathésiques –
active, passive, pronominale – forment un paradigme. Elles se distinguent par leur
significations essentielles, mais peuvent avoir les significations des membres
opposés. Cela peut être accompagné de neutralisation des significations quand le
choix de la forme est tout à fait ou presque indifférent : Le pâté a (s’est) moisi. Mais
plus souvent nous nous trouvons en présence de la transposition où le transfert dans
la sphère d’une autre forme est accompagné du changement de la signification. Nous
avons déjà parlé de la polysémie des formes passives et pronominale. Mais la forme
active n’est non plus moins polysémique. A côté de la signification purement active
(Pierre fait ses devoirs), elle peut exprimer la signification moyenne (Pierre dort) et
la signification passive (Pierre reçoit des coups de Paul = Pierre est battu par Paul :
mais : Pierre donne des coups à Paul = Pierre bat Paul). La transposition des formes
diathésiques peut être illustrée de la façon suivante (les fonctions primaires sont
soulignées) :
Significati Formes
ons Active Réfléchie Passive
208
Selon la théorie d’actualisation de G. Guillaume les FI reflètent l’étape initiale
la moins actualisée du chronogénèse (génération) de la notion sur le procès. L’Inf.
dénote une action à l’étape antérieure de sa réalisation qui peut avoir lieu mais qui ne
se réalise pas encore. Le PI dénote une action qui est partiellement réalisée mais qui
se trouve encore partiellement à l’étape du devenir, c’est-à-dire, une action en
accomplissement. Le PII représente une action comme complètement réalisée.
1. L’infinitif est la forme verbale sémantiquement la plus abstraite. Elle unit
les traits d’un V et d’un N, mais les premiers prédominent ce qui permet de la placer
parmi les formes verbales.
Sémantique de l’infinitif. L’infinitif possède toutes les significations lexicales
propres à la forme personnelle. Mais pareil à un N, l’Inf. n’a pas d’expression
morphologique de la personne, du temps absolu et du mode. Cela contribue à
l’apparition de la signification abstraite : l’Inf. nomme une action en général sans
l’attribuer à un sujet concret. Par le degré d’abstraction l’Inf. occupe la place
intermédiaire entre une forme personnelle et un Nv : il court – courir – la course.
Expression des catégories à l’infinitif.
A. La signification de la personne à l’Inf. est exprimée syntaxiquement.
D’habitude dans la position de sujet, d’attribut ou d’épithète l’infinitif indique une
personne généralisée (обобщенное лицо) analogue à la forme personnelle avec on :
Partir c’est mourir un peu (= Quand on part, on meurt un peu). Ici l’infinitif est
analogue à un Nv qui peut indiquer aussi une personne généralisée, p. ex. : Le départ
c’est une espèce de mort.
Dans la fonction de complément ou d’attribut le sujet de l’Inf. est exprimé par
son lien syntaxique avec le sujet ou l’objet du verbe. On distingue l’Inf. subjectif
(son sujet coïncide avec le sujet grammatical) : Pierre veut partir et objectif (son
sujet coïncide avec le complément) : Jean dit à Pierre de rester.
B. Catégorie de la voix. Par rapport à cette catégorie l’Inf. occupe la place
intermédiaire entre un V à la forme finie et un N. P. ex. à l’Inf. est souvent neutralisée
l’opposition transitivité/ intransitivité (à comparer : avancer et avancer qch), mais
toute forme finie est toujours déterminée au point de vue de la voix (dans les deux cas
Il avance - la voix active). Un Nv dans sa forme n’exprime pas la voix, il peux avoir
les deux significations diathésiques : l’avancement peut exprimer un mouvement
autonome du sujet aussi bien qu’un mouvement causé par une influence extérieure.
L’Inf. possède la voix morphologique (aimer – être aimé). La neutralisation de la
signification diathésique se manifeste en ce que :
la même construction peut réaliser les deux significations diathésiques
dont chacune est déterminée par la distribution et la sémantique des mots liés à
l’infinitif : de la pierre à bâtir (active), une maison à bâtir (passive) ; prêt à faire
qch (active), difficile à faire qch (passive) ; J’entends chanter cette chanteuse
(active), J’entends chanter cette chanson (passive) ;
la forme passive dans certaines constructions est substituée par la
forme active : Le livre vaut la peine de lire (ou d’être lu).
209
Fonctions syntaxiques de l’infinitif. La diversité des fonctions rapproche
l’Inf. du N. Il peut se rapporter à un verbe (oublier de faire qch), à un adjectif
(difficile à faire), à un nom (la joie de vivre). On distingue deux groupes de
fonctions primaires :
dénotant une action dans la forme la plus commune et abstraite, l’Inf. est
employé en fonction de sujet grammatical et d’attribut, p. ex . : Vouloir c’est
pouvoir. En fonction de sujet l’Inf. est employé le plus souvent sans préposition.
La préposition de concrétise l’énoncé ou bien exprime une nuance causative, p.
ex . : D’avoir à prendre seul la décision lui donnait un afflux de force. En fonction
d’attribut, au contraire la préposition est employée beaucoup plus souvent, surtout
après c’est, où il exprimerait une plus grande concrétisation : Son rêve est d’avoir une
voiture ;
dénotant une action dépendant d’une autre action exprimée par la
forme personnelle du verbe l’autre fonction primaire de l’Inf. est celle de l’expression
d’une action concomitante indiquant le but, les conditions, les circonstances du
procès principal exprimé par la forme finie, p. ex., le but : Il se leva pour me
montrer son livre ; la cause : Il a reçu une bonne note pour avoir bien répondu la
leçon ; le contenu du procès : Je l’entends chanter une chanson.
Fonctions syntaxiques secondaires de l’infinitif. Dans ses fonctions
secondaires l’Inf. dénote l’action principale et non pas concomitante au sein du
prédicat ou bien il détermine un N ou un V (et comme tel étant substitut de l’Adj. ou
de l’Adv.) :
l’infinitif exprime un prédicat de la façon autonome en fonction du soi-
disant infinitif de narration : Et lui de rire. Et le lièvre de courir. La conjonction et
souligne le caractère inattendu de l’action ;
l’infinitif représente le terme essentiel d’une proposition à un terme à
signification : interrogative : Epouser qui ? ; exclamative : Moi, mentir ! ; d’un
ordre, d’un conseil : Eplucher les pommes et couper en quartiers ; de nomination :
« Guérir», « Nous loger» (titres des revues) ;
l’infinitif fait partie d’un ensemble prédicatif . Dans ce cas se manifeste
la divergence, l’asymétrie entre les structures formelle et sémantique. L’inf. étant
l’élément dépendant du syntagme reçoit la charge sémantique essentielle, tandis que
la forme personnelle étant formellement l’élément régissant – exprime des
caractéristiques complémentaires de l’action. Dans ce cas le verbe à la forme finie
exprime des significations modales, aspectuelles ou diathésiques de l’action : Il peut
répondre ; Il a commencé à lire ; On m’a obligé à venir. Ce sont les verbes à
prédication incomplète qui ne peuvent pas former un prédicat autonome. Ainsi à la
question Que fait-il ? on ne peut pas répondre : *Il commence, *Il peut etc. à moins
que cela ne découle de la situation ou du contexte. Le verbe à la forme personnelle
peut exprimer une caractéristique circonstancielle de l’action. Si nous comparons : Il
parlait sans cesse // Il ne cessait de parler, nous verrons que dans la première
proposition l’action est exprimée par le Vf et sa caractéristique – par le Ccirc. Dans la
210
seconde le Vf exprime pratiquement la circonstance tandis que l’Inf. exprime l’action
même. Dans ce cas le Vf est dépourvu de l’indépendance prédicative puisque l’Inf.
est indispensable pour que l’énoncé soit grammaticalement correct ;
l’Infinitif exprime la circonstance de l’action, p. ex . : C’était un
garçon blond … qui choisissait à ravir ses cravates (=choisissait très bien) ;
l’infinitif peut avoir la fonction d’épithète : machine à coudre,
machine à taper où l’Inf. exprime la destination de l’objet ou autres propriétés, p.
ex . : Elle rêvait sa vie à venir (= sa vie future).
2. Gérondif. Le gérondif est une FI dénotant une action complémentaire
subordonnée à l’action exprimée par le prédicat. La marque formelle du G. est le
morphème détaché en qui est omis dans des locutions figées où phraséologiques :
(chemin faisant, ce disant). Il se distingue du PI par sa distribution et les rapports
syntaxiques dans la proposition. PI, exprimant une propriété de la substance, peut être
corrélé à tout actant de la proposition. Le G., dénotant une action subordonnée à
l’action du prédicat est corrélé au sujet grammatical seul. Comparez : Jean a vu
Marie sortant de l’école et Jean a vu Marie en sortant de l’école. Dans la première
phrase (PI) sortant est corrélé au Cod (Marie). Dans la seconde en sortant (G) est
corrélé au sujet grammatical (Jean).
Fonctions et la sémantique du Gérondif. Exprimant une action
concomitante, complémentaire à l’action principale, le G. a pour la fonction primaire
l’expression de la simultanéité, du parallélisme des actions. Il peut exprimer une
simple simultanéité des actions : Chaque fois, en passant, je faisais à Marie un signe
familier ; ou bien une manière de l’accomplissement de l’action, l’ambiance dans
laquelle se déroule l’action : Je marmonnais quelque chose en me reculant tout au
fond de la pièce. Je partis en courant vers la ville.
Les fonctions secondaires apparaissent là où sont rompus ou bien le principe
de dépendance ou bien le principe de simultanéité. Ce sont les cas suivants :
le G exprime une action égale à celle exprimée par le prédicat : Il
marchait en chantant Il chantait en marchant. La possibilité du remplacement
mutuel du Vf et du G sans détriment du sens confirme l’égalité sémantique des deux
formes. Ici le G représente le moyen formel de la substitution de la coordination par
la subordination (au lieu de Il marchait et chantait) ;
le G exprime les rapports logiques, avant tout la condition et la cause.
Cette signification se réalise à la rupture de la simultanéité de deux actions : Il est
mort en mangeant les champignons vénéneux (action du G est antérieure à celle du
prédicat et exprime la cause) ; Vous recevrez un catalogue en écrivant à cette adresse
(l’action du G est antérieure à une autre action au futur et comme telle exprime la
condition) ;
dénotant une action opposée à celle du prédicat, le G reçoit la
signification concessive soulignée par l’adverbe tout : Tout en se disputant souvent,
ils n’auraient pas pu se passer l’un de l’autre - Хотя они часто спорили … ;
211
Le G se grammaticalise dans la périphrase avec le verbe aller où il
exprime le déroulement de l’action : A mesure que les deux hommes descendirent, le
bruit alla s’affaiblissant . Ici l’absence de en est la survivance historique ce qui fait
voir parfois dans cette forme le participe présent.
212
condition, concession etc. surtout au cas de la préposition du participe au prédicat : Le
jour du départ, voyant les choses empirer d’heure en heure, il se désola ; Maurice,
exaspéré de fièvre, sortit d’un saut brusque. Suite au caractère adjectival du participe
cette signification fait partie de sa fonction primaire, tandis que pour le Gérondif elle
est secondaire.
Les fonctions secondaires des participes se manifestent en expression de la
prédication de la façon autonome où ils remplacent une forme personnelle. Ce sont
les cas suivants :
dans les tours participiaux absolus :La cour d’assises évitée, il respire
//La leçon finie, les garçons quittèrent la classe ;
dans les propositions nominatives, dans les titres des tableaux, des
articles : L’empereur Sévère reprochant à Caracalla d’avoir voulu l’assassiner (Le
tableau de Grésat) ; Routine bousculée (titre d’article) ;
à l’ellipse d’un V outil le PII peut remplacer une forme personnelle :
Finie la vie glorieuse, mais finis aussi la rage et les soubresauts (= c’est fini de …).
Les ellipses sont possibles dans des formules du langage parlé : Compris (= j’ai
compris).
213
En nous appuyant sur le point de vue de V.G. Gak nous allons rapporter à la
classe d’Adv. les mots autonomes seuls en les séparant de cette façon des particules.
214
1.7.3. Fonctions syntaxiques des adverbes dans la proposition. Les
fonctions p r i m a i r e s des Adv. sont :
expression de la circonstance auprès un verbe. Cette fonction se
manifeste en adjonction directe de l’Adv. au verbe : Il marche lentement ; Il lit
beaucoup ; Il est arrivé hier ;
expression de l’intensité auprès un Adj. ou un autre Adv. : C’est
bien difficile ; très exactement.
Si un Adv. accompagnant un Adj. exprime non l’intensité mais une autre
signification il faut envisager celle-ci comme sa fonction secondaire. Dans ce cas il
acquiert ou bien une signification relationnelle substituant une locution
substantivale : des familles économiquement faibles des familles faibles au point
de vue de leur situation économique, ou bien il exprime un lien de
cause /conséquence: une personne naïvement ridicule une personne qui se rend
ridicule avec (à cause de) sa naïveté. Dans les exemples : les vêtements
dégoûtamment malpropres ; une dame étrangement blonde l’Adv. montre la
conséquence – impression produite par la caractéristique exprimée par l’Adj.
Comme toute autre PdD autonome l’Adv. peut former une proposition
incomplète isolée : Comment allez-vous ? – Un peu mieux aujourd’hui.
1.7.3.1. Les fonctions s e c o n d a i r e s de l’adverbe se manifestent en
rupture de son lien immédiat avec le verbe, ou bien il se rapporte à une autre PdD. Ce
sont :
adverbe détaché exprimant un complément de phrase,
le thème de l’énoncé (Au loin, une barque apparut), ou bien une prédication
complémentaire (La barque apparut, au loin) ;
fonction modale liée aussi souvent à la mise en détachement. Un mot
modal se rapporte non seulement au prédicat, mais à toute la proposition : p. ex. : Un
trait distinctif ne sera noté que s’il est susceptible d’assurer effectivement une
différenciation. Ici effectivement est un Adv. qualitatif dans sa fonction primaire.
Mais dans : Il l’a fait, effectivement, cinq ans plus tard – effectivement est un mot
modal en fonction d’une incise modale ;
fonction de liaison (связующая) où l’Adv. exprime le rapport entre
deux énoncés (toutefois, premièrement). Elle est liée aussi à la mise en détachement
intonatoire de l’Adv ;
épithète auprès un N : Après le bombardement, il ne restait que
quelques maisons debout. Un tel emploi de l’Adv., fréquent en russe (комната
внизу, дорога направо), est moins usité en français et souvent interprété comme un
Adj. invariable. Les Adv. locaux et temporels reçoivent facilement la fonction
d’épithète à l’aide des prépositions : les gens d’ici ; le monde de demain. Les N et les
pronoms peuvent être déterminés par des Adv. identifiants : lui aussi ; Pierre surtout
ne pouvait pas venir ;
sujet ou complément (Adv. quantitatifs) : Beaucoup sont absents
(parfois beaucoup dans cet emploi est interprété comme pronom indéfini).
215
1.7.3.2. Adverbe comme élément régissant d’un groupement de mots
(GdM). Bien que très souvent l’Adv. soit un terme dépendant de la proposition, il
peut, à son tour, être l’élément régissant d’un GdM où il peut subordonner :
d’autres Adv. : bien plus ; très bien ;
compléments prépositionnels : indépendamment des autres
circonstances ; peu de temps ; beaucoup d’hommes ;
propositions subordonnées en exprimant la modalité volitive : Vivement
que cette guerre finisse.
Enfin, avec les Adv. peuvent s’agencer des prépositions (à jamais, au
loin etc.) et des mots outils exprimant le degré de comparaison : Il travaille aussi
bien que son voisin .
217
L’Adv. très peut s’agencer avec un Adj., un Adv., un PII (très aimé) et avec
un N là où celui-ci perd sa substantivité : J’ai très (bien) faim et aussi avec des
locutions adverbiales (très à la lettre).
Tous les Adv. quantitatifs (à l’exception de très) joignent le N à l’aide de la
préposition de. Bien que l’Adv. soit formellement élément régissant du groupement
de mots, sémantiquement il dépend du N dont la preuve est l’accord du V avec le N :
Peu d’hommes sont venus. Les Adv. quantitatifs avec de acquièrent auprès un N la
fonction d’un déterminatif : ils actualisent ce dernier, p. ex. : beaucoup de livres –
plusieurs livres.
Ils peuvent acquérir les fonctions d’un N :celles du sujet, du complément en
coïncidant dans ce cas avec les pronoms personne, rien, tout : Beaucoup sont venus ;
Peu le savent ; Combien sont venus ? ; J’ai beaucoup vu ; celle de l’attribut : Ils sont
trop ; Combien sont-ils ? Par leur distribution les Adv. qualitatifs rappellent les N en
coïncidant avec ceux-ci dans le plan syntaxique, mais s’en distinguant dans le plan de
leurs formes morphologiques.
219
de l’appréciation rationnelle expriment les significations de réalité, de certitude
(assurément, certainement, effectivement, évidemment, incontestablement etc.) ; de
possibilité, d’incertitude (peut-être, apparemment, probablement,
vraisemblablement) ; de nécessité, d’imminence (неизбежность) (fatalement,
nécessairement, immanquablement) ; d’éventualité (par hasard).
Les particularités distributifs des Adv. modaux sont :
position non fixée dans la proposition y compris devant
la particule négative pas : Il ne viendra évidemment pas ; Il ne viendra pas
évidemment ; Evidemment, il ne viendra pas ;
possibilité de joindre une subordonnée complétive. Cela s’explique
par ce qu’un mot modal représente un équivalent sémantique de la principale
exprimant le modus : le jugement du sujet parlant sur le dictum : Elle n’a rien obtenu
… Mais peut-être après tout, qu’elle n’a pas prié suffisamment (= on peut croire que
…) ;
ils forment facilement un énoncé isolé : Croyez-vous que cela vaille la
peine ? Certainement. Dans ce cas les mots modaux se rapprochent
fonctionnellement des mots-phrases.
En linguistique on unit les mots modaux en une PdD isolée. Mais en français
ils conservent un lien étroit avec les Adv. La plupart des mots rapportés aux mots
modaux sont en même temps employés comme des Adv. qualitatifs : Je n’avais
jamais pu regretter vraiment quelque chose (по-настоящему – Adv. qualitatif) ;
Mais non, vrai-ment, je ne le pense pas (в самом деле, действительно – Adv.
modal). Voilà pourquoi en français moderne les mots modaux doivent être envisagés
comme une sous-classe sémantico-fonctionnelle au sein des Adv. et non comme une
PdD isolée.
1.7.4.5. Adverbes précisants. Ces adverbes avec les Adv. de liaison
participent à la formation du niveau du discours de l’énoncé. Ce sont :
adverbes caractérisant le mode d’expression de la pensée :
franchement, honnêtement, proprement, littéralement, à vrai dire, sincèrement ;
adverbes soulignant l’appartenance de l’énoncé à une personne donnée :
personnellement, à mon avis ;
soulignant et limitant un élément de l’énoncé : précisément,
particulièrement, généralement, justement, en somme, en général, notamment,
seulement.
3.7.4.6. Adverbes de liaison. Ils généralisent un énoncé et expriment les
rapports logiques entre les énoncés et /ou leurs parties. A la différence des Adv.
modaux ceux-ci ne peuvent pas former une proposition isolée. Ce sont :
adverbes généralisants : bref, finalement, enfin ;
adverbes indiquant la succession : premièrement, primo, initialement,
ultérieurement ;
adverbes indiquant des liens logiques différents : conséquence –
donc, aussi, ainsi, par conséquent ; opposition – cependant, d’ailleurs, toutefois,
220
néanmoins, pourtant, au contraire, du reste, en tout cas ; similitude – également, en
même temps, aussi, de même ; explication – en effet.
Ces derniers adverbes sont proches fonctionnellement des conjonctions.
227
suite, toujours, toutefois et d’autres qui différencient les significations exprimées par
des CC simples.
228
de la proposition principale, quoique – concession etc. Mais elles peuvent recevoir
des fonctions secondaires pareilles aux prépositions. P. ex. les conjonctions
temporelles à la transposition de la signification dénotent des rapports plus abstraits :
cause (du moment que, dès que), opposition (alors que, quand).
D’autre part la conjonction si dans ces fonctions secondaires (dans les
subordonnées faussement conditionnelles) peut exprimer des rapports temporels : S’il
se trompait, on le corrigeait (всякий раз, когда…), la concession : Si mes dépenses
restent les mêmes, mes ressources diminuent (хотя мои расходы прежниe…).
1.7.8. Transposition mutuelle des conjonctions et des mots des autres PdD.
Les conjonctions sont en contact très étroit avec les autres PdD. Surtout mobiles sont
les limites entre les conjonctions et les Adv. Ceux-ci font partie de plusieurs locutions
conjonctives : à moins que, d’autant plus que, tant que. Placé à la tête de la
proposition et exprimant la liaison avec la proposition précédente, un Adv. reçoit des
fonctions conjonctives : Elle ne pouvait parler, tant elle pleurait. Il s’endormait à
table, tellement il a couru (… потому что он набегался).
Ici il faut nettement distinguer les Adv. où, combien, pourquoi, comment
d’une part, et quand et comme - de l’autre. Les premiers ne peuvent joindre que la
subordonnée – question indirecte et dans ce cas ils conservent la nature adverbiale en
ajoutant la fonc-tion de liaison. Ils se sont figés au niveau de transposition
syntaxique. Les deux derniers peuvent aussi avoir cette fonction (joindre une question
indirecte). Mais ils peuvent aussi joindre les propositions d’une autre nature : Je
viendrai quand tu viendras ; Comme il était tard, il partit. Ici ils peuvent être
substitués par une autre conjonction (quand = lorsque ; comme = puisque). Voilà
pourquoi, à la différence des quatre premiers, on peut les qualifier comme
homonymes grammaticales : quand conj. et adv. ; comme conj. et adv.
De même se pose la question sur les CC auxquelles certains linguistes ajoutent
les Adv. de liaison : cependant, pourtant, puis etc. Mais les propriétés de ces Adv.
vis-à-vis des conjonctions (leur position dans la phrase, leur structure sémantique)
montrent qu’ici il s’agit de la transposition syntaxique et non de la conversion
complète de l’Adv. en conjonction et de l’apparition des homonymes.
D’autre part très souvent les conjonctions peuvent se substantiviser (des mais
et des si) ; Très souvent elles font partie des particules et des interjections, p. ex. et et
que font partie des particules emphatiques : Et moi qui n’avais pensé à ça ! Ce qu’on
est bête !
229
1.8. Prépositions. Particules.
Mots-phrases. Interjections
232
Les prépositions complexes peuvent se trouver en alternance avec les
prépositions simples devant un infinitif se manifestant comme des variantes
syntagmatiques de ces dernières : avant le départ, mais avant de partir.
236
relation, avec exprime aussi une relation (=envers) : son amabilité avec tout le
monde ; être docile avec ses parents.
Le choix de la préposition peut dépendre de sa distribution. P. ex. pour
l’expression des rapports instrumentaux le choix des prépositions avec, à, de, par est
lié au caractère de l’élément dépendant. Si le N est abstrait ou n’exprime pas
spécialement l’instrument, on emploie d’habitude par : la paix par la négociation ;
envoyer qch par la poste ; devant les mots dénotant une partie du corps – de (saisir
d’une main) ; à est employée dans les rares locutions avec l’article défini (pêcher à
la ligne, écrire à l’encre) ; avec – dans tous les autres cas.
Cela va sans dire que le choix de la préposition est déterminé aussi par des
facteurs paradigmatiques, par des nuances significatives (p. ex. s’il s’agit d’un
moyen et non d’un instrument, c’est la préposition de qui est choisie).
1.8.5. Transposition mutuelle des prépositions et des mots des autres PdD.
1.8.5.1. Passage des mots des autres parties du discours en prépositions.
Nous avons déjà signalé les cas de la formation des prépositions des autres PdD : N
(chez, malgré), Adj. (sauf, plein), Part. (vu, excepté). L’Adj. et le Part. deviennent
préposition devant un déterminatif. La transposition est marquée par l’absence de
l’accord : plein les poches, passé dix ans, vu ces difficultés.
Dans la langue parlée certains N et Adv. reçoivent la fonction de la préposition :
côté cour, côté jardin ; Question conduite, il est difficile ; Je l’ai cherché partout
Paris. Ce sont les prépositions composées qui y sont surtout nombreuses. Ce sont les
agencements avec un N (à l’intention de, en comparaison de, de passage à, par
rapport à) et avec des formes verbales (venant de).
1.8.5.2. Passage des prépositions en d’autres parties du discours. De leur
côté les prépositions passent en d’autres PdD. Ce sont les cas du passage de la
préposition en Adv. (Je ne suis pas contre), en N (le pour et le contre), en éléments
des mots composés (un sans-travail, des à côtés, un encas, l’après guerre, alors,
dehors). Les prépositions font partie des locutions conjonctives : avant que, dès que
etc. Une préposition posée au commencement da la phrase et ayant perdu sa fonction
de liaison se transforme en particule isolante. P. ex. dans Pour moi, il n’a rien
apporté le mot pour est une préposition (= Il n’a rien apporté pour moi). Mais dans
Pour moi, je n’y crois pas pour est une particule (Что касается меня, то я в это
не верю). A la base de la préposition de sont formés les articles du, de la, des. De se
manifeste souvent comme substitut de l’article. A la base de la préposition en s’est
formée la particule du Gérondif en.
1.8.6. Problème des mots se trouvant hors des PdD. Dans la langue il y a
des mots qui par leurs propriétés ne peuvent être rapportés à aucune des PdD
«traditionnelles». P. ex. l’académicien L..Tcherba y rapportait des mots tels que
даже, да, нет et autres. Il y a de tels mots en français aussi. P. ex. J. Damourette et
E. Pichon distinguaient entre autres quelques classes de mots appelés
«struments» qui n’entrent en aucune PdD traditionnelles, p. ex. « struments
237
anaphoriques (oui, non, si)», «struments démonstratifs» (voilà, voici), ne
«discordantiel («размежевательное») », « strument limitatif» (rien que) et autres.
Dans la tradition grammaticale russe ces mots se rapportaient à une partie du
discours à part appelée particules. Mais ces mots se divisent nettement en deux
types : outils (du type ne, rien que etc.) ne pouvant pas être employés de la façon
autonome et autonomes capables de former une proposition isolée. Cette distinction
est très importante et nous allons distinguer comme E.A. Référovskaïa et A.K.
Vassiliéva des mots outils - p a r t i c u l e s (émotionnelles-modales-renforçantes,
limitatives et négatives) et des mots autonomes - m o t s - p h r a s e s – substituts de
toute une proposition : oui, non, voilà. Les particules font partie de la structure de
l’énoncé, les mots-phrases symbolisent syntaxiquement un tel énoncé.
238
a) renforçantes avec des nuances logico-expressives : bien (C’est
bien lui), que (que non), même (Je l’ai rencontré ici même), donc (Venez donc par
ici), mais (Bête, mais bête !), un peu (Je me demande un peu), quoi (C’est vrai,
quoi), quand (Quand on vous le dit), puisque (Puisqu’on vous le dit) ;
b) explicatives : comme, en tant que ;
c) limitatives : ne … que, seulement, rien que ;
d) confrontantes (сопоставительные) : même (Même les plus forts ne le
supportent pas), voire (Ce travail prendrait des mois, voire des années), non
seulement … mais aussi ; aussi bien que ; tant … que ; (moi) non plus, (moi) aussi ;
e) détachantes (отделительные) : quant à (moi), pour (moi), pour ce qui
est de (moi) ;
f) comme moyen de mise en relief (выделительные): c’est que ..., ce
que…, c’est … qui (que) ;
g) comparatives : plus, moins, aussi, autant (dans des constructions
comparatives) ; les marques d’intensité : si, que (Que vous êtes joli !)
1.8.7.2. Particules négatives. En français elles sont très spécifiques. La
particule ne est toujours un mot outil préverbal se trouvant devant un verbe (ou
devant un pronom conjoint 169 ou bien devant pas préposés à l’infinitif).
La fonction primaire de la particule ne est la participation en expression de la
négation : Je ne le vois pas. Jamais je ne l’ai vu. Pour le français littéraire
contemporain est caractéristique l’emploi de ne dans une négation double avec une
particule négative ni, pas (point, guère), un Adv. (jamais, plus, nullement,
aucunement), un pronom ou un déterminatif (personne, rien, nul, aucun). Ainsi la
négation française et b i n é g a t i v e, c’est-à-dire, elle se compose de deux
éléments : ne … pas etc. Mais, dans des conditions spécifiques (particularités
stylistiques de la parole, phraséologie syntaxique) la négation peut devenir m o n o n
é g a t i v e : ne ou pas (personne, rien etc) restent seuls. De cela provient la
concurrence entre ne, ne … pas et pas :
ne seul exprime la négation dans les phraséologismes syntaxiques
qui ont conservé la norme de l’ancien français : Je n’ai cure ; Je n’ai garde ; Il
n’empêche que… ; N’importe ; Qu’à cela ne tienne ; Je n’ai que faire de tout cela ;
Que ne suis-je… ; N’était … ;
ne est employé dans le langage littéraire, ne… pas - dans le langage
plutôt parlé avec les verbes : Je n’ose ; Je ne puis ; Il ne cesse ; Il ne sait ce qu’il
veut ; Je ne sais quel (qui, où) ; Il n’est chose qui ne … Aussi dans les subordonnées
conditionnelles : Si je ne me trompe ; dans les subordonnées relatives après le
Subjonctif : C’est la seule chose qu’il ne connaisse ;
ne … pas s’emploie dans le langage littéraire, pas - dans le langage
familier et parlé : Je vois pas ; Je vois personne.
Les fonctions secondaires (non négatives) de ne sont :
participation à l’expression de la l i m i t a t i o n dans la construction
ne … que : Il ne lit que des livres français. L’union des constructions limitative et
239
négative forme une tournure hybride (= не только) : Il ne lit pas que des livres
français ;
fonction de d é s é m a n t i s a t i o n dans les cas du soi-disant ne
explétif . Ici ne n’a pas de signification négative et presque toujours peut être omis
sans détriment du sens de la proposition. Ne explétif se rencontre dans les
subordonnées complétives après les verbes exprimant la peur, l’interdiction,
l’obstacle etc. (J’ai peur qu’il ne vienne ; J’empêche qu’il ne vienne) ; après certains
verbes à la forme négative ou interrogative (Il ne nie pas qu’il ne se soit trompé) ;
après les conjonctions avant que, à moins que, depuis que, sans que ; dans les
propositions comparatives (Il est plus actif qu’il n’était avant).
Désirant donner une explication commune à tous les emplois de ne,
Damourette et Pichon affirment que ne exprime non la négation, mais une
signification grammaticale particulière – la discordance (размежевание) entre une
qualité et un étalon abstrait170dans les propositions de comparaison, entre le désir du
sujet parlant et l’événement possible dans les propositions après les verbes de peur
etc. Ne discordanciel avec les particules autonomes négatives exprime une négation
(ne … pas), avec que limitatif – une limitation (ne … que). Quand on dit on n’a … ,
la particule ne à elle seule n’indique pas de négation, elle indique seulement la
discordance du fait donné avec la supposition, mais le caractère de cette discordance
- absence complète ou partielle - dépend de la particule postérieure (pas ou que).
1.8.7.3. Particules négatives non préverbales. Ce sont pas, point,
guère, non, non plus, ni. Elles peuvent être employées non seulement devant un
verbe. Pas peut être aussi un adverbe quantitatif négatif en combinaison avec de +N ;
elle alterne ici avec les autres adverbes quantitatifs : pas d’histoires, pas de chance (à
comparer avec peu, beaucoup, assez de livres). A la différence de non, pas dans la
langue littéraire ne s’emploie pas isolément, voilà pourquoi elle ne peut pas être
considérée comme mot-phrase. P. ex. – Tu acceptes ? – Non ou absolument pas ; Il
est rentré ? – Non ou pas encore. Elle est employée dans la langue parlée comme
substitut de n’est-ce pas mais toujours comme une partie de la proposition : Tu
m’écriras, pas ? ; dans les réponses elliptiques : Tu viendras ? – Moi, pas ; avec des
Adj. ou des N : C’est un travail pas difficile ; Pas une voiture sur la route!
Point comme pas peut être un adverbe quantitatif négatif (Point d’argent,
point de Suisse) et une particule négative. A la différence de pas, point comme guère
peut être employé isolément dans la réponse se rapprochant des mots-phrases.
Non représente une particule négative devant des Adj. et des Adv. : des objets
non indispensables ; non sans peine. Avec un N il est suivi d’un trait d’union et est
envisagé comme préfixe : non-intervention. Dans l’emploi autonome il se rapporte
aux mots-phrases.
241
non seulement elles ne disparaissent pas, mais les mots des autres PdD passent
constamment à la classe des interjections.
Il est plus fondé d’envisager les interjections comme une classe particulière de
signes de discours ( V.V. Vinogradov). Elles possèdent leur propre signification. Leur
particularité réside en ce qu’elles reflètent la réalité de la façon continue où le côté
émotif n’est pas détaché du rationnel, le sujet du prédicat. Et c’est ce qui rend
nécessaire leur existence dans la langue ; la parole humaine a besoin des moyens qui
puissent exprimer directement des émotions et des réactions psychiques, refléter les
phénomènes de la réalité présents dans la conscience humaine de la façon continue.
L’interjection est une PdD réunissant des lexèmes exprimant de la façon non
divisée les réactions du sujet parlant, sa volonté et qui reflètent des phénomènes du
monde extralinguistique.
A ces propriétés sémantiques des interjections sont liées certaines particularités
de leur forme et de leur fonctionnement.
Particularités formelles des interjections. Formellement les interjections se
divisent en:
mots phonétiquement symboliques : ah, eh, fi, pst ;
mots des autres PdD, leur combinaisons : miséricorde !
chapeau ! des nèfles ! (дудки! как бы не так!) tu parles! allons donc!
A la transposition des mots des autres PdD en interjections outre le
changement de la signification il peut y avoir la destruction de la forme
grammaticale du mot : pas touche (au lieu ne touche pas) ; tiens ! peut être adressé à
une personne qu’on ne tutoie pas, tandis que allons – à une personne qu’on tutoie.
Cela témoigne la dégrammaticalisation de la forme chez les interjections.
L’insuffisance des moyens formels est compensée par l’intonation. Si la
signification substantielle et logique d’un mot des PdD essentielles ne dépend pas de
l’intonation, la signification de l’interjection est déterminée très souvent par
l’intonation (p. ex ; ah exprimant l’étonnement, la douleur, l’admiration etc.).
Fonctions syntaxiques des interjections. La fonction syntaxique p r i m a i r
e des interjection est celle de l’élément d’introduction dans la proposition. Très
souvent cet élément se trouve à la tête de la proposition exprimant la réaction du sujet
parlant qui ensuite se manifeste clairement dans la forme discontinue de la
proposition. P. ex. dans la phrase Bon, j’y vais le consentiment est exprimé de
double façon. Dans la phrase Voyons, laisse-le parler l’incitation est exprimée
d’abord par l’interjection, et puis de la façon plus explicite par l’impératif.
Sémantique des interjections. En représentant des signes de discours, les
interjections peuvent être classifiées en fonction de leur corrélation avec la Ière, IIème
et IIIème personne de la173
parole.
Les interjections corrélées à la Ière personne de la parole expriment les
émotions et les sentiments du sujet parlant (ah, aïe, hélas ! oh, eh), sa réaction à ce
qui se passe (dame ! parbleu ! hourra! ).
Les interjections corrélées à la IIème personne de la parole expriment une
incitation, une stimulation, une protestation etc. ; (chut ! halte ! allons ! voyons !
242
penses-tu !), appel (allô, dites donc). Ce sont aussi les formules de politesse
(bonjour !).
Les interjections corrélées aux non participants de la parole dénotent des
phénomènes de la réalité extralinguistique. Ce sont tout d’abord les onomatopées
(tic-tac ! boum ! pan ! couin-couin, meuh). De telles interjections peuvent avoir la
fonction des prédicats interjectifs (du type russe раз! чик!). ce sont toc! vlan!
patatras !
Interjections et autres parties du discours. Très souvent les N deviennent
interjections à la suite de la réduction de la locution. P. ex. Je vous tire mon chapeau !
(Я восхищаюсь вами) s’est transformé en Chapeau ! (Молодец!) ; Faire la barbe à
qn надоедать кому-то s’est transformé en La barbe ! (Надоело!)
De leur côté les interjections enrichissent les autres PdD. Elles s’unissent avec
les particules et mots-phrases en locutions : ah oui ! oh non ! Elles s’exposent
facilement à la substantivation : J’ai entendu un crac ; pousser des oh ! et des ah !
Souvent une interjection (y compris substantivée) forme avec un verbe à sens
commun une locution verbale : Il n’a pas eu le temps de dire ouf ( comparez en
russe : ух! et ухнуть!)
2. Syntaxe
Les unités de la syntaxe sont : le groupe de mots, la proposition et la phrase.
Le groupe de mots est la plus petite et la plus simple unité syntaxique de la
proposition.
La proposition est une unité de sens et de communication grammaticalement
organisée. C’est l’unité principale de la syntaxe.
La phrase est une unité syntaxique plus complexe que la proposition et peut
être formée de deux ou de plusieurs propositions.
244
2.1.1. Groupes de mots libres. D’après la nature du mot principal, on
distingue les groupes de mots libres suivants : 1. le groupe nominal ; 2. le groupe
verbal ; 3. le groupe adjectival ; 4. le groupe adverbial ; 5. le groupe pronominal.
1. Le groupe nominal est constitué par les éléments suivants :
nom – préposition – nom : la cour de l’école
le livre de mon ami
un chapeau de paille
une montre en or
une brosse à dents, etc.
Le substantif, en fonction de complément, qui fait partie du groupe nominal,
s’emploie avec l’article ou sans article. Précédé de l’article, il sert à désigner une
notion d’objet, tandis que employé sans article, il marque une qualité, une quantité,
une propriété, et sert à caractériser un objet. Employé de la sorte, le substantif remplit
les fonctions d’un adjectif et n’a pas d’indépendance syntaxique.
Il est à noter que les groupes de mots constitués de deux substantifs, réunis par
une préposition, et dont le deuxième sert à caractériser le premier, ont une grande
extension en français. En russe ces cas sont moins fréquents :
246
partitif : du, de la, de l’, et l’ article indéfini pluriel des, qu’on omet dans ces
conditions syntaxiques :
orner de fleurs, ne pas apporter de fleurs, bouquet de
fleurs, beaucoup de fleurs, plein de fleurs.
Ces groupes sont constitués d’un verbe à l’infinitif et d’un verbe à la forme
personnelle, employé comme auxiliaire, qui ajoute au sens du verbe conjugué
différentes nuances grammaticales: de temps, de mode, d’aspect et de voix :
Il va passer son examen. Il vient de passer son examen.
Il veut passer son examen. Il doit passer son examen.
Il se met à pleurer. Il finit par pleurer.
On le fait jouer. On le laisse jouer.
Il ne faut pas confondre les groupes de mots grammaticaux avec les groupes
syntaxiques libres, et les formes analytiques des mots :
Où va-t-il ? Il va dîner. (groupe syntaxique libre)
Que va-t-il faire ? Il va dîner. (groupe de mots grammatical)
249
Thème IV. Lexicologie
1. L'objet de la lexicologie.
2. Les rapports paradigmatiques et syntagmatiques.
3. Les liens entre la lexicologie et les autres branches de la linguistique.
4. Méthodes d'analyse lexicologique.
5. La théorie du mot.
6. Les sources ďenrichissement du vocabulaire français.
7. La formation des mots.
8. La formation des locutions phraséologiques.
9.Structuration sémantique et formelle du vocabulaire du français moderne.
10. Les couches lexicales du français moderne.
11. Lexicographie. Types de dictionnaires.
Bibliographie:
1.Синицын, В. В. Конспект лекций по лексикологии французского языка [Электронный
ресурс] / В. В. Синицын. – Тула, 2007. – 23 с. – Режим доступа :
http://window.edu.ru/catalog/pdf2txt/752/67752/41116.
2. Гак В.Г. Сопоставительная лексикология. (На материале французского и русского языков)
/ В.Г. Гак. – М. : Междунар. отношения, 1977. – 264 с.
1. L'objet de la lexicologie
250
3. Les liens entre la lexicologie et les autres branches de la linguistique
La lexicologie peut être historique et descriptive, elle peut être orientée vers
une ou plusieurs langues. La lexicologie historique examine le développement du
vocabulaire d'une langue des origines jusqu'à nos jours, c’est une étude diachronique.
Une étude diachronique du lexique nous apprend que certains moyens de formation
conservent depuis des siècles leur productivité (par exemple, la formation des
substantifs abstraits à l'aide des suffixes -ation, -(e)ment, -age, -ité, -isme), d'autres
ont acquis depuis peu une importance particulière (ainsi, la formation de substantifs
avec les suffixes -tron, -rama, -matique), d'autres encore perdent leur ancienne
productivité (telle, la formation des substantifs avec les suffixes -esse, -ice, -ie).Les
phénomènes du français moderne tels que la polysémie, l'homonymie, la synonymie
et autres ne peuvent être expliqués que par le développement historique du
vocabulaire.La lexicologiedescriptive s'intéresse au vocabulaire d'une langue dans le
cadre d'une période déterminée, un tableau synchronique. Si l'approche diachronique
permet d'expliquer l'état actuel du vocabulaire, l'approche synchronique aide à révéler
les facteurs qui en conditionnent le mouvement progressif. Ainsi la synchronie se
rattache intimement à la diachronie.
Le système de la langue présente un ensemble d'unités hiérarchisées. En allant
des unités plus simples aux plus complexes on distingue les phonèmes, les
morphèmes, les mots, les propositions. Chacun de ces types d'unités constitue ce
qu'on appelleun niveau de structure. Ce sont respectivement les niveaux
phonologique, morphologique, lexical, syntaxique. La lexicologie étudie les unités du
niveau lexical: les mots et leurs équivalents fonctionnels. La lexicologie se trouve
étroitement rattachée à la morphologie et à la syntaxe. Le lien entre la lexicologie et
la morphologie: la lexicologie s'intéresse à le rôle des mots dans l'enrichissement du
vocabulaire, alors que la morphologie y voit des caractéristiques particulières propres
aux parties du discours. La lexicologie s'unit à la phonétique(phonologie). Comme
toute autre langue le français possède son propre système phonique caractérisé, par
les particularités de la structure sonore des mots qui ne sont pas sans intérêt pour la
lexicologie. Il importe de relever les traits spécifiques de la prononciation dialectale
qui offre des déviations à la norme littéraire. Il est de même nécessaire d'avoir en vue
que la prononciation des emprunts faits aux autres langues peut sensiblement s'écarter
des règles de la prononciation française. La lexicologie est en contact avec la
stylistique. Elle prend en considération l'emploi des vocables dans les styles variés de
la langue.
5. La théorie du mot
252
la réalité, mais cela ne signifíe pas que «des» n'a pas de sens. Pour s'en convaincre il
suffit de remplacer «des» par «une» et le sens va changer.
253
II n'y a guère de limite tranchée entre les sens ďun même mot; au contraire, ils
se rattachent par des liens sémantiques plus ou moins apparents, toujours présents.
Tant que les sens, aussi distincts soient-ils, s'unissent par des attaches sémantiques,
nous sommes, en présence ďun même vocable polysémique. Sitôt que les liens
sémantiques qui unissaient les significations du vocable, se rompent, nous assistons à
1'homonymie, qui est la limite sémantique d'un mot.
A la suite de son évolution historique le mot développe son système de sens, il
s'enrichit ďacceptions nouvelles. La polysémie est précisément la faculté du mot
ďavoir simultanément plusieurs sens à une époque donnée. Le mot peut donc
généraliser dans des directions différentes.
Par ex. le substantif drapeau, diminutif de drap 1) désignait ďabord un
morceau de drap; 2) ce morceau fixé à une hampe est devenu un signe de ralliement
pour les soldats, ďoù les expressions: le drapeau du regiment, être sous les
drapeaux; 3) plus tard, ce mot a signifié 1'emblème ďune nation; 4) il a commencé à
s'employer dans le sens de «patrie»: défendre le drapeau - «défendre sa patrie».
La monosémie des mots peut être créée par le milieu (local, historique et
social) par ex. le mot veine pour un mineur рудн.жила, pour un docteur - вена. Le
sens dépend de 1'époque historique (révolution; galère). Les mots à sens unique sont
relativement peu nombreux: bouleau, frêne, canari; une place à part revient aux
termes. Les termes sont des mots ou leur équivalents ďun emploi relativement
restreint et exprimant des conceptes scientifiques ou spéciaux. Les termes dans le
cadre d'une terminologie devraient être monosémiques. C'est une des conditions du
bon fonctionnement des termes dans la langue. Un terme à plusieurs sens est un
moyen imparfait de communication.
6.1.4. Les différents types de sens. Les sens des mots se laissent classer
ďaprès quelques types essentiels. Tout mot polysémique possède un sens propre et
des sens dérivés. Examinons le mot bouche<lat. pop. bucca; les significations les
plus importantes de ce mot sont: 1) cavité située au bas du visage et qui sert à parler,
à manger; 2) ouverture (ďun four, ďun canon, du métro); 3)embouchure (ďun fleuve).
Les deux derniers sens peuvent être historiquement ramenés au premier; ils doivent
être considérés comme en étant dérivés. II en va autrement pour le premier sens qui
n'aboutit à aucun autre; ce premier sens sera le sens propre du mot bouche. De cette
façon le sens propre ďun mot est celui qui ne se laisse historiquement ramener à
aucun de ses sens actuels, alors que les sens dérivés remontent directement ou
indirectement au sens propre. Le sens propre et les sens dérivés d'un mot ne peuvent
être dégagés qu'à la suite d'une analyse diachronique.
Dans la synchronie on distingue le sens principal et les sens secondaires ďun
mot polysémique. Le sens principal, étant le plus usité à une époque donnée,
constitue la base essentielle du développement sémantique ultérieur du mot. II peut
coïncider tantôt avec son sens propre, tantt avec le dérivé.
On distingue aussi les sens phraséologiquement liés qui s'opposent aux sens
dits libres. Les sens propres des mots table, chaise, animal sont libres quant à leur
254
faculté de se grouper, de s'employer avec ďautres mots. Le fonctionnement de ces
mots n'est guère entravé par 1'usage, la tradition linguistique, il ne dépend nullement
de la norme. Par contre, le mot remporter qui s'emploie dans remporter un grand
succès serait déplacé dans remporter une grande réussite quoique réussite soit un
synonyme de succès; on dit une question délicate, un sujet délicat sans qu'il soit
possible de dire un récit délicat, un contenu délicat. Ch. Bally remarque qu'on dit
désirer ardemment et aimer éperdument et non aimer ardemment, désirer
perdument.
255
6.1.6. La métonymie. La métonymie (du grec meta - «changement» et onoma
- «nom») est la dénomination d'un objet par un autre lié au premier par un rapport de
contiguïté.
Les métonymies se laissent classer en types variés selon le caractère du rapport
qui leur sert de base. La plupart sont de caractère concret.
256
Un euphémisme. C'est un mot ou une expression employé afin d'éviter
l'évocation d'une réalité désagréable ou choquante. Par ex. on évite de prononcer les
mots désignant la mort, certaines maladies, des choses «sacrées». Le verbe mourir est
souvent remplacé par passer, (trépasser,décéder, s'endormir).
262
En effet, les locutions phraséologiques se laissent assez nettement répartir en
quelques types selon le degré de cohésion sémantique de leurs composants.
9.1.2. Les antonymes. Généralités. Les antonymes sont des vocables à sens
opposé qui expriment des notions contraires. Les contraires forment toujours une
sorte d'unité; les choses qui n'ont rien de commun entre elles ne peuvent pas être
contraires; par exemple: pierre et livre, lampe et pain, etc. qui expriment des notions
incompatibles, ne sont pas des antonymes, mais des mots à différents contenus
sémantiques. Par contre, bon et mauvais, toujours et jamais, force et faiblesse sont
des antonymes car ils expriment des notions contraires, le contraire étant l'opposition
entre deux choses homogènes. L'antonymie est un phénomène psycholinguistique; les
oppositions antonymiques ne reflètent pas nécessairement les oppositions réelles
entre les choses, mais les oppositions qui constituent des images que nous formons
du monde réel. Par exemple, le blanc et le noir sont perçus par notre esprit comme
des contraires, tandis que le rouge et le violet ne les sont pas, quoique du point de
vue scientifique ils représentent bien les points opposés du spectre (pinfra-rouge et
ultra-violet). Grâce à cette particularité des oppositions psycholinguistiques apparaît
le phénomène de l'antonymie occasionnelle.
Le fonds usuel comprend des mots d'un usage courant, des vocables d'un
emploi commun pour toute la société.
Tels sont les mots et les expressions terre, soleil, homme, grand, beau,
travailleur, avoir faim et beaucoup d'autres.
En dehors du fonds usuel demeurent les mots dialectaux d'une extension
restreinte, employés de préférence dans une région déterminée.
264
2) la «langue d'oc» dans le Midi et sur le Plateau Central (d'après la manière
d'exprimer l'affirmation: oïl — au Nord, oc — dans le Midi),
3) les dialectes franco-provençaux répandus dans les provinces situées aux
confins de la Suisse.
10.4.1. Le jargon des précieuses au XVIIe siècle. Les classes, les différents
groupes sociaux tâchent souvent de créer des termes particuliers, en s'opposant à la
langue commune, qui s'appellent jargon ou argot.
À la différence des dialectes locaux qui sont parlés par des représentants de
couches sociales différentes, les jargons ont une sphère d'application étroite parmi les
membres d'un groupe social déterminé.
Les jargons n'ont pas de grammaire ni de phonétique spéciales; ils utilisent la
grammaire et la phonétique de la langue nationale. C'est seulement au niveau lexical
265
qu'ils exercent leur activité en créant des termes spécifiques qui ne peuvent être
compris des non-initiés.
10.4.2. L'argot ou jargon des déclassés. L'argot des déclassés ainsi que les
jargons de classe utilise la grammaire et la phonétique de la langue générale, il n'a de
propre que son lexique. Il sert de moyen de communication à un groupe social très
restreint - aux malfaiteurs. Pourtant le jargon des déclassés a fait et continue de faire
un apport à la langue générale. Les premiers documents sur l'argot font leur
apparition au XVe siècle. Toutefois l'argot existe dès le Moyen Age. Au XVe siècle
l'argot des malfaiteurs s'appelait le jobelin. Le premier terme de jobelin est le mot
dupe [pigeon] qui par la voie métaphorique a commencé à désigner un homme bon à
plumer comme le pigeon, c'est-à-dire un homme qu'on peut facilement tromper. Dans
l'argot le verbe duper signifie «tromper en dépouillant en même temps». Peu après
apparaissent les dénominations synonymes du jobelin: jargon, argot, langue verte.
Les 3 valeurs du terme «argot».
Le terme «argot» possède aujourd'hui 3 valeurs différentes:
1) l'argot des déclassés, du milieu est apparu au XVe siècle et a été inventé
pour ne pas être compris des non-initiés.
2) une partie de l'argot secret qui a pénétré dans la langue commune (p.ex.
gonzesse - paзг. женщина, rombière - paзг. дама с претензиями) s'appelle aussi
l'argot.
3) l'argot s'emploie comme argot professionnel (terminologie orale qui est
propre à chaque métier).
266
Il faut ajouter ici les calques internationaux qui sont des mots ou expressions
reproduisant la forme interne du mot ou de l'expression de la langue servant de source
et à sens analogue.
Les vocables internationaux facilitent l'établissement des rapports culturels
entre les peuples des pays différents, c'est pourquoi leur présence dans le vocabulaire
d'une langue est utile et leur rôle en tant que moyen de communication est
considérable.
Ce sont surtout les diverses terminologies qui sont riches en vocables
internationaux.
Signalons tout d'abord la terminologie à valeur sociale et politique qui a un
caractère international très accusé: les termes tels que politique, diplomatie,
révolution, révolutionnaire, propagande, régime, social, nationaliser, centraliser et
beaucoup d'autres se retrouvent dans plusieurs langues européennes.
268
THEME V. STYLISTIQUE DU FRANÇAIS MODERNE
Bibliographie:
1.Синицын, В. В. Конспект лекций по стилистике французского языка [Электронный ресурс]
/ В. В. Синицын. – Тула : Изд-во ТГУ, 2007. – 80 с. – Режим доступа :
http://window.edu.ru/resource/754/67754.
2. Практикум по стилистике французского языка : учебное пособие для институтов и
факультетов ин. языков / С. Ю. Завадовская. – М. : Высш. шк., 1986 г. – 111 с.
Le terme «la stylistique» provient du mot grec «stylos» qui veut dire «poinçon
de metal» dont les anciens se servaient pour écrire sur les tablettes enduites de cire.
La racine du mot « stylos » a donné des dérivés : le syle, la stylistique, le styliste etc
dans plusieurs langues. Dans la vie courante on comprend sous le mot « le style » la
manière d’écrire, d’ exprimer sa pensée.
En définissant l’objet de la stylistique on peut dire qu’elle étudie le style et le
style c’est le choix. Donc, la stylistique s’intéresse au choix que l’on peut opérer à
tous les niveaux de la langue: niveau phonétique, lexical, grammatical.
Ex.: je ne sais pas
niveau phonétique: je n’sais pas
j’sais pas
[chai pas]
niveau lexical:
une giffle (standard) - пощёчина
une claque (fam.) - затрещина
une baffe (pop.) - оплеуха
niveau syntaxique:
Où habite-t-elle?(recherché)
Où est-ce qu’elle habite? (parlé)
Elle habite où? (fam.)
Comparez encore:
C’est où qu’elle habite? (pop.) \ Où qu’elle habite? (pop.)
1) Il est parti en voiture (standard).
2) Il a pris la route en automobile (soutenu).
3) Il s’est tiré en bagnole (fam.).
269
D’autres exemples encore :
1. а) Permettez-moi, chère Madame, de vous présenter Mme Galliot.
(soutenu)
b) Permettez-moi de vous présenter ma femme. (standard).
c) Vous connaissez pas ma bourgeoise? (fam.).
d) Avec un geste désinvolte du pouce par-dessus l’épaule: Ça, c’est ma
régulière! (pop.)
2. a) Puis-je espérer, Mademoiselle, que vous me ferez l’honneur de
m’accorder la prochaine valse ? (soutenu)
b) Hé! La Juliette ? Tu viens en suer une ? (pop.)
3. a) Je m’en souviens (banal)
b) Je me le rappelle (pédant)
c) Il m’en souvient (poétique)→
d) Je m’en rappelle (vulgaire)
Chaque fois que nous parlons, nous devons opérer un choix dans le matériel
que nous offre le système général de la langue. Jules Marouzeau écrit: «Le style est
l’attitude que prend l’usager écrivant ou parlant vis-à-vis du matériel que la langue lui
fournit». Les facteurs dont dépend le choix des moyens langagiers sont nombreux:
c’est le niveau culturel du sujet parlant, son origine sociale, son état psychologique,
ce sont les conditions dans lesquelles se déroule la communication, etc.
Ainsi, la phrase Où que tu vas? est typique pour les personnes mal instruites.
Elle est considérée comme populaire (= просторечный). Le passé simple sera
déplacé dans le langage parlé, tandis qu’on ne saurait s’en passer dans une oeuvre
littéraire. Le verbe mourir est le mot neutre. Il reflète d’une manière objective le fait
correspondant de la réalité et peut s’employer dans n’importe quel acte
communicatif. Son synonyme décéder se rencontre dans une sphère beaucoup plus
limitée. C’est un terme officiel, administratif qui est employé dans des actes
juridiques, dans un nécrologue. Par contre, les termes calancher, clamcer, crever
sont traités comme populaires, grossiers. Une nuance opposée est observée dans les
mots disparaître, s’éteindre, partir qui peuvent fonctionner comme synonymes du
verbe mourir. Ces termes évoquent dans notre esprit une atmosphère élevée,
solenelle. Employés métapho-riquement, ces verbes désignent le fait de la mort d’une
manière euphémique. [A côté des synonymes stylistiques le verbe mourir possède des
synonymes idéographiques, sémantiques comme par exemple, périr, tomber qui sont
étudiés par la lexicologie. Citons également les synonymes stylistiques du verbe russe
умереть: скончаться, помереть, окочуриться, скапуститься, скопытиться,
подохнуть, околеть, загнуться, почить, сыграть в ящик, дать дуба, отдать
концы, отправиться на тот свет, приказать долго жить и т.д.]
De ce qui précède on peut tirer cette conclusion que la stylistique étudie le
choix, la variation des moyens linguistiques provoqués par des facteurs sociaux,
psycholo-giques, communicatifs. Elle s’intéresse à la couleur stylistique des variantes
étudiées, à leur fonction stylistique dans le discours. La stylistique (la
linguostylistique à la différence de la stylistique littéraire) s’occupe de deux
270
problèmes essentiels: 1) l’étude des ressources stylistiques d’une langue, 2) l’étude
des styles fonctionnels.
L’étude des ressources stylistiques est le domaine traditionnel de la stylistique
qui s’appuie sur les notions de couleur stylistique, de norme, de variation. A chaque
niveau de la langue, comme nous l’avons démontré plus haut, il existe plusieurs
formes, plusieurs variantes entres lesquelles on peut choisir. Ces variantes diffèrent
par leur couleur stylistique (neutre, familier, populaire, argotique, etc), s’emploient
dans des conditions bien déterminées étant déplacées dans d’autres situations.
Le deuxième problème de la linguostylistique celui des styles fonctionnels est
relativement nouveau pour la stylistique. Il soulève beaucoup de contreverses surtout
parmi les stylisticiens français qui utilisent une terminologie assez hétérogène pour
désigner ce domaine de recherches stylistiques: niveau de langue, stratégie
discursive, étage, registre, dialecte fonctionnel, etc.
La stylistique fonctionnelle étudie le fonctionnement du langage dans les
différentes sphères de la communication qui correspondent à telle ou telle autre
activité de l’homme. Dans le code écrit on distingue: style officiel (administratif),
scientifique, des mass média, des belles lettres; dans le code oral: style familier,
populaire, argotique.
La stylistique est étroitement liée avec les autres sciences linguistiques. Sans
l’appui de la grammaire, de la phonétique, de la lexicologie, etc. qui lui fournissent
des données exactes sur le système de la langue elle ne saurait obtenir de bons
résultats. A la différence des autres sciences linguistiques, la stylistique n’a pas de
niveau spécial. Elle s’intéresse, comme il a été déjà noté, au fonctionnement des
différentes unités linguistiques à tous les niveaux de la langue, à leur aptitude de
satisfaire aux besoins de la communication, à leur couleur et fonctions stylistiques.
Si la grammaire ou la phonétique nous enseignent de parler correctement, sans
fautes, la stylistique nous apprend à nous exprimer bien, à adapter notre langage aux
conditions de la communiation.
La stylistique est également liée à l’histoire de la langue puisque la couleur
stylistique des formes linguistiques change avec l’évolution de la langue et tous les
styles fonctionnels ont subi une longue évolution au cours des siècles.
En outre la stylistique se trouve en contact avec de telles disciplines non
linguistiques comme la psychologie ou la sociologie puisqu’elle s’intéresse aux effets
produits par le langage sous l’influence des facteurs affectifs ou à la différenciation
sociale de la langue nationale.
Comme toute autre science la stylistique dispose de toute une série de
méthodes qui lui permettent de procéder à l’analyse des faits d’expression.
En premier lieu c’est la méthode de comparaison qui est l’une des plus
universelles. La comparaison est l’essence de l’analyse stylistique. Grâce à cette
méthode on arrive à déterminer les différentes nuances stylistiques que possèdent les
variantes dégagées à tel ou tel autre niveau de la langue. Cette méthode s’applique
également avec fruit à l’étude stylistique comparée de deux ou de plusieurs langues.
271
La méthode de comparaison est souvent accompagnée de la méthode de
substitution, qui consiste à remplacer un des éléments du contexte donné par un autre
élément pour établir l’équivalence ou la différence stylistique entre les unités.
Ex. Membre de l’Académie royale de Belgique et de l’Académie Goncourt,
grand-officier de la Légion d’Honneur, Colette s’éteint en pleine gloire le 3 août
1954.
En substituant au verbe s’éteindre dans cet exemple les verbes mourir, partir,
crever etc. nous arrivons à préciser les nuances décrites plus haut.
La méthode suivante est la méthode distributive qui suppose la nécessité
d’analyser les éléments du contexte qui peuvent accompagner le mot en question (ou
une autre forme étudiée). Ainsi pour comprendre la différence stylistique entre les
mots bête et animal il est très utile d’étudier les contextes typiques pour chacun de
ces termes: l’amour des bêtes, une sale bête, pauvre bête, brave bête; animaux
domestiques, sauvages, la classification des animaux, animaux disparus, etc.
L’analyse de ces contextes montre que la valeur de bête est plus affective que la
valeur de animal qui est neutre.
Une des méthodes les plus répandues dans les recherches stylistiques est la
méthode statistique. Elle consiste à déterminer la fréquence d’un mot ou d’une autre
forme linguistique dans tel ou tel contexte, dans tel ou tel style fonctionnel, chez tel
ou tel auteur. Souvent c’est l’emploi plus ou moins généralisé d’une expression par
telle ou telle catégorie d’usagers qui crée sa valeur stylistique.
Ainsi, les mots azur, firmament sont traités comme poétiques puisqu’ils se
rencontrent plus souvent dans la poésie, beaucoup plus souvent chez les poètes que
chez les prosateurs. Les adjectifs de relation du type présidentiel, ministériel sont
caractéristiques surtout pour le langage des journalistes, etc. On peut constater avec
Pierre Guiraud que «la statistique est un des instruments les plus efficaces dans
l’étude du style».
Enfin on peut mentionner la méthode componentielle ou sémique qui
commence à pénétrer ces derniers temps dans les recherches stylistiques.
Comme on a vu plus haut, toutes ces méthodes (et d’autres encore) ne sont pas
appliquées isolément mais s’accompagnent et se complètent les unes les autres.
En guise de conclusion on peut dire que la stylistique moderne s’occupe de
deux grands problèmes. D’une part, elle étudie les ressources stylistiques d’une
langue nationale à tous ses niveaux et, d’autre part, elle s’intéresse au fonctionnement
du langage dans les différentes sphères de l’activité humaine, c’est-à-dire aux
différents styles fonctionnels. La stylistique est liée à toutes les sciences linguistiques
et à certaines sciences non linguistiques et dispose de toute une série de méthodes
permettant de procéder à l’analyse stylistique des faits d’expression.
[Cf.: « Madame, ce m’est une gloire si grande de me voir assez fortuné pour être si
heureux que d’avoir le bonheur, que vous ayez eu la bonté de m’accorder la grâce de
me faire l’honneur de m’honorer de la faveur de votre présence. (Molière)]
Si la première phrase de cet exemple représente un ordre adressé à un inférieur, la
dernière phrase est pleine d’une politesse exagerée et même de servilité.
[Dans l’antiquité il était déjà question de composer son discours non seulement selon
les règles grammaticales mais aussi de sorte qu’il soit capable de correspondre aux
circonstances et au but de la communication.
Les stylisticiens ou, plus présisément, les rhéteurs antiques (la stylistique comme
science est née au début de XX siècle) distinguaient déjà trois styles: le simple, le
tempéré, le sublime.
273
Nous retrouvons cette classification un peu modifiée en France au XVIII siècle.
L’Académie française distingue les styles suivants:
style élevé (tragédies classiques, odes)
style moderne (romans, nouvelles)
style simple (comédies, farces, fables)
Les sphères du fonctionnement de la langue dans la société moderne se sont
sensiblement élargies et le nombre de styles, de styles fonctionnels a augmenté.
L’existence d’un riche système des styles fonctionnels est caractéristique pour les
langues littéraires développées qui remplissent diverses fonctions sociales dans la vie
d’une nation.]
Le style fonctionnel c’est un système de faits d’expression, qui résulte du choix
du sujet parlant ou écrivant en fonction de la sphère communicative et des
circonstances données. [Quand les moyens choisis ne sont pas conformes à la
situation donnée cela ne reste pas inaperçu par les interlocuteurs. Cf.: Жена
рассказывает вернувшемуся с работы мужу, чем она занималась: «Я
ускоренными темпами обеспечила восстановление надлежащего порядка на
жилой площади, а также в предназначенном для приготовления пищи
подсобном помещении общего пользования. В последующий период времени
мною было организовано посещение торговой точки с целью приобретения
необходимых продовольственных товаров.»]
Une autre notion fondamentale de la stylistique est la notion de la norme. La
norme est un mode habituel de parler adopté par une collectivité donnée. C’est un
standard, un modèle de la communication. Dans chaque langue il existe tout un
système de normes qui doit constituer la base de l’analyse stylistique. Le système de
normes du français moderne comprend: la norme de la langue, la norme littéraire, la
norme interne d’un style fonctionnel, la norme neutre, la norme communicative.
274
сегодняшней норме ударение падает на корень дарит, варит, дружит.
Исключение: звонит.]
De cette façon tout ce qui est largement employé dans la langue moderne (y
compris les expressions populaires, grossières ou vulgaires comme salaud,
dégueulasse, etc.) est conforme à la norme de la langue.
2.2.2. La norme interne d’un style fonctionnel et d’un type de texte. Toute
variété fonctionnelle de la langue, que ce soit en communication écrite ou en
communication orale, implique l’existence d’une norme interne qui résume les traits
caractéristiques de ce mode d’expression et le distingue des autres styles langagiers.
[Cette norme impose plus de restrictions au choix et à la mise en oeuvre des moyens
d’expression que la norme de la langue et, même, la norme littéraire.
C’est ainsi que tous les styles écrits (style administratif, style scientifique, style des
mass média, style des oeuvres littéraires) sont conformes à la norme littéraire, ce qui
constitue leur trait commun. Mais chacun de ces styles est régi en plus, par sa norme
interne qui le distingue des autres styles écrits.]
Voyons de ce point de vue un titre de journal: Les Palestiniens, très jeunes en
tête, manifestent. L’armée israélienne tire: un mort, des blessés. Ce titre est
composé, selon Chovanskaïa,conformément à la norme interne du style de la presse.
Il paraîtrait étrange et déplacé dans une oeuvre littéraire ou dans un ouvrage
scientifique, car il s’écarte de leurs normes internes.
Non seulement un style langagier dans son ensemble, mais aussi ses genres, ses
types de textes sont régis par une norme interne propre à chacun d’eux. C’est ainsi
275
que dans le style de la presse des genres différents (article de fond, éditorial,
communiqué, commentaire politique, faits divers, pamphlets, etc.) présentent tous
leurs normes internes qui ne se confondent pas, tout en se recoupant partiellement.
En communication orale les normes internes sont différenciées tout d’abord
selon leur conformité ou non conformité à la norme littéraire. Si le style familier ne
s’écarte pas de la norme littéraire, le langage populaire dans son ensemble et l’argot
s’y opposent, se trouvant au-delà de cette norme.
Divers types de relations entre les normes internes (inclusion, exclusion, croisement)
maintiennent et développent la richesse stylistique d’une langue nationale dont l’unité
est assurée par la norme littéraire.
276
reste en même temps conforme aux autres normes. La déviation d’une norme ne doit
être considerée comme une violation de langage. S’écartant d’une ou de plusieurs
normes telle expression peut rester conforme à toutes les autres normes.
La prise en compte d’un système de normes et non d’une seule norme rigide et
archaïsante est une condition obligatoire de toute recherche stylistique. Elle permet
d’éviter une interprétation simpliste, parce que trop étroite, des phénomènes
stylistiques, de saisir leur rôle dans les rapports dialectiques du général et de
l’individuel en langage.
278
plus générale et se situe presque toujours au niveau catégoriel de la structure
sémantique. Elle n’est presque jamais la composante dominante.
Les composantes de la valeur stylistique sont enregistrées dans les
dictionnaires de la langue française:
composante axiologique: iron. - ironique, pej. - péjoratif, plaisant (шутливое),
ou encore: terme de tendresse, laudatif etc.;
composante imagée: fig. - figuré;
composante symbolique: cour. - courant, fam. - familier, pop. - populaire, vulg.
- vulgaire, arg. - argotique, enfant. - enfantin, poét. - poétique, litter. - littéraire,
admin. - administratif, techn. - technique, sc. - scientifique.
D’autres exemples :
280
L’existence d’une norme n’exclut pas la possibilité des variantes dans la
prononciation.
D’autant plus que, tout en souffrant certaines variantes, la norme connaît des
limites qu’il est interdit de franchir. Ainsi la prononciation du mot obscur comme
o(b)scur ou se(p)tembre au lieu de septembre est sévèrement blamée par les règles
de la prononciation. De même la prononciation a(v)oir, meub(l)e, rhumatis(m)e est
traitée comme incorrecte et vulgaire.
Par contre les variantes peut-être et [ptεt] sont toutes les deux admises par la
norme. On peut dire la même chose de puis/p(u)is, il y a/[ja] etc.
281
L’absence d’une liaison facultative peut s’expliquer par le besoin de
l’expressivité: la liaison est remplacée dans ce cas par le coup de glotte.
De Gaul: C’est dans la / légalité, que / moi-même et mon / gouvernement,
avons∩assumé, avons assumé le mandat exceptionnel d’établir un projet de /
constitution / nouvelle.
La prononciation des [ә] caducs, le grand nombre de liaisons ainsi que la
prononciation des cosonnes doubles dans le style recherché s’expliquent, selon
P. Léon, par l’influence («attirance magique») de la forme écrite, de la graphie -
toujours considérée comme une sorte d’idéal.
Parmi les caractéristiques prosodiques du style recherché il faut mentionner en
premier lieu son débit ralenti. D’autre part, le style recherché se caractérise par un
grand nombre de pauses inattendues, inhabituelles, par une grande quantité d’accents
d’insistance, par l’augmentation des écarts mélodiques et par d’autres phénomènes
encore.
282
familière des personnes cultivées de la prononciation populaire qui n’est pas
conforme à la norme orthoépique.
Ainsi l’amuïssement de [b] dans obstiné est considéré comme vulgaire tandis
que la chute des phonèmes dans l’expression p(eu)t êt(re) ne choque aucune
personne cultivée. Il y a donc des limites que la convention interdit de franchir.
En général la chute des phonèmes est possible dans des mots monosyllabiques
à valeur grammaticale qui sont caractèrisés par une haute fréquence:
- dans les pronoms sujets ou complément: t(u) as, i(l)s ont dit;
- dans les prépositions et conjonctions: m(ais) enfin;
- dans les verbes avoir et être: c’(es)t assez → [sase].
Les consonnes s’amuïssent dans les groupes inséparables tr, br, bl, pl où la
chute des sonantes est provoquée par leur position finale:
vot(re) fille
des autres élèves [de z od z elε:v].
Fréquente est la chute des semi-consonnes: p(u)is, voilà [vala] → [vla].
Il faut souligner que l’amuïssement des phonèmes en style familier n’est jamais
mis en relief. On articule dans ce cas très légèrement et vite.
Une autre particularité du style familier est la tendance à supprimer un très
grand nombre de liaisons:
je suis allé
ça doit être
de plus en plus.
Une autre tendance qui se manifeste dans le style familier c’est la tendance à
accentuation expressive.
Au niveau prosodique le style familier se caractérise par les pauses et les
phénomènes d’hésitation. Souvent les pauses sont remplies par «euh». Le rythme est
le plus souvent rapide, l’intonation est très expressive.
Résumé. Les variantes de la prononciation sont étudiées par la phonostylistique
dont les fondements ont été creusés par le linguiste russe N.S. Troubetskoï.
La norme orthoépique évolue constamment, admet certaines variantes, mais
impose des restrictions, des limites qu’on ne peut pas franchir.
On considère aujourd’hui comme norme orthoépique la prononciation des
speakers de la radio et de la télévision.
La classification des styles de la prononciation la plus répandue distingue trois
styles: recherché, moyen, familier. Chaque style diffère des autres par l’articulation
des sons, par le nombre de liaisons et de [ә] caducs, par les caractéristiques
prosodiques.
4. Les caractères stylistiques du vocabulaire
4.2. Les catégories des mots français déterminées par la sphère de leur
emploi
A la différence des mots usuels le terme possède le plus souvent une seule
valeur bien déterminée ce qui contribue à la clarté des textes spéciaux. Chaque terme
s’emploie dans une sphère de communication bien déterminée. Ainsi les termes
scientifiques sont fréquents dans des monographies, dans des articles scientifiques,
dans le discours des savants, dans la bouche des professeurs et des étudiants à
l’université.
L’emploi de ces terme dans une conversation familière sera par contre déplacé.
La terminilogie spéciale ne représente qu’une partie du vocabulaire de tel ou tel style
écrit à côté du lexique usuel et d’une troisième couche qu’on pourrait appeler
«lexique livresque». Cette troisième couche est commune à tous les styles écrits
contrairement au langage familier.
Cf.:
lexique livresque: incurie demeure dérober parfois aliéné
lexique usuel: négligence maison voler quelquefois fou
lexique familier: laisser-aller baraque piquer des fois piqué
Lettre en franglais
Dear Joséphine,
288
je t’écris d’un snack [snak] (ресторанчик), où je viens de me tasser un hot dog en
vitesse, tandis que Charlie, à côté de moi, achève son hambourger.
Charlie , c’est Charlie Dupont, mon nouveau flirt. Un vrai play-boy, tu sais ! En
football, un crack [crak] (спец.). On le donne comme futur coach des Ioung Cats,
leader des clubs série F. C’est te dire si j’entends parler de goals et de penalties !
Je me suis lassée de Johny Durand, trop beatnick avec ses blue-jeans et son chewing-
gum.
Bon veek-end Etiemble.
289
observe le même phénomène en russe: в отпуске/в отпуску, черный кофе/черное
кофе, я езжу/я ездию, инженеры/инженера и т.д.]
Je vous rappelle que la stylistique s’intéresse au niveau morphologique au
choix possible entre les formes grammaticales qui sont identiques sémantiquement
mais diffèrent par leurs nuances stylistiques.
290
Pourtant, comme le fait remarquer M. Cressot, on désigne en français avec
ironie les dames par le feminin du titre donné à leurs maris: préfète, présidente,
mairesse, colonelle.
J. Marouzeau signale dans son livre que les mots fils et gars sont des mots
honnêtes, tandis que leur féminin fille et garce sont des termes d’injure; les mots du
masculin maître et courtisan sont neutres, par contre maîtresse et courtisanne sont
dépréciatifs.
Ironiques et populaires sont beaucoup d’autres formations du type fliquesse
(de flic), ministresse, chefesse, typesse, notairesse (à partir de notaire), etc.
En général la formation du féminin des noms de métiers pose beaucoup de
problèmes pour le français moderne. Comme le remarque Josette Rey-Debove, la
France connaît deux tentatives de la féminisation des noms de métiers pour les
femmes (celle de 1986 et celle 1998) condamnés comme des néologismes abusifs par
l’Académie française. Le problème n’est pas résolu définitivement jusqu’à présent.
La fonction d’épithète qui est l’une des principales pour l’adjectif peut être
assumée aussi par un substantif prépositionnel (table de nuit), par un substantif sans
préposition (costume sport), par un adverbe (un garçon bien), par un infinitif
(machine à coudre), par toute une subordonnée, etc.
Très souvent tous ces différents moyens se distinguent par leurs nuances
stylistiques.
Si on compare une action du gouvernement et une action gouvernementale,
l’arrivée du président et l’arrivée présidentielle on peut constater que les
expressions avec le complément du nom sont usuelles tandis que l’emploi de
l’adjectif dans ces constructions est caractéristique pour le langage des journalistes.
On observe la même spécialisation des adjectifs de relation dans le style
scientifique où ils acquièrent une certaine valeur terminologique face à l’emploi
synonymique du complément du nom:
les fleurs estivales cf.: jour d’été;
les peuples septentrionaux cf.: les peuples du nord;
le sommeil hibernal (lat. hibernalis) cf.: les plantes d’hiver;
les races bovines cf.: la queue du boeuf;
On peut supposer que cette nuance spécifique des adjectifs de relation
mentionnés est due à leur étymologie, à leur origine latine.
L’emploi du substantif sans préposition dans la même fonction d’épithète porte
plutôt une nuance familière: un costume fantaisie, un costume sport, la société
peuple, une allure province, les choses nature.
Le tour substantif frappe davantage que ne le ferait une épithète normale (cf.:
un costume sport et un costume de sport, un costume sportif; une allure province
et une allure provinciale, etc.) et donc il répond plus au besoin de l’expressivité
recherché par le style familier.
Pourtant la construction en question N1+N2 n’est pas homogène ni
stylistiquement, ni grammaticalement. Assez fréquentes dans le français
d’aujourd’hui sont les expressions où le deuxième substantif joue le rôle
d’apposition: une main amie, une classe pilote, un modèle standard. Cette
construction est surtout utilisée pour marquer les différentes nuances de la couleur:
une cravate cerise, un tissu chocolat, une robe abricot, etc.
Un tout autre statut doit être attribué aux construction elliptiques du type bière
292
bouteille, rayon maquillage, spécialiste batteries, coiffage mémoire 8 semaines,
etc. Les formations de cette espèce appartiennent au langage de la publicité. Il y
manque partout une préposition, le plus souvent de, en, à, pour: bière en bouteille,
rayon de maquillage, etc.
Certains adverbes très usuels peuvent aussi jouer le rôle d’épithète: c’est un
garçon bien, une voiture vite. Cet emploi est concidéré comme familier.
Le langage familier affectionne en outre un tour spécial très expressif du type
une drôle d’histoire qui consiste à invertir les rôles de l’épithète et du mot déterminé
(une histoire drôle). Le premier mot de ce tour est un adjectif substantivé ou un
nom à valeur appréciative: une chouette de question, un diable d’homme, cet
imbécile de docteur Pédémay, quelle chienne de corvée, cet amour d’enfant.
Finalement il faut mentionner que le français populaire peut utiliser les formes
incorrectes de l’adjectif:
Ce devoir est encore plus mauvais que le précédent.
C’est lui le plus meilleur de tous les autres.
296
C’était d’abord les romanciers naturalistes qui substituaient l’imparfait aux
autres temps narratifs. Plus tard ce mode d’expression pénètre dans la presse, dans la
prose scientifique. Seule la langue parlée n’en fait point usage.
Cet emploi de l’imparfait n’est possible qu’avec les verbes terminatifs (arriver,
mourir, éclater, entrer, trouver, etc.) L’effet stylistique résulte du contraste entre la
valeur terminative du verbe et le sens de l’imparfait qui doit marquer une action
inachevée.
A partir de ce moment, Jean fut très malheureux; il mourait l’année
suivante, le jour de son anniversaire. C’était le 1-er juillet 1958. A la soixantième
minute, Pelé prenait le ballon, évitait trois défenseurs et marquait le but de la
victoire.
Il existe en français encore un moyen expressif de marquer une action passé:
c’est l’infinitif stylistique ou l’infinitif de narration.
Ainsi dit le renard - et flatteurs d’applaudir. (La Fontaine)
L’infinitif de narration met en relief la vivacité, le caractère précipité d’une
action ou d’une suite d’actions. Il est introduit par la conjonction et qui le représente
comme réaction ou conséquence d’une action antérieure.
Elle voulut savoir ce qu’elle avait, et si sa jolie petite Agnès ne serait pas
un jour impératrice d’Arménie ou d’autre chose. Elle la porta donc aux
Egyptiens; et les Egyptiens d’admirer l’enfant, de la caresser, de la baiser avec
leurs bouches noires, et de s’émerveiller sur sa petite main. (Hugo)
Les femmes commencent à crier «Partons!» Et de faire les malles, puis de
courir vers les gares d’Orléans et de Lyon. (Ohnet)
Le roi, furieux, le convoque. Scoggan d’expliquer alors que jamais il ne se
serait permis de désobeir à un édit royal. (NdF)
Le domaine essentiel de l’emploi de l’infinitif de narration est la littérature.
Comme moyen très expressif il pénètre aussi dans la presse. Mais il ne se
rencontre pas dans le langage familier.
L’imparfait atténue ce que le présent pourrait avoir de trop brutal ; ainsi
exprime-t-il la discrétion, la politesse :
Je venais vous demander un service.
On remarquera que cet imparfait ne se rencontre que dans un contexte spécial
qui n’admet qu’un nombre restreint de verbes (vouloir, venir).
L’imparfait se rencontre également dans un certain nombre de constructions
destinées à exprimer la tendresse, la gentillesse : c’est l’imparfait qu’on trouve dans
le discours adressé aux enfants ou aux animaux :
Comme il mangeait bien sa sousoupe, le bébé ! (=comme il mange bien...)
Il était beau le chiechien, il avait de grosses papattes !
Par cet imparfait, appelé hypocoristique ласкательный, уменьшительный, le
locuteur tâche de se mettre au niveau de l’enfant auquel il s’adresse et dont l’univers
est, à ses yeux, hors du domaine du réel.
Le bébé aimait bien son nounours плюш. мишка !
Je venais vous demander de l’argent.
297
hypocoristique adj. et n. m. 1893; gr. hupokoristikos, de hupokorizesthai
«parler avec des diminutifs »
♦ Ling. Qui exprime une intention affectueuse, caressante. Diminutif,
redoublement hypocoristique. – N. m. Chouchou est un hypocoristique.
En finissant la description stylistique des formes verbales il faudrait encore
ajouter que le français familier ne fait pas la concordance des temps, obligatoire dans
le langage littéraire:
On m’a dit qu’il est malade.
Il m’a dit qu’il m’aime.
Le langage populaire connaît beaucoup de formes incorrectes. En qualité du
verbe auxiliaire on n’emploie dans ce style que le verbe avoir:
Je m’ai trompé.
Je m’ai fait mal.
Quand j’ai arrivé.
On peut rencontrer en français populaire beaucoup d’autres formes qui violent
les normes grammaticales:
j’avons; je boiverai; je vas; je voirai.
Qué que tu veux que j’en fassions à c’t’heure. (Maupassant)
Pour imiter le langage des personnages mal instruits les écrivains utilisent ces
formes dans leurs livres.
Puisque la syntaxe s’occupe des unités plus grandes qu’un seul mot, la
stylistique s’intéresse à ce niveau au choix qu’on peut opérer entre les groupements
de mots, les propositions, les phrases proches sémantiquement mais stylistiquement
opposés.
Les groupements de mots diffèrent stylistiquement surtout par leur rection.
Ainsi à côté de l’expression neutre aimer faire qch on trouve la variante plus
recherchée, plus élevée aimer à faire qch; tandis que aimer de faire qch est à la fois
affectée et vulgaire.
La différence stylistique entre obliger à, s’efforcer à d’une part et obliger de,
s’efforcer de, d’autre part, porte un autre caractère: la première variante est courante,
usuelle, la deuxième est qualifiée comme vieillie, archaïque.
298
6.2. La stylistique des propositions interrogatives
La théorie des styles fonctionnels est depuis longtemps bâtie par les savants
soviétiques et russes. C’est l’un des aspects les plus importants de la stylistique dans
notre pays. [ Les linguiustes français, selon Chovanskaia, utilisent dans ce cas une
terminologie très hétorogène: style, langue, langage, dialecte fonctionnel (Gauthier),
303
étage, registre, niveau de langue (Debièvre), type expressif (Marouzeau), usage, type
de communication (Vanoye), stratégie discursive, technique de l’expression (Baril) ]
Dans notre pays les styles sont étudiés comme des types de la communication
déterminés par les conditions dans lesquelles se déroule la communication d’une part
et d’autre part par les facteurs purement linguistiques. Ce sont là deux types de
critères qui se trouvent à la base de la distinction des styles fonctionnels: les critères
extralinguistiques (sphère de la communication, type socio-culturel des
communicants, but de la communication, circonstances de l’acte communicatif) et les
critères linguistiques (forme de la communication (orale ou écrite), traits stylistiques,
types de la parole et formes compositionnelles du discours).
1. La sphère de la communication. C’est tel ou tel domaine de l’activité
humaine où l’on se sert de la langue. La notion de la sphère communicative est très
large, puisque notre langage n’est pas le même à l’université ou au magasin, en
famille ou à l’usine, au jardin d’enfant ou au théâtre. Il s’agit d’établir les sphères les
plus typiques dont chacune exige des moyens linguistiques spéciaux.
Dès le premier abord ces sphères peuvent être divisées en deux grands groupes:
sphère de l’activité professionnelle et sphère de la vie courante. Une classification
plus détaillée tient compte du type spécifique de la mentalité dans chaque sphère de
l’activité de l’homme telle que droit, science, information, art, etc.
2. Le type socio-culturel des interlocuteurs. Ce facteur a été profondément
étudié encore par Ch. Bally qui avait analysé l’influence du milieu social ou
professionnel sur le langage des hommes qui dépend du niveau de l’instruction, du
métier exercé, du niveau de vie, etc.
3. Les circonstances de l’acte communicatif ou spécificité situationnelle de
l’acte communicatif. Ce facteur se manifeste dans un ensemble d’indices plus
particuliers:
а) L’ambiance type. Il s’agit de l’atmosphère dans laquelle se passe l’acte de la
parole. On distingue deux ambiances types diamétralement opposées l’une à l’autre:
ambiance familière propre à une communication spontannée et ambiance officielle
liée à une communication d’affaires ou solennelle.
b) L’aspect interpersonnel de l’acte de la parole. Le choix des moyens
d’expression dépend des relations qui existent entre les communicants, de leur état
psychologique au moment de la parole. On parle de façon différente à son chef ou à
ses amis, quand on est calme ou ému, etc. Ainsi les membres d’une famille qui
utilisent entre eux le langage familier peuvent, en cas de brouille, passer au style
officiel, ostensiblement froid.
c) L’entourage matériel de l’acte communicatif influence directement la forme
linguistique du discours dans la communication orale. Ainsi la présence de l’objet de
304
la parole permet de raccourcir les phrases en omettant les formes qui l’auraient
designé dans la communication écrite. Les ellipses propres au langage familier sont,
pour une large part, déterminées par cet indice situationnel.
d) L’indice suivant c’est la prise de contact qui peut être directe, immédiate ou
indirecte, médiatisée ce qui différencie sensiblement les types de discours. La
conversation entre les communicants où le contact est direct et immédiat ne
ressemble pas à la communication orale effectuée par un canal téchnique (dialogue
par téléphone, certains mass media, comme la radio, la télévision, le cinéma) où à la
communication écrite.
e) Le nombre de communicants et leurs rôles spécifiques. Cet indice permet
d’opposer une conversation de deux personnes à une intervention publique devant un
auditoire de masse. Entre ces deux pôles se situent des types de communication tels
que causerie amicale de quelques personnes, table ronde, réunion professionnelle, etc.
Ce n’est pas seulement le nombre des participants qui varie dans tous ces cas
mais aussi leurs rôles. Dans la conversation orale entre deux personnes tous les deux
participants sont actifs, la communication a un caractère bilatéral. Dans une
intervention publique c’est le conférencier qui a le rôle actif et le rôle du public est
relativement passif ce qui n’exclut point certaines manifestations actives de sa part
(questions, répliques, etc.). En cas de contact médiatisé (radio, télé) le rôle actif du
conférencier augmente sensiblement car il n’a pas moyen de suivre directement la
réaction du public et doit la prévoir d’avance.
4. Le dernier facteur extralinguistique s’est l’objectif communicatif type. On
distingue quelques objectifs généralisés qui régissent l’organisation compositionnelle
du discours et la mise en oeuvre des moyens linguistiques appropriés: reproduire
objectivement et impersonnellement les faits ou, au contraire, agir sur le destinataire,
même au prix de leur déformation; argumenter de manière purement logique les
thèses postulées ou juger les faits, exprimer des émotions, des réactions volitives à ce
propos, et ainsi de suite.
L’analyse des styles langagiers doit tenir compte de la mise en jeu de tous les
facteur communicatifs, aucun d’eux ne suffisant, à lui seul, pour les décrire.
Caractères linguistiques des styles fonctionnels.
Ce sont les propriétés intrinsèques des styles fonctionnels.
1. La forme de la communication qui peut être orale ou écrite. La forme de la
communication exerce une très grande influence sur le choix des moyens
linguistiques. Selon R. A. Boudagov la différence entre la langue écrite et la langue
parlée est la plus importante, la plus universelle pour toutes les langues nationales.
L’éminent linguiste français J. Vendryes affirme que «le français écrit et le
français parlé sont si différents qu’on peut dire que les Français ne parlent jamais
comme ils écrivent, et écrivent rarement comme ils parlent».
La communication orale se fait à l’aide de la voix, des sons, de l’intonation,
etc.
Elle n’est pas fixée graphiquement ce qui explique son caractère linéaire et
prospectif, tant sur le plan de la production que sur celui de la réception du discours.
305
Le locuteur ne peut pas revenir en arrière, ni corriger ce qu’il a déjà dit, d’où tout un
système de rattrapages dans la chaîne parlée; divers types de répétitions facilitant la
mémorisation. La communication orale se caractérise aussi par les ruptures de
constructions, des reprises pronominales, les modes d’interrogation et les formes de
négation spécifiques. On observe dans la com-munication orale certaines tendances et
notamment la tendance à l’invariabilité grammaticale (c’est à dire à l’unification des
formes), tendance à l’économie des moyens d’expression qui se manifeste dans la
suppression de certains éléments (il ne faut pas → faut pas), dans les troncations
lexicales (professeur → prof).
La forme orale de la communication présente certains avantages au sujet
parlant qui peut faire des effets de voix, articuler lentement, nettement, avec
complaisance, ou au contraire précipiter son débit; parler d’affilée sans reprendre
haleine, ou au contraire pratiquer les pauses, les silences, les suspensions, donner de
la voix ou descendre jusq’au chuchottement, il prononce avec intensité une sillabe, un
mot, une phrase ou il glisse et escamote; il dispose de l’intonation, qu’il fait attendrie,
pathétique, ironique, convainquante, douleureuse. Enfin les gestes viennent à son
secours, jeux de physionomie, de la bouche et des yeux, gestes de la tête, des mains,
des doigts, de tout le corps pour souligner, ponctuer, préparer un effet de voix, de
forme ou de pensée.
Il est impossible de reproduire par écrit toutes les insuffisances, les libertés, les
fantaisies de la langue parlée.
Mais le sujet écrivant a ses avantages lui aussi. Il a tout le loisir de procéder
lentement, de se relire, de se corriger. Il a tous les moyens pour soigner la forme de
son discours.
Outre la forme orale et la forme écrite de la communication il existe encore une
forme mixte que les linguistes français appellent «écrit oralisé» ou «pseudo-oral».
C’est la transposition des caractères propres à l’expression écrite, en premier
lieu à ses variétés travaillées, soignées dans la forme orale ce qui est propre au
discours pendant une conférence scientifique, à une intervention publique, etc.
2. Les traits stylistiques. En décrivant des modes d’expression Ch. Bally en
dégageait toujours ce qu’il appelait leurs caractères généraux qu’il considérait, à juste
raison, comme déterminants par rapport au choix et à la mise en oevre des moyens
linguistiques. C’est ainsi qu’il a établi les caractères généraux suivants de la langue
parlée de tous les jours: spontanéité, tendance à l’économie des moyens d’expression
et afféctivité. Aujourd’hui les linguistes parlent des traits stylistiques qui représentent
une caractéristique importante des styles fonctionnels.
Le style administratif par exemple se caractérise par son objectivité, sa netteté,
sa simplicité, sa clarté logique, une certaine solennité, etc.
3. Les types de la parole et les formes compositionnelles du discours
prédominant dans un style fonctionnel.
Tout d’abord il faut distinguer entre deux types principaux de la parole -
dialogué et monologué. Dans la communication orale spontanée c’est le dialogue qui
prédomine. Dans l’expression écrite c’est le type monologué qui prédomine.
306
Parmis les formes compositionnelles du discours (unités transphrastiques en
grammaire) on distingue: narration, description, réflexion et dialogue. Les trois
premières formes (textuelles) se basent sur le type monologué de la parole.
La prédominance d’une ou de plusieurs de ces formes et leur agencement
spécifique devient une caractéristique importante des variétés fonctionnelles de la
langue et des types de textes. C’est ainsi que les styles de la communication
quotidienne se servent du dialogue, le style scientifique recourt souvent à la réflexion,
une instruction technique – à la description, une chronique historique - à la narration,
etc.
En appliquant les critères mentionnés on peut dégager en français les styles
fonctionnels suivants:
dans la communication orale:
1) le style familier
2) le style populaire;
dans la communication écrite:
3) le style officiel (administratif)
4) le style scientifique
5) le style de la communication sociale et politique (des mass médias)
6) le style de la communication littéraire (de belles lettres) auxquels on pourrait
ajouter le style de la publicité et des annonces.
Malgré les différences qui existent entre les styles écrits ceux-ci possèdent
certains traits communs qui permettent de les réunir ensemble et de les opposer aux
styles parlés. Premièrement tous les styles écrits ont un caractère plus soigné. C’est le
type de la parole monologué qui prédomine dans tous ces styles. Les sujets traités
sont plus compliqués que dans la communication orale et les textes écrits s’adressent
le plus souvent à un large public.
Le contact entre l’auteur et le destinataire n’est pas direct et immédiat. Chacun
des styles écrits a plusieurs genres.
[Voilà quelques parodies qui montrent que ce style exerce parfois une grande
influence sur le langage familier: « вой летний отпускной период я провел в
дачной местности.
По линии отдыха все было на уровне. В саду было много зеленых насаждений. А
выйдешь из сада – перед тобой зеленый массив. Жаль только, что торговая
точки были далеко, и это вносило трудности по линии доставки продуктов
питания.
Культурных мероприятий тоже не хватало. Да и санузел был не городского
типа.»
«Дорогая Любаня! Вот уже и весна скоро, и в скверике, где мы с тобой
познакоми-лись, зазеленеют листочки. А я люблю тебя по-прежнему, даже
больше.
Когда же, на-конец, наша свадьба, когда мы будем вместе? Напиши, жду с
нетерпением. Твой Вася»
308
«Уважаемый Василий! Действительно, территория сквера, где мы
познакомились, в ближайшее время зазеленеет. После этого можно
приступить к решению вопроса о бракосочетании, так как время года – весна
– является порой любви. Л. Буравкина»]
Malgré tout, ce style subsiste et ne peut être remplacé par aucun autre puisque
son objectif est de régler les rapports entre les états, les entreprises, les citoyens, l’état
et ses citoyens, etc.
309
Quant au niveau lexical, à côté des mots usuels et livresques le style
scientifique emploie beaucoup de termes qui sont différents d’une science à l’autre.
Nombre de termes provenant d’éléments grecs ou latins portent un caractère
international: hydrotechnique, hémophilie, pathogénie, périgée, etc. Le
développement rapide de la science provoque le renouvellement perpétuel de la
terminologie scientifique.
Chaque jour il naît des termes nouveaux. A ce point de vue, il est intéressant de
comparer la términologie scientifique et administrative. La dernière, comme il a été
déjà signalé plus haut, est très conservatrice et archaïque: les textes du code pénal
français de 1810 et de 1956 ne diffèrent presque pas, tandis que la terminologie
scientifique se renouvelle et se perfectionne constamment. Parmis les termes on peut
trouver beaucoup d’abréviations. Le langage scientifique exclue l’emploi des mots
familiers et populaires.
Parmi les particularités morphologiques du style scientifique il faudrait
mentionner en premier lieu la prédominence des formes du présent de l’indicatif à la
3-e personne du singulier et du pluriel. Ce présent ne sert pas à décrire les actions qui
coïncident avec le moment de la parole mais les propriétés des substances en
question: L’eau bouille à 100°C (= possède la faculté de bouillir à 100°C). Il s’agit
donc du présent absolu ou omnitemporel.
En outre beaucoup de verbes perdent dans les textes scientifiques leur caractère
autonome et commencent à fonctionner comme verbes-outils, de sorte que c’est
l’attribut exprimé par un substantif ou un adjectif qui devient le porteur essentiel de
sens. Voilà pourquoi on parle souvent du style nominatif du langage scientifique. En
comparant le rôle des substantifs et des verbes dans le style des belles-lettres et le
style scientifique le savant russe Kogina a démontré que le verbe joue un rôle
beaucoup plus important dans les oeuvres littéraire où il décrit les actions des
personnages, leur conduite, les événements qui se succèdent parfois d’une manière
très dynamique. Le verbe est l’élément essentiel de la narration. Par contre c’est le
raisonnement et la description qui prédominent dans le style scientifique et le rôle
essentiel revient cette fois non plus au verbe, mais au substantif et à l’adjectif qui
servent à nommer les substances étudiées, leurs propriétés, les notions scientifiques.
En étudiant les pronoms nous avons signalé una autre particularité du style
scientifique: l’emploi de nous de modestie.
Le niveau syntaxique du style scientifique se caractérise par sa complexité, par
un grand nombre de longues phrases avec plusieurs propositions coordonnées et
subordonnées ce qui s’explique par le besoin d’exposer la matière d’une façon
logique, avec esprit de suite, de marquer les rapports parfois très compliqués entre les
substances et les phénomènes en question.
Des liens étroits existent non seulement entre les propositions au sein d’une
phrase, mais aussi entre les phrases, les alinéas, les chapitres dans les ouvrages
scientifiques. Ces liens sont assurés par différents moyens anaphoriques et
cataphoriques: articles, pronoms et déterminatifs possessifs, démonstratifs, indéfinis
310
(autre, même, tel ...), adverbes (premièrement, deuxièmement, etc.) et par d’autres
moyens (d’une part, d’autre part, décrit plus haut, plus bas, ce qui suit, etc.).
Comme pour le style administratif il existe des règles spéciales de la
composition des ouvrages scientifiques. Le texte doit être divisé en chapitres, en
paragraphes qui doivent être intitulés ou dénotés par des chiffres. Très souvent un
ouvrage scientifique contient des figures, des schémas, des formules, des symboles et
même des photos.
Les éléments indispensables d’un ouvrage scientifique sont: une table de
matière, une bibliographie et les références aux ouvrages des autres savants.
A la différence des journalistes ou des écrivains, les savants recourent très
rarement aux tropes, aux figures et aux autres moyens expressifs.
7.2.3. Le style des mass média. C’est le style de la presse écrite, de la radio,
de la télévision, des films documentaires.
On recourt à ce style chaque fois qu’on traite les problèmes actuels de la vie
sociale et politique. Les fonctions essentielles de ce style sont: d’une part, informer le
destinataire, c’est-à-dire apprendre aux larges masses des nouvelles venant de France
ou de l’étranger et, d’autre part, exercer une certaine influence sur l’auditoire, former
sa conception du monde, propager les idées, les opinions de tel ou tel parti politique
ou organisation.
Par conséquent les nombreux genres du style des mass média se laissent classer
en deux grands groupes: genres informatifs et genres analytiques. Au premier groupe
appartiennent: note, entrefilet, dépêche, article informatif, reportage, enquête,
correspondance, communiqué, interview; parmi les genres analytiques on trouve:
commentaire, éditorial (= article de fond, article de tête), article polémique, pamphlet.
Les traits stylistiques du langage des journalistes sont: accessibilité, caractère
documentaire de l’information, caractère appréciatif, standardisation, expressivité.
C’est la forme écrite qui prévaut dans ce type de communication. Il n’est pas
rare pourtant qu’il se manifeste sous la forme d’écrit oralisé.
Le niveau lexical du langage médiatique se caractèrise par l’emploi de la
terminologie spéciale (démocratie, dictature, coexistence pacifique, homme de
bonne volonté). Dans les textes de ce style on rencontre beaucoup de mots
appréciatifs: clique, horde, corrompu, néfaste, taré, sans crupule, agression,
politique belliciste).
Le désir des journalistes de communiquer à la population telle ou telle
information le plus vite possible explique un large emploi du lexique standardisé, des
clichés de toute sorte: ouvrir la voie à, dresser les barières entre, chiffres
astronomiques, proposition constructive, vive satisfaction, lessiver les cervaux,
pays non engagés, plan à long terme, opinion publique, au coeur de l’Europe,
sur l’échiquier international, marquer du fil rouge, peser le pour et le contre,
etc.).
Les textes du style médiatique abondent en noms propres qui désignent des
personnes, des organisations, des termes géorgaphiques. Les journalistes utilisent
311
beaucoup d’abréviations (cigles ou troncation): CGT, ONU, SDF, SMIG, etc. Ils
vont même jusqu’à abréger les noms des hommes politiques ou artistes connus: VGE
(Valéri Giscard d’Estaing), YSL (Yves Saint Laurent), etc.
A partir des années 60 les mots familiers commencent à pénétrer largement
dans le style médiatique. Aujourd’hui on rencontre sur les pages des journaux
beaucoup de mots familiers, parfois assez grossiers et même vulgaires:
Assez de salade, donnez-nous l’oseille.
Quel pied! (кайф, блеск)
Décidément «Libération, c’est bidon!» (туфта, липа)
A côté des mots du verlan (chébran, beur, meuf), des abréviations propres au
langage familier (ado, écolo, gym, manif) les journalistes créent aussi des
néologismes:
La dictatoresse philippine Mme Marcos.
Et nos beaux PDJ et leurs pédéjettes pourront aller se bronzer la bedaine
deux fois par an au lieu d’une aux Bahames.
Au niveau morphologique le style des mass média se distingue par l’emploi du
conditionnel comme moyen grammatical de citer l’information dont on n’est pas sûr:
Metz, janvier. Un avion d’entraînement à réaction s’est écrasé vendredi
matin dans la forêt de Morley. Une avarie de réacteur serait à l’origine de
l’accident.
La syntaxe du style médiatique est très variée et dépend du genre: pour les
genres informatifs elle est plus simple, pour les genres analytiques beaucoup plus
compliquée. En outre les journalistes empruntent volontiers les éléments de la
syntaxe familière: la dislocation, les structures incomplètes, etc.: Juliette Gréco,
j’adore. (titre). Nous approchons de Moscou. Brusquement «les» revoilà,
innombrables. Elles, les grues. C’est une de ces villes satellites.
Vu la tendance du style médiatique à l’expressivité les journalistes exploitent
largement les différents tropes (métaphore, métonymie, ironie, comparaison, etc.), les
possibilités expressives de la graphie. Les textes des journaux sont souvent
accompagnés de photos, de caricatures, de charges, etc.
Il faut souligner que les journalistes attachent une grande importance aux titres
des articles qui doivent attirer l’attention du public. Tout y est mis en jeu: dimension
des lettres, leur couleur, disposition, choix du lexique, syntaxe, tropes, calembour,
etc.:
L’éloquent silence.
Même le boeuf s’envole.
7.2.4. Le style des belles-lettres. Plus haut nous avons remarqué qu’il ne
fallait pas confondre le style des belles-lettres, la langue de la littérature avec la
notion de la langue littéraire. Un écrivain peut utiliser dans ses oeuvres non
seulement les moyens conformes à la norme littéraire (= meilleur modèle de la langue
nationale), mais aussi les faits condamnés par cette norme (langage populaire,
312
argotique) nécessaires pour mieux peindre ses personnages, leur milieu. De cette
façon on peut constater que la fonction essentielle du style des belles-lettres est la
fonction esthétique: tous les moyens y sont appelés à remplir cette fonction, à créer
un système d’images. Ses traits stylistiques sont donc: caractère imagé, expressivité,
affectivité visant des buts esthétiques.
L’existence du style de la communication littéraire est souvent contestée,
notamment, parce qu’on peut y rencontrer les éléments de tous les autres styles écrits
et parlés. Pourtant, il serait faux d’affirmer que ce style soit un style mixte. Tous les
moyens empruntés aux autres styles y sont motivés par la fonction esthétique. En plus
ce n’est pas le style lui-même qui est emprunté mais seulement certains éléments qui
en portent la marque.
Le style des belles-lettres représente lui aussi un système de moyens
d’expression résultant du choix conscient des écrivains. L’écrivain met en oeuvre les
faits de la langue choisis pour exprimer son idée par des images concrètes, par des
tableaux. Pour lui, la langue est un instrument qui permet de peindre la réalité telle
qu’il la conçoit et de la transporter en images.
La langue de la littérature est un des aspects les plus riches de la langue
nationale. Aucun autre style n’emploie un vocabulaire aussi nombreux, aussi divers,
une gamme aussi riche de structures grammaticales.
Un écrivain utilise largement tous les tropes existants qui sont pour lui un
moyen efficace de peindre des tableaux de la vie, de faire les portraits des
personnages, de traduire ses sentiments et susciter ceux du lecteur.
Un bon écrivain possède sa manière individuelle d’écrire, son style. Il
renouvelle les images, crée de nouveaux procédés expressifs. L’originalité du style
est un des critères d’une vraie oeuvre d’art, d’un véritable littérateur. Les écrivains
contribuent largement à l’enrichissement et au perfectionnement de la langue
nationale.
De cette façon, le style des belles-lettres occupe grâce à sa fonction esthétique
une place à part dans le système des styles fonctionnels du français.
313
Les traits stylistiques du langage familier sont: caractère spontané, affectivité,
expressivité. Le sujet parlant est libre d’exprimer ses sentiments, ses émotions, son
tempérament, son attitude à l’égard de l’interlocuteur ou de l’objet en question.
Au niveau phonétique le langage familier se caractérise par in débit rapide.
Fréquentes sont les pauses et les phénomènes d’hésitation. Le rythme se
distingue par une distribution irrégulière des accents: on peut trouver 9 ou 10 syllabes
groupés autour d’un seul accent, ou, au contraire, l’accumulation de quelques accents
de différente qualité dans certains points de la chaîne parlée. Au niveau du ton la
prononciation familière est caractérisée par une haute fréquence de changements
mélodiques utilisés à des fins expressives.
L’articulation du français familier est plus ou moins relâchée ce qui entraîne
toute sorte de modifications des sons.
Le [ә] caduc, selon les statistiques, est omis dans 56 % de cas. Outre le [ ә]
caduc, on observe la chute de plusieurs autres voyelles et de certaines consonnes:
tu as → [ta]
ils ont dit → [zõdi]
vous êtes → [vzet]
cette année → [stane]
votre fille → [vot fij].
L’amuïssement des sons, la réduction des groupes des consonnes peut avoir de
grosses conséquences pour le système grammatical du français. Ces phénomènes
contribuent notamment:
-à la disparaition du 1-er élément de la négation ne: C’est pas grave. J(e) peux
pas. C’est rien. [Signalons que l’absence de « pas », au contraire, peut prêter dans certains cas
à la proposition une nuance recherchée, littéraire, ce qui est possible avec les verbes oser, cesser,
pouvoir, savoir: Il faudrait parler mais il n’ose.];
-à la perte du pronom il dans certains tours impersonnels:
il faut → faut
il ne faut pas → faut pas
il y a → ya.
Fréquente est la chute des semi-consonnes:
puis → [pi]
voilà → [vla]
bien → [bεn].
Plus haut nous avons signalé la tendance du français familier à ne pas faire un
grand nombre de liaisons, à l’affaiblissement ou à la disparaition de certaines
oppositions dans le système vocalique.
Il est important de souligner que le français parlé se distingue par une grande
quantité d’homonymes: [sã] = sans, sang, cent. L’homophonie se trouve à la base
des calembours qui sont particulièrement nombreux en français parlé:
il est ouvert = il est tout vert
une femme qu’il aime = une femme qui l’aime, etc.
314
V.G. Gak remarque, à juste titre, que si dans les autres langues le sens de
l’énoncé se compose du sens de ses éléments, en français parlé, au contraire, très
souvent le sens des éléments découle (dépend) du sens de l’énoncé. C’est pourquoi il
est souvent difficile de comprendre un message oral en français. Cela peut paraître
paradoxal, - continue V.G. Gak, mais il est plus facile de parler français que de
comprendre cette langue.
Au niveau lexical le français familier affectionne quelques procédés de la
formation des mots nouveaux. En premier lieu c’est la suffixation à l’aide des
suffixes diminutifs -et, -ette, -ot, -otte: maison → maisonette, jardin → jar-dinet,
frère → frérot, main → menotte.
Les mêmes suffixes servent à former les adjectifs diminutifs: propre →
propret, pauvre → pauvret, pâle → pâlot, petit → petiot.
Pourtant la valeur stylistique du mot dérivé dépend souvent du mot de base.
Parfois les dérivés en -et, -ot acquièrent une nuance défavorable: parlotte
(parlote) – говорильня, пустословие.
Le suffixe le plus productif est -ard, qui sert à former des substantifs à valeur
péjorative: soiffard, chauffard, binoclard, richard.
Un autre suffixe péjoratif est -aille servant à former des substantifs collectifs:
flicaille (= flic), piétaille, mangeaille, marmaille.
Beaucoup moins productif sont les suffixes -asse, -aud: paperasse, blondasse,
mollasse, salaud, lourdaud.
Le verbe dans le style familier se forme à l’aide des suffixes -oter, - ailler, -
asser qui prêtent aux mots dérivés le plus souvent une nuance défavorable: vivoter
(прозябать), pianoter (бренчать), rimailler (пописывать стишки), écrivailler
(марать бумагу), rêvasser (грезить), bavasser (болтать, чесать языком).
Parmi les prefixes le langage familier affectionne surtout re-: revoulez-vous
du café?, rebonjour, reparler.
Le rythme accéleré de la conversation familière, la tendance au moindre effort,
à l’économie des moyens linguistiques favorisent un autre procédé de la formation
des mots nouveaux: l’abréviation. Elle porte surtout sur les substantifs et se fait par le
retranchement de la dernière syllabe (des dernières syllabes) ce qui s’appelle apocope
ou par retranchement du commencement des mots (aphérèse). Les formations par
apocope sont particulièrement nombreuses: apéro, ciné, occase, perme, sana, prolo,
etc. Plus rares sont les formations du deuxième type: cipal, ricain.
Beaucoup de mots abrégés nés dans le style familier pénètrent plus tard dans la
langue commune: auto, métro, photo, taxi.
Le français familier abrège aussi les noms propres: le boul Miche, Monparno,
le Sebasto, etc.
Une source importante de la formation des mots nouveaux en français familier
est la composition: brûle-gueule (une courte pipe), pousse-café (un petit verre après
le café), crève-la-faim, va-nu-pieds.
Comme on le voit les mots composés familiers sont très expressifs.
Il est à noter que les mots usuels peuvent acquérir dans le français familier une
315
nouvelle signification: faucher - fam. s’emparer, voler; raser – importuner, ennuyer.
Assez répandus sont dans le langage familier (surtout dans la bouche des
enfants) les formations du type dodo, pépé, coco, bébète, chouchou, etc. Ce procédé
appelé «réduplication» consiste en répétition volontaire d’une syllabe et concerne
aussi les noms propres: Gégène (Eugène), Mimile (Emile), etc.
Le langage familier utilise largement des nominations métaphoriques (un âne
= très bête, une pie = bavarde), des comparaisons imagés (dormir comme un
caillou, nu comme un ver, être comme un poisson dans l’eau), des proverbes et
des dictions (couter les yeux de la tête, donner un oeuf pour avoir un boeuf), des
expressions hyperboliques (je meurs de faim, il y a un siècle que je ne vous ai pas
vu).
En général, le lexique familier se distingue des mots livresques et des mots
usuels comme moins soutenu, plus expressif, plus affectif. Grâce à cette expressivité
les termes familiers pénètrent aujourd’hui sur les pages des journaux, dans la
publicité, on les entend de la bouche des speakers de la télévision et de la radio.
Travail devient en français familier boulot, ami → pote, argent devient fric,
beau → chouette, beaucoup → vachement, eau → flotte, enfant → gosse, homme
→ mec, visage → gueule, au revoir→ À la revoyure etc., etc. (revoyure Fam. À LA
REVOYURE : au revoir (cf. À la prochaine*). « Tu t'entêtes? Je n'insiste pas. À la revoyure »
(Aymé).)
Le langage familier emprunte à son tour beaucoup de termes au français
populaire et à l’argot.
Du point de vue morphologique le langage familier se caractèrise par un large
emploi du présent des verbes. Ce temps marque non seulement les actions qui
coïncident avec le moment de la parole mais aussi les actions futures ou passées:
Il part demain.
Hier il m’aborde et me serrant la main dit...
Vous êtes là demain?
Une action passée et achevée s’exprime en français familier par le passé
composé. La forme du passé simple ne s’emploie guère dans la conversation
familière, de même que le passé antérieur, l’imparfait et le plus-que-parfait du
subjonctif. Comme équivalent du passé antérieur on emploie en français familier le
passé surcomposé:
Quand j’ai eu fini la lettre, je l’ai remise à l’employé.
Le futur simple est souvent remplacé par le futur proche.
Plus haut nous avons signalé que les règles de la concordance des temps ne
sont pas observées en français familier.
Quant aux pronoms le trait le plus original du langage familier est l’emploi du
pronom on qui peut remplacer n’importe quel autre pronom (voir plus haut). Les
formes cela et ceci sont remplacé par ça.
Les particularités de l’emploi des articles, des adverbes, des adjectifs en
français familier ont été décrit plus haut.
316
La syntaxe du langage familier est beaucoup plus simple que la syntaxe des
style écrits. Les plus fréquentes sont les phrases indépendantes ou prétendues telles:
Elle s’est disputée avec sa mère. Elle lui a dit ses quatre vérités. Après ça,
elles sont plutôt en froid.
Les phrases sont assez courtes, on utilise très peu la coordination et la
subordination.
Parmi les phrases complexes ce sont les phrases à juxtapposition qui
prédominent.
Il est à noter que les phrases à subordination ne sont pas stylistiquement
homogènes. Elles se distinguent en premier lieu par la valeur stylistique des
conjonctions. Face aux conjonctions du style soutenu, livresque: afin que, lorsque,
cependant que, au fur et à mesure que on trouve pour que, quand, pendant que,
à mesure que qui sont neutres.
Il existe en outre certaines conjonctions et locutions conjonctives qui sont
qualifiées de familières. Ce sont notamment: le temps que (face à en attendant que),
question de (face à pour, à dessein de), du moment que (à côté de maintenant
que), surtout que (comparée à d’autant que), pas que (face à non que), malgré
que (comapré à quoique, bien que).
Attendu que, vu que, étant donné que appartiennent surtout au style
administratif, mais elles pénètrent aussi dans le français familier:
Ex.: Je l’entraînai à l’extérieur de la boîte, histoire de causer cinq minutes.
(Express)
Le temps qu’on aille quérir une autre raquette, vous aurez repris votre
souffle. (Sagan)
Malgré qu’il ait revu le maire, Arnov n’en savait pas beaucoup plus
qu’eux. (Dabi)
La conjonction quand introduisant une complétive est traitée de familière: Elle
m’a parlé de quand vous êtiez petits. (Aymé)
La nuance familière est observé aussi lorsque quand s’emploie avec des
prépositions en qualité de conjonction: Cela nous servira pour quand nous
partirons en voyage.
Beaucoup de phrases du langage familier sont incomplètes, elliptiques: les
termes omis se devinent grâce à la situation, aux gestes, aux répliques précédentes.
Le caractère spontanné du langage familier explique un grand nombre de
phrases inachevées. Encore un phénomène typique pour le français familier est
l’anacoluthe (= absence de suite): Parce que moi, monsieur, il y a des maisons où
je ne vais pas.
L’ordre des mots est essentiellement direct, l’inversion ne se fait pas même
dans les phrases interrogatives:
Clairmont, tu connais?
Le dernier film de Claude Sautet, tu aimes?
Elle habite où?
C’est où qu’elle habite?
317
Où est-ce qu’elle habite?
Une autre particularité de la syntaxe familière est la segmentation. La phrase,
comme le remarque V.G. Gak, se divise en deux parties: premièrement on esquisse à
l’aide des formes pronominales un schéma qui est ensuite remplie par des mots
pleins:
Tu y as été, toi, en Espagne, l’été?
Il l’avait déjà gagné, le Tour de France, l’année dernière, Bobet.
La syntaxe segmentée est beaucoup plus souple, plus expressive et affective,
elle permet de mettre en relief telle ou telle idée.
Comme il a été déjà noté plus haut, le langage familier se caractérise par un
large emploi des soi-disant particules fonctionnelles.
Ce sont les équivalents des particules russes же, ведь, ка, etc. En français on
emploi pour ce but les mots déjà existant mais qui acquièrent dans un context
inhabituel une valeur spécifique: bien, moi, déjà, quoi, un peu, seulement, quand,
voir, etc.:
Vous voyez bien que je suis pressée.
Est-ce que tu connais seulement le testament? (Знакома ты хотя бы с ...)
Quel malheur! Quand je pense que je l’ai vue avant-hier. (Подумать
только. А я ведь видел её только позавчера.)
Où veut-tu qu’il aille? (Куда же ему идти?)
Chantez-la voir à vos camarades. (Спойте-ка её своим друзьям.)
************
Les deux autres espèces de la langue parlée, le français populaire et l’argot
ne sont pas conformes à la norme littéraire. Henri Bauche écrit: «Le français
populaire s’oppose à la langue générale, officielle, littéraire, dite correcte, employée
par la bonne société. Le parler populaire lui est aussi général c’est-à-dire répandu
dans toute la France. Il est employé par le peuple. Il se caractèrise par des fautes de
grammaire, de syntaxe et de vocabulaire qu’on peut entendre partout à Marseille, à
Lille, à Nancy, à Bordeau, à Brest, à Paris.
A la différence de l’argot qui est une langue artificielle faite pour se
comprendre entre soi sans être compris des non-initiés, le langage populaire est
l’idiome parlé couramment et naturellement dans le peuple, idiome que l’homme du
peuple tient de ses père et mère et qu’il entend chaque jour sur les lèvres de ses
semblables».
Il faut souligner que ceux qui parlent le langage populaire ne peuvent pas
changer de registre et continuent de parler une même langue partout, dans toutes les
situations de communication.
Exemple de la prononciation populaire:
entre quat’z yeux, passque, j’ajète, chuis d’Paris, o(b)scur, cataplas(m)e,
rhumatis(m)e, augus(t)e, meub(l)e, peu z à peu.
318
Les suffixes populaires et argotiques:
-ouse: barbouse ← barbe, langouse ← langue, piquouse ← pique
-oche: patoche ← patte, santoche ← santé, valoche ← valise
-ingue: salingue ← sale, sourdingue ← sourd
-mard: épicemard ← épicier, officemard ← officier
Les mots populaire sont souvent grossiers et vulgaires: dégueulasse, moche,
godasse, etc.
Mon cochon, mon salaud sont des termes d’amitié. On entend fréquemment
dire cuir ou couenne pour peau, lard pour graisse, vêler ou pondre pour
accoucher, etc. avec l’intention évidente de comparer l’homme et la bête. Les
exclamations merde!, nom de Dieu! tiennent la place des signes de ponctuation.
Au niveau morphologique la langue populaire se caractérise par l’emploi d’un
seul verbe auxiliaire avoir (voir plus haut), par l’emploi parallèle des substantifs et
des pronoms (Pierre y (=il) vient.)
Au niveau syntaxique que remplace souvent les autres conjonctions:
Gégène et l’autre que sa femme est malade. (= dont la femme est malade)
L’interrogation qui est venu? devient en français populaire qui qu’est venu?,
qui qu’c’est qui est venu?, qui c’est-il qui est venu?, qui c’est i qui est venu?
La particule interrogative populaire ti est très répandu:
T’es ti là?
Quoi c’est i qu’tu veux?
En guise de conclusion on peut dire que les styles fonctionnels représentent des
systèmes des faits d’expression spécifiques au sein d’une langue nationale
fonctionnant dans des sphères communicatives déterminées. Ces systèmes se forment
et se développent au cours de l’évolution de la langue. Chaque style est régi par sa
propre norme. La classification de ces styles se base sur deux types de critères:
extralinguistiques et linguistiques. Les moyens linguistiques propre à un style
fonctionnel ne s’emploient pas dans les autres styles où y sont très rares. Les styles se
distinguent aussi d’après les particularités de leur composition. Chaque style
comprend plusieurs genres.
Пародия:
Всю дорогу, со страшной силой хиляя по лесу, ерый Волк подклеивался к колоссальной
чувихе в потрясной красной шапочке. Та сразу усекла, что ерый Волк – слабак и задохлик, и
стала толкать ему про больную бабушщку. « лушай, детка, прими таблетку, - сказал
ерый Волк. – Это все не фонтан, пшено и не в жилу». «Отпад, - сказала Красная Шапочка.
– Будь здоровчик.» (Розовский .М - ЛГ)
8. Tropes et Figures
320
POLYPTOTE (n.m): répétition d'un mot avec variation morphologique ou
fonctionnelle.
Après tant de hauts faits, il m’est bien doux, seigneur, […]De voir, sous les
lauriers qui vous couvrent la tête, Un si grand conquérant être encore ma conquête,
[…] (Corneille, Nicomède)
321
Il en peut être aucun de ma complexion, qui m'instruis mieux par contrariété
que par exemple, et par fuite que par suite (...) L'horreur de la cruauté me rejette
plus avant en la clémence qu'aucun patron de clémence ne me saurait attirer.
Un bon écuyer ne redresse pas tant mon assiette, comme fait un procureur ou un
Vénitien à cheval; et une mauvaise façon de langage réforme mieux la mienne
que ne fait la bonne.(Montaigne, Essais)
DIRE MIEUX
CORRECTION (n.f): reformulation plus satisfaisante d'un terme.
J'aime, que dis-je, aimer ? j'idolâtre Junie. (Racine, Britanniяcus)
329
SUPPLÉMENT À CONSULTER
(tableaux, règles, schémas)
I. TABLEAUX
Occlusi- Bruits p b t d - - k g
ves
Sonnantes - m - n - ɲ -(ŋ)
Constric Bruits f v s z
-tives
- - ʃ ʒ
Sonnantes w ɥ l j ʁ
Vibrante s Sonnantes (r) (R)
bruits sonnantes
[p,b,t.d,k,g,f,v,s,z, ʃ, ʒ] [l,r,m,n, ɲ,j,ɥ,w]
Remarque: Les règles de la prononciation du [ә] au début du mot ne sont pas les mêmes
qu’à la fin ou au milieu des mots. La position initiale permet de maintenir le [ә] dans la
prononciation, même s’il est précédé d’une seule
331
consonne. C’est le cas du tempo ralenti de la parole ou quand vous voulez mettre en relief le
mot. Il est possible de dire dans ce cas sa revue, un secret.
Remarque: Pourtant, dans les mots comme justement, fortement, surtout si la première
consonne est r – port(e)faix (грузчик) le son [ә] n’est pas parfois prononcé par les
intellectuels français.
A la fin du mot:
(deux consonnes +[ә]) (une seule consonne + [ә])
notre bête sal(e) bête
la pauvre femme la bell(e) femme
il se porte mieux il mang(e) mieux
Remarque: Mais le maintien du [ә] dans la colonne gauche (notre bête) n’est pas régulier.
Outre cela, dans la prononciation négligée, même chez les Français cultivés on observe pas
seulement la non prononciation du [ә] mais aussi la chute de la consonne précédente [ʁ] ou
[l]: notre bête [nɔt-bɛt], quatre bicyclettes [qat-bisiklɛt], on va le mettre dehors [õ-va-lә-
mɛt-dә-ɔ-ʁ]. Tout de même dans ce cas le [ә] apparait après une seule consonne ce qui
rend normal sa chute ci-dessus.
332
Groupes de mots avec [ә]:
Les mêmes règles décrites dessus s’appliquent à la prononciation du [ә] qui suit:
ils viennent de m(e) dire il vient d(e) me l(e) dire
ils disent que j(e) le sais il dit qu(e) je l(e) sais
Le [ә] se prononce:
1) dans le groupe de trois consonnes: exactement, probablement, il me
l’a dit (les groupes inséparables: bl, br, cr, dr, fl, fr, ks, sk, sp, ps,
etc.;
2) dans le groupe consonne + l, r, + j: tonnelier, atelier, nous serions;
3) en syllabe accentuée au début du groupe rythnique: debout, demain,
dehors, ceci, celui;
4) devant le h aspiré: le héros, le haricot;
5) devant les chiffres 8, 11: le huit, le onze;
6) dans la récitation des vers on prononce tous les [ә] pour la quantité
des syllabes voulues: Maître corbeau sur un arbre perché…;
7) dans le chant on peut même prononcer le [ә] apres une voyelle:
Allons enfants de la Patr-i-e-;
8) plus le style est élevé moins on supprime le [ә]. Son maintien peut
avoir différentes nuances affectives;
9) le respect – monsieur [mǝsjø];
10) la tendresse – mon petit [pǝti].
333
pas; M(e) répondras-tu – d(e) chez qui viens-tu?; T(e) reverra-t-on bientôt? –
qu(e) c’est loin.
Remarque: Si le débit est particulièrement lent, tous les e peuvent se maintenir.
5) de tous les groupes de deux monosyllabes il n’y a chute du e initial
que dans j(e) te et c(e): que j tombe mal; Que c tableau est laid!; Que
m demandez-vous?; Que de patience!; Que t vendra-t-on?; Te l faut-
il; De l voir m’irrite; Me l direz-vous?; Ne s dépêchera-t-il pas?; Ne l
payez pas; Ne m quittez pas; Ne t laisse pas faire; Se l fait-il
envoyer; Ce n doit pas être vrai; Je l vois d’ici; Je n pense pas; Je m
prépare; J te répondrai; C que tu voudras.
334
7) Préposition + mot: sans un jour, en été, chez eux, sans argent, sous
entendu, après avoir dîné, avant-hier;
8) Adverbe + verbe: très, plus, moins, mieux, tout, bien, rien se lient avec le
participe: bien entendu, très âgé. Il y a liaison avec plus et moins quand il
y a comparaison. Sans comparaison: il est moin(s) utile. Rien se lie
toujours avec en, y, a: rien à faire, rien à dire;
9) Verbe + en, y: prenez-en, en avez-vous? Dans la liaison un, aucun, bien,
rien, mon, ton, en gardent leur nasale + le /n/ de la liaison: un élève, aucun
élève, bien élevé, on étudie, en écoutant, en effet, mon ami, son
enregistrement, ton invitation. Il y a exception pour bon, certain, plein,
moyen: un bon élève,un certain âge, en plein air, au moyen âge – où la
nasale se désanalise;
10) Locutions toutes faites: pot au feu, ponts et chaussées, tout à l’heure, de
temps en temps, arts et ateliers, pied à terre;
11) La valeur grammaticale du /z/ est un indice autonome du pluriel: il
écoutait – ils écoutent; leur ami – leurs amis; vous êtes Italien (sing.) –
vous êtes Italiens (pl. – liaison);
12) Valeur sémantique: les auteurs / les hauteurs; les eaux / les hauts; un
être / un hêtre; en eau / en haut;
13) Pataquès: entre quatre-z-yeux, mill-z-amities, le bal des quat’s arts, les
quat’z-éléments (vestige du XVII siecle)
14) Après dès et quand, tout: dès aujourd’hui, quand on pense, tout est fini.
III. Les cas de liaison facultative sont nombreux parce que de nos jours la
liaison se fait de moins en moins. Ce sont les cas suivants dans les groups
rythmiques constitués par:
1) Un nom (pluriel) + adjectif (pluriel): des hommes âgés;
2) Des paires de noms: femmes et enfants;
3) Des paires d’adjectifs: le Corbeau honteux et confus;
4) Un nom + une préposition: des moulins à vent;
5) Un adverbe (trop, beaucoup, assez, pas) + un adjectif: il est assez
intelligent, trop aimable, ce livre n’est pas intéressant;
6) Une préposition (avant, pendant, devant, chez, après) + un mot: après une
lutte, pendant une bataille, devant une maison, chez un ami, avant un mois;
7) Mais, jamais + mot: mais il faut croire, il n’a jamais été fier;
8) Verbe auxiliaire (semi auxiliaire) + verbe à la Ie et à la 2e personne du
singulier et du pluriel: je suis allé, nous y sommes allés, nous avons eu, tu
étais arrivé, vous avez écrit;
9) Un prédicat + un complément: j’écris une lettre, en parlant à ma soeur,
nous parlions anglais, en allant à Moscou;
10) Un adjectif + un mot: heureux au jeu, malheureux en amour;
11) Adverbe polysyllabique + verbe: paisiblement assise;
12) Verbe + adverbe: on distinguait encore de loin, il visait assez bien, il en
avait assez;
13) Pas + mot: pas encore, pas assez, pas avant huit jours, pas après elle, pas
aujourd’hui;
14) Les verbes modaux à l’infinitif: il faut écouter.
Phonèmes vocaliques
337
III. SCHÉMA GÉNÉRAL DE LA RÉSOLUTION
D’UN PROBLÈME EN PHONOLOGIE
338
BIBLIOGRAPHIE
339
е изд. – М. : Юрайт, 2015. – 463 с. : табл., ил. – (Бакалавр. Базовый курс). –
Библиогр.: с. 460-461.
14. Словарь современной фразеологии французского языка Африки [Текст]
: словарь / ред.: Ж. Баган, А. Н. Лангнер. – М. : Флинта ; М. : Наука , 2014.
– 435 с. – (Французский язык в Африке). – Библиогр.: с. 416–435.
15. Томашпольский, В. И. Старофранцузский язык : учеб. пособие /
В. И. Томашпольский. – 3-е изд., стер. – М. : ФЛИНТА : Наука, 2016. –
376 с.
16. Фёдоров, В. А. Теоретическая фонетика французского языка : учебно-
методическое пособие для вузов / В. А. Фёдоров. – Воронеж : Издательско-
полиграфический центр Воронежского государственного университета,
2008. – 63 с.
17. Щерба, Л. В. Фонетика французского языка / Л. В. Щерба. – М., 1963. –
380 с.
18. Shigarevskaïa, N. Traité de phonétique française. Cours théorique /
N. Shigarevskaïa. – Moscou : Vysšaja škola, 1982. – 271 p.
340
341
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