Vulnérébilité-Saiss-Maroc
Vulnérébilité-Saiss-Maroc
Vulnérébilité-Saiss-Maroc
Département de géologie
ÉVALUATION DE LA VULNERABILITE A LA
POLLUTION DES EAUX SOUTERRAINES DANS
LA NAPPE PHREATIQUE DU BASSIN DE SAÏSS
(MAROC)
Présenté par :
Hicham DEROUICH
Encadré par :
Pr. Abdelhadi EL OUALI
Je tiens tout d’abord à remercier DIEU le tout puissant et miséricordieux, qui nous a donné la
force et la patience d’accomplir ce modeste travail.
coordonnateur du Master M2S2E. Son rôle en tant que coordinateur a été déterminant pour la
avec une grande rigueur et un souci constant d’excellence, facilitant ainsi notre progression tout
au long du programme. Leur soutien inébranlable et leur dévouement ont été des facteurs clés
J’exprime mes profonds remerciements à mon encadrant Monsieur Pr. Abdelhadi EL OUALI
pour leur précieux conseil, leur gentillesse et leur aide durant toute la période du travail qui ont
fait de ces 6 mois un moment très plaisant et intéressant.
Je tiens à remercier très chaleureusement Monsieur Pr. Anas EL OUALI pour leur accueil, leur
aide, leur attention durant ce travail.
Mes vifs remerciements vont également aux membres du jury : Monsieur Pr. My Hachem
AOURAGH, et Monsieur Pr. Abdellah EL HMAIDI pour l’intérêt qu’ils ont porté à notre
recherche en acceptant d’examiner notre travail et de l’enrichir par leurs propositions.
J’adresse une pensée spéciale à toute les membres de ma petite famille pour leur soutien dans
mes choix, leur attention sans faille, leur encouragement pour que j’ai pu accomplir cette
modeste mémoire.
Enfin, je tiens également à remercier toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à
la réalisation de ce travail.
2
Résumé
Le bassin de Saïss, situé au nord du Maroc, joue un rôle crucial dans l'approvisionnement
en eau potable et agricole pour les villes de Fès et Meknès. Cependant, il fait face à des défis
majeurs liés à la pollution, principalement due à l’agriculture intensive ainsi qu’aux rejets
industriels et domestiques. Cette étude évalue la vulnérabilité des eaux souterraines dans le
bassin de Saïss en utilisant les méthodes DRASTIC, SINTACS, SI et DRASTI-LU, qui
prennent en compte des facteurs tels que la profondeur de la nappe, la recharge des aquifères,
la topographie, la conductivité hydraulique, et d'autres éléments. Les résultats révèlent une
répartition variable de la vulnérabilité : zones de très faible à faible vulnérabilité au nord-ouest
du bassin, zones à vulnérabilité moyenne couvrant une large portion, et zones de forte à très
forte vulnérabilité principalement autour de Meknès, Haj Kaddour, Boufekrane et Ain
Taoujdate, nécessitant des mesures urgentes de protection. Les recommandations insistent sur
la réduction des prélèvements dans les zones à haute vulnérabilité et l'amélioration des
infrastructures de traitement des eaux usées pour protéger les ressources en eau, essentielles à
la santé publique et à l'agriculture durable, face aux pressions croissantes liées à l'urbanisation
et aux changements climatiques.
3
Abstract
The Saïss basin, located in northern Morocco, plays a crucial role in supplying potable and
agricultural water to the cities of Fès and Meknès. However, it faces major challenges related
to pollution, primarily from intensive agriculture as well as industrial and domestic discharges.
This study assesses the vulnerability of groundwater in the Saïss basin using methods such as
DRASTIC, SINTACS, SI, and DRASTI-LU, which consider factors like groundwater depth,
aquifer recharge, topography, hydraulic conductivity, and other elements. The results reveal a
variable distribution of vulnerability: very low to low vulnerability zones in the northwest of
the basin, medium vulnerability zones covering a large portion, and high to very high
vulnerability zones primarily around Meknès, Haj Kaddour, Boufekrane, and Ain Taoujdate,
requiring urgent protective measures. The recommendations emphasize reducing withdrawals
in high vulnerability areas and improving wastewater treatment infrastructure to protect water
resources, which are essential for public health and sustainable agriculture, in the face of
increasing pressures from urbanization and climate change.
4
Table des matières
5
4. La méthode SI Indice de Susceptibilité) ....................................................................... 50
V. Résultats ............................................................................................................................ 53
1. DRASTIC ...................................................................................................................... 53
2. DRASTI-LU .................................................................................................................. 55
3. SINTACS....................................................................................................................... 56
4. SI Indice de Susceptibilité ............................................................................................. 58
VI. Discussion des résultats ................................................................................................. 60
VII. recommondations .......................................................................................................... 61
1. Zone de Faible à Moyenne Vulnérabilité ...................................................................... 61
2. Zone à Vulnérabilité Élevée .......................................................................................... 62
VIII. Conclusion ..................................................................................................................... 64
Références ................................................................................................................................ 66
6
Liste des figures
Figure 1: la situation géographique du bassin de Saïss ........................................................... 11
Figure 2: carte d'altitude du bassin de Saïss ............................................................................. 12
Figure 3: Carte géologique du bassin de Saïss d'après la carte du Maroc au 1/50000 ............. 16
Figure 4: Colonne lithostratigraphique synthétique du bassin de Meknès-Fès ....................... 17
Figure 5: carte de précipitations annuelles (ABH Sebou) ........................................................ 19
Figure 6:variation interannuelle de précipitations qui été mesuré dans la station de Meknès. 20
Figure 7: variation interannuelle de précipitations qui été mesuré dans la station de Fès. ...... 20
Figure 8: Carte du réseau hydrographique du bassin de Saiss ................................................. 22
Figure 9: Esquisse piézométrique de la nappe profonde (Lias) du bassin de Fès-Meknès. ..... 25
Figure 10: Carte des gradients hydrauliques de la nappe profonde (Lias) du bassin de Fès-
Meknè ....................................................................................................................................... 25
Figure 11: Evolution piézométrique du secteur sud-est de la nappe profonde du Lias (PDAIRE
ABH Sebou. 2021). .................................................................................................................. 26
Figure 12: Evolution piézométrique du secteur sud du plateau de Meknès de la nappe
profonde du Lias ...................................................................................................................... 26
Figure 13: Esquisse piézométrique de la nappe libre du bassin de Fès-Meknès ...................... 29
Figure 14: : Carte des gradients hydrauliques de la nappe libre du bassin de Fès-Meknès . ... 29
Figure 15: Evolution piézométrique du secteur nord-est de la nappe libre du bassin de Fès-
Meknès Paramètres hydrodynamiques ..................................................................................... 30
Figure 16: La profondeur de la nappe (D) ................................................................................ 40
Figure 17: La recharge (R) ....................................................................................................... 42
Figure 18: La nature lithologique de la zone saturée (A) . ....................................................... 43
Figure 19: type de sol (S) (Lahjouj, 2022). .............................................................................. 44
Figure 20: la topographie (T) ................................................................................................... 45
Figure 21: la lithologie de la zone non saturée ......................................................................... 46
Figure 22: la conductivité hydraulique..................................................................................... 47
Figure 23: l'Utilisation des sols ............................................................................................... 52
Figure 24: carte de la vulnérabilité selon la méthode DRASTIC ............................................ 54
Figure 25:pourcentage de chaque classe (DRASTIC) ............................................................. 54
Figure 26: Carte de vulnérabilité selon la méthode DRASTI-LU ........................................... 56
Figure 27: pourcentage de chaque classe de la vulnérabilité (DRASTIC-LU) ........................ 56
Figure 28: Carte de vulnérabilité selon la méthode SI ............................................................. 57
Figure 29: pourcentage de chaque classe (SINTACS) ............................................................. 58
Figure 30: Carte de vulnérabilité selon la méthode SI ............................................................. 59
Figure 31: pourcentage de chaque classe de la vulnérabilité (SI) ............................................ 59
7
Liste des tableaux
Tableau 1: les précipitations moyennes annuelles .................................................................... 18
Tableau 2: Poids attribués aux paramètres DRASTIC, DRASTI-LU et SI ............................. 36
Tableau 3: Notations accordées aux paramètres de la méthode DRASTI-LU ........................ 36
Tableau 4: : Critères d’évaluation de la vulnérabilité dans la méthode DRASTIC ................ 39
Tableau 5: classification de l'indice de vulnérabilité .............................................................. 48
Tableau 6 : Poids attribués aux paramètres dans les différents scénarios de la méthode
SINTACS .................................................................................................................................. 49
Tableau 7: Critères d’évaluation de la vulnérabilité dans la méthode SINTACS .................... 50
Tableau 8: Critères d’évaluation de la vulnérabilité dans la méthode SI ............................... 53
Tableau 9: pourcentage de chaque classe dans les déférentes méthodes de vulnérabilité ...... 61
8
I. Introduction générale
Dans le contexte marocain, l'eau revêt une importance cruciale, tant sur le plan économique
que social et environnemental. En tant que ressource vitale, elle est au cœur du développement
durable du pays, jouant un rôle essentiel dans l'agriculture, l'industrie, l'alimentation en eau
potable et l'écosystème naturel. Le Maroc, caractérisé par un climat semi-aride à aride, est
confronté à des défis croissants en matière de gestion de l'eau, notamment en raison de la
pression démographique, de l'urbanisation rapide et des changements climatiques.
Au sein du bassin de Saïss, situé dans le nord du pays, cette importance de l'eau est
particulièrement palpable. Les villes emblématiques de Fès et Meknès, qui se trouvent dans ce
bassin, sont des centres économiques majeurs, où l'approvisionnement en eau est crucial pour
l'industrie, l'agriculture et les besoins domestiques. Cependant, malgré son importance, le
bassin de Saïss est confronté à des défis environnementaux sérieux, en particulier celui de la
pollution de l'eau.
Face à cette menace nombreuses méthodes ont été développées à travers le monde pour
déterminer la vulnérabilité des eaux souterraines. Ces méthodes varient en complexité, allant
des modèles sophistiqués intégrant des processus physiques, chimiques et biologiques dans les
aquifères, aux techniques plus simples de pondération de différents critères influençant la
vulnérabilité (Gogu et Dassargues, 1998 b).
9
mesurant les niveaux de nitrates dans les eaux de surface, en utilisant les méthodes
paramétriques DRASTIC et SI. De plus, ces techniques ont également été appliquées dans la
plaine du Saïss, où une version modifiée, DRASTI-LU, a été utilisée(Lahjouj et al., 2022).
Dans la même région, les méthodes DRASTIC, PRK et GOD ont également été employées
pour évaluer l'exposition des eaux souterraines à la pollution (Sadkaoui et al., 2013). Par
ailleurs, ces approches ont été appliquées à la nappe de Rich (Haut Atlas central du Maroc)(El
Kayssi et al., 2020), ainsi que dans plusieurs autres zones, region El Hajeb – Ifrane(causse du
moyen Atlas, Maroc) (Azzi et al., 2016), Meltine-Ras Jebel-Raf Raf (nord-est Tunisien)(Hamza
et al., 2008), Plaine d'El Asnam, nord de l'Algérie(Rezig et al., 2022).
1. Situation géographique
Le bassin de Saïss, situé au nord du Maroc, fait partie du bassin versant du Sebou. S'étendant
sur une longueur de 100 km et une largeur de 30 km, ses coordonnées Lambert sont comprises
entre 465 km et 545 km pour X, et entre 335 km et 385 km pour Y. Cette plaine abrite les
grandes villes de Meknès et de Fès, et s'étend entre l'oued Beht à l'ouest et le Sebou à l'est. Elle
est délimitée par les reliefs pré-rifains au nord et le rebord du Causse moyen atlasique au sud
(Fig. 1).
10
Figure 1: la situation géographique du bassin de Saïss
11
2. Morphologie de Saïs
Dans le bassin de Saïss, l'altitude diminue du Sud au Nord, les altitudes les plus élevées
situées au Sud et les plus basses au Nord. Alors que les eaux de surface s'écoulent généralement
du Sud vers le Nord.
3. Contexte Géologique
1.1.Géologie régionale
Sur le plan géologique, le bassin de Saïss constitue la partie centrale du Sillon sud-rifain,
se distinguant principalement par sa position entre deux vastes zones structurales aux
caractéristiques très distinctes, marquant ses limites nord et sud : le Prérif et le Moyen Atlas.
Ces entités ont une influence directe sur la configuration géologique actuelle du bassin :
Le Prérif, ou plus précisément la tectonique rifaine, est responsable de toutes les flexures et
failles orientées SE-NW.
12
Le Moyen Atlas s'étend sous le bassin, déterminant les flexures dirigées SW-NE. Le Prérif
constitue un ensemble tectono-sédimentaire complexe, datant du Miocène supérieur jusqu'aux
klippes sédimentaires du Lias au Tortonien. Il se caractérise par des faciès marneux et des reliefs
relativement doux. Les crêtes prérifaines correspondent à des chaînons orientés est-ouest, avec
un noyau formé de formations jurassiques encadrées par des marnes néogènes. Le Prérif se
divise en deux arcs distincts : l'arc interne à l'est et l'arc externe à l'ouest. Le Moyen Atlas se
compose également de deux parties : le plateau tabulaire du Causse moyen atlasique (peu
affecté par la tectonique) et le Moyen Atlas plissé, aux reliefs plus marqués. Son faciès est
principalement carbonaté, datant du Mésozoïque : calcaires, dolomies et marnes.
1.2.Géologie locale
La stratigraphie du bassin de Saïss révèle une variété de formations géologiques s'étendant
du Paléozoïque au Plio-quaternaire (Fig. 3 et Fig.4) :
Paléozoïque :
Les formations géologiques du Paléozoïque, souvent explorées par des sondages dans le
bassin de Saïss, sont principalement visibles le long de la bordure sud-ouest du bassin, ainsi
que sur ses bordures sud et sud-est. Elles constituent une source majeure de matériaux érodés
alimentant le bassin. À l'ouest d'Agouraï, le bassin de Saïs entre en contact direct sur une vaste
étendue avec le massif paléozoïque du Maroc central. Plus à l'est, les formations du Paléozoïque
affleurent le long du talus des Causses au nord-est d'El Hajeb.
Les schistes sont les types de roches les plus courants dans les terrains paléozoïques. Parmi
eux, deux types de faciès sont discernables : les pélites et les argilites, ainsi que les flyschs, qui
comportent des bancs gréseux d'épaisseur décimétrique, séparés par des intervalles schisteux
métriques. Les pélites et les argilites sont principalement visibles dans la région ouest
d'Agouraï, en amont de l'Oued Kell. Ce sont des roches vertes, parfois lustrées, avec une texture
schisteuse sous-vertical. Elles sont datées du Viséen supérieur au Namurien et font partie du
vaste bassin de Fourhal – Telt.
Quant aux flyschs, nous les repérons principalement dans les talus des Causses au nord-est
d'El Hajeb. Ils représentent le seul affleurement du Paléozoïque intégré au bassin de Saïss et se
trouvent en position dominante. Ces flyschs sont brunâtres et grisâtres, datés du Viséen
supérieur, et présentent une épaisseur d'environ 120 mètres à l'affleurement (Amraoui, 2005).
• Trias :
13
Les investigations menées dans le bassin de Saïs révèlent la complexité et la grande
variabilité des formations triasiques. Ces particularités découlent de plusieurs facteurs : la
sédimentation sur une surface irrégulière due à l'érosion de la chaîne hercynienne, la présence
de coulées basaltiques étendues avec des épaisseurs variables, ainsi que la présence
d'évaporites, souvent associées à des phénomènes de diapirisme qui amplifient les épaisseurs.
Les formations triasiques sont partiellement exposées en affleurement, surtout le long des
marges du bassin. On les trouve notamment dans la région d'Agouraï, au sud-ouest d'El Hajeb
et au nord de Sefrou près des Bhalil. Le complexe triasique le plus complet est observable en
amont de l'Oued Kell à l'ouest d'Agouraï, avec une série de Keuper qui s'étend sur une épaisseur
de 100 à 200 mètres. Cette série se compose d'un niveau inférieur d'argilites rouge brique
homogènes, parfois associées à des couches salifères, d'un niveau intermédiaire dominé par des
basaltes sous forme de coulées superposées et de strates argileuses, et enfin d'un niveau d'argile
rouge brique homogène dont l'épaisseur varie latéralement et tend à disparaître (Amraoui,
2005).
À El Hajeb, les terrains triasiques sont principalement basaltiques mais fortement altérés.
Les analyses chimiques réalisées sur ces roches altérées révèlent leur caractère de basaltes
tholéïtiques (Yoder et al., 1962 et Carron, 1977).
Les différentes formations du Trias, ainsi que les schistes et les flyschs carbonifères, ont
contribué à enrichir le bassin de Saïs en une variété importante de matériaux essentiellement
détritiques (Amraoui, 2005).
• Lias :
Les formations du Lias constituent le substratum fondamental du bassin de Saïs.
Principalement sous forme dolomitique, elles forment les reliefs dominants au sud (Moyen
Atlas) et au nord (Rif) du bassin, et constituent le substratum principal sur lequel reposent
directement les marnes du Miocène. Ce substratum constitue également la principale roche
réservoir pour les eaux souterraines du bassin.
En raison de leur soulèvement conjoint avec les Causses, du Jurassique moyen au Miocène,
les formations liasiques du bassin de Saïs ont subi une altération importante, particulièrement
prononcée dans la région du Saïs de Meknès où elles peuvent être amincies ou absentes par
endroits. En revanche, dans la région du Saïs de Fès, leur présence est plus généralisée. Le Lias
du bassin de Saïs n'est observé que par le biais de sondages réalisés dans le bassin, à l'exception
14
de sa bordure sud-est où il affleure à Bou Oughioul, présentant des faciès similaires à ceux des
Causses.
Les faciès les plus courants dans les formations du Lias sont principalement des dolomies
massives. Ces dolomies, bien qu'elles affleurent également à Bou Oughioul, peuvent parfois
donner l'illusion d'une nature bréchique due à l'altération qui altère les lignes de maillage et
donne l'apparence d'un "ciment rose".
Pour comprendre la lithologie du Lias dans le bassin de Saïs, bien que partiellement érodé,
nous proposons d'examiner les affleurements dans les Causses d'Imouzzer et d'Agouraï. La
sédimentation principale dans ces régions est datée du Lias inférieur et moyen, composée de
sept unités lithostratigraphiques distinctes selon Laadila (1996), séparées par des discontinuités
régionales.
Les trois premières formations du Lias sont principalement dolomitiques, tandis que les
deux suivantes présentent une variété de faciès avec des intercalations de marnes. Les
formations supérieures voient l'émergence de bio-constructions récifales sur un substratum
marno-calcaire.
La comparaison entre le Lias des Causses et celui des crêtes sud-rifaines montre une
évolution similaire des faciès, en particulier dans les rides méridionales. Par exemple,
l'évolution verticale de la série liasique du Jbel Kefs présente des similitudes avec le Causse
d'Imouzzer, avec des formations facilement reconnaissables. Les variations d'épaisseur
observées dans la formation L2-1 soulignent une subsidence très active, probablement
contemporaine de la première fragmentation tectonique des crêtes sud-rifaines (Amraoui.
2005).
• Miocène :
Au cours du Miocène, une transgression marine a déposé une série marneuse d'une grande
puissance. Plus précisément, le Tortonien est caractérisé par des calcaires gréseux à l'ouest, des
molasses au sud, suivis principalement de marnes blanches, de grès et de marnes bleues,
atteignant une épaisseur totale d'environ 1000 mètres. Le Miocène se clôt sur un faciès gréso-
sableux peu épais, appelé Sahélien, d'une hauteur de 30 à 50 mètres.
• Pliocène :
15
Le Pliocène se distingue par la présence de calcaires lacustres et de sables fauves. Dans la
plaine de Saïss, on trouve des calcaires et marno-calcaires (craie) lacustres, d'une épaisseur de
60 à 100 mètres, reposant sur des marnes bleues du Tortonien ou des marnes gréseuses du
Sahélien. Sur le plateau de Meknès, ces couches recouvrent les sables fauves.
• Quaternaire :
Cette période est caractérisée par une diversité de dépôts :
o Des cônes de déjection et des éboulis se trouvent au pied du causse du Moyen Atlas.
o Des limons, des croûtes calcaires, des dépôts marécageux (notamment dans la région
de Douyet), ainsi que des coulées basaltiques sont observés le long de la bordure et
du causse du Moyen Atlas.
16
Figure 4: Colonne lithostratigraphique synthétique du bassin de Meknès-Fès (Essahlaoui et Jaidouri
1990 ; Ait Brahim 1991 ; Essahlaoui 2000)
17
4. Contexte Climatologique
Le climat est l'un des facteurs essentiels qui influencent les cycles hydrologiques et
hydrogéologiques dans la région. Le bassin de Saïss se trouve dans la zone semi-aride, avec des
hivers tempérés. Il est saisonnièrement influencé par des masses d'air continentales et
orientales. La variation annuelle des précipitations influence le remplissage des aquifères dans
le bassin.
La carte des précipitations (Fig. 5) révèle une diminution graduelle des précipitations d'ouest
à l’Est, avec des valeurs maximales localisées à l'Est dans le plateau de Meknès, et des valeurs
minimales à l'Ouest dans la plaine de Fès.
Précipitation moyenne
Station X(m) Y(m) Année
annuelle (mm)
Fès 538691 370299 321 1985-2020
Meknès 487681 364750 538 1974-2016
Azrou 300682.631 3683262.37 715 1972-2015
El Hajeb 502354 343476 574 1974-2016
Ifrane 471927.749 302547.87 957 1958-2015
18
Figure 5: carte de précipitations annuelles (ABH Sebou)
b. Variation interannuelle
La figure 6 représente la variation interannuelle des précipitations par rapport à la pluie
moyenne annuelle à Meknès. Elle confirme l’irrégularité des pluies et met en évidence une
diminution importante des apports depuis 2012.
Les hauteurs pluviométriques interannuelle varient entre 204 mm/an pendant l’année 2017
(la plus sec) et 1124 mm/an pour l’année 2001 (la plus pluvieuse).
19
Station de Meknès
1200 P(mm/an) Moyenne
1000
Précipitations en mm
800
600
400
200
Années
Figure 6:variation interannuelle de précipitations qui été mesuré dans la station de Meknès.
La Figure 7 présente les fluctuations annuelles des précipitations par rapport à la moyenne
annuelle à Fès. Cette visualisation confirme l'irrégularité des précipitations.
Les hauteurs pluviométriques annuelles varient entre 130 mm en 1985 (année la plus sèche)
et 1124 mm en 2011 (année la plus pluvieuse).
500
Précipitation en mm
400
300
200
100
0
1994
2007
2020
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Années
Figure 7: variation interannuelle de précipitations qui été mesuré dans la station de Fès.
5. Contexte Hydrologique
5.1.Cours d’eau superficiels
Dans le bassin de Fès-Meknès, quatre cours d'eau principaux parcourent la région du sud au
nord. Dans l'ordre de l'ouest vers l'est, il s'agit des oueds El Kell (affluent de l'oued Beht),
20
R’Dom (formé par la confluence des oueds Boufekrane et Ouislane), Mikkès et Fès (Fig. 8)
(PDAIRE ABH Sebou. 2021).
Les oueds El Kell, R’Dom ainsi que les affluents de la rive gauche de l'oued Mikkès drainent
le plateau de Meknès, tandis que l'oued Fès et les affluents de la rive droite de l'oued Mikkès
(N’Ja et Atchane) collectent les eaux de la plaine de Sais. À noter que tous ces cours d'eau
prennent leur source dans le Causse moyen atlasique, à l'exception de l'oued Fès.
L’oued Mikkès, prenant son origine dans la région d’Ifrane, voit une grande partie de ses
eaux s'infiltrer pour alimenter les sources de débordement du complexe Ribâa-Bittit. Au fil du
temps, le débit de l’oued a connu une baisse notable, passant de 3,97 m³/s (sur la période 1969-
79) à 2,03 m³/s (sur la période 1969-2003), avec un débit minimum enregistré de 0,18 m³/s
pendant l’année 1994-95.
Quant à l’oued R’Dom, il reçoit les apports de ses affluents Boufekrane, Ouislan, Ali Oulhaj,
Frah et Serja, alimentés par des sources ponctuelles et des venues d’eau diffuses. Son débit
évalué en aval du bassin est passé de 5,15 m³/s (sur la période 1969-1979) à 3,15 m³/s (sur la
période 1969-2002), avec un débit minimum enregistré de 0,65 m³/s pendant l’année 1994-95.
En ce qui concerne l’oued Fès, prenant sa source à la fontaine de Ras-El-Ma, il collecte les
eaux de plusieurs sources dans son cours amont. En aval, il draine la nappe phréatique de Fès-
Meknès jusqu’à sa sortie de la plaine de Sais, recevant selon les saisons l’excédent d’irrigation
des eaux des oueds Bourkaiz, Smène, Chkeff, Canal N’Ja, Mahrez et Boufekrane de Fès. Le
débit moyen, mesuré au niveau de la station d’El Mechouar, en amont de la Médina de Fès, est
de 3,41 m³/s (sur la période 1920-1984).
21
Figure 8: Carte du réseau hydrographique du bassin de Saiss
5.2.Les sources
En ce qui concerne les sources, le bassin de Fès-Meknès est caractérisé par une grande
variabilité de leurs débits, pouvant aller de quelques litres par seconde à plus d'un mètre cube
par seconde. Elles ont des origines diverses, pouvant être la nappe phréatique, profonde ou
mixte. Parmi elles, on compte les sources thermales de Sidi Harazem, Moulay Yaâcoub et A.
Skhounat, dont les températures varient de 30 à 54 degrés Celsius. On distingue également les
sources issues essentiellement des calcaires liasiques et les sources d'origine mixte (Lias et Plio-
Quaternaire), ainsi que les sources d’émergence de la nappe phréatique, situées généralement
en bordure des oueds peu encaissés (oued Ouislan, Jdidah et Madhouma, EL Kell, N’ja, etc).
En 2017, l'ABH Sebou a mené une campagne de jaugeage concernant 26 sources, totalisant un
débit d'environ 5,3 m³/s (environ 167 Mm³/an) (PDAIRE ABH Sebou. 2021).
6. Contexte Hydrogéologique
Le système aquifère du Saiss, l'un des principaux systèmes aquifères du Maroc, est délimité
au nord par le Prérif, à l'est par la vallée de l'oued Sebou, à l'ouest par les affluents de l'oued
Beht, et au sud par les Causses du Moyen Atlas. Il est composé de la nappe profonde du Lias et
de la nappe phréatique du Quaternaire (PDAIRE ABH Sebou. 2021).
22
6.1.La nappe profonde
La nappe profonde du Lias présente un contexte géologique complexe, caractérisé par une
variété de failles, de flexures et de plissements, résultant en une structure fragmentée en
plusieurs panneaux distincts, tels que le plateau de Meknès, les panneaux de Haj Kaddour, de
Meknès, de Saïs et de la vallée du Sebou. Les altitudes du substratum et du toit du Lias varient
respectivement entre 700 m NGM au sud et -500 m NGM au nord, et entre 800 m NGM au sud
et -600 m NGM au nord.
La nappe profonde de Fès-Meknès se manifeste par des émergences, des sources de trop
plein en bordure du Causse moyen atlasique, ainsi que par des sources thermales. Son
exploitation se fait principalement à travers des forages, devenant artésiens dans la partie nord
du bassin.
L'esquisse piézométrique révèle une variation des cotes piézométriques de la nappe entre
850 m au sud (près d’EL Hajeb) et moins de 540 m au nord. L'écoulement général de la nappe
se fait du sud vers le NNE dans le bassin de Fès et vers le NNW dans le plateau de Meknès
(Fig. 9).
Le gradient hydraulique varie généralement entre 1% et 3% dans les secteurs Sud et Ouest
de la nappe, tandis qu'il est inférieur à 1% dans les secteurs nord et NE (Fig. 10). La pression
en tête de forages oscille entre 3.6 bars à l'est de la nappe et 13 bars au NE de celle-ci, avec une
pression moyenne mesurée à 9.2 bars en juillet 2018 par l’ABHS.
Depuis les années 80, la nappe subit une baisse continue de ses niveaux piézométriques,
variant entre 3 m dans le secteur au Sud-Est (Fig. 11) et 3.6 m au sud du plateau de Meknès
(Fig. 12) (PDAIRE ABH Sebou. 2021).
23
Concernant l'épaisseur de la nappe, elle varie considérablement d'un panneau à l'autre, avec
certaines zones dépourvues de formations liasiques, notamment au nord d'Agourai, d'EL Hajeb
et de Taoujtate. Les épaisseurs les plus importantes sont observées au niveau du bassin de Fès,
dépassant généralement 60 m et atteignant jusqu'à 300 m au SE de Fès.
Les réserves totales de la nappe sont estimées à environ 1,8 milliard de mètres cubes d'eau,
avec une épaisseur moyenne de 50 m, soit une baisse par rapport aux estimations antérieures.
Cependant, cette estimation doit être considérée avec prudence en raison des incertitudes
concernant le coefficient d’emmagasinement de la nappe.
Le bilan hydraulique global révèle un déficit d'environ 137 millions de mètres cubes d'eau
par an, principalement attribuable à la baisse de la recharge naturelle des nappes et à
l'augmentation des prélèvements agricoles. Dans cette situation déficitaire, une augmentation
des prélèvements dans le système aquifère de Fès-Meknès n'est pas envisageable et une
diminution des prélèvements, notamment dans la nappe profonde du Lias, est recommandée.
24
Figure 9: Esquisse piézométrique de la nappe profonde (Lias) du bassin de Fès-Meknès Période :
avril – août 2018 (Elaborée par Mohamed Sinan) (PDAIRE ABH Sebou. 2021).
Figure 10: Carte des gradients hydrauliques de la nappe profonde (Lias) du bassin de Fès-Meknès
Période : avril – août 2018 (Elaborée par Mohamed Sinan) (PDAIRE ABH Sebou. 2021).
25
Figure 11: Evolution piézométrique du secteur sud-est de la nappe profonde du Lias (PDAIRE ABH
Sebou. 2021).
Figure 12: Evolution piézométrique du secteur sud du plateau de Meknès de la nappe profonde du
Lias (PDAIRE ABH Sebou. 2021).
26
80 m de profondeur, avec une profondeur moyenne de 39,5 m. Les niveaux piézométriques
varient entre 276 m au Nord-Est et 886 m au niveau de la limite Sud-Ouest du bassin, avec une
moyenne de 603,7 m (Fig. 13).
L'écoulement général de la nappe se fait du Sud vers le Nord dans le plateau de Meknès et
du Sud et de l'Est vers le Nord dans la plaine de Fès. Deux axes de convergence des lignes de
cours ont été identifiés, l'un dans le plateau de Meknès et l'autre dans le secteur Sud-Est de la
plaine de Fès.
Les historiques piézométriques montrent une légère tendance à la baisse des niveaux,
estimée à une moyenne de 30 cm/an (Fig. 15), principalement due au déficit pluviométrique
persistant depuis plusieurs décennies et à l'augmentation des prélèvements agricoles par
pompage.
Les perméabilités de la nappe varient généralement entre 1 x 10^-7 m/s et 5 x 10^-3 m/s,
avec la majorité des valeurs (environ 80 %) comprises entre 10^-6 et 10^-4 m/s. Quant aux
transmissivités, elles se situent entre 1 x 10^-4 et 4 x 10^-1 m^2/s, avec une valeur moyenne
d'environ 2 x 10^-2 m^2/s. Les débits des ouvrages varient, selon les secteurs, entre 1 et 20 l/s.
En tenant compte d'une baisse moyenne du niveau de la nappe de 30 cm par an, cette
diminution entraîne un déstockage d'environ 17 millions de mètres cubes par an, ce qui
représente environ 0,8 % du volume total de la nappe.
27
environ 198,3 millions de mètres cubes par an, avec une hauteur moyenne des précipitations de
482,55 mm par an et un coefficient d'infiltration de 19 %. Cependant, les données montrent une
baisse significative de cette recharge depuis le début des années 80, les années excédentaires
devenant de plus en plus rares.
Quant aux sorties de la nappe, elles comprennent les prélèvements dans les puits et forages
pour l'irrigation, les prélèvements pour l'alimentation en eau potable du milieu rural, ainsi que
le drainage des sources et des oueds (PDAIRE ABH Sebou. 2021).
La concentration minérale dans l'eau de la nappe est généralement très faible, avec un résidu
sec qui reste habituellement en dessous de 0,5 g/l et rarement au-dessus de 1 g/l. Seuls les
endroits où la nappe est peu profonde présentent des concentrations minérales relativement
élevées, atteignant entre 2 et 2,5 g/l, en raison d'une évaporation intense de l'eau. Ces zones se
situent dans la plaine de Douyet, au nord-est du bassin, là où la nappe affleure à moins de 10
mètres de profondeur (PDAIRE Sebou, 2006).
En raison de leur forte teneur en carbonates, les eaux de la nappe ont un pH basique et
peuvent provoquer des dépôts d'incrustation.
28
Figure 13: Esquisse piézométrique de la nappe libre du bassin de Fès-Meknès
Période : mars – août 2018 (Elaborée par Mohamed Sinan) (PDAIRE ABH Sebou. 2021).
Figure 14: : Carte des gradients hydrauliques de la nappe libre du bassin de Fès-Meknès Période :
mars – août 2018 (Elaborée par Mohamed Sinan) (PDAIRE ABH Sebou. 2021).
29
Figure 15: Evolution piézométrique du secteur nord-est de la nappe libre du bassin de Fès-Meknès
Paramètres hydrodynamiques (PDAIRE ABH Sebou. 2021).
Cependant, cette nappe est confrontée à de nombreux problèmes et contraintes qui entravent
le développement durable de ses ressources en eau. Ces contraintes sont d'une part liées aux
activités humaines, telles que la pollution, le déboisement, et l'urbanisation incontrôlée, et
d'autre part à des facteurs naturels, tels que la variation spatio-temporelle des précipitations et
les sécheresses (Amraoui, 2005).
1. Contraintes naturelles
o Dans l’Ouest (plaine de Saiss), les précipitations sont plus faibles (325-345 mm/an).
30
o Dans les régions d’Est (plateau de Meknès), les précipitations sont abondantes (313-
320 mm/an).
31
Les décharges publiques non contrôlées ou "sauvages" constituent une source de pollution
significative, souvent situées à proximité des villes et parfois près des ressources hydriques
(oueds, sources, puits et nappes). Elles produisent des lixiviats (jus de déchets riches en
éléments toxiques) qui contaminent les eaux superficielles et/ou souterraines selon la géologie
du site. La production totale de déchets solides dans tout le bassin du Sebou est estimée à 750
000 tonnes par an, entraînant une pollution d'environ 6 900 tonnes de DBO5. À l'exception de
la ville de Fès, qui dispose d'une décharge publique bien aménagée, la plupart des autres villes
en sont encore au stade des études d'aménagement et du choix de nouveaux sites.
• Pollution accidentelle
Bien que rarement évoquée, la pollution accidentelle des eaux reste un problème non
négligeable. Bien que localisée dans le temps et dans l'espace, elle peut avoir un impact étendu
et causer d'importants dégâts si les mesures de remède nécessaires ne sont pas mises à la
disposition des équipes d'intervention en temps opportun. Le bassin de Sebou compte de
nombreux points critiques, notamment les retenues de barrages et les cours d'eau longeant
d'importants axes routiers où circulent des produits polluants.
IV. Méthodologie
De nombreuses méthodes pour déterminer la vulnérabilité des eaux souterraines ont été
développées à travers le monde. Ces méthodes varient en complexité, allant des modèles
sophistiqués intégrant des processus physiques, chimiques et biologiques dans les aquifères,
aux techniques plus simples de pondération de différents critères influençant la vulnérabilité
(Gogu et Dassargues, 1998 b).
• Modèles de simulation
32
Ces modèles cherchent à trouver une solution numérique à des équations mathématiques
représentant le processus de transfert des contaminants (Schnebelen, 2002). Ils fournissent une
image spécifique de la vulnérabilité de l'aquifère.
• Méthodes statistiques
✓ Systèmes hiérarchisés
Cette méthode compare une zone donnée avec les critères de vulnérabilité observés dans
d'autres zones (autres bassins ou systèmes aquifères). Elle est généralement utilisée pour
évaluer la vulnérabilité dans des contextes hydrogéologiques variés, à une échelle moyenne ou
grande (régionale ou nationale).
✓ Systèmes paramétrés
o Systèmes indexés : Utilisés pour des études à échelle moyenne, ne tenant pas
compte de l'importance relative des critères de vulnérabilité.
Les méthodes de cartographie à index avec pondération des critères, également connues
sous le nom de Point Count Systems Models (PCSM), sont particulièrement pertinentes pour
refléter les réalités du terrain. Elles intègrent l'importance relative de chaque critère dans
33
l'évaluation de la vulnérabilité générale des nappes phréatiques. Actuellement, ces méthodes
sont parmi les plus reconnues et largement utilisées (Zaporozec et Vrba, 1994; Gogu et
Dassargues, 2000).
Les méthodes de cartographie à index incluent EPIK et RISKE, spécifiques aux milieux
karstiques, et DISCO, GOD, DRASTIC, et SINTACS, adaptées aux milieux poreux/fracturés.
EPIK : Spécifique aux aquifères karstiques, basée sur quatre critères : Epikarst, couverture
protectrice, conditions d'infiltration, et développement du réseau karstique.
RISKE : Inspirée d'EPIK, prenant en compte cinq critères : roche aquifère, infiltration, sol,
karstification, et Epikarst.
GOD : Développée par Foster, basée sur l'occurrence de la nappe, la lithologie de l'aquifère,
et la profondeur de la nappe.
DRASTIC : Méthode de l'EPA pour estimer le potentiel de pollution, basée sur sept critères
: profondeur à la nappe, recharge, média de l'aquifère, sol, topographie, zone vadose, et
conductivité.
SINTACS : Variante italienne de DRASTIC, utilisant des paramètres similaires avec des
pondérations variables pour une cartographie à grande échelle.
Dans ce travail les méthodes été utilisées sont : DRASTIC, DRASTI-LU, SINTACS et SI.
1. Méthode DRASTIC
Cette méthode a été élaborée dans les années 1980 par la National Water Well Association,
à la suite d'une demande de l'US Environmental Protection Agency. Elle a ensuite été utilisée
et perfectionnée par L. Aller et d'autres chercheurs en 1987. Son objectif principal est d'évaluer
le potentiel de pollution des eaux souterraines (Schnebelen et al., 2002).
Cette méthode permet d'évaluer la vulnérabilité verticale en se fondant sur sept paramètres
hydrogéologiques clés (Sinan et al., 2003) :
34
• (R) : Recharge nette ;
Chaque paramètre hydrogéologique critique a été évalué en attribuant une note allant de 1
à 10 (Ni) et un poids variant de 1 à 5 (Pi), en fonction de son importance dans le modèle
DRASTIC. L'index de vulnérabilité final (ID) est calculé comme la somme pondérée des sept
paramètres hydrogéologiques, selon la formule suivante (Aller et al., 1985).
𝑰𝑫 = (𝑫𝒏 × 𝑫𝒑) + (𝑹𝒏 × 𝑹𝒑) + (𝑨𝒏 × 𝑨𝒑) + (𝑺𝒏 × 𝑺𝒑) + (𝑻𝒏 × 𝑻𝒑) + (𝑰𝒏 × 𝑰𝒑)
+ (𝑪𝒏 × 𝑪𝒑)
ID = 5D + 4R + 3A + 2S + 1T + 5I + 3C
Où :
Par la suite, le cadre DRASTIC a été employé afin d'identifier les différentes classes de
vulnérabilité des eaux souterraines dans la région (Tableau 4).
35
Tableau 2: Poids attribués aux paramètres DRASTIC, DRASTI-LU et SI (ALLER et al., 1987 et
Lahjouj. 2022 et RIBEIRO. 2000 )
DRASTIC SI
La conductivité hydraulique 3
Tableau 3: Notations accordées aux paramètres de la méthode DRASTI-LU ((ALLER et al., 1987et
Lahjouj. 2022)
0-1.5 10
1.5-4.5 9
4.5-9 7
9-15 5
15 – 22 3
22, 5 – 30 2
>30 1
36
R : recharge en (mm) Notation
56-100 3
100-153 6
153-217 8
Calcaire karstique 10
Basalte 9
Sable et gravier 8
Calcaire massif 6
Grès massif 6
Shales en séquence 6
Métamorphique 3
Shale massif 2
0-2 10
2-6 9
6-12 5
12-18 3
>18 1
Calcaire karstique 10
Basalte 9
37
Sable et gravier 8
Grès, Calcaire 6
Shale 3
Silt/argile 1
Sable 9
Limon sableux 6
Limon 5
Limon silteux 4
Limon argileux 3
Eau 4
Arbres 7
Végétation inondée 5
Cultures 7
Superficie construite 8
Sol nu 1
Terres herbeuses 6
38
Tableau 4: : Critères d’évaluation de la vulnérabilité dans la méthode DRASTIC (Aller et al.
1987)
Faible 80-120
Moyen 120-160
Elevé 160-200
1.1.Profondeur de l'eau
La profondeur de l'eau est l'un des paramètres les plus importants qui affectent la
vulnérabilité des eaux souterraines. Elle est liée au temps que le polluant peut prendre pour
atteindre la surface de l'eau souterraine.
Pour créer la carte thématique, la méthode d'interpolation a été utilisée est IDW par
l’ArcGIS.
39
Figure 16: La profondeur de la nappe (D)(Lahjouj et al., 2022)
1.2.Recharge
La recharge des eaux souterraines se définit comme le volume d'eau qui pénètre dans
l'aquifère. Ce mouvement a la capacité de transporter des polluants depuis la surface du sol vers
les eaux souterraines. En règle générale, plus la recharge est importante, plus le risque de
contamination des eaux souterraines augmente.
La recharge naturelle des aquifères dépend principalement des précipitations, ainsi que
d'une variété d'autres facteurs, tels que la géologie, les types de sols, la couverture végétale, les
pratiques d'utilisation des terres, les conditions climatiques, la topographie, la morphologie du
terrain et l'état des eaux souterraines. À partir d'études sur la corrélation entre les précipitations
et la recharge naturelle, plusieurs relations empiriques ont été établies (Marei et al., 2010).
Goldschmidt et Jacobs (1959) ont développé une relation en se basant sur les données de
précipitations et de débit de base entre 1943/44 et 1953/54. À cette époque, étant donné le faible
nombre de puits de captage, le débit printanier total annuel était considéré comme équivalent à
la recharge annuelle du bassin. La formule appliquée est (Marei et al., 2010) :
40
Où R est la recharge en mm/an ; P est la pluviométrie annuelle en mm/an.
Au lieu de 0,86, Mandel & Shiftan (1981 ) a utilisé 0,90 comme coefficient dans équation
(1) pour la recharge dans les climats méditerranéens.
Les équations suivantes ont été utilisées comme base pour le développement des estimations
de recharge annuelle par Guttman & Zukerman (1995) :
𝑅 = 0.15 ∗ 𝑃 P<300mm
Ces équations ont ensuite été modifiées par l'équipe du projet SUSMAQ "Sustainable
Management of Subsurface Water Resources for Agriculture in Qatar" (Abu Sa'da et al. 2004)
pour donner :
𝑃
𝑅 = 50.8 × 25.4−15 P > 380mm
Notez que dans l’équation, il existe une limite inférieure de précipitations en dessous de
laquelle la recharge est nulle. La limite inférieure des précipitations en équation peut expliquer
le déficit d'humidité du sol, les pertes par interception et l'évaporation potentielle.
La recharge annuelle de la nappe phréatique dans le bassin de Saïss peut être estimée en utilisant
la méthode de Guttman et Zukerman (1995), comme indiqué par Marei et d’autres (Marei et
41
al., 2010), étant donné qu'elle est applicable dans un climat semi-aride où les précipitations
varient entre 300 et 650 mm, comme c'est le cas dans le bassin de Saïss :
R = 0.534 × (P − 216)
Les données de recharge ont été interpolées à l'aide de la méthode de IDW et classées en 3
catégories (fig. 17).
1.3.Milieu aquifère
La composition de l'aquifère peut influencer le déplacement des polluants à travers celui-ci.
La création de la couche thématique pour l'aquifère a été effectuée en utilisant la méthode de
vectorisation de la carte extraite conformément à carte Géoligique de bassin (Essahlaoui et al.
2001).
42
Figure 18: La nature lithologique de la zone saturée (A) (Essahlaoui et al. 2001).
1.4.Nature du sol
Le sol a un impact considérable sur la quantité et la qualité de l'eau qui peut s'infiltrer pour
atteindre les eaux souterraines et, par conséquent, sur la migration verticale du polluant (par
exemple, NO3-) (Lahjouj, 2022).
Le lessivage du NO3- peut être plus important dans les sols sableux (Ahirwar et Shukla,
2018), tandis que la texture à forte teneur en argile et en matière organique peut retenir le
polluant à la surface ou augmenter le temps de transfert du polluant (Lahjouj, 2021).
43
Figure 19: type de sol (S) (Lahjouj, 2022).
1.5.Topographie
La pente est un paramètre important qui contrôle les processus hydrologiques. Elle peut
indiquer si le polluant peut s'écouler ou être infiltré. En fait, une zone à faible pente présente un
risque élevé d’infiltration et, par conséquent, un risque élevé de pollution (Kumar et Pramod
Krishna, 2018).
Le modèle numérique de terrain (MNT) a été utilisé pour extraire la carte des pentes.
44
Figure 20: la topographie (T)
La couche thématique de la zone non saturée a été obtenue d’après la carte géologique de
Maroc 1/1000000.
45
Figure 21: la lithologie de la zone non saturée (carte géologique de Maroc 1/1000000)
1.7.Conductivité hydraulique
Elle exprime l'aptitude des formations géologiques à transmettre l'eau avec d‘éventuels
polluant sous l'effet d'un gradient hydraulique jusqu‘à la zone saturée (Azzi, 2017).
46
Figure 22: la conductivité hydraulique (ABH Sebou, 2003)
2. La méthode DRASTI-LU
Chaque paramètre se voit attribuer un poids et une note basés sur son importance relative
dans le processus de pollution des eaux souterraines. Pour le modèle DRASTIC original, ces
poids sont prédéfinis. Cependant, dans le cadre DRASTI-LU, un poids important égal à 5 est
attribué au nouveau paramètre d'utilisation des terres (LU) pour refléter son impact significatif
dans des zones à forte activité agricole (Alam et al., 2012; Mfumu Kihumba et al., 2017).
Les résultats obtenus sont ensuite classés selon les catégories de vulnérabilité définies dans
le tableau 5.
47
Tableau 5: classification de l'indice de vulnérabilité (Sinha et al. 2016)
89-120 Faible
120-150 Moyenne
150-180 Elevée
3. La méthode SINTACS
La méthode SINTACS est une adaptation italienne de la méthode DRASTIC, conçue pour
s'adapter aux conditions méditerranéennes. Bien qu'elle prenne en compte les mêmes
paramètres que la méthode DRASTIC, elle les applique avec des poids et des indices différents.
L'acronyme SINTACS représente les sept facteurs suivants (CIVITA, 1994) :
48
sols, avec peu ou pas de terres cultivées, une utilisation modérée de pesticides, de
fertilisants et d'irrigation, et des zones urbaines peu denses.
Les poids attribués aux différents paramètres dans chacune des versions SINTACS sont
détaillés dans le Tableau 6.
Tableau 6 : Poids attribués aux paramètres dans les différents scénarios de la méthode SINTACS
(Civita 1990, Civita & De Maio 1997)
S 5 5 4 2 3
I 4 5 4 5 3
N 5 4 4 1 3
T 4 5 2 3 4
A 3 3 5 5 4
C 3 2 5 5 5
S 2 2 2 5 4
Quatre classes de vulnérabilité peuvent être identifiées selon les valeurs des indices de
vulnérabilité (Tableau 7).
49
Tableau 7: Critères d’évaluation de la vulnérabilité dans la méthode SINTACS (Civita & De Maio
1997).
Moyen 106-186
Elevé 186-210
• D : la profondeur de la nappe,
• A : la lithologie de l’aquifère,
Les cotes correspondant aux différentes classes de ces paramètres dans la méthode
DRASTIC ont été conservées. Un cinquième paramètre, nouveau, a été introduit : l'occupation
des sols (OS) (figure 23).
La carte d'utilisation des terres a été obtenue à partir d'images Sentinel-2 de l'ESA, avec une
résolution de 10 mètres. Chaque année, une nouvelle carte est générée à l'aide du modèle de
classification des terres développé par l'IA d'apprentissage profond. Ce modèle a été formé sur
une vaste base de données composée de milliards de pixels provenant d'images annotées par
des experts de la National Geographic Society. Les cartes mondiales ont été produites en
appliquant ce modèle à la collection de scènes Sentinel-2 sur la plateforme cloud de Microsoft,
permettant le traitement de plus de 400 000 observations terrestres par an.
50
Le modèle d'apprentissage profond exploite les données de réflectance de 6 bandes de
surface Sentinel-2 : le bleu visible, le vert, le rouge, le proche infrarouge, ainsi que deux bandes
infrarouges à ondes courtes. Pour générer la carte finale, le modèle est exécuté sur des images
capturées à différentes dates tout au long de l'année (Environmental Systems Research Institute,
Inc.). Notre carte est de l’année 2021.
o Eau
Il s'agit des zones où l'eau est présente de manière constante tout au long de l'année, excluant
les zones avec de l'eau sporadique ou éphémère. Ces zones ne présentent que peu ou pas de
végétation clairsemée, ni d'affleurement de roches, ni de caractéristiques telles que des quais.
Exemples : rivières, étangs, lacs, océans, plaines salines inondées.
o Arbres
o Végétation inondée
Il s'agit des zones où l'eau est présente en mélange avec tout type de végétation pendant la
majorité de l'année. Cela comprend les zones inondées saisonnièrement, avec un mélange
d'herbes, d'arbustes et d'arbres. Exemples : mangroves inondées, végétation émergente, rizières
et autres cultures fortement irriguées et inondées.
o Cultures
Cette classe regroupe les céréales, les graminées plantées ou structurées par l'homme, ainsi
que les cultures non arborées. Exemples : blé, soja, parcelles en jachère.
o Superficie construite
Elle comprend les structures fabriquées par l'homme, les grands réseaux routiers et
ferroviaires, ainsi que les vastes zones imperméables telles que les parkings, les immeubles de
bureaux et les logements résidentiels. Exemples : maisons, villages, villes, routes asphaltées.
51
o Sol nu
Ces zones présentent un sol ou une roche très clairsemée, sans végétation tout au long de
l'année. Elles incluent les vastes étendus de sable et de déserts peu ou pas végétalisés. Exemples
: roches exposées, dunes de sable, lits de lacs asséchés, mines.
o Terres herbeuses
Ces espaces ouverts sont recouverts d'herbes homogènes, avec peu ou pas de végétation
plus grande. Ils peuvent contenir des céréales et des herbes sauvages sans traces évidentes
d'activité humaine (par exemple, des champs non cultivés). Exemples : prairies naturelles,
savanes ouvertes, parcs, pâturages.
Figure 23: l'Utilisation des sols (Esri, Microsoft, Impact Observatory, 2021)
Les valeurs des cotes attribuées aux classes des différents paramètres ont été multipliées par
10 pour faciliter la lecture des résultats obtenus, variant ainsi de 0 à 100, allant du moins
vulnérable au plus vulnérable. Les poids attribués aux paramètres SI varient de 0 à 1 selon leur
importance dans la détermination de la vulnérabilité (Tableau 7).
La méthode SI définit quatre degrés de vulnérabilité basés sur les valeurs des indices
obtenus (Tableau 8). Il est important de noter que, par rapport à la méthode DRASTIC, certains
52
paramètres ne sont pas pris en compte dans la méthode SI : la conductivité hydraulique de
l’aquifère, l'impact de la zone vadose et le type de sol. En effet, la méthode SI considère que la
conductivité hydraulique de l’aquifère est difficile à évaluer spatialement et que ce paramètre
est déjà indirectement inclus dans le paramètre A (lithologie de l’aquifère) à travers les
caractéristiques granulométriques.
RIBEIRO (2000) minimise également l'importance de la zone vadose, s'appuyant sur les
travaux de FOSTER (1987) et de VRBA et ZOPOROZEC (1994), qui estiment que les
processus d’atténuation liés au type de sol ont un impact négligeable sur la vulnérabilité. Ce
dernier paramètre est néanmoins indirectement pris en compte par le biais du paramètre
occupation des sols.
Plusieurs études ont appliqué cette méthode (Amrani et al, 2019 ; Hamza et al., 2008 ;
Mboudou et al, 2015 ; Thioune et al, 2019), montrant une bonne corrélation entre les zones
identifiées comme vulnérables par cette méthode et les zones effectivement contaminées.
Faible <45
Moyen 45-65
Elevé 65-85
V. Résultats
1. DRASTIC
L'analyse de la carte DRASTIC révèle des informations cruciales sur la répartition spatiale
de la vulnérabilité des eaux souterraines dans la région étudiée (fig. 24).
Les zones de très faible vulnérabilité se situent principalement à l'extrémité sud de la plaine
de Saïss, mais ne représentent qu'une petite fraction (1,7 %) du bassin.
53
Les zones de vulnérabilité élevée sont presque inexistantes, ne couvrant que 0,2 % du bassin.
Cela suggère qu'il y a peu de zones extrêmement sensibles à la pollution des eaux souterraines
dans cette région.
Moyenne Faible
50.33% 47.66%
54
2. DRASTI-LU
La première classe qui représente les vulnérabilités très faibles (de 56 à 89) est quasiment
absente, ne représentant que 1 % de la zone étudiée.
La deuxième classe (de 89 à 120), qui représente les faibles vulnérabilités, occupe 18% de
la superficie du bassin. Elles apparaissent en petites poches dispersées à travers la région. Ces
zones sont moins susceptibles de subir une contamination des eaux souterraines.
Les vulnérabilités moyennes (de 120 à 150) sont très importantes dans la zone d'étude,
couvrant 59 % de sa surface et présentent un risque modéré de contamination. Des mesures de
gestion intermédiaires sont nécessaires pour ces zones.
La dernière classe, représentant les fortes vulnérabilités (de 150 à 195), couvre 22 % de la
zone d'étude. Ces zones se trouvent principalement autour des villes de Meknes, Haj Kddour,
Boufekrane et Ain Taoujdate. Ces secteurs requièrent une attention particulière et des mesures
de protection strictes pour prévenir la pollution.
55
Figure 26: Carte de vulnérabilité selon la méthode DRASTI-LU
1%
22% 18%
59%
3. SINTACS
La carte de vulnérabilité selon l’indice SINTACS présente trois classes allant de faible à
élever (Fig. 28) :
56
Classe de faible vulnérabilité (76-106) : Cette classe est principalement située à l’extrémité
sud de la plaine de Saiss et à l’extrémité ouest du plateau de Meknès. Elle représente environ 6
% de la superficie du bassin. Les zones dans cette catégorie sont moins vulnérables à la
pollution.
Classe de forte vulnérabilité : Cette classe est presque absente et ne représente que 0,12 %
de la région. Les zones correspondantes sont très vulnérables à la pollution.
57
Elevé Faible
0.12% 6.04%
Moyen
93.84%
4. SI Indice de Susceptibilité
La carte de vulnérabilité des eaux souterraines obtenue montre une répartition distincte des
différentes classes de vulnérabilité (Fig. 29). Cette carte est divisée en trois classes : faible,
moyenne et élevée. Chaque classe est représentée par un pourcentage correspondant à la
proportion de la superficie totale étudiée (Fig. 30).
58
Figure 30: Carte de vulnérabilité selon la méthode SI
Faible
1%
Elevé
50% Moyen
49%
59
VI. Discussion des résultats
L'analyse des résultats des différentes méthodes d'évaluation de la vulnérabilité des eaux
souterraines dans le bassin de Saïss révèle une cohérence globale, tout en apportant des nuances
intéressantes sur la répartition des risques de contamination. Chaque approche offre une
perspective complémentaire, permettant de mieux cerner les zones nécessitant une attention
particulière.
De manière similaire, la méthode SINTACS corrobore ces tendances générales, mais avec
une distinction plus marquée entre les classes de vulnérabilité. Elle met notamment en lumière
des zones à faible vulnérabilité dans les extrémités sud et ouest du bassin, ce qui peut être
attribué à des caractéristiques géologiques et géographiques particulières qui renforcent la
protection naturelle dans ces zones.
L'indice de susceptibilité (SI), quant à lui, adopte une approche basée sur la proportion de
surface vulnérable. Il révèle une distribution légèrement différente, avec une prédominance des
zones à forte vulnérabilité sur le plateau de Meknès, tandis que la plaine de Fès présente
majoritairement une vulnérabilité moyenne. Cela suggère que certaines zones densément
peuplées et industrialisées sont plus exposées aux risques de contamination.
Enfin, malgré ces variations méthodologiques, toutes les approches soulignent une tendance
commune : une vulnérabilité majoritairement modérée, représentant 63 % des cas. Les zones à
vulnérabilité élevée et faible restent minoritaires, avec respectivement 18 % et 19 %, ce qui
invite à des actions de protection et de gestion différenciées selon les contextes locaux.
60
Cette comparaison des méthodes permet de mieux comprendre les zones à risque et
d'orienter les décisions en matière de gestion des ressources en eau souterraine dans le bassin
de Saïss.
Très
Très faible Faible Moyenne Elevé
élevé
SI - 1% 49% 50% -
VII. recommondations
Pour fournir des recommandations spécifiques à chaque zone en fonction des résultats des
différentes méthodes d’évaluation de la vulnérabilité des eaux souterraines, nous devons nous
concentrer sur les zones identifiées par les analyses des méthodes DRASTIC, DRASTI-LU,
SINTACS et l'indice de susceptibilité (SI). Voici les recommandations pour chaque zone selon
la vulnérabilité identifiée :
Localisation : Extrémité sud de la plaine de Fès, ouest du bassin, et une grande partie de la
plaine de Fès, incluant certaines zones de plateau de Meknès.
Recommandations :
• Surveillance continue et évaluation : Bien que ces zones soient moins vulnérables,
une surveillance régulière est nécessaire pour détecter tout changement dans les
conditions et évaluer l'impact des activités humaines. Cela permettra d'ajuster les
mesures de gestion en conséquence.
61
• Maintien et renforcement de la protection : Assurer la continuation des pratiques
qui ont contribué à maintenir une faible vulnérabilité, tout en renforçant les mesures
de protection contre les activités polluantes potentielles, notamment en matière
d'agriculture et d'industrie.
• Plan de gestion des risques : Développer et mettre en œuvre un plan de gestion des
risques pour minimiser la contamination, avec des contrôles sur les pratiques
agricoles, industrielles, et la gestion des eaux usées.
Localisation : Autour des villes de Meknès, Haj Kddour, Boufekrane (Plateau de Meknès) et
Ain Taoujdate.
Recommandations :
62
• Mesures de protection renforcées : Mettre en place des zones de protection autour
des sources d'eau et des puits, et appliquer des normes élevées pour la gestion des
déchets et des produits chimiques.
• Réhabilitation des sites : Effectuer des réhabilitations des sites pollués pour réduire
leur impact sur les eaux souterraines.
• Plan d'urgence : Élaborer des plans d'urgence pour répondre rapidement en cas de
contamination.
Pour assurer une gestion efficace de la vulnérabilité des eaux souterraines dans le bassin de
Saïss, il est essentiel d'adopter des approches adaptées à chaque niveau de vulnérabilité. Dans
les zones à Très Faible et Faible Vulnérabilité, il convient de maintenir la qualité actuelle en
assurant une surveillance régulière et en renforçant les protections. Pour les zones à
Vulnérabilité Moyenne, il est recommandé de mettre en œuvre des stratégies de gestion des
risques appropriées et de promouvoir des pratiques durables. Enfin, pour les zones à Forte
Vulnérabilité et Haute Susceptibilité, il est crucial de renforcer les régulations, d'améliorer les
infrastructures de gestion et de surveiller intensivement afin de protéger ces zones sensibles. En
suivant ces recommandations, les risques de contamination des eaux souterraines pourront être
minimisés efficacement.
63
VIII. Conclusion
Cette études sur la vulnérabilité des eaux souterraines dans le bassin de Saïss a permis
d’évaluer l’état actuel de la nappe phréatique et de proposer des solutions pour sa protection.
Les méthodes d’évaluation utilisées, telles que DRASTIC, DRASTI-LU, SINTACS et l’Indice
de Susceptibilité (SI), montrent une diversité de niveaux de vulnérabilité nécessitant des
mesures de gestion appropriées et différenciées.
Les résultats obtenus révèlent que la majorité de la région affiche une vulnérabilité allant de
faible à moyenne, selon l'analyse DRASTIC, couvrant respectivement 47 % et 50 % du bassin.
Les zones de très faible vulnérabilité se trouvent principalement à l'extrémité sud de la plaine
de Fès, représentant 1,7 % du bassin, tandis que les zones de vulnérabilité élevée sont presque
inexistantes, ne couvrant que 0,2 % du bassin. La carte de vulnérabilité DRASTI-LU indique
que les vulnérabilités moyennes couvrent 59 % de la zone d'étude, nécessitant des mesures de
gestion intermédiaires, et les zones de forte vulnérabilité, couvrant 22 % de la région, se
trouvent autour des villes de Meknès, Haj Kaddour, Boufekrane et Ain Taoujdate. La méthode
SINTACS divise la région en classes de vulnérabilité allant de faible à élevée, avec une grande
partie du bassin présentant une vulnérabilité moyenne. Les zones spécifiques à faible
vulnérabilité se trouvent aux extrémités sud et ouest de la région. L'indice de susceptibilité (SI)
identifie une prédominance des zones à vulnérabilité élevée, particulièrement dans le plateau
de Meknès, tandis que la vulnérabilité moyenne est plus répandue dans la plaine de Fès.
Les risques de pollution des eaux souterraines proviennent principalement des activités
agricoles, des décharges publiques non contrôlées, des rejets domestiques et industriels, et des
accidents. Les produits agrochimiques, notamment les nitrates et les phosphates, représentent
une menace importante pour la qualité de l’eau, avec des concentrations dépassant parfois les
limites admissibles. La gestion des déchets solides est également critique, avec une production
annuelle de 750 000 tonnes de déchets dans le bassin de Sebou, dont les lixiviats peuvent
contaminer les ressources en eau.
Pour les zones à faible vulnérabilité, il est essentiel de maintenir la qualité de l’eau par une
surveillance continue et des pratiques de gestion durable. Les zones à vulnérabilité moyenne
nécessitent des stratégies de gestion des risques et des pratiques durables, avec une surveillance
périodique pour minimiser les risques de contamination. Les zones à forte vulnérabilité,
notamment autour des zones urbaines, exigent un renforcement des régulations, une
64
amélioration des infrastructures de gestion et une surveillance intensive pour protéger ces zones
sensibles.
La préservation des ressources en eau souterraine dans le bassin de Saïss nécessite une
approche différenciée et intégrée, prenant en compte les résultats des différentes méthodes
d’évaluation de la vulnérabilité. Une gestion appropriée basée sur ces évaluations permettra de
protéger durablement cette ressource précieuse pour les générations futures.
65
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