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Repères

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Mme Ismal-Battikh REPERES PHILOSOPHIQUES

REPERES PHILOSOPHIQUES
Ces repres sont des notions fondamentales dont vous devez matriser lusage dans votre rflexion, cest--dire en dissertation comme en explication de texte. Il faut imprativement en connatre la signification littrale (la dfinition), mais surtout, apprendre les utiliser en contexte, pour enrichir la problmatisation du point que vous analysez. Ce rcapitulatif ne reprend pas dans leur intgralit les lments de problmatisation et de dfinition dispenss en cours, lesquels sont bien plus fournis. Il ne constitue quun rsum fortement simplifi pour faciliter votre mmorisation. Vous devez approfondir par vous-mmes et en consultant rgulirement vos cours ces rudiments problmatiques destins vous guider (cf. chaque leon o les repres sont tudis et redfinis en contexte).

ABSOLU / RELATIF

Absolu (< lat. absolvere : dlier, dgager, affranchir < solutus : libre) : ce qui na
besoin que de soi pour tre et pour tre conu ; ce que lon ne peut rapporter autre chose, ce qui est indpendant de toute condition (inconditionnel). Relatif (< lat. relatus : rapport) : ce qui se rapporte autre chose et en dpend, ce qui a besoin dautre chose que soi-mme pour tre et tre conu. Ce qui est conditionn, variable, contingent. Problme : la vrit peut-elle tre atteinte, cest--dire une forme de valeur absolue, par opposition la relativit des opinions changeantes et multiples ? En matire de connaissance, certaines donnes sont des donnes conventionnelles et relatives un usage particulier dans la pratique de la science. Ex. : les physiciens distinguent le degr zro de temprature sur lchelle de Celsius, du degr zro absolu (la plus basse temprature qui puisse exister) exprim en kelvins (0 k = -273,15C). En morale, le projet principal consiste dans la dfinition du souverain bien (cest--dire la fin suprme et absolue de nos actes) par opposition la relativit des intrts et des penchants individuels. Le relativisme : cest la doctrine selon laquelle les vrits et les valeurs sont relatives, variables, selon les points de vue.

ABSTRAIT / CONCRET

Abstrait (< lat. abstractus : spar, arrach) : ce qui provient dune opration
(labstraction) consistant isoler et sparer par la pense une chose ou un caractre. Est galement abstrait, le produit de la pense (une ide). Labstrait cest donc ce qui est irrductible lexprience et la ralit sensible. Concret (< lat. concrescere : crotre ensemble, se solidifier) : ce qui est considr dans son ensemble comme un tout dont les lments sont mlangs, indiffrencis. Est galement dit concret ce qui est perceptible par les sens, ce qui est matriel. Le concret est donc susceptible dtre peru par exprience. Le langage est constitu de reprsentations abstraites ayant pour rfrence des ralits concrtes. Ex. : lide arbre symbolise par le mot arbre est

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abstraite, lobjet arbre est concret. Seul larbre existe rellement, concrtement, en tant que chose. Les concepts procdent ainsi dun travail dabstraction : les ides de libert, de bien, de mal, sont des abstractions. Labstraction constitue par excellence lopration de la pense. Ex. : lorsque le botaniste procde une classification (taxinomie) des plantes qui se trouvent sous ses yeux, il isole un certain nombre de ressemblances et de dissemblances, pour les runir dans un caractre qui dfinira le genre. Ce caractre peut tre dfini par certains critres (par exemple la combinaison de la fleur et du fruit selon Tournefort) issus du travail dabstraction, cest--dire de sparation intellectuelle de ces diffrences sur le fond dune perception concrte de la chose. Labstraction permet ainsi de produire des concepts gnraux sous lesquels la pense peut ranger la multiplicit des individus concerns par ces concepts. Cette opration du concept qui consiste runir une multiplicit de ralits concrtes se nomme subsomption (subsumer = placer au-dessous). Labstrait est du ct du gnral et de luniversel le concret relve linverse du singulier et de lindividuel.

EN ACTE / EN PUISSANCE

En acte (< lat. actus : action) : est en acte ce qui se ralise effectivement (ou actuellement, au sens de langlais actual, cest--dire rel), ce qui est pleinement
ralis dans toutes ses potentialits. En puissance (< lat. potentia : force, efficacit) : est en puissance ce qui nest pas encore ralis mais qui porte dj en lui les germes de sa ralisation, ce qui se prpare tre. Ces deux termes dcrivent la modalit du devenir des choses. Ex. : le bourgeon est en puissance ce que la fleur sera en acte, ou le ftus humain est en puissance lhomme quil sera en acte. Le passage de la puissance lacte ou du virtuel au rel est nomm actualisation. Il y a plusieurs degrs de la puissance et plusieurs degrs de lactualisation. Ex. : un enfant qui a suivi des cours danglais lcole est en puissance un anglophone. Mais il ne lest pas de la mme manire quun enfant qui est apte, comme la plupart des enfants, recevoir un enseignement en anglais, mais qui ne la pas reu (1er niveau). Dans le premier cas, ltre en puissance se rapproche de ltre en acte (2e niveau). Celui qui a reu des cours danglais (2e niveau) est donc plus prs de lacte de sexprimer en anglais que celui qui nen a pas reu (1er niveau) mais qui dispose de lintelligence et des organes phoniques ncessaires pour sexprimer en anglais. Enfin, celui qui parle effectivement anglais actualise pleinement cette puissance (3e niveau). Ces deux termes sont donc relatifs lun lautre : ce qui est en puissance ne lest que par rapport ltre en acte en fonction duquel il est envisag, mais il peut lui-mme constituer un tre en acte par rapport un degr de ralisation moindre. Problme : ne peut-on pas considrer que cette relation en puissance/en acte est une manire dintroduire une forme de finalit dans la considration des phnomnes, et donc de cder une sorte dillusion rtrospective (on ne peut en effet considrer que quelque chose tait en puissance ce quil est devenu en acte, quune fois quil est devenu, donc selon un point de vue rtrospectif) ?

ANALYSE / SYNTHESE

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Analyse (< gr. analusis : dcomposition) : dsigne lopration consistant


dcomposer une chose en ses lments simples, cest--dire constitutifs. Lanalyse part dun tout pour le dcomposer en chacune de ses parties. Synthse (< gr. sunthesis : mise ensemble, composition) : dsigne lopration inverse, consistant constituer un ensemble partir dlments simples. La synthse part des lments pour remonter vers le tout. Ces notions renvoient deux mthodes distinctes de raisonnement. Ex. : quand je cherche les facteurs par lesquels un nombre est divisible, je ralise une opration danalyse. Quand je fais une addition, je ralise une synthse. Analyse et synthse sont deux oprations inverses pouvant sappliquer une mme ralit : soit on la dcompose, soit on en assemble les lments pour remonter vers le tout quelle constitue. On peut se demander quelle voie est plus propice la dcouverte de la vrit. Ainsi, on peut penser comme Descartes que lanalyse est suprieure la synthse parce quelle expose totalement et en dtail le lien de dpendance des effets lgard de leurs causes, de manire favoriser lappropriation de cette connaissance ou comprhension, alors que la synthse remplit plutt une fonction de prsentation, dexposition des connaissances, une fois quelles sont dcouvertes, admises et connues.

CAUSE / FIN

Cause (< lat. causa : cause, motif) : ce qui explique quelque chose, sa raison dtre, ce qui fait tre cette chose. Cest aussi ce qui produit un effet (cf. principe,
origine). Fin (< lat. finis : limite) : la fin dsigne le but dune chose et/ou son achvement. Ces notions complmentaires sont mobilises lorsque lon cherche expliquer et comprendre un fait ou une chose. Elles rpondent la question Pourquoi ? . Elles renvoient 2 types dexplication : la cause est une explication par ce qui prcde, par lamont, cest--dire quelle dsigne ce qui a directement produit la ralit que lon cherche expliquer. La fin est une explication par laval, par ce qui succde laction dune cause, elle explique la chose par un but, une finalit vers laquelle elle doit tendre. Ex. : lorsque lon essaie dexpliquer un vnement historique, on en recherche les causes et les fins : en peut expliquer comment les causes senchanent pour produire lvnement, ou se demander avec quelles intentions (pour quoi) les faits ont t entrepris. La cause a plutt un sens objectif (un fait produisant un autre fait) et la fin a plutt un sens subjectif (le but, lintention viss par une conscience).

CONTINGENT / NECESSAIRE / POSSIBLE


Contingent (<lat. contingere : toucher, atteindre, arriver par hasard) : ce qui peut aussi bien tre que ne pas tre ou ce qui peut tre autrement quil nest. Ncessaire (<lat. necessarius : invitable) : ce qui ne peut absolument pas ne pas
tre ou ce qui ne peut pas tre autrement. Possible (<lat. posse : pouvoir) : est possible ce qui peut tre et donc nest pas encore. Ces 3 termes dsignent 3 modalits de ltre. Ce qui est ncessaire existe ou est, et ne pourrait pas ne pas exister ou tre. Ex. : les vrits mathmatiques (2+2=4 est ncessaire ou encore lgalit des angles dun triangle 180) ; ou

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encore, les phnomnes physiques sont ncessaires en tant quils sont totalement dtermins par des causes. Est contingent ce qui aurait pu ne pas exister (lexistence individuelle du point de vue dun sujet par exemple) ou se produire dune tout autre faon. Cest ce qui relve du hasard ou de laccidentel. Ex. : la mort dun homme est ncessaire (cest--dire incluse dans le caractre fini de lhumanit), mais sa date est contingente. Ce qui est possible cest ce qui pourrait trs bien tre mais nest pas encore et pourrait trs bien exister sans que cela nimplique aucune contradiction logique ni aucun obstacle matriel. En logique, est possible ce qui nimplique pas contradiction. Ex. : la proposition Pierre est jeune et grand est possible, mais la proposition Paul est jeune et g implique contradiction et est impossible. La contingence soppose la ncessit. Le point de vue dterministe considre que tout est ncessaire parce que dtermin, ce qui signifie que la libert comme contingence de ce qui pourrait la fois tre et ne pas tre, nexiste pas (le dterminisme soppose la conception de la libert comme choix entre deux possibles donc comme libert dindiffrence).

CROIRE / SAVOIR

Croire (<lat. credere : croire, avoir confiance) : croire cest tenir quelque chose
pour vrai mais de faon subjective, personnelle. La croyance est une attitude dadhsion qui ne dispose pas de preuve pour tablir la vrit de ce quelle affirme. Savoir (<lat. sapere : avoir du got, tre sage) : tenir quelque chose pour vrai mais de faon objective, en sappuyant sur des faits vrifiables. Le savoir repose sur une preuve. Une opposition : croire, ce nest pas savoir, croire, cest tenir pour vrai, mais sans pour autant vrifier les fondements de cette adhsion. Pour autant, on peut aussi associer ces termes : la croyance peut aussi constituer le premier degr du savoir, en tant quil nest pas encore vrifi. De mme, le savoir peut avoir t construit partir de la croyance : soit en la vrifiant ( Ex. : la dcouverte de lADN vrifie la thorie de lvolution de Darwin) soit en la rfutant ( Ex. : la rvolution copernicienne remet en question les connaissances astronomiques fondes sur la croyance dans le gocentrisme). Il y a donc deux sens distincts de la croyance : la croyance naturelle (lopinion ou doxa) et la croyance surnaturelle (la foi). Ex. : dans l Allgorie de la caverne (Platon, Rpublique VII), les deux dmarches sont en prsence : laccs au vrai est progressif, il seffectue par tapes, puisque lil doit saccoutumer la lumire du vrai. Il y a par ailleurs dj une forme dgrade du savoir dans la vie des hommes enchans dans la caverne : cest un pseudo-savoir fond sur lopinion (doxa) et sur linduction. Sil est vrai que laccs au savoir authentique suppose un acte de rupture lgard de ce rgime doxique de la connaissance, reste que vouloir accder soudainement au savoir authentique est vain : laccs au savoir est graduel, et passe par la croyance.

EN FAIT / EN DROIT

Fait (<lat. facere : faire) : lexpression en fait dsigne quelque chose qui existe
rellement. Droit (<lat. directus : en ligne droite) : lexpression en droit dsigne quelque chose qui est de lordre de la valeur, quelque chose qui doit tre parce quil est

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lgal (cest--dire conforme aux lois) ou lgitime (conforme au juste, dans


labsolu). Ces deux termes soulignent que la ralit dun fait ne suffit pas ltablir comme juste (du point de vue moral) ou comme valable (du point de vue thorique). En matire juridique, le droit tablit une exigence que le fait ne suffit pas remplir. Ex. : je peux de fait (de facto), occuper un appartement, sans en tre le propritaire de droit (de jure), cest--dire sans possder un titre de proprit qui men assure la possession, quel que soit lusage que jen ferai. Dans quelle mesure ce qui est de fait suffit-il fonder un droit ? Cette distinction renvoie la recherche du fondement. Ex. : en politique, lexercice de fait de la force ne suffit pas fonder de droit la lgitimit du gouvernement. Ex. : en matire de connaissance du rel, la simple succession rpte de conjonctions factuelles (de fait) ne contient pas les lments logiques (de droit) permettant den dduire la ncessit (cest le problme de linduction).

EN THEORIE / EN PRATIQUE

En thorie (<gr. therein : contempler) : dsigne ce qui est tabli par la pense. Ce
qui relve de connaissances abstraites, spculatives. En pratique (<gr. prattein : faire) : dsigne ce qui est tabli par laction. Ce qui recherche des rsultats concrets. Lorsquils sont opposs, cest la question du primat de la thorie sur la pratique (ou inversement) qui peut se poser, cest--dire la question de la valorisation de lune ou de lautre ( Ex. : la thorie est dsintresse, la pratique soumise lutilit). Ex. : en morale, on peut considrer que linterdit vaut en thorie, quel que soit le cas pratique concern (cf. ladage : que justice soit faite, le monde dt-il en prir), et que la pratique est soumise la thorie. Mais thorie et pratique peuvent aussi tre conues comme solidaires. Ex. : la pratique corrige lexcs de gnralit de la thorie. Inversement, on peut sinterroger sur la raison pour laquelle ce qui est valable en thorie se rvle inadapt au rel et impropre laction. La thorie est gnrale, laction particulire. Malgr cette diffrence de nature, on peut en penser la complmentarit. Ex. : dans le raisonnement exprimental, il y a une articulation qui est pensable entre les hypothses et les faits. Lexprimentation sinscrit dans la thorie, la vrifie et la teste, et doit permettre de statuer sur sa validit.

ESSENTIEL / ACCIDENTEL

Essentiel (<lat. esse : tre) : est essentiel ce qui fait quune chose est ce quelle est (et pas autre chose), ce qui appartient sa nature. Accidentel (<lat. accidere : arriver par hasard) : dsigne la qualit dune chose qui
ne fait pas partie de sa nature, qui ne la caractrise pas en tant que telle. Est essentiel ce qui appartient la nature mme de la chose, ce qui fait quelle est cette chose et pas autre chose. Ainsi, la proprit du triangle rectangle davoir le carr de son hypotnuse gal la somme des carrs de ses deux autres cts en constitue une proprit essentielle. La proprit de tout triangle davoir la somme de ses angles gale 180 est une proprit essentielle sans laquelle il ny aurait pas mme de triangle. Mais que le triangle soit en bois ou en acier, dessin la craie ou sur le sable, cest une proprit accidentelle, qui ne lui appartient pas

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ncessairement. Ex. : ainsi, ce morceau de cire nest quaccidentellement (parce quon lapproche du feu) liquide, inodore et mallable. Ce ne sont que des qualits accidentelles qui nappartiennent pas sa nature (on peut faire varier ces qualits ou les lui ter sans que son essence, cest--dire sa nature ou sa dfinition en soit affecte). Sa qualit dtre tendu, flexible et muable, elle, constitue son essence, indpendamment des modifications contingentes quil peut subir.

EXPLIQUER / COMPRENDRE

Expliquer (<lat. explicare : dplier) : rendre compte des causes dune ralit,
lclaircir, la rendre intelligible. Comprendre (<lat. comprehendere : saisir, prendre) : saisir le sens, la raison, le but dune ralit. Lexplication consiste dans un travail danalyse remontant de cause en cause. Lexplication dtaille, dveloppe, droule ce qui est envelopp. La comprhension suppose plutt un acte de synthse : une saisie densemble. Cette distinction permet dadopter la bonne dmarche de saisie des phnomnes : on explique les phnomnes naturels (physiques) par les causes mcaniques qui les dterminent, et on comprend le sens des phnomnes psychiques (spirituels) cest--dire quon saisit lintention qui y prside. Ex. : en histoire, on peut tenter de rendre compte de la Rvolution Franaise en en expliquant les causes (existence de privilges lis la socit dAncien-Rgime, revendications de la classe bourgeoise, frustrations conomiques et sociales, etc.), ou en tentant de comprendre les intentions des acteurs de la Rvolution, cest--dire en en restituant le sens (la signification, du point de vue des sujets individuels et collectifs qui en constituent la ralit). Lenjeu de cette distinction cest la dtermination dune mthodologie scientifique adquate selon lobjet sur lequel porte une science. Ainsi, labsence de causalit strictement dterministe dans le monde humain qui est rgi par lintention libre, ne signifie pas pour autant une absence de rationalit de la sphre humaine de laction. Comprendre le sens des actions individuelles et collectives, cest dune certaine manire, en restituer la rationalit du point de vue de tout esprit humain (la logique pratique).

FORMEL / MATERIEL

Formel (<lat. forma : le moule) : qualifie lapparence extrieure de quelque chose,


lensemble des traits caractristiques qui permettent de reconnatre une chose, ou propos dun raisonnement, son caractre logique (indpendamment de toute considration de sens ou de contenu). Matriel (<lat. materia : la matire) : qualifie le contenu, lintriorit de quelque chose, llment dont une chose est faite. Un raisonnement adquat sapprcie daprs sa validit formelle dune part, et selon son contenu matriel (vrit), cest--dire ce quil affirme sur la ralit des choses. Ex. : quelles sont les limites de la validit formelle dun jugement ? Si la logique dfinit ces critres de validit de manire formelle, cest--dire en fonction de la conformit du jugement aux rgles de la pense (dans tout monde possible), cette validit formelle constitue une condition ncessaire mais non suffisante de la vrit. Un raisonnement peut tre formellement valide mais en dsaccord avec la ralit : il est alors faux, parce quil ne correspond pas

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matriellement au rel. Inversement, un raisonnement invalide formellement, peut tre vrai matriellement. Ex. : Les mammifres sont des vertbrs ; les hommes sont des vertbrs ; les hommes sont des mammifres : ici, rien ne permet de passer de lensemble des vertbrs celui des mammifres dans le cas des hommes, puisque les mammifres sont un sous-ensemble des vertbrs. Le moyen-terme est dextension plus vaste que le premier terme, ce qui ne permet pas de dduire une relation de ncessit concluant que lensemble des hommes est inclus dans lensemble des mammifres ( rappel : pour tre valide, un syllogisme ou raisonnement, doit prsenter un moyen-terme de moindre extension que le premier terme et dextension suprieure au dernier terme, de manire expliquer comme une cause, le lien de dduction dont est tire la conclusion).

GENRE / ESPECE / INDIVIDU


Genre (<lat. genus : origine, genre) : ensemble dtres ou dobjets pouvant tre
regroups sous des caractristiques communes. Le genre est une subdivision de la famille. Espce (<lat. species : aspect, forme) : dsigne un sous-ensemble du genre. Individu (<lat. individuum : corps indivisible) : dsigne la plus petite composante de lespce : cest un tre concret possdant un ensemble de caractres permettant de lidentifier comme un tout indivisible. Ces termes sont inclus les uns dans les autres. Le genre et lespce sont des classes dtre possdant un ou plusieurs caractres communs ( Ex. : en botanique, le caractre des fleurs). Mais du genre lespce, puis lindividu, on observe un resserrement de perspective du plus grand au plus petit. Un genre contient plusieurs espces. Lespce est un sous-ensemble du genre. Chaque espce comporte plusieurs individus. Ex. : le genre homo contient lespce sapiens, qui contient lindividu Pierre. Version philosophique de cet ex. : dans le genre animal, lhomme se distingue par la diffrence spcifique tre dot de raison. Problme : dans quelle mesure peut-on considrer que les genres et les espces existent et ne sont pas des catgories conventionnelles artificielles ? Ne peut-on pas considrer que seuls les individus existent concrtement ?

IDEAL / REEL

Idal (<lat. idea : ide) : qualifie un objet de pense qui na dexistence


quintellectuelle. Rel (<lat. res : chose) : qualifie un objet existant effectivement, cest--dire existant de manire autonome et objective hors de la pense. Ces deux termes distinguent deux modes dexistence. Certains objets comme les objets mathmatiques nexistent quidalement. Cest le cas de toutes les ides. Les objets auxquels elles renvoient existent effectivement dans la ralit. Est galement idal ce qui reprsente une perfection fournissant une satisfaction universelle. Est donc galement idal ce qui ne peut pas exister rellement, en raison mme de cette perfection inaccessible. Mais contrairement la chimre ou lutopie qui sont absolument irralisables, lidal peut figurer comme un horizon possible de la pense ou de laction. Problme : dans quelle mesure peut-on considrer que dans le domaine de la thorie, lidal constitue ce qui est vritablement, authentiquement rel ? Ainsi, on peut considrer que les formes

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idales ou modles ou essences des choses sont bien plus relles que ne lest leur simple existence matrielle. Ex. : lide du Beau est plus relle que cette belle jeune fille, parce que lide du Beau est ce par quoi cette jeune fille est belle indpendamment de toute modification, variabilit, contingence (perspective platonicienne).

IDENTITE / EGALITE / DIFFERENCE


Identit (<lat. identitas : qualit de ce qui est le mme <idem : le mme) :


caractrise deux choses gales en tous points, qui sont strictement les mmes. galit (<lat. aequalis : du mme niveau) : caractrise deux choses qui sont les mmes en certains points. Diffrence (<lat. differentia : diffrence) : qualifie des choses que lon ne peut dire identiques. Une diffrence est ce qui distingue un tre dautre chose ou qualifie cet tre par rapport autre chose. On peut distinguer trois sens de lidentit : 1) lidentit qualitative ou spcifique qui caractrise un ou plusieurs tres identiques. Ex. : Pierre est Pierre mais nest pas Paul ; 2) lidentit numrique ou quantitative de ce qui sous des aspects multiples, ne constitue quune seule ralit. Ex. : Pierre est un individu, et non une pluralit dhomoncules (= petits hommes) constituant un Pierre compos . Si des objets compars sont identiques sur deux aspects seulement, on les dit gaux. Ex. : tous les hommes sont gaux en droits ne signifie pas quils sont identiques. Ex. : hommes et femmes sont gaux mais diffrents. Cela signifie quils sont traiter comme des personnes, des sujets, qualitativement diffrents, et non identiques. Il faut prendre garde de ne pas confondre galit et identit.

INTUITIF / DISCURSIF

Intuitif (<lat. intueri : regarder attentivement) : dsigne le fait de saisir quelque


chose directement, sans raisonnement. Lintuition est une connaissance immdiate et directe de la pense. Discursif (<lat. discursus : action de parcourir en tous sens) : dsigne le fait de procder tape par tape, par le raisonnement logique, le discours. Ces termes dsignent deux modes daccs aux choses en vue de les connatre : alors que la connaissance intuitive est une connaissance immdiate (cest une sorte de vision) par laquelle lesprit se rend prsent directement un objet (sensible ou intellectuel), la connaissance discursive est mdiate ; elle passe par un processus logique, un raisonnement dductif. Ces termes dsignent donc deux accs distincts la vrit : on peut considrer que laccs au vrai seffectue par lintermdiaire du raisonnement dmonstratif qui est dductif (donc discursif), mais qui trouve son fondement dans lintuition des principes premiers de la dmonstration, lesquels sont indmontrables. Ex. : lintuition du cogito, cest-dire de lvidence de lexistence de mon tre pour autant quil pense. Cette vidence ne ncessite pas le dploiement dun ordre dmonstratif. Le je pense nest pas une dmonstration (ne pas se fier au je pense, donc je suis ), il relve

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de lvidence immdiatement intuitionne, cest--dire saisie par intuition : alors mme que je pense, je ne peux pas ne pas saisir lvidence de mon existence.

LEGAL / LEGITIME

Lgal (<lat. lex : la loi) : est lgal ce qui est conforme la loi civile ou positive,
cest--dire issu du droit positif. Lgitime (<lat. lex : la loi) : est lgitime ce qui est conforme la loi morale, cest-dire ce qui est issu du droit idal, de la conscience individuelle ou de la raison. Cest aussi ce qui est juste dans labsolu, indpendamment des critres du lgal, relatifs une socit. Ces termes permettent de penser le fondement de la justice : ce qui est juste, estce ce qui est dfini comme tel par une loi positive (cest--dire conventionnelle), ou les fondements de la justice se situent-ils en dehors des lois ? Ainsi, on peut considrer que le fondement du juste, cest la nature (jusnaturalisme) ou la raison. Le positivisme juridique, cest la thorie selon laquelle est juste ce qui est dfini comme tel par les lois. Problme : dans ce cas, comment reconnatre des valeurs morales universelles, indpendamment de la lgalit relative aux droits positifs particuliers et relatifs aux socits ? Ex. : Antigone choisit denterrer son frre mort au combat, et viole ainsi le dcret de Cron (Sophocle, Antigone). Elle accomplit une action illgale qui rpond pourtant aux critres de son sens de lhonneur et du juste. On peroit ainsi que la lgalit juridique ne suffit pas fonder la lgitimit morale dune loi.

MEDIAT / IMMEDIAT

Mdiat (lat. medius : central, moyen, intermdiaire) : qualifie le rapport indirect


quelque chose, ce qui transite par un intermdiaire. Immdiat (lat. in-medius) : qualifie le rapport direct quelque chose, ce qui ne passe par aucun intermdiaire. Est immdiat ce qui ne transite par aucun moyen terme. Ainsi lintuition, qui est une saisie immdiate, cest--dire directe, de lobjet quelle se reprsente comme prsent. Le caractre mdiat dsigne lui, le fait de transiter par une entit tierce, qui vient mdiatiser, cest--dire articuler et mettre en rapport une ralit avec une autre. La dmarche discursive est mdiate, elle se dploie par lintermdiaire de la dduction (cest--dire du raisonnement). Ex. : on peut considrer que les ralits naturelles, physiques (les animaux, les minraux, les vgtaux), existent immdiatement, mme leur ralit. Lhomme en revanche, saffirme selon un mode dexistence mdiatis par la pense : il se pense existant et ne se contente pas de subsister matriellement ou physiquement. La pense introduit une bance entre son tre naturel et sa pense, elle introduit une distanciation vis-vis de soi, elle mdiatise lexistence naturelle en y introduisant une pense redoublant lexistence dans lordre de la reprsentation. On peut ds lors se demander dans quelle mesure la connaissance de soi est une connaissance mdiatise (par la conscience ou par le regard dautrui) ou une connaissance accessible de manire immdiate (par lintuition de ma propre existence).

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OBJECTIF / SUBJECTIF

Objectif (<lat. objectum : pos devant) : ce qui existe en soi, indpendamment du


sujet qui le pense ou le peroit, ce qui relve de la ralit extrieure. Cela qualifie aussi un jugement qui ne tient compte que de lobjet jug. Subjectif (<lat. subjectivus : qui est plac ensuite ou au-dessous, qui se rapporte au sujet) : est subjectif ce qui est relatif au sujet, ce qui lui est propre, ou le jugement relatif au sujet qui juge. Un jugement objectif est en gnral considr comme vrai parce que partag par tous, appropriable par tout esprit, relevant de donnes publiques, cest--dire non soumises aux contingences et variabilits individuelles. Ex. : dans ma perception de ce morceau de cire, je peux distinguer les qualits premires qui constituent la nature mme de ce morceau en tant que matire tendue et lui appartiennent objectivement (ces qualits sont le fait dtre tendu, flexible, muable) cest--dire en constituent objectivement la nature ou lessence : ces qualits sont objectivement saisissables par toute conscience rationnelle ; des qualits secondes, subjectives elles, parce que dpendant de mes sens et de leur conformation particulire (ainsi que des circonstances). Je ne puis ainsi affirmer que lagrment que produit en moi la contemplation de la couleur du morceau de cire participe de son essence ou de sa nature. Ce sentiment est subjectif, variable, selon les individus. La flexibilit elle, est une des qualits constitutives de tout objet corporel, en tant quil relve de la substance tendue (res extensa).

OBLIGATION / CONTRAINTE

Obligation (<lat. obligare : lier, attacher quelque chose) : lien moral ou devoir par
lequel un individu se sent tenu daccomplir une action. Contrainte (<lat. constringere : enchaner, lier troitement) : violence ou force exerce sur un individu pour le conduire, malgr lui, accomplir une action. Ce sont deux manires de limiter la libert dun individu. La contrainte est issue dune ncessit extrieure, subie dans la passivit et ressentie comme un obstacle la libert. Lobligation au contraire, implique et engage notre libert : cest une limite que nous nous imposons par notre propre volont. Lobligation appelle donc une participation de la volont individuelle. L o la contrainte produit la soumission, par lusage de la force, lobligation elle, conduit lobissance, cest-dire la libre acceptation de la loi et son assomption (= acte dassumer) par un sujet libre. Agir par obligation dfinit laction authentiquement morale. Agir par contrainte en revanche, ne suffit pas faire de laction une action conforme au devoir. Ex. : on peut se demander dans quelle mesure lobissance du citoyen aux lois est une obissance qui contraint sa libert. Nest-ce pas lobligation qui fait du sujet (cest--dire un tre soumis lautorit politique) un citoyen libre, l o la contrainte aveugle le rduit ntre quassujetti un pouvoir arbitraire ? On peut ainsi penser lobissance politique comme ce qui permet au sujet (<subjugum : celui qui est plac sous le joug) daccder au statut de citoyen, cest--dire sa libert.

ORIGINE / FONDEMENT

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Origine (<lat. origo : la source, la cause ou la naissance de quelque chose) : point


de dpart, commencement, premire manifestation dun phnomne. Phase primitive ou stade initial dune ralit. Mais aussi, ce qui produit une ralit, sa cause. Fondement (<lat. fundare : btir, asseoir solidement un difice) : ce qui sert dappui, de base quelque chose. Lorigine est simplement factuelle, elle correspond lapparition historique dune ralit. Le fondement lui, implique la justification ou la lgitimit dune ralit. Lorigine ne suffit pas fonder la lgitimit dune ralit. Ex. : nos penses ont pour origine lopinion commune, les prjugs transmis par la tradition, ou les informations issues des sens. Cette origine ne suffit pas dfinir un fondement, cest--dire quelle ne rend pas ces ides vraies ni justes pour autant. Ainsi, il convient au contraire de se dfaire des ides reues et transmises ds notre plus jeune ge, pour fonder sur base solide et indiscutable toute connaissance. On pourra ainsi mettre en valeur lexistence de principes intangibles de la pense et de la morale, tels quils fondent tout jugement. Une pratique instaure par la tradition et solidifie par lusage ne devient ainsi pas pour autant une pratique juste et fonde en raison. La dmarche cartsienne de mis en doute radicale de toute opinion reue correspond cette qute du fondement ultime de toute rationalit. Ex. : on peut relativiser la valeur dune ralit en en exhibant lorigine. Ainsi, montrer que les ingalits entre les hommes ont une source culturelle et sociale, et non naturelle, cest refuser de considrer que ces ingalits soient fondes en droit et en raison, donc refuser lingalit en droit des hommes, et affirmer leur galit absolue (en valeur, mais pas ncessairement en fait).

PERSUADER / CONVAINCRE

Persuader

(<lat. suadere : conseiller. Le prfixe per suggre lide daccomplissement) : parvenir faire adopter entirement une ide quelquun en faisant appel ses sentiments. Convaincre (<lat. convincere : vaincre entirement, dmontrer de faon dfinitive) : conduire quelquun adopter une ide par des preuves ou un raisonnement logique. Les deux termes suggrent lide que lon amne quelquun penser quelque chose, mais ils se distinguent par le moyen employ. Convaincre quelquun suppose de recourir des principes rationnels et logiques : tre convaincu, cest reconnatre lobjectivit darguments devant lesquels tout individu rationnel ne peut que sincliner. Ainsi, la dmonstration gomtrique fait ployer notre jugement, elle contraint lesprit donner son assentiment au thorme ainsi tabli. Ex. : on ne peut pas, si lon est rationnel, ne pas reconnatre que les angles dun triangle sont gaux 180. Persuader quelquun, cest manipuler ses affects pour le conduire se dtourner dune ide pour en adopter une autre. La persuasion fait appel aux outils rhtoriques de la sduction (sduire <se-ducere : conduire part, lcart, dtourner), elle flatte lindividu et ses penchants pour le conduire adopter un parti. On peut donc considrer quil y a deux manires dintroduire une ide dans lesprit de quelquun : en faisant appel son entendement (convaincre) ou en faisant appel sa volont (persuader). Pourtant, si la persuasion est une voie moins digne, plus basse (daprs Pascal et conformment la perspective des moralistes), parce quelle traite lindividu comme le sige de penchants sensibles et non comme un esprit dot dune facult

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intellectuelle, elle demeure le moyen daccs lesprit des hommes le plus communment pratiqu. Ex. : en politique, cela pose le problme de la lgitimit et de la rationalit des opinions induites dans lme des individus par lusage de la rhtorique (art du discours) tel quil fut mis en uvre ds les dbuts de la dmocratie par la pratique sophistique. La dmocratie court ainsi toujours le risque de tendre vers la dmagogie.

PRINCIPE / CONSEQUENCE

Principe (<lat. princeps : le premier, le plus important, ce qui commande) :


proposition lmentaire dordre gnral, considre comme premire ou fondatrice, cest--dire premire dans le temps mais aussi dans lordre logique ou moral. Consquence (<lat. consequor : suivre, venir aprs) : proposition qui dcoule des principes, selon un ordre logique, cest--dire ncessaire. Ex. : dans un raisonnement dmonstratif, on appelle principes les prmisses (cest--dire les propositions premires) dont on tire la conclusion. La recherche du principe correspond la dmarche de fondation de la connaissance. Les principes doivent donc tre clairs, vidents, indiscutables. Ils doivent tre plus clairs que les propositions qui en sont tires, puisquils transmettent leur vidence et leur ncessit aux propositions qui en suivent. Cela pose ainsi le problme de la nature mme de lvidence des principes et de la manire dont elle est tablie : les principes ne peuvent tre dmontrs sur le mme mode que les propositions qui en suivent : cela produirait une rgression linfini et rendrait leur saisie plus obscure. Il faut donc admettre quau fondement de lordre dductif qui rgit toute dmonstration, il y a un mode daccs la vrit qui est intuitif et non-dmontrable par essence. Ex. : en matire morale, les principes de la morale sont intangibles et inconditionns, leur lgitimit ne dpend pas de leurs consquences concrtes ; les maximes elles, constituent les rgles particulires et individuelles selon lesquelles est mene une action. Lorsque les maximes de laction accomplie sont universalisables, cest--dire applicables tous les sujets, alors elles sont conformes la loi morale et aux principes de toute moralit. La lgitimit des maximes dpend de leur conformit aux principes, et non de la considration de leurs consquences (position que lon qualifie de dontologique, par opposition au consquentialisme qui mesure la moralit dune action laune de ses consquences effectives).

RESSEMBLANCE / ANALOGIE

Ressemblance (<lat. similis : semblable) : cest le fait que deux choses ou deux
tres prsentent dans leur apparence extrieure quelques lments compatibles, similaires entre eux (mais non-identiques) ou simplement communs. Analogie (<gr. analogos : qui est en rapport avec ou proportionnel ) : cest une identit de rapports entre plusieurs lments diffrents qui partagent une structure identique mais ne sont pas semblables ni ncessairement ressemblants : A/B=C/D. Lanalogie est une certaine forme de raisonnement qui met en valeur lexistence dune structure commune (et invisible) plusieurs ralits, alors que la ressemblance sen tient lapparence extrieure, visible, de ces ralits. Ex. :

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pour penser certaines ralits comme lexistence dautres sujets libres et dots dune conscience intime, lanalogie est un raisonnement particulirement fcond ou heuristique (heuristique = ce qui favorise la dcouverte dune vrit), puisque le raisonnement analogique nous permet de penser ce qui ne se donne pas de manire vidente nos yeux. Ex. : ce nest ainsi qu la faveur dune analogie que je peux me reprsenter autrui comme un tre dot dune conscience et dune libert, puisquen apparence, rien ne manifeste lexistence en lui dune volont libre.

TRANSCENDANT / IMMANENT

Transcendant (<lat. transcendere : monter en passant au-del, passer autre


chose) : est transcendant ce qui dpasse le monde de lexprience, ce qui est suprieur, ou spar de ce monde. Immanent (<lat. immanere : demeurer dans) : qualifie une ralit qui est du mme ordre que celle qui est donne dans notre exprience, ce qui est de ce monde, ce qui nest pas extrieur une action ou une ralit, ou ce qui est impliqu dans cette ralit. En matire de connaissance, le matrialisme par exemple, est ce que lon peut appeler une pense de limmanence : du point de vue matrialiste, rien nexiste en dehors de notre exprience. Ainsi, selon certaines philosophies comme la pense spinoziste, il faut se reprsenter Dieu comme tant immanent ce monde, cest-dire que son action est intrieure ce monde, elle sy accomplit intgralement et sans reste, sans refuge dans une ralit extrieure et suprieure. Dieu ou la nature (Deus sive natura), cest lensemble du cosmos, dont lindividu humain participe comme une partie de ce tout : il est un mode, cest--dire une modification du tout. Dans ce contexte, aucune transcendance nest possible, cest-dire aucune rfrence un ordre extrieur et suprieur, comme lau-del. Mais on peut aussi parler de transcendance pour dsigner lextriorit de ce qui nest pas intrieur mon tre, ma conscience. Ex. : ainsi, on peut penser que la conscience possde une structure transcendante dans la mesure o elle est porte sextrioriser, viser le monde ( le prendre pour objet) par la connaissance et par laction.

UNIVERSEL / GENERAL / PARTICULIER / SINGULIER


Universel (<lat. universalis : relatif lensemble) : ce qui est valable de faon


absolue, sans aucune exception, et concerne la totalit des choses, lunivers entier. Gnral (<lat. genus : le genre) : ce qui est valable dans la majorit des cas, ou la plupart du temps. Le gnral supporte lexception. Particulier (<lat. particularis, de pars : la partie) : ce qui appartient en propre un individu ou un ensemble de choses (ce qui relve de la partie). Singulier (<lat. singularis : unique, isol, solitaire) : ce qui est unique et ne peut tre ramen rien dautre qu lui-mme, ce qui est absolument distinct des autres entits. Ex. : dans le domaine de la connaissance, on peut se demander dans quelle mesure luniversel existe. Nest-ce pas dans le singulier que lon doit identifier la ralit absolue ? Ex. : ainsi, on peut souligner que lhomme ne se rencontre dans aucune exprience, mais quen revanche, ce que nous connaissons, cest tel

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individu, Pierre, Paul ou Jacques. La distinction des concepts qui constituent des
abstractions universelles, et des individus auxquels ils renvoient a donn naissance au dbat mdival sur les universaux. Les universaux sont des notions gnrales subsumant une multiplicit (subsumer = le fait pour un concept, de contenir en soi une multiplicit de ralits, dobjets). Or, ne peut-on considrer que ce sont des chimres, des abstractions pures, et que toute connaissance vritable ne peut provenir que de la saisie de lindividuel ? Ex. : implication morale : on peut essayer dans laction morale, de lier luniversel et le singulier, en faisant en sorte que la maxime (ou rgle particulire) dune action respecte la loi morale qui est universelle. La maxime dune action est singulire (unique, valable pour telle action), parce quelle rgit une action particulire (attache un individu, individuelle). Mais si je peux lappliquer en pense lensemble des individus, sans que cela paraisse contradictoire logiquement ou illgitime moralement, alors elle peut slever luniversalit et faire en sorte que la loi morale, universelle (et non gnrale), soit rendue concrte et particularise par laction singulire.

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