Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

BBBBBDPI

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 204

LE DROIT DE LA PROPRIETE INTELLECTUELLE EN DROIT POSITTIF

MALGACHE

Par

RAZAFINDRAKOTO Tojo Harinala1

AVANT-PROPOS
1 Docteur en Droit Privé, Formateur à l’Ecole Nationale de la Magistrature et des Greffes (ENMG) et
Enseignant vacataire des Universités Publiques et Privées.

1
La propriété est « le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue,
pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois et règlements » selon l’article 544
du Code civil français. Le droit de propriété acquiert ces caractères qu’on retrouvera dans le
Code civil : exclusivité, individualité et caractère perpétuel. Cette idée de pouvoir attacher à
la propriété reprise par le droit français n’a pas été reniée par le droit malagasy.

La propriété intellectuelle est une notion juridique dont le périmètre est vaste et le contenu
hétérogène. Elle intéresse des réalisations aussi diverses que des inventions, des logiciels, des
créations littéraires, des obtentions végétales, des marques. Les points communs à tous ces
éléments sont qu’ils sont tous protégés pour un droit exclusif, conférant à leur titulaire le
pouvoir d’en contrôler l’accès, l’usage et l’exploitation. L’objectif du législateur, en
accordant, ces droits exclusifs varient suivant la nature est toujours présente : selon le cas, la
reconnaissance d’un droit exclusif se justifie par un acte de création (œuvre de l’esprit), par
un enrichissement de l’état de la technique, une innovation (cas des inventions), par un
investissement (cas des données) ou encore lorsqu’il contribue au bon fonctionnement de
commerce et de la concurrence (cas des signes distinctifs).

Le droit de propriété intellectuelle est organisé en deux branches : la propriété littéraire et


artistique au droit d’auteur d’une part, la propriété industrielle d’autre part. Ces deux
branches comportent elles-mêmes des ramifications.

La propriété littéraire et artistique ou droit d’auteur recouvre le droit d’auteur proprement dit,
en vertu duquel en droit exclusif est accordé aux auteurs d’œuvres et être l’esprit original. Le
droit pour les producteurs de base de données, en vertu duquel celui qui prend l’initiative et
les risques des investissements duquel celui qui prend l’initiative et les risques des
investissements liés à une base de données, bénéficier du droit d’autoriser et d’interdire
certains côtés sur sa base. Les droits voisins qui incluent le droit des artistes- interprètes et le
droit des producteurs de phonogrammes, vidéogrammes et entreprises audiovisuels.

La propriété industrielle recouvre deux grandes catégories de droit : les droits qui portent sur
les innovations industrielles comme les inventions (droit des brevets), obtention végétale, les
dessins et modèles, puces et semi- conducteurs. Le savoir-faire, en revanche, n’est pas inclus
dans cette liste, car il ne fait pas l’objet d’un droit privatif. Les droits qui portent sur des
signes distinctifs comme les marques, noms commerciaux, dénominations, enseignes,
appellation d’origine.

2
SOMMAIRE

3
LISTE DES ABREVIATIONS

- A.D.P.I.C : Accords sur les Droits de Propriété Intellectuelle qui touche le


Commerce

4
- B.B.C : British Broad casting Corporation (une société anglaise qui se spécialise
dans la production et diffusion du programme télévisé et de la radio).

- B.E.T.A : Broad casting and Entertainment Trades Alliance

- B.I.T : Bureau International du Travail

- B.O.P.I : Bulletin officiel de la propriété industrielle

- C.C.E.T.I : Commission Consultative des Employés et Travailleurs Intellectuels

- C.P.C : Code de Procédure Civile

- C.C.P : Certificat complémentaire de protection

- C.L.I.I.C.T : Comité de Liaison Internationale des Ingénieurs, Cadres et


Techniciens

- CNDIPI : Comité National de Développement de l’Innovation et de la Propriété


Intellectuelle

- C.N.R.S : Centre National de la Recherche Scientifique

- C.P.P. : Code de Procédure Pénale

- C.P.O.V : Comité de la Protection des Obtentions Végétales

- D.U.D.H : Déclaration Universelle de Droit de l’Homme

- DPMA : Commission de conciliation des Marques allemands.

- F.I.E.T : Fédération Internationale des Employés Techniciens et cadres F

- F.S.M : Fédération Syndicale Mondiale

- Gaz. Pal : Gazette de la Palais

- G.A.T.T: General Agreement on Tariffs and Trade

- G.O.P.I : Gazette Officielle de la Propriété Intellectuelle

- I.A : Intelligence Artificielle

- I.G.P : Indications Géographiques Protégées

- I.N.P.I : Institut National de la Propriété Intellectuelle

5
- JCP : Juris Classeur Périodique

- J. Cl. : Juris Classeur

- NASA : Agence aéronautique et spatiale des Etats-Unis

- O.A.P.I : Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle

- O.B.E : Office Européen des Brevets

- O.C.V.V : Office Communautaire des Variétés Végétales

- O.E.B : Office Européenne de Brevet

- O.I.T : Organisation Internationale du Travail

- O.MA.P.I : Office Malgache de la Propriété Industrielle

- O.M.C : Organisation Mondiale du Commerce

- O.M.D.A : Office Malagasy de Droit d’Auteur

- l’O.M.E.R.T : Office Malagasy d’Étude et de Régulation des


Télécommunications

- O.M.P.I : Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle

- O.M.S : Organisation Mondiale de la Santé

- O.N.E.R.A : Office Nationale d’Études et Recherche Aérospatiale

- P.C.T : Patent Cooperation Treaty

- PLT : Traité sur le droit des brevets

- P.M.A : Pays Moins Avancés

- Pro. Intell. : Propriété intellectuelle

- R.D.P.I : Revue du Droit de Propriété Intellectuelle

- R.M.C : Régime des Marques Communautaire

- R.D.M.C : Régime sur des Dessins et Modèles Communautaire

- RTD Com : Revue Trimestriel du Droit Commercial

- T.G.I : Tribunal de Grande Instance

6
- TLT : Traité sur le droit des marques

- T.R.T : Trade mark Registration Treaty

- TRIPS : Trade Related Aspects of Intellectual Property Rights Including Trade


in Counterfeit Goods

- TUC : Congrès des syndicats britanniques

- UNESCO : Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Sciences et la


Culture

- UPOV : Convention de Paris pour la Protection des Obtentions Végétales

7
INTRODUCTION GENERALE

8
A quoi sert la propriété intellectuelle ? Elle permet l’appropriation exclusive d’une création
ou invention, une œuvre littéraire et artistique, d’un signe distinctif ou d’un investissement,
alors que les relations d’affaires son gouvernées par la liberté du commerce et d’industrie
(libre concurrence, liberté d’entreprendre, liberté de copier,…). Cela constitue donc un atout
concurrentiel qui doit être au cœur des réflexions de tout entrepreneur.

Madagascar ne possède pas encore un Code de propriété intellectuelle comme la France. La


propriété intellectuelle malgache est régit par des textes éparpillés : la propriété littéraire et
artistique est régit par la loi 94-036 alors que la propriété industrielle par l’ordonnance 89-
019 et la loi 2017-049.

Le dynamisme du droit de propriété intellectuelle se manifeste à travers l’étude analytique de


ses éléments et surtout à travers sa valorisation. Si les enjeux qui se profilent derrière les
droits de propriété intellectuelle ont parfois contribué à déformer des dimensions cruciales de
ce concept juridique dans les débats, des repères historiques dans un grand nombre de travaux
sur la question ont pour autant entretenu la confusion. Cette tendance n’est plus vraie
aujourd’hui.

L’évolution du concept juridique de propriété intellectuelle est très complexe et a incorporé


avec de multiples influences économiques, politiques, sociales, ou philosophiques. La
distinction entre invention, d’une part, et œuvres littéraires et artistiques, d’autre part, ne
représente cependant que l’un des deux axes autour desquels va s’articuler cette thèse.
Comme le brevet d’invention, les législations qui visent à protéger les créateurs littéraires ou
artistiques et à encourager la créativité ont des origines bien peu en rapport avec leur finalité
actuelle. Le rapport ambigu entre les dispositifs de propriété intellectuelle et les travaux
scientifiques a souvent été remarqué. Alors que la reconnaissance de l’auteur n’est ni

9
universelle ni constante, l’attribution même des textes en science se démarque de celle
d’autres œuvres de l’esprit.

La propriété intellectuelle, instruments économiques, les dispositifs de propriété intellectuelle


ont assez vite, dès la fin du XVIIIe siècle, été bornés par une référence à la science : les
monopoles d’exploitation des auteurs et des inventeurs font limiter pour promouvoir le
progrès de la science selon la disposition constitutionnelle et la Déclaration Universelle de
droit de l’homme. Les Universités, Institution de première importance aujourd’hui dans la
recherche scientifique, l’Université a joué un rôle important dans l’émergence des
mécanismes de protection de la propriété intellectuelle.

Pour que la propriété intellectuelle telle que nous la connaissons aujourd’hui soit
véritablement en place, il faut que l’individualité du créateur soit consacrée. Sur le plan
philosophique, afin de justifier la propriété intellectuelle, il est nécessaire que soit admis le
principe de la propriété, se trouve légitimée l’idée que chacun, à titre de propriétaire de sa
personne peut être propriétaire des fruits générés par son travail. L’acte de création donne un
droit de propriété sur l’objet créé ainsi qu’un droit sur l’usage de cet objet.

Ainsi, la protection et la valorisation des droits de propriété intellectuelle, des secrets


commerciaux et savoir-faire sont cruciales pour le succès de toute société et le bien-être de
toute personne.

Le titulaire d’un droit de propriété intellectuelle jouit d’une exclusivité sur l’objet de son
droit, d’un monopole d’exploitation, qu’il peut opposer aux tiers pour leur interdire toute
utilisation de l’objet ou pour les obliger à contracter à cette fin. L’action en contrefaçon,
harmonisé depuis peu, permet de sanctionner toute atteinte aux droits. Mais cette exclusivité
est susceptible d’être confrontée à d’autres droits et liberté : droit de propriété sur le support
d’une œuvre, liberté d’expression, libre concurrence… on constate à cet égard que
l’exclusivité est malmenée. L’équilibre qui se dessine est de plus en plus en défaveur de la
propriété intellectuelle.

Les nouvelles technologies ont permis aux utilisateurs de démultiplier les atteintes auxquelles
il n’est toujours pas apporté de réponse satisfaisante. C’est ainsi que pour favoriser le marché
numérique, l’utilisation de liens hypertextes visant du contenu protégé ou de mots-clés
constitués par un signe protégé fait l’objet d’une liberté conséquente.

10
Toujours est-il que la propriété intellectuelle constitue aujourd’hui une donnée
incontournable de la vie des affaires, ce qui justifie que soient présentées dans cet ouvrage les
règles applicables à la propriété intellectuelle (Partie I) et à la propriété industrielle (Partie
II), d’une manière accessible, à destination de tous ceux qui, juristes ou non, souhaitent
appréhender la protection de leurs biens intellectuels.

11
LA PROPRIETE LITTERAIRE ET ARTISTIQUE

12
La propriété littéraire et artistique, souvent désignée sous le terme de droit d'auteur, constitue
un pilier fondamental dans la protection des œuvres de l'esprit. Ce domaine juridique englobe
les droits des créateurs sur leurs œuvres littéraires, artistiques, musicales,
cinématographiques, ainsi que sur les logiciels et les bases de données. La notion de droit
d'auteur est intrinsèquement liée à la reconnaissance de la création intellectuelle comme une
extension de la personnalité de l'auteur, nécessitant une protection juridique pour encourager
la production culturelle et artistique.

Historiquement, le droit d'auteur a émergé en réponse à la nécessité de protéger les créateurs


contre la reproduction non autorisée de leurs œuvres. À l'époque de l'imprimerie, les auteurs
et les éditeurs se sont trouvés confrontés à des défis inédits, notamment la reproduction facile
et à grande échelle des œuvres écrites. Cela a conduit à la mise en place de régulations visant
à garantir aux auteurs des droits exclusifs sur la reproduction et la diffusion de leurs
créations. Depuis lors, le droit d'auteur a évolué pour s'adapter aux nouvelles formes de
création et aux avancées technologiques.

La propriété littéraire et artistique repose sur deux types de droits principaux : les droits
patrimoniaux et les droits moraux. Les droits patrimoniaux confèrent à l'auteur le droit
exclusif d'exploiter son œuvre sous diverses formes : reproduction, représentation,
distribution, etc. Ces droits permettent aux créateurs de tirer un bénéfice économique de leurs
œuvres, ce qui constitue une incitation à la création et à l'innovation. En revanche, les droits
moraux protègent les intérêts non économiques de l'auteur, tels que le respect de l'intégrité de
l'œuvre et le droit à la paternité. Ces droits sont inaliénables et perpétuels, reflétant
l'attachement personnel et spirituel de l'auteur à son œuvre.

L'importance du droit d'auteur s'étend au-delà de la simple protection des intérêts individuels
des créateurs. Il joue également un rôle crucial dans la promotion de la diversité culturelle et
la diffusion des connaissances. En garantissant aux auteurs des droits exclusifs sur leurs
œuvres, le droit d'auteur encourage la production de nouvelles œuvres et leur mise à
disposition du public, enrichissant ainsi le patrimoine culturel et intellectuel de la société.

Toutefois, la propriété littéraire et artistique ne se limite pas à la protection des auteurs. Elle
doit également trouver un équilibre avec les droits du public à accéder aux œuvres de l'esprit.
C'est dans ce contexte que des exceptions et des limitations au droit d'auteur ont été
introduites, permettant certaines utilisations des œuvres sans l'autorisation des titulaires de

13
droits. Ces exceptions, telles que la citation, la parodie, l'usage privé et l'enseignement, visent
à garantir que la protection des droits d'auteur ne freine pas indûment la libre circulation des
idées et des informations.

La globalisation et la numérisation ont posé de nouveaux défis à la propriété littéraire et


artistique. La facilité de reproduction et de distribution des œuvres sur Internet a intensifié les
préoccupations concernant la piraterie et la violation des droits d'auteur. En réponse, les
législations nationales et internationales ont évolué pour renforcer la protection des œuvres
dans l'environnement numérique. Des traités internationaux, comme la Convention de Berne
et les accords de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), ont été
adoptés pour harmoniser les régulations et garantir une protection efficace des droits d'auteur
à l'échelle mondiale.

En somme, la propriété littéraire et artistique est un domaine complexe et dynamique,


essentiel à la reconnaissance et à la protection des créations intellectuelles. Elle joue un rôle
crucial dans la promotion de la créativité, la diversité culturelle et la diffusion des
connaissances. Cependant, elle doit constamment s'adapter aux évolutions technologiques et
trouver un équilibre entre la protection des droits des auteurs et l'accès du public aux œuvres
de l'esprit.

Chapitre I. LES ŒUVRES PROTEGEES ET REGIME JURIDIQUE

Seules les œuvres créées font l’objet de la protection par le droit d’auteur et la durée de la
protection diffère suivant la catégorie de l’œuvre considérée. Une œuvre est réputée créée du
seul fait de la réalisation, même inachevée, de la conception de l’auteur. L’article 5 de la loi
n° 94-036 du 18 septembre 1995 portant sur la propriété littéraire et artistique liste les
catégories d’œuvres protégées à Madagascar.

Section I. LA CONCEPTION GENERALE

L'auteur d'une œuvre de l'esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de
propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.

§1. Les œuvres d’esprit

L'œuvre est réputée créée, indépendamment de toute divulgation publique, du seul fait de la
réalisation, même inachevé, de la conception de l'auteur.

14
Sont considérés notamment comme œuvres de l'esprit au sens de la loi 94-036 : les livres,
brochures et autres écrits littéraires, artistiques et scientifiques ; les conférences, allocutions,
sermons, plaidoiries et autres œuvres de même nature ; les œuvres dramatiques ou dramatico-
musicales ; les œuvres chorégraphiques, les numéros et tours de cirque, les pantomimes, dont
la mise en œuvre est fixée par écrit ou autrement ; les compositions musicales avec ou sans
paroles ; les œuvres cinématographiques et autres œuvres consistant en une série d'images
liées entre elles qui donnent une impression de mouvements, accompagnée ou non de sons et,
si elle est accompagnée de sons, susceptible d'être audible, dénommées ensemble œuvres
audiovisuelles ; les œuvres de dessin, de peinture, d'architecture, de sculpture, de gravure, de
lithographie ; les œuvres graphiques et typographiques ; les œuvres photographiques et celles
réalisées à l'aide de techniques analogues à la photographie. Une « œuvre photographique »
est l'enregistrement de la lumière ou d'un autre rayonnement sur tout support sur lequel une
image est produite ou à partir duquel une image peut être produite, quelle que soit la nature
de la technique (chimique, électronique ou autre) par laquelle cet enregistrement est réalisé.
Une image fixe extraite d'une œuvre audiovisuelle n'est pas considérée comme une « œuvre
photographique » mais comme une partie de l'œuvre audiovisuelle concernée ; les « œuvres
des arts appliqués » qui sont des créations artistiques bidimensionnelles ou tridimensionnelles
ayant une fonction utilitaire ou incorporée dans un article d'utilité, ou il s'agisse d'une œuvre
artisanale ou produite selon des procédés industriels. Un « article d'utilité » est un article qui
remplit une fonction utilitaire intrinsèque ne consistant pas seulement à présenter l'apparence
d'article ou à transmettre des informations ; les illustrations, les cartes géographiques ; les
plans, croquis et ouvrages plastiques relatifs à la géographie, à la topographie, à l'architecture
et aux sciences ; les logiciels qui sont des ensembles d'instructions exprimées par des mots,
des codes, des schémas ou par toute autre forme pouvant, une fois incorporés dans un support
déchiffrable par une machine, faire accomplir ou faire obtenir une tâche ou un résultat
particuliers par un ordinateur, un procédé électronique ou similaire capable de faire du
traitement de l'information ; les créations des industries saisonnières de l'habillement et de la
parure. Sont réputées industries saisonnières de l'habillement et de la parure les industries qui,
en raison des exigences de la mode, renouvellement fréquemment la forme de leurs produits,
et notamment la couture, la fourrure, la lingerie, la broderie, la mode, chaussure, la ganterie,
la maroquinerie, la fabrique de tissus de haute nouveauté ou spéciaux à la haute couture, les
productions des paruriers et des bottiers et les fabriques de tissus d'ameublement ; les «
expressions du folklore ». Ce sont des productions d'éléments caractéristiques du patrimoine
culturel traditionnel de Madagascar développé et perpétué par une communauté ou par des

15
individus reconnus comme répondant aux attentes de cette communauté, comprenant les
contes populaires, la poésie populaire, les chansons et la musique instrumentale populaires,
les danses et spectacles populaires ainsi que les expressions artistiques des rituels et des
productions d'art populaire.

Ces expressions du folklore ne sont pas des œuvres dans le sens de la loi 94-036. Pourtant, ils
jouissent d'une protection similaire déterminée par décret.

§2. Les œuvres protégées

Les droits et la protection conférés à une œuvre dépendent de sa catégorie. Outre les créations
des industries saisonnières de l’habillement et de la parure, ces catégories d’œuvres peuvent
être regroupées comme suit :

- Les œuvres littéraires

D’une part, il y a les œuvres littéraires originales qui sont généralement des œuvres écrites,
mais qui peuvent être exprimées oralement. Les œuvres écrites sont les livres, brochures et
autres écrits littéraires, artistiques et scientifiques. Cependant, certaines œuvres littéraires ont
vocation à être librement reproduites, car elles sont dans le domaine public. C’est le cas des
actes officiels (textes législatifs, réglementaires ou décisions de jurisprudence), travaux
préparatoires des lois ou encore des sujets d’examen. En ce qui concerne les œuvres orales, la
transmission de la création de l’esprit par la voix est susceptible de protection. C’est le cas
des conférences, allocutions, sermons, etc.

D’autre part, il y a les œuvres dérivées. Une œuvre dérivée est « une œuvre créée à partir
d’une ou plusieurs œuvres préexistantes », mais sans préjudice des droits de l’auteur de
l’œuvre originale. Ce sont les traductions, adaptations, arrangements ou transformations des
œuvres de l’esprit. Enfin, l’article 5 de la loi n° 94-036 prévoit également en tant qu’œuvres
littéraires les anthologies, les recueils d’œuvres diverses, les expressions du folklore et les
banques de données.

- Les œuvres musicales et théâtrales

Ce sont les œuvres dramatiques ou dramatico-musicales. Elles peuvent être protégées dès lors
qu’elles sont originales du fait de leur mélodie, leur rythme ou leur harmonie. La présence ou
l’absence de paroles importe peu. D’où également, la protection des compositions musicales

16
avec ou sans paroles. Puis, il existe des œuvres dérivées des œuvres musicales : ce sont les
variations et les arrangements. Le même principe est alors appliqué.

Quant aux œuvres théâtrales, elles se rapprochent des œuvres musicales, car elles ont
vocation à être présentées sur scène. Les œuvres théâtrales telles que prévues par la loi sont
notamment les œuvres chorégraphiques, numéros et tours de cirques, pantomimes. Leur mise
en œuvre est fixée par écrit ou autrement.

- Les œuvres artistiques

Ce sont les œuvres qui se manifestent par des créations de formes sensibles à la vue : les
œuvres de dessin, de peinture, d’architecture, de sculpture, de gravure, de lithographie ; les
œuvres graphiques et typographiques ; les œuvres photographiques ; les œuvres des arts
appliqués, illustrations, cartes géographiques, plans, croquis et ouvrages plastiques relatifs à
la géographie, à la topographie, à l’architecture ou aux sciences ; ainsi que les œuvres
cinématographiques et autres œuvres audiovisuelles.

Pour l’œuvre d’architecture, l’architecte dispose d’un droit d’auteur sur l’œuvre
architecturale ainsi que sur les plans, croquis et maquettes qui en sont les corollaires. Pour les
dessins et modèles à caractère ornemental, se pose le problème du cumul entre la protection
du droit d’auteur et la protection des dessins et modèles industriels. La législation malgache
reconnaît une double protection.

- Les logiciels

La loi n° 94-036, en son article 4 alinéa 13, donne la définition des logiciels. À l’origine, en
France, les logiciels n’étaient protégeables ni par les brevets ni par les dessins et modèles.
Inspirée par la tendance américaine, une jurisprudence française a été consacrée et a admis
leur protection par la propriété littéraire et artistique, sous condition d’être originaux.

Il s’agit notamment de l’arrêt « Babola c/ Pachot », en date du 7 mars 19864. Puis, c’est le
tribunal de commerce de Bobigny, le 20 janvier 19955, qui précise la notion d’originalité :
celle-ci doit se percevoir « à travers la marque d’un apport allant au-delà de la simple mise
en œuvre d’une logique automatique ».

Les droits prévus pour les logiciels sont d’une durée de vingt-cinq ans à compter de leur date
de création. Néanmoins, le problème de protection des logiciels reste non résolu. En effet, le
logiciel conçu pour une finalité technique est parfois considéré comme non protégeable par le

17
droit d’auteur parce qu’il n’est pas original, et non protégeable non plus par les brevets qui
les excluent. Cela nous amène alors à la question de savoir quelles sont les conditions pour
qu’une œuvre soit protégée.

Section II. LES CARACTERISTIQUES NECESSAIRES

Deux caractères de l’œuvre doivent être évoqués : d’une part, le droit d’auteur protège des
créations de forme, de sorte que l’œuvre de l’esprit doit être tangible ; d’autre part, le concept
d’originalité, expression juridique de la marque d’une personnalité de l’auteur, constitue une
spécificité qui tranche avec d’autres critères d’accès à la protection par les divers droits de
propriété intellectuelle, et notamment celui de nouveauté.

§1. Les créations de forme : l’expression et la composition

L’œuvre de l’esprit est une création de formes, perceptible par les sens, ce qui exclut un
certain nombre de créations de la sphère du droit d’auteur.

Les œuvres d’esprit sont protégées, quelle qu’en soit la forme d’expression, c’est-à-dire sans
qu’elle soit assujettie à la nature du support sur lequel l’œuvre est fixée. La plupart du temps,
une œuvre est effectivement fixée, mais c’est bien la forme qui est protégée en droit d’auteur.

Une œuvre peut être fixée de diverses manières : papier, support numérique… Le problème
ne se pose naturellement pas dans le cas le plus simple: l’œuvre littéraire ou musicale peut
être écrite ou enregistrée. S’agissant des œuvres chorégraphiques, numéros ou tours de
cirque, la loi exige une fixation « par écrit ou autrement » : il est possible alors de recourir à
une fixation par description détaillée par écrit 2, mais on peut imaginer qu’un spectacle ou une
mise en scène soit filmé.

La photographie fixe certaines œuvres. Si des œuvres orales, une conférence par exemple
sont protégeables, elles sont fixées quand on porte atteinte au droit de leurs auteurs : la
reproduction non autorisée d’une œuvre orale suppose sa fixation (transcription,
enregistrement). L’œuvre n’a pas besoin d’être achevée : l’ébauche suffit à accorder une
protection ; ainsi l’ébauche d’un programme d’ordinateur a-t-elle jugé « suffisamment
concrétisée pour donner naissance à une protection au titre de droit d’auteur ».

La forme de l’œuvre n’est pas nécessairement fixée : il suffit que les modifications
s’inscrivent dans un cadre déterminé. La composition est constituée par la structure, le plan,

2 Arrêt, Paris, 9 novembre 1984 : Ann. 1984, p.147.

18
le découpage, l’enchaînement des scènes, des situations et des idées. On peut obtenir une
protection sur « l’enchaînement des situations et des scènes ».

Si seule une forme est protégeable, le droit d’auteur ne protège pas les idées : « la propriété
littéraire et artistique ne protège pas les idées ou concepts, mais la forme sous laquelle ils sont
exprimés3. D’autres actions que celles fondées sur le droit d’auteur, dites « périphériques »
sont toutefois possibles.

Selon une conception exprimée par H. Desbois, « quelle qu’en soit l’ingéniosité et même si
elles sont marquées au coin du génie, la propagation et l’exploitation des idées exprimées par
autrui ne peuvent être contrariées par les servitudes inhérentes aux droits d’auteur : elles sont
par essence et par destination de libres parcours ».

§2. La création de forme : l’originalité

L’œuvre, pour être protégée par le droit d’auteur, doit avoir le caractère original. Le caractère
original est le critère d’accès à la protection, en évoquant les titres des œuvres, mais la
Convention de Berne en fait un critère général d’accès à la protection. La jurisprudence est,
sur ce point, abondante et permet de dessiner les contours du concept d’originalité.

Conçue de façon traditionnelle, l’originalité est l’expression juridique du caractère personnel


de la création de l’auteur : la jurisprudence évoque la « forme portant le sceau de la
personnalité de l’auteur », une œuvre « portant la marque de la personnalité de son auteur »
ou « l’empreinte » de cette personnalité. Il ne faut pas confondre la « notion d’originalité »
avec celle « d’œuvre originale » au sens d’œuvre première par rapport à une œuvre dérivée,
c’est-à-dire qui dérive d’une œuvre préexistante : traduction, abrégés et résumés, adaptation,
transformation et arrangements.

Une œuvre qui dérive d’une œuvre première peut avoir sa part d’originalité, et être marquée
de la personnalité de son auteur. Ainsi, la gravure réalisée à partir d’un tableau peut-elle être
originale : « en transformant la peinture en gravure, l’artiste interprète nécessairement la
première, les qualités de son exécution, l’intelligence avec laquelle il procède à la
décomposition et au choix des couleurs personnalisent son œuvre et lui donne un caractère
originalité »4 ; de même, des sérigraphies réalisées à partir de tapisserie de Moyen Âge sont

3 Arrêt, Civ. 1°, 29 novembre 2005 : D. 2006. Jur.p. 517 note A. Tricoire ; RTD Com 2006, p. 78. obs. F.
Poullaud-Dulian.
4 Arrêt, Paris, 19 décembre 1962 : D. 1963, 2, p. 609, note A. Françon ; Gaz. Pal. 1963, 1, p. 143 ; JCP 1963, II,
13156.

19
originales dans la mesure où elles sont « réalisées nécessairement après réduction du dessin
aux mesures choisies, suppression et adjonction de motif et détails divers, analyse des
couleurs et que par rapport à l’œuvre authentique, la tapisserie peinte, ainsi réalisée, est une
œuvre originale reflétant la personnalité de l’équipe qui a participé à son élaboration »5.

De même une traduction peut être originale, l’originalité se manifestant « par le choix des
termes et des expressions destiné à rendre aux mieux en une langue le sens du texte écrit dans
une autre langue »6. En sens inverse, une adaptation se limitant à la suppression de certains
mots, phrase en paragraphes, descriptifs ou narratifs d’un roman, avec reprise mot à mot du
texte de la traduction, n’a aucun caractère d’originalité, l’adaptateur n’ayant « opéré aucun
choix pouvant exprimer sa personnalité »7.

Il existe une présomption en matière d’originalité puisque l’auteur n’a pas à faire preuve a
priori de l’originalité de l’œuvre se pose dans deux hypothèses. En cas de contentieux sur la
question de contrefaçon, d’abord, on peut tenter de soutenir que les éléments soupçonnés
d’être contrefaisants ne sont pas suffisamment originaux pour être protégés, et peuvent donc
se retrouver d’une œuvre à une autre.

Ensuite, l’originalité d’une création peut être évoquée lorsqu’on revendique à son égard la
qualité d’œuvre d’esprit : il s’agit donc, ici, de création qui n’appartient pas à des catégories
traditionnelles d’œuvre de l’esprit. Celui qui revendique la qualité de l’auteur doit prouver
l’originalité de sa création, l’appréciation relevant du pouvoir souverain des juges du fond, au
cas d’espèce, sans que seule appartenance à un genre donné, soit déterminante.

Section III. L’OFFICE MALAGASY DE DROIT D’AUTEUR OU OMDA

En application des dispositions de l'article 124 de la loi N° 94-036 du 18 septembre 1995 sur
la propriété littéraire et artistique, la disposition légale a pour objet de définir le statut et le
fonctionnement de l'Office Malagasy du Droit d'Auteur (O.M.D.A.)

L'Office Malagasy du Droit d'Auteur placé sous la tutelle technique et administrative du


Ministère de l'Information, de la Culture et de la Communication et sous la tutelle financière
du Ministère des Finances, est un établissement public à caractère industriel et commercial
(E.P.I.C)8.

5 Arrêt, Paris, 28 juin 1984 : PIBD 1984, III, p. 297.


6 Arrêt, Grenoble, 1° décembre 1981 : Gaz. Pal. 1982, 1, som. p. 1OO.
7 Arrêt, Paris, 30 janvier 1981 : D. 1982, som. p. 48, obs. C. Colombet.
8 Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial.

20
§1. Ses missions

L’OMDA gère les droits d’auteur sur les œuvres littéraires et artistiques à Madagascar. Le
droit d’auteur comporte deux catégories à savoir : le droit moral et les droits patrimoniaux ou
droits pécuniaires. L'O.M.D.A. a pour missions9 : d'assurer à titre exclusif sur le territoire
national et à l'étranger la protection, la défense et la gestion des droits patrimoniaux des
auteurs et artistes-interprètes malagasy et étrangers ou de leurs ayants droit en ce qui
concerne l'utilisation et/ou l'exploitation des œuvres littéraires, artistiques et scientifiques
conformément aux dispositions de la loi sur la propriété littéraire et artistique ; d'accomplir
toutes activités et opérations de nature à promouvoir le développement culturel et artistique
se rapportant à la propriété littéraire et artistique.

À cet effet, l'O.M.D.A. a notamment pour fonctions d’agir au nom et pour le compte des
auteurs, des artistes-interprètes et leurs ayants droit dans la défense de leurs intérêts légitimes,
prendre les mesures nécessaires pour empêcher toute infraction et pour rétablir l'auteur et
l'artiste-interprète dans les droits dont ils ont été dépouillés ; d’administrer, à titre exclusif,
sur le territoire national et à l'étranger, le cas échéant par voie d'accord de réciprocité, tout
droit relatif à la représentation ou exécution publique, la radiodiffusion, la communication
publique par fil ou sans fil, l'enregistrement, la reproduction graphique, mécanique ou
électronique , la traduction, l'adaptation ou toute autre mode d'exploitation des œuvres
protégées d'auteurs et d'artistes-interprètes ressortissants de la République de Madagascar, ou
étrangers ainsi que le droit de suite. L’OMDA gère un fonds social et culturel pour la
promotion du développement culturel et artistique et gère aussi un fonds d'entre-aide ou de
sauvegarde du pouvoir d'achat de ses membres atteignant l'âge de la retraite et qui ont rempli
les conditions mentionnées par le règlement faisant l'objet d'un arrêté du Ministre de
l'Information, de la Culture et de la Communication relatif à la constitution et à la gestion
dudit fonds.

§2. Ses organes

Les organes10 de l'O.M.D.A. sont : le Conseil d'Administration et la Direction. Le Conseil


d'Administration11 est l'organe délibérant de l'O.M.D.A.

9 Article 3 du décret n° 98-434 du 16 juin 1998 portant statut et fonctionnement de l’Office Malagasy du Droit
d’Auteur (OMDA).
10Article 5 du décret précité.
11Article 6 du décret précité.

21
Il est investi de tous les pouvoirs d'administration nécessaires au bon fonctionnement
de l'O.M.D.A. Il est notamment chargé d’adopter le programme d'activités de l'O.M.D.A.et
de veiller à son application, d’approuver le budget de l'O.M.D.A. ou les états prévisionnels
des recettes et des dépenses (y compris les frais de répartition).

Il arrête le règlement général du personnel de l'O.M.D.A., l'organigramme et le règlement


intérieur de l'O.M.D.A., et les jetons de présence à allouer aux membres du Conseil
d'Administration. Il examine et approuve les comptes financiers et le bilan en fin d'exercice
et statue sur les programmes d'équipements de l'O.M.D.A., tout projet de constructions, et
d'achat d'immeubles, tout emprunt contracté par l'O.M.D.A., et toute aliénation de biens
propres, mobiliers et immobiliers de l'O.M.D.A. ainsi que toute hypothèque ou tout
nantissement sur ses biens. Il délibère sur la création de commissions, leur fonctionnement et
la désignation de leurs membres ; décide du transfert du siège en tout autre lieu du territoire
national prévu à l'article 2 du présent décret, et approuve la création d'agences ou bureaux
régionaux proposée par le Directeur. Le Conseil d'Administration est présidé 12 par une
personnalité élue par et parmi ses membres.

Le Conseil d'Administration comprend : Cinq (05) représentants de l'État dont : Un (1)


représentant du Ministère de l'Information, de la Culture et de la Communication; Un (1)
représentant du Ministère des Finances ; Un (1) représentant du Ministère du Budget ; Un (1)
représentant du Ministère de la Justice ; Un (1) représentant du Ministère de l'Intérieur ; Huit
(8) représentants des auteurs, des éditeurs et des artistes-interprètes (sociétaires) dont: - Cinq
(05) représentants des auteurs ; Un (1) représentant des éditeurs et deux (02) représentants
des artistes-interprètes.

Le nombre des représentants de chaque catégorie est fixé par le Conseil d'Administration sur
proposition du Directeur. Un (01) représentant du personnel de l'O.M.D.A., qui sera élu en
assemblée générale. Les représentants des auteurs et des artistes-interprètes au sein du
Conseil d'Administration sont élus en assemblée générale des membres sociétaires de chaque
catégorie ou section concernée. Le représentant des éditeurs est choisi en fonction de la
quantité d'œuvres nationales éditées et/ou des redevances d'auteur payées à l'O.M.D.A.

12Article 7du décret précité.

22
Les membres13 du Conseil d'Administration sont nommés par décret pris en conseil de
gouvernement sur proposition du Ministre de l'Information, de la Culture et de la
Communication. Leur mandat est fixé à trois ans et est renouvelable.

Le Conseil d'Administration14 se réunit régulièrement deux fois par an lorsque les


circonstances l’exigent sur convocation de son Président ou à la demande de la majorité
absolue de ses membres.

Chapitre II. LE REGIME JURIDIQUE DU DROIT D’AUTEUR

Il est conçu comme un droit de caractère patrimonial (droit de représentation, de reproduction


et de leurs corollaires, droit de suite) ou moral (droits de divulgation, droit au respect de la
paternité et de l’intégrité de l’œuvre) auxquels donnent prise les œuvres littéraires et
artistiques. Dans le langage courant, expression employée souvent et à tort pour désigner les
redevances d’auteur, stipulées lors de la conclusion des contrats d’exploitation des œuvres de
l’esprit.

Section I. LES TITULAIRES DU DROIT D’AUTEUR

La loi malgache 94-036 fait la conception du droit d’auteur, dans l’alinéa 2 de l’article
premier, il est affirmé que ce droit comporte des attributs d’ordre intellectuel et moral, ainsi
que des attributs d’ordre patrimonial. Les règles qui les gouvernent sont entièrement
distinctes : le droit moral exerce une importance certaine car, non seulement il est le premier
droit patrimonial qui apparaît sous forme du droit de divulgation, ensuite, il existe avec le
droit patrimonial pendant la durée du monopole d’exploitation.

§1. L’œuvre composite et œuvre collective

Les œuvres collectives sont créées sur l'initiative d'une personne physique ou morale qui
l'édite, la publient et la divulguent sous sa direction et son nom et dans laquelle la
contribution personnelle des divers auteurs participant à son élaboration se fond dans
l'ensemble en vue duquel elle est conçue, sans qu'il soit possible d'attribuer à chacun un droit
distinct sur l'ensemble réalisé. Par contre l'œuvre composite est « l'œuvre nouvelle à laquelle
est incorporée une œuvre préexistante sans la collaboration de l'auteur de cette dernière ». On
se trouve donc dans l'hypothèse, par exemple, d'un texte mis ultérieurement en musique. En

13Article 8 du décret précité.


14Article 9 du décret précité.

23
revanche, les évolutions successives d’une même œuvre, version remaniée ou mise à jour
n’aboutissent pas à une œuvre composite15.

Est dite composite l’œuvre nouvelle à laquelle est incorporée une œuvre préexistante sans la
collaboration de l’auteur de cette dernière. Dans l’ordre littéraire, on peut citer comme œuvre
composite, les traductions, les recueils d’œuvres diverses, et dans l’ordre musical, les
variations et les arrangements, dans l’ordre des arts plastiques les copies des œuvres
composites que l’on qualifie « dérivées » ou « de seconde main ». Est dite collective, l’œuvre
crée sur l’initiative d’une personne physique ou morale qui d’édicte, la publie et la divulgue
sous sa direction et son nom et dans laquelle la contribution personnelle des divers auteurs se
fond dans l’ensemble en vue du quelle est conçue sans qu’il soit possible d’attribuer à chacun
d’eux un droit distinct sur l’ensemble réalisé.

L’exemple du dictionnaire de l’Académie française semble bien un illustre exemple : on ne


peut savoir quelles personnes n’étaient présentes, ni surtout quelle fut leur part dans la
délibération ou la rédaction de tel mot. L’œuvre collective est, saut preuve du contraire, la
propriété de la personne physique ou morale sous le nom de laquelle elle a été initiée puis
divulguée.

§2. Les autres types d’œuvres littéraires et artistiques : Les photographes en droit
malgache

L’article 5 de la loi 94-036 est fondamental pour la protection des œuvres photographiques et
celles réalisées par des techniques analogues à la photographie. Il fournit une définition claire
et complète de ce qui constitue une « œuvre photographique ». Selon cet article, une œuvre
photographique est définie comme l'enregistrement de la lumière ou d'un autre rayonnement
sur tout support permettant de produire une image. Cette définition s'applique quel que soit le
support ou la technologie utilisée pour réaliser cet enregistrement, qu'il s'agisse de procédés
chimiques, électroniques ou autres.

Cette définition large et inclusive permet d'englober non seulement les photographies
traditionnelles prises à l'aide de pellicules photographiques, mais également les images
numériques capturées à l'aide de capteurs électroniques. Par exemple, les photographies
prises avec des appareils photo numériques, des smartphones, ou même des scanners, entrent
toutes dans le cadre de cette définition. De plus, les œuvres créées à l'aide de technologies

15Versailles, 4 octobre 2001 : Propr. intell. 2002, n° 5, p. 42, obs. A. Lucas ; JCP E 2002, 1334, n° 1, obs. F.
Sardain.

24
plus récentes, comme les images générées par des drones ou des satellites, sont également
protégées sous cette loi. Cela montre la flexibilité et l'adaptabilité de la loi à l'évolution
technologique constante dans le domaine de la photographie.

Une distinction cruciale est faite dans l'article 5 entre les œuvres photographiques et les
images fixes extraites d'œuvres audiovisuelles. Une image fixe extraite d'une œuvre
audiovisuelle, telle qu'un film ou une vidéo, n'est pas considérée comme une œuvre
photographique. Au lieu de cela, elle est vue comme une partie de l'œuvre audiovisuelle
concernée. Cette distinction a des implications importantes en matière de droits d'auteur et de
protection juridique. Les œuvres photographiques bénéficient d'un régime de protection
distinct, ce qui signifie que les droits d'auteur et les protections légales applicables à une
photographie peuvent différer de ceux d'une image issue d'une œuvre audiovisuelle.

La protection accordée aux œuvres photographiques sous cette loi est essentielle pour les
créateurs. En définissant clairement ce qu'est une œuvre photographique et en distinguant les
images fixes d'œuvres audiovisuelles, la loi offre une protection spécifique et adaptée. Cela
permet aux photographes de revendiquer leurs droits d'auteur, de contrôler l'utilisation de
leurs œuvres et de percevoir des redevances pour leur exploitation. La reconnaissance
juridique de la valeur artistique et de l'originalité des œuvres photographiques encourage la
créativité et l'innovation dans ce domaine.

De plus, la protection des œuvres photographiques est essentielle pour préserver les droits des
créateurs contre l'utilisation non autorisée de leurs œuvres. Les photographes peuvent ainsi
protéger leur travail contre la reproduction, la distribution ou la modification non autorisée.
Cela leur offre une sécurité juridique et financière, essentielle pour soutenir leur activité
créative.

Enfin, la reconnaissance et la protection des œuvres photographiques et analogues sont


vitales dans le contexte actuel où les images jouent un rôle central dans la communication, la
culture et les médias. Les photographies sont omniprésentes dans notre société, que ce soit
dans les journaux, les magazines, les réseaux sociaux, la publicité ou l'art. La loi 94-036, en
offrant une définition claire et une protection adéquate, assure que les photographes et les
créateurs peuvent continuer à contribuer à la richesse visuelle de notre monde tout en
bénéficiant des protections nécessaires pour leur travail.

Section II. LE DROIT MORAL ET DROIT PATRIMONIAL

25
La loi malgache 94-036 fait la conception du droit d’auteur, dans l’alinéa 2 de l’article
premier, il est affirmé que ce droit comporte des attributs d’ordre intellectuel et moral, ainsi
que des attributs d’ordre patrimonial. Les règles qui les gouvernent sont entièrement
distinctes : le droit moral exerce une importance certaine car, non seulement il est le premier
droit patrimonial qui apparaît sous forme du droit de divulgation, ensuite, il existe avec le
droit patrimonial pendant la durée du monopole d’exploitation.

§1. Les caractères du droit moral

Selon l’article 20 de la Loi 94- 036, indépendamment de ses droits patrimoniaux, et même
après la cessions desdits droits, l’auteur d’une œuvre a le droit de revendiquer la paternité de
son œuvre et s’opposer à toute déformation, mutilation ou autre modification de son œuvre
ou toute autre atteinte à la même œuvre qui sont préjudiciable à son bonheur ou à sa
réputation.

Contrairement aux droits patrimoniaux ou pécuniaires qui ont vocation à se détacher, le droit
moral s’attache à l’auteur. L’intérêt de telle caractéristique n’est pas seulement théorique. Le
caractère perpétuel du droit moral 16 est lié à l’œuvre, qui a vocation à la perpétuité. Le droit
moral va donc subsister après l’expiration des droits patrimoniaux ou pécuniaires.

L’inaliénabilité du droit moral17 a tout d’abord été une affirmation jurisprudentielle18 avant
d’être confirmée par le législateur. L’auteur ne peut renoncer à la défense de sa personnalité.
Des atteintes à l’inaliénabilité vont résulter soit de la nature de l’œuvre, soit des conventions.
Relativement à la nature de l’œuvre, l’auteur a toujours le droit de ne pas indiquer sa
paternité de l’œuvre qu’il peut publier par convention que le droit moral peut se trouver
aliéné partiellement parce que l’auteur est salarié 19, soit parce que la nature des droits cédés
implique une renonciation par l’auteur à la fidélité totale, à l’égard de l’œuvre, que doit
normalement le cessionnaire : en cas de cession du droit et lorsque l’œuvre sera modifiée ou
transformée, l’auteur ne pourra protester contre des modifications rendues indispensables.

16 GENREAU, Ce Genèse du droit moral dans les droits d’auteur français et anglais, Revue de la recherche
juridique, Droit prospectif, 1988-1, p. 42.
17 B. EDELMAN, « La propriété littéraire et artistique », op. cit., 65.
18 Cf. par exemple, Trib. civ. Seine, 10 juill. 1946, D. 1947. 98, note Desbois, J. C. P. 1947, 1947, 3405, note
Plaisant.
19 Bien que la jurisprudence affirme la subsistance du droit moral, cf. six, 21 oct. 1965, D. 1966 17, note
Greffe.

26
L’imprescriptibilité, liée à la perpétuité et à l’inaliénabilité signifie que le droit moral pourra
être exercée aussi longtemps que l’œuvre survit dans les mémoires humaines et fait l’objet
d’une exploitation. Ainsi peu importe que plus de trente années se soient écoulées depuis une
cession de droit et qu’une atteinte au droit moral surgisse postérieurement à ce délai.

L’insaisissabilité est une conséquence fondamentale et nécessaire de l’inaliénabilité ; une


saisie peut porter sur l’œuvre d’art elle-même, en tant que bien matériel dans lequel l’œuvre
intellectuelle est incorporée. Mais le droit moral ne saurait être saisi : cette affirmation
s’explique que l’auteur peut avoir des œuvres non encore divulguées : les créanciers auraient
l’intérêt à les saisir afin d’en imposer la publication et de se payer sur les profits pécuniaires
qui résulteraient de l’exploitation. Mais ce droit ne saurait lueur être reconnu, car c’est le
droit de divulgation qui se trouverait en quelque sorte saisi.

Le législateur prend aussi des précautions pour que le droit moral reconnu à l’auteur de toute
contribution ne devienne pas abusif ; si l’un des coauteurs de l’œuvre refuse d’achever son
apport, ce qui est une conséquence parfaitement normale de son droit moral 20, il ne peut
s’opposer à l’utilisation de la partie de sa contribution déjà réalisée. L’auteur a seul le droit de
divulguer son œuvre21. Ce qui manifeste le droit de la personnalité. Il signifie que l’auteur ne
livrera son œuvre à l’appréciation du public que lorsqu’il s’estimera satisfait et qu’il aura jugé
l’œuvre digne d’être arrachée à son secret. C’est bien la liberté individuelle du créateur qui se
trouverait atteinte si l’auteur pouvait se voir imposer une divulgation, qu’il s’agisse par
exemple d’un manuscrit dont il estime qu’il n’est qu’un premier jet, ou d’une branche qui
n’est que le fruit définitif, ou enfin d’une œuvre achevée, mais qu’il ne juge pas satisfaisante.

Le droit de divulgation22 conditionne, dans son exercice, la naissance du droit patrimonial, car
c’est seulement en prenant la décision de livrer l’œuvre au public que son auteur l’investit de
droits patrimoniaux. Avant la divulgation, l’œuvre fait partie intégrante de sa personnalité ;
avec la divulgation, elle devient un bien qui fait partie du patrimoine de son auteur et des
droits pécuniaires naissent à partir de ce moment. L’œuvre est réputée créée,
indépendamment de toute divulgation publique, du seul fait de la réalisation, même
inachevée. Cela signifie seulement qu’avant leur publication, les œuvres sont déjà protégées

20 PLAISANT, « Les conventions relatives au droit moral », in Mélange Desbois, spécialement, p. 71.
21 Sur le caractère discrétionnaire du droit de sa divulgation : Cass.civ., 19 mai 1976, R. I. D. A., janv 1977, p.
104.
22 LALIGANT, « La divulgation des œuvres artistiques, littéraire et musicales en droit positif français », L. D. G.
J. 1983, P. 200.

27
par la loi. Son sens est dont l’auteur est protégé contre toute divulgation qui fait entrer
l’œuvre dans la sphère du commerce juridique.

C’est surtout dans les relations de l’auteur avec des tiers que se manifeste le plus la force du
droit moral de divulgation, qui vient d’apporter le caractère absolu du droit de propriété. La
disposition juridique à la matière prescrit cette force : « la propriété incorporelle de l’auteur
sur son œuvre est indépendante de la propriété de l’objet matériel 23. L’acquéreur de l’objet
n’est pas investi, du fait de cette acquisition. Par exemple, le peintre qui a vendu un tableau
peut s’opposer à l’exercice, par l’acheteur, de la reproduction 24 de l’œuvre. Le droit positif
dispose que l’auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité. Il s’agit en fait du
droit à la paternité de l’œuvre, à ce que l’œuvre soit publiée sous le nom de l’auteur.
Cependant, s’il s’agit d’un droit, il ne s’agit pas en aucun cas d’une obligation, l’auteur peut,
s’il préfère, choisir l’anonymat ou le pseudonyme. L’auteur peut préférer laisser son œuvre
dans l’anonymat ou la publier sous un pseudonyme25. Ce choix n’implique pas qu’il renonce
à ses droits. L’auteur des œuvres pseudonymes et anonymes fournit sur celle-ci le principe de
la représentation qui leur est reconnu. Ils sont représentés dans l’exercice des cas droits par
l’éditeur ou le publicateur originaire, tant qu’ils n’auront pas fait connaître leur identité civile
et justifiée de leur qualité. Le représentant peut être donc être un éditeur, mais aussi un
publicateur qui sera commerçant ou non ; mais il doit être l’éditeur ou le publicateur
originaire, pour qu’il fasse figure d’auteur.

Le droit au respect de l’œuvre 26 peut être considéré comme un corollaire du droit de


divulgation en ce sens que l’auteur n’aurait sans doute pas révélé son œuvre au public s’il
avait su à l’avance que sa création serait abusivement défigurée. Le droit de l’auteur au
respect de son œuvre n’a envisagé que les rapports de l’auteur avec le cessionnaire de ses
droits d’exploitation. En matière d’œuvre artistique, se pose aussi la question de leur respect,
en tant que bien matériel, après leur cession. Les rapports de l’auteur et du propriétaire de son
œuvre seront difficiles à aménager, dans le silence de la loi.

Selon la disposition légale27 ; « nonobstant la cession de son droit d’exploitation, l’auteur,


même postérieurement à la publication de son œuvre, jouit d’un droit de repentir ou de retrait

23 Pour un rappel du principe et une application : Cass. Civ. 1ère, 11 oct. 1913, R. I. D. A., janv. 1984. P. 196.
24COLOMBET, « Mécénat et propriété littéraire et artistique », in Mélanges D. Holleaux, éd. Litec, 1930,pp. 61
et S.
25 BONET, « L’anonymat et le pseudonyme en matière de propriété littéraire et artistique », thèse, Paris 1966.
26 SENECHAL, Origine et évolution du droit au respect de l’œuvre en droit français, thèse, Paris-II 1989.
27 Selon l’article 32 de la loi française du 11 mars 1957.

28
vis-à-vis du cessionnaire. Il ne peut toutefois exercer ce droit qu’à charge d’indemniser
préalablement le cessionnaire du préjudice que ce repentir ou ce retrait ou ce retrait peut lui
causer. Lorsque, postérieurement à l’exercice du droit de repentir ou de retrait, l’auteur
décide de faire publier son œuvre, il est tenu d’offrir par priorité ses droits d’exploitation au
cessionnaire qu’il avait originairement choisi et aux conditions originairement déterminées ».

Dans cette hypothèse, le législateur a voulu prendre en considération le cas de conscience de


l’auteur qui regrette d’avoir livré son œuvre au public pour lui permettre de se délier de son
engagement ; la divulgation était prématurée, ou le résultat d’une erreur : il s’agit de
concrétiser le regret de l’auteur 28. L’article 32 précité crée au profit de l’auteur un droit
discrétionnaire : soit avant la publication, soit en cours de publication, l’auteur peut mettre fin
à un contrat de ses mobiles. Cependant puisque ce droit se fonde sur un soin de conscience,
une préoccupation d’ordre intellectuel, il appartient le cas échéant au contractant de
démontrer, pour y faire échec, que l’auteur, malgré les apparences, est animé par des mobiles
frauduleux29. Ainsi, il peut s’appliquer soit avant la publication, ou après qu’aura été prise la
décision de divulgation, mais alors, qu’on sera au stade de l’impression, soit après cette
publication, c’est-à-dire en cours d’exploitation 30. Si l’honneur en la personnalité de l’auteur
doit être respecté, les intérêts de son cocontractant ne doivent non plus être sacrifiés. Tant
d’abord, l’auteur doit préalablement indemniser le cessionnaire, et ce non seulement des
pertes réellement subies (livres édités qui, en raison de l’exercice du droit de repentir, ne
pourront être vendus), mais aussi des chances de gain manquées (relativement aux futurs
tirages d’ores et déjà certains).

§2. Le droit patrimonial

L’auteur bénéficier de trois droits patrimoniaux31 : droit de reproduction, droit de


représentation, et droit de suite ; mais dans certains cas il doit tolérer des exceptions à son
droit. L’exposé des exceptions au droit d’auteur suivra donc logiquement l’étude du principe
des droits patrimoniaux. La reproduction32 consiste dans la fixation matérielle de l’œuvre par

28 BECOURT, « La Révolution française et droit d‘auteur » : « pour un nouvel universalisme », R. I. D. A., janv.
1991, p. 3 et s.
29 DESBOIS, « Traité », p. 488. Cf. Cass. Civ. 1ere, 14 mai 1991, D. 1992. S. C. 15, obs. Colombet, espacé dans
laquelle seule l’insuffisance des redevances provenant du contrat justifiait l’exercice du droit de repentir.
30 Une application par Cass. Soc. 8 mai 1980, R. I. D. A., janv 1981. 148.
31 Article 30 de la loi 94-O36.
32 La reproduction ne peut appartenir qu’au créateur et non au propriétaire de l’objet crée : d’où
l’impossibilité pour le propriétaire d’un Voilier, alors, qu’il ne l’a pas conçu, de prétendre à une atteinte à des
droits d’auteurs (non plus d’ailleurs qu’à une atteinte à sa vie privée) : Paris 4è ch. A, 7 janv. 1991, D. 1992. S.

29
tous procédés qui permettent de la communiquer au public d’une manière indirecte. Ces
procédés sont d’une variété : ils mettent le public en contact indirect avec l’œuvre, par
apposition à la représentation qui place ce même public en contact direct avec l’objet de la
création. Le mode de reproduction pose essentiellement trois problèmes fondamentaux qui
touchent au mode de reproduction, à l’objet reproduit, enfin à la destination de la
reproduction.

La reproduction soumise au consentement de l’auteur concerne tous les procédés possibles


pour les œuvres littéraires ou musicales 33 : elle peut s’effectuer notamment par imprimerie,
gravure, photographie, enregistrement mécanique, cinématographique ou magnétique,
photocopie, dactylographie, sténographie.

Par ailleurs, le consentement de l’auteur est requis non seulement si la reproduction est
réalisée dans la même matière que l’original, mais aussi elle l’est dans une matière
différente. Il est requis même si la reproduction suppose l’utilisation d’un art différent de
celui qu’avait nécessité l’original : « On ne peut en principe photographier une sculpture sans
l’autorisation de son auteur, pas plus qu’il n’est permis de reproduire un dessin sous la forme
d’un objet à trois dimensions le représentant »34. De même une tapisserie ne pourrait être
réalisée sans l’autorisation de l’auteur du carton35.

Pour les œuvres d’architecture, la reproduction consiste également dans l’exécution répétée
d’un plan ou projet type. Une œuvre d’architecture peut être reproduite de deux manières
totalement distinctes : ou bien les plans font l’objet de dessins, de photographie, ou bien ces
mêmes plans font l’objet de construction d’édifices.

La représentation36 consiste dans la communication de l’œuvre au public par un procédé


quelconque, et notamment : par récitation publique, représentation dramatique, présentation
publique, projection publique et transmission dans un lieu public de l’œuvre par télédiffusion.
La télédiffusion s’entend de la diffusion par tout procédé de télécommunication de sons,
d’images, de documents, de données et de messages de toute nature.

C. 15, obs. Colombet.


33 KOU MANTOS, « Le droit de reproduction et l’évolution technique », R. I. D. A., oct. 1978, p. 3 et s.
34 FRANCON, « La propriété littéraire et artistique », éd. Dalloz, 1990, J.C.P.,p.59.
35 Cf. la nécessité pour le peintre d’obtenir l’autorisation des photographes pour exécuter un tableau
reproduisant la photographie : Trib. gr. inst. Paris, 26 févre. 1969, J.C.P. 1970. II. 96.
36 MALAPLATE, « Le droit de représentation et le droit d’exécution », R.I.D.A., avr. 1958, p. 195.

30
L’analyse conduit à distinguer dans la représentation deux modes de communication, directe
ou indirecte. Il existe en effet deux sortes d’initiatives : celles qui permettent de
communiquer l’œuvre au public directement par le moyen d’interprètes présents en face du
public « ex : récitation publique, représentation dramatique) et celles qui permettent une
communication au public par moyen de supports matériels (disques, films, émissions radio ou
télévision).

Le droit de suite peut être défini comme le droit pour l’auteur et après la mort de celui-ci pour
ses héritiers pendant 50 ans, de percevoir un droit égal à un pourcentage du prix dans une
œuvre d’art payé en cas de vente publique ou par commerçant. Le droit de suite 37 doit
s’appliquer non seulement en cas d’adjudication, mais aussi en cas de vente amiable par
intermédiaire d’un commerçant. Le droit de suite 38 n’a pas été admis par de nombreux pays,
car il était à craindre que le marché des œuvres d’art passât à l’étranger 39 pour échanger au
prélèvement prévu. Le droit de suite a pour but de réparer une injustice : un artiste, au début
de sa carrière, a souvent vendu ses œuvres à bas prix ; la notoriété venue, ces œuvres sont
parfois revendues à plusieurs reprises à un prix élevé, et ce sont les cessionnaires successifs
qui bénéficient des plus-values parfois énormes. Il a paru équitable que l’artiste recueille une
part modeste de ces augmentations de prix.

Le droit de suite est applicable pour les œuvres graphiques ou plastiques : il s’agit des œuvres
d’art et d’elles uniquement. Le droit de suite n’a pas visé les manuscrits d’œuvres littéraires
ou musicales. L’objet du droit de suite est donc l’œuvre matérielle, le support dans lequel
s’incorpore l’œuvre protégée.

§3. Les limites au droit de reproduction et au droit de représentation

La loi autorise une utilisation de l’œuvre sans l’autorisation de son auteur. La reproduction
doit être gratuite et être effectuée exclusivement dans un cercle de famille qui s’étend d’un
public restreint.

- Reproductions destinées à l’usage privé

37 PIERREDON-FAXCETT, « Le droit de suite en propriété littéraire et artistique, étude de droit comparé »,


thèse, Paris-Sud, 1984, p. 500
38 DU CHEMIN, « Le droit de suite des artistes », Paris, 1948, R.I.D.A., oct. 1969, p.89.
39Le droit de suite existe en Algérie, Allemagne, Brésil, Belgique, Etat de Californie, France, Madagascar,
Yougoslavie, Congo, Côte-d’Ivoire, Tunisie, Uruguay, Pérou, Mali, Maroc, Portugal, Sénégal.

31
Lorsque l’œuvre a été divulguée, l’auteur peut interdire : les copies ou reproductions
strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective de
ces copies ou reproductions doivent être réservées à l’usage privé du copiste. Il s’agit de
l’usage personnel et familial : tel est le cas, de celui qui recopie un ouvrage entier afin de
dispenser de l’acheter. Tel est aussi le cas, plus fréquent, du professionnel ou de l’étudiant
accumulant une documentation pour son travail personnel.

À la limite, ces copies ou reproductions réservées à l’usage privé ne doivent pas être
destinées à une utilisation collective. Ici, le législateur a voulu interdire la pratique qui
pourrait être celle d’entreprise, d’association ou de syndicat qui reproduiraient un livre, un
article et le diffuseraient en grand nombre auprès de leurs filiales ou adhérents 40, les copistes
auraient pu prétendre à juste titre qu’il s’agissait d’un usage prié, mais ils ne peuvent soutenir
que la reproduction n’est pas destinée à une utilisation collective. L’utilisation privée
collective serait de nature à créer un préjudice plus grave pour l’auteur.

- Reproductions destinées à l’usage public

Lorsque l’œuvre a été divulguée41, l’auteur ne peut interdire, sous réserve que soient
clairement indiqués le nom de l’auteur et la source, les analyses et courtes citations justifiées
par le caractère critique, pédagogique 42, scientifique ou d’information de l’œuvre à laquelle
elles sont incorporées. Bien qu’il y ait un usage public de l’œuvre reproduite, l’exemption de
redevance se justifie du fait qu’un auteur doit pouvoir se référer à des œuvres antérieures
pour appuyer ses propres démonstrations. Une citation est une reproduction : c’est pourquoi,
outre la condition touchant au droit moral, c’est-à-dire l’indication du nom d’auteur citée 43 et
de la source qui doit être courte, sinon il y a plagiat. Le qualificatif « courte44 » peut être
apprécié selon un critère comparatif : les juges compareront la longueur de la citation et la
longueur de l’ouvrage duquel celle-ci a été extraite 45. Mais on peut aussi, de manière délicate,
l’apprécier en recherchant si la citation vient à titre d’illustration du propos ou si elle a pour

40 Aussi, il a été jugé qu’un rapport financier tiré à 2000 exemplaires distribués non seulement aux
actionnaires mais à des établissements financiers était certes à usage privé mais à destination collective (Paris,
4è ch. A, 1er oct. 1990, D.1991. S.C. 96, obs. Colombet ; R.I.D.A., juill.. 1991, p.206, note A. Kerever.)
41 Il est donc nécessaire pour les juges du fond, de rechercher si l’œuvre avait été divulguée avant que soit
exercé le droit de citer : cf. Cass. civ. 2è, 8juill. 1981, R.I.D.A., juill. 1982, p.145.
42 SALCER-SANCHEZ, « Le droit d’auteur et les nécessités de jugement », R.I.D.A., oct. 1981, p.171.
43 VIVANT, « Pour une compréhension nouvelle de la notion contre citation en droit d’auteur » ? J.C.P. 1989,
doc 3372, p.190.
44 VIVANT, op. cit, p. 200.
45 Paris, 15 juin 1901, D. 1903.2. 273.

32
but, ou tout au moins fait courir le risque, de concurrencer l’œuvre à laquelle elle
s’empreinte : dans le premier cas, elle sera permise, dans le second, elle sera interdite.

En définitive, le juge doit rechercher si l’œuvre qui contient des citations pourrait ou non
survivre, avec son originalité propre, à la suppression de celle-ci ; ce critère avait été mis en
lumière il y a longtemps par la jurisprudence française lorsqu’elle décidait que « les
emprunts, assez étendus pour tenir bien de l’ouvrage et détourner le lecteur de la pensée de
lire, constituent la contrefaçon46 ». Du fait que la citation doit être courte, la licéité de celle-ci
pour les œuvres littéraires, ne saurait sans abus être transposée dans le domaine des arts.

La seule véritable exception au droit de représentation prévu par l’article 41 qui dispose que
lorsque l’œuvre a été divulguée c’est que l’auteur ne peut interdire les représentations privées
et gratuites effectuées dans un cercle familial. Le droit positif prévoit un régime spécial pour
les communes et les sociétés d’éducation populaire donnant des représentations publiques,
mais il s’agit seulement d’une réduction des redevances dues aux auteurs.

La jurisprudence française avait été particulièrement mouvante quant à la portée du droit


d’auteur : elle admettait l’exemption si la réunion était privée, et que n’était perçu aucun droit
d’entrée. L’appréciation du caractère privé de la réunion fut initialement restrictive, mais la
Cour de cassation ne paraissait pas vouloir aller au-delà : dans un arrêt rendu en 1882, elle
affirmait47 que « s’il est possible d’attribuer le caractère privé aux concerts ou représentations
théâtrales organisés par un cercle dans un but de bienfaisance ou de distraction, c’est à la
condition que ces fêtes théâtrales ou musicales auront été offertes aux seuls sociétaires ».
L’exemption ne devait donc plus, s’applique dès lors qu’il y avait la présence à la
représentation d’autres personnes que les membres du groupement, même s’ils sont invités.

Ensuite, pour qu’il y ait exception au droit d’auteur, la représentation a lieu dans le cadre du
cercle de famille et qu’elle soit gratuite. La représentation à exonérer de droit d’auteur doit
être comprise dans le sens large qui verra non seulement les spectacles au sens strict, mais
encore les auditions de disques, les projections de films, la réception d’émissions
radiophoniques ou télévisuelles.

Section III. REGIME DE PROTECTION DE LA PROTECTION LITTERAIRE ET


ARTISTIQUE

§1. La durée de protection et modalité de calcul du droit d’auteur


46 Trib. gr ; inst. Seine (3 ch.), 17 juin 1964, J. C. P. 1964. 3787 ; Trib. Dr. Com. 1964. 782, obs. Desbois.
47 Cass., 1er avr. 1882. D. 1883. 1 325.

33
Selon l’article 52 de la loi 94-036, l'auteur jouit, sa vie durant, du droit exclusif d'exploiter
son œuvre sous quelque forme que ce soit et d'en tirer un profit pécuniaire. Au décès de
l'auteur, ce droit persiste au bénéfice de ses ayants droit pendant l'année civile en cours et les
soixante-dix années qui suivent. Après cette période, les droits moraux qui sont illimités dans
le temps peuvent être exercés par un département ministériel responsable de la conservation
et de la valorisation du patrimoine national.

Pour les œuvres de collaboration48, l'année civile prise en considération est celle de la mort du
dernier vivant des collaborateurs. Pour les œuvres pseudonymes ou anonymes 49, la durée du
droit exclusif est de soixante-dix années à compter du premier Janvier de l'année civile
suivant celle de la publication est déterminée par tout mode de preuve du droit commun, et
notamment par le dépôt légal. Si le ou les auteurs se sont fait connaître, la durée du droit
d'exploitation est celle afférente à la catégorie de l'œuvre considérée et la période de
protection légale commence à courir dans les conditions prévues à l'article 52. Pour les
œuvres posthumes50, la durée du droit exclusif est de soixante-dix années à compter de la date
de publication de l'œuvre.

Le droit d'exploitation des œuvres posthumes appartient aux ayants droit de l'auteur si l'œuvre
est divulguée au cours de la période prévue à l'article 52.

Si la divulgation est effectuée à l'expiration de cette période, il appartient aux propriétaires,


par succession ou à d'autres titres, ou de l'œuvre, qui effectuent ou font effectuer la
publication. Les œuvres posthumes doivent faire l'objet d'une publication séparée, sauf dans
le cas où elles ne constituent qu'un fragment d'une œuvre précédemment publiée. Elles ne
peuvent être jointes à des œuvres du même auteur précédemment publiées que si les ayants
droit de l'auteur jouissent encore sur celles-ci du droit d'exploitation.

Pour un logiciel51, les droits prévus par la loi 94-036 s'éteignent à l'expiration d'une période
de vingt-cinq-années à compter de sa date de création. Selon l’article 59, pendant la période
prévue à l'article 52 , le conjoint survivant, contre lequel n'existe pas un jugement passé en
force de chose jugée de divorce bénéficie, quel que soit le régime matrimonial et
indépendamment des droits d'usufruit qu'il tient de l'article 38 de la Loi n° 67-030 du 18
décembre 1967 relative aux régimes matrimoniaux sur les autres biens de la succession, de

48 Selon l’article 53 de la loi 94-036.


49 Selon l’article 54 de la loi 94-036.
50 Selon l’article 56 de la loi 94-036.
51 Selon l’article 57 de la loi 94-036.

34
l'usufruit du droit d'exploitation dont l'auteur n'aura pas disposé, sans préjudice des droits
alimentaires au profit des héritiers mineurs ou incapables suivant les conditions et proportions
établies par l'article 55 de la Loi n° 68-012 du 4 juillet 1968 relative aux successions,
testaments et donations. Ce droit s'éteint au cas où le conjoint contracte un nouveau mariage.

Après le décès de l'auteur, le droit de suite mentionné à l'article 40 subsiste au profit de ses
héritiers et, pour usufruit prévu à l'article 58, de son conjoint, à l'exclusion de tous légataires
et ayants cause, pendant l'année civile en cours et les soixante-dix années suivantes.

§2. L’exploitation des droits par les différents contrats

La cession globale des œuvres futures est nulle. Selon l’article 61 de la loi 94-036, les
contrats de représentation, d'édition et de production audiovisuelle définis au présent titre
doivent être constatés par écrit. Il en est de même des autorisations gratuites d'exécution.
Dans tous les autres cas, les dispositions des articles 292 à 296 de la loi n°66-003 du 2 juillet
1966 sur la Théorie Générale des Obligations sont applicables.

La transmission des droits de l'auteur est subordonnée à la condition que chacun des droits
cédés face l'objet d'une mention distincte dans l'acte de cession et que le domaine
d'exploitation des droits cédés soit délimité quant à son étendue et à la destination, quant au
lieu et quant à la durée. Lorsque des circonstances spéciales l'exigent, le contrat peut être
valablement conclu par échange de télégrammes à condition que le domaine d'exploitation
des droits cédés soit délimité conformément aux termes du premier alinéa de l’article 62 de la
loi 94-036.

Les cessions portant sur les droits d'adaptation audiovisuelle doivent faire l'objet d'un contrat
écrit sur un document distinct du contrat relatif à l'édition proprement dite de l'œuvre
imprimée. Le bénéficiaire de la cession s'engage par ce contrat à rechercher une exploitation
du droit cédé conformément aux usages de la profession et à, verser à l'auteur, en cas
d'adaptation une rémunération proportionnelle aux recettes perçues.

La cession52 par l'auteur de ses droits sur son œuvre peut être totale ou partielle. Elle doit
comporter au profit de l'auteur la participation proportionnelle aux recettes provenant de la
vente ou de l’exploitation. Toutefois, la rémunération de l'auteur peut être évaluée
forfaitairement dans les cas suivants : la base de calcul de la participation proportionnelle ne
peut être pratiquement déterminée ; les moyens de contrôler l'application de la participation

52 Selon l’article 63 de la loi 94-036.

35
font défaut ; les frais des opérations de calcul et de contrôle seraient hors de proportion avec
les résultats à atteindre ; la nature ou les conditions de l'exploitation rendent impossible
l'application de la règle de la rémunération proportionnelle, soit que la contribution de
l'auteur ne constitue pas l'un des éléments essentiels de la création intellectuelle de l'œuvre,
soit que l'utilisation de l'œuvre ne présente qu'un caractère accessoire par rapport à l'objet
exploité ; en cas de cession d'un logiciel ; dans les autres cas prévus à la présente loi. Est
également licite la conversion entre les parties, à la demande de l'auteur, des droits provenant
des contrats en vigueur en annuités forfaitaires pour des durées à déterminer entre les parties.

En cas de cession du droit d'exploitation 53, lorsque l'auteur aura subi un préjudice de plus de
sept douzième dû à une lésion ou à une prévision insuffisante des produits de l'œuvre, il
pourra provoquer la révision des conditions de prix de contrat. Cette demande ne pourra être
formée que dans les cas où l'œuvre aura été cédé moyennant une rémunération forfaitaire. La
lésion sera appréciée en considération de l'ensemble de l'exploitation par le cessionnaire des
œuvres de l'auteur qui se prétend lésé.

La clause d'une cession54 qui tend à conférer le droit d'exploiter l'œuvre sous une forme non
prévisible ou non prévue à la date du contrat doit être expresse et stipulée une participation
corrélative aux profits d'exploitation. En cas de cession partielle, l'ayant cause est substitué à
l'auteur dans l'exercice des droits cédés, dans les conditions, les limites et pour la durée
prévue au contrat, et à charge de rendre compte. En vue de paiement des redevances et
rémunération qui leur sont dus pour les trois dernières années à l'occasion de la cession et de
l'exploitation ou de l'utilisation de leurs œuvres, telles qu'elles sont définies à l'article 5 de la
présente loi, les auteurs compositeurs et artistes bénéficient du privilège prévu au paragraphe
4° de l'article 2101 et l'article 2104 du Code civil français.

§3. Les dispositions particulières pour certains contrats -

- LE CONTRAT DE REPRESENTATION55 : est celui par lequel l'auteur d'une


œuvre de l'esprit et ses ayants droit autorisent une personne physique ou morale à
représenter ladite œuvre à des conditions qu'ils déterminent. Est dit contrat général de
représentation le contrat par lequel l'organisme déterminé à l'article 124 confère à un
exploitant la faculté de représenter, pendant la durée du contrat, les œuvres actuelles

53 Selon l’article 64 de la loi 94-036.


54 Selon l’article 65 de la loi 94-036.
55 Selon l’article 68 de la loi précitée.

36
ou futures, constituant le répertoire dudit organisme aux conditions déterminées par
l'auteur ou ses ayants droit.

Le contrat de représentation est conclu pour une durée limitée ou pour un nombre déterminé
de communications au public. Sauf stipulation expresse de droits exclusifs, il ne confère à
l'entrepreneur de spectacles aucun monopole d'exploitation. La validité des droits exclusifs
accordés par un auteur dramatique ne peut excéder cinq années; l'interruption des
représentations au cours de deux années consécutives y met fin de plein droit ;

L'entrepreneur de spectacles de peut transférer le bénéfice de son contrat sans l'assentiment


formel et donné par écrit de l'auteur ou de son représentant.

Sauf stipulation contraire : l'autorisation de télédiffuser une œuvre ; l'autorisation de


télédiffuser l'œuvre ne vaut pas autorisation de communiquer la télédiffusion de cette œuvre
dans un lieu accessible au public ; l'autorisation de télédiffuser de l'œuvre par voie hertzienne
ne comprend pas son émission vers un satellite permettant la réception de cette œuvre par
l'intermédiaire d'organismes tiers, à moins que les auteurs ou leurs ayants droit aient
contractuellement autorisé ces organismes à communiquer l'œuvre au public ; dans ce cas,
l'organisme d'émission est exonéré de paiement de toute rémunération ;l'autorisation de
télédiffuser n'implique pas l'autorisation d'enregistrer l'œuvre télédiffusée au moyen
d'instruments portant fixation des sons et des images.

Toutefois, exceptionnellement, en raison de l'intérêt national qu'ils représentent ou de leur


caractère de documentation, certains enregistrements pourront être autorisés. Leurs modalités
de réalisation et d'utilisation seront fixées par les parties ou, à défaut d'accord, par décision
signée par le Ministre chargé de la tutelle administrative. Ces enregistrements pourront être
conservés dans les archives officielles.

L'entrepreneur de spectacles est tenu de déclarer à l'auteur ou à ses représentants le


programme exacte des représentations ou exécutions publiques et de leur fournir un état
justifié de ses recettes. Il doit acquitter aux échéances prévues, entre les mains de l'auteur ou
de ses représentants, le montant de redevances stipulées.

Toutefois, les communes, pour l'organisation de leurs fêtes locales et publiques et les sociétés
d'éducation populaire agréées, par le Ministre de l'Education Nationale, pour les séances
organisées par elles dans le cadre de leur activité, doivent bénéficier d'une réduction de ces
redevances. L'entrepreneur de spectacles doit assurer la représentation ou l'exécution

37
publique dans des conditions techniques propres à garantir le respect des droits intellectuels
et moraux de l'auteur.

- LE CONTRAT D'EDITION56 : est le contrat par lequel l'auteur d'une œuvre de


l'esprit ou ses ayants droit cèdent à des conditions déterminées à une personne appelée
éditeur le droit de fabriquer ou de faire fabriquer en nombre des exemplaires de
l'œuvre, à charge pour elle d'en assurer la publication et la diffusion. Ne constitue pas
un contrat d'édition, au sens de l'article 73, le contrat dit : à compte d'auteur.

Par un tel contrat, l'auteur ou ses ayants droit versent à l'éditeur une rémunération convenue, à
charge par ce dernier de fabriquer en nombre, dans la forme et suivant les modes d'expression
déterminés au contrat, des exemplaires de l'œuvre et d'en assurer la publication et la
diffusion: Ce contrat constitue un louage d'ouvrage régi par la convention, les usages et les
dispositions des articles 1787 et suivants du Code Civil. Ne constitue pas un contrat d'édition,
au sens de l'article 73, le contrat dit de compte à demi.

Par un tel contrat, l'auteur ou ses ayants droit chargent un éditeur de fabriquer, à ses frais et
en nombre, des exemplaires de l'œuvre, dans la forme et suivant les modes d'expression
déterminés au contrat, et d'en assurer la publication, moyennant, l'engagement
réciproquement contracté de partager les bénéfices et les pertes d'exploitation, dans la
proportion prévue.

Ce contrat, constitue une société en participation dans les termes des articles 47 à 50 du Code
de Commerce : il est régi par la convention et les usages. Est licite la stipulation par laquelle
l'auteur s'engage à accorder un droit de préférence à un éditeur pour l'édition de ses œuvres
futures de genres nettement déterminés. Ce droit est limité pour chaque genre à cinq ouvrages
nouveaux, à compter du jour de la signature du contrat d'édition conclu pour la première
œuvre ou à la production de l'auteur réalisée dans un délai de cinq années à compter du même
jour.

L'éditeur doit exercer le droit qui lui est reconnu en faisant connaître par écrit sa décision à
l'auteur, dans le délai de trois mois à dater du jour de la remise par celui-ci de chaque
manuscrit définitif. Lorsque l'éditeur bénéficiant du droit de préférence aura refusé
successivement deux ouvrages nouveaux présentés par l'auteur dans le genre déterminé au
contrat, l'auteur pourra reprendre immédiatement et de plein droit sa liberté quant aux œuvres
futures qu'il produira dans ce genre, il devra toutefois, au cas où il aurait reçu ses œuvres
56 Selon l’article 73 de la loi précitée.

38
futures des avances du premier éditeur, effectuer préalablement le remboursement de celles-
ci. Le contrat peut prévoir soit une rémunération proportionnelle aux produits d'exploitation,
soit, dans les cas prévus aux articles 63 et 78 une rémunération forfaitaire.

En ce qui concerne l'édition de librairie, la rémunération de l'auteur peut faire l'objet d'une
rémunération forfaitaire pour la première édition, avec l'accord formellement exprimé de
l'auteur, dans les cas suivants : ouvrages scientifiques ou techniques ; anthologies et
encyclopédies ; préfaces, annotations, introductions, présentations; illustrations d'un
ouvrage ; éditions de luxe à tirage limité ; livres de prière ; a la demande du traducteur pour
les traductions ; éditions populaires à bon marché ; albums bon marché pour enfants.

Peuvent également faire l'objet d'une rémunération forfaitaire les cessions de droits à ou par
une personne ou une entreprise établie à l'étranger. En ce qui concerne les œuvres de l'esprit
publiées dans les journaux et recueils périodiques de tout ordre et par les agences de presse,
la rémunération de l'auteur, lié à l'entreprise d'information par un contrat de louage d'ouvrage
ou de services, peut également être fixée forfaitairement.

Le consentement personnel57 et donné par écrit de l'auteur est obligatoire. Sans préjudice des
dispositions qui régissent les contrats passés par les mineurs, et les majeurs en curatelle(les
interdits), le consentement est même exigé lorsqu'il s'agit d'un auteur légalement incapable,
sauf si celui-ci est dans l'impossibilité physique de donner son consentement. Les dispositions
de l'alinéa précédent ne sont pas applicables lorsque le contrat d'édition est souscrit par les
ayants droit de l'auteur. L'auteur doit garantir à l'éditeur l'exercice paisible et, sauf convention
contraire, exclusif du droit cédé. Il est tenu de faire respecter ce droit et de le défendre contre
toutes atteintes qui lui seraient portées. L'auteur doit mettre l'éditeur en mesure de fabriquer et
de diffuser les exemplaires de l'œuvre. Il doit remettre à l'éditeur, dans le délai prévu au
contrat, l'objet de l'édition à une forme qui permette la fabrication normale.

Sauf convention contraire ou impossibilités d'ordre technique, l'objet de l'édition fourni par
l'auteur reste la propriété de celui-ci. L'éditeur en sera responsable pendant le délai d'un an
après l'achèvement de la fabrication. Le contrat d'édition doit indiquer le nombre minimum
d'exemplaires constituant le premier tirage. Toutefois, cette obligation ne s'applique pas aux
contrats prévoyant un minimum de droits d’auteurs garantis par l'éditeur. L'éditeur est tenu
d'effectuer ou de faire effectuer la fabrication selon les conditions, dans la forme et suivant
les modes d'expression prévus au contrat. Il ne peut, sans autorisation écrite de l'auteur,

57 Selon l’article 79 de la loi précitée.

39
apporter à l'œuvre aucune modification. Il doit, sauf convention contraire, faire figurer sur
chacun des exemplaires le nom, le pseudonyme ou la marque de l'auteur.

A défaut de convention spéciale, l’éditeur doit réaliser l'édition dans un délai fixé par les
usages de la profession. En cas de contrat à durée déterminée, les droits du cessionnaire
s'éteignent de plein droit à l'expiration du délai sans qu'il doive besoin de mise en demeure.

L'éditeur pourra toutefois procéder, pendant trois ans après cette expiration, à l'écoulement,
au prix normal, des exemplaires restant en stock; à moins que l'auteur ne préfère acheter ces
exemplaires moyennant un prix qui sera fixé à dire d'expert à défaut d'accord amiable, sans
que cette faculté reconnue au premier éditeur interdise à l'auteur de faire procéder à une
nouvelle édition dans un délai de trente mois. L'éditeur est tenu d'assurer à l'œuvre une
exploitation permanente et suivie et une diffusion commerciale conformément aux usages de
la profession.

L'éditeur est tenu de rendre compte. L'auteur pourra, à défaut de modalités spéciales prévues
au contrat, exiger au moins une fois l'an la production par l'éditeur d'un état mentionnant le
nombre d'exemplaires fabriqués en cours d'exercice et précisant la date et l'importance des
tirages et le nombre des exemplaires en stock. Sauf usage ou conventions contraires, cet état
mentionnera également le nombre d'exemplaires vendus par l'éditeur, celui des exemplaires
inutilisables ou détruits par cas fortuit ou force majeure, ainsi que le montant des redevances
dues ou versées à l'auteur. L'éditeur est tenu de fournir à l'auteur toutes justifications propres
à établir l'exactitude de ses comptes. Faute par l'éditeur de fournir les justifications
nécessaires, il y sera contraint par le tribunal, dans les termes de l'article 15 du Code de
Commerce.

Le redressement judiciaire de l'éditeur n'entraîne pas la résiliation du contrat. Si l'exploitation


du fonds est continuée par le syndic, dans les conditions prévues aux articles 61 et suivant du
Décret n ° 55-583 du 20 mai 1955, le syndic est tenu de toutes les obligations de l'éditeur.

En cas de vente du fonds de commerce, dans les termes de l'article 62 du Décret n° 55-586 du
20 mai 1955, l'acquéreur est, de même, tenu des obligations du cédant. Lorsque l'exploitation
du fonds n'est pas continuée par le syndic et aucune cession dudit fonds n'est intervenue dans
le délai d'une année à partir du jugement déclaratif de faillite, le contrat d'édition peut, à la
demande de l'auteur, être résilié. Le syndic ne peut procéder à la vente en solde des
exemplaires fabriqués ni à leur réalisation dans les conditions prévues aux articles 61 et 62 du
Décret n° 55-583 du 20 mai 1955 , que quinze jours au moins après avoir averti l'auteur de

40
son intention, par lettre recommandée avec demande d'accusé de réception. L'auteur possède,
sur tout ou partie des exemplaires, un droit de préemption. A défaut d'accord, le prix de
rachat sera fixé à dire d'expert.

L'éditeur ne peut transmettre, à titre gratuit ou onéreux, ou par voie d'apport en société, le
bénéfice du contrat d'édition à des tiers, indépendamment de son fonds de commerce, sans
avoir préalablement obtenu l'autorisation de l'auteur. En cas d'aliénation du fonds de
commerce, si celle-ci est de nature à compromettre gravement les intérêts matériels ou
moraux de l'auteur, celui-ci est fondé à obtenir réparation même par voie de résiliation de
contrat. Lorsque le fonds de commerce d'édition était exploité en société ou dépendait d'une
indivision, l'attribution du fonds à l'un des associés ou à l'un des co-indivisaires en
conséquence de la liquidation ou du partage ne sera, en aucun cas, considéré comme une
cession.

Le contrat d'édition prend fin indépendamment des cas prévus par le droit commun ou par les
articles précédents, lorsque l'éditeur procède à la destruction totale des exemplaires. La
résiliation a lieu de plein droit lorsque, sur mise en demeure de l'auteur lui impartissant un
délai convenable, l'éditeur n'a pas procédé à la publication de l'œuvre ou, en cas
d'épuisement, à sa réédition. L'édition est considérée comme épuisée si deux demandes de
livraison d'exemplaires adressées à l'éditeur ne sont pas satisfaites dans les trois mois.

En cas de mort de l'auteur, si l'œuvre est inachevée, le contrat est résolu en ce qui concerne la
partie de l'œuvre non terminée, sauf accord entre l'éditeur et les ayants droit de l'auteur.

Section IV. LES CONVENTIONS INTERNATIONALES RATIFIEES PAR


MADAGASCAR EN MATIERE DE PROPRIETE LITTERAIRE ET ARTISTIQUE

Comme en matière de propriété industrielle, la propriété littéraire est marquée par différentes
Conventions.

Sur les Conventions internationales, en matière de propriété littéraire et artistique nous


verrons la Convention de Berne, la Convention de Genève dite Convention universelle sur le
droit d’auteur enfin, les Conventions internationales en matière des droits voisins.

§1. La Convention de Berne

Elle a été établie le 9 octobre 1886 à Berne révisée à de nombreuses reprises, après que la
conférence de révision de Stockholm de 1967 ait abouti à un échec, elle a été signée par 88

41
Etats à la date du 12 octobre 1991. Le siège de l’Union se situe à Genève et un seul
organisme gère cette Convention et celle de Paris de 1883 relatives à la propriété
industrielle : c’est l’OMPI ou l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle.

La Convention contient deux sortes de dispositions : la première concerne l’assimilation de


l’unioniste au national, la deuxième un droit conventionnel tenu pour un minimum de
protection.

- L’assimilation de l’unioniste au national

Le principe fondamental est que, dans les pays liés par la Convention de Berne, certaines
œuvres d’auteurs étrangers seront traitées exactement de la même manière que les œuvres des
auteurs des pays considérés. L’article 5 dispose que « les auteurs jouissent, en ce qui
concerne les œuvres pour lesquelles ils sont protégés en vertu de la présente Convention
dans les pays de l’Union autres que le pays d’origine de l’œuvre, les droits que les lois
respectives accordent actuellement ou accorderont par la suite aux nationaux, ainsi que des
droits spécialement accordés par la présente Convention58 ».

L’article 3, pour déterminer l’étendue de la protection, mêle les critères de nationalité de


l’auteur et de pays de première publication : il dispose en effet : « sont protégés en vertu de la
présente Convention : les auteurs ressortissants à l’un des pays de l’Union, pour les œuvres,
publiées ou non ; les auteurs ne ressortissants pas à l’un des pays membres, pour les œuvres
qu’ils publient pour la première fois dans l’un des pays ou simultanément dans un pays
étrangers à l’Union et dans de l’Union ».

Il résulte de ce texte que si un auteur est ressortissant d’un pays de l’Union, il est protégé par
la Convention pour ses œuvres, qu’elles soient publiées ou non, et si elles le sont, qu’elles
soient publiées pour la première fois sur le territoire d’un pays de l’Union ou non.

Le principe d’assimilation étendue se restreint dans le cas où l’auteur n’est pas ressortissant
d’un pays de l’Union : l’assimilation ne joue alors que les œuvres qu’il publie pour la
première fois dans l’un de ces pays ou simultanément dans un pays lié et un pays non lié par
la Convention.

58 NORDEMANN, « Le principe du traitement national et la définition des œuvres littéraires et artistiques :


quelques remarques sur la corrélation de l’article 5 de la Convention de Berne et de l’article II de la Convention
universelle sur le droit d’auteur », le droit d’auteur, oct. 1989, p. 318.

42
L’article 3 de la Convention invite à définir le pays d’origine 59, puisque les droits
conventionnels n’y sont pas applicables. À cet égard, l’article 5 dispose : « est considéré
comme pays d’origine : pour les œuvres publiées pour la première fois dans l’un des pays de
l’Union, ce dernier pays ; toutefois s’il s’agit d’œuvres publiées simultanément dans plusieurs
pays de l’Union admettant des durées de protection différentes, celui d’entre eux dont la
législation accorde la durée de protection la moins longue ; pour les œuvres non publiées ou
pour les œuvres publiées pour la première fois dans un pays étranger à l’Union, sans
publication simultanée dans un pays de l’Union, le pays de l’Union dont l’auteur est
ressortissant60 ». La protection dans le pays d’origine est réglée par la législation nationale ;
mais ce principe souffre une dérogation : lorsqu’un auteur ne ressortit pas au pays d’origine
de l’œuvre pour laquelle il est protégé par la présente Convention, il aura, dans ce pays, les
mêmes droits que les auteurs nationaux.

- Le contenu du droit conventionnel

L’article 2 donne une énumération : les termes « œuvres littéraires et artistiques »


comprennent toutes les productions du domaine littéraire, scientifique et artistique, quel
qu’en soit le mode ou la forme d’expression ».

Le même article précise que sont protégés comme des œuvres originales, sans préjudice des
droits l’auteur de l’œuvre originale, les traductions, adaptations, arrangements de musique et
autres transformations d’une œuvre littéraire et artistique ».

La Convention de Berne se préoccupe surtout du droit patrimonial, sans que cependant soit
totalement négligé le droit moral.

§2.- La Convention de Genève dite Convention universelle sur le droit d’auteur

La Convention conclue à Genève le 6 septembre 1952 sous l’égide de l’UNESCO et grâce à


l’impulsion des États-Unis, dite Convention universelle sur le droit d’auteur, est entrée en
vigueur le 16 septembre 1955 : elle a été l’objet d’une révision à la conférence de Paris le 24
juillet 1971, au 1er mars 1991, elle regroupait 84 pays : des pays non liés à l’époque par la
Convention de Berne, tels les États-Unis, et l’URSS, sont partis, soit depuis l’origine pour les

59 NORDEMANN, « De la détermination du pays d’origine selon la Convention de Berne », RIDA, juill. 1984, 3.
60 L’article 5, §4 ajoute que « s’il s’agit d’œuvre cinématographique dont le producteur a son siège ou sa
résidence habituelle dans le pays de l’Union, le pays d’origine sera ce dernier pays et s’il s’agit d’œuvres
d’architecture édifiées dans un pays de l’Union ou d’œuvres des arts graphiques et plastiques faisant corps
avec un immeuble situé dans un pays de l’Union, le pays d’origine sera ce dernier pays ».

43
États-Unis) soit plus récemment pour l’URSS. Concernant les Conventions de Genève dite
Convention universelle sur le droit d’auteur, nous verrons l’assimilation de l’auteur étranger à
l’auteur national, puis les droits reconnus.

- L’assimilation de l’auteur étranger à l’auteur national

Il n’est pas surprenant qu’une distinction telle que celle qui a été faite dans la Convention de
Berne entre œuvres non publiées et œuvres publiées ait été reprise dans la Convention de
Genève. Mais la publication est entendue dans un sens différent dans les deux Conventions.

L’article 6 de la Convention définit la publication comme « la reproduction sous une forme


matérielle et la mise à la disposition du public des exemplaires de l’œuvre permettant de la
lire ou d’en prendre connaissance visuellement ». La notion de publication est donc plus
étroite que dans la Convention de Berne : un enregistrement phonographique ne sera pas
considéré comme une publication : on ne peut pas lire les sillons ni prendre connaissance
visuellement d’un disque.

Les œuvres non publiées des auteurs étrangers sont assimilées à celles des auteurs nationaux
du pays liés par la Convention, à la condition que les auteurs étrangers soient ressortissants
d’un État parti à la Convention, ou qu’ils y soient simplement domiciliés61.

Si l’auteur de l’œuvre publiée est ressortissant d’u pays non lié par la Convention, son œuvre
ne sera protégée par les règles conventionnelles que si la première publication a eu lieu sur le
territoire d’un État lié par la Convention. Si, par contre, l’auteur est le ressortissant d’u pays
lié par la Convention universelle, peu importe ce lieu de première publication : même si cette
dernière s’est produite sur le territoire d’un État non lié, ses œuvres seront protégées par jus
conventions : c’est une règle comparable qui apparaît, depuis les Actes de Paris, dans la
Convention de Berne.

- Les droits reconnus

Les règles de droit conventionnel demeurent moins nombreuses que dans la Convention de
Berne : cependant, si en 1952, c’est essentiellement le droit la traduction qui était visée, un
droit exclusif de traduction étant consacré au profit des auteurs, sous réserve de licences
légales pouvant être instaurées par une législation nationale, dans le cas où l’œuvre n’aurait
pas été traduite sur le territoire de l’État dans la langue de celui-ci, dans le délai de sept ans

61 Mais la Convention n’oblige pas un pays à opter une telle assimilation des étrangers domiciliés aux
nationaux.

44
suivant la première publication, ou dans celui où, la traduction ayant eu lieu, l’édition aurait
été épuisée selon l’article 5.

La version révisée du 1971 proclame aussi aux termes de l’article 4 « un droit exclusif
d’autoriser la reproduction par n’importe quel moyen, la représentation et l’exécution
publique et la radiodiffusion. De même, à l’article 4 bis, est cité le droit d’adaptation. Mais
chaque État peut apporter des dérogations à ces droits, à condition qu’il accorde « un niveau
raisonnable de protection effective »62.

§3.- Les Conventions internationales en matière de droits voisins

Le droit d’auteur appartient au créateur d’une œuvre de l’esprit tandis que les droits voisins
du droit d’auteur sont reconnus à des personnes qui ne sont pas des créateurs, mais qui vivent
dans le voisinage de la création. Ce sont d’une part les artistes- interprètes qui mettent leur
personnalité au service de la représentation de l’œuvre, d’autre part les producteurs sont le
rôle est essentiellement financier et technique.

Concernant les Conventions internationales en matière de droits voisins, nous parlerons de la


Convention de Rome, puis la Convention en matière de « phonogrammes ».

- La Convention de Rome

La Convention internationale sur la protection des artistes interprètes ou exécutants, des


producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion a été conclue à Rome en
1961 ; elle est entrée en vigueur en 1964, après s’être dotée d’une législation sur les droits
voisins.

Bien qu’il ait pu paraître audacieux63 de réunir sous l’égide d’un même texte des activités très
distinctes par leur nature, certains états de caractère intellectuel par leur aspect de créativité,
les prestations des artistes d’autres étant de caractère industriel, confection de disques ou
réalisations d’émissions, il était cependant logique qu’une convention internationale unique
se préoccupât de protéger l’auxiliariat des œuvres de l’esprit, afin d’éviter des utilisations
abusives de travail d’autrui, et ce alors que les prestations diverses que le Traité concerne ont
un but commun : contribuer à la plus vaste diffusion des créations.

62 Article 4 bis, §2.


63 C. MASOUYE, « La Convention de Rome et de la Convention phonogrammes », Publication OMPI, Genève,
1981, p.14.

45
La Convention de Rome se caractérise par sa souplesse : de nombreux choix sont laissés aux
États contractants : c’est une Convention qui permet aux adhérents de nuancer leurs
engagements. Ce texte international mérite aujourd’hui qu’on porte sur lui une appréciation
nuancée : il reflète l’état de la technique en 1961 ; celle-ci ayant beaucoup évolué depuis
l’établissement de la Convention, cette dernière a vieilli et devrait être aujourd’hui révisée 64,
si s’affirme toujours sa prétention à servir de modèle aux pays qui n’ont pas encore cru bon
de légiférer sur les droits voisins. On remarque, dans la Convention, des dispositions propres
à chaque catégorie concernée, alors que d’autres sont communes.

- La Convention « Phonogrammes »

Cette Convention, qui est un texte court (13 articles), qui n’a que des buts modestes, et qui
n’a rencontré jusqu’à présent que l’adhésion de 43 États au 1 er mars 1991, alors qu’elle a été
élaborée en 1971, ne crée pas de droits privatifs : elle a seulement pour but de protéger les
producteurs de phonogrammes contre la piraterie, repiquage de disque sans autorisation.

D’ailleurs, elle n’oblige nullement les États contractants à assimiler les ressortissants d’autres
États contractants à leurs nationaux et, en conséquence, un pays a toute latitude pour conférer
à ces derniers une protection plus forte que celle qu’il accorde aux premiers.De même qu’il
n’y a pas, dans la Convention « Phonogrammes », de principe d’assimilation, il n’y a pas de
droit conventionnel tenu comme un minimum de protection à respecter : il s’agit seulement,
pour un État, de s’engager à mettre en œuvre des moyens juridiques pour lutter contre la
piraterie, mais la Convention est précise quant à l’objet de la protection et aux moyens
juridiques que les États devront utiliser.

64 P. MASOUYE, « La Convention internationale sur la protection des artistes interprètes ou exécutants, des
producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion », Thèse, Paris II, 1985, pp. 459 et s.

46
LA PROPRIETE INDUSTRIELLE

47
La propriété industrielle est un domaine crucial du droit de la propriété intellectuelle, qui joue
un rôle essentiel dans la promotion de l'innovation, la protection des inventions, et la
régulation de la concurrence sur les marchés. Ce domaine englobe un large éventail de droits,
incluant les brevets, les marques, les dessins et modèles industriels, ainsi que les indications
géographiques. Chacune de ces catégories protège différents aspects de l'activité inventive et
commerciale, offrant ainsi aux créateurs et aux entreprises des outils juridiques pour sécuriser
leurs innovations et préserver leurs avantages concurrentiels.

L'histoire de la propriété industrielle remonte à plusieurs siècles, avec des racines profondes
dans les premiers systèmes de privilèges et de monopoles accordés par les souverains pour
encourager l'innovation et le commerce. Les premiers brevets modernes, par exemple, ont été
accordés en Italie au XVe siècle, tandis que les premières lois sur les marques ont vu le jour
au XIXe siècle en réponse à l'industrialisation croissante et à l'expansion des marchés
internationaux. Ces premiers cadres juridiques ont évolué pour devenir les systèmes
complexes et sophistiqués que nous connaissons aujourd'hui, adaptés aux besoins d'une
économie mondiale interconnectée.

Les brevets, qui sont probablement l'aspect le plus emblématique de la propriété industrielle,
confèrent aux inventeurs des droits exclusifs sur leurs inventions pour une durée limitée,
généralement de vingt ans. Ce droit exclusif permet aux inventeurs de protéger leurs
investissements en recherche et développement en leur accordant le monopole de
l'exploitation commerciale de leur invention pendant une période déterminée. En contrepartie,
les inventeurs doivent divulguer suffisamment d'informations sur leur invention pour
permettre à d'autres de la reproduire après l'expiration du brevet, contribuant ainsi à
l'avancement de la technologie et des connaissances.

Les marques, quant à elles, jouent un rôle crucial dans la protection de l'identité commerciale
et la réputation des entreprises. Une marque peut être un nom, un symbole, un slogan ou
même un son ou une couleur distinctive qui identifie et distingue les produits ou services
d'une entreprise de ceux de ses concurrents. La protection des marques aide à prévenir la
confusion des consommateurs et à garantir que les entreprises peuvent bâtir et maintenir leur
réputation sans crainte de contrefaçon ou de parasitisme commercial.

Les dessins et modèles industriels protègent l'apparence visuelle de produits fabriqués,


englobant des éléments tels que la forme, le motif et les couleurs. Cette protection encourage
les entreprises à investir dans le design et l'esthétique, sachant que leurs créations visuelles

48
uniques seront protégées contre la copie non autorisée. Dans une économie où l'apparence des
produits peut être aussi importante que leur fonctionnalité, la protection des dessins et
modèles industriels est essentielle pour favoriser la créativité et la diversité dans le design.

Les indications géographiques, enfin, sont utilisées pour identifier un produit comme étant
originaire d'un lieu spécifique, où une qualité particulière, une réputation ou d'autres
caractéristiques sont essentiellement attribuables à cette origine géographique. Les
indications géographiques jouent un rôle clé dans la protection des produits locaux et
traditionnels, offrant une reconnaissance et une protection juridique aux producteurs qui
maintiennent des normes de qualité élevées et des techniques de production traditionnelles.

La propriété industrielle est donc un ensemble de droits qui favorisent l'innovation, la


créativité et la concurrence loyale. En offrant une protection juridique solide, elle encourage
les entreprises et les individus à investir dans de nouvelles idées et à apporter des produits
innovants sur le marché. En même temps, elle garantit que les consommateurs peuvent faire
confiance à la qualité et à l'origine des produits qu'ils achètent. Dans un monde de plus en
plus globalisé et technologiquement avancé, la propriété industrielle est plus importante que
jamais pour soutenir le dynamisme économique et le progrès technologique.

49
Chapitre I. LES REGLES DE BREVETABILITE

50
Les droits de propriété industrielle constituent un élément d’un ensemble plus vaste qui est la
propriété intellectuelle. Celle-ci comporte à côté de la propriété intellectuelle les règles
protectrices du droit d’auteur.

Selon l’article 1er de la Convention d’Union de Paris de 1883 les droits de propriété
industrielle comprennent les brevets d’invention, les dessins et modèles industriels, les
marques de fabrique, de commerce, de service, le nom commercial, l’enseigne, les
appellations d’origine, et les indications de provenance.

En revanche, d’autres droits ou valeurs qui ne sont pas visés dans l’article 1er de la
Convention d’Union, font certainement partie intégrante de la propriété industrielle, comme
les certificats d’obtention végétale, les titres protégeant la topographie d’un produit semi-
conducteur ou la notion de secret de fabrique ou de savoir-faire.

Section I. LES INVENTIONS BREVETABLES

51
Le brevet65 est un titre délivré par les pouvoirs publics ou par une autorité reconnue par l’État
conférant à son titulaire un monopole d’exploitation sur l’invention qui en est l’objet. C’est
un outil juridique à finalité économique.

Il est un stimulant économique très important pour l’innovation technologique. Il donne à son
titulaire le monopole d’exploitation de son invention pour une durée de 20 ans. En
contrepartie de cette protection, le titulaire du brevet est ténu de divulguer les informations
sur son invention par des publications. En outre le brevet permet à son titulaire d’interdire à
toute autre personne d’exploiter l’invention avant son autorisation. Par conséquent, il lui
garantit de profiter les efforts fournis dans le domaine de la recherche et du développement.

Un brevet66 est un document officiel délivré à un inventeur par l’Administration compétente


d’un pays. Ce document donne généralement aux inventeurs le droit d’empêcher quiconque
de copier, d’utiliser, de distribuer ou de vendre l’invention sans leurs permissions. Les

65 Article 2 de la loi 2017-049 portants régimes de la protection de la propriété industrielle à Madagascar.


66 Revue de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, 2007.

52
brevets font partie de la propriété intellectuelle qui est le moyen légal de protéger toutes les
créations de l’esprit humain.

C’est un titre67 de propriété industrielle qui confère à son titulaire un droit exclusif
d’exploitation d’une invention pendant une durée aller jusqu’à 20 ans.

C’est un titre68 délivré par les pouvoirs publics (OMAPI), conférant un monopole temporaire
d’exploitation (en principe 20 ans) sur une invention à celui qui la révèle, en donne une
description suffisante et complète, et revendique ce monopole.

§1. L’application industrielle

Pour être brevetable, une création industrielle doit être qualifiée d’invention. Pour cela, elle
doit répondre à un certain nombre de conditions selon le droit malagasy à la matière c’est-à-
dire selon l’ordonnance 89-018 et la loi 2017-049 : elle doit être nouvelle, elle doit impliquer
une activité inventive et enfin elle doit être susceptible d’application industrielle.

Une invention pour être brevetable doit être nouvelle dans le temps et dans l’espace, c’est-à-
dire ne pas être comprise dans l’état de la technique au moment où l’on demande le brevet.
Toute description ou publicité de l’invention, même par l’inventeur lui-même, avant la date
de dépôt du brevet détruit cette nouveauté. On appelle cela une antériorité.

Pour un homme du métier, une invention ne doit pas découler de façon évidente de l’état de
la technique ; on considère que l’homme du métier est le technicien moyen dans un secteur
donné. Elle doit concourir à la production de biens ou de résultats dans tout type d’industrie,
y compris l’agriculture.

Une invention est considérée comme susceptible d’application industrielle 69 si son objet peut
être fabriqué ou utilisé dans tout genre d’industrie, y compris l’agriculture. L’invention doit
tendre à l’obtention d’un résultat concret utilisable dans tout genre d’industrie.

Le brevet n’est pas donné qu’à celui qui accroît les richesses matérielles de la société, en lui
apportant un résultat palpable, les découvertes de système ou de conception théoriques ne
sont pas du domaine de la pratique industrielle 70, c'est-à-dire du domaine de brevetabilité. En
d’autres termes, on ne fait pas breveter une idée immatérielle et insaisissable, on fait breveter
67 Jean-Pierre Clavier, cours du droit de la propriété intellectuelle, introduction au droit de la propriété
industrielle, Université numérique juridique francophone, p. 5.
68 LEXIQUE DES TERMES JURIDIQUES, 19 è édition 2012.
69 ROUBIER, Le droit de la propriété industrielle, Librairie du Recueil Sirey, Tome 2, 1954, p. 85.
70 Article 5 de la loi 20117-049.

53
l’invention d’un produit ou d’un procédé nouveau, qui constitue un résultat tangible pour
l’industrie.

Sont brevetables selon la disposition de la loi 20117-049, dans tous les domaines
technologiques, les inventions nouvelles impliquant une activité inventive et susceptible
d’application industrielle. Puisque le brevet est un monopole d’exploitation, une invention,
pour être brevetable, doit d’abord avoir une utilisation économique immédiate. On dénomme
parfois propriété scientifique, la découverte d’une loi scientifique de permettre ultérieurement
certains résultats exploitables : une telle propriété n’a pas d’existence juridique tant qu’elle
n’est pas directement utilisable. On exprime traditionnellement cette condition en limitant le
droit des brevets aux inventions d’ordre industriel. L’expression ne doit pas être prise au sens
étroit qui correspond à une production réalisée à l’aide de techniques mécaniques, mais dans
un sens large englobant toute activité de l’homme pour façonner et utiliser la matière.

Sont brevetables aussi, les inventions susceptibles d’application industrielle 71 c'est-à-dire dont
l’objet peut être fabriqué ou utilisé dans tout genre d’industrie, y compris l’agriculture. La
qualité du résultat technique obtenu est sans incidence sur l’application de cette condition.
Sont brevetables, notamment les inventions portant sur la fabrication d’un produit nouveau, la
découverte d’un procédé nouveau pour arriver à un résultat déjà connu, l’application nouvelle
d’un moyen connu, notamment l’utilisation industrielle d’une invention scientifique, une
combinaison nouvelle de moyen connu. En revanche, la juxtaposition de moyen connu n’est
pas elle-même brevetable.

L’invention doit tendre à l’obtention d’un résultat concret utilisable dans tout genre
d’industrie. De plus, l’invention ne doit pas concerner un domaine exclu de la brevetabilité
par la loi. La brevetabilité est exclue si la demande de brevet porte par exemple sur l’un des
éléments suivants en tant que tels : une découverte 72, théorie scientifique, méthode
mathématique, un programme d’ordinateur, une méthode de traitement chirurgical ou
thérapeutique, une méthode de diagnostic et un procédé de clonage 73 de l’être humain, un
procédé de modification de l’identité génétique de l’être humain, etc.

71 Art. 8– de la loi 2017-049 portant régime de la protection de la propriété industrielle à Madagascar.


1. Une invention est considérée comme susceptible d’application industrielle si elle se prête à fabrication ou à
utilisation dans tout genre d’industrie.
2. Le terme « industrie » doit être compris dans le sens le plus large selon la Convention de Paris pour la
protection de la propriété industrielle ; il concerne notamment l’artisanat, l’agriculture et la pêche.
72 Une découverte est l’action de découvrir, de trouver ce qui n’était pas connu, invention.
73 C’est une méthode de multiplication cellulaire i vitro par reproduction asexuée aboutissant à la formation
de clones.

54
§2. La nouveauté

Une invention pour être brevetable doit être nouvelle 74 dans le temps et dans l’espace, c’est-à-
dire ne pas être comprise dans l’état de la technique au moment où l’on demande le brevet.
Toute description ou publicité de l’invention, même par l’inventeur lui-même, avant la date
de dépôt du brevet détruit cette nouveauté. On appelle cela une antériorité.

Une invention est brevetable si celle-ci est nouvelle 75 : une invention est considérée comme
« nouvelle » si elle n’est pas comprise dans l’état de la technique. La jurisprudence française
a défini cette condition avec une rigueur particulière, qui est désormais consacrée et renforcée
législativement.

- Notion de nouveauté

L’état de la technique76 est constitué par tout ce qui a été rendu accessible au public, avant la
date du dépôt de la demande, par une description écrite ou orale, un usage ou tout autre
moyen, ou même par le contenu d’une demande ayant l’objet et déposée antérieurement selon
le droit malgache, la Convention de Munich, la Convention de Washington ou la Convention
d’Union de Paris, alors même que cette demande n’a été publiée que postérieurement. Pour
être destructrice de nouveauté77, la divulgation suppose que l’information mise à la
disposition du public permette à l’homme du métier d’exécuter l’invention.

- Le principe « d’antériorité »

La nouveauté78, d’une invention ne peut être ruinée que par une antériorité 79 de toutes pièces,
c'est-à-dire une antériorité au caractère « certain », présentant le même dispositif avec les
mêmes éléments qui la constituent, dans la même forme, le même agencement et le même
fonctionnement en vue de même résultat technique.

74 Article 6 de la loi 2017-049 portants régimes de la protection de la propriété industrielle.


75 PLAISANT, La nouveauté en matière de brevet d’invention selon la loi du 2 janvier 1968, RTD com. 1971,
213.
76 SAVIGNON, Nouveauté et progrès, Mélanges Bastian, éd. litec, Tome 2, 1974, 367.
77 SCHHMIDT-SZALEWSKI, Nouveauté, J.Cl, Brevets, fasc. 4260, 2008.
78 VALANCOGNE, L’invention, sa brevetabilité, l’étendue de sa protection, éd. Dalloz, 1968, p. 100.
79 STINGER, Le régime de l’antériorité tenant dans une demande de brevet antérieure non encore publiée,
RDPI, 2004, n° 159, 14.

55
En présence d’une invention de combinaison, l’antériorité 80 s’apprécie par rapport au résultat
commun obtenu. Ainsi, le brevet qui réunit les moyens présents dans des antériorités ne
présente aucun caractère de nouveauté, dès lors que ces moyens constituent d’y jouer le rôle
propre et distinct qui était le leur, sans obtenir un résultat différent de celui qu’ils avaient.

- La divulgation non destructive de nouveauté et possession personnelle antérieur

La loi a entendu protéger le futur déposant des manœuvres frauduleuses des tiers afin qu’il
puisse procéder à des essais ou prospecter le marché, pourvu qu’il prenne les précautions
nécessaires pour maintenir la confidentialité de l’invention :

● La divulgation non destructrice de nouveauté

La divulgation de l’invention dans les six mois précédant le dépôt n’est pas destructrice de
nouveauté. Elle peut être opérée par tous moyens, dès lors qu’elle n’est pas rendue accessible
au public. La publication, après le dépôt, d’une demande de brevet antérieur ne fait pas non
plus échec à la nouveauté. Si ces circonstances (divulgation ou publication) résultent
directement ou indirectement, soit d’un abus caractérisé à l’égard du demandeur ou de son
prédécesseur en droit, soit du fait que le demandeur ou de son prédécesseur en droit ait
exposé l’invention dans une exposition officielle ou officiellement reconnue, la nouveauté
n’est pas davantage remise en cause.

● La possession personnelle81 antérieure

Une solution traditionnelle en reconnaissant au possesseur d’une invention secrète, antérieure


au dépôt d’une demande de brevet par un tiers, le droit de continuer son exploitation à titre
personnel malgré la délivrance du titre. Ce droit de possession personnelle ne peut être
transmis qu’avec l’entreprise à laquelle il est attaché.

§3. Les activités inventives

80 Article 3 de la loi 2017-049 : date de priorité, la date du dépôt de la première demande de brevet
d’invention ou de la demande d’enregistrement de modèle d’utilité, de marque, ou de dessin ou modèle
industriel effectuée auprès d’un organisme de propriété industrielle à l’étranger.

81 BUSCHE, Le droit de possession personnelle antérieure dans le cadre des brevets allemands et européen,
Revue PIBD 2000, 2, 45.

56
Pour un homme du métier, une invention ne doit pas découler de façon évidente de l’état de
la technique ; on considère que l’homme du métier est le technicien moyen dans un secteur
donné.

- La notion d’une activité inventive et les découvertes non brevetables

Une activité est considérée comme « inventive »82, si pour un homme du métier, elle ne
découle pas d’une manière évidente de l’état de la technique. L’homme du métier est celui
qui possède les connaissances normales de la technique en cause et qui est capable, à l’aide
de ses seules connaissances professionnelles, de concevoir la solution du problème que pose
de résoudre l’invention. Il n’a pas à posséder des connaissances professionnelles relevant
d’une autre spécialité que la sienne.

● Notion d’activité inventive83

L’état de la technique ne comprend pas les demandes de brevet malgache, ou internationales


déposées antérieurement et non encore publiées : son domaine est donc plus restreint qu’en
matière de nouveauté. La notion d’activité inventive 84 doit être appréciée distinctement de
celle de nouveauté : une invention simple n’est pas pour autant dépourvue d’activité
inventive85. Cette appréciation doit en tout état de cause être motivée, une affirmation
générale du juge sur l’activité inventive ne répondant pas à l’exigence de motivation.

Le juge doit comparer les éléments caractéristiques de l’invention à l’état de la technique à la


date du dépôt, en particulier en examinant les éléments constitutifs de l’invention, dans leur
forme, la fonction qu’ils exercent dans l’application qui en est faite, et en considération de la
nouveauté restante, tel qu’elle résulte de la comparaison avec les antériorités invoquées.

Pour apprécier l’existence d’une activité inventive 86, le juge doit rechercher si, à la date du
dépôt, un homme du métier connaissant l’état de la technique doit dépasser de simples
démarches de routine ou d’exécution pour parvenir à l’invention. À cette fin, il tient compte

82 GEVERS et VERBAET, La détermination du caractère inventif requis pour la brevetabilité, propriété


industrielle 1954, éd. Dalloz, p. 219.
83 MATHELY et LAVOIX, l’activité inventive, condition de la brevetabilité, Ann. Propriété industrielle 1957, 277.
84 PLAISANT, Critères, objectifs et subjectifs en matière de brevetabilité, Mélanges Roubier, 1961, Tome II,
527.
85 Article 7 de la loi 2017-049 portants régimes de la protection de la propriété industrielle.
86 DESMOUSSEAUX et DE BOSSE, La notion d’activité inventive en matière de brevet d’invention, JCP, éd. Cl.
1971,1, 10204.

57
de facteur susceptible de constituer des indices d’activité inventive 87, tel que notamment la
nouveauté du problème, un préjugé vaincu, un résultat surprenant. Ainsi, lorsque l’analyse
des brevets fait apparaitre que l’art n’incitait pas l’homme du métier à combiner
l’enseignement de ces antériorités, le nouveau brevet élaboré à partir des anciens doit être
reconnu comme présent une activité inventive88. Il en est de même lorsque l’homme du
métier doit vaincre un préjugé pour associer les éléments en cause. Toutefois, il arrive que les
tribunaux éprouvent certaines difficultés pour apprécier l’activité inventive.

L’invention ne doit pas découler d'une manière évidente de l’état de la technique, elle ne doit
pas être le résultat d’opérations courantes que tout homme du métier aurait pu faire sans
démontrer une réelle inventivité et sans véritablement innover. L’homme du métier est un
praticien normalement qualifié qui possède des connaissances générales dans le domaine
concerné par l’invention en question, mais aussi dans les domaines techniques voisins où se
posent des problèmes similaires.

● Les découvertes non brevetables

87 Art. 7 de la loi 2017-049 : Pour présenter une activité inventive, une invention ne doit découler
manifestement ni de l’état de la technique, ni de la compétence normale de l’homme de métier, soit dans le
moyen, l’application, la combinaison des moyens ou le produit qui en fait l’objet, soit dans le résultat industriel
qu’elle procure.

88 DELAIRE, Quelques remarques sur l’activité inventive en droit français des brevets d’invention, JCP 1977, 1,
2852.

58
Après avoir défini les « inventions brevetables89 » selon les lois nationales et internationales
en vigueur, elles excluent un certain nombre de découvertes du domaine des brevets pour des
raisons variées :

-Ne sont pas brevetables en raison de leur caractère abstrait : les découvertes (une
découverte est une mise en évidence d’un phénomène physique, d’une substance naturelle,
jusque-là inconnue, inexpliquée ; le travail menant à la découverte peut être considérable et
son résultat prometteur, il n’en demeure pas moins que le droit des brevets n’est pas
applicable), les théories scientifiques et les méthodes mathématiques, mais aussi des plans,
principes et méthodes dans l’exercice d’activité intellectuelle ou dans le domaine
économiques.

89 DENNIOLLE, Le droit des obtentions végétales à l’épreuve de la pratique, JCP. Ed. E, 2000, p. 250.

59
En raison d’une autre protection légale applicable : les créations esthétiques (sur les
dessins et modèles), les programmes d’ordinateur et dans certaines mesures, les présentations
d’information, qui sont protégées par le droit d’auteur, les obtentions végétales, soumises à
une législation particulière et pour lesquelles existe un titre spécial : le certificat d’obtention
végétale. Et en raison de préoccupations éthiques : les méthodes de traitements chirurgicaux
ou thérapeutiques du corps humain ou animal, les races animales, ainsi que les procédés
essentiellement biologiques, d’obtention de végétaux ou d’animaux (autres que des procédés
microbiologiques) et plus généralement, toute invention dont l’exploitation commerciale
serait contraire à la dignité de la personne humaine, à l’ordre public ou aux bonnes mœurs.

-Sont en revanche brevetables : les inventions sur un produit constitué en totalité ou en


partie de matière biologique ou un procédé permettant de produire, de traiter ou d’utiliser de
la matière biologiques.

● L’obtention végétale et les inventions du salarié

L’amélioration des plantes a été un souci constant de l’humanité depuis l’époque


néolithique90 : elle a d’abord progressé par tâtonnements, « d’échecs inattendus en réussites
fortuites » et ne s’est accélérée qu’au début du XXe siècle grâce à la connaissance de la
génétique mendélienne. La création végétale a accédé avec la Convention de Paris du 2
décembre 1961 pour la protection des obtentions végétales (Convention UPOV), au rang
d’objet de propriété industrielle. Elle relève, dans le Code de la propriété intellectuelle, des «
connaissances techniques » : bien que le matériel utilisé appartienne au règne vivant, cette
forme de création peut être qualifiée de « technique » en ce sens que la variété végétale
constitue un « moyen que l’homme a découvert et utilisé pour améliorer les conditions de son
existence »91.

Les législateurs internationaux et européens ont préféré placer ces créations sous un régime
nouveau, celui du droit d’obtention végétale (encore appelé : certificat d’obtention végétale)
plutôt que sous celui du brevet. Il existe à l’heure actuelle un droit d’obtention végétale
français et un droit d’obtention végétale communautaire.

- L’obtention végétale

90Histoire générale des techniques, T. 1 : Les origines de la civilisation technique, M. Daumas (Dir), PUF 1962
p. 75 et s.
91Ibid, Préface générale à l’histoire générale des techniques, p. V.

60
La jurisprudence française avait admis la brevetabilité de nouvelles variétés à condition
qu’elles fussent susceptibles de reproduction. Mais les obtentions végétales 92 ne constituant
pas des inventions industrielles, le droit des brevets constituait un mode de protection
inadapté. Un système plus adéquat a été mis en place par la Convention UPOV (Union pour
la Protection des Obtentions Végétales) du 2 décembre 1961.

La loi malgache 2017-049 portant régime de protection de la propriété industrielle en son


article 207 n’exclut expressément les variétés végétales de la protection par brevet ainsi que
les procédés biologiques pour l’obtention des végétaux. En revanche, les procédés
biologiques, les produits obtenus par ces procédés ou les inventions dont la faisabilité
technique n’est pas limitée à une variété végétale sont brevetables.

Les variétés végétales93 nouvelles, créées ou découvertes, sont protégées par le certificat
d’obtention végétale94 qui confère à son détenteur un droit exclusif sur l’exploitation
commerciale de la variété. La protection 95 généralement fixée à 25 ans s’étend à l’ensemble
des variétés appartenant à une espèce du règne végétal. Elle concerne les éléments de
reproduction et de multiplication végétative de la plante 96, prise dans son ensemble ou pour
partie seulement, sans faire de distinction selon les variétés en cause.

Un titre communautaire, valable uniformément sur le territoire de l’Union Européenne, a été


institué par le règlement du Conseil 2100/94 du 27 juillet 1994. Le règlement 874/2009 du 17
septembre 2009 fixe la procédure devant l’Office Communautaire des Variétés Végétales

92 CHAVANE, RTD com.1971, 308 et 1005.


93 DENINTOLLE, Le droit des obtentions végétales à l’épreuve de la pratique, JCP éd. E, 1987, 15014.
94 Article 207 de la loi 2017-049 : 1. Le certificat d’obtention végétale confère à son titulaire le droit
d’interdire aux tiers les actes suivants accomplis à l’égard du matériel de reproduction ou de multiplication de
la variété protégée : la production ou la reproduction ; le conditionnement aux fins de la reproduction ou de la
multiplication ; l’offre à la vente, la vente ou toute autre forme de commercialisation ;
iv. l’exportation ou l’importation ; la détention à l’une des fins mentionnées ci-dessus.
2. Le certificat d’obtention végétale confère aussi à son titulaire le droit d’interdire aux tiers les actes
mentionnés ci-dessus accomplis à l’égard du produit de la récolte, y compris des plantes entières et des parties
de plantes, obtenu par utilisation non autorisée de matériel de reproduction ou de multiplication de la variété
protégée, à moins que le titulaire ait raisonnablement pu exercer ses droits en relation avec ledit matériel de
reproduction ou de multiplication.
3. Le certificat d’obtention végétale confère aussi à son titulaire le droit d’interdire aux tiers les actes
mentionnés dans le paragraphe 1° du présent article accomplis à l’égard des produits fabriqués directement à
partir d’un produit de récolte de la variété protégée couvert par les dispositions ci-dessus par utilisation non
autorisée dudit produit de récolte, à moins que le titulaire ait pu exercer ses droits en relation avec ledit
produit de récolte.
95 BOUVET, La protection juridique de l’innovation végétale, Thèse, Versailles, 2000.
96 TRENTON, La brevetabilité des plantes, PIBD, 2000, 2, 130.

61
(OCVV), agence de l’Union Européenne, qui gère le système de protection des variétés
végétales.

Le dispositif communautaire ne se substitue pas aux droits nationaux. Les obtenteurs sont
libres de choisir entre le certificat valable dans leur pays d’origine et un certificat
communautaire offrant une protection dans l’ensemble de l’Union. Le certificat d’obtentions
végétales communautaires ne s’applique pas aux variétés déjà protégées sur le plan national.
Aux termes de l’article 6 du règlement, la protection communautaire des obtentions végétales
est accordée pour des variétés qui sont distinctes, homogènes, stables et nouvelles.

- Les inventions du salarié, les inventions indépendantes (inventions personnelles)


et les inventions mixtes

L’une des caractéristiques de la recherche appliquée contemporaine est le passage de


l’inventeur indépendant aux équipes de chercheurs rémunérés. De ce fait, la très grande
majorité des inventions actuelles sont effectuées par des employés dans l’exercice, ou à
l’occasion de leurs activités professionnelles. Dans le silence des textes, la jurisprudence
française avait dégagé une distinction qui englobait tant bien que mal, l’extrême diversité des
cas d’espèce.

L’invention personnelle97, effectuée en dehors de la prestation de travail, était la propriété


exclusive du salarié. L’invention de service, réalisée en exécution des contrats de travail, était
le propriétaire de l’employeur. L’invention mixte, dont le salarié avait eu l’idée, mais dont la
réalisation n’avait été possible que grâce à l’aide de l’entreprise, était souvent soumise à un
régime de copropriété, alors très imparfait. Les stipulations particulières du contrat de travail,
des accords d’entreprise ou des Conventions collectives étaient appliquées. Le droit positif,
tel qu’il résulte opte pour un régime différent. À défaut de stipulations contractuelles plus
favorables au salarié, l’attribution du titre de propriété industrielle repose sur une distinction.

Les inventions faites par les salariés dans l’exécution, soit d’un contrat de travail comportant
une mission inventive qui correspond à ses fonctions effectives, soit d’études et de recherches
lui sont explicitement confiées, appartiennent à l’employeur. La juridiction appelée à se
prononcer sur la propriété d’un brevet d’invention doit rechercher dans quelle branche de
l’alternative se trouve l’inventeur salarié. L’auteur d’une telle invention bénéficie d’une

97 CASALONGA et SABATIER, Les inventions de salarié, JCP éd. Cl. 1980, 2, 13277.

62
rémunération supplémentaire dans les conditions déterminées par les conventions collectives,
les accords d’entreprise98 et le contrat individuel de travail.

Aucun texte légal ou conventionnel prévoit que la rémunération du salarié, auteur d’une
invention de mission, doit être fixée en fonction de son salaire. La rémunération
supplémentaire est d’ordre public. Si l’employeur n’est pas soumis à une convention
collective de branche, les litiges relatifs à cette rémunération sont soumis à une commission
paritaire de conciliation ou à un tribunal d’instance, mais en aucun cas au Conseil de
prud’hommes.

Toutes les autres inventions appartiennent aux salariés 99, dès lors que l’invention est réalisée
dans un cadre distinct du contrat de travail et que le salarié fait preuve de diligence dans le
respect des formalités de demande de brevet. Toutefois, le législateur a entendu conférer à
l’employeur une sorte de présomption sur les inventions qui ont un lien quelconque avec son
exploitation.

Lorsqu’une invention est faite par un salarié, soit dans le cours d’exécution de ses fonctions,
soit dans le domaine des activités de l’entreprise, soit par l’utilisation de technique, moyens
ou données procurées par l’entreprise peut se faire attribuer la propriété ou la jurisprudence
tout ou partie des droits attachés au brevet 100 qui protège l’invention du salarié. Ce dernier a
droit à un juste prix doit être faite au moment où se produit l’attribution de l’invention de
l’employeur en tenant compte des perspectives d’exploitation normalement espérées à cette
date.

Le salarié auteur d’une invention, brevetable ou non, en fait immédiatement la déclaration à


l’employeur, qui en accuse réception selon les formalités fixées par voie réglementaire. Cette
déclaration doit comporter notamment le classement de l’invention tel qu’il apparait au
salarié, à défaut, dans un délai de 2 mois, l’employeur fait part au salarié du classement qu’il
retient. Le désaccord est tranché le cas échéant, une Commission 101 paritaire de conciliation,
également désignée sous l’intitulé de Commission nationale des inventions de salariés ou le
tribunal d’instance.

98 VERNERET et BERNAUD, Invention de salarié : de la difficulté de concilier les intérêts des entreprises et ceux
des salariés, Revue Propriété intellectuelle 2007, 184.
99 CHAVANE, Les inventions de salariés, Dr. Social, 1980, Tome 1.
100 MARTIN, La rémunération des inventions de salariés : Comment la déterminer ? Revue RDPI mai 2004, 29
101 POLLUAD-DULIAN, Propriété intellectuelles et travail salarié, RTD. Com. 2000, 273.

63
La revendication102 de l’employeur doit être exercée dans les 4 mois suivant la déclaration
d’invention faite par le salarié, sauf accord des parties sur la prolongation du délai. Tout
accord entre un salarié et son employeur ayant pour objet une invention de salarié doit être
constaté par écrit, à peine de nullité. La jurisprudence au progressivement précisé la portée de
ces règles qui sont inapplicables aux dirigeants sociaux non-salariés et aux stagiaires
étudiants. L’ensemble de ces règles s’applique aux agents de l’État, des Collectivités
Publiques et de toute autre personne morale de droit public. Ainsi, l’invention de mission
d’un fonctionnaire appartient à la personne morale pour le compte de laquelle il travaille.

L’inventeur reçoit, en contrepartie un complément de rémunération fixée à la hauteur de 50%


des sommes perçues par le titulaire du brevet dans la limite de son traitement annuel brut, et
une prime au brevet d’invention d’un montant forfaitaire. Le Tribunal de première instance
est compétent pour connaitre les contestations portant sur une invention réalisée par un agent
public.

● Brevetabilité du vivant

Au-delà de ses fonctions en termes de protection et de financement de l’innovation, le brevet


est aussi un instrument de médiation et un support d’interactions. Dans le cas du
développement des nouveaux vaccins issus du génie génétique, nous estimons qu’il est une
composante essentielle de la production d’innovation. Un vaccin génétique se construit en
effet à partir de trois modules fondamentaux : l’antigène, le vecteur, et l’adjuvant.

L’avènement des techniques du génie génétique favorise un développement autonome de ces


composants, aussi bien sur le plan technique qu'organisationnel ou cognitif. Les brevets
deviennent alors des instruments stratégiques d’information et de négociation dans
l’élaboration de l’architecture du produit. Ils jouent un rôle d'interface entre des
organisations, des trajectoires technologiques et des champs de savoir hétérogènes.

- Historique et évolution

Les progrès de la science ont permis un fort développement des biotechnologiques 103. Mais
dans quelle mesure le vivant est-il brevetable ? Cette question soulève des difficultés d’ordre
éthique, la logique industrielle se heurtant aux préoccupations morales. De manière à

102 PLAISANT, Les inventions du salarié, Gaz. Pal. 1980, 1, doctr. 256.
103 MATHIEU, La directive européenne, relative à la brevetabilité des inventions biotechnologiques, le droit
français et les normes internationales, éd. Dalloz. 2001, Chr. 13.

64
préserver le génome humain de toute appropriation mercantile, le législateur français a
précisé que le corps humain, aux différents stades dès sa constitution et de son
développement, ainsi que la simple découverte d’un de ses éléments, y compris la séquence
totale ou partielle d’un gène, ne peuvent constituer des inventions brevetables.

En outre, toute invention dont l’exploitation serait contraire à la dignité de la personne


humaine est exclue de sa brevetabilité. En ce qui concerne les animaux, aucun brevet ne peut
être délivré pour les races animales, ou les procédés essentiellement biologiques 104
d’obtention de végétaux ou d’animaux. Ces dispositions sont interprétées strictement de
manière à faciliter la délivrance de brevet, pour des animaux transgéniques.

- Le droit positif français et les dispositions Européenne :

Dans le domaine du génie génétique, l’Office Européen des brevets a ainsi considéré que
l’impossibilité de procéder à des clonages n’interdit pas toute activité inventive
caractéristique du brevet. Le Parlement européen, ainsi que le Conseil, ont adopté le 6 juillet
1998, une directive relative à la protection juridique des inventions biotechnologiques. Ce
texte vise à garantir les investissements « à haut risque » consacrés à la recherche et au
développement, notamment dans le domaine du génie génétique. Les États membres doivent
protéger les inventions biotechnologiques au moyen de leur droit national des brevets, mais
pour tenir compte des dispositions de cette directive, ils sont ténus, au plus tard avant 31
juillet 2000, d’adapter leur législation.

La directive proclame la non-brevetabilité du corps humain et de ses gènes, mais reconnait la


brevetabilité d’un élément isolé du corps humain ou autrement produit par un procédé
technique, y compris la séquence totale ou partielle d’un gène. Le critère d’application
industrielle doit cependant être respecté. En France, la transposition de cette directive
européenne aux législations nationales a soulevé des difficultés : le Conseil d’État s’était
déclaré peu favorable à la transposition de cette directive en l’état.

Le texte bouleversait en effet, les principes du droit français en matière de vivant (sang,
organes ou gènes) et sa transposition consacraient selon le Conseil d’État français, des choix
contraires à ceux effectués par la législation de 1994.

104 PUTMAN, Brevetabilité du génome et des éléments du corps humain, Revue juridique personne famille
2002, Chr. n° 3.

65
Le texte français limitant la protection par brevet à l’application technique d’un élément du
corps humain. L’étendue de la protection 105 par brevet des inventions biotechniques telles que
définies par la loi française du 8 décembre 2004, est en revanche, davantage conforme à la
directive 98/44 du Parlement européen.

Section II. L’OFFICE MALGACHE DE LA PROPRIETE INDUSTRIELLE OU


L’OMAPI

La compétence, l’organisation et les missions de l’OMAPI sont régies par le décret 92-994 du
é décembre 1992 en tant qu’organisme public compétent en matière de propriété industrielle.

§1. Les attributions de l’OMAPI

Après leur indépendance, Madagascar et douze autres États africains ont signé l’Accord de
Libreville le 13 septembre 1962. Cet accord instituait un régime uniforme de protection de la
propriété industrielle et créait l’Office Africain et Malgache de la Propriété Industrielle
(OAMPI), basé à Yaoundé, au Cameroun. Cet office était chargé de gérer les procédures
administratives communes en matière de propriété industrielle et agissait comme un service
public national pour chacun des treize États membres, harmonisant ainsi la protection des
brevets, des marques et des dessins et modèles industriels dans la région.

Cependant, Madagascar a dénoncé cet Accord le 31 janvier 1974, avec prise d’effet le 31
décembre 1976, créant ainsi un vide juridique et administratif en matière de propriété
industrielle. Cette situation a posé des défis significatifs, car les dispositions de l’article 12.1
de la Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle du 20 mars 1883, à
laquelle Madagascar avait adhéré en 1963, stipulent que chaque pays de l’Union doit établir
un service spécial de la propriété industrielle et un dépôt central pour la communication au
public des brevets d’invention, des modèles d’utilité, des dessins ou modèles industriels et
des marques de fabrique ou de commerce. L'absence de telles structures a donc laissé
Madagascar sans cadre efficace pour la gestion de la propriété industrielle.

Pour combler ce vide, plusieurs projets de textes législatifs ont été élaborés par les
départements ministériels concernés. Ces efforts ont abouti à la promulgation de
l’ordonnance n° 89-019 du 31 juillet 1989, qui instituait un nouveau régime pour la

105 CHEMTOB et GALLOCHAT, La brevetabilité des innovations biotechnologiques appliquées à l’homme,


édition techniques et documentaires, 2000, p. 107.

66
protection de la propriété industrielle à Madagascar. Cette ordonnance représentait une étape
cruciale pour restaurer un cadre juridique approprié et aligner la législation nationale sur les
normes internationales en matière de propriété industrielle.

Suite à cette ordonnance, le décret n° 92-993 du 2 décembre 1992 a été adopté pour en
préciser les modalités d’application. Le même jour, le décret n° 92-994 a été promulgué pour
créer et organiser l’Office Malgache de la Propriété Industrielle (OMAPI). L’OMAPI était
chargé de gérer les dépôts et l’enregistrement des brevets, des marques et des dessins et
modèles industriels, jouant ainsi un rôle central dans la protection et la promotion de la
propriété industrielle à Madagascar. Cet office a contribué à structurer et à dynamiser le
secteur, offrant aux inventeurs et aux entreprises un cadre juridique clair et efficace. La
création de l’OMAPI et la mise en place de nouvelles législations ont permis à Madagascar
de combler le vide juridique laissé par la dénonciation de l’Accord de Libreville. Ces mesures
ont non seulement renforcé la protection de la propriété industrielle dans le pays mais ont
également aligné Madagascar sur les exigences internationales, stimulant ainsi l’innovation et
la compétitivité économique106.

L’OMAPI est un Office public de brevet placé sous-tutelle de ministère de l’industrie et du


ministère de Finance et du Budget, dirigé et représenté par un directeur général, assisté d’un
Conseil d’Administration. Il est doté de la personnalité publique et de l’autonomie financière.

On peut résumer ses missions107 en trois points essentiels :centraliser et diffuser toutes
informations nécessaires pour la protection des innovations et pour l’enregistrement des
entreprises, ainsi que d’engager toute action de sensibilisation et de forme dans ces
domaines ; d’appliquer les lois et règlements en matière de propriété industrielle, de registre
du commerce et des sociétés, et de répertoire des métiers ; à cet effet, l’organisme pourvoit
notamment à la réception des dépôts de demandes des titres de propriété industrielle ou
annexes à la propriété industrielle, à leur examen et à leur délivrance ou enregistrement et à la
surveillance de leur maintien : il centralise le registre du commerce et des sociétés, le
répertoire des métiers, et les bulletins officiels des annexes civils et commerciaux : il assure
la diffusion des informations techniques, commerciales et financières contenues dans les
titres de propriété industrielle et instrument centralisé de publicité légale et de prendre toute
initiative en vue d’une adaptation permanente du droit national et international aux besoins
106 http://www.omapi.mg/presentation_omapi.html#:~:text=Op%C3%A9rationnel%20depuis%20le%201er
%20avril,National%20de%20la%20Propri%C3%A9t%C3%A9%20Industrielle%20(
107 Décret 92-994 du 2 décembre 1992 portant création et organisation de l’Office Malgache de la Propriété
Intellectuelle.

67
des innovateurs ou les inventeurs et des entreprises : à ce titre, il propose au ministre chargé
de la propriété industrielle108 toute réforme qu’il estime utile en ces matières : il participe à
l’élaboration des accords internationaux ainsi qu’à la représentation de Madagascar dans les
organisations internationales compétentes.

§2. La structure de l’OMAPI

Selon l’article 7 de l’ordonnance 89-019, les organes de l'Office sont les suivants :

- le Conseil d'Administration,

- la Direction Générale.

Aux termes de l’article 8 de l’ordonnance 89-019, le Conseil d'Administration est l'organe


d'administration de l'Office. Il est notamment chargé : d'adopter le programme d'activités de
l'Office et d'en assurer son application après vérification par l'autorité chargée de la tutelle
technique de sa conformité avec la politique sectorielle du département; d'arrêter : le
règlement général du personnel de l'Office suivant les dispositions du Code du Travail,
l'organigramme et le règlement intérieur de l'Office et les indemnités à allouer aux membres
du Conseil d'Administration; de procéder, sur proposition du Directeur Général, aux
nominations des cadres dirigeants de l'Office; de voter le budget de l'Office; de statuer sur :
tout projet de constructions et d'achat d'immeubles, les programmes d'équipements de
l'Office, tout emprunt contracté par l'Office, toute aliénation des biens propres mobiliers et
immobiliers de l'Office ainsi que toute hypothèque ou tout nantissement sur ses biens.
D’examiner et d'approuver les comptes financiers et le bilan en fin d'exercice; de décider de
la participation de l'Office dans d'autres sociétés; Le Conseil d'Administration peut déléguer
au Directeur Général de l'Office tout ou partie de ses pouvoirs.

Le Conseil d'Administration est composé des membres suivants: un représentant du


Ministère chargé de l'Industrie, un représentant du Ministère chargé des Finances, un
représentant du Ministère chargé du Commerce, un représentant du Ministère chargé de la
Recherche Scientifique, un représentant du Ministère chargé de la Justice, trois représentants
des opérateurs économiques.

Le représentant du Ministère chargé de l'Industrie assure la présidence du Conseil


d'Administration. Les membres du Conseil d'Administration sont nommés par arrêtés du

108 COMBALDIEU, L’organisation Administrative de la propriété industrielle en France au cours du XXe siècle,
Mélanges Mathély, éd. Litec, 1990, 121.

68
Ministre chargé de l'Industrie sur proposition des ministères et organismes concernés, pour un
mandat de trois ans renouvelable.

Le Conseil d'Administration se réunit au moins deux fois par an et aussi souvent que les
circonstances l'exigent à la demande, soit du Président, soit de la majorité absolue des
membres, soit du Directeur Général.

Sauf urgence, auquel cas le Président peut procéder par voie de communication tournante,
les décisions du Conseil d'Administration sont prises en séance du Conseil.

Le Conseil d'Administration ne délibère valablement que si la majorité absolue de ses


membres est présente. Ses décisions sont prises à la majorité absolue des membres présents à
la réunion. En cas de partage de voix, celle du Président est prépondérante.

Le Conseil d'Administration ne peut délibérer valablement que sur les questions inscrites à
l'ordre du jour. Dix jours au moins avant la réunion, les dossiers inscrits à l'ordre du jour sont
communiqués à tous les membres du Conseil.

Le Directeur Général assiste à titre consultatif aux séances du Conseil d'Administration. Le


secrétariat du Conseil est assuré par la Direction Générale.

Le Conseil d'Administration peut faire appel à des tierces personnes pour participer à ses
réunions dans le cadre de travaux particuliers. Toutefois, ces dernières n'ont qu'un rôle
consultatif et ne participent pas aux délibérations.

L'Office est dirigé et géré par un Directeur Général nommé par décret pris en Conseil des
Ministres sur proposition du Ministre chargé de l'Industrie.

D'une manière générale, le Directeur Général est chargé de réaliser les objectifs de l'Office
en conformité avec les directives du Conseil d'Administration. À ce titre, il est notamment
chargé : de réaliser le programme d'activités et d'exécuter les décisions du Conseil
d'Administration; de représenter l'Office en justice et vis-à-vis des tiers; d'organiser les
services de l'Office et d'en définir les tâches ; de préparer et d'exécuter le budget de l'Office ;
de dresser les comptes financiers ainsi que le rapport d'exécution technique du programme
d'activités en fin d'exercice et de passer et d'établir les marchés, les conventions et les contrats
au nom et pour le compte de l'Office.

Le Directeur Général dispose en outre des pouvoirs qui lui sont délégués par le Conseil
d'Administration.

69
L'exercice comptable de l'Office commence le premier janvier et se termine le trente et un
décembre. L'Office dispose d'un budget autonome exécuté par le Directeur Général de
l'Office et dont la gestion est soumise aux règles de la comptabilité commerciale et du Plan
Comptable Général en vigueur.

Un compte de résultat prévisionnel glissant sur trois ans, le compte de résultat prévisionnel
annuel, le compte de trésorerie prévisionnel annuel ainsi que l'état prévisionnel annuel de
recettes et de dépenses sont préparés par le Directeur Général et présentés au Conseil
d'Administration pour approbation.

Le compte de résultat prévisionnel annuel, le compte de trésorerie prévisionnelle annuel ainsi


que l'état prévisionnel annuel de recettes et de dépenses sont communiqués pour visa aux
ministères de tutelle un mois avant l'ouverture de l'exercice pour lequel ils sont établis.

L'acceptation est réputée acquise si ces comptes et états ne sont pas visés à la date du trente
et un décembre de l'année en cours. Les fonds de l'Office sont déposés sur des comptes
bancaires ou postaux. Le Directeur Général est responsable de la gestion de ces comptes.

Les ressources de l'Office comprennent notamment : le produit de toutes les perceptions


autorisées en matière de propriété industrielle, toutes les recettes qui peuvent être perçues par
l'Office en rémunération des services rendus, le produit de la vente des publications, le
revenu des biens et du produit de leur aliénation, les subventions de l'État, des collectivités
publiques et organismes privés, les dotations diverses, en particulier dans le cadre de
conventions et accords, les fonds provenant d'emprunts autorisés, les dividendes relatifs aux
prises de participation de l'Office, toutes autres ressources provenant notamment de dons,
legs, libéralités et fonds de concours et d'une manière générale, toutes recettes ayant trait aux
activités de l'Office.

Les charges de l'Office sont constituées notamment par : les dépenses de fonctionnement et
d'équipement de l'Office, les dépenses entraînées par la participation de Madagascar aux
traités internationaux de propriété industrielle, le remboursement des emprunts, et d'une
manière générale, toutes dépenses ayant trait aux activités de l'Office.

Les prestations fournies par l'Office sont rémunérées selon des tarifs qui figurent dans un
répertoire général établi par le Directeur Général et approuvé par le Conseil d'Administration.
À défaut de tarifs, les redevances sont fixées aux coûts réels et totaux de production

70
considérant l'ensemble des frais généraux effectués, et majorés d'une marge bénéficiaire
jugée adéquate au vu de la position concurrentielle de l'Office.

Les prestations revêtant un caractère ou une importance exceptionnelle et qui n’est pas
prévue au répertoire général donneront lieu à l'établissement de contrats, marchés ou
conventions, conclus entre l'Office et les bénéficiaires de ces prestations.

L'Office est soumis au contrôle de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême.


Indépendamment des contrôles et audits internes que le Directeur Général peut faire effectuer
pour son compte, les comptes de l'Office sont soumis à un audit annuel effectué par un
cabinet d'expertise comptable indépendant désigné par le Conseil d'Administration. Le
rapport d'audit est communiqué aux autorités de tutelle technique et financière, pour visa et
approbation. Les dispositions du présent article ne font pas obstacle au contrôle de
l'Inspection Générale de l'État ou à tout contrôle que le Conseil d'Administration ou l'autorité
de tutelle financière estime devoir faire effectuer, à tout moment, sur la gestion financière de
l'Office.

Dans le semestre qui suit la clôture de chaque exercice, le Directeur Général de l'Office
présent au Conseil d'Administration pour approbation : le rapport d'exécution technique du
programme d'activités; les comptes financiers et le rapport d'audit.

L'approbation du Conseil d'Administration ne vaut quitus que si le rapport d'audit a été visé
sans objection par les autorités de tutelle technique et financière.

§3. La procédure de brevetabilité

Pour protéger une invention ainsi que pour protéger l’inventeur, l’inventeur doit suivre
certaines conditions de brevetabilité tant au niveau interne qu’international. Chaque pays a
ces Offices compétents à la matière. Pour Madagascar, l’OMAPI est compétent pour recevoir
les demandes de protection ainsi que la procédure de brevetabilité.

Les résultats de la recherche peuvent être protégés soit par le brevet d'invention, soit par le
secret. La personne qui a réalisé une invention peut, en effet, se poser la question de savoir si
elle doit déposer un brevet ou au contraire, s'abstenir de recourir à cette technique pour
conserver son invention secrète. Le droit au brevet appartient à son inventeur. Toute la
procédure de délivrance du brevet ne comporte aucune procédure de vérification de la qualité
du déposant.

71
La demande est déposée par une personne physique, morale ou par plusieurs demandeurs
(codemandeurs). Le brevet peut être délivré à une personne physique ou morale, malgache ou
étrangère. Le système juridique malagasy de délivrance de brevet se calque sur celui du droit
français.

L’obtention du brevet n’est pas automatique. L’inventeur qui souhaite protéger son invention
doit déposer une demande. La demande de brevet est soumise à certaines formalités de dépôt
et l’administration chargée de la délivrance du brevet se voit confier une mission de contrôle
et de collaboration avec le déposant. À Madagascar, parallèlement au principe de «
l’inventeur premier déposant » consacré par les pays occidentaux, le déposant peut se trouver
désigné par contrat ou dans le cadre des relations de travail.

- L’auteur et le lieu de la demande

72
Le dépôt peut être fait personnellement par le demandeur ou par un mandataire ayant
domicile, son siège ou un établissement à Madagascar, dans un État parti de l’Union
européenne ou d’espace économique européenne. Les personnes n’ayant pas leur domicile ou
siège dans l’un de ces Etats doivent constituer un tel mandataire. Celui-ci doit avoir la qualité
de conseil de propriété industrielle, sauf dans des cas prévus aux articles L-422-4 et L- 422-5,
dans ces cas, il doit joindre un pouvoir, un mandataire commun peut représenter une pluralité
de demandeur.

La demande de brevet peut être déposée auprès de l’Office (directement ou par pli postal
recommandé avec demande d’accusé de réception ou par télétransmission, ou auprès de l’un
de ses centres régionaux) ou de l’Office européen des brevets, à Munich s’il s’agit d’une
demande européenne désignant Madagascar déposé par un non-résident ou fondé sur une
priorité malgache.

- La présentation de la demande

La demande de brevet consiste en un dossier devant comporter divers documents soumis à


certaines règles générales109. La demande de brevet comprend une requête en délivrance de
brevet à laquelle sont annexés : une description de l’invention accompagnée éventuellement
par des dessins ; une plusieurs revendications ; un abrégé du contenu technique de
l’invention ; le cas échéant ; une copie des dépôts antérieurs. Les descriptions et
revendications peuvent désormais être rédigées en langues étrangères. En pareil cas, le
déposant est invité à fournir une traduction française dans les deux mois.

Les mentions obligatoires : à l’identification des intervenants : Désignation du ou des


déposants ; désignation de l’inventeur (si le déposant n’est pas l’inventeur ou l’unique
inventeur, la désignation est effectuée dans un document séparé) et désignation du
mandataire, s’il est constitué.

Ensuite, l’identification de l’invention est identifiée par son titre qui doit, le cas échéant,
indiquer l’existence de différentes revendications (produits, procédés, dispositifs ou
utilisation). Et enfin, l’identification du titre demandé le déposant doit indiquer son choix du
titre de protection : brevet (durée : 20 ans), ou certificat d’utilité (durée : 6 ans). Au terme
d’un brevet portant sur un médicament (humain ou végétarien), ayant obtenu l’autorisation de
mise sur le marché, le titulaire peut demander un certificat complémentaire de protection.

109 SCHMITT, Le dépôt de brevet, Propriété industrielle 2005, chr. n° 18.

73
Au terme d’un brevet portant phytopharmaceutique, ayant obtenu l’autorisation de mise sur le
marché, un certificat complémentaire de protection peut être demandé. Le certificat
d’addition, titre rattaché à un brevet ou à un certificat d’utilité et non soumis au paiement des
annuités, a été supprimé par la loi française du 26 novembre 1990. Les certificats demandés
avant l’entrée en vigueur de cette loi restent soumis aux règles applicables à la date de leur
dépôt. Toutefois, l’exercice des droits qui en résultent est régi par les dispositions du Code de
Propriété intellectuelle relatives aux brevets. Les mentions facultatives sont : demande de
réduction du taux des redevances ; dépôts antérieurs dont certains éléments ont été repris ;
justification de l’existence d’un droit de priorité ; justification de la présentation de
l’invention dans une exposition.

- La description

74
Elle réalise la divulgation de l’invention et participe à la délimitation du droit exclusif du
breveté. Dans le cas général, la description comporte l’indication des éléments suivants :
Titre de l’invention ; domaine technique antérieur ; état de la technique antérieure ; exposé de
l’invention ; description des dessins éventuels ; un mode de réalisation de l’invention et
l’indication des applications industrielles de l’invention. Dans le cas particulier de l’invention
impliquant une matière biologique à laquelle le public n’a pas accès et qui ne peut être décrite
de manière suffisante, la description doit être complète par un dépôt auprès d’un organisme
habilité.

La description110 est présentée conformément aux règles matérielles. La description doit


présenter un caractère suffisant, elle est en principe intangible : la description de l’invention
doit être suffisamment claire et complète pour qu’un homme de métier puisse la reproduire.
La méconnaissance de cette règle est sanctionnée par l’annulation du brevet. La description
obligatoirement présentée lors du dépôt est en principe intangible. Elle peut, cependant, sous
certaines conditions, être modifiée ou rectifiée. Une modification de la description est
possible à la suite d’une modification des revendications pendant la procédure
d’établissement du rapport de recherche. Elle suppose une requête du demandeur et une
autorisation de l’organisme.

De plus, il est toujours possible de demander la rectification d’erreurs matérielles. La


rectification suppose : une requête en ce sens avant la date de délivrance du brevet ; le
paiement d’une redevance spéciale et le caractère évident de l’erreur à rectifier.

Enfin, la description peut être modifiée pour remédier aux irrégularités constatées lors de
l’examen de l’Office.

● Les phases de délivrance du brevet

Le brevet est délivré ou refusé au terme d’une procédure administrative comportant trois
étapes : l’examen de la demande, l’établissement du rapport de recherche ; la publication de
la demande.

- L’examen de la demande

L’examen consiste en une vérification administrative de la régularité et du bien-fondé


de la demande de brevet. La délivrance du brevet suivait automatiquement le dépôt de la

110 SCHMITT, Le dépôt de brevet, Propriété industrielle 2005, chr. n° 18.

75
demande. Pendant l’examen de la demande, l’administration et le déposant peuvent prendre
des initiatives en cours de procédure.

La demande du dépôt est attribuée à la date de la remise des pièces suivantes : une
déclaration selon laquelle un brevet est demandé ; une information permettant d’identifier ou
de communiquer avec le demandeur et une description de l’invention, même si elle n’est pas
conforme aux dispositions légales, ou un renvoi à une demande antérieure.

Le déposant peut compléter sa demande dans le délai de 2 mois à l’invitation de l’Office, à


défaut, la demande est déclarée irrecevable. Une revendication du droit de priorité est
irrecevable si les documents justificatifs ne sont pas déposés avant l’expiration du 16è mois
suivant la date de priorité la plus ancienne revendiquée. Dans un délai de 5 mois à compter du
dépôt, le ministre chargé de la Défense peut examiner les demandes de brevet au siège de
l’Office. Pendant cette période, la demande est mise au secret, la procédure d’établissement
du rapport de recherche ne peut être engagée ; l’invention ne peut être exploitée, aucune
copie conforme de la demande n’est délivrée. La violation de ces interdictions est une
infraction pénale sanctionnée par une amende : si elle porte préjudice à la Défense nationale,
une peine d’emprisonnement de 5 ans pourra en outre être prononcée.

La décision de rejet de la demande se manifeste à sanctionner un vice de forme qui peut être
rejetée toute demande qui ne satisfait pas aux conditions prévues par la loi ; l’absence de
désignation de l’inventeur peut être corrigée dans le délai de 16 mois ; l’absence de
traduction française de la description et des revendications peut être corrigée dans un délai de
3 mois ; le non-paiement des redevances peut être corrigé dans le délai d’un mois ;

Si la demande n’a pas été corrigée dans le délai prescrit, notification en est faite au déposant.
Un délai lui est accordé pour contester l’irrégularité ou le défaut du paiement. À l’issue de ce
délai, la demande de brevet est rejetée.

Ensuite, il y a le rejet sanctionnant l’insuffisance de la description ou des revendications :


Sont rejetées : toute demande dont la description ou les revendications ne permettent pas
d’appliquer la procédure d’établissement du rapport de recherche et toute demande dont les
revendications ne se fondent pas sur la description.

La procédure de rejet est prévue par le droit positif. Si la demande de brevet est susceptible
d’être rejetée dans les cas ci-dessus, notification en est faite au déposant avec un délai pour

76
présenter ses observations ou de nouvelles revendications. Le rejet intervient si le déposant
n’a pas présenté d’observation, ou si elles n’ont pas été retenues.

Le rejet sanctionnant le défaut d’une condition de brevetabilité concerne le rejet des brevets
portant sur une invention non brevetable : méthodes de traitement ou de diagnostic, les
inventions contraires à l’ordre public ou aux bonnes mœurs, corps humain, invention
comportant de la matière vivante non brevetable ; rejet dans les cas où l’objet de la demande
ne peut manifestement pas être considéré comme une invention au sens de la loi. Enfin, Rejet
sanctionne certain cas de défaut de nouveauté de l’invention est basé sur l’absence de
nouveauté résultant manifestement du rapport de recherche alors que le déposant ne modifie
pas sa demande après mise en demeure ; et l’absence de réponse du déposant à la citation
d’antériorité du rapport de recherche ou refus injustifié de fournir à l’Office les informations
sur l’état de la technique connue du déposant.

● les initiatives du déposant

Les initiatives du déposant consistent soit à affecter le contenu de la demande, soit à exercer
un recours contre une décision de l’Administration. Le déposant peut, à tout moment, retirer
la demande de brevet, jusqu’au paiement de la redevance de délivrance et impression. Le
retrait doit être opéré par une déclaration écrite comportant l’accord de tous les titulaires de la
demande, ainsi que les titulaires de droit réel, de gage, ou de licence inscrits au Registre
national des brevets si le retrait intervient après la publication de la demande, il est inscrit
d’office au Registre national des brevets. Un exemplaire de la demande est conservé par
l’Office. La transformation est un acte émanant du déposant ou de l’Administration et visant
à modifier la nature du titre demandé. Elle peut concerner une demande de brevet à
l’exclusion des demandes de certificat d’utilité. Le titulaire d’une demande de brevet peut, à
tout moment, pendant le délai de 18 mois du dépôt ou de la date de priorité, requérir sa
transformation en demande de certificat d’utilité. La modification de la demande, sous
certaines conditions, le déposant peut modifier la description et les revendications.

Le recours est ouvert en cas de dépassement d’un délai ayant entrainé le rejet de la demande
de brevet ou d’une requête, la déchéance de la demande de brevet ou du brevet ou la perte de
tout autre droit. En cas de dépassement du délai de priorité internationale, la demande de
brevet français doit être déposée dans les 2 mois à compter de l’expiration du délai de priorité
et le recours doit être présenté devant le Directeur Général de l’office dans ce délai. Il n’est

77
pas recevable après l’achèvement des préparatifs techniques de publication de la demande de
brevet. Le recours doit être motivé par l’existence d’une « excuse légitime » (Ex : faute du
mandataire ou maladie du déposant), ayant empêché le demandeur de respecter le délai
prévu.

Il doit être introduit devant le Directeur Général de l’office dans les 2 mois suivants la
cessation de l’empêchement. L’acte non accompli doit l’être dans ce délai. Le recours n’est
recevable que dans le délai d’un an (1 an) à compter de l’expiration du délai non observé. Le
succès du recours a pour effet la restauration du demandeur dans les droits perdus par suite de
l’inobservation du délai. La procédure de délivrance reprend en tenant compte de la
restauration.

Un recours peut-être exercé contre toute décision du Directeur Général de l’office,


préjudiciant à un droit ou rejetant une demande. Le recours est intenté directement devant la
Cour d’appel du lieu du domicile du requérant, territorialement compétente dans le délai d’1
mois à compter de la date de la réception de la notification au demandeur de la décision
contestée. L’arrêt de la Cour d’appel est notifié au demandeur et à l’office. Il doit être exécuté
dans les 2 mois. Il est susceptible d’un pourvoi en cassation.

● La procédure d’établissement du rapport de recherche

Le rapport de recherche est une liste d’informations connues. L’avis documentaire établi par
l’office et consistant dans une comparaison entre les antériorités découvertes et les
revendications de la demande de brevet a été remplacé par « un rapport de recherche »
consistant dans une liste objective d’antériorité pouvant affecter la nouveauté et l’activité
inventive non assortie de commentaire de l’office.

L’avis documentaire peut être toutefois établi à tout moment à la demande de toutes
personnes intéressées.

- Le déclenchement de la procédure et son déroulement

Seules, les demandes de brevet, à l’exclusion de demande de certificat d’utilité, sont soumises
à la procédure de recherche. Toute demande de brevet y est soumise automatiquement. Le
dépassement ne peut échapper à cette procédure qu’en transformant sa demande de brevet en
demande de certificat d’utilité.

78
Un rapport de recherche préliminaire est le résultat de la recherche documentaire effectuée à
la demande de l’office par la Division de la recherche de l’Office européen des brevets. Dans
le cas où d’autres demandes de brevet portant sur la même invention ont été déposées,
l’office peut inviter le demandeur à lui communiquer les informations dont il dispose sur
l’état de la technique. L’absence injustifiée de réponse est sanctionnée par le rejet de la
demande de brevet. Il est établi sur la base des dernières revendications déposées avant la
date de déclenchement de la procédure en tenant compte de la description et le cas échéant
des dessins. Un rapport complémentaire peut être ordonné en cas de modification des
revendications. Il est notifié au déposant qui doit, si les antériorités sont citées, déposer des
nouvelles revendications ou présenter des observations, sous peine de rejet de la demande.

● Les enjeux de la procédure

Il est mis fin à la procédure de recherche de manière anticipée, en cas de retrait de la


demande de brevet, ou de transformation de celle-ci en demande de certificat d’utilité.
Lorsqu’il est établi, le rapport préliminaire est publié avec la demande de brevet. Dans les 3
mois, les tiers et les demandeurs peuvent présenter des observations. À l’expiration des délais
d’observation ou de réponse, le rapport est établi sous forme d’une liste des antériorités en
vue du rapport préliminaire, en tenant compte des revendications déposées en dernier lieu,
des observations du déposant et des tiers.

Le rapport de recherche n’a pas d’effets juridiques :

- À l’égard de l’Administration : l’Office est tenu de délivrer le titre, quel que soit le
contenu du rapport. La demande ne peut être rejetée que dans les conditions de
« défaut manifeste de brevetabilité » non suivi d’une modification des
revendications.

- À l’égard du juge saisi d’une action en annulation, il est libre d’en apprécier le bien-
fondé, quel que soit le contenu du rapport de recherche ou d’avis documentaires. Le
rapport a un effet documentaire : le demandeur et les tiers disposent ainsi d’une
information sur la validité probable du titre.

● La publication de la demande du brevet et la délivrance du brevet

79
Le titre comporte aussi certains éléments d’identification de l’instruction (date de dépôt de la
demande, de sa publication, mention des priorités revendiquées, mention de ce que le titre
résulte d’une décision et que lors du dépôt, la description et les revendications étaient
rédigées en langue étrangère). Le titre mentionne, enfin, la date de décision de délivrance et
celle de sa publication, les indications relatives à la date de dépôt de la demande, à la date de
la publication de celle-ci, à la date de la décision de délivrance et à celle de la publication de
la délivrance du brevet ainsi que, le cas échéant, les mentions concernant les priorités
revendiquées, le fait qu’il résulte d’une division, ou qu’au moment du dépôt la description ou
les revendications étaient rédigées dans une langue étrangère. Le texte du brevet se trouve
protégé par le droit d’auteur.

La décision de la délivrance est notifiée au déposant ou à son cessionnaire accompagné d’un


exemplaire certifié conforme du brevet.

- La publication de la demande de brevet

La publication consiste dans la mise à la disposition du public du dossier de la demande de


brevet. La publication concerne toutes les demandes de brevet ou certificat d’utilité, à
l’exception de celles qui auraient été retirées ou rejetées avant l’expiration du délai ; demande
de brevet européen pour la France. Elle concerne aussi les certificats complémentaires de
protection en matière de médicament ou produits phytosanitaires.

Sont aussi publiés les actes de procédure de dépôt. La publication intervient à l’expiration
d’un délai de 18 mois à compter de la demande française ou de la date de priorité. Le
déposant peut, à tout moment, requérir une publication anticipée. À partir de la date de mise à
la disposition du public mentionnée au bulletin officiel de la propriété industrielle, toute
personne peut prendre connaissance du dossier et en obtenir la reproduction.

Sont exclues de la communication ; les pièces comportant des données à caractères


personnels ou de secret d’affaires, ou celles écartées par le Directeur Général de l’Office.

Pendant trois mois après la date de publication de la demande, les tiers peuvent présenter les
observations. Celles-ci sont notifiées au déposant qui peut, dans un délai de trois : déposer
par écrit ses observations en réponse ; déposer une nouvelle rédaction des revendications. À
compter de la date de la publication, le déposant peut engager une action en contrefaçon, sans
avoir à notifier au prétendu contrefacteur une copie certifiée de la demande.

80
La publication consiste à mettre à disposition du public, le dossier de demande de brevet.
Entre le dépôt de la demande et la publication, il s’écoule 18 mois. Après ces 18 mois,
publication dans le bulletin officiel de la propriété intellectuelle. Une fois qu’il est publié
s’ouvre un délai de 3 mois où toute personne peut faire des observations. Le demandeur a 3
mois pour répondre s’il veut répondre.

À la fin de ces délais, on a la délivrance du brevet qui sera publié dans le journal officiel. Une
fois que l’on est propriétaire du brevet, les actes d’exploitation du brevet sont interdits aux
tiers. S’il fait de la contrefaçon, c’est le titulaire du brevet qui va intenter une action en justice
au tribunal de grande instance. Cette action ne peut être faite que lorsque le droit a été
accordé. L’auteur devra prouver qu’il y a une forte ressemblance entre son invention et
l’objet qui est contrefait.

- La délivrance du brevet en droit malagasy

La délivrance consiste dans l’attribution au demandeur d’un droit du breveté 111. Si la


demande est conforme aux prescriptions légales, le titre de propriété industrielle est délivré
par décision du Directeur Général de l’office. La délivrance n’a pas lieu si : le demandeur n’a
pas acquitté la redevance de délivrance et l’impression du fascicule du brevet. La demande de
brevet est alors rejetée, le demandeur a été déchu de ses droits pour non-paiement des
annuités.

La décision de délivrance est notifiée au demandeur ou à son cessionnaire, qui reçoit un


exemplaire certifié conforme du brevet. Mention de la délivrance est publiée au Bulletin
officiel de la propriété industrielle. La délivrance donne droit du brevet son contenu définitif,
ce droit prend toutefois effet à compter de la date de la demande. Le titre délivré est présumé
valable, le droit du breveté peut cependant être rétroactivement anéanti à l’issue d’une action

111 Article 30 de la loi 2017-049 : 1° Sous réserve de la législation en vigueur, le brevet confère à son titulaire
le droit d’interdire aux tiers les actes suivants :
a. Lorsque le brevet a été accordé pour un produit : de fabriquer, d’importer, d’offrir en vente, de vendre et
d’utiliser le produit ; de détenir ce produit aux fins de l’offrir en vente, de le vendre ou de l’utiliser ;
b. Lorsque le brevet a été accordé pour un procédé : d’employer le procédé ; d’accomplir les actes
mentionnés ci-dessus par rapport au produit tel qu’il résulte directement de l’emploi du procédé.
2° En cas de copropriété de brevet ou de la demande de brevet, chacun des copropriétaires peut exploiter
l’invention à son profit, sous réserve d’indemniser équitablement les autres propriétaires qui n’exploitent pas
personnellement l’invention ou qui n’ont pas concédé de licences d’exploitation. A défaut d’accord amiable,
cette indemnité est fixée par le Tribunal.
3° Sous réserve des articles 31, 37 et 38, le titulaire du brevet a le droit d’intenter une action contre quiconque
porte atteinte au brevet en accomplissant, sans son accord, l’un des actes mentionnée à l’alinéa 1 ou accomplit
des actes qui rendent vraisemblable qu’une atteinte sera commise.

81
en annulation intentée devant le Tribunal compétent. Le brevet, au sens large du titre de
propriété industrielle, a pour effet de réserver l’invention au profit de son titulaire. Celui-ci
peut, d’autre part, tirer profit de son droit en commercialisant l’invention brevetée. Le brevet
reconnaît l’invention d’un inventeur. Le premier à avoir déposé une demande de brevet sur
une invention en devient le titulaire. Si l’invention est déposée au nom d’une entreprise, le
nom de l’inventeur figure sur le brevet.

Le brevet donne à son titulaire un monopole d’exploitation. Il permet de rentabiliser ses


recherches. Ce monopole peut être de 20 ans si le titulaire paie une taxe annuelle. Il peut
même dépasser 20 ans pour les produits pharmaceutiques plus longs à commercialiser.
Ensuite le brevet tombe dans le domaine public.

Lorsque le brevet est publié, il protège l’intérêt du déposant en lui reconnaissant la propriété
de l’invention, à partir de sa date de dépôt. La contrepartie est la divulgation de l’information
dix-huit mois après la date de dépôt. Or, faire connaître les inventions entraîne une réaction
en chaîne de nouvelles techniques, ce qui pour la société est d’un intérêt évident.
L’alternative qui se pose aux inventeurs est « brevet ou secret ».Certaines entreprises font le
choix du secret (Coca-Cola entre autres pour « son »fameux et mystérieux composant). C’est
un choix stratégique risqué : si un secret de fabrication non breveté est découvert, il pourra
être exploité par tous.

Le brevet a une valeur pour l’entreprise. Il est monnayable en lui-même et les entreprises
dynamiques savent mener une politique d’achat, de vente ou de cession de licence de leurs
brevets. Il appartient au patrimoine de son propriétaire. Lorsque celui-ci est une entreprise,
c’est le cas le plus fréquent, le brevet figure dans les actifs du bilan comptable.

Le brevet peut appartenir à une personne physique ou une personne morale de droit privé ou
du droit public. Le propriétaire du brevet peut-être : soit le déposant de la demande de
brevet ; soit un ayant cause de celui-ci à savoir : un cessionnaire, héritier, autorité publique
ayant exproprié le titulaire ; soit la personne ayant gagné une action en revendication de la
propriété du brevet.

Cette action est ouverte dans 2 cas : lorsque l’invention a été soustraite à l’inventeur et
lorsque le brevet a été demandé en violation d’une obligation légale ou conventionnelle.

Le droit de brevet peut avoir plusieurs sujets qui sont copropriétaire du titre. La copropriété
peut être résultante du dépôt en commun de la demande de brevet ; résultat de cession

82
partielle du brevet ; résultant d’une indivision forcée en cas d’une indivision successorale par
exemple, ou résultant d’une décision judiciaire à l’issue d’une action en revendication. Le
contenu des prérogatives du breveté sont: les actes d’exploitation112 interdits aux tiers se
manifestent par :l’interdiction sans exigences d’élément intentionnel : Sont considérés
comme contrefaits les actes lorsqu’ils sont accomplis par un fabricant : les actes matériels de
fabrication des produits brevetés ; les actes matériels d’utilisation des procédés brevetés ; les
actes suivant la fabrication elle-même. Certains actes ne sont contrefaisants que si
l’exploitant a agi en connaissance de cause, c’est-à-dire connaissant l’existence du brevet et
la violation qu’il réalisait.

Ces sont la mise en commerce, utilisation, détention en vue de l’utilisation ou de la mise


dans le commerce, lorsque ces actes sont réalisés par un autre que le fabricant du produit
breveté. Puis « fourniture des moyens » c’est-à-dire la livraison ou l’offre de livraison des
moyens indispensables à la mise en œuvre de l’invention. L’action en contrefaçon permet au
breveté d’obtenir la sanction des actes d’exploitation non autorisés par le titulaire du brevet.
Un concurrent du breveté peut écarter le risque de poursuite en utilisant l’action en
déclaration de non-contrefaçon.

Le droit d’agir appartient principalement au breveté, qui peut ainsi assurer la protection de
son droit exclusif sur l’invention. Le titulaire du brevet peut agir après la publication ou
notification de celle-ci au défendeur. En cas de copropriété, chacun des copropriétaires peut
exercer l’action à son profit, à condition de notifier l’assignation aux autres. Le cessionnaire
du brevet ne peut agir en contrefaçon qu’à partir de la date d’inscription de la cession au
Registre national du brevet. L’action en contrefaçon n’est recevable que pour sanctionner la
violation d’un droit exclusif opposable aux tiers.

Section III. LE DROIT AU BREVET

112 AZEMA J. et GALLOUX, J.-C., Droit de la propriété industrielle, coll « Précis », Dalloz, 6è éd. 2006.

83
Le législateur a entendu souligner que le droit au titre découle du droit à l’invention. Il ajoute
toutefois, une présomption indispensable en pratique pour simplifier la tâche de
l’Administration compétente pour la demande à un titre : dans la procédure devant l’Office
compétent, le demandeur est réputé avoir droit au titre. En outre, si plusieurs personnes ont
réalisé l’invention indépendamment l’une de l’autre, le droit au titre appartient à celle qui
justifie de la date de dépôt la plus ancienne.

Si un titre de propriété industrielle113 a été demandé pour une invention soustraite à


l’inventeur ou à ses ayants cause, ou en violation d’une obligation légale ou conventionnelle,

113 BORIES, Quelques observations sur l’action en revendication de la propriété de brevet, propriété
industrielle 2009, Chr., n° 5.

84
la personne lésée peut revendiquer la propriété de la demande au titre pendant un délai de 3
ans à compter de la publication de la délivrance du titre.

§1. La copropriété

Lorsqu'un brevet est en copropriété, chaque copropriétaire a le droit d'exploiter l'invention


pour son propre bénéfice. Cela signifie qu'ils peuvent produire, utiliser, vendre ou distribuer
l'invention protégée par le brevet sans nécessiter l'autorisation des autres copropriétaires.
Cette liberté d'exploitation individuelle est essentielle pour permettre à chaque copropriétaire
de maximiser les avantages économiques de l'invention. Cependant, pour maintenir un
équilibre équitable entre les copropriétaires, ceux qui exploitent l'invention doivent
indemniser les autres copropriétaires qui ne l'exploitent pas eux-mêmes et qui n'ont pas
accordé de licence d'exploitation à des tiers. Cette indemnisation est destinée à compenser les
pertes potentielles de revenus que les copropriétaires inactifs pourraient subir du fait qu'ils ne
participent pas à l'exploitation commerciale de l'invention.

d'agir en justice pour contrefaçon de manière individuelle. Cela signifie qu'ils peuvent initier
des actions légales contre des tiers qui utilisent l'invention brevetée sans autorisation.
Cependant, pour protéger les intérêts des autres copropriétaires, le copropriétaire qui intente
une action en contrefaçon doit notifier les autres copropriétaires de l'assignation. Cette
notification permet aux autres copropriétaires d'intervenir dans l'action s'ils le souhaitent, ou
de choisir de racheter les droits de l'actionnaire demandeur pour éviter un litige
potentiellement risqué. Cette mesure de notification garantit que tous les copropriétaires sont
informés et peuvent participer aux décisions importantes concernant la protection et
l'exploitation du brevet.

Une licence d’exploitation114 non exclusive peut être concédée par chaque copropriétaire à
son profit : les autres doivent recevoir une indemnisation équitable et peuvent s’opposer à la
concession projetée en achetant la quote-part de celui qui désire accorder la licence. Chaque
copropriétaire peut, à tout moment, céder sa quote-part, mais la loi organise au profit des

114 PEROT-MOREL, La réforme de copropriété des brevets d’invention par la loi du 13 juillet 1978, JCP 1981,
3014.

85
autres un « droit de préemption115 » qu’ils peuvent exercer pendant un délai de trois mois (3
mois) à compter de la notification du profit de cession.

Toutes ces règles peuvent être écartées par des stipulations contraires ; en particulier, les
copropriétaires peuvent y déroger à tout moment par un règlement de copropriété. Les règles
de droit commun relatives aux successions et à l’indivision sont, par ailleurs, inapplicables à
la copropriété116 d’un brevet.

§2. Les inventeurs indépendants et inventeurs conjoints

Si l’invention est l’œuvre d’une pluralité d’inventeurs, deux hypothèses bien distinctes se
présentent : celle des inventeurs conjoints et celle des inventeurs indépendants.

- Le cas des inventeurs conjoints

Il est très fréquent que l’invention soit le fruit d’un travail collectif ; dans ce cas, le droit au
titre sera exercé par les co-inventeurs conformément aux règles de la cotitularité. Cette
situation, si elle se prolonge, conduira au dépôt d’une demande de brevet et, le cas échéant, à
la délivrance d’un brevet (puis à son exploitation) conformément aux règles de la copropriété.

- Le cas des inventeurs indépendants117

L’alinéa 2 de l’article L. 611-6 du Code de propriété intellectuelle français énonce à ce sujet


que « Si plusieurs personnes ont réalisé l'invention indépendamment l'une de l'autre, le droit
au titre de propriété industrielle appartient à celle qui justifie de la date de dépôt la plus
ancienne ». Par conséquent, si deux personnes (ou plus) ont obtenu le même résultat
brevetable (sans un travail concerté des deux inventeurs, contrairement à l’hypothèse
précédente), chacun des deux a droit au titre. Cependant, puisqu’il n’est pas concevable de
délivrer deux brevets pour la même invention, il ne pourra être fait droit qu’à une seule des
deux demandes.

Dans notre système, la prime sera donnée au premier déposant (first to file), tandis que dans
certains pays, on préfèrera reconnaître le droit au titre au premier inventeur (first to invent).
À cet égard, la loi américaine du 16 septembre 2011 rompt avec le système du first to invent
pour adopter la solution du first to file.

115 CHAVEAU, La copropriété des inventions brevetée en droit français, Thèse Paris II, 1984.
116 PEROT-MOREL et PIATTI, Copropriété des brevets d’invention, J.-Cl brevets, Fasc. 4500, 2003.
117 Op.cit

86
Le droit positif introduit au profit d’une titulaire d’une invention une action en revendication :
« Si un titre de propriété industrielle a été demandé soit pour une invention soustraite à
l'inventeur ou à ses ayants cause, soit en violation d'une obligation légale ou conventionnelle,
la personne lésée peut revendiquer la propriété de la demande ou du titre délivré ».

L'action en revendication se prescrit par trois ans à compter de la publication de la délivrance


du titre de propriété industrielle.

Toutefois, en cas de mauvaise foi au moment de la délivrance ou de l'acquisition du titre, le


délai de prescription est de trois ans à compter de l'expiration du titre.

Par ailleurs, le droit au titre de brevet étant de nature patrimoniale, il peut faire l’objet d’un
transfert. Ce transfert peut même intervenir avant que l’invention ne soit obtenue, ce qui est
la traduction de la règle posée à l’article 1130 al. 1 du Code civil français selon laquelle : «
Les choses futures peuvent être l'objet d'une obligation ».

§3. Les inventeurs salariés

Particularité des inventions d’employés : À Madagascar, c’est le Code du travail qui règle la
relation entre employeur et salarié, tandis qu’en France, c’est le Code de la propriété
intellectuelle qui règle le problème. Il s’applique aux salariés publics et privés. Seront
distingués deux types d’inventions : inventions de mission et les autres inventions.

Les inventions de mission sont faites par le salarié dans le cadre de l’exécution de son
contrat de travail. Dans celui-ci, il y a une clause d’invention. Ces inventions appartiennent à
l’employeur. La rémunération dépend du contrat. Parfois il y aura une rémunération
complémentaire. En théorie, les autres inventions appartiennent à l’inventeur sauf si
l’invention est faite pendant les heures et/ou avec le matériel, la technique de l’entreprise.
L’invention sera la propriété de l’employeur. Le salarié, dès lors qu’il a créé une invention
doit avertir son employeur. C’est lui qui pourra décider e la classification de l’invention
(mission ou autre). À partir du moment où il informe l’employeur, celui-ci a deux mois pour
répondre. En cas de silence, ça vaut d’acceptation.

La Commission paritaire de conciliation traite tous les litiges relatifs aux inventions des
salariés. Le recours à cette commission est obligatoire dès que l’une des parties en fait la
demande. La procédure est contradiction c’est-à-dire qu’elle va recevoir les deux partis.
Quand elle aura les deux partis, elle va rédiger un projet de conciliation qu’elle soumet aux
partis dans un délai de six mois selon sa saisie. Une fois qu’elle l’a notifié aux partis, ils ont

87
un mois pour contester le projet devant le tribunal civil. Faute de contestation, le projet est
réputé être accepté. La plupart des inventions sont le fait de salariés, ce qui a posé au
législateur un problème : l’innovation appartient-elle à l’inventeur ou à l’entreprise qui
l’emploie ?

À Madagascar deux cas sont possibles ; dans le premier, il s’agit « d’une invention de
mission » ; le salarié est payé dans le cadre d’une «mission inventive» pour cherche et si
possible pour trouver. L’invention appartient à l’entreprise qui décidera ou non de déposer un
brevet, et en aura alors la jouissance. Toutefois, le nom de l’inventeur sera mentionné sur le
brevet, ce qui est pour lui un stimulant. Il pourra bénéficier d’une rémunération
supplémentaire définie par une convention collective ou un contrat de travail.

Dans le second cas, l’invention est dite « hors mission » : si un chercheur est devenu directeur
commercial, son rôle n’est plus d’inventer et son invention lui appartiendra à condition
qu’elle n’ait pas été faite pendant les heures de travail, qu’elle n’appartienne pas au domaine
précis de l’entreprise et qu’elle n’ait pas utilisé des moyens propres à l’entreprise.

L’invention hors mission non attribuable à la société est difficile à prouver. De toute façon
dans le cas d’une invention hors mission, même si l’employeur se fait attribuer les droits sur
les brevets, le salarié doit obtenir ce qu’on appelle un « juste prix » pour son invention.

Chapitre II. LES ELEMENTS DE LA PROPRIETE INDUSTRIELLE

Peut être protégée à titre de dessin ou modèle l’apparence d’un produit ou d’une partie de
produit. Le dessin industriel est une combinaison de lignes ou de couleurs présentant une
configuration originale ; p. ex., dessin d’un tissu, création d’art graphique, à l’exclusion des
programmes d’ordinateur.

Le modèle industriel est une forme graphique comportant un volume ; p. ex., création de la
joaillerie, de l’art du mobilier, carrosserie d’automobile. Il en est de même des créations
comportant un effet extérieur ayant une physionomie propre et nouvelle ; p. ex., tissage
produisant un aspect velouté particulier.

Section I. LES MARQUES

Les signes distinctifs118 sont des formes ou des dénominations destinées à individualiser des
produits, services, ou établissements commerciaux vis-à-vis de la clientèle.

118BONET G. et Bouvel A., « Distinctivité du signe », JCl. Marques, Fasc. 7090,2007.

88
Les signes distinctifs des produits et services conformes à certaines conditions peuvent être
l’objet d’un droit exclusif d’utilisation. Les signes distinctifs des établissements commerciaux
(nom commercial, enseigne, nom de domaine sur internet), ne sont protégés que contre la
concurrence déloyale. C’est pour cette raison, qu’ils ne constituent pas des droits de propriété
industrielle et qu’ils ne seront pas étudiés dans notre recherche.

Les signes distinctifs119 des produits ou services sont destinés à les différencier les uns des
autres aux yeux de la clientèle. Cette différenciation ne fait pas soit par l’utilisation d’un
signe sensible destiné à indiquer la provenance industrielle ou commerciale: quand il s’agit
des marques de fabrique, de commerce ou de service ; soit par l’utilisation d’une
dénomination géographique destinée à indiquer la provenance géographique quand il s’agit
des appellations d’origine et des indications de provenance.

§1. LES MARQUES DE FABRIQUE, DE COMMERCE OU DE SERVICE


PRÉVUES PAR LES ARTICLES 65 ET SUIVANT DE LA LOI 2017-049

La marque est un signe (mot, image, graphisme) qui sert à distinguer les produits ou services
d’une personne physique ou morale.

Selon l’article 65 de la loi 2017-049, le caractère distinctif d’un signe de nature à constituer
une marque s’apprécie à l’égard des produits ou des services désignés dans la demande
d’enregistrement. Sont considérés comme marques : les dénominations sous toutes ses formes
: les mots, y compris les noms patronymiques pris en eux-mêmes ou sous une forme
distinctive, les dénominations particulières, arbitraires ou de fantaisie, chiffres, devises,
slogans, pseudonymes; les signes figuratifs : la forme caractéristique du produit ou de sa
présentation sous emballages les étiquettes, enveloppes, emblèmes, empreintes, timbres,
cachets, couleurs, dessins, reliefs ; et, en général, tous signes suffisamment distinctifs pour
l’usage auquel on les destine. L'utilisation d'un terme générique à titre de marque ne peut
faire l'objet d'une appropriation particulière. Le recours à un terme générique pour l'attribuer
à un domaine complètement différent est libre à moins qu'il n'en découle une source d'erreur
ou de confusion pour le consommateur local.

● Les conditions de fond

119BERTRAND A., Droit des marques, signes distinctifs, noms de domaine, Dalloz Action, 2005.

89
On obtient la protection d’une marque française lorsque le signe satisfait les conditions de
fond émanant de la directive communautaire. Une procédure d’enregistrement conditionne
l’acquisition du droit sur la marque.

- Le caractère licite de la marque

Pour qu’un signe puisse constituer une marque, il doit être susceptible de représentation
graphique et être apte à distinguer les produits ou services d’une entreprise de ceux d’un
concurrent. Pour être valable, une marque120 doit présenter le caractère licite et distinctif. Et
pour pouvoir être librement utilisée par ses titulaires en outre, être disponible, c’est-à-dire
non appropriée par un tiers. La loi donne une liste exemplaire de signes pouvant constituer
une marque : les signes dénominatifs, les signes sonores et les signes figuratifs. La
jurisprudence a précisé le contenu de ces hypothèses.

Les dénominations (ou marques verbales) constituent 80 % des marques : elles sont
perceptibles à la fois par la vue (elles s’écrivent) et par l’ouïe (elles se prononcent).Toute
dénomination quelconque peut, en principe, être utilisée comme marque.

Le terme choisi n’a pas à être original ni nouveau, dès lors qu’il caractérise suffisamment
l’objet auquel il est appliqué. La marque peut consister dans une dénomination composée de
plusieurs termes. Les termes de fantaisie peut s’agir de termes connus ou inventés, ayant ou
non une signification ; isolés ou composé; ou de formant des slogans ou devises.

Ils peuvent être choisis comme marque, dans la mesure où ils ont un pouvoir d’identification:
à titre d’illustration : lettres SVP pour désigner les services ; N° 5 pour désigner un
parfum ;33 Export pour désigner une bière ; IBM pour désigner une société par les initiales de
sa dénomination sociale.

Un nom121 peut-être déposé tel quel, qu’il s’agisse du nom patronymique du titulaire de la
marque (Lanson pour désigner un vin de Champagne), du nom d’autrui (Killy pour désigner
des articles de sport), d’un pseudonyme (Anne de Solène pour désigner du linge), ou d’un
prénom (Bettina pour des articles textiles). S’il s’agit du nom d’autrui ou déjà approprié par
autrui, il convient d’obtenir son autorisation.

120 PASSA J., Droit de la propriété industrielle, t. 1 : Marques et autres signes distinctifs, Dessins et modèles,
éd.LGDJ, 2006.
121THRIERRY A., « Acquisition du droit sur la marque », JCl. Marques, Fasc. 7200,
2001 ; « Enregistrement de la marque », JCl. Marques, Fasc. 7210, 1994.

90
La loi malagasy n’interdit pas l’utilisation de noms géographiques comme marques
(interdiction fréquente dans les systèmes étrangers). Une telle marque ne doit pas créer de
confusion avec une appellation d’origine ou une indication de provenance ; p. ex. : le nom de
Chicago peut valablement désigner des vêtements ; Mont-Blanc désigner du lait en poudre.

Les signes auditifs (sons, phrases musicales) peuvent constituer une marque (par exemple
l’indicatif d’une émission radio), dès lors qu’ils sont susceptibles de représentation graphique
(portée musicale). Les marques figuratives122 ou emblématiques sont des signes non écrits :
formes planes ou tridimensionnelles. Il peut s’agir de formes planes diverses, figuratives
(coquille de Shell, effigie de Napoléon), ou non (point rouge d’Elf). Elles peuvent être
apposées sur l’objet sous la forme d’étiquettes, vignettes, timbres, empreintes, cachets,
lisières ou liserés. Les couleurs peuvent constituer une marque. Elles peuvent se présenter
comme des combinaisons ou dispositions particulières (par exemple bandes parallèles de
deux teintes juxtaposées), ou une couleur isolée, mais dans une forme ou position déterminée
(bande rouge du champagne Cordon Rouge), ou sous une nuance spéciale (couleur jaune ocre
pour désigner des produits photographiques). Mais la couleur unie ne peut être déposée en
tant que telle comme marque. Un produit ou service peut être signalé par une forme plastique.

La marque123 peut être constituée par une forme plastique particulière, indépendante du
produit ou service qu’elle signale (le tigre d’Esso ; le Bibendum de Michelin). Elle peut aussi
consister dans l’emballage du produit ou son décor (forme de la bouteille de liqueur de
Cointreau).

La disposition juridique autorise le dépôt de la forme caractéristique d’un produit (p. ex. :
forme particulière d’un biscuit ou d’un bonbon) ou caractérisant un service. Une forme
nouvelle et originale ne peut être cependant protégée à titre de marque, qui confère au produit
sa « valeur substantielle » (par exemple une forme d’une robe ou d’un art. de verrerie) : la
forme doit alors être protégée en tant que modèle, ou par le droit d’auteur124.

La liste prévue par la loi n’est pas limitative : d’autres signes peuvent être déposés comme
marque, à condition de pouvoir être représentés de manière graphique (ex. signes olfactifs).
De manière générale, les marques contraires à l’ordre public et aux bonnes mœurs ou dont
122ROUJOU de Boubée I., « Signes illicites ne pouvant constituer des marques valables », JCl. Marques, Fasc.
7115, 2005.
123DELAIRE, Quelques remarques sur l’activité inventive en droit français des brevets d’invention, JCP 1977, 1,
2852.
124POLLUAD-DULIAN (Fréderic), Le droit d’auteur, Economica, coll. « corpus droit privé », 2è éd., 2014, 1760
p ; cité : F. POLLUAD-DULIAN, Le droit d’auteur.

91
l’utilisation est légalement interdite et celles qui « comportent des indications de nature à
tromper le public » sont nulles125.

L’appréciation de ce caractère ne porte pas sur le signe lui-même ni l’objet qu’il désigne,
mais sur son utilisation. Par exemple, a été annulée la marque « Cannabia » désignant des
produits alimentaires ; en revanche, a été jugée valable la marque « Opium », désignant un
parfum. La marque est indépendante de l’objet qu’elle désigne : sa validité ne dépend pas de
l’objet.

La marque portant des indications propres à tromper le public sur la nature, les qualités ou
l’origine du produit ou service est déceptive126. Elle est déceptive dès qu’elle comporte un
risque suffisamment grave de tromperie ; pour certains objets marqués ; il s’apprécie à
l’égard du consommateur d’attention moyenne vis-à-vis des produits et services pour lesquels
la marque est enregistrée.

Les marques suivantes sont jugées comme trompeuses : les marques faisant croire à une
fausse origine géographique du produit : par exemple, Évian fruité pour désigner une boisson
ne comportant pas d’eau minérale d’Évian ; les marques faisant croire à une fausse
composition du produit ou de ses qualités fondamentales.

Des sanctions de nature différente sont prévues : sanction administrative où l’OMAPI peut
refuser l’enregistrement d’une marque trompeuse et une sanction civile lorsqu’une marque
trompeuse enregistrée peut être annulée à l’issue d’une procédure judiciaire intentée par tout
intéressé. Divers textes prohibent l’emploi, à titre de marque, de certains signes déterminés,
notamment : les emblèmes des États membres de l’Union de Paris et ceux des organisations
internationales intergouvernementales (Conv. de Paris de 1883, art. 6 ter) ; les noms
géographiques identifiant des vins ou spiritueux pour désigner des vins ou spiritueux qui
n’ont pas cette origine (ADPIC, art. 23-2) ; l’emblème de la Croix-Rouge et les
dénominations Croix-Rouge et Croix de Genève (Conv. de Genève de 1906) ; l’emblème et
la devise olympiques ; les décorations françaises et étrangères ; la dénomination variétale
d’une obtention végétale et les termes étrangers ne peuvent être employés comme marque par
des personnes morales de droit public ou de droit privé chargées d’une mission de service
public.

125 ROUJOU de Boubée I., « Signes illicites ne pouvant constituer des marques valables », JCl. Marques, Fasc.
7115, 2005.
126 BONNARD H., La contrefaçon de marque, Litec, 2008

92
● Le caractère distinctif de la marque

Le caractère distinctif127 de la marque est son aptitude à distinguer les objets auxquels elle
s’applique. La marque est distinctive lorsqu’elle est indépendante de la désignation ordinaire
de l’objet. Le caractère distinctif ne se confond ni avec la nouveauté ni avec l’originalité : un
signe connu peut être distinctif à l’égard d’un objet donné. Le caractère distinctif d’un signe
s’apprécie à l’égard des produits ou services désignés : le signe doit être « arbitraire » par
rapport à ceux-ci.

Un signe n’est pas distinctif s’il constitue la désignation ordinaire de l’objet ou de ses qualités
essentielles. L’appréciation du caractère distinctif128 doit se faire selon l’impression
d’ensemble que suscite le signe. Un signe constitue la désignation ordinaire de l’objet
lorsqu’il est nécessaire, générique ou usuel.

Un signe est nécessaire ou générique lorsque son emploi est imposé par la nature ou la
fonction de l’objet qu’il désigne.

Le nom de fantaisie par lequel un produit est désigné dans un brevet peut être déposé comme
marque de ce produit, sauf s’il est présenté comme l’appellation nécessaire de ce produit.

La marque n’est pas distinctive 129 lorsqu’elle consiste dans la forme même de l’objet ou son
emballage, si celle-ci est imposée par la nature ou la fonction de l’objet (par exemple la
marque consistant dans la division d’un chocolat en barres) ou lui confère sa valeur
substantielle (par exemple un accessoire de mode). Mais la forme est une marque distinctive
lorsqu’elle est indépendante de l’objet qu’elle désigne (par exemple la forme ovoïde de la
bouteille de Perrier). La Cour de Justice des Communautés européennes 130exige pour les
signes tridimensionnels un « écart significatif » par rapport aux formes habituelles du secteur
considéré.

127PASSA J., Droit de la propriété industrielle, t. 1, Marques et autres signes distinctifs, Dessins et modèles, éd.
LGDJ, 2006.
128AZEMA J. et Galloux J.C., Droit de la propriété industrielle, coll. « Précis », Dalloz, 6e éd., 2006.
129SCORDAMAGLIA V., « Les dessins et modèles communautaires et l’élargissement », Propr. ind. 2004, n° 4,
p. 8.
130PATAU E., « Compétence internationale et contentieux des marques communautaires : entre droit
international privé et droit communautaire »,LPA, 28 oct. 2005, n° 215, p. 6.

93
Le signe est usuel lorsqu’il est généralement et couramment utilisé par le public pour
désigner l’objet (par exemple n’est pas distinctive la marque Americano, devenue d’usage
courant pour désigner certains vermouths).

L’existence d’une marque antérieure ne rend pas nécessairement le signe usuel pour désigner
un objet différent. Le signe n’est pas distinctif, mais descriptif lorsqu’il désigne une
caractéristique du produit ou du service, telle que l’espèce, la qualité, la destination, la valeur,
la provenance géographique, l’époque de production, la nature ou les qualités de l’objet ou du
service auquel il s’applique.

La fonction distinctive de la marque est incompatible avec son caractère descriptif ; sa


fonction publicitaire impose, cependant, une évocation de l’objet. En conséquence, la marque
n’est nulle que si elle est : exclusivement descriptive, elle peut être valable, associée à
d’autres éléments ; directement descriptive; mais la marque est valable si elle décrit l’objet de
manière détournée; essentiellement descriptive, c’est-à-dire si elle décrit la qualité essentielle
du produit ; mais la marque est valable si elle ne correspond à aucune qualité ni composante
du produit.

Le caractère distinctif131 s’acquiert lors de l’appropriation de la marque. Son absence est


sanctionnée par le refus d’enregistrement ou par l’annulation de la marque enregistrée. La
marque initialement distinctive ne perd pas ce caractère si elle devient notoire (par exemple
Bikini, pour désigner un maillot de bain), à condition que le titulaire ait continué à affirmer
son droit exclusif sur le signe.

Un signe non distinctif peut devenir distinctif par l’usage, c’est à- dire par le fait qu’il se soit
imposé dans le commerce comme marque, malgré son caractère descriptif. Cette «
prescription acquisitive » ne peut jouer que si le signe est susceptible de devenir une marque
valable ; c’est-à-dire s’il n’est ni interdit, ni indisponible, ni entièrement nécessaire. Elle ne
peut jouer pour des signes constitués exclusivement par la forme nécessaire du produit.

● Le caractère disponible de la marque

131LANCRENON T., « Balade dans la brume des marques collectives »,Propr. intell. 2004, n° 13, p. 846.

94
Le signe132 choisi comme marque doit être disponible, c’est-à-dire de ne pas avoir été
antérieurement approprié par autrui, soit au titre du droit de la concurrence, soit au titre du
droit d’auteur, soit au titre des droits de la personnalité. Le dépôt d’une marque est
habituellement précédé par une recherche d’antériorités, c’est-à-dire de signes déjà
appropriés.

En général, un signe est rendu indisponible lorsqu’il a déjà été approprié comme marque dans
le même secteur d’activité et pour le même territoire. Exceptionnellement, les signes devenus
des marques notoires sont soustraits à ces conditions.L’appropriation antérieure à titre de
marque peut résulter d’un usage ou d’un dépôt ; celui-ci peut être soit national soit
communautaire. L’indisponibilité porte sur le signe lui-même et ses imitations. Le signe cesse
d’être indisponible si l’usage ou le dépôt ne sont pas conservés par leur titulaire.

La marque obéit au principe de la spécialité : un signe approprié à titre de marque n’est


indisponible que pour désigner les produits ou services figurant dans l’acte de dépôt. Il peut
donc être déposé comme marque de produits ou services différents.

La marque obéit au principe de la territorialité : un signe approprié à Madagascar à titre de


marque est indisponible seulement sur le territoire malgache; approprié à l’étranger, il n’est
pas indisponible à Madagascar.

Une marque est notoire133 (ou de haute renommée), lorsqu’elle est largement connue du grand
public (par exemple IBM ; Elle ; Coca-Cola ; Jeux Olympiques). Ces marques sont prévues
par l’art. 6 bis de la Convention de Paris de 1883 et l’art. 16-2 de l’ADPIC. La notoriété est
prouvée notamment par l’ancienneté de la marque, l’étendue de sa diffusion commerciale et
territoriale, les efforts publicitaires dont elle a fait l’objet. La notoriété est considérée dans le
pays où la marque produit ses effets.

Les marques notoires sont soumises au principe de la spécialité, mais sont protégées plus
largement que les marques ordinaires, en raison du danger d’exploitation parasitaire. La
notoriété peut rendre le signe indisponible même dans un domaine commercial différent (par
exemple la marque Waterman, notoire peut désigner des stylos, ne peut désigner des lames de
rasoir). Une délimitation du domaine est parfois ordonnée en justice (par exemple Mazda,

132PASSA (Jerôme), Traité de droit de la propriété industrielle, Tome 1, Marques et signes distinctifs, dessins
et modèles, LGDJ-Lextenso, 2009,1142 p. Tome 2, Brevets d’invention, protection voisines, LGDJ-Lextenso,
2013, 1059 p.

133ROUBIER, Le droit de la propriété industrielle, Librairie du Recueil Sirey, Tome 2, 1954, p. 85.

95
désignant des lampes, peut désigner des voitures, en précisant Mazda Automobiles). La
reproduction ou l’imitation d’une telle marque pour des produits ou services différents peut
engager la responsabilité civile de son auteur si elle porte préjudice au titulaire de la marque
ou en constitue une exploitation injustifiée (par exemple l’emploi du signe Reynolds
Reynolds constitue une exploitation injustifiée de la marque Reynolds).

Les marques notoires134 échappent au principe de la territorialité. Une marque notoire en


France est indisponible même sans dépôt. Le titulaire d’une marque notoire peut agir en
annulation d’une marque risquant de créer une confusion, dans un délai de5 ans à compter du
dépôt de celle-ci, à moins que le second déposant n’ait été de mauvaise foi (art. 6 bis de la
Convention de Paris de 1883).

Celles-ci ne peuvent être opposées à la marque que s’il existe un risque de confusion dans
l’esprit du public. Pour apprécier le risque de confusion, il faut tenir compte du rayonnement
géographique du signe désignant l’entreprise.

Le nom commercial et l’enseigne ne sont indisponibles à titre de marque que s’ils sont
connus sur tout le territoire national et s’il existe un risque de confusion dans l’esprit du
public. La dénomination constituant un nom commercial antérieur est indisponible en France.
Son titulaire peut donc faire annuler le dépôt postérieur par un tiers à titre de marque, si un
risque de confusion existe (par exemple la marque Maurice Fernand Masson a été annulée en
raison de l’existence d’un nom commercial antérieur : Masson et Cie).

Une enseigne a généralement un faible rayonnement géographique et pour cette raison ne


constitue pas une antériorité à la marque déposée ultérieurement, sauf preuve contraire. Les
noms de domaine sur l’internet sont de nouveaux types d’enseigne à rayonnement mondial,
qui peuvent être opposés à une marque ultérieure. La jurisprudence exige toutefois que le
nom de domaine antérieur soit effectivement exploité.

Le nom géographique malagasy ou étranger constituant une appellation d’origine 135 protégée
au plan national ou communautaire est l’objet d’une appropriation collective au profit de
tous les producteurs de l’aire concernée. Il est donc indisponible comme marque pour
désigner les produits du même secteur économique ; p. ex. la marque Fourme de Bresse a été

134PLAISANT, Critères, objectifs et subjectifs en matière de brevetabilité, Mélanges Roubier, 1961, Tome II,
527.
135 BIENAYME M.-H, « L’appellation d’origine contrôlée », Revue de droit rural1995, n° 236, p. 419.

96
annulée, du fait qu’elle peut susciter la confusion avec les appellations Fourme de
Montbrison et Fourme d’Ambert.

Le caractère collectif de l’appropriation s’oppose également au dépôt de la dénomination


géographique à titre de marque individuelle par l’un des producteurs. La jurisprudence traite
de la même manière les conflits avec une indication géographique protégée. Les
dénominations géographiques136 notoires bénéficient d’une protection plus étendue et peuvent
être opposées aux marques même dans un secteur d’activité différent ; par exemple la marque
Champagne, déposée pour un parfum a été annulée.

Le signe qui constitue une création littéraire et artistique, valablement appropriée par le droit
d’auteur, est indisponible à titre de marque pour tous les produits et services (par exemple le
titre de roman Cheribibi ne peut devenir une marque de pain d’épices). Le titulaire du droit
d’auteur peut autoriser l’utilisation du signe comme marque, par un contrat de cession
remplissant les conditions prévues par la loi.

Certains signes peuvent constituer des attributs de la personnalité : nom patronymique,


pseudonyme, armoiries, image de la personne. Ces signes ne sont pas l’objet d’un droit de
propriété et ne sont donc pas indisponibles en eux-mêmes ; leur utilisation à titre de marque
n’est interdite que si elle porte atteinte à la personnalité de leur titulaire.

L’atteinte aux droits de la personnalité suppose que le titulaire soit visé par l’emploi du signe
et qu’il en éprouve un dommage. Tel sera le cas si la marque emprunte un nom noble ou
célèbre, ou crée un risque de confusion entre le titulaire du droit de la personnalité et le
déposant de la marque. Dans le cas contraire, la marque est valable (par exemple le titulaire
du nom patronymique Alane peut faire annuler la marque Ala désignant des produits
détergents).

L’usage à titre de marque d’un signe protégé comme droit de la personnalité n’est légale que
s’il a été autorisé par son titulaire. La dénomination ou raison sociale d’une personne morale
ou d’une collectivité territoriale est protégée dans des conditions similaires à celle des droits
de la personnalité, mais un risque de confusion est exigé. Le prénom n’est pas un attribut de
la personne et n’est donc pas, en principe, indisponible.

● Les conditions de forme

136DENIS D., Appellation d’origine et indication de provenance, coll. « Connaissance du droit », Dalloz, 1995.

97
Deux sources du droit sur la marque 137 sont concevables : l’usage du signe, ou son dépôt
enregistré. Dans un système mixte, le dépôt est déclaratif : le droit naît du premier usage,
mais n’est opposable aux tiers qu’à condition d’avoir été enregistré. Le rôle acquisitif du droit
est désormais exercé, en principe, par le dépôt ; exceptionnellement, l’acquisition peut
intervenir sans dépôt.

- Principe : acquisition du droit par le dépôt

Le dépôt est l’acte par lequel une personne déclare être en possession d’un signe distinctif
dont elle réclame l’appropriation à titre de marque. L’appropriation suppose l’enregistrement
du dépôt par l’Office. La procédure d’enregistrement d’une marque malgache est déclenchée
par le dépôt d’une demande auprès de l’Office.

Toute personne peut être l’auteur du dépôt 138 d’un signe à titre de marque139 : personne
physique ou morale de droit privé ou de droit public, ayant ou non exploité le signe, apte ou
non à l’exploiter. Il peut s’agir d’un déposant unique ou d’une pluralité de déposants
devenant copropriétaires de la marque. Si l’enregistrement a été demandé en fraude des droits
d’un tiers ou en violation d’une obligation légale ou conventionnelle, la personne habilitée
peut revendiquer sa propriété. L’action en revendication se prescrit par trois ans à compter de
la publication de la demande d’enregistrement, sauf si le déposant était de mauvaise foi. Les
syndicats peuvent déposer leurs marques.

Le dépôt se fait devant le siège de l’Office, ou de l’une de ses succursales de province. Le


dépôt peut résulter de l’envoi d’un pli recommandé avec avis de réception ou d’un message
électronique. Dans ce cas, la date du dépôt est celle de la réception par l’Office.

- Les modalités du dépôt

137AZEMA J. et Galloux J.C., Droit de la propriété industrielle,coll. « Précis », Dalloz, 6e éd., 2006.
138 Art. 69 de la loi 2017-049 : La marque appartient à celui qui, le premier, en a effectué le dépôt auprès de
l’Organisme. Nul ne peut revendiquer le droit exclusif à une marque s’il n’en a valablement effectué le dépôt.
Lorsqu’une marque enregistrée a été utilisée publiquement et d’une manière continue sur le territoire national
pendant trois ans au moins sans avoir donné lieu à aucune action reconnue fondée, la propriété de la marque
ne peut plus être contestée au titulaire de l’enregistrement, du fait de l’usage antérieur par un tiers, à moins
qu’il ne soit établi qu’au moment du dépôt le déposant ne pouvait ignorer l’existence de la marque dudit tiers.
Si un enregistrement a été demandé soit en fraude des droits d’un tiers, soit en violation d’une obligation
légale ou conventionnelle, la personne qui estime avoir un droit sur la marque peut revendiquer sa propriété
en justice. À moins que le déposant ne soit de mauvaise foi, l’action en revendication se prescrit par trois ans à
compter de la date de l’enregistrement de la marque. L’usage d’une marque ne peut être prouvé que par des
écrits, imprimés ou documents contemporains des faits d’usage qu’ils tendent à établir.
139PASSA J., Droit de la propriété industrielle, t. 1, Marques et autres signes distinctifs, Dessins et modèles,
LGDJ, 2006.

98
Le dossier du dépôt doit comporter: la demande d’enregistrement : celle-ci doit identifier le
demandeur ; comporter un modèle de la marque, une énumération des produits ou services
désignés par la marque et une énumération des classes correspondantes et les justifications du
paiement des redevances.

Pour le cas échéant, le déposant doit fournir les documents suivants : la justification du droit
de priorité140, l’identification du dépôt antérieur dont le renouvellement est demandé, le
pouvoir du mandataire et l’élection de domicile pour les déposants n’ayant pas leur domicile
ou leur siège dans le pays de dépôt, la justification du signe ni le caractère distinctif de celui-
ci a été acquis par l’usage, la justification du dépôt national régulier dans son pays et celle de
la réciprocité sous réserve des conventions internationales si le déposant est un étranger ni
domicilié ni établi à Madagascar.

Le dépôt141 qui ne comporte pas au moins un exemplaire de la demande d’enregistrement et la


justification du paiement des taxes est irrecevable. Toutefois, l’irrecevabilité n’est opposable
au déposant qu’après qu’il ait été invité à compléter les mentions manquantes. En cas de
régularisation, la date du dépôt est celle à laquelle les pièces manquantes ont été produites. Le
dossier régulier donne lieu à la rédaction d’un procès-verbal indiquant la date et l’heure du
dépôt. L’un des exemplaires de la demande est remis au déposant.

L’Office examine la régularité de la demande vis-à-vis des conditions de forme et de


certaines conditions de fond prescrites par la loi. L’ordonnance 89-019 a introduit une phase
d’observations des tiers et une procédure d’opposition. L’examen porte sur la régularité
matérielle du dépôt, c’est-à-dire l’observation de toutes les prescriptions légales ou
réglementaires relatives à sa présentation.

L’Office examine les conditions suivantes : le signe 142 peut constituer une marque ; caractère
autorisé du signe déposé ; caractère licite et conforme aux bonnes mœurs et le caractère
distinctif et non trompeur. L’Office ne procède pas à la recherche d’antériorités.

Tout dépôt recevable est publié au BOPI. Pendant le délai de deux mois suivant la
publication, toute personne intéressée peut formuler des observations auprès du directeur

140BORIES, Quelques observations sur l’action en revendication de la propriété de brevet, propriété


industrielle 2009, Chr., n° 5.
141BUSCHE, Le droit de possession personnelle antérieure dans le cadre des brevets allemands et européen,
PIBD 2000, 2, 45.
142LORVELLEC L., « Les nouveaux aspects de la protection internationale des Appellations d’origine contrôlées
», in Mélanges en l’honneur de J.J. BURST,Litec, 1997, p. 311.

99
général de l’Office. Ces observations sont transmises au déposant, mais ne peuvent être une
cause de rejet de la demande d’enregistrement. Cette procédure a été introduite par le droit
positif.

L’opposition peut être formulée dans le délai de deux mois à compter de la publication de la
demande d’enregistrement, auprès du directeur général de l’Office. La faculté de formuler
une opposition est ouverte aux personnes suivantes : le propriétaire d’une marque déposée ou
enregistrée antérieurement ou bénéficiant d’une date de priorité antérieure ; le propriétaire
d’une marque antérieure notoirement connue et le bénéficiaire d’un droit exclusif
d’exploitation (sauf clause contraire du contrat).

L’énumération des personnes concernées implique une prise de position sur les motifs de
l’opposition. Celle-ci ne peut être fondée que sur l’existence d’un droit de marque antérieur.

Malgré l’existence d’une opposition, le déposant peut demander l’enregistrement de sa


marque143cela est indispensable à la protection de la marque à l’étranger. Si l’opposition est
ultérieurement admise, l’enregistrement est rapporté en tout ou en partie.

La procédure est contradictoire. Si l’opposition est reconnue justifiée, la demande


d’enregistrement est rejetée. L’opposition est réputée infondée s’il n’est pas statué dans un
délai de huit mois suivant la publication de la demande d’enregistrement. Toutefois, ce délai
peut être suspendu : lorsque l’opposition est fondée sur une demande d’enregistrement de
marque ; lorsqu’une action en nullité, déchéance ou revendication a été engagée ou sur
demande conjointe des parties (suspension pour six mois au maximum).

La demande d’enregistrement est rejetée par décision motivée du directeur général de


l’Office: si elle ne satisfait pas les conditions de forme : le demandeur qui n’a pas respecté les
délais peut cependant être relevé des déchéances qu’il a pu encourir s’il justifie d’une excuse
légitime ou si le signe144 ne peut être adopté comme marque (le signe ne répond pas à la
définition de la marque ou n’est pas distinctif). Il signe est exclu par la Convention de Paris
et, l’ADPIC, car il est trompeur ou contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs.

Le rejet peut être partiel si ses motifs n’affectent la demande qu’en partie. La décision de
rejet est susceptible de recours devant la Cour d’appel territorialement compétente.

143SCHMIDt-Szalewski J. et Pierre J.-L., Droit de la propriété industrielle, Litec, 4e éd., 2007.


144PASSA J., Droit de la propriété industrielle, t. 1, Marques et autres signes distinctifs, Dessins et modèles,
LGDJ, 2006.

100
L’enregistrement est admis par le directeur de l’Office en cas de régularité du dépôt, ou de
décision judiciaire annulant la décision de rejet.

L’enregistrement consiste dans une inscription au Registre national des marques. Sa date est
celle du dépôt. L’enregistrement est publié au Bulletin officiel de la propriété industrielle
(BOPI). La date de la publication rend le dépôt opposable aux tiers. Un certificat
d’enregistrement est délivré au déposant.

- Exception : acquisition du droit sans dépôt

Les exceptions à la matière se manifestent par les droits acquis proprement dits et les droits
acquis par notoriété.

- Les droits acquis

Les droits français de marque résultant de dépôts145 effectués sous la loi française de 1857
ont été conservés sans formalités particulières après la date d’entrée en vigueur de la loi
française de 1964. L’effet de ces dépôts anciens rétroagit à la date du premier usage antérieur
de la marque.

Les droits de marque146 nés d’un usage commencé sous la loi française de 1857 ont été
maintenus sous la loi de 1964, à condition que l’usager ait déposé ces signes dans un délai de
trois ans à compter de l’entrée en vigueur de la loi. Le dépôt hors de ce délai est considéré
comme premier dépôt : les droits résultant de l’usage sont perdus.

L’effet du dépôt rétroagit à la date du premier usage de la marque, à condition d’avoir été
accompagné d’une déclaration d’usage antérieur. À défaut de dépôt, l’usager perd les
avantages résultant de l’usage.

- Les droits acquis par la notoriété

145 Art. 77 de la loi 2017-049 : L’enregistrement de la marque confère à son titulaire le droit d’interdire aux
tiers les actes suivants : Tout usage commercial de la marque ou d’un signe ou d’un nom commercial qui
ressemble à la marque enregistrée au point d’induire le public en erreur, pour les produits ou les services pour
lesquels la marque est enregistrée ; Tout usage commercial de la marque ou d’un signe ou d’un nom
commercial qui ressemble à la marque enregistrée pour d’autres produits ou services pour lesquels l’usage de
la marque ou du signe pourrait entrainer un risque de confusion dans l’esprit du public ; Tout autre usage de la
marque ou d’un signe ou d’un nom commercial qui ressemble à la marque enregistrée, sans juste motif et dans
des conditions susceptibles de causer un préjudice au titulaire de la marque.
146MARTIN, L’indépendance des brevets nationaux et la Convention de Paris, Gaz. Pal. 1983, 1, doctr. 277.

101
Une marque notoire même non déposée peut intérioriser le dépôt, par un tiers, du même signe
ou d’un signe similaire. L’action en annulation du dépôt pour ce motif se prescrit par 5 ans
(sauf cas de dépôt frauduleux, reprenant l’art. 6 bis de la Convention d’Union de Paris).

Selon les articles 78 et 79 de la loi 2017-049, l’enregistrement de la marque ne confère pas à


son titulaire le droit d’interdire aux tiers l’usage de bonne foi de leur nom, de leur adresse,
d’un pseudonyme, d’un nom géographique, ou d’indications exactes relatives à l’espèce, la
qualité, la quantité, la destination, la valeur, les normes, le lieu, l’origine ou l’époque de
production de leurs produits ou de la prestation de leurs services, pour autant qu’il s’agisse
d’un usage limité à des fins de simple identification ou d’information et qui ne puisse pas
induire le public en erreur sur la provenance des produits ou services.

L’enregistrement de la marque ne confère pas au titulaire le droit d’interdire à un tiers


l’usage de la marque en relation avec les produits qui ont été licitement vendus sous la
marque dans le pays à la condition que ces produits n’aient subi aucun changement.

L’enregistrement de la marque ne confère pas au titulaire le droit d’interdire la publication


d’études spécifiques ou de tests comparatifs de produits ou de services de plusieurs marques
à l’usage du consommateur.

● LES EFFETS DE L’ACQUISITION DE LA PROTECTION

La marque enregistrée est l’objet d’un droit exclusif pour les produits ou services qu’elle
désigne. Ce droit est sanctionné par l’action en contrefaçon de marque. Il peut être l’objet de
contrats.

- Le droit du titulaire de la marque

Les effets de l’acquisition se manifestent par les droits conférés par la loi à l’encontre de son
titulaire.

102
La durée du droit147 : Quand le dépôt est précédé d’un usage de la marque, le droit prend
effet à la date du premier usage du signe à titre de marque. Lorsque le dépôt n’est pas précédé
d’un usage de la marque, le droit prend effet à la date du dépôt.

Ces droits148 prennent effet à la date du premier usage de la marque, à condition d’avoir fait
l’objet d’un dépôt. Cette obligation est sanctionnée par la déchéance des droits nés de l’usage
non confirmé par le dépôt requis.

Le droit est opposable aux tiers à compter de la date du dépôt, sans attendre la publication de
celui-ci. Le droit prend naissance lors du dépôt, mais n’est opposable aux tiers qu’à compter
de la publication de la demande d’enregistrement. Exceptionnellement, le dépôt est opposable
aux tiers (présumé contrefacteur) à qui il a été notifié par le déposant.

La date d’extinction du droit : l’extinction du droit est prévue par la loi comme la durée de
protection. Le droit de marque 149 produit ses effets pendant dix ans à compter de la date du
dépôt. Le droit peut être indéfiniment maintenu en vigueur, par le renouvellement des dépôts
successifs. Le dépôt en renouvellement doit intervenir avant l’expiration du dépôt précédent.

En cas de dépassement du délai motivé par une excuse légitime, le déposant peut demander à
être relevé des déchéances qu’il a pu encourir. Le renouvellement ne peut comporter ni
modification du signe ni extension de la liste des produits ou services désignés. Toute
modification du signe ou extension de la liste des produits ou services désignés doit faire
l’objet d’un nouveau dépôt. Il n’est soumis ni à la procédure d’examen ni à celle
d’opposition.

À tout moment, le titulaire de la marque peut renoncer à son droit. La renonciation peut être
totale ou partielle. Elle ne se présume pas et ne peut résulter que d’une demande écrite de

147 Art. 80 de la loi 2017-049 : La durée de protection d’une marque enregistrée est de dix ans à compter de
la date de dépôt de la demande d’enregistrement. La protection n’est cependant opposable aux tiers qu’à
compter de la date de la délivrance du certificat d’enregistrement.
Le titulaire de la marque peut, dans le délai de douze mois précédant l’expiration de la durée de
l’enregistrement, demander le renouvellement de l’enregistrement de sa marque moyennant le paiement des
taxes prescrites. Toutefois, un délai de grâce de six mois est accordé pour le paiement de la taxe après cette
expiration, moyennant le paiement d’une surtaxe fixée par décret d’application. Le défaut de renouvellement
dans le délai prescrit entraîne automatiquement l’extinction de l’enregistrement de la marque. Au moment du
renouvellement, aucun changement ne peut être apporté ni à la marque, ni à la liste des produits et services
pour lesquels ladite marque avait été enregistrée, sous réserve du droit du titulaire de limiter cette liste.
148MASSON, La transposition en droit interne de l’Accord relatif aux aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce, Gaz. Pal. 22 juillet 1997, PIBD, 1998, 2, 43.
149PASSA (Jerôme), Traité de droit de la propriété industrielle, Tome 1, Marques et signes distinctifs, dessins
et modèles, LGDJ-Lextenso, 2009,1142 p. Tome 2, Brevets d’invention, protection voisines, LGDJ-Lextenso,
2013, 1059 p.

103
radiation du dépôt adressée au directeur général de l’Office, accompagnée de la justification
du paiement de la redevance correspondante.

Selon l’article 81 de la loi 2017-049, celui qui aura laissé tomber sa marque dans le domaine
public ou le langage courant sans avoir pris ses dispositions pour prévenir les abus, tels que la
contrefaçon, l’imitation ou l’usurpation de sa marque, perd ses droits sur ladite marque. Celui
qui, pour des cas de force majeur, n’a pu respecter les délais impartis par la loi pour
accomplir un acte et qui, dès lors, perd un droit quelconque rattaché à une demande
d’enregistrement de la marque ou à une marque enregistrée peut, en fournissant les preuves
de sa défaillance, demander restauration de ce droit. L’examen de la requête est soumis au
paiement préalable d’une taxe avant que l’Organisme ne l’instruise et n’en prenne une
décision.

Le titulaire de la marque peut être déchu de son droit soit par une décision judiciaire soit
automatiquement. La déchéance judiciaire est le déclenchement de l’action en déchéance150

La déchéance du droit sur la marque peut être prononcée par une décision du tribunal de
grande instance compétent, à la demande de toute personne intéressée (p. ex. titulaire d’un
signe distinctif semblable, ou distributeur de produits ou services concurrents), en raison de
l’inexploitation de la marque. En raison de la perpétuité du droit sur la marque, l’action en
déchéance ne se prescrit pas. Elle peut être formée par voie principale ou reconventionnelle.

Le demandeur n’a pas à prouver l’inexploitation de la marque du défendeur : « La preuve de


l’exploitation incombe au propriétaire de la marque dont la déchéance est demandée ». Outre
l’exploitation « sérieuse », le défendeur peut établir de « justes motifs » de la non-
exploitation: quand le défendeur prouve l’exploitation, l’exploitation s’entend d’un « usage
sérieux pour les produits et services visés dans l’enregistrement pendant une période
ininterrompue de cinq ans ».

La loi assimile à un usage sérieux les faits suivants : l’usage fait avec le consentement du
propriétaire de la marque dans les conditions du règlement ; l’usage de la marque sous une
forme modifiée qui n’altère pas le caractère distinctif ; l’apposition de la marque sur des
produits, exclusivement en vue de l’exportation. L’usage sérieux de la marque commencé ou
repris postérieurement à la période de cinq ans ne fait pas obstacle à la déchéance s’il a été

150Alma-Delettre S., « Déchéance du droit sur la marque », Rev. Lamy dr. immat.juin 2005, p. 13.

104
seulement entrepris depuis trois mois après que le propriétaire avait eu connaissance de
l’éventualité de la demande de déchéance.

Lorsque le défendeur prouve un juste motif de l’inexploitation, la jurisprudence retient les


obstacles extérieurs à la personne du défendeur (p. ex. : des difficultés d’exploitation du
produit ou le refus du visa pharmaceutique pour le médicament désigné). Il n’est pas exigé
que l’obstacle présente les caractères de la force majeure. En cas de rejet de l’action, la
marque est maintenue. En cas de succès de l’action, le titulaire déchu perd son droit sur la
marque à compter de l’expiration du délai de cinq ans de la non-exploitation. La marque est
radiée du registre national des marques. Toute personne peut alors utiliser le signe. La
déchéance peut être partielle.

Le propriétaire de la marque est automatiquement déchu de son droit lorsqu’il a laissé


dégénérer la marque, ou toléré certains faits de contrefaçon. Le propriétaire d’une marque
devenue encourt la déchéance de son droit :

- lorsque la désignation usuelle dans le commerce du produit ou du service perd son caractère
distinctif ex : « Frigidaire ».

- lorsque la nature, la qualité ou la provenance géographique est propre à induire en erreur.

Le titulaire perd son droit d’agir en contrefaçon 151 lorsqu’il a toléré pendant cinq ans l’usage
d’une marque postérieure enregistrée de bonne foi. L’irrecevabilité de l’action en contrefaçon
est limitée aux seuls produits ou services pour lesquels l’usage a été toléré.

● Le contenu du droit

L’enregistrement de la marque confère à son titulaire, le droit d’interdire aux tiers les actes
d’usage commercial de la marque au point d’induire le public en erreur, et dans les conditions
susceptibles de causer en préjudice au titulaire de la marque. Par contre, l’enregistrement de
la marque ne confère pas à son titulaire le droit d’interdire aux tiers l’usage de bonne foi. La
loi traite des attributs et des limites du droit du titulaire de la marque.

- Les attributs du droit152

Le principe de spécialité de la marque est énoncé à l’art. L. 713-1 du Code de la propriété


intellectuelle français : « L’enregistrement de la marque confère à son titulaire un droit de
151 BONNARD H., La contrefaçon de marque, éd. Litec, 2008, p. 67.
152BERTRAND A., Droit des marques, signes distinctifs, noms de domaine, Dalloz Action, 2005, p. 107.

105
propriété sur cette marque pour les produits et services qu’il a désignés ». Le droit sur la
marque est un droit mobilier incorporel à caractère réel. En conséquence, le titulaire peut
s’opposer à toute atteinte à son droit, cela qui constitue une contrefaçon engageant la
responsabilité civile de son auteur. Les lois définissent les cas de contrefaçon comme délit
civil. Les articles L. 716-9 et L. 716-10 visent les cas de contrefaçon comme délit pénal.

La reproduction, l’usage, ou l’apposition d’une marque, même avec des mentions telles que «
formule, façon, système, imitation, genre, méthode », ainsi que l’usage d’une marque
reproduite, pour des produits ou services identiques à ceux désignés dans l’enregistrement et
la suppression ou la modification d’une marque régulièrement apposée.

Les atteintes impliquant un risque de confusion avec la marque sont la reproduction, l’usage,
ou l’apposition d’une marque, ainsi que l’usage d’une marque reproduite pour des produits ou
services similaires à ceux désignés dans l’enregistrement ; l’imitation d’une marque et
l’usage d’une marque imitée, pour des produits ou services identiques ou similaires à ceux
désignés dans l’enregistrement.

Les marques notoires153 bénéficient d’une protection étendue la reproduction ou l’imitation


d’une telle marque pour des produits ou services, même différents de ceux désignés dans
l’enregistrement, engage la responsabilité de son auteur si cet emploi « est de nature à porter
préjudice au propriétaire de la marque ou si cet emploi constitue une exploitation injustifiée
de cette dernière ». Le titulaire d’une marque peut s’opposer à la diffusion de messages
publicitaires utilisant sa marque lorsque celle-ci vise à tromper le consommateur.

Selon la disposition de l’article 142 du Code pénal Malagasy : « Ceux qui auront
contrefait le sceau de l’État ou fait usage du sceau contrefait ; ceux qui auront contrefait ou
falsifié soit des effets émis par le Trésor public avec son timbre ou sa marque, soit des billets
de banque autorisés par la loi ou des billets de même nature émis par le Trésor ou qui auront
fait usage de ces effets et billet contrefait ou falsifié ou qui les auront introduit sur le territoire
malgache, seront punis des travaux forcés à perpétuité. Les sceaux contrefaits, les effets et
billets contrefaits ou falsifiés seront confisqués et détruits. »

Selon les articles 96 à l’article 99 de la loi 2017-049 : « Toute atteinte portée aux droits
attachés à la marque qui relève de la contrefaçon de marque constitue un délit puni d’une

153THRIERR A., « Acquisition du droit sur la marque », JCl. Marques, Fasc. 7200,2001 ; « Enregistrement de la
marque », JCl. Marques, Fasc. 7210, 1994.

106
peine d’emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende de 160.000 Ariary à
6.000.000 Ariary ou l’une de ces deux peines seulement.

En cas de récidive, la peine sera portée au double. En cas d’urgence, le Tribunal peut, par
voie d’ordonnance, prendre des mesures conservatoires. À cet effet, un huissier, assisté en cas
de besoin par un expert ou un représentant en propriété industrielle, sera désigné pour
procéder à la désignation et à la description détaillée, avec ou sans saisie des objets résultant
de la violation des droits. En cas de saisie, la consignation préalable d’un cautionnement doit
être exigé du requérant les copies du procès-verbal des objets décrits ou saisis en vertu d’une
ordonnance et de l’acte constatant la consignation du cautionnement doit être laissée à
l’auteur de l’infraction présumée. Sans préjudice des dommages-intérêts qui peuvent être
réclamés et sous peine de nullité, le requérant doit introduire l’instance au fond dans le délai
d’un mois à compter de la saisie ou du procès-verbal de description.

La confiscation des objets portant la marque reconnue contrefaite pourra être prononcée. Les
objets confisqués sont remis au titulaire de la marque sans préjudice des dommages-intérêts,
de l’affichage ou de la publication de la décision.

Le bénéficiaire d’une licence enregistrée peut, par lettre recommandée avec accusé de
réception, sommer le titulaire de la marque d’introduire les actions judiciaires conséquentes à
toute violation aux droits rattachés à la marque qu’il lui aura signalée. Si le titulaire de la
marque refuse ou néglige d’introduire lesdites actions dans un délai de trois mois à compter
de la notification, le licencié pourra agir en son propre nom sous réserve des dispositions
contractuelles contraires.

Constitue une infraction pénale le fait, en vue de vendre, fournir, offrir en vente ou louer des
marchandises présentées sous une marque contrefaisante : d’importer, d’exporter, de
réexporter ou de transborder des marchandises présentées sous une marque contrefaite ; de
produire industriellement des marchandises présentées sous une marque contrefaite ; de
donner des ordres ou des instructions pour la commission des actes ci-dessus.

En matière pénale, l’élément moral est toujours exigé. Constituent des infractions pénales les
faits suivants, accomplis sciemment : détention sans motif légitime, importation ou
exportation des produits revêtus d’une marque contrefaite ; vente ou offre en vente de
produits sous une telle marque ; reproduction, imitation, utilisation, apposition, suppression
ou modification d’une marque en violation des droits qui découlent de son enregistrement ;

107
livraison d’un produit ou service autre que celui qui lui aura été demandé sous une marque
enregistrée (substitution de produit).

Le délit154 consiste à avoir frauduleusement supprimé, masqué, altéré ou modifié de façon


quelconque (…) les signes de toute nature apposés sur les produits et servant à les identifier.
Sont aussi punissables la vente, offre en vente ou détention de l’objet ainsi modifié par un
professionnel de mauvaise foi. Le titulaire d’une marque peut s’opposer à ce que des textes
publicitaires concernant nommément sa marque soient diffusés lorsque l’utilisation de cette
marque vise à tromper le consommateur ou est faite de mauvaise foi.

- Les limites du droit

Dans certains cas, les tiers peuvent exploiter une marque sans autorisation de son
propriétaire. D’abord l’usage du même signe ou d’un signe similaire comme : dénominations
sociales, nom commercial, enseigne, ou nom patronymique, antérieur à l’enregistrement
d’une marque, peut être continué par un tiers. Toutefois, le titulaire de la marque peut
demander l’interdiction ou la limitation de pareille utilisation si elle porte atteinte à ses droits.
Ensuite, le titulaire de la marque 155 ne peut s’opposer à son utilisation comme référence
nécessaire pour indiquer la destination d’un produit ou d’un service, s’il s’agit d’accessoires
ou de pièces détachées, à condition qu’il n’y ait pas de confusion sur leur origine. En outre, le
titulaire de la marque ne peut s’opposer à ce qu’un annonceur compare ses produits ou
services à ceux d’un concurrent en les désignant par leur marque, dans les conditions prévues
par la loi.

En l’absence de ces conditions, l’annonceur commet une contrefaçon de marque. Enfin, le


titulaire de la marque ne peut en interdire l’usage pour des produits mis dans le commerce de
l’Union européenne ou de l’Espace économique européen par lui-même ou avec son
consentement. Il peut, toutefois, exercer son droit en invoquant des motifs légitimes, tels que
la modification de sa marque par l’importateur, ou, dans certains cas, le reconditionnement du
produit. Finalement, nous pouvons faire remarquer que le pharmacien peut substituer à un
médicament prescrit par le médecin sous une marque un médicament différent.

● LA COMMERCIALISATION DU DROIT SUR LA MARQUE

154MALAURE-VIGNAL, « Parasitisme et notoriété d’autrui », édition JCP, 1995,1, 3888 p.


155MARINO (Laure), Droit de la propriété intellectuelle, PUF, coll. « Thémis droit », 2013, 425 p.

108
Le droit sur la marque représente une valeur dans le patrimoine de son titulaire : il peut donc
être l’objet de contrats à titre onéreux ou gratuit. Les opérations à titre gratuit obéissent aux
règles applicables aux libéralités.

- La commercialisation par voie contractuelle

Les opérations à titre onéreux sont soumises aux règles générales des contrats et à
quelques règles spécifiques. Il est possible qu’exceptionnellement, le transfert du droit sur la
marque s’opère par voix autoritaire, contre la volonté de son titulaire.

Le contrat de cession de marque : selon l’article 82 de la loi 2017-049, les droits rattachés
à une marque déposée ou enregistrée peuvent, indépendamment du transfert de tout ou partie
de l’entreprise qui utilise la marque, être cédés ou transmis pour tout ou partie des produits ou
services auxquels la marque est destinée. La cession ou le transfert des droits ne peut avoir
pour objet de détourner la loi ou d’induire le public en erreur de quelque manière que ce soit.
Les actes relatifs aux droits issus de la marque comportant soit transmission de propriété, soit
concession de droit d’exploitation ou cessation de ce droit, soit gage ou mainlevée de gage,
soit nantissement du titre de propriété de la marque, doivent être constatés par écrit sous
peine de nullité. De tels actes, pour être recevables auprès de l’Organisme, doivent revêtir la
forme authentique ou authentifiée.

Le contrat de cession156 de marque est une convention par laquelle une personne, appelée
cédant, transfère le droit sur la marque au profit d’une autre personne, appelée cessionnaire,
moyennant versement d’une contrepartie en argent. Le transfert du droit sur la marque peut se
réaliser par d’autres opérations à titre onéreux, où la contrepartie ne consiste pas dans une
somme d’argent (par exemple par un contrat d’échange, ou un apport en société). Il peut,
également, se réaliser à titre gratuit (par donation ou testament).

Fond et forme : le cédant seul, le titulaire du droit sur la marque peuvent contracter en qualité
de cédants. En cas de copropriété, l’accord de tous les copropriétaires est nécessaire. Le
cédant doit avoir la capacité et les pouvoirs de passer des actes de disposition.

Le cessionnaire est toute personne juridique ayant la capacité d’acquérir à titre onéreux. La
cession d’une marque internationale doit être faite au profit d’un ressortissant de l’un des
États signataires de l’arrangement de Madrid. Toutefois, la partie française de la marque peut
être cédée à un non-ressortissant.
156GAUMONT-PRAT (Hélène), Droit de la propriété industrielle, LitecLexisNexis, coll., « objectif droit », 3è éd.,
2013, 277 p.

109
La cession doit porter sur une marque en vigueur et valable. Le droit sur la marque existe dès
le dépôt, mais il peut être cédé dès cette date. La cession d’une marque 157 nulle peut être
annulée pour absence d’objet.

La cession est totale, lorsqu’elle porte sur tous les attributs du droit sur la marque et tous les
objets désignés dans le dépôt. Elle est partielle lorsqu’elle porte sur certains attributs du droit
(l’usufruit ou la nue-propriété), ou certains objets désignés dans le dépôt. La cession d’une
marque déposée à Madagascar n’entraîne pas celle des marques déposées à l’étranger (et
vice-versa). Elle ne porte pas de plein droit sur la priorité internationale.

La cession d’un fonds de commerce emporte la cession des marques attachées à son
exploitation (sauf clause contraire). La cession d’une marque déposée à Madagascar porte
nécessairement sur tout le territoire Malagasy. Un même contrat de cession peut porter sur
plusieurs marques déposées dans des États différents. Chacune d’elles est soumise au droit de
l’État de son enregistrement. Les obligations des parties peuvent, en revanche, être soumises
à la loi d’autonomie choisie par elles. S’agissant de cessions de marques « parallèles »,
déposées dans plusieurs États membres de l’Union européenne, elles ne doivent pas avoir
pour effet de « recloisonner » le marché commun. En pareil cas, elles pourraient être
sanctionnées au titre du droit de la concurrence communautaire. La cession d’une marque
déposée à Madagascar doit être passée par écrit.

L’opposabilité aux tiers d’un contrat de cession de marque est subordonnée à son inscription
au Registre national des marques. Les contrats de cession ou de nantissement d’un fonds de
commerce comportant des marques doivent aussi être inscrits au greffe du tribunal de
commerce, où le fonds est exploité. Cette inscription conditionne la conservation du privilège
du vendeur ou du créancier gagiste portant sur les marques. Elle doit être faite dans les 15
jours suivant l’inscription du privilège.

Tous les contrats d’acquisition158 ou de cession de droits de propriété industrielle doivent être
déclarés auprès de l’Office. La déclaration doit être faite dans le mois suivant la conclusion
du contrat, lorsque celui-ci est passé entre une personne ayant son domicile ou siège en
France et une personne ayant son domicile ou siège à l’étranger.

157DERAINS, Droit et pratique de commerce internationale, éd. Dalloz, 1975, n°1, 91.
158CASALONGA et DOSSMANN, La protection par le brevet d’invention de l’application thérapeutique et du
produit pharmaceutique, JCP éd E. 1987, 2,14898.

110
Entre les parties, le transfert du droit sur la marque prend effet dès la signature de l’acte écrit
exigé pour la validité du contrat (sauf clause contraire). À compter de cette date, le
cessionnaire devient titulaire des avantages et charges attachés à la marque.

À l’égard des tiers, la cession est opposable à compter de la date de son inscription au
Registre national des marques. L’étendue du transfert est fixée par accord des parties : le
transfert peut porter sur la totalité ou une partie du droit sur la marque. Le cédant est obligé
de délivrance et de garantie. L’obligation de délivrance : le cédant doit délivrer la marque au
cessionnaire, c’est-à-dire en autoriser l’usage et se prêter à l’inscription du contrat au Registre
national des marques. La garantie159 des vices cachés porte sur la validité de la marque cédée.

La garantie d’éviction160porte sur les troubles de jouissance provenant du fait du cédant (par
exemple: exploitation concurrente de la marque), ou du fait des tiers, élevant une prétention
juridique affectant le droit cédé (par exemple: exerçant une action en revendication de la
marque contre le cessionnaire).

La principale obligation du cessionnaire consiste dans le paiement du prix qui doit être
déterminé ou déterminable ou peut être une somme forfaitaire ou proportionnelle aux
résultats de l’exploitation de la marque cédée. Les deux formules peuvent être associées.

Le contrat de licence de marque : la licence de marque161 est une convention par laquelle
une personne, appelée concédant, autorise l’exploitation d’une marque à une autre personne,
appelée licencié, moyennant versement d’une contrepartie. Ce contrat peut être rapproché de

159AZEMA Jacques. et GALLOUX, Jean-Christophe., droit de la propriété industrielle,coll « Précis », Dalloz, 7è


éd. 2012, 1109 p.
160AZEMA J. et Galloux J. –C., Droit de la propriété industrielle, Coll. « Précis », Dalloz, 6è éd., 2006.
161 Art. 83 et suivant de la loi 2017-049 : Les dispositions de l’article 3 alinéas 15 sont également applicables
lorsque le contrat de licence porte sur une marque qui fait l’objet d’une demande d’enregistrement. La durée
de la licence ne peut pas être supérieure à celle de l’enregistrement de la marque. A peine de nullité, le
contrat de licence de marque doit revêtir la forme écrite et doit être signé par les parties. Un contrat de licence
de marque déjà conclu doit être inscrit au registre spécial des marques selon les modalités prévues par un
décret d’application et moyennant le paiement de la taxe prescrite. Nul ne peut invoquer le fait qu’il n’a pas eu
connaissance d’un contrat de licence inscrit. Le contrat de licence doit prévoir une garantie effective par le
donneur de licence de la qualité des produits ou services au preneur de licence pour lesquels il est fait usage
de la marque. Sauf dispositions contraires dans le contrat de licence et au cours de la période de validité dudit
contrat, le preneur de licence a le droit d’accomplir, à l’égard de la marque enregistrée, tous les actes visés à
l’article 77 pendant toute la durée de l’enregistrement, compte tenu des renouvellements de l’enregistrement
de la marque et du contrat. Sauf dispositions contraires dans le contrat de licence, l’accord donné par le
preneur de licence à un tiers pour l’accomplissement d’actes visés à l’article 77 n’est pas valable. Le contrat de
licence ne peut permettre la cession de la licence ou l’octroi de sous licence que s’il prévoit une garantie
effective, par le titulaire de l’enregistrement de la marque, de la qualité des produits ou services de tout
donneur ou de tout preneur d’une sous licence, pour lesquels il est fait usage de la marque. Tous actes
affectant une marque dont ceux prévus à l’article 82, paragraphe 3°, doivent être inscrits sur le registre des
marques.

111
l’accord de coexistence (ou « règlement d’usage »), par lequel les titulaires de marques
susceptibles d’entrer en conflit délimitent leur usage respectif. La disposition légale qualifie
cet accord comme une licence non exclusive.

Le concédant peut être le titulaire du droit de propriété sur la marque 162. En cas de
copropriété, l’accord de tous les cotitulaires est exigé ; l’usufruitier de la marque ; le licencié,
devenant concédant à l’égard d’un sous-licencié (la sous-licence suppose l’accord du
concédant principal) ; ce concédant doit avoir la capacité et les pouvoirs de passer des actes
d’administration. Le concessionnaire est toute personne ayant la capacité de contracter.

La licence doit porter sur un droit de marque existant et valable. Elle peut porter sur une
marque enregistrée ou déposée (dans ce dernier cas, le titulaire ne peut renoncer au dépôt
sans l’accord du licencié). La licence d’une marque nulle est annulable pour absence d’objet.

La licence peut être totale dans le cas où le licencié est autorisé à utiliser la marque pour
désigner tous les objets énumérés dans le dépôt. Il n’y a pas de restriction sur les modalités
d’utilisation.

La licence peut être partielle dans le cas où le licencié est autorisé à utiliser la marque pour
désigner certains objets seulement, ou à utiliser une partie d’une marque complexe. Le
licencié qui enfreint les limites de sa licence est considéré comme contrefacteur.

Entre les parties, les effets du contrat se produisent dès la conclusion (sauf clause contraire).
À l’égard des tiers, le contrat est opposable dès son inscription au Registre national des
marques.

Les causes normales d’extinction163 sont l’arrivée du terme prévu et la résiliation unilatérale
d’une licence à durée indéterminée. Les causes anticipées d’extinction sont l’annulation ou la
résolution du contrat : elles entraînent, en principe, la restitution des prestations versées.
L’étendue de la restitution peut être limitée compte tenu de l’avantage effectif procuré par
l’exploitation de la marque et la caducité du contrat 164, consécutive à la déchéance de la
marque pour non-exploitation (hypothèse rare, le licencié ayant l’obligation d’exploiter.

162AZEMA, L’incidence du droit Français de la concurrence sur les droits de propriété intellectuelles, Dix ans de
droit de l’Entreprise, 1978,763.
163BONNARD H., La contrefaçon de marque ,Litec, 2008.
164BRUGUIERE(Jean-Michel), droit des propriétés intellectuelles, Ellipses, coll. « Mise au point », 2è éd.,
2011,192 p.

112
En absence de clause, la licence autorise l’exploitation de la marque sur tout le territoire 165
français. La licence d’une marque française n’emporte pas automatiquement celle des
marques étrangères correspondantes.

En présence de clause l’autorisation d’exploiter peut être limitée à une partie du territoire. La
licence peut interdire l’exportation des produits marqués vers les pays hors de l’Union
européenne. L’interdiction d’exporter dans l’Union n’est pas valable. La licence n’a aucun
effet translatif du droit sur la marque ; celui-ci demeure dans le patrimoine du concédant. Le
contrat a seulement un effet créateur d’obligations.

Le concédant doit permettre l’utilisation de la marque par le licencié et se prêter aux


formalités d’inscription du contrat au Registre national des marques. La garantie des vices
cachés porte sur la validité de la marque concédée. Elle est due que le concédant soit de
bonne ou mauvaise foi. Les clauses exclusives ou limitatives de la garantie ne sont valables
que si le concédant est de bonne foi.

Les clauses de non-contestation, interdisant au licencié de contester la validité de la marque,


sont valables en droit interne, mais nul en droit communautaire de la concurrence. Le
concédant doit assurer au licencié la jouissance paisible de la marque. La garantie du fait
personnel du concédant : celui-ci doit s’abstenir de perturber personnellement la jouissance
du droit concédé (par exemple en ne renouvelant pas le dépôt de la marque à l’échéance du
dépôt précédant). Cette garantie est d’ordre public.

Le concédant garantit le licencié contre les troubles matériels du fait des tiers. Il doit, ainsi,
faire cesser les actes de contrefaçon 166 causant un préjudice au licencié. Le concédant garantit
le licencié contre les troubles juridiques du fait des tiers. Il doit alors défendre le licencié dans
une action en contrefaçon dirigée contre lui par un tiers. Toute obligation quelconque peut
être prévue, aux bonnes mœurs et au droit de la concurrence 167 interne et communautaire si
elle est conforme à l’ordre public.

Le concédant s’engage à ne pas accorder d’autres licences de la même marque à des tiers sur
le même territoire. Selon la jurisprudence, cette clause interdit, en principe, l’exploitation de
la marque par le concédant lui-même ; l’obligation de prêter une assistance technique : clause

165 Lancrenon T., « Balade dans la brume des marques collectives »,Propr. intell. 2004, n° 13, p. 846.
166CHAVANNE Albert, Le droit pénal de contrefaçon en matière de brevet et des marques, droit pénal avril
1991, éd. Dalloz, 1, p. 300.
167DOUCET, Prescription et nature de l’action en concurrence déloyale, Gaz. Pal. 1964, 2, doctr. 105.

113
figurant dans les contrats ayant un objet plus vaste et l’obligation de déposer la marque à
l’étranger.

Les modalités de paiement sont fixées par l’accord des parties. Le prix peut être forfaitaire ou
proportionnel aux résultats de l’exploitation des produits marqués (l’obligation de paiement
dans la licence de brevet). En l’absence de clause l’obligation d’exploiter la marque est mise
à la charge du licencié par la jurisprudence que la licence soit simple ou exclusive. Elle doit
être exécutée de bonne foi : et l’exploitation doit être complète et sans restriction. Seul, un
cas de force majeure justifie l’inexploitation. En présence de clause, l’obligation d’exploiter
n’est pas d’ordre public. Elle peut être conventionnellement exclue ou aménagée. Certaines
limitations sont suspectes au regard du droit de la concurrence.

Sous réserve du respect de l’ordre public, des bonnes mœurs et du droit de la concurrence,
toute obligation peut être prévue à la charge du licencié. L’obligation d’apposer la marque sur
les produits fabriqués ou distribués ; l’obligation de maintenir la réputation de la marque ;
l’obligation de s’approvisionner auprès du concédant (cette obligation n’est valable que si
elle est nécessaire à la sauvegarde de la qualité des produits) et l’obligation de ne pas
exporter.

L’apport de la marque en société :la marque168 est un apport en nature, soumis aux règles
prévues par le droit des sociétés pour ce type d’apport. La contrepartie de l’apport consiste
dans l’attribution à l’apporteur de parts ou actions dans le capital de la société.

Nous parlons d’apport en propriété lorsque la société devient titulaire du droit sur la marque
apportée. De ce fait, l’apporteur perd donc ce droit et ne peut plus, en conséquence, reprendre
la marque lors de la dissolution de la société. Dans l’apport en jouissance, l’apporteur
conserve la propriété de la marque, la société jouit le droit de l’exploiter. À la dissolution de
la société, l’apporteur reprend sa marque en nature.

● La commercialisation par voix autoritaire

Diverses opérations autoritaires peuvent avoir pour effet le transfert du droit de propriété sur
la marque. La loi ne prévoit pas, en revanche, de licences autoritaires.

- L’expropriation de la marque

168FOYER Jean. et VIVANT Michel., Le droit des brevets, PUF, coll. « Thémis droit », 1991, 483 p.

114
La loi ne prévoit pas de régime spécial d’expropriation des marques : celle-ci peut intervenir
dans les conditions du droit commun. Les expropriations opérées à l’étranger n’ont d’effet en
France que si elles sont conformes à l’ordre public français (ce qui suppose, notamment, une
indemnisation de l’exproprié).

- La mise en gage de la marque ou nantissement

La marque peut être l’objet d’un contrat de gage (nantissement) conduisant éventuellement à
la vente forcée. La loi ne contenant pas de règles spécifiques, ce contrat obéit au droit
commun du gage169. Pour être opposable aux tiers, il doit être inscrit au Registre national des
marques.

● LES MARQUES COLLECTIVES

La loi distingue entre les marques collectives et les marques collectives de certification. Une
marque est dite collective170 lorsqu’elle est exploitée par plusieurs personnes physiques ou
morales respectant le règlement d’usage de la marque. Le règlement d’usage doit préciser les
caractéristiques communes ou les qualités des produits ou des services que la marque doit
désigner et les conditions dans lesquelles la marque peut être utilisée ainsi que les personnes
autorisées à l’utiliser.

- Régime juridique de protection

Selon la disposition de l’article 85 de la loi 2017- 049, une marque est dite collective
lorsqu’elle est exploitée par plusieurs personnes physiques ou morales respectant le
règlement d’usage de la marque. Le règlement d’usage doit préciser les caractéristiques
concurrences ou les qualités des produits ou des services que la marque doit désigner et les
conditions dans laquelle la marque peut être utilisée ainsi que les personnes autorisées à
l’utiliser.

Régime juridique des marques collectives

Les marques collectives171 obéissent, en ce qui concerne les conditions de leur enregistrement
et de leur exploitation, au régime de droit commun des marques. La marque collective peut

169 Art. 2073 C. civ.


170 Article 89 de la loi 2017-049.
171LANCRENON T., « Balade dans la brume des marques collectives »,Propr. intell. 2004, n° 13, p. 846.

115
être exploitée par toute personne respectant un règlement d’usage obligatoirement établi par
son titulaire lors de l’enregistrement.

Régime juridique des marques collectives de certification

La marque collective172 de certification est appliquée au produit ou au service qui présente


notamment, quant à sa nature, ses propriétés ou ses qualités, des caractères précisés dans son
règlement. Elle a donc une fonction de garantie dans l’intérêt général.

Les marques collectives de certification obéissent à des règles spécifiques prévues par
l’article 89 de la loi 2017-049. Pour le surplus, elles sont soumises au droit commun des
marques.

- Les conditions d’acquisition de la protection

Le caractère distinctif d’un signe à constituer une marque s’apprécie à l’égard des produits ou
des services désignés dans la demande d’enregistrement. L’article 90 de la loi 2017-049
prévoit les conditions exigées pour la demande d’enregistrement d’une marque collective.

Les conditions de fond

Une marque collective de certification ne peut être déposée que par une personne morale qui
n’est ni fabricant, ni importateur, ni vendeur des produits ou services désignés.

Les organismes certificateurs de produits ou services déposent comme marques collectives de


certification, le signe distinctif qui, le cas échéant, accompagne ou matérialise la certification.

Outre les conditions générales, s’applique une cause spécifique de nullité peut s’expliquer:
une marque collective de certification peut être annulée lorsqu’elle ne répond pas à l’une des
règles posées par les dispositions légales.

Les conditions de forme

Lors du dépôt d’une marque collective173 de certification, un règlement doit être fourni,
spécifiant les conditions auxquelles est soumise l’utilisation de la marque (p. ex. : précisant
les qualités des objets désignés).

La demande d’enregistrement est rejetée si elle n’est pas conforme aux conditions fixées par
la législation applicable à la certification.

172LANCRENON T., op.cit


173BONET G. et Bouvel A., « Distinctivité du signe », JCl. Marques, Fasc. 7090,2007.

116
Les effets de l’acquisition de la protection

L’usage de la marque collective de certification est ouvert à toutes les personnes, autres que
le déposant, qui fournissent des produits ou services répondant aux conditions spécifiées par
le règlement d’usage.

Le droit sur la marque174 collective de certification est de dix ans renouvelables indéfiniment.
Toutefois, lorsqu’une telle marque a été utilisée et qu’elle cesse d’être protégée, elle ne peut
être ni déposée ni utilisée à un titre quelconque pendant dix ans. Le titulaire peut être relevé
de cette déchéance. La violation de cette interdiction est sanctionnée par les peines de la
contrefaçon.

Selon l’article 96 à l’article 99 de la loi 2017-049, toute atteinte portée aux droits attachés à la
marque qui relève de la contrefaçon de marque constitue un délit puni d’une peine
d’emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende de 160.000 Ariary à 6.000.000
Ariary ou l’une de ces deux peines seulement.

En cas de récidive, la peine sera portée au double. En cas d’urgence, le Tribunal peut, par
voie d’ordonnance, prendre des mesures conservatoires. À cet effet, un huissier, assisté en cas
de besoin par un expert ou un représentant en propriété industrielle, sera désigné pour
procéder à la désignation et à la description détaillée, avec ou sans saisie des objets résultant
de la violation des droits. En cas de saisie, la consignation préalable d’un cautionnement doit
être exigé du requérant les copies du procès-verbal des objets décrits ou saisis en vertu d’une
ordonnance et de l’acte constatant la consignation du cautionnement doit être laissée à
l’auteur de l’infraction présumée. Sans préjudice des dommages-intérêts qui peuvent être
réclamés et sous peine de nullité, le requérant doit introduire l’instance au fond dans le délai
d’un mois à compter de la saisie ou du procès-verbal de description.

La confiscation des objets portant la marque reconnue contrefaite pourra être prononcée. Les
objets confisqués sont remis au titulaire de la marque sans préjudice des dommages-intérêts,
de l’affichage ou de la publication de la décision. Le bénéficiaire d’une licence enregistrée
peut, par lettre recommandée avec accusé de réception, sommer le titulaire de la marque
d’introduire les actions judiciaires conséquentes à toute violation aux droits rattachés à la
marque qu’il lui aura signalée. Si le titulaire de la marque refuse ou néglige d’introduire
lesdites actions dans un délai de trois mois à compter de la notification, le licencié pourra agir
en son propre nom sous réserve des dispositions contractuelles contraires.
174BERTRAND A., Droit des marques, signes distinctifs, noms de domaine, Dalloz Action, 2005.

117
La marque collective de certification peut être uniquement l’objet de contrats de licence sous
le contrôle du groupement titulaire. Elle ne peut être ni cédée, ni mise en gage, ni être l’objet
de mesures d’exécution forcée. En cas de dissolution de la personne morale titulaire, la
marque peut être transmise à une autre personne morale dans des conditions fixées par décret.

Section II. LES DESSINS ET MODELS

Selon l’article 107 de la loi 2017-049 : « Est considéré comme dessin tout assemblage de
lignes ou de couleurs. Est considéré comme modèle, toute forme plastique, associée ou non à
des lignes ou à des couleurs. Cet assemblage ou cette forme doit donner une apparence
spéciale à un produit industriel ou à un objet artisanal et pouvoir servir de type pour la
fabrication d’un produit industriel ou d’un objet artisanal ».

Selon la définition qu'en a donnée Roubier, « le dessin est toute disposition de trait ou de
couleur, représentant des images ayant un sens déterminé »; le modèle est « toute forme
plastique, toute maquette, tout modèle en cire, en plâtre, en terre glaise, tout moule ou
moulage, toute œuvre de sculpture académique ou d’ornement, et encore tout modèle
nouveau de coiffure, de chapeau, de corset, de jouet, etc. ».

Le dessin est une figure à deux dimensions et le modèle une figure à trois dimensions, peu
importante, s’agissant d’un dessin, son support et sa destination et, s’agissant d’un modèle,
les matériaux utilisés.

§1.- Les conditions d’acquisition de la protection

La protection des dessins et modèles 175, suppose remplies des conditions de fond
relatives à la création à protéger et des conditions de procédure relatives au dépôt de l’objet à
protéger.

● Les conditions de fond

Pour pouvoir bénéficier de la protection par un droit exclusif d’exploitation, le dessin ou


modèle doit présenter les caractères suivants : être ornemental, concret et présenter le
caractère nouveau176, apparent et propre. Il ne doit pas être contraire à l’ordre public ou aux
bonnes mœurs. Pour que la protection spécifique s’applique, il faut et il suffit que la forme

175COHEN D., Le droit des dessins et modèles, Economica, 3e éd. Dalloz, 2009.
176De Candé P., « La protection en France des dessins et modèles déposés, depuis l’ordonnance n° 2001-670
du 25 juillet 2001 », Propr. intell. 2002, n° 3,p. 16 .

118
revêtue par l’objet ait été adoptée dans un but ornemental et non utilitaire. Peu importe, dès
lors, l’usage effectif d’un tel objet ; la protection par brevet est exclue.

Ne sont pas protégeables les caractéristiques exclusivement imposées par la fonction


technique du produit. Les pièces d’assemblage ou de raccordement ne sont pas protégées
lorsqu’elles sont nécessaires pour l’assemblage et le fonctionnement des produits. Une
exception est prévue pour les pièces interchangeables d’un ensemble modulaire.

L’exigence du caractère concret découle des dispositions du droit positif, qui définit l’objet
protégé comme l’apparence d’un produit ou d’une partie d’un produit caractérisée par ses
lignes, ses contours, ses couleurs, sa forme, sa texture ou ses matériaux.

En conséquence, sont exclues de la protection les idées abstraites ne comportant pas


d’application matérielle : la protection est limitée à celle-ci. Par exemple, la protection a été
refusée pour l’idée de présenter une bonbonnière sous la forme d’un livre : seule la forme de
la boîte effectivement réalisée par l’auteur lui a été réservée. La protection ne s’étend pas à
un genre ou un style, mais à des réalisations spécifiques. Une forme est nouvelle 177 si, à la
date de dépôt de la demande d’enregistrement ou à la date de la priorité, aucune forme
identique n’a été divulguée. On ne tient pas compte de différences insignifiantes.

En principe, une nouveauté absolue est exigée : un dessin ou modèle est divulgué ’il a été
rendu accessible au public par un moyen quelconque et à une date précédant le dépôt.
Toutefois, la forme n’est pas considérée comme divulguée si elle n’a pas pu être
raisonnablement connue « selon la pratique courante des affaires dans le secteur intéressé, par
les professionnels agissant dans l’Union européenne ». Il en est de même si la communication
à un tiers a été faite sous condition du secret. Exceptionnellement, on ne tient pas compte des
divulgations intervenues dans les douze mois précédant le dépôt ou la date de priorité dans
les cas suivants: divulgation par le créateur ou son ayant cause, ou par un tiers à partir
d’informations ou d’actes accomplis par ceux-ci ou de divulgation consécutive à un abus
envers le créateur ou son ayant cause.

177RAYNARD J., « Du nouveau droit français des dessins et modèles : de l’influence de l’ordonnance du 25
juillet 2001 sur le principe de l’unité de l’art », Propr. ind. 2002, Chron. 2.

119
Selon le droit positif, peut être protégée l’apparence 178 d’un produit ou d’une partie de
produit. Le caractère apparent est exigé en raison de la fonction ornementale des objets
protégés. La forme doit donc être visible et non dissimulée à l’intérieur de l’objet.

Si la forme est incorporée dans un produit complexe, elle doit rester visible lors de son
utilisation normale par l’utilisateur final. Ses caractéristiques visibles doivent remplir les
conditions de la protection.

La forme d’un dessin ou modèle a un caractère propre si « l’impression visuelle d’ensemble


qu’elle suscite chez l’observateur averti diffère de celle produite par tout dessin ou modèle
divulgué avant la date de priorité revendiquée ». Selon la jurisprudence, l’observateur averti
est celui doté d’une vigilance particulière, en raison de sa compétence professionnelle, ou de
ses connaissances du secteur considéré « Pour l’appréciation du caractère propre, il est tenu
compte de la liberté laissée au créateur dans la réalisation du dessin ou modèle ».

● Les conditions de forme

La protection en application des dispositions des demandes de protection des dessins et


modèles prévue à partir l’article 106 de la loi 2017-049 est subordonné au dépôt du dessin ou
du modèle auprès de l’Office. Les créations originales non déposées sont cependant protégées
par le droit d’auteur. L’inscription sur des registres spéciaux fait preuve de la date de la
création, mais ne confère aucun droit exclusif.

L’inobservation des règles relatives au lieu du dépôt est sanctionnée par la nullité de celui-ci.
Le déposant domicilié à Madagascar doit effectuer le dépôt au siège de l’OMAPI à
Antananarivo. Le déposant domicilié hors d’Antananarivo peut effectuer le dépôt au greffe
du tribunal de commerce de son domicile. Si le déposant est domicilié à l’étranger, le dépôt
doit être fait à l’OMAPI.

Le droit à la protection179 appartient au créateur ou à ses ayants cause 180. La qualité de


créateur n’est pas vérifiée par l’Administration. Le premier déposant est présumé jusqu’à
preuve contraire être le créateur. Une personne morale peut être considérée comme auteur
d’un dessin ou modèle constituant une œuvre collective.

178 PERROT-Morel M.-A., « À propos du maintien de l’unité de l’art dans le nouveau droit des dessins et
modèles », Propr. ind. 2005, Études 8.
179GREFFE P. et Greffe F., Traité des dessins et modèles, Litec, 8e éd., 2008.
180 Article 110 de la loi 2017-049

120
Celui-ci comporte, à peine d’irrecevabilité, l’identification du déposant et une reproduction
du ou des dessins et modèles concernés. Le dépôt doit être accompagné du paiement des
redevances en vigueur et des justificatifs d’un droit de priorité éventuel.

Le dépôt est rejeté s’il apparaît à l’examen :

- qu’il n’est pas présenté dans les conditions et formes prescrites ;

- que sa publication peut porter atteinte aux bonnes mœurs ou à l’ordre public.

L’OMAPI délivre au déposant un certificat de dépôt 181.Tout dépôt reconnu conforme est
publié au BOPI, sauf si le déposant a demandé lors du dépôt l’ajournement de cette
publication à trois ans. À partir de cette date, toute personne peut prendre connaissance du
dossier de dépôt et obtenir une reproduction des pièces.

Ce dépôt est possible pour les dessins et modèles relevant des industries qui renouvellent
souvent la forme et le décor de leurs produits. Il permet la protection simultanée de plusieurs
créations selon une présentation simplifiée et moyennant une redevance unique. Il est assorti
obligatoirement de l’ajournement de sa publication qui doit être levée six mois avant
l’expiration du délai de trois ans, à peine de déchéance. Dans ce délai, l’enregistrement doit
être rendu conforme aux règles générales.

● Les effets de l’acquisition de la protection

Le dépôt assure à son titulaire un droit exclusif d’utilisation du dessin ou du modèle. En


raison de son caractère patrimonial, ce droit peut être l’objet d’opérations contractuelles.

- Le droit du titulaire

Le dépôt d’un dessin ou modèle 182 crée une présomption simple de propriété au profit du
titulaire. Celui-ci a donc un droit exclusif d’utilisation de l’objet protégé : il est seul à pouvoir
reproduire, offrir, mettre en vente, importer, exporter, utiliser ou détenir à ses fins, ces objets
sur le territoire national.

La protection ne s’étend pas au dessin ou modèle183 qui produit sur l’observateur averti« une
impression visuelle d’ensemble différente ».La durée de ce droit est de cinq ans à compter du
181SCHMITT, Le dépôt de brevet, Propriété industrielle 2005, chr. n° 18.
182BUFFET Delmas d’Autane X. et Cordier G., « Le nouveau Règlement communautaire sur les dessins et
modèles », JCP G 2002, n° 43, p. 1889.
183COHEN D., Le droit des dessins et modèles, Economica, 3e éd., 2009.

121
dépôt ; elle peut être renouvelée jusqu’à un maximum de vingt-cinq ans. Si la prorogation
n’est pas demandée, les objets déposés sont restitués au déposant et son droit devient caduc.

Le titulaire n’est pas tenu d’exploiter ni de verser des redevances annuelles de maintien en
vigueur de son droit. Une redevance est, toutefois, perçue lors de la prorogation du dépôt.

Selon les articles Art. 131 à l’article 134 de la loi 2017-049 : « Toute atteinte portée aux
droits attachés au dessin ou modèle industriel qui relève de la contrefaçon constitue un délit
puni d’une peine d’emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende de 160.000
Ariary à

6.000.000 Ariary ou l’une de ces deux peines. En cas de récidive, la peine sera portée au
double. En cas d’urgence, le Tribunal peut, par voie d’ordonnance, prendre des mesures
conservatoires. À cet effet, un huissier, assisté en cas de besoin par un expert ou un
représentant en propriété industrielle, sera désigné pour procéder à la désignation et à la
description détaillée, avec ou sans saisie des objets résultant de la violation des droits.

En cas de saisie, la consignation préalable d’un cautionnement doit être exigé du requérant
les copies du procès-verbal des objets décrits ou saisis en vertu d’une ordonnance et de l’acte
constatant la consignation du cautionnement doivent être laissées à l’auteur de l’infraction
présumée. Sans préjudice des dommages-intérêts qui peuvent être réclamés et sous peine de
nullité, le requérant doit introduire l’instance au fond dans le délai d’un mois à compter de la
saisie ou du procès-verbal de description.

La confiscation des objets portant le dessin ou le modèle reconnu contrefait pourra être
prononcée. Les objets confisqués sont remis au titulaire du dessin ou du modèle sans
préjudice des dommages-intérêts, de l’affichage ou de la publication de la décision.

Le bénéficiaire d’une licence inscrite peut, par lettre recommandée avec accusé de réception,
sommer le titulaire du dessin ou du modèle d’introduire les actions judiciaires conséquentes à
toute violation aux droits rattachés au dessin ou modèle qu’il lui aura signalé. Si le titulaire
du dessin ou du modèle refuse ou néglige d’introduire lesdites actions dans un délai de trois
mois à compter de la notification, le licencié pourra agir en son propre nom sous réserve des
dispositions contractuelles contraires.

- Déclenchement de l’action en contrefaçon

122
L’action peut être déclenchée à l’initiative du titulaire du droit ou de son ayant cause. Le
licencié, même exclusif, ne peut agir en contrefaçon. Le droit d’agir en contrefaçon existe à
compter du dépôt, et seulement pour les faits postérieurs à celui-ci.

Les faits antérieurs à la publicité du dépôt ne sont, cependant, illicites, que si la mauvaise foi
de leur auteur est démontrée. Aucune action n’est recevable avant la publication du dépôt.

Les actions civiles et pénales se prescrivent par trois ans à compter des faits litigieux. Un acte
ne peut, bien entendu, être qualifié de contrefaisant que s’il est intervenu pendant la durée de
protection du dessin ou modèle.

L’action pénale en contrefaçon est de la compétence du tribunal correctionnel. L’action civile


peut être, au choix du demandeur, jointe à l’action pénale ou exercée séparément devant le
tribunal civil ou le tribunal de commerce (selon qu’elle est de nature civile ou commerciale).

L’action (civile ou pénale) peut être portée, au choix du demandeur devant :

– le tribunal du domicile du défendeur ;

– le tribunal du lieu où le dommage a été subi.

L’action se déroule selon la procédure de droit commun de la juridiction saisie.

Le demandeur doit prouver l’existence d’un acte portant atteinte à son droit exclusif. Il peut
s’agir d’actes couverts par le droit exclusif du titulaire, accomplis sans le consentement de
celui-ci.

● La commercialisation des dessins et modèles

Le droit exclusif sur les dessins et modèles peut être commercialisé par voie contractuelle ; la
loi ne prévoit pas de commercialisation par voie autoritaire.

La loi ne règle pas le régime de la cession des dessins et modèles déposés ; celui-ci est donc
fixé par référence aux règles de la vente 184 et de la cession des œuvres littéraires et artistiques
et si la création est protégée par le droit d’auteur.

- Le contrat de cession

184 Art. 1602 à 1649 C. civ.

123
En principe, le droit exclusif né du dépôt peut être l’objet unique de la cession. Toutefois, la
règle de l’unité de l’art commande de céder simultanément le droit d’auteur sur la création
protégée. Le cédant doit être titulaire du droit de dessin ou modèle cédé et avoir la capacité de
passer des actes de disposition. Si la cession porte sur une œuvre de collaboration objet d’une
indivision, l’accord de tous les cotitulaires est requis.

Le cessionnaire peut s’agir de toute personne capable de devenir titulaire du droit cédé. Seul,
le droit patrimonial d’exploitation peut être objet de la cession ; le droit moral de l’auteur est
incessible. La cession peut être totale ou partielle. Elle doit porter sur un droit valable. Le
contrat de cession185 de droit d’auteur doit être passé par écrit à peine de nullité. En
particulier, le contrat de travail n’opère pas de cession implicite au profit de l’employeur.

L’opposabilité aux tiers suppose l’inscription de la cession sur le Registre national des
dessins et modèles tenu par l’OMAPI. Toutefois, l’acte est opposable aux tiers qui en avaient
connaissance lors de l’acquisition de leurs droits.

La cession réalisée à l’occasion d’une cession ou d’un nantissement de fonds de commerce


doit être l’objet d’une double publicité :

- inscription au greffe du tribunal de commerce du lieu de situation du fonds ;

- inscription au Registre des dessins et modèles dans la quinzaine suivante.

- Les mécanismes juridiques du contrat de cession

La cession186 du droit patrimonial est effective entre les parties dès que sont remplies les
conditions de validité et, à l’égard des tiers, dès qu’est réalisée la publicité éventuellement
nécessaire. Elle s’exécute par la remise au cessionnaire du certificat de dépôt du dessin ou
modèle et par l’autorisation d’exploiter le droit cédé.

Elle comporte la garantie des vices cachés du droit cédé (par exemple sa nullité) et la garantie
d’éviction du fait personnel du cédant et du fait des tiers.

Le prix de cession du droit exclusif sur un dessin ou modèle enregistré est fixé librement par
les parties. Le prix de cession de droit d’auteur doit en principe être proportionnel aux
recettes d’exploitation.

185CANDE P., « Le dessin et modèle communautaire non enregistré. Un oublié des praticiens français », Propr.
ind. 2008, n° 10, p. 18.
186SCHMIDT-Szalewski J. et Pierre J.L., Droit de la propriété industrielle, Litec,4e éd., 2007.

124
La loi se borne à affirmer la possibilité de concession de licence 187. Son régime est réglé par
référence à celui du contrat de louage 188 et de la licence de brevet. Le contrat doit être
conforme aux règles françaises et communautaires du droit de la concurrence.

La loi n’envisage pas cette opération. Le droit de dessin et modèle 189 peut être l’objet d’un
apport en société selon le régime indiqué à propos des brevets d’invention.

Section III. LES INDICATIONS GEOGRAHIQUES

Selon l’article 139 de la loi 2017-049 : les produits indiquant l’appellation d’origine
désignent « tout produit naturel, agricole, artisanal ou industriel. On attend par « Producteur
» : tout agriculteur ou autre exploitant de produits naturels ; tout fabricant de produits
artisanaux ou industriels ; et toute personne qui transforme ou élabore le produit ».

Selon l’accord ADPIC190, l’indication géographique191 est « une indication qui sert à identifier
un produit comme étant originaire du territoire d’un pays membre, ou d’une région ou
localité de ce territoire, dans les cas où une qualité, réputation ou autre caractéristique
déterminée du produit peut être attribuée essentiellement à cette origine géographique ».

L’article L. 722-1 du Code de la propriété intellectuelle français précise que les indications
géographiques sont: les appellations d’origine définies par l’art. L. 115-1 du Code de la
consommation français; les appellations d’origine protégées et les indications géographiques
protégées selon la réglementation communautaire; les noms des vins de qualité et indications
géographiques des vins et les dénominations géographiques des spiritueux prévues par la
réglementation communautaire.

● Les appellations d’origine

187VIVANT M., Le droit des brevets, coll. « Connaissance du droit », Dalloz, 2e éd.,2005.
188 art. 1702 à 1741 C. civ.
189PERROT-Morel M.-A., « À propos du maintien de l’unité de l’art dans le nouveau droit des dessins et
modèles », Propr. ind. 2005, Études 8.
190 Article 22.
191BIENAYME M.-H, « L’appellation d’origine contrôlée », Revue de droit rural 1995, n° 236, p. 419.

125
L’appellation d’origine192est un signe distinctif constitué par le nom d’un lieu dont les
produits ont des caractères ou qualités, dus aux facteurs naturels et humains (Exemples :
Vanille de Madagascar, Lazan’i Betsileo…).

- Les conditions d’acquisition de la protection

Les produits extraits ou fabriqués dans une aire géographique limitée et présentant des
qualités et caractéristiques spécifiques conformes à la tradition locale peuvent bénéficier
d’une appellation d’origine. Il s’agit des produits agricoles ou manufacturés.

Selon l’article 142 de la loi, 2017-049 est exclue de la protection en tant qu’indications
géographiques : les appellations non conformes à la définition de l’article 3 paragraphe 16 ;
les appellations contraires à l’ordre public ou à la morale ou qui, notamment, pourraient
induire le public en erreur sur la nature, la provenance, le mode de fabrication, les qualités
caractéristiques ou l’aptitude à l’emploi des produits considérés ; les appellations non
protégées dans leur pays d’origine en tant qu’indications géographiques ou qui cessent de
l’être, ou qui sont tombées en désuétude dans ce pays.

Une personne qui estime avoir droit d’utiliser une appellation peut le faire, mais s’expose au
risque d’une action en contrefaçon ou interdiction.

Peuvent bénéficier d’une appellation d’origine contrôlée, les produits agricoles, forestiers ou
alimentaires et les produits de la mer (bruts ou transformés), qui remplissent les conditions et
qui possède une notoriété dûment établie et dont la production est soumise à des procédures
d’agrément.

La reconnaissance d’une AOC résulte d’un décret sur proposition de l’office compétent à la
matière à la demande d’un groupement de producteurs de l’aire géographique considérée. Les
procédures de reconnaissance et de contrôle sont de la compétence de l’OMAPI. Le décret
délimite l’aire d’appellation ainsi que les conditions de production et d’agrément du produit.

- La procédure

Devant le tribunal civil de droit commun, cette action peut être entreprise par toute personne
qui prétend qu’une appellation d’origine est appliquée, à son préjudice direct ou indirect et
contre son droit, contrairement à l’origine de ce produit. Elle est exercée contre celui qui

192DENIS D., Appellation d’origine et indication de provenance, coll. « Connaissance du droit », Dalloz, 1995.

126
utilise indûment une appellation d’origine. Une mention de l’assignation doit être insérée
dans un journal d’annonces légales.

Cette procédure ne s’applique pas aux produits bénéficiant d’un régime légal spécifique (par
exemple: fromages, vins délimités de qualité supérieure ou d’appellation contrôlée).

Le tribunal vérifie si les conditions de fond de la protection sont remplies par le défendeur.
En cas de réponse négative, l’utilisation de l’appellation 193 est interdite, non seulement au
défendeur, mais encore à tous producteurs, fabricants et récoltants de la région considérée. La
décision délimite la zone géographique de protection, sur la base d’usages locaux, loyaux et
constants. Elle détermine également les qualités ou caractères des produits considérés. Les
décisions définitives ont effet à l’égard « de tous les habitants et propriétaires de la même
région, de la même commune, ou, le cas échéant, d’une partie de la même commune ».

Selon l’article 143 de la loi 2017-049 : « Est prohibée l’utilisation d’une indication
géographique servant à identifier des vins ou des spiritueux qui ne sont pas originaires du lieu
désigné par l’indication géographique en question, même dans les cas où la véritable origine
du produit est indiquée ou où l’indication géographique est employée en traduction ou
accompagnée d’expression telle que « genre », « type », « style », « imitation » ou autres ».

En cas d’homonymie d’indications géographiques pour les vins, la protection sera accordée à
chaque indication, sous réserve des dispositions de l’article 140 paragraphe 4. Lorsque
l’utilisation concurrente de ces indications est autorisée, l’Organisme fixe les modalités
pratiques selon lesquelles les indications homonymes en question sont différenciées les unes
des autres, compte tenu de la nécessité d’assurer un traitement équitable des producteurs visés
et de faire en sorte que les consommateurs ne soient pas induits en erreur.

L’enregistrement d’une marque qui contient ou qui est constituée d’une indication
géographique servant à identifier des vins ou des spiritueux ou qui est constituée par une telle
indication est refusé ou invalidé d’office par l’Organisme ou à la requête d’une partie auprès
de la juridiction compétente, si la marque en question est enregistrée pour des vins ou des
spiritueux qui n’ont pas cette origine.

- Les effets de l’acquisition de la protection

193LORVELLEC L., « Les nouveaux aspects de la protection internationale des Appellations d’origine contrôlées
», in Mélanges en l’honneur de J.J. BURST,Litec, 1997, p. 311.

127
Comme les autres éléments de la propriété industrielle lorsque l’appellation d’origine est
protégée, elle a ses effets propres à l’encontre de son titulaire.

Le contenu de la protection : L’appellation194 d’origine appartient à la collectivité des


producteurs situés dans l’aire géographique et respectant les conditions de production. La
dénomination est indisponible et ne peut être choisie comme marque pour désigner les
mêmes produits. Les bénéficiaires ont le droit d’interdire l’utilisation des appellations fausses
ou susceptibles d’induire le consommateur en erreur. L’appellation est soumise au principe
de la spécialité : le même vocable ou signe peut désigner des objets différents, à condition de
ne pas créer de risque de confusion quant à l’origine du produit. Des appellations
prestigieuses peuvent être protégées même hors de leur domaine spécifique : par exemple a
été annulée la marque « Champagne » déposée pour un parfum.

La durée de la protection : Les appellations d’origine195 n’ont pas de durée définie. Elles
restent en vigueur tant que le produit présente ses caractéristiques spécifiques. Elles ne
s’éteignent pas par le non-usage. L’appellation ne peut tomber dans le domaine public et ne
peut donc devenir générique.

● Les indications de provenance

L’indication de provenance196 est l’indication du lieu où le produit a été obtenu. Elle ne se


réfère pas à la qualité de ce produit à la différence de l’appellation d’origine.

- Les conditions d’acquisition de la protection

Le nom d’un lieu quelconque peut constituer une indication de provenance des produits qui y
sont créés. L’indication de provenance197 peut être utilisée par tout producteur ou fabricant
ayant un établissement effectif dans le lieu indiqué.

Le droit à l’indication de provenance est collectif et imprescriptible. Son acquisition ne


suppose aucune procédure particulière. Elle peut s’appliquer à un produit quelconque.

194OLSZAK N., Droit des appellations d’origine et indications de provenance, Tec&Doc, 2001.
195PASSA J., Droit de la propriété industrielle, t. 1, Marques et autres signes distinctifs, Dessins et modèles, éd.
LGDJ, 2006.
196DENIS D., Appellation d’origine et indication de provenance,coll. « Connaissance du droit », Dalloz, 1995.
197ARHEL P., « Travaux de l’Organisation mondiale du commerce visant étendre et à faciliter la protection des
indications géographiques »,Propr. ind. 2007, n° 3, p. 7.

128
Toutefois, le Code rural français198 encadre strictement l’utilisation d’une indication de
provenance qui « ne doit pas être susceptible d’induire le consommateur en erreur sur les
caractéristiques du produit ». Elle doit s’accompagner d’une information sur la nature de
l’opération liée à cette indication, lorsque cela est nécessaire à la bonne information du
consommateur. Au niveau international, les indications géographiques protégées 199 (IGP) sont
celles enregistrées auprès de la Commission européenne.

- Les effets de l’acquisition de la protection

L’utilisation d’indications de provenance200 inexactes donne lieu à des sanctions pénales et


civiles. La disposition du droit positif punit l’apposition de mentions ou l’emploi d’un moyen
écrit ou oral susceptible de faire croire à une origine autre que la véritable. La réprime la
publicité mensongère qui peut être des indications, allégations ou présentations fausses
susceptibles d’induire en erreur.

La Convention d’Union de Paris du 23 mars 1883 permet d’interdire à l’importation du


produit portant une fausse indication de provenance.

- Violation des droits et action en justice selon les articles 153 de la loi 2017-049

Selon l’article 153 de la loi 2017-049 : « Quiconque accomplit l’un des actes mentionnés à
l’article 140 se rend coupable d’un délit puni d’une amende de 160.000 Ariary à 6.000.000
Ariary. En cas de récidive, la peine sera portée au double. En cas d’urgence, le Tribunal peut,
par voie d’ordonnance, prendre des mesures conservatoires. À cet effet, un huissier, assisté en
cas de besoin par un expert ou un représentant en propriété industrielle, sera désigné pour
procéder à la désignation et à la description détaillée, avec ou sans saisie des objets présumés
contrefaits.

En cas de saisie, la consignation préalable d’un cautionnement est exigée du requérant la


copie du Procès-verbal des objets décris ou saisis en vertu d’une ordonnance et de l’acte
constatant la consignation du cautionnement doit être laissée à l’auteur présumé de
l’infraction. Sans préjudice des dommages-intérêts qui peuvent être réclamés et à peine de
nullité, le requérant doit introduire l’instance au fond dans le délai d’un mois à compter de la

198 Art. L. 642-4.


199SALIGNON G., « La jurisprudence et la réglementation communautaire relatives à la protection des
appellations d’origine, des dénominations géographiques et des indications de provenance », Revue du marché
unique 1994, n° 4, p. 107.
200AUDIER J., « Mondialisation et indications géographiques : Applications nationales de l’accord ADPIC »,
Propr. intell. 2008, n° 26, p. 26.

129
saisie ou du procès-verbal de description. La confiscation des objets reconnus contrefaits et le
cas échéant des moyens ayant servi à leur fabrication pourra être prononcée.

Section IV. LES CONVENTIONS ET CONTRATS EN MATIERE DE PROPRIETE


INDUSTRIELLE

Les Conventions internationales sont adoptées par différents pays pour assurer la protection
internationale à savoir la convention de Paris, et l’accord ADPIC.

§1. La Convention de Paris

La Convention de l’Union de Paris est destinée à couvrir l’ensemble de la propriété


industrielle ; ce texte a été ratifié par 173 pays. L’institution de l’Union signifie que les pays
adhérents forment fictivement un territoire unique pour l’application des dispositions de la
Convention.

Sont ressortissants de ressortissants des pays non adhérents, à la condition qu’ils aient dans
l’un des pays membres soit leur domicile soit un établissement industriel ou commercial,
effectif et sérieux. Ce texte fondamental demeure toutefois assez timide dans son œuvre
d’harmonisation des différents droits.

La Convention de l’Union de Paris comporte deux séries de dispositions : les premières


consacrent le principe de l’assimilation des unionistes aux nationaux ; les secondes instituent
un système d’harmonisation du droit.

L’assimilation des unionistes aux nationaux, selon l'article 2, alinéa 1er, « les ressortissants
de chacun des pays de l’Union jouiront, dans tous les autres pays de l’Union, en ce qui
concerne la protection de la propriété industrielle 201, des avantages que les lois respectives
accordent actuellement ou accorderont par la suite aux nationaux, le tout sans préjudice des
droits spécialement prévus par la présente Convention ».

Il résulte de cette disposition que tout unioniste bénéficie dans tous les pays de l’Union des
mêmes droits que ces pays réservent à leurs nationaux.

La Convention d’Union consacre ainsi l’égalité de traitement entre les unionistes :


l’unioniste allemand par exemple déposant un brevet en France jouit des mêmes droits que le
breveté français, mais se trouve naturellement soumis aux mêmes obligations.

201TGI. Valence, 16 févr. 1962, Ann. propr. ind.1963 p. 313, note Le Tarnec.

130
Les dispositions de la Convention qui visent à l'harmonisation du droit s'imposent à tous les
pays contractants, quel que soit le contenu de leur législation nationale.

La Convention d'Union n'a pas institué de titres internationaux ou supranationaux : les pays
unionistes délivrent toujours des brevets nationaux émanant de leur souveraineté respective.
Il reste que le droit conventionnel est d'une importance considérable. Son contenu peut être
regroupé autour de deux idées : l'institution d'un droit de priorité et la mise en œuvre de la
règle de l'indépendance des brevets.

● Le droit de priorité

L'article 4 de la Convention institue et réglemente le droit de priorité unioniste. Lorsque, dans


l'un des États de l'Union, un titre de propriété industrielle a été demandé par un unioniste et
publié, la publication ne met pas obstacle à la délivrance d'un titre symétrique dans un autre
pays de l'Union. Un délai de douze mois en matière de brevet, de six mois en matière de
marques et de dessins et modèle, calculé à partir du dépôt de la demande initiale, est accordé
à cet unioniste pour prendre des droits symétriques dans les autres pays de l'Union. Ce délai
de six ou douze mois est appelé « délai de priorité ». Pour son titulaire, l'intérêt du droit de
priorité est double : pendant ce délai de priorité, il ne pourra lui être opposé ni la divulgation
résultant de son premier dépôt ni les dépôts faits par d'autres que lui.

Pour pouvoir revendiquer le droit de priorité, le déposant doit avoir effectué un premier dépôt
dans l’un des pays de l’Union (art. 4, al. 1). Ce premier dépôt doit être régulier. Il doit y avoir
identité d’objet entre la demande initiale et la ou les demandes postérieures. Le délai de six
ou douze mois part de la date du dépôt de la première demande, le jour du dépôt étant exclu.
Les conditions de forme de la revendication du droit de priorité sont réglementées par
l’article 4.

Le droit de priorité202, qui naît d’une demande de brevet, de dessin et modèle ou de marque,
appartient au déposant : le droit de priorité n’est pas attaché à la qualité de créateur, mais naît
du dépôt régulièrement effectué ; certes, le droit de priorité, dès qu’il est né, se détache de la
demande d’origine dont il n’est pas l’accessoire, et peut être cédé isolément. Mais, s’il n’est
pas établi que le droit de priorité né d’une première demande déposée à Madagascar ait été
cédé, le brevet ou la marque, demandés sous le bénéfice de la priorité de la demande

202TGI Paris, 27e ch., 2e sect., 28 sept. 2007, PIBD 2007 n° 863, III. 694 ; Prop. Ind., déc. 2007 p. 26 note
Raynard.

131
malagasy, appartiennent au propriétaire de cette demande, et le propriétaire de cette demande
est en droit de revendiquer la propriété des brevets ou des marques ainsi déposées qui
constituent le prolongement du titre malagasy et qui lui appartiennent.

Le titre déposé dans un pays de l’Union ne peut se voir opposer dans un autre pays le défaut
de nouveauté, du fait de son premier dépôt, de sa publication ou de son exploitation. La
demande déposée dans un pays de l’Union fait échec à tout dépôt fait par un tiers dans un
autre pays et portant sur la même invention.

Le droit de priorité peut être cédé ; il peut être cédé isolément ; mais le droit de priorité
n’étant pas l’accessoire de la première demande, la cession de cette dernière n’entraîne pas,
sauf stipulation expresse, la cession du droit de priorité.

L’exercice du droit de priorité obéit à certaines formalités 203. Ces formalités sont au nombre
de deux. La première a un caractère obligatoire. En effet, la priorité doit être revendiquée
dans une déclaration faite par le demandeur du titre correspondant. C’est à la loi nationale
qu’il appartient de fixer le délai pendant lequel cette déclaration doit être souscrite.

La revendication de priorité est alors publiée. La loi nationale a en outre la faculté d’exiger la
production de la copie de la première demande. C’est ainsi que la loi française exige que le
déposant, qui revendique la priorité d’une première demande, dépose la copie de cette
demande dans un délai de quatre mois. La sanction de l’omission de ces formalités consiste
en la perte du droit de priorité. Il est aussi permis d’invoquer des priorités multiples ou
partielles. Ainsi, le déposant peut revendiquer la priorité de plusieurs demandes antérieures
qui ont pu être déposées dans différents pays.

À l’inverse, un déposant peut se contenter d’invoquer pour partie seulement de son invention,
la priorité d’une demande antérieure.

● La règle de l’indépendance des brevets

L'article 4 bis de la Convention prévoit que les brevets demandés dans les différents pays de
l'Union, pendant le délai de priorité, sont indépendants des brevets obtenus, pour la même
invention, dans les autres pays adhérant ou non à l'Union. Le texte précise que les différents
brevets sont indépendants quant à leur durée, leur nullité et leur déchéance 204. Ainsi, le brevet

203Paris, 30 janv. 1991, Ann. propr. ind. 1991.39.


204Éludant cette question : TGI Paris, 3e ch. 2e sect., 30 janv. 2009, PIBD 2009 n° 899, III.
1162 ; Propr. ind., sept. 2009 p. 22 note Raynard.

132
pris en France par un ressortissant allemand, comme réplique d'un brevet antérieurement
délivré en Allemagne aura en France la durée prévue par la loi française dont le départ sera le
jour du dépôt en France et sera soumis aux causes de nullité, aux causes de déchéance, aux
droits et obligations de la législation française.

De plus, la Convention comporte certaines dispositions relatives à la déchéance du brevet 205


(délai de grâce et restauration), à la contrefaçon et au droit moral de l'inventeur.

§2.- L’Accord ADPIC

Le second grand instrument mondial concernant l’ensemble des droits de propriété


industrielle est l’accord instituant l’Organisation mondiale du commerce signé à Marrakech
le 15 avril 1994 1, dont une annexe entière est consacrée aux droits de propriété
intellectuelle : l’annexe ADPIC (aspects des droits de propriété intellectuelle liés au
commerce) ou encore dénommée par son acronyme anglais : TRIPS (Trade Related Aspects
ofIntellectual Property Rights Including Trade in Counterfeit Goods).

Les objectifs poursuivis par cet instrument tendent d’une manière générale à renforcer et à
harmoniser à l’échelle mondiale la protection de la propriété intellectuelle. Cet accord a
conclu le cycle d’Uruguay de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (encore
appelé GATT – GeneralAgreement on Tariffs and Trade). Il oblige les États qui l’ont ratifié à
assurer une protection minimale des droits de propriété intellectuelle qui est la condition
d’octroi des avantages douaniers prévus par cet accord. Par ailleurs, il prescrit aux États
membres de prévoir des procédures et des mesures en vue de faire respecter les droits de
propriété intellectuelle. Enfin, il établit un Conseil des aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce (Conseil des ADPIC) chargé de suivre le
fonctionnement de l’Accord, et une procédure de règlement des différends qui renvoie à
l’Organe de règlement des différends instauré par le GATT de 1994.

Le Traité de l’OMC, en tant qu’il intègre en les renforçant les grandes conventions sur la
propriété intellectuelle, instrumentalise désormais celles-ci dans le cadre d’un mécanisme
plus vaste de gestion des échanges mondiaux dont l’OMC est le grand ordonnateur. Il faut
donc considérer qu’aujourd’hui l’initiative politique en matière de propriété industrielle
trouve davantage sa source au sein de l’OMC qu’au sein de l’OMPI.

205Civ., 1er févr. 1944, Ann. propr. ind. 1940-19-48, F.3.

133
La coopération entre l’OMC et l’OMPI est organisée par un accord signé à Genève le 22
décembre 1995.

● Les principes généraux de l’Accord

Les principes généraux de l’Accord peuvent se résumer au traitement national, au traitement


de la nation la plus favorisée et à un certain nombre de dispositions destinées au
développement socio-économique et technologique.

Le traitement national, énoncé par l’article 3, et selon lequel « chaque Membre accordera aux
ressortissants des autres membres un traitement non moins favorable que celui qu’il accorde à
ses propres ressortissants en ce qui concerne la protection de la propriété intellectuelle » est
une reprise du même principe faisant partie du GATT pour ce qui concerne le commerce des
marchandises, et des conventions de l’OMPI206, dont il reprend d’ailleurs les mêmes
exceptions.

Le traitement de la nation la plus favorisée (art. 4) est, à la différence du principe précédent,


une innovation en matière de propriété intellectuelle 207. Elle vise à étendre aux ressortissants
de tous les autres membres, tous les avantages, faveurs, privilèges ou immunités accordées
par un membre aux ressortissants de tout autre pays. Ce principe souffre certaines exceptions
tirées d’autres instruments internationaux.

Les articles 7 et 8 de l’Accord assignent aux membres des objectifs généraux dont la
rédaction en des termes assez vagues traduit le désaccord entre les pays en voie de
développement et les pays industrialisés sur la question d’un contrôle des autorités publiques
sur l’exercice des droits intellectuels. L’Accord prévoit des arrangements transitoires durant
une période restreinte au bénéfice des pays en voie de développement, pour l’application de
cet instrument208.

● Les droits protégés

206Sur ce point : Shu Zhang, De l’OMPI au GATT, La protection internationale des droits de la propriété
intellectuelle, Litec 1994.
207 Schmidt-Szalewski, « La protection des droits industriels dans la Convention de Marrakech », in Mélanges
Foyer, PUF 1997, p. 570.
208 Art. 65 à 67 de l’Accord ADPIC.

134
Elles concernent le droit d’auteur et les droits connexes 209, les marques de fabrique ou de
commerce210, les indications géographiques211, les dessins et modèles industriels 212, les
brevets213, les schémas de configuration de circuits intégrés, 214 mais aussi les renseignements
non divulgués, ce qui englobe la protection effective contre la concurrence déloyale
conformément à l’article 10 bis de la Convention de Paris, et confère une protection à des
types d’informations secrètes possédant une valeur commerciale, telles les données des
dossiers d’autorisation administrative de mise sur le marché de certains produits, comme les
produits pharmaceutiques215.

Ces normes se trouvent complétées, et là réside sans doute la partie la plus importante du
texte, par une série de dispositions relatives à l’acquisition et au maintien des droits de
propriété intellectuelle216, à l’exercice des droits et aux moyens propres à les faire respecter de
manière effective. C’est ainsi que l’article 40 traite du contrôle des pratiques
anticoncurrentielles dans les licences contractuelles, les articles 42 à 49 évoquent les
procédures et mesures correctives civiles et administratives, l’article 50 les mesures
provisoires, les articles 51 à 60 prescrivent des mesures spéciales concernant les contrôles
douaniers, tandis que l’article 61 prévoit les procédures pénales de lutte contre la contrefaçon.

§3.- Les instruments internationaux relatifs aux marques

En ce qui concerne les demandes d’enregistrements internationaux au sens sur Protocole de


Madrid, sont applicables les dispositions les dispositions du Protocole de Madrid selon
l’article 100 de la loi 2017- 049 portant régime de protection de la propriété industrielle à
Madagascar.

● L’Arrangement de Madrid

L’Arrangement de Madrid est signé en 1891, il instaure un système d'enregistrement


international des marques. Les 56 pays qui ont ratifié ce texte constituent entre eux une union
particulière pour l'enregistrement des marques. Un enregistrement international unique assure

209 Art 9 à 14 de l’Accord ADPIC.


210 Art. 15 à 21 de l’Accord ADPIC.
211 Art. 22 à 24 de l’Accord ADPIC.
212 Art. 25 et 26 de l’Accord ADPIC.
213 Art. 27 à 34 de l’Accord ADPIC.
214 Art. 35 à 38 de l’Accord ADPIC.
215 Art. 39 de l’Accord ADPIC.
216 Art. 62 de l’Accord ADPIC.

135
la protection de la marque dans chacun des États membres comme si elle y avait été déposée
puis enregistrée.

Ce système efficace est prisé puisqu'il y a à peu près 400 000 enregistrements actuellement en
vigueur, mais il souffre d'un nombre insuffisant de pays membres (56 signataires en
novembre 2003). L'élargissement de l'Union de Madrid a fait l'objet d'une première tentative
avec l'Arrangement adopté à Vienne le 12 juin 1973 instituant le traité concernant
l'enregistrement des marques (Trade mark Registration Treaty – TRT).

Il se distingue de l’Arrangement de Madrid en ce que l’enregistrement international prévu


par le TRT ne se fait pas obligatoirement sur une marque nationale enregistrée : il peut être
directement le premier enregistrement d’une marque. Ratifié par seulement 5 États, ce
nouveau système peut être considéré comme un échec. Les instances internationales ont
relancé la révision de l’Arrangement de Madrid par un protocole signé dans la même ville le
28 juin 1989. Ce protocole introduit des modifications importantes dans l’Arrangement de
Madrid, destinées à aplanir les difficultés qui pouvaient retenir certains pays à adhérer à cet
instrument. Par ailleurs, il établit un lien entre le système de l’Union de Madrid et les
systèmes régionaux de protection des marques comme en Europe la marque communautaire
1.

● Les instruments internationaux en matière de brevet

Le Traité de coopération en matière de brevets (PCT) est signé à Washington le 19 juin


1970, le PCT (Patent Cooperation Treaty) regroupait 144 pays à l’automne 2011. Ce texte
vise deux objectifs essentiels. D’une part, améliorer les procédures de délivrance des brevets
notamment dans les pays qui ne disposent pas d’un office pouvant exercer un contrôle sérieux
des demandes en mettant en place une coopération internationale. D’autre part, permettre une
meilleure diffusion de l’information technique. La procédure de dépôt de brevet est
centralisée auprès de l’OMPI où s’effectue l’examen formel de la demande et la recherche
d’antériorités et, facultativement, l’examen préliminaire international. Puis la demande éclate
en un faisceau de demandes nationales vers tous les pays désignés lesquels se chargent de la
procédure finale de la délivrance.

L’intérêt pratique principal du PCT est de permettre de différer la décision de confirmation


des désignations des pays initialement choisis au moment du dépôt de la demande. Ce délai

136
est de 20 mois à compter de la date de dépôt de la demande de PCT ou éventuellement de la
date de priorité s’il y a lieu.

Ce délai peut être prolongé à 30 mois si un examen préliminaire international est demandé.
Ce laps de temps est mis à profit par le déposant pour évaluer la portée de l’invention, avoir
une vision plus claire de son enjeu commercial, des marchés potentiels et du positionnement
des concurrents et par voie de conséquence, du choix des pays où une protection sera
recherchée. Une révision du règlement d’exécution du Traité PCT a été adoptée en 2002. Un
programme de réforme de cette convention est en cours de réalisation.

Le Traité sur le droit des brevets (PLT), adopté le 1er juin 2000 1, il a pour objet, comme son
cousin le TLT en matière de marques, l’harmonisation internationale des conditions de forme
s’appliquant aux demandes de brevets et aux brevets dans le cadre des différents systèmes
nationaux et régionaux. Il permettra aux usagers de bénéficier de procédures simples et
connues d’avance pour déposer des demandes nationales et régionales de brevets et maintenir
les titres obtenus dans toutes les Parties contractantes. Il a été signé par 28 États ou
organisations internationales et est entré en vigueur le 28 avril 2005.

§4.- Les instruments internationaux relatifs aux dessins et modèles industriels et les
instruments internationaux relatifs aux appellations d’origine

En ce qui concerne les demandes d’enregistrement internationales au sens de l’Acte de


Genève de l’Arrangement de La Haye concernant l’enregistrement international des dessins
et modèles industriels sont applicables des Actes de Genève selon l’article 135 de la Loi
2017- 049.

● Les instruments internationaux relatifs aux dessins et modèles industriels

L’Arrangement de La Haye du 6 novembre 1925 organise le dépôt international des dessins


et modèles industriels. À l’instar de l’Arrangement de Madrid pour les marques, il permet
d’obtenir par un seul dépôt effectué auprès de l’OMPI, une protection dans plusieurs États. Il
compte 57 États signataires au printemps 2010.

Parallèlement, l’Arrangement de Locarno du 8 octobre 1968 1 institue une classification


internationale pour les dessins et modèles industriels, instrument indispensable pour le bon
fonctionnement du système international mis en place par l’Arrangement de La Haye. Il
compte 59 pays signataires à l’automne 2011. Un nouvel acte à l’Arrangement de La Haye,

137
adopté à Genève le 2 juillet 1999, permet de mieux articuler le système d’enregistrement
international avec ceux des États-Unis et du Japon.

● Les instruments internationaux relatifs aux appellations d’origine

La Convention de Paris du 20 mars 1883 vise expressément les appellations d’origine et les
indications de provenance comme des droits de propriété industrielle à part entière 217.
Cependant, l’organisation internationale de la protection des dénominations géographiques
n’est apparue que tardivement. L’Arrangement de Madrid du 14 avril 1891 n’a qu’un objet
limité : il prévoit la répression des indications de provenance fausses ou fallacieuses. Il a fallu
attendre l’Arrangement de Lisbonne du 31 octobre 1958 pour assurer aux appellations
d’origine une protection internationale organisée et complète. L’Arrangement de Lisbonne
organise un enregistrement international à partir de la protection accordée dans le pays
d’origine. Son succès, fort relatif, n’a convaincu que 27 pays signataires.

La protection internationale des produits semi-conducteurs basée sur le Traité de Washington


du 26 mai 1989 organise une protection internationale de la propriété intellectuelle en matière
de circuits intégrés. Il n’est pas encore entré en vigueur en raison du nombre insuffisant de
ratifications.

Section V. LES CONTRATS ET LES INFRACTIONS EN MATIERE DE


PROPRIETE INDUSTRIELLE

À l’instar du droit de propriété portant sur des biens corporels, les droits de propriété
industrielle sont susceptibles d’être l’objet de contrats 218. La nature patrimoniale de ces droits
autorise en effet par principe toute opération contractuelle que le titulaire trouverait utile de
faire. L’opération contractuelle peut avoir pour objet un brevet, une marque, un dessin ou un
modèle ou une demande de l’un de ces titres219 , un droit de priorité. Tous ces actes s’appuient
sur le droit commun des contrats qui figurent dans le Code civil ; il existe néanmoins des
dispositions spéciales qui figurent dans le code de la propriété intellectuelle.

§1. Les contrats en matière de propriété industrielle

217 Art. 1, al. 2 de la Convention de Paris.


218 Académie des sciences et Académie des sciences morales et politiques, « les contrats d’exploitation des
droits de brevets d’invention », éd. Tec et Doc, 2006.
219 Art. L. 613-9 c. propr. intell. Français.

138
Leur nature commune rend possible une étude d’ensemble des principaux contrats de la
propriété industrielle qui, schématiquement, se divisent en deux grandes catégories d’actes ; il
y a ceux qui ont pour effet de transférer les droits : les cessions, et ceux qui confèrent une
autorisation d’exploiter : les licences.

● Les contrats emportant transfert de droits

La cession est une vente. Néanmoins, d’un point de vue strictement terminologique, il
convient de réserver le terme de vente aux contrats qui transfert la propriété d’une chose
corporelle (vente d’une voiture, par exemple), tandis que le terme de cession renvoie au
transfert de droits sur un bien incorporel (cession d’un fonds de commerce, d’une créance…).

La disposition légale confirme, pour chacun des droits de propriété industrielle, le droit pour
le titulaire de céder ses prérogatives; la question du caractère cessible de certains d'entre eux
a néanmoins soulevé des difficultés.

- Le caractère cessible des droits de propriété industrielle

La question du caractère cessible des droits de propriété industrielle se trouve « parasitée »


par deux considérations différentes selon que l’on s’intéresse aux marques ou aux dessins et
modèle.

Nous savons que la marque est un signe qui permet au consommateur de distinguer un
produit ou un service d’un autre. Par conséquent, aux yeux de ce consommateur, la marque
constitue un point de repère qui lui permet, comme le dit la jurisprudence, de renouveler un
acte d’achat qui a donné satisfaction ou d’écarter un produit qui a déçu. La marque est donc
essentielle dans la décision d’acheter et, par voie de conséquence, dans le jeu de la
concurrence ; c’est le rappel de la fonction essentielle de la marque qui consiste à garantir
l’identité d’origine des produits et des services.

Du point de vue de l’entreprise, la marque permet de fidéliser la clientèle. Il apparaît donc


évident que, tant du côté des consommateurs que du côté des entreprises, un lien s’établit
entre le produit ou service et la marque. Ne dit-on pas que telle marque est une « bonne
marque », ce qui signifie que cette marque est apposée sur un produit de qualité ?

Dans ces conditions, est-il possible de couper ce lien en admettant qu’une marque puisse être
cédée et qu’elle devienne le signe distinctif d’un produit fabriqué différemment (avec une

139
qualité moindre, par exemple). En somme, la cessibilité des droits sur la marque n’est-elle
pas de nature à tromper les consommateurs ?

Cette question revient, en termes juridiques, à s’interroger sur la libre cessibilité de la


marque, autrement dit indépendamment des moyens de production des produits sur lesquels
elle sera apposée, indépendamment du fonds de commerce. Répondre par l’affirmative, c’est
conférer une plus grande valeur « commerciale » à la marque, car elle peut exister en tant que
telle et est négociable de manière autonome. En revanche, c’est admettre que le
consommateur puisse parfois être trompé, lui qui ignorera que les produits aujourd’hui
commercialisés sous cette marque sont fabriqués différemment de ceux qu’il a consommés
dans le passé et qu’il a appréciés.

La cession libre220 (c’est-à-dire indépendamment du fonds de commerce) est admise : « les


droits attachés à une marque sont transmissibles en totalité ou en partie, indépendamment de
l'entreprise qui les exploite ou les fait exploiter ».

Plusieurs raisons permettent de justifier cette solution. La principale tient au fait que la
marque ne peut pas être une garantie absolue de qualité d’un produit. Les difficultés
financières d’une entreprise, par exemple, peuvent avoir pour conséquence une baisse de la
qualité de fabrication d’un produit qui se trouve toujours distingué par la même marque.

La disposition sur la marque communautaire 221 confirme cette solution: « La marque


communautaire peut, indépendamment du transfert de l’entreprise, être transférée ... » ; « S’il
résulte de façon manifeste des pièces établissant le transfert, qu’en raison de celui-ci la
marque communautaire soit propre à induire le public en erreur, notamment sur la qualité, la
nature ou la provenance géographique des produits ou des services pour lesquels elle est
enregistrée, l’Office refuse d’enregistrer le transfert (...) ».

Notre droit positif admet donc, en principe, que les marques puissent être cédées librement; il
en va de même des autres droits de propriété industrielle (brevet, dessin ou modèle…).

Le problème qui se pose en matière de dessins ou modèles est différent de celui évoqué plus
haut, au sujet des marques. Ce n’est pas ici le caractère libre de la cession des droits qui est
en cause, mais l’obligation (ou non) de se conformer, en matière contractuelle, aux

220 Selon l’article L. 714-1 c. propr. intell.fr. qui dispose, à l’alinéa 1 du Code de propriété intellectuelle
français.
221 Le Règlement (CE) 207/2009 du Conseil du 26 février 2009 (qui a abrogé le Règlement (CE) 40/94 du
Conseil du 20 décembre 1993)

140
dispositions du droit d’auteur. On sait, en effet, que le droit des dessins ou modèles entretient
des relations serrées avec le droit d’auteur compte tenu du principe de l’unité de l’art et du
cumul des protections qui en découle.

La disposition légale222 rappelle en effet que: « Sans préjudice des droits résultants,
l'application d'autres dispositions législatives, l’enregistrement d'un dessin ou modèle
confèrent à son titulaire un droit de propriété qu'il peut céder ou concéder ».

Dès lors, une création protégée par un dessin ou modèle sera bien souvent protégée
également par le droit d’auteur qui comporte de nombreuses dispositions impératives en
matière contractuelle. On peut donc considérer que la cession d’un dessin ou modèle doit,
pour la sécurité juridique du cessionnaire, emporter le transfert des droits de l’auteur dans les
formes imposées par le droit d’auteur223.

Néanmoins, une telle solution n’est pas jugée satisfaisante par une partie de la doctrine qui
estime que les règles protectrices des auteurs ne sont pas adaptées dans un contexte de
créations industrielles224.

- La cession des droits

La cession a pour objet les droits tels qu’ils sont circonscrits dans le titre de propriété (en
matière de marques par exemple, elle concernera les produits et services visés dans
l’enregistrement…). La cession peut cependant être partielle 225; en matière de marque, cela
signifie que la cession peut ne porter que sur certains des produits ou services visés dans
l’acte d’enregistrement.

En revanche, il est précisé, en matière de marque, que la cession (même partielle) ne peut pas
comporter de limitation territoriale. Cela signifie que le contrat de cession d’une marque
française ne peut prévoir que le cessionnaire sera titulaire des droits pour le sud de la France,
tandis que le cédant resterait titulaire de la marque dans la moitié nord de la France. Il en va
de même pour une marque communautaire. En revanche, cette règle ne vaut pas en matière
de brevet.

222L’article L.513-2 c. propr. intell.français.


223 Article L. 131-1 et suiv. c. propr. intell. - F. Pollaud-Dulian, La propriété industrielle, Economica, 2010,
n°1118).
224 J. Passa, Droit de la propriété industrielle, LGDJ, 2009, n° 762 ; J.-C. Galloux, Droit de la propriété
industrielle, Dalloz, 2012, n° 1330.
225 Art. L. 613-8 et L. 714-1 c. propr. intell.fr.

141
Aux conditions traditionnelles de validité des contrats posés par le Code civil français
(capacité des parties, consentement, objet, cause), s’ajoutent des conditions spéciales qui
doivent être respectées à peine de nullité de la cession. Ainsi, les dispositions légales 226
imposent la rédaction d’un écrit. L’exigence d’un écrit doit être étendue aux dessins et
modèles.

De la formation du contrat naît des obligations pour les deux parties. Outre celle de payer le
prix selon les modalités prévues, mise à la charge du cessionnaire, le cédant doit la délivrance
qui se caractérise par la remise du titre de propriété et de ses accessoires. Il doit également la
garantie en cas d’éviction227et celle des vices cachés228.

L’opposabilité de la cession au tiers passe par la mention de l’acte dans le registre concerner,
puis par sa publication.

Pour la cession des brevets229 : « Tous les actes transmettant ou modifiant les droits attachés à
une demande de brevet ou à un brevet doivent, pour être opposables aux tiers, être inscrits sur
un registre, dit registre national des brevets, tenu par l'Institut national de la propriété
industrielle. Toutefois, avant son inscription, un acte est opposable aux tiers qui ont acquis
des droits après la date de cet acte, mais qui avaient connaissance de celui-ci lors de
l'acquisition de ces droits ». Les dispositions légales230 posent la même règle.

Le principal effet de la cession est d’investir le cessionnaire du droit exclusif; il devient le


seul titulaire de l’action en contrefaçon, mais à défaut de publicité du transfert des droits, son
action contre un tiers ne sera pas recevable 231. De manière logique et dans le silence du
contrat, le cédant reste titulaire de l’action après la cession, pour des faits de contrefaçon
antérieurs non prescrits232.

La cession oblige le cessionnaire au versement d’un prix dont le montant est fixé librement
par les parties. L'évaluation d'un droit de propriété industrielle peut s'avérer compliquée ;

226 Les articles L. 613-8 alinéa 5 (pour les brevets) et L. 714-1 alinéa 4 c. propr. intell. (pour les marques).
227 L’art. 1626 Code. civ.fr.
228 L’art. 1641 Code. civ.fr.
229 L’article L. 613-9 c. propr. intell.fr.
230 Les articles L. 714-7 (pour les marques) et L. 513-3 (pour les dessins et modèles).
231 Cass. com., 24 juin 1986, n° 84-17419.
232 TGI Strasbourg, 21 janvier 1992 : PIBD 1992, III, 352.

142
plusieurs méthodes existent, basées sur le coût de remplacement, sur le chiffre d’affaires
obtenu grâce à la marque233, au brevet, ou aux dessins et modèle.

Aux termes de l’article 1832 du Code civil français, les parties au contrat de société peuvent
décider d’affecter à une entreprise commune des droits de propriété industrielle ; il s’agira
d’un apport en nature qui peut être en propriété (assimilé à une cession) ou en
jouissance(assimilée à une licence)234.

La disposition légale en matière de la propriété intellectuelle, à l’instar du code de


commerce, impose la constatation de l’apport dans un écrit à peine de nullité 235. Une
inscription dans l’un des registres nationaux est obligatoire236; elle sera ensuite portée à la
connaissance du public par une mention au BOPI.

● Les contrats n’emportant pas transfert des droits

On peut citer deux contrats n’emportant pas de transfert des droits : le premier est le contrat
de licence, le second est le contrat de nantissement (qui pourra néanmoins entrainer un
transfert des droits, si le titulaire des droits et débiteur ne s’acquitte pas de la dette garantie).

- La licence

Bien que l’économie générale des contrats de licence et de cession soit profondément
différente, plusieurs traits caractéristiques du régime de la cession se retrouvent en matière de
licence.

La licence est un contrat par lequel le titulaire d’un droit de propriété industrielle autorise son
cocontractant (le licencié) à exploiter les droits pour une durée, dans des limites et contre une
rémunération (redevances) définies par leur accord.

À la différence de la cession, ce type de contrat n’opère aucun transfert de droit ; pour cette
raison, il est fréquent de comparer la licence à un contrat de louage de choses 237. On trouve de
telles opérations dans les contrats de la distribution (licence de marque), dans les accords de
coopération industrielle (licence de brevet, sur les licences imposées au titulaire d’un brevet).

233 C. Crampes, La valeur économique des marques : Droit & Patrimoine, octobre 1999, p. 79.
234 Dans les termes de l’article 1843-3 du Code civil français.
235 Les articles L. 613-8 et L. 714-1 du Code de. propr. intell.fr.
236 Les articles L. 613-9, art. L. 714-7 Code. propr. intell.fr.
237 Les articles 1713 et suivants du Code civil français.

143
Le contrat de licence porté par la liberté contractuelle autorise de nombreuses figures
différentes et s’adapte à toutes les formes d’exploitation voulue, sous réserve de ne pas
enfreindre les règles de la concurrence 238 .Il peut tout aussi bien décider que la licence sera
concédée à titre exclusif.

De nombreuses entreprises innovantes mènent une politique de licences (de brevet) qui leur
permettent de tirer d’importants profits de leurs résultats en matière de recherche et
développement (R&D), sans exploiter elles-mêmes directement les droits (le licensing).

Le contrat doit être constaté par écrit en vertu des mêmes dispositions que pour la cession.

S’agissant des effets à l’égard des parties, les obligations sont pour le donneur de licence
assez proche de celles assumées par le cédant (garantie, délivrance) auxquelles s’ajoute
l’obligation pour le donneur de licence d’assurer le maintien en vigueur du droit en
s’acquittant des annuités pour un brevet239, en renouvelant régulièrement la protection pour
une marque ou un dessin ou modèle).

Le licencié est très souvent débiteur de l’obligation d’exploiter le droit de propriété


industrielle, car il est fréquent que les redevances dues soient déterminées par un pourcentage
de son chiffre d’affaires. Par ailleurs, s’agissant des marques, une exploitation sérieuse est la
condition pour échapper au risque de déchéance des droits (licence exclusive). Tous ces
aspects font le plus souvent l’objet de précisions dans les contrats de licence.

La licence peut être exclusive240, ce qui se déduit de l’engagement pris par le titulaire des
droits de n’accorder aucune autre licence ayant le même objet sur le même territoire ; il en
résulte, sauf disposition contraire, que le titulaire des droits se trouve lui-même privé de la
possibilité d’exploiter son droit.

Le caractère exclusif ou non de la licence a une incidence sur la détermination du titulaire du


droit d’agir en contrefaçon contre un tiers (la publicité aux fins d’opposabilité aux tiers est
requise dans les mêmes conditions que pour la cession).

Si le licencié exclusif souhaite agir en contrefaçon, la licence ayant pour objet une demande
de brevet européen doit être publiée au registre européen des brevets en application du

238 Règlement (CE) n° 772/2004 de la Commission du 7 avril 2004 concernant l’application de l’article 81,
paragraphe 3, du traité à des catégories d’accords de transfert de technologie.
239 Cass. com., 9 mars 2010, n° 09-10571 : J. Raynard, D. 2011, p. 329.
240 Les articles L. 613-8 al. 2, L. 714-1 al. 2 du Code de la propriété intellectuelle français.

144
règlement d’exécution de la Commission du Brevet Européen ; lorsque la licence a pour objet
un brevet européen, l’inscription doit être portée dans un registre national241.

Lorsque la licence n’est pas exclusive, seul le titulaire des droits peut agir en contrefaçon, le
licencié peut néanmoins intervenir dans l’instance 242: « Toute partie à un contrat de licence
est recevable à intervenir dans l'instance en contrefaçon engagée par une autre partie afin
d'obtenir la réparation du préjudice qui lui est propre ».

En revanche, en présence d’une licence exclusive, le licencié peut exercer l’action en


contrefaçon243: « L'action en contrefaçon est exercée par le propriétaire du brevet. Toutefois,
le bénéficiaire d'un droit exclusif d'exploitation peut, sauf stipulation contraire du contrat de
licence, exercer l'action en contrefaçon si, après mise en demeure, le propriétaire du brevet
n'exerce pas cette action. Le breveté est recevable à intervenir dans l'instance en contrefaçon
engagée par le licencié ».

Il en va de même pour les marques 244: « L'action civile en contrefaçon est engagée par le
propriétaire de la marque. Toutefois, le bénéficiaire d'un droit exclusif d'exploitation peut agir
en contrefaçon, sauf stipulation contraire du contrat si, après mise en demeure, le titulaire
n'exerce pas ce droit ». Le droit des dessins et modèles ne déroge pas à ces règles245.

- Le nantissement

L’article 2329 Code civil énumère les sûretés sur les meubles et vise, à cet égard, le
nantissement de meubles incorporels dont le régime est développé aux articles 2355 et suiv.
C. civ. Les droits de propriété industrielle 246 peuvent, dans ce cadre, être l’assiette d’un droit
réel accessoire destiné à garantir une créance. Les marques communautaires comme les
dessins ou modèles communautaires peuvent également être données en garantie d’un crédit.

Au-delà du droit commun qui réside dans le Code civil, le nantissement d’un droit de
propriété industrielle obéit aux dispositions spéciales du code de la propriété intellectuelle.
Ainsi, la rédaction d’un écrit est nécessaire à peine de nullité ce que précise l’article L. 714-1

241 Cass. com., 3 avril 2012, pourvoi n° 11-14848 : LEPI juin 2012,obs. J.-P. Clavier.
242 Les articles L. 615-2 al. 5, art. L. 716-5 al. 2 du Code de propr. intell.fr.
243 L’article L. 615-2 du Code de propr. intell.fr.
244 L’article L. 716-5 c. propr. intell. al. 1 du Code de propr. intell.fr.
245 L’art. L. 521-2 du Code de propr. intell.fr.
246 Art. 2355 al. 4 c. civ.

145
al. 4 du Code de propriété intellectuelle français : « Le transfert de propriété, ou la mise en
gage, est constaté par écrit, à peine de nullité ».

Bien que l’exigence ne soit pas expressément formulée par l’article L. 613-8 du Code de
propriété intellectuelle français en matière de brevet, l’écrit est une condition de validité du
nantissement. Il en va de même pour les dessins et modèles.

Le contrat de nantissement doit faire l’objet d’une inscription dans l’un des registres tenus par
l’organe compétent à la matière, selon le droit concerné : le registre national des brevets, le
registre national des marques, le registre national des dessins et modèles.

Une publication au Bulletin officiel de la propriété industrielle sera ensuite effectuée afin de
rendre le gage opposable aux tiers.

Les droits de propriété industrielle peuvent être donnés en garantie par le biais d’un
nantissement du fonds de commerce dont ils sont des éléments, aux termes de l’article L.
142-2 du Code de consommation français : « Sont seuls susceptibles d'être compris dans le
nantissement soumis aux dispositions du présent chapitre comme faisant partie d'un fonds de
commerce : l'enseigne et le nom commercial, le droit au bail, la clientèle et l'achalandage, le
mobilier commercial, le matériel ou l'outillage servant à l'exploitation du fonds, les brevets
d'invention, les licences, les marques, les dessins et modèles industriels, et généralement les
droits de propriété intellectuelle qui y sont attachés ».

Mais, c’est à la condition que ces droits sont « désignés » par les parties au contrat de
nantissement, selon l’alinéa 3 de l’article : « À défaut de désignation expresse et précise dans
l'acte qui le constitue, le nantissement ne comprend que l'enseigne et le nom commercial, le
droit au bail, la clientèle et l’achalandage ».

Le titulaire du titre de propriété industrielle donné en gage a l’obligation de maintenir en


vigueur son droit, à l’instar du donneur de licence, en exploitant sérieusement le bien pour
éviter une déchéance de ses droits (pour une marque).

Le créancier nanti se trouve logiquement investi d’un droit de préférence 247 sur le prix de
cession du droit de propriété industrielle, d’un droit de suite puisqu’il s’agit d’un gage sans
dépossession et d’une manière moins certaine, de la possibilité de solliciter l’attribution
judiciaire du droit248.
247 Art. 2333 c. civ.
248 F. Pollaud-Dulian, La propriété industrielle, Economica, 2010, n° 743 ; J. Azema et J.- C. Galloux, Droit de la
propriété industrielle, Dalloz, 2012, n° 607 ; C. Bernault et J.-P. Clavier, Dictionnaire de droit de la propriété

146
§2. Les infractions en matière de la propriété intellectuelle

Toute atteinte à la propriété littéraire et artistique et à la propriété industrielle est


répréhensible à son auteur. Cette atteinte se manifeste par une reproduction et une atteinte au
droit de représentation.

● LA CONTREFAÇON ET LA CONCURRENCE DÉLOYALE EN

PROPRIÉTÉ LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE

L’infraction essentielle est la contrefaçon simple, à laquelle sont assimilés certains


autres délits.

- La contrefaçon et les délits assimilés

La contrefaçon constitue un réel danger pour l’économie nationale et pour les


consommateurs. La contrefaçon d’un certificat d’addition, d’un certificat d’enregistrement de
dessins et modèles industriels ou d’un certificat d’enregistrement de marque de fabrique, de
commerce et de service ».

L’atteinte au droit de reproduction

Comme toute infraction, l’infraction de contrefaçon doit réunir les éléments exigés par la
disposition légale. L’élément matériel du délit consiste en la reproduction sans autorisation de
l’auteur249. Cette reproduction peut être faite en nombre, mais la réalisation d’un seul
exemplaire serait suffisante250 pour que soit constitué le délit. La reproduction soit totale ou
partielle251. Elle peut se réaliser par un procédé quelconque comme édition, enregistrement
mécanique, cinématographique, magnétique, photographique… Il n’est même pas nécessaire
que le prévenu se soit livré à des actes de reproduction proprement dite. Les juridictions ont
assimilé à la reproduction proprement dite la remise en circulation de bande
cinématographique jetée au rebut, en l’analysant comme une nouvelle édition 252.

intellectuelle, Ellipses, V° nantissement.

249 Selon le Trib. Gr. Inst. De Paris, 6 déc. 1989, RIDA, avr. 1990, p. 146, obs. A. Kerever.
250 Paris, 21 janv. 1963, JCP. 1963. 13235, note Delpech.
251 Cass. Crim. 16 juin 1955 ; mais une reproduction limitée à deux pages sur 357 et e vue d’assurer la
publicité de l’œuvre ne saurait être considérée comme contrefaçon : Cass. Crim. 1er ch. 10 févr. 1976, RIDA,
oct. 1976, p. 163.
252 Trib. Corr. Seine, 27 nov. 1961, JCP. 1962. 12669, note Delpech.

147
La contrefaçon est encore constituée si la reproduction licite a une affectation différente de
celle que l’auteur a permise : usage radiophonique de disque, alors que l’auteur ne permettait
expressément que leur vente. La tentative n’est punissable : en conséquence la composition
de l’ouvrage contrefait, qui servira à l’impression, est considérée comme u acte préparatoire
qui demeurent impuni253, mais l’impression est punissable, de telle sorte qu’il n’y a pas
besoin que la fabrication soit achevée : il faut qu’elle soit suffisamment avancée pour
permettre de vérifier l’identité ou la similitude avec l’objet contrefait.

Le délit de contrefaçon est soumis comme les autres délits à la double condition de
l’existence d’un fait matériel et de l’intention coupable de son auteur. La bonne foi de de
l’inculpé ne se présume pas : c’est à lui qu’il incombe d’en apporter la preuve. Cette charge
est lourde, la preuve de bonne foi sera difficile à apporter, surtout par un professionnel. En
l’absence de mauvaise foi, la bonne foi ayant été prouvée.

Le contrefacteur sera le plus souvent un tiers, c’est-à-dire une personne qui n’est pas et qui
n’a jamais été titulaire du droit d’auteur sur l’œuvre reproduite, représentée ou diffusée ; le
contrefacteur peut être celui qui offre à la vente sans avoir lui-même fabriqué les objets
contrefaits, ce peut être aussi cessionnaire qui aurait déjà cédé les droits qu’il avait acquis, ou
l’auteur qui, ayant cédé à un tiers son droit de reproduction, ne respecterait pas cette cession.

Le poursuivant pourra être le titulaire du droit d’auteur sur l’œuvre : l’auteur lui-même, un
ayant droit, un cessionnaire, mais aussi d’un organisme professionnel qui a la qualité pour
ester e justice pour la défense des intérêts dont il a statutairement la charge. Il pourra s’agir de
société d’auteur, mais aussi des syndicats professionnels.

L’atteinte au droit de représentation

L’atteinte se manifeste e toute représentation ou diffusion e violation des droits de l’auteur :


c’est dire que le juge, pour déterminer le champ d’application de la représentation illicite, doit
se basée sur la disposition qui vise les moyens divers de communication au public comme la
représentation dans une salle, télédiffusion, réception publique de celle-ci par exemple.

L’élément moral est requis aussi e matière d’atteinte au droit de représentation ; l’intention
coupable est nécessaire, mais la mauvaise foi du prévenu y est aussi présumée254.

Saisie-contrefaçon prévue par l’article 133 à l’article 136 de la loi 94-036

253 Paris, 5 août 1884, D.P. 1893. 2. 177.


254 Paris, 3 nov. 1956, Gaz. Pal. 1956. 2. 324.

148
Les commissaires de police et, dans les lieux où il n'y a pas de commissaire de police, le
tribunal territorialement compétent sont tenus, à la demande de tout auteur d'une œuvre ou de
titulaire de droit voisin protégé par les livres I, II de la loi 94-036, ou de ses ayants droit ou de
ses ayants cause de saisir les exemplaires constituant une reproduction illicite de cette œuvre
ou d'un objet protégé par les droits voisins. Si la saisie doit avoir pour effet de retarder ou de
suspendre des représentations ou des exécutions publiques en cours ou déjà annoncées, une
autorisation spéciale doit être obtenue du président du tribunal civil, par ordonnance rendue
sur requête.

Le Président du tribunal civil peut également, dans la même forme ordonnée : la suspension
de toute fabrication en cours tendant à la reproduction illicite d'une œuvre ou d'un objet
protégé par les droits voisins ; la saisie, quels que soient le jour et l'heure, même en dehors
des dispositions prévues par l'article 143 du Code de Procédure Civile, des exemplaires
constituant une reproduction illicite de l'œuvre ou de l'objet protégés par les droits voisins
déjà fabriqués en cours de fabrication, des recettes réalisées, ainsi que les machines ou outils
utilisés pour la reproduction illicite ; la saisie des recettes provenant de toute exploitation
prévue dans la présente loi par quelque moyen que ce soit, d'une œuvre de l'esprit ou d'un
objet protégé par les droits voisins, effectuée en violation des droits de l'auteur ou des droits
voisins visée à l'article 426 du Code pénal. Le président du tribunal civil peut dans les
ordonnances prévues ci-dessus, ordonner la constitution préalable par le saisissant d'un
cautionnement convenable.

Dans les trente jours de la date de procès-verbal de la saisie prévue à l'alinéa premier de
l'article 133, ou de la date de l'ordonnance prévue au même article, le saisi ou le tiers saisi
peut demander au président du tribunal civil de prononcer la main levée de la saisie ou d'en
cantonner les effets, ou encore d'autoriser la reprise de la fabrication ou celle des
représentations ou exécutions publiques, sous l'autorité d'un administrateur constitué
séquestre, pour le compte de qui il appartiendra, des produits de cette fabrication ou de cette
exploitation.

Le Président du tribunal civil statuant en référé peut, s'il fait droit à la demande du saisi ou du
tiers saisi, ordonner à la charge du demandeur la consignation d'une somme affectée à la
garantie des dommages et intérêts auxquels l'auteur ou le titulaire de droit voisin pourrait
prétendre. Faute par le saisissant de saisir la juridiction compétente dans les trente jours de la

149
saisie, main levée de cette saisie pourra être ordonnée à la demande du saisi ou du tiers saisi
par le président du tribunal, statuant en référé.

En matière de logiciels la saisie-contrefaçon est exécutée en vertu d'une ordonnance rendue


sur requête par le président du tribunal civil. Le président autorise, s'il y a lieu, la saisie réelle.
L'huissier instrumentaire ou les commissaires de police peuvent être assistés d'un expert
désigné par le requérant.

À défaut d'assignation ou de citation dans la quinzaine de la saisie, la saisie-contrefaçon est


nulle. En outre, les commissaires de police sont tenus, à la demande de tout auteur de logiciel
protégé par la présente loi ou de ses ayants droit, d'opérer une saisie-description du logiciel
contrefaisant, saisie description qui peut se concrétiser par une copie.

Saisie-arrêt et droit de suite255

Lorsque les produits d'exploitation revenant à l'auteur d'une œuvre d'esprit ou d'un titulaire de
droit voisin auront fait l'objet d'une saisie-arrêt, le président du tribunal civil peut ordonner le
versement à l'auteur ou titulaire de droit voisin respectivement à titre alimentaire, d'une
certaine somme ou d'une quotité déterminée des sommes saisies. Sont insaisissables, dans la
mesure ou elles ont un caractère alimentaire, les sommes dues, à raison de l'exploitation
pécuniaire ou de la cession des droits de propriété littéraire ou artistique, à tous auteurs,
compositeurs, ou artistes ainsi qu'à leur conjoint survivant contre lequel n'existe pas un
jugement de divorce passé en force de chose jugée, ou à leur enfant mineur pris en leur
qualité d'ayants cause.

La proportion insaisissable de ces sommes ne pourra en aucun cas, être inférieure au quatre
cinquièmes, lorsqu'elles sont au plus égales annuellement eu palier des ressources le plus
élevé prévu en application du chapitre V du titre IV du livre 1er du Code du travail.

En cas de violation des dispositions de l'article 40, l'acquéreur et les officiers ministériels
peuvent être condamnés solidairement, au profit des bénéficiaires du droit de suite, à des
dommages-intérêts.

- Le droit d’auteur et les principes du droit de la concurrence

Les actes de concurrence déloyale sont des agissements contraires aux usages loyaux du
commerce entrainant en risque de confusion dans l’esprit de la clientèle. Les agissements

255 Article 137 l’article 141 de la loi 94-036.

150
parasitaires sont constitués, en l’absence de tout risque de confusion, lorsqu’une personne tire
indûment profit des efforts notamment économiques d’un tiers ou encore de se renommée.

Les problèmes généraux

Le droit de la concurrence implique, pour son application, que le commerce entre les États
membres soit affecté par les accords et pratiques en causes et qu’on soit en présence
d’entreprises.

Dans l’affaire « Le Boucher »256, en l’espèce, la société de droit français « les films La
Boétie » avait donné à la société belge Cinevog films u mandat exclusif de distribuer en
Belgique le film « Le Boucher », pendant sept années. Le film fut, pendant cette période,
projeté à la télévision allemande, dont l’émission fut captée en Belgique grâce à la Société
belge de télédistribution Coditel.

La localisation des entreprises

Sur le premier point, il n’est pas nécessaire pour qu’ils s’appliquent que les entreprises ayant
conclu des accords soient situées sur le territoire du Marché commun, ou que ses accords
n’intéressent que les pays du Marché commun ; ce qui compte, c’est que les accords affectent
le commerce entre les États membres ; pourtant, certaines juridictions avaient estimé qu’un
accord passé dans un pays ne faisant pas partie du Marché commun n’était pas visé par le
Traité conclu en matière de marché commun.

La Cour de Bruxelles257 a estimé qu’en dépit de la localisation d’une entreprise hors du


marché commun, le commerce entre les Etats membres était affecté ; de même, dans
l’hypothèse où l’exécution de contrats conclus sur le territoire d’États membres a lieu dans
des pays tiers.

● LES ACTIONS EN JUSTICE et ACTIONS EN REVENDICATION DE LA

PROPRIÉTÉ D’UN BREVET D’INVENTION

L’objectif de l’action intentée afin d’obtenir un titre de propriété du droit sur le brevet est de
permettre de restituer ledit titre à son titulaire légal que ce titre ait trait à la même «invention»

256 Bruxelles, 2e ch.civ., 30 mars 1979, Rev. Trim. Dr. Eur. 1979. 509 ; cf. R. PLAISANT, recueil.
257 Cour de Bruxelle, 26 oct. 1978.

151
ou qu’il s’agisse d’une « soustraction » de cette dernière, comme dans le cas de l’exploitation
sans autorisation du titulaire.

L’action précitée protège l’inventeur ou ses ayants droit, ou celui qui ne dispose pas d’un titre
de propriété, mais bénéficie d’une antériorité de dépôt. Ladite action tend également à
préserver les intérêts du propriétaire d’un brevet antérieur dont les droits sont illégitimement
exercés par un tiers.

Un principe est donc constant : il n’est pas permis à une personne autre que l’inventeur, sauf
dans des cas déterminés tel celui de l’employeur.

- Les préalables à l’action en revendication de la propriété du brevet258

Les conditions de l’action en revendication de la propriété du brevet résident d’abord dans


l’exigence de l’existence d’une invention. Puis, celle-ci doit avoir fait l’objet d’une
délivrance de brevet. La demande d’inscription de l’invention doit, de son côté, avoir été
attachée à une soustraction du droit d’un tiers et, enfin, cette inscription ne doit avoir aucun
fondement légal ou conventionnel : toute violation des obligations découlant de la loi ou de la
convention met le demandeur en effet le demandeur de l’inscription dans la situation d’un
contrevenant.de la loi ou du contrat.

La juridiction compétente de cette action est le tribunal de commerce 259.

La prescription de l’action en revendication de la propriété du brevet d’invention est à trois


ans à compter de la date de l’inscription du titre au registre national des brevets, et ce, lorsque
le demandeur de l’inscription est de bonne foi. En cas de mauvaise foi au moment de la
délivrance ou de l’acquisition du titre, le délai de trois ans ne commence à courir qu’à
compter de la date de l’expiration du titre de propriété du brevet.

Dans la pratique, l’action en revendication constitue, un moyen pour écarter la force probante
relative du brevet d’invention inscrit.

- L’action en revendication de la propriété du brevet proprement dite

Selon l’article 34 de la Loi 2017- 049, des dispositions et les conditions exigées par la
demande de brevet entraîne automatique la nullité et la déchéance du brevet d’invention.

L’action en nullité du brevet

258 MARTIN, op.cit., p.556.


259BORIES, op.cit., p. 476.

152
Le brevet d’invention confère à son titulaire un droit d’exploitation exclusive pouvant donner
lieu, sans droit légitime, à une situation de monopole économique ; ce qui est susceptible de
porter atteinte aux droits des tiers et aux règles de la concurrence loyale. L’action en nullité 260
du brevet peut donc jouer un rôle important dans la protection, et ce, à travers une action
principale si les conditions inhérentes à cette dernière sont bien entendu satisfaites.

Mais elle peut également constituer un moyen pour contrer l’action en contrefaçon. L’action
en nullité est une action exercée par toute personne ou le ministère public, par laquelle on
demande au tribunal de prononcer l’annulation totale ou partielle du titre du brevet.

Cette action tend à sanctionner l’absence des conditions de validité d’un brevet. Elle revêt
une importance remarquable dans le cadre de cette loi, et ce en l’absence de tout examen
préalable avant la délivrance du brevet.

La personne admise à requérir du tribunal la prononciation de la nullité du brevet est celle qui
y a intérêt. Il peut donc s’agir de l’inventeur 261 ou de ses ayants droit, d’une personne
revendiquant un droit antérieur sur le brevet, d’un bénéficiaire d’une licence conventionnelle,
obligatoire ou d’office, ou d’un copropriétaire.

Le ministère public joue un rôle dans le cadre de l’action en nullité du brevet. Il a la faculté:
de se rendre partie intervenante dans toute instance tendant à faire prononcer la nullité du
brevet, et même de pouvoir, en cours d’instance, prendre des réquisitions pour faire
prononcer la nullité absolue du brevet et de se pourvoir directement par action principale
pour faire prononcer la nullité.

Enfin, considérant que l’objectif de l’action en nullité du brevet est de faire prononcer la non-
validité du brevet d’invention, et ce, entre le demandeur de la nullité et le défendeur titulaire
du brevet, l’organisme compétent à la matière n’est pas considéré comme partie, même si sa
présence lors de l’instance est généralement requise pour des raisons de forme.

260 Art. 45 de l’Ordonnance n° 89-019 du 31 juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la
propriété industrielle en République Démocratique de Madagascar (J.O. du 14/08/89 p.1798) :
1° La nullité d’un brevet ou d’un certificat d’auteur d’invention peut être déclarée par la juridiction
compétente après réquisition du ministère public ou de toute personne intéressée ;
2° Un brevet ou un certificat d’auteur d’invention déclaré nul est réputé l’être dès la date à laquelle il a été
accordé.
261CHAVEAU, op.cit., p.894.

153
La nullité262 est prévue en cas de délivrance d’un brevet pour une invention qui ne peut
légalement en faire l’objet. Le demandeur de brevet supporte les conséquences de
l’inscription. L’invention qui ne peut être brevetée est celle qui ne fait pas figure de
nouveauté, n’implique pas une activité inventive ou n’est pas susceptible d’application
industrielle.

Aussi, l’insuffisance de la description détaillée est le cas de la délivrance d’un brevet pour
une invention dont la description ne permet pas de manière suffisante, à l’homme du métier
disposant de plusieurs informations acquises, d’exécuter l’invention.

Le critère retenu par le législateur pour désigner l’homme du métier diffère selon le genre ou
le niveau technique de l’invention, et toutes les fois que l’objet de l’invention touche à plus
d’un domaine de spécialisation, cela requiert plus d’un homme du métier.

Étant donné que l’inventeur est légalement tenu de joindre, à la demande de dépôt du dossier
de brevet, une description263 qui clarifie le mode de fonctionnement de l’invention lorsque ce
mode est un élément essentiel de l’invention, toute ambiguïté à ce propos est réputée être une
description insuffisante pouvant conduire à l’annulation du brevet.

La délivrance d’un brevet d’invention dont l’objet s’étend au-delà de la demande telle qu’elle
a été déposée est aussi une cause de la nullité. C’est le cas de revendications non couvertes
par la description de l’invention.

Enfin, la délivrance d’un brevet d’invention dont la demande de dépôt n’a pas défini
l’étendue de la protection demandée est aussi une cause de nullité. Étant donné que la durée
de protection du brevet peut être prolongée et qu‘alors est délivré un certificat de
prolongation de la durée du brevet d’invention, les règles relatives à l’annulation du certificat
font état de deux cas : lorsque le titulaire du brevet ne s’est pas acquitté des droits exigibles ;
lorsque le brevet d’invention auquel il se rapporte est annulé ou limité, de telle sorte que le
produit pour lequel il a été délivré n’est plus protégé par les revendications du brevet
d’invention.

262 DERAINS, Droit et pratique de commerce international, 1975, n°1, 91.


263Art. 18 de l’Ordonnance n° 89-019 du 31 juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la
propriété industrielle en République Démocratique de Madagascar (J.O. du 14/08/89 p.1798) :
1° La description doit exposer l’invention d’une manière suffisamment claire et complète pour qu’un homme
de métier puisse l’exécuter sans être obligé de fournir lui-même une activité inventive. Elle doit décrire la
meilleure façon de réaliser l’invention à la connaissance du déposant.

154
Le jugement prononçant la nullité du brevet d’invention conduit à détruire le brevet et à
annuler ses effets juridiques. Il est ainsi considéré comme non avenu, de sorte que les effets
de la nullité ne valent pas uniquement pour l’avenir, mais s’appliquent également de manière
rétroactive, ce qui implique la remise des choses à leur situation antérieure en consacrant les
pouvoirs du titulaire du droit sur le titre de propriété industrielle relatif à l’invention.

Il convient toutefois de tempérer cette affirmation, puisque les effets de la nullité ne


dépassent pas les limites du droit auquel il a été porté atteinte. Si le motif de nullité n’est que
partiel, c’est-à-dire s’il n’affecte le brevet qu’en partie, la nullité est prononcée sous la forme
d’une limitation correspondante des revendications.

Le jugement de nullité du brevet d’invention entraîne d’autres effets, dont :

-L’irrecevabilité de toute nouvelle demande de dépôt en vue de l’obtention d’un brevet pour
une invention qui a fait l’objet d’un brevet antérieur déclaré nul. Ceci ne signifie aucunement
que le brevet dont l’action en nullité a été rejetée acquiert une force probante absolue,
puisqu’il demeure possible de lui opposer une autre action en justice telle que l’action en
revendication264 de la propriété.20 mars 1987, PIBD1987 III 311).

264 Art. 21 du Décret n° 92-993 du 2 décembre 1992 portant application de l’ordonnance n° 89-019 du 31
juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la propriété industrielle à Madagascar (J.O. n° 2218 du
9/12/92, p. 2608 et du 09.12.93, p.2608)- Les règles à suivre pour la présentation des revendications sont les
suivantes :
a. Les revendications doivent être rédigées en termes de caractéristiques techniques de l’invention ;
b. Elles doivent être rédigées d’une manière aussi claire et concise que possible sur le recto de feuilles de
format “ A 4 ” et se fonder entièrement sur la description, conformément à l’article 18, paragraphe 2 de
l’Ordonnance ;
c. Elles doivent être ordonnées d’une manière systématique, claire et logique, et numérotées d’une manière
continue en chiffres arabes. S’il n’y a qu’une revendication unique ;
d. Elles ne doivent, en règle générale, ni contenir de renvois à la description ou aux dessins ni, en particulier,
d’expressions telles que, par exemple, “ comme décrit dans la partie ….. de la description ” ou “ comme illustré
dans la figure….. des dessins ” ;
e. Les signes de référence qui, dans les dessins, renvoient aux caractéristiques techniques de l’invention, sont
reportés, entre parenthèses, dans les revendications, si la compréhension de celles-ci s’en trouve facilitée. Ils
n’ont pas pour effet de l’imiter les revendications.

155
- La fin de la validité du certificat d’addition265 attaché au brevet qui a été déclaré nul sauf si
les perfectionnements qui en font l’objet constituent une invention.

-La relaxe du prévenu qui a été poursuivi pour contrefaçon, mais a pu obtenir un jugement
prononçant la nullité du brevet qui constituait le fondement de l’action en contrefaçon 266
dirigée à son encontre.

Action en contrefaçon267

L’importance de la mise en place d’une protection efficace du droit sur le brevet d’invention
participe du fait que la durée de ce droit est brève et n’excède pas 20 ans (sauf en cas période
pendant laquelle est incorporée la durée qu’exige la délivrance du brevet et celle requise pour
préparer l’exploitation effective comme l’industrialisation, la production et la distribution).

L’action en contrefaçon268 représente le meilleur moyen de protection contre les atteintes que
le titulaire du droit sur le brevet pourrait subir, et l’appellation de cette action reflète sa
teneur. La contrefaçon est en effet un fléau concomitant au développement. Aussi, à mesure
que l’invention et la conception évoluent, on assiste à un développement parallèle des
moyens d’exploitation qui vont à l’encontre de la volonté du titulaire du droit.

Compte tenu des effets néfastes et des répercussions désastreuses de la contrefaçon sur les
économies nationales et les échanges internationaux, l’objectif essentiel des conventions
conclues à ce propos est de procurer une protection adéquate et optimale pour la combattre.

Le législateur a accordé à l’inventeur propriétaire du brevet, qui a subi un préjudice du fait


d’une atteinte ayant été portée à son droit, de saisir la juridiction répressive ou commerciale.

265 Art. 74 du Décret n° 92-993 du 2 décembre 1992 portant application de l’ordonnance n° 89-019 du 31
juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la propriété industrielle à Madagascar (J.O. n° 2218 du
9/12/92, p. 2608 et du 09.12.93, p.2608) :
1° Les dispositions du présent décret relatives aux brevets d’invention et aux certificats d’auteur d’invention
sont applicables mutatis mutandis aux demandes de certificat d’addition ;
2° Aucune demande de certificat d’addition ne peut être rattachée à plusieurs demandes de brevets ou de
certificats d’auteur d’invention ou à plusieurs brevets ou certificats d’auteur d’invention.
266 MARTIN, op.cit., p.343.
267 CHAVANNE, op.cit., p. 490.
268 Ibid. p. 450.

156
L’action en contrefaçon269 est étroitement liée à la plupart des droits de la propriété
industrielle - seuls en sont exceptés le nom commercial, les indications géographiques et les
appellations d’origine.

Par ailleurs, si l’on compare l’action relative à la marque et celle afférente au brevet, il en
ressort que le législateur a distingué, dans le cadre de la première, entre deux actes
incriminés, l’imitation et la contrefaçon ; en revanche, dans le cadre de la seconde action,
c’est-à-dire celle relative au brevet, la loi s’est contentée de sanctionner la contrefaçon.

La loi a mis l’accent sur le fait que celui qui intente l’action en contrefaçon doit
impérativement posséder un brevet délivré dont les droits sont maintenus en vigueur et ne
tombent pas sous le coup de la déchéance pour non-acquittement des droits exigibles.

De plus, l’inscription doit toujours figurer au registre national des brevets ; en effet, cette
dernière atteste que le brevet est toujours valide et permet également de déterminer la qualité
du demandeur ou du plaignant dans le cadre de l’action en contrefaçon, à savoir s’il s’agit du
titulaire du droit lui-même ou de la personne autorisée à exploiter le brevet.

Étant donné que l’action en contrefaçon exige l’inscription du brevet au registre national des
brevets, le titulaire de la demande de brevet ou de la demande de certificat d’addition 270 qui se
rattache à un brevet principal - profite de la préparation des moyens de preuve et des
décisions judiciaires ordonnant la description ou la saisie. Dans ce cas, l’action en
contrefaçon ne pourra être jugée qu’après la délivrance du brevet, ce qui signifie que la
procédure de contrefaçon déjà entamée sera suspendue, et ce, jusqu’à la délivrance du brevet.

269SCHMIDT-SZALEWSKI, La distinction entre l’action en contrefaçon et l’action en concurrence déloyale, RTD


com. 1994, 455.
270 Art. 76 du Décret n° 92-993 du 2 décembre 1992 portant application de l’ordonnance n° 89-019 du 31
juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la propriété industrielle à Madagascar (J.O. n° 2218 du
9/12/92, p. 2608 et du 09.12.93, p.2608) :
1° Si une demande de certificat d’addition n’est pas rattachée à au moins une revendication de la demande de
brevet principal ou de certificat d’auteur d’invention principale, l’Office invite le demandeur à transformer sa
demande en demande de brevet ou de certificat d’auteur d’invention.
2° La demande de certificat d’addition est rejetée si, dans le délai imparti, le demandeur ne requiert pas la
transformation en demande de brevet ou de certificat d’auteur d’invention ou ne présente pas d’observations
écrites contestant le défaut de rattachement.
3° Si des observations présentées par le demandeur ne sont pas retenues, notification lui en est faite. Dans le
cas ou la transformation n’est pas requise dans le nouveau délai qui lui est imparti, la demande de certificat
d’addition est rejetée.

157
Existence d’un acte de contrefaçon : l’article 201 de la loi française n° 17.97 prévoit que
constitue une contrefaçon tout atteinte portée aux droits du propriétaire d’un brevet, d’un
certificat d’addition, tels qu’ils sont définis respectivement.

Il y a deux catégories d’actes dans le cadre de la contrefaçon : ceux directement liés à l’auteur
de la contrefaçon, tel que la fabrication, la vente, la détention, et ceux émanant d’une
personne autre que le fabricant, comme dans le cas de l’utilisation ou de l’offre de vente. Il
n’y a pas de contrefaçon en cas d’autorisation du propriétaire.

Les éléments matériels271constitutifs de contrefaçon : la fabrication272 du produit objet du


brevet aux fins de commercialisation, envisagée pour un produit dont un brevet a été délivré à
travers la production ou la reproduction de la chose objet du brevet, que cela ait été effectué à
l’identique ou avec une légère modification n’affectant nullement les éléments essentiels du
brevet ; l’offre du produit objet du brevet aux fins de commercialisation ; la mise dans le
commerce du produit objet du brevet ; l’utilisation du produit objet du brevet aux fins de
commercialisation ; l’importation du produit objet du brevet aux fins de commercialisation ;
la détention du produit objet du brevet aux fins de commercialisation; l’utilisation d’un
procédé objet du brevet sur le territoire où la demande du dépôt de du brevet a été effectuée;
l’offre d’utilisation d’un procédé objet du brevet sur le territoire où la demande du dépôt de
du brevet a été effectuée.

La loi exige que le tiers sache que l’utilisation du procédé est interdite sans le consentement
du propriétaire du brevet ou que les circonstances accompagnant l’utilisation rendent évident
que cette utilisation est prohibé si le consentement du propriétaire du brevet n’a pas été
obtenu.

Les autres catégories d’éléments matériels 273: l’offre du produit obtenu directement par le
procédé objet du brevet aux fins de commercialisation ; la mise dans le commerce du produit
obtenu directement par le procédé objet du brevet ; l’utilisation du produit obtenu
directement par le procédé objet du brevet aux fins de commercialisation ; l’importation du
produit obtenu directement par le procédé objet du brevet aux fins de commercialisation ; la
détention du produit obtenu directement par le procédé objet du brevet aux fins de
commercialisation.

271 CHAVANNE, op.cit., p. 300.


272 SCHMIDT-SZALEWSKI, op.cit., p. 455.
273MARTIN, op.cit., Le brevet d’invention, arme stratégique anti-contrefaçon, JCP, éd. E. 1993, 1, 204.

158
Il s’agit de : « La livraison ou l’offre de livraison, sur le territoire marocain, à une personne
autre que celle habilitée à exploiter l’invention brevetée, des moyens de mise en œuvre, sur
ce territoire, de cette invention se rapportant à un élément essentiel de celle-ci, lorsque le tiers
sait ou lorsque les circonstances rendent évident que ces moyens sont aptes et destinés à cette
mise en œuvre ».

Certaines conditions doivent donc être remplies pour que l’acte reçoive la qualification de
contrefaçon274 : la livraison ou l’offre de livraison doit s’effectuer sur le territoire; les moyens
que l’on a l’intention de livrer doivent être affectés à la mise en œuvre de l’invention
brevetée ; les moyens que l’on a l’intention de livrer doivent être attachés à un élément
essentiel de l’invention ; la livraison ou l’offre de livraison doit être faite à une personne autre
que celle habilitée à exploiter l’invention brevetée sur le territoire Signalons à ce propos que
ne sont pas considérées comme personnes habilitées à exploiter l’invention, celles qui
accomplissent les actes auxquels ne s’étendent pas les droits conférés par le brevet; les
moyens de mise en œuvre ne doivent pas être des produits qui se trouvent couramment dans
le commerce; le défaut de consentement du propriétaire du brevet à effectuer l’acte.

Certains actes qui rentrent dans le cadre de ce qui est considéré comme contrefaçon a fait
l’objet d’une exception ne peuvent donc donner lieu à une action en contrefaçon.

En effet que les droits conférés par le brevet ne s’étendent pas : aux actes accomplis dans un
cadre privé et à des fins non commerciales275 ; aux actes accomplis à titre expérimental qui
portent sur l’objet de l’invention brevetée276 ; à la préparation de médicaments faite
extemporanément et par unité dans les officines de pharmacie, sur ordonnance médicale, ni
aux actes concernant les médicaments 277 sains si préparés ; aux actes concernant le produit
couvert par ce brevet, accomplis sur le territoire du breveté après que ce produit ait été mis
dans le commerce par le propriétaire du brevet ou avec son consentement exprès ; à
l’utilisation d’objets brevetés à bord d’aéronefs, de véhicules terrestres ou de navires de pays
membres de l’Union internationale278 pour la protection de la propriété industrielle qui
pénètrent temporairement ou accidentellement dans l’espace aérien ,sur le territoire ou dans
les eaux territoriales du pays où on délivre le brevet; aux actes effectués par toute personne

274VERON, Saisie-contrefaçon, Dalloz, 1999.


275AZEMA, op.cit.,p.763.
276Foyer J. et Vivant M., op.cit.,p. 190.
277 AZEMA, op.cit., p. 15744.
278 MASSON, La transposition en droit interne de l’Accord relatif aux aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce, Gaz. Pal. 22 juillet 1997, PIBD, 1998, 2, 43.

159
qui, de bonne foi, à la date de dépôt de la demande ou, lorsqu’une priorité est revendiquée, à
la date de priorité de la demande sur la base de laquelle le brevet est délivré sur le territoire 279
du pays où on effectue la demande du brevet, utilisait l’invention ou faisait des préparatifs
effectifs et sérieux pour l’utiliser, dans la mesure où ces actes ne diffèrent pas, dans leur
nature ou leur finalité, de l’utilisation antérieure effective ou envisagée.

Le droit de l’utilisateur antérieur ne peut être transféré qu’avec l’entreprise à laquelle il est
attaché. Il convient d’observer que, si le législateur a réprimé l’acte de livraison ainsi que
l’offre de livraison, il n’a pas jugé opportun d’adopter la même position en ce qui a trait à
l’acceptation de la livraison ou de l’offre de livraison, ce qui signifie que seule la partie qui
livre ou offre de livrer est passible de sanctions pénales. Toutefois, cela ne signifie pas que la
responsabilité civile sera également écartée, puisqu’il demeure possible d’intenter une action
en concurrence déloyale si les conditions inhérentes à cette dernière sont bien évidemment
remplies.

L’action en contrefaçon emprunte deux aspects : pénal et civil ; et chacun d’entre eux est
soumis à des règles de compétence qui lui sont propres.

La protection du droit sur le brevet d’invention280 possède une caractéristique dans le domaine
probatoire, qui réside dans le fait que tous les moyens de preuve sont admis pour démontrer
la contrefaçon. Toutefois, le meilleur moyen auquel les titulaires de droits ont recours
consiste dans la procédure prévue à l’article 211 de la loi française n° 17.97, qui formule le
principe, puis la voie juridique spéciale à suivre en disposant que le titulaire a la possibilité de
faire la preuve, par tous moyens, de la contrefaçon dont il se prétend victime.

Il est par ailleurs en droit de faire procéder, sur ordonnance du président du tribunal du lieu
de la contrefaçon281, par un huissier de justice ou par un greffier, à la description détaillée,
avec ou sans saisie, des produits ou procédés argués de contrefaçon.

279 Article 5 quater CONVENTION DE PARIS DU 20 MARS 1893 POUR LA PROTECTION DE LA PROPRIETE
INDUSTRIELLE [1] révisée â Bruxelles le 14 décembre 1900, à Washington le 2 juin 1911, à La Haye le 6
novembre 1925, à Londres le 2 juin 1934, à Lisbonne le 31 octobre 1958 et Stockholm le 14 juillet 1967 -
(Brevets introduction de produits fabriqués en application d'un procédé brevet dans le pays d'importation)
Lorsqu'un produit est introduit dans un pays de l'Union où il existe un brevet protégeant d’un procédé de
fabrication dudit produit le breveté aura, à l'égard du produit introduit, tous les droits que la législation du
pays d'importation lui accorde, sur la base du brevet de procédé, à l'égard des produits fabriqués dans le pays
même.
280 Azéma J., op.cit.,p. 650.
281Bonnard H., La contrefaçon de marque, Litec, 2008 ;

160
Si l’action portant sur le fond est considérée comme le cadre adéquat pour trancher le litige
dans tous ses contours, la longueur qui caractérise habituellement la procédure devant les
juges du fond a déterminé le législateur à accorder au titulaire du droit la possibilité d’obtenir
des décisions qui mettent fin, de façon temporaire, au préjudice que subit son droit sur le
brevet ou le certificat d’addition. Il s’agit en l’occurrence d’une procédure rapide dont
l’objectif est de suspendre les actes argués de contrefaçon.

Le meilleur moyen pour défendre le droit sur le brevet est une préparation minutieuse de la
procédure judiciaire que l’on entend mettre en œuvre. Dans le cadre de l’action en
contrefaçon, il convient de s’assurer que l’inscription du brevet a été effectuée en bonne et
due forme et que ce dernier remplit toutes les conditions pour bénéficier de la protection 282,
auquel cas l’adversaire ne pourra pas faire échec à l’action.

Cependant, il peut arriver que l’action en contrefaçon revête un caractère abusif ou soit
infondée. Il sera dès lors aisé, pour le défendeur, de la repousser en demandant son rejet et en
exposant les raisons sur lesquelles il se base.

Par ailleurs, il a déjà été fait état que, si les conditions de l’action en annulation sont remplies,
il soit possible de la soulever comme exception dans le cadre de l’action en contrefaçon, en
particulier lorsque l’invention ne fait pas figure de nouveauté ou qu’elle n’implique pas une
activité inventive, ou encore quand la description283 s’avère insuffisante.

Si l’une de ces éventualités venait à se produire, cela entraînerait la déchéance du droit de


poursuivre la procédure de l’action en contrefaçon 284, ce qui donne lieu à la relaxe du prévenu
qui a été poursuivi devant la juridiction répressive ou au rejet de la demande lorsque celle-ci
est soumise à la juridiction commerciale.

Il est également possible de prouver qu’il n’y a pas de concordance entre le produit fabriqué
ou le procédé utilisé et ce qui a fait l’objet du brevet. En effet, la preuve de l’existence de
différences entre les demandes de brevet conduit à écarter l’action en contrefaçon, et il
incombe à la partie qui se prévaut de cette différence de prouver ses allégations. Il convient

282AZEMA, op.cit.,p.763.
283Art. 12 du Décret n° 92-993 du 2 décembre 1992 portant application de l’ordonnance n° 89-019 du 31
juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la propriété industrielle à Madagascar (J.O. n° 2218 du
9/12/92, p. 2608 et du 09.12.93, p.2608). La demande doit être accompagnée : D’une description de
l’invention, de la ou des revendications, le cas échéant, du ou des dessins au (x)quel(s) se réfère(nt) la
description et d’un abrégé de l’invention destiné à la publication, et ce, conformément aux articles 16 à 28 du
présent décret.
284BORIES, op.cit., p. 583.

161
de signaler que toute modification par le biais de la suppression ou de l’addition n’a aucun
effet sur la qualification de l’acte de contrefaçon si ladite modification est mineure ou en
d’autres termes, lorsqu’elle ne rentre pas dans le cadre du perfectionnement de l’invention au
point qui permet d’acquérir un certificat d’addition ou une invention autonome.

Les éléments intentionnels285 dans la contrefaçon, toute atteinte portée sciemment aux droits
du propriétaire d’un brevet constitue une contrefaçon, et la loi a posé un principe général qui
vaut pour tous les actes de contrefaçon portés devant les juridictions répressives.

Pour qu’il en soit ainsi, le législateur a exigé que l’intention générale soit caractérisée, mais
également une intention spéciale, telle que l’offre, la mise dans le commerce, la reproduction,
l’utilisation, la détention en vue de l’utilisation ou la mise dans le commerce d’un produit
contrefait, lorsque ces faits sont commis par une autre personne que le fabricant du produit
contrefait, n’engage la responsabilité de leur auteur que si les faits ont été commis en
connaissance de cause. La distinction opérée entre les deux cas précités puise en effet son
fondement du fait que le fabricant est présumé avoir connaissance de la contrefaçon, puisque
c’est lui-même qui a utilisé ce qui revient de droit au tiers pour se procurer la production, puis
la présenter comme offre au public.

La qualité de salarié286 joue également un rôle important pour retenir sa responsabilité :

Effectivement, il est présumé connaître les secrets 287 de l’invention de façon naturelle, vu
qu’il est continuellement en contact avec l’activité de l’entreprise à laquelle il est rattaché.

Le principe est que l’action publique est l’un des attributs du ministère public qui juge de
l’opportunité des poursuites, sauf quelques exceptions limitées. Toutefois, l’article 205 de la
loi française n° 17.97 met cette faculté entre les mains de la personne ayant un intérêt à
déclencher l’action précitée, en prévoyant tout de même une exception limitée. L’article
suscité distingue donc deux cas :

Le premier est relatif à la restriction des pouvoirs du ministère public dans le déclenchement
de la poursuite, en ne lui permettant d’exercer ce pouvoir que sur la plainte de la partie lésée.

285 CHAVANNE, op.cit., p. 234.


286André FRANCON (Professeur émérite à l’Université de Droit, d’Economie, de Gestion et des Sciences
Sociales de Paris II), « Cours de Propriété Littéraire, Artistique et Industrielle », édition Dalloz 1994/1995, 350
pages.
287CASALONGA, op.cit.,p.199.

162
Le second est celui où le ministère public peut, d’office, déclencher l’action publique si la
publication ou la mise en œuvre de l’invention est susceptible de porter atteinte à l’ordre
public ou aux bonnes mœurs.

En revanche, la loi française n° 17.97 ne fait pas état de l’éventualité du retrait de la plainte
parla partie qui l’a déposée et de l’effet dudit retrait sur le déroulement de la procédure de
l’action publique.

L’action publique s’éteint par transaction. Il en est de même en cas de retrait de plainte,
lorsque celle-ci est une condition nécessaire de la poursuite, sauf dérogation résultant des
lois.

À titre comparatif, signalons qu’en ce qui a trait à la marque 288, le pouvoir du ministère public
d’exercer l’action publique n’est pas conditionné par l’existence d’une plainte déposée par la
partie lésée.

L’article 205, 2e alinéa, de la loi française n° 17.97 dispose que le tribunal correctionnel ne
peut statuer qu’après que la juridiction saisie de l’action en constatation de la réalité du
dommage ait prononcé un jugement passé en force de chose jugée.

Le souci du législateur est d’éviter que des jugements contradictoires ne soient rendus par des
juridictions qui se basent sur des moyens différents pour statuer sur les litiges relatifs au
brevet, plus spécialement à la propriété de ce dernier.

Cette disposition est basée sur la règle selon laquelle la procédure répressive suit son cours
normal en ce qui a trait à l’enquête, à la poursuite et au jugement, pour autant que le prévenu
ne formule pas de demande de sursis à statuer fondée sur l’existence d’une action pendante
devant le tribunal de commerce.

La juridiction pénale n’est donc pas compétente, pour se prononcer sur la nullité du titre de
propriété du brevet ou sur la propriété dudit titre, car le prévenu n’est pas admis à lui
soumettre pareilles demandes ; il est donc tenu d’intenter l’action qu’il considère comme
susceptible de préserver ses intérêts (après s’être assuré que les conditions y relatives sont
bien remplies), et ce, devant le tribunal de commerce, ou formuler ses requêtes dans le cadre
d’une action reconventionnelle, ou encore en les invoquant à titre d’exceptions ou de moyens
de défense pour faire échec à l’action civile en contrefaçon289.

288ROUBIER, op.cit., p. 85.


289PLAISANT, op.cit., p. 527.

163
Pour être admis à intenter une action en contrefaçon, le demandeur doit disposer de la qualité
pour ce faire et de surcroît, y avoir intérêt.

La personne qui dépose une plainte auprès du ministère public doit avoir la qualité pour ce
faire. Elle constitue également une condition pour la recevabilité des actions civiles exercées
à titre principal par le propriétaire du brevet d’invention ou du certificat d’addition 290.

Quant au non-propriétaire, sa qualité dépend, d’une part, du type de la licence d’exploitation


dont il s’agit, et exige, d’autre part, que des conditions suspensives soient remplies :
Concernant le type de licence, la loi française n° 17.97 n’a pas permis au bénéficiaire d’une
exploitation non exclusive d’intenter l’action en contrefaçon ; bénéficiaire d’un droit exclusif
d’exploitation291 du brevet ou du certificat d’addition ; bénéficiaire d’une licence; bénéficiaire
d’une licence d’office.

Certaines exigences doivent être satisfaites pour que les bénéficiaires précités jouissent de la
qualité : Le propriétaire du brevet ne doit pas avoir exercé l’action en contrefaçon, car si tel
était le cas, l’objectif consistant dans la protection du droit sur le brevet serait déjà réalisé. Le
bénéficiaire de la licence doit envoyer au propriétaire du brevet une mise en demeure
d’intenter l’action en contrefaçon. Le propriétaire du brevet ne doit pas avoir exercé l’action,

290 Art. 76 du Décret n° 92-993 du 2 décembre 1992 portant application de l’ordonnance n° 89-019 du 31
juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la propriété industrielle à Madagascar (J.O. n° 2218 du
9/12/92, p. 2608 et du 09.12.93, p.2608) :
1° Si une demande de certificat d’addition n’est pas rattachée à au moins une revendication de la demande de
brevet principal ou de certificat d’auteur d’invention principale, l’Office invite le demandeur à transformer sa
demande en demande de brevet ou de certificat d’auteur d’invention.
2° La demande de certificat d’addition est rejetée si, dans le délai imparti, le demandeur ne requiert pas la
transformation en demande de brevet ou de certificat d’auteur d’invention ou ne présente pas d’observations
écrites contestant le défaut de rattachement.
3° Si des observations présentées par le demandeur ne sont pas retenues, notification lui en est faite. Dans le
cas ou la transformation n’est pas requise dans le nouveau délai qui lui est imparti, la demande de certificat
d’addition est rejetée.
291Art. 27 de l’Ordonnance n° 89-019 du 31 juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la
propriété industrielle en République Démocratique de Madagascar (J.O. du 14/08/89 p.1798) Section IV Droit
découlant du brevet ou du certificat d’auteur d’invention :
Sous réserve de la législation en vigueur, le brevet confère à son titulaire le droit d’interdire aux tiers les actes
suivants :
a. Lorsque le brevet a été accordé pour un produit :
i. de fabriquer, d’importer, d’offrir en vente, de vendre et utiliser le produit ;
ii. de détenir ce produit aux fins de l’offrir en vente, de le vendre ou de l’utiliser ;
b. Lorsque le brevet a été accordé pour un procédé :
i. d’employer le procédé ;
ii. d’accomplir les actes mentionnés ci-dessus par rapport au produit tel qu’il résulte directement de l’emploi
du procédé, sous réserve des dispositions de l’article 8.

164
et ce, en dépit de la mise en demeure précitée. S’agissant seulement du bénéficiaire de la
licence exclusive d’exploitation, le contrat ne doit pas comporter de clause lui interdisant
d’intenter cette action.

S’il est permis au propriétaire du brevet d’intervenir à l’instance en contrefaçon engagée par
le bénéficiaire d’une licence exclusive d’exploitation, l’article 202 prévoit le droit des
licenciés292 à intervenir volontairement à l’instance en contrefaçon engagée par le
propriétaire, sauf que dans ce cas, le champ de cette intervention doit se limiter à la seule
demande d’obtention de la réparation du préjudice qui est propre au licencié.

Si le propriétaire néglige de poursuivre l’action après l’avoir intentée, il semble apparemment


que l’intervention du licencié autorisé doive être précédée de la mise en demeure dont il a été
précédemment fait état.

Il est possible d’invoquer et de se prévaloir du titre de propriété de l’invention à compter de


la date de dépôt du dossier du brevet en sa qualité de preuve du début de la priorité qui
empêche tout dépôt ultérieur au profit d’un tiers. Le titulaire du droit peut de ce fait défendre
son titre de propriété dès l’inscription au registre293 national des brevets.

292 Art. 35 de l’Ordonnance n° 89-019 du 31 juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la
propriété industrielle en République Démocratique de Madagascar (J.O. du 14/08/89 p.1798)
1° Le demandeur ou le titulaire du brevet peut, par contrat consentir à une autre personne ou entreprise, une
licence d’exploiter son invention.
2° Au cas où le marché national se trouve insuffisamment approvisionné ou que des débouchés extérieurs
certains s’ouvrent à l’exploitation d’une invention, le donneur de licence peut, à moins qu’il n’ait consenti une
licence exclusive, signer plusieurs contrats, lesquels seront examinés conformément aux dispositions de
l’article 34, paragraphe 4.
3° Le preneur de licence a le droit d’exploiter l’invention pendant la durée convenue dans le contrat. Au cas où
il serait dans l’impossibilité de le faire, il doit en informer l’autorité en exposant les motifs de son incapacité.
4° Le preneur d’une licence ne peut octroyer de sous licence. La sous-traitance sous sa responsabilité directe
ne peut être interprétée comme un accord de sous-licence.
293 Art. 38 de l’Ordonnance n° 89-019 du 31 juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la
propriété industrielle en République Démocratique de Madagascar (J.O. du 14/08/89 p.1798)
Section VI Registre spécial : Il est institué un registre spécial des brevets et des certificats d’auteur d’invention
destiné à :
i. l’inscription des opérations suivantes portant un changement quelconque dans la demande de brevet ou de
certificat d'auteur d'invention ainsi que dans le brevet ou dans le certificat d’auteur d’invention :
-changement de déposant ;
-changement de titulaire ;
-changement d’adresse du déposant ou du titulaire ;
-changement de dénomination du déposant ou du titulaire ;
-retrait de la demande ;
-abandon de la demande ;
-annulation du brevet ou du certificat d’auteur invention ;

165
Comme cela a été précédemment relevé, il est possible de soulever une exception
d’irrecevabilité de la prétention du propriétaire du titre du brevet pour plusieurs motifs, dont
la déchéance du droit à cause du non-acquittement des droits exigibles ou la nullité du brevet.

Les procédures relatives à l’action en contrefaçon diffèrent selon le type d’action, civile ou
pénale, ce qui implique l’application des dispositions appropriées figurant au Code de
procédure pénale (CPP) ou au Code de procédure civile (CPC) ou à la loi instituant des
juridictions de commerce. Dans le cadre de notre étude, deux points essentiels vont
maintenant être abordés, qui concernent la compétence et la prescription.

L’organisation judiciaire connaît une diversité des juridictions compétentes, que ce soit sur
un plan horizontal au regard de la spécialisation – juridictions telles que les tribunaux
administratifs, les tribunaux de commerce et les tribunaux de première instance :

Sur le plan pratique pour accorder des degrés de juridictions permettant de réviser les
jugements - juridictions réparties entre les tribunaux de première instance, la cour d’appel et
la Cour Suprême.

Reliant les principes précités à la contrefaçon, il convient de distinguer l’action publique de


l’action civile en contrefaçon, qui ne lui est pas accessoire. En effet, la compétence en
matière d’action pénale en contrefaçon revient aux tribunaux de première instance, tandis que
les juridictions de commerce294 sont compétentes pour statuer sur l’action civile en
contrefaçon.

L’action civile en contrefaçon est une action principale, car elle constitue le cadre du litige
portant sur le droit à l’invention et au brevet dont elle a fait l’objet, et en même temps, tient
l’action pénale en l’état. L’article 15 de la loi française n° 17.97 affirme que les tribunaux de
commerce sont seuls compétents pour connaître de tout litige né de l’application de la
présente loi, à l’exception des décisions administratives qui y sont prévus.

D’autre part, en ce qui concerne la compétence territoriale: est compétent le tribunal du lieu
du domicile réel ou élu du défendeur, celui du lieu où est établi son mandataire ou le tribunal
du lieu où est établi l’organisme chargé de la propriété industrielle si le défendeur est
domicilié à l’étranger.

ii la transcription des actes portant sur les licences de toutes sortes et les cessions ;
iii.la transcription des décisions de justice.
294 SCHMIDT-SZALEWSKI, op.cit., p.987.

166
Il est possible de former des recours à l’encontre des décisions administratives rendues par
l’Organisme compétent en matière du brevet si ces décisions revêtent effectivement cet
aspect et que les conditions du recours en annulation sont remplies.

Le fait de présenter un recours devant le tribunal administratif, puis d’obtenir un jugement


d’annulation de la décision administrative (qui affecte la qualité du titulaire du brevet ou du
certificat d’addition295 ou l’étendue et la validité du brevet) est susceptible de modifier les
conditions et l’issue de l’action en contrefaçon.

Quant aux décisions rendues par l’Organisme, elles sont nombreuses et ne peuvent être
délimitées, que ce soit au niveau de leur nature ou de leur quantité, mais il est tout de même
possible d’en fournir certains exemples: la loi française n° 17.97 fait état d’une compétence
spéciale attribuée au tribunal administratif : elle prescrit les règles relatives aux dossiers de
brevet ayant un rapport avec les besoins de la défense nationale, disposant que tout litige en
matière d’indemnisation est soumis au tribunal administratif. Dans le cas des licences
d’office, à défaut d’accord amiable entre le propriétaire du brevet et l’administration
intéressée, le montant des redevances est fixé par le tribunal administratif.

La loi donne la possibilité d’obtenir des ordonnances en référé lorsqu’une atteinte est portée
au droit au brevet ou au certificat d’addition, la justification en est que si l’on laisse subsister
cette atteinte en attendant que le juge statue sur le fond, cela va conduire à générer un
préjudice qui s’avérera irrémédiable.

Aussi, la victime des actes de contrefaçon296, dans le domaine du brevet, peut, sous quelques
conditions, saisir le juge des référés et obtenir de sa part une ordonnance visant à suspendre
provisoirement les actes qui relèvent, selon les affirmations du demandeur, de la contrefaçon,
ou une ordonnance de saisie des objets contrefaits ou certaines mesures préventives.

Cette procédure spéciale, concomitante à la contrefaçon, ne peut être mise en œuvre qu’en ce
qui a trait aux droits protégés par l’action en contrefaçon.

295 Art. 76 du Décret n° 92-993 du 2 décembre 1992 portant application de l’ordonnance n° 89-019 du 31
juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la propriété industrielle à Madagascar (J.O. n° 2218 du
9/12/92, p. 2608 et du 09.12.93, p.2608) :
1° Si une demande de certificat d’addition n’est pas rattachée à au moins une revendication de la demande de
brevet principal ou de certificat d’auteur d’invention principale, l’Office invite le demandeur à transformer sa
demande en demande de brevet ou de certificat d’auteur d’invention.
296MARTIN, op.cit.,p.343.

167
Parmi les caractéristiques de ces mesures, la possibilité d’en présenter la requête avant
d’intenter l’action en contrefaçon ou pendant que l’instance est pendante.

La procédure d’interdiction provisoire peut emprunter deux formes. Chacune prend en


considération l’intérêt de la partie qui a manifestement le plus besoin de protection ; il s’agit
en l’occurrence de :

- L’interdiction provisoire de poursuivre les actes argués de contrefaçon 297, et ce, à la suite
d’une demande à laquelle il est fait droit, émanant du propriétaire du titre de propriété
industrielle ou du licencié ;

-L’autorisation de poursuivre les actes argués de contrefaçon, mais en subordonnant cette


décision à la constitution, par celui contre lequel est alléguée la contrefaçon, de garanties
destinées à assurer l’indemnisation du propriétaire du titre de propriété industrielle ou du
licencié. Cette autorisation va dans le sens de la position du défendeur contre lequel l’action
en contrefaçon est intentée et est accordée lorsque le juge des référés déduit des faits de
l’espèce que la position du défendeur pourrait prévaloir, l’intérêt de ce dernier méritant de ce
fait d’être provisoirement protégée.

Toutefois, il n’est fait droit à la demande d’interdiction provisoire que si deux conditions
essentielles sont remplies : L’action en contrefaçon intentée au fond doit apparaître sérieuse.
L’action au fond doit avoir été engagée dans un délai maximum de 30 jours à compter du jour
où le propriétaire a eu connaissance des faits sur lesquels elle est fondée.

Dans tous les cas, et pour éviter tout abus dans la mise en œuvre de ces procédures, le juge
peut ordonner au demandeur de constituer des garanties destinées à assurer l’indemnisation
éventuelle du préjudice subi par le défendeur si l’action en contrefaçon est ultérieurement
jugée non fondée.

La description détaillée constitue, dans la pratique, l’une des plus importantes procédures
mises en œuvre par la partie victime d’une atteinte portée à son droit au brevet d’invention ou
au certificat d’addition. En effet, elle permet, avant même que l’auteur de la contrefaçon ne
détruise ou ne dissimule le produit contrefait298, de procurer une preuve de l’existence d’une
concordance entre, d’une part, les éléments constituants d’un produit argué de contrefaçon et,
d’autre part, les éléments substantiels qui forment le droit qui a subi une atteinte soudaine.

297MARTIN et VIGAND, op.cit., p. 564.


298CHAVANNE, op.cit., p. 1222.

168
La raison de la mise en place et du recours à cette procédure 299 réside dans le fait que le
demandeur, sur lequel pèse la charge de prouver la contrefaçon, peut éprouver plusieurs
difficultés pour y arriver au regard des moyens de preuve édictés par les règles générales.

Cette possibilité de procéder à la « description détaillée », et ce, par le biais d’une ordonnance
rendue par le président du tribunal.

Le droit de mettre en œuvre cette procédure appartient à celui qui a le droit d’intenter l’action
en contrefaçon ; il doit présenter une demande au président du tribunal du lieu de la
contrefaçon dans le cadre d’une procédure non contradictoire. Après que l’ordonnance ait été
rendue à la suite de la requête tendant à procéder à la description détaillée des produits ou
procédés prétendus contrefaits, un huissier de justice ou un greffier dresse un procès-verbal
qui contient ses constatations, de même que le fait qu’il a obtenu des échantillons devant faire
l’objet de constat et de comparaison si le tribunal en décide ainsi.

Compte tenu de l’aspect souvent technique des opérations qu’il y a lieu d’effectuer, il peut
être procédé à la description détaillée avec l’assistance d’un expert qualifié 300. Quant à la
constatation visant à établir l’origine, la consistance et l’étendue de la contrefaçon, elle est
autorisée par le président du tribunal, et seul le greffier, assisté d’un expert qualifié, a le
pouvoir d’y procéder, et ce, à l’exclusion de l’huissier de justice.

Pour que le procès-verbal contenant la prescription détaillée et établie par l’huissier de justice
ou le greffier conserve sa valeur juridique, le requérant de cette mesure doit, s’être pourvu
devant le tribunal de commerce en sa qualité de juridiction 301 de fond, et ce, dans le délai
maximum de 30 jours. À défaut, la description détaillée, avec ou sans saisie, est nulle de plein
droit sans préjudice d’éventuels dommages-intérêts. Le délai de 30 jours commence à courir à
compter du jour de l’exécution de l’ordonnance, peu importe donc la date à laquelle le
procès-verbal relatif à la description a été dressé.

Au cas où les prescriptions précitées ne sont pas respectées, la description détaillée est
réputée nulle de plein droit sans que cela entraîne toutefois la nullité de l’action intentée au
fond ou les formalités y afférentes, le demandeur disposant en effet de la faculté de prouver
ses allégations par tout autre moyen de preuve admis par la loi.

299 MARTIN, op.cit., p. 343.


300PLAISANT, op.cit., p.260.
301BORIES, op.cit., p. 238..

169
Il est possible que l’ordonnance relative à la description soit accompagnée de la saisie 302, cette
dernière sera dès lors effectuée en parallèle avec la description ou le constat. La procédure
qui mène à ordonner la saisie, ainsi que son exécution et son issue, est soumise aux mêmes
formalités que celles exposées dans la description détaillée des produits contrefaits.

Il ne faut pas confondre la saisie descriptive des produits ou procédés prétendus contrefaits
dont il est question ici, avec celle engagée par les créanciers du breveté et portant sur le
brevet lui-même en vue de le mettre en vente.

L’action qui a été choisie pour la protection du droit au brevet détermine la sanction
encourue.

En application du principe qu’il n’y a ni crime ni peine sans texte, l’acte incriminé, de même
que la peine répressive, ne sauraient faire l’objet d’interprétation extensive.

Concernant les peines principales, il s’agit : d’une peine d’emprisonnement de deux à six
mois ; d’une amende; ou de l’une de ces deux peines seulement.

L’incrimination ne se limite pas uniquement au contrefacteur, mais s’étend également aux


personnes, qui encourent les mêmes peines que les contrefacteurs sans préjudice des peines
édictées par des lois spéciales. Il s’agit en l’occurrence des personnes qui ont sciemment :
recelé les produits prétendus contrefaits ; exposer les produits prétendus contrefaits ; mis en
vente les produits prétendus contrefaits ; vendu les produits prétendus contrefaits ; introduit
les produits prétendus contrefaits ; exporter les produits prétendus contrefaits ; apporté une
aide à l’auteur des infractions visées ci-dessus.

L’incrimination comprend également les actes énumérés et concerne ceux qui ont donné tous
renseignements, indications ou descriptions quelconques concernant des brevets d’invention
ou des certificats d’addition se rattachant à un brevet principal dont la demande a été déposée
par eux ou par autrui, mais qui ne sont pas encore délivrés.

La récidive révèle l’intention malicieuse consistant dans le fait de vouloir nuire au droit du
tiers sur le titre de propriété, ce qui exige que la sanction édictée à l’encontre de l’auteur de
cet acte soit à la hauteur de son intention. Le législateur édicte généralement dans ce cas une
peine aggravée, à propos du cas de la contrefaçon et des délits y relatifs. Ainsi les peines303

302VERON, op.cit., p. 376.


303 Art. 142 du Code pénal Malagasy- Seront punis d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de
120 000 Ariary à 18 000 000 Ariary : 1° Ceux qui auront contrefait les marques destinées à être apposées au
nom du Gouvernement sur les diverses espèces de denrées ou de marchandises ou qui auront fait usage de

170
prévues sont portées au double. En plus de l’amende, une peine de trois mois à deux ans est
également prononcée.

Si les actes de contrefaçon sont commis par un salarié ayant travaillé dans les ateliers ou dans
l’établissement du breveté, la peine est plus grave que celle encourue par le contrefacteur
non-salarié. De ce fait, les peines prévues sont portées à un emprisonnement de six mois à
deux ans et à une amende ou à l’une de ces deux peines seulement.

Par ailleurs, si dans la commission de l’acte de contrefaçon, le salarié s’est associé au


contrefacteur après lui avoir donné connaissance des procédés décrits au brevet, il encourt les
mêmes peines précitées.

La destruction des objets reconnus contrefaits, qui sont la propriété du contrefacteur. La


destruction des dispositifs ou moyens spécialement destinés à la réalisation de la contrefaçon.

Le tribunal statuant en matière répressive n’a nul besoin qu’une demande de destruction lui
soit présentée pour qu’il l’ordonne, car cela rentre d’office dans le champ de sa compétence,
et ce, contrairement à l’action civile en contrefaçon qui ne peut donner lieu à un jugement
ordonnant la confiscation que si la partie lésée en formule la demande.

● La concurrence déloyale304

Selon l’article 131 de l’ordonnance 89-019 : Est illicite tout acte de concurrence contraire aux
usages honnêtes en matière industrielle, commerciale, artisanale ou agricole.

Conformément à cette définition, est illicite, notamment : L’utilisation directe ou indirecte


d’une fausse provenance d’un produit ou d’un service ou l’identité du producteur, fabricant
ou commerçant ; tous faits quelconques de nature à créer une confusion ou une tromperie par

ces fausses marques ; 2° Ceux qui auront contrefait le sceau, timbre ou marque d’une autorité quelconque, ou
qui auront fait usage des sceau, timbre ou marque contrefaits ; 3° Ceux qui auront contrefait les papiers à en-
tête ou imprimés officiels en usage dans les Assemblées instituées par la Constitution, les administrations
publiques ou les différentes juridictions, qui les auront vendus, colportés ou distribués, ou qui auront fait
usage des papiers ou imprimés ainsi contrefaits ; 4° Ceux qui auront contrefait ou falsifiés les timbres-poste,
empreintes d’affranchissement ou coupon-réponse émis par l’administration malgache des postes et les
timbres mobiles, qui auront vendu, colporté, distribué ou utilisé sciemment lesdits timbres, empreintes ou
coupon-réponse contrefaits ou falsifiés. Les coupables pourront en outre être privés des droits mentionnés en
l’article 42 du présent Code pendant cinq ans au moins et dix ans au plus, à compter du jour où ils auront subi
leur peine. Ils pourront aussi être interdits de séjour pendant deux à cinq ans. Dans tous les cas, le corps du
délit sera confisqué et détruit. Les dispositions qui précèdent seront applicables aux tentatives de ces mêmes
délits.
304 ROUBIER, op.cit., p.1952.

171
n’importe quel moyen avec le nom commercial enregistré ou non enregistré de
l’établissement, les produits, les services ou l’activité industrielle ou commerciale d’un
concurrent ; les allégations fausses, dans l’exercice du commerce, de nature à discréditer
l’établissement, les produits, les services ou l’activité industrielle ou commerciale d’un
concurrent ; les indications ou allégations, dont l’usage, dans l’exercice du commerce, est
susceptible d’induire le public en erreur sur la nature, le mode de fabrication, les
caractéristiques, l’aptitude à l’emploi ou la qualité des produits ou services.

Si le fondement de l’industrie et du commerce réside dans la liberté d’entreprise et de la


concurrence, ladite liberté est supposée devoir être exercée sans porter atteinte aux intérêts
des tiers. Toute transgression de cette limite est considérée comme illicite et donne lieu à
responsabilité si un préjudice résulte de cet acte, que ce dernier soit intentionnel ou pas.

Il a précédemment été relevé que les actes portant atteinte au titre de propriété du brevet ont
légalement sanctionné par des dispositions spéciales.

En revanche, la protection contre d’autres types d’actes n’est pas assurée par des textes
spéciaux, ce qui nécessite le recours à l’action connue sous le nom de la concurrence
déloyale305 ou du parasitisme, et qui donne lieu à la responsabilité des auteurs des actes
précités selon les règles de la responsabilité civile. L’acte de concurrence déloyale est un acte
qui viole l’usage établi par des professionnels dans un secteur déterminé et susceptible
d’engendrer un préjudice.

Les règles relatives à la concurrence déloyale sont édictées et énoncent certains actes qui
relèvent de cette concurrence et des actions y afférentes. Par contre, l’assise juridique de ces

305 Article 10 bis CONVENTION DE PARIS DU 20 MARS 1893 POUR LA PROTECTION DE LA PROPRIETE
INDUSTRIELLE [1] révisée â Bruxelles le 14 décembre 1900, à Washington le 2 juin 1911, à La Haye le 6
novembre 1925, à Londres le 2 juin 1934, à Lisbonne le 31 octobre 1958 et Stockholm le 14 juillet 1967-
(Concurrence déloyale) :
1. Les pays de l'Union sont tenus d'assurer aux ressortissants de l'Union une protection effective contre la
concurrence déloyale ;
2. Constitue un acte de concurrence déloyale tout acte de concurrence contraire aux usages honnêtes en
matière industrielle ou commerciale.
3. Notamment devront être interdits:
1°Tous faits quelconques de nature à créer une confusion par n'importe quel moyen avec l'établissement, les
produits ou l'activité industrielle ou commerciale d'un concurrent;
2°Les allégations fausses, dans l'exercice du commerce la nature à discréditer l'établissement, les produits ou
l'activité industrielle ou commerciale d'un concurrent;
3°Les indications ou allégations dont l'usage, dans l'exercice â la du commerce, est susceptible d'induire le
public en erreur sur la sur la nature, le mode de fabrication, les caractéristiques, l'aptitude à l'emploi ou la
quantité des marchandises.

172
actes et les procédures qu’il convient de mettre en œuvre sont soumises aux règles générales,
à l’exception de la compétence en raison de la matière, laquelle appartient au tribunal de
commerce.

La notion de concurrence déloyale306, tel que cela résulte de son appellation, repose sur l’idée
de concurrence, c’est-à-dire qu’il est nécessaire, pour la mise en œuvre de la responsabilité,
qu’existe une concurrence307 entre les parties en litige. Toutefois, il s’infère de la pratique
judiciaire que certains actes sont susceptibles de porter atteinte aux droits du titulaire du
brevet sans qu’il y ait aucune concurrence entre les parties.

Cet état de fait a commandé d’élaborer et d’adopter le concept de parasitisme qui n’exige pas
l’existence d’une situation de concurrence entre l’auteur de l’acte et la victime. Les
agissements parasitaires reposent donc sur l’idée qu’une personne se glisse dans le sillage
d’une autre et tire profit des efforts que cette dernière a déployés et de la notoriété qu’elle a
acquise à travers son brevet.

À titre d’exemple, le cas du salarié qui dépose une demande de brevet d’invention après
s’être séparé de l’entreprise dans laquelle il travaillait : si cet acte permet à l’employeur de
revendiquer la propriété du brevet sur la base du fait que l’invention pour laquelle le brevet
est requis a été conçue dans le cadre de l’activité de l’entreprise, le même acte, c’est-à-dire,
celui du dépôt, peut relever de la concurrence déloyale ou parasitaire au regard du profit tiré
par le salarié des efforts financiers investis dans la société pour arriver à l’invention et la faire
connaître.

Aux termes de l’article 242 à l’article 248 de la loi 2017-049, outre les actes et pratiques visés
par les législations actuellement en vigueur, constitue un acte de concurrence déloyale tout
acte ou pratique qui, dans l’exercice d’activités industrielles, commerciales, artisanales ou
agricoles, est contraire aux usages honnêtes en ces matières.

Toute personne lésée ou susceptible d’être lésée par un acte de concurrence déloyale dispose
des recours auprès de la juridiction compétente. Les dispositions du présent chapitre
s’appliquent indépendamment et en sus de toute disposition législative protégeant les
inventions, les dessins et modèles industriels, les marques et autres objets de propriété
industrielle.

306 DOUCET, Prescription et nature de l’action en concurrence déloyale, Gaz. Pal. 1964, 2, doctr. 105.
307DERAINS, Droit et pratique de commerce internationale, 1975, n°1, 91.

173
Constitue un acte de concurrence déloyale, tout acte ou pratique qui, dans l’exercice
d’activités industrielles ou commerciales, crée ou est de nature à créer une confusion avec
l’entreprise d’autrui ou ses activités, en particulier avec les produits ou services offerts par
cette entreprise.

La confusion peut porter en particulier sur : la provenance du produit ; une marque


enregistrée ou non ; le signe distinctif d’une entreprise autre qu’une marque ; l’aspect
extérieur d’un produit ; la présentation de produits ou services ; une personne célèbre ou un
personnage de fiction connu.

Constitue un acte de concurrence déloyale, tout acte ou pratique qui, dans l’exercice
d’activités industrielles ou commerciales, porte atteinte ou est de nature à porter atteinte à
l’image ou à la réputation de l’entreprise d’autrui, que cet acte ou cette pratique crée ou non
une confusion.

Aux fins des présentes dispositions, on entend par « affaiblissement de l’image ou de la


réputation », l’amoindrissement du caractère distinctif ou de la valeur publicitaire d’une
marque ou autre signe distinctif d’entreprise, de l’aspect extérieur d’un produit ou de la
présentation de produits ou de services, ou d’une personne célèbre ou d’un personnage de
fiction connue.

L’atteinte à l’image ou à la réputation d’autrui peut résulter, en particulier, de


l’affaiblissement de l’image ou de la réputation attachée à : une marque enregistrée ou non ;
un nom commercial ; un signe distinctif d’une entreprise autre qu’une marque ; l’aspect
extérieur d’un produit ; la présentation de produits ou services ; une personne célèbre ou un
personnage de fiction connu.

Constitue un acte de concurrence déloyale, tout acte ou pratique qui, dans l’exercice
d’activités industrielles ou commerciales, induit ou est de nature à induire le public en erreur
au sujet d’une entreprise ou de ses activités, en particulier des produits ou services offerts par
cette entreprise.

Le public peut être induit en erreur par la publicité ou la promotion, en particulier à propos
des éléments suivants : procédé de fabrication d’un produit ; aptitude d’un produit ou d’un
service à un emploi particulier ; qualité, quantité ou autre caractéristique d’un produit ou d’un
service ; origine géographique d’un produit ; conditions auxquelles un produit ou un service
est offert ou fourni ; prix d’un produit ou d’un service ou son mode de calcul.

174
Constitue également un acte de concurrence déloyale, toute allégation fausse ou abusive dans
l’exercice d’activités industrielles ou commerciales, qui discrédite ou est de nature à
discréditer l’entreprise d’autrui ou ses activités, en particulier les produits ou services offerts
par cette entreprise.

Le discrédit peut résulter de la publicité ou de la promotion et porter en particulier sur les


éléments suivants : procédé de fabrication d’un produit ; aptitude d’un produit ou d’un
service à un emploi particulier ; qualité, quantité ou autre caractéristique d’un produit ou d’un
service ; conditions auxquelles un produit ou un service est offert ou fourni ; prix d’un
produit ou d’un service ou son mode de calcul.

Constitue un acte de concurrence déloyale, tout acte ou pratique qui, dans l’exercice
d’activités industrielles ou commerciales, entraîne la divulgation, l’acquisition ou l’utilisation
par des tiers d’information confidentielle sans le consentement de la personne légalement
habilitée à disposer de cette information, dénommée ci-après « détenteur légitime », et d’une
manière contraire aux usages commerciaux honnêtes.

La divulgation, l’acquisition ou l’utilisation d’information confidentielle par des tiers sans le


consentement du détenteur légitime peut, en particulier, résulter des actes suivants :
espionnage industriel ou commercial ; rupture de contrat ; abus de confiance ; incitation à
commettre l’un des actes visés aux alinéas 1, acquisition d’information confidentielle par un
tiers qui savait que cette acquisition impliquait un des actes visés aux alinéas 2 ou dont
l’ignorance à cet égard résultait d’une négligence grave.

L’information est considérée comme « confidentielle » lorsque : elle n’est pas, dans sa
globalité ou dans la configuration et l’assemblage exacts de ses éléments, généralement
connue des personnes appartenant aux milieux qui s’occupent normalement du type
d’information en question ou ne leur est pas aisément accessible ; elle a une valeur
commerciale parce qu’elle est confidentielle, et elle a fait l’objet, de la part de son détenteur
légitime, de disposition raisonnable, compte tenu des circonstances, pour la garder
confidentielle.

Elle englobe aussi tout acte qui, dans l’exercice d’activités industrielles ou commerciales,
constitue ou entraîne : l’exploitation déloyale dans le commerce de données confidentielles
résultant d’essais ou d’autres données confidentielles, dont l’établissement nécessite un effort
considérable et qui ont été communiquées à une autorité compétente aux fins de l’obtention
de l’autorisation de commercialiser des produits tels que les produits pharmaceutiques ou des

175
produits chimiques pour l’agriculture comportant des entités chimiques nouvelles, ou la
divulgation de telles données, sauf si elle est nécessaire pour protéger le public ou à moins
que des mesures ne soient prises pour garantir que les données sont protégées contre
l’exploitation déloyale dans le commerce.

Enfin, constitue un acte de concurrence déloyale, toute pratique qui, dans l’exercice
d’activités industrielles ou commerciales, est de nature à désorganiser l’entreprise
concurrente, son marché ou le marché de la profession concernée.

La désorganisation peut se réaliser par : la suppression de la publicité ; le détournement de


commandes ; la pratique de prix anormalement bas ; la désorganisation du réseau de vente ; le
débauchage du personnel ; l’incitation à la grève ; le non-respect de la réglementation relative
à l’exercice de l’activité concernée.

L’action en concurrence déloyale308 dont le fondement juridique renvoie aux principes et aux
règles de la responsabilité civile exige que trois conditions soient remplies : la faute, le
préjudice et le lien de causalité. L’application des éléments constituant les conditions
précitées diffère, dans le domaine de la propriété industrielle 309 de celle qui est de mise en ce
qui concerne la responsabilité de droit commun.

Effectivement, le concept relatif à chacun de ces éléments a évolué dans les règles de la
concurrence déloyale d’une façon qui a conduit à une nette distinction entre ceux qui ont trait
à la propriété commerciale et industrielle et leurs homologues qui concernent le domaine
civil.

La loi fait état de certains cas considérés comme des fautes pouvant entraîner la
responsabilité dans le cadre d’une action en concurrence déloyale.

Il est à noter que la faute doit être prouvée par le demandeur à l’action de sorte qu’il ne soit
pas possible de parler, dans le cadre de l’action en concurrence déloyale, d’une faute
présumée qui requiert l’administration de la preuve contraire par le défendeur.

308IZORCHE, Les fondements de la sanction de la concurrence déloyale et du parasitisme, RTD com, 1998, 17.
309 Azéma J. et Galloux J. –C., op.cit., p.435.

176
L’article 10 bis de la Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle
dispose en effet que constitue un acte de concurrence déloyale, tout acte de concurrence 310
contraire aux usages honnêtes en matière industrielle ou commerciale.

Sont notamment interdits : tous faits quelconques de nature à créer une confusion par
n’importe quel moyen avec l’établissement, les produits ou l’activité industrielle ou
commerciale d’un concurrent ; les allégations fausses dans l’exercice du commerce de nature
à discréditer l’établissement, les produits ou l’activité industrielle ou commerciale d’un
concurrent ; les indications ou allégations dont l’usage dans l’exercice du commerce est
susceptible d’induire le public en erreur sur la nature, le mode de fabrication, les
caractéristiques, l’aptitude à l’emploi ou la quantité des marchandises. L’article 10 bis de l

Les actes précités peuvent être répartis selon les points suivants :

Ce cas est celui que l’on retrouve le plus souvent dans la vie pratique ou dans les litiges
soumis aux tribunaux. Il consiste dans le fait de commettre des actes de n’importe quelle
manière susceptible de créer une confusion avec l’établissement d’un concurrent ou avec ses
produits ou son activité industrielle ou commerciale. Il est possible d’en donner un exemple
dans le domaine du brevet311 par le fait de se référer à un brevet antérieurement inscrit, et ce,
dans des activités commerciales en vue d’en retirer un profit aux dépens de son propriétaire.

Il rentre dans le cadre de ce cas toute allégation visant à dénigrer ou ruiner la réputation du
titulaire du droit afin d’éloigner les personnes qui traitent avec ce dernier.

310 CONVENTION DE PARIS DU 20 MARS 1893 POUR LA PROTECTION DE LA PROPRIETE INDUSTRIELLE [1]
révisée â Bruxelles le 14 décembre 1900, à Washington le 2 juin 1911, à La Haye le 6 novembre 1925, à
Londres le 2 juin 1934, à Lisbonne le 31 octobre 1958 et Stockholm le 14 juillet 1967.
Article 10 bis - (Concurrence déloyale) :
1. Les pays de l'Union sont tenus d'assurer aux ressortissants de l'Union une protection effective contre la
concurrence déloyale ;
2. Constitue un acte de concurrence déloyale tout acte de concurrence contraire aux usages honnêtes en
matière industrielle ou commerciale.
3. Notamment devront être interdits:
1° Tous faits quelconques de nature à créer une confusion par n'importe quel moyen avec l'établissement, les
produits ou l'activité industrielle ou commerciale d'un concurrent;
2° Les allégations fausses, dans l'exercice du commerce la nature à discréditer l'établissement, les produits ou
l'activité industrielle ou commerciale d'un concurrent;
3° Les indications ou allégations dont l'usage, dans l'exercice â la du commerce, est susceptible d'induire le
public en erreur sur la sur la nature, le mode de fabrication, les caractéristiques, l'aptitude à l'emploi ou la
quantité des marchandises.
311 MARTIN et VIGAND, op.cit., p. 453.

177
À titre d’exemple, dans le domaine du brevet, le fait de prétendre qu’un produit dont le brevet
d’invention a été obtenu est nuisible à la santé ou susceptible de provoquer des maladies
chroniques.

Ce type d’acte de concurrence déloyale vise à porter atteinte aux moyens de production ou
aux moyens et méthodes de commercialisation en induisant le public en erreur sur le procédé
de fabrication des produits ou leurs caractéristiques ou leur quantité ou leur aptitude à être
utilisés.

Le préjudice est une condition pour que la responsabilité en matière de concurrence déloyale
soit établie. Selon les règles de droit commun, le préjudice doit revêtir un caractère direct,
personnel et certain, ce qui implique que le préjudice éventuel ne suffit pas pour réclamer la
réparation du dommage.

Dans le cadre de la concurrence déloyale, la jurisprudence se contente de constater


l’existence d’un préjudice312 éventuel, estimant que le simple fait de porter atteinte au droit
sur le brevet est suffisant pour établir la survenance d’un préjudice.

Compte tenu du fait que l’action en concurrence déloyale 313 revêt un aspect civil, et non
pénal, le tribunal de commerce est compétent pour trancher les litiges qui y sont relatifs.

Étant donné que le fondement de la concurrence déloyale réside dans les règles générales de
la responsabilité, l’action y afférente se prescrit par cinq ans à partir du moment où la partie
lésée a eu connaissance du dommage et de celui qui est tenu d’en répondre.

Elle se prescrit dans tous les cas par 20 ans à partir du moment où le dommage a eu lieu.

Les personnes y habilitées peut intenter une action visant, d’une part, à faire cesser les actes
déloyaux et, d’autre part, à obtenir une réparation financière du préjudice subi.

312CONVENTION DE PARIS DU 20 MARS 1893 POUR LA PROTECTION DE LA PROPRIETE INDUSTRIELLE [1]


révisée â Bruxelles le 14 décembre 1900, à Washington le 2 juin 1911, à La Haye le 6 novembre 1925, à
Londres le 2 juin 1934, à Lisbonne le 31 octobre 1958 et Stockholm le 14 juillet 1967
Article 10 bis - (Concurrence déloyale) :
3. Notamment devront être interdits:
1° Tous faits quelconques de nature à créer une confusion par n'importe quel moyen avec l'établissement, les
produits ou l'activité industrielle ou commerciale d'un concurrent;
2° Les allégations fausses, dans l'exercice du commerce la nature à discréditer l'établissement, les produits ou
l'activité industrielle ou commerciale d'un concurrent
313 ROUBIER, op.cit., p. 1952.

178
Le premier objectif poursuivi par la victime d’un acte de concurrence déloyale est de faire
cesser les agissements qui lui sont préjudiciables, avant de demander des dommages-intérêts.
Ceci est, d’un autre côté, le seul but recherché par le concurrent qui n’a subi aucun préjudice,
puisque celui-ci ne dispose bien évidemment d’aucun fondement pour obtenir une
quelconque réparation.

L’action en indemnisation est la partie complémentaire à celle visant à faire cesser les actes
déloyaux314. Il est possible de les regrouper en une seule demande, et d’ailleurs, rares sont les
dommages-intérêts requis individuellement.

L’action précitée vise à mettre fin au préjudice de façon totale, qu’il s’agisse du dommage
matériel ou moral. Pour atteindre cet objectif, il incombe à la partie qui prétend avoir subi un
dommage causé par l’acte déloyal de prouver l’étendue de ce préjudice dont la réparation
relève, dans tous les cas, du pouvoir d’appréciation du tribunal.

Il est possible d’ordonner la publication du jugement ayant condamné le défendeur pour actes
relevant de la concurrence déloyale.

L’article 10bis de la Convention de Paris exige des États membres que ceux-ci prévoient une
protection contre toute concurrence déloyale. En vertu de cet article, les actes de concurrence
ci-après sont considérés comme contraires aux usages honnêtes de l’industrie et du
commerce315. La protection contre la concurrence déloyale 316 complète la protection prévue

314DOUCET, op.cit.,p.105.
315Loi 2005-020 du 17.10.05 sur la concurrence, art.44 à 50.
316 CONVENTION DE PARIS DU 20 MARS 1893 POUR LA PROTECTION DE LA PROPRIETE INDUSTRIELLE [1]
révisée â Bruxelles le 14 décembre 1900, à Washington le 2 juin 1911, à La Haye le 6 novembre 1925, à
Londres le 2 juin 1934, à Lisbonne le 31 octobre 1958 et Stockholm le 14 juillet 1967
Article 10 bis - (Concurrence déloyale) :
1. Les pays de l'Union sont tenus d'assurer aux ressortissants de l'Union une protection effective contre la
concurrence déloyale ;
2. Constitue un acte de concurrence déloyale tout acte de concurrence contraire aux usages honnêtes en
matière industrielle ou commerciale.
3. Notamment devront être interdits:
1°Tous faits quelconques de nature à créer une confusion par n'importe quel moyen avec l'établissement, les
produits ou l'activité industrielle ou commerciale d'un concurrent;
2°Les allégations fausses, dans l'exercice du commerce la nature à discréditer l'établissement, les produits ou
l'activité industrielle ou commerciale d'un concurrent;
3°Les indications ou allégations dont l'usage, dans l'exercice â la du commerce, est susceptible d'induire le
public en erreur sur la sur la nature, le mode de fabrication, les caractéristiques, l'aptitude à l'emploi ou la
quantité des marchandises.

179
pour les inventions, les dessins et modèles industriels, les marques 317 et les indications
géographiques. Elle est particulièrement importante pour les savoirs, les techniques ou les
informations qui ne sont pas protégés par un brevet, mais qui peuvent être indispensables
pour parvenir à la meilleure utilisation possible d’une invention brevetée.

● ILLUSTRATION JURISPRUDENTIELLE :

- Arrêt n° 44 du 25 mars 1976 de la Cour d’Appel d’Antananarivo

Attendu qu’il est constant que les Ets VASTA GOULAMHOUSSEN propose à la vente
depuis 1970 sur le même marché des machines à coudre de marque « SINGIERE », que d’un
constat d’huissier et de photocopies versées au dossier, il apparaît que lesdites machines
présentent avec les précédentes des ressemblances frappantes tant par l’aspect général
extérieur, par les détails des pièces dont elles équipées, par la décoration dont elles sont
ornées ; que ces éléments caractéristiques communs aux unes et aux autres que, ne suffisant
pas à masquer ni même à réduire les quelques différences dans les arabesques des motifs ou
dans la forme des plaques, joints à la similitude phonétique des marques apposées sur le
carter suffisent à créer une confusion dans l’esprit d’une clientèle moyenne peu habitué à
l’orthographe des noms à consonance étrangère.

Attendu que cette confusion a causé indubitablement un préjudice à la compagnie SINGER


dont l’antériorité de la production et de la commercialisation des machines à coudre et la
notoriété de la marque servirent de support publicitaire à son concurrent et la privèrent de
vente sur lesquels elle pouvait raisonnablement compter, les acheteurs trompés, croyant en
achetant les produits de celui-ci, acheter ceux de celle-là quelques avantages qu’ils pensent
trouver à l’opération qu’il n’auraient pas cherchés.

317Art. 57 de l’Ordonnance n° 89-019 du 31 juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la


propriété industrielle en République Démocratique de Madagascar (J.O. du 14/08/89 p.1798) : - 1° Ne peuvent
constituer une marque ni en faire partie et ne doivent pas être enregistrés les signes dont l’utilisation
contrevient à l’ordre public, aux bonnes mœurs et à la morale et qui notamment, pourraient tromper les
milieux commerciaux ou le public sur la nature, la provenance, le mode de fabrication, les caractéristiques ou
l’aptitude à l’emploi des produits ou services considérés.
2° Conformément à l’article 6 ter de la Convention de Paris, sont exclus de toute demande de protection et ne
doivent pas être enregistrés sous forme de marque, les signes qui reproduisent ou imitent des armoiries,
drapeaux ou autres emblèmes, poinçons officiels, de contrôle et de garantie adoptée par un Etat, sigles,
dénominations ou abréviations de dénominations de tout Etat ou organisation internationale,
intergouvernementale sauf accord particulier de l’autorité compétente de cet Etat ou de cette organisation.

180
Attendu que vainement les intimés arguent qu’ils étaient de bonne foi ; que les arguments
présentés à l’appui de ce moyen ne sont pas pertinent ; qu’en effet, l’action en concurrence
déloyale n’a pas d’autre fondement que les dispositions de l’article 217 de la L.T.G.O ; que la
lésion d’intérêt économique engage la responsabilité de son auteur si celui-ci a commis une
faute, mais que cette faute qui devrait être appréciée par rapport aux usages honnêtes du
commerce auxquels se réfère la Convention de Paris susvisée et tels qu’ils sont établis moins
par les lois que par les coutumes, est indépendante de toute notion de mauvaise foi ; qu’elle
ne postule pas une intention frauduleuse et sera aussi bien constituée par une négligence ou
une imprudence.

Attendu que les Ets VASTA GOULAHOUSSEN ne pouvaient ignoré qu’en mettant en vente
les machines à écrire « SINGIERE » dont l’assonance devait évoquer pour eux, grâce à la
longue expérience professionnelle dont ils se targuent, un autre nom familier, ils détournaient
la clientèle de l’entreprise à laquelle ce nom appartenant en droit ; que s’ils n’étaient de
connivence avec leurs fournisseurs pour parvenir à de telles fins, eussent-ils dû au moins
songer que leurs agissements y conduisent, que s’ils n’ont donc agissent intentionnellement
dans le dessein de nuire, elles n’ont pas respectées les pratiques normales de la libre
concurrence ; qu’ils seront alors tenus de réparer le préjudice qu’occasionne à leur
concurrente leur légèreté si ce ne fut leur dol (cf. également en ce sens l’arrêt de la Cour
Suprême n°12 du 11 mars 1975 invoqué à bon droit par la compagnie SINGER).

- Commentaire de cet arrêt

C’est un arrêt de la Cour d’appel d’Antananarivo du 25 mars 1976 concernant la contrefaçon


et la concurrence déloyale d’une marque des machines à écrire. Un litige ayant comme partie
les Ets VASTA GOULAHOUSSEN défendeur de l’action contre la contrefaçon et la
concurrence déloyale et la Compagnie SINGER.

Durant la mise en vente des machines par les Ets VASTA GOULAHOUSSEN, on constate
des éléments caractéristiques communs avec celui de SINGIERE, pas seulement sur les
aspects généraux extérieurs de ladite machine mais également sur les pièces équipées et les
décorations dont elles sont ornées qui provoquent de similitude phonétique des marques
apposées sur les machines.

Ces caractères communs entre celui des Ets VASTA GOULAHOUSSEN et SINGIERE car
les acheteurs fidèles des machines de marque « SINGEIERE » sont induit en erreur afin

181
qu’elle contracte qui constitue le délit de dol en croyant achetant les produits de SINGER qui
est similaire avec celui de la Compagnie SINGER.

Selon la Cour d’Appel, les arguments de la société VASTA ne sont pas pertinents et l’action
en concurrence déloyale n’a pas d’autre fondement que les dispositions de l’article 217 de la
L.T.G.O car la lésion d’intérêt économique engage la responsabilité de son auteur si celui-ci a
commis une faute. L’acte délictueux des Ets VASTA GOULAHOUSSEN est basé
d’intention frauduleuse car il ne peut l’ignorer en mettant en vente les machines à écrire
« SINGIERE », il détourne la clientèle de l’entreprise SINGER à laquelle ce marque
appartient.

● LA RECHERCHE DE LA CONTREFAÇON EN DROIT FRANÇAIS

182
Il appartient au titulaire du droit de veiller au respect de son monopole et de déceler les
éventuels faits de contrefaçon, qu’il agisse par lui-même ou qu’il soit pour cela assisté de
conseils.

Sauf lorsque l’on est en présence d’actes de piraterie, la détection d’actes de contrefaçon
conduira le plus souvent à adresser d’abord à celui à qui ils sont imputables une lettre de mise
en garde, en l’invitant à y mettre un terme et à réparer le préjudice causé.

En général, une pareille mise en demeure sera adressée par le conseil en propriété industrielle
ou l’avocat du titulaire du droit, et ce n’est que dans l’hypothèse où elle resterait sans effet
que serait envisagée une procédure judiciaire. Cette mise en garde envoyée à un présumé
contrefacteur ou à sa clientèle engage la responsabilité du titulaire 318. Elle est considérée

318Paris, 23 mars 1977, Ann. propr. ind. 1977 p. 81.

183
comme excessive lorsque l’action en contrefaçon n’a pas été intentée 319 ou lorsque l’ayant
été, elle était manifestement mal fondée 320. Peut pareillement engager la responsabilité du
titulaire du droit poursuivant, le fait d’accompagner la mise en demeure ou l’engagement de
l’action en contrefaçon d’une campagne de presse 321. Mais conformément aux principes du
droit commun de la responsabilité, la faute ne suffit pas ; il faut qu’il y ait préjudice.

La mise en demeure reste une démarche nécessaire pour la mise en connaissance du prétendu
contrefacteur notamment au regard des dispositions de l’article L. 615-1 al. 3 du Code de
propriété intellectuelle française, mais les propos qu’elle contient doivent être exprimés sur
un mode conditionnel et ne pas outrepasser les limites admises pour informer les tiers sur les
droits que confère la délivrance d’un titre. Il se peut aussi qu’une procédure soit engagée à
l’initiative de celui qui souhaite éviter un contentieux et clarifier la situation. Cela n’existe
que dans le domaine des brevets d’invention, à l’exclusion de tous les autres secteurs de la
propriété industrielle sous la forme de l’action en déclaration de non-contrefaçon.

- L’action en déclaration de non-contrefaçon de brevet

L'industriel qui envisage de fabriquer un produit ou de mettre en œuvre un procédé peut avoir
des doutes sur le caractère contrefaisant ou non de la technique en cause. Il peut alors hésiter
à consentir des investissements parfois importants avec le risque de se voir condamner pour
contrefaçon.

S'il estime que le brevet qui le gêne est nul, il peut prendre l'initiative d'une action en nullité
de ce brevet. Mais si le doute a trait au caractère contrefaisant ou non.

Les conditions exigées

Pour exercer l’action en déclaration de non-contrefaçon, plusieurs conditions doivent être


réunies : il faut, tout d’abord, être à même de justifier soit d’une exploitation industrielle, soit
pour le moins de préparatifs sérieux à cette fin. Seul celui qui fabrique ou fabriquera peut
prétendre à cette action. Le simple vendeur n’y a donc pas accès et la simple demande ne
suffit pas. Il faut aussi que la fabrication soit réalisée sur un territoire de l’Union européenne
et que l’on s’apprête à importer en France. L’action n’est donc pas ouverte à celui qui se
contente d’importer d’un État tiers sans exploiter industriellement dans le territoire

319Trib. com. Lyon, 3 oct. 1978, Dossiers brevets 1978 V.4.


320Paris, 29 nov. 1990, PIBD 1991 no 496. III. 149 ; Paris, 23 mai 1997 PIBD 1997 no 639 III. 498.
321Paris, 6 déc. 2000, PIBD 2001 no 717. III. 161 ; not. via un site internet et par voie de communiqué de
presse ; TGI Paris, 19 janv. 2005, PIBD 2005. III. 254, no 807.

184
communautaire. L’action n’est, ensuite, ouverte qu’à celui qui a tenté un accord amiable avec
le titulaire du brevet. En effet, si le breveté qui a été sommé de prendre parti dans un délai de
trois mois reconnaît l’absence de contrefaçon l’action ne peut pas être introduite. On s’est
alors demandé si le breveté pourrait revenir ultérieurement sur le parti qu’il a pris et agir en
contrefaçon. Certains auteurs le pensent au motif que cette reconnaissance ne vaut pas
transaction. Si cette opinion devait être suivie, les conséquences pour l’industriel seraient
graves. Aussi, la prudence invite-t-elle à donner à cette reconnaissance la forme et la teneur
d’une véritable transaction. D’autres auteurs sont d’un avis contraire et estiment, avec raison
à notre sens, que le breveté qui reconnaît l’absence de contrefaçon renonce à son droit d’agir
en contrefaçon 6 : seule cette solution conserve son intérêt à cette procédure et ne la rend pas
dangereuse.

Le concours des autorités douanières

L'intervention de l'Administration des Douanes dans la lutte contre la contrefaçon est


primordiale322 : elle se concrétise notamment par le mécanisme de la retenue en douane, que
nous traitons ici, et par les poursuites (la saisie douanière) qu’elle est amenée engager à
l’encontre des contrefacteurs qui ont également commis des délits douaniers connexes, que
nous traiterons au titre des sanctions de la contrefaçon. Il convient toutefois de relever que si
ces deux procédures douanières, celle de la retenue et celle de la saisie, sont autonomes et
indépendantes, elles se complètent : la retenue est, dans de nombreux cas, le préambule à des
poursuites douanières323.

Le principe de la retenue consiste à permettre aux agents de l’administration des douanes,


dans le cadre des contrôles qu’ils exercent sur les marchandises, agissant à la demande du
titulaire d’un droit de propriété intellectuelle ou de leur propre chef, d’immobiliser des
marchandises arguées ou suspectes de contrefaçon.

La procédure conduit à fournir au titulaire du droit, nonobstant le secret professionnel auquel


sont tenus les agents des douanes, un certain nombre d’informations sur la quantité et
l’origine de ces marchandises. Il appartient ensuite au titulaire du droit de propriété

322Sur l’ensemble de la question : T. Kern, Les marchandises contrefaisantes, Lamy 2010 ; en 2009, au plan
européen, les diverses administrations nationales des douanes avaient ouvert 43500 procédures concernant
118 millions d’articles (pour 16 % des cigarettes, 13 % les produits marqués et 10 % des médicaments).
323C. De Haas, Retenues douanières : rien de sert de les maintenir quand on peut faire saisir, CCE juille-août
2011 p. 44 ; Paris, 17 janv. 2001, RG n° 00/04822 ; Paris, 4e ch. A, 14 févr. 2007, RG n° 06/9813 ; Com. 1er juill.
2008, pourvoi n° 07-13952.

185
intellectuelle enfreint d’engager, le cas échéant, des poursuites, dans un court délai à
l’expiration duquel la mesure de retenue est levée.

La demande d’intervention

L'intervention des douanes n'a lieu que si le titulaire des droits a adressé préalablement à
l'autorité compétente une demande d'intervention 324, accompagnée d’un certain nombre de
justificatifs325. Une demande écrite est introduite auprès du service douanier compétent, visant
à obtenir son intervention lorsque des marchandises sont soupçonnées d’être des
marchandises portant atteinte à des droits de propriété intellectuelle, demande
d’intervention326.

Des précisions spécifiques au type de droit de propriété intellectuelle pour lequel la demande
d’intervention a été introduite peuvent être également sollicitées (art. 5.6 du règlement CE n°
1383/2003) : lieux de fabrication ou de production, du réseau de distribution ou du nom des
licenciés et d’autres informations, qui peuvent être demandés par le service chargé de
recevoir et de traiter les demandes d’intervention, afin de faciliter l’analyse technique des
produits (art. 4 du règlement CE n° 1891/2004). Aucune redevance n’est exigée du titulaire
du droit pour couvrir les frais administratifs occasionnés par le traitement de la demande.

La recevabilité de l’action

324En France, à la Direction du renseignement et de la documentation (DNRED).


325La demande d’intervention doit contenir tous les éléments permettant aux autorités douanières de
reconnaître facilement les marchandises en cause. Au surplus, le délai de validité et la forme de la demande
d’intervention sont harmonisés et le recours aux communications électroniques pour son dépôt est encouragé
(art. 5.3). A défaut d’être suffisamment précise, le service douanier peut décider de ne pas traiter la demande
d’intervention par décision motivée, décision qui peut faire l’objet d’un recours (art. 5.8). En cas d’abus ou
d’utilisation des informations fournies au titulaire de droits par les services douaniers à d’autres fins que celles
prévues par le règlement (telle qu’un accord amiable), le titulaire peut encourir la suspension de sa demande
d’intervention pour la durée de la validité restante voire, dans les cas les plus graves, son non renouvellement.
En cas de récidive ou de cas particulièrement graves, le service douanier compétent peut refuser son
renouvellement. Dans le cas de la demande d’intervention prévue à l’art. 5 paragraphe 4, il doit en outre,
prévenir les États membres désignés sur le formulaire de demande d’intervention.
326Art. 5.1 du règlement CE n° 1383/2003.

186
Plusieurs questions relatives à la mise en œuvre de l’action doivent être étudiées en raison de
leur particularisme au regard du droit commun de la procédure : la prescription de l'action ; la
compétence juridictionnelle ; le titulaire du droit d'agir.

- La prescription de l’action

L’action se prescrit par trois ans ; le point de départ de ce délai est chaque nouvelle atteinte
portée à un droit de propriété industrielle ; ainsi la fabrication de l’objet de l’invention
brevetée constitue un acte, la commercialisation de cet objet en est un autre, l’apposition
d’une marque reproduite sans le consentement du titulaire en est encore un autre. Chacun de
ces actes de contrefaçon fait courir à partir de la date de sa commission délai pour agir.

En matière de marques, il existe cependant une disposition particulière qui prévoit que si le
titulaire de l’action tolère l’usage d’une marque enregistrée postérieurement à la sienne
pendant 5 ans, son action en contrefaçon devient irrecevable.

« Est irrecevable toute action en contrefaçon d'une marque postérieure enregistrée dont
l'usage a été toléré pendant cinq ans, à moins que son dépôt n'ait été effectué de mauvaise foi.
Toutefois, l'irrecevabilité est limitée aux seuls produits et services pour lesquels l'usage a été
toléré »327.

- La compétence juridictionnelle

Selon les dispositions du Code de propriété intellectuelle française, « des tribunaux


spécialement désignés connaissent des actions en matière de propriété littéraire et artistique,
de dessins et modèles, de brevets d'invention, de certificats d'utilité, de certificats
complémentaires de protection, de topographie de produits semi-conducteurs, d'obtentions
végétales et de marques, dans les cas et conditions prévues par le code de la propriété
intellectuelle ».Seuls les tribunaux sont compétents pour connaître des actions ayant pour
objet des droits de propriété industrielle.

Par conséquent : les juridictions de l’ordre administratif ne sont pas compétentes lorsque le
litige implique une personne publique328 , les tribunaux de commerce ne le sont pas quand
bien même les parties à l’instance seraient commerçantes dès lors qu’il s’agit d’apprécier les
dispositions du code de la propriété intellectuelle. Le tribunal de commerce demeure

327Cass. com., 23 novembre 2010, n° 09-70859 : LEPI février 2011, obs. n° 29, A. Lebois ; TGI Paris, 15 juin
2011, LEPI octobre 2011, obs. n° 153, D. Lefranc.
328T. conflits, 2 mai 2011 : Propr. industr. juin 2011, comm. 50, concl. J.-D. Saclet ; LEPI septembre 2011, obs.
n° 133, C. Bernault.

187
compétent lorsque la question porte sur un contrat ayant pour objet des droits de propriété
intellectuelle329 . La compétence matérielle va aux tribunaux de grande instance, mais pas à
tous. Les actions civiles et les demandes relatives aux marques, y compris lorsqu'elles portent
également sur une question connexe de concurrence déloyale, sont exclusivement portées
devant des tribunaux de grande instance, déterminés par voie réglementaire.

- Le titulaire du droit d’agir en contrefaçon

D’une manière quasiment uniforme, le code de la propriété intellectuelle détermine le


titulaire du droit d’agir en contrefaçon de droits de propriété industrielle.

Ainsi, l’action en contrefaçon est exercée par le propriétaire du brevet.

Toutefois, le bénéficiaire d'un droit exclusif d'exploitation peut, sauf stipulation contraire du
contrat de licence, exercer l'action en contrefaçon si, après mise en demeure, le propriétaire
du brevet n'exerce pas cette action. Le breveté est recevable à intervenir dans l'instance en
contrefaçon engagée par le licencié, conformément à l'alinéa précédent.

Le titulaire d'une licence obligatoire ou d'une licence d'office, peut exercer l'action en
contrefaçon si, après la mise en demeure, le propriétaire du brevet n'exerce pas cette action.

Tout licencié est recevable à intervenir dans l'instance en contrefaçon engagée par le breveté,
afin d'obtenir la réparation du préjudice qui lui est propre.

Pour que le licencié exclusif puisse agir en contrefaçon, il faut que le contrat de licence ait été
enregistré auprès de l'office concerné et ait fait l'objet d'une publication.

● Les mesures judiciaires en présence d’une contrefaçon vraisemblable

329Cass. com., 23 novembre 2010, n° 09-70859 : LEPI février 2011, obs. n° 29, A. Lebois ; TGI Paris, 15 juin
2011, LEPI octobre 2011, obs. n° 153, D. Lefranc.

188
Plusieurs mesures peuvent être décidées par le juge, avant même de savoir si le défendeur est
un contrefacteur : ce sont des mesures destinées à l’établissement de la preuve et à prévenir
certaines conséquences dommageables pour le titulaire des droits de propriété industrielle.
Compte tenu de la dimension internationale de la contrefaçon, il existe également des
procédures de retenue en douanes.

- Les mesures probatoires : la saisie-contrefaçon

189
La contrefaçon est un fait juridique dont la preuve, à la charge du demandeur, est libre. La
difficulté d’administrer la preuve de l’existence et de l’ampleur d’une atteinte à des droits de
propriété industrielle a conduit le législateur à introduire une procédure spéciale : la saisie-
contrefaçon.

En matière de brevets, la contrefaçon peut être prouvée par tous moyenne. À cet effet, toute
personne ayant qualité pour agir en contrefaçon est en droit de faire procédé en tout lieu et
par tous huissiers, assistés d'experts désignés par le demandeur, en vertu d'une ordonnance
rendue sur requête par la juridiction civile compétente, soit à la description détaillée, avec ou
sans prélèvement d'échantillons, soit à la saisie réelle des produits ou procédés prétendus
contrefaisants ainsi que de tout document s'y rapportant. La juridiction peut ordonner, aux
mêmes fins probatoires, la saisie réelle des matériels et instruments utilisés pour fabriquer ou
distribuer les produits ou pour mettre en œuvre les procédés prétendus contrefaisants.

La procédure débute donc par une requête auprès de la juridiction compétente (il s’agit d’une
procédure non contradictoire pour des raisons évidentes d’efficacité). Si le requérant parvient
à convaincre cette juridiction (grâce à « des éléments de preuve raisonnablement accessibles
pour étayer ses allégations »), une ordonnance sera rendue. Le titulaire du droit d’agir en
contrefaçon pourra alors demander à un huissier, assisté d’un expert, qu’il procède aux
constatations autorisées par l’ordonnance dans les locaux commerciaux, industriels du
prétendu contrefacteur. L’huissier constatera, le cas échéant, les caractéristiques de la
contrefaçon par une description voire un prélèvement d’échantillons. Il pourra aussi,
conformément à l’ordonnance réaliser une saisie réelle de quelques objets prétendument
contrefaisants.

Il faut avoir à l’esprit qu’au jour de la saisie-contrefaçon, nul ne sait encore si le saisi est un
contrefacteur ou non. Pour cette raison, cette mesure intrusive doit être strictement encadrée
afin d’éviter un détournement de sa finalité et, à tout le moins, garantir que les secrets
commerciaux et industriels du saisi soient protégés. Toute la difficulté réside donc dans cet
équilibre entre efficacité de la mesure et respect des intérêts légitimes du saisi.

Les faits de contrefaçon, s’ils sont établis, viendront étayer la demande au fond qui devra être
engagé dans un délai de vingt jours ouvrables ou de trente et un jours civils si ce délai est
plus long. À défaut, le titulaire du droit de propriété industrielle perdra le bénéfice de la
saisie-contrefaçon et pourrait voir sa responsabilité civile engagée. Elle peut subordonner
l'exécution des mesures qu'elle ordonne à la constitution par le demandeur de garanties

190
destinées à assurer l'indemnisation éventuelle du défendeur si l'action en contrefaçon est
ultérieurement jugée non fondée ou la saisie annulée. À défaut pour le demandeur de s'être
pourvu au fond, par la voie civile ou pénale, dans un délai fixé par voie réglementaire,
l'intégralité de la saisie, y compris la description, est annulée à la demande du saisi, sans que
celui-ci ait à motiver sa demande et sans préjudice des dommages et intérêts qui peuvent être
réclamés.

- Les mesures préventives : l’interdiction provisoire d’exploiter

Bien que la contrefaçon ne soit pas encore judiciairement établie (et peut-être ne le sera-t-elle
jamais), le titulaire d’un droit de propriété intellectuelle peut saisir en référé ou sur requête la
juridiction civile compétente afin qu’elle ordonne toute mesure destinée à prévenir une
atteinte imminente aux droits de propriété intellectuelle ou empêcher la poursuite des actes
argués de contrefaçon.

Toute personne ayant qualité pour agir en contrefaçon peut saisir en référé la juridiction civile
compétente afin de voir ordonner, au besoin sous astreinte, à l'encontre du prétendu
contrefacteur ou des intermédiaires dont il utilise les services, toute mesure destinée à
prévenir une atteinte imminente aux droits conférés par le titre ou à empêcher la poursuite
d'actes argués de contrefaçon.

La juridiction civile compétente peut également ordonner toutes mesures urgentes sur
requête lorsque les circonstances exigent que ces mesures ne soient pas prises
contradictoirement, notamment lorsque tout retard serait de nature à causer un préjudice
irréparable au demandeur. Saisie en référé ou sur requête, la juridiction ne peut ordonner les
mesures demandées que si les éléments de preuve, raisonnablement accessibles au
demandeur, rendent vraisemblable qu'il soit porté atteint à ses droits ou qu'une telle atteinte
est imminente.

La juridiction peut donc, à l’encontre du prétendu contrefacteur : interdire la poursuite des


actes argués de contrefaçon ; la subordonnée à la constitution de garanties destinées à assurer
l'indemnisation éventuelle du demandeur.

On peut penser que la première mesure (interdiction) correspondra aux cas où la contrefaçon
est flagrante, tandis que la seconde (subordonner…) concernera les hypothèses moins
évidentes à trancher. Ensuite, ordonner la saisie ou la remise entre les mains d'un tiers des

191
produits soupçonnés de porter atteinte aux droits conférés par le titre, pour empêcher leur
introduction ou leur circulation dans les circuits commerciaux.

Il s’agit d’une saisie réelle qui, si elle est prononcée, doit porter sur l’ensemble des produits
soupçonnés de porter atteinte aux droits conférés… ; c’est une mesure préventive (et non pas
probatoire, ce qui ne justifierait pas une saisie intégrale des produits). Si finalement la
contrefaçon est reconnue, les produits saisis seront détruits.

Si le demandeur justifie de circonstances de nature à compromettre le recouvrement des


dommages et intérêts, la juridiction peut ordonner la saisie conservatoire des biens mobiliers
et immobiliers du prétendu contrefacteur, y compris le blocage de ses comptes bancaires et
autre avoir, conformément au droit commun. Pour déterminer les biens susceptibles de faire
l'objet de la saisie, elle peut ordonner la communication des documents bancaires, financiers,
comptables ou commerciaux ou l'accès aux informations pertinentes ;

Elle peut également accorder au demandeur une provision lorsque l'existence de son
préjudice n'est pas sérieusement contestable.

Enfin, la décision peut être assortie d’une astreinte. La juridiction peut soumettre ces mesures
à la constitution de garanties de la part du demandeur : saisie en référé ou sur requête, la
juridiction peut subordonner l'exécution des mesures qu'elle ordonne à la constitution par le
demandeur de garanties destinées à assurer l'indemnisation éventuelle du défendeur si l'action
en contrefaçon est ultérieurement jugée non fondée ou les mesures annulées.

Sont la cible de telles mesures, le prétendu contrefacteur, mais aussi des intermédiaires dont il
utilise les services. Les mesures prononcées dans le cadre de l’une ou de l’autre procédure
sont provisoires ce qui signifie que le juge au fond n’est pas lié.

La juridiction ne peut ordonner les mesures demandées que si les éléments de preuve,
raisonnablement accessibles au demandeur, rendent vraisemblable qu’il soit porté atteint à ses
droits ou qu’une telle atteinte est imminente.

Le demandeur qui a obtenu satisfaction devra se pourvoir au fond dans un délai assez court
(20 jours ouvrables ou 31 jours civils si ce délai est plus long), à compter de la date de
l'ordonnance. Si le requérant manquait à cette obligation, la nullité de la mesure serait de
droit sur demande du défendeur ; la responsabilité du requérant pourrait alors être engagée.

192
Lorsque les mesures prises pour faire cesser une atteinte aux droits sont ordonnées avant
l'engagement d'une action au fond, le demandeur doit se pourvoir, par la voie civile ou
pénale, dans un délai fixé par voie réglementaire. À défaut, sur demande du défendeur et sans
que celui-ci ait à motiver sa demande, les mesures ordonnées sont annulées, sans préjudice
des dommages et intérêts qui peuvent être réclamés.

- Les mesures judiciaires en présence d’une contrefaçon avérée

C’est à ce stade que les frustrations sont les plus importantes pour un bon nombre
d’entreprises, jugées victimes d’actes de contrefaçon. Les dommages-intérêts qu'elles
obtiennent ne réparent pas toujours intégralement leurs préjudices ; parfois, ils ne couvrent
même pas les frais du procès lui-même.

Dans le système français, l’action en contrefaçon s’analyse comme une action en


responsabilité civile. Par conséquent, il ne peut s’agir que de réparer le dommage éprouvé :
les dommages-intérêts doivent couvrir tout le préjudice, mais rien que le préjudice. Aucune
autre considération, comme le profit du contrefacteur, ne pouvait, ces dernières années peser,
sur la condamnation de ce dernier. C’est une logique dite compensatoire. Or, le préjudice
éprouvé peut être inférieur au gain du contrefacteur. La contrefaçon peut être qualifiée dans
certains cas de faute lucrative. Cependant, l’obligation pour le juge de prendre en
considération les bénéfices réalisés ne le conduira pas nécessairement à la confiscation des
bénéfices obtenus d’une manière illicite.

La victime de la contrefaçon peut demander, de manière alternative, à se voir allouer à titre


de dommages et intérêts : « une somme forfaitaire qui ne peut être inférieure au montant des
redevances ou droits qui auraient été dus si le contrefacteur avait demandé l’autorisation
d’utiliser le droit auquel il a porté atteinte ».

La loi offre, avec cette disposition, une base de calcul des dommages-intérêts en dessous de
laquelle le juge ne peut pas aller. Cette solution sera mise en œuvre si la victime le demande,
autrement dit s’il y va de son intérêt. Ce sera le cas, en présence d’une difficulté à apporter la
preuve du préjudice réel et le cas échéant des bénéfices du contrefacteur. Ainsi, le juge fixera
un taux de redevance (qui ne peut être inférieur : donc égal ou supérieur) qu’il appliquera au
volume des produits écoulés de manière illicite. Ces solutions ne traduisent cependant pas
une reconnaissance en droit français des dommages-intérêts punitifs (à l’Américaine).

193
La contrefaçon est un délit pénal aux termes des articles L. 716-9 et suivants du Code de
propriété intellectuelle français, en matière de marque.

Certains actes sont punis d’une peine de 4 ans de prison et 400 000 euros d’amende 330 et
d’autres d’une peine de 3 ans de prison et 300 000 euros d’amende331.

Ces peines peuvent être aggravées dans certaines circonstances, en matière de marques : «
Lorsque les délits prévus au présent article ont été commis en bande organisée ou sur un
réseau de communication au public en ligne ou lorsque les faits portent sur des marchandises
dangereuses pour la santé, la sécurité de l'homme ou l'animal, les peines sont portées à cinq
ans d'emprisonnement et à 500 000 euros d'amende »332.

Les personnes morales peuvent également être condamnées sur le plan pénal.

En outre, des peines complémentaires peuvent être prononcées comme la possibilité de


fermer, à titre temporaire ou définitif, tout ou partie de l’établissement au sein duquel la
contrefaçon a été commise333.

Les procédures sur le terrain répressif sont cependant assez peu fréquentes au regard du
nombre d’actions civiles engagées.

330 Art. L. 716-9 du Code de propriété intellectuelle français.


331 Art. L. 716-10, art. L. 716-11 du Code de propriété intellectuelle français.
332 AricleL716 du Code de propriété intellectuelle français.
333 Art. L. 521-10, art. L. 716-11-1 du Code de propriété intellectuelle français.

194
CONCLUSION

La propriété littéraire et artistique a pris une importance croissante au cours des dernières
décennies. L’enjeu est de taille. Il s’agit à la fois de création humaine, de surcroît de nature
artistique, et d’intérêts économiques.

La Déclaration universelle des droits de l’homme intègre cette double dimension : « chacun a
droit à la protection des intérêts moraux et matériels de toute production scientifique,
littéraire et artistique dont il est l’auteur »334.

Le droit de propriété littéraire ne fait qu’assurer une rémunération à certains intervenants


dans le processus de création ; elle institue un droit privatif dont l’importance et la puissance
constituent une spécificité. Un équilibre subtil est à trouver : c’est autant à la capacité de
résistance du droit d’auteur contre les assauts d’une logique exclusivement commerciale qu’à
son aptitude à traiter des formes de création contemporaine que se mesure l’avenir de la
propriété littéraire et artistique. En tout état de cause, l’âge d’un droit d’auteur « classique »
consignant comme le disait Jean Carbonnier un « déplacement du droit des biens vers le droit
des personnes »335 est révolu.

Les droits d’auteur sont accordés aux créateurs d’une œuvre de l’esprit selon la terminologie
utilisée en matière (écrivains, compositeurs…), mais également à leurs ayants droit d’après
leur disparition.

Les droits voisins sont accordés à ceux que l’on considère comme des auxiliaires de la
création artistique, comme les artistes interprètes, producteurs de phonogrammes et de
vidéogrammes et entreprises de communication. Cette seconde catégorie est apparue
beaucoup plus récemment.

L’élargissement du champ de la propriété littéraire et artistique a été considérable. La


malléabilité du concept d’originalité qui doit sceller un lien entre l’auteur et son œuvre a été
utilisée de telle manière que le champ de la protection par le droit d’auteur s’est
considérablement accru. Le droit d’auteur a, aussi été utilisé ouvertement comme lieu
d’accueil de création peu en rapport avec son objet, comme dans le cas du logiciel, objet
purement industriel destiné au fonctionnement d’un matériel informatique. La justification
334 Déclaration de 1948, article 27-2.
335 J. Carbonnier, La protection des droits de l’homme de lettres et de l’artiste devant la Cour de cassation,
RIDA 1991, n° 150, p. 96.

195
philosophique et sociale du droit d’auteur fondée sur la protection de la propriété
intellectuelle sera d’autant plus forte que l’objet de cette protection n’est pas abusivement
étendu. La production toujours accrue d’œuvres d’art est notable, celle-ci est devenue un
produit consommable et ses caractères ont changé avec le temps. Les techniques de
reproduction détachent l’objet reproduit du domaine de la tradition.

Quant au contenu des œuvres, celui qui fait la loi du marché et/ou s’en nourrit, il évolue
toujours vers l’indifférencié, le ressassement des formes, la répétition des genres. Par la loi de
la concurrence et l’économie de marché, la standardisation des produits et la sérialité de
l’œuvre d’art se font imposer, la répétition du profit engendré par la production artistique
devenant le but en soi. Il ne faut pas s’étonner que la propriété littéraire et artistique suive
cette évolution, et que les monopoles intellectuels conférés à l’artiste cèdent le pas devant des
impératifs marchands.

Traditionnellement, la confrontation se fait entre propriété littéraire et artistique et système de


protection des créations spécifiques aux domaines des arts appliqués. En effet, l’objet de la
protection (les créations) se recoupe : un dessin, protégé par le droit d’auteur peut figurer un
objet industriel (protection par le droit des dessins et modèles) ; le nom d’un personnage,
protégeable à certaines conditions par le droit d’auteur peut-être déposé comme marque.

Dans certaines hypothèses, le signe distinctif protégé par le droit des marques peut être
protégé également par le droit d’auteur : le cumul de protection est possible, comme dans le
cas de personnages donnant lieu à des exploitations dérivées, ou de logos 336. À l’inverse, le
droit des marques peut interférer avec la liberté de l’auteur.

Les domaines respectifs des dessins et modèles et du droit d’auteur se recoupent également
dans la mesure où le dessin peut aussi être une œuvre artistique : lorsqu’une création à
caractère artistique remplit les conditions d’accès à la protection relative aux dessins et
modèles, on peut cumuler les deux protections.

Aussi, le droit de la propriété littéraire et artistique interfère souvent avec le Droit de la


communication audiovisuelle puisqu’il vise l’œuvre audiovisuelle et qu’il donne des droits
aux entreprises de communication audiovisuelle, avec le régime administratif applicable à la
cinématographie, avec le Droit de l’information, avec le Droit de l’informatique puisque les
logiciels et les bases de données sont des œuvres protégées par le droit d’auteur et que
certains contrats d’exploitation deviennent très singuliers (exemple : le Droit pénal pour la
336 Arrêt, TGI Paris, 30 mars 1987 : D. 1988, som. p.395.

196
répression de la contrefaçon, avec le Droit des sociétés comme dans l’hypothèse
d’intervention des sociétés de perception et de répartition des droits.

Une tendance particulièrement ancrée dans la doctrine considère le droit d’auteur comme
source des droits de la personnalité 337 : la recherche de la genèse du droit moral dans le droit
de la personnalité reproduit un discours contre lequel nous voulons nous inscrire en faux.

Les dispositions relatives au droit d’auteur sont exorbitantes du droit commun de la


personnalité. En effet, les prérogatives liées au droit moral confèrent à son titulaire des
monopoles d’une importance considérable, largement au-delà des droits de la personnalité
c’est-à-dire le droit de repentir.

Le droit de la propriété littéraire et artistique s’exerce sur un objet : l’œuvre ou


l’interprétation, extérieur au sujet du droit, ce qui accentue encore la différence avec les droits
de la personnalité. L’œuvre s’extériorise et s’autonomise par rapport à l’individu qui en est à
l’origine.

Certes, nul ne peut nier que l’auteur mette de sa personnalité dans son œuvre ; c’est même un
critère d’accès à la protection par le droit d’auteur. Mais, cette assertion n’est pas suffisante
pour faire admettre que le droit d’auteur est un droit de la personnalité, sauf si la
manifestation de la personnalité y entre.

Les droits de propriété industrielle constituent un élément d’un ensemble plus vaste qui est la
propriété intellectuelle. Celle-ci comporte à côté de la propriété intellectuelle les règles
protectrices du droit d’auteur. Selon l’article 1er de la Convention d’Union de Paris de 1883
les droits de propriété industrielle comprennent les brevets d’invention, les dessins et modèles
industriels, les marques de fabrique, de commerce, de service, le nom commercial,
l’enseigne, les appellations d’origine, les indications de provenance et la concurrence
déloyale.

La nature juridique des droits de propriété industrielle a été discutée. Selon le Doyen Roubier,
tous les droits de propriété industrielle sont des « droits de clientèle » 338. Les droits de
clientèle se caractérisent par une exclusivité, un monopole. Ils constituent à côté des droits
personnels et réels une troisième catégorie de droit. Ils diffèrent des droits personnels parce

337 Selon l’article L.111-1 du Code de propriété intellectuelle français.


338P. Roubier, Le droit de la propriété industrielle, t. 1, 1952, no 9 et s., pp. 86 et s. ; RTD civ. 1935.
228 s.

197
qu’ils sont opposables à tous. Le breveté peut, en effet, interdire à quiconque la fabrication
d’un produit protégé ou l’utilisation du procédé couvert par le brevet. De même, le titulaire
de la marque peut s’opposer toutes utilisations par un concurrent d’un même signe pour
désigner un produit semblable. Le titulaire d’un droit de propriété industrielle peut donc
opposer son droit « erga omnes ». Mais les droits de propriété industrielle ne sont pas pour
autant des droits réels, parce qu’ils sont d’une durée relativement brève ; ils ne sont pas
perpétuels.

Le Doyen Roubier, poussant plus loin l’analyse, a proposé de distinguer à l’intérieur de la


famille des droits de clientèle un groupe de droits qu’il a qualifiés d’« intellectuels ». Les
brevets d’invention ainsi que les droits afférents aux modèles et dessins industriels résultant
d’un acte de création intellectuelle sont des droits intellectuels. Les droits sur les signes
distinctifs n’entrent pas dans cette catégorie, car ils n’impliquent aucun effort créateur.

Cette théorie a suscité quelques réserves. On lui reproche d’être exclusivement fondée sur la
fonction des droits de propriété industrielle. Car si le Doyen Roubier les a qualifiés de droits
de clientèle, c’est en partant de la constatation que ces prérogatives réalisaient sur une
clientèle une emprise originale par rapport aux droits de propriété et de créance. Or, la
définition des droits de propriété industrielle doit reposer sur l’analyse du contenu de ces
droits.

Sur le plan économique, les droits de propriété industrielle s’analysent comme des
instruments de concurrence. Ils constituent en effet des moyens mis à la disposition des
entreprises qui en sont titulaires pour attirer et retenir une clientèle. De ce point de vue, ils
n’ont pas tous la même portée. Certains protègent des créations nouvelles et, pour cette
raison, confèrent à ceux qui en sont titulaires, sur la création qui en est l’objet, un monopole
leur permettant d’interdire à quiconque de fabriquer, de commercialiser et d’utiliser le produit
protégé. Tel est le cas des brevets d’invention ou des dessins et modèle industriel. Ils
constituent ainsi des instruments de monopolisation de la clientèle.

Des Conventions internationales concernent les différentes catégories de droit de propriété


industrielle comme la Convention de Marrakech du 15 avril 1994 joue un rôle primordial et
créant l’Organisation Mondiale de Commerce ou OMC, comporte encore un Accord relatif
aux aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Elle
impose aux membres le respect des principes de la Convention de Paris de 1883 et de Berne
de 1886 sur le droit d’auteur et comporte des règles de protection des différents systèmes

198
juridiques ou des différents droits que les membres doivent respecter sous peine de sanction
commerciale pouvant être prises par l’organe de règlement des différends de l’OMC.

Dans le cas d’une invention issue de la collaboration entre quelques personnes, le droit au
brevet ou au certificat d’auteur d’invention appartient collectivement à ces personnes ou à
leurs ayants cause. N’est toutefois pas considéré comme inventeur ou comme co-inventeur
celui qui a simplement prêté son aide à l’exécution de l’invention sans y apporter une activité
inventive décisive. Si les éléments essentiels d’une demande de brevet ou de certificat
d’auteur d’invention, d’un brevet ou d’un certificat 339 d’auteur d’invention ont été empruntés
par le déposant aux résultats des travaux ou des recherches d’un tiers sans le consentement de
ce dernier, autant pour l’emprunt que pour le dépôt de la demande correspondante, justice
sera rendue à cette personne à cause de cette usurpation illicite pour que la demande ou le
brevet ou le certificat d’auteur d’invention lui soit transféré.

Toute atteinte340 portée aux droits attachés aux brevets ou certificats d’auteur d’invention
constitue un délit puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de
500.000 à 10.000.000 FMG ou de l’une de ces deux peines seulement. En cas de récidive, la
peine sera portée au double.

Sur requête justifiée par la présentation de son titre, le titulaire du brevet ou du certificat
d’auteur d’invention peut, en vertu d’une ordonnance du président du tribunal civil du lieu
d’infraction, faire procéder par tous huissiers ou officiers publics ou ministériels, assistés en
cas de besoin par un expert, à la désignation et à la description détaillée, avec ou sans saisie,
des objets présumés contrefaits.

En cas de saisie341, la consignation préalable d’un cautionnement doit être exigée du


requérant. Copies du procès-verbal des objets décrits ou saisis en vertu d’une ordonnance et
de l’acte constatant la consignation du cautionnement doivent être laissées à l’auteur de
l’infraction présumée, à peine de nullité et dommages-intérêts contre l’huissier ou l’officier
public ou ministériel. Sans préjudice des dommages-intérêts qui peuvent être réclamés et sous
peine de nullité, le requérant doit introduire à l’instance au fond dans le délai d’un mois à
compter de la saisie ou du procès-verbal de description.

339 MOUSSERON, op.cit., p.2313.


340 Section VII de l’Ordonnance n° 89-019 du 31 juillet 1989 instituant un régime pour la protection de la
propriété industrielle en République Démocratique de Madagascar (J.O. du 14/08/89 p.1798) : Violation des
droits et actions en justice.
341MARTIN, op.cit., p.343.

199
La confiscation342 des objets reconnus contrefaits et, le cas échéant des moyens ayant servi à
leur fabrication pourra être prononcée. Les objets et le matériel confisqués sont remis au
titulaire du brevet ou du certificat d’auteur d’invention, sans préjudice des dommages-
intérêts, de l’affichage ou de la publication de la décision. Le bénéficiaire d’une licence
enregistrée peut, par lettre recommandée avec accusé de réception, sommer le titulaire du
brevet d’introduire les actions343 judiciaires conséquentes à toute violation344 du brevet qu’il
aura signalée. Si le titulaire du brevet refuse ou néglige d’introduire lesdites actions 345 dans un
délai de trois mois à compter de la notification, le licencié pourra agir en son propre nom sous
réserve de dispositions contractuelles contraires.

Il ne fait plus aucun doute que le droit de la propriété intellectuelle doit évoluer sous l’effet
du développement de l’intelligence artificielle. Cette transformation a déjà commencé, mais
parfois de manière incidente, comme en Europe, à l’occasion de réformes périphériques au
droit de la propriété intellectuelle. Il devient aujourd’hui impérieux qu’il soit réformé de
l’intérieur. L’Union européenne, comme d’autres régions ou états, s’est engagée dans cette
voie. Le plus gros travail reste à venir, celui de la refonte des conventions internationales en
droit de la propriété intellectuelle à l’ère de l’intelligence artificielle. Pour y parvenir, il est
utile de faire connaître l’état d’avancement des réflexions des uns et des autres.

L'intelligence artificielle n’était au début qu’un simple outil d’aide à la création et permettait
de faciliter la tâche à l’homme. Elle peut aujourd’hui générer une création, de façon
autonome ou quasi-autonome, non supervisée par l’homme, ce qui engendre de nombreux
défis juridiques quant à la réglementation des activités qui lui sont liées. Elle est venue
bousculer les modèles d’affaires classiques que l’on connaît et défier les codes de la propriété
intellectuelle.

A priori, rien ne semble s’opposer à ce qu’une création générée par l’IA soit protégée par un
brevet. Cependant, l’Office européen des brevets ne statue pas dans ce sens et a rejeté en
décembre 2019 deux demandes d’enregistrement de brevets européens car l’IA était à
l’origine de la création et non pas une personne physique. Au niveau européen comme
français, la situation nécessite d’être éclaircie car, bien que les différents textes ne

342VERON, op.cit., p.354.


343IZORCHE, op.cit., p.17.
344ROUBIER, op.cit., p.52.
345DOUCET, op.cit., p.105.

200
l’interdisent pas, il existe des réticences à reconnaître l’IA comme inventeur. Qu’en est-il
donc du droit d’auteur ?

201
202
203
204

Vous aimerez peut-être aussi