Cours Evironnement et DD-v2024_043724
Cours Evironnement et DD-v2024_043724
Cours Evironnement et DD-v2024_043724
Avril, 2024
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PLAN DE COURS
Préalable : Aucun
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Méthodologie de l’enseignement et approche pédagogique
Sources documentaires
• André, P., Lanmafankpotin G., Revéret, J-P., Yonkeu S. 2020. L’évaluation des
impacts sur l’environnement, 4e édition : Processus, acteurs et pratique pour un
développement durable. Presse internationales Polytechnique.
• André, P., Delisle, C.E., Revéret, J-P. 2010. L’évaluation des impacts sur
l’environnement, 3e édition : Processus, acteurs et pratique pour un développement
durable. Presse internationales Polytechnique.
• Desjardin, R. 2015. Genie de l’environnement. Notes des cours. 8ème édition.
Departement des génies civil, géologique et des mines. École Polytechnique de
Montréal. Été 2015.
• Karel F. Mulder. L’ingénieur et le développement durable. Presse de l’Univertsité du
Québec. 2010.
• Dassargues, A. 2010. Cours de génie de l’environnement. Partie : Géo-
ressources/Géo-risques. Université de Liège.
• Ministèere de l’Environnement et Developpement Durable en République
Démocratique du Congo : https://medd.gouv.cd/.
• Loi N° 007/2002 du 11 juillet 2022 portant code minier telle que modifiée et
completée par la Loi N° 18/001 du 09 mars 2018.
Retard et absenteisme
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Fraude et plagiat
Tout étudiant ou groupe d'étudiants qui pose, tente de poser ou participe à un acte de plagiat
et/ou fraude relatif à ce cours peut se voir imposer, entre autres, une ou plusieurs sanctions,
notamment :
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CHAPITRE I. ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE
I.I INTRODUCTION
Le rôle de l’ingénieur est d’utiliser les ressources de la terre pour améliorer les conditions de
vie de la population. Différents ingénieurs vont travailler dans différents domaines. Par
contre, tous auront, un moment donné, besoin des connaissances en génie de l’environnement.
On peut diviser les domaines d’activités des ingénieurs en trois grandes catégories :
• Infrastructures et services publics
• Produits de consommation
• Extraction des richesses naturelles
Les infrastructures et les services publics sont les principaux domaines d’activités de
l’ingénieur en génie civil (ou ingénieur en construction). Cela englobe les infrastructures
routières (routes, ponts, transport en commun), les édifices, les réseaux de distribution d’eau
potable et de collecte des eaux d’égouts, les usines de production d’eaux potables et
d’épuration des eaux usées, la collecte et la disposition des déchets solides, le contrôle de
bruits et de la pollution atmosphérique, etc. L’ingénieur en génie civil participe à toutes les
étapes de développement de ces projets, que cela soit au niveau de la conception, de la
construction, de l’exploitation et même de la réfection des infrastructures. Afin de solutionner
ces problèmes, l’ingénieur en génie civil aura besoin des connaissances particulières en génie
de l’environnement.
La conception, la production, la distribution et l’entretient des produits de consommation
impliquent souvent des ingénieurs industriels ou en génie mécanique. Des connaissances en
génie de l’environnement leurs sont aussi utiles. Des connaissances en génie de
l’environnement sont nécessaires afin de rendre les procédés de production moins polluants
ou bien de mieux effectuer la mise au rebut ou ce qui est plus acceptable le recyclage des
matières. Pour effectuer ces taches, des connaissances en génie de l’environnement adaptées
au domaine d’activité sont encore requisses.
Il est possible de faire le même raisonnement en ce qui concerne l’extraction des ressources
naturelles. Dans ce domaine, l’ingénieur en génie minier (ou ingénieur des mines) est
habituellement le maitre d’œuvre. Il aura certainement besoin des connaissances spécifiques
en génie de l’environnement, afin de minimiser les effets négatifs de ses activités sur
l’environnement.
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I.1. Génie de l’environnement versus science de l’environnement
Lorsque la situation est inacceptable ou lorsqu’elle nécessite des actions correctrices on fait
appel à l’ingénieur. Son rôle est alors de trouver et mettre en place une solution qui permet de
résoudre le problème ou de réduire les effets des activités humaines sur l’environnement. Il y
a plusieurs niveaux de solution. Dans le passé on se contentait de déplacer le problème ;
déverser les substances polluantes loin de la population ou transformer les substances
polluantes en d’autres substances polluantes mais moins visibles ou moins dérangeantes. Cela
était possible parce que la population était moins importantes les quantités de polluants
produits étaient plus faibles, moins diversifiés et il y avait plus de place pour en disposer. Ce
type de solution n’est plus possible. On parle du syndrome NIMBY « Not In My Back Yard »
Personne ne veut que des polluants soient déversés ou entreposés prêt de chez lui. Il faut donc
trouver des solutions durables qui ont un faible impact sur l’environnement. Pour trouver de
telles solutions, il faut souvent utiliser des approches différentes telles que :
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Le rôle de l’ingénieur est donc de trouver des solutions, en faire la conception, la construction
et la mise en exploitation. L’ingénieur doit tenir compte de plusieurs contraintes. La solution
doit permettre de poursuivre les activités, elle doit minimiser les effets négatifs pour
l’environnement tout en étant économique. Par exemple, l’ingénieur minier s’occupera des
problèmes posés par l’exploitation des mines ou par les rejets miniers. L’ingénieur chimiste
travaillera la solution des problèmes posés par l’industrie chimique ou pétrochimique.
L’ingénieur mécanique s’occupera de minimiser les rejets gazeux des voitures alors que
l’ingénieur industriel s’occupe des rejets de l’industrie manufacturière.
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étaient essentiellement de la filtration et de la désinfection. La première filtration a été mise
en service en Écosse en 1804. L’objectif du traitement était essentiellement d’améliorer
l’aspect esthétique de l’eau. On utilisait alors une filtration lente. Les premières usines
modernes sont apparues aux Etats-Unis après 1880. La désinfection chimique débute en 1900.
La première filtration à grande échelle a été mise en service aux USA en 1909. Dans les pays
industrialisés l’épuration des eaux usées et le traitement des eaux potables sont en place et
fonctionnels. Il y a encore des ajustement à faire au niveau de la règlementation et de
l’exploitation de ces ouvrages. Des épidémies d’origine hydriques sont encore observées
même dans les pays industrialisés. Il faut donc améliorer les infrastructures, optimiser leur
exploitation et aussi les maintenir en bon état de fonctionnement. En ce qui concerne les pays
en voie de développement on note un retard important. La production d’eau potable et
l’épuration des eaux d’égouts ne sont pas complétées. Les épidémies et contaminations sont
plus fréquentes. Les maladies transmises par l’eau et d’origine hydrique affectent les millions
de personnes (Le choléra, la dysenterie, la fièvre typhoïde, la poliomyélite, les hépatites A et
E) . Il arrive souvent que les eaux des robinets ne soient pas potables. Dans la plupart de cas,
le manque des moyens financiers et de volonté politique est la cause de cette situation.
En RDC, presque toutes les eaux usées issues des différentes activités des habitants des
grandes villes comme Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani sont généralement déversées dans
les rivières, fleuve Congo et autres cours d’eau. Cela pollue considérablement
l’environnement. Pour lutter contre la pollution des eaux, les spécialistes encouragent
l’implantation des stations d’épuration d’eau dans toutes les grandes villes de la RDC. En
2011, seulement 21 % de la population de la RDC avait accès à l’eau potable (PNUD, 2011)
et cette proportion chute à 12 % en milieu rural. Lors de la célébration de de la journée
internationale de l'eau en Mars 2020, le ministère congolais des Ressources hydrauliques, a
reconnu que « seuls 35,5% des congolais (36 193 107 congolais) avait accès facile à l'eau
potable en RDC en 20231 ».
En ce qui concerne la qualité de l’air, les conséquences de la pollution se sont fait sentir plus
tard, les règlements et actions correctrices sont donc récents. La principale cause de la
pollution de l’air est la combustion du bois, charbon et des hydrocarbures. C’est un problème
qui a donc toujours existé. Par contre, il est devenu intolérable vers 1950. La combinaison de
conditions atmosphériques défavorables et l’émissions importantes de fumée ou de poussières
ont conduit à des catastrophes dans plusieurs villes et état (Meuse, Londres, Pennsylvanie,
1
Selon la Regideso RDC
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etc). Une première loi sur les résidus de combustion a été votée en Angleterre en 1952. Cette
loi favorisait la dilution. En effet elle a conduit à une augmentation de la hauteur de cheminée.
Il est à noter que contrairement aux eaux usées, il n’est pas possible de collecter toutes les
émissions gazeuses et de les diriger vers un centre de traitement unique. Il faut les traiter sur
le site.
Le contrôle et la disposition des déchets dangereux a pris de l’importance à cause de
l’accroissement de l’industrie chimique. La quantité, la diversité et la toxicité des produits ont
augmenté. Avant 1970, on se débarrassait de ces produits de la façon suivante :
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bien personnel versus le bien collectif. La protection du bien public doit être prise en charge
par les gouvernements. Ce qu’ils font par l’intermédiaire de la règlementation.
Dans ce cours sur l’environnement et développement durable nous allons parler de quelques
composantes de l’environnement, des notions essentielles sur l’étude des impacts sur
l’environnement, du concept de développement durable.
Ce cours, s’adressant principalement à des étudiants en ingénierie, devrait permettre
l’acquisition des connaissances techniques afin d’exercer des activités professionnelles,
cohérentes et éclairées. Il devrait aussi favoriser le développement d’une éthique
environnementale nécessaire pour l’exercice de la profession d’ingénieur dans les secteurs
minier et industriel. Un cours plus approfondi sur l’environnement et la gestion des rejets
miniers suivra dans le cursus universitaire des étudiants candidats ingénieurs des mines.
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CHAPITRE II. QUELQUES COMPOSANTES DE L'ENVIRONNEMENT
II. 1. Environnement
Il tire son originaire du environner, il a 3 définitions principales :
1. ce qui nous entoure, qui constitue le voisinage
2. l'entourage habituel d'une personne, milieu dans lequel il vit
3. l'ensemble des éléments naturels et artificiels qui conditionnent la vie humaine.
Le Grand Robert se fait plus précis : Ensemble des conditions naturelles (physiques,
chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) susceptibles d’agir sur les organismes
vivants et les activités humaines.
Le tableau 1 représente les relations qu’entretient l'être humain, seul ou en société, avec son
milieu. Nous divisons l'environnement en quatre ensembles des composantes 2:
2
Inspiré de Milbrath (1979) cité par Delisle et al. (2010).
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Tableau 1 : un modèle conceptuel des relations entre l’être humain et son environnement (tiré
et modifié de Delisle et al., 2010)
Composantes
Composantes de Composantes Composantes Composantes
générales de la
l’environnement biophysiques structurelles d’activités
communauté
Qualité de l’air Habitants École Biens
Qualité de l’eau Paysages Lieu de travail Services
Ambiance sonore Lieu de repos Conforts
Relations à
Affectives-sensorielles Fonctionnelles
l’environnement
Tranquillités Pollutions
Sécurités Aménagement
Esthétique Nuisances
Sociabilité Rapports culturels
Par ailleurs, l’environnement est un concept à l'échelle multiple (tableau 2). Par micro-
environnement, on désigne l’environnement de plus petite dimension, à l’échelle ou de la
famille. Le méso-environnement va de pair avec un groupe élargi d’intérêt commun, d’ordre
culturel, social, économique ou autre. Enfin, les problèmes globaux tels le changement
climatiques ont trait au macro-environnement et concerne l’ensemble de l’humanité.
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II.2. Eau et hydrosphère
L'eau est abondante sur la terre, on compte un volume totale d'environ 1,4×1018 m3. C'est
suffisant pour supporter toutes les activités humaines. Malheureusement, sa répartition
spatiale et temporelle n'est pas uniforme. Certaines régions en reçoivent trop et d'autres pas
assez. La qualité de l'eau est affectée dès sa formation. Elle est en contact avec les gaz de
l'atmosphère et par la suite avec le sol sur lequel elle ruisselle. Une variable importante qui
explique plusieurs variations de qualité est le temps de séjour d’abord avec l'atmosphère
ensuite avec le sol. Des temps de séjours moyens sont représentés au tableau 3 :
Atmosphère 9 jours
Rivières 2 semaines
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masse volumique de l'eau diminue quand la température augmente. Sa viscosité augmente
avec la baisse de la température, c’est qui explique l’augmentation de la friction.
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des impuretés sont généralement trop faible pour affecter les concentrations des gaz
principaux. Les concentrations de gaz principaux sont présentées au tableau 6.
Tableau 6: Concentration des principaux gaz dans l’atmosphère (Tiré de Desjardin, 2015)
Les proportions d’azote, oxygène et argon dans l'atmosphère sont constantes dans l'espace et
dans le temps, du moins lorsque l'échelle du temps est inférieur au siècle. Par contre, nous
observons que la concentration de CO2 augmente de 0,5% par année. Cela serait causée en
grande partie, par la déforestation et par l’utilisation accrue des combustibles fossiles. Enfin,
la vapeur d'eau peut varier de 0 dans l'air sec à quelque % dans l'air humide. Dans presque
tous les cas, en génie de l’environnement l’air est considéré comme un gaz parfait. Il respecte
donc l’équation :
PV = nRT
n : nombre de moles (mole) ;
V : Volume de gaz (m3) ;
P : Pression de gaz (atm) ;
T : Température (Kelvin, K) ;
R : Constante de gaz parfaits ( 82 x 10-6 m3 . atm/mol . K).
Exercice
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II.3.1 Pression partielle
Avec les gaz parfait, on peut exprimer les concentration ou les fractions molaires en terme de
pressions partielles. Lorsque le volume de gaz et sa température sont constants on peut écrire :
P = ∑ Pi
Pi= niRT/V et P = nRT/V
Pi/P = ni/n = Yi
Où :
Yi : Fraction molaire de la substance i
ni : Nombre de mole de la substance i
n : Nombre total de mole
Pi : Pression partielle de la substance i
P : Pression totale du gaz
Exercice
II.3.2 Relation entre les concentrations massiques Ci, les concentrations molaires ni/V et
les fractions molaires Yi
Exercice
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température à la surface de la terre. L’atmosphère est le réservoir principal de plusieurs
substances essentielles à la vie telles que l’azote, l’oxygène, le dioxyde de carbone et l’eau.
Nous présentons dans cette section des principaux gaz dissouts dans l'eau, l’air et les
impuretés les plus intéressantes en génie de l'environnement.
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• Les substances inorganiques : toutes les substances, à l’exclusion de la matière
organique sont des substances inorganiques.
La vapeur d'eau n'est pas à proprement parlé un contaminant. Elle fait augmenter l'humidité
qui a un effet important sur le confort. A des valeurs extrêmes, cela peut affecter les activités
humaines.
a) les particules
On peut subdiviser les particules en 2 grands groupes : les petites particules (diamètre < à 2
µm) et les grosses particules issues de beaucoup plus des phénomènes mécaniques telles que
l’usure des freins de voitures, usure du pavage des routes, etc. Le vent sur les chantiers de
construction ou sur les exploitations agricoles peut aussi faire augmenter le nombre des
particules dans l’atmosphère. Elles peuvent aussi provenir de la combustion du bois, du
charbon ou de tout autre combustible. La plupart des particules fines sont des résultats des
réactions chimiques dans l'atmosphère telle que la condensation ou la précipitation. La
concentration des particules dans l’air est le nombre de particules par unité de volume de
l’air, par exemple 104 particules par mètre cube d’air et la masse volumique des particules
est la masse des particules divisée par les volumes des particules. Par exemple les grains de
sable dans un filtre ont une masse volumique de 2700 kg/m3. Le nombre de particules dans
l’air est habituellement très élevé, il peut être de l’ordre de 1010/cm3. Chaque particule à une
origine, une taille, une composition qui lui est propre. Il serait difficile de tenir compte de
toutes ces variables lors des mesures. On utilise donc des méthodes de mesure globale. Une
méthode ancienne est encore utilisée est la concentration totale des particules en suspension
soit TSP (Total Suspended Particles). C’est la masse totale des particules par unité de volume
d’air. Le résultat de cette mesure est fortement influencé par les grosses particules. Il est
difficile de faire le lien entre TSP et les effets sur la santé car ce sont surtout les petites
particules qui ont un effet sur la santé. Une méthode tenant compte de la taille des particules a
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donc été proposée. On mesure toutes les particules qui ont un diamètre égal ou inférieur à une
taille x, c’est le PMx. La valeur de x est exprimée en micromètre. Deux variables sont souvent
utilisées le PM10 et PM25. Ex. Le PM10 représente la concentration de toutes les particules qui
ont un diamètre égale ou inférieur à 10 μm.
L’eau est neutre à un pH de 7, elle est acide lorsque le pH est inférieur à 7 et basique à un pH
supérieur à 7. En génie de l’environnement, le pH varie habituellement entre 5 et 10, selon le
type d’eau et selon le procédé de traitement utilisé. C’est une variable très importante. Il est
donc important de pouvoir prédire les variations de pH en fonction des substances qui sont
dissoutes dans l’eau. Les substances qui ont le plus d’effet sur le pH sont les acides et les
bases.
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Tableau 7: Principaux ions dissous dans les eaux naturelles (Tiré de Desjardin, 2015)
Cette expression est utile pour relier les concentration de tous les ions, pour vérifier si
l’analyse de l’eau est complète. Ou pour trouver une concentration manquante.
Exercice
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La force ionique n’est affectée que par les ions. Plus un ion a une charge électrique élevée,
plus il contribuera à la force ionique. La force ionique a une influence sur les constantes
d’équilibre.
II.5.5 Alcalinité
L'alcalinité d'eau peut être décrite de 3 façons suivantes:
• capacité d'une eau à neutraliser un acide
• la quantité des protons H+ qu'il faut ajouter à une eau pour faire baisser son pH à 4,5
• la somme des concentrations normales des ions bicarbonate, carbonate et hydroxyle
moins les protons
II.5.6 la dureté
Elle est causée par l'ensemble des ions positifs (cations) multivalents. Dans les eaux
naturelles, les deux ions positifs les plus abondants sont et . Les autres ions
positifs sont en concentration très faible à cause de leur abondance limitée dans la croûte
terrestre, soit parce que ces éléments sont très peu solubles dans l’eau. Comme règle générale,
nous considérons que la dureté totale est la somme des ions calcium et magnésium. Elle peut
être exprimée en mol/L ou en unité dérivées de la normalité (meq/L, mg CaCO3/L). On peut
classifier la dureté de la manière suivante :
a) (dureté totale)
b) (dureté calcique)
c) (dureté Magnésienne)
d) (dureté carbonatée ou dureté équivalente à la calcite)
e) (dureté non carbonatée ou dureté non équivalente à l’alcalinité)
Afin de déterminer les valeurs des duretés carbonatée et non carbonatée, il faut retrancher
l’alcalinité de la dureté totale, il faut prendre soin d’exprimer ces deux variables dans un
système d’unités basé sur la normalité. Le résultat de cette soustraction permet de déterminer
le type de dureté et sa valeur. Deux cas peuvent se présenter :
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Cas 1 : la dureté totale est plus élevée que l’alcalinité. Dans ce cas, on calcule les duretés
carbonatée et non carbonatée de la façon suivante :
(DNC) = (DT)-(Alc)
(DC) = (Alc)
Cas 2 : L’alcalinité est plus élevée que la dureté totale. Dans ce cas, toute la dureté est
carbonatée, on a : (DC) = (DT) et (DNC) = 0
Exercice
II.5.7 la turbidité
La turbidité est causée par un ensemble des particules qui gênent le passage de la lumière.
Cela se traduit par une perte de transparence de l’eau. Le nombre et la taille des particules ont
un effet sur cette variable. Les tailles les plus efficaces pour disperser la lumière est de l'ordre
de 0,4 à 0,7µm. La turbidité affecte surtout l’aspect esthétique de l’eau. Il n’a pas été possible
d’établir une relation entre la turbidité et la salubrité de l’eau. Par contre c’est une variable
très utilisée pour le contrôle de la production d’eau potable. En effet il a été noté qu’une usine
qui arrête la turbidité arrête aussi les microorganismes. Enfin mentionnons que la turbidité
peut avoir un effet important sur les écosystèmes. Une augmentation importante de la
turbidité de l’eau d’une rivière peut limiter la pénétration de la lumière ce qui affecte plusieurs
organisme aquatiques. La plus part des particules qui affecte la turbidité sont d’origine
minérale.
II.5.8 la couleur
La couleur des eaux naturelles est causée en grande partie par la matière humique dissoute
dans l’eau. Cette matière est le résultat du contact de l’eau avec le débris organique tel que
des feuilles d’arbre, des aiguilles de conifères ou des sapins, du bois en décomposition. Les
particules causant la couleur sont donc d’origine organique avec une densité relative faible et
une charge électrique nette négative.
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surtout exprimées en nombre des particules par unité de volume, par exemple 104 particules
par mètre cube d’air. Dans l’eau on utilise les concentrations massiques (g/m3).
Une caractéristique importante des particules est leur masse volumique. Les particules
minérales provenant de l’érosion des terres ont une masse volumique de l’ordre de 2500
kg/m3. Les matières organiques ont une masse volumique beaucoup plus faible, souvent
légèrement supérieur à 1000 kg/m3. A cause de la grande diversité des particules (tailles,
nature, etc.) nous utilisons surtout des mesures globales pour les quantifier et les qualifier.
Différents critères sont utilisés pour classifier les particules dans l’eau.
Les particules sédimentaires : Ce sont des particules qui ont un diamètre égal ou supérieur à
10 µm. On peut le retirer de l’eau facilement en utilisant un bassin de décantation.
Les particules filtrables : Ce sont toutes les particules qui sont retenus par un filtre qui a des
pores de 1,2 µm. Ces particules pourront être facilement enlevées en utilisant un filtre au
sable.
Les particules colloïdales : Ce sont toutes les particules qui passent à travers un filtre qui a
des pores de 1,2 µm.
Les particules volatiles : Ce sont des particules que l’on peut volatiliser par chauffage à 550
°C. La plus part de ces particules sont constituées des matières organiques qui servent de
nourritures à de nombreux microorganismes.
Les particules non volatiles : Ce sont les particules que nous ne pouvons pas volatiliser à une
température de 550 °C. Elles sont habituellement constituées de matières minérales.
L’ensemble des particules dans l’eau sont appelées matières en suspension (MES). Ces MES
sont divisées en plusieurs catégories, les principales sont :
• Total Solids (TS) : Toutes les matières solides quelles que soient leurs tailles
• Suspended Solids (SS) : Toutes les matières retenues sur un filtre ayant les pores de
1,2 µm.
• Total Dissolved Solids (TDS) : Toutes les matières qui passent à travers un filtre de
1,2 µm
• Total Volatile Solids (TVS) : Toutes les matières solides volatiles
• Volatile Suspended Solids (VSS) : Toutes les matières volatiles en suspension, c’est-à-
dire toutes les matières qui ont une taille supérieures à 1,2 µm
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Il peut être difficile de faire la différence entre les matières dissoutes, particulièrement
organiques et inorganiques. Des hypothèses simplificatrices sont utilisées.
• Toutes les matières qui ont une taille inférieures à 1,2 µm sont considérées comme
étant dissoutes
• Toutes les matières qui ont une taille supérieures à 1,2 µm sont considérées comme
être des particules
• Un chauffage à 550 °C permet d’évaporer l’eau sans perdre les matières contenues
dans l’eau
• Un chauffage à 550 °C permet de volatiliser la matière organique sans perdre la
matière minérale.
TS = MB/VA TDS = MG / VD SS = ME / VD
TVS = MB - MC / VA VSS = ME – MF / VD
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II.5.10 Impuretés organiques
Ce sont toutes les substances qui contiennent du carbone à l’exception des impuretés
inorganiques définies précédemment. Cela représente plusieurs milliers de substances
différentes, d’origine naturelle ou humaine. La présence de ces impuretés en concentration
excessive peut avoir différentes conséquences : croissances de microorganismes,
consommation d’oxygène, risque pour l’environnement, risques sanitaires, dégagement de
mauvaises odeurs, interférence avec les procédés de traitement.
Les sources principales de matières organique dans les eaux des lacs et des rivières sont les
déversement d’eau d’égout non traitées. Ces eaux contiennent de la matière organique, des
nutriments et des microorganismes. Ces derniers consomment de la matière organique, des
nutriments et de l’oxygène. La baisse de l’oxygène est compensée par la diffusion à partir de
l’atmosphère. Lorsque la consommation d’oxygène dissous est trop rapide et importante, il se
développe des conditions anaérobiques dans l’eau. Cela peut avoir des effet catastrophiques
sur la faune aquatique. Il est possible de relier la consommation de matière organique à la
consommation d’oxygène. Cela est très utile car la mesure de l’oxygène dissous est beaucoup
plus facile à faire que la mesure de la matière organique. Il est possible d’établir une relation
entre la quantité de matière organique et la quantité de l’oxygène consommé durant une
certaine période. C’est ce qu’on appelle la demande en oxygène (DO).
Exercice
Il est rare que nous connaissions, la formule chimique de toutes les substances contenues dans
une eau ainsi que toutes les réactions de ces substances avec l’oxygène. Dons pour les eaux
d’égout municipaux nous utiliserons habituellement une méthode globale basée sur la
consommation d’oxygène par les microorganismes. C’est ce que nous appelons la demande
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biochimique en oxygène (DBO). Lorsque cette demande est mesurée pendant 5 jours nous la
nommons DBO5. La méthode de mesure de la DBO est basée sur certaines hypothèses :
• les microorganismes ne manquent jamais de l’oxygène,
• les microorganismes consomment à la fois de la matière organique et de l’oxygène. Il
y a donc un lien entre la consommation de l’oxygène et la consommation de la matière
organique. La baisse de l’oxygène est donc un bon indicateur de la quantité de la
matière organique qui a été consommée.
• Apres une période très longue, on suppose que toute la matière organique a été
consommée.
Pour bien comprendre cette méthode et bien interpréter les résultats, il faut avoir des notions
d’oxydation et de cinétique de réaction que nous verrez dans le cours de chimie.
II.5.11 Microorganismes
Par définition, les microorganismes sont tous les organismes vivants qui ont une taille
inférieure à 100 µm (0,100 mm). Ils sont très importants en génie de l’environnement. Ils
aident à dégrader la nourriture, à décomposer la matière organique, à recycler les nutriments,
à éliminer plusieurs polluants. Sans eux le cycle de la vie s’arrête. Certains microorganismes
sont pathogènes, ils peuvent causer des maladies chez l’humain ou chez les animaux. Les
principaux types de microorganismes sont les bactéries, les virus, les algues, les fongus et les
protozoaires.
1. Les bactéries : Sont très abondantes dans l’environnement. Elles ont une taille de
l’ordre de 1 µm. La plus part de ces microorganismes pathogènes proviennent des
excréments humains ou animaux. A l’intérieur de leurs hôtes, elles ont une espérance
de vie relativement courte, de l’ordre de quelques jours. De plus elles ne peuvent pas
s’y reproduire. Ces sont des bactéries que l’on peut inactiver facilement avec un
désinfectant chimique tel que le chlore. Afin de déterminer si une eau est potable on
recours aux indicateurs bactériens. Les plus utilisées sont les coliformes totaux et les
coliformes fécaux.
2. Les virus : Ces sont des fragments de molécules géniques entourés des protéines. Sans
une cellule hôte, ils ne peuvent pas se reproduire, générer de l’énergie ou faire d’autres
activités. Par contre ils peuvent survivre en état végétatif durant de longues périodes.
25
Pour se reproduire ils doivent donc infecter une cellule et en prendre le contrôle. Leur
taille varie de 0,1 à 0, 4 µm. Ils sont présents dans l’eau, l’air et les sols.
3. Les algues : Sont des microorganismes presque photo-autotrophes. Elles utilisent la
chlorophylle pour convertir le rayonnement solaire en énergie. Quoiqu’elles vivent
habituellement dans l’eau, on peut en trouver dans les sols. La plus part d’entre elles
ont une taille microscopique. Les algues jouent un rôle important dans le cycle de
carbone et de l’oxygène. De plus elles contribuent de façon importante au maintien de
différentes formes de vie dans les océans. A l’aide de la photosynthèse elles
consomment du CO2 et rejettent de l’O2. La croissance rapide et massives des algues,
aussi appelée « bloom algal » est la conséquence de déversement de nutriment dans
l’eau. Les principaux nutriments sont l’azote et le phosphore. Ces nutriments
proviennent en grande partie de déversement des eaux usées plus ou moins bien
traitées et du ruissellement sur les terres agricoles
Exercice
26
CHAPITRE. III DEFINITION ET MISE EN CONTEXTE DE L’ETUDE D’IMPACT
SUR L'ENVIRONNEMENT
L’étude d’impact sur l’environnement (EIE) dont il sera question dans ce chapitre, s’inscrit
dans un système intégré d’évaluation environnementale. Mais avant de présenter plus en
détails ce système intégré, il convient de définir et d’expliquer les termes qui seront utilisés
dans ce chapitre, soit ceux d’environnement, d’impact, d’évaluation.
27
comparer la situation projetée avec le projet en opération (I3) à la situation actuelle (I0) aurait
pour consequence d’accroitre demesurement l’impact de l’intervention dans le cas où la
valeur de l’indicateur augmente dans le temps, que le projet ait lieu ou non. Mais quelle que
soit la tendance de l’indicateur et la grandeur de l’impact, une telle comparaison tient pour
acquis que le système environnemental qui accueillera le projet est statique ou neglige
l’intervalle de temps entre l’évaluation des impacts et l’opération de l’intervention proposée,
comme si celui-ci tendait vers 0. Ces deux hypothèses sont peu réalistes pour les projets
d’envergure, qui ne sont parfois complété que 5 ou 10 ans après que l’étude d’impact a été
produite et le projet autorisé. Enfin, la période de temps considerée comme situation future en
cours d’opération est particulièrement critique puisqu’elle peut occulter un impact significatif
si elle est trop longue. Par ailleurs, plus l’échelle temporelle des prédictions est grande, plus
l’incertitude des éstimés augmente.
28
Nous reconnaissons à la notion d’impact trois dimensions principales : la grandeur,
l’importance et la signification (Figure 3). La grandeur d’un impact désigne le changement
de la mesure d’une variable de l’environnement dans lequel s’insère un projet. Cette grandeur
peut consister en une mesure (ex. la superficie d’un peuplement forestier inondé par la mise
en eau d’un barrage) ou en une prédiction (ex. l’accroissement du niveau sonore suite à la
construction d’un projet routier. L’importance d’un impact constitue pour sa part un
jugement porté par l’expert sur l’importance des modifications anticipées qui tient compte du
contexte d’insertion spatiale et temporel du projet. Ce jugement peut s’appuyer sur différents
critères, dont les principaux sont mentionnés au tableau 8. La troisième dimension est la
signification d’un impact. Il s’agit de la valeur variable qu’accorde chacun des acteurs aux
deux caractéristiques précédentes. Pour les communautés locales, elle est le reflet de
l’appropriation de leur espace de vie, de la façon dont elles y vivent, dont elles le perçoivent
et désirent le voir évoluer.
Figure 3 : Évaluation des dimensions d’un impact selon une échelle d’objectivité –
subjectivité (modifié de Delisle et al., 2010)
En plus de ces trois dimensions, un impact peut porter un ensemble des qualificatifs :
1. Un impact direct c'est une relation de cause à effet entre une composante du projet et un
élément de l'environnement.
2. Un impact indirect : découle d'un impact direct et lui succède dans une chaîne de
conséquences.
29
Ex: la contamination des poissons par le CN.
3. Un impact cumulatif : c'est le résultat d’une combinaison d’impacts généré par un même
projet ou par plusieurs projets dans le temps (passé, présent ou avenir).
4. Un impact résiduel : c'est qui reste après l’application d’une mesure d'atténuation.
III.1.2. Évaluation
Evaluer les impacts apparaît comme un art essentiellement subjectif qui consiste à porter un
jugement des valeurs sur le degré d'influence qu'aura une activité sur l'environnement et sur
l'importance des conséquences de l'ensemble du projet sur l'environnement.
Ces jugements en E.I.E doit cependant être fondés, c'est-à-dire s'appuyer sur une connaissance
du milieu (mesures, observations etc.) des connaissances scientifiques et du savoir
traditionnel.
La figure 4 ci-dessus illustre les conséquences du choix du modèle évaluatif sur la décision.
Une expérience concluante est un type d’expérience analytique caractéristique de la physique
mécanique et de la chimie analytique, par exemple ; son résultat, fondé sur l'expérience et les
modèles reconnus, est très prévisible exempte d'incertitude et généralement indiscutable.
30
A l'opposé, un jugement purement intuitif porté sur un milieu et les conséquences d'une
innervations sur ce milieu posé sans cueillette des données, qu'elles soient anciennes ou
récentes donnent des résultats habituellement discutable, empreints d'une grande incertitude,
qui laisse aux décideurs l’entière latitude pour prendre une décision.
L'EIE ou encre l'étude des impacts sur l'environnement ou évaluation environnementale est
une procédure d'examen des conséquences anticipées tant bénéfique que néfaste, d'un impact
sur l'environnement dont le but est de s'assurer que ces conséquences sont dûment pris en
compte dans la conception du dit projet. L’EIE tient compte à la fois des impacts biophysique
et des impacts humains. Elle inclut toute une gamme d’évaluations spécialisées, comme celles
portant sur les impacts sociaux, les impacts économiques, les impacts sur la santé, et l’analyse
de risque qui sont conduit dans le cadre de l’évaluation des projets. L'évaluation
environnementale se compose d'un ensemble des processus qui vise la prise en compte de
l'environnement dans la planification ou le développement d'opération des projets, des
programmes, des plans ou politiques. Avant de traiter plus en détails des EIE, voyons
rapidement l’utilité et le contexte d’application de chacun des autres processus composant le
système d’évaluation environnementale.
31
Tableau 8 : La gamme des processus de l’évaluation environnementale (Delisle et al., 2010)
Investissements régionaux
Energie et matériaux utilisés et émis dans l’environnement
Analyse du cycle de vie
depuis la conception d’un produit jusqu’à son élimination
Activité de planification, de construction ou de
modernisation
Système de gestion environnementale
Conformité des opérations avec les lois, règlements,
programme ISO 14000
L'évaluation du cycle de vie qui est un processus de niveau stratégique a plusieurs fonctions
• Évaluer les pressions environnementales associées à un produit, à un processus ou une
activité en établissant et en quantifier l'énergie et les matériaux utilisés et relâchés
dans l'environnement.
• procédé à EIE de cette énergie et ces matériaux
• déterminer et évaluer les possibilités d'apporter les améliorations environnementales.
Le processus de cycle de vie entier du produit, du procédé industriel et des services, y compris
l’extraction et le traitement des matières première ; leur manufacture, leur transport et leur
distribution ; leur usage, leur réutilisation et leur entretien ; enfin, le recyclage et leur
disposition finale.
En RDC, l’octroi des droits miniers ou de carrières et de la délivrance des droits miniers et de
carrière est soumis à la réalisation par le demandeur d’une Étude d’Impact Environnemental
et social (EIES) et à la présentation du plan de Gestion Environnemental et Social (PGES)
(Article 42 : De l’instruction environnementale et sociale (modifié et complété par l’article 2
de la Loi n° 18/001 du 09 mars 2018 modifiant et complétant la Loi n° 007/2002 du 11 juillet
2002 portant Code minier).
32
L’Agence Congolaise de l’Environnement, le Fonds national de promotion et de service
social, en collaboration avec la Direction chargée de la protection de l’environnement minier
et, le cas échéant, tout autre organisme de l’Etat concerné, sont chargés d’instruire l’EIES et
le PGES relatifs à la demande de droit minier d’exploitation ou de l’autorisation
d’exploitation de carrière permanente, le plan d’Atténuation et de Réhabilitation (PAR) relatif
à une demande d’autorisation d’exploitation de carrière temporaire, le dossier de la demande
de transfert du droit minier ou de l’autorisation d’exploitation de carrières permanente, ainsi
que le plan pour la contribution du projet au développement des communautés environnantes.
Le certificat environnemental est délivré par l’Agence Congolaise de l’Environnement à
l’issue de l’instruction environnementale et sociale attestant que l’exécution du projet ainsi
que l’exploitation de l’ouvrage se conforment aux principes de sauvegarde environnementale
et sociale.
En outre, toute personne qui, pour les besoins d’une activité minière, est contrainte de
déboiser une portion de forêt, est tenue au préalable d’obtenir à cet effet un permis de
déboisement auprès de l’administration compétente.
Quelques définitions3 :
3
Tirées de de la Loi n° 18/001 du 09 mars 2018 modifiant et complétant la Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002
portant Code minier
33
plan d’Atténuation et de Réhabilitation, PAR en sigle, : le plan requis pour les opérations
en vertu d’un droit minier ou de carrières de recherches, ou d’une Autorisation d’Exploitation
de Carrière Temporaire, consistant en l’engagement du titulaire de réaliser certaines mesures
d’atténuation des impacts de son activité sur l’environnement ainsi que des mesures de
réhabilitation du lieu de leur implantation, y compris l’engagement du titulaire, de fournir ou
de constituer une sûreté financière pour assurer ou garantir le coût d’atténuation et de
réhabilitation de l’environnemental.
Exemple des plan respectivement de EIES et du PAR du projet d’exploitation de cuivre et de
cobalt de Tenke-Fungurume en RDC. Réalisé en 2007 par la Banque Africaine de
Développement.
34
35
CHAPITRE IV. DÉVELOPPEMENT DURABLE
Le concept de développement durable (subtainable development) a fait son apparition dans les
années 1980, en réaction aux séquelles bien visible sur la nature et l'être humain d’un
développement irrespectueux des limites des ressources naturelles et de la capacité du support
du milieu mais, aussi en réaction aux échecs des modèles traditionnels à se traduire en
développement social. La commission mondiale sur l'environnement et le développement
durable (CMED), promoteur du concept à l'échelle internationale, le définit comme un
développement qui répond aux besoins des générations actuelles, sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs (CMED, 1988)4. Cette commission a
propulsé le concept développement durable dans toutes les sphères notamment le
gouvernement des pays industrialisés en transition et en développement, partis politiques,
banques, grandes entreprise, syndicats, ONG, l'ont accaparé et redéfinit en fonction de leurs
propres préoccupations. Pour la CMED, la réalisation d'un développement durable passait par
des profondes transformations sociales. Elle exigeait la satisfaction des besoins essentiels
pour tous, l'utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles les maintiens et la
sauvegarde des éco- systèmes et des processus qui régissent la vie, la coopération des peuples
et la solidarité entre la génération actuelle et future.
On peut affirmer que l'histoire de développement durable a un lien étroit avec le mouvement
de protection de l'environnement de la seconde moitié du 20ième siècle. Nous n’entendons pas
qu’il n’y pas eu des préoccupations environnementales au cours des décennies précédentes. Il
4
Le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développements, Notre avenir à
tous est disponible en ligne sur le site fr.wikisource.org.
36
s’agit plutôt de constater que l'effort international de réconciliation entre la société, le
développement et l'environnement remonte environ 50 ans. Le point de départ de l’action
environnementale à l’échelle mondiale est très certainement la Conférence de Nations Unies
sur l'environnement humain de Stockholm tenue en 1972 avec la participation de 113 pays.
Cette première réunion mondiale pour l'homme et son milieu a atteint l'objectif d'inscrire
l'environnement à l'ordre du jour. La conférence propose un plan de lutte contre les pollutions
et prend position pour une protection vigilante des ressources naturelles ; Elle propose
également un plan d'action contre le sous-développement. Les signataires de la Déclaration
issue de cette conférence insistent sur l’importance de prendre en compte les questions
environnementales dans la planification et d’ouvrer de façon à protéger et a améliorer la
qualité de l’environnement. Il s'agit d'une nouvelle stratégie fondée sur une utilisation
judicieuse des ressources humaines et naturelles à l'échelle locale et régionale, stratégie qui
donnera naissance au concept d’écodéveloppement qui se définit comme « des styles de
développement écologiquement convenable ».
L'Assemblée générale des Nations Unies adopta par résolution (Résolution 37/7 du 28 oct
1982) la Charte Mondiale de la Nature. Le Principe 11 de cette Charte stipule entre autre que:
les activités pouvant avoir un impact sur la nature seront contrôlées et les meilleures
techniques disponibles, susceptibles de diminuer l’importance des risques ou d'autres effets
nuisibles sur la nature, seront employées en particulier: a) les activités qui risquent de causer
les dommages irréversibles à la nature seront évitées ; b) les activités comportant un degré
élevé de risque pour la nature seront précédées d’un examen approfondi et leurs promoteurs
devront prouver que les bénéfices escomptés l'emportent sous les dommages éventuels pour la
nature et, lorsque les effets nuisibles éventuels de ses activités ne sont qu'imparfaitement
connus, ces dernières ne devraient pas entreprises ; c) les activités pouvant perturbées la
nature seront précédées d'une évaluation de leurs conséquences et des études concernant
l'impact sur la nature des projets de développement seront menées suffisamment à l'avance ;
au cas où elles seraient entreprises, elles devront être planifiées et exécutées de façon à
réduire au maximum les effets nuisibles qui pourraient en résulter.
Lors de la rencontre de Nairobi en 19825 soit 10 ans après la conférence de Stockholm les
pressions du pays du sud ont amené les Nations Unies à créer, par la résolution 38/161 de
1983, la Commission mondiale sur l'environnement et le développement (CMED). Cette
commission a reçu le mandat de proposer en termes claires les stratégies pour apporter une
5
Voir la Déclaration sur le site du PNUD, www.unep.org
37
solution durable à la gestion de savoir comment satisfaire les besoins et les aspirations de
l'humanité actuelle sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux
leurs. Le rapport, publié en 1987 (CMED, 1988), dresse la liste des problèmes
environnementaux les plus important qui menacent et entravent le développement des
nombreux pays du Sud ; il souligne la nécessité de diminuer la consommation des ressources,
surtout énergétiques dans les pays industrialisés. La commission préconise l'adoption
immédiate des mesures politiques décisives pour gérer les ressources de manière à assurer un
progrès durable et à garantir la survie de l'humanité. Elle définit alors le concept de
développement durable. Ce concept, qui exclut les positions radicales tant écologiques
qu’économistes, a reçu un excellent accueil à l’échelle mondiale ; il propose en fait un
compromis acceptable pour tous, bien que sa mise en application s’avère extrêmement
difficile et qu’elle requière des changement radicaux de mentalité et de comportement. La
protection de l'environnement devient alors une priorité internationale qui exige une vaste
redistribution des ressources financières, scientifiques et techniques à l'échelle planétaire et la
mise en œuvre d'un certain nombre impératif stratégique pour un développement durable.
6
On peut trouver le texte de l’Agenda 21 à www.agora21.org.
38
le développement durable (SMDD7), pour procéder à un bilan des engagements pris à Rio.
L'objectif du sommet était d'évaluer les réalisations s'inscrivant dans le cadre d’Agenda 21 et
les autres textes issus du sommet de Rio ainsi que de recenser les domaines où il faut faire des
efforts supplémentaires afin de réaliser leur mise en œuvre.
A cette occasion, les participants ont adopté une déclaration politique et annoncer des
nombreux partenariats. De plus, en réactions à Rio, où on avait insisté sur la dimension
environnementale, Johannesburg avait pour défit de remettre à l'ordre du jour les 3 piliers du
développement durable en omettant aucune de ses dimensions économiques, sociales et
environnementales. Il convié d'envisager le contenu et la dynamique du Sommet de
Johannesburg non seulement dans le contexte du Sommet de la Terre de Rio, mais aussi dans
celui des enjeux et des résultats des réunions récentes qui ont défini le cadre de ce qui était
possible à Johannesburg telle que la Déclaration du millénaire de l'ONU (2000)8. Il s'agissait
d'un ensemble de huit objectifs précis à atteindre en 2015, portant sur la réduction de la
pauvreté, de la santé, de l'éducation, de l'égalité entre les genres, la viabilité de
l'environnement et les partenariats. Le Plan de mise en œuvre comportait 10 chapitres qui
portent, notamment, sur la réduction de la pauvreté, les modes de production et de
consommation non viables, la protection et la gestion des ressources naturelles, la
mondialisation, la santé, l’Afrique et la gouvernance.
7
Pour en savoir plus sur le Sommet de Johannesburg, voir www.sommetjohannesburg.org
8
Pour lire le texte de la Déclaration, voir www.un.org/french/millenniumgoals/
39
Le développement, comme croyance occidentale, prend véritablement forme est contenu
opératoire avec un discours donné en janvier en 1949 par le président américain Truman. A
cette occasion, Truman lança l'idée d'un programme qui fasse partager les acquis scientifiques
et industriels de son pays avec les régions sous-développées9. Ainsi est née l'aide au
développement, qui allait prendre des multiples formes au cours des décennies.
Des agences nationales, des organisations internationales, comme la BIRD (Banque
international pour la reconstruction et le développement) du groupe Banque mondial, et des
banques régionales de développement ont été mises sur pieds pour produire ce
développement nécessaire, et ce, dans une perspective s'intégration à l'économie mondiale.
La lecture du rapport de la CMED et des multiples écrits qui ont parus depuis plus de 20 ans
permet de définir 3 fenêtres par lesquelles observer la démarche de la société vers un
développement durable : la fenêtre économique, écologique, sociopolitique. La fenêtre
écologique concerne essentiellement la Nature avec ses composantes physiques, chimiques, et
biologiques, d'une part, et les systèmes complexes d'interaction qui en émergent (écosystèmes,
grands cycles biochimiques, dont celui du carbone, etc.), d'autre part. La fenêtre économique
réfère aux façons de gérer les ressources naturelles et humaines pour atteindre les objectifs
sociaux, alors valorisés, dont la satisfaction des besoins jugés fondamentaux. Enfin, la fenêtre
sociopolitique tient compte des rapports sociaux entre groupes des diverses natures, de mode
de gouvernance et des relations internationales.
Chacune de ces fenêtres peut constituer pôle d'un diagramme tertiaire qui permet de situer les
acteurs en fonction de leur façon de voir le développement (figure 6).
Ainsi, on a, au sommet, des radicaux, ce groupe qui, en adoptant une position extrême, vise
une écologie profonde, une économie fondée sur une accroissance maximale sans contrainte,
une sociopolitique où l'être humain accapare tous les droits, même au prix de non-respect des
droits humains.
Entre ces positions radicales apparaît un ensemble des stratégies des développements. Tout
d'abord le modèle de développement près industriel se fonde sur une exploitation de la nature
où la satisfaction des communautés qui en dépendent pour leur survie physique, mentale et
culturelle. Les sociétés traditionnelles des cueilleurs chasseurs en font partie.
9
L’intégralité du discours du président Truman est disponible sur le site www.re
quest.net/history/inaugurals/truman/index.htm.
40
Figure 5 : Le développement durable et les autres formes du développement (Tiré et modifié
de Delisle et al., 2010)
41
Le développement durable, quant à lui, trouve sa place au centre du diagramme. Il consiste à
un développement à la fois soucié de considération écologiques, économique et socio-
politiques.
La dimension environnementale est une condition de développement, la dimension
économique en est le moteur, le moyen, et le développement social s'avère la finalité. Par
ailleurs, il ne peut y avoir un seul modèle de développement durable. Chaque modèle se situe
dans un espace-temps spécifique, caractérisé par la culture sociale et politique, le système
écologique en présence, le degré de de développement économique et l’accessibilité à la
technologie. De ce fait, la façon d’analyser la situation de développement et d’appliquer le
développement durable évoluera avec les innovations et les changements sociaux. Il peut
s’appliquer à diverses échelles sociale depuis la famille et l’industrie, jusqu’à l’État et la
région, le pays, voir la communauté mondiale si on se réfère aux grands principes communs à
tous.
Ainsi, le développement durable est une façon de voir le monde d’aujourd’hui et celui en
devenir. Il requiert la modification de nos rapports :
• avec la nature, c’est-à-dire qu'on passe de dépendant ou dominateur à coopérant
ou collaborateur ;
• avec la société, c’est-à-dire qu'on passe du rapports de domination et de puissance, à
des rapports de coopération, de justice, de démocratie, de paix et d’équité ;
• avec l'économie, c’est-à-dire qu'on passe d’un système productiviste à courte vue,
maximisant les profits immédiats, à un système de satisfaction à long terme des
besoins essentiels et du bien-être de tous les citoyens.
(
IV.4 Principe de développement durable
De la quête du développement durable, les états adhèrent à un certain nombre de principe qui
vise à rendre le développement durable plus concret. L'exemple de la France et celui du
Québec illustrent bien ses engagements. La charte de l'environnement adoptée par la
république française en 2005 constitue l'assise de la stratégie nationale du développement
durable. Pour sa part, le gouvernement du Québec, dans sa loi sur le développement durable,
nomme et définit 16 principes permettant de mieux intégrer la recherche d'un développement
durable dans ses sphères d'innervations notamment les principes de Pollueur-payeur, de
précaution, de subsidiarité, de protection de l'environnement et de production et de
consommation responsable.
42
1. Principe de pollueur-payeur (P.P.P) est un principe économique selon lequel le
pollueur prend à sa charge les dépenses afférentes à la mise en œuvre des mesures de
prévention de la pollution ou aux dommages provoqués par la pollution. En d’autres
termes, ce principe signifie que le pollueur devrait se voir imputer les dépenses
relatives aux susdites mesures arrêtées par les pouvoirs publics pour que
l’environnement soit dans un état acceptable.
2. Principe de précaution fournit un cadre d'aide à la décision en situation
d'incertitude. Lorsque la réalisation d'une activité ou d'un projet comporte des risques
graves ou irréversibles pour l'environnement naturel ou humain (dont la santé),
l'absence de certitude scientifique absolue quant aux effets de cette réalisation ne doit
pas servir du prétexte pour remettre à plus tard l'adoption des mesures de prévention.
3. Principe de subsidiarité, en vertus de ce principe, il y a octroie d'un certain dégrée
d'indépendance à une autorité subordonné vis à vis d'une autorité de niveau supérieur,
notamment d'une autorité locale envers le pouvoir central. Ainsi, lorsque plusieurs
échelons peuvent prendre en charge les décisions et leur application, l’échelon le plus
bas est choisi par souci d’efficacité et de démocratie. Efficacité, car plus le lieu de
décision et de gestion est éloigné du lieu d’application, plus « l’action sa de chances
d’être inadaptée, mal appliquée et de donner lieu à des fraudes ».
43
politiciens et des consommateurs. Nous explorons ici certains aspects de ses changements.
Ainsi, nous discuterons de l’influence de l’adoption du développement durable sur :
- Les stratégies de financement et l'aide internationale, la mise en place du concept de DD
amené une nouvelle étape administrative ; on tient compte des répercussions sur
l’environnement naturel et humain d’un projet avant d’en approuver le financement.
- La planification territoriale (aménagement et équipement), le concept de DD durable a
modifier considérablement les façons de planifier le territoire. On a pu constater un effort
accru pour une planification territoriale qui intègre les diverses dimensions du DD,
notamment en regard de la croissance de la mobilité et de la demande en infrastructures de
transport, de l’étalement urbain et de la gestion des ressources (y compris les matières
résiduelles) .
- Les technologie et transformation du secteur de la production, l’entreprise industrielle a
grandement évolué en regard de sa performance environnementale au cours des dernières
années. On peut reconnaitre trois phases majeures de développement : la phase du tout à
l'égout, la phase de prévention de la pollution par le traitement à la sortie de l’usine et la phase
d’optimisation des procédés (figure 7).
Au départ, la pratique courante consistait à utiliser les matières premières (ressources, eau, air
et énergie) pour fabriquer un produit ensuite écoule sur le marché sans préoccupations
environnementales. Tout ce qui accompagnait cette production constituait un déchet dont il
convient de disposer, qu’il s’agisse des résidus de matière première, d’eau polluée, de gaz, de
poussières ou de chaleur. L’incidence de ces pratiques s’est vite fait sentir : accumulation
d’ordures, cours industriels contaminés, problèmes de santé des travailleurs et des citoyens
vivant à proximité des usines, dégradation des milieux naturels et de l’habitat humain.
Face au constat de dégradation environnementale et de problèmes exacerbés de santé,
plusieurs pays ont adopté une loi de protection de l’environnement dont l’objectif premier
était la réduction et la prévention de la pollution. De telles lois ont entrainé le développement
des systèmes d’épuration et la mise en place de programme de recyclage. Les unités de
traitement avaient pour objectif de ramener le niveau de pollution de l’eau et de l’air sous les
normes nationale imposées par la loi. Au fil de temps, avec le resserrement des normes, on a
perfectionné ces unités de traitement. A l’heure actuelle, la technologie disponible rend
possible l’extraction de la quasi-totalité des polluants ; cependant trois facteurs expliquent
pourquoi on applique toujours pas ces technologies : certains sont encore au stade
expérimental et requièrent quelques ajustements avant leur utilisation industrielle ; plus le
44
traitement est efficace, plus le couts sont élevés ; il n y a pas de gains à extraire les polluants
bien en-deca des normes.
Figure 6 : Transformation des systèmes de production : (a) tout-à-l’égout, (b) traitement des
effluents et recyclage ; (c) optimisation des procédés (Tiré de Delisle et al., 2010)
Au cours des dernières années, on assiste à une gestion beaucoup plus intégrée de
l’environnement par les entreprises industrielles. Ces dernières s’engagent par exemple à
satisfaire les normes élaborées par l’International Standard Organisation I(ISO 14000).
45
années, on a vu les gouvernements se doter de ministères, de sous-ministres, de secrétariat
d’Etat et d’autres structures responsable de la promotion du DD. La plus part des pays ont
aujourd’hui leur ministère de l’Environnement, et toutes sortes de nouveaux services publics
chargés de promouvoir le DD (ex. ministère de l’Environnement et Développement Durable
et vice-ministre de l’environnement en RDC).
10
Centre d’initiatives pour le développement durable (CIDD) (s.d). Qu’est-ce que le développement
durable ? In Wordpress. http://ciddbf.wordpress.com/developpement-durable/
46
soit par les institutions financières ou par l’entreprise pour laquelle il travaille. Cette
préoccupation fait même partie de la formation de l’ingénieur et demeure prioritaire à son
esprit.
IV.6.2 Deuxième pilier – la gestion de l’environnement
La préoccupation environnementale d’un projet entre de plus en plus dans les habitudes des
ingénieurs. Plusieurs sociétés font maintenant preuve d’une sensibilité beaucoup plus grande
relativement aux effets néfastes que peuvent avoir le rejet de contaminants dans
l’environnement ou le gaspillage de l’énergie, pour ne citer que ces quelques exemples. Les
normes gouvernementales de protection de l’environnement se sont resserrées au fil des ans,
ce qui a forcé les ingénieurs à modifier leur pratique. Plusieurs règlements fédéraux,
provinciaux et municipaux déterminent les quantités de polluants qu’il est acceptable ou
permis d’émettre dans l’environnement ainsi que le processus pour obtenir une autorisation de
le faire. Bien qu’elle soit simple en principe, cette obligation peut s’avérer plutôt complexe
dans certains cas, notamment si les vérifications préalables ne sont pas faites adéquatement ou
si le projet n’est pas correctement évalué. De plus, chaque situation devrait être analysée afin
de déterminer si une simple application des normes environnementales est suffisante pour
assurer la protection de l’environnement et la santé des personnes.
La gestion de l’environnement couvre l’ensemble d’un projet, de la phase de conception
jusqu’à sa mise hors service, en passant par sa construction et son exploitation. Chacune de
ces phases est soumise à différentes réglementations environnementales, lesquelles peuvent se
recouper d’une phase à l’autre.
47
souvent au-delà des normes gouvernementales, ainsi que les démarches requises pour assurer
l’acceptabilité sociale des projets font en sorte que le développement peut se faire de façon
durable, ce qui assure par le fait même une croissance économique à long terme.
L’aspect social consiste à prendre en compte les préoccupations des « parties prenantes »
(stakeholders en anglais). Ces parties prenantes sont aussi nombreuses que variées :
o employés (cadres, syndiqués);
o voisins (immédiats ou non);
o fournisseurs;
o clients;
o groupes socioéconomiques (p. ex. chambres de commerce);
o groupes environnementaux ou communautaires (p. ex. écoles, ONG-E);
o représentants gouvernementaux élus (p. ex. maires, députés);
o fonctionnaires;
o etc.
Nous considérons comme partie prenante toute personne ou tout groupe avec lesquels une
organisation a des liens dans le cadre de ses activités. Ces liens peuvent être directs ou
indirects, mais aussi ne pas être connus de l’organisation.
En conclusion, le génie est directement concerné par les questions environnementales. Qu’il
s’agisse d’appliquer les lois et règlements en vigueur ou les principes du développement
durable, les ingénieurs ont aujourd’hui l’obligation de se préoccuper de l’environnement dans
leur pratique quotidienne. Les rôles des ingénieurs doivent être pragmatiques11 !
- Prévention/protection : qui évite/diminue autant que possible les impacts de nos
activités humaines en perpétuel développement
- Quantification de l’impact : demandant de quantifier, de modéliser, dans des
domaines parfois influencés par des systèmes naturels plus complexes, associant des
aspects économique, social et environnemental
- Développement des moyens d’action :pour éviter, remédier ou amoindrir. Il s’agit
d’utiliser les technologies les plus avancées pour améliorer la situation, palier aux
conséquences néfastes.
11
Dassargues, 2010
48
L’ingénieur ne doit pas se limiter aux contraintes physiques, techniques et économiques. Il
doit aussi élargir sa vision et tenir compte des contraintes environnementales, humaines,
sociales, légales ou de tout autre élément pertinent. L’ingénieur doit de plus en plus
considérer le développement durable comme un critère d’analyse et de conception en soi, tant
au stade de l’ingénierie préliminaire qu’à celui de l’ingénierie détaillée. Ainsi, l’exploitation
d’une ressource naturelle ne doit pas se faire de façon à hypothéquer la possibilité qu’auront
nos petits-enfants d'en faire de même.
49
CHAPITRE V ENJEUX CLIMATIQUES ACTUELS DE LA PLANETE ET
POTENTIELS ENVIRONNEMENTAUX DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
DU CONGO
L'effet de serre additionnel désigne l'amplification de l'effet de serre provoquée par l'activité
humaine. En effet, les activités humaines rejettent des GES plus rapidement que la planète ne
peut les absorber. Face à ce déséquilibre, la concentration atmosphérique en GES augmente,
et le phénomène d'effet de serre devient plus intense. Davantage de chaleur est donc absorbée
et réfléchie vers la Terre : c'est la cause principale du réchauffement climatique.
12
: https://climate.selectra.com/fr/comprendre/effet-de-serre
50
présents dans l’atmosphère.13 En conséquence, l’équilibre climatique naturel est modifié et le
climat se réajuste par un réchauffement de la surface terrestre. Le monde se réchauffe
désormais à une vitesse jamais observée dans l’histoire documentée. Au fil du temps, les
températures plus élevées entraînent des variations climatiques et déstabilisent l’équilibre
habituel de la nature. Cette situation pose de nombreux risques pour les êtres humains et toute
autre forme de vie sur Terre.
Certains GES sont naturellement présents dans l’air (vapeur d’eau, dioxyde de carbone). Si
l’eau (vapeur et nuages) est l’élément qui contribue le plus à l’effet de serre « naturel »,
l’augmentation de l’effet de serre depuis la révolution industrielle du XIXe siècle est induite
par les émissions d’autres GES provoquées par l’activité humaine:
13
https://www.ecologie.gouv.fr/changement-climatique-causes-effets-et-enjeux
51
• Le protoxyde d’azote (N2O) provient des engrais azotés et de certains procédés
chimiques.
• L’hexafluorure de soufre (SF6) dont les émissions sont dues principalement à la
production de magnésium, à la fabrication et l’utilisation des équipements électriques
de haute tension, à la fabrication de câbles et aux accélérateurs de particules. Sa durée
de vie dans l’atmosphère est de l’ordre de 50 000 ans.
Les preuves scientifiques sont sans équivoque : le climat de la Terre se réchauffe. Depuis les
années 1950, beaucoup de changements observés sont sans précédent depuis des décennies,
voire des millénaires14.
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Le changement climatique influe sur la disponibilité de l’eau, qui devient plus rare dans un
plus grand nombre de régions. Le réchauffement climatique aggrave les pénuries d’eau dans
des régions déjà en proie à des problèmes d’approvisionnement en eau ; il entraîne des risques
accrus de sécheresse agricole néfaste pour les cultures et de sécheresse écologique rendant les
écosystèmes plus vulnérables. Les déserts s’étendent, réduisant les surfaces propices aux
cultures vivrières. De nombreuses personnes sont aujourd’hui confrontées à la menace d’un
manque d’eau récurrent.
- Disparition d’espèces
Le changement climatique présente des risques pour la survie des espèces terrestres et
océaniques. Ces risques augmentent avec la hausse des températures. Les incendies de forêt,
et les phénomènes météorologiques extrêmes font partie des nombreuses menaces liées au
changement climatique. Si certaines espèces seront capables de se déplacer et de survivre,
d’autres ne le pourront pas.
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- Accroissement des risques sanitaires
Les effets du changement climatique nuisent à la santé : pollution atmosphérique, maladies,
phénomènes météorologiques extrêmes, déplacements forcés, aggravation de la faim et de la
malnutrition dans des endroits où les populations ne parviennent pas à produire ou à trouver
de la nourriture en suffisance. Chaque année, les facteurs environnementaux coûtent la vie à
environ 13 millions de personnes. Les variations climatiques favorisent le développement des
maladies et, en raison des phénomènes météorologiques extrêmes, le nombre de décès
augmente et les systèmes de soins de santé ont du mal à suivre.
- Production d’énergie
La production d’électricité et de chaleur par la combustion de combustibles fossiles est à
l’origine d’une grande partie des émissions mondiales. La majeure partie de l’électricité est
encore produite par la combustion de charbon, de pétrole ou de gaz, ce qui génère du dioxyde
de carbone. À l’échelle mondiale, un peu plus d’un quart de l’électricité provient de sources
renouvelables (énergie éolienne, énergie solaire et autres) qui, contrairement aux
combustibles fossiles, ne rejettent que peu ou pas de gaz à effet de serre ou de polluants dans
l’air.
15
https://www.un.org/fr/climatechange/science/causes-effects-climate-change
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- Fabrication de produits
Le secteur manufacturier et l’industrie génèrent des émissions, principalement dues à la
combustion de combustibles fossiles pour produire l’énergie nécessaire à la fabrication de
produits tels que le ciment, le fer, l’acier, les composants électroniques, les matières
plastiques, les vêtements et d’autres biens. L’exploitation minière et d’autres processus
industriels libèrent également des gaz, tout comme l’industrie de la construction. Les
machines utilisées dans les processus de fabrication fonctionnent généralement au charbon, au
pétrole ou au gaz et certains matériaux, comme les plastiques, sont fabriqués à partir de
produits chimiques issus de combustibles fossiles. L’industrie manufacturière est l’une des
principales sources d’émissions de GES dans le monde.
- Abattage de forêts
L’abattage de forêts pour faire place à des exploitations agricoles ou à des pâturages, ou pour
d’autres raisons, entraîne des émissions. En effet, les arbres, une fois coupés, libèrent le
carbone qu’ils ont stocké. Chaque année, environ 12 millions d’hectares de forêt sont détruits.
Étant donné que les forêts absorbent le dioxyde de carbone, leur destruction limite également
la capacité de la nature à empêcher les émissions dans l’atmosphère. La déforestation,
associée à l’agriculture et à d’autres changements d’affectation des sols, est à l’origine
d’environ un quart des émissions mondiales de GES.
- Surconsommation
Le logement dans lequel on vit, l’énergie que l’on consomme, le mode de déplacement que
l’on utilise, ce que l’on mange et la quantité de déchets que l’on met au rebut sont autant
d’éléments qui contribuent aux émissions de GES. Il en va de même des biens que l’on
consomme, tels que les vêtements, les appareils électroniques et les matières plastiques. Une
grande partie des émissions mondiales de GES est liée aux particuliers. Nos modes de vie ont
une incidence profonde sur notre planète. Les personnes les plus riches portent la plus grande
responsabilité : ensemble, celles qui constituent le 1 % le plus aisé de la population mondiale
sont à l’origine de plus d’émissions de GES que les 50 % de personnes les plus défavorisées.
Pour limiter les effets du changement climatique, les pays signataires de la Convention-cadre
des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) se sont donnés pour objectif dans
l’Accord de Paris de « contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement
en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée
pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels,
étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements
climatiques ».
Pour ce faire, il est crucial de s’attaquer aux causes du changement climatique en maîtrisant
les émissions nettes de GES, c’est ce qu’on appelle l’atténuation.
56
Cependant, compte tenu de l’inertie climatique et de la grande durée de vie des GES
accumulés dans l’atmosphère, l’augmentation des températures d’ici à la fin du siècle est
inévitable et toutes les régions du monde sont concernées. L’adaptation au changement
climatique est donc nécessaire pour en limiter les conséquences sur les activités socio-
économiques et sur la nature. L’adaptation a pour objectifs d’anticiper les impacts du
changement climatique, de limiter leurs dégâts éventuels en intervenant sur les facteurs qui
contrôlent leur ampleur (par exemple, l’urbanisation des zones à risques) et de profiter des
opportunités potentielles.
Depuis l’organisation de la Precop27 et de la Cop27, la RDC a été placée au centre des enjeux
climatiques de la planète, comme le veut son positionnement de Pays-solution à la crise
climatique. En effet, riche de ses ressources naturelles, la RDC joue un rôle important dans la
lutte contre le changement climatique. Les ressources naturelles de la RDC sont au cœur de la
transition écologique actuelle et désormais au centre du débat sur la lutte contre le
changement climatique.
C’est autour de 4 volets que la RDC entend se positionner comme Pays Solution17
1. Le massif forestier
16
https://medd.gouv.cd/
17
https://drcprecop27.medd.gouv.cd/fr/yangambi.php
57
2. Les ressources en eau
3. La biodiversité
4. Les minerais stratégiques
Avec 155,5 millions d’hectares de forêt tropicale humide, le bassin du Congo est la deuxième
plus grande forêt tropicale du monde. Située aux deux tiers en RDC, la forêt est également
une grande réserve de biodiversité.
A cet énorme massif forestier s'ajoutent des vastes étendus de tourbières, couvrant environ
101.500 km2 du territoire national.
Son atout principal reste sa capacité d’absorption de carbone, près de 1.5 milliards de tonnes
de dioxyde de carbone par an soit 4% des émissions mondiales [Central African
ForestInitiative,2021].
Les forêts de la RDC quant à elles séquestrent quotidiennement près de 24,5 Gigatonnes de
GES, dont les 3/4 sont concentrés sur 43% de la superficie du pays. Ses tourbières constituent
un stock naturel de plus de 30 Gigatonnes de dioxyde de carbone, soit l'équivalent de plus de
deux ans d'émissions mondiales de GES.
Cela lui confère un rôle stratégique dans la lutte contre le changement climatique en tant que
1er poumon de la planète. Contrairement à la plupart des pays forestiers, la RDC n'a pas
pratiqué de l'exploitation forestière industrielle pendant les décennies passées. Ce qui explique
que bon nombre de ses forêts sont demeurées intactes, avec une haute valeur écologique.
C’est ensemble, avec les pays du Bassin du Congo, notamment, que la RDC prône la
protection de ses forêts. Les forêts de la RDC restent l’espoir de l’humanité en termes de puits
de carbone
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- Des réserves importantes en minerais stratégiques
Le sous-sol congolais regorge d'importantes réserves de substances minérales telles que le
cobalt (62% des réserves mondiales), le cuivre (10% des réserves mondiales), le Colombo
Tantalite (Coltan), le Germanium, le Lithum, le nickel, le graphite, l'aluminium, et bien
d'autres, indispensables à la transition écologique actuelle.
C'est pourquoi la RDC s'est engagée à améliorer la gouvernance de ses minerais stratégiques,
en vue de leur exploitation dans le respect des principes de développement durable.
Le bassin du Congo dont il relève charrie environ 10% des eaux douces de la planète, et 52%
de celles du continent africain. Cependant, les eaux intérieures de la RDC représentent
environ 67% des eaux du bassin du Congo.
On y rencontre des espèces emblématiques telles que le Bonobo, le paon, l'okapi, le gorille de
montagnes, etc. En outre, le pays possède 9 parcs nationaux, plus d'une soixantaine de
domaines de chasse et réserves naturelles couvrant actuellement plus de 13,5 % du territoire
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national; une superficie que le pays s'est engagé à accroitre à 17% du territoire national dans
un avenir proche.
En dépit des efforts de protection, ce riche et unique patrimoine est aujourd'hui menacé par
divers facteurs dont le braconnage, l'expansion agricole, l'exploitation minière et forestière
artisanales, le manque d'alternatives économiques pour les communautés riveraines, le déficit
en énergie électrique.
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