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Une Église radiophonique, Ici et
maintenant
« Une Église radiophonique, Ici et maintenant », in Frédéric Antoine et David Douyère (sous la
direction de), « Religions & Médias », Revue française des sciences de l'information et de la
communication, n°13, 2018, https://journals.openedition.org/rfsic/3743
13 | 2018
Religions et médias
Religions et médias
Une Église radiophonique, Ici et maintenant
A radio Church here and now
Sébastien Poulain
https://doi.org/10.4000/rfsic.3743
Abstract | Index | Outline | Text | Bibliography | References | About the author
Abstracts
FRANÇAIS ENGLISH
Radio Ici et Maintenant is a New Age radio station dealing with the “democratization” of religion. In
this new religious market where people have more freedom with religious goods, this radio seems
to be a daily social and spiritual guide to help listeners find their way : a “Radio Church” here and
now.
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Index terms
Mots-clés:
Radio, New Age, spiritualité, démocratisation, marché du religieux
Keywords:
Radio, New Age, spirituality, democratization, religious marketplace
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Introduction
Le mouvement New Age : un renouvellement des formes du religieux sans Église
Les origines New Age de la radio : genèse du « père-fondateur »
Le New Age de la radio : une logique de hiérarchisation ecclésiale
Le New Age d’une émission : un « pape » au micro chaque matin
Conclusion
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Introduction
1Radio Ici et Maintenant (RIM) est fondée le 21 juin 1980, soit bien avant la fin du monopole d’Etat
sur la radio française par le Président François Mitterrand. C’est une « radio libre » avant de devenir
une radio locale privée associative. Elle est diffusée sur internet, par la radio numérique terrestre
(RNT) et sur 95,2 MHz en Ile-de-France (fréquence partagée). 5 000 auditeurs l’écoutent
quotidiennement (audience Médiamétrie au début des années 2000). Selon les dossiers du Fonds de
soutien à l’expression radiophonique locale français (FSER), son budget (159 775 € en 2006 dont
75 % de ressources propres et 5 % de publicité) est financé par des appels surtaxés des auditeurs,
des partenariats, de la vente d’émissions, de l’organisation de conférences ainsi que des
financements en provenance du FSER (42 000 € de subvention d’exploitation et 2 921 € d’aide
sélective en 2012).
2Environ 36 programmes inédits y sont habituellement présentés chaque semaine par une vingtaine
d’animateurs,presque tous bénévoles.Les émissionspeuvent durer de 20 minutes pour une émission
de musique à 7 heures pour une émission nocturne de « libre antenne » (Poulain 2008) ou une
émission sur la spiritualité. Environ 50 % des émissions ont pour thème l’actualité politique,
économique, sociale, écologique. Environ 10 % divers services informatiques, juridiques, culturels,
musicaux. Environ 40 % la santé, la spiritualité, la parapsychologie, l’ufologie qui ont en commun la
dimension spirituelle et thérapeutique (Poulain 2010).
3Dans cet article, il s’agit d’analyser les perspectives de cette radio au regard des mutations de la
modernité occidentale sécularisée (Baubérot 2004 : 53) et, plus particulièrement, des nouvelles
pratiques des individus face aux biens religieux (doctrines, rites, croyances…). On constate en effet
une désaffiliation progressive par rapport aux religions traditionnelles qui structuraient auparavant
une part importante des idées et des actes de leurs adeptes. Cette crise des religions et du sens –
pensée comme un « désenchantement du monde » (Weber,Gauchet)– interroge sur les « fonctions »
(Heinich) anthropologiques que celles-ci remplissaient jusqu’à présent. Sont-elles désormais prises
en charge par d’autres acteurs par un phénomène de « démocratisation » (Baubérot 1983) du
religieux selon lequel « [l]a production et la circulation des biens symboliques-religieux échappent
de plus en plus à la régulation des institutions » (Hervieu-Léger 162) au profit des croyants,
particulièrement dans les pays de tradition catholique ? L’hypothèse que nous formons ici est que les
institutions médiatiques peuvent jouer un rôle dans la mutation et la « démocratisation » du religieux
et remplir une partie des fonctions des religions. Il s’agit de se demander quel rôle joue un média
comme RIM, que l’on peut qualifier de radio New Age – ce courant spirituel issu de la côte ouest des
États-Unis qui espère un changement humain global (Ferreux) – compte-tenu des programmes
diffusés (spiritualités, médecines alternatives…), du parcours (récit) et des caractéristiques de ses
animateurs (néo-bouddhistes, passionnés d’ésotérisme…). Cette radio tente-t-elle, à la manière
d’une « Église » (ekklesia : assemblée),de restructurer le religieux en imposant un nouveau système
religieux New Age, ou contribue-t-elle au contraire à davantage le déstructurer ?
4Nous nous appuyons sur des entretiensmenésavecles fondateurs de la radio,avecdes animateurs,
des invités, des auditeurs, sur l’étude des archives journalistiques et radiophoniques, ainsi que sur
des observations au sein de la radio ou lors d’émissions produites à la Librairie de l’Inconnu, à Paris.
Notre étude comporte également une observation-participante, dans la deuxième partie des années
2000, de pratiques New Age promues par celle-ci : méditations au Forum 104, salons « Vivez
Nature » à La Villette, « Repas ufologiques » mensuels à la Défense, archivage ufologique au sein de
l’association Sceau à Vincennes, participation au groupe spirituel Tribu Kathara animé par un
auditeur…
5Nous allons d’abord présenter le mouvement New Age qui irrigue les ondes de la radio,puis indiquer
comment ce mouvement a été approprié par les fondateurs de la radio, ensuite comment il apparaît
à l’antenne et dans une émission en particulier.
Le mouvement New Age : un renouvellement
des formes du religieux sans Église
6Le New Age ou Nouvel Age est un courant spirituel occidental qui est apparu au début des années
1960 en Californie et qui adapte des philosophies et religions orientales (Obadia) et occidentales au
mouvement de la contre-culture américaine et à la tradition spiritualo-ésotérique occidentale
(Ferreux). Il vise l’avènement d’un Nouvel Age d’harmonie universelle appelé par les astrologues
« ère du Verseau » (Ferguson) où interagiraient écologiquement la totalité des êtres.
7Situé dans une perspective de « réenchantement du monde » (Poulain 2013), ce « sacré hors
religions »,« nébuleux » (Champion),« religion diffuse » (Towler,Cipriani),« religieux sans religion »
(Vieillard-Baron) ou d’« après la religion » (Ferry et Gauchet), se présente comme l’aboutissement
final de toute la métaphysique religieuse, et apparaît comme autonome vis-à-vis des « gardiens
professionnels du sacré » (Martin 278) car dépourvu d’organisation pour l’administrer.
8Néanmoins, certains New Agers se professionnalisent et écrivent des livres (conseil en
développement personnel, romans initiatiques), organisent des stages, créent des groupes (qui
s’approchent parfois de la « secte »). En effet, malgré la tentation de la « démédiation » généralisée,
et du fait de l’individualisme moderne (Durkheim), voire postmoderne, les individus, qui
s’autonomisent par rapport aux institutions socialisatrices traditionnelles, semblent se retrouver
seuls et impuissants face à la complexité de la société et un « marché du sens » très ou trop ouvert,
doncen partie désemparés,voire désespérés et dépressifs (Ehrenberg).D’où un besoin de nouveaux
intermédiaires pour constituer du lien social, réenchanter le monde, apprendre à vivre et trouver du
sens.
Les origines New Age de la radio : genèse du
« père-fondateur »
9Radio Ici et maintenant (RIM), créée à Paris en juin 1980, est une radio d’inspiration New Age. L’un
de ses fondateurs, qui en est toujours le président aujourd’hui, est Didier de Plaige. Après un brevet
de technicien supérieur (BTS) par correspondance en publicité (son père était à la tête d’une franchise
d’Havas à Brazzaville et de trois librairies),Didier de Plaige a été successivement professeur de yoga,
écrivain, journaliste, traducteur, auteur de chansons. Il a traduit le best-seller New Age de Richard
Alpert Be Here Now (publié en 1971 aux États-Unis) en 1976 en France sous le titre Remember, ici
et maintenant : namasté ! Alpert était un professeur de psychologie à Harvard qui assistait Timothy
Leary pour tester les effets de la psilocybine, un hallucinogène. Ils sont renvoyés en 1963 pour leurs
tests sur des étudiants.Richard Alpert part en Inde en 1967 pour apprendre la méditation et le yoga.
À son retour aux États-Unis en 1969, Alpert, désormais appelé Ram Dass, fonde plusieurs centres
consacrés à la spiritualité. L’ouvrage que traduit Didier de Plaige est issu de ce voyage et joue un
rôle fondamental dans sa vie et dans celle de la radio : une version bilingue de l’ouvrage est mise
sur disque 3 pouces et demi, sur le Minitel (3615 code X2001) puis sur le 1er
site web de la radio
(1996).
10Didier de Plaige s’inspire directement de la vie d’Alpert puisqu’il part lui aussi en Inde pour
apprendre la méditation et le yoga. Il enseigne ensuite en Écosse entre 1970 et 1972 à Dumfries et
au monastère Kagyupa Samye Ling, 1er
centre tibétain en Occident fondé en 1967. Plaige y vit avec
sa compagne et sa petite sœur. Il enseigne aussi en France, avant et après la fondation de RIM. En
1974, année d’un voyage à Sonada en Inde avec les fondateurs de la radio pour rencontrer le Lama
tibétain Kalou Rinpoché (1905-1989) dans son temple, Plaige réunit 200 000 francs pour acheter le
château de Plaige (d’où il tire son pseudonyme, son véritable nom étant Garanger) en Saône -et-
Loire avec l’idée de créer un centre multiconfessionnel (le futur Temple des mille Bouddhas
(Campergue) que Plaige appelle « Le Monastère ») et contribue à sa rénovation entre 1974 et 1978
en l’honneur de Kalou Rinpoché.
11En 1978, Didier de Plaige publie avec Jean-Marie Leduc Les Nouveaux Prophètes (chez Buchet-
Chastel) qui vise à étudier « avec tolérance, mais sans complaisance » « les Maîtres et Pasteurs du
Nouvel Age, d’Orient et d’Occident » en donnant leur origine, leur message, leur implantation, leurs
ressources, et leurs coordonnées. Plaige souhaite faire connaître à grande échelle ces « prophètes »
ainsi que leurs différentes techniques. Il se dirige donc vers les médias de masse. Dès 1977, Plaige
produit (avec Guy Skornik) l’émission bimensuelle Ici et Maintenant à l’intérieur de Un sur cinq (le
mercredi après-midi, de 1976 à 1978) sur Antenne 2 ainsi qu’Aujourd’hui magazine sur la même
chaîne. Durant l’été 1978, à minuit, France Inter leur confie quelques émissions intitulées Ici et
Maintenant, animées par Jean-Louis Foulquier. Profitant du mouvement des « radios libres »
(Lefebvre 2008 ; Poulain 2016), Skornik et Plaige décident de gagner en autonomie et en temps
d’antenne en créant une radio.
Le New Age de la radio : une logique de
hiérarchisation ecclésiale
12RIM fait partie de ces médiateurs du religieux, à la convergence de l’« ère des médiums » (Louis)
et de la « médiarchie » (Citton), qui organisent une médiation – c’est-à-dire une communication
socialisatrice – entre les morts et les vivants, l’au-delà et l’ici-bas, le sacré et le croyant, la société
et l’individu. Cette chaîne de radio entend aider les individus à trouver un moyen d’accéder à eux-
mêmes, aux autres et au sens. Elle souhaite mettre de la vie, de l’intelligence, de la rationalité dans
la réalité ; elle fait connaître des utopies et des idéologies, fournit des méthodes New Age pour
accéder au sens. Elle vise à lutter contre la « crise du sens » et pour la guérison du monde par un
ressourcement spirituel, communicationnel, psychologique, philosophique, symbolique (Garnoussi).
Pour cela, elle promeut toutes les formes de croyances des « religions en marge » (Buxant) ou plutôt
des « marges de la religion » (Rivière 10) en invitant leurs « montreurs » (Latour) à l’antenne, au
quotidien, pour présenter leurs expériences, méthodes, anthropologies, éthiques, conseils,
prescriptions, croyances : médiumnité (avec Henry Vignaud, Catherine Cavaya), chamanisme (avec
Jan Kounen, Marie-Thérèse de Brosses, Philippe Lenaif), ufologie (voir Poulain 2010), ésotérisme
(via le couple Anne Givaudan et Daniel Meurois, Patrick Burensteinas, les animateurs Jean-Paul
Bourre ou feu Jean-Claude Carton), voyance (voir Poulain 2014a).
13Ainsi, la radio participe à la légitimation du « paranormal » New Age et à sa normalisation. En tant
qu’institution médiatique, elle institutionnalise ce paranormal pour le socialiser, c’est-à-dire le
diffuser dans la société. Elle tend vers certaines caractéristiques d’une « Église » (au sens de
Troeltsch, Niebuhr et Weber) en tentant d’établir ou de rétablir de l’ordre dans le chaos symbo lique.
Elle recrée, à son humble niveau (ce n’est qu’une micro-institution parmi bien d’autres), de la
hiérarchie (hieros et arkhê : ordonnancement du sacré) entre les différents acteurs du New Age. Elle
choisit de légitimer certaines techniques plutôt que d’autres, organise un rituel grâce à sa
programmation quotidienne, permet à sa communauté radiophonique de se rencontrer lors
d’événements qu’elle organise ou promeut. Elle propose des « nouvelles formes de vie sociale »,
c’est-à-dire d’autres manières :
 de se déplacer : par le transport collectif, non polluant, gratuit, sans puce RFID dans la carte d’identité
(émission avec le « métaphysicien » Marc Cohen) ;
 d’habiter : par le développement durable, les énergies alternatives, les écovillages (Auroville
dans Ressources de Caroline Guidetti) ;
 de s’alimenter : par le bio, le jeûne, la consom’action, le véganisme (Être Vegan dans l’émission Énergies
positives de Terry) ;
 de se soigner physiquement : par les médecines alternatives, le magnétisme, les vitamines (avec l’animateur
de Nutrition, Santé, le dentiste et entrepreneur Gilbert Crussol) ;
 de se soigner psychologiquement : par le recours à la pensée positive et au développement personnel (Charles
Antoni) ;
 de faire de la science : avec la parascience (avec Philippe Guillemant ou Jean-Pierre Petit), le paramédical, la
parapsychologie, la « clairvoyance » (avec Maud Kristen) ;
 de croire : avec l’ufologie (Poulain 2010), le spiritisme, le spiritualisme, l’ésotérisme, l’astrologie (Poulain
2014a) ;
 d’éduquer : dans un lycée autogéré, une école Steiner (avec Isabelle Ablard-Dupin, déléguée de la Fédération
des écoles Steiner) ;
 de se cultiver : par les friches culturelles, les squats et des performances artistiques (la dimension artistique et
expérimentale – voir Poulain 2014b – est importante pour RIM – comme pour beaucoup de New Agers – qui a
installé son studio au Centre Pompidou entre 1984 et 1986 – voir Lefebvre 2016) ;
 d’écouter de la musique : soit country (Keep It Country ! de Mathias Andrieu), soit world (Archipelsonics de
Bruno Heuzé), soit new wave ou musique répétitive dans les années 1980 ;
 de militer : en promouvant l’abstentionnisme, la contre-expertise critique (avec Étienne Chouard, Pierre
Jovanovic, Christian Jacquiau, Sylvie Simon), la grève de la faim et la non-violence (Lefebvre 2016) ;
 de voir la politique : par le libertarisme, l’altermondialisme et l’écologisme (avec l’association AlterCampagne),
mais aussi les rumeurs et le complotisme (avec Thierry Meyssan) ;
 de voir l’économie : par le troc sans argent (avec Philippe Landeux), l’économie solidaire et locale (avec Pama,
les Paniers Marseillais), la décroissance, l’anticapitalisme, l’écosociétalisme (avec André -Jacques Holbecq)…
14À l’image des Cultural Creatives (Anderson),il s’agit de « mettre en pratique une nouvelle manière
de penser, de nouvelles valeurs, un nouveau rapport à soi, au monde, à la nature, au temps ainsi
qu’une nouvelle manière d’envisager le vivre-ensemble et l’organisation de la société » (De Bouver
191), grâce à la création d’un « service public idéal » (comme aimaient à le qualifier ses fondateurs)
en vue du « bien-être » et de l’« éveil », de l’« épanouissement des consciences », de la « libération
des tabous et des conditionnements » des auditeurs. L’ensemble fait en quelque sorte système et
remplit en partie les 14 fonctions traditionnelles des religions telles qu’identifiées par la sociologue
Nathalie Heinich :
 séparation entre sacré (les choses spirituelles et les personnes qui les interprètent) et profane faite par les
animateurs et les invités ;
 figurationnelle via les « esprits », « divinités », « extraterrestres » (avec les « preuves » de leur existence
dans les observations d’Ovnis, « enlèvements », « traces archéologiques » dans l’émission hebdomadaire La
vague d’Ovnis de Plaige – voir Poulain 2010) ;
 rituelle via des programmes quotidiens identiques et la présentation de rituels propitiatoires (des prières pour
André Siméant) ;
 sotériologique via l’éveil spirituel synonyme de bien-être selon Eckhart Tolle dans L’Heure anglaise ;
 thaumaturgique via les médecines alternatives des guérisseurs (les bénédictions et appels aux miracles
d’André Siméant) ;
 cultuelle via la valorisation médiatique quotidienne des « esprits », « divinités », « extraterrestres » ;
 sacrificielle via les jeûnes, le véganisme ou la décroissance ;
 mystique via le « sentiment océanique », les transes, les psychotropes par l’ingestion d’Iboga (avec Yann
Guignon et Bertrand Leroy sur la culture Bwiti), d’Ayahuasca (avec Armand Bernardi) ou d’une formule
chimique secrète dans le roman cyberpunk Protocole oracle (Chamanéditionuméric, 2012) de Plaige ;
 charismatique avec les animateurs et les invités talentueux à l’oral et en contact avec le surnaturel ;
 communautaire à travers une audience fragmentée mais qui a des lieux de rencontres possibles (salons,
studios, conférences) ;
 éthique via des conseils et des prescriptions spirituels et thérapeutiques dans Santé & Spiritualité ou des
débats philosophiques dans Antenne libre ;
 culturelle via la musique métissée aux contes dans Musifiction d’Olivier Piquepé ;
 institutionnelle via la radio et les institutions qu’elle promeut (Forum 104, Librairie de l’Inconnu) ;
 politique via la critique des institutions modernes dans Revue de presse interactive.
15Ainsi, RIM participe d’une certaine manière de la régulation du « champ religieux » (Bourdieu),
mais cette hiérarchisation, cette structuration, cette ritualisation sont de faible intensité. Cette
« Église radiophonique » – à l’image d’ailleurs du mouvement New Age – est peu formalisée,
stabilisée, unifiée, contraignante. Elle ressemble souvent plus à un « supermarché » de la croyance
et des idées (à l’image des salons « Vivez Nature » ou « Marjolaine ») qu’à une « Église » : y sont
proposées presque indistinctement (car celles comportant une dimension spirituelle sont privilégiées)
des thérapies psychologiques et parapsychologiques, médicales et paramédicales, « normales » et
paranormales pour résoudre les problèmes des auditeurs. Ces derniers y viennent se nourrir
spirituellement en choisissant parmi toutes les manières d’être et de penser ; ils y accumulent et y
sélectionnent des stratégies d’action thérapeutiques, religieuses ou non. Ainsi, la radio permet de
recharger sa vie en espoir, en rêves, en magie, en sens pour sécuriser ses croyances, pacifier ses
émotions, reprendre confiance en soi, réenchanter le monde… Elle propose des stratégies, des
techniques, des outils symboliques, psychologiques, matériels, spirituels pour donner sens à sa vie
et mieux être grâce à différents types d’émissions. Par exemple de longues émissions Antenne
libre nocturnes où les auditeurs philosophent sur le sens de l’existence, leur relation au sacré, leurs
croyances, l’éthique…
16D’autres émissions diurnes ou nocturnes font intervenir des « guérisseurs » (médiums,
astrologues, numérologues…) comme Santé & spiritualité qui a plus de 15 ans d’existence et qui fait
partie d’une longue tradition d’émissions similaires qui structurent la programmation et l’idéologie
de la radio : Énergies positives, Ressources, Nutrition, Santé, Plus près des étoiles, Entrez dans le
rêve…, De bouche à oreille, Parcours Santé, Science et conscience, Mieux-être &
spiritualité, Santé/rêves… Après s’être présentés – leurs parcours, leurs philosophies, leurs
technologies, leurs méthodes – les guérisseurs donnent des conseils thérapeutiques, spirituels,
relationnels et professionnels aux auditeurs au téléphone. Ces conseils doivent les aider à se
protéger, mais aussi à protéger leurs proches, voire la société et la terre entière, et à trouver des
réponses à leurs questions pour continuer ou recommencer à « avancer » dans leur vie. Ces
intervenants sont plus ou moins professionnels, plus ou moins idéologues, et soutiennent plus ou
moins l’utopie de « l’ère du Verseau », comme beaucoup de New Agers (Ferreux).
17L’aspect religieux et émotionnel promu ne va pas sans des aspects de socialisation qui peuvent
éventuellement avoir des effets thérapeutiques… Le « réenchantement du monde » est aussi un
« ensorcellement du monde » (Cyrulnik), c’est-à-dire une forme d’interdépendance des uns envers
les autres. Beaucoup d’auditeurs appellent la radio surtout pour être avec les autres, partager leurs
sentiments,leurs souffrances et leurs idées :ils souhaitent en effet être écoutés et écouter les autres
pour trouver des moyens de réagir face à leurs doutes existentiels et aux évolutions sociétales.
Contrairement à d’autres formes d’institutions religieuses, cette radio est toujours ouverte, animée,
en mouvement, active. Elle constitue un espace polytechnique de socialisation (Poulain 2008,
Sloterdijk), c’est-à-dire un espace présentant de multiples techniques permettant d’être en société
pour des auditeurspouvant se trouver en situation de désocialisation :chômage,retraite,dépression,
solitude, maladie, souffrance, deuil…
18Ainsi, ce « service public idéal » radiophonique permet au religieux de s’exprimer et aux auditeurs
d’être accompagnés pour lutter contre la « crise du sens » qui peut se produire notamment lors d’une
« rupture biographique ». Mais cette liberté plus ou moins encadrée a une contrepartie : les
animateurs et auditeurs ne supportent pas ceux qui sont accusés de nuire à cette « liberté ». La
« liberté » religieuse, que propose cette radio et le mouvement New Age, est avant tout une liberté
par opposition aux autorités religieuses existantes et établies.
19Suivant « l’idéologie d’une “vérité personnelle” » (Paquette), la spiritualité New Age est
caractérisée par un approfondissement du sentiment religieux hors de toute hiérarchie préétablie,
c’est-à-dire contre toutes les autorités religieuses traditionnelles, à commencer par les autorités
catholiques. Au sein des New Agers et de la radio, on préfère toutes les religions à la religion
catholique car celle-ci s’occuperait plus de politique, d’économie ou de morale que de religieux, de
sacré ou de spiritualité. Elle placerait les médiateurs que sont les prêtres entre les croyants et Dieu
alors que ce qui est considéré par les New Agers comme la « modernité » doit aboutir à une relation
directe et immédiate à Dieu ou du moins à la spiritualité suivant la technique du channeling: l’humain
comme canal d’expression direct du divin.
20On peut le voir dans l’émission Santé & spiritualité animée actuellement par Morgane. Certaines
émissions ont été consacrées à la série d’ouvrages Conversations with God, publiés entre 1996
et 2017. Ce texte a pour auteur Neale Donald Walsch, mais il est présenté comme une conversation
entre lui et Dieu, à l’exception de Communion With God : An Uncommon Dialogue (2000) où seul
Dieu parlerait. Walsch ayant cédé les droits, les trois premiers tomes ont été lus en 2008 par
l’animateur Laurent Fendt, en 18 émissions, soit 26 heures ! Ce programme est diffusé depuis le
24 septembre 2017 tous les dimanches dans « Santé & Spiritualité ». Mais c’est en direct une fois
par mois dans cette émission qu’André Siméant (« Psycho-conseil guérisseur » et « chef
d’entreprise ») interroge « La Source, Dieu, l’Esprit » (« Mon Dieu que réponds-tu à Louise ? ») et
même devient Dieu (du moins son canal) pour donner – suite à une transition explicative (« Dieu te
parle ») – ses prescriptions (Serge devra renoncer à une cigarette tous les deux jours pour arrêter
de fumer) et bénédictions (« Je te bénis de tout mon amour, de toute ma lumière et que cela est. »).
21Les émissions donnant la parole aux auditeurs sur l’actualité (Antenne libre, Revue de presse
interactive, Vox Populi) et celles donnant des conseils thérapeutiques (Santé & spiritualité), qui
structurent la grille de la radio depuis l’origine, sont les deux faces d’une même pièce : les premières
critiquent la société de « l’ère du Poisson » – faite de guerres, de violences, de haines et
d’incompréhensions, de complots, de malheurs… –, qui a débuté en 1413 et doit s’achever en 3573
selon l’anthroposophe Rudolf Steiner ; les secondes recherchent des solutions pour faire advenir
« l’ère du Verseau ». Comme les « montreurs » de microbes pastoriens (Latour), les « montreurs
de New Age », qui dévalorisent « l’ère du Poisson » et valorisent « l’ère du Verseau », parviennent
à vivre des idées et pratiques New Age en démontrant leur utilité, leurs apports et leur efficacité et
en parvenant à convaincre d’autres personnes de les suivre.
Le New Age d’une émission : un « pape » au
micro chaque matin
22Approfondissons le cas du « montreur de New Age » Eckhart Tolle, désormais à l’antenne de la
radio depuis plus de 12 ans. Eckhart Tolle (son prénom constitue un hommage au philosophe et
mystique allemand médiéval Maître Eckhart ; son nom véritable est Ulrich Leonard Tolle) est un
Allemand, catholique à l’origine, vivant à Vancouver. Il dit avoir fait l’expérience d’une
« transformation intérieure » une nuit de 1977, à 29 ans, après avoir souffert de longues périodes
de dépression à tendances suicidaires. Il aurait par la suite vu et interprété le monde différemment,
arrêté sa thèse de littérature à l’Université de Cambridge en Angleterre et emprunté un chemin
spirituel d’où a découlé la publication de plusieurs ouvrages internationaux New Age s’inspirant du
bouddhisme zen, du soufisme, de l’hindouisme et de la Bible. Ainsi de A New Earth : Awakening to
Your Life’s Purpose (2005), qui aurait été vendu à 5 millions d’exemplaires, ou The Power of Now :
A Guide to Spiritual Enlightenment (1997) qui aurait été vendu à 3 millions d’exemplaires en
34 langues, et qui a pour titres de chapitres : 1. Vous n’êtes pas votre mental ; 2. Se sortir de la
souffrance par la conscience ; 3. Plonger dans le moment présent ; 4. Les stratégies du mental pour
éviter le moment présent ; 5. La présence en temps qu’état ; 6. Le corps subtil ; 7. Diverses portes
d’accès au non-manifeste ; 8. Les relations éclairées ; 9. Au-delà du bonheur et du tourment : la
paix ; 10. La signification du lâcher-prise. Ces ouvrages l’ont conduit à donner de nombreuses
conférences. Il a été invité sur le plateau du talk show d’Oprah Winfrey, qui a largement fait sa
promotion. En 2008, elle a organisé un webinaire avec lui à propos de A New Earth en 10 semaines
(chapitre par chapitre) via le site web Oprah.com où il y a eu plus de 35 millions de connexions.
Cette conversation, où les internautes pouvaient intervenir via Skype et où un temps était réservé à
la méditation, a fait l’objet de plusieurs diffusions en 10 épisodes dans l’émission quotidienne Santé
& Spiritualité (17 h 30-19 h 00) de RIM depuis les années 2010. Eckhart Tolle a également été invité
au « Sommet sur la Paix » à Vancouver organisé par le Centre dalaï-lama pour la paix et l’éducation
en 2009, il a rencontré Ram Dass en 2011 à Hawaï pour dialoguer en direct et public sur le réve il
spirituel et la transformation de la conscience.
23Sa webtv, lancée en juillet 2010, s’appelle aujourd’hui Eckhart Tolle Now (il fallait débourser
$ 14.95 par mois pour regarder les vidéos sur le site et $ 19.95 pour les télécharger en 2010 ;
$ 19.95 pour pouvoir seulement les regarder en 2017). Elle contient plus de 200 heures
d’enseignements de Tolle et de sa femme Kim Eng, spécialiste de « Qi Flow Yoga ». Le site internet
vend 23 produits DVD (environ $ 15 par DVD), 43 produits CD ($ 13 le CD), 72 produits de
téléchargements audios ou vidéos, 10 livres dont 4 d’auteurs (psychologues, thérapeutes,
éducateurs) qu’Eckhart Tolle édite et préface. Des enregistrements d’enseignements sont diffusés
depuis le milieu des années 2000 sur RIM dans l’émission quotidienne L’Heure anglaise entre 6 h 00
et 7 h 00 (qui est une heure souvent conseillée pour faire de la méditation).Tolle y donne des conseils
pour dépasser ses souffrances, combattre l’« ego », contrôler ses émotions, atteindre le bonheur,
s’ouvrir aux autres, s’éveiller spirituellement… Il propose à ses auditeurs de se focaliser sur le
moment présent plutôt que le passé ou le futur, de regarder le monde autrement. Il s’efforce de leur
apprendre à être et à réinventer sa vie, à séparer la pensée et la conscience, dans une perspective
qui consiste à reprendre la substance spirituelle « intemporelle » des religions et non ce qu’elles sont
devenues (sujet de division, substance spirituelle obscurcie, une part de la folie).
24Auparavant, « l’Heure anglaise » avait également diffusé Stupid White Men du documentariste
Michael Moore (du 4 au 13 juin 2004), 1984 de George Orwell (en 14 épisodes de 40 minutes en
mai 2004), Le Livre Tibétain de la Vie et de la Mort du lama Sogyal Rinpoché (du 1er
au 8 mai 2004),
des textes de l’écrivain mystique et promoteur de psychotropes psychédéliques Carlos Castaneda
(en avril 2004), et, bien sûr, « pratiquement l’intégrale des enregistrements [des] conférences »
d’Alan Watts (promoteur du bouddhisme zen et l’un des pères de la contre-culture américaine).
Conclusion
25Les religions sont des machines symboliques – « communicationnelles » (Douyère) – qui ont des
effets concrets prescriptifs sur la totalité de la réalité qu’elles décrivent et interprètent. La
« démocratisation » du religieux restreint, limite, refoule officiellement les logiques antagonistes,
hégémoniques, prosélytes, impérialistes (Godin 259) que les monothéismes portent pourtant en leur
sein. Ces dernières continuent cependant de se manifester, particulièrement dans les médias qui ont
imposé en grande partie leur logique aux religions (Dagenais, Malherbe, Delporte). De fait, cette
« démocratisation » semble nécessiter d’organiser le partage du sens et la coexistence de diverses
formes religieuses modernes qui peuvent être soit très organisées (les sectes et religions), soit très
peu organisées (la religiosité New Age).
26Parmi bien d’autres micro-institutions de la nébuleuse New Age, RIM tente de jouer un rôle de
guide ecclésial : constatant l’inefficacité et le danger (pollution, corruption, inégalités, violence,
pauvreté…) des solutions des « méso-guides » (institutions politiques, religieuses, scientifiques
traditionnelles), elle donne la parole à des « micro-guides » (chamans, ufologues, numérologues…)
qui proposent des « micro-solutions » New Age de réformation de soi et promeuvent les « macro-
solutions » de « macro-guides » (maîtres spirituels, dieux, esprits, extraterrestres), espérés comme
les seuls capables de faire advenir un Nouvel Age de l’Humanité.
27Toutefois, ce rôle de guide ecclésial radiophonique messianique et millénariste est ambigu : la
radio tente d’un côté d’ordonner ce religieux inorganisé grâce à différentes propositions symboliques
susceptibles de lutter contre la « crise du sens » sociétale qui devient mondiale, mais, d’un autre
côté, de participer tout aussi bien à son entretien et son accélération de par le caractère alternatif,
libertaire, contre-culturel, complotiste et critique des idées et pratiques New Age qu’elle promeut.
POULAIN Sébastien, 2008, « Guérir de la société grâce à la radio : usages des libres antennes de
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Bibliography
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References
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Sébastien Poulain, « Une Église radiophonique, Ici et maintenant », Revue française des sciences de
l’information et de la communication [Online], 13 | 2018, Online since 01 June 2018, connection on 27
August 2020. URL: http://journals.openedition.org/rfsic/3743 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rfsic.3743
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About the author
Sébastien Poulain
Sébastien Poulain est docteur en sciences de l’information et de la communication, chercheur associé au
Mica (Université Bordeaux Montaigne) et enseignant (Université Sorbonne Nouvelle, Université Paris 8,
Université catholique de l’Ouest). Il est trésorier du Groupe d’études et de recherches sur la radio (Grer).
Co-fondateur de la revue Radiomorphoses.fr et des blogs LesRadiosLibres, RadioduFutur, il a dirigé
l'ouvrage Radios libres, 30 ans de FM. La parole libérée ? (2016), ainsi que les dossiers consacré à « La
radio du futur » (Cahiers d’histoire de la radiodiffusion, 132, 2017) et aux « Acteurs des radios locales »
(CHR, 135, 2018). Courriel : Sebastien.Poulain@gmail.com. Twitter : https://twitter.com/Seb_Poulain.
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Une Église radiophonique, Ici et maintenant

  • 1. Une Église radiophonique, Ici et maintenant « Une Église radiophonique, Ici et maintenant », in Frédéric Antoine et David Douyère (sous la direction de), « Religions & Médias », Revue française des sciences de l'information et de la communication, n°13, 2018, https://journals.openedition.org/rfsic/3743
  • 2. 13 | 2018 Religions et médias Religions et médias Une Église radiophonique, Ici et maintenant A radio Church here and now Sébastien Poulain https://doi.org/10.4000/rfsic.3743 Abstract | Index | Outline | Text | Bibliography | References | About the author Abstracts FRANÇAIS ENGLISH Radio Ici et Maintenant is a New Age radio station dealing with the “democratization” of religion. In this new religious market where people have more freedom with religious goods, this radio seems to be a daily social and spiritual guide to help listeners find their way : a “Radio Church” here and now. Top of page Index terms Mots-clés: Radio, New Age, spiritualité, démocratisation, marché du religieux Keywords: Radio, New Age, spirituality, democratization, religious marketplace Top of page Outline Introduction Le mouvement New Age : un renouvellement des formes du religieux sans Église Les origines New Age de la radio : genèse du « père-fondateur » Le New Age de la radio : une logique de hiérarchisation ecclésiale Le New Age d’une émission : un « pape » au micro chaque matin Conclusion Top of page Full text PDF Send by e-mail Introduction 1Radio Ici et Maintenant (RIM) est fondée le 21 juin 1980, soit bien avant la fin du monopole d’Etat sur la radio française par le Président François Mitterrand. C’est une « radio libre » avant de devenir une radio locale privée associative. Elle est diffusée sur internet, par la radio numérique terrestre (RNT) et sur 95,2 MHz en Ile-de-France (fréquence partagée). 5 000 auditeurs l’écoutent quotidiennement (audience Médiamétrie au début des années 2000). Selon les dossiers du Fonds de soutien à l’expression radiophonique locale français (FSER), son budget (159 775 € en 2006 dont 75 % de ressources propres et 5 % de publicité) est financé par des appels surtaxés des auditeurs, des partenariats, de la vente d’émissions, de l’organisation de conférences ainsi que des financements en provenance du FSER (42 000 € de subvention d’exploitation et 2 921 € d’aide sélective en 2012). 2Environ 36 programmes inédits y sont habituellement présentés chaque semaine par une vingtaine d’animateurs,presque tous bénévoles.Les émissionspeuvent durer de 20 minutes pour une émission de musique à 7 heures pour une émission nocturne de « libre antenne » (Poulain 2008) ou une
  • 3. émission sur la spiritualité. Environ 50 % des émissions ont pour thème l’actualité politique, économique, sociale, écologique. Environ 10 % divers services informatiques, juridiques, culturels, musicaux. Environ 40 % la santé, la spiritualité, la parapsychologie, l’ufologie qui ont en commun la dimension spirituelle et thérapeutique (Poulain 2010). 3Dans cet article, il s’agit d’analyser les perspectives de cette radio au regard des mutations de la modernité occidentale sécularisée (Baubérot 2004 : 53) et, plus particulièrement, des nouvelles pratiques des individus face aux biens religieux (doctrines, rites, croyances…). On constate en effet une désaffiliation progressive par rapport aux religions traditionnelles qui structuraient auparavant une part importante des idées et des actes de leurs adeptes. Cette crise des religions et du sens – pensée comme un « désenchantement du monde » (Weber,Gauchet)– interroge sur les « fonctions » (Heinich) anthropologiques que celles-ci remplissaient jusqu’à présent. Sont-elles désormais prises en charge par d’autres acteurs par un phénomène de « démocratisation » (Baubérot 1983) du religieux selon lequel « [l]a production et la circulation des biens symboliques-religieux échappent de plus en plus à la régulation des institutions » (Hervieu-Léger 162) au profit des croyants, particulièrement dans les pays de tradition catholique ? L’hypothèse que nous formons ici est que les institutions médiatiques peuvent jouer un rôle dans la mutation et la « démocratisation » du religieux et remplir une partie des fonctions des religions. Il s’agit de se demander quel rôle joue un média comme RIM, que l’on peut qualifier de radio New Age – ce courant spirituel issu de la côte ouest des États-Unis qui espère un changement humain global (Ferreux) – compte-tenu des programmes diffusés (spiritualités, médecines alternatives…), du parcours (récit) et des caractéristiques de ses animateurs (néo-bouddhistes, passionnés d’ésotérisme…). Cette radio tente-t-elle, à la manière d’une « Église » (ekklesia : assemblée),de restructurer le religieux en imposant un nouveau système religieux New Age, ou contribue-t-elle au contraire à davantage le déstructurer ? 4Nous nous appuyons sur des entretiensmenésavecles fondateurs de la radio,avecdes animateurs, des invités, des auditeurs, sur l’étude des archives journalistiques et radiophoniques, ainsi que sur des observations au sein de la radio ou lors d’émissions produites à la Librairie de l’Inconnu, à Paris. Notre étude comporte également une observation-participante, dans la deuxième partie des années 2000, de pratiques New Age promues par celle-ci : méditations au Forum 104, salons « Vivez Nature » à La Villette, « Repas ufologiques » mensuels à la Défense, archivage ufologique au sein de l’association Sceau à Vincennes, participation au groupe spirituel Tribu Kathara animé par un auditeur… 5Nous allons d’abord présenter le mouvement New Age qui irrigue les ondes de la radio,puis indiquer comment ce mouvement a été approprié par les fondateurs de la radio, ensuite comment il apparaît à l’antenne et dans une émission en particulier. Le mouvement New Age : un renouvellement des formes du religieux sans Église 6Le New Age ou Nouvel Age est un courant spirituel occidental qui est apparu au début des années 1960 en Californie et qui adapte des philosophies et religions orientales (Obadia) et occidentales au mouvement de la contre-culture américaine et à la tradition spiritualo-ésotérique occidentale (Ferreux). Il vise l’avènement d’un Nouvel Age d’harmonie universelle appelé par les astrologues « ère du Verseau » (Ferguson) où interagiraient écologiquement la totalité des êtres. 7Situé dans une perspective de « réenchantement du monde » (Poulain 2013), ce « sacré hors religions »,« nébuleux » (Champion),« religion diffuse » (Towler,Cipriani),« religieux sans religion » (Vieillard-Baron) ou d’« après la religion » (Ferry et Gauchet), se présente comme l’aboutissement final de toute la métaphysique religieuse, et apparaît comme autonome vis-à-vis des « gardiens professionnels du sacré » (Martin 278) car dépourvu d’organisation pour l’administrer. 8Néanmoins, certains New Agers se professionnalisent et écrivent des livres (conseil en développement personnel, romans initiatiques), organisent des stages, créent des groupes (qui s’approchent parfois de la « secte »). En effet, malgré la tentation de la « démédiation » généralisée, et du fait de l’individualisme moderne (Durkheim), voire postmoderne, les individus, qui s’autonomisent par rapport aux institutions socialisatrices traditionnelles, semblent se retrouver seuls et impuissants face à la complexité de la société et un « marché du sens » très ou trop ouvert, doncen partie désemparés,voire désespérés et dépressifs (Ehrenberg).D’où un besoin de nouveaux
  • 4. intermédiaires pour constituer du lien social, réenchanter le monde, apprendre à vivre et trouver du sens. Les origines New Age de la radio : genèse du « père-fondateur » 9Radio Ici et maintenant (RIM), créée à Paris en juin 1980, est une radio d’inspiration New Age. L’un de ses fondateurs, qui en est toujours le président aujourd’hui, est Didier de Plaige. Après un brevet de technicien supérieur (BTS) par correspondance en publicité (son père était à la tête d’une franchise d’Havas à Brazzaville et de trois librairies),Didier de Plaige a été successivement professeur de yoga, écrivain, journaliste, traducteur, auteur de chansons. Il a traduit le best-seller New Age de Richard Alpert Be Here Now (publié en 1971 aux États-Unis) en 1976 en France sous le titre Remember, ici et maintenant : namasté ! Alpert était un professeur de psychologie à Harvard qui assistait Timothy Leary pour tester les effets de la psilocybine, un hallucinogène. Ils sont renvoyés en 1963 pour leurs tests sur des étudiants.Richard Alpert part en Inde en 1967 pour apprendre la méditation et le yoga. À son retour aux États-Unis en 1969, Alpert, désormais appelé Ram Dass, fonde plusieurs centres consacrés à la spiritualité. L’ouvrage que traduit Didier de Plaige est issu de ce voyage et joue un rôle fondamental dans sa vie et dans celle de la radio : une version bilingue de l’ouvrage est mise sur disque 3 pouces et demi, sur le Minitel (3615 code X2001) puis sur le 1er site web de la radio (1996). 10Didier de Plaige s’inspire directement de la vie d’Alpert puisqu’il part lui aussi en Inde pour apprendre la méditation et le yoga. Il enseigne ensuite en Écosse entre 1970 et 1972 à Dumfries et au monastère Kagyupa Samye Ling, 1er centre tibétain en Occident fondé en 1967. Plaige y vit avec sa compagne et sa petite sœur. Il enseigne aussi en France, avant et après la fondation de RIM. En 1974, année d’un voyage à Sonada en Inde avec les fondateurs de la radio pour rencontrer le Lama tibétain Kalou Rinpoché (1905-1989) dans son temple, Plaige réunit 200 000 francs pour acheter le château de Plaige (d’où il tire son pseudonyme, son véritable nom étant Garanger) en Saône -et- Loire avec l’idée de créer un centre multiconfessionnel (le futur Temple des mille Bouddhas (Campergue) que Plaige appelle « Le Monastère ») et contribue à sa rénovation entre 1974 et 1978 en l’honneur de Kalou Rinpoché. 11En 1978, Didier de Plaige publie avec Jean-Marie Leduc Les Nouveaux Prophètes (chez Buchet- Chastel) qui vise à étudier « avec tolérance, mais sans complaisance » « les Maîtres et Pasteurs du Nouvel Age, d’Orient et d’Occident » en donnant leur origine, leur message, leur implantation, leurs ressources, et leurs coordonnées. Plaige souhaite faire connaître à grande échelle ces « prophètes » ainsi que leurs différentes techniques. Il se dirige donc vers les médias de masse. Dès 1977, Plaige produit (avec Guy Skornik) l’émission bimensuelle Ici et Maintenant à l’intérieur de Un sur cinq (le mercredi après-midi, de 1976 à 1978) sur Antenne 2 ainsi qu’Aujourd’hui magazine sur la même chaîne. Durant l’été 1978, à minuit, France Inter leur confie quelques émissions intitulées Ici et Maintenant, animées par Jean-Louis Foulquier. Profitant du mouvement des « radios libres » (Lefebvre 2008 ; Poulain 2016), Skornik et Plaige décident de gagner en autonomie et en temps d’antenne en créant une radio. Le New Age de la radio : une logique de hiérarchisation ecclésiale 12RIM fait partie de ces médiateurs du religieux, à la convergence de l’« ère des médiums » (Louis) et de la « médiarchie » (Citton), qui organisent une médiation – c’est-à-dire une communication socialisatrice – entre les morts et les vivants, l’au-delà et l’ici-bas, le sacré et le croyant, la société et l’individu. Cette chaîne de radio entend aider les individus à trouver un moyen d’accéder à eux- mêmes, aux autres et au sens. Elle souhaite mettre de la vie, de l’intelligence, de la rationalité dans la réalité ; elle fait connaître des utopies et des idéologies, fournit des méthodes New Age pour accéder au sens. Elle vise à lutter contre la « crise du sens » et pour la guérison du monde par un ressourcement spirituel, communicationnel, psychologique, philosophique, symbolique (Garnoussi). Pour cela, elle promeut toutes les formes de croyances des « religions en marge » (Buxant) ou plutôt des « marges de la religion » (Rivière 10) en invitant leurs « montreurs » (Latour) à l’antenne, au quotidien, pour présenter leurs expériences, méthodes, anthropologies, éthiques, conseils, prescriptions, croyances : médiumnité (avec Henry Vignaud, Catherine Cavaya), chamanisme (avec
  • 5. Jan Kounen, Marie-Thérèse de Brosses, Philippe Lenaif), ufologie (voir Poulain 2010), ésotérisme (via le couple Anne Givaudan et Daniel Meurois, Patrick Burensteinas, les animateurs Jean-Paul Bourre ou feu Jean-Claude Carton), voyance (voir Poulain 2014a). 13Ainsi, la radio participe à la légitimation du « paranormal » New Age et à sa normalisation. En tant qu’institution médiatique, elle institutionnalise ce paranormal pour le socialiser, c’est-à-dire le diffuser dans la société. Elle tend vers certaines caractéristiques d’une « Église » (au sens de Troeltsch, Niebuhr et Weber) en tentant d’établir ou de rétablir de l’ordre dans le chaos symbo lique. Elle recrée, à son humble niveau (ce n’est qu’une micro-institution parmi bien d’autres), de la hiérarchie (hieros et arkhê : ordonnancement du sacré) entre les différents acteurs du New Age. Elle choisit de légitimer certaines techniques plutôt que d’autres, organise un rituel grâce à sa programmation quotidienne, permet à sa communauté radiophonique de se rencontrer lors d’événements qu’elle organise ou promeut. Elle propose des « nouvelles formes de vie sociale », c’est-à-dire d’autres manières :  de se déplacer : par le transport collectif, non polluant, gratuit, sans puce RFID dans la carte d’identité (émission avec le « métaphysicien » Marc Cohen) ;  d’habiter : par le développement durable, les énergies alternatives, les écovillages (Auroville dans Ressources de Caroline Guidetti) ;  de s’alimenter : par le bio, le jeûne, la consom’action, le véganisme (Être Vegan dans l’émission Énergies positives de Terry) ;  de se soigner physiquement : par les médecines alternatives, le magnétisme, les vitamines (avec l’animateur de Nutrition, Santé, le dentiste et entrepreneur Gilbert Crussol) ;  de se soigner psychologiquement : par le recours à la pensée positive et au développement personnel (Charles Antoni) ;  de faire de la science : avec la parascience (avec Philippe Guillemant ou Jean-Pierre Petit), le paramédical, la parapsychologie, la « clairvoyance » (avec Maud Kristen) ;  de croire : avec l’ufologie (Poulain 2010), le spiritisme, le spiritualisme, l’ésotérisme, l’astrologie (Poulain 2014a) ;  d’éduquer : dans un lycée autogéré, une école Steiner (avec Isabelle Ablard-Dupin, déléguée de la Fédération des écoles Steiner) ;  de se cultiver : par les friches culturelles, les squats et des performances artistiques (la dimension artistique et expérimentale – voir Poulain 2014b – est importante pour RIM – comme pour beaucoup de New Agers – qui a installé son studio au Centre Pompidou entre 1984 et 1986 – voir Lefebvre 2016) ;  d’écouter de la musique : soit country (Keep It Country ! de Mathias Andrieu), soit world (Archipelsonics de Bruno Heuzé), soit new wave ou musique répétitive dans les années 1980 ;  de militer : en promouvant l’abstentionnisme, la contre-expertise critique (avec Étienne Chouard, Pierre Jovanovic, Christian Jacquiau, Sylvie Simon), la grève de la faim et la non-violence (Lefebvre 2016) ;  de voir la politique : par le libertarisme, l’altermondialisme et l’écologisme (avec l’association AlterCampagne), mais aussi les rumeurs et le complotisme (avec Thierry Meyssan) ;  de voir l’économie : par le troc sans argent (avec Philippe Landeux), l’économie solidaire et locale (avec Pama, les Paniers Marseillais), la décroissance, l’anticapitalisme, l’écosociétalisme (avec André -Jacques Holbecq)… 14À l’image des Cultural Creatives (Anderson),il s’agit de « mettre en pratique une nouvelle manière de penser, de nouvelles valeurs, un nouveau rapport à soi, au monde, à la nature, au temps ainsi qu’une nouvelle manière d’envisager le vivre-ensemble et l’organisation de la société » (De Bouver 191), grâce à la création d’un « service public idéal » (comme aimaient à le qualifier ses fondateurs) en vue du « bien-être » et de l’« éveil », de l’« épanouissement des consciences », de la « libération des tabous et des conditionnements » des auditeurs. L’ensemble fait en quelque sorte système et remplit en partie les 14 fonctions traditionnelles des religions telles qu’identifiées par la sociologue Nathalie Heinich :  séparation entre sacré (les choses spirituelles et les personnes qui les interprètent) et profane faite par les animateurs et les invités ;  figurationnelle via les « esprits », « divinités », « extraterrestres » (avec les « preuves » de leur existence dans les observations d’Ovnis, « enlèvements », « traces archéologiques » dans l’émission hebdomadaire La vague d’Ovnis de Plaige – voir Poulain 2010) ;  rituelle via des programmes quotidiens identiques et la présentation de rituels propitiatoires (des prières pour André Siméant) ;  sotériologique via l’éveil spirituel synonyme de bien-être selon Eckhart Tolle dans L’Heure anglaise ;  thaumaturgique via les médecines alternatives des guérisseurs (les bénédictions et appels aux miracles d’André Siméant) ;  cultuelle via la valorisation médiatique quotidienne des « esprits », « divinités », « extraterrestres » ;  sacrificielle via les jeûnes, le véganisme ou la décroissance ;
  • 6.  mystique via le « sentiment océanique », les transes, les psychotropes par l’ingestion d’Iboga (avec Yann Guignon et Bertrand Leroy sur la culture Bwiti), d’Ayahuasca (avec Armand Bernardi) ou d’une formule chimique secrète dans le roman cyberpunk Protocole oracle (Chamanéditionuméric, 2012) de Plaige ;  charismatique avec les animateurs et les invités talentueux à l’oral et en contact avec le surnaturel ;  communautaire à travers une audience fragmentée mais qui a des lieux de rencontres possibles (salons, studios, conférences) ;  éthique via des conseils et des prescriptions spirituels et thérapeutiques dans Santé & Spiritualité ou des débats philosophiques dans Antenne libre ;  culturelle via la musique métissée aux contes dans Musifiction d’Olivier Piquepé ;  institutionnelle via la radio et les institutions qu’elle promeut (Forum 104, Librairie de l’Inconnu) ;  politique via la critique des institutions modernes dans Revue de presse interactive. 15Ainsi, RIM participe d’une certaine manière de la régulation du « champ religieux » (Bourdieu), mais cette hiérarchisation, cette structuration, cette ritualisation sont de faible intensité. Cette « Église radiophonique » – à l’image d’ailleurs du mouvement New Age – est peu formalisée, stabilisée, unifiée, contraignante. Elle ressemble souvent plus à un « supermarché » de la croyance et des idées (à l’image des salons « Vivez Nature » ou « Marjolaine ») qu’à une « Église » : y sont proposées presque indistinctement (car celles comportant une dimension spirituelle sont privilégiées) des thérapies psychologiques et parapsychologiques, médicales et paramédicales, « normales » et paranormales pour résoudre les problèmes des auditeurs. Ces derniers y viennent se nourrir spirituellement en choisissant parmi toutes les manières d’être et de penser ; ils y accumulent et y sélectionnent des stratégies d’action thérapeutiques, religieuses ou non. Ainsi, la radio permet de recharger sa vie en espoir, en rêves, en magie, en sens pour sécuriser ses croyances, pacifier ses émotions, reprendre confiance en soi, réenchanter le monde… Elle propose des stratégies, des techniques, des outils symboliques, psychologiques, matériels, spirituels pour donner sens à sa vie et mieux être grâce à différents types d’émissions. Par exemple de longues émissions Antenne libre nocturnes où les auditeurs philosophent sur le sens de l’existence, leur relation au sacré, leurs croyances, l’éthique… 16D’autres émissions diurnes ou nocturnes font intervenir des « guérisseurs » (médiums, astrologues, numérologues…) comme Santé & spiritualité qui a plus de 15 ans d’existence et qui fait partie d’une longue tradition d’émissions similaires qui structurent la programmation et l’idéologie de la radio : Énergies positives, Ressources, Nutrition, Santé, Plus près des étoiles, Entrez dans le rêve…, De bouche à oreille, Parcours Santé, Science et conscience, Mieux-être & spiritualité, Santé/rêves… Après s’être présentés – leurs parcours, leurs philosophies, leurs technologies, leurs méthodes – les guérisseurs donnent des conseils thérapeutiques, spirituels, relationnels et professionnels aux auditeurs au téléphone. Ces conseils doivent les aider à se protéger, mais aussi à protéger leurs proches, voire la société et la terre entière, et à trouver des réponses à leurs questions pour continuer ou recommencer à « avancer » dans leur vie. Ces intervenants sont plus ou moins professionnels, plus ou moins idéologues, et soutiennent plus ou moins l’utopie de « l’ère du Verseau », comme beaucoup de New Agers (Ferreux). 17L’aspect religieux et émotionnel promu ne va pas sans des aspects de socialisation qui peuvent éventuellement avoir des effets thérapeutiques… Le « réenchantement du monde » est aussi un « ensorcellement du monde » (Cyrulnik), c’est-à-dire une forme d’interdépendance des uns envers les autres. Beaucoup d’auditeurs appellent la radio surtout pour être avec les autres, partager leurs sentiments,leurs souffrances et leurs idées :ils souhaitent en effet être écoutés et écouter les autres pour trouver des moyens de réagir face à leurs doutes existentiels et aux évolutions sociétales. Contrairement à d’autres formes d’institutions religieuses, cette radio est toujours ouverte, animée, en mouvement, active. Elle constitue un espace polytechnique de socialisation (Poulain 2008, Sloterdijk), c’est-à-dire un espace présentant de multiples techniques permettant d’être en société pour des auditeurspouvant se trouver en situation de désocialisation :chômage,retraite,dépression, solitude, maladie, souffrance, deuil… 18Ainsi, ce « service public idéal » radiophonique permet au religieux de s’exprimer et aux auditeurs d’être accompagnés pour lutter contre la « crise du sens » qui peut se produire notamment lors d’une « rupture biographique ». Mais cette liberté plus ou moins encadrée a une contrepartie : les animateurs et auditeurs ne supportent pas ceux qui sont accusés de nuire à cette « liberté ». La « liberté » religieuse, que propose cette radio et le mouvement New Age, est avant tout une liberté par opposition aux autorités religieuses existantes et établies. 19Suivant « l’idéologie d’une “vérité personnelle” » (Paquette), la spiritualité New Age est caractérisée par un approfondissement du sentiment religieux hors de toute hiérarchie préétablie,
  • 7. c’est-à-dire contre toutes les autorités religieuses traditionnelles, à commencer par les autorités catholiques. Au sein des New Agers et de la radio, on préfère toutes les religions à la religion catholique car celle-ci s’occuperait plus de politique, d’économie ou de morale que de religieux, de sacré ou de spiritualité. Elle placerait les médiateurs que sont les prêtres entre les croyants et Dieu alors que ce qui est considéré par les New Agers comme la « modernité » doit aboutir à une relation directe et immédiate à Dieu ou du moins à la spiritualité suivant la technique du channeling: l’humain comme canal d’expression direct du divin. 20On peut le voir dans l’émission Santé & spiritualité animée actuellement par Morgane. Certaines émissions ont été consacrées à la série d’ouvrages Conversations with God, publiés entre 1996 et 2017. Ce texte a pour auteur Neale Donald Walsch, mais il est présenté comme une conversation entre lui et Dieu, à l’exception de Communion With God : An Uncommon Dialogue (2000) où seul Dieu parlerait. Walsch ayant cédé les droits, les trois premiers tomes ont été lus en 2008 par l’animateur Laurent Fendt, en 18 émissions, soit 26 heures ! Ce programme est diffusé depuis le 24 septembre 2017 tous les dimanches dans « Santé & Spiritualité ». Mais c’est en direct une fois par mois dans cette émission qu’André Siméant (« Psycho-conseil guérisseur » et « chef d’entreprise ») interroge « La Source, Dieu, l’Esprit » (« Mon Dieu que réponds-tu à Louise ? ») et même devient Dieu (du moins son canal) pour donner – suite à une transition explicative (« Dieu te parle ») – ses prescriptions (Serge devra renoncer à une cigarette tous les deux jours pour arrêter de fumer) et bénédictions (« Je te bénis de tout mon amour, de toute ma lumière et que cela est. »). 21Les émissions donnant la parole aux auditeurs sur l’actualité (Antenne libre, Revue de presse interactive, Vox Populi) et celles donnant des conseils thérapeutiques (Santé & spiritualité), qui structurent la grille de la radio depuis l’origine, sont les deux faces d’une même pièce : les premières critiquent la société de « l’ère du Poisson » – faite de guerres, de violences, de haines et d’incompréhensions, de complots, de malheurs… –, qui a débuté en 1413 et doit s’achever en 3573 selon l’anthroposophe Rudolf Steiner ; les secondes recherchent des solutions pour faire advenir « l’ère du Verseau ». Comme les « montreurs » de microbes pastoriens (Latour), les « montreurs de New Age », qui dévalorisent « l’ère du Poisson » et valorisent « l’ère du Verseau », parviennent à vivre des idées et pratiques New Age en démontrant leur utilité, leurs apports et leur efficacité et en parvenant à convaincre d’autres personnes de les suivre. Le New Age d’une émission : un « pape » au micro chaque matin 22Approfondissons le cas du « montreur de New Age » Eckhart Tolle, désormais à l’antenne de la radio depuis plus de 12 ans. Eckhart Tolle (son prénom constitue un hommage au philosophe et mystique allemand médiéval Maître Eckhart ; son nom véritable est Ulrich Leonard Tolle) est un Allemand, catholique à l’origine, vivant à Vancouver. Il dit avoir fait l’expérience d’une « transformation intérieure » une nuit de 1977, à 29 ans, après avoir souffert de longues périodes de dépression à tendances suicidaires. Il aurait par la suite vu et interprété le monde différemment, arrêté sa thèse de littérature à l’Université de Cambridge en Angleterre et emprunté un chemin spirituel d’où a découlé la publication de plusieurs ouvrages internationaux New Age s’inspirant du bouddhisme zen, du soufisme, de l’hindouisme et de la Bible. Ainsi de A New Earth : Awakening to Your Life’s Purpose (2005), qui aurait été vendu à 5 millions d’exemplaires, ou The Power of Now : A Guide to Spiritual Enlightenment (1997) qui aurait été vendu à 3 millions d’exemplaires en 34 langues, et qui a pour titres de chapitres : 1. Vous n’êtes pas votre mental ; 2. Se sortir de la souffrance par la conscience ; 3. Plonger dans le moment présent ; 4. Les stratégies du mental pour éviter le moment présent ; 5. La présence en temps qu’état ; 6. Le corps subtil ; 7. Diverses portes d’accès au non-manifeste ; 8. Les relations éclairées ; 9. Au-delà du bonheur et du tourment : la paix ; 10. La signification du lâcher-prise. Ces ouvrages l’ont conduit à donner de nombreuses conférences. Il a été invité sur le plateau du talk show d’Oprah Winfrey, qui a largement fait sa promotion. En 2008, elle a organisé un webinaire avec lui à propos de A New Earth en 10 semaines (chapitre par chapitre) via le site web Oprah.com où il y a eu plus de 35 millions de connexions. Cette conversation, où les internautes pouvaient intervenir via Skype et où un temps était réservé à la méditation, a fait l’objet de plusieurs diffusions en 10 épisodes dans l’émission quotidienne Santé & Spiritualité (17 h 30-19 h 00) de RIM depuis les années 2010. Eckhart Tolle a également été invité au « Sommet sur la Paix » à Vancouver organisé par le Centre dalaï-lama pour la paix et l’éducation en 2009, il a rencontré Ram Dass en 2011 à Hawaï pour dialoguer en direct et public sur le réve il spirituel et la transformation de la conscience.
  • 8. 23Sa webtv, lancée en juillet 2010, s’appelle aujourd’hui Eckhart Tolle Now (il fallait débourser $ 14.95 par mois pour regarder les vidéos sur le site et $ 19.95 pour les télécharger en 2010 ; $ 19.95 pour pouvoir seulement les regarder en 2017). Elle contient plus de 200 heures d’enseignements de Tolle et de sa femme Kim Eng, spécialiste de « Qi Flow Yoga ». Le site internet vend 23 produits DVD (environ $ 15 par DVD), 43 produits CD ($ 13 le CD), 72 produits de téléchargements audios ou vidéos, 10 livres dont 4 d’auteurs (psychologues, thérapeutes, éducateurs) qu’Eckhart Tolle édite et préface. Des enregistrements d’enseignements sont diffusés depuis le milieu des années 2000 sur RIM dans l’émission quotidienne L’Heure anglaise entre 6 h 00 et 7 h 00 (qui est une heure souvent conseillée pour faire de la méditation).Tolle y donne des conseils pour dépasser ses souffrances, combattre l’« ego », contrôler ses émotions, atteindre le bonheur, s’ouvrir aux autres, s’éveiller spirituellement… Il propose à ses auditeurs de se focaliser sur le moment présent plutôt que le passé ou le futur, de regarder le monde autrement. Il s’efforce de leur apprendre à être et à réinventer sa vie, à séparer la pensée et la conscience, dans une perspective qui consiste à reprendre la substance spirituelle « intemporelle » des religions et non ce qu’elles sont devenues (sujet de division, substance spirituelle obscurcie, une part de la folie). 24Auparavant, « l’Heure anglaise » avait également diffusé Stupid White Men du documentariste Michael Moore (du 4 au 13 juin 2004), 1984 de George Orwell (en 14 épisodes de 40 minutes en mai 2004), Le Livre Tibétain de la Vie et de la Mort du lama Sogyal Rinpoché (du 1er au 8 mai 2004), des textes de l’écrivain mystique et promoteur de psychotropes psychédéliques Carlos Castaneda (en avril 2004), et, bien sûr, « pratiquement l’intégrale des enregistrements [des] conférences » d’Alan Watts (promoteur du bouddhisme zen et l’un des pères de la contre-culture américaine). Conclusion 25Les religions sont des machines symboliques – « communicationnelles » (Douyère) – qui ont des effets concrets prescriptifs sur la totalité de la réalité qu’elles décrivent et interprètent. La « démocratisation » du religieux restreint, limite, refoule officiellement les logiques antagonistes, hégémoniques, prosélytes, impérialistes (Godin 259) que les monothéismes portent pourtant en leur sein. Ces dernières continuent cependant de se manifester, particulièrement dans les médias qui ont imposé en grande partie leur logique aux religions (Dagenais, Malherbe, Delporte). De fait, cette « démocratisation » semble nécessiter d’organiser le partage du sens et la coexistence de diverses formes religieuses modernes qui peuvent être soit très organisées (les sectes et religions), soit très peu organisées (la religiosité New Age). 26Parmi bien d’autres micro-institutions de la nébuleuse New Age, RIM tente de jouer un rôle de guide ecclésial : constatant l’inefficacité et le danger (pollution, corruption, inégalités, violence, pauvreté…) des solutions des « méso-guides » (institutions politiques, religieuses, scientifiques traditionnelles), elle donne la parole à des « micro-guides » (chamans, ufologues, numérologues…) qui proposent des « micro-solutions » New Age de réformation de soi et promeuvent les « macro- solutions » de « macro-guides » (maîtres spirituels, dieux, esprits, extraterrestres), espérés comme les seuls capables de faire advenir un Nouvel Age de l’Humanité. 27Toutefois, ce rôle de guide ecclésial radiophonique messianique et millénariste est ambigu : la radio tente d’un côté d’ordonner ce religieux inorganisé grâce à différentes propositions symboliques susceptibles de lutter contre la « crise du sens » sociétale qui devient mondiale, mais, d’un autre côté, de participer tout aussi bien à son entretien et son accélération de par le caractère alternatif, libertaire, contre-culturel, complotiste et critique des idées et pratiques New Age qu’elle promeut. POULAIN Sébastien, 2008, « Guérir de la société grâce à la radio : usages des libres antennes de Radio Ici et Maintenant », dans Actes des travaux du groupe de travail « Sociologie de la communication », XVIIIe Congrès AISLF, 80-87. Disponible sur https://goo.gl/GrksiQ, consulté le 9 avril 2018. Top of page Bibliography DOI are automaticaly added to references by Bilbo, OpenEdition's Bibliographic Annotation Tool. Users of institutions which have subscribed to one of OpenEdition freemium programs can download references for which Bilbo found a DOI in standard formats using the buttons available on the right.
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