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séminaire corrigé

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Sujet :

L’évolution du droit de propriété intellectuelle en


Tunisie suite à son adhésion à l’OMC et la signature de
l’accord ADPIC

Elaboré par :
Sahar Bchir
Siwar Mansouri
Helmi Ben Hadj Hassine

Sous la direction du professeur :


M. Guermit Mohamed Mehdi

Première année Master Professionnel en droit d’entreprise


et des affaires

Année universitaire
2024/2025
1
Les abréviations
ADPIC : les aspects du droit de propriété intellectuelle qui
touchent au commerce
OMC : organisation mondiale de commerce
DPI : droit de la propriété intellectuelle
PI : propriété intellectuelle
PPI : protection de la propriété intellectuelle
UPOV : Union pour la protection des obtentions végétales
ONU : Organisation des Nations unies
OMPI : Organisation mondiale de la propriété intellectuelle
PD : pays développé
PED : pays en développement
DUDH : La Déclaration universelle des droits de l'homme
UNESCO : Organisation des Nations unies pour l'éducation, la
science et la culture
PMA : pays moins avancés
IPIC : Traité de Washington sur la propriété intellectuelle en
matière de circuits intégrés
OCDE : Organisation de coopération et de développement
économiques
INNORPI : Institut national de la normalisation et de la
propriété industrielle

2
Première partie :
L’impact positif de l’évolution

a- Les renforcements de Droit de la


Propriété Intellectuelle
b- L’élargissement des domaines de DPI

Deuxième partie :
Une évolution paralysée

a- Le climat juridique du Propriété


Intellectuelle
b- Les défis de l’évolution

3
L’instinct humain de créer, d’inventer et d’explorer de nouvelles idées est à la
base du développement culturel et technologique voire économique effet au
sein d’une économie de plus en plus axée sur la connaissance, les idées et les
innovations sont des moteurs essentiels de la croissance économique. De plus
les individus ont une propension innée à créer, innover et exprimer leurs idées,
en effet grâce aux nombreuses innovations techniques que l’humain à réalisées
durant cette période, ce dernier a pu réaliser un grand rêve à savoir conquérir
l’espace et faire les premiers pas sur la lune, de même dans le domaine
scientifique la médecine fait des progrès impressionnants tout au long du 20
ème siècle dans le domaine de l’exploration des diagnostics et la chirurgie. Ces
innovations cachent les sacrifices des créateurs qui payent leurs vies et leurs
biens pour offrir au monde des facilités. C’est à dire sans protection juridique,
les créateurs risquent de voir leurs travaux exploitès sans leur consentements
face à la contrefaçon, imitation, exploitation illégale ce qui peut décourager et
mettre en danger la créativité et l’innovation. Et pour être loin de ce danger, un
besoin majeur de droit de propriété intellectuelle apparait pour fournir une
telle protection contre l’imitation. Dans un marché concurrentiel sans
protection adéquate. De ce fait, le droit de la propriété intellectuelle offre des
mécanismes juridiques pour lutter contre la contrefaçon et protéger les droits
des inventeurs, et cela crée un environnement où les créateurs peuvent
travailler en toute sécurité, sachant qu’ils disposent de recours en cas de
violation de leurs droits.
Dans ce cadre Le législateur tunisien met en considération cette nécessité et
commence à légiférer des lois pour assurer un cadre juridique protecteur de
propriété intellectuelle d’une manière évolutif après l’adhésion à l’accord ADPIC
et l’OMC. Et pour mieux comprendre le sujet il faut tout d’abord expliquer ces
mots clés :
-En entend par évolution le passage progressif d’un etat a un autre, l’évolution
de la mode1.
-Le droit est l’ensemble des règles qui régissent les rapports des membres
d’une même société2.
-La propriété est le droit d’user, de jouir et de disposer d’une chose d’une
maniére exclusive et absolue sous les seules restrictions établies par la loi. Dans

1
Dictionnaire La Rousse français
2
Dictionnaire La Rousse français
4
ce cadre, la constitution tunisienne de 2014 dans son article 41 3 et la
constitution tunisienne de 2022 dans son article 294 ont garantis le droit de la
propriété. De plus le législateur tunisien a consacré le deuxième titre de CDR
intitulé « du droit de propriété » dans l’article 175. Mais il faut mettre en
exergue que la propriété peut être corporelle, comme les meubles et
immeubles, ou bien incorporelle, comme le fond de commerce et la propriété
intellectuelle qui nous intéresse. En l’absence d’une définition législatif, l’OMC a
défini ce genre de propriété en tant qu’ensemble « des droits conférés à
l’individu par une création intellectuelle, ils donnent généralement au créateur
un droit exclusif sur l’utilisation de sa création pendant une certaine période ».
En effet, la propriété intellectuelle6 est une propriété incorporelle qui permet à
son titulaire d’exploiter en exclusivité certains biens immatériels créés par
l’esprit, mais aussi d’interdire leur usage ou leur exploitation par autrui et de se
défendre contre les usages ou exploitations non autorisées. De plus, le terme
propriété intellectuelle englobe le droit de la propriété littéraire, artistique et le
droit de la propriété industrielle. Le premier rassemble le droit d’auteur et ses
droits voisins, le second comprend principalement le droit des brevets, le droit
des marques et le droit des dessins et modèles. Cette première description
souligne délibérément la grande diversité de la matière. Et parce qu’il est
intellectuel, c’est-à-dire provenant d’une activité de l’esprit, ce bien est un bien
crée. Le terme propriété intellectuelle est désormais familier, le sujet n’est plus
réservé à quelques spécialistes et la question passione aujourd’hui ‘’la société
civile ‘’. Sans doute a-t-elle compris que cette propriété est éminemment
politique. Sans doute a-t-elle compris que cette propriété est éminemment
politique.
« Leur existence vient du droit » disait Carbonnier à propos des biens
incorporels en générale.
La propriété intellectuelle nait de la volonté du législateur, qui fait le choix
juridique, politique, économique, de protéger ou non, telle ou telle création,
autrement dit tel ou tel bien intellectuel, et de le protéger de telle façon.
Si la loi décide de protéger, le bien intellectuelle devient un bien appropriable,
son titulaire aura l’exclusivité pour exploiter sa chose (un monopole) et se
défendre contre l’exploitation ou les copies non autorisés (la contre façon) par
3
« le droit de propriété est garanti »
4
« le droit de propriété est garanti »
5
« la propriété confère à son titulaire le droit exclusif d’user de sa chose, d’en jouir et d’en disposer »
6
Droit de la Propriété Intellectuelle, Laure Marino
5
une puissante action spécifique fondée sur la propriété (l’action en contre
façon).
Si la loi décide de ne pas protéger, le bien intellectuel (œuvre, invention) est
une RES nullis, une chose sans maitre.
Il s’ensuit que le droit de la propriété intellectuelle est l’ensembles des règles et
institutions qui gouvernent toute les propriétés intellectuelles. Mais il présente
une homogénéité remarquable dans son objet, qui est toujours d’aménager un
système équilibré d’appropriation privé des créations dans le respect de
l’intérêt générale et de l’usage commun. Le droit de la propriété intellectuelle
est ainsi « unis dans la diversité ».
C’est une propriété spéciale, moderne, réactive et qui « s’européanise », c’est
une construction juridique véritablement spécifique, très évolutive.
La propriété intellectuelle est certes une propriété mais spéciale, car elle est
temporelle et incorporelle : *propriété temporelle : à la différence de la
propriété classique, la propriété est temporaire d’une durée variable selon les
types de propriétés intellectuelles (sauf pour les marques qui sont indéfiniment
renouvelable).
Mais ce trait ne l’empêche pas d’être une propriété car la perpétuité n’est pas
au cœur de la notion de la propriété.
*propriété incorporelle :il existe une propriété classique qui porte sur des biens
matériels, tangibles, il existe aussi une propriété plus étrange qui porte sur des
biens immatériels, incorporels lesquels sont de pures abstractions envisagées
indépendamment de leurs éventuels supports physiques. On distingue ainsi
propriété corporelle et propriété incorporelle ; Cette propriété incorporelle
forme un ensemble hétéroclite, propriété intellectuelle mais aussi propriété des
offices ministériels, des fonds de commerces et des clientèles civiles.
Dans cet ensemble, la propriété intellectuelle est une propriété incorporelle
spécifique qui a pour caractéristique de toujours porter sur un bien
immatérielle crée par l’esprit, c’est le sens du terme intellectuel « activité de
l’esprit ». Ce bien est immatériel, qu’il soit attaché à un objet corporel (exemple
d’une œuvre musicale gravée sur un CD) ou qu’il ne le soit pas (exemple de
cette même œuvre en format audio enregistré dans un fichier numérique.)
On peut ainsi définir la propriété intellectuelle comme une propriété
incorporelle qui permet à son titulaire d’exploiter en exclusivité certains biens
6
immatériels crées par l’esprit, mais aussi d’interdire leur usage ou leur
exploitation par autrui et de se défendre contre les usages ou exploitations non
autorisés.
Quant à la notion de l’OMC : l’Organisation Mondiale du Commerce, en anglais
Word Trade organisation (WTO) est une organisation internationale qui
s’occupe des règles régissant le commerce international entre les pays. Au cœur
de l’organisation se trouvent les accords de l’OMC négociés et signés en 15 avril
1994 à Marrakech par la majorité des grandes puissances commerciales du
monde puis ratifiés par leurs assemblées parlementaires.
Le siège de l’OMC est situé au centre William Rappard à Genève, est un endroit
unique, comptant de nombreuses organisations des Nations Unies et d’autres
organisations internationales, ainsi que des missions auprès de l’OMC. Le centre
William Rappard (CWR) est le nom du bâtiment qui abrite le secrétariat de
l’OMC depuis sa création en 1995. depuis le 1er mars 2021, sa directrice
générale est NGOZI OKONJO-IWeala. Il faut noter que presque tous les pays du
monde sont représentés au sein de l’OMC avec un total de 166 pays membres.
L’OMC a pour but principal de favoriser l’ouverture commerciale. Pour cela elle
tâche de réduire les obstacles au libre-échange, d’aider les gouvernements à
régler leur différends commercials et d’assister les exportateurs, les
importateurs et les producteurs de marchandises et de services de tous les pays
adhérents à l’OMC dans leurs activités. Depuis 2001 le cycle de négociation
mené par l’OMC et le cycle de DOHA, bien que l’OMC ne soit pas une agence
spécialisée de l’ONU, elle entretient des liens avec cette dernière. Il ne faut pas
omettre que l’OMC est un traité multilatéral traitant non seulement de la
libéralisation du commerce, des biens et services mais surtout de la protection
de la propriété intellectuelle insérés dans le corpus de l’OMC dans l’annexe 1C
intitulé Accord sur les Aspects des Droits de Propriété Intellectuelle qui
touchent au commerce (ADPIC).
Cet dernier accord concerne les aspects des droits de PI qui touchent au
commerce et a été adopté par l’OMC le 15 avril 1994, le texte est entré en
vigueur le 1er janvier 1995, en fait les secteurs couverts par l’accord ADPIC
incluent :les droits d’auteur et les droits connexes (c’est-à-dire droit des
artistes interprètes ou exécutantes, des producteurs de phonogrammes et des
organismes de radiodiffusion), les marques de fabrique ou de commerce, les
indications géographiques, dessins et modèles industriels ,brevets, schémas de

7
configuration de circuits intégrés, renseignements non divulgué… il est utile de
rappeler les instruments auxquels l’accord fait explicitement référence sont: la
convention de Paris pour la protection de la Propriété industrielle, notamment
l’acte de Stockholm de ladite convention en date du 14 juillet 1967 (la
convention de Paris 1967) , la convention de Berne pour la protection des
œuvres littéraires et artistiques, notamment l’acte de Paris de ladite
convention en date du 24 juillet 1971 « la convention de Berne 1971 »,la
convention internationale sur la protection des artistes interprètes ou
exécutants des producteurs de phonogrammes et des organismes de
radiodiffusion, adopté à Rome le 26 octobre 1961 …
L’ADPIC s’articule autour des 3 principaux éléments suivants: d’abord on trouve
les normes : l’accord sur les ADPIC établit des normes minimales de protection
pour chaque secteur de la PI, en définissant l’objet de la protection, les droits
conférés, les exceptions et durée minimale de la protection, il intègre les
obligations des conventions de L’OMPI, notamment la convention de Paris et la
convention de Berne ,à l’exception des droits moraux.
Moyens de faire respecter les droits : pour garantir l’application des droits,
l’accord prévoit des procédures et mesures correctives détaillés pour les actions
civiles, administratives et pénale.
Enfin les réglementes des différends : les différends entre membres de l’OMC
sont résolus selon les procédures de l’organisation avec les principes tels que le
traitement national.
Les objectifs généraux de l’accord sur les ADPIC sont énoncés dans le
préambule de l’accord qui reprend les objectifs de négociation fondamentaux
du cycle D’URUGUAY fixés dans le domaine des ADPIC par la déclaration de
Punta Del Este de 1986,ces objectifs sont :réduire les distorsions et les entraves
en ce qui concerne le commerce international, de promouvoir une protection
efficace et suffisante des droits de PI .les objectifs de L’ADPIC sont à rapprocher
des dispositions de l’art 7 intitulé « objectifs », dans ce cadre il est important
de souligner que l’accord ADPIC comprend 73 articles .
Les musulmans pendant les temps prospères de la rédaction ont un système
d’enregistrement (éternisation-‫ )التخليد‬et le plus grand centre d’enregistrement
d’ouvrages à cette époque était la maison de savoir à Bagdad, la destination des
savants, littéraires et des poétes venus de toutes parts découvrir ses contenus..
La protection de la PI en Tunisie a été quelque peu tardive sur le plan législatif,
8
le droit de PI a connu des évolutions au fil de temps. En commençant par la
période coloniale (1881-1956), en effet la Tunisie était sous le joug du
protection français, elle a hérité de plusieurs de ses lois y compris celles
relatives à la PI, cependant les lois de l’époque étaient d’avantage orientées
vers la protection des intérêts français, la Tunisie n’avait pas de cadre juridique
spécifique pour la PI et les créations artistiques ou littéraires n’étaient pas
protégées de manière autonome.
Ensuite ,on trouve la post -indépendance (1956-1990),en effet après
l’indépendance en 1956 la Tunisie a entrepris de moderniser son système
juridique ,en 1967 elle a promulgué la loi sur la protection du droit d’auteur qui
se représentait un pas important vers la reconnaissance des droits des
créateurs cette lois s’inspirait des normes internationales ,mais sa porte restait
limitées ,en particulier concernant les brevets et les marques .aussi la Tunisie
été l’un des premiers pays signataires des conventions de Berne et de Paris et
membre de la plupart des conventions internationales sur la protection de la
PI ,elle a adhéré à L’OMPI le 28 novembre 1975,elle a également souscrit aux
arrangements de la Haye, Lisbonne , Nice, Madrid et vienne et aux traités y
afférant.
Enfin l’adhésion à l’OMC et l’accord ADPIC en 1995 a marqué un tournant, l’un
des éléments clés de cette adhésion était la signature de l’accord ADPIC qui a
imposé la Tunisie de renforcer sa législation pour respecter les standards
internationaux en couvrant les brevets, les droits d’auteur, les marques et les
indications géographiques.
Théoriquement parlant, un arsenal des lois ont réglementé ce sujet comme la
loi n°2000-84 du 24 aout 2000, jort n°68du 25 aout 2000 portant sur les brevets
d’invention, la loi n°2001-21 du 6 février 2001 relative aux dessins et modèles
industriels, de plus la loi n°2001-36 du 17 avril 2001, jort n°31du 17 avril 2001
p834 relative aux marques de fabrique, de commerce et de service.
Dans le même sens « les théoriciens » examinent les différences entre les
modèles des propriétés intellectuelles adoptés dans PD et ceux des PED,
discutant des impacts sur l’innovation et le développement économique de ce
fait la propriété intellectuelle en Tunisie est ancrée dans un contexte juridique
complexe, tout en étant au cœur de débat théoriques cruciaux sur la justice
sociale, l’économie et la culture.

9
Actuellement, la protection de PI demeure fragile malgré l’existence d’un
ensemble des règles juridiques en la matière et même des textes pénaux .il est
évident que le problème est relatif essentiellement au manquement de la
conscience chez les citoyens, surtout les créateurs qui s’abstiennent, la plupart
du temps, du recours à la justice pour cesser l’exploitation de ses œuvres et
demande réparation des dommages intérêts. Ce qui justifie cette conclusion
l’absence d’une jurisprudence riche en la matière vu la rareté des affaires qui se
limitent généralement aux grandes entreprises citons comme exemple l’affaire
« ‫ » جنون القائلة‬une série du réalisateur tunisien « Wissam Al Tlili » qui a
intenté le procès contre une société de production en Tunisie aux côtés de son
ami « Yassin Al Layl » ,après que cette société a volé , selon ses propres mots, le
scénario pour cette série, diffusée pendant deux saisons consécutives sur la
chaine nationale pendant le mois de Ramadan. L’affaire a connu plusieurs
développements, notamment le producteur en question qui a porté plainte
contre Wissam Al Tlili, l’accusant de diffamation lorsqu’il l’accusait de vol.
Bien que l’affaire se soit étendue sur une longue période, elle s’est terminée par
un jugement en faveur de Wissam Al Tlili et Yassin Al Layl, reconnaissant la
restitution de la PI à ces 2 derniers et ordonnant la nomination d’un expert
financier pour en déterminer la valeur de la compensation financière qui doit
être versée aux 2 personnes concernées.
Cette affaire a retenu l’attention des acteurs du domaine culturel car elle
constitue une victoire pour la PI et le droit d’auteur, sujets presque oubliés en
Tunisie et rarement évoqués. Et ce que justifie cette idée que la cour de
cassation Tunisienne n’a publié dans son site actuel sur internet qu’un seul arrêt
depuis 2003 et ceux 16/06/2020.

Problématique : dans quelle mesure peut-on évaluer


l’évolution de la PI dans la Tunisie suite à l’adhésion à
l’OMC et la signature ADPIC ?

Pour répondre à cette question, nous aborderons d’abord l’impact


positif de cette évolution (première partie), puis nous procéderons à
l’évaluation de cette évolution en la qualifiant de paralysée
(deuxième partie)
10
Première partie : l’impact positif de l’évolution
L’impact positif de l’évolution du droit de la PI en Tunisie, suite à l’adhésion à
l’OMC et la signature de l’accord sur l’ADPIC, se manifeste par les renforcements
de droit de la PI (section 1), ainsi que l’élargissement des domaines de DPI
(section 2).

Section 1 : les renforcements de droit de la PI


La propriété intellectuelle est essentielle pour favoriser l'innovation, la
créativité et le développement économique. En Tunisie, des efforts
significatifs ont été déployé pour renforcer cette protection à travers un
cadre juridique solide et des initiatives gouvernementales. Et il faut dire que
ce renforcement de la PI est crucial pour encourager les investissements,
protéger les d’auteurs et des inventeurs et lutter contre la contrefaçon,
garantissant ainsi une croissance durable et durable de l’économie
tunisienne.et puisque la Tunisie étant clairement affecté par les traités et les
accords internationaux liés à la protection intellectuelle il est donc
nécessaire de commencer par une clarification sur le plan international,
l’ADPIC intégré à l’organisation mondiale du commerce , joue un rôle crucial
dans ce contexte. En effet l’ADPIC vise à harmoniser les législations des pays
membres et à favoriser un environnement propice à l’innovation. Parlant du
renforcement des normes minimales l’ADPIC impose des standards plus
élevés pour les brevets, les droits d’auteur et les marques garantissant ainsi
une protection uniforme à travers les pays membres. En outre au niveau de
la prolongation de la durée de protection, pour certains droits comme les
droits d’auteur, l’ADPIC encourage les durées de protection plus longues, ce
qui renforce les droits des créateurs, en plus dans le domaines médicale,
l’ADPIC introduit des dispositions pour protéger les données de test non
divulguées utilisées dans l’obtention d’autorisation de mise sur le marché
pour les médicaments, renforçant ainsi la position des titulaires de droits.
Également, la déclaration universelle des droits de l’homme, joue un rôle
indirect mais important dans le renforcement de la protection de la PI.
Parlant de la protection des intérêts moraux et matériels, l’art 27 de la
‘’DUDH ‘’, stipule que toute personne a le droit de protéger ses intérêts
moraux et matériels résultant d’œuvres scientifiques, littéraires ou
artistiques, et cela établit un fondement pour la reconnaissance des droits

11
d’auteur.la PI connait une forte expansion géographique sous l’influence de
la mondialisation d’une part la PI s’être étendu vers de nouveaux territoires
et s’est internationalisée et après s’être développé dans les pays
industrialisés et la fait son apparition dans les PED ceux qui nécessitent une
instauration de protection sur le plan internationale 7, plus précisément ,la
mondialisation a eu une influence significative sur la protection de la PI à
plusieurs niveaux.
Parlant de créer un équilibre entre protection et accès, en fait la
mondialisation soulève des questions sur l’équilibre entre la protection des
droits des créateurs et l’accès à la culture, aux médicaments et aux
connaissances particulièrement dans les PED. En outre et concernant, le
développement des technologies numériques, la mondialisation a accéléré
l’innovation technologique, notamment dans le numérique nécessitant une
adaptation des lois sur la PI pour protéger les nouvelles créations comme

les logiciels et les contenus en ligne. Il est nécessaire de souligner et


comprendre l’impact d’institutions et d’organisation sur la protection de la
PI et leur contribution à un environnement commercial international
équilibré, tenant l’exemple de l’association internationale pour la protection
de la PI (ADPIC) qui regroupe des professionnels de PI pour discuter et
promouvoir des réformes et des meilleures pratiques.
L’organisation des nations unies pour l’éduction, la science et la culture
(UNESCO), qui contribue à la protection des œuvres culturelles et
artistiques à travers des conventions et des programmes. En fin on prend
l’exemple de l’organisation mondiale de propriété intellectuelle (OMPI),
c’est une organisation mondiale de PI elle est la plus ancienne créée le 14
juillet 1967 c’est une agence spécialisée des nations unies, elle a son siège à
Genève (suisse) elle regroupe aujourd’hui 191 Etats membres, l’OMPI est
très active elle a pour mission officielle de promouvoir la protection de la PI
à travers le monde par la coopération des Etats (convention de STOKHOLM
instituant l’OMPI).
Sur le plan national : En Tunisie, plusieurs initiatives et réformes ont été
mises en place pour renforcer la protection de la PI.
De prime à bord, on parle du cadre législatif, la Tunisie a adopté plusieurs
lois pour protéger la PI, notamment la loi sur les droits d’auteurs et les
droits connexes, ainsi que des textes régissant les marques et les brevets.
ces lois sont alignées sur les normes internationales . Et suivant une
7
Support du cour, mme AZIZA TURKI
12
démarche hiérarchique , la PI est un droit constitutionnel , article 41 titre
1 ; des droits et des libertés « constitution 2014/2022) et cette protection
constitutionnel démontre clairement la volonté du pouvoir constituant de
lui accorder une importance suprême dans l’ordonnancement juridique
national. La Tunisie a pris des mesures significatives en ratifiant plusieurs
conventions internationales , en s’intégrant dans ce cadre juridique
international , elle vise à protéger les intérêts de ces créateurs tout en
favorisant le développement économique et l’accès équitable aux
connaissances, notamment la convention mondiale sur le droit d’auteur en
1963, l’adhésion de la Tunisie à l’organisation mondiale sur le droit d’auteur
en 1963, l’adhésion de la Tunisie à l’organisation mondiale de la PI en 1975,
la convention de Berne pour la propriété des œuvres littéraire et artistiques
de 1986 et la ratification de la loi fondamentale de l’organisation Africaine
de la PI en mars 2020 . Outre sa promulgation de la loi n°36 de 1994 relative
à la propriété littéraire at artistique, telle que modifiée par la loi n°33 de
2009. La doctrine française distingue souvent entre le système de la
l’examen préalable mais le législateur Tunisien a opté pour une solution
intermédiaire qui consiste à charger l’administration d’effectuer un contrôle
partiel des demandes et à lui accorder la faculté de rejeter les demandes qui
ne satisfont pas aux conditions contrôlées. la délivrance du brevet suivie
automatiquement le dépôt de la demande , la nouvelle loi élargit, le pouvoir
du contrôle de l’administration par rapport à son pouvoir limité8 à cause de
la propagation des contrefaçons qui constituent des atteintes , plusieurs
mesures ont été mises en place , en Tunisie, pour renforcer les sanctions
liées à la PI .Tout d’abord il faut dire que le titulaire a le choix de porter son
action devant le juge civile ou le juge pénale .puis on mettre l’accent , sur
l’extension de l’exercice de l’action .l’action en contrefaçon est en principe
exercée par le titulaire du DPI . sous l’ancien régime , le licencié exclusif
n’avait pas le droit d’agir , d’ailleurs, le décret de 1888 attribue la qualité
d’agir uniquement pour le brevet, mais la nouvelle loi accorde au profit de
licencié le droit d’agir en contrefaçon de même pour que le copropriétaire
de la marque enregistrée .dans ce cadre , la nouvelle loi sur les marques a
suivi le même chemin , en effet , il s’agit en premier lieu du propriétaire de
la marque enregistrée :le titulaire d’une demande d’enregistrement cette
faculté d’agir en contrefaçon constitue une innovation apportée par la
nouvelle loi dans le cadre du renforcement des moyens de la lutte contre la
contrefaçon .En fait il peut s’agir d’une demande publié ou d’une demande

8
MONJI SALHI, l’évolution du droit de la PI dans la Tunisie suite à son adhésion à l’OMC et la signature de
l’accord ADPIC
13
non publiée , dans ce dernier cas , l’article 45 subordonne la recevabilité de
l’action de la notification du dépôt au prétendu contrefacteur .
Le cessionnaire en cas de cession de la marque, le cessionnaire est en droit
d’agir même pour les actes de contrefaçon antérieurs à la cession.
Les copropriétaires ; l’article 6 de la nouvelle loi prévoit que la propriété de
la marque être acquise en copropriété, les copropriétaires peuvent ester en
justice pour faire cesser la contrefaçon de leur marque en divise. Et
parallèlement à l’élargissement de la liste des titulaires de l’action en
contrefaçon. Le législateur a élargi la liste des personnes susceptibles de
poursuites. Par exemple, en droit des brevets c’est la personne ayant
contrefait le brevet que ce soit par la fabrication , la commercialisation .De
même que pour le droit d’auteur , la liste longue des contrefacteur établie
par l’article 52 de la nouvelle loi témoigne ou souci de législateur de
contourner la contrefaçon .en peu de mots , la poursuite en contrefaçon
peut être dirigée contre n’importe quel maillon de la chaine des opérateurs
économiques qui sont intervenues pour mettre sur le marché le bien
contrefait :le fabricant , le commanditaire , le grossiste , le distributeur ou
l’importateur . en tant qu’une sorte de renforcement de la protection de la
PI , on cite l’allégement de la charge de la preuve , en fait le demandeur à
l’action en contrefaçon doit apporter la preuve de l’existence du délit, en
d’autre termes , il doit établi la matérialité de la contrefaçon et le cas échant,
l’existence de l’élément international, le principe est que le titulaire d’un
titre de PI à la possibilité de faire la preuve de la contrefaçon par tout
moyen , dans ce sens , l’article 85 de la loi 2000 sur le brevet « le titulaire
d’une demande de brevet ou d’un brevet a la possibilité de faire la preuve
de la contrefaçon objet de l’action en justice par tout moyen .mais il faut dire
que l’évolution de ces preuves est soumis a l’appréciation souveraine des
juges de fond et puisque , l’établissement de la matérialité des actes allégués
de contrefaçon reste néanmoins une tâche délicate puisque le titre protège
souvent des procédés et des éléments non apparents . c’est pour cela a été
consacré un moyen de preuve spécifique qui est la saisie .le législateur
tunisien ,sous l’impulsion des engagements internationaux qu’il a pris, a
adopter une nouvelle politique répressive qui diffère radicalement de celle
adopté par l’ancienne loi et qui vient conformité avec l’article 61 de l’ADPIC
qui prévoit que les sanctions incluront l’emprisonnement et les amendes .et
pour plus de détails on cite quelque exemples ;de prime à bord , le code
pénal tunisien, inclut des dispositions générales sur la contrefaçon et les
infractions à la PI ,offrant un cadre légal pour les poursuites …

14
Le code de la propriété intellectuelle , en fait , la loi n°2001-36 du 3 avril
2001 : elle établit le cadre légal pour la protection des droits d’auteur et des
droits connexes , d’ailleurs , l’art 28 , précise les sanctions pénales pour la
contrefaçon de droit d’auteur aves des peines d’emprisonnement pouvant
aller jusqu’à trois ans et des amendes .En outre , la loi n°2001-36 du 20 avril
2001 régit la protection des marques , plus précisément l’article 80 prévoit
des amendes de 1000 à 20.000 dinars Tunisien et des peines
d’emprisonnement jusqu’à deux ans pour contrefaçon de marque, de plus la
loi n°2001-40 du 4 mai 2001, relatif à la protection des inventions , et plus
précisément , l’art 54 établit des sanctions pour contrefaçon de brevet ,
inclus des amendes et des peines d’emprisonnement. En définitive on cite la
loi n°93-113 du 22 novembre 1993 ; qui prévoit des sanctions
administratives pour les violations des droits de PI telles que confiscation
des produits contrefaits.

Section 2 : l’élargissement des domaines de DPI

Après s’être développé dans les PD ,la PI a fait son apparition dans les PED et les
PMA sous l’influence de l’accord sur les ADPIC qui les contraint à respecter les
règles standards en la matière sous la menaces de sanction
commerciales .quant à la Tunisie l’adaptation de la législation Tunisienne
s’effectuera conformément à ce standard prétendu être minimum .En effet
cette adaptation repose sur le motif qu’elle n’effectuera sous l’impulsion des
engagements souscrite par la Tunisie au titre de son adhésion à l’OMC d’une
part et du respecter de certaines conventions signées par elle d’autre part .
Sous cet angle le but de cette recherche est d’analyser les aspects d’extension
du champ de la PI en Tunisie afin de mettre en lumière l’évolution des textes
tout en remarquant que l’expression DPI ne doit pas créer l’illusion d’une
uniformité ,au contraire , on observe une fragmentation avec des régimes
spécifiques , ce qui justifie une étude sectorielle. A ce sujet nous nous
focaliserons d’abord sur la position adoptés et les concepts développés et les
notions développés dans le système Tunisien selon qu’on se place sur le terrain
de la propriété industrielle ou sur celui de la propriété littéraire et artistique .
D’abord, nous commencerons par l’analyse de l’extension du périmètre de la
Propriété Industrielle. En effet, la récente législation tunisienne sur la

15
protection de la propriété industrielle a suivi la même voie que celle de l’ADPIC.
Cette législation peut être appliquée soit par l’extension des droits existants, en
les reformulant pour englober de nouveaux éléments, soit par l’introduction de
nouveaux champs de protection, élaboré dans le cadre d’un régime sui generis
protégeant les topographies de circuits intégrés et les obtentions végétales. il
est important de noter que la réglementation de la propriété industrielle en
Tunisie est relativement ancienne .elle remonte à 1888 pour les brevets, à 1889
pour les marques et 1911 pour les dessins et modèles industriels. Par ailleurs
suite à l’adhésion de la Tunisie à l’accord sur les ADPIC, toute la législation
régissant ce domaine a été révisée afin de l’adapter aux dispositions de l’ADPIC,
ce qui a conduit à la promulgation de quatre lois relatives aux brevets
d’invention9. Les dessins et modèles industriels 10, les marques de fabriques, de
commerce et de services 11,et les appellations d’origine contrôlée et indications
de provenance des produits agricoles12. Etant donné que la nouvelle loi a révisé
l’ancien droit des brevets en particulier ,en raison de l’émergence de nouveaux
principes pour la protection des inventions , notamment l’application de
l’accord sur les ADPIC , il est devenu essentiel de mettre à jour la législation
nationales dans ce domaine afin de s’adapter aux évolutions
internationales .c’est dans cet esprit que la nouvelle loi n°2000-84 du 24 aout
2000 relative aux brevets d’inventions a abrogé le décret beylicale du 26
décembre 1888, en étendant la brevetabilité à tous les domaines de la
technologie .il est essentiel de maintenir la notion « d’invention » comme un
critère fondamentale pour définir les droits de brevet, ce qui permet d’exclure
certaines catégories comme les « découvertes ». Contrairement au décret
beylical de 1888, qui autorisait la brevetabilité des découvertes, la loi nouvelle
n°2000-84 a choisi de les exclure, car elles ne représentent pas des créations au
sens propre. EN d’autres termes, découvrir quelque chose ne revient pas à
l’inventer, ce qui souligne une distinction essentielle dans le domaine de la PI.

9
Loi n°2000-84 du 24 aout 2000, JORT n°68 du 25 aout 2000
10
Loi n°2001-21 du 6 février 2001
11
Loi n°2001-36 du 17 avril
2001, JORT n°31 du 17 avril 2001 page 834
12
Loi n°99-57 du 28 juin 1999 abrogeant le décret du 10 janvier 1957 portant la réglementation des appellations
d’origine pour les vins, vins liqueurs et eaux de vie de même la Tunisie a adhéré a l’arrangement de Lisbonne sur
les appellations d’origine et leur enregistrement international le 31 octobre 1973 et l’arrangement de Madrid
concernant la répression des indications de provenance fausses ou fallacieuses le 15 juillet 1892
16
En outre, la notion d’invention exclut également les plans, principes et
méthodes dans l’exercice d’activités intellectuelle, des jeux ou des pratiques
économiques. Cette exclusion se justifie par plusieurs raisons. D’une part, ces
éléments peuvent être purement abstraits, de simples idées non appliquées,
sans lien directe avec une réalisation technique. D’autre part, l’absence de
caractère technique pur ou d’une activité inventive empêche ces créations
d’être considérées comme des inventions au sens du brevet. Par exemple, les
plans peuvent être protégés par le droit d’auteur, mais ne répondent pas aux
critères de brevetabilité en raison de leur absence de caractère technique ou
d’originalité. De plus, la législation tunisienne de 2000 exclut explicitement
certaines catégories des inventions brevetables, comme les méthodes
mathématiques, les théories scientifiques, et les présentations d’informations.
De même, les méthodes de traitement thérapeutiques et chirurgical appliquées
au corps humain ou animal, ainsi que les méthode de diagnostic dans ces
contextes, son également non brevetables. Ces exclusions répondent à des
principes éthiques et à la volonté de ne pas monopoliser des connaissances
scientifiques ou médicales d’intérêt général. En fin, la loi du 24 aout 2000
introduit un critère essentiel pour la brevetabilité : une invention doit être
susceptible d’application industrielle. Cela signifie que l’objet de l’invention doit
pouvoir être fabriqué ou utilisé dans une forme d’industrie, qu’il s’agisse de
l’industrie manufacturière, de l’agriculture ou d’autres secteurs économiques.
Ce critère d’application industrielle garantit que seules les inventions ayant une
utilité concrète dans le monde réel peuvent être protégées par un brevet, en
renforçant ainsi l’objectif de promouvoir l’innovation pratique et industrielle.
Cette approche met en lumière l’importance d’une distinction claire entre les
différents types de créations intellectuelles, tout en garantissant une protection
ciblée pour les véritables inventions qui répondent à des critères stricts de
nouveauté, d’inventivité, et d’application industrielle. La loi tunisienne de 2000
a ainsi modernisé le cadre législatif en matière de Propriété industrielle pour
répondre aux exigences internationales, tout en protégeant l’intégrité des
savoirs et des méthodes scientifiques.

La recomposition et la redéfinition des droits existants ont ouvert la voie à


l’émergence de nouvelles créations, dans le but d’harmoniser la législation
tunisienne aves les exigences de l’accord sur les ADPIC. Le changement
17
fondamental dans ce processus réside dans l’élargissement du champ de la
Propriété industrielle, ce qui se manifeste particulièrement par l’inclusion des
produits pharmaceutiques dans le domaine des brevets. En effet l’accord sur les
ADPIC, à travers son article 27, alinéa 1, stipule que, sous réserve des
dispositions des paragraphes 2 et 3, un brevet peut être obtenu pour toute
invention, qu’il s’agisse de produits ou de procédés, dans tous les domaines de
la technique. Cette évolution a eu un impact significatif sur la législation
tunisienne, en particulier dans le domaine des brevets liés aux médicaments.
Avant l’adhésion de la Tunisie à l’OMC, les médicaments, ainsi que les produits
alimentaires, étaient exclus de la brevetabilité en vertu de l’ancienne loi sur les
brevets. À cette époque, la législation Tunisienne n’autorisait pas la protection
des médicaments en tant que tels, limitant ainsi les possibilités pour les
inventeurs dans le domaine pharmaceutique.13

Cependant, avec l’adhésion à l’OMC et l’intégration des principes de l’accord


ADPIC, cette situation a radicalement changé.la loi tunisienne a été révisée pour
s’aligner sur les normes internationales, permettant désormais la protection
inventions pharmaceutiques. Ce changement reflété une volonté de
promouvoir l’innovation dans le secteur médical tout en respectant les
engagements pris au niveau international. Désormais, les inventeurs de
nouveaux médicaments peuvent bénéficier d’une protection juridique à travers
les brevets, ce qui encourage davantage la recherche et le développement dans
ce domaine crucial. Cependant, l’inclusion des médicaments dans le domaine
de la brevetabilité ne pourra, en vertu de l’art 103 de la loi 2000, être effective
qu’au 1er janvier 2005, date à laquelle expire le délai de grâce fixé par l’art 66-1
de l’accord sur les ADPIC.
Pareillement, l’extension du domaine de la propriété industrielle englobe aussi
l’élargissement des droits sur les signes distinctifs à de nouveaux objets, en
effet, les signes distinctifs d’une activité commercial couvrent les marques,
indications de provenances et appellations d’origine .D’abord, les nouveautés
apportées par la loi sur les marques sont claires parce que la législation
Tunisienne a écarté le décret de 1889 et a apporté des modifications en
conformité avec les dispositions de l’article 16 de l’accord sur les ADPIC .

13
La loi n°2000-84 du 24 aout 2000 relative aux brevets d’invention a intégré le domaine pharmaceutique dans
la propriété industrielle
18
En effet, selon l’article 2 de la nouvelle loi, la marque de fabrique, de commerce
ou de service est un signe visible permettant de distinguer les produits mis en
vente ou les services rendus par une personne physique ou morale. Au sens de
cet article la marque de fabrique, de commerce ou de service constitue un
signe distinctif d’une activité commerciale, protégé afin d’éviter toute confusion
dans l’esprit des consommateurs. La nouvelle loi reconnait également les
formes qui caractérisent un service, facilitant ainsi l’admissibilité des signes
désignant des services immatériels, lesquels sont souvent difficiles à identifier
en l’absence d’un support matériel.
De plus, la loi innove en validant les signes immatériels, tels que les signes
sonores ou auditifs, qui peuvent, selon l’article 2, être constitués par un son ou
une séquence musicale. Il est capital de souligner que l’instauration de
l’enregistrement de la marque constitue également une innovation introduite
par l’article 21 de la nouvelle loi de 200014.

De plus, il faut mentionner que la Tunisie a opté pour des alternatives sui
generis, en se concentrant sur des technologies nouvelles difficiles a adopté aux
règles traditionnelles du droit de la propriété industrielle. Bien que l’extension
des brevets aux invention biotechnologiques a ouvert la voie aux brevets sur le
vivant et la création d’un droit sui generis portant sur les obtentions végétales.
En effet dans son effort de mise en conformité de la loi avec les exigences de
l’ADPIC , la Tunisie était dans tenue d’exécuter l’exigence internationale de l’art
27 alinéa 3-b de l’accord ADPIC ,le législateur a dans ce sens adopté la loi n°99-
42 du 10 mai 1999 relative aux semences, plants et obtentions végétales cette
loi est suivie décrets du 18 janvier 2000 du 13 juin 2000 et 7 aout 2001 et un
arrête du 24 juin 2000, le législateur Tunisien a adopté un système sui generis
basé sur la convention UPOV15 offrant une protection étendu aux variétés
végétale en se focalisant sur l’obtenteur qu’il soit personne physique ou
morale ,la législation Tunisienne , alignée sur l’UPOV impose des critère de
production favorisant l’agriculture industrielle certes l’art 9 de l’arrêté du
ministre du l’agriculture de 24 juin 2000 définit ces critères, mais la législation
Tunisienne néglige les besoins de l’agriculture paysanne . Concernant
14
L’article 21 de la nouvelle loi n°2000-84 du 24 aout 2000 relative aux brevets d’invention dispose que «
l’enregistrement de la marque confère a son titulaire un droit de propriété sur cette marque pour les
produits et services qu’il a désigné lors du dépôt »
15
LA CONVENTION UPOV ; est un traité international adopté en 1961 visant a protéger les obtentions végétales
par un droit spécifique
19
l’alternative sui generis sur les topographies des produits semiconducteurs la
Tunisie a suivi les dispositions de l’accord ADPIC en prévoyant une protection
sui generis.16

Ensuite, il important de parler sur l’extension du périmètre de la propriété


littéraire et artistique, En effet, la nouvelle loi n°2009-33 du 23 juin 2009
modifiant la loi n°94-36 relative à la propriété littéraire et artistique entrainé le
passage d’une conception subjective empruntée a la doctrine française , et qui
voit le droit d’auteur comme un droit moral protégeant l’œuvre en respectant
l’esprit de l’auteur , à une conception objective plus proche de COPYRIGHT
américain visant à protéger l’investissement économique de l’auteur.
Ainsi, le droit de l’auteur s’apparente de plus en plus à un droit d’entreprise ou
encore à un droit des commerçants de l’œuvre. Cet aspect économique
accentuée à chaque réforme législative est d’autant plus naturel que l’accord
sur les ADPIC duquel elles découlent s’inscrit dans une logique d’entreprise et
traite des aspects du droit d’auteur touchant au commerce. La loi de 1994,
inspirée par les conventions internationales notamment celle de Berne, a été
mise en vigueur, dont la Tunisie est membre fondateur, présente a ses articles
1et 2 une liste d’œuvres protégée et de manière non exhaustive afin de pouvoir
s’adapter aux nouvelles technologies. Premièrement, il est impératif dans cette
optique de parler des droits voisins. Ces droits résultants directement des
progrès technologiques sont, au sens de l’article 47 de la loi de 2009 reprenant
l’art 14 de la l’accord sur les ADPIC, « les droits dont jouissent les artistes
interprètes ou exécutants, les producteurs de support audio ou audiovisuels et
les organismes de radio et de télévision »
Pour ce qui est des artistes ou exécutants, ils correspondent notamment aux
acteurs, chanteurs, musiciens et danseurs.il est intéressant de noter ici que
l’interprète mérite d’être considérée comme un créateur qui conçoit son
interprétation avant de la communiquer au public. Pour ce qui est des
entreprises de communication audiovisuelle, elles englobent les organismes qui
produisent ou distribuent ces œuvres. Plus encore, les programmes télévisés
bénéficient d’une protection indépendante de celle des œuvres qu’ils peuvent
contenir. D’un autre côté, le champ du droit d’auteur s’est adapté à la logique
d’entreprise. Cette adaptation se manifeste en premier lieu par l’insertion des
bases de données et des œuvres numériques, création tunisienne en quelque

16
SALHI MONJI les alternatives sui generis à de nouveaux domaines de protection (page 92)
20
sorte car non prévus par l’accord sur les ADPIC, posant des problèmes quant au
clonage et aux contrefaçons surtout dans le monde de la musique.
En second lieu, la nouvelle loi a règlement répondu à certaines interrogation
relatives aux œuvres dérivées et aux œuvres orales, pour ce qui est de ces
dernières, elle a remplacé le terme de « conférences » par l’expression plus
vaste d’œuvres exprimées oralement. Toutefois, si les discours sont protégés,
les idées qu’ils contiennent sont libres, par ailleurs, le législateur Tunisien, à la
différence de son homdogue français n’a pas prévu de restriction à ce droit
pour les discours politiques et judicaires.
Finalement, les œuvres dérivées ont-elles aussi vu leur champ élargi par la
nouvelle loi.

Deuxième partie : une évolution paralysée


L’évolution du droit de la propriété intellectuelle en Tunisie, suite à l’adhésion à
l’OMC et à la signature de l’accord ADPIC, est marquée par une stagnation
paralysée. Cela se manifeste à la fois dans le climat du DPI(section 1) et dans les
défis de l’évolution (section 2)

21
Section 1 : le climat juridique du propriété intellectuelle

L’accord ADPIC ressemble à une révolution au sens de DPI en Tunisie. Cette


idée impose une nécessité d’exploiter le système adopté par le régime tunisien
concernant le DPI avant l’adhésion à l’accord ADPIC.
Le DPI tunisien est relativement vieux intégré depuis plus d’un siècle par la
colonisation française qui constitue « la porte entrée » d’une multitude de
lois17. La PI est aussi ancienne en Tunisie que la convention de Paris du 20 Mars
1883 sur la protection de la propriété industrielle dont la Tunisie est membre
fondateur par l’acte de Stockholm18 et la convention de Berne pour la
protection des œuvres littéraires et artistiques du 9 octobre 1886.
Depuis 19 février 1975, l’adaptation des standards internationaux reflète le
dynamisme des engagements dictés et imposés par l’OMC que la Tunisie fait
partie. Cette exploitation pré-adhésion à l’OMC et l’accord ADPIC nous
éclairera le droit actuel. Le rythme de mutation du DPI s’est accéléré dés
l’adhésion à l’OMC, en effet, il revient à la Tunisie à la fois de réformer les
normes incompatibles avec l’accord ADPIC et d’édicter des lois nouvelles en la
matière.
D’abord, la constitution tunisienne 201419 a consacré pour la première fois la
protection de la PPI20. De même volet la constitution de 202221 maintient cette
protection constitutionnelle. En effet, le législateur a lancé un processus de
reformulation pour avoir l’harmonie entre les dispositions de l’accord ADPIC et
la loi nationale et ce à partir de 1er janvier 2000 qu’il a successivement
incorporé ces standards dans la législation en vigueur pour constater une
tendance à son renforcement.
La nécessité de s’adapter à l’accord sur les ADPIC a poussé le législateur à
modifier la loi du 24 février 1994 par la loi n°2009-33 du 23 juin 200922 qui a

17
Thèse doctoral, MONJI SALHI introduction
18
La Tunisie fait partie de l’acte de Stockholm depuis 12 Avril 1976
19
Article 42 « l’Etat encourage la création culturelle », l’art 41 « la propriété intellectuelle est garantie »
20
Voir le droit des marchés financiers et le DPI, mémoire en droit privé, S. Elarbi 2014-2015 p26
21
Art 29 «le droit de la propriété est garanti ,il ne peut pas être limité que dans les cas et avec les garanties
prévus par la loi. la propriété intellectuelle est garantie .»
22
JORT n°52 du 30 juin 2009, page 1724, et, commentaire Salhi Monji, la protection pénale des droits d’auteur
et droits voisins, revue infos juridiques n°178/179 mai 2014 page 14
22
étendu le domaine de protection parallèlement avec l’évolution de la
technologie pour être en conformité avec L’ADPIC .

A cette occasion de l’adaptation de la législation sur la propriété industrielle, la


nouvelle loi sur les brevets d’invention23 est venue trancher avec le décret du 26
décembre 18839 puis la promulgation de la loi relative à la protection des
dessins et modèles industriels24 qui a abrogé le décret du 25 février 1911, de
même une refonte fut introduite au droit des marques par la loi n°2001-36du
17 avril 200111qui a abrogé le décret du 3 juin 1889 ainsi que les textes l’ayant
complété ou modifié.

Les appellations d’origine et indications de provenance n’ont pas échappé à ce


souffle de modernisation, en effet, la loi n°99-57 du 28 juin 199925a abrogé le
décret du 10 janvier 195713. De plus la mise en cohérence du droit interne avec
les exigences de l’ADPIC, le législateur a intégré des nouveaux domaines tels
que les obtentions végétales qui furent introduites par la nouvelle loi n°5-3 du 6
février 200526,et c’est ainsi qu’en optant pour une protection sui generis 15prévu
par l’ADPIC 16 et que la Tunisie a adhéré à la convention internationale sur la
protection des obtentions végétales (UPOV) de 1961, de même que pour les
schémas de configuration des circuits intégrés27. Cette protection est
empruntée à l’ADPIC et au traité sur la PI en matière de circuits intégrés (traité
IPIC) de Washington que la Tunisie est membre, de même qu’elle a adhéré à la
convention de Vienne sur les schémas de configuration de 1973 le 9 aout
198528.
23
Loi n°2000-84 du 24 aout 2000 relative aux brevets d’invention, JORT n°68 du 25 aout
2000 9 JORT, jeudi 27 décembre 1888 page 377
24
La loi n°2001-21 du 6 février 2001 relative à la protection des dessins et modèles industrielles 11 La loi
n°2001-36 du 17 avril 2001 relative a la protection des marques de fabrique, de commerce et de
services Jort n°31 du 17 avril 2001 page 834
25
Relative aux appellations d’origine contrôlée et aux indications de provenance des produits agricoles 13
Décret portant réglementation des appellations d’origine pour les vins, vins liqueurs et eaux de vie, de même
l’arrêté du ministre de l’agriculture du 27 février 2001 relatif aux indications régionales des vins d’appellation
d’origine a abrogé l’arrêté du 20 aout 1982
26
JORT 14 mai 1999 n°39 p706, loi relative aux semences, aux plants et à la protection de l’obtention
végétale
15
https://avocat- IBV.com .la double protection des bases de données
16
Article 27-b l’accord sur les ADPIC
Pour mieux expliquer le système de sui generis veuillez consulter COMITE INTERGOUVERNEMENTAL DE LA PI
RELATIVE AUX RESSOURCES GENETIQUES AUX SAVOIRS TRADITIONNELS ET AU FOLKLORE, 3éme session,
Genève 13-21 juin 2002
27
La loi n°2001-20 du 6 février 2001
Ils sont exigés par les articles de 35 à 38 de l’accord ADPIC
28
Ef. OMPI, informations générales, Genève 1997 page 28
23
L’adhésion aux traités internationaux s’est faite par un processus en cascade,
l’adhésion de l’OMC impliquait obligatoirement l’adhésion a l’accord sur les
ADPIC. Par conséquent, tous les pays qui ont adhéré à l’OMC ont dû harmoniser
leur législation nationale en fonction de l’ADPIC sous peine de se voir isolés des
marchés internationaux et de se voir appliquées des sanctions commerciales
coercitives qui laissent peu de marge à la mise de décision indépendante.
En plus de cet aspect pénalisant, les PED se sont vus attirés vers un système
uniforme de protection de la PI. Ce qui reflète et soulève des questions
concernant la justice économique et la souveraineté nationale. Pour les PED
comme la Tunisie cette adhésion est souvent perçue comme une condition
imposée par les partenaires commerciaux et financières internationales, alors
que les PD bénéficient de système robustes de protection de la PI, les PED se
trouvent confrontés à des défis considérables, notamment en matière de
ressources financières, d’expertise juridique et de capacité d’innovation , dans
cette perspective, les économistes Drahos et Braitwhite prévoient que « l’ADPIC
était le résultat du travail d’un petit groupe d’entreprises américaines qui ont
réussi à articuler un discours commun pour convaincre le gouvernement
américain que la protection de la PI était crucial pour le développement
économique du pays ». En fait, les normes élaborées à l’OMC n’ont pas été
dialogués, les négociations ont eu lieu dans des comités restreints « GREEN
ROOMS », qui représentent, des espaces de négociation informels, cependant,
les green rooms sont souvent critiquées pour exclure de nombreux pays en
particulier les plus petits ou ceux en développement, qui peuvent avoir des
intérêts importants mais ne sont pas représentés. Et il faut dire que, ces
comités, peuvent renforcer les inégalités, car les grandes puissances peuvent
imposer leurs agendas sans tenir compte des préoccupations des pays moins
influents. En outre on cite l’absence de transparence dans ces négociations
complique la compréhension et la participation des acteurs locaux.
Il faut soulève aussi la question de la pertinence de l’application de l’ADPIC à
une uniformatisation des règles de la PI à l’échelle mondiale sans tenir compte
des écarts de développement, plus précisément, comment savoir si les PED
sont prêts à appliquer ces règles ? sachant que les Etats, à travers l’histoire, ont
a adapté leur régime à leur besoin, de la convention de Paris à l’ADPIC, les PD
ont pris plus cent ans pour atteindre le niveau actuel de PI qu’ils favorisent,
comment laisser à peine 10 ans aux autres pour parcourir ce chemin29. Et pour
29
Cours madame AZZA
24
répondre à ces problématiques il faut bien comprendre que l’ADPIC est souvent
perçu comme un outil permettant aux pays développés, d’imposer leurs
normes aux PED, de même les PED ont été soumis à des pressions pour adopter
des normes de PI commerciales ou d’accords d’assistance financière. Et tout
cela soulève des questions sur la souveraineté nationale et l’autonomie des
décisions politiques. De plus l’accord mis sur la protection de la PI peut nuire
aux efforts de développement durable dans les PED où l’accès à des ressources
essentielles comme les médicaments est déjà limité, en tenant l’exemple des
médicaments, l’accord ADPIC oblige les PED à inclure leur législation des
standards minimum de protection sur les médicaments. Bien que ces normes
étaient présentées comme minimales, le niveau de protection d’un brevet n’est
pas adopté à la situation économique des PED. En effet, il est clair qu’appliquer
des règles juridiques uniformes à des situations qui ne le sont pas engendre une
inégalité de traitement inadaptée aux spécificités des PED, en plus d’une
approche du droit de brevet contraire aux intérêts de santé des PED.
Commençant, par l’idée de l’ADPIC et l’inégalité de traitement des pays, en fait,
les inégalités dans l’accès aux médicaments doivent être interprétées comme le
résultat d’une mise à l’écart des PED du marché mondial du médicament dont
l’ADPIC lui a gardé la qualité d’être un marché réservé aux PD aggravé par
pauvreté des malades des PED montrant dans un sens plus réaliste les
déficiences des ces pays à tous les niveaux et leur situation de dépendance. De
plus, le brevet joue aussi le rôle de monopolisation au sein des pays de l’OCDE.
Aussi parle-t-on aujourd’hui du « G-7 pharmaceutique » pour qualifier les
firmes originaires des 7 pays qui se partagent le marché mondial du
médicament. En effet, le marché mondial du médicament se caractérise aussi
par la disparité de ses bénéfices au détriment des PED et PMA. Alors que 80%
de la population mondiale vit sur le sol des PED et PMA, ces derniers ne
représentent que des 10% ventes mondiale de médicaments. Et cette
marginalisation des PED du marché mondial aggravait en plus la situation des
PED et ce en augmentant le prix des médicaments.

Section 2 : les défis de l’évolution

La loi n°84-2000 du 24 aout 2000 relative aux brevets d’invention a prévu deux
voies de contrôle des conditions d’obtention des brevets. le contrôle de nature

25
judiciaire, s’exerce a posteriori lors d’une demande en annulation d’un brevet.
D’autre part, l’examen administratif des demandes des brevets qui est
nécessaires mais relatif pose un problème. Cependant, l’organisme chargé de la
propriété industrielle n’effectue pas un véritable examen préalable des
conditions d’obtention des brevets, mais seulement un contrôle partiel qui
s’avère cependant indispensable. Il en ressort que le contrôle administratif reste
toujours partiel même si son domaine a connu un élargissement considérable.
En effet l’alinéa premier de l’article 29 de la nouvelle loi relative aux brevets
dispose que « l’organisme chargé de la propriété industrielle examine, si quant
à la forme, la demande est conforme aux dispositions des articles 20,21, et 22
de la présente loi » il s’agit donc d’un contrôle de la recevabilité de la demande
qui vient s’ajouter à celui effectué en vertu de l’alinéa 2 de l’article 25 au
moment de dépôt. En effet l’examen du contenu des pièces du dossier est régi
par l’article 30 de la loi de 200030. Il s’avère que le contrôle administratif est de
porté limité, en effet, la décision du directeur de l’institut national de
normalisation et de protection de la PI (L’INNORPI) couronnant ce contrôle ne
sont pas en en dernier ressort. De même les brevets sont délivrés sans garantie
de l’Etat 29, concernant les décisions de délivrance du brevet, il faut remarquer
tout d’abord que l’INORPI, quant il voit que les conditions n’ont pas été
respectées rejette la demande de brevet.
Cependant quant il trouve que la demande est conforme aux prescriptions
légales, il procède à la publication de la demande. la publication consiste dans
la mise à disposition du public du dossier de la demande de brevet. Elle
intervient dans un délai de dix-huit mois à ce compter de la date de dépôt. Si
dans les deux mois à compter de la publication aucune action n’a été introduite,
le brevet sera délivré au nom du demandeur31. Le probléme c’est que depuis
2000, les décisions du représentant légal de l’INORPI peuvent être frappées de
recours dans la nature n’est pas clairement déterminée par la loi
32
contrairement au législateur français qui a attribué la compétence de recours
à la cour d’appel territorialement compétente, « en droit français, le succès du
recours en restauration a pour effet la restauration au demandeur de ses droits
perdus par suite de l’inobservation du délai se que pour le recours en poursuite
de la procédure qui a pour effet de reprendre la procédure et la décision de
30
L’art 30 « l’organisme chargé de propriété industrielle vérifier, si quant au fond ce qui est revendiqué n’est
pas manifestement exclu des inventions brevetables en vertu de l’alinéa 2 de l’art 2 et 3 de la présente loi » 29

Thèse de MONJI SALHI page 182


31
Art 33 de la loi 2000
32
Article 39 de la loi 2000
26
rejet sera caduque »3334ce qui n’est pas déterminer par la loi nationale qui
néglige les détails des différents recours et reste muette mais on peut se référer
aux principes généraux de droit commun des procédures. D’autre par quant le
juge administratif donne gain de cause aux demandes contre une décision de
rejet, la décision administrative sera de nul effet et délivrance du brevet reste
sans garantie de l’Etat 33. Aux termes de l’article 35 de la loi 2000, le brevet
parait « une simple attestation de dépôt »35. Il ne s’agit pas d’une présomption
simple le droit du brevet peut cependant être rétroactivement à l’issue d’une
action en annulation.
De même le législateur Tunisien n’a pas pris en considération les facteurs
économiques du sous-développement à savoir les donnés géographiques et
historiques (colonisation), les facteurs socioculturels telle la religion ou le
potentiel scientifique et technique : nombre de chercheurs, le système scolaire
qui forme des littéraires que des scientifiques, l’exode des cerveaux « Brain
drain ». la Tunisie en tant que PED est dans une situation économique
préindustrielle, ils n’ont pas encore fait leur révolution industrielle.
De même, l’absence de mentalités innovatrice aboutit à ce résultat : au lieu de
chercher à contourner les brevets existants dans le pays ou à mettre au point
une technologie adaptée à leur besoin, les industriels du pays aurant tendance
à prendre licence de la technologie étrangère. Tous ces facteurs ( et même
d’autres) 36 paraissent loin de considération de législateur Tunisien. De cela, il
est indispensable de reformuler le DPI d’une manière a développer non
seulement la protection mais aussi a encourager le progrès économique et
technique.

En raison des manquements constatés dans le cadre de l’accord sur les ADPIC,
sont apparus de nombreux accords bilatéraux encouragés par les EU et l’UE, ils
touchent à la protection des investissements et au libre-échange, et incluent de
plus haut niveau de protection de PI par l’ADPIC plus, voir même de nouveaux
standards pour les droits intellectuels qui n’étaient pas protégés auparavant37.

33
Thèse doctorale, SALHI MONJI
34
Article 35 de la loi de 2000 « les brevets sont délivrés aux risques et périls des demandeurs et sans la garantie
de l’Etat »
35
Thèse doctorale, SALHI MONJI
36
Thèse doctorale, SALHI MONJI page 229
37
Même ouvrage précédent page 46
27
En fait les accords ADPIC plus ne font pas partie des négociations de l’OMC mais
sont souvent introduits dans le cadre d’accords bilatéraux ou régionaux de libre-
échange. Ces accords exigent généralement des protections supplémentaires,
comme l’extension de la durée des brevets ou des droits d’auteur. Cette
innovation apportée par l’ADPIC plus a le potentiel d’être bénéfique, mais il est
crucial de noter que ces innovations profitent principalement aux pays
développés. Les PED comme la Tunisie puissent bénéficier de certains aspects
de ces évolutions, ils continuent à faire face à des défis considérables qui les
placent en position de désavantage. En effet les nouvelles normes et
protections peuvent renforcer les droits de PI mais elles exigent également des
PED qu’ils s’adoptent des réglementations complexes et qu’ils investissent des
ressources considérables dans leur mise en œuvre. Cette situation crée une
disparité entre les PDs qui disposent généralement de structures
institutionnelles et de ressources nécessaires pour s’adapter rapidement et les
PEDs qui luttent souvent pour répondre à ces exigences tout en cherchant à
promouvoir leur propres innovations et développement économique.

Donc les accords TREPPS plus (ADPIC plus) représentent un ensemble de règles
complexes qui posent des défis majeurs pour les PEDs, notamment pour la
Tunisie, alors que ces accords visent à renforcer la protection des DPI, leurs
effets sur les PEDs sont souvent perçus comme aggravant les crises existantes
plutôt que les atténuer.

Premièrement, l’ADPIC plus a réduit les opportunités d’innovation locale. Les


accords ADPIC plus ont des répercussions particulièrement graves sur
l’innovation locale en Tunisie ; les petites entreprises, startups et jeunes
entrepreneurs, qui jouent un rôle crucial dans le dynamisme économique du
pays se retrouvent confrontés à une concurrence déloyale face aux grandes
multinationales. En effet les ressources financières et les infrastructures
nécessaires pour respecter les normes imposées par l’accord ADPIC plus sont
souvent hors de portée pour les acteurs locaux, cela signifie que
l’enregistrement des brevets, le développement de nouveaux produits ou
services, et la protection des innovations sont des processus couteux et
complexe. Cette situation désavantage les entreprises locales, qui ne peuvent
pas rivaliser avec les grandes entreprises internationales bénéficiant de moyens
considérables pour protéger et commercialiser leurs innovations par exemple,

28
des industries stratégiques comme la technologie, ou la biotechnologie,
pourtant prometteuses en Tunisie, risquent de stagner en raison de cette
absence de soutien aux innovateurs locaux, ce manque d’opportunités
décourage les jeunes talents de se lancer dans des projets innovantes
renforçant ainsi la dépendance de la Tunisie vis-à-vis de l’importation de
technologies étrangères

Ensuite, le secteur agricole, vital pour l’économie tunisienne, subit également


les effets des accords ADPIC plus. En particulier, ces accords imposent des
restrictions sur l’utilisation de semences en exigeant parfois que les agriculteurs
n’utilisent que des variétés brevetées, souvent contrôlées par des grandes
multinationales du secteur agroalimentaire. Cette situation crée une
dépendance accrue des agriculteurs tunisiens envers ces entreprises, car ils
sont obligés d’acheter de nouvelles semences chaque saison au lieu de les
reproduire à partir de leurs récoltes.

Ce modèle affecte directement leur rentabilité et leur autonomie, le cout des


semences brevetées est souvent prohibitif, ce qui réduit les marges
bénéficiaires des petits exploitants et les expose d’avantage aux risques
économiques. De plus l’homogénéisation des cultures due à l’utilisation de
variétés standardisées imposées par l’accord sur les ADPIC plus, mit à la
biodiversité agricole et rend les systèmes agricoles plus vulnérables aux crises
environnementales. Donc les conséquences de cette situation sont multiples :
non seulement la souveraineté alimentaire de la Tunisie est menacée mais le
secteur agricole perd également de sa résilience face aux défis climatiques et
économiques.

On conclut donc qu’une compréhension insuffisante de la PI peut conduire à


des pertes économiques, à la dévalorisation des œuvres originales et à un
climat d’insécurité pour les créateurs. De ce fait, et dans le cadre d’éduquer et
d’engager le public sur ce sujet essentiel, il est nécessaire de mettre en œuvre
des initiatives variés38.

Celles-ci peuvent prendre la forme d’ateliers, de compagnies de


communication, de partenariats avec les établissements scolaires et bien
38
•OMPI. (2022). Guide sur le système de propriété intellectuelle https://www.wipo.int
29
d’autres. En combinant des approches pratiques et informatives, nous pouvons
construire une culture de respect et de protection des droits intellectuels,
bénéfique tant pour les individus que pour la société dans son ensemble. Voici
quelques idées concrètes pour y parvenir ; commençant par des solutions que
les gouvernements pourraient envisager. C’est principalement ‘’la simplification
des procédures d’enregistrement de la propriété intellectuelle’’ qui vise à
rendre l’accès à la protection des droits plus facile, rapide et moins couteux et
en va traiter quelques exemples comme ‘’la numérisation des processus’’ c’est-
à-dire développer des plateformes en ligne pour l’enregistrement des droits
d’auteur, des brevets et des marques. Et cela permettrait aux utilisateurs de
soumettre leurs demandes, de payer des frais et de suivre l’état de leur
enregistrement en temps réel, réduisant ainsi les délais et les erreurs
administratives.

-La réduction des formalités39, c’est-à-dire simplifier la documentation requise


pour les demandes d’enregistrement en éliminant ‘’les formulaires complexés’’
et en réduisant le nombre de pièces justificatives nécessaires. Et cela allégerait
la charge administrative pour les demandeurs, rendant le processus plus
accessible, notamment pour les petits créateurs et les startups.

-Guides et ressources d’accompagnement, c’est-à-dire fournir des guides clairs


et des ressources éducatives pour aider les créateurs à comprendre le
processus d’enregistrement. Et cela permettrait aux utilisateurs de mieux
préparer leurs demandes et de savoir quoi attendre à chaque étape, réduisant
ainsi le taux de rejet des demandes.

-Et parlant d’une sorte de solution assez importante, on cite, le feed-back et


amélioration continue, c’est-à-dire établir des mécanismes de retour
d’information permettant aux utilisateurs de faire part de leurs expériences
aves le processus d’enregistrement. Et cela aiderait les autorités à identifier les
points de friction et à améliorer continuellement les procédures en fonction des
besoins des utilisateurs.

39
•U.S. Copyright Office. (2021). Copyright Registration for Authors. https://www.copyright.gov
30
-Et pour une bonne sensibilisation pour les citoyens40 concernant la protection
de la PI on propose quelques autres solutions telles que :

-L’organisation des concours et challenges qui visent à encourager la créativité


tout respectant la propriété intellectuelle. C’est-à-dire créer des compétitions
d’innovation où les participants doivent soumettre des projets originaux tout en
respectant les règles de la PI. De plus, offrir des prix et des opportunités de
mentorat pour les gagnants.

En outre, il faut créer des affiches et des brochures avec les statistiques sur les
pertes économiques dues à la contrefaçon. De même, utiliser des plateformes
comme Facebook, Instagram ou Twitter pour toucher un large public. Avec
l’utilisation des slogans accrocheurs et des infographies pour rendre
l’information accessible et engagent.

-Et en définitive, on cite les témoignages d’entrepreneurs41, c’est-à-dire,


montrer les conséquences réelles d’une protection insuffisante ; plus
précisément, organiser des événements où des entrepreneurs racontent leurs
expériences de protection de leurs idées et les défis rencontrés sans protection.

Et c’est ce que nous avons tenté de clarifier et d’analyser en préparant un


interview avec une innovatrice dans le domaine agricole.

-De nombreux créateurs hésitent à recourir aux tribunaux pour défendre leurs
droits. Une étude de Journal Of Intellectuel Propret Law a révélé que 60% des
artistes et des innovateurs interrogés préfèrent éviter les litiges en raison de la
complexité des procédures juridiques qui peuvent sembler intimidantes. Et
cette réticence résulte de divers facteurs notamment le besoin de preuves
techniques. En effet dans les cas de brevets ou de technologies des preuves
techniques précises peuvent être nécessaires pour démontrer la violation, ce
qui requiert souvent des connaissances spécialisées. De ce fait, ces difficultés
en matière de preuve peuvent constituer un obstacle majeur pour les
créateurs, et surtout parlant du nature ‘’contrefaçon’’ qui peut être cachée

40
•World Bank. (2019). Innovation and Entrepreneurship: A New Perspective. https://www.worldbank.org
41
•European Commission. (2020). Intellectual Property Rights: Best Practices in Simplifying Registration.
https://ec.europa.eu
31
c’est-à-dire si l’utilisation non autorisée est effectuée discrètement. De même,
démontrer quand une œuvre a été créée peut poser un problème, surtout si le
créateur n’a pas enregistré son œuvre officiellement ou n’a pas utilisé de
moyens de preuve, comme un enregistrement auprès d’une autorité.

Dans le même sens, en Tunisie, de nombreux créateurs hésitent à porter leurs


litiges de propriété intellectuelle devant les tribunaux, une situation qui mérite
une attention particulière. En effet, selon une étude de l’institut national de la
propriété industrielle (INPI) environ 65% des créateurs interrogés ont indiqué
que le cout des procédures judiciaires était un obstacle majeur à l’action en
justice.

Les statistiques illustrent un climat d’incertitude et de défi qui affecte les


créateurs tunisiens qui veulent protéger le maximum leur réputations.

Bibliographie

 Droit de la Propriété Intellectuelle, Laure Marino


 « L’évolution de propriété intellectuelle dans la Tunisie suite à
l’adhésion à l’OMC et la signature ADPIC », Monji el Salhi, Thèse pour
le doctorat
 Support du cours mme Azza Turkki

32
 Le droit des marchés financiers et le DPI, mémoire en droit privé, S.
Elarbi 2014-2015
 Organisation mondiale du commerce (OMC) TRT/WTO01/001 Accord
sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au
commerce (Accord sur les ADPIC)
 Dictionnaire La rousse
 ‘’le droit des marchés financières et le DPI’’, mémoire en droit privé S.
Elarbi 2014-2015 p26
 L’affaire ‘‫ ’جنون القايلة‬en 16 juin 2020
 Accord du Cycle d'Uruguay : ADPIC Aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce
 https://www.wipo.int/wipolex/fr/text/305908
 WIPO Lex
 https://avocat-lbv.com la double protection des bases de données
 COMITE INTER GOUVERNEMENTAL DE LA PI RELATIVE AUX
RESSOURCES GENETIQUE AUX SAVOIRS TRADITIONNELS ET AU
FOLKLORE 3EME SESSION 13-21 JUIN 2002 A GENEVE
 European Commission. (2020). Intellectual Property Rights: Best
Practices in Simplifying Registration. https://ec.europa.eu
 OMPI. (2022). Guide sur le système de propriété intellectuelle
https://www.wipo.int
 U.S. Copyright Office. (2021). Copyright Registration for Authors.
https://www.copyright.gov
 World Bank. (2019). Innovation and Entrepreneurship: A New
Perspective. https://www.worldbank.org

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