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Les règles d'une bonne dissertation

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Espace Pédagogique Contributif


Cours de Français de M. Bruno Rigolt – Lycée en Forêt – Montargis (France). Cahier de texte électronique –
Ressources Pédagogiques en Ligne – Culture générale

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Méthodologie de la dissertation… Tous niveaux…


Publié le 24 janvier 2010 par Bruno Rigolt

Les règles d'une


bonne dissertation
méthodologie et conseils
Définition
La dissertation littéraire est un genre qui possède une longue tradition scolaire
et universitaire. Relevant de l'argumentation, elle est donc basée sur
un thème défini et elle amène le rédacteur à soutenir un raisonnement
répondant à une problématique dans le but de convaincre un lecteur en
justifiant ou en confrontant des thèses successives. Par ailleurs, « elle vise à
faire acquérir, par les élèves de l'enseignement secondaire général et par les
étudiants de lettres, une maîtrise dans l'exposé écrit, cohérent, précis et le plus
rigoureux possible, sur un sujet donné » (¹).
La particularité de la dissertation littéraire tient au fait qu'elle amène à
répondre au sujet posé en exploitant un certain nombre de connaissances au
niveau de l'histoire littéraire et au niveau des textes. Pour un candidat à
l'Épreuve Anticipée de Français par exemple, il serait aberrant d'entreprendre

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une dissertation et de s'en tenir uniquement aux documents proposés dans le
corpus : les savoirs scolaires et les acquis personnels sont indispensables.

Connaissances préalables requises


Comme il a été très bien dit, « une dissertation littéraire peut bien sûr
emprunter des connaissances à d'autres domaines de la pensée –historiques et
philosophiques, en particulier–, mais son objet est de parler des textes. Sans
une connaissance concrète des œuvres dont on parle, elle tombe dans le
délayage, les lieux communs, les généralités, les simplifications. L'ennemi
mortel de la dissertation est le vague souvenir d'un cours, d'un manuel, ou
d'un discours critique. Attention aux propos allusifs : l'exactitude des
connaissances est déterminante. La réussite d'une dissertation dépend donc
essentiellement de l'étendue des lectures, et de l'attention accordée aux textes
» (²). On ne fait pas "allusion" à un auteur ou à un ouvrage : les références se
doivent d'être précises.
Comme vous le voyez, la dissertation est un exercice de réflexion étayée
par un savoir : il est donc impératif de mémoriser des textes, même brefs, et
de connaître des citations. Relire une fois cinq poèmes que l'on va présenter à
l'oral de l'EAF et croire qu'on peut entreprendre de rédiger une dissertation
relève d'une ignorance coupable. Comment maîtriser une démonstration si la
culture est insuffisante ? La connaissance de données formelles est donc
essentielle.
Vous devez vous constituer :

 des fiches de synthèse : sur le roman, le théâtre, la poésie, etc.


 des fiches de synthèse : sur les grandes problématiques et les
mouvements culturels. Elles vous aideront à dégager le sens d'un
passage dans son contexte d'histoire littéraire et sociale ;
 des fiches de lecture (sur quelques ouvrages bien ciblés) ;
 des répertoires de citations ;
 des fiches sur les notions logiques (vocabulaire de l'argumentation).

Trois obstacles majeurs à éviter


 La paraphrase : on fait de la paraphrase quand on redit ce qu'exprime
déjà un texte. C'est un obstacle majeur dans
le commentaire littéraire puisqu'elle conduit à délayer le contenu au
lieu de l'expliquer. Mais beaucoup de candidats lors de la dissertation font
également de la paraphrase, précisément quand leur culture générale leur
fait défaut : au lieu de proposer une réflexion organisée mettant en valeur
l'exploitation du corpus à la lumière de leurs connaissances personnelles,
ils se mettent à commenter les documents proposés. De là une absence
totale de raisonnement démonstratif.

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 La tendance à la généralisation : elle touche un certain nombre de
candidats (parfois de valeur) qui éprouvent des difficultés à hiérarchiser et
à sélectionner leurs connaissances : ils veulent tout mettre en négligeant
les aspects particuliers du sujet : c'est-à-dire sa délimitation. Leur devoir
ressemble ainsi à une sorte d'exposé ou de discours très général. Autre cas
de figure : vous vous trouvez devant un sujet ressemblant à une
problématique déjà traitée, et vous cherchez à réutiliser vos
connaissances… le risque est de tomber dans les généralités en oubliant la
prise en compte minutieuse du sujet spécifique qui vous est soumis.
 Une trop grande implication personnelle : à la différence de l'écrit
d'invention, la dissertation n'est pas un exercice de style. On n'attend pas
du candidat des gradations, des anaphores, des métaphores colorées, etc.
Vous ne devez donc pas vous impliquer émotionnellement ou affectivement
dans votre travail, ni interpeller le lecteur comme vous le feriez par
exemple dans un article de journal, un discours, un débat, une lettre,
etc. Il vous faut au contraire objectiver votre devoir, c'est-à-dire le
rendre objectif par une expression neutre et sobre, qui tient compte de la
situation de communication imposée : donc pas de poésie, pas de lyrisme
exagéré, et bien entendu pas d'esprit polémique ! Le but étant
de convaincre dans une langue qui doit rester toujours soutenue.
Analyser le sujet : la méthode "OPLC"
La plupart du temps, quand un étudiant échoue, c’est qu’il a mal compris le
sujet. Le stress en effet pousse souvent à interpréter de manière hâtive un
énoncé. Tout d’abord, lisez plusieurs fois la question et reformulez-la dans votre
propre langage. Un conseil au passage : lisez toujours l’intitulé des sujets
d’écriture AVANT de lire les textes du corpus. Pourquoi ? Parce que bien
souvent, c’est le sujet d’écriture qui va conditionner et orienter votre lecture
préalable des documents.

Au départ, il est donc nécessaire de mobiliser ses connaissances en cernant le


sujet. Rappelez-vous de ces quatre lettres : ”O.P.L.C.”

1. L'objet d'étude (O) : il s’agit de déterminer précisément le champ


thématiquedans lequel se situe le sujet (par exemple “la Poésie” ou “le
roman”), et d’établir des comparaisons rapides avec d’autres objets
d'étude afin de bien cerner les enjeux et de les mettre en perspective : on
n'aborde pas le roman comme on aborde le théâtre par exemple ! La
capacité du candidat à établir des distinctions, à varier les points de vue
afin d'ouvrir des perspectives, ou de nuancer des prises de position sont
autant de qualités valorisées lors de la notation.
2. La Problématique (P) : c’est-à-dire les différentes façons de poser le
problème, d’envisager différents points de vue permettant de préciser

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l'enjeu social et culturel du sujet proposé. Le plus important ici est de
questionner le sujet, de cerner le point de vue de l'auteur par exemple (et
donc d'envisager d'autres points de vue). Si le sujet est une citation, vous
devez évidemment la reformuler pour en comprendre les significations.
C'est aussi l'occasion de vous interroger sur le sens des termes, sur la
thèse soutenue, sur les arguments explicites ou implicites qui sous-tendent
l'argument ou la démonstration. Toute dissertation ne prenant pas en
compte la problématique du sujet ne saurait obtenir la moyenne ! N'allez
pas trop vite ! Pensez à bien cerner les termes du sujet, et à en
comprendre le sens. Une analyse de notion s'avère également nécessaire
le plus souvent : on ne saurait par exemple entreprendre une dissertation
sur le Réalisme ou le Naturalisme sans avoir constitué au préalable un
minimum de recherches.

3. Les limites (L) : il est également essentiel de déterminer les limites d’un
énoncé afin d'éviter la généralisation (voir plus haut) ou le hors-sujet
(n'oubliez pas que les devoirs hors-sujet sont notés sur la moitié des points
!). Certes, votre connaissance des œuvres et votre culture générale sont
essentielles... mais à la condition de les exploiter avec discernement en
tenant compte de la spécificité de l'énoncé. Quel est l’intérêt de
“recracher” ses connaissances sur le Romantisme ou la poésie si ce qu’on
écrit n’a pas de rapport étroit avec la problématique ? Je vous conseille
de privilégier une approche restreinte en partant d'une
problématique clairement définie plutôt que d'élargir et de prendre
le risque de rester dans le vague et les généralités.
4. La Consigne (C). Vous devez la respecter scrupuleusement en vous posant
toujours cette question : “Qu’est-ce qu’on attend de moi exactement?”
Les correcteurs vont évaluer en effet votre capacité à tenir compte des
implications du sujet dans votre démonstration qui doit obéir à une
finalité. Je vous recommande de lire lespages 15 et suivantes de
l'ouvrage de Francine Thyrion, La Dissertation, qui explique bien ces
questions.

La gestion du temps
Minutez votre temps : vous devez aller vite pour ne pas être pris de court le jour de l'examen :
n'oubliez pas que les brouillons ne sont pas acceptés ! Si vous disposez de 4 heures, vous
devez être structuré(e) par ces 4 heures. Si vous disposez de 3 heures, vous devez être
structuré(e) par ces 3 heures : c'est fondamental. À chaque session, de nombreux candidats
perdent des points parce qu’ils ne prennent pas suffisamment en considération ces questions
de gestion du temps. Si vous prenez trop de temps pour lire un texte par exemple, ou pour
rechercher des informations, vous emmagasinerez trop de données, vous aurez du mal à les

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ordonner, et surtout à les hiérarchiser, d’où une perte de temps, qui sera préjudiciable à la
qualité d’ensemble de votre travail.

N. B. Cet exemple est donné à titre indicatif. Bien entendu, vous pouvez l'adapter à votre
convenance !
La présentation de la copie et l'expression
Comme tout texte argumentatif, la dissertation obéit à une visée clairement didactique : la
disposition typographique est donc fondamentale. C'est ce qu'observe en premier lieu le
correcteur AVANT de lire votre devoir. Les découpages (parties, sous-parties
ou paragraphes) doivent apparaître à l'œil nu, car ils soulignent la cohérence du plan ainsi que
les articulations du raisonnement. Dans l'exemple ci-contre, on peut
supposer que la disposition typographique obéit à un plan basé sur la
construction thèse/antithèse (chaque partie comportant elle-même 3
arguments, donc 3 paragraphes). Comme vous le voyez, la clarté de la
présentation est indispensable : votre copie doit donc être aérée par
des sauts de ligne qui séparent visuellement l'introduction, chaque
partie du développement ainsi que la conclusion. De même, il faut
vous rappeler que chaque paragraphe commence par un alinéavisible.
N'oubliez pas en revanche que la dissertation littéraire (tout comme la
dissertation philosophique) ne doit comporter NI TITRE, NI
NUMÉROTATION : vous devez problématiser sous forme de phrase.
Enfin, le plan doit être visible grâce aux mots charnières qui énumèrent
ou qui annoncent une conséquence ("ainsi", "à cet effet"). Pensez également à ménager
destransitions car elles sont fondamentales : elles traduisent en effet une cohérence dans la
démonstration. N'hésitez pas à les mettre en valeur, en les détachant par exemple du
paragraphe.
Je ne saurais trop en outre vous recommander de veiller à la correction de la langue et de
l'expression, qui doit rester soutenue : n'oubliez pas qu'une dissertation constitue un test de
culture générale. La clarté (attention aux copies-brouillon) ainsi que la maîtrise de l'écriture
sont donc essentielles. Faut-il revenir sur d'évidentes conventions de graphie ? Les coupures

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de mots en fin de ligne (conson-nes doubles) par exemple. N'oubliez pas aussi que les titres
des œuvres se soulignent. Ne négligez pas les accents, les règles d'accord du participe passé,
et plus généralement les constructions de phrase. Bannissez impérativement les familiarités de
langage. Évitez aussi les parenthèses qui, en rompant le rythme de lecture, alourdissent
considérablement la rédaction.

La recherche des idées


Le plus facile est de prendre une copie GRAND FORMAT dans le sens de la
LONGUEUR et de faire 3 colonnes (voir l'illustration ci-dessous).
1. Dans la colonne de gauche, vous écrivez toutes les idées (c'est-à-dire les
arguments) telles qu'elles se présentent à votre esprit, sans les classer.
2. Une fois que vous avez terminé, dans la colonne du milieu, vous allez
classer vos arguments : il s'agit de reprendre chacune des idées de la
colonne de gauche mais EN LES ORDONNANT ET EN LES REGROUPANT.
3. Dans la colonne de droite, vous allez faire correspondre en face de
chaque argument UN OU DEUX EXEMPLES.

Le plan : ordre, progression et cohérence


Il est important, particulièrement dans une dissertation, d'ordonner la réflexion : les qualités
d'un bon plan sont d'abord des qualités logiques permettant la mise en œuvre d'un
raisonnement. Votre plan doit amener le lecteur à comprendre la logique démonstrative sur
laquelle repose votre réflexion : il faut donc structurer le devoir selon une logique de
progression qui va toujours du moins important au plus important. Il faut ainsi partir des

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idées les plus générales ou les plus évidentes pour les approfondir : une dissertation obéit en
effet à une finalité que l'on peut résumer ainsi : "D'où est-ce que je suis parti ? Pour parvenir
où ?" Ce principe de cohérence est d'autant plus essentiel que la dissertation repose sur une
logique démonstrative. Pensez aussi à confronter les points de vue, les textes entre eux : c'est
de cette façon que vous enrichirez votre raisonnement, que vous nuancerez vos prises de
position. Évitez le plus possible les avis trop tranchés ; n'oubliez pas qu'il s'agit d'examiner
une problématique. Confronter ne veut pas dire nécessairement opposer, mais plus
simplement comparer, c'est-à-dire mettre en relation plusieurs approches dans un esprit de
curiosité intellectuelle et de tolérance. À ce titre, de moins en moins nombreux sont les
candidats qui pensent à utiliser les tournures interro-négatives ou concessives : c'est dommage
car elles offrent l'avantage de nuancer subtilement certaines prises de position :
 "Ne convient-il pas de se demander si la poésie n'a de fonction qu'esthétique ? N'a-t-
elle pas aussi un rôle social à jouer dans la société ?" (tournure interronégative)

 "Si l'on ne peut nier la fonction esthétique de la poésie, il importe en revanche de


souligner son rôle politique au sein de la société..." (tournure concessive)

Afin de guider le correcteur dans votre parcours argumentatif, n'oubliez pas enfin d'utiliser
les connecteurs logiques ainsi que les tournures de transition. De fait, il ne faut jamais
enchaîner les arguments en se contentant de juxtaposer les idées entre elles.
La structure du paragraphe : le principe de l'unité de sens
Le paragraphe argumentatif doit respecter certaines règles simples :

1. Annoncer l'idée (au moyen d'un connecteur logique marquant la relation au


paragraphe précédent). En premier lieu, vous devez présenter l'idée directrice en une
ou deux phrases succinctes dans un souci de clarté. Il faut qu'en vous lisant le
correcteur (et n'importe quel lecteur) puisse répondre spontanément à la question : "De
quoi est-il question dans ce paragraphe ?" Il s'agit en effet pour le candidat de se situer
précisément par rapport à d'autres points de vue en énonçant une pensée dont la vérité
sera soutenue par le raisonnement. Votre formulation se doit donc d'être précise et
claire. Vous lirez ici et là que l'annonce de l'idée principale ne doit pas se situer
forcément au début. Certains en effet placent l'idée au milieu voire à la fin du
paragraphe. Cela dit, il me paraît souhaitable de respecter la règle selon laquelle tout
paragraphe argumentatif commence par l'annonce de l'idée dont découle une
déduction à la suite d'un raisonnement. Cette structure est certes un peu rigide mais
elle permet d'éviter les maladresses de méthode.
2. Développer l'idée. C'est la phase d'approfondissement et d'explicitation : de fait, il est
très maladroit de trouver dans certaines copies un argument certes pertinent, mais qui
n'est pas développé. D'où une impression de superficialité, puisque le lecteur n'a pas pu
suivre et donc comprendre votre logique démonstrative. Avant de passer à l'exemple, il
est donc impératif d'étayer l'idée annoncée. N'oubliez pas qu'une idée n'arrive pas "d'un
coup" : elle est le fruit d'un processus, d'un travail spécifique que le candidat élabore

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progressivement en utilisant son intelligence et ses connaissances. Derrière les mots,
c'est donc d'abord un raisonnement logique que vous devez mettre en valeur.
3. Illustrer l'idée. C'est la fonction des exemples. Vous ne devez pas les multiplier afin
d'éviter l'impression de "catalogue" que présentent certaines mauvaises copies : un ou
deux exemples bien ciblés et rattachés à la problématique sont préférables à
unesuccession d'exemples qui feraient perdre au paragraphe son unité de
composition et de sens.
4. Déduire. Il est évidemment recommandé de ne pas achever le paragraphe sur un
exemple. Vous devez dans la mesure du possible proposer une déduction qui confirme
l'idée annoncée en début de paragraphe et permette ainsi de mieux lier la
démonstration à la problématique d'ensemble.

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L'introduction
L'introduction doit être fluide et se lire aisément. Sa longueur ne doit pas dépasser une demi-
page environ. Elle se compose de trois étapes essentielles :

1. L'entrée en matière (appelée également "amorce", "accroche" ou "préambule") : elle a


pour but d'éveiller l'intérêt du lecteur et de susciter sa curiosité intellectuelle. Plus
fondamentalement, l'entrée en matière doit amener à situer le cadre du sujet.
 L'accroche par citation : elle peut se révéler très utile à la condition bien entendu
que la citation ait un rapport étroit avec le sujet. À ce titre, on n'introduit jamais
(sauf cas très particulier) une citation à commenter ou à discuter par une autre
citation : ce serait d'une extrême maladresse. Il y a une "manière" de citer. De
nombreux candidats éprouvent toujours des difficultés dans leur façon d'amener la
citation. Considérons par exemple cette phrase d'accroche :
"La poésie est l'étoile" (V. Hugo). Nous allons réfléchir aux fonctions de la
poésie".
Cela ne convient évidemment pas. De plus, la citation n'est pas mise en valeur. On
pourrait imaginer une entrée en matière de ce type : "Dans un texte célèbre, Victor
Hugo, chef de file des Romantiques, assigne à la poésie la mission de guider les
hommes : "La poésie est l'étoile" écrit-il. De fait, la poésie..."
Conseil : Si l'accroche par citation est souvent pertinente, il faut veiller cependant à
ne pas faire de commentaire de cette citation qui amènerait à perdre complètement
de vue le sujet !
 L'accroche par énumérations ou questionnements : elle part souvent d'anecdotes
ou d'exemples à valeur factuelle (énoncés de faits, d'événements tirés de l'actualité,
d'œuvres, etc.) amenant au questionnement suggéré par le sujet. Sa démarche est
donc inductive : alors que le raisonnement déductif dérive d’une règle générale,
l'approche inductive va tenter au contraire d'amener à une problématique générale à
partir d’informations partielles, ou d'énumération de cas particuliers, d'exemples, de
faits. Signalons aussi ici l'accroche par analogie. Elle consiste à s'appuyer sur une
ressemblance entre un autre cas et la situation à traiter selon un principe de
spécification. Il y aura donc similitude entre deux situations où les connaissances
relatives à l'une sont en partie transférées à l'autre. Dans l'exemple qui suit
(introduction d'un travail sur le roman, l'accroche par analogie est couplée à
l'accroche par citation : "Dans un essai célèbre sur Victor Hugo, Baudelaire affirme
du poète que c'est « un traducteur, un déchiffreur ». Ces propos nous semblent
parfaitement s'appliquer au romancier..."
 L'accroche en allant du général au particulier. Basée sur le raisonnement
déductif, elle consiste à partir d'un principe universel ou d'un énoncé
volontairement général duquel on pourra dégager un enjeu afin d'amener
progressivement le sujet à traiter. Prenons l'exemple de ce sujet de dissertation de
culture générale : "La télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation
des cerveaux d'une partie très importante de la population." Vous commenterez et

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au besoin discuterez cette affirmation de Pierre Bourdieu (Sur la télévision). Pour
réussir l'accroche, il ne faut pas partir du "général" mais du "particulier" (la
télévision) et remonter progressivement vers le général : 1) la télévision. 2)
ensemble plus large : la TV fait partie des médias, des moyens d'information et de
communication. 3) Ces moyens se sont largement développés pendant les Trente
glorieuses avec l'avènement d'une société de consommation. Il suffit ensuite
d'inverser l'ordre en allant du général au particulier (3 puis 2 puis 1) : "L'avènement
d'une société de consommation de masse particulièrement sous les Trente
Glorieuses (3) a bouleversé l'équilibre des systèmes d'information et de
communication (2) au premier rang desquels figure la télévision : n'est-elle pas
devenue un véritable phénomène de société ? À ce titre, le sociologue Pierre
Bourdieu affirmait..."
_

Conseils :
- attention à l'utilisation de clichés ou de formules trop stéréotypées dans votre
accroche ("Depuis la nuit des temps"...)
- Ne partez pas de considérations qui, trop éloignées du sujet, en rendraient
difficiles la compréhension.
- Lors de la contextualisation, ne rentrez pas dans des détails n'ayant aucun lien
avec le sujet et qui déboucheraient sur une sorte d'exposé ou de commentaire à n'en
plus finir sur le contexte historique, social, littéraire, etc.
2. L'annonce du sujet et la définition d'une problématique : Cette deuxième étape est
essentielle puisqu'elle amène à poser la question à laquelle votre devoir va
répondre. D'abord, vous devez rappeler l'intitulé du sujet. Attention à bien relier
cette étape avec l'entrée en matière. Rien n'est plus maladroit qu'un sujet annoncé sans
lien avec l'accroche. Par ailleurs, n'hésitez pas à reformuler (brièvement) le sujet afin de
fournir un éclaircissement. Prenez par exemple ce sujet de discussion : "Dans Aden-
Arabie (1931), l'écrivain Paul Nizan affirme : « J'avais vingt ans. Je ne laisserai
personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. » Vous discuterez ces propos". Au-delà
de sa dimension polémique (la dénonciation de la culture bourgeoise), ce sujet, proposé
à des étudiants, amène en fait à une réflexion sur la jeunesse. La citation de Nizan
pourrait être reformulée ainsi : "Remplie de doutes, de révolte, de désirs parfois
contradictoires, cette étape de la vie qu'est la jeunesse est ainsi considérée par Paul
Nizan comme l'âge des désillusions". Comme vous le voyez, la reformulation s'avère
ici essentielle. Elle conduit à la problématisation : "Problématiser" un sujet signifie
montrer en quoi le sujet légitime un questionnement proposé à la réflexion, et rendant
nécessaire la recherche d'une solution. La problématisation implique donc une mise
en perspective critique.
Conseil : Évitez à tout prix de réduire le sujet à un banal questionnement qui
n'amènerait à aucune réflexion, à aucun enjeu.
3. L'annonce du plan. C'est évidemment une étape incontournable puisqu'il s'agit pour le
candidat d'annoncer la manière dont il va traiter le sujet. À ce titre, je vous

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recommande de ne pas rentrer dans le détail des arguments. Annoncez synthétiquement
les grands axes de votre réflexion.
L'introduction ne doit pas comporter de longues phrases ET SURTOUT PAS
D'EXEMPLES. De même, votre plan doit être un PLAN D'IDÉES et PAS un plan
d'exemples. Il a pour but de présenter synthétiquement au lecteur les grandes lignes
du raisonnement.
La conclusion
Elle se doit d'être brève et synthétique. Elle comporte en général deux étapes :

1. Le bilan. À la différence de l'introduction qui va du général au particulier, la


conclusion va toujours du particulier au général. Dans le bilan, il ne s'agit pas de
rappeler les étapesdu raisonnement, ce qui vous amènerait à d'inévitables redites, mais
les résultatsauxquels vous êtes parvenu au terme de votre démonstration. Plus
subtilement, il vous faut mettre l'accent sur la démarche ayant permis de répondre à la
problématique posée : "où est-ce que je suis parvenu par rapport à l'introduction ?" La
conclusion doit donc vous amener à une prise de position.
2. L'ouverture (ou élargissement). Cette question fait souvent débat : est-il utile d'ouvrir
les perspectives par un nouveau questionnement, sans tomber dans des considérations
qui n'auraient plus aucun rapport avec le sujet ? Oui, à la condition que ce
questionnement ait une légitimité, une justification. Or, force est de reconnaître que
beaucoup de conclusions débouchent sur des élargissements peu probants d'un point de
vue intellectuel, ce qui est pénalisant, particulièrement en fin de devoir : si vous
manquez d'inspiration, je vous recommande donc de ne pas élargir. Certes, il est
possible d'ouvrir une perspective, mais en restant dans les limites de la
problématique posée, au risque de laisser le correcteur sur une mauvaise impression.
© Bruno Rigolt, EPC/Lycée en Forêt (Montargis, France), janvier 2010.
Dernière mise à jour : 28 décembre 2012
_______________

NOTES
1) Francine Thyrion, La Dissertation : Du lieu commun au texte de réflexion personnelle, éd.
De Boeck, Bruxelles 2006, p. 6
(2) Voir en particulier ce site : Anagnosis Lettres & classiques.

Pour aller plus loin...


Entraînez-vous à partir de ces sujets par exemple :
 Dans la préface de son recueil de poèmes Les
Contemplations (1856), Victor Hugo répond à ceux qui se plaignent
« des écrivains qui disent moi » : « Ah ! quand je vous parle de moi,
je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé
qui crois que je ne suis pas toi ! »... Quand vous lisez de la poésie,

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attendez-vous qu’un poète vous parle de lui, de vous ou bien
attribuez-vous à la poésie d’autres rôles ?
 Dans une conférence prononcée à Londres le 24 juin 1936 à
l'occasion de l'exposition internationale du Surréalisme, Paul
Éluard affirme que les poètes « ont appris les chants de révolte de
la foule malheureuse [...], ils ont maintenant l'assurance de parler
pour tous ». Vous discuterez cette affirmation. Corrigé disponible en
cliquant ici.
 On a souvent reproché au roman d'encourager les rêves et les
illusions du lecteur. Ce reproche vous paraît-il pleinement fondé ?
 L’amour occupe dans le roman une place essentielle. En quoi sa
représentation est-elle révélatrice du regard porté par le romancier
sur l’homme et la société ?
Je vous conseille de lire les chartes des correcteurs à l'examen. Cela vous
permettra de mieux comprendre les critères qui sont retenus pour
évaluer une copie.

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