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C4 COMMENTAIRES DE LA

PAROLE

« Un commentaire qui actualise la parole de Dieu et qui ne doit pas être un éloge funèbre ou un
panégyrique du défunt. »
Dans l’Espérance Chrétienne, n°206

Commenter la parole de Dieu est un exercice parfois difficile. Tous n’y sont pas à l’aise.
Pourtant, la pastorale des funérailles demande d’annoncer l’amour de Dieu pour tout homme et
pour le défunt, la mort et la résurrection du Christ et donc aussi notre espérance en la
résurrection. Plusieurs textes sont ci-dessous commentés en fonction des situations ou des textes
des Écritures choisis par les familles. Ce ne sont que des exemples. Ils ne sont donc pas à
reprendre tel quel, chacun dit une parole en fonction de ce qu'il est. Ces commentaires divers
peuvent aider à trouver la parole qui convient.

Le commentaire de la Bible ne consiste pas à redire, en moins bien, ce qu’a déjà dit le
texte. Il s’agit de souligner, en le proposant, les manières dont l’Écriture éclaire une situation, une
personne, donne du relief, du sens à toute vie et à toute chose.

C’est pourquoi les grands axes d’un commentaire de la Parole sont :


 La Parole de Dieu elle-même,
 Comment cette Parole éclaire la vie du défunt,
 Comment cette Parole exprime la foi de l’Église.

Les commentaires sont la reprise à travers la parole de Dieu des sentiments des proches ou
de la vie du défunt. C'est pourquoi, ils peuvent être précédés d’une courte évocation de la vie de
celui-ci. La reprise par la parole de Dieu ouvrira à une dimension de foi et d’espérance.

1
I - Lecture du livre de Job (Jb 19, 1.23-27a)
(F&S/L1)
« Garder confiance dans l’épreuve »
Pour une personne qui a connu de grosses épreuves
et a pu crier : pourquoi moi ?

Job était un homme droit. Il avait réussi en affaires comme en famille. Et il croyait en Dieu. Or,
voilà qu’en quelques jours il perd tout : ses biens ; sa famille ; et sa santé. Il n’a pas peur de crier à
Dieu sa colère ; de demander pourquoi tout ça lui tombe dessus. Qu’a-t’il fait pour mériter ça ? Ça
dure sur des dizaines de chapitres, dans la Bible.

Pourtant, il continue de croire en Dieu : « Je sais moi que mon libérateur est vivant et qu’à la fin, il
se dressera sur la poussière des morts. Avec mon corps, je me tiendrai debout. Et de mes yeux de
chair, je verrai Dieu. Moi-même, je le verrai. Et quand mes yeux le verront, il ne se détournera
pas ». « Et il n’aura pas intérêt à se détourner », semble dire Job, en même temps que N.! Et, en
effet, à la fin de ces longues protestations de Job, Dieu déclare : « Job a bien parlé de moi » car
Dieu aime les gens qui osent lui parler vrai, qui sont des fils debout, devant leur Père. Et non des
gens qui plient le dos comme devant un bourreau.

C’est devant un Père que se trouve maintenant N. Et il découvre qu’il n’y a pas eu une de ses
larmes qui n’ait d’abord coulé sur le visage de ce Père. « Mes enfants choyés ont marché par de
rudes chemins », soupire Dieu dans le livre de Jérémie.

II -Lecture du livre d’Isaïe (Is 25,6-9)


(F &S / L2)
« Dieu est plus fort que la mort »
Pour une personne qui a connu épreuves et humiliations

Quel est le Dieu qui nous attend quand nous ferons notre grand saut dans l’inconnu ? Est-ce un
juge, là-haut, avec le cahier de nos infractions, ouvert dans ses mains, pour nous demander de
payer la somme de nos contraventions ?

Non ! nous dit déjà le prophète Isaïe plusieurs siècles avant Jésus-Christ. Mais nous découvrons un
Père qui a préparé un festin pour tous ses enfants qu’il est heureux de retrouver et de rassembler
à sa table de fête. Toutes les nations ! Ça fait du monde ! Est-ce que nous n’allons pas être noyés
dans cette immense foule ? Hé bien non, là encore. Car le prophète nous dit que Dieu nous
accueille personnellement, comme pour nous « apprivoiser » à entrer dans sa joie et nous
« habiller le cœur ». Il prend soin d’enlever tous les voiles de deuil et d’humiliation qui ont
assombri nos vies et la vie de notre défunt.

Il va même, comme un Père aux gestes de Mère, jusqu’à essuyer les larmes sur le visage de notre
ami. Ensuite, comme le soleil se donne tout entier à chaque personne, sur la surface de la terre,
Dieu se donne à chacun, comme s’il était unique au monde et il se donne en même temps à tous,
pour que tous entrent tout entier dans sa joie.

2
III - Lecture du livre des Lamentations (Lm 3, 16-26)
(F & S / L4)
« Malgré tout je ne perds pas confiance »
Pour une personne déchirée par la mort d’un proche

La mort de N. peut provoquer en nous de la révolte, de la colère, tant elle nous paraît injuste. Et
c’est légitime, c’est une réaction normale. Nous n’avons pas à nous en culpabiliser. Et ce sera
important de pouvoir exprimer cette colère à quelqu’un ; à pouvoir aller au bout de nos larmes en
toute confiance, avec cette personne. On en a tellement gros sur le cœur…

La première lecture que nous avons entendue ici, rejoint notre chagrin : « J’ai oublié le bonheur.
La paix a déserté mon âme. Et j’ai dit "Toute mon assurance a disparu avec l’espoir qui me venait
du Seigneur" ». Nous nous reconnaissons bien, là.

Maintenant, ce croyant semble faire l’expérience qu’il y a d’autres étapes qui l’attendent :
« Revenir sur la misère où je m’égare, ça finit par être de l’amertume et du poison. Sans cesse mon
âme y revient et je la sens défaillir ». En effet, vient un moment où l’on sent qu’on ne peut plus
s’enfermer dans le chagrin. N. veut que l’on vive.

Et le croyant de la Bible nous révèle ce qui peut nous aider à reprendre vie. Il sait, lui, que Dieu
n’est pas contre lui, mais qu’il pleure avec nous cette mort injuste. Mais, en même temps, il
retrouve, grâce à ce Dieu, l’espérance : « Les bontés de Dieu ne sont pas épuisées. Elles se
renouvellent chaque matin…. C’est une bonne chose d’attendre en silence le secours du
Seigneur ». Sa présence auprès de nous peut nous donner la force de repartir, de nous ouvrir
lentement, de revivre.

IV - Psaume 102
« Le Seigneur est tendresse et pitié »
Pour une personne passionnée de théâtre (Sépulture d'une amie passionnée de
théâtre qui était restée loin de l'Église et a fait un chemin de conversion tout à
la fin)

Tout à l'heure je concluais le mot d'entrée par « Rideau ! » Rideau, oui. Mais pas celui de la fin.
Rideau d’un entr'acte seulement. Rideau de coupure... Avant la seconde partie.
Une seconde partie dont nous n'avons pas la partition en clair, je vous l'accorde... sur laquelle
nous projetons nos approximations... Qui fait peur... Peur de ce grand saut dans l'inconnu...
Tout en nous refuse ce moment. A l'hôpital, il y a de cela quelques semaine, N. me disait : « Je
n'arrive pas à accepter l'évidence que je vais mourir !... » Et pourtant comme dit le psaume que
nous venons d'entendre :
« L'homme ! Ses jours sont comme l'herbe ;
Comme la fleur des champs : il fleurit :
dès que souffle le vent, il n'est plus,
même la place où il était l'ignore. »
Tout en nous cependant refuse ce moment... qui nous fait déboucher sur quoi ? Le néant ? La vie
serait donc une souricière où nous serions piégés sans issue possible ? Une impasse biologique
absurde ? Un huis-clos désespéré ? Une fin de partie tragique et absurde...Tout en nous refuse
cela... Mais quoi alors ???

3
A son compagnon, N. avait dit :
« Tu sais où je vais ? Moi je ne sais pas... ? »
C'est vrai, nous ne savons pas, nous non plus, mais nous CROYONS... Savoir, c'est avoir apprivoisé
les faits aux catégories de la raison. Croire est d'un autre ordre : c'est pressentir que quelque
chose est vrai même si nous ne pouvons pas en fournir la preuve... Et voici ce que nous croyons et
qui nous est proposé à travers ces textes que vous avez choisis et que nous venons d'entendre.
Voici la Bonne Nouvelle qui nous est donnée : nous sommes aimés et nous avons été sauvés !
« Dieu a envoyé son fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le
monde soit sauvé. ». Par sa mort et sa résurrection, Jésus fait sauter le verrou de l'absurde et nous
ouvre un chemin vers l'infini de Dieu. Et la seconde Bonne Nouvelle, c'est celle-ci :
« Le Seigneur est tendresse et pitié
lent à la colère et plein d'amour ;
Il n'agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses. »
Rien à voir avec l'image d'un Dieu barbu, sévère et lointain. Le Dieu rémunérateur et vengeur de
Voltaire... Un Dieu père fouettard...C'est à l'aune de l'amour que nous aurons donné et qui nous
est donné que nous serons mesurés. Et l'amour de Dieu pour nous est infini : « Si notre cœur nous
accuse, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses »

C'est à ce Dieu de tendresse et d'amour que nous confions N.

V - Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 14, 7-9)
(F & S / L8)
« La vie et la mort d’un homme ».
Pour un défunt qui a été attentif

Il y a des gens qui donnent parfois l’impression de ne penser qu’à eux, parce qu’on ne les a pas
appelés suffisamment tôt à s’ouvrir.

N. lui, n’a pas vécu pour lui-même, mais bien pour les autres à travers tous les engagements qu’il a
pris au dehors et toute l’attention qu’il a donnée à sa famille. Et saint Paul confirme cela avec
optimisme : « Aucun d’entre nous ne vit pour soi-même ». En même temps, il peut vouloir nous
conduire plus loin si on entend ; « Aucun ne vit par soi-même ». Notre vie en effet, nous la
recevons d’abord avant de la donner. Pour les croyants, nous recevons notre vie de Dieu, à travers
nos parents. Cette vie est un trésor que nous pouvons cacher ou que nous pouvons partager avec
beaucoup d’autres, comme l’a vécue notre défunte.

Mais ce que saint Paul ajoute nous ouvre un avenir étonnant : « Dans notre vie, comme dans notre
mort, nous appartenons au Seigneur ». Pour le croyant, en effet, il y a la certitude d’être dans de
bonnes mains, non seulement dans cette vie, mais aussi au-delà de la mort. Car le Fils de Dieu a
choisi d’être notre frère jusque dans la mort, pour que nous soyons ses frères dans sa
résurrection.

Si nous avons cette foi dans la résurrection ouverte par le Christ, nous voyons que notre ami n’est
pas qu’un souvenir, mais qu’il a un avenir dans le cœur de Dieu et dans le nôtre.

4
VI - Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens
(1 Thess 4, 13-18)
(F & S / L11)
« Dieu nous prendra avec lui ».
Pour tout défunt

Si notre défunt n’était pas qu’un souvenir, mais s’il avait un avenir personnel et définitif, celui-là ?
C’est ce que saint Paul affirme aux chrétiens de Thessalonique : nos morts ne sont qu’endormis
dans la mort. Donc ils vont se réveiller ! Pour Paul, ce n’est pas qu’un rêve. C’est une expérience :
lui, qui était un juif orthodoxe depuis son enfance, était persuadé que Jésus de Nazareth était bien
mort et enterré ; et il pourchassait les disciples qui le déclaraient vivant. Or, un jour en arrivant
près de Damas où il venait arrêter des chrétiens, il fait la rencontre éblouissante de Jésus super
vivant. Donc le Christ a bien été réveillé de la mort.

Mais Paul fait une deuxième découverte qu’il n’oubliera jamais : Jésus lui dit : « Je suis Jésus, celui
que tu persécutes ». Paul comprend alors que ce Jésus demeure solidaire de ses frères : les
persécuter, c’est le persécuter Lui aussi. Saint Paul en tire la conclusion : Si le Père a réveillé Jésus
d’entre les morts, Jésus ne ressuscitera pas sans ressusciter ses frères avec Lui. Il a voulu
s’endormir avec eux dans la mort, pour qu’ils se réveillent avec lui dans sa vie de ressuscité. N.
s’est réveillé en Lui et nous le retrouverons un jour avec tous ceux qui nous ont précédés pour
d’inimaginables retrouvailles.

VII - Lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jn 3,14-16)


(F & S / L 14)
« L’amour nous fait passer de la mort à la vie »
Pour un défunt qui a servi les siens

N. n’a peut-être pas été à la messe tous les dimanches. Mais il a tellement donné de lui-même aux
autres. Alors qu’est-ce que Dieu va relever de bon dans sa vie ? Dans l’évangile de saint Matthieu,
Jésus nous dit ce qui nous ouvrira la porte du ciel : « C’est d’avoir donné à manger et à boire,
d’avoir visité malades ou prisonniers, d’avoir accueilli les étrangers. A chaque fois, c’est à moi que
vous l’avez fait », nous révèle-t-il.

Saint Jean dans sa lettre ose nous dire que lorsque nous avons aimé les autres très concrètement,
et pas seulement en paroles, dès aujourd’hui, nous sommes passés de la Mort à la Vie : dès
aujourd’hui nous sommes ressuscités, même si c’est encore de nuit. Pourquoi cette assurance ?
C’est parce que Dieu n’est qu’Amour et Partage. Et si nous vivons – pas à pas – cette ouverture et
cette aide concrète aux autres, nous vivons déjà en communion avec Lui ; la vie du Ciel qui n’est
que communion et partage est commencée en nous.

Saint Jean confirme cela en disant : « En agissant ainsi, devant Dieu nous aurons le cœur en paix.
Notre cœur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre cœur et il nous connaît ».
Nous avons vécu l’essentiel, croyons que Dieu connaît le cœur ouvert de N. et le reçoit à bras
ouverts.

5
VIII - Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (Mt 5, 1-12)
(F & S / E1)
« Où se trouve le vrai bonheur ? »

 Premier commentaire
Pour un défunt dont la vie a rayonné par son accueil

Est-ce que N. ne nous a pas montré par toute sa vie où il trouvait le vrai bonheur, c’est-à dire dans
l’accueil, l’écoute, la recherche de l’entente entre tous ?

Dans cet Évangile qui est un peu la charte, la feuille de route qu’il donne à ses disciples, Jésus nous
précise d’abord les quatre attitudes qui permettent de rendre les autres heureux avec nous :
- Tout d’abord, la pauvreté du cœur, c'est-à-dire sa disponibilité, parce qu’il sera
désencombré de soi pour pouvoir recevoir l’autre.
- Puis la douceur qui n’est pas mièvrerie, mais la solidité intérieure face à la fragilité ou à la
violence de l’autre.
- Pleurer avec ceux qui pleurent, non en s’effondrant avec eux, mais en ayant de l’empathie
et de la sérénité pour les recevoir.
- Avoir soif de justice et de justesse pour que notre manière de vivre ne contredise pas notre
discours.
N’est-ce pas ce qui émanait souvent de l’accueil de notre ami ?

Et les quatre dernières paroles (appelées « Béatitudes ») sont les fruits de ces quatre attitudes
- Le cœur ouvert peut accueillir les blessés de la vie avec justesse.
- Le cœur pur est celui qui ne juge pas sur les apparences mais qui voit l’autre dans ce qu’il a
de plus précieux en lui, comme Dieu, notre vrai Père, nous voit, nous espère ; toujours …
- Celui qui s’est ouvert à cette manière de voir ne peut être qu’artisan de paix, de
réconciliation, dans la vérité et l’amour.
- Evidemment, ce comportement positif peut être mal perçu, critiqué. Jésus n’a pas été reçu
par tous, non plus. Mais il nous soutient.

Croyons que le Seigneur qui connaît les cœurs a su reconnaître tout ce que notre ami a vécu pour
le bien-être des autres avant le sien.

 Deuxième commentaire

Quel beau texte que ces paroles des béatitudes que vous avez choisies. Ces paroles nous aident à
prendre conscience de notre unité avec ceux qui nous quittent et du sens de notre vie. Pour
toujours ils sont dans la plénitude du royaume de Dieu, et nous, nous sommes en route vers ce
royaume que nous avons tant de peine à imaginer. Aussi, Jésus nous invite à veiller pour être prêt
à l'accueillir quand il viendra. Il viendra pour nous associer à la plénitude de sa vie avec tous ceux
et celles qui nous ont précédés. La venue du Seigneur vers chacun et chacune de nous varie
souvent d'aspect, elle prend bien des visages, bien souvent c'est le proche qui vit à côté de nous
qui nous aime et qui laisse passer l'amour de Dieu pour nous.

Vous m'avez partagé que N. était généreux, accueillant, aidant son prochain. Tous ces gestes
d'amour, d'accueil, de partage, de respect comptent pour le Seigneur. Nos attitudes, nos
attentions, nos sourires peuvent redonner vie. N. a vécu ces attentions à l'autre.

6
 Troisième commentaire
Avec la lecture du livre de la Sagesse (Sg 2, 23 ; 3,1-6.9)
(F & S / L3)
« La vie de tout homme est dans la main de Dieu »
Pour une personne qui a protégé des Juifs pendant la guerre

« La vie des justes est dans la main de Dieu, aucun tourment n’a de prise sur eux », avons-nous
entendu tout à l’heure pendant la lecture d’un extrait du livre de la Sagesse, un texte de la Bible
écrit probablement dans la communauté juive d’Alexandrie une trentaine d’années avant Jésus-
Christ. On peut se demander qui sont ces Justes. Dans notre histoire récente, c’est le nom qui a
été donné à celles et ceux qui ont pendant la guerre 39-45, au péril de leur vie, accueillis,
protégés, cachés des Juifs, ce qui leur a valu la reconnaissance définitive des personnes sauvées,
bien-sûr, de la communauté juive dans son ensemble et le respect et l’admiration de leurs
concitoyens.

Quand ces « Justes » sont interrogés, ils sont presque étonnés qu’on fasse un si grand cas de ce
qu’ils considèrent comme quelque chose de naturel. Pourtant, ils ont risqué leur vie en évitant le
pire à ceux qu’ils avaient accueillis. On pourrait dire qu’ils sont les symboles vivants du
dévouement dans la discrétion, de l’héroïsme au quotidien.

On pourrait également rappeler l’accueil spontané et chaleureux par des gens des Deux-Sèvres, du
Maine et Loire ou d’ailleurs de réfugiés venus de l’Est ou du Nord-est en 1940 qui avaient tout
quitté dans la précipitation : maison, ferme, atelier… qui ont été accueillis, logés chez ces gens
pour qui l’hospitalité allait de soi, même si forcément elle entraînait un certain nombre de
contraintes ou de problèmes. Toutes ces personnes sont à l’évidence des justes dont parle le texte
de la Sagesse entendu tout à l’heure.

Cela, c’était hier, mais aujourd’hui ? Ce que Dieu attend de nous, ce ne sont pas des actions
d’éclat ; c’est que notre existence, si effacée soit-elle, soit faite au quotidien d’attention aux
autres, de tolérance, de solidarité quand autour de nous des gens sont dans le besoin, d’écoute et
de sympathie quand ils souffrent. Et ceux qui vivent ainsi selon l’esprit des Béatitudes : « Heureux
les pauvres de cœur … Heureux les doux … Heureux les miséricordieux …Heureux les artisans de
paix … » peuvent être sûrs qu’ils seront bénis de Dieu, qu’ « Ils seront dans la paix » et que,
comme le dit encore le texte de la Sagesse : « Ce qu’ils ont eu à souffrir était peu de chose auprès
du bonheur dont ils seront comblés ». Paroles de réconfort et d’espérance.

 Quatrième commentaire
Avec la lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 8,18-23)
(F & S / L6)
« L’espérance d’un monde nouveau »
Pour un défunt dont la vie a rayonné par son accueil

On dit qu’Albert Camus, grand écrivain et homme droit s’il en fut, resta jusqu’à sa mort – brutale –
aux portes de la foi, parce qu’il achoppa toujours sur ce qui, pour lui, posait problème : la
souffrance et la mort des innocents. « Je sais, disait-il, qu’il y a une réponse, c’est la mort de Jésus
sur la croix ; cette réponse, je ne l’accepterai jamais ».

Sommes-nous, nous aussi, si assurés que ça dans notre foi, ne sommes-nous pas troublés par le
doute ? Cela dépend bien sûr de chacun, de nos propres épreuves.

7
Pourtant nous avons Jésus, Dieu parmi les hommes. En Jésus, Dieu s’est fait proche de nous : Jésus
nous a permis de toucher du doigt la bonté, le pardon, l’amour de son Père pour les hommes. A ceux
de notre génération, quand nous étions enfants, au catéchisme, on nous parlait beaucoup de
l’Église, des conditions indispensables pour en faire partie. On apprenait par cœur les réponses à des
questions compliquées sur la religion chrétienne. Tout cela avait son importance, mais l’essentiel, ce
sur quoi on n’a peut-être pas toujours assez insisté, c’est la rencontre personnelle avec Dieu, un Dieu
qui nous aime, qui nous attend même quand nous nous détournons de lui, quelqu’un qui veut
dialoguer avec nous. Dans la Bible, dans les deux textes entendus tout à l’heure, Dieu ne fait que
cela, parler à l’homme, l’écouter, l’interpeller alors qu’il est souvent distrait par autre chose, qu’il ne
fait pas suffisamment cas de sa parole. Une parole qui surprend, qui étonne, qui dérange parfois
mais une parole qui nous réconforte, qui nous conduit sur un chemin d’espérance. Même nos cris de
douleur quand nous sommes accablés peuvent être aussi des cris d’espoir. C’était le sens profond du
premier texte, le texte de saint Paul qu’il adressait aux habitants de Rome.

Et maintenant avec l’évangéliste Matthieu, nous gravissons la montagne et nous sommes près du lac
de Tibériade. La montagne voisine, c’est la montagne des Béatitudes. A qui s’adresse le discours de
Jésus ? La foule suit Jésus qui gravit la montagne ; Jésus s’assoit ; les disciples s’approchent ; Jésus se
met à les instruire. Si le discours s’adresse d’abord et directement aux disciples, il est clair qu’en
arrière-plan la foule est présente. Et à travers elle, le Christ s’adresse à nous. La portée universelle de
cet enseignement ne fait aucun doute. L’Église primitive a d’ailleurs placé ces Béatitudes au cœur de
toute vie chrétienne.

Arrêtons-nous sur deux de ces Béatitudes. « Heureux les doux ; ils obtiendront la terre promise ». En
fait Matthieu aime bien la douceur ; c’est lui qui met dans la bouche de Jésus cette définition de lui-
même : « Venez à moi… car je suis doux et humble de cœur ». Pour Matthieu, cette douceur, cette
non-violence sont un des traits essentiels du monde nouveau. On est là bien loin du monde
contemporain fait de combats sanglants, d’affrontements incessants, de haine, de sang versé dont
les écrans nous abreuvent. Et pourtant, nous savons par expérience qu’autour de nous, au
quotidien, il y a des personnes qui mettent en application cette Béatitude, qui font tout pour que les
conflits s’apaisent au lieu de s’envenimer, qui rapprochent les points de vue quand il y a désaccord,
qui rassemblent et apaisent quand il y a des tensions. Il aurait manqué un élément essentiel s’il n’y
avait pas eu une béatitude pour les miséricordieux, pour ceux qui pardonnent. Ailleurs, Matthieu
insiste sur la réconciliation et même – ce qui nous interpelle et peut même nous choquer – sur
l’amour des ennemis, signe de la perfection de Dieu à laquelle nous sommes appelés. Dans le Notre
Père, nous dirons tout à l’heure : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui
nous ont offensés ». Paroles redoutables si nous voulons les faire passer dans les actes.

Au fond, les Béatitudes, c’est comme un grand désir de Dieu de voir l’homme heureux et son
message s’adresse particulièrement à ceux pour qui le bonheur n’a pas grande signification, les
petits, les faibles, les méprisés, les laissés-pour-compte, ceux qui sont si chers à notre pape François.
A l’idée triste d’un chrétien qui se définirait par les seules notions d’efforts, d’interdits, de règles
imposées et de souffrances, les Béatitudes nous invitent à substituer l’idée du chrétien joyeux qui
trouve du plaisir à rencontrer Dieu, à aimer l’autre, à partager ; qui trouve du plaisir simplement
pour la vie. Malgré leur apparence paradoxale, chacune des Béatitudes résonne avec le meilleur
de nous-mêmes ; elles sonnent « juste » et c’est pourquoi elles touchent tellement, encore
aujourd’hui, vingt siècles après avoir été prononcées.

8
N., vous avez certainement accompli dans votre vie une ou plusieurs de ces Béatitudes et ce n’est
pas tout à fait un hasard si on retient ce matin certaines d’entre elles. Le Christ, c’est sûr, connaît
les belles actions qui ont illuminé votre vie. Et nous, nous continuons notre route mais restons en
communion de pensée et de prière avec vous et prolongeons ainsi mystérieusement votre vie à
travers la nôtre. Restons confiants et n’oublions pas ce que nous dit le Christ : « Où que tu ailles, je
suis avec toi, n’aie pas peur ».

IX - Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (Mt 11, 25-28)


(F & S / E2)
« Venez à moi vous tous qui peinez »

 Premier commentaire
Pour un défunt tout simple mais rayonnant la paix, la joie.

« Je te bénis, Père, dit Jésus, parce que, ce que tu caches aux sages et aux savants, tu le révèles
aux tout-petits ». Cela ne veut pas dire que les sages et les savants ne peuvent pas entrer dans
l’intimité de Dieu. Mais ça veut dire qu’ils ne pourront y entrer qu’en descendant de leur tête dans
leur cœur ; là où l’on écoute avant de parler ; là où l’on ressent la vie, la rencontre. Car Dieu n’est
pas une thèse à décortiquer. Il est une personne à rencontrer, à écouter, à découvrir de l’intérieur
pas à pas. On ne peut pas mettre la main sur Lui, de même que Lui ne met pas la main sur nous.
Nous le recevons pas à pas, quand nous sommes ouverts. Notre ami avait cette simplicité, cet
accueil qui révèle le vrai visage de Dieu qui nous respecte et nous attend.

Mais le départ de N. nous cause aussi du chagrin, une souffrance lourde à porter seul. Qui pourrait
nous aider à porter ce fardeau, et à recevoir nos larmes ? Nous avons entendu Jésus nous dire :
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »
Prenons-le au mot. Disons-lui toute notre douleur, notre révolte, peut-être. Il ne nous en voudra
pas. Il sait qu’il faut que ça sorte de nous. Puis écoutons-le-nous rappeler qu’il n’est pas contre
nous dans cette séparation. Il ne la veut pas. Mais il est avec nous pour transformer lentement
notre chagrin en espérance. Avec Dieu, notre ami n’est pas au-delà, mais au-dedans de nous, pour
nous soutenir.

 Deuxième commentaire
Pour une personne malade de l’alcool

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau ». Je sais que N. a connu le poids du
fardeau. « Et moi je vous procurerai le repos. » Maintenant, N. tu te reposes en Christ.

Nous chantions à l'instant : « Je mets mon espoir dans le Seigneur ». Espérer, c'est toujours
attendre quelque chose de meilleur. Dans les heures les plus sombres de notre existence, nous
aimons nous raccrocher à l'espoir. Mais l'espoir repose sur tel ou tel évènement, circonstance
heureuse qui pourrait advenir. Et parfois rien ne se présente, l'espoir est déçu. C'est ce que N. a
vécu dans les dernières années de sa vie. Quand on est jeune, on a plein de projets. Il y a eu les
déceptions. Alors, pour trouver la force, il a plongé dans ce qu'il l'aidait à supporter et il a été pris
dans l'engrenage de l'alcool, maladie qui détruit, maladie qui fait que nous ne sommes plus nous-
mêmes, maladie qui entraine une souffrance intolérable. Et vous qui l’aimiez, qui avez essayé de
l'aider, vous étiez impuissant devant cette déchéance. Ne jugeons pas, chacun de nous a son
chemin.

9
Offrez dans le silence de votre cœur ce qui a été beau et grand en lui. Nous savons que Dieu
accueille maintenant son enfant avec cette vie que nous déposons à ses pieds. La foi des croyants
nous dit que notre existence est un chemin qui nous conduit vers Dieu où rien n'est perdu, où tout
est précieux à ses yeux. Grâce à cet amour, la mort devient une espérance puisqu'elle ouvre sur
une rencontre.

X - Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (Mt 25, 31-46)


(F & S / E3)
« C’est sur l’amour que nous serons jugés »

 Premier commentaire
Pour une mère de famille ou une militante humanitaire.

Quand on entend tout ce que Jésus dit avoir reçu de ceux que son Père accueille maintenant
comme ses enfants bénis, on ne peut s’empêcher de voir là, la liste complète de ce qui fait les
occupations quotidiennes d’une mère de famille : donner à manger et à boire à tous les siens,
s’occuper de leur linge, soigner les bobos, veiller longuement sur le malade, accueillir plus tard les
étrangers que les adolescents ont pris en affection, visiter et écouter les petits et les grands qui
sont emprisonnés dans leurs problèmes scolaires, affectifs ou professionnels. N’est-ce-pas là le
quotidien de notre amie ?
Alors, on l’imagine bien totalement stupéfaite d’entendre le Christ lui dire : « A chaque fois que tu
l’as fait à l’un de tes petits où à d’autres, qui sont mes frères, c’est à moi que tu l’as fait ! ». Quelle
divine surprise en effet que de découvrir que tous ces petits gestes de tendresse et de fidélité,
donnés nuit et jour aux siens, ont été reçus par le Christ lui-même. Et c’est une réalité ; notre
attention à l’autre est si importante et si précieuse pour Lui qu’il tient à les recevoir
personnellement.

Ainsi, en arrivant chez Dieu, notre amie voit le Christ lui ouvrir le trésor de tout ce qu’il a reçu
d’elle au long des jours, transfiguré par son amour et sa reconnaissance.
« Tu as vu ton frère ? Tu as vu Dieu », dit saint Augustin.

 Deuxième commentaire

« Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ses petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous
l'avez fait ». Si nous avons lu ce texte c'est parce qu'il met en valeur tous ces gestes d'amour,
d'accueil, de partage, de respect que nous avons à faire vis-à-vis des autres. Des attitudes, des
attentions, des sourires peuvent redonner vie.

Votre maman, notre amie dans son quotidien a été habitée de cette attitude de service : oreille qui
écoute, parole qui réconforte, cœur qui comprend, geste qui apaise. Lorsque partent nos racines
c'est toujours un profond déchirement mais les fruits qu'elles nous laissent nous les rappellent à
chaque instant.

Vous connaissiez bien mieux que moi celle qui vous quitte. Alors je vous invite dans le silence de
votre cœur à offrir ce que vous avez vécu avec elle. Merci pour celle qui a existé. Merci pour ce
qu'elle vous a donné avec son cœur, ses mains, sa voix, ses mots. Nous entrons d'une manière
nouvelle avec elle. La foi des croyants nous dit que notre existence est un chemin qui nous conduit
vers Dieu, où rien n'est perdu, où tout est précieux à ses yeux. Grâce à cet amour, la mort devient
une espérance puisqu'elle ouvre sur une rencontre.
10
Cette espérance, je veux vous la laisser ce matin en vous lisant les mots d'une personne malade
qui savait sa mort toute proche : « Ce qui se passera de l'autre côté quand tout pour moi aura
basculé dans l'éternité, je ne le sais pas. Je crois, je crois seulement qu'un Amour m'attend. Je sais
pourtant qu'alors il me faudra faire pauvre et sans poids le bilan de moi, mais ne pensez pas que je
désespère, je crois, je crois tellement qu'un Amour m'attend. Quand je meurs, ne pleurez pas,
c'est un Amour qui me prend. Et si j'ai peur et pourquoi pas : rappelez moi simplement qu'un
Amour, un Amour m'attend. Il va m'ouvrir tout entier à sa joie à sa lumière. Oui, Père je viens à toi
vers ton amour, ton amour qui m'attend »

XI - Lecture de l’Évangile selon saint Luc1 (Lc 10, 25-37)


Le bon samaritain

Ces deux beaux textes que vous avez choisis évoquent tout l'amour que nous devons avoir les uns
pour les autres et qui nous donne vie. « S'il me manque l'amour, je ne suis rien ». « Qui est mon
prochain ? » Celui qui se trouve près de moi et qui a besoin, ô parfois pas de grand chose : d'un
sourire, d'un accueil, d'un simple bonjour, d'une aide ponctuelle. Ce sont ces mots qui résument
l'attitude de vie de votre maman, votre mamie, notre amie. Une vie de travail, de relations, de
joies et de souffrances.

Lorsque partent nos racines c'est toujours un profond déchirement, mais les fruits qu'elles nous
laissent nous les rappellent à chaque instant. Quand disparait quelqu'un qui nous est cher nous
avons douloureusement conscience d'une brisure, d'un lien qui se défait. Il va falloir faire
l'expérience d'une solitude nouvelle. La mort contredit ce désir de vivre que nous avons en nous.
Chacun se trouve maintenant d'une manière qui lui est propre contraint par l’événement. Si la
mort de notre amie fut pour elle une épreuve, elle nous met nous aussi à l’épreuve.

Vous connaissez bien mieux que moi celle qui vous quitte, je vous invite dans le silence de votre
cœur à offrir tout ce que vous avez vécu avec elle. Merci pour celle qui a existé. Merci pour tout ce
qu'elle vous a donné, merci pour son amour.
Nous qui l'accompagnons, ce matin, formons ce bouquet de fleurs qu'elle nous laisse :
- Fleur de son travail.
- Fleur de son amabilité, de sa serviabilité, de son accueil.
- Fleur des souffrances qui ne lui ont pas été épargnées.
- Fleur de l'amitié qu'elle savait donner.
- Fleur de sa tendresse et de son amour pour vous sa famille.
Voilà un bouquet de fleurs qui ne peuvent se faner comme se fanent les feuilles d'automne, et si
nous avions une carte à joindre à ce bouquet, elle aurait pu écrire : « L'essentiel est invisible pour
les yeux, on ne voit bien qu'avec le cœur. »

Oui, N., recevez cette couronne de fleurs, la couronne de la vie qui vient de Dieu, la vraie vie, la vie
définitive qui couronne votre existence. Cette couronne, nous croyons surtout que vous l'avez déjà
reçue de Dieu lui-même.

XII - Lecture de l’Évangile selon saint Luc (Lc 12, 35-38.40)


1
Parfois une famille demande un texte d’évangile précis, il est alors possible de le prendre. Il peut aussi arriver
que dans le dialogue, un texte de l’Écriture vienne à l’esprit de l’équipe de préparation car il convient bien à la
situation pour annoncer la Bonne nouvelle du salut dans des circonstances précises.

11
(F & S / E5)
« Accueillir le Seigneur quand il vient »

 Premier commentaire
Pour une personne qui a vécu dans le commerce, l’artisanat ou dans une
association solidaire ou dans la santé, les pompiers etc.

Nous avons en mémoire l’accueil de N. qui n’a pas compté ses heures, qui a été au service des
gens et les a écoutés.
N. a bien été de ces gens qui sont restés en tenue de service pour accueillir et servir le Christ à
travers les personnes qui avaient faim ou soif, qui étaient malades ou étrangères. A cause de cette
disponibilité, N. n’a pas forcément été à la messe tous les dimanches.

Mais voici la divine surprise qui l’attend. A son arrivée chez Dieu, nous promet cet Évangile, Jésus
va l’accueillir les bras ouverts, la faire asseoir à sa table, prendre à son tour la tenue de service et
se mettre à la servir. Il prendra le temps, bien sûr, de l’apprivoiser à une telle délicatesse. Il nous
respecte trop pour ne pas nous forcer.

Et voici que, peu à peu, N. qui a fait de sa vie un service des autres, va reconnaitre qu’elle est
vraiment de la famille de ce Dieu qui ne l’accueille pas du haut d’un tribunal avec le relevé de ses
infractions, mais qui est un frère, un père qui se met en quatre pour la combler, bien mieux qu’elle
a essayé de le faire elle-même, toute sa vie, avec les autres. « Qui donc est Dieu ? »

 Deuxième commentaire

Dans ce texte que vous avez choisi, je reprends cette phrase « Restez en tenue de service ». Quand
je vous ai rencontré, vous m'avez partagé que N. était quelqu'un de discret et travailleur, toujours
en tenue de service, pour que vous, sa famille, soyez heureux. On pourrait dire qu'il ne prenait pas
beaucoup de temps pour lui, mais sa vie c'était vous, sa famille. Elever ses enfants, les voir grandir,
les aider à s'épanouir et puis après les petits-enfants « Il prendra la tenue de service, les fera
passer à table, et les servira chacun à son tour ».

Mais chaque fois que la vie grandit, des liens sont rompus. C'est une sorte de loi de la vie et nous
sommes contraints de nous y faire Si parfois la rupture nous met davantage à l'épreuve, nous
savons faire confiance à la vie qui vient. Les liens brisés par la mort nous laissent bien plus
déconcertés. Nous savons que toute vie s'oriente vers la mort et qu'un jour inévitablement
l'échéance arrive. La mort contredit ce désir de vivre que nous avons en nous. Chacun, cet après-
midi, se trouve d'une manière qui lui est propre, contraint par l'évènement. Si la mort de notre
ami fut pour lui une épreuve, elle nous met nous aussi à l'épreuve.

Vous connaissez bien mieux que moi N. qui vous quitte, alors dans le silence de votre cœur, je
vous invite à laisser jaillir et à offrir ce que vous avez vécu avec lui. Merci pour celui qui a existé,
merci pour ce qu'il a semé, ce qu'il vous a donné avec ses mains, son cœur, ses silences.

Nous entrons d'une manière nouvelle avec lui. La foi des croyants nous dit que notre existence est
un chemin qui nous conduit vers Dieu, où rien n'est perdu, où tout est précieux à ses yeux. Grâce à
cet amour, la mort devient une espérance puisqu'elle ouvre sur une rencontre. Je voudrai
maintenant vous laisser ces mots qui nous disent que ce que votre époux, votre papa, votre papy,
votre ami, a semé en d'autres, germera. Qu'ils vous aident à continuer la route.
XIII - Lecture de l’Évangile selon saint Jean (Jn 10,14-16 Pour un adieu)
12
« Le bon pasteur »
Pour une personne difficile à appréhender psychologiquement.

Nous avions de la peine à cerner ce que vivait réellement cette personne à l’intérieur. Et elle-
même avait sans doute de la difficulté à comprendre ce qui se passait en elle et donc à le dire.

Cela nous met face à nos impuissances humaines. Que savons-nous réellement de ce que vit
l’autre en profondeur. Et nous-mêmes, nous connaissons-nous vraiment. Ne restons-nous pas à la
surface, dans nos relations avec les autres et avec nous-mêmes. Sommes-nous condamnés à vivre
côte à côte, sans nous connaître vraiment ?

Or, quelqu’un, Lui, nous connaît : Jésus vient nous le dire : « Je connais mes brebis et mes brebis
me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père. » Cela nous dit la profondeur
et la lumière dans lesquelles nous sommes connus. Quel réconfort de savoir que nous sommes
connus et accueillis par un regard d’amour qui sait toutes les merveilles enfouies, toutes les
blessures et les méandres de notre histoire. Un Dieu Père au cœur de mère qui s’émerveille de ce
que nous sommes devenus et de ce que nous avons réussi.

Alors, même si nous avions de la peine à connaître N., croyons que le Dieu qui la reçoit des mains
du Bon Berger qu’a été le Christ, ce Dieu Père va l’accueillir à bras ouverts et lui donner le temps
de s’apprivoiser à sa tendresse et de s’habiller le cœur pour l’océan du bonheur où elle est
attendue, car il la connaît, Lui, depuis toujours et pour toujours.

XIV - Lecture de l’Évangile selon saint Jean (Jn 11, 17-27)


(F & S / E10)
« Je suis la résurrection et la vie »

 Premier commentaire
Pour une personne croyante

« Si tu avais été là, Seigneur, mon frère ne serait pas mort ». Marthe, Marie et Lazare sont des
vrais amis chez qui Jésus aimait venir se reposer. Elles savent que Jésus a guéri beaucoup de gens.
Et là, il n’est pas venu à temps. Lazare est mort et enterré depuis quatre jours. Pourquoi Jésus
n’est pas intervenu pour son ami et pour ses sœurs qui croient en Lui.

Combien d’entre nous se demandent aujourd’hui : « Pourquoi elle ? » C’est une question légitime.
Et quand Marie, arrivée après Marthe, dit-elle aussi à Jésus : « Si tu avais été là, il ne serait pas
mort », Jésus est ému aux larmes par le chagrin de ses amis.

Or, Jésus n’a qu’une seule réponse : « Ton frère ressuscitera ! » Et quand Marthe semble voir cette
perspective bien loin dans l’avenir, Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en
moi, même s’il meurt, vivra. » Et comme signe de son dynamisme de résurrection, il va appeler son
ami Lazare à sortir de son tombeau, à reprendre sa vie d’homme sur terre. Mais ce n’est qu’un
signe, qui montre que Jésus ne veut la mort de personne. C’est comme une réanimation. Car
Lazare mourra à nouveau, un jour.

Ainsi, par ce signe d’une réanimation temporaire, Jésus veut nous laisser entendre que sa véritable
mission est de nous délivrer pour toujours de la mort et nous ressusciter, de nous faire vivre, avec
Lui, d’une vie impérissable.
13
Aujourd’hui, si nous avons la foi, nous croyons que le Christ a fait traverser la mort à N. pour la
combler de sa Vie en Lui.

 Deuxième commentaire

« Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra. »
Nous savons bien que toute notre vie s'oriente vers la mort et qu'un jour inévitablement
l'échéance arrive. La vie de notre sœur, que je ne connaissais pas, nous la confions à ce Dieu qui
l'accueille maintenant, car nous croyons que la vie ne s'arrête pas avec la mort.

Tout à l'heure, nous chantions « Je mets mon espoir dans le Seigneur ». Espérer, c'est toujours
attendre quelque chose de meilleur. Dans les heures les plus sombres de notre existence nous
aimons nous raccrocher à l'espoir. Mais l'espoir repose sur tel ou tel événement, circonstance
heureuse qui pourrait advenir, et parfois rien ne se présente, l'espoir est déçu. Pour nous chrétien,
notre espoir repose non sur un évènement mais sur quelqu'un, le Christ.

Chacun se trouve aujourd'hui d'une manière qui lui est propre contraint par l'évènement. Si la
mort de notre amie fut pour elle une épreuve, elle nous met nous aussi à l'épreuve. Vous qui
connaissez bien mieux que moi celle qui vous quitte, je vous invite dans le silence de votre cœur à
offrir ce que vous avez vécu avec elle. Merci pour celle qui a existé. Nous entrons d'une manière
nouvelle avec elle.

La foi des croyants nous dit que notre existence est un chemin qui nous conduit vers Dieu où rien
n'est perdu, où tout est précieux à ses yeux. Grâce à cet amour, la mort devient une espérance
puisqu'elle ouvre sur une rencontre. Cette espérance, je veux vous la laisser ce matin en vous
lisant les mots d'une personne malade qui savait sa mort toute proche :
« Ce qui se passera de l'autre côté quand tout pour moi aura basculé dans l'éternité, je ne le sais
pas. Je crois, je crois seulement qu'un Amour m'attend. Je sais pourtant qu'alors il me faudra faire
pauvre et sans poids le bilan de moi, mais ne pensez pas que je désespère, je crois, je crois
tellement qu'un Amour m'attend. Quand je meurs ne pleurez pas, c'est un Amour qui me prend. Et
si j'ai peur et pourquoi pas : rappelez moi simplement qu'un Amour, un Amour m'attend. Il va
m'ouvrir tout entier à sa joie à sa lumière. Oui, Père je viens à toi vers ton amour, ton amour qui
m'attend ».

XV - Lecture de l’Évangile selon saint Jean (Jn 12, 23-28)


(F & S / E12)
« Le grain qui meurt porte du fruit »

 Premier commentaire
Pour une personne qui a été agriculteur ou jardinier

Quand N. a ensemencé ses champs ou son jardin, année après année, comment ne s’est-elle pas
émerveillée, silencieusement, devant ce mystère de la germination. Cette graine, toute petite au
creux de nos mains, a son identité, sa réalité propre de graine. Pourtant, à l’intérieur, elle porte un
germe en attente, bien vivant, mais caché. Or, il faut que cette graine soit enterrée et meure, pour
que ce germe qu’elle portait en elle, se lève et prenne une dimension qui est sans proportion avec
son origine. Il a fallu que la graine consente à mourir pour que germe en elle et s’épanouisse une
vie toute neuve.
14
Jésus n’a pas pu s’empêcher de prendre cet exemple du grain de blé que l’on perd en terre pour
qu’il donne une moisson. Lui-même, en effet, a voulu être un homme qui devait vivre toute notre
condition humaine y compris notre mort, pour que sa résurrection au matin de Pâques soit la
porte ouverte, pour tous ses frères, de cette même germination, de cette même résurrection au
grand soleil de Dieu.

Ce que vit N., comme entrée définitive au cœur de Dieu, Jésus nous promet de nous le faire vivre,
dès aujourd’hui, au pas à pas, dans une ouverture de notre cœur à l’amour concret de nos frères.
« Celui qui aime est déjà passé de la mort à la Vie. » Mais « c’est de nuit… »

 Deuxième commentaire

« Si le grain tombé ne meurt, il reste seul. Mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit ».
Si nous avons choisi ce texte, c'est que notre frère aimait travailler la terre dans son jardin, il
aimait semer, voir pousser, récolter. Créer quelque chose par son travail, cela donne sens à
notre vie. Dans notre famille : élever ses enfants, les voir grandir, les aider à s'épanouir. La vie de
votre époux, votre papa, votre grand-père nous la récoltons comme on récolte une gerbe de blé.

Lorsque partent nos racines, c'est toujours un grand déchirement, mais les fruits qu'elles nous
laissent nous les rappellent à chaque instant. Lorsque disparait quelqu'un qui nous est cher, nous
avons douloureusement conscience d'une brisure, d'un lien qui se défait. Il va falloir faire
l'expérience d'une solitude nouvelle. La mort contredit ce désir de vivre que nous avons en nous.
Chacun de vous se trouve ce matin d'une manière qui lui est propre, contraint par l'évènement. Si
la mort de notre ami fut pour lui une épreuve, elle nous met nous aussi à l'épreuve.

Vous connaissez bien mieux que moi N. ; alors, je vous invite dans le silence de votre cœur à
laisser jaillir et à offrir ce que vous avez vécu avec lui. Merci pour vous, merci pour ce que vous
avez donné avec vos mains, votre travail, votre cœur. La foi des croyants nous dit que notre
existence est un chemin qui nous conduit vers Dieu, un chemin où rien n'est perdu où tout est
précieux à ses yeux. Grâce à cet amour, la mort devient une espérance puisqu'elle ouvre sur une
rencontre.

 Troisième commentaire
Pour une personne qui a mis fin à ses jours

Cet Évangile que nous venons d'entendre, c'est vous, la famille de N. qui l'avez choisi. Efforçons-
nous d'y déchiffrer ce qu'il nous propose en cette circonstance si douloureuse. Dans la trajectoire
qui fut celle de Jésus, cette page se situe peu avant sa Passion. « Quelques jours avant la Pâque ».
Jésus sait qu'il va vers la mort. Il s'efforce d'y préparer les apôtres en leur faisant entrevoir à
travers la parabole du « grain qui meurt » le sens de cette mort ; et puis il semblerait qu'il s'efforce
de s'y préparer lui-même. C'est la première chose qui me frappe : cette humanité de Jésus qui le
fait si proche de nous. « Maintenant je suis bouleversé ; Que puis-je dire ? Dirai-je : Père délivre-
moi de cette heure ? »

Devant la souffrance et la mort qui vient, Jésus est pris comme de peur et d'effroi. Qui ne le serait
à la vérité ? Endurer la souffrance et aller vers sa fin de vie, qui peut l'envisager sans ressentir
trouble et bouleversement ? Qui dira jamais l'angoisse de celui ou celle qui sait qu'il n'y a plus de
rémission possible ? Que le dernier sursis est épuisé ? Qui dira jamais le désarroi et la solitude de

15
celui ou celle qui, en dépit de tous ceux qui l'entourent de leur affection, sait que personne ne
pourra plus rien pour lui ? N. ne l'a pas supporté. Nous ressentons pour lui une profonde
fraternité.

Ils sont si rudes nos chemins d'humanité ! Il est si difficile et si long à gravir le dernier col ! Elle est
si difficile et si longue la montée vers le calvaire ! Même Jésus n'a pas échappé à ce trouble et à
cette angoisse. A hauteur d'homme et de femme, la souffrance et la mort nous déroutent
totalement. Nous avons du mal à comprendre. Il nous semble que tout cela n'a pas de sens. Que la
vie entière vient comme s'échouer et sombrer dans une impasse tragique et absurde.

Or voici la Bonne Nouvelle. A travers la parabole du « grain qui meurt », Jésus nous assure que la
mort porte en elle une force nouvelle de vie ; qu'elle est « féconde » Que la mort n'est pas la fin de
tout mais qu'elle est le commencement d'une vie renouvelée. Que la croix de Jésus est jetée
comme un pont entre l'ici et l'ailleurs du royaume qu'il nous a promis. Que nous sommes attendus
et accueillis au bout de notre pauvre chemin d'humanité par le Père plein d'indulgence et de
tendresse. Car ainsi que le dit saint Jean dans sa première lettre, même « Si notre cœur nous
accuse, Dieu est plus grand que notre cœur ; et il connaît toutes choses » C'est à ce Dieu, plein de
tendresse et d'amour, que nous confions N.

XVI - Lecture de l’Évangile selon saint Jean (Jn 14, 1-6)


(F & S /E13)
« Dans la maison du Père »

 Premier commentaire
Pour une personne qui a su accueillir chez elle.

« Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur place.» Si Jésus nous promet cela
c’est qu’il vient de cette maison du Père et qu’il sait l’attention que le Père porte à chacun de ses
enfants. Comme les parents qui préparent la chambre de chacun de leurs enfants selon leur âge,
leurs goûts, leur caractère, ainsi Dieu a une place pour chacun de nous, une place unique. Nous y
serons chez nous, car nous sommes vraiment uniques au monde pour Dieu, qui nous tient dans sa
main à chaque seconde.

Comme nous avions perdu le contact avec Dieu et le chemin à prendre pour le rejoindre, son Fils
Jésus, est devenu notre frère afin que nous retrouvions le visage du Père et que nous puissions
traverser la mort avec Jésus pour rentrer à la maison du Père où il nous a préparé une place.
Comme Fils de Dieu et notre frère à la fois, Jésus est le seul chemin et le seul guide fiable pour
notre entrée dans la vraie Vie, en effet.

Aussi, nous pouvons avoir toute confiance en l’avenir de N. Elle qui a su accueillir chez elle, de tout
son cœur, non seulement ses proches mais aussi les autres, elle n’a pas été perdue au-delà de sa
mort. Elle a vu venir à sa rencontre le Christ Jésus qui l’a accueillie et qui l’a conduite, à son pas,
jusqu’à sa place dans le cœur du Père.

 Deuxième commentaire

« Moi je suis le chemin et la vie », dit le Seigneur. Aujourd’hui, notre sœur entre dans cette relation
d'Amour avec Dieu. Ce texte que nous venons d'entendre nous conforte en nous rappelant que la
16
mort n'est pas la fin de tout. C'est un passage vers une vie nouvelle. Bien-sûr, lorsque partent nos
racines, c'est toujours un grand déchirement mais les fruits qu'elles nous laissent nous les rappellent
à chaque instant. Lorsque disparait quelqu'un qui nous est cher, nous avons douloureusement
conscience d'une brisure, d'un lien qui se défait. Il va falloir faire l'expérience d'une solitude
nouvelle. Si la mort de notre amie fut pour elle une épreuve, elle nous met nous aussi à l'épreuve.
Chacun de vous se trouve d'une manière qui lui est propre contraint par 'évènement.

Vous connaissiez mieux que moi celle qui vous quitte, a lors, je vous invite dans le silence de votre cœur à
offrir ce que vous avez vécu avec elle. Nous entrons maintenant d'une manière nouvelle avec N. La foi
des croyants nous dit que notre existence est un chemin qui nous conduit vers Dieu, où rien n'est perdu,
où tout est précieux à ses yeux. Grâce à cet amour la mort devient une espérance puisqu'elle ouvre sur
une rencontre. Et cette espérance, je vous la laisse avec ces mots : Il y a tout ce que l'on voit. Il y a ce
qu'on le sait et il y a aussi tout ce que l'on ne sait pas de l'autre. Faisons silence en nous.
Au fond de mon silence, il y a ton nom Seigneur qui chante.
Au cœur de ma faiblesse, il y a Seigneur ta résurrection qui attend sa plénitude.
Au fond de mes discordes, il y a Seigneur un souffle doux et léger qui fait la paix.
Dans les questions que me pose la vie, ce n'est pas ta réponse, Seigneur, mais ta présence
infiniment là qui m'aide à répondre.
Voila Seigneur ce que je sais de toi et pour aujourd’hui c'est une large et grande suffisance
pour mon cœur de pauvre.

 Troisième commentaire
Avec la lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jn 4, 7-10)

« Dieu est Amour »

Les mots « aimer », « amour » reviennent huit fois dans la première lecture qu’a choisie la famille.
Le but d’une telle répétition est de nous inviter à reconnaître que le Dieu qui se révèle en Jésus est
un Dieu d’amour. Ces phrases nous sont familières mais ne sont-elles pas devenues banales, à
force de les entendre ? Reportons-nous 2000 ans en arrière, à l’époque où elles ont été
prononcées d’abord, écrites ensuite. Les dieux païens de l’Antiquité étaient pour beaucoup des
dieux jaloux, des dieux vengeurs, des dieux parfois cruels. Dans l’Ancien testament, on parle de loi
du talion qui appelait à rendre coup pour coup. Mais, dans cette lettre de saint Jean, apparaît cette
phrase proprement renversante : « Dieu est Amour ». Une véritable révélation.

Vivre l’amour de Dieu dans notre société d’aujourd’hui, c’est vouloir et rechercher pour les autres
ce que j’espère pour moi-même. Besoin de liberté, de dignité, de tendresse, de paix, besoin
d’aimer et d’être aimé. Toutes ces aspirations qui nous habitent, habitent également le cœur de
chaque homme, de chaque femme, de chaque jeune que nous rencontrons. Le Christ nous invite
donc à prêter attention à toutes ces personnes qui sont seules, démunies face aux interrogations
que la vie ne cesse de leur poser : sur quoi fonder son existence ? Pourquoi le mal, pourquoi les
guerres, la souffrance, la pauvreté ?

Posons-nous la question : « De quelle manière notre vie de croyant prend-elle en compte toutes
ces interrogations et toutes ces inquiétudes qui surgissent au cœur des hommes d’aujourd’hui ? »

Il ne s’agit pas de faire des choses extraordinaires. Commençons par nous supporter les uns les
autres, par accorder un peu de temps à ceux qui nous entourent, et surtout par avoir assez

17
d’humilité pour demander pardon et offrir notre pardon aux autres. Comme le dit le pape
François, « Pour faire la paix, il faut du courage, bien plus que pour faire la guerre ». C’est tous ces
petits gestes d’amour qui font la valeur d’une vie et qui reflètent l’amour tel que Dieu le veut et tel
que le Christ nous le demande.

Rappelons ces paroles de saint Paul qu’il adresse aux chrétiens de la ville de Corinthe en Grèce et
qui nous disent l’essentiel sur l’amour : « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges,
s’il me manque l’amour, je ne suis qu’une cymbale retentissante. Quand j’aurais le don de
prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toutes les sciences, quand j’aurais la plénitude
de la foi, la foi à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. » Paroles
toujours aussi vraies, toujours d’actualité, toujours aussi percutantes aujourd’hui que quand elles
ont été prononcées il y a vingt siècles.

Les paroles du Christ que nous rapporte St Jean dans l’Évangile – encore saint Jean – sont les
derniers échanges de Jésus avec ses apôtres. Jésus sait qu’il va bientôt être condamné et mis à
mort ; ses paroles résonnent donc comme un testament pour ses apôtres qui sont encore loin de
se douter de tout ce qui va se passer. Jésus nous donne dans ce passage une image rassurante et
bienveillante de Dieu son Père qui n’est pas un Dieu lointain, voire un Dieu vengeur et sévère,
mais un Dieu qui aime et qui pardonne. Souvenons-nous de la parabole du fils prodigue que son
père accueille à bras ouverts après qu’il a dissipé tout son héritage et mené la grande vie.
Jésus sait qu’il va, par-delà sa mort et sa résurrection, retrouver l’intimité de Dieu son Père. Mais il
adresse à ses apôtres et à nous, à travers eux, un message d’espoir : « Dans la maison de mon
Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure » et ces paroles doivent trouver aujourd’hui un
écho particulier en nous qui accompagnons ce matin N. que nous avons connue, côtoyée, estimée,
aimée. Dieu nous attend chez lui, comme un père qui rassemble ses enfants. Et c’est Jésus qui
nous montre le chemin vers le Père, qui est le chemin : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la
Vie ». C’est dire que Jésus ne nous laisse pas orphelins, mais qu’il nous accompagne et nous guide,
comme ceux qui gravissent une montagne sont accompagnés par un guide expérimenté en qui ils
ont toute confiance. Nous aussi, nous pouvons avoir une confiance totale, aveugle, en Celui qui a
tout donné pour nous, qui a accepté le supplice infamant de la croix réservé aux condamnés de
droit commun pour que nous puissions être, une fois notre séjour sur cette terre achevé, dans la
lumière de Dieu.

Le lien qui nous unissait à ceux qui nous quittent n’est pas rompu avec la mort et nous restons en
relation avec eux qui sont dans la lumière de Dieu. Si nous ne sommes pas croyants, ils sont
présents au quotidien dans nos pensées et restent ainsi vivants, mais d’une autre manière. Si nous
sommes croyants, nous savons que, par-delà la mort, un lien mystérieux et invisible s’établit entre
les vivants et ceux qui les ont quittés. C’est ce qu’on appelle la communion des saints. Dans le
Credo – le « Je crois en Dieu » - nous affirmons : « Je crois à la sainte Église catholique, à la
communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. »
Toutes ces paroles, même si elles n’effacent pas la douleur de la séparation résonnent avec force
aujourd’hui et fortifient notre espérance.

XVII - Lecture de l’Évangile selon saint Jean (Jn 19, 17ab.18.25-30)


(F & S / E15)
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on
aime »
Pour un croyant
18
 Premier commentaire

Quand un deuil nous parait injuste parce qu’il a frappé trop tôt, trop vite, quelqu’un de trop jeune,
le premier mouvement est un mouvement d’incompréhension, un « Pourquoi ? » et plus ou moins
consciemment un cri : « Où est Dieu, là ! ».

Paul Claudel écrivait : « Dieu n’est pas venu expliquer la souffrance, ni la supprimer. Il est venu
l’emplir de sa présence ». Quand nous sommes devant une mort plus dramatique, notre seule
issue, c’est de regarder le Fils de Dieu en croix, à 33 ans, après une vie qui a été toute donnée au
bien des gens. Oui, face à la mort la plus injuste, Dieu n’est pas contre nous. Il est avec nous. Et il
est avec nous en « agonie jusqu’à la fin du monde », car il continue de porter la souffrance de tous
ceux qui meurent injustement comme de tous ceux qui sont déchirés de les voir partir. « Je suis
avec vous, jusqu’à la fin du monde, tous les jours », dit le Christ.

Mais saint Jean souligne la délicatesse de Jésus pour ceux qui voient partir leur défunt. Jésus leur
confie sa propre mère, Marie. Elle ressent avec nous le déchirement de la séparation physique :
elle est une mère qui voit mourir l’enfant de sa chair. Mais en même temps, dans la foi solide qui
lui a été donnée, elle est sûre que cette séparation n’est pas définitive. Celui qui, à côté d’elle est
mort, est en train d’entrer en elle, parce qu’il est la vie la plus forte.
Ainsi dans notre chagrin, remettons-nous à cette mère à laquelle Jésus nous confie, parce qu’il sait
qu’elle saura nous accompagner par son expérience.

Obsèques de 14 janvier 2016


 Deuxième commentaire
Avec la lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
(Rm 8,31b-35. 37-39)
(F & S / L7)
Après une longue maladie

Ces textes que nous venons d'entendre, c'est vous qui les avez choisis. Je voudrais m'arrêter un
instant à cette page poignante du récit de la crucifixion et de la mort de Jésus que nous rapporte
saint Jean. Dans cette agonie et cette mort qu'évoque saint Jean, c'est l'humanité de Jésus qui me
touche. Jésus l'un des nôtres, Jésus notre frère Jésus qui, jusqu'au bout marchera notre chemin
d'humanité ! Jusqu'à souffrir et connaître la mort. Ce chemin de Jésus, il est le nôtre.

Si semblable ce Jésus à tous ceux et celles qui portent la croix d'une longue maladie et qui en
savent la fin inéluctable... comme N. ! Je le revois encore, avec sa tête de gueule cassée – c'est le
nom qu'on avait donné à ces soldats de la grande guerre, défigurés par un éclat d'obus - A qui lui
demandait comment ça allait, il s'efforçait de faire bonne figure, le menton en avant, par bravade !
Il a été long aussi son chemin de croix !

Si proche, ce Jésus de tous ceux et celles qui sont crucifiés par la vie et le poids d'épreuves trop
lourdes. Si proche de nous...Proche de nous jusqu'à cette soif : « J'ai soif », dit Jésus. X. me disait
hier que le seul vrai tourment de N. ces derniers jours était la torture de la soif. Soif du malade
dont la fièvre assèche la bouche... Soif d'eau... Mais encore... Soif d'amour... Soif d'amitié... Soif de
bonheur... Soif d'espérance... Elles brûlent en nous aussi toutes ces soifs !

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Jésus si semblable à nous, jusqu'à partager nos limites, jusqu'à endurer la souffrance et la mort. La
mort attachée à notre nature biologique. La mort comme point de passage obligé... Mais pas
comme impasse... Car ce n'est pas la fin de l'histoire. Il y a une suite, même si elle n'est pas dite ici.
Le troisième jour est celui du tombeau vide du matin de la résurrection... Le début d'autre chose...
une suite... Car par sa mort, Jésus a vaincu la mort et a brisé la finitude tragique de nos destins
bornés... Telle est la foi de l’Église... Telle est notre foi...

Et ça change tout... Un jour, quelqu'un m'a demandé pourquoi à l'église le cercueil était dos à
l'assemblée. Tout simplement parce que la mort ne nous accule pas à un face à face tragique et
désespéré – mais parce que nous accompagnons le défunt pour le confier à Dieu... Un peu comme
on accompagne un voyageur au train... Destination : l'Ailleurs de Dieu ! C'est cette certitude que
dit saint Paul dans la première lecture que nous avons entendue : « Nous sommes les grands
vainqueurs grâce à Jésus qui nous a aimés. J'en ai la certitude : ni la mort, ni la vie […] Rien ne
pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » C'est à ce
Dieu si proche de nous, si semblable à nous, si plein de tendresse et de miséricorde que nous
allons maintenant confier N.

Diocèse de Poitiers
2019

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