corrigé CB avril 23 PC
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Introduction :
Vinaver sur la nécessité d’avoir un emploi pour trouver une place dans la
société, s’y insérer et « vivre » (Passemar...)
Virgile : si les êtres humains doivent travailler c’est bien en raison d’une
privation originelle (un défaut), mais il s’agit d’une privation qui est à l’origine
du développement d’aptitudes qui sans cela serait restées en germes : Jupiter
et la morne indolence des êtres humains lorsqu’ils n’avaient pas à travailler ; +
un autre passage moins attendu ?
(3) ce n’est donc pas seulement sa vie ou sa survie qui est en jeu,
mais son humanité (tout ce qui va au-delà de la seule nécessité
naturelle, et par quoi l’être humain s’élève au-dessus de sa nature
biologique : // Kant sur la félicité et l’estime raisonnable de soi ; Hegel ou
Marx sur l’image de soi que l’action de l’être humain sur le monde lui renvoie :
cf. Hegel, Phénoménologie de l’esprit ou Principes de la philosophie du droit, ou
Das Kapital : « le travail est un acte qui se passe entre l’homme et la nature...»
araignée/architecte + notion de préexistence idéale du but dans l’imagination
du travailleur et de subordination de l’action à un but qu’il s’est lui-même
donné : autonomie et « réalisation de soi » ; cf aussi, Sartre, Situations, sur la
différence entre liberté abstraite / concrète) :
Virgile : on aurait tort de réduire le travail paysan à une pure et simple activité
de subsistance ; le paysan « humanise » le monde par son action et
s’humanise lui-même
(le paysage rural, fruit de l’interaction vertueuse entre l’être humain et les
autres êtres ; unisson des besoins spécifiques à chaque espèce)
Weil : le travail ouvrier, aussi pénible et oppressant soit-il, peut être la source
de découvertes précieuses concernant ce qui fait la valeur de la vie humaine ;
du coeur même de l’aliénation subie par les ouvriers, des éclairs d’humanité
peuvent subsister et s’y révéler de manière d’autant plus éclatantes qu’ils sont
environnés de ténèbres…
(la fraternité, solidarité, lisibles dans un simple regard de compassion et
d’encouragement ;
la gentillesse de certains ouvriers – le magasinier…
la valeur du savoir-faire et de la dextérité acquise, ou observée chez les autres
(1) les besoins sociaux sont au moins aussi importants que les besoins
naturels dans l’activité laborieuse :
Weil : la rationalisation du travail peut être vue comme une sorte d’extension
d’un mouvement qui commence avec la spécialisation des tâches
(complémentarité des métiers, coopération sociale et échanges, déjà mis en
scène dans le texte de Virgile), se prolonge avec la division du travail (// Smith
sur la veste de laine ou la manufacture d’épingles) ; il s’agit de l’aboutissement
d’une logique qui semble inhérente à l’organisation économique, et qui ne
représente probablement qu’un stade intermédiaire de cette dernière (comme
peut le laisser penser la réflexion de Weil sur la machines, qui anticipe les
espoirs mais aussi les critiques de l’automatisation ; // notre époque :
cybernétique et algorithmes, IA, etc.) : conférence sur la rationalisation ;
échanges avec et autour de J. Laffite (// anticipation de certaines analyses de
Simondon)
Vinaver : la répartition des rôles au sein de l’entreprise est illustrée par les
différents acteurs de la pièce ; leur fonction ne semble faire qu’un avec
l’accomplissement des objectifs de l’entreprise dont l’utilité réelle semble hors
de question :
(2) cela peut contribuer à faire perdre de vue aux travailleurs le sens
et l’intérêt de leur activité ;
Virgile : la perte du sens de son activité pourrait provenir chez le paysan d’une
subordination à des objectifs sociaux contre laquelle Virgile nous rappelle qu’il
faudrait toujours nous en garder (passage sur les riches et leur train de vie ; le
luxe et l’expansionnisme impérial ; rappel de l’exception que représente le
travail paysan au mépris dont le travail – « labor improbus » – faisait l’objet
dans l’Antiquité : Vernant, Méda, Hésiode…)
(1) comment une telle idée peut y trouver un écho (chez Virgile, et
chez Weil c’est le plus évident) ;
pour montrer ensuite (2) que le travail devrait avoir en lui-même son
intérêt et que cela n’est possible qu’à la condition de ne pas être
réduit à la recherche du profit ; ce dernier servant très mal à évaluer
le véritable intérêt pour la vie humaine, de ce qu’il permet d’obtenir
en contrepartie ;
Virgile sur le luxe de certains produits, qui pourraient faire oublier la simplicité
rustique de certains plaisirs plus authentiques ; bienheureux paysans, qui ne
sont pas corrompus par des désirs de choses dont on n’a pas réellement besoin
(// épicurisme de Virgile)
Weil : ses réflexions sur les formes de coopération qui pourraient avoir lieu en
usine, afin que le travail ouvrier ne soit pas synonyme purement et simplement
de subordination ; les passages sur la valeur du travail ouvrier qui n’est pas
totalement exempt d’une certaine dextérité et d’une certaines ingéniiosité ; la
façon dont le travail industriel pourrait être moins aliénant à condition de
laisser plus d’initiatives aux ouvriers, notamment dans la réflexion sur les
machines (en contrepoint de sa réflexion sur les limites de la révolution
marxiste en la matière) ; enfin et surtout la révélation à l’homme de sa
condition et l’accès à la spiritualité dont le travail, du coeur même de
l’oppression irréductible dont il s’accompagne, donne l’occasion
Vinaver : l’analogie, dont la pièce est entrecoupée, entre ce qui se joue dans
l’entreprise et la bataille des dieux nordiques, aboutit sur une issue heureuse
quoiqu’un peu dérisoire ; ce qui se rejoue dans la vie économique c’est bel et
bien une sorte d’épopée du genre humain ; son caractère un peu ridicule, et
ironique, ne doit pas faire négliger que c’est peut-être en gardant cet aspect à
l’esprit qu’il est possible de le sublimer, ainsi que peut le faire l’art, et le
théâtre en l’occurence, grâce à sa fonction de catharsis (// Aristophane,
explicité par Passemar lui-même dans la pièce)
[AMORCE] « Un peuple libre obéit mais ne sert pas, il a des chefs mais
non pas des maîtres, il obéit aux lois mais il n’obéit qu’aux lois et c’est par la
force des lois qu’il n’obéit à personne ». C’est ainsi que Rousseau condense en
une seule formule tout l’esprit de la nouvelle pensée politique qui émerge au
XVIIIe siècle et donnera naissance à la conception libérale de l’État dont les
démocraties modernes sont les héritières. Force est de constater que le modèle
démocratique est d’abord inspiré par une certaine idée de la liberté qui peut
s’expérimenter dans bien d’autres domaines que celui de l’État, et tout l’enjeu
de la pensée des Lumières en la matière a été de chercher à la répliquer dans
le rapport aux lois et à l’État. A cet égard, on ne peut qu’être surpris qu’à notre
époque il faille encore légitimer la nécessité d’étendre l’expérience
démocratique dans toutes les sphères sociales si on veut la voir vraiment
s’accomplir dans celle de l’État.
[ANALYSE] C’est ainsi que les auteurs du texte relève deux types
d’arguments principalement pouvant servir à cette justification : l’argument du
« rejaillissement », tout d’abord, consiste en l’argument selon lequel
l’expérience acquise dans les différentes sphères de la vie individuelle
influence les prédispositions démocratiques des individus (leur capacité à se
reconnaître dans les institutions, à percevoir les décisions qui en résultent
comme légitimes ou non, etc.). L’argument du « parallel case », consiste quant
à lui en l’argument selon lequel on ne peut pas prôner la démocratie au niveau
des institutions étatiques et ne pas la prôner et l’encourager dans les autres
sphères sociales (dont le travail, mais aussi à’ l’école par exemple) ; cet
argument semble être le pendant du précédent ; ils ne sont pas redondants,
mais se complètent mutuellement. Ces deux arguments sont probablement
d’inspiration deweyenne, car il semble assez évident que la pensée du
pragmatiste américain a influencé la réflexion des auteurs en la matière.
[PROBLEMATIQUE] La prise en compte de ces deux arguments conduit à
développer un plaidoyer en faveur de la démocratisation des lieux de travail.
Une légère ambiguïté pèse à ce sujet : en effet, faut-il entendre la
démocratisation des lieux de travail eux-mêmes ? Ou la démocratisation du
travail? Cette dernière formulation de l’idée semble plus fidèle au texte comme
en témoigne l’orthographe à la fin du 3 e § (« ...dans des lieux de travail
démocratisé... » : le singulier laisse entendre que c’est le travail qui est
démocratisé, et non le « lieu » dans lequel ils se déroule ; ce qui est d’ailleurs
conforme à la suite, lorsque les auteurs soulignent qu’il ne suffit pas, quoiqu’en
dise certains auteurs partisans récents de l’idée – tels A. Schwartz, cité dans le
texte – de mettre en place des dispositifs (comités, conseils…) où siègent des
représentants élus du personnel (cadres comme employés, subalternes…) ; les
auteurs soulignent en effet que le pouvoir ne se limite à ce qui se joue au sein
de telles instances, mais se vit et s’éprouve concrètement dans les relations de
travail, y compris les plus triviales : c’est donc bien l’ensemble de
l’organisation du travail qu’il faut repenser afin de contribuer à sa
démocratisation, dans l’optique examinée ci-dessus, et cette démocratisation
passe vraisemblablement par la mise en place de stratégies permettant de
favoriser une forme de démocratie participative (et non pas simplement
représentative) à l’échelle de l’entreprise.
[SUJET] Ainsi, la citation à expliquer : « on devrait exiger que les
décisions stratégiques, concernant la production, la rémunération,
l’organisation du travail et les conditions de travail, ne soient pas du seul
ressort de conseils d’administration où siègent uniquement les possesseurs de
capitaux, mais d’assemblées où siègent des travailleurs », doit être envisagée
en gardant à l’esprit les réserves émises par les auteurs dans le texte à
l’encontre d’une conception exclusivement représentative de la démocratie en
entreprise.
[ENJEUX] En prolongeant la réflexion on peut considérer que les lieux de
travail, peuvent constituer de véritables laboratoires de l’expérimentation
sociale, susceptible d’infuser dans le reste de la société et de contribuer à une
démocratisation plus globale ; mais pas à n’importe quelles conditions, et c’est
ce qu’il s’agira aussi de préciser.
[PLAN] Nous commencerons dont par examiner ce que les œuvres
peuvent nous apprendre quant au déficit d’égalité dans les rapports
hiérarchiques au travail, et en quoi cela est dommageable. Puis nous
montrerons quelles solutions peuvent être envisagées, et dans quelle mesure
les solutions que l’on peut envisager sur la base des indications que nous
donnent les œuvres au programme, s’apparentent aux préconisations des
partisans d’une meilleure représentation au sein de la hiérarchie et de
l’organisation administrative des travailleurs. Nous verrons enfin ce qui peut
laisser penser que cette amélioration de la démocratie risque de ne pas être
suffisante, et quelles leçons les œuvres peuvent nous enseigner à ce sujet.
Notre propos laissera ouverte la question de savoir pourquoi et comment
pourrait-on aller vers une version participative de la démocratie en entreprise.
idée de plan :
(i) ce que les œuvres nous apprennent quant au déficit d’égalité dans les
rapports hiérarchiques au travail, et pourquoi cela est
regrettable/dommageable
(ii) quelles solutions pourrait-on envisager sur la base des œuvres, et dans
quelle mesure ces solutions s’apparentent-elles aux préconisations des
partisans d’une meilleure représentation au sein de la hiérarchie et de
l’organisation administrative des intérêts des travailleurs
(iii) ce qui peut dans les œuvres laisser penser que cette amélioration de la
démocratie risque de ne pas être suffisante si elle s’en tient à une version
« représentative » de la démocratie ; pourquoi et comment pourrait-on aller
vers une version participative de la démocratie en entreprise ?
(i) ce que les œuvres nous apprennent quant au déficit d’égalité dans les
rapports hiérarchiques au travail, et pourquoi cela est
regrettable/dommageable
(ii) quelles solutions pourrait-on envisager sur la base des œuvres, et dans
quelle mesure ces solutions s’apparentent-elles aux préconisations des
partisans d’une meilleure représentation au sein de la hiérarchie et de
l’organisation administrative des intérêts des travailleurs
chez Virgile, le modèle de la démocratie semble bien lointain (encore que, les
premières communautés romaines, les Sabins, dont Virgile célèbre la mémoire,
qui vécurent avant même l’instauration de la République romaine et dont
l’Empire pourrait sceller la « fin »...)
(iii) ce qui peut dans les œuvres laisser penser que cette amélioration de la
démocratie risque de ne pas être suffisante si elle s’en tient à une version
« représentative » de la démocratie ; pourquoi et comment pourrait-on aller
vers une version participative de la démocratie en entreprise ?
Il faudrait dans cette partie, revenir sur ce qui a été dit auparavant en
montrant que :
- la coopération pure que Weil appelle de ses vœux, et qui reste selon elle
utopique, s’apparenterait à qqch de très proche de ce que nous concevons
sous le terme de démocratie participative ; la société post-révolutionnaire à
laquelle S. Weil croit, dans l’absolu, au début de La CO, sans croire que ce soit
pour tout de suite (au contraire de certains de ses camarades) est censée elle-
même abolir la frontière entre dominés et dominants en abolissant celle entre
gouvernés et gouvernants (l’État restant toujours aux yeux des marxistes
l’émanation de la classe dominante, la révolution à leurs yeux passe bel et bien
par sa conquête par le prolétariat, en vue, à terme, de préparer le terrain qui
rendra possible de s’en passer ; vaste sujet de discorde entre les marxistes et
les anarchistes...)
- l’image idyllique du monde rural fournie par Virgile est celle d’un monde qui
semble pouvoir vivre en se passant de l’Empire romain, alors que l’inverse
n’est pas vrai ; les rapports de pouvoir semble y être absent ; à la place de la
domination des hommes sur les hommes celle des hommes sur les « choses »,
lesquelles ne sont jamais considérées comme de simples choses, mais comme
des êtres sensibles, dotés d’une quasi-personnalité et avec lesquelles il faut
véritablement négocier
- chez Vinaver ?
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