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Cours Evironnement et DD-v2024_043724

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République Démocratique du Congo

UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU

ECOLE DES MINES


DEUXIEME LICENCE GENIE MINIER ET GENIE CIVIL

COURS D’ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

Prof., Dr., Ing., Kalonji Kabambi Alex

Avril, 2024

0
PLAN DE COURS

Chapitres Contenus du cours (HT : 30H, HP : 15H, TOT : 45H)


Introduction : objectif générale du cours, rôle des ingénieurs, histoire du génie
1
de l’environnement
Quelques composantes de l’environnement : eau et hydrosphère, air et
2
atmosphère, impurétés, caractéristiques importantes de l’eau
Étude d’Impact sur l’Environnement (EIE) : Définitions, mise en contexte et cas
3
de la RDC
Développement Durable : Définitions, principes et mise en contexte, autres
4
formes de développement, l’ingénieur et le développement durable
Enjeux climatiques actuels de la planete et potentiels environnementaux de la
5
République Démocratique du Congo
Travaux Dirigés (TD) et Travaux Personnels (TPE)
Groupe 1 Exposé sur le massif forrestier de la République Démocratique du Congo
Groupe 2 Exposé sur les ressources en eau de la République Démocratique du Congo
Groupe 3 Exposé sur les minerais strategiques de la République Démocratique du Congo
Groupe 4 Exposé sur la biodiversité de la République Démocratique du Congo
Groupe 5 Exposé sur le traitement des dechets dans la ville de Bukavu
Exposé sur le traitement de l’eau potable dans la ville de Bukavu. Cas de la
Groupe 6
Regideso
Groupe 7 Exposé sur les méthodes de traitement des eaux usées
Groupe 8 Exposé sur la facrication du ciment et son impact sur l’environnement
Groupe 9 Exposé sur la fabrication de la bitume et son impact sur l’environnement
Groupe 10 Éxposé sur la fabrication des vitres et son impact sur l’environnement

Objectif général du cours


Connaître les composantes de l’environnement, la notion d’étude d’impact sur
l’environnement, les concepts de développement durable, les enjeux climatiques actuels de la
planète et les potentiels environnementaux de la République Démocratique du Congo

Préalable : Aucun

1
Méthodologie de l’enseignement et approche pédagogique

Cours magistral, exercices, travaux à domicile et exposé des travaux en groupe

Pondération des différentes composantes de l’évaluation

• Travaux dirigés (TD), Travaux personnels (TPE) : 25%


• Interrogation : 25%
• Examen final : 50 %

Sources documentaires

• André, P., Lanmafankpotin G., Revéret, J-P., Yonkeu S. 2020. L’évaluation des
impacts sur l’environnement, 4e édition : Processus, acteurs et pratique pour un
développement durable. Presse internationales Polytechnique.
• André, P., Delisle, C.E., Revéret, J-P. 2010. L’évaluation des impacts sur
l’environnement, 3e édition : Processus, acteurs et pratique pour un développement
durable. Presse internationales Polytechnique.
• Desjardin, R. 2015. Genie de l’environnement. Notes des cours. 8ème édition.
Departement des génies civil, géologique et des mines. École Polytechnique de
Montréal. Été 2015.
• Karel F. Mulder. L’ingénieur et le développement durable. Presse de l’Univertsité du
Québec. 2010.
• Dassargues, A. 2010. Cours de génie de l’environnement. Partie : Géo-
ressources/Géo-risques. Université de Liège.
• Ministèere de l’Environnement et Developpement Durable en République
Démocratique du Congo : https://medd.gouv.cd/.
• Loi N° 007/2002 du 11 juillet 2022 portant code minier telle que modifiée et
completée par la Loi N° 18/001 du 09 mars 2018.

Retard et absenteisme

• Le professeur s’attend à ce que tous les étudiants assistent regulièrement au cours


• L’étudiant doit être ponctuel et arriver au début des cours. S’il arrive avec 10 minutes
ou plus de retard, il doit attendre la pause avant d’entrer en classe
• Pour les travaux (devoirs, rapports, etc), une pénalité de 20% (absolue) est appliquée
par jour de retard. Après un retard de trois jours ou plus, la note zéro (0) est attribuée.

2
Fraude et plagiat

Tout étudiant ou groupe d'étudiants qui pose, tente de poser ou participe à un acte de plagiat
et/ou fraude relatif à ce cours peut se voir imposer, entre autres, une ou plusieurs sanctions,
notamment :

• l’attribution de la note zéro (0);


• l'échec du cours.

3
CHAPITRE I. ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE

I.I INTRODUCTION

Le rôle de l’ingénieur est d’utiliser les ressources de la terre pour améliorer les conditions de
vie de la population. Différents ingénieurs vont travailler dans différents domaines. Par
contre, tous auront, un moment donné, besoin des connaissances en génie de l’environnement.
On peut diviser les domaines d’activités des ingénieurs en trois grandes catégories :
• Infrastructures et services publics
• Produits de consommation
• Extraction des richesses naturelles

Les infrastructures et les services publics sont les principaux domaines d’activités de
l’ingénieur en génie civil (ou ingénieur en construction). Cela englobe les infrastructures
routières (routes, ponts, transport en commun), les édifices, les réseaux de distribution d’eau
potable et de collecte des eaux d’égouts, les usines de production d’eaux potables et
d’épuration des eaux usées, la collecte et la disposition des déchets solides, le contrôle de
bruits et de la pollution atmosphérique, etc. L’ingénieur en génie civil participe à toutes les
étapes de développement de ces projets, que cela soit au niveau de la conception, de la
construction, de l’exploitation et même de la réfection des infrastructures. Afin de solutionner
ces problèmes, l’ingénieur en génie civil aura besoin des connaissances particulières en génie
de l’environnement.
La conception, la production, la distribution et l’entretient des produits de consommation
impliquent souvent des ingénieurs industriels ou en génie mécanique. Des connaissances en
génie de l’environnement leurs sont aussi utiles. Des connaissances en génie de
l’environnement sont nécessaires afin de rendre les procédés de production moins polluants
ou bien de mieux effectuer la mise au rebut ou ce qui est plus acceptable le recyclage des
matières. Pour effectuer ces taches, des connaissances en génie de l’environnement adaptées
au domaine d’activité sont encore requisses.
Il est possible de faire le même raisonnement en ce qui concerne l’extraction des ressources
naturelles. Dans ce domaine, l’ingénieur en génie minier (ou ingénieur des mines) est
habituellement le maitre d’œuvre. Il aura certainement besoin des connaissances spécifiques
en génie de l’environnement, afin de minimiser les effets négatifs de ses activités sur
l’environnement.

4
I.1. Génie de l’environnement versus science de l’environnement

Comment peut-on comparer la science de l’environnement et le génie de l’environnement ?


Le rôle d’un scientifique de l’environnement est de comprendre et de documenter les
processus qui régissent l’environnement. Cela comprend plusieurs activités :

a. Comprendre les interactions entre le milieu naturel et les organismes vivants ;


b. Comprendre, documenter et expliquer les effets des catastrophes naturelles (éruption
volcanique, tempêtes, réchauffement global, etc.) ;
c. Comprendre, documenter et expliquer les effets des activités humaines (rejet des eaux
usées, pollution atmosphérique, pluie acide, contamination de sols, etc.) ;
d. Sensibiliser la population et le gouvernement aux effets néfastes sur l’environnement ;
e. Exercer des pressions pour que des actions correctrices soient prises.

Lorsque la situation est inacceptable ou lorsqu’elle nécessite des actions correctrices on fait
appel à l’ingénieur. Son rôle est alors de trouver et mettre en place une solution qui permet de
résoudre le problème ou de réduire les effets des activités humaines sur l’environnement. Il y
a plusieurs niveaux de solution. Dans le passé on se contentait de déplacer le problème ;
déverser les substances polluantes loin de la population ou transformer les substances
polluantes en d’autres substances polluantes mais moins visibles ou moins dérangeantes. Cela
était possible parce que la population était moins importantes les quantités de polluants
produits étaient plus faibles, moins diversifiés et il y avait plus de place pour en disposer. Ce
type de solution n’est plus possible. On parle du syndrome NIMBY « Not In My Back Yard »
Personne ne veut que des polluants soient déversés ou entreposés prêt de chez lui. Il faut donc
trouver des solutions durables qui ont un faible impact sur l’environnement. Pour trouver de
telles solutions, il faut souvent utiliser des approches différentes telles que :

a. N’est plus faire l’activité polluante.


b. Réduire la quantité de rejets polluants.
c. Traiter les rejets polluants avant leur déversement dans l’environnement.
d. Recycler les déchets polluants.
e. Réutiliser les produits.
f. Modifier le procédé de production pour les rendre moins dommageables pour
l’environnement.

5
Le rôle de l’ingénieur est donc de trouver des solutions, en faire la conception, la construction
et la mise en exploitation. L’ingénieur doit tenir compte de plusieurs contraintes. La solution
doit permettre de poursuivre les activités, elle doit minimiser les effets négatifs pour
l’environnement tout en étant économique. Par exemple, l’ingénieur minier s’occupera des
problèmes posés par l’exploitation des mines ou par les rejets miniers. L’ingénieur chimiste
travaillera la solution des problèmes posés par l’industrie chimique ou pétrochimique.
L’ingénieur mécanique s’occupera de minimiser les rejets gazeux des voitures alors que
l’ingénieur industriel s’occupe des rejets de l’industrie manufacturière.

I.2. Histoire du génie de l’environnement

Le génie de l’environnement a vraiment pris son essor avec l’augmentation de la population


au 19e siècle. Ainsi, au début de ce siècle, les conditions sanitaires étaient sommaires. Par
exemple dans les grandes villes bien organisées on collectait les déjections dans un contenant
appelé « Honey bag » que l’on plaçait le long de la rue. Ce mélanges de liquides et solides
était collecté dans une citerne tirée par un cheval. Son contenu était déversé sous les terres
agricoles, le moins loin possible de la ville afin de minimiser les frais de transport. Toutes les
autres eaux et les déchets étaient déversés directement dans la rue ou autour de la maison. Il
est donc pas surprenant de constater qu’il y a eu des nombreuses épidémies durant cette
période. Les autorités soupçonner un lien entre les mauvaises conditions sanitaires et
l’éclosion de l’épidémie. Pour faire face à cette situation, Sir Edwin Chadwick propose de
drainer les eaux d’égout et de les évacuer loin de la ville de Londres. Il propose aussi de
sécuriser les lieux d’approvisionnement en eau potable. La construction du réseau d’égout a
été un défi important pour les ingénieurs en génie civil car cela n’avait jamais été fait. Il a
fallu tout inventer. Ce réseau d’égout collectait tout ce qui est possible de collecter soit les
eaux sanitaires provenant des maisons et des industries ainsi que les eaux de ruissellement
provenant de la pluie ou du drainage de terre. On croyait à l’époque que la dilution était une
solution. Avec le temps on s’est rendu compte que cela n’était pas le cas et qu’il fallait épurer
les eaux avant de les déverser dans l’environnement. Les premières usines d’épuration d’eau
ont été construites dans les années 1920. Au Québec (Canada), la plus part des usines
d’épuration datent de 1980.
En ce qui concerne la production et la distribution des eaux potables, les choses ont évolué un
peu plus rapidement. En effet, le lien avec la santé est beaucoup plus évident et surtout
l’aspect esthétique de l’eau influence beaucoup les consommateurs. Les premiers traitements

6
étaient essentiellement de la filtration et de la désinfection. La première filtration a été mise
en service en Écosse en 1804. L’objectif du traitement était essentiellement d’améliorer
l’aspect esthétique de l’eau. On utilisait alors une filtration lente. Les premières usines
modernes sont apparues aux Etats-Unis après 1880. La désinfection chimique débute en 1900.
La première filtration à grande échelle a été mise en service aux USA en 1909. Dans les pays
industrialisés l’épuration des eaux usées et le traitement des eaux potables sont en place et
fonctionnels. Il y a encore des ajustement à faire au niveau de la règlementation et de
l’exploitation de ces ouvrages. Des épidémies d’origine hydriques sont encore observées
même dans les pays industrialisés. Il faut donc améliorer les infrastructures, optimiser leur
exploitation et aussi les maintenir en bon état de fonctionnement. En ce qui concerne les pays
en voie de développement on note un retard important. La production d’eau potable et
l’épuration des eaux d’égouts ne sont pas complétées. Les épidémies et contaminations sont
plus fréquentes. Les maladies transmises par l’eau et d’origine hydrique affectent les millions
de personnes (Le choléra, la dysenterie, la fièvre typhoïde, la poliomyélite, les hépatites A et
E) . Il arrive souvent que les eaux des robinets ne soient pas potables. Dans la plupart de cas,
le manque des moyens financiers et de volonté politique est la cause de cette situation.
En RDC, presque toutes les eaux usées issues des différentes activités des habitants des
grandes villes comme Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani sont généralement déversées dans
les rivières, fleuve Congo et autres cours d’eau. Cela pollue considérablement
l’environnement. Pour lutter contre la pollution des eaux, les spécialistes encouragent
l’implantation des stations d’épuration d’eau dans toutes les grandes villes de la RDC. En
2011, seulement 21 % de la population de la RDC avait accès à l’eau potable (PNUD, 2011)
et cette proportion chute à 12 % en milieu rural. Lors de la célébration de de la journée
internationale de l'eau en Mars 2020, le ministère congolais des Ressources hydrauliques, a
reconnu que « seuls 35,5% des congolais (36 193 107 congolais) avait accès facile à l'eau
potable en RDC en 20231 ».
En ce qui concerne la qualité de l’air, les conséquences de la pollution se sont fait sentir plus
tard, les règlements et actions correctrices sont donc récents. La principale cause de la
pollution de l’air est la combustion du bois, charbon et des hydrocarbures. C’est un problème
qui a donc toujours existé. Par contre, il est devenu intolérable vers 1950. La combinaison de
conditions atmosphériques défavorables et l’émissions importantes de fumée ou de poussières
ont conduit à des catastrophes dans plusieurs villes et état (Meuse, Londres, Pennsylvanie,

1
Selon la Regideso RDC

7
etc). Une première loi sur les résidus de combustion a été votée en Angleterre en 1952. Cette
loi favorisait la dilution. En effet elle a conduit à une augmentation de la hauteur de cheminée.
Il est à noter que contrairement aux eaux usées, il n’est pas possible de collecter toutes les
émissions gazeuses et de les diriger vers un centre de traitement unique. Il faut les traiter sur
le site.
Le contrôle et la disposition des déchets dangereux a pris de l’importance à cause de
l’accroissement de l’industrie chimique. La quantité, la diversité et la toxicité des produits ont
augmenté. Avant 1970, on se débarrassait de ces produits de la façon suivante :

a. Déversement dans les décharges municipales ;


b. Déversement dans les réseaux de collecte des eaux usées ;
c. Entreposage mal contrôlé ;
d. Déversement sur le sol, dans les puits, ou dans les cours d’eau.

Actuellement, nous tentons :

a. De décontaminer les sites,


b. De trouver et mettre en place des méthodes de traitement et des dispositions
sécuritaires pour la population et l’environnement.
Il est à noter qu’un déchet dangereux a au moins une des caractéristiques suivantes : corrosif
(pH élevé ou faible) ; inflammable ; réactif (peut causer une explosion) ; toxique.

Depuis quelques années, dans la perspective de développement durable, on favorise


l’approche par cycle de vie. C’est une approche qui tient compte de l’ensemble des activités
liées à un produit. Ainsi, on tient compte de tous les aspects qui peuvent avoir un effet sur
l’environnement tant au niveau de la conception, de l’utilisation et de la disposition du
produit. Par exemple, lors de la conception, l’ingénieur prévoit la récupération et la
réutilisation de certains produits très dommageables pour l’environnement. A ce stade, il est
capital de souligner l’importance de la règlementation. C’est le moteur du développement
environnemental.
En effet, peu des personnes sont prêtes à faire les travaux de protection de l’environnement si
elles ne sont pas forcées. Elles croient que l’environnement est du domaine public. Le bien
public appartient à tout le monde et donc à personne en particulier. C’est la confrontation du

8
bien personnel versus le bien collectif. La protection du bien public doit être prise en charge
par les gouvernements. Ce qu’ils font par l’intermédiaire de la règlementation.

I.3. Approche utilisée dans ce cours

Dans ce cours sur l’environnement et développement durable nous allons parler de quelques
composantes de l’environnement, des notions essentielles sur l’étude des impacts sur
l’environnement, du concept de développement durable.
Ce cours, s’adressant principalement à des étudiants en ingénierie, devrait permettre
l’acquisition des connaissances techniques afin d’exercer des activités professionnelles,
cohérentes et éclairées. Il devrait aussi favoriser le développement d’une éthique
environnementale nécessaire pour l’exercice de la profession d’ingénieur dans les secteurs
minier et industriel. Un cours plus approfondi sur l’environnement et la gestion des rejets
miniers suivra dans le cursus universitaire des étudiants candidats ingénieurs des mines.

9
CHAPITRE II. QUELQUES COMPOSANTES DE L'ENVIRONNEMENT

II. 1. Environnement
Il tire son originaire du environner, il a 3 définitions principales :
1. ce qui nous entoure, qui constitue le voisinage
2. l'entourage habituel d'une personne, milieu dans lequel il vit
3. l'ensemble des éléments naturels et artificiels qui conditionnent la vie humaine.
Le Grand Robert se fait plus précis : Ensemble des conditions naturelles (physiques,
chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) susceptibles d’agir sur les organismes
vivants et les activités humaines.
Le tableau 1 représente les relations qu’entretient l'être humain, seul ou en société, avec son
milieu. Nous divisons l'environnement en quatre ensembles des composantes 2:

• Composantes biophysiques : les éléments naturels tels que la topographie, le climat, la


flore et la faune
• Composantes structurelles : les éléments qui établissent la base de fonctionnement des
communautés.
• Composantes d’activités : l’ensemble des places et des lieux d’interaction sociales.
• Composantes générales de la communauté : Les éléments grâce auxquels on peut
envisager les communautés comme des entités cohérentes aptes à fournir certains
services et faisant preuve de certaines qualités : les biens (variété, durabilité, beauté
etc), les services (organisation sanitaire et de la sécurité, structures de loisir, services
économiques, services publics, la structure de confort, les institutions spirituelles, les
institution publiques (fonctionnalité, degrés de protection de l’environnement).
Les relations que l’être humain entretient avec l’environnement insufflent une dynamique
au système. Ces relations peuvent être affectives-sensorielles ou fonctionnelle (André et
Bitondo, 2002 cité par Delisle et al., 2010). Elles varies selon les caractéristiques
individuelles : âge, sexe, scolarité, revenu, origine ethnique).

2
Inspiré de Milbrath (1979) cité par Delisle et al. (2010).
10
Tableau 1 : un modèle conceptuel des relations entre l’être humain et son environnement (tiré
et modifié de Delisle et al., 2010)

Composantes
Composantes de Composantes Composantes Composantes
générales de la
l’environnement biophysiques structurelles d’activités
communauté
Qualité de l’air Habitants École Biens
Qualité de l’eau Paysages Lieu de travail Services
Ambiance sonore Lieu de repos Conforts
Relations à
Affectives-sensorielles Fonctionnelles
l’environnement
Tranquillités Pollutions
Sécurités Aménagement
Esthétique Nuisances
Sociabilité Rapports culturels

Par ailleurs, l’environnement est un concept à l'échelle multiple (tableau 2). Par micro-
environnement, on désigne l’environnement de plus petite dimension, à l’échelle ou de la
famille. Le méso-environnement va de pair avec un groupe élargi d’intérêt commun, d’ordre
culturel, social, économique ou autre. Enfin, les problèmes globaux tels le changement
climatiques ont trait au macro-environnement et concerne l’ensemble de l’humanité.

Tableau 2 : Les échelles de l’environnement (tiré et modifié de Delisle et al., 2010)

Echelle Système de reference Exemple des projets


Micro-environnement Un individu Construction d’une maison
Milieu de vie Un groupe restreint Aménagement des parcs
Résidence
Quotidien
Méso-environnement Un groupe élargi d’intérêt Construction d’un barrage à des fins de
Ville commun (culture, social, production de l’énergie
Région économie,…)
L’état
Macro-environnement La société La lutte contre la désertification
Le continent L’espèce humaine La lutte contre le changement climatique
La terre Protection de la couche d’ozone

11
II.2. Eau et hydrosphère

L'eau est abondante sur la terre, on compte un volume totale d'environ 1,4×1018 m3. C'est
suffisant pour supporter toutes les activités humaines. Malheureusement, sa répartition
spatiale et temporelle n'est pas uniforme. Certaines régions en reçoivent trop et d'autres pas
assez. La qualité de l'eau est affectée dès sa formation. Elle est en contact avec les gaz de
l'atmosphère et par la suite avec le sol sur lequel elle ruisselle. Une variable importante qui
explique plusieurs variations de qualité est le temps de séjour d’abord avec l'atmosphère
ensuite avec le sol. Des temps de séjours moyens sont représentés au tableau 3 :

Tableau 3 :Temps de séjour caractéristiques de l’eau (tiré de Desjardin, 2015)

Endroit de l'hydrosphère Temps de séjour caractéristique

Atmosphère 9 jours

Rivières 2 semaines

Humidité du sol 1 mois

Grands lacs 10 ans

Eau souterraine peut profonde 10 000 et plus

Couches dans l'océan 120 ans

Grands oceans 3000 ans

Eaux souterraines profondes Jusqu'à 10 000 ans

Glace de l'antarctique 10 000 et plus

L'air et l'eau ont certaines caractéristiques physiques en génie de l'environnement (voir


tableaux 4 et 5.
Il est important de noter que la plupart de ces caractéristiques varient avec la température. Les
valeurs de la masse volumique et de la viscosité en fonction de la température sont présentées
au tableau 3. La masse volumique de l'eau est maximale à une température voisine de 5°C. La

12
masse volumique de l'eau diminue quand la température augmente. Sa viscosité augmente
avec la baisse de la température, c’est qui explique l’augmentation de la friction.

Tableau 4 : Quelques propriétés de l’eau à 20 °C (Tiré de Desjardin, 2015)

Propriétés Symboles Valeurs

Masse volumique ρ 998 kg/m3

Viscosité dynamique µ 1,0 x 10-3 kg/m s

Viscosité cinématique ν 1,0 x 10-6 m2 s

Pression de vapeur d'eau P0 H2O 2316 Pa

Oxygène dissous DO Sat 9,0 mg/L (à 20 °C, a atm, 21% O2)

Concentration molaire [H2O] 55,55 mol/L

Tableau 5 : Quelques propriétés de l’eau en fonction de la température (Tiré de Desjardin,


2015)

Température Masse volumique Viscosité dynamique Viscosité cinématique


(°C) (ρ) (kg/m3) (µ) (kg/m s) (ν) (m2 /s)
0 999,8 1,78 x 10-3 1,78 x 10-6
5 1 000 1,52 x 10-3 1,52 x 10-6
10 999,7 1,31 x 10-3 1,31 x 10-6
15 999,1 1,14 x 10-3 1,14 x 10-6
20 998,2 1,00 x 10-3 1,00 x 10-6
25 997,0 0,89 x 10-3 0,89 x 10-6
30 995,7 0,80 x 10-3 0,80 x 10-6
40 992,2 0,65 x 10-3 0,65 x 10-6

II.3. L'air et l'atmosphère


L'atmosphère contient les 5 principaux gaz suivants : Azote (N2), oxygène (O2), argon (Ar) ,
gaz carbonique (CO2) et la vapeur d’eau (H2O) ainsi que des impuretés. Les concentrations

13
des impuretés sont généralement trop faible pour affecter les concentrations des gaz
principaux. Les concentrations de gaz principaux sont présentées au tableau 6.

Tableau 6: Concentration des principaux gaz dans l’atmosphère (Tiré de Desjardin, 2015)

Gaz Masse volumique % dans l'air sec

Azote (N2) 28 78,08

Oxygène (O2) 32 20,95

Argon (Ar) 40 0,93

Dioxyde de carbone (CO2) 44 0,035

Vapeur d’eau (H2O) 18 Variable

Les proportions d’azote, oxygène et argon dans l'atmosphère sont constantes dans l'espace et
dans le temps, du moins lorsque l'échelle du temps est inférieur au siècle. Par contre, nous
observons que la concentration de CO2 augmente de 0,5% par année. Cela serait causée en
grande partie, par la déforestation et par l’utilisation accrue des combustibles fossiles. Enfin,
la vapeur d'eau peut varier de 0 dans l'air sec à quelque % dans l'air humide. Dans presque
tous les cas, en génie de l’environnement l’air est considéré comme un gaz parfait. Il respecte
donc l’équation :

PV = nRT
n : nombre de moles (mole) ;
V : Volume de gaz (m3) ;
P : Pression de gaz (atm) ;
T : Température (Kelvin, K) ;
R : Constante de gaz parfaits ( 82 x 10-6 m3 . atm/mol . K).

Exercice

14
II.3.1 Pression partielle
Avec les gaz parfait, on peut exprimer les concentration ou les fractions molaires en terme de
pressions partielles. Lorsque le volume de gaz et sa température sont constants on peut écrire :
P = ∑ Pi
Pi= niRT/V et P = nRT/V
Pi/P = ni/n = Yi
Où :
Yi : Fraction molaire de la substance i
ni : Nombre de mole de la substance i
n : Nombre total de mole
Pi : Pression partielle de la substance i
P : Pression totale du gaz

Exercice

II.3.2 Relation entre les concentrations massiques Ci, les concentrations molaires ni/V et
les fractions molaires Yi

Ci = Mmi x ni/V et Yi = ni/n → Ci = Yi Mmi n/V


n/v = P/RT
Ci = Yi Mmi x (P/RT)

Exercice

L’atmosphère peut être divisé en plusieurs couches ; la troposphère, la stratosphère, la


mésosphère, la thermosphère, l’exosphère et l’ionosphère. En génie de l’environnement on
s’intéresse surtout à la troposphère. C’est la couche qui affecte le plus la vie sur terre.
Cependant la baisse de l’ozone (O3) dans la stratosphère et ses effets sur la vie terrestre tend à
faire élargir le champs d’activité du génie de l’environnement. Le rôle de l’atmosphère est
multiple et essentiel à la biosphère. L’atmosphère transmet la plus part des rayons solaires
tout en bloquant le rayonnement infrarouge émis par la terre. C’est la cause de l’effet de serre
qui a un effet bénéfique sur l’augmentation de la température à la surface de la terre.
L’atmosphère transmet de l’énergie des régions équatoriales vers les pôles à l’aide des vents,
de l’évaporation et de la condensation. C’est ce qui permet de limiter les variations de

15
température à la surface de la terre. L’atmosphère est le réservoir principal de plusieurs
substances essentielles à la vie telles que l’azote, l’oxygène, le dioxyde de carbone et l’eau.

II. 4. Les impuretés


Il y a des impuretés dans l'air, l'eau et le sol. On s'intéresse à ses impuretés pour plusieurs
raisons :
• Elles constituent un risque pour la santé humaine
• Elles affectent l'esthétique ( apparence, goût, odeur et couleur...)
• Elles ont un impact sur l'environnement.

Nous présentons dans cette section des principaux gaz dissouts dans l'eau, l’air et les
impuretés les plus intéressantes en génie de l'environnement.

Impuretés dans l'eau


• L’oxygène (O2) : c’est un gaz important car il supporte la vie. De plus il est à la base
de plusieurs réactions d’oxydation
• Le méthane (CH4) : c’est le résultat de la décomposition anaérobique de la matière
organique. C’est ce que nous appelons un biogaz. Il a une bonne valeur calorifique.
Lorsqu’il s’accumule dans des endroits fermés, il devient explosif.
• L’ammoniac (NH4) : provient de la décomposition de la matière organique. C’est un
fertilisant qui peut, d’un côté consommer de l’oxygène et de l’autre favoriser la
croissance des plantes incluant les algues.
• L’acide sulfhydrique (H2S) : c’est un gaz très volatil qui résulte de la décomposition
anaérobique de la matière organique. Il peut être en concentration élevée dans les eaux
souterraines. Lorsque ces eaux sont mis en contact avec l’atmosphère, le H2S
s’échappe rapidement vers l’atmosphère. Il dégage une forte odeur d’œuf pourri.
• Le dioxyde de carbone (CO2) : ce gaz présent en quantité non négligeable dans
l’atmosphère, diffuse dans l’eau de pluie dès la formation des gouttes de pluie. Il
réagit ensuite avec l’eau et forme de l’acide carbonique, ce qui fait baisser le P H. Du
CO2 est aussi formé lors de la respiration aérobie des microorganismes.
• Les substance organiques : des substances organiques peuvent être dissous dans
l’eau. Ce sont toutes les impuretés qui contiennent du carbone à l’exception de CO,
CO2, HCO3-, CO32-, carbone élémentaire, diamant, graphite et le charbon.

16
• Les substances inorganiques : toutes les substances, à l’exclusion de la matière
organique sont des substances inorganiques.

Impuretés dans l'air


Les principales classes d'impuretés dans l'air sont:
• Les particules
• Les gaz organiques
• La vapeur d'eau

La vapeur d'eau n'est pas à proprement parlé un contaminant. Elle fait augmenter l'humidité
qui a un effet important sur le confort. A des valeurs extrêmes, cela peut affecter les activités
humaines.

a) les particules
On peut subdiviser les particules en 2 grands groupes : les petites particules (diamètre < à 2
µm) et les grosses particules issues de beaucoup plus des phénomènes mécaniques telles que
l’usure des freins de voitures, usure du pavage des routes, etc. Le vent sur les chantiers de
construction ou sur les exploitations agricoles peut aussi faire augmenter le nombre des
particules dans l’atmosphère. Elles peuvent aussi provenir de la combustion du bois, du
charbon ou de tout autre combustible. La plupart des particules fines sont des résultats des
réactions chimiques dans l'atmosphère telle que la condensation ou la précipitation. La
concentration des particules dans l’air est le nombre de particules par unité de volume de
l’air, par exemple 104 particules par mètre cube d’air et la masse volumique des particules
est la masse des particules divisée par les volumes des particules. Par exemple les grains de
sable dans un filtre ont une masse volumique de 2700 kg/m3. Le nombre de particules dans
l’air est habituellement très élevé, il peut être de l’ordre de 1010/cm3. Chaque particule à une
origine, une taille, une composition qui lui est propre. Il serait difficile de tenir compte de
toutes ces variables lors des mesures. On utilise donc des méthodes de mesure globale. Une
méthode ancienne est encore utilisée est la concentration totale des particules en suspension
soit TSP (Total Suspended Particles). C’est la masse totale des particules par unité de volume
d’air. Le résultat de cette mesure est fortement influencé par les grosses particules. Il est
difficile de faire le lien entre TSP et les effets sur la santé car ce sont surtout les petites
particules qui ont un effet sur la santé. Une méthode tenant compte de la taille des particules a

17
donc été proposée. On mesure toutes les particules qui ont un diamètre égal ou inférieur à une
taille x, c’est le PMx. La valeur de x est exprimée en micromètre. Deux variables sont souvent
utilisées le PM10 et PM25. Ex. Le PM10 représente la concentration de toutes les particules qui
ont un diamètre égale ou inférieur à 10 μm.

b) Les polluants gazeux organiques


Les polluants gazeux organiques peuvent être nombreux dans l’atmosphère, surtout au-dessus
des villes. Les concentrations de ces polluants sont de l’ordre du ppm ou même moins. Leurs
concentrations n’est donc pas suffisante pour affecter de façon notable la concentration de gaz
principaux constituants de l’atmosphère. Quatre polluants gazeux méritent une attention
particulière soit : 1) le monoxyde de carbone (CO), 2) le dioxyde d’azote (NO2), 3) le dioxyde
de soufre (SO2) et 4) l’ozone (O3).
En génie de l'environnement, le pH de l'eau varie habituellement de 0 à 10 selon le type d'eau
et le procédé de traitement utilisé.

II.5. caractéristiques importantes de l'eau


II.5.1 Le pH
On peut dire que l’eau est soluble dans l’eau. En effet, une fraction des molécules d’eau aura
tendance à se décomposer, on observe alors :
H2O → H+ + OH-
pH = -Log10 [H+]

L’eau est neutre à un pH de 7, elle est acide lorsque le pH est inférieur à 7 et basique à un pH
supérieur à 7. En génie de l’environnement, le pH varie habituellement entre 5 et 10, selon le
type d’eau et selon le procédé de traitement utilisé. C’est une variable très importante. Il est
donc important de pouvoir prédire les variations de pH en fonction des substances qui sont
dissoutes dans l’eau. Les substances qui ont le plus d’effet sur le pH sont les acides et les
bases.

II.5.2 Les ions dans l’eau


Les ions sont des atomes ou des molécules qui affichent une charge électrique. Les cations
sont les ions positifs alors que les anions sont les ions négatifs. Les principaux ions présents
dans les eaux naturelles sont présentés dans le tableau 7.

18
Tableau 7: Principaux ions dissous dans les eaux naturelles (Tiré de Desjardin, 2015)

Noms Symboles Eau de mer [M] Eau de rivière [mM]

Sodium Na+ 0,47 0,23


Magnésium Mg2+ 0,053 0,15
Calcium Ca2+ 0,01 0,33
Potassium K+ 0,01 0,03
Chlorure Cl- 0,55 0,16
Sulfate SO42- 0,028 0,07
Bicarbonate 0,0024 0,86

II.5.3 Électroneutralité d’une solution


Une solution ne peut pas avoir de charge électrique nette. On observe donc la relation
suivante :
∑ (Normalité des ions négatifs) = ∑ (normalité des ions positif)

∑ [anionsi] x Zi = ∑ [cationsi] x Zi en [mol/L], avec Zi le nombre des protons échangeables


dans les réactions acide-base ou nombre d’électron.

Cette expression est utile pour relier les concentration de tous les ions, pour vérifier si
l’analyse de l’eau est complète. Ou pour trouver une concentration manquante.

Exercice

II.5.4 Force ionique


La force ionique est une indication des interactions électrostatique entre les ions contenus
dans une eau. C’est une variable qui dépend de l’ensemble des ions présents dans une
solutions, elle est définie par l’expression suivante :
I = 1/2 ∑ [Ci] . Zi2

Les concentration Ci sont en mol/L, Zi est sans unité et I est en mol/L.

19
La force ionique n’est affectée que par les ions. Plus un ion a une charge électrique élevée,
plus il contribuera à la force ionique. La force ionique a une influence sur les constantes
d’équilibre.

II.5.5 Alcalinité
L'alcalinité d'eau peut être décrite de 3 façons suivantes:
• capacité d'une eau à neutraliser un acide
• la quantité des protons H+ qu'il faut ajouter à une eau pour faire baisser son pH à 4,5
• la somme des concentrations normales des ions bicarbonate, carbonate et hydroxyle
moins les protons

II.5.6 la dureté
Elle est causée par l'ensemble des ions positifs (cations) multivalents. Dans les eaux
naturelles, les deux ions positifs les plus abondants sont et . Les autres ions
positifs sont en concentration très faible à cause de leur abondance limitée dans la croûte
terrestre, soit parce que ces éléments sont très peu solubles dans l’eau. Comme règle générale,
nous considérons que la dureté totale est la somme des ions calcium et magnésium. Elle peut
être exprimée en mol/L ou en unité dérivées de la normalité (meq/L, mg CaCO3/L). On peut
classifier la dureté de la manière suivante :

a) (dureté totale)
b) (dureté calcique)
c) (dureté Magnésienne)
d) (dureté carbonatée ou dureté équivalente à la calcite)
e) (dureté non carbonatée ou dureté non équivalente à l’alcalinité)

Afin de déterminer les valeurs des duretés carbonatée et non carbonatée, il faut retrancher
l’alcalinité de la dureté totale, il faut prendre soin d’exprimer ces deux variables dans un
système d’unités basé sur la normalité. Le résultat de cette soustraction permet de déterminer
le type de dureté et sa valeur. Deux cas peuvent se présenter :

20
Cas 1 : la dureté totale est plus élevée que l’alcalinité. Dans ce cas, on calcule les duretés
carbonatée et non carbonatée de la façon suivante :
(DNC) = (DT)-(Alc)
(DC) = (Alc)

Cas 2 : L’alcalinité est plus élevée que la dureté totale. Dans ce cas, toute la dureté est
carbonatée, on a : (DC) = (DT) et (DNC) = 0

Exercice

II.5.7 la turbidité
La turbidité est causée par un ensemble des particules qui gênent le passage de la lumière.
Cela se traduit par une perte de transparence de l’eau. Le nombre et la taille des particules ont
un effet sur cette variable. Les tailles les plus efficaces pour disperser la lumière est de l'ordre
de 0,4 à 0,7µm. La turbidité affecte surtout l’aspect esthétique de l’eau. Il n’a pas été possible
d’établir une relation entre la turbidité et la salubrité de l’eau. Par contre c’est une variable
très utilisée pour le contrôle de la production d’eau potable. En effet il a été noté qu’une usine
qui arrête la turbidité arrête aussi les microorganismes. Enfin mentionnons que la turbidité
peut avoir un effet important sur les écosystèmes. Une augmentation importante de la
turbidité de l’eau d’une rivière peut limiter la pénétration de la lumière ce qui affecte plusieurs
organisme aquatiques. La plus part des particules qui affecte la turbidité sont d’origine
minérale.

II.5.8 la couleur
La couleur des eaux naturelles est causée en grande partie par la matière humique dissoute
dans l’eau. Cette matière est le résultat du contact de l’eau avec le débris organique tel que
des feuilles d’arbre, des aiguilles de conifères ou des sapins, du bois en décomposition. Les
particules causant la couleur sont donc d’origine organique avec une densité relative faible et
une charge électrique nette négative.

II.5.9 Les particules


Les unités de mesure des particules sont différentes dépendamment que l’on se trouve dans
l’air ou dans l’eau. Tel que vu précédemment, les concentrations des particules dans l’air sont

21
surtout exprimées en nombre des particules par unité de volume, par exemple 104 particules
par mètre cube d’air. Dans l’eau on utilise les concentrations massiques (g/m3).
Une caractéristique importante des particules est leur masse volumique. Les particules
minérales provenant de l’érosion des terres ont une masse volumique de l’ordre de 2500
kg/m3. Les matières organiques ont une masse volumique beaucoup plus faible, souvent
légèrement supérieur à 1000 kg/m3. A cause de la grande diversité des particules (tailles,
nature, etc.) nous utilisons surtout des mesures globales pour les quantifier et les qualifier.
Différents critères sont utilisés pour classifier les particules dans l’eau.

Les particules sédimentaires : Ce sont des particules qui ont un diamètre égal ou supérieur à
10 µm. On peut le retirer de l’eau facilement en utilisant un bassin de décantation.
Les particules filtrables : Ce sont toutes les particules qui sont retenus par un filtre qui a des
pores de 1,2 µm. Ces particules pourront être facilement enlevées en utilisant un filtre au
sable.
Les particules colloïdales : Ce sont toutes les particules qui passent à travers un filtre qui a
des pores de 1,2 µm.
Les particules volatiles : Ce sont des particules que l’on peut volatiliser par chauffage à 550
°C. La plus part de ces particules sont constituées des matières organiques qui servent de
nourritures à de nombreux microorganismes.
Les particules non volatiles : Ce sont les particules que nous ne pouvons pas volatiliser à une
température de 550 °C. Elles sont habituellement constituées de matières minérales.

L’ensemble des particules dans l’eau sont appelées matières en suspension (MES). Ces MES
sont divisées en plusieurs catégories, les principales sont :
• Total Solids (TS) : Toutes les matières solides quelles que soient leurs tailles
• Suspended Solids (SS) : Toutes les matières retenues sur un filtre ayant les pores de
1,2 µm.
• Total Dissolved Solids (TDS) : Toutes les matières qui passent à travers un filtre de
1,2 µm
• Total Volatile Solids (TVS) : Toutes les matières solides volatiles
• Volatile Suspended Solids (VSS) : Toutes les matières volatiles en suspension, c’est-à-
dire toutes les matières qui ont une taille supérieures à 1,2 µm

22
Il peut être difficile de faire la différence entre les matières dissoutes, particulièrement
organiques et inorganiques. Des hypothèses simplificatrices sont utilisées.

• Toutes les matières qui ont une taille inférieures à 1,2 µm sont considérées comme
étant dissoutes
• Toutes les matières qui ont une taille supérieures à 1,2 µm sont considérées comme
être des particules
• Un chauffage à 550 °C permet d’évaporer l’eau sans perdre les matières contenues
dans l’eau
• Un chauffage à 550 °C permet de volatiliser la matière organique sans perdre la
matière minérale.

La méthode est sommairement décrite par la figure reproduite ci-après :

Figure 1 : Diagramme illustrant la méthode de mesure des matières organiques (tirée de


Desjardin, 2015)

TS = MB/VA TDS = MG / VD SS = ME / VD

TVS = MB - MC / VA VSS = ME – MF / VD

23
II.5.10 Impuretés organiques
Ce sont toutes les substances qui contiennent du carbone à l’exception des impuretés
inorganiques définies précédemment. Cela représente plusieurs milliers de substances
différentes, d’origine naturelle ou humaine. La présence de ces impuretés en concentration
excessive peut avoir différentes conséquences : croissances de microorganismes,
consommation d’oxygène, risque pour l’environnement, risques sanitaires, dégagement de
mauvaises odeurs, interférence avec les procédés de traitement.
Les sources principales de matières organique dans les eaux des lacs et des rivières sont les
déversement d’eau d’égout non traitées. Ces eaux contiennent de la matière organique, des
nutriments et des microorganismes. Ces derniers consomment de la matière organique, des
nutriments et de l’oxygène. La baisse de l’oxygène est compensée par la diffusion à partir de
l’atmosphère. Lorsque la consommation d’oxygène dissous est trop rapide et importante, il se
développe des conditions anaérobiques dans l’eau. Cela peut avoir des effet catastrophiques
sur la faune aquatique. Il est possible de relier la consommation de matière organique à la
consommation d’oxygène. Cela est très utile car la mesure de l’oxygène dissous est beaucoup
plus facile à faire que la mesure de la matière organique. Il est possible d’établir une relation
entre la quantité de matière organique et la quantité de l’oxygène consommé durant une
certaine période. C’est ce qu’on appelle la demande en oxygène (DO).

Demande en oxygène (DO)


C’est la quantité totale d’oxygène nécessaire pour dégrader la matière organique dans une
eau. Afin que cette méthode de mesure soit valable, il faut s’assurer qu’il ait toujours
suffisamment d’oxygène pour supporter les microorganisme. La demande en oxygène dépend
alors seulement de la quantité de la matière organique contenue dans l’eau. Il y a plusieurs
façons de déterminer la DO. On peut le faire de façon théorique. On doit connaitre la formule
chimique de la substance contenue dans l’eau ainsi que l’équation chimique de sa réaction
avec l’oxygène dissous jusqu’à une oxydation complète soit jusqu’au CO2.

Exercice

Il est rare que nous connaissions, la formule chimique de toutes les substances contenues dans
une eau ainsi que toutes les réactions de ces substances avec l’oxygène. Dons pour les eaux
d’égout municipaux nous utiliserons habituellement une méthode globale basée sur la
consommation d’oxygène par les microorganismes. C’est ce que nous appelons la demande

24
biochimique en oxygène (DBO). Lorsque cette demande est mesurée pendant 5 jours nous la
nommons DBO5. La méthode de mesure de la DBO est basée sur certaines hypothèses :
• les microorganismes ne manquent jamais de l’oxygène,
• les microorganismes consomment à la fois de la matière organique et de l’oxygène. Il
y a donc un lien entre la consommation de l’oxygène et la consommation de la matière
organique. La baisse de l’oxygène est donc un bon indicateur de la quantité de la
matière organique qui a été consommée.
• Apres une période très longue, on suppose que toute la matière organique a été
consommée.

Pour bien comprendre cette méthode et bien interpréter les résultats, il faut avoir des notions
d’oxydation et de cinétique de réaction que nous verrez dans le cours de chimie.

II.5.11 Microorganismes
Par définition, les microorganismes sont tous les organismes vivants qui ont une taille
inférieure à 100 µm (0,100 mm). Ils sont très importants en génie de l’environnement. Ils
aident à dégrader la nourriture, à décomposer la matière organique, à recycler les nutriments,
à éliminer plusieurs polluants. Sans eux le cycle de la vie s’arrête. Certains microorganismes
sont pathogènes, ils peuvent causer des maladies chez l’humain ou chez les animaux. Les
principaux types de microorganismes sont les bactéries, les virus, les algues, les fongus et les
protozoaires.

1. Les bactéries : Sont très abondantes dans l’environnement. Elles ont une taille de
l’ordre de 1 µm. La plus part de ces microorganismes pathogènes proviennent des
excréments humains ou animaux. A l’intérieur de leurs hôtes, elles ont une espérance
de vie relativement courte, de l’ordre de quelques jours. De plus elles ne peuvent pas
s’y reproduire. Ces sont des bactéries que l’on peut inactiver facilement avec un
désinfectant chimique tel que le chlore. Afin de déterminer si une eau est potable on
recours aux indicateurs bactériens. Les plus utilisées sont les coliformes totaux et les
coliformes fécaux.
2. Les virus : Ces sont des fragments de molécules géniques entourés des protéines. Sans
une cellule hôte, ils ne peuvent pas se reproduire, générer de l’énergie ou faire d’autres
activités. Par contre ils peuvent survivre en état végétatif durant de longues périodes.

25
Pour se reproduire ils doivent donc infecter une cellule et en prendre le contrôle. Leur
taille varie de 0,1 à 0, 4 µm. Ils sont présents dans l’eau, l’air et les sols.
3. Les algues : Sont des microorganismes presque photo-autotrophes. Elles utilisent la
chlorophylle pour convertir le rayonnement solaire en énergie. Quoiqu’elles vivent
habituellement dans l’eau, on peut en trouver dans les sols. La plus part d’entre elles
ont une taille microscopique. Les algues jouent un rôle important dans le cycle de
carbone et de l’oxygène. De plus elles contribuent de façon importante au maintien de
différentes formes de vie dans les océans. A l’aide de la photosynthèse elles
consomment du CO2 et rejettent de l’O2. La croissance rapide et massives des algues,
aussi appelée « bloom algal » est la conséquence de déversement de nutriment dans
l’eau. Les principaux nutriments sont l’azote et le phosphore. Ces nutriments
proviennent en grande partie de déversement des eaux usées plus ou moins bien
traitées et du ruissellement sur les terres agricoles

Exercice

26
CHAPITRE. III DEFINITION ET MISE EN CONTEXTE DE L’ETUDE D’IMPACT
SUR L'ENVIRONNEMENT
L’étude d’impact sur l’environnement (EIE) dont il sera question dans ce chapitre, s’inscrit
dans un système intégré d’évaluation environnementale. Mais avant de présenter plus en
détails ce système intégré, il convient de définir et d’expliquer les termes qui seront utilisés
dans ce chapitre, soit ceux d’environnement, d’impact, d’évaluation.

III.1. Notions essentielles


L'expression évaluation des impacts sur l'environnement comprend 3 termes dont nous allons
préciser l'origine et le contenu. Le terme environnement a été défini à la section II.1 du
chapitre 2.
III.1.1. Impacts
De façon générale, un impact sur l'environnement peut se définir comme l'effet positif ou
négatif pendant un temps donné et sur un espace définit, d'une action humaine sur une
composante de l'environnement pris dans son sens large (c’est-à-dire englobant les aspect
biophysique et humaines), en comparaison de la situation advenant la non-réalisation du
projet (Wathern, 1988, cité par Delisle et al., 2010). Cette définition propose que
l’environnement peut être diviser en composantes elementaires. Elle neglige le fait qu’une
intervention planifiée peut avoir, globalement, des incidences sur l’environnement superieures
à celles de chacune de ses composantes. La définition plus globale d’un impact sur
l’environnement qui a été suggéré est la suivante : un effet , direct ou indirect, immediat ou à
long terme, d’une intervention planifiée (projet, programme, plan ou politique) sur un
environnement decrit comme un système organisé, dynamique et evolutif où les êtres vivants
s’activent, où les activités humaines ont lieu et où des rélations affectivessensorielles et
fonctionnelles s’expriment. Ces effet se manifestent dans un intervalle de temps donné et sur
une aire géographique definie.
La figure 2 illustre le defi que represente la mesure d’un impact. Létude d’impact est réalisé à
l’étape de l’avant-projet, moment auquel les plans definitif du projet ne sont pas encore arrêté.
Cette étape se situe, en particulier dans le cas de grands projets, quelques années avant la
réalisation de l’intervention. Ainsi l’EIE se fonde sur une connaissance du milieu au temps t0,
et sur l’estimation bien incertaine de l’évolution de cet indicateur dans le temps. La grandeur
de l’impact (la seule dimension graphiquement representable) telle que refletée par cet
indicateur est relié de facon causale au projet, pourrait correspondre à la différence entre la
situation projetée de cet indicateur au temps t2 avec le projet et sans le projet (I3 – I2);

27
comparer la situation projetée avec le projet en opération (I3) à la situation actuelle (I0) aurait
pour consequence d’accroitre demesurement l’impact de l’intervention dans le cas où la
valeur de l’indicateur augmente dans le temps, que le projet ait lieu ou non. Mais quelle que
soit la tendance de l’indicateur et la grandeur de l’impact, une telle comparaison tient pour
acquis que le système environnemental qui accueillera le projet est statique ou neglige
l’intervalle de temps entre l’évaluation des impacts et l’opération de l’intervention proposée,
comme si celui-ci tendait vers 0. Ces deux hypothèses sont peu réalistes pour les projets
d’envergure, qui ne sont parfois complété que 5 ou 10 ans après que l’étude d’impact a été
produite et le projet autorisé. Enfin, la période de temps considerée comme situation future en
cours d’opération est particulièrement critique puisqu’elle peut occulter un impact significatif
si elle est trop longue. Par ailleurs, plus l’échelle temporelle des prédictions est grande, plus
l’incertitude des éstimés augmente.

Figure 2 : Évolution temporelle d’un indicateur environnemental avec et sans réalisation du


projet (tiré et modifié de Delisle et al., 2010)

I0 : situation existante au moment de l’EIE


I1 : situation projetée au moment de la construction du projet
I2 : situation projetée sans projet
I3 : situation projetée avec le projet en opération

28
Nous reconnaissons à la notion d’impact trois dimensions principales : la grandeur,
l’importance et la signification (Figure 3). La grandeur d’un impact désigne le changement
de la mesure d’une variable de l’environnement dans lequel s’insère un projet. Cette grandeur
peut consister en une mesure (ex. la superficie d’un peuplement forestier inondé par la mise
en eau d’un barrage) ou en une prédiction (ex. l’accroissement du niveau sonore suite à la
construction d’un projet routier. L’importance d’un impact constitue pour sa part un
jugement porté par l’expert sur l’importance des modifications anticipées qui tient compte du
contexte d’insertion spatiale et temporel du projet. Ce jugement peut s’appuyer sur différents
critères, dont les principaux sont mentionnés au tableau 8. La troisième dimension est la
signification d’un impact. Il s’agit de la valeur variable qu’accorde chacun des acteurs aux
deux caractéristiques précédentes. Pour les communautés locales, elle est le reflet de
l’appropriation de leur espace de vie, de la façon dont elles y vivent, dont elles le perçoivent
et désirent le voir évoluer.

Figure 3 : Évaluation des dimensions d’un impact selon une échelle d’objectivité –
subjectivité (modifié de Delisle et al., 2010)

En plus de ces trois dimensions, un impact peut porter un ensemble des qualificatifs :
1. Un impact direct c'est une relation de cause à effet entre une composante du projet et un
élément de l'environnement.
2. Un impact indirect : découle d'un impact direct et lui succède dans une chaîne de
conséquences.

29
Ex: la contamination des poissons par le CN.
3. Un impact cumulatif : c'est le résultat d’une combinaison d’impacts généré par un même
projet ou par plusieurs projets dans le temps (passé, présent ou avenir).
4. Un impact résiduel : c'est qui reste après l’application d’une mesure d'atténuation.

Exemples pour chaque type d’impact

III.1.2. Évaluation
Evaluer les impacts apparaît comme un art essentiellement subjectif qui consiste à porter un
jugement des valeurs sur le degré d'influence qu'aura une activité sur l'environnement et sur
l'importance des conséquences de l'ensemble du projet sur l'environnement.
Ces jugements en E.I.E doit cependant être fondés, c'est-à-dire s'appuyer sur une connaissance
du milieu (mesures, observations etc.) des connaissances scientifiques et du savoir
traditionnel.

Figure 4 : La science, l’incertitude et la décision (tiré et modifié de Delisle et al., 2010)

La figure 4 ci-dessus illustre les conséquences du choix du modèle évaluatif sur la décision.
Une expérience concluante est un type d’expérience analytique caractéristique de la physique
mécanique et de la chimie analytique, par exemple ; son résultat, fondé sur l'expérience et les
modèles reconnus, est très prévisible exempte d'incertitude et généralement indiscutable.

30
A l'opposé, un jugement purement intuitif porté sur un milieu et les conséquences d'une
innervations sur ce milieu posé sans cueillette des données, qu'elles soient anciennes ou
récentes donnent des résultats habituellement discutable, empreints d'une grande incertitude,
qui laisse aux décideurs l’entière latitude pour prendre une décision.

III.2. Évaluation des impacts sur l'environnement et Évaluation Environnementale

L'EIE ou encre l'étude des impacts sur l'environnement ou évaluation environnementale est
une procédure d'examen des conséquences anticipées tant bénéfique que néfaste, d'un impact
sur l'environnement dont le but est de s'assurer que ces conséquences sont dûment pris en
compte dans la conception du dit projet. L’EIE tient compte à la fois des impacts biophysique
et des impacts humains. Elle inclut toute une gamme d’évaluations spécialisées, comme celles
portant sur les impacts sociaux, les impacts économiques, les impacts sur la santé, et l’analyse
de risque qui sont conduit dans le cadre de l’évaluation des projets. L'évaluation
environnementale se compose d'un ensemble des processus qui vise la prise en compte de
l'environnement dans la planification ou le développement d'opération des projets, des
programmes, des plans ou politiques. Avant de traiter plus en détails des EIE, voyons
rapidement l’utilité et le contexte d’application de chacun des autres processus composant le
système d’évaluation environnementale.

Les études et stratégies environnementales (ESE) donnent lieu à des analyses


multisectorielles globales de l’environnement. Elles supposent l’examen de l’évolution dans
le domaine de la qualité de l’environnement et de l’utilisation des ressources naturelles, ainsi
que l’analyse des problèmes d’ordre juridique, économique, social et institutionnel que pose
la gestion de ces ressources.

L’évaluation environnementale stratégique (EES) se définit comme un processus


d'évaluation et d'examens des politiques, plans et programmes ou d'autres initiatives en amont
du projet.

31
Tableau 8 : La gamme des processus de l’évaluation environnementale (Delisle et al., 2010)

Processus Contexte d’application


Etat de l’environnement et de sa gestion à différentes
Etude et strategies environnementales (ESE) échelles
Plan d’action environnemental
Programmes, plans et politiques

Evaluation environnementale stratégique (EES) Secteurs (énergies, mines, tourismes,…)

Investissements régionaux
Energie et matériaux utilisés et émis dans l’environnement
Analyse du cycle de vie
depuis la conception d’un produit jusqu’à son élimination
Activité de planification, de construction ou de
modernisation
Système de gestion environnementale
Conformité des opérations avec les lois, règlements,
programme ISO 14000

L'évaluation du cycle de vie qui est un processus de niveau stratégique a plusieurs fonctions
• Évaluer les pressions environnementales associées à un produit, à un processus ou une
activité en établissant et en quantifier l'énergie et les matériaux utilisés et relâchés
dans l'environnement.
• procédé à EIE de cette énergie et ces matériaux
• déterminer et évaluer les possibilités d'apporter les améliorations environnementales.
Le processus de cycle de vie entier du produit, du procédé industriel et des services, y compris
l’extraction et le traitement des matières première ; leur manufacture, leur transport et leur
distribution ; leur usage, leur réutilisation et leur entretien ; enfin, le recyclage et leur
disposition finale.

III.4 Cas de la République Démocratique du Congo

En RDC, l’octroi des droits miniers ou de carrières et de la délivrance des droits miniers et de
carrière est soumis à la réalisation par le demandeur d’une Étude d’Impact Environnemental
et social (EIES) et à la présentation du plan de Gestion Environnemental et Social (PGES)
(Article 42 : De l’instruction environnementale et sociale (modifié et complété par l’article 2
de la Loi n° 18/001 du 09 mars 2018 modifiant et complétant la Loi n° 007/2002 du 11 juillet
2002 portant Code minier).

32
L’Agence Congolaise de l’Environnement, le Fonds national de promotion et de service
social, en collaboration avec la Direction chargée de la protection de l’environnement minier
et, le cas échéant, tout autre organisme de l’Etat concerné, sont chargés d’instruire l’EIES et
le PGES relatifs à la demande de droit minier d’exploitation ou de l’autorisation
d’exploitation de carrière permanente, le plan d’Atténuation et de Réhabilitation (PAR) relatif
à une demande d’autorisation d’exploitation de carrière temporaire, le dossier de la demande
de transfert du droit minier ou de l’autorisation d’exploitation de carrières permanente, ainsi
que le plan pour la contribution du projet au développement des communautés environnantes.
Le certificat environnemental est délivré par l’Agence Congolaise de l’Environnement à
l’issue de l’instruction environnementale et sociale attestant que l’exécution du projet ainsi
que l’exploitation de l’ouvrage se conforment aux principes de sauvegarde environnementale
et sociale.
En outre, toute personne qui, pour les besoins d’une activité minière, est contrainte de
déboiser une portion de forêt, est tenue au préalable d’obtenir à cet effet un permis de
déboisement auprès de l’administration compétente.

Quelques définitions3 :

EIES, Étude d’Impact Environnemental et Social : processus systématique


d’identification, de prévision, d’évaluation et de réduction des effets physiques, écologiques,
esthétiques et sociaux préalable au projet d’aménagement, d’ouvrage, d’équipement,
d’installation ou d’implantation d’une exploitation minière ou de carrière permanente, ou
d’une entité de traitement, et permettant d’en apprécier les conséquences directes ou
indirectes sur l’environnement

PGES, Plan de Gestion Environnementale et Sociale : cahier des charges


environnementales du projet minier consistant en un programme de mise en œuvre et de suivi
des mesures envisagées par l’EIES pour supprimer, réduire et éventuellement compenser les
conséquences dommageables du projet minier sur l’environnement ;

3
Tirées de de la Loi n° 18/001 du 09 mars 2018 modifiant et complétant la Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002
portant Code minier

33
plan d’Atténuation et de Réhabilitation, PAR en sigle, : le plan requis pour les opérations
en vertu d’un droit minier ou de carrières de recherches, ou d’une Autorisation d’Exploitation
de Carrière Temporaire, consistant en l’engagement du titulaire de réaliser certaines mesures
d’atténuation des impacts de son activité sur l’environnement ainsi que des mesures de
réhabilitation du lieu de leur implantation, y compris l’engagement du titulaire, de fournir ou
de constituer une sûreté financière pour assurer ou garantir le coût d’atténuation et de
réhabilitation de l’environnemental.
Exemple des plan respectivement de EIES et du PAR du projet d’exploitation de cuivre et de
cobalt de Tenke-Fungurume en RDC. Réalisé en 2007 par la Banque Africaine de
Développement.

34
35
CHAPITRE IV. DÉVELOPPEMENT DURABLE

IV.1 Définition, principe et mise en contexte

Le concept de développement durable (subtainable development) a fait son apparition dans les
années 1980, en réaction aux séquelles bien visible sur la nature et l'être humain d’un
développement irrespectueux des limites des ressources naturelles et de la capacité du support
du milieu mais, aussi en réaction aux échecs des modèles traditionnels à se traduire en
développement social. La commission mondiale sur l'environnement et le développement
durable (CMED), promoteur du concept à l'échelle internationale, le définit comme un
développement qui répond aux besoins des générations actuelles, sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs (CMED, 1988)4. Cette commission a
propulsé le concept développement durable dans toutes les sphères notamment le
gouvernement des pays industrialisés en transition et en développement, partis politiques,
banques, grandes entreprise, syndicats, ONG, l'ont accaparé et redéfinit en fonction de leurs
propres préoccupations. Pour la CMED, la réalisation d'un développement durable passait par
des profondes transformations sociales. Elle exigeait la satisfaction des besoins essentiels
pour tous, l'utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles les maintiens et la
sauvegarde des éco- systèmes et des processus qui régissent la vie, la coopération des peuples
et la solidarité entre la génération actuelle et future.

Dans ce chapitre, nous retracerons tout d'abord l'histoire et le développement du concept du


développement durable. Ensuite, nous illustrerons ses diverses représentations et
appropriations, et nous apprécierons ce qu'il a entrainé comme innovation dans différents
domaines. Enfin, nous exposerons l'historique et la progression de l'évaluation
environnementale en lien avec le développement durable.

IV.2 Perspective historique

On peut affirmer que l'histoire de développement durable a un lien étroit avec le mouvement
de protection de l'environnement de la seconde moitié du 20ième siècle. Nous n’entendons pas
qu’il n’y pas eu des préoccupations environnementales au cours des décennies précédentes. Il

4
Le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développements, Notre avenir à
tous est disponible en ligne sur le site fr.wikisource.org.
36
s’agit plutôt de constater que l'effort international de réconciliation entre la société, le
développement et l'environnement remonte environ 50 ans. Le point de départ de l’action
environnementale à l’échelle mondiale est très certainement la Conférence de Nations Unies
sur l'environnement humain de Stockholm tenue en 1972 avec la participation de 113 pays.
Cette première réunion mondiale pour l'homme et son milieu a atteint l'objectif d'inscrire
l'environnement à l'ordre du jour. La conférence propose un plan de lutte contre les pollutions
et prend position pour une protection vigilante des ressources naturelles ; Elle propose
également un plan d'action contre le sous-développement. Les signataires de la Déclaration
issue de cette conférence insistent sur l’importance de prendre en compte les questions
environnementales dans la planification et d’ouvrer de façon à protéger et a améliorer la
qualité de l’environnement. Il s'agit d'une nouvelle stratégie fondée sur une utilisation
judicieuse des ressources humaines et naturelles à l'échelle locale et régionale, stratégie qui
donnera naissance au concept d’écodéveloppement qui se définit comme « des styles de
développement écologiquement convenable ».
L'Assemblée générale des Nations Unies adopta par résolution (Résolution 37/7 du 28 oct
1982) la Charte Mondiale de la Nature. Le Principe 11 de cette Charte stipule entre autre que:
les activités pouvant avoir un impact sur la nature seront contrôlées et les meilleures
techniques disponibles, susceptibles de diminuer l’importance des risques ou d'autres effets
nuisibles sur la nature, seront employées en particulier: a) les activités qui risquent de causer
les dommages irréversibles à la nature seront évitées ; b) les activités comportant un degré
élevé de risque pour la nature seront précédées d’un examen approfondi et leurs promoteurs
devront prouver que les bénéfices escomptés l'emportent sous les dommages éventuels pour la
nature et, lorsque les effets nuisibles éventuels de ses activités ne sont qu'imparfaitement
connus, ces dernières ne devraient pas entreprises ; c) les activités pouvant perturbées la
nature seront précédées d'une évaluation de leurs conséquences et des études concernant
l'impact sur la nature des projets de développement seront menées suffisamment à l'avance ;
au cas où elles seraient entreprises, elles devront être planifiées et exécutées de façon à
réduire au maximum les effets nuisibles qui pourraient en résulter.
Lors de la rencontre de Nairobi en 19825 soit 10 ans après la conférence de Stockholm les
pressions du pays du sud ont amené les Nations Unies à créer, par la résolution 38/161 de
1983, la Commission mondiale sur l'environnement et le développement (CMED). Cette
commission a reçu le mandat de proposer en termes claires les stratégies pour apporter une

5
Voir la Déclaration sur le site du PNUD, www.unep.org
37
solution durable à la gestion de savoir comment satisfaire les besoins et les aspirations de
l'humanité actuelle sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux
leurs. Le rapport, publié en 1987 (CMED, 1988), dresse la liste des problèmes
environnementaux les plus important qui menacent et entravent le développement des
nombreux pays du Sud ; il souligne la nécessité de diminuer la consommation des ressources,
surtout énergétiques dans les pays industrialisés. La commission préconise l'adoption
immédiate des mesures politiques décisives pour gérer les ressources de manière à assurer un
progrès durable et à garantir la survie de l'humanité. Elle définit alors le concept de
développement durable. Ce concept, qui exclut les positions radicales tant écologiques
qu’économistes, a reçu un excellent accueil à l’échelle mondiale ; il propose en fait un
compromis acceptable pour tous, bien que sa mise en application s’avère extrêmement
difficile et qu’elle requière des changement radicaux de mentalité et de comportement. La
protection de l'environnement devient alors une priorité internationale qui exige une vaste
redistribution des ressources financières, scientifiques et techniques à l'échelle planétaire et la
mise en œuvre d'un certain nombre impératif stratégique pour un développement durable.

Afin de concrétiser les engagements internationaux envers le développement durable, le


Sommet de la Terre tenue à Rio en 1992, a réuni 150 chefs d'État. L'objectif principal du
sommet consiste à faire entrer l'environnement au cœur de processus des décisions. La
Déclaration à Rio a établi 20 principes généraux, et 3 conventions en ont écoulées. La premier
est la Convention cadre des États Unis sur le changement climatique, dont la mise en œuvre
prend forme avec le protocole de Kyoto, signé en 1997. Ce dernier fixe des engagements de
réduction des émissions des gaz à effet de serre pour les pays industrialisés. La deuxième, la
Convention sur la diversité biologique vise à protéger l’ensemble de la diversité du vivant (au
regard des gènes des espèces et des écosystèmes). Elle a donné lieu à la signature du protocole
de Carthagène sur la biosécurité. Le Sommet de Rio a aussi donné naissance à l'Agenda 21,
un vaste programme d'action fixant les objectifs et décrivant des moyens et des politiques
volontaires à mettre en place dans tous les domaines de la société pour atteindre un
développement durable6. Le Forum Rio+5, en 1997, a porté un regard sur l’évolution de la
situation depuis Rio et a relancé les actions promouvant la concrétisation du développement
durable. Il y a eu peu de résultats concrets et il a reçu peu d’attention. Il faut attendre Rio+10,
mieux connu comme le Sommet de Johannesburg (septembre 2002) ou Sommet mondial sur

6
On peut trouver le texte de l’Agenda 21 à www.agora21.org.
38
le développement durable (SMDD7), pour procéder à un bilan des engagements pris à Rio.
L'objectif du sommet était d'évaluer les réalisations s'inscrivant dans le cadre d’Agenda 21 et
les autres textes issus du sommet de Rio ainsi que de recenser les domaines où il faut faire des
efforts supplémentaires afin de réaliser leur mise en œuvre.
A cette occasion, les participants ont adopté une déclaration politique et annoncer des
nombreux partenariats. De plus, en réactions à Rio, où on avait insisté sur la dimension
environnementale, Johannesburg avait pour défit de remettre à l'ordre du jour les 3 piliers du
développement durable en omettant aucune de ses dimensions économiques, sociales et
environnementales. Il convié d'envisager le contenu et la dynamique du Sommet de
Johannesburg non seulement dans le contexte du Sommet de la Terre de Rio, mais aussi dans
celui des enjeux et des résultats des réunions récentes qui ont défini le cadre de ce qui était
possible à Johannesburg telle que la Déclaration du millénaire de l'ONU (2000)8. Il s'agissait
d'un ensemble de huit objectifs précis à atteindre en 2015, portant sur la réduction de la
pauvreté, de la santé, de l'éducation, de l'égalité entre les genres, la viabilité de
l'environnement et les partenariats. Le Plan de mise en œuvre comportait 10 chapitres qui
portent, notamment, sur la réduction de la pauvreté, les modes de production et de
consommation non viables, la protection et la gestion des ressources naturelles, la
mondialisation, la santé, l’Afrique et la gouvernance.

IV.3 Développement durable et autres formes de développement.


Le concept de développement durable est désormais incontournable. Il sert de toile de fond à
l’analyse des questions environnementales, aux discours de plusieurs agences d'aide, aux
banques multilatérales et aux entreprises qui revendiquent un comportement socialement
responsable. Avant d'en avoir les applications concrètes du développement durable dans
différents champs disciplinaires et professionnels, il convient d'explorer plus avant sa
dimension théorique, notamment celle du développement, qui ne fait lui-même pas l'objet
d'une définition univoque. En suivant certains auteurs notamment Coméliau 1999, nous
définissons le développement à la fois comme:
1) le changement social qui permet un progrès collectif et se situe dans la prolongation du
dynamisme de la révolution industrielle née en Europe occidentale à la fin du 18ième siècle ;
2) L'espoir de progrès matériels et social que cette révolution a engendré pour la plus part des
nations.

7
Pour en savoir plus sur le Sommet de Johannesburg, voir www.sommetjohannesburg.org
8
Pour lire le texte de la Déclaration, voir www.un.org/french/millenniumgoals/
39
Le développement, comme croyance occidentale, prend véritablement forme est contenu
opératoire avec un discours donné en janvier en 1949 par le président américain Truman. A
cette occasion, Truman lança l'idée d'un programme qui fasse partager les acquis scientifiques
et industriels de son pays avec les régions sous-développées9. Ainsi est née l'aide au
développement, qui allait prendre des multiples formes au cours des décennies.
Des agences nationales, des organisations internationales, comme la BIRD (Banque
international pour la reconstruction et le développement) du groupe Banque mondial, et des
banques régionales de développement ont été mises sur pieds pour produire ce
développement nécessaire, et ce, dans une perspective s'intégration à l'économie mondiale.
La lecture du rapport de la CMED et des multiples écrits qui ont parus depuis plus de 20 ans
permet de définir 3 fenêtres par lesquelles observer la démarche de la société vers un
développement durable : la fenêtre économique, écologique, sociopolitique. La fenêtre
écologique concerne essentiellement la Nature avec ses composantes physiques, chimiques, et
biologiques, d'une part, et les systèmes complexes d'interaction qui en émergent (écosystèmes,
grands cycles biochimiques, dont celui du carbone, etc.), d'autre part. La fenêtre économique
réfère aux façons de gérer les ressources naturelles et humaines pour atteindre les objectifs
sociaux, alors valorisés, dont la satisfaction des besoins jugés fondamentaux. Enfin, la fenêtre
sociopolitique tient compte des rapports sociaux entre groupes des diverses natures, de mode
de gouvernance et des relations internationales.
Chacune de ces fenêtres peut constituer pôle d'un diagramme tertiaire qui permet de situer les
acteurs en fonction de leur façon de voir le développement (figure 6).
Ainsi, on a, au sommet, des radicaux, ce groupe qui, en adoptant une position extrême, vise
une écologie profonde, une économie fondée sur une accroissance maximale sans contrainte,
une sociopolitique où l'être humain accapare tous les droits, même au prix de non-respect des
droits humains.
Entre ces positions radicales apparaît un ensemble des stratégies des développements. Tout
d'abord le modèle de développement près industriel se fonde sur une exploitation de la nature
où la satisfaction des communautés qui en dépendent pour leur survie physique, mentale et
culturelle. Les sociétés traditionnelles des cueilleurs chasseurs en font partie.

9
L’intégralité du discours du président Truman est disponible sur le site www.re
quest.net/history/inaugurals/truman/index.htm.
40
Figure 5 : Le développement durable et les autres formes du développement (Tiré et modifié
de Delisle et al., 2010)

Ensuite, le modèle de développement industriel traditionnel repose sur l'exploitation


industrielle des ressources naturelles (agriculture, pêcherie, industrie forestière et industrie
minière), sans égard à la capacité de la nature de produire les ressources et de disposer les
déchets ; selon ce modèle, on fait autant de prélèvement qui a d'unités de production
disponible. Il contribue à la croissance de la population, à l'épuisement des ressources, à la
surconsommation, à la pollution et à la destruction d'habitats. Enfin, le développement
industriel avec usage rationnel des ressources tend à satisfaire les exigences de protection de
la diversité biologique et le respect de cycle biogéochimiques. Ils fondent les stratégies de
prélèvement sur une bonne connaissance de l'État et du développement des ressources
convoitées, se concentrant essentiellement sur l'exploitation, chaque année, de la production
annuelle nette et misant sur la restauration des milieux exploités ou dégradés. Ils se
préoccupent donc de mettre en pratique une gestion intégrée des ressources (GIR).

41
Le développement durable, quant à lui, trouve sa place au centre du diagramme. Il consiste à
un développement à la fois soucié de considération écologiques, économique et socio-
politiques.
La dimension environnementale est une condition de développement, la dimension
économique en est le moteur, le moyen, et le développement social s'avère la finalité. Par
ailleurs, il ne peut y avoir un seul modèle de développement durable. Chaque modèle se situe
dans un espace-temps spécifique, caractérisé par la culture sociale et politique, le système
écologique en présence, le degré de de développement économique et l’accessibilité à la
technologie. De ce fait, la façon d’analyser la situation de développement et d’appliquer le
développement durable évoluera avec les innovations et les changements sociaux. Il peut
s’appliquer à diverses échelles sociale depuis la famille et l’industrie, jusqu’à l’État et la
région, le pays, voir la communauté mondiale si on se réfère aux grands principes communs à
tous.
Ainsi, le développement durable est une façon de voir le monde d’aujourd’hui et celui en
devenir. Il requiert la modification de nos rapports :
• avec la nature, c’est-à-dire qu'on passe de dépendant ou dominateur à coopérant
ou collaborateur ;
• avec la société, c’est-à-dire qu'on passe du rapports de domination et de puissance, à
des rapports de coopération, de justice, de démocratie, de paix et d’équité ;
• avec l'économie, c’est-à-dire qu'on passe d’un système productiviste à courte vue,
maximisant les profits immédiats, à un système de satisfaction à long terme des
besoins essentiels et du bien-être de tous les citoyens.

(
IV.4 Principe de développement durable
De la quête du développement durable, les états adhèrent à un certain nombre de principe qui
vise à rendre le développement durable plus concret. L'exemple de la France et celui du
Québec illustrent bien ses engagements. La charte de l'environnement adoptée par la
république française en 2005 constitue l'assise de la stratégie nationale du développement
durable. Pour sa part, le gouvernement du Québec, dans sa loi sur le développement durable,
nomme et définit 16 principes permettant de mieux intégrer la recherche d'un développement
durable dans ses sphères d'innervations notamment les principes de Pollueur-payeur, de
précaution, de subsidiarité, de protection de l'environnement et de production et de
consommation responsable.
42
1. Principe de pollueur-payeur (P.P.P) est un principe économique selon lequel le
pollueur prend à sa charge les dépenses afférentes à la mise en œuvre des mesures de
prévention de la pollution ou aux dommages provoqués par la pollution. En d’autres
termes, ce principe signifie que le pollueur devrait se voir imputer les dépenses
relatives aux susdites mesures arrêtées par les pouvoirs publics pour que
l’environnement soit dans un état acceptable.
2. Principe de précaution fournit un cadre d'aide à la décision en situation
d'incertitude. Lorsque la réalisation d'une activité ou d'un projet comporte des risques
graves ou irréversibles pour l'environnement naturel ou humain (dont la santé),
l'absence de certitude scientifique absolue quant aux effets de cette réalisation ne doit
pas servir du prétexte pour remettre à plus tard l'adoption des mesures de prévention.
3. Principe de subsidiarité, en vertus de ce principe, il y a octroie d'un certain dégrée
d'indépendance à une autorité subordonné vis à vis d'une autorité de niveau supérieur,
notamment d'une autorité locale envers le pouvoir central. Ainsi, lorsque plusieurs
échelons peuvent prendre en charge les décisions et leur application, l’échelon le plus
bas est choisi par souci d’efficacité et de démocratie. Efficacité, car plus le lieu de
décision et de gestion est éloigné du lieu d’application, plus « l’action sa de chances
d’être inadaptée, mal appliquée et de donner lieu à des fraudes ».

IV.5 Appropriation du concept par le champ de compétence.

Certaines professions et certaines organisations revendiquent de façon plus pragmatique


contribuer à la mise en œuvre du développement durable. En fait plusieurs professions se
sente investies du devoir d’intégrer le développement durable dans leurs pratique. L'ingénieur
vise la conception des projets plus respectueux de l'environnement en minimisant les rejets
des polluants: application de la réduction, récupération et le recyclage (lez 3R) dans la
pratique de gestion des entreprises, valorisation énergétique de sous-produits de production,
restauration des sites contaminés dégradés etc...
Changement de pratique

La reconnaissance progressive du concept de développement durable a contribué à l'adoption


de certains changement dans la pratique tend des décideurs et des industriels que des

43
politiciens et des consommateurs. Nous explorons ici certains aspects de ses changements.
Ainsi, nous discuterons de l’influence de l’adoption du développement durable sur :
- Les stratégies de financement et l'aide internationale, la mise en place du concept de DD
amené une nouvelle étape administrative ; on tient compte des répercussions sur
l’environnement naturel et humain d’un projet avant d’en approuver le financement.
- La planification territoriale (aménagement et équipement), le concept de DD durable a
modifier considérablement les façons de planifier le territoire. On a pu constater un effort
accru pour une planification territoriale qui intègre les diverses dimensions du DD,
notamment en regard de la croissance de la mobilité et de la demande en infrastructures de
transport, de l’étalement urbain et de la gestion des ressources (y compris les matières
résiduelles) .
- Les technologie et transformation du secteur de la production, l’entreprise industrielle a
grandement évolué en regard de sa performance environnementale au cours des dernières
années. On peut reconnaitre trois phases majeures de développement : la phase du tout à
l'égout, la phase de prévention de la pollution par le traitement à la sortie de l’usine et la phase
d’optimisation des procédés (figure 7).
Au départ, la pratique courante consistait à utiliser les matières premières (ressources, eau, air
et énergie) pour fabriquer un produit ensuite écoule sur le marché sans préoccupations
environnementales. Tout ce qui accompagnait cette production constituait un déchet dont il
convient de disposer, qu’il s’agisse des résidus de matière première, d’eau polluée, de gaz, de
poussières ou de chaleur. L’incidence de ces pratiques s’est vite fait sentir : accumulation
d’ordures, cours industriels contaminés, problèmes de santé des travailleurs et des citoyens
vivant à proximité des usines, dégradation des milieux naturels et de l’habitat humain.
Face au constat de dégradation environnementale et de problèmes exacerbés de santé,
plusieurs pays ont adopté une loi de protection de l’environnement dont l’objectif premier
était la réduction et la prévention de la pollution. De telles lois ont entrainé le développement
des systèmes d’épuration et la mise en place de programme de recyclage. Les unités de
traitement avaient pour objectif de ramener le niveau de pollution de l’eau et de l’air sous les
normes nationale imposées par la loi. Au fil de temps, avec le resserrement des normes, on a
perfectionné ces unités de traitement. A l’heure actuelle, la technologie disponible rend
possible l’extraction de la quasi-totalité des polluants ; cependant trois facteurs expliquent
pourquoi on applique toujours pas ces technologies : certains sont encore au stade
expérimental et requièrent quelques ajustements avant leur utilisation industrielle ; plus le

44
traitement est efficace, plus le couts sont élevés ; il n y a pas de gains à extraire les polluants
bien en-deca des normes.

Figure 6 : Transformation des systèmes de production : (a) tout-à-l’égout, (b) traitement des
effluents et recyclage ; (c) optimisation des procédés (Tiré de Delisle et al., 2010)

Au cours des dernières années, on assiste à une gestion beaucoup plus intégrée de
l’environnement par les entreprises industrielles. Ces dernières s’engagent par exemple à
satisfaire les normes élaborées par l’International Standard Organisation I(ISO 14000).

- La gouvernance et prise de décision, l’émergence du paradigme de DD est à l’origine


d’un profond bouleversement des modes de gouvernance et de prise de décision à de
multiples échelles : locale, nationale, internationale ou mondiale. Dans les dix dernières

45
années, on a vu les gouvernements se doter de ministères, de sous-ministres, de secrétariat
d’Etat et d’autres structures responsable de la promotion du DD. La plus part des pays ont
aujourd’hui leur ministère de l’Environnement, et toutes sortes de nouveaux services publics
chargés de promouvoir le DD (ex. ministère de l’Environnement et Développement Durable
et vice-ministre de l’environnement en RDC).

IV.6 L’ingénieur et le développement durable.

Cette section explique en quoi le concept de développement durable touche au travail de


l’ingénieur. Commençons par rappeler que le concept de développement durable repose sur
les trois piliers d’un projet de développement : le pilier économique; le pilier environnemental
et le pilier social. Ces piliers doivent être en équilibre les uns par rapport aux autres pour
qu’un projet soit durable. Autrement dit, une importance égale doit être apportée à chacun
pour que le projet puisse produire un effet positif global à long terme.

Figure 7. Approche globale du developpement durable (tiré de Dassargues, 2010)10

IV.6.1 Premier pilier – l’aspect économique


Il est naturel pour l’ingénieur, même si sa formation universitaire ne l’y prépare pas, de se
soucier de l’aspect économique d’un projet. En effet, un projet ne répondant pas à certains
critères de rentabilité ne pourra pas être accepté par son client ou encore être financé, que ce

10
Centre d’initiatives pour le développement durable (CIDD) (s.d). Qu’est-ce que le développement
durable ? In Wordpress. http://ciddbf.wordpress.com/developpement-durable/

46
soit par les institutions financières ou par l’entreprise pour laquelle il travaille. Cette
préoccupation fait même partie de la formation de l’ingénieur et demeure prioritaire à son
esprit.
IV.6.2 Deuxième pilier – la gestion de l’environnement
La préoccupation environnementale d’un projet entre de plus en plus dans les habitudes des
ingénieurs. Plusieurs sociétés font maintenant preuve d’une sensibilité beaucoup plus grande
relativement aux effets néfastes que peuvent avoir le rejet de contaminants dans
l’environnement ou le gaspillage de l’énergie, pour ne citer que ces quelques exemples. Les
normes gouvernementales de protection de l’environnement se sont resserrées au fil des ans,
ce qui a forcé les ingénieurs à modifier leur pratique. Plusieurs règlements fédéraux,
provinciaux et municipaux déterminent les quantités de polluants qu’il est acceptable ou
permis d’émettre dans l’environnement ainsi que le processus pour obtenir une autorisation de
le faire. Bien qu’elle soit simple en principe, cette obligation peut s’avérer plutôt complexe
dans certains cas, notamment si les vérifications préalables ne sont pas faites adéquatement ou
si le projet n’est pas correctement évalué. De plus, chaque situation devrait être analysée afin
de déterminer si une simple application des normes environnementales est suffisante pour
assurer la protection de l’environnement et la santé des personnes.
La gestion de l’environnement couvre l’ensemble d’un projet, de la phase de conception
jusqu’à sa mise hors service, en passant par sa construction et son exploitation. Chacune de
ces phases est soumise à différentes réglementations environnementales, lesquelles peuvent se
recouper d’une phase à l’autre.

IV.6.3 Troisième pilier – la préoccupation à l’égard des communautés et des parties


prenantes
Le troisième pilier du développement durable couvre l’aspect social. Cet aspect, bien qu’il
soit tout aussi important que les aspects économique et environnemental, n’est pas aussi facile
à évaluer et est plutôt mal compris. L’ingénieur, dans sa pratique, s’appuie fortement sur des
normes, des codes et autres règles de l’art pour s’assurer de la performance et de la sécurité
des projets sous sa responsabilité. Il n’est donc pas naturel, ou « inné », pour l’ingénieur
d’évaluer objectivement les répercussions sociales que peut avoir un projet, ce qui peut par
ailleurs se traduire de nombreuses façons : incompatibilité d’usage entre un quartier
résidentiel et une industrie, ergonomie d’un appareil pour l’utilisateur, conséquences de
travaux de voirie sur la circulation, etc. De plus en plus, l’obligation évidente d’assurer la
viabilité financière d’un projet et une performance environnementale exemplaire, allant

47
souvent au-delà des normes gouvernementales, ainsi que les démarches requises pour assurer
l’acceptabilité sociale des projets font en sorte que le développement peut se faire de façon
durable, ce qui assure par le fait même une croissance économique à long terme.
L’aspect social consiste à prendre en compte les préoccupations des « parties prenantes »
(stakeholders en anglais). Ces parties prenantes sont aussi nombreuses que variées :
o employés (cadres, syndiqués);
o voisins (immédiats ou non);
o fournisseurs;
o clients;
o groupes socioéconomiques (p. ex. chambres de commerce);
o groupes environnementaux ou communautaires (p. ex. écoles, ONG-E);
o représentants gouvernementaux élus (p. ex. maires, députés);
o fonctionnaires;
o etc.
Nous considérons comme partie prenante toute personne ou tout groupe avec lesquels une
organisation a des liens dans le cadre de ses activités. Ces liens peuvent être directs ou
indirects, mais aussi ne pas être connus de l’organisation.

En conclusion, le génie est directement concerné par les questions environnementales. Qu’il
s’agisse d’appliquer les lois et règlements en vigueur ou les principes du développement
durable, les ingénieurs ont aujourd’hui l’obligation de se préoccuper de l’environnement dans
leur pratique quotidienne. Les rôles des ingénieurs doivent être pragmatiques11 !
- Prévention/protection : qui évite/diminue autant que possible les impacts de nos
activités humaines en perpétuel développement
- Quantification de l’impact : demandant de quantifier, de modéliser, dans des
domaines parfois influencés par des systèmes naturels plus complexes, associant des
aspects économique, social et environnemental
- Développement des moyens d’action :pour éviter, remédier ou amoindrir. Il s’agit
d’utiliser les technologies les plus avancées pour améliorer la situation, palier aux
conséquences néfastes.

11
Dassargues, 2010

48
L’ingénieur ne doit pas se limiter aux contraintes physiques, techniques et économiques. Il
doit aussi élargir sa vision et tenir compte des contraintes environnementales, humaines,
sociales, légales ou de tout autre élément pertinent. L’ingénieur doit de plus en plus
considérer le développement durable comme un critère d’analyse et de conception en soi, tant
au stade de l’ingénierie préliminaire qu’à celui de l’ingénierie détaillée. Ainsi, l’exploitation
d’une ressource naturelle ne doit pas se faire de façon à hypothéquer la possibilité qu’auront
nos petits-enfants d'en faire de même.

49
CHAPITRE V ENJEUX CLIMATIQUES ACTUELS DE LA PLANETE ET
POTENTIELS ENVIRONNEMENTAUX DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
DU CONGO

V.1 Enjeux climatiques actuels de la planète


V.1.1 L’effet de serre12
Le soleil émet de l'énergie sous forme de rayonnement visible et invisible (rayonnements
infrarouge et ultraviolet). Le rayonnement infrarouge du soleil traverse l'espace et
l'atmosphère terrestre. Il est absorbé à 70% par la surface de la Terre, réchauffant
naturellement les sols et les océans, qui émettent à leur tour un rayonnement infrarouge. Le
reste est réfléchi vers l'atmosphère sous l’effet de la réverbération. Dans l'atmosphère, une
partie du rayonnement provenant de la surface terrestre s'échappe vers l’espace. L’autre partie
reste piégée dans l'atmosphère par les gaz à effet de serre (GES). Ces gaz absorbent le
rayonnement et le renvoient vers la surface terrestre. L’effet de serre est un phénomène qui
s’applique à toute planète dotée d’une atmosphère comme la Terre ou Vénus.

Le phénomène d'effet de serre est connoté de manière péjorative en raison de l'urgence


climatique, mais il est indispensable à la vie sur Terre. En effet, les GES retiennent une partie
de la chaleur solaire dans l'atmosphère, ce qui permet une température propice à la vie. Sans
effet de serre, la température sur Terre avoisinerait les -18°C au lieu de + 14°C et la vie
n’existerait peut-être pas.

L'effet de serre additionnel désigne l'amplification de l'effet de serre provoquée par l'activité
humaine. En effet, les activités humaines rejettent des GES plus rapidement que la planète ne
peut les absorber. Face à ce déséquilibre, la concentration atmosphérique en GES augmente,
et le phénomène d'effet de serre devient plus intense. Davantage de chaleur est donc absorbée
et réfléchie vers la Terre : c'est la cause principale du réchauffement climatique.

L’effet de réchauffement dépend de la quantité totale de GES accumulée dans l’atmosphère,


de leur durée de vie dans l’atmosphère et de la capacité de chaque GES d’emprisonner la
chaleur. Depuis le XIXe siècle, l’homme a considérablement accru la quantité de GES

12
: https://climate.selectra.com/fr/comprendre/effet-de-serre

50
présents dans l’atmosphère.13 En conséquence, l’équilibre climatique naturel est modifié et le
climat se réajuste par un réchauffement de la surface terrestre. Le monde se réchauffe
désormais à une vitesse jamais observée dans l’histoire documentée. Au fil du temps, les
températures plus élevées entraînent des variations climatiques et déstabilisent l’équilibre
habituel de la nature. Cette situation pose de nombreux risques pour les êtres humains et toute
autre forme de vie sur Terre.

V.1.2 Les principaux gaz à effet de serre

Certains GES sont naturellement présents dans l’air (vapeur d’eau, dioxyde de carbone). Si
l’eau (vapeur et nuages) est l’élément qui contribue le plus à l’effet de serre « naturel »,
l’augmentation de l’effet de serre depuis la révolution industrielle du XIXe siècle est induite
par les émissions d’autres GES provoquées par l’activité humaine:

Figure 8 : Phénomène de l’effet de serre (https://climate.selectra.com/fr/comprendre/effet-de-


serre)

• Le dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère contribue pour 2/3 de l’augmentation


de l’effet de serre (combustion de gaz, de pétrole, déforestation, cimenteries, etc.). Sa
durée de vie dans l’atmosphère est supérieure à une centaine d’années.
• Le méthane (CH4) provient principalement des élevages des ruminants, des rizières
inondées, des décharges d’ordures et des exploitations pétrolières et gazières. Sa durée
de vie dans l’atmosphère est de l’ordre d’une dizaine d’année.

13
https://www.ecologie.gouv.fr/changement-climatique-causes-effets-et-enjeux

51
• Le protoxyde d’azote (N2O) provient des engrais azotés et de certains procédés
chimiques.
• L’hexafluorure de soufre (SF6) dont les émissions sont dues principalement à la
production de magnésium, à la fabrication et l’utilisation des équipements électriques
de haute tension, à la fabrication de câbles et aux accélérateurs de particules. Sa durée
de vie dans l’atmosphère est de l’ordre de 50 000 ans.

V.1.3 Effets du changement climatique

Les preuves scientifiques sont sans équivoque : le climat de la Terre se réchauffe. Depuis les
années 1950, beaucoup de changements observés sont sans précédent depuis des décennies,
voire des millénaires14.

- Températures plus élevées


L’augmentation des concentrations en GES se traduit par une hausse de la température à la
surface du globe. La dernière décennie, de 2011 à 2020, a été la plus chaude jamais
enregistrée. Depuis les années 1980, chaque décennie a été plus chaude que la précédente. Sur
presque toutes les surfaces émergées, la fréquence des jours de chaleur et des canicules
augmente. La hausse des températures entraîne une augmentation des maladies liées à la
chaleur et rend le travail en plein air plus difficile. Les incendies de forêt se déclenchent plus
facilement et se propagent plus rapidement dans des conditions plus chaudes. Dans
l’Arctique, par rapport à la moyenne mondiale, les températures ont augmenté au moins deux
fois plus vite.

- Tempêtes plus violentes


Les tempêtes destructrices sont devenues plus intenses et plus fréquentes dans de nombreuses
régions. Du fait de la hausse des températures, une plus grande quantité d’humidité s’évapore,
ce qui aggrave les précipitations extrêmes et les inondations et provoque des tempêtes plus
dévastatrices. Le réchauffement des océans a également une incidence sur la fréquence et
l’ampleur des tempêtes tropicales. Les eaux chaudes de surface alimentent les cyclones, les
ouragans et les typhons. Bien souvent, ces phénomènes détruisent des habitations et des
communautés, entraînant des pertes humaines et économiques considérables.

- Augmentation des sécheresses


14
https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-
climatique/organisation/transparence/breffage/enjeux-principaux-changements-climatiques.html

52
Le changement climatique influe sur la disponibilité de l’eau, qui devient plus rare dans un
plus grand nombre de régions. Le réchauffement climatique aggrave les pénuries d’eau dans
des régions déjà en proie à des problèmes d’approvisionnement en eau ; il entraîne des risques
accrus de sécheresse agricole néfaste pour les cultures et de sécheresse écologique rendant les
écosystèmes plus vulnérables. Les déserts s’étendent, réduisant les surfaces propices aux
cultures vivrières. De nombreuses personnes sont aujourd’hui confrontées à la menace d’un
manque d’eau récurrent.

- Réchauffement et montée des océans


Les océans absorbent la majeure partie de la chaleur liée au réchauffement de la planète. Le
rythme du réchauffement océanique a fortement augmenté au cours de ces deux dernières
décennies, quelle que soit la profondeur considérée. Au fur et à mesure du réchauffement des
océans, leur volume augmente, car l’eau se dilate lorsqu’elle gagne en température. La fonte
des calottes glaciaires entraîne également une élévation du niveau des mers, mettant en péril
les communautés côtières et insulaires. En outre, les océans absorbent quantité de dioxyde de
carbone présent dans l’atmosphère. Or, l’augmentation du dioxyde de carbone favorise
l’acidification des océans, ce qui met en danger la faune et la flore marines et les récifs
coralliens.

- Disparition d’espèces
Le changement climatique présente des risques pour la survie des espèces terrestres et
océaniques. Ces risques augmentent avec la hausse des températures. Les incendies de forêt,
et les phénomènes météorologiques extrêmes font partie des nombreuses menaces liées au
changement climatique. Si certaines espèces seront capables de se déplacer et de survivre,
d’autres ne le pourront pas.

- Pénuries de denrées alimentaires


Les modifications du climat et l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes
figurent au nombre des causes de l’aggravation de la faim et de la malnutrition dans le monde.
Il existe un risque de destruction ou de perte de productivité des ressources halieutiques
(relevant de la pèche), des cultures et des animaux d’élevage. En raison de l’acidification des
océans, les ressources marines qui permettent de nourrir des milliards de personnes sont
menacées. Le stress thermique peut entraîner une réduction des ressources en eau et des
prairies destinées au pâturage, et de ce fait, une baisse du rendement des cultures et des
répercussions sur le bétail.

53
- Accroissement des risques sanitaires
Les effets du changement climatique nuisent à la santé : pollution atmosphérique, maladies,
phénomènes météorologiques extrêmes, déplacements forcés, aggravation de la faim et de la
malnutrition dans des endroits où les populations ne parviennent pas à produire ou à trouver
de la nourriture en suffisance. Chaque année, les facteurs environnementaux coûtent la vie à
environ 13 millions de personnes. Les variations climatiques favorisent le développement des
maladies et, en raison des phénomènes météorologiques extrêmes, le nombre de décès
augmente et les systèmes de soins de santé ont du mal à suivre.

- Pauvreté et déplacements de populations


Le changement climatique accroît les facteurs qui précipitent des populations dans la pauvreté
et les y maintiennent. Les inondations peuvent emporter les bidonvilles en milieu urbain,
détruisant sur leur passage habitations et moyens de subsistance. Au cours de la dernière
décennie (2010-2019), en raison de phénomènes météorologiques, environ 23,1 millions de
personnes ont été déplacées en moyenne chaque année et bien davantage encore se sont
retrouvées exposées à un risque de pauvreté. La plupart des réfugiés proviennent de pays qui
sont les plus vulnérables et les moins prêts à s’adapter aux effets du changement climatique.

V.1.4 Causes du changement climatique15


Les combustibles fossiles, à savoir le charbon, le pétrole et le gaz, sont de loin les plus grands
contributeurs au changement climatique mondial ; ils sont responsables de plus de 75 % des
émissions mondiales de gaz à effet de serre et de près de 90 % de toutes les émissions de
dioxyde de carbone.

- Production d’énergie
La production d’électricité et de chaleur par la combustion de combustibles fossiles est à
l’origine d’une grande partie des émissions mondiales. La majeure partie de l’électricité est
encore produite par la combustion de charbon, de pétrole ou de gaz, ce qui génère du dioxyde
de carbone. À l’échelle mondiale, un peu plus d’un quart de l’électricité provient de sources
renouvelables (énergie éolienne, énergie solaire et autres) qui, contrairement aux
combustibles fossiles, ne rejettent que peu ou pas de gaz à effet de serre ou de polluants dans
l’air.

15
https://www.un.org/fr/climatechange/science/causes-effects-climate-change

54
- Fabrication de produits
Le secteur manufacturier et l’industrie génèrent des émissions, principalement dues à la
combustion de combustibles fossiles pour produire l’énergie nécessaire à la fabrication de
produits tels que le ciment, le fer, l’acier, les composants électroniques, les matières
plastiques, les vêtements et d’autres biens. L’exploitation minière et d’autres processus
industriels libèrent également des gaz, tout comme l’industrie de la construction. Les
machines utilisées dans les processus de fabrication fonctionnent généralement au charbon, au
pétrole ou au gaz et certains matériaux, comme les plastiques, sont fabriqués à partir de
produits chimiques issus de combustibles fossiles. L’industrie manufacturière est l’une des
principales sources d’émissions de GES dans le monde.

- Abattage de forêts
L’abattage de forêts pour faire place à des exploitations agricoles ou à des pâturages, ou pour
d’autres raisons, entraîne des émissions. En effet, les arbres, une fois coupés, libèrent le
carbone qu’ils ont stocké. Chaque année, environ 12 millions d’hectares de forêt sont détruits.
Étant donné que les forêts absorbent le dioxyde de carbone, leur destruction limite également
la capacité de la nature à empêcher les émissions dans l’atmosphère. La déforestation,
associée à l’agriculture et à d’autres changements d’affectation des sols, est à l’origine
d’environ un quart des émissions mondiales de GES.

- Utilisation de moyens de transport


Les voitures, les camions, les navires et les avions sont pour la plupart alimentés par des
combustibles fossiles. De ce fait, les transports constituent une source importante d’émissions
de GES et notamment de dioxyde de carbone. La majeure partie est imputable aux véhicules
routiers, en raison de la combustion de produits dérivés du pétrole, comme l’essence, dans des
moteurs à combustion interne. Toutefois, les émissions des navires et des avions continuent de
croître. Les transports sont à l’origine de près d’un quart des émissions mondiales de dioxyde
de carbone liées à l’énergie et les tendances laissent présager une augmentation importante de
la consommation d’énergie dans ce secteur au cours des années à venir.

- Production de denrées alimentaires


La production de denrées alimentaires entraîne des émissions de dioxyde de carbone, de
méthane et d’autres GES de diverses manières, notamment à travers la déforestation et le
défrichage des terres pour l’agriculture et le pâturage, la digestion des bovins et des ovins, la
production et l’utilisation d’engrais et, l’utilisation d’énergie pour faire fonctionner les
équipements agricoles ou les bateaux de pêche, généralement au moyen de combustibles
55
fossiles. En raison de tous ces éléments, la production de denrées alimentaires constitue un
facteur important du changement climatique.

- Alimentation des bâtiments en énergie


À l’échelle mondiale, les bâtiments résidentiels et commerciaux consomment plus de la
moitié de l’électricité. Étant donné que le charbon, le pétrole et le gaz naturel continuent d’y
être utilisés pour le chauffage et la climatisation, ces bâtiments émettent des quantités
importantes de GES. Ces dernières années, l’accroissement de la demande en énergie pour le
chauffage et la climatisation, associé à une augmentation du taux d’équipement en
climatiseurs, ainsi que la hausse de la consommation d’électricité pour l’éclairage, les
appareils et les dispositifs connectés, ont entraîné une augmentation des émissions de dioxyde
de carbone liées à l’énergie dans les bâtiments.

- Surconsommation
Le logement dans lequel on vit, l’énergie que l’on consomme, le mode de déplacement que
l’on utilise, ce que l’on mange et la quantité de déchets que l’on met au rebut sont autant
d’éléments qui contribuent aux émissions de GES. Il en va de même des biens que l’on
consomme, tels que les vêtements, les appareils électroniques et les matières plastiques. Une
grande partie des émissions mondiales de GES est liée aux particuliers. Nos modes de vie ont
une incidence profonde sur notre planète. Les personnes les plus riches portent la plus grande
responsabilité : ensemble, celles qui constituent le 1 % le plus aisé de la population mondiale
sont à l’origine de plus d’émissions de GES que les 50 % de personnes les plus défavorisées.

V.1.5 Atténuation et adaptation : deux approches complémentaires

Pour limiter les effets du changement climatique, les pays signataires de la Convention-cadre
des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) se sont donnés pour objectif dans
l’Accord de Paris de « contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement
en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée
pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels,
étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements
climatiques ».

Pour ce faire, il est crucial de s’attaquer aux causes du changement climatique en maîtrisant
les émissions nettes de GES, c’est ce qu’on appelle l’atténuation.

56
Cependant, compte tenu de l’inertie climatique et de la grande durée de vie des GES
accumulés dans l’atmosphère, l’augmentation des températures d’ici à la fin du siècle est
inévitable et toutes les régions du monde sont concernées. L’adaptation au changement
climatique est donc nécessaire pour en limiter les conséquences sur les activités socio-
économiques et sur la nature. L’adaptation a pour objectifs d’anticiper les impacts du
changement climatique, de limiter leurs dégâts éventuels en intervenant sur les facteurs qui
contrôlent leur ampleur (par exemple, l’urbanisation des zones à risques) et de profiter des
opportunités potentielles.

V.2 Potentiels environnementaux de la République Démocratique du Congo16

Depuis l’organisation de la Precop27 et de la Cop27, la RDC a été placée au centre des enjeux
climatiques de la planète, comme le veut son positionnement de Pays-solution à la crise
climatique. En effet, riche de ses ressources naturelles, la RDC joue un rôle important dans la
lutte contre le changement climatique. Les ressources naturelles de la RDC sont au cœur de la
transition écologique actuelle et désormais au centre du débat sur la lutte contre le
changement climatique.

C’est autour de 4 volets que la RDC entend se positionner comme Pays Solution17

1. Le massif forestier

16
https://medd.gouv.cd/

17
https://drcprecop27.medd.gouv.cd/fr/yangambi.php

57
2. Les ressources en eau
3. La biodiversité
4. Les minerais stratégiques

- Un immense potentiel forestier


En 2021, le gouvernement a adopté une série de mesures visant à améliorer la gouvernance du
secteur forestier et combattre la déforestation. Le programme de plantation d'un milliard
d'arbres à l'horizon 2023 a été lancé, avec pour objectif de contribuer à la restauration des
écosystèmes, et à l'augmentation du couvert forestier qui devra atteindre 63% du territoire
national d'ici 2030.

Avec 155,5 millions d’hectares de forêt tropicale humide, le bassin du Congo est la deuxième
plus grande forêt tropicale du monde. Située aux deux tiers en RDC, la forêt est également
une grande réserve de biodiversité.

A cet énorme massif forestier s'ajoutent des vastes étendus de tourbières, couvrant environ
101.500 km2 du territoire national.

Son atout principal reste sa capacité d’absorption de carbone, près de 1.5 milliards de tonnes
de dioxyde de carbone par an soit 4% des émissions mondiales [Central African
ForestInitiative,2021].

Les forêts de la RDC quant à elles séquestrent quotidiennement près de 24,5 Gigatonnes de
GES, dont les 3/4 sont concentrés sur 43% de la superficie du pays. Ses tourbières constituent
un stock naturel de plus de 30 Gigatonnes de dioxyde de carbone, soit l'équivalent de plus de
deux ans d'émissions mondiales de GES.

Cela lui confère un rôle stratégique dans la lutte contre le changement climatique en tant que
1er poumon de la planète. Contrairement à la plupart des pays forestiers, la RDC n'a pas
pratiqué de l'exploitation forestière industrielle pendant les décennies passées. Ce qui explique
que bon nombre de ses forêts sont demeurées intactes, avec une haute valeur écologique.

C’est ensemble, avec les pays du Bassin du Congo, notamment, que la RDC prône la
protection de ses forêts. Les forêts de la RDC restent l’espoir de l’humanité en termes de puits
de carbone

58
- Des réserves importantes en minerais stratégiques
Le sous-sol congolais regorge d'importantes réserves de substances minérales telles que le
cobalt (62% des réserves mondiales), le cuivre (10% des réserves mondiales), le Colombo
Tantalite (Coltan), le Germanium, le Lithum, le nickel, le graphite, l'aluminium, et bien
d'autres, indispensables à la transition écologique actuelle.

Sans transition écologique, il sera impossible de contenir l'augmentation de la température


mondiale à 1,5° Celsius.

En effet, le cobalt et le lithium servent à la fabrication de batteries, des moteurs, et des


carrosseries des véhicules électriques. Tandis que le Colombo Tantalite (Coltan) et le
Germanium sont nécessaires à l'électronique et aux nouvelles technologies de l'information et
de la communication.

C'est pourquoi la RDC s'est engagée à améliorer la gouvernance de ses minerais stratégiques,
en vue de leur exploitation dans le respect des principes de développement durable.

- D’abondantes ressources en eau douce


La RDC est un véritable réservoir d'eaux douces pour la planète. Le fleuve Congo mesure
4.700 km de long. Il est le second plus long d'Afrique après le Nil. Il a un débit moyen de
45.000 m3 par seconde, soit le second après l'Amazone. Il est le fleuve le plus profond du
monde (220 m de profondeur).

Le bassin du Congo dont il relève charrie environ 10% des eaux douces de la planète, et 52%
de celles du continent africain. Cependant, les eaux intérieures de la RDC représentent
environ 67% des eaux du bassin du Congo.

- Un potentiel touristique considérable et une riche biodiversité


La diversité biologique de la RDC est l'une des plus riches au monde en raison des
innombrables et variables richesses fauniques et fluoriques qui la compose. Le pays regorge
de 352 espèces de reptiles dont 33 endémiques, 168 espèces d'amphibiens, 1.086 espèces
d'oiseaux dont 23 endémiques,421 espèces de mammifères dont 28 endémiques et plus d'un
millier d'espèces des poissons.

On y rencontre des espèces emblématiques telles que le Bonobo, le paon, l'okapi, le gorille de
montagnes, etc. En outre, le pays possède 9 parcs nationaux, plus d'une soixantaine de
domaines de chasse et réserves naturelles couvrant actuellement plus de 13,5 % du territoire

59
national; une superficie que le pays s'est engagé à accroitre à 17% du territoire national dans
un avenir proche.

En dépit des efforts de protection, ce riche et unique patrimoine est aujourd'hui menacé par
divers facteurs dont le braconnage, l'expansion agricole, l'exploitation minière et forestière
artisanales, le manque d'alternatives économiques pour les communautés riveraines, le déficit
en énergie électrique.

60

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