UE3.BPCO.CM1
UE3.BPCO.CM1
UE3.BPCO.CM1
I. Rappels
A. L’inspiration
La ventilation est une fonction vitale pour l’organisme. Elle est permise grâce à nos deux
poumons. Elle se fait jusqu’aux bronches et vers les alvéoles où se feront les échanges
gazeux. L’O₂ va passer des alvéoles pulmonaires vers le sang et le CO₂ en sens inverse selon
des gradients de pression.
Au niveau de la BPCO il y aura des modifications de l’appareil respiratoire.
Pour que l’on puisse ventiler, il faut un système ventilatoire actif, c’est-à-dire un ensemble
de muscles ventilatoires (expiratoire et inspiratoire) ainsi qu’un système respiratoire passif
constitué des côtes, du sternum, des poumons et de l’arbre trachéobronchique. Ces deux
systèmes vont agir en interaction afin d’assurer les cycles ventilatoires.
● VEMS : volume expiré maximal par seconde (inspiration forcée suivi d’une expiration
forcée).
● CV : capacité vitale = 80% de la capacité respiratoire
Ainsi, en cas de BPCO il y a une modification de ces valeurs de référence plus ou moins
importante selon la sévérité de la pathologie.
II. Définitions
La BPCO est une maladie chronique et lentement progressive caractérisée par une
diminution non complètement réversible des débits aériens. Il y a une inflammation
chronique des bronches, secondaire à un irritant bronchique :
� Diminution du calibre des bronches (=bronchoconstriction) qui entraîne une obstruction
bronchique.
� Destruction du parenchyme pulmonaire qui altère la fonction ventilatoire en créant des
emphysèmes.
La BPCO est la seule maladie dont le nombre de décès est en augmentation dans les pays
développés : en 2020 🡪3ème cause de décès par maladie dans le monde.
La BPCO est la seule maladie dont les décès augmentent d’année en année de façon
importante. C’est un problème de santé publique.
C’est une maladie sous-évaluée car un patient stade 1 de BPCO ne consulte pas forcément,
banalisant ses symptômes.
Les patients souffrant de BPCO coûtent environ 10 000€ par an en soin respiratoire. C’est un
véritable coût pour le système de santé et qui pose un vrai problème de santé publique.
Tandis qu’un patient non-BPCO coûte à peu près 4000€ par an. Il faut donc responsabiliser
les patients. La prévalence de la BPCO est de 5 à 10%.
IV. Clinique
� Facteurs de risques
Le principal facteur de risque exogène est le TABAC (80%) et cannabis et tabac passive
Exposition professionnelle (20%) :mineurs, employés du textile, ouvriers de fonderie ou
bâtiment et agriculteurs.
● Substances responsables 🡪 ciments, gaz toxiques, solvants, produits de la mine, silice,
irritants des produits d’agriculture
De plus les pollutions urbaines et domestiques influencent le développement de la maladie.
Les facteurs de risques endogènes dont :
● Un déficit de l’alpha antitrypsine (<1% des BPCO)
III. Physiopathologie :
Au niveau cellulaire les cellules ciliées et caliciformes vont balayer le tapis muqueux pour
éliminer le mucus vers les voies digestives = clairance mucociliaire.
Ces cellules reposent sur un épithélium ventilatoire qui est organisé et vascularisé.
En cas de bronchique chronique :
� Désorganisation, le tapis muqueux est rompu :
o Épaississement de ce tapis muqueux 🡪les cellules auront du mal à éliminer le
mucus 🡪 obstruction des bronches.
Plus la BPCO évolue et plus on voit un rétrécissement bronchique lié au fait que
l’inflammation est de plus en plus présente et entraîne une plus grande production de
mucus.
Diffèrent de l’asthme qui induit aussi un rétrécissement au niveau des bronches mais qui est
lié à une hyper contraction des cellules musculaires lisses alors que la BPCO est liée à un
encombrement au niveau des bronches (bouchon muqueux).
Le diagnostic est souvent tardif. On considère 2/3 des malades non diagnostiqués ou
tardivement.
Ces symptômes sont souvent négligés par les patients qui pensent que ce sont seulement
des conséquences normales liées au tabac.
De manière physiologique, ils adaptent leur comportement, malgré certaines gênes pour
faire sortir de petit volume pulmonaire.
C’est un effort d’adaptation physiologique de 550ml au lieu de 500 ml à la normale.
La fonction ventilatoire se dégrade et ces patients ne consulteront que lorsque la gêne
devient malheureusement trop importante.
De plus, c’est aussi une pathologie qui peut être aussi négligée par le personnel de santé. Le
but est que ces patients soient pris en charge au plus tôt pour éviter que la pathologie
devienne trop sévère.
A. Les morphotypes
Le morphotype de patient est soit de profil plutôt obèse avec un thorax en forme de
tonneau ou soit complètement l’inverse, très rachitique dénutrie sans excèdent de poids.
Deux morphotypes caractérisés depuis longtemps, c’est le « Blue Bloater » bouffi bleu
(surcharge pondérale, parfois cyanosé, très encombré et en manque d’oxygène, tousse et
crache) ou le « Pink Puffer » : essoufflé rose (longiligne, maigre dyspnéique à l’effort mais
peu encombré, sans cyanose).
Lors de la respiration, chez ces patients, le problème va être d’ordre expiratoire (ils vont être
gênés au niveau inspiratoire dans les cas les plus sévères).
IV. Diagnostic
La BPCO est une maladie chronique qui évolue par poussées.
Il faut bien différencier :
● Le patient en état stable : état respiratoire de base 🡪 état clinique, EFR et gaz du sang
de base pour évaluer la sévérité et le stage de la maladie
● L’exacerbation : dure quelques jours et dans ce cas, le traitement sera
d’éviter/réduire le nombre d’exacerbations.
● Identifier les facteurs de risques : Le patient fume ? A été fumeur ? Si oui, nombre de
paquets par année ?
● Tableau de bronchite chronique : toux matinale ? Expectorations muqueuses
purulentes ?
● Dyspnée chronique : inconfort respiratoire ?
B. Paraclinique
En paraclinique, différents diagnostics indispensables sont possibles :
● La Spirométrie :
o On peut faire une spirométrie à l’état de base (ne pas la faire pendant
l’exacerbation) et la clef de ce diagnostic sera le rapport de Tiffeneau VEMS /
CV <70%.
o Ce rapport est non réversible car obstructif : le patient ne revient pas à la
normale durant le test. Exemple contraire pour les asthmatiques, si on fait un
examen en induisant une crise d’asthme contrôlée puis on leur donne un
bronchodilatateur. Ici, il y aura une réversibilité de la fonction respiratoire qui
revient à la normale.
Mais aussi des examens pas indispensables qui précisent simplement le retentissement :
● Le gaz du sang :
● Scanner thoracique :
o Non indispensable au diagnostic
o Bilan de l’emphysème
o Recherche un foyer infectieux ou une néoplasie (= tissu nouvellement formé
d’une tumeur bénigne ou maligne)
o Bilan pré-greffe ou chirurgie
Ici les zones blanches correspondent à des emphysèmes.
V. Classifications
Il existe différents stades de sévérité de la BPCO que l’on peut classifier grâce à plusieurs
échelles :
● La Classification de GOLD en 3 étapes :
o Dans un 1er temps, avec la spirométrie on va confirmer le diagnostic grâce au
rapport de Tiffeneau (FEV/FVC < 0,7).
o Puis dans un 2ème temps, on regardera les limitations du débit respiratoire
réduit par rapport au sujet sain avec cette concavité. Il existe 4 stages dans
cette classification :
● La classification de BODE
o Cette classification est faite selon l’IMC, la VEMS, l’échelle mMRC et le
résultat du test de marche de 6 minutes
VI. L’évolution de la maladie
L’évolution de la maladie se fera au cours du temps :
● 1. Le patient va avoir des états stables suivie d’exacerbations puis à nouveau état
stable. Ainsi il peut y avoir une décompensation plus ou moins importante parfois
très grave ce qui va le conduire à l’hospitalisation. Le but étant de stabiliser la
maladie pour éviter les décompensations et les exacerbations.
Le patient reviendra à l’état stable mais avec une dégradation au fur et à mesure.
L’exacerbation va induire une majoration de la dyspnée, de la toux, du volume et ou
de la purulence des expectorations allant vers une exacerbation sévère qui peuvent
engager le pronostic vital.
● 2. Pneumothorax accompagnés d’emphysème
VIII. Traitement
A. Mesures générales :
Plus on vieillit et plus le VEMS décline au cours temps, même chez les non-fumeurs.
Cependant chez les fumeurs, leurs VEMS déclinent beaucoup plus vite.
● Sur la longue durée ils améliorent la qualité de vie du patient et réduisent son taux
d’exacerbations.
● Les molécules :
● Corticothérapie inhalée :
o Diminue les symptômes et les exacerbations : à partir du stade III
o Elle n’aura aucun effet sur la mortalité
● Au stade d’insuffisance respiratoire (stade IV)
o Oxygénothérapie au long cours
▪ + de 15 heures/jour
▪ Augmente la survie
Arrêt strict du tabagisme
▪
o Ventilation non invasive en cas d’hypercapnie
● ATTENTION PAS DE CORTICOTHERAPIE SYSTEMIQUE AU LONG COURT !
● Réhabilitation Respiratoire :
o Tout patient atteint d’une BPCO avec handicap respiratoire
o Ensemble de mesures pour améliorer la dyspnée et sa qualité de vie :
▪ Kinésithérapie respiratoire
Il y aura un grand travail d’éducation thérapeutique chez ces patients pour leur expliquer
comment prendre leur traitement et les impliquer dans leur pathologie.
C. Le Traitement chirurgical
● Chirurgie de réduction volumétrique
● Transplantation pulmonaire (rare car patients BPCO ne sont pas prioritaires face à un
patient avec une mucoviscidose par ex):
o Bilan pré transplantation
o Suivi psychologique
o Arrêt du tabagisme
o Souvent après une réhabilitation respiratoire
Récap :
● Traitements des exacerbations :
o Mise en conditions :
▪ Oxygénothérapie adaptée aux gaz du sang (risque d’hypercapnie) mais
▪ Kinésithérapie respiratoire
▪ Perfuser le patient si signes de gravité
o Traitement étiologique :
▪ Infection (purulence des expectorations) : antibiothérapie
Oxygénothérapie exclusive a fort débit chez les patients qui ne seront plus sensibles au
stimulus de l’hypoxémie et majore l’hypercapnie. Il va falloir trouver le bon réglage à ces
patients de façon à ne pas modifier leur fonction physiologique.
VII. Conclusion
Cependant pour pouvoir soigner le patient le patient doit avoir des convictions :
● Être convaincu d’être malade
● Penser que :
o Cette maladie peut entraîner des conséquences graves
o Ce traitement est efficace
o Les bienfaits du traitement contrebalancent avantageusement ses contraintes
Enfin le but de l’éducation thérapeutique est :
● Aider le patient à acquérir ses convictions
Il existe également une prise en charge social pour une adaptation à domicile, ergothérapie
pour les gestes quotidiens visant à améliorer la qualité de vie de ces patients BPCO.
Le patient doit avoir une attitude préventive avec les vaccinations de la grippe (grippe
pneumocoque) et une sensibilisation à voir le dentiste pour éviter une infection buccale et
aggraver la pathologie.
Un patient faisant une réhabilitation respiratoire possède un programme type bien précis
sur une semaine, et différents exercices proposés avec de la kinésithérapie de
désencombrement le matin et de la kinésithérapie motrice l’après-midi.
Le patient doit avoir cet automatisme de prise en charge même après être sorti de l’Hôpital.
Son domicile peut être adapté à sa vie de tous les jours.
Il y aura un grand travail d’éducation thérapeutique chez ces patients pour leur expliquer
comment prendre leur traitement et les impliquer dans leur pathologie.