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2024 17:10
La Nouvelle-France, 1604-1627
Marcel Trudel
URI : https://id.erudit.org/iderudit/302465ar
DOI : https://doi.org/10.7202/302465ar
Éditeur(s)
Institut d'histoire de l'Amérique française
ISSN
0035-2357 (imprimé)
1492-1383 (numérique)
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Virginie 2,000
Nouvelle-Néderlande 200
Nouvelle-Angleterre 310
Terre-Neuve 100
population anglaise et hollandaise 2,610
population de la Nouvelle-France 107
La population des établissements anglais et hollandais est
donc 26 fois celle de la Nouvelle-France; et nous avons vu
que le plus fort groupe d'expression française, ce n'est ni en
Acadie ni au Canada qu'il faut le chercher, mais dans la colonie
hollandaise, en Nouvelle-Néderlande.
La supériorité de ces colonies rivales ne tient pas seulement
du nombre (le nombre n'a qu'une valeur relative et diverses
circonstances peuvent le renverser), mais encore de la situation
géographique et des ressources économiques. Elles ont, même la
Nouvelle-Néderlande, cette économie diversifiée que Champlain
réclamait pour la Nouvelle-France en 1618; pour sa part, la
Virginie a déjà une économie florissante, celle du tabac, qui
appelle une abondante immigration. De plus, situées sur l'océan,
ces colonies disposent d'une communication constante avec
l'Europe, elles peuvent toute l'année commercer facilement entre
elles et avec l'Amérique espagnole, alors que, la colonie lauren-
tienne est coupée de sa métropole sept ou huit mois par an et
n'entretient aucun commerce ni avec l'Acadie française ni avec
d'autres colonies européennes; le reste du temps, comme la
fourrure, seul objet de son activité, appartient à une compagnie
de faible envergure, il ne vient qu'un ou deux navires par an;
il n'en vient pas davantage en Acadie, faute d'une organisation
plus importante.
souffrent pour ainsi dire pas : dans cette période d'un quart de
siècle, on ne connaît d'une façon certaine, qu'un seul Français
(Pierre Magnan) à tomber sous les coups des Iroquois, et
encore cela survient-il en Iroquoisie même, au cours d'une am-
bassade fort mal préparée. Toutefois, avec le recul du temps,
nous comprenons mieux la portée de certains événements qui
ont pu alors paraître de peu de conséquence: c'est au cours de
cette période que, refoulée et battue jusqu'en 1610, PIroquoisie
reprend confiance après sa victoire de 1615 et après la défaite
des Mahicans; elle va bientôt envahir la scène nord-américaine.
La mise en place de ce grand réseau de traite et sa con-
solidation par les relations qu'on entretient avec des indigènes
qui sont alors les plus puissants, ne peuvent faire oublier l'insi-
gnifiance numérique ni l'instabilité du peuplement français.
Comment expliquer que la Nouvelle-France, installée dans une
Acadie fertile, qui donne sur la mer et sur les pêcheries, installée
dans la vallée du Saint-Laurent dont les basses terres sont de
bon rapport et qui est un grand axe de pénétration nord-amé-
ricaine, comment expliquer que cette Nouvelle-France ne compte
encore qu'une centaine d'habitants ?
L'abondance des réponses nous embarrasse, parce qu'aucune
ne paraît apporter l'explication décisive. Peut-être, malgré les
nombreux essais du seizième siècle, l'idée de colonisation,
c'est-à-dire de reconstituer en Amérique d'une façon stable une
société européenne, est-elle une idée encore trop récente: elle
n'a pas atteint la masse du peuple (et c'est sur le peuple que
l'on compte pour faire un monde) ; elle n'a même pas con-
vaincu tout à fait l'élite, à qui il revient d'exciter et d'orienter
les déplacements de population; non seulement l'Amérique du
nord a mauvaise presse, mais des hommes d'État, comme Sully,
rejettent tout projet de s'établir au nord du 40€ degré; l'entre-
prise enthousiaste du Brésil en 1612-1614 démontre que la
France, fidèle à la publicité du seizième siècle, est bien plus
attirée vers le sud. Il faudrait donc un impératif très fort pour
que la France s'intéresse à une Nouvelle-France nord-américaine.
Les guerres civiles, à caractère politico-religieux, divisent
la France, retardant comme au seizième siècle son action exté-
LA NOUVELLE-FRANCE, 1604-1627 221