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Enonciation 3

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La deixis, les expressions

et éléments déictiques

ANALYSE DU DISCOURS 4ºéme année-Prof. Ma.


Alejandra Mercado
Définition

Les éléments et expressions déictiques sont


des élements langagiers au moyen desquels le
discours s’ancre dans la réalité où les
participants de l’événement énonciatif (le
locuteur et l’allocutaire) vivent
Exemples d’expressions déictiques
1) pronoms personnels (je, tu, nous, vous, on)
2) adjectifs et pronoms démonstratifs
3) Deixis spatiale et temporelle (adverbes et
locutions adverbiales, temps verbaux)
1) Pronoms personnels
 « personne » = (au sens traditionnel) une
catégorie grammaticale qui comprend trois
séries (1ère, 2e et 3e personne) qui se
présentent tous au singulier et au pluriel
 En français, la personne est indiquée au moyen
de pronoms et de la conjugaison du verbe
 Sont déictiques les pronoms de la 1ère et de la
2e personne (qu’on appelle parfois pronoms
indexicaux)
Sur l’interprétation des pronoms
déictiques
 Dans les situations de tous les jours, l’identification
des référents des déictiques ne pose pas problème,
puisque la situation d’énonciation est présente
 L’interprétation devient plus exigeante quand il s’agit
de discours écrits (textes); l’identification des
référents présuppose qu’on arrive à déterminer
« l’espace spatio-temporel » dans lequel la déicticité
fonctionne, autrement dit, on doit savoir quels sont le
lieu et le moment auxquels l’énoncé est ancré
Exemple
 Dans un formulaire de mandat de paiement:
« J’autorise la société X à prélever sur mon
compte la somme de Y francs. » (Ducrot &
Schaeffer, 729)
- à qui réfère le je?
réponse: le formulaire met en place un espace
spatio-temporel qui se modifie selon l’identité
du signataire (le signataire « remplit la place »
de je)
Terminologie

 shifters (angl.) ( en finnois: « shifterit »)


 français: embrayeurs (le phénomène :
embrayage)

- Le référent des embrayeurs change selon la


situation d’énonciation
Fiction, texte fictionnel

auteur  locuteur ---- allocutaire  lecteur


(narrateur) (narrataire)
texte

- Le lecteur construit, au moyen du matériel fourni par


le texte, un monde auquel les déictiques sont ancrés
Le pronoms déictiques dans un récit
fictionnel
 Je et différentes situations d’énonciation (textes de
Laclos, Beckett, Proust, Camus)
 vous, tu (Camus, Butor, Marivaux)
 on
1. syntaxiquement: 3e personne
2. sémantiquement: pronom indéfini (« flou référentiel »)
(Yourcenar, Flaubert)
demande une interprétation active de la part du
lecteur
On déictique
 on peut remplacer aussi bien la 1ère que la 2e
personne
Exemples de l’usage quotidien?
« On arrive! » (= je)
« Alors? On s’en va comme ça? On ne dit même
pas merci? » (Sartre)
« Alors, petite, on va se coucher? » (vrt. « Il est
mignon le bébé. ») = emploi hypocoristique
- (Céline)
2) Les expressions démonstratives

 adjectifs et pronoms démonstratifs


 Ne sont pas toujours déictiques, car les

emplois anaphoriques sont possibles:


 « Il a rencontré un fleuriste. Celui-ci lui a dit

de venir voir son jardin. »


(cf. « Celui-ci n’est pas arrivé chez lui! »)
Adjectifs (= déterminants)
démonstratifs
 Les démonstratifs qui déterminent un nom ne
sont pas dans un rapport aussi direct avec la
réalité extralinguistique que les pronoms, qui
sont indépendants ; quand nous disons
« Regarde cet homme! »
nous avons déjà classifié l’entité en question
(l’homme) dans une catégorie donnée
Adjectifs démonstratifs
ex. Camus, La Chute:
1. cherchez les éléments démonstratifs
2. Remplacez-les par des éléments plus
purement déictiques
Les démonstratifs
Question: le référent doit-il toujours être présent dans la situation
d’énonciation pour qu’on puisse utiliser une expression
démonstrative comme déictique?

v. Beckett, Molloy: « Cet homme qui vient chaque semaine […]»

ex. Du Bellay « ce mespris », « ce cœur », « cest honneste désir »

Le locuteur présente une situation qui est actuelle pour lui


dans son esprit comme si elle l’était également pour
l’interlocuteur/ l’allocutaire
3) Deixis spatiale et temporelle
 La deixis spatiale ancre l’énonciation dans le lieu où se trouve
le locuteur (sa position dans l’espace)
ex. ici, voici, là; verbes comme venir, partir etc. (dont le sens se
détermine par rapport à la position du locuteur) ex. Viens ici!
(Viens là.)
ex. Voici mon fils. (quand on présente qqn)

cf. comme indication temporelle : « Tu réclamais


le soir ; il descend ; le voici. » (Baudelaire) ;
Voici la pluie.
cf. comme indication textuelle (cataphorique) :
Cette question, la voici.
« Voici. Je m’appelle Jean Valjean. » (Hugo)
Expressions temporelles déictiques
 Adverbe complètement vide de sens conceptuel : maintenant
(comme ici)
 Adverbe avec un sens conceptuel (le moment de référence
inclut en lui des moments passés et futurs, puisque 24 heures) :
aujourd’hui (cf. demain, hier)

ex. Maintenant, allons voir si tout va bien là-bas.


Aujourd’hui, allons voir si tout va bien là-bas.

Aujourd’hui, nous irons voir si tout va bien là-bas.


?Maintenant, nous irons voir si tout va bien là-bas.
Oppositions entre expressions
déictiques et non déictiques
ici à cet endroit
en ce moment à ce moment
maintenant à ce moment
dans une semaine une semaine plus tard
il y a deux jours deux jours auparavant
aujourd’hui ce jour-là
Exemples
 Je suis ici en ce moment/ maintenant.
 J’étais/ il était à cet endroit à ce moment.

 Dans une semaine, tout sera fini.


 Une semaine plus tard, tout serait fini.

 Il y a deux jours, j’étais encore malade.


 Deux jours auparavant, il était encore malade.
Deixis temporelle :
l’énonciation et le temps
 En plus d’adverbes et locutions adverbiales
déictiques, les verbes ont on rôle essentiel
dans l’expression de la deixis temporelle
 Le temps du verbe est une catégorie déictique
en soi, car c’est au moyen du temps verbal que
le locuteur ancre son énoncé dans le « fleuve
du temps » et au point de repère le plus
important, à savoir le moment d’énonciation
Deixis temporelle :
l’énonciation et le temps
1) « J’arrose les fleurs. »
2) « J’ai arrosé les fleurs »
3) « J’arrosais les fleurs. »
La différence entre 2 et 3 ?
- dans chacun des deux énoncés l’événement
indiqué se situe à un moment qui précède le
moment d’énonciation
- la différence s’explique au moyen du moment
de référence (= moment de point de vue)
Terminologie

moment de l’énonciation = puhehetki


moment de référence/ de point de vue =
viittaushetki, näkökulmahetki
moment de l’action/ de l’événement =
tapahtumahetki
Schémas:
E = moment de l’énonciation, R = moment de référence, A = moment de l’action

« J’ai arrosé les fleurs. »


E
R
A

« J’arrosais les fleurs. »

E
R
A
Le présent
 le moment de l’événement indiqué et le moment de
l’énonciation coïncident (ou, du moins, le locuteur
présente dans son énoncé que ces deux moments
coïncident)

 Avec les verbes performatifs cela est le plus évident:


quand je dis :
Je promets de venir.
la promesse (= l’acte) se réalise au moment où je
prononce l’énoncé
Le présent
 Utilisé souvent au sens du futur
ex. Je pars dans une heure.
Pourquoi le locuteur choisit-il le présent au lieu du
futur ?
- Il ne se contente pas d’informer l’allocutaire sur
l’événement mais fait entendre que le départ/ le
voyage a, d’une certaine manière, déjà commencé (au
moins dans sa tête) ; l’énoncé peut par exemple
impliquer que le locuteur est pressé de partir
Oral vs écrit
 Dans un situation d’énonciation orale le moment
présent (= le moment d’énonciation) est le même
pour le interlocuteurs
 Quand il s’agit d’énonciation écrite, la réception de
ce qui est énoncé est toujours postérieur au moment
d’énonciation
 Le « contrat » entre l’auteur et le lecteur : comme
lecteurs, nous « faisons semblant » de partager le
moments d’énonciation du locuteur ; nous nous
transférons au moment d’énonciation du locuteur (cf.
les textes de Beckett et de Céline)
Le présent dans une lettre
 Quand j’écris dans une lettre
« Je te souhaite de bonnes vacances! »
je me projette au temps du destinataire de la
lettre, c’ést-à-dire au moment où il lit ma lettre

Cf. le roman épistolaire (roman par lettres)


ex. Montesquieu, Lettres persanes
Adresses au lecteur
 « Or cette réponse de mon père demande
quelques mots d’explication. » (Proust, À la
recherche du temps perdu)
 les situations d’interaction fictionnelle entre le
narrateur et le narrataire varient selon l’oeuvre:
chez Balzac: la situation est clairement visible
chez Flaubert: cette interaction est « effacée »
Le présent historique
 Le moment d’action précède le moment d’énonciation (ex. Voltaire, Candide)
 le temps de point de vue et le temps de l’énonciation coïncident, le temps de
l’action est antérieur par rapport à eux (cf. passé simple: le temps de point de vue et
le temps de l’action coïncident); « l’impression de ‘présence qu’il [le présent]
communique est due au transfert du temps du point de vue, du cadre événementiel
vers le cadre énonciatif (…) »

E
R
A « présent historique » (un faux présent)

E
R passé simple
A
Les temps déictiques
E
R présent
A

E
R passé composé
A

E
R futur
A
Les temps du passé
E
R imparfait
A passé simple

E
R pqp
A
Exemples
1. Marie a dansé toute la nuit.
2. Marie dansa toute la nuit.

SUITE POSSIBLE DE CHACUN DES


DEUX ÉNONCÉS ?
Suites
1. Marie a dansé toute la nuit. C’est pourquoi
elle est fatiguée.
2. Marie dansa toute la nuit. a) Elle ne se
sentait pas fatiguée. Le temps passa vite.
b) Le lendemain, elle se réveilla tard.

« énoncés de discours » vs « énoncés


historiques »
Les modes/ plans d’énonciation
E. Benveniste, « Les relations de temps dans le verbe
français ». Problèmes de linguistique générale I.
Paris, Gallimard 1966.

énoncé historique, « histoire »: le locuteur présente


son énoncé sans l’attacher à son moment
d’énonciation
énoncé de discours: le locuteur présente son énoncé
de façon à le lier clairement à son moment
d’énonciation
« Discours »
 Allusions au moment d’énonciation
 Le moment de point de vue coïncide avec le
moment d’énonciation
 Éléments déictiques
 Les temps du verbe : présent, passé composé,
futur, imparfait
 plan embrayé
 NE PEUT PAS ÊTRE IDENTIFIÉ À
L’ORAL!
« Histoire »
 Pas d’allusions à la situation d’énonciation, pas
d’éléments déictiques
 LE MOMENT DE POINT DE VUE DANS LE
PASSÉ
 Pas de 1ère ou 2e personne
 imparfait, passé simple, conditionnel (futur du passé),
plus-que-parfait
 plan non embrayé (= plan débrayé)
 SE RENCONTRE EN GÉNÉRAL SURTOUT
DANS L’ÉCRIT, MAIS RAREMENT SOUS UNE
FORME PURE

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