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Chapitre III

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CHAPITRE III : STRUCTURE, GEODYNAMIQUE ET EVOLUTION

DE LA TERRE
I. INTRODUCTION
La Terre dont l’âge est estimé à 4,6 milliards d’années n’a pas gardé toujours le même
visage. En effet, elle a profondément changé d’une sphère inhospitalière, formée de roches en
fusion à un monde diversifié et surtout riche en vie. Ce monde-là, où l’Homme se trouve au
cœur et y mène ses différentes activités est le résultat d’interactions complexes entre la vie et
l’environnement tout autour.
Il est difficile de déterminer la composition chimique de toute la partie superficielle de
la Terre à cause de la grande diversité de ce qui la constitue et il est extrêmement difficile de
déterminer la nature et l’état physique de sa partie interne à des profondeurs où aucune
observation directe n’est possible. Les échantillons de roches sont obtenus à des profondeurs
ne dépassant pas 12 Km (Péninsule de Kola, Russie 1970-1989). En effet, il s’agit là de la
plus grande profondeur obtenue jusqu’à ce jour par les techniques de forage.

Figure 1 : Profondeurs maximales atteintes par foration dans différentes régions de la Terre

Cependant, il y’a parmi les matériaux de la partie interne de la Terre se trouvant à


l’origine à des profondeurs supérieures à 12 Km qui parviennent quand même à la surface
terrestre par des processus géologiques tels que les éruptions volcaniques. S’il faut se réjouir
de cette possibilité que nous offre le volcanisme, il ne faut pas oublier que la profondeur de
provenance de ce matériel est limitée à une partie du manteau supérieur (environ 150 Km de
profondeur) et qui n’est rien à côté des 6 371 Km que font le rayon de la Terre (soit environ
2,35% du rayon de la Terre).

Dr. Ing. Mahamadou KONARE, Assistant au département des Sciences de la Vie et de la Terre, UTS 1
Notons que jusqu’à l’heure actuelle, aucun autre moyen direct ne permet d’accéder à
l’intérieur de la Terre. A côté du volcanisme qui est direct, d’autres phénomènes naturels sont
en réalité des possibilités indirectes exploitables dans le but de se renseigner sur la nature et
la composition de l’intérieur de la Terre. C’est ainsi qu’un certain nombre de suggestions
(méthodes) avec certes des différences fondamentales ont été mises en place pour déterminer
la structure interne de la Terre. Parmi ses méthodes le plus attrayant reste jusqu’à ce jour
l’étude des ondes sismiques (provenant des séismes ou tremblements de terre). En effet, le
parcours des ondes sismiques traversant l’intérieur de la Terre n’a pas une allure homogène
(si on mesure les vitesses) tout au long de son trajet. Ces ondes agissent donc comme des
rayons X en donnant des informations sur les couches traversées en termes de nature
(physico-chimique) et d’épaisseur. En plus de l’étude des ondes sismiques, les travaux
réalisés en laboratoire, les recherches effectuées sur la gravitation, le géomagnétisme, les
caractéristiques géo-électriques, la géothermie, la radioactivité, la géochimie, etc. ont eu des
apports non moins importants dans cette quête d’informations sur l’intérieur de la Terre.

II. LE GLOBE TERRESTRE

1. Forme de la Terre
La Terre a une forme sphérique imparfaite, puisqu’elle est aplatie au niveau des
pôles (à cause de la rotation de la Terre qui entraîne la formation d’un ‘bourrelet’ au niveau
de l’équateur). Le diamètre moyen du sphéroïde de référence (appelé géoïde) est d'environ
12 800 Km et la différence entre le rayon polaire et le rayon équatorial moyen est d’environ
22 Km.
Newton a amené l'idée que cette sphère était plutôt aplatie aux pôles et pouvait être
ainsi représentée par un ellipsoïde. L’aplatissement polaire conduit à une réduction du rayon
polaire de 1/298 du rayon équatorial. Avec l'arrivée des satellites artificiels en géodésie, il a
été possible d'établir une ellipsoïde globale (mondial) utilisable sur toute la surface du globe.
Mais l'ellipsoïde ne prendra pas en compte toutes les hétérogénéités de la surface terrestre
notamment les mesure d'altitude.

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Figure 2 : Forme de la Terre

Les mesures de l'altitude doivent être basées sur le niveau moyen des mers identifiable
le long du littoral (se prolongeant sous les continents), et sur une force de gravité terrestre
identique. Cette représentation est appelée géoïde. En géodésie la terre à pratiquement la
forme d’un géoïde, et ce géoïde est défini comme une surface équipotentielle de pesanteur
(de même pesanteur). Parmi l’infinité d’équipotentiel répondant à ces critères, le géoïde est
en effet celui qui coïncide avec le niveau d’équilibre des océans, d’altitude Z = 0 m prolongée
également sur les continents. Ce géoïde est donc une des formes de la Terre (forme
gravimétrique de référence).

Figure 3 : Le Géoïde : forme gravimétrique de référence de la terre

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La masse de la Terre est estimée à 5,977.1024 Kg et sa densité moyenne est de
5,517. La Terre peut être considérée comme un solide entouré en grande partie (70%) d’une
enveloppe liquide discontinue : l’hydrosphère et d’une enveloppe gazeuse : l’atmosphère.
La Terre est une planète tellurique, c'est‐à‐dire essentiellement rocheuse et qui
possède un noyau métallique, contrairement aux géantes gazeuses telles que Jupiter ou
Saturne qui sont essentiellement constituées de gaz légers (hydrogène et hélium). La planète
Terre est la plus grande des quatre planètes telluriques du Système Solaire en termes de
dimension et de masse.
Environ 70% de la surface de la Terre est couverte d'océans d'eau salée, les 30%
restants forment les continents et les îles sur lesquels il ne faut pas ignorer les eaux de
surface (Cours d’eau et lacs). Donc la part de la Terre occupée par les eaux est en réalité
largement dominante.

2. La structure interne de la Terre


L'intérieur de la Terre comme celui des autres planètes telluriques est stratifié,
c'est‐à‐dire organisé en couches concentriques superposées, qui ont des densités
croissantes avec la profondeur. Ces diverses couches ont des natures physiques différentes et
sont constituées par des éléments chimiques de nature aussi différentes.
Cette structure interne de la Terre a été mise en évidence en grande partie grâce à
l’étude de la propagation des ondes sismiques émises pendant les grands tremblements de
terre mais aussi par l’étude des émanations volcaniques comme mentionné ci-dessus.
Lors des séismes, il y a émission d’ondes sismiques parmi lesquelles :
➢ Les ondes P : sont des ondes qui ont la capacité de traverser tous les milieux ;

➢ Les ondes S : sont des ondes qui traversent uniquement les milieux solides. Elles ne
passent pas à travers les milieux liquides.

Après chaque séisme, les résultats obtenus concernant la vitesse des ondes P et S en
fonction de la profondeur du globe terrestre pour les mêmes matériaux sont toujours les
mêmes. On les exprime sous forme de graphe : courbes de la vitesse des ondes sismiques en
fonction de la profondeur.
L’augmentation brutale des vitesses VP et VS à certaines profondeurs, (ainsi que leurs
chutes à certains niveaux) signifie que les ondes P et les ondes S sont passées d’un milieu à
un autre de caractéristiques physiques très différentes et qu’elles ont traversé des limites
correspondant à des surfaces de discontinuité à l’intérieur de la Terre.

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➢ Une discontinuité : est une surface qui est responsable d’une variation brutale de la
vitesse de propagation des ondes sismiques due à un changement de nature chimique
de la matière ou d’état physique de la matière.

La vitesse de propagation des ondes sismiques ou célérité à une profondeur donnée


dépend de la nature de la roche et des conditions physiques (pression et température) qui
règnent à ces niveaux. Les vitesses de propagation des ondes sismiques nous permettent non
seulement de définir des discontinuités majeures mais aussi et surtout de définir les propriétés
des différentes enveloppes terrestres (voir figure ci-dessous).

Figure 4 : Propagation des ondes P (Primaire) et S (Secondaire) en fonction de la


profondeur (La brusque interruption de propagation des ondes S à la limite entre le
manteau et le noyau indique qu'on passe d'un solide (manteau inférieur) à un liquide
(noyau externe). L'augmentation progressive de la vitesse des ondes P et S dans le
manteau indique une augmentation de densité du matériel à mesure qu'on s'enfonce dans
ce manteau. La chute subite de la vitesse des ondes P au contact manteau-noyau est
reliée au changement d'état de la matière (solide à liquide), mais les vitesses relatives
continuent d'augmenter, indiquant une augmentation des densité)
De la surface à la profondeur, on distingue principalement trois couches à savoir :

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➢ La croûte ou l’écorce terrestre : c’est la couche la plus externe, de nature solide
avec une faible épaisseur (variant de 5 à 65 Km environ) comparée au rayon
terrestre (estimé à 6 371 Km) et composée majoritairement de Silicium et
d’Aluminium (SiMa). La croûte et la partie supérieure, froide et rigide du manteau
supérieur forment un ensemble appelé lithosphère dont l’épaisseur varie entre 70
et 150 Km. La surface de contact entre la croûte et le manteau est différenciée par
une limite appelée discontinuité de Mohorovicic ou discontinuité de Moho ou le
Moho tout simplement ; il se visualise très bien à travers l’application des
méthodes sismiques.
L’écorce terrestre en fonction de sa position et de certaines de ces caractéristiques
physico-chimiques peut être divisée en deux (2) parties :
• La croûte continentale : d’une densité d’environ 2,7 dans sa partie supérieure
et de 3 dans sa partie inférieure, dont la composition moyenne est proche de
celle du granite a une épaisseur d’une trentaine de Km qui peut cependant
atteindre jusqu’à 65 Km dans les zones orogéniques (Exemple en Chine du
Mont Everest avec 8848 m d’altitude par rapport au niveau de la mer) ;
• Croûte océanique : d’une densité d’environ 3,2 et de composition basaltique
dont l’épaisseur varie entre 5 et 15 Km environ. Cette couche est donc
inférieure par rapport à la croûte continentale.

Figure 3 : Les différents éléments de la partie supérieure de la Terre

La croûte continentale forme une série de blocs qui « flottent » sur le manteau (plus
dense) selon un mécanisme de type hydrostatique. Tout relief de la croûte est par conséquent
compensé par une « racine » s’enfonçant dans le manteau, à la façon d’un iceberg dans la
mer. Cette situation permet en effet de maintenir un équilibre « hydrostatique » qu’on
appelle isostasie. La croûte océanique repose également sur le manteau sous le même
équilibre isostatique. Les différences d’épaisseur et de densité entre les deux (2) croûtes font
que la surface de celle océanique est habituellement à une altitude moyenne inférieure
d’environ 5 000 m (Exemple en Philippines de la Fosse de Mariannes avec 11 000 m de
profondeur en dessous du niveau de la mer) par rapport à celle des continents.

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➢ Le Manteau : Situé sous la croûte et de composition péridotitique (composée
majoritairement d’olivine ((Mg, Fe)2SiO4) se trouve le manteau qui s’étend de 65
Km à 2 900 Km soit 2835 Km d’épaisseur. Le manteau comprend :
• Une partie supérieure de densité environ égale à 3,3 dénommée manteau
supérieur qui est comprise entre le Moho et 700 Km de profondeur soit environ
635 Km d’épaisseur. Le manteau supérieur se subdivise également en :
✓ Une partie supérieure de nature physique solide qui s’associe avec la
croûte pour donner la lithosphère dont l’épaisseur est environ égale à 70
Km et 150 Km respectivement dans les océans et les continents.
✓ Une partie inférieure non solide (mais non liquide également ayant cette
propriété de ne pas s’opposer au mouvement) forme l’asthénosphère
capable de fluer (mouver) en raison d’une fusion très partielle de la roche
qui la compose (1 à 2%),
• La partie inférieure du manteau ou Manteau inférieur dont la profondeur varie
de 700 Km à la limite avec le Noyau à une profondeur de 2900 Km environ.
L’augmentation de la densité du manteau de 3,3 vers 5,5 environ en profondeur
correspond à un changement dans la structure cristalline (et donc minéralogique) des
composés péridotiques qui le composent sous l’action de la pression.
➢ Le Noyau, d’épaisseur 3471 Km est la couche la plus profonde et la plus dense
qui se trouve positionné au centre de la Terre. Cette couche est séparée du
Manteau par la discontinuité de Gutenberg. Il est composé à presque 90% de
fer, ce qui le différencie considérablement des autres couches. Le noyau est lui-
même subdivisé en deux sous-couches séparées par la discontinuité de Lehman
qui sont :
• Un noyau externe liquide, très peu visqueux et comprise entre 2900 Km et
5100 Km soit une épaisseur de 2200 Km dont la densité évolue de 9,50 à 11,50
suivant la profondeur.
• Un noyau interne solide encore appelé graine, de densité égale à 12, formé de
fer (Fe) et de nickel (Ni) dont l’épaisseur varie entre 5100 Km et 6371 Km
correspondant au centre de la Terre ; soit environ 1271 Km d’épaisseur.

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Figure 4 : Structure interne de la Terre

Tableau 1 : Récapitulatif des différentes caractéristiques de la structure interne de la Terre


Structure interne de la Terre Epaisseur (Km) Densité Température (°C)
Croûte continentale 30-65 2,7-3 Elle augmente en fonction de
Croûte
la profondeur (1 °C/30 m) :
terrestre Croûte océanique 5-15 3,2 Gradient géothermique

Manteau supérieur (Une partie de la Jusqu'à 700 Km de


3,3-4,4 < 2000 °C
lithosphère + asthénosphère) profondeur
Manteau
De 700 à 2900 Km
Manteau inférieur 4,4-5,5 < 3000 °C
de profondeur

De 2900 à 5100
Noyau externe liquide 9,5-11,5 < 4000 °C
Km de profondeur
Noyau
De 5100 à 6371
Noyau interne solide (Graine) ~12 < 5000 °C
Km de profondeur

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3. Composition de la croûte et du manteau
Des milliers d’analyses chimiques de roches de croûtes océaniques et continentales
ont été réalisées et ont permis d’en donner les compositions moyennes. En raison de
l’accessibilité très difficile du manteau, les analyses le concernant reposent essentiellement
sur les quelques zones d’affleurement de la partie lithosphérique du manteau ainsi que sur des
fragments de roches (enclaves) incluses dans des magmas qui trouvent leur origine dans
l’asthénosphère et qui remontent à la surface par le volcanisme. Le tableau ci-dessous nous
donne une composition moyenne de la composition chimique de la croûte (continentale et
océanique) et du manteau :

Tableau 2 : Compositions moyennes des deux types de croûte et de la partie supérieure du


manteau (1 ppm = 1 part par million = 0,0001 %)
Eléments chimiques Croûte continentale Croûte océanique Manteau
Molécules % % %
SiO2 61,9 49,2 44,5
Al2O3 15,6 15,8 3,1
Fe2O3 2,6 2,2 1,2
FeO 3,9 7,2 6,7
MgO 3,1 8,5 39,1
CaO 5,7 11,1 3,2
TiO2 0,8 1,4 0,1
MnO 0,1 0,16 0,1
Na2O 3,1 2,7 0,25
K2O 2,9 0,26 0,04
P2O5 0,3 0,15 -
Atomes ppm ppm ppm
Ba 425 - -
Sr 375 - -
Zr 165 - -
Cu 55 - -
Sc 22 - -
Pb 12,5 - -
U 2,7 - -
Hg 0,08 - -
Ag 0,07 - -
Au 0,004 - -

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Les résultats d’analyse chimiques effectués sur la croûte (continentale et océanique) et
le manteau permettent de mettre en évidence les similarités et les différences qui existent
entre ces différentes entités.
En effet, on constate que ce soit au niveau de la croûte ou du manteau la présence en
proportion majoritaire du dioxyde de silicium ; de plus près, on peut voir que le pourcentage
d’oxyde de silicium diminue cependant de la croûte continentale à celle océanique en
clôturant par le manteau.
Pour ce qui est du deuxième élément chimique juste après l’oxyde de silicium, il y'a
une concordance entre les deux (2) croûtes (oxydes d’aluminium) ; cependant, il revient
qu’au niveau du manteau le deuxième élément en termes de représentativité est l’oxyde de
magnésium.
C’est d’ailleurs sur la base de ces résultats que la croûte est encore appelée SIAL
(Silicium-Aluminium) et le manteau SIMA (Silicium-Magnésium).

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