Exploration de La Fonction Hépatique.
Exploration de La Fonction Hépatique.
Exploration de La Fonction Hépatique.
fonction hépatique
Université Djilali Liabes
Faculté de médecine
Département de pharmacie
4éme année (2015/2016)
Plan du cours
• Introduction
I. Rappel
A. Anatomie
B. Histologie
II. Les différentes fonctions du foie
III. Exploration fonctionnelle hépatique
IV. Sémiologie biologique hépatique
• Conclusion
Introduction
• L'importance physiologique et métabolique du foie, la fréquence des
atteintes hépatiques ou hépatobiliaires expliquent le caractère
fondamental et l'intérêt de l'exploration biologique de cet organe.
• Le choix et la sélection de tests sensibles et spécifiques peut paraître
difficile au milieu de la foule de tests hépatiques disponibles mais la
simplification est facile.
I. Rappel anatomique et histologique
A. Anatomie
1. Localisation :
• De forme ovoïde, il est situé dans la partie
droite de l'abdomen, sous le diaphragme.
• Il pèse 1.5 Kg dont 1Kg de sang
2. Vascularisation : d=1600ml/mn
• Le foie reçoit le sang veineux par la veine porte
• Il reçoit le sang oxygéné par l’artère hépatique
• Il renvoie le sang au cœur par la veine sus-
hépatique s’abouchant à la veine cave inférieur
B. Histologie
Le lobule hépatique est l’unité fonctionnelle du foie. On distingue 2 types principaux de
cellules :
1. L’ hépatocyte :75% des cellules
• Siege de plusieurs métabolismes
• Fonction d’épuration
• Entre deux membranes cytoplasmiques des hépatocytes juxtaposés : renflements =
canalicules biliaires
2. Les cellules des sinusoïdes : 25% des cellules :
• Cellules de Kupffer : rôle de défense et d’épuration
• Cellules endothéliales
• Les cellules stellaires hépatiques « Cellules de Ito »: stockage de la vit A et synthèse de la
matrice extracellulaire (collagène)
II. Fonctions du foie
A. Fonction métabolique
1. Métabolisme glucidique
2. Métabolisme protéique
3. Métabolisme lipidique
B. Fonction de détoxication
1. Uréogenèse
2. Détoxication et transformation des xénobiotiques
C. Fonction biliaire
1. Métabolisme des pigments biliaires (bilirubine)
2. Métabolisme des sels biliaires
D. Fonction endocrine
A. Fonction métabolique
• Le foie participe à tous les métabolismes puisqu’il retraite les
nutriments absorbés et provenant de la veine porte.
• Il stocke notamment le fer, le cuivre, les lipides, le glucose (sous forme
de glycogène) et de nombreuses vitamines (B12, D, K et A).
1. Métabolisme glucidique
Le foie est le principal artisan de l’homéostasie glucosée
a. En période post prandiale :
• Stockage du glucose en glycogène afin de maintenir la glycémie entre deux repas.
• Lorsque les capacités de stockage du glycogène sont épuisées, il transforme les
glucides alimentaires en acides gras puis en triglycérides qui seront stockés dans les
tissus adipeux.
b. En période de jeûne :
• le foie approvisionne le sang en glucose par la glycogénolyse et la gluconéogenèse
• Synthèse de corps cétoniques, substrats utilisables par une majorité de cellules en
absence de glucose.
2. Métabolisme protéique
• Le foie est le lieu de synthèse des protéines structurales et plasmatiques
(sauf les immunoglobulines) :
▫ Albumine
▫ Les protéines inflammatoires
▫ Les protéines de la coagulation
• Après la digestion, le foie capte les acides aminés absorbés et les
recompose en protéines , les acides aminés excédentaires sont
transformés en acides gras ou en glucides
3. Métabolisme lipidique
• Le foie est le principal site de synthèse des acides gras et de leur
estérification en triglycérides et en phospholipides.
• C’est un site majeur de l’oxydation des acides gras.
• C’est le lieu de synthèse du cholestérol ; et de sa dégradation en acides
biliaires (fonction biliaire)
• C’est le lieu de synthèse de certaines lipoprotéines.
B. Fonction de détoxication
• Le foie a de très nombreuses activités de transformation biochimique
agissant sur de nombreux corps endogènes ou exogènes plus ou moins
toxiques pour les modifier.
• Il est riche en une grande variété d’enzymes.
• Les molécules détoxiquées sont ensuite éliminées dans la bile ou dans
les urines.
1. Uréogenèse
Les enzymes :
1. Carbam(o)ylphosphate synthétase
2. Ornithine carbam(o)yltransférase
3. Argininosuccinate synthétase
4. Argininosuccinate lyase
5. Arginase
2. Détoxication et transformation des xénobiotiques
a. Fonction de détoxication:
• La détoxification est le métabolisme de désactivation et d’excrétion des molécules
actives (d’origine endogène) de l’organisme.
• But: obtention de composés plus polaires (plus facilement éliminables)
• Deux types de réactions:
▫ Réaction de modification de structure:
Oxydation , désamination, déshalogénation (ex: désiodation de la thyroxine)
▫ Réaction de conjugaison:
Glucurononoconjugaison
Conjugaison avec les AA. Exemple : la glycine (glycocolle)
Avec acide cholique L'acide glycocholique
Avec l’acide benzoïque acide hippurique (test de la fonction de détoxication hépatique)
2. Détoxication et transformation des xénobiotiques
b. Transformation ou métabolisme des xénobiotiques :
• Xénobiotiques : médicaments, polluants alimentaires ou industriels
(colorants, insecticides, pesticides, solvants)
• Transformation : en général, réaction d’oxydation impliquant le système
des cytochromes P450
C. Fonction biliaire
• La bile est un suc digestif mais en même temps une voie d’excrétion
pour le foie.
• Elle est stockée dans la vésicule biliaire, puis excrétée rapidement par le
canal cholédoque lorsque la vésicule se contracte sous l’effet de la
cholécystokinine.
• La bile est la voie d’excrétion de nombreux peptides et protéines
hépatiques, du cholestérol et des stéroïdes inactivés et oxydés, des
pigments biliaires (bilirubine conjuguée, coproporphyrines I et III) et de
xénobiotiques divers.
1. Métabolisme des pigments biliaires
a. Formation de la BRB
• Destruction du GR dans le SRE (120j adulte, 90j NN)
• HB hème biliverdine BRB
b. Transport de BRB (liposoluble)
• Couplé à l’albumine.(jusqu’au foie)
c. Glucuronoconjugaison
• Lieu : réticulum endoplasmique des hépatocytes
• Enzyme : UDP-glucuronyltransférase
• Conjugaison BRB avec l’acide glucuronique diglucuronate (70%) et
monogluconate de BRB (16%) BRB conjuguée (hydrosoluble)
d. Excrétion de la BRB
• Se fait par transport actif canaux hépatiques, vésicule biliaire, intestin
e. Transformation de la BRB conjuguée au niveau de l’intestin
• Transformé en urobilinogène
▫ 20% réabsorbé dans la circulation portale le foie le réexcrète dans la
bile
▫ 2-5% gagne la circulation générale et est éliminée dans l’urine
▫ Le reste est éliminé dans les fèces
2. Métabolisme des sels biliaires
• Dérivés d’oxydation du cholestérol
• 90% des sels biliaires sont réabsorbés par l’intestin et regagnent le foie
cycle entérohépatique (+eurs fois/ j)
• Rôle:
▫ Solubilisation du cholestérol et des phospholipides dans la bile
▫ Transport des lipides dans la lumière intestinale sous forme de micelle
D. Fonction hormonale
• Le foie permet l'hydroxylation du cholécalciférol en calcidiol, forme
active de la vitamine D, la synthèse du proangiotensinogène, précurseur
de l'angiotensinogène, et de la somatomédine C (ou IGF-1).
III. Exploration de la fonction hépatique
Classification de FAUVERT :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Fauvert
BRB NC α
BRB Monoglucuronide β
BRB diglucuronide γ
BRB delta (conjuguée liée a l’albumine) δ
c. Valeurs normales
• Bilirubine libre = indirecte
▫ Adulte : 3 -12 μmol /l ou 2 - 7 mg /l
• Bilirubine conjuguée = directe
▫ Adulte : 2 - 5 μmol /l ou 1 -3 mg /l
2. Cholestérol total
a. Méthode de dosage : colorimétriques enzymatiques (principe de
Trinder)
b. Valeur normal : ≤2g/l
c. Variations pathologiques :
• ↗dans les dyslipidémies familiales, athérosclérose
• Mais aussi dans les ictères par obstruction
3. Enzymes
a. Phosphatases alcalines
b. Gammaglutamyltransférase
c. 5’nucléotidase et leucine aminopeptidase
a. Phosphatases alcalines (PAL)
• Les PAL sont des enzymes hydrolysant les esters phosphoriques avec un
pH optimal d’action en milieu alcalin
• Présente dans la majorité des tissus , plus particulièrement foie, tissu
osseux, intestin, rein, placenta (PAL sérique vient surtout du foie et de
l’os).
• Le choix d’une technique est basé sur le choix combiné du substrat et du
tampon et de la T° de réaction (cours : enzymes plasmatiques)
• Méthode de dosage : méthode enzymatique (DGKG)
b. Méthodes de dosage :
▫ Fibrinogène fonctionnel : mesure du temps de thrombine , résultats en
secondes traduits en g/l
▫ Dosage immunologique
c. Valeurs usuelles : 2 à 4 g/l
4. Dosage de l’ammoniaque sanguin
a. Prélèvement
• Sang artériel (EDTA, hépariné)
b. Méthode de dosage
• Méthode enzymatique en U.V (340nm)
▫ il peut s’agir d’une atteinte cellulaire touchant les cellules épithéliales des
voies biliaires interlobulaires (cholestase non obstructive) :
• Les conséquences de la cholestase sont en rapport
▫ d’une part avec l’accumulation dans l’hépatocyte et par voie de
conséquence dans le sang, des substances normalement excrétées par voie
biliaire
▫ d’autre part avec la diminution de ces substances dans la lumière digestive.
1. Augmentation de la bilirubine conjuguée sérique
• En cas de cholestase, les mécanismes qui sont atteints sont ceux de
l’excrétion biliaire. Les étapes de captation et de conjugaison ne sont
pas touchées. L’hyperbilirubinémie porte donc sur la bilirubine
conjuguée. L’augmentation du taux plasmatique de la bilirubine fait
apparaitre un ictère.
• L’ictère est inconstant dans les cholestases. Lorsqu’il est présent on
parle de cholestase ictérique. Lorsqu’il est absent on parle de cholestase
anictérique.
2. Augmentation de la concentration sérique des « enzymes de
cholestase »
• Les enzymes de cholestase sont les enzymes dont l’activité sérique
augmente en cas de cholestase.
• Les causes de l’élévation sérique de leurs activités en cas de cholestase
sont mal connues: Il ne s’agit pas que d’un défaut d’excrétion biliaire
mais surtout d’une augmentation de leur synthèse.
▫ Phosphatases alcalines
▫ 5’ nucléotidase
▫ γGT
2. Augmentation de la concentration sérique des « enzymes de
cholestase »
• Le dosage conjoint des phosphatases alcalines et des γGT est utilisé
pour rechercher une cholestase. L’ élévation conjointe de ces 2 enzymes
est spécifique de la cholestase.
• Il faut faire attention en cas d’élévation isolée de l’une des deux
enzymes :
▫ Une élévation isolée des phosphatases alcalines est habituellement en
rapport avec une maladie osseuse
▫ Une élévation isolée des γGT doit faire rechercher une induction
enzymatique (consommation excessive non reconnue de boissons
alcoolisées ou prise médicamenteuse).
3. Allongement du temps de Quick, corrigé par l’injection de
Vitamine K, avec un facteur V normal
• Parmi les facteurs de coagulation, le fibrinogène (facteur I), les facteurs II, V, VII, IX et X
sont synthétisés par le foie. La vitamine K est nécessaire à cette synthèse, sauf pour le
facteur V.
• Le temps de Quick explore les facteurs à synthèse hépatique. En cas de déficit de synthèse
de l’un de ces facteurs, la coagulation se fait mal et le temps de Quick s’allonge.
• La cholestase provoque une carence en vitamine K car les sels biliaires sont nécessaires à
l’absorption des graisses et la vitamine K est une vitamine liposoluble . Ainsi, lorsque les
réserves en vitamine K sont épuisées, il y a une diminution de la synthèse des facteurs
hépatiques (qui épargne le facteur V) et donc une diminution du TP. L’administration sous-
cutanée de vitamine K corrige le défaut de coagulation et donc normalise le TP en 48
heures. Le dosage séparé du facteur V (normal lorsque la cause de la chute du TP est une
carence en vitamine K) peut être utile au diagnostic.
4. Autres signes biologiques
a. Hypercholestérolémie
• Une hypercholestérolémie est fréquemment rencontrée en cas de
cholestase chronique. Ceci n’est bien sûr pas spécifique de la cholestase
car il y a de nombreuses étiologies d’hypercholestérolémie.
b. Elévation des acides biliaires sériques
• Une élévation des acides biliaires sériques est fréquente car il s’agit de
composés à élimination biliaire mais leur dosage n’est pas de réalisation
courante.
4. Autres signes biologiques
c. Stéatorrhée
• Une stéatorrhée peut se voir. Elle traduit le défaut d’absorption des
graisses secondaire au déficit de sécrétion d’acides biliaires. Le rôle
physiologique essentiel des acides biliaires est l’émulsion des graisses,
ce qui permet l’action de la lipase pancréatique. Outre le déficit en
vitamine K, il peut exister des déficits en vitamine D (pouvant provoquer
une ostéomalacie ), en vitamine A (qui se traduit par des troubles de la
vision nocturne), en vitamine E (pouvant être responsable de désordres
neurologiques chez l’enfant).
C. Le syndrome d’insuffisance hépato-cellulaire
• Il peut se définir par l’atteinte des fonctions actives du foie. Il procède
essentiellement de l’atteinte des fonctions de synthèse hépatique
1. Hypoalbuminémie
• L’hypoalbuminémie n’est pas un marqueur précoce et ne permet pas de
suivre l’évolution à court terme de l’insuffisance hépatocellulaire.
• une hypoalbuminémie ne signifie pas nécessairement la présence d’une
insuffisance hépatocellulaire et il y a plusieurs causes
d’hypoalbuminémie (carence alimentaire, fuite digestive, déperdition
rénale par syndrome néphrotique).
2. Chute du TP, non corrigeable par la vitamine K
• La chute du TP est un marqueur précoce d’insuffisance hépatocellulaire
et le meilleur moyen d’en suivre l’évolution à court terme.
• Elle se traduit par un allongement du temps de Quick et donc une
diminution du TP. Le facteur V est abaissé comme les autres facteurs.
L’injection de vitamine K n’a aucun effet.
3. Hyperbilirubinémie mixte
• Il s’agit d’une élévation du taux de bilirubine portant à la fois sur la
bilirubine conjuguée et non conjuguée (hyperbilirubinémie dite « mixte
») par :
▫ défaut de captation et de conjugaison de la bilirubine (amenant à une
élévation de la bilirubine non conjuguée),
▫ défaut d’excrétion biliaire amenant à une élévation de la bilirubine
conjuguée.
• L’insuffisance hépatobiliaire est souvent suivie d’un phénomène de
cholestase
4. Autres signes
a. L’hypocholestérolémie
• est un signe classique (c’est le foie qui synthétise le cholestérol)
b. Diminution de l’urée
• le foie assure la synthèse de l’urée à partir de l’ammoniaque qui provient du
catabolisme des protéines. La baisse de l’urée est souvent masquée par une
atteinte rénale fréquente dans les maladies graves du foie.
c. Hypoglycémie
• Dans certaines insuffisances hépatocellulaires majeures, des hypoglycémies
peuvent survenir par atteinte de la fonction glycogénique du foie
IV. Le syndrome mésenchymateux
• Il existe une atteinte des cellules inflammatoires hépatiques (et non des
hépatocytes) telles des cellules de Kupffer. Il y a alors des stigmates de
conflits immunologiques, avec libération dans le sang d'Ac et possible
Gamma-globulinémie polyclonale
En pratique clinique :
• Une forte hypergammaglobulinémie prédominant en IgG est un signe
qui oriente vers une hépatite auto-immune.